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J’installe
mes premières
ruches
© Éditions First, un département d’Édi8, 2021
Publiée en accord avec Wiley Publishing, Inc.
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l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à
titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre est strictement
interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et
suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit
de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les
juridictions civiles ou pénales.
Illustrations : Thierry Deletraz
Correction : Irène Colas
Mise en pages : Élodie Bourgeois
ISBN numérique : 978-2-412-07084-0
Éditions First
92, avenue de France
75013 Paris – France
e-mail : firstinfo@efirst.com
Site internet : www.editionsfirst.fr
Chapitre 1
Se lancer
ntretenir une, deux ou trois ruches sur votre terrasse, dans votre
jardin ou celui de votre maison de campagne et récolter
E quelques semaines plus tard, en toute quiétude, quelques
délicieux rayons de miel que vous dégusterez en famille ou
avec les amis sont certes une vraie aventure, mais avant tout une
réelle source de plaisir ! Un grand bonheur partagé aujourd’hui
par de plus en plus de Français désireux de se ressourcer en
retrouvant un vrai lien avec la nature !
Mais pour cela, il est indispensable de se former, d’apprendre,
d’observer, d’échanger avec des apiculteurs plus expérimentés.
Croire qu’il suffit d’acheter des ruches, les installer et attendre la
récolte est une douce illusion !
Convivialité et sécurité !
Le plus sympa, pour se lancer en apiculture, est de le faire en
couple ou entre amis et, si possible, en lien avec un apiculteur du
coin, plus expérimenté. Chacun aura ses propres ruches, mais
vous les visiterez ensemble et échangerez vos impressions, vos
analyses, vos expériences… en toute convivialité !
Allergique ou pas ?
Tous les apiculteurs se font piquer. Plus ou moins souvent. Mais
celui qui affirme ne jamais se faire piquer est un menteur !
Pîqûre d’abeille
Abeille ou guêpe ?
Très souvent, les gens confondent guêpes et abeilles.
L’abeille ne butine que des végétaux et si elle pique, elle
meurt. La guêpe est omnivore et peut piquer plusieurs
fois !
Les obligations
réglementaires
Comme toute activité, l’apiculture est soumise à plusieurs
réglementations : distances à respecter lors de l’installation d’un
rucher, déclaration de ruche, fiscalité, assurances…
Fiscalité
Depuis le 1er janvier 2016, le bénéfice imposable à déclarer est
égal à la moyenne des recettes hors taxes de l’année d’imposition
et des deux années précédentes, diminué d’un abattement
de 87 %.
Assurances
Même si c’est rare, vos abeilles peuvent piquer un tiers. Votre
responsabilité est engagée. Les frais induits peuvent être très
élevés… Aussi est-il indispensable d’assurer vos ruches en
responsabilité civile auprès du syndicat apicole départemental
pour quelques centimes d’euro. Vous pouvez également les
assurer contre l’incendie et les vols, de plus en plus fréquents.
Syndicats et groupements
sanitaires, bien utiles…
Ne restez pas isolé. Adhérez à votre syndicat départemental, qui
vous proposera des formations par le rucher-école, des
assurances, des infos, des achats groupés. Adhérez au
Groupement de défense sanitaire apicole (GDSA), spécialisé dans
les maladies des abeilles et notamment les moyens de lutte contre
le varroa… Ces échanges sont le plus sûr moyen de réussir !
Dans la bonne humeur !
DANS CE CHAPITRE
Les plantes nécessaires
•
Les bonnes conditions climatiques
Chapitre 2
Le bon environnement
our la réussite de votre projet, la qualité de l’environnement à
P proximité du rucher, sur un rayon d’environ 3 km
correspondant à l’aire de butinage de vos abeilles, est un
facteur essentiel. Des ressources en nectar et en pollen régulières
et généreuses, sans contaminations chimiques, sont favorables
au bien-être de vos protégées comme à leur production de miel.
Quelques notions de botanique vous permettront de mieux
connaître les arbres, les arbustes et les plantes visitées par les
butineuses, leur intérêt apicole, la période de floraison… Si,
dans de nombreuses régions encore, les paysages restent
favorables au développement régulier des colonies, en revanche,
lorsque l’agriculture est intensive, les floraisons sont irrégulières
et l’apiculteur doit compenser certaines carences…
Les conditions climatiques jouent également un rôle
prépondérant. L’apiculture du sud de la France n’est pas celle de
Bretagne ou d’Alsace. Sans négliger l’impact du bouleversement
climatique si présent aujourd’hui.
Les plantes et arbres que
l’on retrouve partout
Que l’on soit en plaine, en montagne, en ville, au nord, au sud,
en Bretagne ou dans l’Est, quels que soient le climat et l’altitude,
ces végétaux poussent quasiment partout dans notre pays. Et ils
sont tous très attractifs pour les abeilles… pour leur plus grand
bonheur !
L’acacia ou robinier
Robinia pseudoacacia - famille des Fabacées
Cet arbre à la croissance rapide, très résistant, pousse sur
n’importe quel type de sol. Dès la fin avril, ses fleurs blanches,
odorantes, attirent les abeilles et, si les conditions sont remplies,
permettent la production d’un miel très doux.
L’aubépine
Crataegus monogyna - famille des Rosacées
Isolé ou intégré au sein de haies infranchissables, cet arbre
épineux s’adapte à tous les sols et à tous les milieux. Au
printemps, de manière très variable, selon la nature du sol, les
abeilles peuvent butiner pollen et nectar sur les bouquets de
petites fleurs blanches et odorantes.
Le bouillon blanc
Verbascum thapsus -famille des
Scrofulariacées
Les abeilles prélèvent sur cette grande plante facilement
identifiable du pollen en grande quantité en fin d’été quand les
floraisons tendent à se raréfier. Absence de nectar.
La bourdaine
Frangula alnus - famille des Rhamnacées
Les rameaux de cet arbrisseau qui pousse sur de nombreux sols
portent de petites fleurs visitées par les abeilles pour leur pollen
et leur nectar. En Aquitaine et dans le Massif central, les
apiculteurs parviennent à produire un miel de bourdaine.
Le buis
Buxus sempervirens - famille des Buxacées
Présent partout, le buis, malgré sa croissance lente, peut
atteindre une taille respectable. Sa floraison, très précoce, riche
en nectar et en pollen, permet aux colonies de se développer. En
revanche, il n’est pas possible de produire du miel de buis.
Les centaurées
Centaurea - famille des Astéracées
La famille des Astéracées comprend de très nombreuses plantes
de formes et de couleur différentes, le plus souvent roses,
pourpres ou violettes. Riches en nectar ou en pollen, elles
fleurissent très longtemps, de juin à septembre, pour le plus
grand bonheur des abeilles.
Le coquelicot
Papaver rhoeas - famille des Papaveracées
Aujourd’hui encore très abondant dans les terrains vagues. Tout
le monde connaît cette plante qui, comme le bleuet, a hélas
quasiment disparu des champs de blé. Les abeilles y trouvent en
avril d’importantes ressources de pollen d’une excellente qualité
nutritive.
L’érable champêtre
Acer campestre - famille des Acéracées
Très mellifère, cet arbre à la croissance rapide pousse partout.
Les fleurs, en bouquets terminaux de couleur vert-jaune,
apportent du pollen et du nectar en quantité non négligeable au
début du printemps, en avril et en mai.
Les groseilliers
Ribes alpinum, Ribes nigrum, Ribes
grossularia, Ribes odoratum - famille des
Grossulariacées
Cultivés pour leurs fruits appréciés par les gourmets, les
groseilliers ont des fleurs très attractives pour les abeilles !
Le houx
Ilex aquifolium - famille des Aquifoliacées
Très décoratif, le houx se couvre de mai à juin d’une multitude
de petits bouquets de petites fleurs blanches généreuses en
pollen et en nectar que les abeilles butinent avec frénésie, car la
floraison est éphémère.
Le lierre
Hedera helix - famille des Araliacées
Les lierres fleurissent tardivement, en septembre-octobre. Petites
et verdâtres, les fleurs sont riches en pollen et en nectar qui
complètent les réserves de la ruche et stimulent la ponte de la
reine.
La luzerne
Medicago sativa - famille des Fabacées
Ce sont des plantes annuelles ou vivaces, cultivées comme
plantes fourragères. Les fleurs violettes ou bleutées, regroupées
en inflorescences allongées, secrètent du pollen et du nectar tout
au long de l’été.
La mauve
Malva sylvestris - famille des Malvacées
Cette plante bisannuelle aux racines très profondes est très
commune. Ses grosses fleurs, rose violacé, éclosent de juin
jusqu’à la fin de l’automne et sont riches en pollen et surtout en
nectar.
Le millepertuis commun
Hypericum perforatum - famille des
Hypericacées
Très fréquente, cette plante médicinale, annuelle ou vivace,
redoute l’ombre et l’humidité. Les fleurs jaunes éclosent de juin
à septembre en fonction de l’altitude et de l’exposition. Les
abeilles y prélèvent du pollen en quantité, mais pas de nectar.
Le merisier
Prunus avium - famille des Rosacées
Le merisier ou cerisier sauvage représente une source de nectar
généreuse et très précoce bienvenue pour le développement des
colonies.
Le noisetier
Coryllus avellana - famille des Corylacées
Dès les premiers beaux jours, les abeilles visitent les chatons
pendants de cet arbuste. Cette belle source de pollen stimule la
ponte de la reine et aide à redémarrer le cycle de la colonie.
L’origan
Origanum vulgare - famille des Lamiacées
Cette plante vivace médicinale et aromatique est assez
commune. Les tiges de teinte rougeâtre portent à leur sommet
plusieurs petits bouquets de minuscules fleurs rose à pourpre que
les abeilles butinent de fin juin à septembre tant pour le pollen
que pour le nectar.
Le pommier
Malus sylvestris - famille des Rosacées
Parfois isolé, il est le plus souvent cultivé en verger. Ses fleurs
blanches ou rosées, regroupées en petits bouquets, sont très
attractives pour les abeilles, qui délaisseront les autres
ressources pour y butiner du nectar en abondance…
Le pissenlit
Taraxacum officinale - famille des Asteracées
Dès le début du printemps, les fleurs, de couleur jaune, attirent
les abeilles, qui y récoltent pollen et nectar en grande quantité.
En montagne, sur des prairies toutes jaunes, couvertes de
pissenlits, les apiculteurs peuvent parfois récolter un miel de
pissenlit doux et floral.
Le prunellier
Prunus spinosa - famille des Rosacées
Cet arbuste épineux forme de véritables massifs impénétrables et
rend les haies infranchissables ! Très tôt, solitaires ou groupées,
les fleurs blanches apparaissent avant les feuilles et sont visitées
par les abeilles pour le pollen comme pour le nectar. Une
aubaine !
La ronce
Rubus fruticosus - famille des Rosacées
Symbole d’une nature sauvage, les ronces participent aussi à la
constitution de haies très resserrées. Les fleurs d’un blanc nacré
éclosent au début de l’été pour le plus grand bonheur des
abeilles, qui y butinent longtemps nectar et pollen en quantité.
Le sainfoin
Onobrychis viciifolia - famille des Fabacées
Peu sensible à la sécheresse, cette plante fourragère, annuelle ou
bisannuelle, pousse aussi à l’état spontané. Les fleurs de couleur
rose sécrètent beaucoup de nectar tout au long de la saison.
Le sarrasin
Fogopyrum esculentum - famille des
Polygonacées
Parfois appelée blé noir, cette plante annuelle pousse
spontanément, mais est surtout cultivée pour ses graines dont on
fait une farine appréciée dans les crêpes bretonnes ! Les fleurs
de couleur blanche sont butinées de juin à septembre pour le
nectar comme pour le pollen.
Le saule marsault
Salix capra - famille des Salicacées
Le saule possède des pieds femelles et mâles. Sur ces derniers se
développent des chatons colorés en jaune recouverts de pollen
qui sont largement visités par les abeilles dès le mois de février.
Un peu comme le noisetier !
La scabieuse
Scabiosa colombaria - famille des
Dispacacées
Cette plante omniprésente porte des capitules de couleur lilas
que visitent les abeilles tout au long de l’été et en début
d’automne pour y prélever nectar et le pollen.
Le tilleul
Tilia cordata, Tilia platyphyllos - famille des
Tiliacées
Cet arbre se couvre au mois de juin de milliers de petites fleurs
blanches très parfumées regroupées en grappes. Lors de la
floraison, un bourdonnement incessant traduit l’activité intense
des abeilles…
Le trèfle blanc
Trifolium repens - famille des Fabacées
Cette plante est l’une des plus mellifères de notre pays. De petite
taille, parfois rampante, elle peut être vivace, annuelle ou
bisannuelle. Les abeilles visitent les fleurs blanchâtres, riches en
nectar et en pollen, du mois de mai jusqu’à l’automne.
La vigne vierge
Parthenocissus tricuspidata - famille des
Vitacées
Sur cette plante ornementale grimpante, des grappes de fleurs,
minuscules, très odorantes, attirent dès le mois de juin de très
nombreux insectes dont nos chères abeilles, qui y butinent en
pleine chaleur du nectar en quantité. Absence de pollen.
La vipérine
Echium vulgare - famille des Borraginacées
Cette plante bisannuelle poilue, presque piquante, apprécie les
sols légers. De mai à juillet, les abeilles visitent assidûment ses
hautes hampes florales qui passent du rose au bleu selon
l’avancement de la floraison. Le nectar, très abondant, représente
une ressource non négligeable pour la production de miel.
Le tournesol
Helianthus annuus - famille des Astéracées
Jusqu’en 1995, dès la fin juin, les tournesols offraient une
véritable manne avec des récoltes de plus de 70 kilos par ruche
en quelques semaines… Dès 1995 et le trop fameux « Gaucho »,
la production s’est écroulée à une dizaine de kilos par ruche avec
des mortalités annuelles considérables… Aujourd’hui, certains
apiculteurs fuient ces zones devenues mortifères.
Le colza
Brassica rapus - famille des Brassicacées
En avril, les champs de colza se colorent de jaune vif éclatant.
Ces importantes ressources de nectar et pollen, très précoces,
dynamisent les colonies et donnent assez souvent de belles
récoltes de miel. Mais comme pour le tournesol, cette miellée est
devenue, ces dernières années, très anxiogène pour les
apiculteurs…
Le maïs
Zea mays - famille des Poacées
Sur les fleurs, les abeilles ne butinent pas de nectar mais du
pollen en grande quantité, qu’elles stockent ensuite pour nourrir
les jeunes larves au printemps. Le maïs joue donc un rôle très
important dans le développement des colonies.
Le blé
Si le blé n’a ni nectar ni pollen, il y a longtemps, fleurissaient
dans les champs de blé des bleuets et des coquelicots…
Aujourd’hui, les cultures sont « propres » et ces immenses
surfaces souvent traitées sont devenues de véritables déserts
verts, inhospitaliers pour la biodiversité ou, pire, toxiques.
La betterave
Comme le blé, cette culture ne présente aucun intérêt pour les
abeilles. Seules les plantes adventices peuvent être visitées pour
leur nectar et leur pollen. Avec les mêmes réserves que pour le
blé…
La vigne
Si les fleurs sont très peu visitées par les abeilles, en revanche,
dans les vignes, poussent de nombreuses plantes adventices
comme le trèfle blanc, la rouquette ou le pissenlit, fort
bénéfiques pour les colonies. Si elles ne sont pas brûlées par les
désherbants ou contaminées par les produits phytosanitaires…
Abricotier
L’abricotier est faible en nectar, mais riche en pollen.
Agrumes
En Corse ou sur la Côte d’Azur, les abeilles prélèvent du pollen
et du nectar en grande abondance sur ces fleurs blanches
particulièrement odorantes au printemps.
Amandier
Sur les fleurs, blanches ou rosées, écloses avant la pousse des
feuilles dès le mois de janvier, les abeilles butinent du nectar et
du pollen en quantité, très utile au démarrage des colonies.
Arbousier
Très tardive, la floraison de l’arbousier n’apporte pas de pollen
mais du nectar en abondance qui permet parfois de produire un
miel caractérisé par sa puissante amertume… à la fin novembre !
Asphodèle
Facilement reconnaissable, au printemps. Ses fleurs ne
produisent pas de pollen mais du nectar en quantité non
négligeable.
Bruyère blanche
Les grappes de petites fleurs blanches de cette grande bruyère
dénommée aussi bruyère arborescente, riches en pollen,
sécrètent du nectar surtout butiné en fin de floraison qui donne
un miel ambre et boisé.
Cistes
Les différentes variétés se distinguent par la couleur, la taille des
fleurs et le feuillage. Tous les cistes sont prisés par les abeilles
pour leur pollen jaune orangé de très grande qualité.
Dorycnium
Les nombreuses fleurs blanches de cette plante très touffue
éclosent en gerbes au cours du printemps et sont fort visitées par
les abeilles pour leur nectar et leur pollen.
Grande férule
Facilement reconnaissable à sa grande taille, à la fin du
printemps, la plante se couvre de grandes ombelles de petites
fleurs jaune vif surtout généreuses en nectar.
Inule visqueuse
Considérée comme invasive, cette plante vivace sécrète en
automne de grandes quantités de nectar qui stimulent la ponte de
la reine et permettent parfois de produire un peu de miel.
Laurier-tin
Les petits bouquets de petites fleurs blanches éclosent dès la fin
de l’hiver pour le plus grand plaisir des abeilles, qui y butinent
pollen et nectar en quantités importantes.
Lavande
Véritable symbole de la Provence, les champs de lavande
bleuissent dès la fin juin. Pauvres en pollen, les fleurs sécrètent
du nectar à profusion qui donne le fameux miel de lavande.
Aujourd’hui, la récolte des fleurs de lavande, mécanisée et très
rapide, raccourcit le butinage, au grand dam des apiculteurs…
Pêcher
Les abeilles prélèvent, sur les fleurs rosées, un pollen de qualité
très précieux pour un bon développement des colonies.
Romarin
Ses petites fleurs bleutées, pauvres en pollen, éclosent en
nombre dès la fin de l’hiver et sécrètent un nectar abondant qui
donne un miel clair aux saveurs délicates, très recherché.
Le châtaignier
Ces arbres majestueux, aujourd’hui très malades, apportent en
quantité du pollen, du nectar et parfois du miellat aux abeilles,
qui en raffolent. La miellée, vers la mi-juin, peut s’échelonner
sur plusieurs semaines.
Le chêne
Les chênes produisent rarement du nectar et du pollen et
toujours en faible quantité mais ils abritent souvent des pucerons
qui génèrent alors un miellat abondant très prisé des abeilles.
Les bruyères
Dans les sous-bois ou sur les landes des montagnes fleurit fin
juin, début juillet la bruyère Erica. De taille très réduite, ces
bruyères se couvrent de grappes de fleurs en forme de clochettes
violettes qui fleurissent dès la fin du printemps. La bruyère
callune, Calluna vulgaris, en forte régression, fleurit en altitude
au milieu de l’été pour s’achever en piémont à l’automne. La
miellée est capricieuse.
L’épilobe
Les abeilles visitent assidûment les fleurs d’épilobe pour leur
pollen et leur nectar. Comme ces plantes poussent en massifs
denses, ce nectar est souvent présent dans les miels de montagne
ou de forêt.
Le framboisier
Riches en nectar, les grappes de fleurs blanches permettent dès
la fin juin, lorsque les conditions s’y prêtent, la production d’un
miel clair très floral, apprécié des connaisseurs.
L’hellébore
On distingue plusieurs espèces d’hellébores. Les abeilles
apprécient cette fleur surprenante sur laquelle elles butinent
pollen et nectar au cœur de l’hiver.
Le mélèze
Les abeilles peuvent y prélever du miellat en grande quantité
mais ce butin est une catastrophe car il cristallise très vite et ni
les apiculteurs ni les abeilles ne peuvent en profiter…
Le rhododendron
Par temps favorable, les fleurs de ces buissons épais produisent
du nectar en très grande quantité et un miel clair et doux.
Absence de pollen.
Le perce-neige
C’est une des premières plantes à fleurir. Bien que limités, ces
apports en nectar et en pollen contribuent grandement au
développement des colonies…
Le serpolet
La floraison de ce cousin du thym perdure tout l’été pour le plus
grand bonheur des abeilles, qui y trouvent du nectar à profusion.
L’ailante
Les abeilles butinent sur ces arbres, originaires d’Asie et
considérés comme invasifs, en début d’été du nectar en quantité
non négligeable. Le miel récolté a un goût peu agréable.
Le catalpa
Les longues grappes pyramidales de fleurs blanches maculées de
pourpre du catalpa, originaire d’Amérique du Nord, sécrètent du
nectar et du pollen en quantité.
Le gledischia
Ce grand arbre très épineux à feuilles caduques fleurit en juin-
juillet en longues grappes jaunes retombantes qui attirent les
abeilles tant pour le nectar que pour le pollen.
Le marronnier
Riches en nectar et surtout en pollen, les inflorescences, de
couleur blanche tachetées de rouge ou de jaune, éclosent à la fin
du printemps pour le plus grand bonheur des abeilles…
Attention ! Le marronnier est très sensible à la pollution.
Le paulownia
Originaire d’Asie, très semblable au Catalpa, il y a des fleurs
très odorantes, riches en pollen et en nectar, qui sont recherchées
par les abeilles et contribuent au développement des colonies
Le seringat
Les abeilles butinent pollen et nectar en grande quantité sur ces
arbustes décoratifs et odorants mais hélas leur floraison est très
éphémère.
Le sophora
Cousin de l’acacia, très résistant à la pollution, cet arbre
originaire de Chine supporte très bien la sécheresse. Il fleurit du
mois d’août jusqu’en septembre. Et plus la chaleur est grande,
plus la production de nectar s’amplifie et plus les abeilles en
raffolent !
Le sumac de Virginie
Originaire d’Amérique du Nord, ce petit arbre porte dès la fin du
printemps d’abondantes inflorescences riches en pollen qui sont
recherchées par les abeilles.
Marronier
Bien évaluer
l’environnement botanique
de votre rucher
Pour envisager l’installation d’un rucher qui se révélera
productif et favorable aux abeilles, il convient d’évaluer au
préalable l’environnement botanique sur un rayon
d’environ 3 km. Le meilleur moyen de connaître votre territoire
et le plus agréable consiste à effectuer des balades régulières dès
les premiers beaux jours, dans les chemins de traverse, dans les
sous-bois et les prairies, partout où vos abeilles peuvent aller, et
d’ouvrir grand vos yeux en prenant le temps d’observer les
insectes sur les fleurs... Si vous ne connaissez pas une espèce,
dès votre retour, ouvrez un livre de botanique – il y en a de fort
bien réalisés – et instruisez-vous. C’est passionnant et très
instructif pour la suite.
Tableau 2-1 Saisonnier des floraisons
Amandier xxx xx
Buis xx xx
Centaurées x
Colza x xxx
Hellébore xx x
Noisetier xxx
Paulownia x xx
Pêcher xx x
Perce-neige x x
Prunellier xx xxx
Romarin x xx
Saule xx xx
Sumac de
Virginie xx x
Tussilage xx
Du printemps à
l’été Agrumes xx xx
Asphodèles xx
Aubépine xxx xx
Bruyère blanche xx xx
Ciste xx
Colza xx xx
Coquelicot xxx
Dorycnium xx xx
Érable xx xxx
Férule x xxx
Laurier-tin x x
Marronnier xx
Merisier xx xx
Millepertuis xx
Pissenlit xx xxx
Poirier x x
Pommier xx xxx
Sarriette xx x
Seringat x xx
Sophora xxx
Sorbier des
oiseleurs x xx
Trèfle blanc x xx
De la fin du Acacia xxx
printemps à la
fin de l’été Ailante x xx
Bourdaine x xxx
Bruyères x xx
Catalpa x xx
Châtaignier xx xx
Framboisier xx xxx
Gleditsia xx xx
Lavande xxx
Maïs xx
Mauve xx xxx
Mélilot x xx
Origan xx xx
Rhododendron xxx
Ronce xx xxx
Sainfoin x xxx
Scabieuse x x
Serpolet x xx
Tilleul x xxx
Tournesol xx xxx
Trèfle xxx xx
Trèfle blanc x xx
Vigne vierge xx
Vipérine x xx
Début Arbousier xx
d’automne
Bruyère callune x xx
Inule visqueuse x xx
Lierre xx xxx
Mauve xx xxx
Romarin x xx
Trèfle blanc x xx
Des ressources
nectarifères en baisse
La végétation souffre de plus en plus de manque d’eau, de
canicules, de sécheresses et de longues périodes de vent. Les
floraisons sont moins généreuses et leur production de nectar,
qui dépend du taux d’hygrométrie, se réduit dramatiquement.
L’impact sur la flore s’annonce considérable. Certaines espèces,
très sensibles à la hausse des températures, risquent de
disparaître. D’autres verront leur habitat se déplacer vers des
lieux plus cléments.
Feux de forêt et
inondations
Sécheresse et vents violents favorisent de grands incendies
meurtriers pour de nombreuses espèces de plantes et d’animaux.
Inflammables, les ruches peuvent périr par milliers. Les
inondations emportent également leur lot de colonies, installées
trop près des cours d’eau…
Sud/Nord : un paradoxe
climatique
Pour des raisons climatiques, le pourtour du Bassin
méditerranéen est de moins en moins favorable et les récoltes
sont en berne et de plus en plus aléatoires. À l’inverse, les pays
du Nord, au climat de plus en plus doux, voient leur production
augmenter. C’est à peu près la même situation en France entre le
nord et le sud de la Loire.
Les conditions bénéfiques à
nos chères butineuses
La température
Pour que les abeilles puissent prendre leur envol, la température
extérieure doit dépasser les 12 oC. Essayez de décompter toutes
les journées où le thermomètre demeure en deçà de ces
fatidiques 12 oC ! Elles ne sont pas si nombreuses. Et dans les
régions froides de montagne où les beaux jours sont rares, c’est
encore pire ! Il faut donc que les températures soient bonnes
sans être excessives.
La pluie et l’humidité
Les abeilles n’aiment pas se mouiller. Dès les premières gouttes,
elles rentrent en masse à la ruche pour n’en ressortir qu’à la fin
de l’ondée. En outre, elles détestent l’humidité, car non
seulement celle-ci les empêche de travailler, mais en plus elle
favorise à l’intérieur de la ruche des maladies qui peuvent
s’avérer préjudiciables. Il faut donc que les pluies ne soient ni
quotidiennes ni persistantes. Les régions où l’hygrométrie est
équilibrée sont donc les plus favorables.
En revanche, la pluie est bénéfique pour la végétation, qui a
régulièrement besoin d’eau tant pour sa croissance que pour sa
floraison. Les abeilles se régalent de visiter les fleurs après un
orage. Le top : un petit orage la nuit et une légère rosée le
matin… Un temps à faire mieller les cailloux !
Le vent
Les abeilles détestent être ballotées, malmenées par les
bourrasques de vent qui gênent leur butinage. Le pire est le vent
du nord persistant et froid qui éloigne les nuages mais assèche
les fleurs. C’est une véritable catastrophe… Comme dirait la
chanson, il me rend fou ! Le ciel est bleu mais les abeilles
comme les apiculteurs sont obligées d’attendre des jours
meilleurs. Un vrai supplice…
Si certaines abeilles, habituées aux régions venteuses,
parviennent tout de même à prendre leur envol, celles qui ne
sont pas acclimatées demeurent, elles, cloîtrées dans leurs
ruches.
Que faire ?
L’apiculteur demeure impuissant face à de tels phénomènes
climatiques. Il peut installer des abreuvoirs pour permettre aux
abeilles de se désaltérer et les nourrir avec des sirops sucrés
enrichis de pollen et de protéines pour tenter de compenser les
carences alimentaires, mais c’est insuffisant.
Dans les pays méditerranéens, l’été correspond à une sorte
d’hiver. Les abeilles ne sortent plus, les entrées sont restreintes
et tout le monde attend le retour de temps plus cléments…
Autre phénomène très récent : en 2019, certaines ruches
exposées au soleil ont subi de telles températures, parfois plus de
60 oC à l’intérieur, que la cire des rayons a fondu, entraînant leur
effondrement et la perte de la colonie. Pour s’en préserver,
l’apiculteur peut placer ses ruches à l’ombre, mieux les isoler,
faire des aérations, mais l’impact de ces mesures reste limité.
Au Koweït, où pouvoir récolter quelques rayons de miel est le
comble de la réussite, pour résister à la chaleur caniculaire, les
ruches sont situées dans des tranchées creusées dans le sol pour
que les rayons du soleil ne puissent pas les atteindre et ne fassent
pas fondre la cire des rayons…
La grêle
La canicule favorise les violents orages de grêle. Si les abeilles,
pressentant l’orage, sont déjà à l’abri, en revanche les grêlons
massacrent la végétation. Les floraisons en cours sont perdues et
celles à venir compromises. Les ruches devront donc être
attentivement suivies les jours suivants.
En cas de sécheresse, placez un abreuvoir pour abeille.
La neige
En montagne, les abeilles supportent plutôt bien les périodes de
neige même si celles-ci sont abondantes. La neige constitue un
isolant thermique. Comme la ruche dégage une température
légèrement supérieure à zéro, elle fait fondre la neige qui touche
les parois et crée ainsi un espace aéré qui permet à la colonie de
respirer.
Lorsque les chutes de neige surviennent tôt et que la couverture
neigeuse perdure, celle-ci favorise une humidité ambiante qui
favorise le développement de certaines maladies préjudiciables
aux abeilles…
L’apiculteur ne doit, en aucun cas, dégager la
neige car il risque de déranger les abeilles et
de déstructurer les grappes formées.
Un environnement dégradé,
préjudiciable aux abeilles
Depuis la Seconde Guerre mondiale, nos paysages se sont
profondément et radicalement modifiés, et bien souvent dans un
sens défavorable aux abeilles.
L’agriculture intensive
Comme il fallait nourri une population toujours plus nombreuse,
les pratiques agricoles ont changé. De plusieurs millions de
paysans, le nombre d’agriculteurs a chuté pour plafonner
désormais à moins de 500 000 exploitations.
Pour parvenir à augmenter les rendements, les cultivateurs ont
employé de plus en plus d’engrais, d’insecticides, de fongicides,
d’herbicides… Les paysages se sont transformés et la multitude
de petits champs bordés de haies a disparu au profit de grandes
surfaces uniformes et nues, dépourvues d’arbres. La diversité
des plantes et des variétés cultivées s’est réduite à quelques
espèces les plus productives.
L’urbanisation accélérée
Par ailleurs, les villes se développent très rapidement et, pour
pouvoir accueillir ces nouvelles populations, il faut sans cesse
construire des logements, des centres commerciaux, des
infrastructures routières… On considère qu’en France, tous les
cinq ou six ans, en raison de l’artificialisation des terres,
l’agriculture perd, en surface, l’équivalent d’un département
français. Autant de ressources en moins pour nos abeilles…
Dans un environnement aussi dégradé, l’abeille domestique, sur
terre pourtant depuis plus de 80 millions d’années, est soumise à
rude épreuve ainsi d’ailleurs que les autres insectes
pollinisateurs, et dans de nombreuses régions en France comme
quasiment partout dans le monde, la situation devient même
préoccupante…
Les raisons d’une
dégradation inexorable…
Préconisées par les pouvoirs publics et les techniciens agricoles,
certaines pratiques ont amplement participé à la dégradation de
l’environnement, préjudiciable notamment aux abeilles et aux
insectes pollinisateurs.
Le remembrement
Pour permettre l’emploi de machines puissantes et rapides, déjà
utilisées en Amérique ou en Russie, les petites parcelles, qui
constituaient de véritables handicaps au progrès, devaient
disparaître. Dans les années 1960 s’est donc développé un vaste
programme de remembrement qui a consisté à échanger entre
propriétaires des petites parcelles pour les rassembler et
constituer de vastes étendues vouées à une seule culture. À cet
effet, des milliers de haies ont été arrachées et des kilomètres de
petits sentiers ou de petits chemins ont disparu. Cette mutation a
engendré une perte considérable de ressources mellifères car les
arbres, les arbustes ou les plantes qui y poussaient fleurissaient
quasiment continuellement, offrant nectar et pollen de la fin de
l’hiver à la fin de l’automne. On peut citer les prunelliers, les
aubépines, les houx, les ronces, les lierres… On estime qu’entre
seulement 1970 et 1991, ce sont plus de 500 000 km de haies qui
ont disparu.
La monoculture
Auparavant, pour nourrir leur bétail, les paysans cultivaient une
très grande diversité de plantes afin de faire des réserves de
fourrage suffisantes. En ce temps-là, on n’achetait pas du
fourrage ou des céréales mais on les cultivait sur la propriété ! Et
pour éviter une mauvaise récolte généralisée, on multipliait les
espèces ! Les trèfles – trèfle blanc, trèfle violet ou trèfle
incarnat –, les luzernes, les féveroles, le sainfoin… fleurissaient
et refleurissaient durant toute la saison apicole, un vrai paradis
pour les abeilles. Ils ont été hélas remplacés par des céréales, du
maïs, de la betterave, du blé, du colza et du tournesol. On
observe le même phénomène en forêt, où les conifères ont pris le
pas sur les autres essences.
L’ensilage et l’urbanisme
L’ensilage
Cette méthode de récolte du fourrage très rapide, qui évite aux
agriculteurs les contretemps et les soucis dus aux intempéries,
s’est amplement répandue et a remplacé la récolte traditionnelle
des foins. Elle consiste à couper l’herbe verte des prairies de
fauche, la hacher menu, la compresser et initier une fermentation
lactique pour la conserver. Le hic pour les abeilles est que les
plantes doivent être coupées très tôt, bien avant leur floraison,
pour receler un taux de protéines et de sucres intéressant. Avec
des machines de plus en plus perfectionnées, en moins d’une
semaine, les belles prairies qui s’apprêtaient à fleurir deviennent
pour les pollinisateurs de véritables déserts verts…
L’urbanisation
Alors que les campagnes connaissent partout dans le monde un
exode rural élevé, plus de la moitié de la population de la planète
vit aujourd’hui en ville et cette tendance ne fait que s’accentuer.
En 2050, selon certaines estimations, ce seraient plus de 68 % !
Ce phénomène engendre de fortes conséquences dommageables
pour l’environnement : pollution, artificialisation des sols,
surutilisation des ressources…
En France les villes, y compris moyennes, ne cessent de croître,
en particulier en raison du développement des lotissements et
des zones commerciales et industrielles et ce sont souvent des
terres fertiles qui sont ainsi retirées de la production agricole.
Ainsi, on estime que l’équivalent d’un département français est
artificialisé tous les cinq-six ans, de sorte que 8 à 9 % de la
surface agricole utile disparaîtra d’ici à 2060, correspondant à un
cinquième du potentiel agricole, si rien n’est fait. Ce sont autant
de ressources qui disparaissent pour les abeilles et les
pollinisateurs sauvages.
L’apiculture urbaine
Depuis une quinzaine d’années, l’apiculture urbaine se
développe. De nombreux citadins suivent les cours des ruchers-
écoles pour installer quelques ruches et produire leur propre
miel. Toutefois, compte tenu du voisinage immédiat auquel il ne
faut faire prendre le moindre risque de piqûre, la pratique de
l’apiculture urbaine nécessite un savoir-faire et des techniques
apicoles parfaitement adaptées.
Certes, les abeilles se portent très bien dans les grandes
agglomérations si celles-ci sont végétalisées, souvent bien mieux
que dans les zones de grandes cultures, mais les ressources
restent toutefois limitées et ne peuvent alimenter qu’un nombre
réduit de ruches.
Si les abeilles se portent bien en ville, l’apiculture urbaine ne
peut pas représenter l’avenir de l’apiculture ! Elle n’en est
qu’une composante !
Les pesticides
Pour les rendre plus fréquentables, on les appelle « produits
phytosanitaires ». Ils comptent trois familles, qui se terminent
toutes en « ides » pour traduire leur action de tuer, comme
herbicides pour les herbes, fongicides pour les champignons et
insecticides pour les insectes. Ils font partie des biocides, tous
ces produits qui « tuent la vie ». La France est le troisième pays
consommateur de produits phytosanitaires au monde et cet
emploi massif est préjudiciable à l’environnement et aux
pollinisateurs en particulier.
Les herbicides
Si, dans le passé, on se réjouissait de voir des champs de blé
avec des coquelicots et des bleuets, aujourd’hui, ces champs sont
devenus propres et nets. Il n’y pousse que du blé ! De la même
variété, de la même couleur, de la même taille. Les bords des
champs, des chemins… continuent encore à être traités avec un
seul leitmotiv : se débarrasser des mauvaises herbes qui font
négligé ! Or, non seulement ces traitements éradiquent des
plantes utiles aux abeilles, mais, appliqués en période de
floraison, ils déciment les abeilles qui les butinent…
Les fongicides
A priori, ce sont les produits les moins dangereux pour les
abeilles. Cependant, de plus en plus de scientifiques les
suspectent d’avoir un effet répulsif et donc de réduire le
butinage, la récolte de pollen et de miel. Enfin ils considèrent
que des mélanges de différentes molécules, insecticides,
fongicides ou herbicides, non toxiques individuellement,
peuvent produire par synergie des cocktails de toxicité
redoutable et inimaginable.
Les insecticides
Comme leur nom l’indique, les insecticides tuent les insectes, et
les abeilles sont des insectes ! Destinée à éliminer une espèce
d’insecte spécifique responsable de dommages dans un type de
culture donné, leur efficacité engendre très fréquemment des
dommages collatéraux sur des insectes non ciblés comme les
abeilles… Responsables chaque année de la mort de centaines
de milliers de ruches en France et de par le monde, ils
constituent la première cause des surmortalités d’abeilles.
Les néonicotinoïdes
Contrairement aux précédents qui étaient pulvérisés, ceux-ci
fonctionnent le plus souvent par enrobage des semences : la
molécule enrobe la graine, et assure la protection de la plante
tout au long de sa vie, du système racinaire jusqu’à la floraison.
Si cette solution, certes coûteuse, a offert un vrai confort à
l’agriculteur, elle s’est révélée catastrophique pour l’apiculteur.
Dès leur arrivée, les récoltes de miel se sont effondrées et les
mortalités ont augmenté pour atteindre plus de 30 % des ruches
chaque année. Et parfois plus…
Les doses employées à l’hectare sont très faibles, quelques
dizaines de grammes. À des doses infimes, ces molécules
hyperpuissantes induisent des effets toxiques dramatiques sur les
abeilles. Elles sont dangereuses à plusieurs stades. Lors des
semis car en période de sécheresse et de vent une partie de
l’enrobage s’envole dans l’atmosphère sous forme de poussière.
Lors de la guttation des plantes lorsque celles-ci transpirent
durant leur croissance. Et enfin lors de la floraison, dans le
nectar mais surtout dans le pollen. Dotées d’une durée de vie
très longue, elles contaminent les sols et les eaux durant
plusieurs années mais aussi les plantes adventices ou les cultures
qui suivent une culture traitée l’année précédente… Employés à
vaste échelle, sur de nombreuses cultures, ces traitements
préventifs vont pourtant à l’encontre de l’agriculture durable qui
exige la bonne dose, au bon endroit et au bon moment… Après
de longs et rudes combats menés en particulier par l’Union
nationale de l’apiculture française, les apiculteurs sont parvenus
à faire suspendre en France l’utilisation du « Gaucho » sur
tournesol en 1999 puis sur maïs en 2004, du « Régent » sur
toutes cultures en 2004 et du « Cruiser » en 2012.
En 2013 l’Agence européenne de la sécurité alimentaire a
considéré que les procédures d’homologation de ces molécules
étaient très insuffisantes et a estimé que le risque engendré pour
les abeilles était si préoccupant qu’il exigeait des mesures
coercitives immédiates. La Commission européenne a alors acté
la suspension de ces molécules sur l’ensemble des plantes
attractives pour les abeilles. En 2016, en France, la loi sur la
biodiversité a interdit tous les néonicotinoïdes à partir de 2020.
Mais les lobbys, très puissants, sont revenus à la charge pour
obtenir une dérogation pour la betterave.
D’autres insecticides sont également incriminés dans les
mortalités d’abeilles…
L’agroécologie
À côté de l’agriculture biologique, qui connaît un essor de plus
en plus important et dont les produits sont plus que jamais prisés
par les consommateurs, les pouvoirs publics préconisent de plus
en plus fréquemment l’agroécologie et ses nouvelles pratiques
culturales. Soucieuses de la préservation de l’environnement, et
des ressources qui permettent toute production agricole, elles
s’efforcent de préserver la qualité de l’eau, de l’air, des sols, la
biodiversité… . Elles délaissent l’agrochimie pour revenir à
l’agronomie.
L’agroforesterie
Durant une cinquantaine d’années, l’arbre a disparu de nos
paysages agricoles. Aujourd’hui, des agronomes éclairés
réalisent un effort considérable pour faire comprendre au monde
agricole que les arbres et les arbustes, loin d’être des
indésirables, sont des auxiliaires précieux pour les cultures. Ils
incitent les agriculteurs à replanter des haies qui protègent du
vent et réduisent les gelées, filtrent et régulent l’eau, abritent des
insectes utiles comme les abeilles et les nourrissent, et
permettent grâce à leur feuillage un apport en humus non
négligeable pour le sol. Ils replantent aussi des arbres au milieu
des champs et délaissent les labourages pour les remplacer par
des semis directs moins agressifs pour les sols. C’est le retour de
la biodiversité, des vers de terre, des oiseaux, des coccinelles…
pour d’excellents rendements sans pesticides ni engrais.
Assurément, une voie d’avenir !
Les oiseaux
En règle générale, ils se contentent de prélever quelques abeilles
en vol comme les hirondelles, ou à l’entrée de la ruche comme
les pinsons et surtout les mésanges. En hiver celles-ci toquent
avec leur bec la paroi de la ruche pour faire sortir les abeilles un
peu engourdies et les manger. Mais si ces oiseaux perturbent la
colonie, l’incidence demeure minime !
Le pivert
En hiver, en période de disette, pour parvenir à se nourrir
d’abeilles, armé d’un bec très puissant et acéré, le pivert peut
trouer les parois des ruches, le plus souvent aux endroits les plus
minces ou les plus fragiles. Ce peut être un véritable fléau si l’on
ne s’en aperçoit pas assez tôt. On peut obturer les trous à l’aide
de plaques de tôle vissées et tenter de les éloigner en suspendant
des CD ou CD-ROM aux branches d’arbres qui, en réfléchissant
la lumière, peuvent les éloigner.
Le guêpier ou chasseur
d’Afrique
Cet oiseau migrateur arrive chez nous au mois de mai et repart
en septembre. Il niche dans des sortes de terriers creusés au flanc
des falaises sablonneuses. Le guêpier se nourrit d’insectes et
d’abeilles, ce qui n’est pas dramatique en soi mais peut le
devenir s’il avale de jeunes reines en vol de fécondation. Avec le
réchauffement climatique, des colonies de guêpiers se sont
implantées de manière pérenne sur le littoral et l’arrière-pays
méditerranéens.
Les reptiles
Les lézards gris ou verts comme les couleuvres peuvent se
poster à l’entrée ou aux abords des ruches pour consommer
quelques abeilles souvent en fin de vie. Sans grande incidence…
Les insectes
Hormis le frelon d’Asie, très dangereux, quelques insectes
peuvent consommer des abeilles ou du miel sans pour autant
créer de gros dommages.
La cétoine
Cet autre coléoptère pénètre dans la ruche où il se nourrit de
miel. Comme sa carapace est très robuste, les abeilles ne
parviennent pas à l’éliminer. Généralement les cétoines
choisissent des ruches bien garnies de miel pour s’y installer !
Le frelon asiatique ou
Vespa velutina
Une seule femelle de Vespa velutina, ou frelon asiatique, aurait
débarqué dans des poteries chinoise en 2005, dans le Sud-Ouest.
Aujourd’hui ces frelons sont présents partout en France et dans
une grande partie de l’Europe. Une calamité pour les abeilles
domestiques et sauvages et les apiculteurs !
Le frelon asiatique se différencie de Vespa crabo par la couleur
noire de son thorax et une pointe de jaune orangé au bout de son
abdomen. Diurne et omnivore (insectes, fruits, nectar, pollen ou
viande), il vit dans un nid en cellulose d’une taille parfois
impressionnante (1 m de haut et 80 cm de diamètre). Ce nid
abrite alors une dizaine de rayons horizontaux dont les alvéoles,
tournées vers le bas, peuvent compter plus de 10 000 cellules de
couvain. À la fin de l’automne, le nid est déserté.
Bien que peu agressif envers l’homme si celui-ci ne le dérange
pas, sa piqûre est très douloureuse et plusieurs décès sont
répertoriés chaque année.
Le cycle de la colonie de
Vespa velutina
Dès les premiers beaux jours, les femelles commencent leur
ponte. Au cours de l’été, lorsque le nid et la population ont
grossi, le cycle de reproduction commence. De nouvelles reines
sont pondues puis fécondées par des mâles. Les besoins sont très
importants et les frelons attaquent alors les abeilles...
Les mammifères
Petits ou grands, certains d’entre eux peuvent perturber les
abeilles en hiver, entraîner de gros dégâts dans les ruches et
parfois leur disparition.
Les souris
Les souris confrontées aux rigueurs de l’hiver peuvent pénétrer
dans les ruches pour s’y mettre à l’abri et se nourrir. En
consommant de la cire, du pollen et du miel, elles réduisent les
provisions de la colonie et occasionnent de gros dégâts dans les
rayons. En perturbant la grappe d’abeilles, elles la refroidissent
et, pour la réchauffer, celles-ci sont obligées de consommer plus
de miel. Les souris peuvent entraîner la mort d’une ruche. Pour
éviter ces attaques, n’oubliez pas de placer à l’entrée de vos
ruches des grilles de protection.
La martre
Ce petit carnivore vit de préférence en forêt où il loge dans un
arbre creux. Surmonté d’une toute petite tête munie de dents très
acérées, son corps très allongé, qui peut mesurer près de 50 cm,
marqué par une taille très fine, lui confère une très grande
agilité. Une martre peut ainsi s’introduire dans un trou de 4 cm
de diamètre… En période de disette, lors de grosses chutes de
neige, elle n’hésite pas avec ses griffes pointues à creuser un
trou dans le bois de la ruche pour dévorer miel et pollen. Les
martres peuvent créer des dégâts considérables dans les ruchers.
Comme les fouines, belettes ou hermines…
Souris
Le blaireau
Pourvu d’une fourrure très épaisse, insensible aux piqûres
d’abeilles, cet omnivore est très friand des larves de guêpes et
pour cela n’hésite pas à déterrer les nids. En revanche, il est rare
de le voir s’attaquer aux ruches. Seule une grande disette
l’oblige à défoncer les parois des ruches pour se nourrir.
Pour éviter ces attaques, vérifiez régulièrement l’état des
boiseries de vos ruches. Profitez d’une journée sans gel pour les
repeindre après avoir obturé temporairement l’entrée de la ruche
pour éviter de vous faire piquer.
L’ours
Dans les Pyrénées où quelques individus ont été réintroduits,
plusieurs apiculteurs ont subi des attaques violentes qui se sont
traduites par le saccage de leurs ruchers.
Comme il est très grand et très puissant et que sa fourrure est
très épaisse, l’ours brun n’hésite pas à renverser les ruches puis
avec ses dents à retirer les cadres et à les broyer pour en
consommer les rayons. On retrouve dans les déjections des
morceaux de fils qui avaient permis de tendre la cire ! Dans les
pays où cet animal est commun, les apiculteurs sont obligés de
protéger leurs ruches avec des clôtures électriques.
Martre
Et l’homme
Prédateur et protecteur, le rôle de l’homme est paradoxal ! Alors
que les abeilles vivent sur terre depuis des millions d’années,
une cinquantaine d’année ont suffi pour voir émerger de terribles
menaces qui fragilisent leur survie et leur pérennité. L’homme
est bien souvent à l’origine de tous ces maux et les apiculteurs
essaient désespérément de protéger au mieux leurs ruches.
Protecteur
Il est bien loin le temps où, pour prélever le miel, les pseudo-
apiculteurs détruisaient les colonies… Ces dernières années,
sans le travail effectué au quotidien par les apiculteurs dans leurs
ruchers, les populations d’abeilles domestiques se seraient
réduites comme peau de chagrin.
Sans la lutte menée contre le varroa, de nombreuses colonies
auraient disparu même si certaines auraient peut-être survécu et
un équilibre entre l’abeille et le varroa se serait alors installé.
Sans le combat des apiculteurs mené contre les pesticides les
plus dangereux, ceux-ci seraient encore utilisés et continueraient
à détruire de nombreuses colonies.
Sans la lutte menée contre le frelon asiatique, de nombreuses
ruches auraient également péri.
Prédateur
En détruisant la qualité de l’environnement par une agriculture
intensive sans limites, en favorisant l’arrivée de nouveaux
prédateurs comme le varroa ou le frelon lors des échanges
commerciaux qui se multiplient à travers la planète, en
pratiquant une apiculture de plus en plus intensive, l’homme est
le premier responsable du déclin des abeilles et des
pollinisateurs sauvages. Le bouleversement climatique en est
l’illustration la plus préoccupante et la réaction des pouvoirs
publics à travers le monde n’est pas des plus rassurantes…
Partie 2 C’est parti !
Toutes les ruches sont conçues sur le même principe et sont composées du
même type d’éléments :
Il contient en général 10 cadres dans lesquels la reine pond ses œufs qui
deviennent larves et forment le couvain. Celui-ci assure le renouvellement
constant de la population, ainsi que les besoins en pollen et miel de la
colonie. Les parties avant et arrière sont dotées d’une rainure dans laquelle
s’insèrent les cadres ; les côtés latéraux, d’échancrures ou poignets pour
soulever la ruche.
La grille à reine
Elle laisse passer uniquement les ouvrières, mais pas la reine, l’empêchant
ainsi de pondre dans les hausses. Cela favorise une meilleure qualité du
miel. Certains la jugent indispensable pour réguler la population, d’autres
estiment qu’elle gêne les abeilles, qu’elle favorise l’essaimage ou permet
de l’éviter… Chacun se fera sa propre opinion !
Le couvre-cadre
Ce plateau, doté d’un trou qui permet l’aération de la ruche et dans certains
cas le passage des abeilles pour le nourrissement, ferme la ruche.
Le toit
Pensez à placer une pierre plate lourde sur vos toits plats afin d’éviter que
le vent ne vous les emporte !
Il existe aujourd’hui trois types de ruches, chacune ayant ses qualités et ses
défauts respectifs.
La Dadant
La Langstroth
La Warré
Les ruchettes sont des ruches de format réduit. Le format des cadres est
identique mais leur nombre est moindre. Les apiculteurs utilisent ainsi des
ruchettes de quatre, cinq ou six cadres. Chaque type de ruche a ses
ruchettes
Avec les surmortalités subies par les apiculteurs depuis les années 1990,
elles sont devenues une composante indispensable d’une exploitation
apicole. Faciles à transporter, légères, peu volumineuses, elles facilitent
grandement le travail. Aujourd’hui, comptez au minimum trente ruchettes
pour une centaine de ruches…
Un cadre est constitué de deux côtés latéraux, d’un bas de cadre plus étroit
et d’une tête de cadre sur laquelle est fixée la feuille de cire gaufrée dans
une rainure située en haut de la face avant et de la face arrière du corps de
ruche ou de la hausse. Le cadre est ainsi suspendu dans la ruche. La cire
gaufrée est maintenue verticalement à l’aide de fils parallèles tendus entre
les côtés latéraux.
➋ Le cadre droit dont tous les éléments sont de la même largeur. Une bande
d’écartement dénommé « crémaillère » est indispensable.
Les cadres de cire gaufrée, sensibles à la chaleur, sont fragiles. Ils doivent
être conservés dans un endroit sec et tempéré.
L’enfumoir
Les granulés vendus dans le commerce sont très pratiques. Ils brûlent
longtemps en dégageant une fumée blanche, froide et douce. Vous pouvez
aussi employer du foin, des feuilles sèches…
Le lève-cadre
Constitué d’un racloir et d’un rebord qui permet de faire levier, le lève-
cadre dit américain est de loin le plus employé. Il existe des lève-cadres
pinces qui permettent de soulever les cadres bien verticalement. Mais si les
abeilles ont propolisé, retirer les cadres avec cet outil reste difficile.
La brosse à abeilles
La lampe à souder
Le petit matériel
Un briquet pour allumer l’enfumoir. C’est bête mais sans lui on ne peut rien
faire !
Les vêtements
Les voiles
Munis d’un chapeau et de larges parties aérées grillagées, très légers, ils
protègent la tête et le cou de l’apiculteur. Ils sont recommandés pour
effectuer de courtes visites de routine. Un voile est toujours nécessaire.
Vareuses et pantalons
Très pratiques, les vareuses sont composées d’un chapeau sur lequel est
fixé un voile protecteur très aéré et d’une veste à enfiler ou à fermer sur le
devant avec une fermeture Éclair. Toujours très amples, elles peuvent
s’enfiler sur les vêtements déjà portés.
Pour pratiquer l’apiculture, les chaussures doivent être adaptées. Les bottes
munies de semelles dotées de bons crampons sont une bonne solution mais
attention, avec la chaleur, la transpiration s’installe très vite…
Les combinaisons
Ces protections intégrales évitent bien des piqûres qui ont souvent lieu à la
jointure de deux vêtements. Difficiles à mettre et à retirer, elles sont
efficaces, et aujourd’hui légères et presque climatisées ! En priorité
réservées aux professionnels
Les gants
Les apiculteurs expérimentés travaillent sans gants. Mais pour effectuer des
manipulations complexes ou si l’on est débutant, il faut acheter une bonne
paire de gants. Elle est indispensable.
Les fabricants proposent des gants de cuir de très bonne qualité prolongés
par des manchettes très résistantes et aérées remontant jusqu’au coude.
La tenue de l’apiculteur
Le nourrisseur couvre-cadre
Tous les modèles de ruche et les ruchettes ont leurs nourrisseurs couvre-
cadre.
Le nourrisseur cadre
Le nourrissement liquide
Le nourrissement solide
Cadre nourrisseur
La miellerie d’un petit apiculteur
Si vous avez quelques ruches et même une seule colonie, pour récolter
votre miel, il vous faudra prévoir un espace approprié et un matériel
indispensable.
Le local
Les sols en bois, moquettés, sont vivement déconseillés… comme les murs
tapissés !
Désoperculation au couteau
Le matériel
Le couteau à désoperculer
Ne lésinez pas sur le prix. Prenez un couteau en inox doté d’un tranchant
lisse d’un côté et de l’autre d’un tranchant dentelé. Ils sont très confortables
à l’usage surtout si la lame est chauffante.
Le bac à désoperculer
L’extracteur
Le maturateur
Ce bidon en inox, muni sur sa partie haute d’une grille qui contribue encore
à filtrer le miel et, dans sa partie basse, d’un robinet, permet de laisser
décanter le miel frais, puis, une fois mûr, de le mettre en pot.
Les maturateurs de petite contenance (de 50 kilos ou 100 kilos), légers, peu
volumineux, sont très pratiques. Ne lésinez pas sur la qualité des robinets.
Optez pour des robinets coupe-goutte à fermeture frontale. Votre mise en
pot en sera grandement facilitée…
Extracteur
La cire et les opercules
Dans la ruche, tout se recycle ! La cire des opercules est fondue, puis
emportée chez un cirier qui, une fois refiltrée, la retransformera en feuilles
de cire gaufrée. Les cadres de hausses, bien conservés au sec et à l’abri des
rongeurs, seront réutilisés pour les prochaines récoltes. Devenus trop vieux,
de couleur de plus en plus sombre, ils seront remplacés par des cadres de
cire gaufrée. Comme les cadres de corps de la ruche que l’on renouvelle à
raison de trois par an.
Lorsque vos opercules, léchés par les abeilles, ne contiennent plus de miel,
il vous faut les fondre. Plusieurs méthodes existent.
La plus artisanale
La plus écologique
Constitués d’un bac incliné inséré dans une sorte de coffre bien isolé,
refermé par une grande vitre double vitrage, les cérificateurs solaires sont
très simples et très efficaces. Placez vos opercules ou même vos vieux
cadres dans le compartiment. Refermez et laissez agir les rayons du soleil !
En été ou en automne, si vous orientez bien le cérificateur, vous fondrez les
opercules de la saison et obtiendrez une très belle cire !
Cérificateur solaire
La cire gaufrée
Tout apiculteur doit posséder des feuilles de cire en quantité plus ou moins
importante selon le nombre de ruches exploitées. La cire doit être
conservée dans un endroit tempéré, à l’abri de la lumière et des rongeurs.
Chaudière à cire
Les abeilles
Compte tenu de la très grande pénurie d’essaims sur notre territoire, il vous
faut impérativement les réserver longtemps à l’avance auprès d’un
apiculteur si vous souhaitez être bien servi et en temps voulu… Par ailleurs,
la plupart des apiculteurs ne commercialisent pas d’essaims. S’ils en
produisent, ils les gardent pour maintenir ou développer leur propre
cheptel. Réservez donc dès l’automne vos colonies pour les recevoir au
cours du printemps suivant.
Privilégiez donc deux ruches ou même trois car, dans cette configuration,
vous pourrez récolter du miel et effectuer des petites interventions qui vous
rempliront de plaisir et vous donneront envie d’aller plus loin…
N’allez pas au-delà de trois ruches la première année car si vous investissez
dans l’achat d’une dizaine de colonies voire plus et si vous commettez des
erreurs, elles peuvent être fatales et vous risquez de connaître de cuisantes
désillusions…
Au début de l’automne vous pourrez encore installer des colonies déjà bien
développées mais en aucun cas de jeunes essaims car avec une population
réduite, confrontés aux rigueurs de l’hiver, certains pourraient ne pas
résister et périr… .
Des essaims sur cadres
Les apiculteurs proposent des essaims développés sur quatre, cinq ou six
cadres.
Au printemps, ils sont généralement dotés d’une reine de l’année qui vient
juste d’être fécondée et commence à pondre. La population est encore
restreinte. Votre essaim réussira surtout si la jeune reine est très féconde.
Vous devrez le nourrir fréquemment par petites doses pour l’aider à remplir
l’ensemble du corps de ruche avant de placer la hausse et espérer récolter
du miel.
Les essaims sur six cadres disponibles dès la fin de l’hiver sont dotés d’une
reine née la saison précédente et qui a hiverné. Robuste, pas épuisée, dès
les premiers pollens elle va pondre de manière exponentielle. C’est la
solution la plus sûre. Certes, ces essaims sont un peu plus chers mais,
compte tenu de leur qualité et de leur capacité de développement, c’est un
excellent investissement qui vous permettra de jouer gagnant pour votre
première récolte de miel.
Dans la plupart des cas, vous apportez votre ruche chez le vendeur et il y
transvasera les cadres avec vous. Vous pouvez aussi emporter la ruchette
chez vous et procéder vous-même au transvasement de vos abeilles avant
de la rendre au vendeur.
à la fin de l’hiver, vous pouvez acheter des colonies sur dix cadres qui ont
bien hiverné et qui, dès lors, sont prêtes à produire du miel.
Deux possibilités !
Vous pouvez acquérir les abeilles et la ruche. Dans ce cas, vérifiez bien la
qualité des boiseries surtout dans les angles, notamment arrière et au niveau
du plancher. Cet achat vous évitera l’investissement dans une ruche neuve
et facilitera le déplacement et la mise en place dans votre rucher. Visitez
attentivement la colonie avant d’en prendre possession. Elle doit dégager
une bonne odeur de cire et de miel. Vérifiez que les cadres de corps ne sont
pas noirs comme de la suie (ce sont alors de très vieux cadres…), que la
ponte de la reine est resserrée et couvre de grandes surfaces, que les
abeilles disposent de réserves de miel et de pollen et que la ruche est
populeuse. Si vous n’êtes pas suffisamment sûr de vous, faites-vous
accompagner par un collègue plus expérimenté du syndicat par exemple.
Vous pouvez aussi acquérir uniquement les abeilles et les cadres. Dans ce
cas, transportez votre ruche neuve chez l’apiculteur et le soir vous
procéderez ensemble au transvasement de la colonie dans votre ruche.
C’est une belle expérience partagée avec un apiculteur expérimenté. Un
moment après ou le jour suivant, vous pourrez emporter votre ruche chez
vous, jusqu’à son emplacement final.
Achetez votre ruche à un apiculteur ayant pignon sur rue et une bonne
réputation. Pensez à réserver longtemps à l’avance. Le plus souvent à la fin
de l’été ou à l’automne précédant l’installation. Évitez le tout petit
apiculteur qui cesse son activité. Ses colonies peuvent être en mauvais état
tant au niveau de la ponte de la reine que sur le plan sanitaire…
Lorsqu’une reine issue de ces races, trop âgée par exemple, est changée
naturellement par les abeilles de la ruche, celle qui lui succédera, fécondée
par des mâles issus parfois d’autres races, pourra développer un caractère
d’agressivité accru. Dans ce cas vous devrez procéder à son remplacement.
Cette pratique, rapide et moins coûteuse, très commune aux États-Unis, est
réservée aux apiculteurs professionnels. Elle consiste à placer dans une
cage de transport 1 kilo d’abeilles, soit environ 10 000 individus prélevés
dans une ou plusieurs ruches avec une reine et quelques accompagnatrices
dans une petite cage. L’ensemble peut voyager sur de longues distances par
avion pour arriver enfin chez l’acheteur. L’apiculteur installe tout ce beau
monde sur des cadres de cire gaufrée et libère la reine. Grâce à un
nourrissement intensif, les abeilles étireront leurs rayons, la reine pondra et
la colonie prendra son essor. Recommandé pour les apiculteurs
expérimentés.
Confronté à des surmortalités en très forte hausse, près d’un tiers du cheptel
doit être renouvelé chaque année. La plupart des apiculteurs en réalisent
pour leur propre usage mais quelques-uns se sont spécialisés dans cette
production, et pour eux, c’est une activité prépondérante. Mais la
production est toujours insuffisante pour satisfaire le marché national.
Plusieurs sociétés importent des essaims provenant d’Italie, d’Espagne, de
Slovénie, de Grèce et parfois même d’Australie ou du Chili.
En conclusion
Pour réussir l’installation de son rucher, je vous engage à acheter deux ou
trois colonies. Jamais une seule. Vous opterez pour une ou deux ruches en
état de produire et un ou deux essaims ayant hiverné. Achetez vos abeilles à
un apiculteur réputé de chez vous. Ne mégotez pas pour quelques dizaines
d’euros. Vos ruches en état de produire produiront, et même vos essaims si
les conditions météorologiques s’y prêtent !
DANS CE CHAPITRE
Le bon emplacement
Chapitre 4 L’installation
Nous allons maintenant aborder les ultimes préparatifs avant l’arrivée des
abeilles ! Nous choisirons l’emplacement du rucher en respectant les
contraintes réglementaires et en privilégiant l’endroit le plus favorable à
nos protégées. Un bel espace, bien exposé, à l’abri des vents, arboré, qui
donne envie de s’asseoir sur un banc pour contempler les incessantes allées
et venues des butineuses. Nous l’aménagerons pour le rendre le plus
pratique et le moins fatigant possible. Les supports de ruche une fois
installés, le grand jour est arrivé. Nous allons déplacer les ruches et pour
cela nous allons effectuer nos premières manipulations ! Il va falloir
apprendre à les fermer, les ouvrir, tenir un cadre et l’observer pour
connaître l’état de la ruche, ses qualités et ses faiblesses… .
Un terrain en pente permet d’installer les ruches sur différents niveaux sans
que les vols des abeilles ne se croisent, et l’envol ne gênera pas le
voisinage.
Les zones pierreuses sont, elles, souvent intéressantes, car depuis la nuit
des temps les abeilles ont un faible pour le minéral.
Ce sont bien sûr les zones humides qui maintiennent une hygrométrie
constante et sont susceptibles d’être inondées comme les bords de rivière.
Ou les cuvettes qui en automne sont envahies longuement par le brouillard
ou, en zone de montagne, par des congères en hiver.
Ce sont aussi les espaces très ventés. Les abeilles sont en effet sensibles au
vent et en particulier au vent du nord. Souvent violent et froid, il gêne les
allers-retours et le vol des butineuses et peut rendre vos abeilles agressives.
Attention aux forêts dont la végétation est très dense. L’ombre n’est pas
favorable aux abeilles, qui ne bénéficieront pas d’un ensoleillement matinal
stimulant ! En outre, elle génère le développement de certaines maladies.
Enfin, et notamment dans le sud de la France, soyez attentifs aux zones très
arborées qui sont susceptibles de brûler en cas d’incendie. Les ruches
brûlent très vite… .
Si c’est possible, vous pouvez installer vos ruches 1 m en avant d’un mur
ensoleillé. La réverbération du soleil réchauffera plus facilement vos
abeilles.
Aménager son emplacement
Lorsque l’espace réservé à votre futur rucher est bien défini, il faut
l’aménager. Prévoyez toujours que votre cheptel peut s’agrandir ! Si vous
installez deux ruches, prévoyez de pouvoir en avoir quatre ou cinq d’ici
deux ou trois ans !
L’accessibilité
Pour quelques ruches, une simple brouette suffira. Dans ce cas, aménagez
un sentier adéquat. Retirez les pierres et les racines d’arbres très gênantes et
évitez que le sentier ne passe devant l’entrée des ruches : vous éviterez bien
des piqûres !
Évitez les zones humides et les terrains non empierrés car au printemps et
en hiver, vous risqueriez de vous embourber !
L’abreuvoir
Les abeilles consomment en moyenne 150 litres d’eau par ruche et par an,
surtout au printemps et en été. Le plus souvent, elles la récupèrent dans les
envions (filet d’eau, ruisseau, bassin, rosée du matin), mais dans les zones
sèches ou par grande canicule, il faut installer un abreuvoir à proximité du
rucher. Vos abeilles n’iront plus importuner les voisins aux abords des
piscines…
Quel que soit l’abreuvoir, il faut éviter que les abeilles ne se noient. Un
simple bidon d’une vingtaine de litres dont le bouchon laisse fuir quelques
gouttes de temps à autre sur une planche ou sur un récipient recouvert de
mousses ou de cailloux suffit.
Attention à le placer très tôt, dès le mois de mars, pour que les abeilles s’y
habituent !
La protection
Si elles sont installées sur un terrain isolé, non clos, il est préférable de
mettre en place une clôture autour de vos ruches pour empêcher les
animaux domestiques ou sauvages de divaguer au milieu, de les renverser
et de se faire piquer. Votre clôture dissuadera les voleurs…
La signalisation du rucher
Éviter la dérive
Il est primordial de surélever les ruches. Les abeilles détestent vivre dans
un milieu humide. Aussi, pour leur bien-être, est-il indispensable d’isoler
les ruches du sol afin d’éviter que l’humidité ne remonte par capillarité
dans le bois de la ruche.
Pour le bien-être de l’apiculteur également ! Longuement courbé sur les
ruches pour examiner les cadres, le dos de l’apiculteur est soumis à rude
épreuve. Plus les ruches sont placées en hauteur et plus le travail est
confortable. Les apiculteurs ne surélèvent jamais assez leurs ruches…
La stabilité est plus grande avec des pierres ou des parpaings posés sur le
sol une fois aplani. N’hésitez pas à les superposer par deux pour obtenir
une bonne hauteur.
Les madriers, poutres ou barres de fer. Placés de manière parallèle sur des
moellons, ils permettent de poser plusieurs ruches côte à côte. Attention,
outre le phénomène de dérive, les vibrations, lors des visites se répercutent
aux autres ruches et les abeilles ainsi dérangées peuvent devenir agressives.
Si vos toits de ruche sont plats, placez à proximité une pierre plate
suffisamment lourde. Après chaque visite, vous la poserez sur le toit pour
éviter que par grand vent, celui-ci s’envole !
Pensez à incliner légèrement vos supports vers l’avant afin de favoriser
l’écoulement de l’eau due à la condensation dans la ruche et l’éjection des
déchets et autres débris de la colonie.
L’entretien du rucher
Le débroussaillage
Au printemps, les herbes gênent le passage des butineuses et sur les côtés et
à l’arrière favorisent le passage de l’humidité, due à la pluie ou à la rosée,
vers l’intérieur de la ruche. À l’aide d’une simple cisaille, coupez-les à ras
régulièrement. En quelques minutes, cela favorisera l’activité de vos
colonies.
Attention aux débroussailleuses à moteur, dont les vibrations énervent très
vite les abeilles… .
L’élagage
N’hésitez pas à couper surtout celles qui surplombent vos ruches car, en
hiver, elles se couvrent de grandes quantités de neige qui, au dégel, fondent
et s’effondrent en paquets lourds et compacts. S’ils tombent sur vos ruches,
ils perturbent les abeilles…
Élaguez aussi les arbres devenus très grands… Vous éviterez d’avoir à
louer une nacelle pour pouvoir récupérer un essaim posé sur une haute
branche !
Les plantations
Les arbres fruitiers, les noisetiers, les groseilliers ou les cassis sont plus
attractifs que d’autres essences.
Les premiers pollens aux premiers beaux jours comme les derniers en
automne jouent un rôle déterminant dans la vitalité de vos colonies. Trop
souvent, les abeilles ne disposent pas de ces apports en quantité suffisante.
Aussi est-il primordial, même si cela paraît marginal, de favoriser ces
ressources.
Privilégiez les plantes pérennes et rustiques qui refleuriront sans que vous
ayez besoin de leur apporter beaucoup de soins. Des hellébores, des perce-
neige, des noisetiers, des saules pour la fin de l’hiver et du lierre pour
l’automne !
Embellir votre rucher
Il doit donc être beau. N’hésitez pas à l’embellir en plantant des arbustes
ornementaux, des arbres décoratifs naturellement mellifères ! Le choix est
vaste.
Plantez mais ne plantez pas trop ! les arbres grandissent ! Nous avons
souvent le tort de les planter trop près les uns des autres. Et en se
développant, ils peuvent assombrir votre rucher et pénaliser vos abeilles.
Vous avez réservé une ruche et un essaim en ruchette chez un apiculteur qui
jouit d’une bonne réputation. Il vous a indiqué que vos colonies sont prêtes
et vous vous êtes entendus sur une date. Mais attention, on n’installe pas
ses ruches comme une machine à laver livrée par un transporteur !
Quelques précautions sont nécessaires… Nous sommes dans le monde du
vivant et les abeilles savent se défendre !
Certains vendeurs proposent que vous portiez vos ruches vides chez eux et
procèdent devant vous au transvasement de vos abeilles dans vos corps.
Une fois que cette opération sera effectuée, que les dernières abeilles seront
rentrées, vous pourrez les emporter. C’est une bonne formule, car vous
pourrez vraiment découvrir avec l’apiculteur la qualité de votre essaim.
Une sorte de première visite en quelque sorte !
D’autres préfèrent, souvent par manque de temps, vous les donner dans
leurs corps de ruche. À vous de les emporter puis de les transvaser chez
vous avant de leur rendre les corps de ruche ou de ruchette vides. Une
occasion ratée d’un premier contact fort instructif.
Quand transhumer ?
Dès lors, soit il convient d’intervenir à la nuit tombée, soit de très bon
matin avant les premières lueurs du jour.
En se levant très tôt, on évite ce problème. Mais fin mai, début juin, le
réveil est vraiment de très bonne heure ! Vers 5 heures du matin au plus
tard sur le rucher. Et pour certains c’est… tôt !
Si vous transhumez par temps chaud, sur de longues distances, vous risquez
d’étouffer vos abeilles… Confinée, très populeuse, la colonie ne parvient
plus à réguler la température et très rapidement, la chaleur s’élève et les
abeilles meurent… Pour éviter cette situation dramatique, vous pouvez
remplacer la mousse par une muselière : une cage grillagée fixée sur la face
avant contre l’entrée qui empêche les abeilles de s’envoler mais leur permet
de se placer à l’extérieur et de s’aérer…
Seul ou à deux ?
Attention ! Une ruche est volumineuse et lourde. Seul, vous risquez de vous
briser les reins. Aussi, il vaut mieux la transporter à deux. Si elle est munie
de poignées, en l’empoignant un de chaque côté, c’est parfait. Sinon vous
pouvez aussi la prendre un à l’avant et un à l’arrière. Mais il faut bien
s’entendre et bien coordonner les mouvements ! N’hésitez pas à parler ! Si
l’un des deux laisse tomber la ruche, vous pourrez hurler de douleur si elle
vous tombe sur les pieds ou si elle s’ouvre et que les abeilles se mettent à
piquer…
Les abeilles aiment la douceur ! Évitez les chocs, les mouvements brusques
et posez-les délicatement dans le véhicule ou vous les calerez bien ou les
attacherez solidement avec des sangles pour éviter qu’elles se déplacent ou
se cognent entre elles.
À l’arrivée
Dès que les ruches ou ruchettes sont posées, allumez l’enfumoir, revêtez les
habits de protection et libérez vos abeilles... En quelques minutes, elles
commencent à découvrir leur environnement et très vite se mettent à
butiner les fleurs et à rapporter nectar et pollen. Vous êtes… apiculteur ! Ou
presque !
Pour ôter les fermetures, ne vous placez pas devant la ruche, mais sur le
côté ou derrière. Vous éviterez vos premières piqûres !
Ruche fermée
Effectuez la visite par une belle journée ensoleillée, sans vent, en fin de
matinée quand les butineuses sont parties.
Allumer l’enfumoir
Le geste à faire avant toute visite ! Allumez-le à proximité mais pas dans le
rucher !
Attention à ne pas vous brûler et, par temps sec et chaud, à ne pas mettre le
feu aux alentours ! Prévoyez toujours un bidon d’eau au cas où…
Savoir enfumer
C’est une question de dosage. Ne noyez pas vos abeilles sous un nuage de
fumée au risque de hoqueter, tousser… mais envoyez de petits jets de
fumée en les dirigeant à bons escient.
Vous vêtir
Laissez les abeilles descendre entre les cadres. N’oubliez pas d’enfumer
dans les coins. Dès que les abeilles remontent, un petit coup d’enfumoir !
Toujours sans excès.
Portez le cadre à hauteur des yeux et, sans secouer les abeilles, observez-le.
Pour l’autre face, servez-vous des extrémités de la tête de cadre comme
d’un pivot. Une fois observé, entreposez-le dans le toit. Toujours
délicatement !
Respecter l’ordre
Enfumez de temps en temps afin que les abeilles restent calmes. Examinez
deux ou trois cadres Plus la visite est longue, plus vous perturbez les
abeilles et plus les risques de piqûres augmentent. Au terme de la visite,
pensez à replacer les cadres dans leur ordre initial puis refermez la ruche !
La planche d’envol
Une ruche en pleine activité, une planche d’envol nette, des abeilles
dynamiques, les pelotes de pollen accrochées aux pattes : un sentiment de
sérénité.
L’ampleur de la population
Un simple coup d’œil jeté sur la surface de cadres occupée par les abeilles
suffit. Vous affinerez ensuite en observant le couvain.
Le couvain
L’état sanitaire
C’est un élément primordial. Une ruche malade, affaiblie, sera pillée par les
autres et risque de contaminer tout le rucher. Dès l’ouverture, un bon
parfum de cire et de miel est rassurant. À l’inverse, une odeur rance, âcre,
désagréable, constitue un signe inquiétant.
En apiculture, les erreurs se paient très cher ! Pour ne pas être dégoûté par
vos abeilles, le visage tuméfié, il est sage de savoir ce qu’il ne faut jamais,
jamais faire.
Il fait beau, elles paraissent calmes et vous voulez juste vous assurer que
tout se passe bien. Sans enfumoir et sans protection vous allez jeter un coup
d’œil ! Erreur fatale ! Vos abeilles sur-le-champ vous le feront payer très
cher !
Avant toute visite, même la plus succincte, allumez votre enfumoir puis
habillez-vous correctement. C’est OBLIGATOIRE.
Ne visitez jamais vos ruches lorsque le temps est orageux, par grand vent, à
la moindre goutte de pluie ou quand il fait froid. Rien ne presse ! Attendez
un moment plus propice !
Visiter les ruches sans arrêt pour se rassurer est une très grave erreur. C’est
un travers de tout apiculteur débutant.
En ouvrant la ruche, vous la refroidissez et vous la perturbez en vain. Les
abeilles sont alors obligées de faire des efforts considérables pour retrouver
la bonne température et une sérénité perdue.
Être brutal
❶ Vous prenez sur vous, vous observez durant quelques minutes la planche
d’envol de vos ruches avant de les visiter calmement. Très rapidement cela
vous déstressera. Ce n’est pas une blague !
Pour différentes raisons, vous vous apercevez que les abeilles sont excitées
et commencent à piquer. Plus maître de la situation, vous décidez de fuir.
Ce peut être la bonne décision !
MAIS il vous faut impérativement, quel qu’en soit le prix à payer, refermer
la ruche. L’excitation de cette colonie, ouverte au pillage, va se
communiquer aux autres et toutes vont entrer en effervescence… La pire
des configurations.
En zone méditerranéenne
Avec un climat très doux et des gelées exceptionnelles, la nature
s’épanouit toute l’année. Les abeilles travaillent de la fin janvier
jusqu’en novembre et la floraison de l’arbousier. La ponte est
quasi permanente. On peut récolter et faire des essaims dès la fin
avril et effectuer une ultime récolte à l’automne si les conditions
s’y prêtent ! En été en revanche, c’est la morte saison. Vous
pourrez visiter régulièrement vos colonies tout au long de
l’année et même effectuer des opérations inenvisageables
ailleurs comme faire des essaims en fin d’été !
En zone de montagne
Le début du printemps est tardif. Selon l’altitude, les premières
fleurs éclosent au mois de mars ou d’avril alors que l’automne et
ses gelées précoces surviennent de très bonne heure. L’hivernage
dure plusieurs mois, au cours desquels la reine interrompt sa
ponte. En raison du froid, toute visite est impossible ! L’activité
apicole est très intense et très brève. En avril et mai, les colonies
redémarrent ; fin mai-début juin, c’est la pose des hausses et la
période de l’essaimage ; et en juillet-aout ? Celle des récoltes.
Dès la fin du printemps, la colonie doit donc être absolument
prête et populeuse pour profiter des floraisons. Les visites de
ruche, très rares, sont déterminantes…
Cette apiculture nécessite un grand savoir-faire, car la saison est
intense, violente, mais très courte. La moindre erreur ne
pardonne pas !
En zone de plaine
L’apiculture de plaine ou de piémont nécessite une attention
équilibrée et régulière. Il est possible d’intervenir dès le mois de
mars jusqu’à la mi-octobre. Chaque année, les conditions
climatiques conditionnent la date des premières visites comme le
développement des colonies en arrière-saison et la mise en
hivernage. Dès les premiers beaux jours, n’hésitez pas à
procéder à votre première visite.
En hiver
Les visites de ruche sont désormais impossibles. Il faut juste
vérifier que tout se passe bien. Par une belle journée où la
température est douce, baladez-vous au milieu de votre rucher et
observez ! C’est agréable et déstressant !
Élaguez
Coupez les branches qui risquent de tomber sur vos ruches ou
qui leur font trop d’ombre. Attention à ce qu’elles ne leur
tombent pas dessus ! En perturbant les abeilles, malgré le froid,
vous risqueriez de cuisantes piqûres !
Effectuez ces visites au moins une fois par mois jusqu’à la fin de
l’hiver. Mais par temps de neige, inutile de se déplacer, laissez
vos abeilles tranquilles !
La première visite de
printemps
Quinze jours à trois semaines après la première visite, et surtout
si les conditions météorologiques ont été favorables et les
floraisons abondantes, il convient de refaire une visite pour
observer le comportement de vos colonies a priori en intense
développement.
Dès l’arrivée au rucher, vous devez observer un léger
changement ! Sur les planches d’envol, l’activité s’intensifie.
Les abeilles rentrent couvertes de pollen. Un spectacle
réjouissant !
La population
En apparence, elle n’a pas sensiblement évolué. C’est logique.
Les abeilles âgées meurent et commencent à être renouvelées
par de toutes jeunes ouvrières. Il faut du temps pour que la
colonie retrouve de la puissance et un vrai dynamisme. Pensez à
toutes ces futures abeilles qui attendent de naître bien au chaud à
l’intérieur du nid à couvain !
Mais si vous observez un déclin de population, c’est inquiétant,
car cela signifie que les mortalités naturelles des vieilles abeilles
ne sont pas compensées par la ponte de la reine… Il faut
examiner le couvain avec la plus grande attention… et envisager
des mesures.
La ponte
Plus que jamais, c’est l’élément ESSENTIEL. Prenez le temps
d’observer le couvain et examinez combien de cadres il occupe.
Si vous observez une très belle ponte, tout va pour le mieux.
Vérifiez simplement que la reine dispose de suffisamment
d’espace pour pondre. Vous pouvez procéder à un changement
dans l’ordre des cadres de votre ruche. Retirez ceux qui sont
remplis de miel situés à proximité du couvain et remplacez-les
par des cadres vides qui sont souvent situés en rive.
Dans les régions de maïs et de châtaignier, au
début du printemps, vous pouvez rencontrer
des cadres encore remplis de pollen. Contre-
productifs, ils constituent une barrière naturelle
qui contraint la ponte de la reine. Retirez-les et
décalez-les vers les bords de la ruche. Vous
pouvez aussi les retirer et les réutiliser dans
une ruche plus faible et dépourvue de réserves
en pollen…
Le rééquilibrage en miel
des colonies
À la fin de la visite, vous pouvez effectuer une facile opération
de rééquilibrage de miel entre ruches qui s’avère souvent très
bénéfique.
Le processus est très simple. Retirez un cadre de miel à une
ruche qui en a trop et ajoutez-le à une ruche qui en est démunie.
La première disposera de plus d’espace et la seconde en sera
renforcée.
Le renouvellement des
cadres
Si vos colonies se développent correctement et si le temps est
favorable, pensez à renouveler vos cadres de corps. En moins de
trois ans, constamment occupés par la ponte de la reine et par le
stockage du miel et du pollen, ils ont vieilli. D’un beau jaune au
départ, ils prennent rapidement une teinte marron pour finir par
devenir complètement noirs. Naissance après naissance, le
volume des cellules finit par se réduire sensiblement et la cire
accumule différents contaminants extérieurs ou générés par les
traitements anti-varroa souvent toxiques pour les abeilles. Il est
donc recommandé de retirer trois vieux cadres par an et de les
remplacer par trois cadres de cire gaufrée.
Retirez les plus noirs souvent placés en rive. Grâce à l’espace
ainsi créé, décalez les autres afin de pouvoir insérer les cadres de
cire gaufrée de part et d’autre du couvain. Vous pouvez les
renouveler en plusieurs fois. Conservez les vieux cadres. Vous
les utiliserez pour constituer dans quelques jours vos pièges à
essaim.
La deuxième visite de
printemps
Deux à trois semaines plus tard, et quelles que soient les
conditions climatiques de cette période, une deuxième visite est
nécessaire pour évaluer l’évolution et effectuer les
manipulations nécessaires. Sur la planche d’envol, l’activité est
maintenant incessante… Vos colonies se seront sans aucun doute
bien développées et se préparent à la récolte de miel.
La population
La population de la ruche doit être quasiment à son apogée. Dès
l’ouverture, vous devez être impressionné par ces milliers
d’abeilles qui vibrionnent et occupent maintenant tout le volume
du corps. Un indice de la force de votre colonie : n’enfumez pas
durant un instant et observez les abeilles remonter en masse
entre les interstices de tous les cadres. Un vrai mouvement de
foule !
• Si l’observation de la ponte le confirme, votre ruche est
prête pour la récolte.
• Si en revanche vos abeilles n’occupent toujours pas
l’intégralité des cadres, essayez de quantifier l’évolution à
partir des notes prises lors de la précédente visite. Si elle
est tout de même conséquente, soyez patient, mais c’est
rassurant. Si en revanche elle vous paraît stable ou même
en régression, observez attentivement la ponte.
La ponte
Si la ponte occupe sept à huit cadres dont les quatre cinquièmes
de la surface sont emplis par le couvain, votre ruche est en
mesure de récolter du miel. La population est puissante et le
renouvellement assuré. C’est parfait.
Attention toutefois au risque d’essaimage. Très populeuse,
confinée dans un espace devenu exigu, la colonie peut se
reproduire. C’est naturel ! Elle va se diviser en deux. Une moitié
va s’enfuir avec la vieille reine pour s’installer dans un nouvel
habitat : tronc d’arbre creux, cheminée ou espace entre fenêtre et
volet ! L’autre moitié restant dans la ruche avec une nouvelle
reine, vierge ou tout juste fécondée. Mais, privée d’une partie de
la population, en attente des pontes effectuées par la nouvelle
reine, votre colonie perdra beaucoup de temps et la récolte sera
retardée.
• Si la ponte est très belle, en forte progression mais encore
insuffisante, continuez à procéder à un nourrissement
stimulant et quelques jours plus tard votre ruche sera en
état de recevoir sa hausse.
• Si la ponte demeure irrégulière malgré le nourrissement
effectué, il faut se rendre à l’évidence : la reine n’est plus
assez féconde. Idem pour la ruche où vous n’aviez pas
observé de ponte ou uniquement des pontes de mâles et
dont la situation n’a toujours pas évolué. Dans ces deux
cas, la reine doit être remplacée au plus vite.
Quelques manipulations
pour tenter d’éviter
l’essaimage
L’essaimage est préjudiciable à la récolte. Il est donc souhaitable
de l’éviter, mais ce n’est pas toujours facile et il n’y a pas de
solution miracle. Malgré toutes vos précautions, les abeilles
peuvent toujours finir par essaimer.
Donner de l’espace à la
reine et réduire la
population
Une bonne méthode consiste à retirer deux cadres de couvain
avec les abeilles sans prendre la reine et à les remplacer par deux
cadres de cire gaufrée. Quelque peu affaiblie, la colonie sera
moins tentée d’essaimer. Les cadres retirés peuvent servir à
renforcer une colonie plus faible, mais dotée d’une belle reine
féconde. Ou à réaliser un essaim artificiel.
Si vous emportez la reine, ce n’est pas dramatique, car la colonie
fera une nouvelle reine. Vous affaiblirez durant quelques jours
votre ruche, mais en évitant l’essaimage vous serez quand même
gagnant. Et dans la ruche receveuse, après un combat inévitable
entre elles, une des deux reines survivra.
Si la dynamique de population le permet, n’hésitez pas à
effectuer cette manipulation une deuxième fois.
La castration
En observant attentivement vos cadres de couvain, vous pouvez
découvrir des cellules royales. Verticales, de la taille d’un petit
doigt, elles contiennent toutes de futures reines. L’essaimage est
enclenché.
Certains apiculteurs retirent toutes ces cellules et comme alors
aucune nouvelle reine n’est en gestation, l’essaimage n’est plus
d’actualité. Les cellules retirées peuvent servir à remplacer des
reines déficientes ou à réaliser des essaims artificiels.
Cette méthode très efficace nécessite une observation sans
faille ! Il suffit d’une cellule oubliée pour que toute la stratégie
soit perdue et la ruche doit être visitée tous les huit jours. Cette
méthode est réservée aux apiculteurs familiaux dont les ruches
sont installées à proximité de leur domicile.
La grille à reine
Dès que la colonie le permet, il faut sans tarder poser les hausses
afin que les abeilles disposent d’un espace suffisant pour
emmagasiner le miel. En continuant à croître, la population
devenant très importante, les risques d’essaimage s’amplifient.
Vous pouvez, à ce moment-là, placer une grille à reine entre le
corps et la hausse. Confinée dans le corps, la reine ne pourra pas
monter dans la hausse. La population, ne pouvant plus
s’amplifier, sera régulée et les cadres de hausse, uniquement
utilisés pour le miel. Mais ce n’est pas l’arme absolue et certains
se plaignent qu’elle gêne les ouvrières sans vraiment être
efficace…
Cellule royale
Comment procéder ?
En fin de matinée, après avoir légèrement enfumé votre ruche
pour faire descendre les abeilles, posez délicatement votre
hausse en vérifiant bien que les cadres soient équitablement
répartis. Pour ne pas abîmer les abeilles, vous pouvez la faire
glisser d’arrière en avant sur le corps de la ruche. Vérifiez
également qu’elle soit bien positionnée sur le corps de la ruche.
Refermez avec le couvre-cadre ou le nourrisseur. Replacez le
toit. Reposez-y dessus la pierre. C’est tout !
Il ne reste plus qu’à croiser les doigts !
Une deuxième hausse ?
Lors d’une prochaine visite, observez si les cadres se
remplissent et sont en cours d’operculation. Une fine pellicule
de cire, l’opercule, ferme chaque alvéole remplie de miel
parfaitement mûr. N’attendez pas que tous les cadres soient ainsi
gorgés de miel pour poser une deuxième hausse. Trop d’espace
est préférable à être confiné !
Récolter ou attendre la fin
des miellées
Afin de produire des miels différents, les apiculteurs
professionnels effectuent au cours de l’année une récolte après
chaque miellée d’importance. Mais lorsque l’on débute, il vaut
mieux, sauf exception, attendre la fin de la saison pour récolter
et extraire un miel toutes fleurs issu du nectar des fleurs visitées
par les abeilles au printemps et en été.
Les réserves
En cette période, les colonies ne peuvent pas manquer de
provisions. Si c’est le cas, c’est que la saison est
particulièrement défavorable en raison du climat, ou de votre
environnement dépourvu de ressources mellifères, ou de sérieux
problèmes de ponte. On ne nourrit pas en été sauf parfois les
jeunes essaims.
L’été est la période des récoltes !
La récolte d’été !
Comme les floraisons s’amenuisent, il est temps de procéder à la
récolte et de traiter les colonies contre le varroa.
La récolte
Au préalable, effectuez une visite de toutes les ruches
surmontées d’une ou deux hausses. Après avoir enfumé
légèrement, vérifiez si la plupart des cadres sont operculés. Si
c’est le cas, vous pouvez récolter.
Au chasse-abeille
Cette méthode est de plus en plus employée et recommandée en
milieu urbain.
❶ La veille de la récolte, après avoir enfumé, placez dans le
bons sens un plateau chasse-abeille entre les hausses et le
corps de ruche.
➋ Refermez et vérifiez que l’ensemble soit bien étanche car,
sentant le miel, les abeilles sont tentées de piller…
❸ Dans la nuit, les abeilles descendront dans le corps et au
matin, comme elles ne pourront pas remonter, vos hausses
seront sans abeilles ! Dès lors, vous pourrez les emporter
rapidement. Un peu à l’écart, vérifiez qu’il ne reste pas
d’abeilles entre les cadres. Brossez les dernières.
Avantage : la récolte est vite effectuée. Sans piqûres ! Et
sans fumée, sans risque d’altérer la qualité de votre miel !
Inconvénient : il faut intervenir deux fois. Avoir autant de
plateaux chasse-abeille que de ruches à récolter dans un
rucher. Et toujours veiller à éviter le pillage. Des hausses
en parfait état sont donc indispensables !
Récolte d’une ruche
À la miellerie
Dès la fin de la récolte au rucher, entreposez vos hausses à
extraire à la miellerie.
La désoperculation
Au couteau
C’est la méthode traditionnelle toujours la plus employée pour
retirer la fine pellicule de cire qui obture les alvéoles de miel.
❶ Placez votre cadre sur la pointe de la traverse au-dessus
du bac à désoperculer. Tenez-le fermement. Veillez à ce
que les doigts de votre main qui maintient le cadre ne
dépassent absolument pas du bois du cadre car en cas de
fausse manœuvre, la lame du couteau pourrait vous blesser
gravement…
➋ En effectuant un mouvement légèrement latéral, découpez
les opercules.
❸ Certains préfèrent agir comme moi en remontant avec la
lame. Dans ce cas, penchez légèrement le cadre vers votre
main, afin que la découpe d’opercule ne colle pas au cadre
et se décolle plus facilement de bas en haut ou de haut en
bas. D’autres préfèrent descendre ! Comme pour le choix
du couteau, tous les goûts sont dans la nature ! Et
n’oubliez pas de désoperculer les deux faces !
❹ Placez un seau muni d’une grille au-dessous du bac à
désoperculer. À la fin de l’extraction, surélevez les pieds
arrière du bac pour faciliter l’écoulement du miel. De
temps à autre, vérifiez que le seau ne déborde pas…
À la griffe
Certains utilisent cette technique, mais elle est recommandée
uniquement pour des apiculteurs qui ne possèdent que deux ou
trois ruches. Placez votre cadre sur un support au-dessus du bac
à désoperculer et, à l’aide de la griffe, retirez les alvéoles de cire.
Lorsqu’un côté du cadre est fait, retournez-le et pratiquez de
même sur l’autre face.
À
À la machine
Destinées aux apiculteurs pluriactifs ou professionnels, ces
machines, très couteûses, permettent de désoperculer de grandes
quantités de cadres en temps limité. Différents modèles existent
et si votre cheptel s’est amplement développé, prenez l’avis de
plusieurs collègues pour choisir celle qui vous conviendra le
mieux !
L’extraction
Dès que vos cadres sont désoperculés, placez-les immédiatement
dans votre extracteur. Lorsque la cage qui contient les cadres est
pleine, vous pouvez faire une première tournée. Refermez
l’extracteur et, si vous avez choisi un extracteur à main,
commencez à tourner la manivelle. Lentement au début et de
plus en plus vite par la suite. Lorsqu’au bout de deux ou trois
minutes, vous sentez que le miel s’est écoulé, réduisez votre
vitesse jusqu’à l’arrêt total de l’extracteur. Ouvrez-le et
retournez les cadres pour extraire le miel des autres faces.
Refermez et retournez la manivelle. Une fois l’opération finie,
vos cadres doivent être légers comme des plumes ! Rangez-les
dans les hausses.
La filtration
Sous l’extracteur, placez une double grille qui retiendra les
impuretés les plus grossières. Nettoyez-la régulièrement, car
sinon votre miel s’écoulera de plus en plus lentement et, comme
votre réserve dans l’extracteur sera pleine, vous ne pourrez plus
continuer à extraire et vous perdrez beaucoup de temps…
Pour les professionnels, un tuyau directement branché à la sortie
de l’extracteur entraînera le miel vers un filtre avant de le
conduire grâce à une pompe vers le maturateur.
Extraction du miel
La maturation
Dans ces réservoirs, plus ou moins grands, de 50 kilos à plus
de 1000 kilos, le miel va rester quelques jours au cours desquels
les ultimes et microscopiques impuretés remonteront en surface.
Versez vos seaux de miel sur la grille du maturateur après avoir
vérifié que le robinet de ce dernier soit bien fermé. De temps à
autre, en toquant contre la paroi, évaluez le degré de
remplissage. Si le bruit est sec, il reste de la place ; en revanche,
si le son est mat, il convient de vérifier pour éviter les
débordements… Laissez ainsi le miel se reposer durant quatre à
cinq jours minimum avant de le mettre en pot.
Filtration du miel
Leur stockage
Une fois léchées, vous pourrez stocker vos hausses à l’abri de la
lumière et des rongeurs. Pour éviter la fausse teigne, cet insecte
dont les larves abîment les rayons de cire, privilégiez un endroit
aéré et, lors de l’élaboration des piles décalez légèrement les
hausses, les unes des autres pour que les guêpes puissent accéder
partout et se régaler… des larves de fausses teignes.
Le traitement des
opercules par les abeilles
Si vous ne possédez que quelques ruches, une fois que le miel
s’est écoulé des opercules, récupérez-les et placez-les en couche
de quelques centimètres dans un récipient évasé que vous
installerez à l’ombre à proximité du rucher. En quelques heures,
les abeilles récupéreront le miel encore présent et vous pourrez
ensuite stocker ces opercules propres pour les fondre et les
apporter à votre magasin de matériel apicole afin de l’échanger
contre de la cire gaufrée.
Le traitement des
opercules avec la
centrifugeuse
Cet appareil, utile si le nombre de ruches le nécessite, représente
un investissement relativement onéreux. Placez vos opercules
dans le panier prévu à cet effet. Attention toutefois de ne pas le
remplir trop, car vous vous exposeriez à des déboires. Placez un
seau sous la sortie de la centrifugeuse. Mettez la machine en
route, à petite vitesse au départ puis en vitesse plus élevée.
Attendez un bon quart d’heure avant de l’arrêter. Vous allez voir
sortir un miel presque blanc. Ne vous inquiétez pas. Il a été
simplement émulsionné par la centrifugation et rapidement il
retrouvera son aspect habituel. Versez ce miel dans le
maturateur.
Les spinomiels
Ces machines uniquement employées par les professionnels
produisant de grandes quantités de miel permettent de dissocier,
au moment de la désoperculation, les opercules qui sont traités
dans la foulée et le miel qui rejoint le circuit habituel.
Le conditionnement
Lorsque le miel a été bien maturé, vous pouvez le conditionner.
Pour certains miels, comme ceux de colza ou de bruyère
blanche, ne tardez pas, car ils pourraient cristalliser rapidement
et vous seriez obligé de les défiger.
Avant tout, retirez à l’aide d’une spatule l’écume qui s’est
déposée en surface. Videz-la dans un récipient. Vous la porterez
à lécher aux abeilles. Lorsqu’elle a été proprement enlevée, vous
pouvez vider le maturateur.
En pot
Vous pouvez mettre votre miel en pot à l’aide du robinet du
maturateur si ce dernier n’est pas trop volumineux. Attention !
Lorsqu’il est plein, le jet de miel à l’ouverture du robinet est
puissant. Sans expérience, vous prenez des risques. Récupérez
plutôt le miel dans un seau puis videz-le dans un petit maturateur
pour travailler avec une plus grande sérénité.
Placez une balance sous votre robinet. Faites la tare du pot. Et
remplissez-le jusqu’à l’obtention du poids net désiré.
À la moindre coulure de miel, nettoyez avec une éponge et de
l’eau tiède puis avec un linge sec.
Le choix des pots
En verre, en matière plastique ou en carton cellulosé, à vous de
choisir la contenance qui vous convient le mieux : de 125 g à
1 000 g en passant par du 250 g, du 380 g ou du 500 g.
Le plus courant est toujours le pot de 500 g en verre, mais pour
des petits cadeaux toujours très appréciés, optez pour le 250 g.
En seau
Si vous ne souhaitez pas mettre votre miel en pot tout de suite,
vous pouvez vider vos maturateurs en remplissant des seaux
de 20 ou de 40 kilos. Une fois pleins, fermez-les
hermétiquement et indiquez sur le couvercle ou sur le côté la
nature du miel et/ou le nom du rucher et l’année.
En fût
Les professionnels conditionnent le miel en fûts de 300 kilos.
Une fois remplis, une étiquette mentionne le poids, la nature du
miel et l’année de récolte.
Par la suite, le miel sera mis en pot à la demande ou les fûts
seront vendus à des négociants qui, lorsqu’ils en auront besoin,
les défigeront et les conditionneront.
L’étiquetage
Certaines mentions obligatoires doivent apparaître sur
l’étiquette : le mot « miel », la quantité nette, le nom et l’adresse
de l’apiculteur, la date de durabilité minimale (DDM),
généralement de 24 mois, et l’indication « produit de France ».
Vous pouvez compléter le mot miel par une indication florale,
miel de châtaignier par exemple ou une indication géographique,
miel du Forez ou des Landes.
Vous pouvez également mentionner votre numéro de téléphone
ou votre adresse mail.
Anti-varroa et frelon
asiatique
Le traitement anti-varroa
Le varroa est un acarien qui crée de graves dommages dans les
colonies d’abeilles.
Dès le retrait des hausses, et sans attendre, il vous faut procéder
à un premier traitement pour éviter qu’à la fin de l’été et au
cours de l’automne, les populations de varroas, en pleine
expansion, n’altèrent la qualité du couvain et donc des abeilles
qui vont survivre jusqu’au printemps. Ce traitement est essentiel.
Si vous débutez et souhaitez prendre le moins de risques
possible, conformément aux préconisations de votre structure
sanitaire, vous pouvez utiliser deux lanières par ruche, élaborées
par un laboratoire, comprenant de l’amitraze, une molécule
chimique très efficace, que vous placerez de part et d’autre du
couvain et que vous ne retirerez que dix semaines plus tard. Pour
les essaims en ruchette, une seule lanière est suffisante.
Vous pouvez également employer des préparations plus
biologiques, plus naturelles, à base d’huiles essentielles comme
le thymol ou l’acide oxalique, mais dans ce cas il vous faudra
vous montrer très attentif et surveiller régulièrement le niveau
d’infestation durant l’automne et au début du printemps suivant.
Nous étudierons le comportement et les différents moyens de
lutte contre le varroa de manière plus approfondie dans le
chapitre consacré aux questions sanitaires.
La population
Si la quasi-totalité de la ruche est occupée, c’est parfait. Il n’y a
rien à faire. S’il s’agit d’une ruchette et qu’elle regorge
d’abeilles, vous pouvez la transvaser dans une ruche.
Si les abeilles recouvrent quatre ou cinq cadres, vous pouvez
être rassuré. À cette période de l’année, il n’est pas utile que la
population des nouvelles colonies soit considérable, car il n’y a
quasiment plus rien à butiner…
Si vos abeilles ne sont que sur deux ou trois cadres seulement,
sauf si la ponte est d’une qualité irréprochable, il vaut mieux
assembler cette colonie à une autre. Nous y reviendrons.
Un précepte essentiel dont il faut toujours se
souvenir : il vaut mieux moins de colonies,
mais des colonies de qualité, que de
nombreuses ruches dont les essaims sont pour
la plupart de piètre valeur. Le résultat sera
meilleur et vous trouverez plus de bonheur
dans votre activité apicole !
La ponte
Elle doit être de qualité. Si c’est le cas, et qu’elle est en quantité
suffisante, laissons faire la nature. Si elle est très belle, mais
encore un peu exiguë, continuez à nourrir les abeilles à raison
d’un demi-litre de sirop une fois par semaine.
En revanche, si malgré le nourrissement elle reste médiocre,
laissez tomber. Ce n’est pas la peine de conserver des colonies
sans valeur qui vous demanderont des soins répétés pour rien…
Éliminez la reine, que vous trouverez facilement et c’est là un
bon entraînement ! Puis brossez les abeilles devant une colonie
dotée d’une bonne reine, mais un peu faible en population. Elles
seront acceptées sans aucune difficulté.
Les réserves
Toute colonie doit disposer de réserves suffisantes avant l’hiver.
Comme durant la phase de remérage (renouvellement de la
reine), la population de butineuses a chuté ; très souvent, celles-
ci n’ont pas pu amasser du nectar et du pollen en quantité
suffisante au moment de la grosse miellée. Il est fréquemment
nécessaire de leur apporter un nourrissement compensatoire en
sirop et en candi.
Vous pouvez également équilibrer vos ruches en retirant un
cadre gorgé de miel d’une ruche trop lourde pour l’introduire
dans une ruche ou ruchette démunie. Et le cadre vide que vous
aurez retiré, placé à proximité du couvain de la ruche forte,
permettra à la reine de continuer sa ponte. Une opération
gagnant-gagnant !
La récolte de début
d’automne
Une fois la récolte et le traitement anti-varroa effectués, préparez
d’ores et déjà vos ruches pour l’hivernage et la saison suivante.
C’est essentiel !
La population
Elle est encore importante, mais comme la ponte s’est réduite en
été, elle est surtout composée d’abeilles en fin de vie. Les
abeilles des belles ruches occupent la quasi-totalité du corps.
Celles des autres colonies et des essaims, au minimum quatre à
six cadres. En deçà, sauf si la reine est jeune et très féconde,
prévoyez un rassemblement avec une autre colonie. Sur deux
cadres, le rassemblement est obligatoire.
La ponte
En début d’automne, si la végétation n’a pas retrouvé des
couleurs, la ponte ne peut pas être très dense. En revanche, si les
conditions sont bonnes, vous devez observer de belles plaques
de couvain frais et de nombreux œufs récemment pondus.
N’hésitez pas à stimuler une ponte moyenne avec un
nourrissement régulier d’un demi-litre par ruche, tous les trois
ou quatre jours. Si la ponte est très irrégulière, assemblerez cette
colonie trop faible à une autre car, seule, elle est condamnée…
L’état sanitaire
Si vous apercevez, même dans une seule ruche, des cellules de
couvain bizarres, une odeur inhabituelle, des abeilles traînantes,
alertez au plus vite l’intervenant sanitaire de votre secteur. Sinon
c’est tout votre rucher qui pourrait en subir les conséquences…
Les réserves
Les provisions de miel dans les corps doivent être au plus haut.
Pour les ruches ayant produit du miel, elles doivent être
suffisantes. Mais il faut quand même y jeter un coup d’œil !
Pour les autres colonies et les essaims, un examen plus
approfondi est nécessaire, car elles peuvent être déficitaires.
Évaluez les carences en miel et compensez-les par un apport de
candi. N’attendez pas ! Les abeilles le prendront plus facilement
si les températures sont encore élevées.
Vous pouvez tenter de sauver vos colonies dépourvues de toute
réserve avec un apport massif de candi, mais si quelques jours
plus tard, elles ne l’ont pas consommé, retirez-le et assemblez
cette colonie à une autre dont la population est faible, mais bien
lotie en miel.
Le nourrissement
stimulant d’automne
Pour affronter l’hiver, vos colonies doivent être constituées
d’abeilles jeunes en grande quantité. Si le climat et
l’environnement floral sont favorables, il est inutile de stimuler
la ponte de la reine. Mais si vous avez des doutes, n’hésitez pas
à stimuler.
Si vous devez nourrir ou rassembler des colonies, procédez à
une nouvelle visite dans la quinzaine qui suit.
La visite de fin d’automne
Cette dernière visite avant l’hiver marque la fin de la saison.
Dorénavant, vous ne devrez plus, sauf exception, ouvrir vos
ruches avant la fin de l’hiver. Vous avez mis toutes les chances
de votre côté. Il convient maintenant de prendre quelques
précautions et l’hivernage devrait se dérouler au mieux.
Protéger la ruche
Pour éviter que vos abeilles soient agressées par des petits
rongeurs attirés par l’odeur du miel et de la cire, fixez à l’entrée
de la ruche les portes d’entrée.
Vérifiez la stabilité de vos ruches. Elles ne doivent pas
brinquebaler… Si c’est le cas, à l’aide de cales, rectifiez la
situation !
Vérifiez l’état des boiseries. Vous ne pouvez plus transvaser une
colonie dans une ruche neuve, mais vous pouvez renforcer les
endroits endommagés en fixant à l’aide de vis et non pas de
clous (vous perturberiez vos abeilles et vous vous feriez piquer)
une plaque de tôle protectrice. Si ce n’est pas esthétique, c’est
efficace !
Placez des pierres lourdes sur le toit. À l’entrée de l’hiver, c’est
indispensable ! En cas de tempête, vos toits ne s’envoleront pas
et vos abeilles resteront à l’abri !
La visite de fin d’hiver
Lors de cette première visite approfondie de fin d’hiver,
l’apiculteur dressera un état précis de chaque colonie et, selon la
ponte et la population, il évaluera les chances d’une bonne
saison ! Mais, en apiculture, rien n’est jamais écrit…
C’est un moment d’intense émotion et plus que par le passé,
c’est avec une grande anxiété que l’apiculteur visite son
rucher…
Évaluer la population
Dès l’ouverture de la ruche, observez le nombre de cadres
occupés par les abeilles. Si vos abeilles couvrent six à huit
cadres, c’est une bonne nouvelle, car la ruche dispose de
suffisamment d’individus pour redémarrer. Sur quatre à six
cadres, c’est un peu léger sans être inquiétant. Tout dépendra de
la qualité de la reine. Si elles vivotent sur deux ou trois cadres, il
y a du souci à se faire et seule une bonne reine stimulée par un
nourrissement régulier leur permettra de remonter la pente.
Jauger la qualité du
couvain
Observez attentivement le couvain et sa répartition, toujours
réduits à la fin de l’hiver.
Une plaque de couvain de la taille d’une main sur les deux faces
d’un cadre n’est pas inquiétante. Tout dépend s’il est resserré ou
disséminé dans les cellules.
• S’il est resserré, aucun souci même si la surface du
couvain paraît faible. Dès les premiers pollens, la reine va
pondre avec de plus en plus d’intensité. Soyez sans crainte.
• S’il est légèrement disséminé, ce n’est pas dramatique.
Soyez attentif lors des prochaines visites ! Un léger
nourrissement stimulant sera bienvenu.
• S’il est vraiment disséminé, une ponte ici, une ponte là, la
survie est compromise. Surtout avec des œufs ou des
larves à des stades très différents… Et hélas, il n’y a pas
grand-chose à faire…
• S’il n’y a aucune trace de couvain : soit la reine n’a pas
encore repris sa ponte (si c’est la seule dans le rucher, c’est
inquiétant), soit la reine est morte et la colonie orpheline,
soit elle est bourdonneuse : la reine ne pond que des œufs
de mâles et, très vite, la colonie va périr.
L’état sanitaire
Nous ne le répéterons plus : il doit être bon. Toute suspicion de
maladie doit faire l’objet de la plus grande attention : demandez
sans délai l’avis d’un spécialiste pour effectuer le traitement
adéquat ou éliminer la ruche infestée.
Nourrissage
DANS CE CHAPITRE
L’essaimage
•
Élever des reines
Chapitre 6
Maintenir et développer
son cheptel
epuis les années 1995 et l’arrivée des trop fameux
D néonicotinoïdes, les apiculteurs déplorent des mortalités en
très forte hausse. Il n’est pas rare de perdre en une année
près de 30 % de son cheptel. Si la majeure partie meurt au cours
de l’hiver, les producteurs subissent ces pertes également tout au
long de la saison – et c’est là un phénomène récent.
Pour faire face à une telle hécatombe qui fragilise leurs
exploitations, les apiculteurs doivent déployer des efforts
considérables pour multiplier leurs colonies en créant des
essaims artificiels s’ils sont plus expérimentés… Mais si
l’essaimage naturel reste le moyen de reproduction séculaire des
colonies d’abeilles, l’élevage des reines permet de multiplier le
nombre de ses colonies assez facilement. À condition de
maîtriser la technique !
Le piégeage et l’essaimage
naturel
Au cours du printemps, les colonies, pour se reproduire,
cherchent à essaimer. Malgré toutes les précautions que l’on
peut prendre, il est souvent impossible d’endiguer cette fièvre
d’essaimage.
La vieille reine laisse les ouvrières élever des cellules royales
pour la remplacer. Au terme d’un mécanisme très complexe, elle
abandonne la ruche avec près de la moitié des ouvrières pour
fonder une nouvelle colonie. Une nuée sombre et compacte de
plusieurs milliers d’abeilles s’envole en quelques minutes
Il faut essayer de piéger les essaims dès leur envol et sinon les
localiser une fois posés afin de les récupérer.
L’essaimage naturel
Durant près de trois semaines, vous visiterez quotidiennement
votre rucher ainsi que ses abords pour essayer de débusquer les
essaims. Certains s’échappent pour s’installer parfois à plusieurs
kilomètres. Dans des ruches, des arbres creux, des fenêtres. Très
excité, on pense alors augmenter à peu de frais son cheptel mais
ce n’est pas toujours vrai…
Le repérer
Un essaim va très vite ! En quelques secondes vous pouvez le
perdre de vue. Mais parfois, il piquera vers une branche où en un
instant il formera une grappe. Selon la loi, tant que vous ne le
perdez pas de vue, il vous appartient et, même posé chez un
voisin, vous pouvez le récupérer !
Un essaim posé est plus difficile à trouver. Les abeilles se posent
souvent au même endroit sur une branche. C’est parfait si
l’essaim est à portée de main ou accessible avec un escabeau,
mais s’il est mal placé ou en haut d’un grand arbre, il vaut mieux
laisser tomber que de chuter ou se casser un os ! Les petits
arbres sont utiles !
Sinon, examinez les allées et venues des abeilles qui vous
indiqueront où se trouve l’essaim. Soyez patient et parfois, vous
serez récompensé ! Les essaims se posent aussi sur des supports
insolites ! Feux tricolores, voitures, entre volets et fenêtres…
La capture de l’essaim
Une fois l’essaim localisé, patience ! Attendez la fin du jour.
Mais si votre essaim peut avoir chaud, il risque de s’enfuir.
Posez une branche au feuillage épais au-dessus pour lui faire de
l’ombre.
Un essaim du matin ne pique pas car les abeilles sont gorgées de
miel, un peu shootées. Mais, exposé plusieurs jours aux
intempéries et à la disette, il peut se montrer très agressif.
Revêtez toujours vos protections car, même calmes, si les
abeilles pénètrent dans vos habits, elles vous piqueront.
Si l’essaim est à portée, intervenez à deux. L’un tient la ruchette
ouverte garnie de cadres dont un déjà bâti si possible, ou une
ruche s’il est volumineux, et l’autre secoue la branche d’un geste
brusque. Rapidement les abeilles s’installent et, avec un peu de
fumée ou une brosse, décrochez les dernières de la branche.
Posez la ruche et attendez. Une fois la reine entrée, toutes les
ouvrières suivent !
S’il est en hauteur, glissez dessous un sac à essaim doté d’une
grande ouverture et, à l’aide d’une latte de bois, faites-y tomber
l’essaim. Une fois rassemblé, récupérez-le et videz-le sur les
cadres. Certains préfèrent le vider sur un drap placé devant la
ruche pour voir entrer toutes les abeilles à la queue leu leu. Un
très beau spectacle ! Une fois tout le monde entré, emportez à
l’emplacement final.
Un essaim récalcitrant
Certains essaims, capricieux, entrent très vite et s’envolent
aussitôt pour se poser quelques mètres plus loin. Vous
recommencez mais ils repartent encore. Refaites l’opération
mais dès que les abeilles sont entrées, fermez la ruche et
entrepose-la, cloîtrée dans un lieu frais un ou deux jours. La
reine commencera à pondre et l’essaim ne fuira plus. Emmenez-
le au rucher et redonnez-lui la liberté !
Le piégeage
En plaçant des ruchettes ou des ruches-pièges près de vos
ruches, vous pouvez essayer d’attirer les essaims en évitant
qu’ils s’enfuient ou s’installent dans des endroits improbables !
Inconvénients de
l’essaimage naturel
C’est toujours la vieille reine qui part et sa ponte est aléatoire. Si
elle est excellente, la nouvelle colonie produira du miel, mais si
elle est moyenne ou médiocre la colonie végétera avant de périr
durant l’hiver. Dans ce cas, il est vivement conseillé de changer
la reine au cours de l’été.
En quittant la ruche, l’essaim ampute celle-ci de près de la
moitié de sa population. La jeune reine doit attendre quelques
jours pour pondre ses premiers œufs et la colonie met un certain
temps à remonter la pente. La récolte de miel est compromise…
Par ailleurs il est des abeilles dites essaimeuses. Elles essaiment
sans arrêt et produisent peu de miel. Votre cheptel vous paraît
convenir mais en fait vos colonies se maintiennent en vie et se
reproduisent à l’infini en transmettant leur gène d’essaimeuses.
Une seule solution : changez la reine.
Enfin, un essaim de passage peut transporter des maladies qui
pourraient se répandre dans vos autres colonies. Quelques jours
après l’installation des abeilles, vérifiez avec la plus grande
attention l’état sanitaire de cet essaim. N’hésitez pas à l’éliminer
s’il vous semble peu sûr…
Quand procéder ?
Agissez au printemps lorsque la ponte est la plus considérable.
En été cette opération est plus difficile car celle-ci s’amenuise.
Et en automne, on manque parfois de faux bourdons pour
féconder la jeune reine !
Une obligation
Vous ne pouvez pas réaliser d’essaimage artificiel si vous ne
disposez pas d’un terrain situé à plus de 3 km de votre rucher
pour installer l’essaim. Car en deçà de cette distance, les abeilles
ne sont pas suffisamment désorientées et retournent à leur
emplacement d’origine, ce qui affaiblit considérablement votre
essaim…
De la ruchette à la ruche
Une fois que votre essaim s’est bien développé dans sa ruchette,
il faut le transvaser dans une ruche pour lui permettre de
continuer à prendre de l’ampleur. Si vous ne le faites pas, votre
ruchette risque d’essaimer à son tour et ce serait contre-
productif…
Préparez la ruche
Si vous réutilisez des ruches ayant déjà été occupées par des
abeilles, pensez à bien les désinfecter en les passant à la flamme
d’une lampe à souder ou d’un chalumeau.
Puis installez contre chaque bord latéral des cadres de cire
gaufrée en nombre suffisant pour vous permettre de compléter la
ruche une fois que vous aurez transvasé les cadres de la ruchette.
Enfin installez la ruche sur son support et vérifiez qu’elle est
bien stable et légèrement penchée vers l’avant.
Quand agir ?
En les rassemblant, vous générez une perturbation et un ou deux
jours seront nécessaires pour retrouver une certaine sérénité ! La
surveillance de l’entrée de la ruche, temporairement affaiblie,
favorisera le pillage de la nouvelle colonie par les abeilles des
autres ruches… surtout si leurs ressources s’amenuisent. Pour
cette raison, il est préférable d’agir en fin d’après-midi.
Comment faire ?
Après l’avoir légèrement enfumée, déplacez la ruche la plus
faible auprès de la ruche receveuse. Dissociez le plancher du
corps en désarmant les fixations en S. Enfumez la ruche
receveuse de manière soutenue. Placez au-dessus une feuille de
papier journal dans laquelle vous aurez fait quelques trous de la
taille d’une tête d’épingle. Sur cette feuille, placez le corps de la
première ruche puis un nourrisseur couvre-cadre dans lequel
vous versez 2 litres de sirop 50/50. Refermez la ruche.
Le but de l’élevage
Le premier objectif est de disposer au printemps de reines
vierges pour faire des essaims qui se développeront très vite.
Le second est de sélectionner les meilleures souches pour
multiplier les meilleures reines ! Celles dont rêve tout
apiculteur !
Le principe de l’élevage
Il s’inspire du comportement naturel des abeilles. Une fois la
reine d’une colonie retirée, les ouvrières élèvent des cellules
royales pour la remplacer. L’apiculteur les récolte avant leur
naissance et les distribue dans de petites ruchettes où elles se
feront féconder.
Le petit matériel
La grille à reine
En matière plastique ou en métal, elle permet de filtrer les
abeilles ou d’isoler la reine dans une partie de la ruche.
Les cupules
Ce sont des ébauches artificielles de cellules royales en matière
plastique.
Le picking
Cette longue tige fine métallique permet de transférer les jeunes
larves dans les cupules. Mais un simple pinceau ou une
allumette biseautée peut faire l’affaire.
Le gros matériel
Sélectionnez une colonie qui vous donne totalement satisfaction,
productive, douce, peu consommatrice de miel en hiver,
rustique… C’est en son sein que vous prélèverez les larves.
La ruche éleveuse, elle, doit contenir de très nombreuses abeilles
jeunes, âgées de 5 à 15 jours maximum car ce sont elles qui vont
nourrir les larves des futures reines avec de la gelée royale.
Un petit producteur utilisera des ruchettes traditionnelles cinq
cadres partitionnées par le milieu avec deux cadres de chaque
côté. Chacune abritera deux essaims à condition de prévoir deux
entrées opposées, soit devant et derrière, soit en bouchant
l’entrée et en en ouvrant une de chaque côté.
La fécondation
Les cellules royales sont alors introduites dans des ruchettes
peuplées au préalable d’abeilles récoltées dans une ou plusieurs
ruches et de deux cadres de couvain… sans reine. Pour en
augmenter la réussite, cette opération se fait de préférence en fin
de journée et s’accompagne d’un nourrissement stimulant.
Huit à dix jours plus tard, si la météo est bonne et les mâles en
quantité suffisante, la reine sera fécondée. Elle commencera sa
ponte, qui augmentera très vite.
Quelques jours plus tard, l’apiculteur en contrôlera la qualité et
ne conservera que les essaims qui lui donneront satisfaction.
Les apiculteurs professionnels qui produisent des centaines voire
des milliers de reines chaque année emploient des méthodes et
du matériel plus complexes et un personnel plus conséquent
dédié à cette seule tâche.
Un élément clef de
l’élevage : le respect du
calendrier
J-5 : préparation de la ruche éleveuse
J-1 : préparation du matériel
Jour J : greffage et introduction en ruche éleveuse
J+10 : introduction des cellules royales dans les ruchettes
J+15 : fécondation possible
J+25 : contrôle de la ponte de la jeune reine
Partie 3
Découvrir les abeilles
Dans cette partie…
Désormais vous êtes devenu un passionné
d’apiculture en quelques jours, car vous avez
attrapé le virus des abeilles ! Rassurez-vous,
ce n’est pas grave ! Nous sommes nombreux
dans ce cas et nous en éprouvons du plaisir !
Nous adorons parler de nos protégées, de leurs
capacités d’apprentissage exceptionnelles, de
leurs techniques de communication, de la
structure des colonies, de leur manière de se
protéger du froid. Il y a tant à dire...
Avec nos collègues apiculteurs, nous
échangeons sur les races d’abeilles, les
maladies qu’elles peuvent contracter, ce
satané varroa et ces affreux frelons contre
lesquels il faut lutter. Nous adorons faire
découvrir les merveilleux produits de la ruche,
la diversité des miels, les qualités du pollen et
de la gelée royale, les atouts de la propolis.
Et pour cela nous restons modestes et nous
apprenons sans cesse !
DANS CE CHAPITRE
La société des abeilles
•
L’anatomie de l’abeille
Chapitre 7
Découvrir le monde des
abeilles
our votre plus grand bonheur, vos ruches sont installées et
P vous pouvez désormais observer vos abeilles à loisir. Avant
de procéder à différentes manipulations, il convient toutefois
de connaître les spécificités biologiques des trois castes qui
composent la colonie. Et d’apprécier l’évolution de la colonie au
fil des saisons. Les périodes d’intense activité, au printemps et
en été, souvent très brèves, succèdent aux longues périodes de
quasi-léthargie en hiver…
Pourtant, sans interruption tout au long de l’année, tout ce petit
monde ou presque… s’active sans relâche, du matin au soir et du
soir au matin, pour renforcer l’ensemble. Les rôles des uns et des
autres sont non seulement complémentaires mais irremplaçables.
« Tous pour un, un pour tous », telle est la devise de la ruche !
Les apoïdes
Ils se caractérisent par la présence de nombreux poils sur leur
membrane externe, par une longue langue qui permet de visiter
de très nombreuses fleurs, par une alimentation à base de pollen
et de nectar et un système pour collecter le pollen et le
transporter sur la patte arrière.
Parmi les apoïdes, on distingue les apoïdes inférieurs qui sont
tous solitaires et les apoïdes supérieurs dont font partie nos
abeilles et qui, eux, possèdent un niveau minimal de socialité.
Le corps de l’abeille
S’il est parfois permis de confondre l’abeille domestique avec
quelques abeilles solitaires, la grande différence concerne la
morphologie très différente des trois composantes de la colonie :
la reine, l’ouvrière et le mâle ou faux bourdon, mais tous
présentent la même structure !
Le corps
Enveloppé par une membrane externe, une cuticule de chitine
dure, recouverte de poils, le corps est constitué de la tête, du
thorax et de l’abdomen.
La tête et le thorax sont reliés par le cou qui est formé d’une
membrane externe et de muscles provenant du thorax et qui,
associés aux mouvements de la tête, engendrent une mobilité
exceptionnelle. Les abeilles peuvent tourner leur tête dans tous
les sens !
Le thorax et l’abdomen, eux, sont reliés par un pétiole très fin
mais robuste qui confère à l’abeille une très grande mobilité.
La tête
De forme ovoïde, semblable à un petit cœur, la tête comporte
deux yeux, deux antennes et l’appareil buccal. En y regardant de
plus près, on aperçoit sur le dessus trois ocelles minuscules,
sortes d’yeux uniques qui jouent un rôle important. La tête
renferme les principaux organes des sens et un cerveau d’un
grand volume pour un si petit insecte, ainsi que différentes
glandes…
Le thorax
Située entre la tête et l’abdomen, cette partie du corps, presque
ronde, ramassée, porte les « membres » indispensables aux
abeilles pour se déplacer. Sur lui sont donc fixées les deux paires
d’ailes et les trois paires de pattes mues par des muscles
puissants qui offrent aux abeilles des capacités de vol et de
butinage exceptionnelles. De chaque côté du thorax s’ouvrent les
orifices respiratoires ou stigmates. Il recèle également plusieurs
glandes essentielles
L’abdomen
L’abdomen est composé de sept segments formés chacun d’une
partie supérieure dénommée tergite et d’une partie inférieure
dénommée sternite. Le tergite recouvre largement le sternite.
Ces segments sont reliés entre eux par une membrane qui leur
confère une très grande mobilité. Grace à un jeu musculaire, la
taille de l’abdomen peut varier sensiblement, grossir ou se
réduire.
L’abdomen abrite le système respiratoire, le système digestif, le
système reproducteur… et l’organe venimeux pour les reines et
les ouvrières.
Eh oui ! Lorsqu’une abeille vous pique, ce n’est pas une
morsure. Elle est due au dard situé à l’extrémité de l’abdomen !
Les différents systèmes de
l’abeille
Le système circulatoire
L’hémolymphe joue le rôle du sang et permet sans globules
rouges de véhiculer, dans tout le corps de l’abeille, les éléments
nutritifs. Composée à plus de 85 % d’eau, elle transporte surtout
du glucose mais aussi des éléments minéraux et organiques, des
protéines, des enzymes et des acides aminés.
L’hémolymphe circule de la tête à l’extrémité de l’abdomen
grâce à un vaisseau dorsal et à cinq ventricules qui la propulsent
dans l’aorte thoracique puis dans la tête où débouche le canal de
l’hémolymphe.
Le système respiratoire
Un ensemble de sacs d’air et de trachées assure l’expulsion du
gaz carbonique et l’oxygénation des cellules par l’intermédiaire
de circuits complexes dotés de valves qui conduisent
directement l’air à travers des conduits de plus en plus fins
jusqu’aux cellules.
Ainsi, l’air est aspiré et rejeté grâce à une vingtaine d’orifices
microscopiques situés sur les côtés de l’abdomen et du thorax et
aux mouvements musculaires de l’abdomen, qui se contracte et
se dilate comme une pompe à air.
Le système nerveux
Complexe et sophistiqué, le cerveau volumineux de l’abeille
reçoit, analyse puis transmet vers tous les organes du corps par
de nombreuses ramifications nerveuses les données perçues
grâce aux antennes, aux yeux ou à la langue. Il abrite aussi des
cellules qui sécrètent des hormones essentielles au
développement des larves et déclenchent, selon les besoins, une
modification du comportement des abeilles adultes pour leur
faire assurer diverses fonctions.
Le système digestif
Après avoir été prélevés, découpés ou broyés par les pièces de
l’appareil buccal, pollen, nectar, miel ou eau sont absorbés puis
transitent par le pharynx et un long œsophage dans le jabot situé
dans l’abdomen où ils sont stockés. De là, ils passent dans le
ventricule, volumineux et musculeux, où ils sont digérés. Les
tubes de Malpighi filtrent les déchets et les poussent vers
l’intestin puis la poche rectale. Très extensible, celle-ci peut en
hiver les emmagasiner durant plusieurs semaines. Ils seront
éliminés, par une belle journée, lors d’un vol de propreté.
Le jabot, qui occupe une grande partie de l’abdomen, joue un
élément essentiel. Il permet de faire transiter la nourriture vers le
ventricule mais aussi chez la butineuse de stocker le nectar lors
du vol de retour. Par mesure d’hygiène, l’abeille gère alors une
sorte de clapet qui empêche le nectar de descendre vers le
ventricule. Plusieurs glandes labiales ou mandibulaires
participent aussi au système digestif.
L’alimentation de l’abeille
Les abeilles se nourrissent de nutriments prélevés dans un rayon
de 3 km et uniquement sur les végétaux. Le miel, avec ses
différents sucres, apporte l’énergie ; le pollen, les protéines et les
lipides. Et l’eau est indispensable !
Le miel
Les abeilles en consomment quotidiennement et, sur l’année, les
besoins sont considérables. La partie excédentaire prélevée par
l’apiculteur est très faible. Stocké sur le pourtour des cadres et
sur la quasi-totalité de la surface des cadres de rive, il est
consommé par les abeilles adultes et les faux bourdons. Trop
cristallisé, il est attendri avec de la salive.
Le pollen
Stocké sur le pourtour du couvain et les cadres voisins, c’est le
« steak » de la colonie. Comme il entre dans la composition de
nombreuses nourritures, les abeilles doivent en disposer de la fin
de l’hiver à la fin de l’automne. Même en petite quantité, mais
de qualité. Et aujourd’hui les abeilles en manquent souvent.
La glande hypopharyngienne située dans le crâne des jeunes
ouvrières leur permet si elles consomment du pollen de sécréter
de la gelée royale et, chez les abeilles âgées, de produire des
enzymes utilisés pour transformer le nectar en miel.
L’eau
Fait trop souvent ignoré, un essaim d’abeilles a besoin
d’environ 150 litres d’eau par an notamment pour l’élevage car
elle entre pour une large part dans l’alimentation des larves et
permet la régulation de la température…
Hélas on peut s’interroger aujourd’hui sur la qualité des eaux
prélevées par les abeilles… Il est donc indispensable d’installer
des abreuvoirs à proximité de vos ruches, même si elles peuvent
s’abreuver au plus près !
Le toucher
Souples et très sensibles, dotés à leur base de petites cellules qui
collectent les données avant de les transmettre au cerveau, les
poils informent en permanence les abeilles. Les antennes, sans
cesse en mouvement, palpent et appréhendent tous les éléments
visités. Avec leurs pattes, elles prélèvent le pollen ou la propolis
et leurs puissantes mandibules broient, malaxent et même
mordent !
L’odorat
Les antennes bourrées de multiples capteurs, complexes et
efficaces, détectent toutes les odeurs de l’environnement, dans la
ruche comme à l’extérieur.
Le goût
Les abeilles sont redoutables. À l’aide de différents récepteurs,
elles reconnaissent les types de sucres présents dans une
substance à consommer et en analysent les concentrations ! Elles
choisissent alors les fleurs les plus généreuses !
La bouche, dotée de nombreux capteurs, joue un rôle primordial
et reconnaît les aliments à ingérer. Les antennes, elles, détectent
les substances sucrées. Comme les tarses, situés au bout des
pattes, sensibles aussi aux éléments sucrés.
La vision
Les abeilles ne se contentent pas de deux yeux mais de cinq ! Ou
plutôt de milliers plus trois !
Constitués de quatre à six mille facettes hexagonales, les deux
yeux composés perçoivent la lumière et les formes puis envoient
les informations au cerveau par le nerf optique. Certaines
facettes sont spécialisées dans la perception des couleurs,
d’autres, dans la reconnaissance des formes ou du mouvement.
Bien que moins performante que l’homme, la capacité de
résolution, de connaissance et d’analyse de l’environnement de
l’abeille est dix fois plus rapide et lui permet de se repérer en vol
ou de fuir.
L’ouïe
Les abeilles n’ont pas d’oreilles mais sont pourtant très sensibles
aux bruits, notamment les vibrations des cadres, des ailes ou
produits dans la ruche pour communiquer entre elles. Mais ces
sons sont encore peu connus !
Les ocelles
Mieux qu’Airbus !
Durant le vol, les deux paires d’ailes antérieures et postérieures
s’accrochent l’une à l’autre par un système de crochets
microscopiques pour n’en faire plus qu’une. Ainsi la surface
portante est augmentée, les turbulences amoindries et
l’aérodynamisme nettement amélioré ! Au retour, les ailes se
décrochent et redonnent la maniabilité nécessaire à
l’atterrissage.
L’orientation
La capacité des abeilles à s’orienter laisse perplexes les
scientifiques… Même si le biologiste allemand Kar von Frisch a
reçu, en 1973, le prix Nobel de biologie pour ses découvertes
déterminantes sur les mécanismes de l’orientation de l’abeille.
Plusieurs types de signaux concourent à cette grande capacité :
Le magnétisme
Les scientifiques reconnaissent que les abeilles utilisent le
champ magnétique terrestre pour s’orienter, en particulier durant
le vol, même s’ils n’ont toujours pas identifié les cellules
impliquées dans ces mécanismes.
Les effectifs
La reine est seule et ne supporte pas la concurrence. Lors de
l’essaimage, une ruche peut en contenir deux mais très
temporairement ! Le nombre d’ouvrières évolue selon la saison
en fonction des besoins, l’ampleur des ressources mellifères et
les conditions météorologiques…
En hiver, comme les tâches sont limitées, la population se réduit
considérablement : 20 000 individus en moyenne. Au printemps,
avec toutes les miellées à récolter, les réserves à amasser, de plus
en plus d’abeilles sont nécessaires. En quelques jours, dopée par
la ponte massive de la reine, la population grimpe et peut
atteindre à son apogée entre 50 000 et 70 000 individus…
Les mâles
Ils ne sont là que lorsque leur présence est indispensable ! C’est-
à-dire au cours du printemps quand naissent de nouvelles reines
lors de la période d’essaimage. Si tous sont appelés mais peu
seront élus, leur nombre varie très sensiblement d’une ruche à
l’autre mais oscille entre 1 000 et 4 000 individus.
Le foyer
Tout ce beau monde occupe un « nid » situé au centre de la
ruche, formé de rayons verticaux en cire, construits
parallèlement et dont les deux faces sont formées de dizaines de
milliers de cellules de forme hexagonale où sont stockés le
nectar ou le miel, le pollen, et où sont élevés les œufs et les
larves.
Le couvain, uniquement constitué d’œufs et de larves, est
entouré par du pollen puis complété par les réserves en nectar et
en miel. Ainsi, tous les aliments sont à la portée des ouvrières.
Selon la saison, le nid s’agrandit ou se réduit.
La danse en rond
Les butineuses qui découvrent une ressource située à moins
de 80 m de la ruche se déplacent alors sur les rayons en réalisant
de tout petits cercles et en changeant régulièrement de direction.
Très vite, des ouvrières les suivent et les palpent avec leurs
antennes pour connaître l’odeur de la fleur et un peu de nectar
échangé en donne la composition ! Plus la danse est énergique et
plus la concentration en sucres est importante ! Elles savent ainsi
la distance, la nature et la quantité de nectar ou de pollen.
La reine, unique et
différente
La reine est reconnaissable à sa morphologie parfaitement
adaptée à la reproduction mais est difficile à repérer si on n’a pas
pris la peine de peindre une tache de couleur sur son thorax. Son
rôle primordial consiste à pondre des œufs continuellement,
surtout au printemps, tout en assurant une tâche de coordination
de l’ensemble. Contrairement aux autres membres de la colonie
qui naissent dans des cellules hexagonales, les reines sont
pondues et élevées dans des cellules spéciales construites par les
ouvrières de la forme d’un petit doigt, suspendues aux rayons.
La reine met seize jours à naître. Trois jours au stade de l’œuf,
huit jours au stade larvaire, et quatre à cinq jours au stade
nymphal…
Plus longue de quelques millimètres qu’une ouvrière, dotée d’un
thorax et d’un abdomen deux fois plus gros, elle pèse
environ 250 mg. Sa tête possède des mandibules très
développées mais une langue de petite taille. Au fil du temps, en
vieillissant, la reine perd une grande partie de sa pilosité et
l’extrémité de ses ailes est rognée par les frottements répétés
contre les cellules.
Auparavant une reine vivait quatre ou cinq ans en restant fertile
mais aujourd’hui, avec la dégradation de l’environnement, sa vie
se réduit à deux ou trois ans maximum.
Constitué d’un aiguillon lisse et d’un sac à venin développé, le
dard de la reine lui sert à se débarrasser à peu de frais de toutes
ses rivales en les piquant les unes après les autres !
L’appareil génital de la reine occupe la plus grande part de
l’abdomen. Deux ovaires hypertrophiés reliés à la chambre
vaginale par les oviductes permettent de produire des œufs en
très grande quantité. Mais c’est la présence d’une spermathèque
qui fait la différence. Cette petite ampoule recueille les
spermatozoïdes des différents mâles qui ont fécondé la reine lors
du vol nuptial et les conserve vivants durant toute sa vie.
Les phéromones
Chez la reine, certaines glandes sont totalement absentes ou
atrophiées comme celle de Nasanov ou les glandes
hypopharyngiennes.
Les glandes mandibulaires sont hypertrophiées et produisent la
plupart des phéromones royales à l’origine des comportements
spécifiques et successifs chez les ouvrières. Elles maintiennent
la cohésion du groupe, stimulent la production de cire ou
inhibent la construction de cellules royales.
Jusqu’à la Révolution française, la reine était un roi ! On ne
pouvait pas imaginer qu’une société si parfaite soit dirigée par
une femelle !
Les mâles
Très discrets, les faux bourdons ne sont présents que de manière
temporaire pour une seule fonction semble-t-il : féconder les
reines vierges ! Une vraie vie de pacha en apparence !
Les œufs des faux bourdons sont pondus au sein du nid à
couvain dans des cellules plus volumineuses que celles des
ouvrières et fermées par des opercules légèrement protubérants.
La reine ne pond des œufs de mâles que lorsque la colonie en
éprouve le besoin, durant une période très courte dans l’année, le
plus souvent de quelques semaines. Elle commence aux
premiers beaux jours et s’achève en été. Toutefois, dans le sud
de la France, si la météo est favorable, ils peuvent réapparaître à
l’automne.
Vingt-quatre jours s’écoulent entre la ponte de l’œuf et la
naissance : trois jours au stade de l’œuf, dix au stade larvaire,
trois au stade prénymphal et onze au stade nymphal. Eh oui !
Devenir un faux bourdon prend du temps ! Ensuite, il ne vit que
quelques semaines ou quelques mois. Tout dépend s’il parvient à
féconder une reine ou pas !
Le faux bourdon
Cellules de mâle
Les ouvrières
Se comptant en dizaines de milliers, elles composent la totalité
de la colonie à l’exception de la reine et des faux bourdons en
période d’essaimage. Munies d’organes leur permettant
d’assurer toutes les tâches indispensables au bon fonctionnement
de la colonie, elles multiplient les rôles et s’organisent pour
effectuer le travail de la manière la plus efficace possible.
Il est impossible de ne pas les remarquer car dès l’ouverture
d’une ruche, on ne voit qu’elles ! Elles grouillent sur les cadres,
virevoltent, s’envolent de la ruche, butinent les fleurs, rentrent
chargées de pollen ou le jabot rempli de nectar.
Des trois castes, l’ouvrière est la plus petite car elle ne pèse
qu’un dixième de gramme. Sans avoir une taille de guêpe, son
corps est élancé. Entre la ponte de l’œuf et l’émergence de
l’ouvrière, il faut attendre vingt et un jours. Soit trois jours au
stade de l’œuf avant l’éclosion, puis six au stade larvaire, deux
au stade prénymphal et enfin dix au stade nymphal. En quelques
jours, l’ouvrière devient autonome.
En été, harassées de travail, fatiguées par un butinage intense,
les ouvrières ne vivent que quelques semaines. Lorsque vous
ouvrez une ruche au mois de mars puis au mois de juin, toutes
les abeilles ont été renouvelées à part la reine !
À l’inverse, pondues à l’automne, les abeilles d’hiver peuvent
vivre durant plusieurs mois. Pourvues de masses adipeuses plus
importantes, elles réchauffent le nid et se nourrissent pour
permettre à la colonie de se maintenir en vie jusqu’aux premiers
beaux jours et la reprise de la ponte.
Architecte et maçonne
Pour élaborer les rayons et les cellules, les entretenir et les
réparer, les abeilles accomplissent, en groupe bien structuré, un
travail fastidieux.
Les glandes cirières, situées sous l’abdomen, produisent de
microscopiques écailles de cire que les abeilles âgées d’une
quinzaine de jours ramollissent avec de la salive et en les
malaxant avec leurs mandibules.
En s’agrippant les unes aux autres, elles forment de véritables
chaînes de construction, pour bâtir les rayons et les cellules en
commençant toujours par le haut.
Ces cellules sont toutes hexagonale, légèrement inclinées vers le
haut afin que les larves et le miel ne s’en échappent pas.
Souvent reprise en architecture, cette forme est idéale pour
entreposer beaucoup en peu de place tout en assurant à
l’ensemble une très grande solidité.
Les cirières operculent aussi les cellules des jeunes larves
devenues nymphes, qui en donnent le signal en émettant une
phéromone très particulière. Mais les abeilles, prévoyantes,
avaient déjà déposé un peu de cire dans l’alvéole dès que l’œuf
avait été pondu !
Enfin, pour les travaux de colmatage, les abeilles emploient la
propolis, qu’elles vont reprendre là où elles l’avaient stockée.
Elles la malaxent et la mélangent à de la cire pour boucher les
fissures et éviter que l’humidité ne pénètre. La moindre
réparation prend plusieurs heures…
Manutentionnaire
Transformer et emmagasiner nectar et pollen occupent un grand
nombre d’abeilles.
Une butineuse cherche à déposer le nectar accumulé dans son
jabot. Une receveuse survient. Les deux abeilles se
reconnaissent en se palpant avec leurs antennes et leurs
mandibules puis la receveuse aspire le nectar régurgité par la
butineuse. Cette opération dite trophallaxie ne dure que quelques
secondes… La butineuse repart alors et dans la ruche commence
la lente transformation du nectar en miel. À maintes reprises, il
est ingurgité, régurgité, échangé, étalé puis repris pour être
déshydraté et enrichi en enzymes… Un travail colossal !
Une abeille qui entre avec deux pelotes de pollen les dépose
dans une cellule vide. Les ouvrières les reprennent et les
malaxent en y ajoutant du miel et de la salive. Ainsi enrichi,
elles peuvent le tasser avec leur tête dans la cellule jusqu’à ce
qu’elle soit pleine. Mais attention ! Elles ne mélangent pas
n’importe quoi ! Chaque cellule contient du pollen d’un seul
type de fleur !
Ventileuse
À la récolte, pour déshydrater le nectar, elles doivent ventiler.
Installées en nombre à l’entrée de la ruche, l’abdomen pointé
vers le haut, elles battent des ailes dans un bruissement
caractéristique. Dès lors, la température de la ruche, le taux de
gaz carbonique et l’hygrométrie se réduisent sensiblement.
Au printemps, les abeilles battent des ailes pour maintenir la
température du couvain aux alentours de 32 oC. En été, pour
rafraîchir l’ensemble, elles le font aussi mais en régurgitant de
l’eau entre leurs mandibules.
Gardienne
À l’entrée de la ruche, le contrôle est strict et continu. L’accès
est autorisé aux seuls résidents et si quelqu’un veut forcer le
passage, aussitôt la riposte s’organise !
Les gardiennes, renouvelées régulièrement, postées à l’entrée,
observent les allées et venues pour détecter au plus tôt toute
tentative suspecte. Les abeilles, surtout en période de disette,
sont toutes contrôlées et leur odeur, propre à la colonie, les
distingue des intruses.
En cas d’attaque, cambrées sur leurs quatre pattes arrière,
antennes relevées et mandibules ouvertes, elles sont prêtes au
combat. Si nécessaire, elles émettent un signal pour attirer du
renfort et aussitôt le nombre de soldats augmente. Attention aux
piqûres !
Butineuse
C’est la dernière tâche d’une abeille. Au soir de sa vie, elle a le
droit de s’envoler pour cartographier son environnement en
répertoriant les repères et les sources de nourriture. Dès lors, elle
pourra butiner pollen et nectar, prélever de l’eau ou récolter la
propolis.
Mais les multiples vols quotidiens l’épuisent et après quatre à
cinq jours de butinage intense, elle périt hors de la ruche, petit
cadavre perdu dans la nature.
La reproduction
Une fois fécondée, la reine commence la ponte et accomplit
cette tâche tout au long de sa vie.
Le vol nuptial
Huit à dix jours après sa naissance, par une belle journée, la
reine vierge s’envole pour se faire féconder par des faux
bourdons. L’accouplement a lieu en plein vol à une dizaine de
mètres de haut. Un mâle parvient à agripper la reine. Celle-ci
ouvre ses voies génitales et aussitôt il extirpe ses organes et la
pénètre. Tétanisé, penché en arrière, l’abdomen contracté, il
éjacule et son sperme rejoint la spermathèque. Quatre à cinq
secondes suffisent !
Ses organes génitaux sont alors arrachés et restent dans les voies
génitales de la reine, entraînant sa mort.
La reine peut être fécondée par plus d’une dizaine de mâles.
Mais pour la féconder, chacun devra retirer les restes de son
prédécesseur !
Si les conditions ne s’y prêtent pas, un ou deux vols
supplémentaires lui permettront de remplir sa spermathèque.
Les mâles effectuent parfois de longues distances, de plusieurs
kilomètres, pour se rassembler dans des lieux précis et
identiques d’une année à l’autre pour y attendre les reines
vierges. Ces attroupements participent à la qualité des colonies
car ils permettent d’éviter la consanguinité.
En revanche, pour faire de la sélection, il faut s’assurer que les
mâles sont tous de la souche désirée.
La ponte
Selon la saison, les besoins de la colonie et les apports
extérieurs, la reine varie sa ponte et choisit qui elle met au
monde !
Pour donner naissance à une ouvrière, l’œuf doit être fécondé
par un spermatozoïde. Tant que sa spermathèque est pleine, elle
peut pondre des œufs qui deviendront ouvrières. Mais si elle est
vide, elle devient bourdonneuse.
Pour donner naissance à un mâle, la reine pond en effet un œuf
sans le féconder avec un spermatozoïde. Elle peut donc en
pondre jusqu’à sa mort. Mais une colonie bourdonneuse de faux
bourdons est condamnée…
Des demi-sœurs
Dans la ruche, les ouvrières ont toutes la même mère mais pas
toutes le même père. Aussi, des demi-sœurs cohabitent.
Certaines sont plutôt noires et d’autres plus jaunes ! Leur
patrimoine génétique est différent.
Dans de rares cas, les ouvrières peuvent pondre quelques œufs,
mais ils ne donnent naissance qu’à des mâles…
Enfin, s’il y a plusieurs œufs dans une cellule, soit la reine est
déficiente, soit la ponte provient d’ouvrières. Il faut la
renouveler !
En cas de disette ou de mauvais temps, pour réguler la
population, les ouvrières sortent les larves. Mauvais signe. Il
faut nourrir.
Les races d’abeilles
Les apiculteurs cherchent toujours l’abeille la plus douce, la plus
résistante et la plus productive !
L’abeille noire
La carnolienne
Apis mellifera carnica ou carnolienne, très présente en Europe
centrale, de grande taille, de couleur sombre, est réputée pour sa
douceur. Elle résiste bien à l’hivernage, se développe vite au
printemps, consomme peu et est peu sensible aux maladies.
Souvent très essaimeuse, elle est parfois sensible à la nosémose.
La Buckfast
La Buckfast, de belle taille, orangée, extrêmement douce, très
populeuse et travailleuse, est issue de sélection et d’hybridation
réalisées par le frère Adam.
Elle produit du miel en très grande quantité si les miellées sont
abondantes. Mais, sensible à la famine, elle nécessite un soin
constant et de très grandes quantités de nourriture. Et, croisée
avec d’autres races, attention aux piqûres !
L’italienne
Apis mellifera ligustica ou italienne, de taille moyenne,
reconnaissable à sa couleur jaune, très douce, lorsqu’elle est
pure, peu essaimeuse, est une très bonne éleveuse et une bonne
productrice de miel.
En revanche, elle consomme beaucoup de miel. Attention à la
disette ! Surtout en hiver.
Colonies orphelines et
agressives
Une colonie orpheline
Une colonie qui perd sa reine devient orpheline. Elle peut réagir
aussitôt et en créer une nouvelle. Sinon, elle est condamnée à
périr.
Une reine peut mourir à l’issue d’un vieillissement normal,
d’une maladie, ou être blessée ou tuée par inadvertance par
l’apiculteur.
Si elle disparaît en hiver ou en automne, la colonie n’a aucune
chance, mais si elle meurt au printemps et si la colonie dispose
d’œufs, les ouvrières vont en élever une nouvelle.
Mais si elle n’en dispose pas, l’apiculteur doit sans retard
intervenir et insérer un cadre de ponte fraîche pris d’une autre
ruche.
Chapitre 8
La santé des abeilles
omme tout être vivant, les abeilles peuvent être malades. Dès
C lors, même si le diagnostic est souvent complexe, il convient
de connaître les différentes pathologies pour les éviter et les
soigner. Par ailleurs, depuis la Seconde Guerre mondiale et les
mutations de notre société (agriculture intensive, urbanisme…),
les abeilles comme l’ensemble des insectes pollinisateurs
subissent une situation préoccupante due à une dégradation
rapide et dramatique de leur environnement. Si les apiculteurs le
déplorent et tirent la sonnette d’alarme, ils sont bien obligés de
prendre cet élément en considération. Enfin, les abeilles sont
exposées aux attaques de plusieurs prédateurs, parfois nouveaux
et de plus en plus nombreux. La vie des abeilles n’est pas
toujours facile !
Le varroa
De la taille d’une tête d’épingle, de couleur marron, semblable à
un petit crabe, cet acarien est visible à l’œil nu accroché
solidement à l’abdomen ou au thorax d’une ouvrière. Très agile
avec ses huit pattes munies de ventouses, il se faufile partout et
surtout dans les cellules du couvain. Il est impossible à
éradiquer.
Une reproduction
démoniaque
Le varroa vit plus longtemps que l’abeille, deux à trois mois en
saison et plus de six en hiver. Son cycle de reproduction est deux
fois plus rapide que celui de l’abeille ! Le mâle peut s’accoupler
plusieurs fois. La femelle, une fois fécondée, pond dans les
alvéoles du couvain encore non operculées entre deux et huit
œufs pour donner naissance à un mâle et des femelles dont la
plupart deviendront adultes. Avec plusieurs cycles de ponte, elle
enfante des dizaines de varroas. Très vite, la population de
varroas est considérable et la survie de la ruche compromise.
Le varroa se nourrit en suçant l’hémolymphe, entraînant des
pertes importantes de cellules sanguines et de protéines.
Répétées de multiples fois, ces ponctions affaiblissent la colonie.
Les nourrices, par exemple, sécrètent alors une gelée royale
moins riche qui altère la qualité des larves. Pire ! En piquant
leurs victimes, les varroas peuvent transmettre plusieurs graves
maladies.
Le varroa se propage naturellement de ruche en ruche et de
rucher à rucher par contact lors du butinage, de l’essaimage et
surtout lors de pillages. Transhumance et échanges d’essaims
amplifient le phénomène.
La loque américaine
Cette grave maladie, très contagieuse, due à une bactérie,
attaque les larves. Si tout le couvain est touché, en quelques
jours, la colonie est condamnée. Les autres ruches sont dès lors
menacées…
Le diagnostic
Au début, l’affaiblissement est peu perceptible et le
comportement des abeilles quasi normal. Seule l’observation du
couvain permet de diagnostiquer la maladie. La couleur des
larves change et passe d’un beau blanc ivoire à jaune, jaune
foncé puis brun de plus en plus sombre. Morte dans sa cellule
operculée, la larve se ramollit, se putréfie et devient visqueuse.
Une sorte d’écaille riche de milliers de spores de la maladie,
bien accrochée à la cellule, subsiste alors.
En réalité, on peut quasiment trouver des spores ça et là dans
presque toutes les colonies, mais seules celles dont le nombre de
cellules atteintes prolifère très vite deviennent malades. Il faut
donc diagnostiquer au plus tôt le démarrage de cette
prolifération pour intervenir.
Hyper résistantes, actives durant trente ans dans les écailles, plus
d’un an dans le miel, les spores résistent quasiment à tout ! À la
putréfaction, à la fermentation, aux basses températures…
Vous pouvez effectuer le test de l’allumette : percez l’opercule
d’une cellule suspecte avec une allumette et retirez-la
délicatement. Si de longs filaments glaireux apparaissent, la
loque américaine est là… Au stade très avancé, l’activité se
ralentit et dès l’ouverture de la ruche, une odeur nauséabonde
vous monte au nez.
Le traitement
La colonie est condamnée, et doit être éliminée très vite pour ne
pas contaminer les autres. Un matin très tôt ou un soir à la
tombée de la nuit, fermez la ruche avec toutes ses abeilles et
emportez-la loin du rucher. Après les avoir tuées avec une
mèche soufrée placée dans un récipient en métal, incinérez-les
ainsi que tous les cadres et, par prudence, le corps de la ruche.
Auparavant, on utilisait des antibiotiques. Ils ne l’éradiquaient
pas mais réduisaient les dégâts et la masquaient un certain
temps. Aujourd’hui, ils sont interdits.
La seule solution réside, au tout début de la maladie, dans le
transvasement des seules abeilles dans une nouvelle ruche munie
de cadres de cire gaufrée que l’on nourrit pour l’aider à repartir.
En prévention, privilégiez des abeilles génétiquement
nettoyeuses et ne nourrissez pas avec du miel, qui peut contenir
des spores.
Le diagnostic
Seul un prélèvement d’abeilles mortes et une analyse réalisée en
laboratoire confirmera la présence de spores dans l’abdomen des
abeilles. Leur densité indiquera la virulence de la maladie.
Le traitement
Il n’y a pas vraiment de médicaments pour lutter contre cette
maladie. Si la colonie est encore forte, on peut tenter de la
sauver avec un sirop de sucre additionné d’un peu de vinaigre de
cidre afin de favoriser la digestion. Sans garantie de succès !
La prévention
N’hivernez pas vos colonies avec des réserves de miellat.
Retirez ces cadres et compensez ce retrait par un apport
conséquent de candi. Vos abeilles s’en porteront nettement
mieux
Élaguez les arbres qui assombrissent votre rucher. La lumière et
la chaleur du jour favorisent le bien-être de vos abeilles.
En cas de nosémose observée chaque année, déplacez votre
rucher vers un emplacement plus ensoleillé et plus sain.
La maladie du couvain
sacciforme (SBV)
Parfois confondue avec les loques américaines ou européennes,
elle touche le couvain operculé en entraînant la mort des
prénymphes (le stade entre la larve et la nymphe), qui prennent
alors une forme de sac informe rempli de liquide, translucide ou
opaque, très caractéristique.
Le virus de la paralysie
chronique (CBPV)
Confrontées à la maladie noire, les abeilles prennent, avant de
mourir, une teinte noire et perdent leurs poils. Elles sont
traînantes, tremblantes, incapables de voler et la population de la
ruche décline très vite. Les périodes de mauvais temps,
l’absence de pollen ou de nectar, la consommation de miels issus
de miellat et le varroa la favorisent. Mais avec le retour des
beaux jours, une guérison spontanée peut survenir.
Les mycoses
Favorisée par une exposition prolongée de la colonie à
l’humidité, cette maladie due à un champignon affaiblit la
colonie sans toutefois entraîner sa mort. Contrairement aux
autres maladies, elle est facilement identifiable.
Elle affecte le couvain en provoquant la mort de certaines larves.
D’abord molles et d’un blanc jaunâtre, celles-ci prennent une
teinte jaune et se raffermissent. Rapidement la cellule donnera
l’impression d’être remplie de plâtre. On parle alors de couvain
plâtré !
Pour s’en prémunir, il faut éliminer tous les facteurs d’humidité
et renouveler la reine en privilégiant une reine issue d’une
colonie nettoyeuse et exempte de mycoses.
Il n’existe pas de médicaments mais l’ajout de teinture de
propolis à faible dose dans le sirop de nourrissement hivernal à
base de candi à raison de 0,01 % en volume serait efficace.
Le frelon asiatique
Le piégeage de printemps
Comme chaque femelle fécondée et détruite est un nid qui
disparaît, il est indispensable de les piéger dès la fin de l’hiver
lorsque les premiers beaux jours arrivent. Isolées, affamées, à la
recherche de sucre, elles sont vulnérables.
Pour les capturer, employez des pièges sélectifs dans lesquels
vous versez de la bière avec du sirop de grenadine et un peu de
vin blanc et que vous installez à côté du rucher, près de la
miellerie ou dans des massifs en fleur. Lorsque ces pièges ont
capturé quelques frelons, les autres insectes n’y pénètrent
quasiment plus. Attention ! Ne les rincez jamais car vous
enlèveriez les phéromones des frelons et ils perdraient leur
efficacité ! Quelques semaines de piégeage effectués au bon
moment suffisent.
La fausse teigne
Les larves de deux papillons, Galeria mellonnela, la grande
fausse teigne, ou Achroea grisella, la petite fausse teigne,
s’attaquent aux ruches faibles ou mortes et abîment les cadres
stockés.
La chenille de ces papillons, très vorace, se nourrit de cire et de
pollen en détruisant les rayons. Avec ses pièces buccales acérées
et résistantes, elle peut même creuser des galeries dans les
boiseries. De la chenille naît un papillon grisâtre qui passe de
ruche en ruche et peut propager des maladies.
Pour protéger les ruches les plus faibles, retirez tous les cadres
désertés par les abeilles pour éviter qu’ils ne soient colonisés par
la fausse teigne.
Pour préserver les piles de hausses à la miellerie, comme aucun
traitement chimique n’est autorisé, la seule solution est de les
conserver dans un endroit protégé de la pluie mais très aéré pour
que les guêpes ou les frelons visitent les rayons et se nourrissent
des œufs et des larves de fausse teigne !
Si une hausse est malgré tout constatée et que les rayons sont
encore récupérables, placez-la au-dessus d’un corps d’une ruche
forte. Les abeilles feront très rapidement le ménage !
Les larves de fausse teigne, vigoureuses et attractives, sont des
appâts de choix pour les pêcheurs !
DANS CE CHAPITRE
Le miel et ses vertus
•
Les différents produits issus
du travail des abeilles
Chapitre 9
Les produits de la ruche,
des produits
naturellement
écologiques !
e miel, la gelée royale, la propolis ou le pollen sont la
L quintessence des végétaux présents dans nos paysages. Et
seules les abeilles, grâce à leur inlassable butinage des fleurs,
peuvent prélever ces substances et nous les offrir. Sans elles, ni
le nectar, ni le miellat, ni le pollen ne seraient récoltés.
De la fleur à la ruche
Le miel est le seul produit alimentaire au monde élaboré par un
insecte, Apis mellifera, notre abeille domestique, à partir des
seules ressources végétales présentes dans un rayon de 3 km.
Rare, de couleur et de saveurs variées, paré de mille vertus, il
parvient sur notre table comme les infatigables ouvrières l’ont
élaboré. Sans ajout, sans transformation. Naturel et authentique.
L’origine du miel
Pour le produire, les abeilles butinent principalement le nectar
floral, une solution aqueuse très sucrée produite par les nectaires
des fleurs. Le type de sucre dépend de l’espèce végétale, souvent
le fructose et le glucose, quelquefois le saccharose, mais aussi le
melezitose, le maltose, l’isomaltose en très faible quantité. La
cristallisation dépend largement de la composition du nectar.
L’autre source provient des excrétions laissées sur les végétaux
par des insectes suceurs. Plus dense en sucre, plus riche en
azote, en acides organiques, en minéraux et en sucres plus
complexes comme le melezitose ou les maltoses, le miellat sert
de base au miel de sapin ou de forêt.
Du nectar au miel : un
travail fastidieux !
Lors du butinage, l’abeille visite des milliers de fleurs de la
même espèce afin de remplir son jabot avec ces substances
sucrées en quantité microscopique, à
peine 40 à 70 milligrammes. Lorsque la densité en sucre est trop
grande, elle la dilue avec de la salive et d’autres sécrétions
glandulaires.
De retour à la ruche, les autres ouvrières le prennent, se
l’échangent à maintes reprises et l’enrichissent ainsi en enzymes
qui modifient les sucres du nectar en les divisant, en les
recombinant de manière à créer des sucres plus complexes : les
di et trisaccharides.
Au départ, le nectar contient plus de 50 % d’eau. Pour devenir
miel, il doit être impérativement déshydraté. Les ouvrières
régurgitent à plusieurs reprises une fine goutte de leur jabot
qu’elles étalent en couche mince sur leur langue pour que
l’atmosphère sèche de la ruche la dessèche.
Lorsque la concentration en sucre atteint 40 ou 50 %, elles
l’entreposent dans les cellules. Les ventileuses font alors entrer
de l’air extérieur qui sera chauffé à 30 oC pour assécher la ruche.
Chargé d’humidité, il est refoulé vers l’extérieur. En moins de
cinq jours, le miel contient moins de 18 % d’eau.
Enfin, lorsque l’alvéole est remplie de miel, pour le conserver
durablement, les ouvrières le cachettent avec une fine pellicule
de cire, l’opercule.
La composition du miel
Une production
capricieuse et imprévisible
Même si les colonies sont fortes et les floraisons magnifiques, le
succès d’une saison apicole dépend aussi des paramètres
météorologiques. Une température douce, une absence de vent et
une rosée du matin durant plusieurs jours stimulent la production
de nectar. Des conditions idéales mais hélas très rares ! Très
souvent le temps défavorable – pluie, vent, froid, canicule –
réduit le butin.
Le miel, moyen de
connaissance de
l’environnement
L’expérience de l’apiculteur acquise avec les années lui permet
de connaître l’origine florale dominante de ses miels. Selon sa
couleur et, surtout, sa saveur, il saura si un miel contient du
châtaignier, du tilleul ou si son miel d’acacia est teinté avec des
nectars de fruitiers !
En laboratoire, l’analyse, plus précise, permet de déterminer les
pollens dominants mais également les pollens isolés. Il est donc
possible d’identifier dans l’environnement d’un rucher des
plantes rares jusque-là passées inaperçues.
La conservation
Liquides au moment de leur récolte, tous les miels se
cristallisent plus ou moins vite selon leur origine. C’est un
processus naturel. Le miel ne se bonifie pas avec le temps mais,
pour bien se conserver, il doit être stocké à l’abri de la lumière à
température constante et ne jamais être placé dans le
réfrigérateur.
La consommation du miel
On peut le consommer de différentes façons ! Au petit déjeuner,
sur des tartines de pain, dans les yogourts, dans la tisane, en
cuisine. Le matin, le soir, à toute heure du jour et de la nuit, à
tout âge et sans modération !
Le miel, le bien-être et la
santé
Le miel est particulièrement intéressant dans l’alimentation
courante par sa richesse énergétique apportée par les sucres et sa
richesse en vitamines, minéraux et oligoéléments (magnésium,
calcium, phosphore, fer, zinc…).
Il remplace avec succès le sucre blanc en vous apportant le
glucose, un carburant essentiel pour le bon fonctionnement du
cerveau et des muscles.
Très prisé par les sportifs pour ses sucres rapidement
assimilables, il convient aussi aux diabétiques, mais avec
prudence et modération, car il n’entraîne pas une augmentation
aussi importante de la glycémie que le sucre blanc.
Ses propriétés antimicrobiennes, anti-inflammatoires et
antioxydantes sont largement reconnues pour lutter contre la
toux par exemple. À cet effet, son emploi est conseillé aux
enfants de plus d’un an. Enfin, il s’agit d’un excellent agent anti-
infectieux stimulant la cicatrisation des plaies et des brûlures.
Le vinaigre de miel
Le vinaigre de miel est fabriqué uniquement avec de l’eau et du
miel. Mais en produire du bon nécessite un vrai savoir-faire ! En
fermentant, les sucres présents dans le miel se transforment en
acide acétique. C’est un vinaigre doux dont l’acidité est très
faible puisque son pH est de 5. Il peut être fabriqué soit à partir
d’hydromel, soit à partir d’un sirop de miel léger (il faut
compter 500 g de miel pour 3 litres d’eau) auquel on ajoute une
mère à vinaigre et qu’on laisse fermenter dans une pièce chaude.
Ni sucré ni alcoolisé, ce vinaigre présente une agressivité bien
plus faible pour l’estomac que les vinaigres traditionnels.
Certains apiculteurs se sont spécialisés dans la fabrication de
vinaigre de miel. Vous pouvez en acheter ou échanger du miel
contre quelques bouteilles !
Hydromel
Le miel en cuisine
Depuis la nuit des temps, le miel est largement employé en
cuisine. C’est un des éléments de base de la cuisine romaine
comme en témoigne le livre de recettes d’un des premiers
cuisiniers célèbres, Apicius.
Il existe des milliers de recettes au miel. Des entrées au dessert,
le miel peut servir de fil rouge tout au long du repas. Qui n’a
jamais dégusté un excellent magret de canard au miel, un
fromage de chèvre nappé de miel ou un délicieux pain d’épices ?
Employé comme condiment, dans le droit-fil de la tradition
antique, il améliore les sauces aigres-douces dans lesquelles il
s’associe fort bien avec la plupart des épices comme le safran, la
cannelle, le curry, le cumin ou les piments. Il se marie à
merveille également avec le vinaigre et le citron dans la
confection de marinades. Ces préparations accompagnent
merveilleusement les viandes, comme le porc, l’agneau ou les
volailles, les poissons et les fruits de mer !
Le pollen
Au printemps, de plus en plus de personnes sont allergiques au
pollen transporté par le vent. Mais ce n’est pas le cas de celui
récolté par les abeilles.
Les étamines des fleurs sont couvertes d’une poussière colorée ;
c’est le pollen, la substance mâle, un aliment prépondérant de la
colonie. La régularité et l’ampleur de ses apports conditionnent
la ponte de la reine et donc la vitalité de la ruche.
Grille à pollen
Pollen : composition
Comment récolter du
pollen ?
À la belle saison, équipez vos ruches de trappes à pollen que
vous fixez devant l’entrée en prenant appui sur la planche
d’envol. Dès lors, la butineuse devra traverser une grille qui,
sans la blesser, retiendra les pelotes, qui tomberont dans un
tiroir. Celui-ci, vidé tous les deux jours, est aussitôt remis en
place.
Il faut trier avec la plus grande attention le pollen récolté et en
retirer les impuretés à l’aide d’une pince à épiler. Un travail
fastidieux ! Conditionnez-le ensuite dans des pots et entreposez-
le aussitôt au congélateur. Vous y prélèverez les besoins de la
semaine que vous stockerez au réfrigérateur.
N’installez pas vos grilles à pollen trop tôt et laissez-les en place
une quinzaine de jours maximum, car si vous en prélevez trop,
vous handicapez la colonie. Comme pour le miel, contentez-
vous du surplus offert par les abeilles !
En cure régulière, la consommation de pollen, à raison d’une
cuillerée à café par jour, le matin à jeun, nature ou mélangé à du
miel ou à du yogourt, s’avère très utile pour lutter contre les
états de fatigue, réduire le taux de cholestérol, réguler le transit
intestinal et rééquilibrer le système digestif. Elle renforce le
potentiel antioxydant de l’organisme et lui permet de mieux faire
face aux agressions extérieures.
La gelée royale
Cette bouillie épaisse, blanchâtre, légèrement acide, est parée de
toutes les vertus. Par ses qualités exceptionnelles, elle permet
une croissance unique dans le monde animal. Mais en raison de
la technicité inhérente à sa récolte, sa production, très limitée et
contraignante, est réservée à des apiculteurs spécialisés. Comme
son coût de revient est élevé, son prix l’est aussi !
Contentez-vous de consommer la gelée contenue dans les
cellules royales de vos colonies !
La gelée royale est produite par les glandes pharyngiennes
situées dans la tête des jeunes nourrices à partir de la
consommation de pollen. Comme elle nourrit la reine et les
larves des futures reines, elle est surtout présente dans les
alvéoles royales.
Elle entre aussi dans la nourriture de toutes les autres larves
jusqu’au troisième jour.
Alors que l’ouvrière ne vit que quelques semaines ou quelques
mois, une reine, issue d’un œuf similaire, peut vivre plusieurs
années et pondre jusqu’à 2 000 œufs par jour…
En cinq jours, grâce à la gelée royale, le poids initial d’une larve
est multiplié par 1 800 !
Très proche du pollen dont elle découle, la gelée contient une
plus grande quantité de protéines :
Larve de gelée royale
La propolis
Cette substance gommeuse, résineuse et balsamique est
recueillie par les abeilles sur les bourgeons de certains arbres
comme le peuplier, le bouleau ou le saule. Employé par les
abeilles comme vernis anti-infectieux sur les parois de la ruche,
elle permet d’assainir la colonie. Les abeilles s’en servent
comme mastic pour obturer les fissures ou réduire l’entrée de la
ruche. Elle permet aussi de momifier les animaux tués par les
abeilles et qui sont trop gros pour être évacués, évitant ainsi leur
décomposition.
Très connue depuis l’Antiquité notamment pour conserver les
momies, la propolis est aujourd’hui récoltée pour ses propriétés
thérapeutiques. Les butineuses confectionnent des petites pelotes
de résine qu’elles transportent comme le pollen dans les
corbeilles de leurs pattes arrière.
En fonction de l’origine végétale, la couleur de ces pelotes varie
du jaune clair au vert-brun. La propolis est ensuite transformée
par les abeilles qui y ajoutent de la cire et des sécrétions
salivaires, puis utilisée aussitôt ou entreposée sur les têtes de
cadre pour être employée ultérieurement.
Propolis : composition :
– Baumes et résines : 55 % ;
– Résines : 7 % ;
– Cire : 30 % ;
– Pollen : 3 % ;
– Et 5 % d’autres substances très intéressantes comme des
flavonoïdes et des composés phénoliques.
Sa composition n’est pas stable en raison des huiles essentielles
qu’elle contient. Elle évolue en fonction des végétaux visités, de
la nature des sols ou du climat…
La cire
Très recherchée au Moyen Âge où son commerce, dans toute
l’Europe, était plus florissant que celui du miel, la cire servait en
priorité à l’éclairage des églises mais aussi à la fabrication de
sceaux royaux, de plaquettes d’écriture, de masques mortuaires
ou en céroplastie. Aujourd’hui, elle est surtout recyclée en cire
gaufrée mais reste employée dans les bougies artisanales et entre
dans la composition de cosmétiques ou de médicaments.
Au printemps, les quatre glandes cirières situées sous l’abdomen
des ouvrières sécrètent à partir du nectar et du miel de
microscopiques plaquettes de cire (inférieures à 1 mg) que les
abeilles ensuite malaxent et assemblent pour construire les
rayons.
Pour 100 g de cire, les abeilles doivent produire des dizaines de
milliers de plaquettes et consommer 400 g de miel… Un travail
fastidieux !
À la récolte, les apiculteurs récupèrent les opercules. Vidés de
leur miel, ils sont fondus au bain-marie, filtrés et transformés en
pains de cire. Des ciriers spécialisés les transforment alors en
feuilles de cire gaufrée ou en pains de cire purifiés. La cire des
opercules, reconditionnée en feuilles gaufrées, sert d’amorce aux
abeilles, et celle des corps, aux autres usages.
Variable d’un terroir à un autre, elle est constituée de plus
de 300 composants chimiques, hydrocarbures, monoesters,
diesters, acides libres. Protégée des rayons du soleil et des
rongeurs, elle se conserve indéfiniment. Le froid la rend
cassante.
Le venin
Malgré ses propriétés indéniables, le venin demeure méconnu.
Sécrété par les glandes à venin, il est stocké dans une poche et
injecté, lors de la piqûre, grâce au dard qui agit comme une
seringue.
Une ouvrière dispose de 100 à 150 mg de venin et une jeune
reine, pour éliminer ses concurrentes, de 700 mg.
Seuls quelques apiculteurs, dans le Caucase, en produisent pour
les laboratoires. Pour le récolter avant de le lyophiliser, ils
excitent les abeilles avec une secousse électrique pour qu’elles
piquent une fine membrane en caoutchouc. Mais cette technique
les rend agressives. Pour produire un seul gramme de venin,
vingt colonies et deux heures de temps sont nécessaires !
Le venin est composé de protéines au pH basique dont l’odeur
âcre rend les abeilles agressives, des acides, des stérols, une
protéine spécifique – la mélittine – et de l’apamine, un peptide
qui agit sur le système nerveux.
Le venin est surtout employé dans le traitement des
rhumatismes. Il serait également efficace pour certaines
scléroses en plaques.
Crédits iconographiques
Paul Starosta : pages 74, 74, 76, 77, 84, 85, 86, 87, 93, 95, 96, 1
09, 111, 113, 115, 123, 125, 127, 129, 132, 133, 135, 136, 139, 1
41, 145, 151, 153, 157, 159, 160, 162, 163, 165, 171, 173, 175, 1
76, 177, 178, 179, 180, 185, 198, 199, 203, 211, 215, 216, 219, 2
20, 223, 227, 231, 235, 247.
Cari : pages 242, 244, 249, 250.
Charles Huck : pages 91, 101, 118, 134, 137, 167, 168, 169.
Istock : pages 13, 15, 19, 38, 39, 43, 67, 89, 102, 103, 104, 105,
106, 107, 112, 116, 117, 155, 232.
Shutterstock : pages 4, 6, 8, 11, 16, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28,
29, 31, 31, 32, 33, 35, 40, 41, 45, 47, 49, 51, 52, 53, 55, 57, 58, 5
9, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 68, 70, 79, 90, 98, 99, 124, 140, 142, 14
3, 144, 147, 148, 149, 182, 184, 187, 191, 192, 193, 195, 196, 20
1, 202, 205, 206, 207, 209, 213, 221, 224, 230, 237, 241, 251.
Wikicommons : 5, 24, 75, 114, 131, 212, 212, 213, 228, 228, 23
9, 243, 246.
Sommaire
Couverture
Je crée mon premier rucher pour les Nuls, grand format
Copyright
À propos de l’auteur
Partie 1. Avant de se lancer
Chapitre 1. Se lancer
Cinq bonnes raisons d’installer quelques ruches
Allergique ou pas ?
Et le réchauffement climatique ?
L’ensilage et l’urbanisme
Les pesticides
Les mammifères
Et l’homme
Les vêtements
Les abeilles
Chapitre 4. L’installation
Choisir son emplacement
L’entretien du rucher
Les plantations
En hiver
La récolte d’été !
À la miellerie
Le conditionnement
La visite des essaims et des colonies dont les reines ont été changées
De la ruchette à la ruche
Le corps de l’abeille
L’alimentation de l’abeille
Les ouvrières
La reproduction
Le varroa
La loque américaine
La loque européenne
L’acariose
La nosémose
Les virus
Les mycoses
Le frelon asiatique
La fausse teigne
Le pollen
La gelée royale
La propolis
La cire
Le venin
Crédits iconographiques