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Elevage de Papillons :

Introduction :

Lépidoptère vient du grec lepís (« écaille ») et pterón (« aile »).

Avant de commencer, il y a certains points indispensables à connaître :

• S’en occuper peut prendre du temps car il faut :


- Garder une hygiène saine pour les chenilles (C’est-à-dire nettoyer la
boîte, éviter qu’elle soit trop humide…).
- Chercher de la nourriture régulièrement, cependant, dans des boîtes
fermées hermétiquement, les feuilles sèchent moins vite (on peut
compter entre 3-4jours), sinon, tous les deux jours peuvent suffire.
- Ne pas les toucher avec les mains, du moins pour les trois premières
mues, à partir de la quatrième mue, il vaut mieux éviter de les
toucher, même si elles sont moins sensibles aux bactéries. Je ne
pense pas que ça les tuera, mais il vaut mieux prendre des
précautions.
- Mettre du sopalin neuf au fond de la boîte ou de la volière une fois
par semaine.

• C’est très rare que toutes les chenilles d’un élevage survivent, il faut
toujours s’attendre aux pertes. De plus, il peut arriver assez
fréquemment que certaines se développent beaucoup moins rapidement
que d’autres, et celles-ci ont beaucoup moins de chances de survivre que
les autres.

• Relâcher des espèces non-endémiques peuvent nuire à l’environnement,


et ces relâchements doivent-être contrôlés. Cependant, je pense que
pour une dizaine de papillons, déjà que leur plante d’origine (plante
hôte) soit très rare près de chez nous, je n’en ai même pas encore vu ici,
cela n’impactera pas l’environnement. En effet, il est possible de nourrir
des espèces sur des plantes de substitution en captivité, qu’elles ne
mangeraient pas dans la nature. Pour Le Bombyx de l’Ailante, sa plante
hôte est, comme dit dans le nom, l’Ailante, mais pour cet élevage vous
utiliserez du troène (Nom scientifique : Ligustrum ovalifolium /
Ligustrum vulgare) ou du laurier cerise (Nom scientifique : Prunus
Laurocerasus) qui sont bien plus faciles à trouver et en grandes
quantités, mais il est possible de l’élever sur lilas et prunier. La raison
pour laquelle ces relâchements peuvent nuire à l’environnement sont :
- Pour les espèces non-endémiques, de prendre l’espace des espèces
d’ici, de rapporter des maladies, et si elles prolifèrent, de nuire à des
cultures. (Par exemple, la Pyrale du buis est un papillon venant d’Asie,
qui a été introduit inintentionnellement, et qui peut nuire aux
décorations faites avec le buis dans les jardins de châteaux…)
- Pour les espèces endémiques, la captivité leur permet de ne pas subir
de stress les prédateurs dehors, et chaque génération en captivité
leur habitue à cette dernière, ils ne survivront donc pas. Elles peuvent
aussi transporter des maladies et les donner aux espèces déjà
présentes, donc de mettre en danger une espèce.

• Au fur et à mesure de l’évolution des chenilles, il faut prévoir de plus


grandes boîtes. Si vous avez trente œufs au départ, par exemple, ces
trente œufs peuvent-être mis dans une petite boîte, même un pot de
fromage vide pourrait marcher, ensuite, une boîte un peu plus grande
suffirait pour les 10-12 premiers jours, enfin, une boîte 15x20x10cm pour
50 œufs chez Action suffit. J’ai personnellement réussi à en garder 120
dans deux boîtes 15x20x10 pour plus de la moitié de leur stade larvaire.

• La vie d’une chenille se découpe en quatre grandes étapes :


- L’œuf, la chenille, la chrysalide puis le papillon. Le stade d’œuf dure
entre 9 et 12 jours pour cette espèce, la chenille un mois, et elle y
effectue 5 mues, en entomologie (science des insectes), on appelle
chaque stade de L1 à L5 (Larvaire 1, Larvaire 5…). D’abord les couleurs
sont indiscernables et la chenille est si petite que l’on ne peut que
distinguer des points noirs sur son dos et leur couleur blanche-
jaunâtre, mais vers la fin (stade L5), les chenilles peuvent même
devenir bleutées. Il vaut mieux laisser les chenilles qui effectuent leur
mue tranquille, il se peut que certaines ne réussissent pas à la finir
correctement, et meurent. Je tiens à préciser la différence entre
cocon et chrysalide, la chrysalide, c’est comme la mue d’une chenille,
mais au lieu de renouveler la peau, elle la retire pour laisser à l’air ce
qu’il y a à l’intérieur, qui va sécher et devenir plus foncé dans la
journée. Le cocon est une enveloppe que la chenille fait pour y faire
sa chrysalide à l’intérieur, c’est typique des papillons de nuit.
Certaines espèces font même leur chrysalide dans le sol ! Arrivées à
la nymphose, moment où la chenille devient chrysalide, elles
prendront un mois à sortir. A ce moment, je pourrais vous prêter une
volière 40x40x60, comme celle-ci :

Les papillons vivent en général une semaine, le membre indispensable


que la plupart des papillons possèdent (la trompe : proboscis) est
absent chez cette espèce, comme pour beaucoup de papillons de la
famille des Saturnidés, leur beauté est donc à durée limitée… Ils se
reproduiront à l’intérieur de la volière, et déposeront leurs œufs sur
des branches fraîches après accouplement.

- S’il fallait déterminer la durée de chaque étape du Bombyx de


l’Ailante :
Œuf : 9-12 jours.
Chenille : 1 mois à 1 mois et demi selon la température (La
température d’une salle de classe est parfaite, tant qu’il ne fait pas en
dessous de 10 degrés, et pas au-delà de 25 degrés)
L1 : 5 à 6 jours
L2 : 7 à 8 jours
L3 : 7 à 8 jours
L4 : 4 à 6 jours
L5 : 12 à 15 jours.
Cocon : 1 mois.
Papillon : 7 à 10 jours, voire 15 maximum dans certains cas rares.
J’aimerais ajouter que de l’œuf à la chrysalide, seulement 2 chenilles sur
100 survivent dans la nature, et les élevages permettent d’augmenter le
pourcentage de survie. Sur mes 120 œufs ayant éclos du Bombyx de
l’Ailante, il y en a 100 qui sont toujours en vie après un mois, et seront
bientôt prêtes à faire leur cocon, soit à peu-près 80% de réussite.

Voilà, je pense que vous pouvez maintenant commencer votre élevage.


Elevage du Bombyx Eri, Bombyx de l’Ailante ((Philo)samia [cynthia] ricini) :

Ce papillon est assez facile à élever, comme son développement est


assez court, il est donc idéal pour une classe. Comme il a été utilisé pendant
des centaines d’années par l’Homme (soie), il résulte d’une hybridation
entre plusieurs espèces, c’est pour cela qu’il est difficile d’y donner un nom
scientifique propre. On peut voir Philosamia ricini, Samia cynthia ricini,
Samia ricini… On l’appelle plus communément Bombyx Eri. Il existe des
sous-espèces dans la nature, comme Samia cynthia parisiensis, qui est
trouvable uniquement dans les environs de Paris, et qui est plus foncé que
celui que l’on élève là.
Cette espèce s’adapte facilement à son environnement, et il est assez
difficile de déterminer si deux papillons sont de la même sous-espèce. En
fonction de l’endroit où on trouve une espèce, il se peut que ce soit une
sous-espèce différente à Paris qu’en Nouvelle-Aquitaine (dans certains cas,
les motifs, nuances de couleurs peuvent varier…).

Plantes :
L’élevage est très facile sur troène, d’ailleurs ces chenilles sont assez
résistantes aux maladies, en hiver, le troène est la « plante sauveuse », si je
puis dire, car elle est appréciée de beaucoup d’espèces, ne perd pas toutes
ses feuilles, et est très facile à trouver.
Voici l’endroit où je le trouve, les feuilles sont de bonne qualité, c’est
juste en dessous de l’école : http:/prntscr.com/m6m8lj
Naissance des chenilles :
A la naissance, les chenilles doivent être placées dans une boîte soit
comme indiquée au-dessus (boîtes hermétiques), même si je ne le conseille
pas fortement. Il est préférable de mettre du sopalin au fond de la boîte,
cela facilite le nettoyage (Si vous voyez des points noirs au fond des boîtes,
surprise, les chenilles doivent aussi faire leurs besoins, et ça devient de plus
en plus gros). Quelques branches suffisent, n’en mettez pas trop, on les
perd facilement, même si la plupart sont en groupe sous les feuilles.

Manipulation des jeunes chenilles :


Pour déplacer les chenilles, il faut utiliser un pinceau et les manipuler
très délicatement. Il est préférable de ne pas trop les manipuler, donc
remettre des nouvelles branches suffisent, elles y iront d’elles-mêmes. En
revanche, il arrive un moment où il faut retirer les branches sèches, mais il
n’y a que rarement des chenilles dessus si vous faites ce que j’ai dit ci-
dessus.
Conditions d’élevage :
Les chenilles respirent par les points noirs aux côtés, mais elles n’ont pas
besoin d’énormément d’air. Si la boîte est trop humide à l’intérieur, elles
peuvent contracter des maladies et contaminer tout l’élevage, donc si cela
arrive, il vaut mieux mettre celle(s) touchée(s) par la maladie en
quarantaine… L’odeur à l’intérieur d’une boîte fermée depuis un jour n’est
pas très agréable, donc on peut la laisser ouverte pendant 10 minutes afin
de renouveler l’air des chenilles, avec quelques coups d’œil de temps en
temps. Veillez à ce qu’il n’y ait aucune branche qui dépasse pour réduire le
risque de fuite, même si normalement, lorsqu’elles sont sur une feuille, elles
ne la quittent pas avant de l’avoir finie. Il n’est pas nécessaire d’humidifier le
bac d’élevage, car en ce moment la pluie leur donne l’humidité nécessaire.
S’il fait vraiment sec, on peut humidifier avec un vaporisateur le bac une fois
tous les trois jours.
Pré-nymphose :
Il ne faut pas déranger les chenilles lorsqu’elles tissent leurs cocons, il se
peut qu’elles soient trop proche du moment où elles doivent faire leurs
chrysalides, et ne pourront pas en refaire un, il y a un risque qu’elles n’y
survivent pas !


Cocons et éclosion :
Les cocons doivent-êtres vaporisés une fois par jour, il n’y a pas
d’intervalle régulière à répéter, il faut aussi laisser la place pour chaque
papillon de sortir, par exemple épingler le haut des cocons à l’intérieur des
volières facilitera la sortie, le papillon ne risque pas de tomber, ses jambes
sont assez robustes. Il y a tout de même un risque qu’il n’arrive pas à se
retirer du cocon, et si vous êtes présente, il vaudrait mieux essayer de le
retirer délicatement, un papillon déplie ses ailes en les remplissant de son
« hémolymphe », le sang des invertébrés, s’il ne peut pas les déplier, il ne
pourra jamais voler, voire même, il ne survivra pas. Il se peut que des
papillons nouveaux nés aient du mal à se sortir de leur cocon. Si leurs ailes
sèchent à l’intérieur du cocon, ils ne pourront jamais déplier leurs ailes
correctement, et donc voler. Vous pouvez les aider s’ils sont vraiment
bloqués à l’aide d’une pince et de ciseaux adaptés pour les insectes, mais
vous risquez de leur faire mal en leur arrachant une patte par exemple. Mais
bon, il vaut mieux qu’il puisse sortir et se reproduire plutôt qu’il meure. Si
un papillon a du mal à monter sur les côtés de vos boîtes où volières, vous
pouvez les faire monter sur vos doigts puis les mettre à un endroit sûr pour
qu’ils développent leurs ailes. Il se peut que les papillons, une fois sortis,
éjectent un liquide appelé « méconium », c’est un liquide créé lors de la
naissance d’un nouveau corps, la plupart des papillons en ont, ce n’est rien
de grave, généralement tous en ont.
Mortalité :
C’est assez tragique, car même en captivité, les lépidoptères peuvent rater
leur développement. Tout d’abord, certains œufs n’éclosent pas, ensuite, les
prédateurs sont là au moment du stade larvaire, des mouches pondent des
œufs à l’intérieur des chenilles, qui grandissent jusqu’à la chrysalide. Au lieu
qu’un papillon sorte, ce sont des larves. Les oiseaux et chauves-souris
mangent papillons et chenilles, et après tout ça, il se peut qu’ils ratent leur
développement d’eux-mêmes…

Conclusion :
Une femelle pond en moyenne 250 œufs. Ce que vous pouvez faire, ce
serait de les donner à un de vos collègues pour qu’ils fassent de même par
exemple. Vous pouvez en donner à d’autres écoles si vous avez des
contacts, et leur transmettre ce document pour qu’eux aussi mènent à bien
leur élevage. Voilà, j’ai écrit tout ce qui me semblait nécessaire pour votre
élevage. Il est possible d’en vendre sur Internet via le site actias.de si vous
parlez anglais ou allemand, on peut vendre 50 œufs pour 10€ (frais compris)
généralement par PayPal. Bon élevage !

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