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ANNIVERSAIRE page 2

SÉMINAIRES page 4
Philosophie/Art et littérature page 4
Philosophie/Droit et économie page 14
Philosophie/Philosophie page 16
Philosophie/Politique page 27
Philosophie/Psychanalyse page 31
Philosophie/Sciences page 34
Philosophie/Sciences sociales page 41

COLLOQUES page 43

LES SAMEDIS, débats autour d'un livre page 47

INDEX DES RESPONSABLES page 49

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ANNIVERSAIRE

Novembre 2003 :

Les 20 ans du Collège international de philosophie

(Pré-programme)

Anniversaire organisé avec le soutien de l'Agence universitaire de la Francophonie, la Bibliothèque nationale


de France et France Culture.

Le Collège international de philosophie fête cette année ses 20 ans. Son anniversaire sera moins une
commémoration qu'une occasion de débats sur le travail de la pensée qui a traversé les deux dernières
décennies, avec ses styles singuliers, ses crises et ses passages. Il accueillera, pendant trois jours de
rencontres internationales, des philosophes de tous les continents, qui présenteront les enjeux théoriques du
nouveau siècle. Les actuels directeurs de programme du Collège interviendront hors les murs afin de
poursuivre le dialogue de la philosophie avec ses dehors. La présence de l'art sera au cœur d'une telle
ouverture, avec des événements théâtraux, musicaux et plastiques dédiés à cet anniversaire.

Rencontres internationales au CIPh à Paris


les mardi 4, mercredi 5 et jeudi 6 novembre à l'amphi Poincaré, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005
Paris (9h30-12h30-14h30-18h)
sur le thème : « Le travail de la pensée : styles, crises, passages »

avec : Pierre Cartier (Paris), Barbara Cassin (Paris), Stanley Cavell (Harvard), Marilena Chaui (Sao Paulo),
Monique David-Ménard (Paris), Michel Deguy (Paris), Jacques Derrida (Paris), Yasuo Kobayashi (Tokyo),
Patrice Loraux (Paris), Alan Montefiore (Londres), Chantal Mouffe (Londres), Jean-Luc Nancy (Strasbourg),
Bento Prado (Sao Paulo), Bernhard Waldenfels (Bochum), Kwasi Wiredu (Accra).

Conférences-débats hors les murs


- Centre de Musique Contemporaine, Paris La Villette (avec Antonia Soulez, mardi 4 novembre)
- Cité des Sciences et de l’Industrie, Paris, présentation du numéro de Rue Descartes, « À quoi sert la
philosophie des sciences ? » (avec Jean-Marc Levy-Leblond, vendredi 7 novembre de 14h30 à 17h)
- Citéphilo à Lille (avec François Noudelmann, vendredi 14 novembre)
- Médiathèque de Limoges (avec Dominique Lecourt, vendredi 21 novembre)

Événements artistiques dédiés aux 20 ans


Théâtre :
- Judith Magre lit des textes de Maîtres anciens de Thomas Bernhard (Radio-France, studio Sacha Guitry,
jeudi 6 novembre, 20h)
Musique :
- Concert de Michaël Levinas (Radio-France, studio Sacha Guitry, mercredi 5 novembre, 20h)

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- Concert de Jay Gottlieb (Radio-France, studio Sacha Guitry, vendredi 7 novembre, 20h)
Arts plastiques :
- Création d’une installation à partir de la contribution des directeurs de programme du Collège (184
membres depuis sa création), par Yann Toma (Bibliothèque nationale de France, du 8 novembre au 1er
décembre)
- Projection de vidéos de Gary Hill dans la salle d'honneur de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts,
dimanche 9 novembre et conférence de l'artiste

Un programme spécifique sera édité

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SÉMINAIRES

Philosophie/Art et littérature

Gisèle BERKMAN

L'effet-bartleby (II) : Comment lisent les philosophes ?

Figures de pensée, écritures pensantes

18h-20h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 6 oct, Lun 20 oct, Lun 3 nov, Lun 24 nov, Lun 1 déc, Lun 5 jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

« L'effet-bartleby II » partira d'une investigation sur le lire des philosophes. Il s'agira de théoriser plus avant
ce que nous avons nommé « effet-bartleby », soit cette fictionnalisation que mettent en œuvre les
philosophies lorsqu'elles s'attachent à ce qui, de la littérature, les sollicite et les fait penser. Comment lisent-
ils ? est indissociable ici d'un : que font-ils ? Quelles topologies, quelles « machines de lecture » construisent-
ils, quels gestes de pensée se voient élaborés à l'épreuve du texte littéraire, cet « inconstructible » qui ne
s'approche, pensons-nous, que par figure ? C'est cette « figurologie » qui nous retiendra, révélatrice d'une
modernité philosophique intensément sollicitée par ces figures, plastiques et langagières, qui sont comme les
planches-contact de la philosophie. C'est là que la question du style de la philosophie rencontre, comme son
autre le plus proche, la question de ces écritures pensantes, tiers-langage où se déjouent partages et
assignations.
Ecritures pensantes, joueuses, figurales : n'était-ce pas la grande affaire de certains penseurs des Lumières
avant la réorganisation institutionnelle des champs ? Écrire-penser, penser le penser, cela pouvait se faire
« par figure » : dans une interrogation aussi de ce que « figure » veut dire, figure de style et figure de pensée.
L'on aimerait faire dialoguer les Lumières et cette modernité philosophique qui les a tant commentées (le
Condillac, le Rousseau de Derrida, le Rousseau, le Diderot de Lacoue-Labarthe, le Rousseau de Deleuze). Et
ce faisant, sans niveler les différences constitutives, mettre au jour cette « langue de rêve » que toute langue
porte avec elle, et qui est ici comme l'idiome figural de la pensée.

Intervenants (les dates des interventions seront annoncées lors de la première séance) :
Georges Benrekassa (Université de Paris 7), Christophe Bident (Université de Paris 7), Bruno Clement
(Université de Paris 8 et CIPh), Dominique Fourcade (poète) (sous réserve), Caroline Jacot Grapa (Université
de Cergy-Pontoise), Michèle Riot-Sarcey (Université de Paris 8) (sous réserve), Sophie Wahnich (CNRS)
(sous réserve).

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Hélène CIXOUS

Écrire la guerre avec une main-d'-enfant arrachée. I - La roue, la croix, l'aéroplane

9h30-15h30
Salle de conférence, Centre Culturel Irlandais, 5 rue des Irlandais, 75005 Paris
Sam 8 nov, Sam 22 nov, Sam 6 déc, Sam 20 déc, Sam 10 jan, Sam 24 jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Séminaire organisé dans le cadre de la convention avec l'Université de Paris 8/Doctorat d'Études féminines

Un livre n’est pas qu’un geste d’art : c’est une arme ; c’est un méfait ; c’est une course au(x) secret(s). C’est
une lutte contre la mémoire, pour le souvenir. Et inversement. On est en lambeaux, on se rapièce. C’est pour
cela que j’adore la Vie de Henry Brulard. C’est une vie qui est un livre en train de se faire la peau, de se
ronger les sangs, d’avoir froid aux pieds, de discuter vivement de mort et de destin dans la cuisine.
— Je veux pousser l’écrit jusqu’au crime contre la société, la tradition, je veux pousser jusqu’à l’écrime, dit
Thomas Bernhard. — Je veux prendre toutes les libertés avec la langue, je veux aimer ses charmes à la folie.
La langue serait ma jeune mère ravissante perdue désirée pleurée rappelée recréée ? se demande Proust. Puis
renvoyée-remplacée en tant qu’Albertine. Je veux aimer à la fureur et par-dessus tout une chose bizarre,
chose animée, torrentielle, désobéissante, mécréante, qui bondit par-dessus les matelas et disparaît en laissant
derrière elle des traces d’incendie, s’écrie Stendhal.
Saint Augustin, Swift, Rousseau, Stendhal, Rimbaud, Joyce, Genet, Derrida, Bernhard... tous des malfaiteurs,
d’anciens enfants partis à la chasse, l’un aux poires, l’autre aux pommes, un autre aux tourdres, et tous pris
sur le fait l’un la main sur la grappe l’autre la dent sur la grosse joue rouge d’une tante à croquer, l’autre
lancé sur le vélo volé à l’oncle père… Sur les traces du fugitif nous irons en Autriche, en tant qu’enfant sous
les bombardements. Nous descendrons avec Thomas Bernhard de galeries en cavernes, de guerre extérieure
en guerre intérieure. Dans une ville en ruine, nous avons marché sur une main-de-poupée. Ce n’était pas une
main-de-poupée, découvrons-nous, c’était une main-d’-enfant arrachée à un enfant (Th. Bernhard, Die
Ursache). Avec cette main-d’-enfant arrachée-rattachée s’écrit le livre originaire.
Le « livre originaire » est « la chose originale », « la signature originale » dont parle le narrateur proustien
lorsque « se lève le voile » qui donne à voir l’Enfer de la disparition d’Albertine.

Intervenants :
- Samedi 20 décembre : Bertrand Leclair (écrivain, critique littéraire)
- Samedi 24 janvier : Annie Leclerc (écrivain)

Jehanne DAUTREY et Stephen WRIGHT

Atelier : Dispositifs artistiques, dispositifs de pensée

18h-20h
Salle des conférences, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, 14 rue Bonaparte, 75006 Paris
Jeu 8 jan, Jeu 22 jan, Jeu 29 jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

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Atelier organisé dans le cadre de la convention avec l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts
(E.N.S.B.A.)

Cet atelier se propose d'engager une réflexion sur les convergences entre dispositifs de pensée et dispositifs
artistiques en interrogeant le lien qui unit une œuvre à celui qui la regarde : poursuivant une réflexion
engagée par la philosophie contemporaine aussi bien française (Foucault, Damisch, Marin, Arasse) qu’anglo-
saxonne, (Fried, Baxendall), on tente de dégager la spatialité complexe d’œuvres qui ne se limitent pas à leur
surface matérielle mais structurent également l’espace dans lequel se tient le spectateur. Maintes pratiques
contemporaines rendent d’autant plus pertinente la question du dispositif qu’elles ne se pensent plus comme
œuvres-objet mais comme processus de redéploiement d'espaces. Le travail de l'année dernière a été consacré
au statut de l'image dans ces dispositifs. Il s'agissait d'étudier des modes de pensée (Foucault, Lacan, Deleuze
...) et des pratiques chorégraphiques (Preljocaj, Forsythe) qui sortent du dispositif classique de la
représentation tout en se construisant par rapport à lui, le creusant de l'intérieur ou le débordant de sorte qu'il
devienne producteur d'une hétérogénéité non figurative.
On se propose pour l'année qui vient d'approfondir cette question du cadre et de ce qui le déborde en nous
consacrant plus particulièrement aux diverses pratiques de décadrage dans l'art contemporain et à la nature de
ce qui apparaît hors-cadre : une machinerie de l'image habituellement invisible qui vient bouleverser le hors-
cadre fictif que se donnent les images en tant que fictions vraisemblables, et donc une nouvelle forme de
visibilité. Qu'en est-il alors du statut structurant de l'espace comme cadre de la pensée et de la perception
(postulat de la philosophie idéaliste), et en quoi ce décadrage offre-t-il un nouveau cadre de pensée, non plus
identitaire mais différentiel ? On verra en quoi ces procédés de décadrage (que nous analyserons aussi bien
comme décadrage du film par rapport à lui-même dans le cinéma de Kiarostami, agencement théâtre/vidéo
chez Caden Manson, littérature/danse chez Verret...) créent un nouvel espace de perception par hybridation
d'hétérogènes. Comme l'année dernière, on conduira en parallèle des analyses d'œuvres et des lectures
philosophiques en tentant de faire apparaître, au-delà du dispositif de la représentation explicitement critiqué,
le dispositif implicite sur lequel repose la philosophie de Deleuze et de Foucault.
De son côté, Stephen Wright examinera les logiques d’extra-territorialité réciproques sous-jacentes, d’une
part, aux pratiques reliées à l’art mais qui émergent en dehors des espaces-temps qui lui sont réservés, et
d’autre part, à d’autres modes de production de connaissance qui s’inspirent des habitus et méthodologies
jusqu’alors propres à l’économie symbolique de l’art. L’artiste est-il l’idéal type du salarié flexible, et l’art un
principe de fermentation du capitalisme, comme le pense P.-M. Menger ? À quel régime de visibilité
obéissent des pratiques qui élisent le hors-cadre comme terrain d’intervention (RTMark ; P. Devautour) ? Un
tel régime perceptif peut-il fonctionner indépendamment de toute intentionnalité artistique, comme une
anthropologie informelle ? Et quelles seraient les conséquences de l’extra-disciplinarité qui semble prévaloir
entre art et sciences humaines (J.-L. Amselle) ? Peut-être le réel doit-il être déréalisé — c’est-à-dire fictionné
— pour être pensé (I. Sivan ; W. Ra’ad) ; quel est donc le statut du documentaire et des dispositifs
désidéalisants qui l’informent (Y. Bélorgey) ?

Intervenants :
(la liste des artistes-intervenants sera donnée lors de la première séance)

Jehanne DAUTREY

Musique et territoire

20h-22h
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

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Jeu 13 nov, Jeu 27 nov, Jeu 11 déc
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Le séminaire de cette année se propose de prolonger la réflexion engagée l'année précédente en conduisant
toujours en parallèle une réflexion sur le statut de l'espace musical à partir de quelques concepts deleuziens :
le territoire, la ritournelle, le plan... et une approche des œuvres musicales en termes d'écoute et
d'individuation. Nous nous attacherons plus particulièrement à la question de niveaux de l'écoute et au
rapport de l'audible et du mental comme statut (sonore ou non-sonore) de ce qui forme un cadre à
l'individuation. Comment la philosophie et le savoir musical se greffent-ils chacun sur cette texture et cet
espace musical ? En quoi les processus d'hybridation et de rencontres entre musiques étrangères et
hétérogènes — effet, entre autres, de la « mondialisation » — rendent-ils ce problème plus crucial ? Que
ressaisissons-nous d'une musique, lorsque nous l'empruntons ou la greffons dans notre propre univers mental
et musical : l'audible, les formes, ou l'inaudible ? Et que laissons-nous au contraire de côté, volontairement ou
à notre insu ?
En ce qui concerne la philosophie, nous étudierons plus précisément le passage des analyses de Mille
plateaux à celles de Qu'est-ce que la philosophie, où apparaît une analyse de l'œuvre d'art en termes
d'architecture, de pans et de plans. Et plus généralement, nous tenterons de suivre le fil de ces concepts qui
reviennent au fil des œuvres, pour voir non seulement leur évolution mais aussi de quels autres enjeux
philosophiques ils sont porteurs. Il s'agit donc de voir non seulement ce que pensent Guattari, Deleuze ou
Foucault de l'art, mais aussi ce que l'art leur donne à penser. À travers cette étude au fil des textes et ce
cheminement du texte aux œuvres, il s'agit aussi de comprendre comment lire Deleuze, de trouver une
posture pour comprendre la position très particulière de ces pensées de l'immanence et de la positivité, dans
leur manière de nouer l'abstrait et le concret.

Intervenants : la liste sera communiquée lors de la première séance.

Pierre DROGI

"Qu'est ceci ?" Détermination et nomination dans le cadre de la fiction

18h-20h
Salle de réunion 1, Centre Culturel Irlandais, 5 rue des Irlandais, 75005 Paris
Mer 8 oct, Mer 5 nov, Mer 10 déc, Mer 21 jan

Les catégories de réalisme et de nominalisme ont-elles une pertinence en littérature ? Ces termes pourraient-
ils traduire deux points de vue ou deux attitudes contradictoires ou paradoxalement complémentaires face à
un « réel » toujours à mettre en mots ? Et que signifie la question « Qu’est ceci ? » une fois transportée dans
le cadre de la fiction ?
Le séminaire abordera le problème à partir de textes modernes mais aussi antiques et médiévaux, et plus
particulièrement à partir de ces derniers, puisqu’un certain « verbalisme » militant affronte en littérature et au
nom de la fiction, de la fin du XIIe jusqu’en plein XIVe siècle, les tenants d’une équivalence du nom et de la
chose. Équivalence mise en échec « en littérature » par la prise en compte littérale des mots, fournissant « par
l’absurde » la preuve de l’inanité de l’attitude « réaliste » et la nécessité d’une séparation entre mots et choses
même au dehors de la fiction : car toute représentation fixée par des mots devient fiction à ce compte. Sur le
terrain des dogmes, c’est autour de la question d’un enfer véritable (« réel » ou purement mental) que se

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cristallisent les querelles. La fiction propose alors comme une sorte de réduction à ce que l’on « peut »
nommer et à ce que produit ou effectue le « fait » de nommer sur un lecteur.
Rabelais, malgré les railleries dont il accable les scotistes et les autres représentants de la philosophie
médiévale, s’inscrit aussi dans une telle perspective. Il représente même un terme, peut-être le dernier
débordement pour plusieurs siècles, de la fiction comme pure nomination utopique, sans feu ni lieu, pourtant
dirigée mais « en langage » et dans le commentaire vers « le plus réel », indéterminé, qu’est l’homme.
Langage porteur ou révélateur en parole du lien qui lie, dès avant qu’on ne parle, tout homme à tout homme.

Intervenants :
- Mercredi 10 décembre : Joël Biard
- Mercredi 21 janvier : Claude Mouchard

Thomas DUTOIT et Philippe ROMANSKI

Recherche et enseignement derridiens au croisement des disciplines

20h-22h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Ven 21 nov : Amphi A
Ven 12 déc, Ven 16 jan : Amphi B
Ven 30 jan : Amphi A

Le travail de Jacques Derrida dit sans cesse, de manière forcement détournée, qu’il est une douloureuse et
laborieuse recherche de carrefours et de croisements. Parce que ce travail interroge les savoirs et s’interroge
lui-même en tant que savoir, semblent se faire jour, sur le mode de l’évitement, une épistémologie de la
déconstruction et une déconstruction de l’épistémologie. Il y va donc d’une définition qui refuserait de se dire
en tant que telle, peut-être afin de contourner le fini qu’elle serait susceptible de présupposer. L’enjeu est
l’ouverture. Ouverture à l’étude de l’histoire et de l’historicité des savoirs, et donc remise en question de la
« compartimentation » disciplinaire, telle qu’elle est à l’œuvre dans l’université française. Notre projet se
propose d’approcher le discours derridien au plus près, en essayant de voir comment il entre (ou n’entre pas)
en résonance avec la doxa de l’université française. Il s’agira donc, à l’occasion de ce séminaire, d’évaluer ce
qui, structurellement ou conceptuellement, permet ou ne permet pas à la pensée derridienne d’offrir sa
pertinence aux disciplines qui constituent les humanités (terme que nous utilisons pour renvoyer aux Lettres
et Sciences humaines confondues). L’université à la française, en vertu des conditions qui sont les siennes, ne
tirerait-elle pas profit d’une pensée qui, précisément, accepte de questionner la monodisciplinarité et autres
taxinomies réductrices ?

Intervenant :
- Vendredi 16 janvier : Nicholas Royle

Véronique FABBRI

Atelier de traduction à partir d'une œuvre de Benjamin

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18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 1 déc, Mar 2 déc, Mer 3 déc, Jeu 4 déc

Séminaire organisé dans le cadre de la convention avec le Centre Européen de Traduction - Littérature et
Sciences de l'Homme (EKEMEL)

A la suite des Assises de la traduction, et dans la perspective de préparer le colloque sur « La tâche du
traducteur », autour de l’œuvre de Walter Benjamin, de la parution de la traduction de ses œuvres en grec,
nous proposons, en association avec le centre EKEMEL, une série de séances de travail de traduction à partir
d’un texte de Benjamin.
Il s’agira de faire le point sur quelques difficultés de traduction en confrontant différentes traductions
existantes. L’idée directrice de cet atelier serait de pointer non seulement des problèmes de vocabulaire, mais
aussi des questions de méthode, en partant de l’hypothèse que toute traduction implique une théorie du
langage et une poétique. Comment rendre le rythme d’un texte ? Qu’en est-il du rythme d’un texte
philosophique ?
Le texte sur lequel nous travaillerons sera déterminé ultérieurement, en fonction des participants et de
l’avancement du travail de traduction des différents intervenants. Il peut s’agir de L’œuvre d’art à l’époque
de sa reproductibilité technique, pour les problèmes d’édition qu’elle pose et l’intérêt de confronter les
variantes du texte, le travail d’écriture qui s’y manifeste, ou de la Préface à l’origine du drame baroque
allemand, pour la réflexion qu’elle engage sur la question du nominalisme, et de la forme du discours
philosophique.

Béatrice HAN KIA-KI

Le cercle, l'O et l'eau : radeau.

Fernand Deligny et le langage

18h-20h
Salle de réunion 1, Centre Culturel Irlandais, 5 rue des Irlandais, 75005 Paris
Ven 14 nov, Ven 16 jan

L’objet de ce séminaire est de proposer une réflexion sur le langage, l’humain et le silence à partir d’une
lecture de l’œuvre de Fernand Deligny et plus particulièrement de celle qui correspond à la tentative menée
avec des enfants autistes à Graniers dans les Cévennes à partir de 1967 et qui l’occupa jusqu’à sa mort.
Pendant cette période, Deligny poursuit son inlassable travail d’écriture et oriente sa réflexion vers un
questionnement sur le langage, la trace, l’humain. Mais comment donc écrire ce dont on ne peut rien dire,
comment trouver les mots de ce qui est sans voix, quelle est la voie de ceux que plus rien ne regarde, qui
n’ont pas la conscience d’être soi-même sujets ? Contre l’hégémonie, la tyrannie des mots, contre tous ceux
qui veulent faire parler les autistes, ceux qui projettent sur eux l’intention de faire sens, d’agir pour quelque
chose, de vouloir être quelqu’un, Deligny entreprend de construire un radeau, un lieu qui va sur l’eau à la
dérive de l’homme, à la dérive des mots et du sujet du monde, un lieu, un eux, qui erre au gré de leur silence
et des choses qui sont. Le radeau doit passer hors du cercle du même, traverser la marée qui nous ramène à
l’homme, surpasser les discours et les objets figés, apprendre du silence comment couler vers l’eau, retrouver
le commun d’un lieu de vivre ensemble sans communication. Il y a le cercle du monde dont l’homme est le

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sujet, le tour de la conscience qui borde nos personnes, le défini d’un trait qui se referme en ligne : le cercle,
c’est notre monde enroulé de ses noms, c’est le langage d’un « je » arrimé en conscience, le pouvoir de
l’avoir dans le clos de l’essence et la fin d’une raison imposée comme souveraine. Mais, dans l’eau, il y a l’O,
tous les ronds de la main, la lettre qui trace sans fin, mal fermée sur son trait jusqu’au radeau des eaux, le raz-
d’O de l’humain. Le cercle, l’O et l’eau, il s’agit d’un radeau qui passe au creux des mots.

Intervenants (dates précisées ultérieurement) :


Daniel Terral (Directeur des « Parpaillols » , lieu d'accueil et de soins pour enfants polyhandicapés à
pathologie lourde de la région de Troyes) et Sandra Alvarez

Jean-Clet MARTIN

Borges : Visions du Labyrinthe (III)

18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 22 oct, Mer 26 nov, Mer 17 déc
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

L’univers de Borges requiert la forme du labyrinthe. Une forme qui s’est sédimentée autour de la question de
la métaphore, de la théorie du récit, selon une idée de la fiction très différente de la mise en intrigue que Paul
Ricœur retrouve dans sa lecture d’Aristote. C’est donc sur la base de cette conquête du récit de fiction que
nous serons, cette année, conduits à élaborer un concept de temporalité que Borges expérimente par une
approche du cinéma et de la littérature que le modèle deleuzien de la bifurcation nous permettra de thématiser
bien mieux que la distentio animi exploitée par Ricœur dans le sillage d’Augustin. C’est dans les bifurcations
aveugles de la matière que vagabonde l’œil de Borges. Non pas comme ferait une divinité capable de
visionner le dédale du haut de sa transcendance, disposant ainsi d’un tracé préalable, mais, bien mieux,
s’agira-t-il d’une errance en l’immanence d’un monde où un Dieu se perd nécessairement, se fourvoie sans
cesse, fût-il dépositaire d’une intelligence illimitée, tant il est vrai que l’encyclopédie dont il déploierait les
cycles se ramifierait inévitablement en une bibliothèque complexe dont l’index sera essentiellement
surnuméraire, inclus dans les tours et détours de la déambulation sans pourtant leur appartenir jamais de
manière décisive. Il s’agira, sous ce rapport, d’explorer les modalités de la répétition dans l’œuvre de Borges
pour en longer le labyrinthe selon des modèles mathématiques (topologie différentielle), physiques
(bifurcation, chaos) et littéraires (pastiches, traductions, repentirs), sans oublier les chemins ramifiés de la
conception philosophique (différence, éternel retour…).

Miguel MOREY, Carmen PARDO et Makis SOLOMOS

L'œuvre d'art à l'époque de sa reproduction mécanique.

Des avatars du texte à ses ultimes manifestations

Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Lun 24 nov, Mar 25 nov, Mer 26 nov : 20h-22h

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Jeu 27 nov : 20h30-22h30
Ven 28 nov : 20h-22h

Séminaire organisé en collaboration avec l'Université de Barcelone (département de philosophie).

Lire et relire L’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique de Benjamin : tel est le projet de ce
séminaire aux croisements de la philosophie, de l’esthétique et de la musicologie. Étapes, haltes et
déviations :
1. Point de départ (les avatars du texte) : pensée critique et fascisme ; Adorno et Benjamin ; l’expérience
esthétique comme enjeu privilégié.
2. Aura et expérience de choc. Erfharung et Erlebnis.
3. De la reproduction à la production : la pose et l’instantané (photographie) ; l’image en mouvement
(cinéma) ; de la reproduction sonore à la production du sonore (musique).
4. L’expérience esthétique à domicile : automatisation et digitalisation (l’aura digitale ?) ; de la production du
sonore à l’appropriation du sonore.
5. Coda : possibilité de l’expérience ; possibilité de l’expérience esthétique.

Anne MORVAN

Théâtre et généalogie

20h-22h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 13 oct, Lun 17 nov, Lun 8 déc, Lun 5 jan, Lun 26 jan

Le théâtre met en scène de manière privilégiée les liens généalogiques, à travers notamment ses désordres,
l’inceste et le parricide.
La présence des figures de la filiation est trop massive dans la tragédie pour qu’elle soit une simple
contingence. Nous voudrions explorer au cours de ce séminaire les liens d’essence qui unissent théâtre et
généalogie.
Penser ce lien organique nous conduira d’abord à proposer une critique de l’expression « représentation
théâtrale », dans la mesure où elle oblige à dissocier ce qui serait de l’ordre de la forme (la théâtralité) d’un
thème extérieur (la généalogie). Le recours à Artaud nous sera précieux pour penser le théâtre comme
« archi-manifestation de la vie » (Derrida).
Le lien généalogique, ou mieux le lieu généalogique, désignerait fondamentalement cette zone indiscernable
entre la nature (naissance, vie, mort, reproduction comme processus biologiques) et la culture (les
institutions, le juridique, le politique, l’art).
Or, c’est peut-être quelque chose de cette zone indiscernable qui se joue sans cesse au théâtre, comme le
montrerait de façon paroxystique Artaud à travers le schème du germe, de la germination, de l’organisme,
jusqu’au corps sans organes.

Anca VASILIU

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Regard, image et réflexivité dans la philosophie antique et médiévale (II)

Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Lun 17 nov, Lun 15 déc : 18h-20h
Lun 19 jan : 18h30-20h30
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

A la différence de la « simple » vue, le regard mène un combat pour sortir de lui-même à la recherche de la
personne qui se tient devant et qui, regardant à son tour et se rendant aussi visible qu’il lui semble bon de se
montrer, signifie par cela la visibilité même, invisible, de celui qui regarde ainsi. Le regard est toujours dans
un échange miroitant avec un autre regard et porte toujours une charge à la fois noétique (analyse et jugement
de l’objet regardé) et passionnelle (participation à la nature de l’objet regardé). Regarder signifie, dans ce
dernier cas, se porter à la rencontre dans une disposition d’ouverture, une forme de réception du pathos de
l’« objet » et une transmission du pathos propre, du « sujet » regardant. Y-a-t-il alors un « regard premier »,
initiateur, un regard qui précède tous les autres regards ? Passons sur l’origine pour nous concentrer sur l’acte
dans son déploiement spéculaire. Le regard serait, autrement dit, à la recherche de l’expression unique, de la
singularité indicible en tant qu’elle est singularité (unicité), au-delà de la composition visuelle des traits d’un
visage, au-delà de ce que capterait une photographie ; et, par cette quête, le regard se désapproprie de lui-
même à mesure qu’il s’inscrit dans la recherche de l’individualité ou de l’unicité cachée derrière le masque
ou le voile de ce qui se voit : « derrière » la visibilité du visage, « derrière » le portrait, « derrière » la
représentation. Accroché au visible, il cherche obstinément ce qui dépasse la visibilité, ce qui est différence
au sein du même, autrement dit, ce qui, lui étant immanent, n’est pas de la même espèce que lui. L’œil serait
alors cet instrument dont l’objectif est de ramener vers l’ordre du visible, i.e. du vivant, la multiplicité
bigarrée des choses saisies comme existantes. Nous regardons pour voir/comprendre autre chose que ce qui
se voit, pour briser le cercle du mimétique et de la tautologie dans le visible, pour saisir au vol ce qui passe
par le visible, le traverse n’ayant pas d’autre lieu et d'autre moyen d’expression ni de contact. En d’autres
termes, le regard mène la recherche du vrai « autre » à l’intérieur de l’altérité, ou encore s’inscrit dans la
quête de la différence dans le monde du visible, et, en l’occurrence, cherche l’invisible comme différence, ou
encore le hors-champ de son expérience immédiate, c’est-à-dire ce qui se trouve en dehors de l’évidence
tautologique du visible. Le visuel, lui, peut demeurer dans le visible. C’est, d’ailleurs, son domaine par
excellence : la saisie des couleurs, par exemple, la vue de la multiplicité irréductible, désordonnée,
proliférante du monde, l’épanchement sans bornes de la vie dans la nature, l’animation foisonnante de la
matière qui nous enveloppe, nous protège, et nous met en même temps à distance, engendrant à terme, par
saturation, l’impossibilité de tout saisissement sensible. Mais le regard, celui qui cherche l’unicité, la
singularité de l’unité, l’expression propre d’un visage, ne peut qu’être aveuglé par le visible s’il s’y accroche,
tout en sachant que l’invisible, celui qui se tient « derrière » et est recherché par le regard, peut lui aussi le
tuer, lorsqu’il fascine et absorbe l’individu sensible, comme dans le croisement des regards avec la Gorgone
ou dans les différentes versions du mythe de Narcisse.

Intervenants :
- Lundi 17 novembre : Catherine Peschanski-Darbo : L'œil qui tue
- Lundi 19 janvier : Françoise Frontisi-Ducroux : Réflexivité-réciprocité : Narcisse selon Philostrate

Patrick VAUDAY

L'(a)politique de l'espace pictural (I) : Impressionnisme et Japonisme

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20h-22h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 8 oct, Mer 15 oct, Mer 12 nov : Amphi A
Mer 19 nov : Amphi B

Rappel sur l’hypothèse de ce séminaire : que l’espace pictural rend visible ce que l’espace public voue à
l’invisibilité. Le 19ème siècle en est le ban d’essai.
La mondialisation de l’art n’est pas d’aujourd’hui, elle commence dès l’aube du 19ème siècle, avec d’une
part la création des premiers musées, avec d’autre part la nouvelle sensibilité des artistes aux influences
extra-européennes (parmi d’autres, Delacroix et l’Afrique du Nord, les Impressionnistes et le Japon, Gauguin
et la Polynésie). C’est donc pratiquement en même temps que l’art fait monde à part dans l’espace muséal
pour y affirmer son autonomie et qu’il s’ouvre au monde avec la création d’espaces métissés.
On demande à la peinture, notamment française, de nous en apprendre davantage sur ce double mouvement
en croisant trois questions :
- dans quelle mesure la constitution d’un espace public et universel de l’art a-t-elle pu favoriser l’ouverture de
la sensibilité européenne à d’autres territoires esthétiques ?
- la création du musée étant de facto solidaire de l’instauration d’un marché mondial et des empires
coloniaux, on se demandera quel(s) sens l’exotisme pictural inscrit à l’envers du tableau colonial dont le
musée fait partie.
- quelle(s) reconfiguration(s) de l’espace pictural sont-elles induites par ce métissage ?
Après l’enquête sur l’espace orientaliste et sa désorientation/complication par la torsion de l’arabesque dans
l’œuvre de Delacroix (Femmes d’Alger dans leur appartement, 1834 et 1849), et celle sur l’aventure radicale
de l’aplat primitiviste et l’exotisme de la couleur pure chez Gauguin, nous poursuivrons par l’étude des
relations entre Impressionnisme et Japonisme. Au terme, nous confronterons ces trois cas de figure de la
peinture et ces trois postures de peintres, à bien des égards très différents, pour renseigner les trois questions
qui ont guidé le séminaire. Quel rôle a joué la rencontre des altérités et de la diversité dans les mutations de la
peinture française au 19ème siècle ? Il s’agira d’inventorier des stratagèmes d’artistes qui, à l’envers ou à
côté de la stratégie politique de conquête du territoire de l’autre, ont travaillé diversement à l’invention
d’autres formes de visibilité.

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Philosophie/Droit et économie

Armand HATCHUEL et Romain LAUFER

Anthropologie de la valeur (II) : approches de la technique et de l'échange

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Jeu 6 nov : Amphi A, 18h-20h
Jeu 20 nov : Amphi A, 18h30-20h30
Jeu 27 nov : Amphi B, 18h30-20h30
Jeu 4 déc : Amphi A, 18h-20h
Jeu 22 jan, Jeu 29 jan : Amphi B, 18h-20h

Séminaire organisé avec le concours du Groupe HEC et de l'École des Mines de Paris.

Après plusieurs années passées à confronter la philosophie au monde de l’entreprise et du management, qui
ont abouti d’une part à une interrogation sur « le libéralisme, l’innovation et la question des limites » et
d’autre part à la considération « du mode de production des énoncés techniques », il est apparu que
l’ensemble de ce parcours devait être repris du double point de vue de la valeur et de l’anthropologie. De la
question de la valeur parce qu’elle se présente comme l’enjeu central du développement des techniques, de
l’échange et de l’organisation, enjeu dont la définition exige que soient mobilisées de façon convenable les
catégories de la représentation, de l’action et de la justification. De la question de l’anthropologie parce que
tout se passe comme si, après deux siècles de développement économique et social sur le plan pratique et
deux siècles d’autonomisation et de spécialisation des sciences sociales sur le plan théorique, nous devions
nous confronter à nouveau au programme défini par Kant dans L’anthropologie du point de vue pragmatique
et à la question de savoir « ce que l’homme, comme être agissant par liberté, fait ou peut et doit faire de lui-
même », question dont l’actualité est marquée par le fait qu’il s’agit de considérer l’homme d’une part en tant
qu’il cherche à avoir l’usage du monde et d’autre part en tant qu’il peut être considéré comme citoyen du
monde.
Le séminaire se propose de prolonger les réflexions engagées sur ces questions en se tenant au plus près de
ces lieux (la technique, l’échange et l’organisation) où s’éprouvent ou s’élaborent les contraintes symboliques
et institutionnelles de l’action, chacun poursuivant une démarche de recherche propre et s’adressant à un
objet de recherche particulier.

Intervenants :
- Jeudi 6 novembre : Armand Hatchuel (C.G.S., École des Mines de Paris) : Valeur et action collective dans
les mondes de conception (2)
- Jeudi 20 novembre : Pierre Guillet de Monthoux (Université de Stockholm) : Valeurs esthétiques et
jugement organisationnel
- Jeudi 27 novembre : Jean-François Bordron (Université de Paris 3-Censier) : Valeur et Dualité (suite)
- Jeudi 4 décembre : Hélène Vérin (CNRS-Centre A. Koyré) : Calculer la valeur à l'époque moderne (II)
- Jeudi 22 janvier : Anne-Françoise Garçon (Université de Rennes II) : Du travail comme non-valeur
philosophique ? Les années 1740-1780 entre éthique corporative et pensée sociale

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- Jeudi 29 janvier : Romain Laufer (Groupe H.E.C.) : Anthropologie de la différence public/privé (suite) : la
question de la crise des valeurs, analyse comparative des cas de la France et des États-Unis

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Philosophie/Philosophie

Alain BADIOU

Images du temps présent (III) : qu'est-ce que vivre ?

20h-21h30
Amphithéâtre 44, Université Paris 7-Denis Diderot, 2 place Jussieu, 75005 Paris
Mer 22 oct, Mer 19 nov, Mer 17 déc, Mer 14 jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Séminaire organisé dans le cadre du DEA « Lieux et transformations de la philosophie », Université Paris 8.

La première année de ce cycle, nous avons déterminé la méthode : partir des emblèmes du temps présent (la
« démocratie », par exemple, mais aussi « les droits de l’homme », ou « le respect de l’autre »), remonter à la
puissance nue qui en détermine l’exercice, chercher les exceptions, découvrir enfin la faille où loger le
principe d’une pensée qui ne soit ni serve, ni vouée au semblant.
La deuxième année, nous avons examiné les effets de la comparution subjective devant le marché, de la
réduction universelle de toute consistance populaire, étatique, intellectuelle, à une plèbe informe, s’il le faut
par les moyens les plus violents (guerre d’Irak). Que l’essence du libéralisme soit la destruction, c’est ce que
tout démontre. Nous avons désigné, comme lieux hétérogènes, le quatuor de la démonstration, de la
contemplation, de la manifestation et de la passion. À partir de quoi nous avons pu fixer la tâche : construire
un présent, qu’il y ait à nouveau ce présent dont déjà Mallarmé disait qu’il faisait défaut.
La troisième année affronte la question philosophique classique de la vie véritable, les philosophes ayant pour
la plupart pensé, bien avant Rimbaud, qu’en tout cas la vraie vie est absente. « Vie » sera pris en un sens
opposé à celui que lui confèrent, sous l’horizon de Nietzsche ou de Bergson, et après Foucault, Deleuze ou
Agamben, les théoriciens de la « biopolitique ». On posera en effet que, pour l’animal humain, la vie
commence quand ce dont il s’occupe, ce à quoi il est fidèle, est indifférent au corps, indifférent à toute
« expression » de soi, et, plus fondamentalement, rature toute finitude. « Vivre » n’est en effet rien d’autre
que tracer dans une matière quelconque le signe de ce que l’infini est effectivement là, ou encore, comme
disait Hegel de l’Absolu : « auprès de nous ». La difficulté est de s’en apercevoir. « Vivre » est donc toujours
découvrir, en soi et dans le monde, le point intime de ce dont, en fait d’infini, nous sommes capables.

Oscar BRENIFIER

Peut-on parler de pratique philosophique ?

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Jeu 16 oct : Amphi B, 20h30-22h30
Jeu 13 nov, Jeu 11 déc, Jeu 15 jan : Amphi A, 20h-22h

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Le concept de pratique est en général étranger au philosophe occidental moderne. Il se considère comme un
pur théoricien, qui se cantonne à l’histoire des idées, à l’exégèse, et plus rarement à une réflexion générale
sur le monde et sur l’homme. De plus, si lui-même est engagé dans une pratique, elle ne constitue pas la
finalité de son travail, qui est d’enseigner ou de produire une œuvre ; elle présente un produit fini à ses
auditeurs ou à ses lecteurs, qu’il transforme souvent de fait en consommateurs. En cela, il oublie le geste
philosophique fondateur, celui de Socrate interrogeant ses concitoyens, ou celui du maître oriental qui offre
un aphorisme à ses disciples afin qu’ils méditent longuement sur le problème ainsi posé, bien que l’on puisse
aussi postuler que toute affirmation est une sorte d’interrogation, dans la mesure où elle interpelle.
Sur le plan d’une théorie de la pratique, nous partons de l’hypothèse que le concept même de pratique, en tant
qu’action sur une matière qui résiste, se fonde sur l’idée d’altérité. Or pour le philosophe, cette altérité prend
trois formes. Premièrement, le monde, qui se présente à notre esprit sous la forme de mythos ou de logos, qui
résiste à l’appréhension. Deuxièmement, l’interlocuteur, notre semblable auquel nous nous confrontons par le
discours et les actes. Troisièmement, l’unité, cohérence ou vérité de notre propre discours et de notre être, le
discours étant conçu ici comme activité constitutive de l’être.
Trois fonctions, ou compétences, seront convoquées à cet effet, en ce qui a trait au discours philosophique.
Identification : être conscient de ce que l’on dit et pense, des implications et conséquences. Problématisation :
saisir la pluralité des possibilités de lecture, de réponse et d’interprétation. Conceptualisation : produire, faire
émerger et clarifier les concepts forts ou antinomies structurant la pensée.
Nous souhaitons au cours de ce séminaire aborder quelques pratiques spécifiques émergentes dans le monde
occidental au cours de ces dernières années. Nous décrirons le fonctionnement et les enjeux de trois types de
pratiques : atelier d’enfants, atelier d’adultes, consultation individuelle.

Alain DAVID

(Re)lire Michel Henry

18h-20h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Ven 3 oct, Ven 10 oct
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Un an après sa mort, les colloques et les hommages consacrés à Michel Henry — deux sont organisés par le
CIPh — commencent à se multiplier, saluant une œuvre qui, du vivant de son auteur, est restée confinée dans
un cercle relativement étroit d’admirateurs, et n’a toujours pas pris la place qui est la sienne dans la
communauté philosophique. Les philosophes, il est vrai, s’ignorent souvent réciproquement, et les grands
penseurs de ces dernières années — Levinas, Deleuze, Derrida, par exemple — pour n’en mentionner que
quelques-uns, décisifs cependant quant à l’intention de ce séminaire — ne citent pratiquement jamais Michel
Henry (pas plus d’ailleurs que celui-ci ne les cite). Le séminaire se proposera d’engager une lecture à la fois
interne et externe de l’œuvre : interne en ce qu’elle placera l’accent sur les problèmes ouverts et explorés
depuis L’essence de la manifestation , externe en ce qu’elle s’attachera à mettre, à hauteur de ces problèmes,
l’œuvre de Henry en résonance avec ce qui est en jeu dans la modernité, avec les noms absents de l’œuvre et
qui travaillent cependant en elle. Lecture, donc, re-lecture, in abstentia, par défaut et par excès, relecture
creusée par la mort : mot lui aussi singulièrement absent, connotant l’absence même, des livres de Michel
Henry, dont on aurait sans doute pu dire, en mode spinoziste, qu’ils ne « pensent à rien moins qu’à la mort »,
dont on pourrait ajouter, par conséquent, que ce « rien moins que » constitue un enjeu de pensée. Il motivera
en tout état de cause le « re » de la relecture, le motif du séminaire, qui en ce sens, je le dis ici nettement, veut

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s’inscrire en faux contre toute tentation de philosophia perennis, contre la récupération spiritualiste de
l’œuvre.
Deux séances auront lieu au premier semestre, précédant le colloque de novembre consacré à Henry, et
présentant les problèmes. Les six séances du second semestre s’efforceront à la fois de tirer des
enseignements de ce colloque et de mener à bien le programme du séminaire.

Intervenant :
- Vendredi 10 octobre : Didier Franck

Natalie DEPRAZ

Atelier de lecture expérientielle (V) : les textes sur l'intersubjectivité (1905-1937)

d'Edmund Husserl

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Jeu 16 oct : Amphi A, 20h-22h
Jeu 27 nov : Amphi A, 20h30-22h30
Jeu 18 déc : Amphi B, 20h-22h
Jeu 29 jan : Amphi A, 20h-22h
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Peut-on vivre ce que vit autrui ? Comment fait-on pour se mettre à la place de l'autre ? Quel est le rôle joué
par le corps, la mémoire, l'imagination et l'histoire de l'individu dans une telle expérience ?
Husserl a consacré de nombreuses pages à décrire ce phénomène global, qu'il nomme du terme d'empathie.
Nous voudrions relire ces analyses sur un mode expérientiel, c'est-à-dire en les confrontant à des expériences
psychologiques et neurobiologiques contemporaines où l'imitation, le mimétisme, la reproduction jouent un
rôle déterminant. Dans quelle mesure ces deux niveaux de description peuvent-ils se contraindre
mutuellement pour donner lieu à une expérience intersubjective requalifiée ?

Intervenants :
- Jeudi 16 octobre : Natalie Depraz : Couplage, résonnance, mimisme, eros
- Jeudi 27 novembre : Jean-Hugues Barthélémy : Intersubjectivité et transindividualité : la question de la
philosophie première de Husserl à Simondon
- Jeudi 18 décembre : Diego Cosmelli (titre à préciser))
- Jeudi 29 janvier : Dan Zahavi : Conceptual problems in infantile autism research : why cognitive science
needs phenomenology

Corinne ENAUDEAU

L'animation de la pensée (II) : errer, enchaîner et inventer

18h-20h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

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Jeu 16 oct, Jeu 13 nov, Jeu 11 déc, Jeu 15 jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Nous voudrions, dans ce séminaire, continuer de réfléchir sur l'animation de la pensée, sur la manière dont
celle-ci procède pour se déplacer et s'inventer.
Le dispositif transcendantal prétendait assurer à la conscience un pouvoir d'anticipation sur toute chose qui
lui garantissait d'être seule responsable du sens et de ses redéfinitions. À l'inverse, les philosophies de la vie
ont immergé le sujet connaissant dans un mouvement impersonnel qui lui a ôté tout pouvoir fondationnel.
Cette alternative n'est-elle pas trop simple ?
Même si de multiples contraintes pèsent sur la pensée, n'a-t-elle pas le moyen de les reconnaître et de les
déplacer ? La question est de savoir si la pensée garde le pouvoir de franchir les limites qui l'enserrent, de se
réorienter et de parvenir ainsi à « penser autrement ». Il ne s'agit pas d'analyser le « génie » dans sa liberté
créatrice, mais de comprendre comment la création du sens peut garder en vue l'objectif de légitimité qui fait
le propre d'une pensée « juste ».
Entre le fil qu'elle doit rompre pour s'inventer et le fil qu'elle doit tisser pour prendre consistance, la pensée
travaille entre l'errance et le cheminement. Il lui faut trouver par quel enchaînement elle peut poursuivre et
justifier la voie neuve où elle s'engage.
C'est donc la nature de la « vie spéculative » que nous souhaitons interroger. Est-elle d'ailleurs proprement
une « vie » (vie de l'esprit, vie de l'âme, vie du corps), ou bien doit-on concevoir l'agir de l'esprit, son
« animation », selon d'autres métaphores ou schèmes ?

Intervenants :
- Jeudi 11 décembre : Jean-Michel Salanskis (CIPh, Université de Paris 10) : Naturaliser : le problème de
la conscience
- Jeudi 15 janvier : Patrice Loraux (Université de Paris 1) : Sautes de pensée

Philippe HAMOU

John Locke et l'accidentalité de l'esprit

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Mar 14 oct : Amphi B, 18h30-20h30
Mar 18 nov : Amphi A, 19h30-21h30
Mar 16 déc, Mar 20 jan : Amphi B, 18h30-20h30
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

En dépit du mépris incompréhensible (ou peut-être trop compréhensible) dans lequel on le tient encore
parfois en France, L'Essai sur l'Entendement humain de Locke est l'une des grandes œuvres phares de
l'histoire de la philosophie, qui a sa place légitime aux côtés de la Métaphysique d'Aristote ou de la Critique
de la Raison pure. Ce fut incontestablement la vulgate philosophique des Lumières censée donner en quelque
façon l'épistémologie positive, dégagée de querelles verbales de la métaphysique, de la science newtonienne.
La recherche sur les bornes de l'entendement qui y est entreprise fut souvent présentée (y compris par Kant
lui-même) comme comme l'une des premières approches authentiques de l'entreprise critique. Le « new way
of ideas », la méthode d'analyse empiriste des idées développée dans l'Essai, fut célébrée par Husserl comme
la première à avoir dégagé pour la philosophie cette « sphère d'immanence pure » qui sera le thème privilégié
de la phénoménologie. L'interprétation classique de l'Essai est encore aujourd'hui marquée par ces

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importantes lectures rétrospectives qui, au cours de ces trois cents années qui nous séparent exactement de la
mort de Locke (1704), ont fini par figer son image, lui assignant une place bien arrêtée et peut-être trop
limpide dans l'histoire de la philosophie. Dans ce séminaire, on voudrait proposer une lecture quelque peu
intempestive de la philosophie lockienne en contestant l'une des prémisses essentielles des interprètes actuels
et passés : la prémisse selon laquelle la règle d'abstention métaphysique déclarée par Locke dès le début de
son ouvrage est à prendre entièrement au pied de la lettre et impose à l'interprète de n'accorder aucune
importance aux quelques brefs passages qui ça et là dans l'essai donnent voix aux préférences métaphysiques
de son auteur. Il y a chez Locke au côté de la méthode « purement descriptive », et jouant parfois contre elle,
un véritable « art d'écrire » qui destine aux lecteurs avisés une prise de parti théorique sur la substance de
l'âme et la nature de l'esprit. Ces suggestions, en dépit de leur caractère cryptique et parcellaire, exercent à
notre avis sur l'ensemble du texte une force d'attraction irrésistible. En plusieurs endroits de l'Essai, Locke
suggère qu'il tient pour possible (et même, nous le montrerons, pour vraisemblable) que l'âme puisse être
matérielle et que la pensée n'en soit alors qu'un accident. Cette thèse anticartésienne, mais qu'on aurait tort de
tenir pour strictement matérialiste, éclaire d'un jour surprenant nombre de contenus conceptuels de l'Essai,
dont l'interprétation a posé et continue à poser des problèmes aigus : identité personnelle et intermittence de
la pensée; valeur de l'hypothèse corpusculaire pour l'identification de l'essence réelle de la matière, statut des
idées, des qualités, des pouvoirs, etc., autant de thèmes susceptibles d'une relecture saisissante sous l'éclairage
de la métaphysique occulte que l'Essai tout à la fois masque et révèle.

Frédérique ILDEFONSE

Moi : du pronom personnel au concept (IV)

17h-19h
Salle de réunion 1, Centre Culturel Irlandais, 5 rue des Irlandais, 75005 Paris
Jeu 13 nov, Lun 17 nov, Lun 24 nov
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Au sein du projet sur l’histoire de l’intériorité, on poursuivra tout d’abord le travail effectué sur Marc Aurèle
(Pensées pour moi-même) en cherchant à bien marquer la différence qui sépare la thématisation de la
personne, telle qu’elle apparaît dans des textes pourtant aussi éloignés que ceux d’Aristote et des
Grammairiens Grecs, de celle qui ressort de la manière dont Marc Aurèle réfléchit sur l’âme. On poursuivra
l’analyse de la notion de « démon », et on en marquera tant l’importance que les conséquences.
On essaiera parallèlement de réaliser une petite archéologie de la réflexivité. Traitant des tournures réfléchies,
dont on précisera le traitement grammatical, on repérera leurs champs d’application chez Platon, chez
Aristote. Chez ce dernier, on abordera particulièrement les problèmes de l’amitié avec soi-même, de
l’injustice à l’égard de soi-même, mais on essaiera aussi de réfléchir à ce que signifie pensée de la pensée,
noèsis noèséôs.
Ces deux lignes d’enquête devraient permettre d’évaluer la validité de la notion de « soi-même » pour notre
projet.

Servanne JOLLIVET et Christian SOMMER

Philosophie pratique et théologie de la croix dans Être et temps (1927) de Heidegger

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20h-22h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 20 nov, Jeu 4 déc : Amphi B
Jeu 8 jan : Amphi A
Jeu 22 jan : Amphi B
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Le séminaire s’articule autour d’Etre et temps (1927), ouvrage qui contient, sous une forme extrêmement
condensée, les recherches du jeune Heidegger (1921-1926). Pendant cette période, Heidegger opère une
minutieuse répétition herméneutico-phénoménologique de la philosophie dite pratique d’Aristote (éthique,
politique, rhétorique), cette réappropriation déconstructrice étant implicitement guidée par la théologie de la
croix de Luther. Les concepts fondamentaux de l’analytique existentiale procèdent d’une transmutation
ontologique de la conceptualité aristotélicienne et d’une « déthéologisation » de certains théologoumènes
luthériens et, plus largement, néo-testamentaires : Etre et temps est la traduction interprétative, guidée par un
regard husserlien et portée par un souffle kierkegaardien, de l’Ethique à Nicomaque et de la Physique
d’Aristote, et du Cours sur l’Epître aux Romains de Luther. Pour examiner cette opération de traduction
interprétative, et pour essayer de (re)traduire cette traduction, nous lirons certains textes et cours
contemporains de l’élaboration de Sein und Zeit, pour la plupart encore inédits en français. Au-delà du
repérage des influences cachées de Heidegger, le livre insolite qu’est Sein und Zeit appelle une méthode de
décryptage archéologique qui opère entre les lignes du texte pour tenter d’en faire parler les strates muettes.

Intervenants :
(la liste des intervenants sera communiquée lors de la première séance)

Jean LÉVÊQUE

L'invention de la mort

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Ven 3 oct : Amphi Stourdzé, 18h30-20h30
Ven 17 oct : Amphi A, 20h-22h
Ven 7 nov, Ven 21 nov, Ven 12 déc, Ven 9 jan : Amphi Stourdzé, 18h30-20h30
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

« L’invention de la mort » prend la suite de « L’impossible assignation » (séminaire du semestre 2002-2003).


Il s’agit de rechercher quelle est la signification du terme thanatos, tel qu’il se présente dans les écrits
philosophiques, poétiques, tragiques du corpus des textes grecs.
« Thanatos » ne peut être pensée comme une cessation d’être, comme le possible d’un impossible : le Poème
de Parménide enjoint avec force de ne pas s’engager dans la voie du « non-étant ». Comment la mort est-elle
alors pensée ? Comment interpréter les modifications de sens du terme « mort » dans la culture
philosophique ?

Trajet pour "L'invention de la mort" :


Les Eclipses de la conscience

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A. Les modalités d'un retrait
1. Le sommeil et la mort
2. Le repos et le silence
3. Les règles d'un passage
B. Les exigences d'un retour
4. La maladie et la crise
5. La santé et la fatigue
6. Les clauses de la défection

Intervenant :
- Vendredi 7 novembre : Jacques Gilbert

Paola MARRATI

Transformations du concept de vie dans la philosophie française contemporaine

18h-20h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 11 déc : Amphi B
Jeu 18 déc : Amphi Stourdzé
Jeu 8 jan, Jeu 15 jan : Amphi B
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

À quelques exceptions près, la philosophie française de l'après-guerre avait pris ses distances par rapport aux
philosophies de la vie, soupçonnées de reconduire, parfois malgré elles, un biologisme et un vitalisme dont
les conséquences philosophiques et politiques avaient été désastreuses. Il y a eu depuis un intérêt renouvelé
pour la « vie » et le « vivant » comme objets de la pensée. Deleuze a fait du concept de vie et d'immanence le
fil conducteur de son œuvre. Foucault — outre ses recherches sur l'histoire de la clinique et de la médecine —
a introduit le concept de bio-pouvoir. Derrida met de plus en plus au centre de sa pensée le statut du vivant et
de l'animalité. Il ne s'agit pas, bien entendu, d'une configuration homogène, et encore moins d'un « retour »
aux vitalismes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Ces auteurs proposent des élaborations bien
différentes de la notion de vie et le font à partir de traditions philosophiques que rien ne rapproche à première
vue. Mais ces nouvelles élaborations de la question de la vie ne se limitent pas à reproduire les clivages avec
lesquels on interprète d'ordinaire l'histoire de la philosophie française de ce siècle. Il serait inutile de lire
Foucault, Deleuze et Derrida à travers l'opposition courante entre des philosophies du sujet et du sens
(Bergson, la phénoménologie) d'une part et, d'autre part, des philosophies de la rationalité (le courant de
l'épistémologie française : Canguilhem, mais aussi Bachelard, Koyré, etc.). L'analyse des nouvelles
formulations du concept de vie et l'étude historique de ses filiations multiples permettent au contraire de
reconstituer dans la philosophie française, et dans son dialogue avec la philosophie allemande, un parcours où
des traditions d'orientations différentes se croisent et donnent lieu à des déplacements conceptuels importants.

Philippe MENGUE

Pensée, béance et démocratie

22
18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 20 oct, Lun 17 nov, Lun 15 déc
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Ce projet de séminaire a pour axe directeur, et objet lointain, de constituer une réflexion sur la pensée
philosophique elle-même dans ce qu’elle a d’actuel et de contemporain. Deux œuvres seront principalement
convoquées, qui ne se concilient pas d’emblée (et même s’affrontent) : celles de Deleuze et de Lacan. Loin de
procéder à un commentaire, chacune de ces œuvres est plutôt mise en position transversale par rapport à
notre propre discours qui s’en sert à la fois comme appui théorique et comme ligne d’orientation.
La philosophie, dans sa situation contemporaine, ne se détermine pas autrement que comme une
confrontation de la pensée au chaos de l’être. Tous, ou presque, aujourd’hui, le disent (Deleuze, Lacan).
Mais encore faut-il comprendre les sens multiples et divergents de cette formule, et les différends auxquels
elle donne philosophiquement lieu. Nous nous proposons de déplier le sens ontologique, le sens
philosophique et le sens politique de cette formule.
La perspective qui en sera ouverte concerne la pensée du désir comme éthique. Elle servira à régler ce qu’on
peut attendre politiquement de notre condition plurielle d’être parlant, une fois évacué le fantasme de
l’Histoire du sens et assumé le « réel » de la brisure du monde en domaines de rationalités irréductibles.

Intervenant :
- Lundi 15 décembre : Serge Cottet (psychanalyste, professeur à l'Université de Paris 8, département de
psychanalyse) : Le rapport de Lacan à la philosophie

Sergio PÉREZ-CORTÉS

La voix et la mémoire devant la page

18h-20h
Universidad Autónoma Metropolitana, Salón de los Vitrales, Calle Pedro Antonio de los Santos 81,
San Miguel Chapultepec, 04300 Mexico D.F. (Mexique)
Mer 15 oct, Mer 19 nov, Mer 21 jan

Pendant très longtemps, la voix et la page n'ont pas été antagoniques. Plutôt, elles ont collaboré à la
transmission du savoir collectif. C'est bien simple, mais il vaut la peine de le rappeller parce que nos
habitudes intellectuelles tendent à le cacher. En fait, telle était la situation dans l'antiquité puisque la voix et la
page se disputaient le prestige et la légitimité. Nous avons demandé aux intervenants de la prochaine série de
séances de s'interroger pour savoir si, dans la culture textuelle qui est la nôtre, on peut trouver quelque chose
qui ressemble à cette lointaine collaboration.

Intervenants : Evodio Escalante, Ramón Alvarado, Raúl Dorra

François-David SEBBAH

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Atelier de lecture de textes philosophiques (VIII)

10h30-12h30
Salle K230, département T.S.H., Centre Pierre Guillaumat, Université de technologie de Compiègne,
rue Albert Schweitzer, 60200 Compiègne
Ven 3 oct, Ven 7 nov, Ven 19 déc, Ven 16 jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Atelier de lecture organisé avec l'Université de technologie de Compiègne

Inscrit au sein d'une université scientifique et technique, cet atelier se propose de favoriser la démarche et
l'interrogation philosophiques parmi des « non-professionnels » de la philosophie. À ce titre, il voudrait
permettre une circulation entre le savoir philosophique et les savoirs positifs pratiqués dans une université
formant des ingénieurs, et ce, en direction de tous ceux (« philosophes » ou non, ingénieurs ou non...) qui
sont intéressés par une démarche dont la fin, pour ne pas être l'érudition, n'en est pas moins un
éclaircissement rigoureux de questions fondamentales nous concernant tous.
Parce que la phénoménologie est une tradition philosophique qui a pu tout à la fois désigner les limites des
sciences modernes et être une source d'inspiration pour certaines d'entre elles (cf. aujourd'hui le rapport
complexe noué entre sciences cognitives et phénoménologie), elle nous paraît constituer un terrain privilégié
pour initier la réflexion. Nous proposons de continuer le travail des semestres précédents inauguré par la
lecture suivie de la Phénoménologie de la perception de Maurice Merleau-Ponty. Il se poursuit par une mise
en perspective des analyses merleau-pontiennes de l'Espace à partir de la lecture d'autres textes de la tradition
phénoménologique concernant l'Espace. Puisant soit parmi des œuvres ayant inspiré le geste merleau-pontien
(Husserl, Heidegger, Strauss...), soit parmi des œuvres qui l'ont continué (Maldiney), ou bien encore parmi
des œuvres de la tradition phénoménologique développant des perspectives différentes (Henry, Desanti... ),
on continue de proposer la lecture de textes portant plus particulièrement sur au moins deux des trois notions
connexes suivantes : « perception », « action », « espace ».
Ce semestre nous nous pencherons plus particulièrement sur des textes problématisant la question du tangible
et de l'intangible.

François-David SEBBAH

L'épreuve de soi : approches plurielles (III)

Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Jeu 9 oct : 18h-20h
Jeu 27 nov : 18h30-20h30
Jeu 18 déc : 19h-21h
Jeu 8 jan : 18h-20h
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

L’expérience de se « sentir être soi » semble posséder un certain type d’évidence qui résiste aux multiples
critiques qu’on peut adresser aux notions de sujet, de subjectivité, de conscience. Cette épreuve de soi peut

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être à l’œuvre de manière exemplaire dans l’art, la littérature, la foi, la philosophie elle-même. D’un autre
côté, diverses pratiques, divers discours tentent de l’élucider : la philosophie à nouveau, la science sous
plusieurs visages (la psychologie, les sciences cognitives aujourd’hui ; la liste n’est pas close).
Quelle est la signification de cette expérience singulière ? Quel est son statut ? Comment la décrire ? Telles
seront les questions posées par ce séminaire. C’est en traversant quelques « témoignages » de cette
expérience, tout aussi bien que quelques tentatives de la capturer dans un savoir, qu’on essayera de décrire le
plus rigoureusement possible le type d’apparaître qui est le sien, et son rôle dans le processus même
d’apparition de tout ce qui apparaît. La démarche sera donc d’inspiration phénoménologique.
Ce semestre nous nous intéresserons plus particulièrement aux rapports noués entre la problématique du
témoignage et/ou de l'attestation et la problématique de la subjectivité.

Intervenants :
- Jeudi 27 novembre : Paul Audi (Paris) : L'excédence de la subjectivité (sur Nietzsche)
- Jeudi 8 janvier : Catherine Chalier (Université de Paris 10) : Subjectivité et témoignage

Christian TROTTMANN

Philosophie première au Moyen Age et à la Renaissance.

Déconstructions de l'onto-théologie

18h-20h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 15 oct, Mer 12 nov, Mer 10 déc, Mer 28 jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Séminaire organisé dans le cadre de la convention avec l'École Française de Rome, en lien avec le Centre
d'Études Supérieures de la Renaissance de Tours.

Nos travaux de séminaire des années précédentes ont fait apparaître que la période médiévale et renaissante
constitue un moment clé de la transformation de la philosophie aboutissant à la crise contemporaine de la
métaphysique. Pourtant l’image onto-théologique de la pensée de cette période semble aujourd’hui surfaite.
Qu’est-ce qui spécifie la philosophie d’un Boèce, dernier des romains et premier des médiévaux ? N’est-ce
pas une intuition de l’éternité qui prend d’emblée acte de la différence ontologique ? Le dépassement de
l'ontologie va plus loin encore dans le cas de Jean Scot Erigène. Pour lui, la différence ne se résorbe pas en
une distance, fût-elle infinie. Même la preuve dite ontologique d’Anselme semble plutôt partir de la notion de
Bien dans sa première formulation du Monologion. Nicolas de Cues n’en propose-t-il pas une lecture
alternative qui dépasse dès le début de la Docte ignorance toute réduction du maximum à un concept d’être ?
De plus, nous avons vu l'an passé que la pensée médiévale est loin d’oublier la dimension pratique de la
philosophie. Bernard de Clairvaux ne nous donne-t-il pas un exemple d’une telle philosophie existentielle
indissociablement spéculative et pratique ? Pour Bonaventure encore, la vraie philosophie qui est celle du
théologien n’a-t-elle pas une finalité avant tout pratique ? Face à une métaphysique consistant d'abord en une
protologie, le geste instaurateur de l’ontologie n’est-il pas en fait l’affirmation par Duns Scot de l’univocité
de l’être ? Reste à examiner dans quelle mesure ce geste a été suivi. Une Renaissance, soucieuse de
réconcilier métaphysique de l'un et de l'être et donnant à la magie une valeur parfois mal comprise, y
recherchera la possibilité d'articuler connaissance de la nature et action sur ou à partir d'elle.

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Intervenants :
- Mercredi 15 octobre : « Boèce : intuition de l'éternité et conscience de la distance ontologique » :
lecture de textes tirés de la Consolation et du De hebdomadibus
- Mercredi 12 novembre : Emmanuel Falque (Institut catholique de Paris) : Autrement qu'être ou au-delà
de l'essence chez Jean Scot Erigène
- Mercredi 10 décembre : Preuve ontologique ou découverte agatho-sophique du Maximum chez Anselme
de Cantorbéry et Nicolas de Cues ?
- Mercredi 28 janvier : Jean Leclercq (Université de Louvain-la-Neuve) : Vivre entre deux mondes :
le paradigme action-contemplation chez Bernard de Clairvaux

François ZOURABICHVILI

Dehors et dedans. Sur quelques lignes de fracture dans la pensée contemporaine

18h30-20h30
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 18 nov, Mar 25 nov, Mar 2 déc, Mar 16 déc

Séminaire organisé avec le Centre International d'Étude de la Philosophie Française Contemporaine


(CIEPFC), sis à l'ENS de la rue d'Ulm.

L’objet de ce séminaire est d’aborder le champ philosophique contemporain tel qu’il se présente : fracturé,
cloisonné, distribué en une pluralité irréductible de démarches ou de styles incompatibles qui ne se
reconnaissent pas mutuellement mais qui prétendent tous également au nom de philosophie. Deux approches
seront d’emblée récusées : le catalogage descriptif des courants, rendant visite à chaque enclos
(phénoménologie, philosophie analytique, herméneutique, Deleuze, déconstruction, etc.) ; la synthèse
consensuelle, déguisement favori du sectarisme. En d’autres termes, l’enquête ne pourra se prévaloir d’une
position hors-champ, et devra pourtant disposer d’un analyseur apte à différencier les courants, à les saisir au
point de leur divergence, à faire entendre en somme les dissonances internes de la philosophie.
L’analyseur que nous proposons est le couple du dehors et du dedans, comme matrice différenciable du geste
philosophique contemporain. Que l’usage métaphysique de ce couple ait pu faire l’objet d’une critique,
notamment dans le sillage de Wittgenstein, ne doit pas être négligé, mais ne doit pas non plus nous leurrer : il
s’agit moins d’une exclusion que d’un changement de régime. Sur tous les registres, a retenti au XXe siècle la
nouvelle qu’on ne sort plus — de la conscience, du langage, du monde ou de l’histoire. Mais loin de
supprimer la question du dehors, le geste consiste chaque fois à la porter à son point le plus aigu (Husserl et
la transcendance dans l’immanence, Wittgenstein et le « montrer », Foucault et les ruptures d’épistémé, etc.).
Notre hypothèse est que chaque grand geste philosophique contemporain, chaque manière de « s’orienter
dans la pensée » détermine un régime singulier d’imbrication du dehors et du dedans, et que nous pouvons
tenter de ce point de vue une typologie différentielle des grands modes de penser de notre temps, au-delà du
généralisme des comparaisons thématiques et du hiatus des incompatibilités discursives.
Les quatre séances que nous proposons ce semestre s’attacheront plus particulièrement à tracer la ligne de
fracture qui traverse aujourd’hui la pensée de l’événement, entre les approches phénoménologiques et post-
phénoménologiques et les approches en rupture avec la phénoménologie (question de l’un et du multiple).
Une série ultérieure enquêtera sur la ligne de fracture qui sépare le structuralisme des pensées qui n’ont fait
que le traverser (débat entre l’immanence pure et la transcendance vide). Une autre série encore cherchera
dans la question de la traduction une zone de non-dialogue entre philosophie « analytique » et philosophie
française contemporaine.

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Philosophie/Politique

Gérard BRAS, Claude MALON et Yves VARGAS

Figures et concepts du peuple (II)

18h-20h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 18 nov : Amphi B
Mar 2 déc, Mar 16 déc, Mar 6 jan, Mar 13 jan, Mar 20 jan, Mar 27 jan : Amphi A

La politique se ramène-t-elle à l'art d'organiser les relations sociales, à l'art de tisser du lien social ? À l'art
d'exercer le pouvoir, selon les règles du droit ? À l'art de prendre le pouvoir, en faisant fond sur les possibles
d'une situation et/ou les lois de l'histoire ? Comment nommer alors le surgissement d'une masse ouvrant un
conflit qu'aucune des institutions établies n'est en mesure de régler ? Comment nommer cette masse ? La
foule ? Le peuple ? La multitude ? La populace ? Le prolétariat ? La plèbe ? Le vulgaire ? Les ouvriers ? Les
immigrés ? Les hooligans ? La banlieue ? Autant de noms, qui ne sont pas interchangeables, exprimant
chacun à sa façon une conjoncture, pour signaler une difficulté. C'est la raison pour laquelle « peuple » est un
point aveugle de la philosophie politique classique : bien souvent non questionné, alors même que le
philosophe qui semble avoir affaire à plusieurs peuples, ou plusieurs états du peuple, use de plusieurs noms,
afin de décider si et comment il peut accéder à la dignité politique. En même temps, la partie du peuple
« indigne » de la politique ne cesse de faire retour, troublant, ou menaçant à ses marges, l'édifice rationnel,
donc censément stable voire éternel, laborieusement construit. Parler de figures du peuple, c'est interroger la
pensée du peuple telle qu'elle est à l'œuvre dans les discours tenus au nom du peuple, ou bien adressés au
peuple, ou bien qui se donnent quelque chose nommé « peuple » comme horizon de leur intervention. Il s'agit
donc de prendre ces discours, dans leur complexité et leur multiplicité, comme objet pour philosopher, et
d'interroger les sens qui s'énoncent à travers eux, le rapport qu'ils entretiennent à un réel qui les détermine et
qu'ils contribuent à constituer.
Chacun des auteurs convoqués à nos séances sera soumis aux questions suivantes :
1. Quels sont les noms du peuple dans le texte examiné ? Comment ces différents noms s’articulent-ils entre
eux ?
2. Comment le peuple est-il constitué, ou comment se constitue-t-il ?
3. Quelles sont les limites du peuple, c’est-à-dire qui fait partie et qui est exclu du peuple ?
4. Quelles relations le peuple entretient-il avec ce qui n’est pas lui (soit les autres groupes présents dans la
société, soit l’État) ?
5. Le peuple est-il un, ou traversé de contradictions ?
6. Le peuple est-il capable d’une pensée autonome ?

Intervenants :
- Mardi 18 novembre : Pierre Yves Quiviger : Représentation et représentativité du peuple chez Sieyès
- Mardi 2 décembre : François Noudelmann : Division et incarnation de la violence commune chez Sartre
- Mardi 16 décembre : Jean-Godefroy Bidima : La notion de peuple chez quelques penseurs politiques
africains du XXe siècle
- Mardi 6 janvier : Daniel Dauvois : Céline et le peuple

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- Mardi 13 janvier : Bachir Souleymane Diagne : Le Démos des démocratisations africaines
- Mardi 20 janvier : Sidi Mohammed Barkat : Le 13 mai 1958 : la confusion des peuples
- Mardi 27 janvier : Juliette Grange : Nation et nationalisme à partir du « Peuple » de Michelet

Emilio DE IPOLA, Francisco NAISHTAT et Gabriel Andrés


NARDACCHIONE

Action, événement et histoire : perspectives philosophiques et éthico-politiques

18h-20h
Université de Buenos Aires, Faculté des Sciences Sociales, Marcelo T. de Alvear 2230, Buenos Aires
(Argentine)
Mar 7 oct, Mar 14 oct, Mar 21 oct, Mar 28 oct

Séminaire organisé en collaboration avec la Chaire UNESCO de philosophie (Nudler-Naishtat) et le Groupe


UBACyT S078 (Buenos Aires-UBA)

L’étude philosophique de l’action doit son importance à des considérations de différents niveaux : d’une part,
elle concerne les dimensions cognitives dont font partie la distinction entre l’action et le mouvement corporel
ou celle existant entre l’action et l’événement empirique aussi bien que son rapport à la causalité, au monde
et à la temporalité. Les catégories d’agent, d’imputation, de motif et d’intention aussi bien que celles de
résultat, de conséquence, d’incertitude et de risque sont au cœur de ce premier niveau, autant que leurs
corrélats épistémologiques dont la description, la compréhension et l’explication des actions. Suivant Paul
Ricœur, on peut dire qu’ici on reste encore au niveau de la pragmatique. Ce qui n’y apparaît pas encore, c’est
le « qui » de l’action au sens de la dialectique de l’identité-ipséité. C’est seulement dans le passage à cette
dialectique que la philosophie de l’action comprendra des questions d’ordre éthique et normatif concernant la
tension entre les motifs et les conséquences et les problèmes corrélatifs de responsabilité et du rapport de
l’agir à l’autre. Cependant le cadre de référence demeure encore généralement ici l’action individuelle. On
élargira donc notre point de mire pour viser l’action collective. Le concept d’un « nous » et le type
d’intentionnalité qui y est sous-tendu, la structure de la coopération et du partage d’intentionnalité sont ici des
enjeux conceptuels privilégiés. On y rencontre aussi les problèmes d’explication, de description et de
compréhension des actions de même qu’une dialectique de l’identité-ipseité élargie au cadre des actions
collectives et de l’espace public. On découvre ainsi que la nature de l’action collective ne peut être
entièrement comprise du seul point de vue du « nous » car elle mobilise à son tour une visée du public par le
biais de la montée en généralité. Quelles sont les conditions de l’action collective dans le cadre de la crise des
philosophies du sujet ? Si les protestations dans les arènes publiques ouvrent l’action à l’histoire et à la
politique, on se gardera bien de reproduire sans problématiser l’idée de sujet collectif, historique ou politique.
Il s’agit plutôt d’interroger la dimension du sujet postmétaphysique suivant cet itinéraire menant de la
philosophie de l’action à une philosophie politique de l’action collective ouvrant la voie à l’histoire et à la
théorie de la démocratie.

Intervenants :
Professeurs Étienne Balibar, Patrice Vermeren, Susana Villavicencio, Sebastián Pereyra, Germán Pérez.

Victor KAPLOUN
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Qu'est-ce que les Lumières ? (le cas de la Russie)

20h-22h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 18 nov : Amphi B
Mar 25 nov : Amphi A
Mar 2 déc, Mar 9 déc : Amphi B

Au cours de notre séminaire, nous nous proposons d’analyser les formes de problématisation morale et les
pratiques de constitution de soi en tant que sujet éthique de ses propres actions (pour reprendre les termes de
M. Foucault) qui ont été élaborées et développées dans certains milieux de la société russe vers la fin du
XVIIIe le premier tiers du XIXe siècle (période dite de l’Age d’or de la culture russe). Il s’agit tout d’abord
de décrire des principes et des pratiques ayant pour modèles les formes du rapport de l’individu à lui-même,
aux autres et à la cité élaborées par la pensée antique (grecque et romaine). La pensée morale et politique
russe de cette époque avait largement recours à de tels modèles. En même temps, elle n’était pas indifférente
au problème plus général formulé par la pensée française de l’époque, celui « de la liberté des Anciens
comparée à celle des Modernes » qui lui servait souvent de cadre conceptuel et de point de départ dans le
débat portant sur les problèmes du bien public et de la liberté individuelle.
Nous nous proposons de montrer que, dans les milieux en question, les modèles antiques déterminaient en
grande partie non seulement la perception par les individus de la « chose commune » (res publica), mais
aussi le caractère de l’éducation de la jeunesse et les formes de la problématisation morale et du rapport à soi.
En adoptant des approches méthodologiques élaborées par M. Foucault (pour l’analyse des types du sujet
éthique) et par H. Arendt (pour l’analyse du caractère de la sphère publique), nous essaierons de montrer que
pour cette culture l’influence des modèles antiques ne se limite pas à la « politique » au sens technique du
mot ; c’est également en dialogue avec les Anciens que sont élaborés à cette époque des formes de
problématisation morale et des comportements individuels fixant les paradigmes de la « vie de poète », « vie
de philosophe », « vie d’intellectuel », et d’autres concepts avec lesquels les individus se comprennent eux-
mêmes et pensent leur place et leur fonction dans l’espace public ou privé. Ces paradigmes deviendront des
repères existentiels importants pour la pensée russe du XXe siècle.

Pierre PASQUINI

La nationalité dans l'histoire de la nation

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Ven 17 oct, Ven 14 nov : Amphi B, 18h-20h
Ven 5 déc : Amphi A, 19h30-21h30
Ven 9 jan : Amphi B, 18h-20h

Si on pense comme Herder que la nation est un groupe humain possédant la même langue et les mêmes
traditions, la pluralité des nations ne rend pas les échanges souhaitables bien que, selon lui, tous leurs
membres appartiennent à une humanité commune. Les nations qui ont su garder leur authenticité sont les
moins mélangées et les autres, envahies ou colonisées, sont les plus malheureuses. Et pourtant, remarque-t-il,

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l’Europe, qui résulte d’un mélange constant, est porteuse des espoirs de l’humanité. Le séminaire tenu
l’année dernière a repris les étapes d’une telle construction de l’idée de nation et les difficultés auxquelles
elle se heurte quand elle essaie de concilier leur nature et leur histoire, leur pluralité et leur authenticité. La
conséquence majeure en est un refus du politique sur lequel s’appuient les prophètes nationaux. Le « principe
des nationalités » découle de cette conception.
La nation entre dans le politique quand on la fonde sur un peuple souverain acteur de son histoire plutôt que
sur une « nature » spécifique. Cela remet en cause la nationalité conçue comme « principe » et fait de la
conscience nationale un objectif plus qu’une reconnaissance. Cette conception se manifeste chez les
historiens du XIXe siècle pour lesquels l’histoire est un récit et un acte politique nouveau. « Je sens en moi la
conviction profonde que nous n’avons point encore d’histoire de France », écrit Augustin Thierry en 1820.
Le séminaire se propose d’analyser le travail de l’histoire sur l’idée de nationalité. Les conflits qu’il provoque
ne peuvent être réduits à des rivalités nationales. Ils montrent les difficultés du passage de la légende à
l’histoire car ce passage est également une transformation de l’idée de nationalité, transformation contre
laquelle le nationalisme se constitue en construisant une identité qui éloigne à nouveau du politique. On
tentera donc, en liant l’étude des textes à celle des situations historiques, de voir comment, et avec quelles
conséquences, l’histoire introduit le politique au sein de la nation.

Intervenant :
- Vendredi 14 novembre : Jacques Guilhaumou (directeur de recherche au CNRS) : La figure de l'individu-
nation chez Sieyès

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Philosophie/Psychanalyse

Caroline GROS-AZORIN

Retour sur la question du féminin et du masculin

18h-20h
Salle Jean XXIII, USIC, 18 rue de Varenne, 75007 Paris
Ven 17 oct, Ven 14 nov, Ven 5 déc, Ven 16 jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Dans ce séminaire, conçu comme le second volet de notre questionnement portant sur la différenciation
sexuelle, nous nous interrogeons sur les conséquences de la thèse psychanalytique qui affirme l’existence
d’une bisexualité psychique primordiale. L’être humain, loin d’être marqué par le primat d’une unisexualité
orientant unilatéralement le devenir homme ou femme, est d’emblée confronté à la double inscription du
féminin et du masculin dans laquelle se repère la question de la sexuation. En d’autres termes, être sexué
implique de prendre part à cette polarité. L’anatomie, si elle est bien le destin, ne règle pas la question de la
rencontre avec le sexuel ni le problème de la jouissance.
Pourtant, dans le registre du genre, le masculin occupe une place à part, une place discriminante. Il est le plus
petit dénominateur commun autour duquel s’organise la sexualité de l’homme et de la femme. Cela a pour
conséquence que la structuration du féminin en passe nécessairement par une détermination phallique à
laquelle elle reste bien souvent prise au piège. En ce sens, l’enjeu de la cure est celui d’une libération du
féminin en tant que détermination seconde par rapport au masculin. Seconde ne veut pas dire ici mineure.
Elle suppose, au contraire, que s’opèrent un écart et un détachement majeurs. La féminité ne peut-elle être
alors comprise comme le plus libre des destins en ce qu’elle implique pour les deux sexes de se déprendre
d’une référenciation exclusive au phallocentrisme ? C’est avec Freud et Lacan que nous repérerons les
moments féconds de cette disparité du féminin et du masculin.

Marjolaine HATZFELD

Imago et identification : un imaginaire inédit

20h-22h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Jeu 9 oct, Jeu 13 nov, Jeu 11 déc, Jeu 8 jan, Jeu 29 jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

L'imaginaire que Lacan introduit dans le jeu des concepts analytiques entre le symbolique et le réel ne date
pas, pour ce qui est de sa substance, de la conférence de juillet 1953 qui ouvre son « retour à Freud », Le
Symbolique, l'Imaginaire et le Réel, où le terme, comme adjectif substantivé, apparaît en son sens proprement

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lacanien. C'est ce sens que nous chercherons à dégager dans les premières avancées de Lacan (1932/1949).
Est qualifiable d'imaginaire non pas ce qui relève de l'imagination au sens traditionnel, pas non plus ce qui
relève du Phantasieren freudien, mais tout ce qu'on peut rassembler comme effets de l'imago. Imago, en tant
que ce terme nomme, pour la psychologie, les pouvoirs de la Gestalt. Dans ce concept issu des débats de la
fin du XIXe siècle (crise de l'associationnisme qui fut le contexte théorique où s'inscrit la démarche
freudienne), Lacan a cru trouver ce qui pourrait rendre compte de ce phénomène par excellence de la réalité
psychique, découvert par Freud : l'identification. L'imago était l'objet enfin cerné de la nouvelle psychologie,
au principe de la causalité psychique.
Articulant ensemble le Gestalt générique de l'éthologie, la « situation indivise » d'Henri Wallon, l'efficacité
symbolique de Lévi-Strauss et quelques autres ingrédients : la prématuration neurologique, fond de détresse
qui sous-tend toute jubilation identificatoire, et la dialectique hégélienne du maître et de l'esclave — Lacan
produit une nouvelle définition du moi et du narcissisme dans une identification spéculaire, ce « piège du
destin » où l'être du sujet se prend « au leurre de l'espace ». Paradoxe d'une prise de conscience d'un
sentiment de soi qui s'éprouve dans l'image de l'autre, avec ses conséquences : idéalisation, discordance
interne, agressivité. Une certaine clinique de la folie s'ensuit, issue de cette structure de méconnaissance à
quoi se réduit le moi.
Le haut style du moraliste résonne à côté de celui du psychanalyste qui cherche à fonder la situation
analytique, contestant âprement l'Egopsychology qui croit pouvoir tabler, dans le jeu de forces de la cure,
avec une « partie saine du moi » en prise avec la « réalité ». C'est d'une réévaluation de ces deux termes qu'il
s'agit dès ce premier pas.

Marie-Claude LAMBOTTE

Comment le processus mélancolique introduit à une visée intentionnelle esthétique

(II)

20h30-22h30
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 14 oct, Mar 18 nov, Mar 16 déc, Mar 20 jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Nous avons, en l’année 2002-2003, insisté sur les caractéristiques de la logique du discours mélancolique
avec, à l’appui, le recours au modèle de la logique spécieuse des Mégariques, ainsi que sur le type spécifique
de rapport qu’entretient le sujet mélancolique avec la réalité, réalité dont il ne dénie pas l’existence, mais
dont il dénie les possibilités d’investissement. Ce type de rapport à la réalité révèle une figure particulière de
la castration que j’ai désignée par l’expression « déni d’intention » ; elle exprime une réalité quotidienne
désaffectivée dont l’extrême banalité recouvre une référence absolue qui se dissimulerait derrière elle (la
Vérité, le Sens). Et la quête nostalgique de cette référence alimente le deuil perpétuel du sujet mélancolique
— la question de la mélancolie au XVIIe siècle en fournit un exemple — comme le témoignage de
l’existence d’une perte originelle à propos de laquelle Lacan évoque la surprenante hypothèse du « suicide de
l’objet ».
Nous aborderons alors, en l’année 2003-2004, un mode d’élaboration spécifique du sujet mélancolique relatif
à cette quête mortifère de l’absolu, autrement dit relatif à l’approche trop radicale de la vérité qui, selon
Freud, rend malade. Il s’agit, pour le sujet mélancolique, d’un investissement porté sur une activité de
composition, d’arrangement de l’environnement grâce à laquelle il parvient à mettre en valeur des objets
dignes d’attirer le regard, en d’autres termes des « objets de contemplation ». Et ceux-ci semblent alors

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acquérir cette fonction d’écran auparavant dévolue à la réalité quotidienne qui pourra ainsi regagner son relief
et son intérêt.
Décrire ce processus qui met largement en jeu les déterminants de la perception dans un type de visée
intentionnelle a priori esthétique, et cela au croisement de la clinique et de la philosophie, plus
particulièrement de la phénoménologie, constituera notre première tâche ; la seconde consistera à s’interroger
sur la pertinence de la mélancolie comme modèle générique susceptible de rendre compte des figures
contemporaines d’effacement de l’œuvre et de leur récupération sous la forme de traces diverses, et cela
notamment dans l’art contemporain.
Nos références bibliographiques principales, outre celles que nous déplacerons hors du seul champ de la
mélancolie en fonction des spécialités des intervenants, feront appel à la psychanalyse (Freud, Lacan), au
courant de l’« esthétique psychologique » allemande (T. Lipps, T. Worringer), à la phénoménologie (Husserl,
Merleau-Ponty, Heidegger) et à l’esthétique contemporaine (N. Goodman, A. Danto).

Intervenants : (la liste des intervenants et les dates de leur intervention seront précisées lors de la première
séance).

Vladimir SAFATLE

D'un rire qui ne réconcilie pas :

réflexions sur le cynisme, l'ironie et la perversion

20h-22h
Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Lun 5 jan, Lun 12 jan, Lun 19 jan, Lun 26 jan, Ven 30 jan

Le motif de la puissance réconciliatrice du rire apparaît avec des philosophes de traditions aussi éloignées les
unes des autres que Diderot, Schlegel, Nietzsche, Bergson, Deleuze et Kojève. Ils ont tous donné au rire et à
l’ironie le pouvoir d’effacer les blessures de l’esprit sans laisser de cicatrices. Quelque chose de ce pouvoir
thérapeutique n’a pas échappé à Freud et à Lacan. Surtout en ce qui concerne la clinique lacanienne, il y a un
rire à la fin de l’analyse. Mais, pour que ce rire réconciliateur soit possible, il est urgent de savoir le
distinguer d’un autre rire, celui qui marque l’espace propre au phénomène contemporain du cynisme. Il s’agit
donc d’appréhender la spécificité du rire cynique contemporain afin de comprendre les défis qu’une
économie cynique de discours pose à la clinique analytique. Le rapprochement entre cynisme et perversion
sera exploré, ainsi que des incidences du cynisme dans la rationalité de certaines expériences de l’esthétique
contemporaine (Jeff Koons).

Intervenant :
- Lundi 19 janvier : Monique David-Ménard (Université de Paris 7) : Deleuze, le masochisme et la négativité

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Philosophie/Sciences

Natalie DEPRAZ et Frédéric MAURIAC

Exploration de l'expérience et pratique de la description phénoménologique (VI) :

la résonnance comme pratique

Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Jeu 9 oct : 20h-22h
Jeu 20 nov : 20h30-22h30
Jeu 4 déc, Jeu 22 jan : 20h-22h
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Séminaire organisé avec le Service ERIC, Hôpital Charcot à Plaisir (78)

Ayant jusqu'alors fait droit à la relation entre expérience et description à partir d'expériences individuelles
(attention, émotion, mémoire), il s'agira, dans le cadre de ce sixième et dernier séminaire, d'explorer la
dimension originairement intersubjective, c'est-à-dire tout à la fois personnelle et communautaire, de ces
expériences et de leurs compte rendus descriptifs.
On voudrait ainsi interroger la pertinence d'une expérience dite individuelle et remettre en question le statut
d'une description isolée de cette expérience. Mais il ne s'agira pas seulement de formuler l'exigence de la
présence d'autrui et des autres au sein de chaque expérience et description individuelles : on voudrait mettre
en œuvre et à l'épreuve une telle exigence, en montrant comment elle se trouve incarnée, de façon concrète et
pratique, dans des situations et des contextes de travail dont on trouve des illustrations et des répondants sur
des plans tout à la fois professionnels, psychologiques, psychiatriques et thérapeutiques, mais aussi
quotidiens.
Pour ce faire, l'expérience de l'empathie paraît centrale. Cependant, il s'agira de l'interroger et de l'éclairer à
nouveaux frais à partir d'une expérience plus relationnelle, plus archaïque et plus immédiate : l'expérience de
la résonnance.

Intervenants :
- Jeudi 9 octobre : Natalie Depraz : L'empathie et ses en-deçà dans des expériences archaïques
(les autres interventions seront précisées lors de la première séance)

Dominique FLAMENT et Jean-Jacques SZCZECINIARZ

Mathématiques, physique, philosophie ; les nombres complexes

18h-20h
Salle 215 (2ème étage), Maison des Sciences de l'Homme , 54 bd Raspail, 75006 Paris

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Mar 4 nov, Mar 25 nov, Mar 9 déc, Mar 6 jan, Mar 20 jan
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Dominique Flament poursuivra son analyse des principales étapes de l’histoire de la constitution du nombre
complexe.
Une nouvelle étape est franchie : au style vectoriel propre à Hamilton, étroitement lié aux travaux des
mathématiciens qui cherchèrent à réaliser géométriquement les quantités imaginaires et à faire d’elles des
nombres complexes, est maintenant opposée la différence grassmannienne.
D. Flament parcourra l'œuvre de Grassmann, mais il développera plus particulièrement l’approche choisie par
Grassmann en 1844 pour présenter sa nouvelle science de la grandeur extensive : il insistera sur certaines des
raisons qui justifièrent ses choix de la forme et du contenu de la première lineale Ausdehnungslehre (A1).
Jean-Jacques Szczeciniarz abordera des questions de philosophie.
0. Qu'est-ce que commenter des travaux mathématiques pour des non-mathématiciens ?
1. Pourquoi l'œuvre de géométrie complexe de Oka est-elle importante ?
2. Quelles transformations a-t-elle entraînées ?
3. Comment une discipline comme la géométrie complexe se spécifie-t-elle au sein du corpus mathématique ;
à quel moment devient-elle principalement élément pour d'autres théories et à quel moment regagne-t-elle
une autonomie ?
4. Comment analyser les relations d'une telle théorie avec la physique ?

Sara FRANCESCHELLI et Tatiana ROQUE

Des problèmes et des gestes entre physique et mathématique

Amphi B, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Jeu 16 oct : 18h30-20h30
Ven 7 nov, Jeu 13 nov, Ven 21 nov, Ven 28 nov, Ven 5 déc : 18h-20h

Séminaire organisé en collaboration avec l'École Normale Supérieure Lettres et Sciences Humaines,
département de philosophie

Notre point de départ ne sera pas la science déjà faite, mais la science qui se fait. Nous choisirons donc des
moments d'incertitude au sein du travail scientifique en envisageant de mettre l'accent sur le rôle moteur des
problèmes que les théories viennent à la fois poser et résoudre, en nous servant des champs de recherche qui
sont vivants, à savoir la théorie mathématique des systèmes dynamiques et la physique du chaos.
L’intuition mathématique et la pratique conceptuelle qui sont à l’œuvre dans les développements récents de
ce domaine relèvent d’une pensée inachevée qui se heurte aux limites des disciplines où elles s'inscrivent. La
théorie des systèmes dynamiques est née des problèmes anciens auxquels on a assigné un nouveau sens pour
le mot solution, et on peut dire que son évolution procède toujours par des transformations successives de ce
mot. Cela témoigne de la puissance génétique d'un problème en mathématiques et garantit l’ouverture
permanente d'un champ de solutions. La notion de problème, inspirée de la philosophie d’Albert Lautman,
nous gardera d'explorer les théories scientifiques achevées puisque le point de vue des solutions cache le plus
souvent la dimension problématique qui devient sensible dans l'expérience de la recherche. Comme disait
Jean Cavaillès, le sensible n’est pas exclu des mathématiques mais est saisissable par la possibilité d’agir sur
lui, mieux dit, il est saisissable par un geste.

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Pour terminer, nous essayerons de développer les idées d’expérience mathématique et de pratique
conceptuelle, pour apporter un nouveau sens à des questions classiques toujours ouvertes : Qu’est-ce qui fait
que la physique soit mathématisée ? S’agit-il d’un rapport extérieur ou est-il possible de penser à un
enchevêtrement intrinsèque ? Nous croyons qu'il serait peut-être mieux de remplacer ces questions par
l'investigation du physico-mathématique et de ses conditions de possibilité. Sur ce dernier point, l’œuvre de
Gilles Châtelet sera de grande importance, compte tenu de sa propre définition du geste et du déploiement des
« enjeux du mobile » dans la physique, dans les mathématiques et dans la pensée.

Intervenants :
- Jeudi 16 octobre : ouverture (Sara Franceschelli et Tatiana Roque)
- Vendredi 7 novembre : Jean Petitot
- Jeudi 13 novembre : Bernard Besnier
- Vendredi 21 novembre : Joël Merker
- Vendredi 28 novembre : Sara Franceschelli et Tatiana Roque
- Vendredi 5 décembre : clôture (Sara Franceschelli et Tatiana Roque)

Éric HAMRAOUI

Le corps en représentation : entre esthétique et clinique

18h-20h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 8 oct, Mer 22 oct : Amphi A
Mer 19 nov : Amphi B
Mer 26 nov : Amphi Stourdzé
Mer 3 déc : Amphi A
Mer 10 déc : Amphi Stourdzé
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

Après être plusieurs fois revenu au cours des deux dernières années sur les conséquences théoriques et
pratiques de la « désesthétisation » (comme « désensibilisation ») de la représentation du corps dans la
pensée médicale depuis l’avènement de la médecine anatomo-clinique, au début du XIXe siècle, le propos de
ce séminaire concernera les spécificités du corps en représentation, entre vision esthétique et regard clinique.
Les points de vue du plasticien et du poète seront ainsi convoqués au même titre que ceux de l’épistémologue
et du clinicien. Le peintre, nous dit Françoise Dastur, ne se contente pas d’enregistrer la pure donnée de la
chose ou du corps qu’il représente, mais la fait surgir comme son vis-à-vis ; il ouvre ainsi la chose ou le corps
à la co-naissance d’une altérité. Ce qui est non moins vrai de l’art du sculpteur et du dessinateur qui, par la
violence de la reconfiguration de la matière opérée ou de l’incision pratiquée dans la « chair des choses »
(Merleau-Ponty), arrachent la nature à son retrait pour en dévoiler le secret. Le regard sensible que révèle
l’œuvre du poète porte au loin, en avant, non sur la cause des phénomènes mais sur la forme des choses ; il
nous offre au-delà des singularités respectives une connaissance anthropologique que tous les discours
médicaux ne peuvent penser (Gérard Danou). Cela quand bien même ces discours deviennent auteurs de
styles descriptifs originaux ayant pour fonction de faire voir ce qui, bien que donné à la perception, était
demeuré jusque-là invisible et imperceptible, comme dans le traité De l’auscultation médiate de Laennec
(1781-1826). La richesse des données recueillies par l’ « œil-pompe » du poète, qui « cueille et ramasse sans
cesse […] les mouvements et les gestes [du corps] » (Maupassant, Gil Blas), est de même irréductible à la
quantité et à l’extraordinaire précision des données recueillies en médecine par les images microscopiques,

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radiologiques, échographiques, tomographiques, etc. Imagerie médicale qui paraît elle-même liée à une
certaine philosophie de l’esprit (neurophilosophie) lorsque, au-delà des structures anatomiques du cerveau,
elle prétend cartographier son activité fonctionnelle en visualisant les processus sous-tendant l’activité
mentale, et investir la psychiatrie grâce à de nouvelles corrélations anatomo-pathologiques (Jean-Claude
Dupont).

Intervenants :
- Mercredi 8 octobre : Laurent Sébès : Les représentations du corps dans la sculpture
- Mercredi 22 octobre : Corinne Pieters : Voir le corps humain : entre Vésale et Rembrandt
- Mercredi 19 novembre : Gérard Danou : Représentations du corps et modèles médicaux, ou de Baudelaire à
Henri Michaux
- Mercredi 26 novembre : Pierre Ancet : Mise en scène de la monstruosité : exhibitions et photographie
médicale à la fin du XIXe siècle
- Mercredi 3 décembre : Christiane Vollaire : Subversions esthétiques du corps
- Mercredi 10 décembre : Éric Marié : Perceptions et représentations du corps dans les systèmes médicaux
chinois et européen

Jean-Marc LÉVY-LEBLOND

Dialogues avec Lucrèce

(sur le réductionnisme)

Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris


Ven 9 jan, Ven 16 jan : Amphi A, 19h30-21h30
Ven 23 jan, Ven 30 jan : Amphi B, 18h-20h

Relisant, après plus de vingt siècles, le De natura rerum, un physicien contemporain tente un dialogue avec le
poète latin.
Il s’agira essentiellement de mettre en évidence la grandeur inaugurale et les succès subséquents du
programme atomiste esquissé par Lucrèce, mais aussi de reconnaître ses apories initiales et ses limitations
actuelles.
Les développements modernes de la physique apportent en effet un double éclairage sur ce programme :
- d’une part, on peut interpréter les plus importantes avancées du XXe siècle (en théorie quantique par
exemple) comme révoquant en doute la notion de « qualités premières » des constituants de la matière,
reprise après les atomistes de l’Antiquité par les classiques (Galilée, Descartes, Locke…).
- d’autre part, si la descente (analytique) vers la connaissance des composants fondamentaux (plutôt
qu’« élémentaires » d’ailleurs) de la matière a connu des succès remarquables, la possibilité d’une remontée
(synthétique) de leurs propriétés originales vers celles de la matière ordinaire s’avère très limitée.
C’est donc le projet réductionniste lui-même, si vivace et ambitieux aujourd’hui dans les sciences de la vie en
particulier, qui doit être relativisé.

François ROUSSEL

Biotechnologies, médecine, droit.

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Éléments de biopolitique (II)

18h-20h
Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 15 oct, Mer 12 nov, Mer 10 déc, Mer 7 jan

Les questions liées à l'émergence des biotechnologies médicales sont aujourd'hui largement discutées dans
l'espace public au titre de ce qu'il est convenu d'appeler la « bioéthique ». À l'encontre de cette approche qui
se présente le plus souvent comme une série interminable de dilemmes portant sur des objets récurrents
(procréation médicalement assistée, tests de dépistage, protocoles d'expérimentation médicale, soins
palliatifs, fin de vie, usage des matériaux corporels, clonage thérapeutique ou reproductif), il s'agit de clarifier
les enjeux épistémologiques, économiques et institutionnels des technologies médicales liées à l'essor de la
génétique, en mobilisant la notion de « biopolitique » esquissée par Michel Foucault dans une autre
perspective et en la mettant à l'épreuve de ces enjeux.
L'entrecroisement structurel des domaines et des pratiques peut s’articuler autour de trois grands axes
d'analyse :
1. la biologie moléculaire, où les grands programmes de recherche internationaux, tels la cartographie et le
séquençage du génome humain, posent des questions d'ordre épistémologique, économique et politique, au
delà de la brevetabilité généralisée du matériau génétique.
2. la médecine issue de ces développements (médecine « prédictive », médecine « régénératrice »), dont il est
nécessaire de questionner les présupposés et les implications en termes de politiques de santé. L'hypothèse
générale est d’inscrire les moyens d'identification, de circulation, de modification de l'information génétique
dans un régime de « gouvernement des populations » que G. Deleuze, prolongeant certaines analyses de
Foucault, nomme « les sociétés de contrôle » (cf. Pourparlers).
3. le champ du droit qui voit une incessante activité législatrice sur l'ensemble de ces problèmes. Cette
activité doit être analysée et confrontée à la thèse, exposée par M. Foucault dans La volonté de savoir, d'un
« continuum biopolitique » autour de normes juridiques, administratives et médicales susceptibles d'en
dégager et d'en discuter les formes de rationalité.

Le séminaire de ce semestre continue celui de l’année dernière en exposant et en discutant l’analyse des
diverses invocations de l’eugénisme dans les débats contemporains : continuité idéologique, résurgence,
nouveauté relative (eugénisme « libéral »), fantasme rétroactif ?

Jean-Michel SALANSKIS

Action, espace, sens

18h-20h
Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Ven 17 oct, Ven 14 nov, Ven 28 nov : Amphi A
Ven 12 déc, Ven 16 jan : Amphi B
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

On prétend, dans ce séminaire, réfléchir à nouveau sur l'accointance entre philosophie et sciences humaines
qui était jugée le fait majeur de la pensée dans les années soixante et soixante dix. L'idée est de le faire en

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prenant en considération l'évolution qui a été celle des sciences de l'homme et de la société depuis, mais peut-
être aussi en tenant compte de l'existence des recherches cognitives, qui captent à leur profit, dans une
certaine mesure, la solidarité anthropo-philosophique. On voudrait également examiner ce que les figures les
plus récentes de la philosophie peuvent apporter à cette accointance, cette solidarité.
Pour satisfaire à tous ces objectifs, il paraît souhaitable de s'intéresser à des thèmes qui, aujourd'hui, nouent
philosophie et sciences humaines, parce qu'ils sont à la fois — et peut-être pour les mêmes raisons — ce en
termes de quoi on a envie de définir le fait anthropologique et ce à propos de quoi la pensée pure s'interroge
le plus profondément sous nos yeux : je veux parler de l'espace, de l'action et du sens.
Le séminaire accueillera donc des philosophes et des spécialistes des sciences de l'homme sensibles à ces
thèmes ou soucieux d'une telle conjoncture.

Intervenants :
- Vendredi 17 octobre : Jean-Michel Salanskis : Ethanalyse du politique
- Vendredi 14 novembre : François-David Sebbah : Action, espace, sens : quelques réflexions à partir de la
phénoménologie française
- Vendredi 28 novembre : Guillaume Sibertin-Blanc : L'intensif comme mode de spatialisation : portée de
l'éthologie deleuzienne pour un vitalisme politique
- Vendredi 12 décembre : Jean-Hugues Barthélémy : Finitude et/ou individuation : l'enjeu non-
anthropologique
- Vendredi 16 janvier : Christian Lazerri : Le concept de reconnaissance dans la philosophie politique
contemporaine

Léna SOLER

Développement scientifique et incommensurabilité

Ven 17 oct : Salle de réunion 1, Centre Culturel Irlandais, 5 rue des Irlandais, 75005 Paris, 17h-19h
Ven 7 nov : Amphi A, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris, 18h30-20h30
Ven 12 déc : Salle de réunion 1, Centre Culturel Irlandais, 5 rue des Irlandais, 75005 Paris, 17h-19h
Ven 9 jan : Salle de conférence, Centre Culturel Irlandais, 5 rue des Irlandais, 75005 Paris, 17h-19h
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

L’idée que certaines théories scientifiques du même objet sont incommensurables, tout d’abord introduite par
Kuhn et Feyerabend dans les années soixante, nomme en première approximation la possibilité, pour
certaines théories pourtant sensées décrire le même objet (par exemple le monde physique), d’être si
radicalement différentes dans leur contenu, leurs présupposés, voire sous d’autres aspects à spécifier, qu’il
semble n’exister entre elles « aucune commune mesure ».
La thèse a fait couler beaucoup d’encre, mais la nature même de ce dont il est question demeure un objet de
débat. Au delà du vocable polysémique et peut-être contestable d’« incommensurabilité », l’enjeu n’est rien
moins que la nature du développement scientifique et les conséquences épistémologiques supposées
s’ensuivre (question du relativisme notamment).
On continuera dans la lignée des deux années écoulées, en s’appuyant sur des études historiques de cas et en
discutant de modèles à prétention plus générale, à caractériser aussi précisément que possible les
changements de tous ordres (conceptuels, descriptifs, formels, méthodologiques, axiologiques,
instrumentaux, etc.) susceptibles de survenir au cours du développement scientifique et de sous-tendre les
jugements d’incommensurabilité. On s’emploiera à raffiner la typologie déjà développée des espèces
d’incommensurabilités, et à préciser encore leurs rapports.

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Une attention particulière sera cette année accordée aux conceptions qui mettent au centre de l’activité
scientifique les pratiques de laboratoire, les interventions instrumentales et les dimensions matérielles-
gestuelles : on examinera leur prétention à dissoudre divers problèmes, notamment celui de
l’incommensurabilité sémantique, en substituant l’« idiome performatif » à l’« idiome représentationnel », et
on discutera les nouveaux types d’incommensurabilité que certaines de ces conceptions ont été conduites à
introduire.

Intervenants :
- Vendredi 17 octobre : Léna Soler : Une incommensurabilité « machinique ? »
- Vendredi 7 novembre : Jean-Marc Lévy-Leblond : D'Einstein à Galilée (relations entre les « relativités »
einsteinienne et galiléenne)
- Vendredi 12 décembre : Emiliano Trizio : Holisme de la signification et incommensurabilité
- Vendredi 9 janvier : Ian Hacking : Une forme d'incommensurabilité qui dérive des instruments

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Philosophie/Sciences sociales

Annick NAY, Bernard BENATTAR et Gunther GORHAN

Management : vivre ensemble, liens, ruptures, transmissions

19h-21h
Salle Jean XXIII, USIC, 18 rue de Varenne, 75007 Paris
Mer 15 oct, Mer 12 nov, Mer 17 déc, Mer 21 jan

Après un premier séminaire autour des « arts de faire » qui se tissent et s’inventent au quotidien, un
deuxième autour de la « philosophie comme manière de vivre », cette année nous souhaiterions interroger les
liens d’un « comment vivre ensemble » (en référence à Roland Barthes). Une question de ce texte nous servira
de trame conductrice face à l’injonction faite à chacun de coopérer dans un monde en guerre économique :
« À quelle distance dois-je me tenir des autres pour construire avec eux une sociabilité sans aliénation, une
solitude sans exil ? ».
Après cette première trame, nous réexaminerons ce que Marcel Gauchet désigne comme « mutation
anthropologique », c’est-à-dire l’intériorisation des lois du marché aux lieu et place du désir propre du sujet.
Nous nous efforcerons de décrypter des signes qui pourraient être significatifs pour les analyser. Nous les
confronterons à ce que Charles Melman décrit comme une « nouvelle économie psychique », qui apparaît
comme une nouvelle étape de la mutation précitée.
L’idiorrythmie (qui caractérise dans une communauté religieuse le rythme personnel qui permet à chacun de
trouver sa place à la fois autonome et intégrée) comme métaphore de la vie en entreprise nous servira de fil
conducteur et nous inspirera. Ainsi nous nous demanderons quelles influences nous pouvons observer à partir
des nouvelles formes d’organisation temporelles sur les formes de sociabilité au travail. Comment repenser
des liens féconds et fécondants ? Sous quelles formes ?
Ces interrogations seront posées non seulement dans leurs dimensions spatiales mais également dans la
verticalité du temps, ce qui nous conduira à approfondir les liens intergénérationnels et la question du legs.

Intervenants : (les noms des intervenants ainsi que les dates de leurs contributions seront annoncés lors de la
première séance)

Hidetaka ISHIDA

Comment poser la question de la philosophie en Extrême-Orient ? :

Penser les conditions historiques de l'universel (II)

Maison Franco-Japonaise (salle 601), Ebisu Meguro-Ku, Tokyo (Japon)


Mer 29 oct, Ven 28 nov, Mer 17 déc: (horaire à préciser)
(Ce séminaire se poursuivra au second semestre)

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Séminaire organisé avec la Maison Franco-Japonaise à Tokyo et l'UTCP (University of Tokyo, Center for
Philosophy).

Dans les pays d'Extrême-Orient, depuis une dizaine d'années, on constate un essor de recherches sur les
formations de modernités asiatiques. Cela traduit une certaine prise de conscience collective de leur
expérience culturelle commune : les modèles techniques de la modernisation, les inventions des paradigmes
culturels modernes, les nations et nationalismes, les traductions culturelles généralisées, l'émergence et la
mise en commun des concepts nouveaux, etc. Les modernités se sont formées en Asie à travers cette vaste
transformation culturelle, c'est ce processus historique que ce séminaire se propose d'interroger
philosophiquement pour y découvrir la formation d'une nouvelle condition historique de l'universel.
Ce séminaire présentera l'état actuel des recherches sur les modernités est-asiatiques ; il se propose aussi de
remédier — dans la mesure de ses moyens — au déséquilibre intellectuel en théories : alors que pratiquement
la quasi-totalité des philosophes et théoriciens européens sont traduits en japonais et aussi en d'autres langues
est-asiatiques, la plupart des discours théoriques contemporains du Japon et d'Asie restent inconnus de la
France et de l'Europe. Jusqu'à quand la méconnaissance de l'autre peut-elle rester condition constitutive d'un
universel philosophique occidental ?
Le directeur de programme fera son séminaire à Paris et à Tokyo en y associant des spécialistes européens et
asiatiques.
Les séances régulières de ce séminaire seront complétées au moyen des pages du site web
(http:// www.nulptyx.com/).

Intervenants : (dates sous réserve)


- Mercredi 29 octobre : Pierre Legendre et Nishitani Osamu : La communication dogmatique
- Vendredi 28 novembre : Comment lit-on l'Empire des signes aujourd'hui ? (coorganisé avec le UTCP de
l'Université de Tokyo dans le cadre du Colloque Roland Barthes)
- Mercredi 17 décembre : Modernité en Asie, modernité traductrice avec la participation de Yamamuro
Shinichi (sous réserve)

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COLLOQUES

Philosophie, littérature et théologie au XIIe siècle :


Alain de Lille, le Docteur universel

Jeu 23 oct (10h-12h30/14h30-18h30)


Salle de conférence, Centre Culturel Irlandais, 5 rue des Irlandais, 75005 Paris
Ven 24 oct (9h-12h30/14h30-18h30)
Salle de conférence, Centre Culturel Irlandais, 5 rue des Irlandais, 75005 Paris
Sam 25 oct (9h-12h30/14h30-18h30)
Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité d'Anca VASILIU, Alain GALONNIER et Jean-Luc SOLÈRE

Colloque organisé sous le patronage de la Société internationale pour l'étude de la philosophie médiévale, par
le Groupement de Recherches 2522 du CNRS « Philosophie de la nature et philosophie de la connaissance au
Moyen Âge ».

Avec le soutien du Ministère de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur, du Centre d’Études des


Religions du Livre (UMR 8584-CNRS / EPHE), du Centre d’Histoire des Sciences et des Philosophies
Arabes et Médiévales (UMR 7062-CNRS / Université Paris 7 / EPHE), du Centre Pierre Abélard (Université
Paris 4-Sorbonne) et de l'École doctorale de l'Université Paris 10-Nanterre.

Né à Lille aux alentours de 1120, mort en 1203, surnommé le « Docteur universel », Alain de Lille doit ce
titre à ses multiples talents de philosophe, théologien, prédicateur et poète, et à l’étendue de ses
connaissances. Son épitaphe dit de lui « qu’il a su tout ce que l’homme pouvait savoir ». Sa longue et riche
carrière l’a conduit notamment à Paris, où il a longtemps enseigné et dont il fut un des maîtres illustres, à
Montpellier, où il a polémiqué contre les Cathares, enfin à l’abbaye de Cîteaux, où il s’est retiré peu avant sa
mort.
Au jugement de la postérité, il fut un novateur dans bien des domaines, un expérimentateur créatif par son
éclectisme même. Son esprit alliait imagination poétique, habileté dialectique et rigueur mathématique. Il a
utilisé tous les genres d’expression, de la méthode axiomatique à la poésie en style chantefable, en passant
par les exposés scolastiques et les sermons. Il est, entre autres, l’auteur d’une somme de théologie, d’un traité
de la prédication, d’un commentaire sur le Cantique des Cantiques, d’un dictionnaire de la Bible. Sa pensée
est le point de rencontre et d’aboutissement des grands courants philosophico-théologiques du XIIe siècle :
le platonisme de l’école chartraine, la logique et la sémantique de Pierre Abélard et de Gilbert de la Porrée, la
systématisation de la théologie, qui tend à prendre son autonomie par rapport à la sacra pagina et à user de
nouveaux instruments d’analyse. Non seulement il n’hésite pas à mettre en scène des figures païennes telles
que Vénus, chargée de rétablir l’ordre dans l’univers, mais il célèbre la Nature, « vicaire de Dieu », et médite
sur la genèse de « l’homme parfait ».
Alain de Lille ne fut pas seulement l’un des auteurs de référence dans les universités médiévales, ainsi que
l’un des écrivains les plus fameux de la littérature latine du Moyen Âge. Sa notoriété a dépassé le cadre
scolaire, et ce durablement : entre autres exemples, presque un siècle après sa rédaction, son compatriote
Adam de la Bassée († 1286) a adapté et enrichi de pièces musicales son ouvrage poétique Anticlaudianus. Un

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clerc a également traduit ce dernier texte en octosyllabes français à la même époque. Enfin, on signale son
influence sur Jean de Meun et sur Dante, et. ses ouvrages seront imprimés de la Renaissance au XVIIIe
siècle.

Jeudi 23 octobre : Alain de Lille dans l’histoire

10h : Ouverture
10h30-12h :
- Andreas Niederberger (Francfort) : Les écrits dionysiens et le néoplatonisme d’Alain de Lille
- Christophe Erismann (Lausanne-Genève) : Alain de Lille et la métaphysique érigénienne

14h30-17h45 :
- Michel Lemoine (Paris) : Alain de Lille et l’école de Chartres
- Françoise Hudry (Paris) : Mais qui était donc Alain de Lille ?
- Dominique Poirel (Paris) : Alain de Lille, héritier de l’École de Saint-Victor ?
- Jacqueline Hamesse (Louvain-la-Neuve) : Le Liber in distinctionibus dictionum theologicalium d’Alain de
Lille : sources, diffusion et influence

Vendredi 24 octobre : Autour du trivium et de la philosophie

9h-12h15 :
- Alain de Libera (Genève) : La « logica nova » chez Alain de Lille
- Moufida Amri-Kilani (Paris) : Sens et métaphores dans le De Planctu Naturae et l’Anticlaudianus
(connaissance et rhétorique)
- Vera Rodrigues (Porto/Paris) : Nature et connaissance de la nature dans le Sermo de sphaera intelligibilli et
dans les Glosae (anonymes) super Trimegistum
- Irène Caiazzo (Paris) : Les quatre éléments selon Alain de Lille et Raoul de Longchamp

14h30-17h45 :
- Luigi Catalani (Naples) : Modelli di conoscenza tra Gilberto Porreta e Alano di Lille
- Anca Vasiliu (Paris) : Les images chez Alain de Lille
- Ilaria Parri (Naples) : L’immortalità dell’anima nelle Glosae super Trismegistum
- Marcia Colish (Yale) : Sanza ‘nfamia e sanza lodo : Moral Indifference from Alan of Lille to Dante

Samedi 25 octobre : De la philosophie à la théologie

9h-12h15 :
- Luisa Valente (Rome) : Alain de Lille et Prévostin de Crémone sur la question du discours théologique
- Giulio d’Onofrio (Salerne) : Alano di Lilla e la teologia
- Christian Trottmann (Tours) : Unitas, aequalitas, connexio. Alain de Lille dans la tradition des analogies
trinitaires arithmétiques
- Paolo Lucentini (Naples) : Dialettica, teologia, eresia : Alano di Lille e Amalrico di Bène

14h30-17h45 :
- Jean Jolivet (Paris) : La figure de Natura dans le De Planctu... d'Alain de Lille
- Mechtilde Dreyer (Mainz) : […] rationabiliter infirmare et […] rationes quibus fides [innititur] in publicum
deducere. Alain de Lille et le conflit avec les adversaires de la foi
- Gilbert Dahan (Paris) : Alain de Lille et l’exégèse de la Bible
- Jean Longère (Paris) : Les thèmes des Sermones varii d’Alain de Lille

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Michel Henry, la philosophie et son histoire

Jeu 20 nov (14h-18h) - Ven 21 nov (9h-18h)


Salle Louis Liard, La Sorbonne, 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris
Sam 22 nov (9h-17h)
Amphi Poincaré, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité d'Alain DAVID et Didier FRANCK.

Colloque organisé en collaboration avec l'École Doctorale concepts et langages/Université Paris 4.

La mort d’un auteur introduit ce « presque rien », le supplément, la distance désormais incontestable qui,
suspendant le contexte et les polémiques et installant le silence, peut, pour cette raison même, signifier
simplement un oubli qui réalise plus complètement la disparition, ou qui, au contraire, autorise la relecture —
une tout autre lecture.
Plus d’un an après la disparition de Michel Henry, co-organisateur, avec Didier Franck, du colloque, je
voudrais faire valoir ici une double thèse : 1) que l’œuvre de Michel Henry, pour des raisons accidentelles et
essentielles, n’a pas trouvé sa vraie réception ; 2) que cette œuvre représente une pensée décisive « pour notre
temps ».
En le disant très brièvement, la difficulté de la réception, celle qu’on peut imaginer pour toute
« phénoménologie de l’inapparent » (Janicaud) — pour une phénoménologie où la description opère en
régime d’immanence — conduit Henry à des solutions sans concession, croisant ainsi, d’une façon souvent
inaperçue, mais qui renouvelle la lecture, les œuvres les plus impressionnantes de la tradition comme
d’aujourd’hui ; radicalité encore qui permet de se tourner vers ce qui de ces œuvres ne ressortit pas du critère
de l’adéquat ou de l’inadéquat, c’est-à-dire qui en engage, phénoménologiquement, la pensée.

Intervenants :
Paul Audi, Rudolf Bernet, François Calori, Jean-Louis Chrétien, Alain David, Michel Fichant, Didier Franck,
Rolf Kühn, Edmondo de Liguori, Jean-Luc Marion, Adrien Peperzaak, Philippe Raynaud, Élisabeth Rigal,
Pierre Rodrigo, François-David Sebbah, Lazlo Tengelyi, Yorihiro Yamagata.

Sartre/Levinas
ontologie, morale et politique

Jeu 11 déc et Ven 12 déc (9h-18h)


Grande salle, Maison Heinrich Heine, Fondation de l'Allemagne, 27 C bd Jourdan, 75014 Paris

Sous la responsabilité de Philippe CABESTAN et François-David SEBBAH.

Sartre et Levinas, d’un point de vue philosophique, s’ignorèrent : Sartre n’a vraisemblablement jamais lu
Totalité et infini, et si de son côté Levinas a toujours témoigné un grand respect pour l’auteur de L’être et le
néant, il admet ne connaître que très partiellement cet ouvrage.
Une telle ignorance ne laisse pas de surprendre. Ces deux penseurs n’appartiennent-ils pas tous deux à une
même génération et, qui plus est, à cette génération dont les œuvres resteront irrémédiablement marquées par

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celles de Husserl et de Heidegger ? N’est-ce pas d’ailleurs grâce à Levinas et à son livre, La théorie de
l’intuition dans la phénoménologie de Husserl, publié en 1930, que Sartre découvre la phénoménologie ? De
fait, la proximité entre les deux philosophies s’avère plus profonde que l’on pourrait s’y attendre. Il n’est
pour le constater que de confronter, par exemple, la description de la nausée par Levinas en 1935-36 dans Les
recherches philosophiques, et la signification que Sartre confère à une telle tonalité affective. D’ailleurs
Jacques Rolland écrit à ce propos : « Il y a, avec l’emploi et la fécondation du même mot dans des sens très
voisins par Sartre et Levinas, un cas de rencontre philosophique d’autant plus intéressante que l’on ne peut
parler d’influence ni dans un sens ni dans l’autre ».
Rappelons aussi que peu de temps avant sa mort, dans des entretiens célèbres avec Benny Lévy, Sartre opère
un retour critique sur sa propre philosophie, où l’on peut percevoir sans trop de difficultés des accents
levinassiens.
On sait les polémiques que suscitèrent ces dernières déclarations.
Mais peut-être le moment est-il à présent venu de faire dialoguer — ou se confronter ? — ces deux
philosophies, aussi bien sur le plan ontologique que sur les plans moral et politique.
C’est dans cette perspective que le colloque explorera les pistes de réflexion suivantes : l’altérité et le sujet, la
responsabilité morale, le rapport au judaïsme, l’ontologie en question.

Intervenants :
M. Abensour (Paris), T. Bedorf (Hagen), Ph. Cabestan (Paris), J. Colette (Paris), V. de Coorebyter
(Bruxelles), D. Giovannangeli (Liège) (sous réserve), M. Goy (Paris), B. Levy (Jérusalem), F. Noudelmann
(Paris), J.-M. Salanskis (Paris), F.-D. Sebbah (Compiègne/Paris), V. von Wromblevski (Berlin)

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Les Samedis
Débats autour d'un livre

Humain, post-humain de Dominique Lecourt

Éditions Presses Universitaires de France, 2003

Sam 4 oct (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité de François Roussel.

Intervenants : Marcela Iacub, Dominique Lecourt, Pascal Nouvel, François Roussel, François-David Sebbah

Haine(s), philosophie et politique d’Olivier Le Cour Grandmaison

Éditions Presses Universitaires de France, 2002

Sam 15 nov (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité de Gérard Bras.

Intervenants : Véronique Bellanger, Gérard Bras, Olivier Le Cour Grandmaison, Pascal Nouvel, Bernard
Pautrat

Penser avec Whitehead : une libre et sauvage création de concepts


d’Isabelle Stengers

Éditions Le Seuil, 2002

Sam 29 nov (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité de Tatiana Roque.

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Intervenants : Alain Badiou (sous réserve), Jean-Clet Martin, Tatiana Roque, Isabelle Stengers

Extermination, loi, Israël de Jean-Michel Salanskis

Éditions Les Belles Lettres, 2003

Sam 13 déc (9h30-12h30)


Amphi Stourdzé, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris

Sous la responsabilité d'Alain David.

Intervenants : Alain David, Corinne Enaudeau, Élisabeth de Fontenay, Jacob Rogozinski, Jean-Michel
Salanskis, Frédéric Worms

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Index des responsables
3

B
BADIOU Alain 16
BENATTAR Bernard 41
BERKMAN Gisèle 4
BRAS Gérard 27, 47
BRENIFIER Oscar 16

C
CABESTAN Philippe 45
CIXOUS Hélène 5

D
DAUTREY Jehanne 5, 6
DAVID Alain 17, 45, 48
DE IPOLA Emilio 28
DEPRAZ Natalie 18, 34
DROGI Pierre 7
DUTOIT Thomas 8

E
ENAUDEAU Corinne 18

F
FABBRI Véronique 8
FLAMENT Dominique 34
FRANCESCHELLI Sara 35
FRANCK Didier 45

G
GALONNIER Alain 43
GORHAN Gunther 41
GROS-AZORIN Caroline 31

49
H
HAMOU Philippe 19
HAMRAOUI Éric 36
HAN KIA-KI Béatrice 9
HATCHUEL Armand 14
HATZFELD Marjolaine 31

I
ILDEFONSE Frédérique 20
ISHIDA Hidetaka 41

J
JOLLIVET Servanne 20

K
KAPLOUN Victor 28

L
LAMBOTTE Marie-Claude 32
LAUFER Romain 14
LÉVEQUE Jean 21
LÉVY-LEBLOND Jean-Marc 37

M
MALON Claude 27
MARRATI Paola 22
MARTIN Jean-Clet 10
MAURIAC Frédéric 34
MENGUE Philippe 22
MOREY Miguel 10
MORVAN Anne 11

N
NAISHTAT Francisco 28
NARDACCHIONE Gabriel Andrés 28
NAY Annick 41

50
P
PARDO Carmen 10
PASQUINI Pierre 29
PÉREZ-CORTÉS Sergio 23

R
ROMANSKI Philippe 8
ROQUE Tatiana 35, 47
ROUSSEL François 37, 47

S
SAFATLE Vladimir 33
SALANSKIS Jean-Michel 38
SEBBAH François-David 23, 24, 45
SOLER Léna 39
SOLÈRE Jean-Luc 43
SOLOMOS Makis 10
SOMMER Christian 20
SZCZECINIARZ Jean-Jacques 34

T
TROTTMANN Christian 25

V
VARGAS Yves 27
VASILIU Anca 11, 43
VAUDAY Patrick 12

W
WRIGHT Stephen 5

Z
ZOURABICHVILI François 26

51

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