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« Toute théorie n’est bonne qu’à condition de s’en servir
pour passer outre ».
André Gide in « Journal ».

Résumé
L’usage des lois de Kirchhoff permet de toujours trouver les tensions et courants dans un réseau
électrique linéaire en régime quelconque. Mais la résolution passe par un système d’équations dont la
taille augmente avec celle du circuit et par conséquent des inconnues à déterminer.
Dans le cas de circuits fonctionnant en régime établi, c’est à dire lorsque le régime transitoire est
terminé, il est possible d’optimiser la recherche des grandeurs inconnues. Celle-ci fait appel aux
théorèmes généraux de l’électrocinétique.
Le premier, le théorème de superposition, exploite les propriétés des circuits linéaires : la réponse
complète d’un circuit à la superposition de plusieurs grandeurs est la somme des réponses obtenues pour
chacune d’elle appliquée seule.
Mais un réseau électrique peut être assimilé à une source de tension réelle dont on définit la résistance
interne et la force électromotrice dans le cas du théorème de Thévenin ou la conductance interne et le
courant électromoteur dans le cas du théorème de Norton. Il est possible de passer de l’une à l’autre de
ces sources qui sont équivalentes.
Enfin, lorsque le réseau est composé de nombreuses branches aboutissant à un nœud central, la tension
entre ce dernier et le nœud de référence (souvent O V) s’exprime très rapidement à l’aide du théorème de
Millman.

Sommaire

I. Introduction ................................................................................................................. 2
II. Les lois de Kirchhoff................................................................................................... 2
II.1. Loi des nœuds ...................................................................................................................2
II.2. Loi des mailles ...................................................................................................................2
II.3. Méthodologie d’étude .........................................................................................................3
III. Introduction aux théorèmes généraux ...................................................................... 3
IV. Théorème de superposition ....................................................................................... 3
IV.1. Définition ............................................................................................................................3
IV.2. Exemple .............................................................................................................................4
V. Théorèmes de Thévenin et Norton ............................................................................ 4
V.1. Théorème de Thévenin ......................................................................................................4
V.2. Théorème de Norton ..........................................................................................................5
V.3. Equivalence Thévenin-Norton et passage Thévenin ↔ Norton ..........................................5
V.4. Autre cas d’utilisation des théorèmes de Thévenin et Norton .............................................6
VI. Théorème de Millman ................................................................................................. 6

   
     décembre 99 – V1.0.55 1/6 Théorèmes généraux de l'électrocinétique
I. Introduction
L’étude des circuits électriques linéaires est basée sur les lois de Kirchhoff. Leur application conduit à
une mise en équation dont la résolution permet d’établir les lois d’évolution des différentes grandeurs
recherchées. Ces lois sont générales, si bien que leurs résultats restent valables quelque soit la nature des
signaux appliqués.

II. Les lois de Kirchhoff


Dans un circuit, les lois de Kirchhoff sont constituées de la loi des mailles, qui traite des tensions, et de
la loi des nœuds qui traite des courants.

II.1. Loi des nœuds


Les courants sont repérés par une flèche qui marque le
sens conventionnel positif. Si le courant circule i3
effectivement dans ce sens, la grandeur algébrique
X3
associée est positive, sinon elle est négative. i1 i4
La somme algébrique des courants circulant dans les i2
X1 X4
branches adjacentes à un nœud est nulle. On peut dire
aussi que la somme algébrique des k courants entrants X2
dans un nœud est égale à la somme des l courants sortants
(toutes les charges qui atteignent le nœud en repartent).

∑i
k
k = ∑i
l
l Figure 1 : Exemple d’application de la
loi des nœuds.
→ • •
→

Dans l’exemple de la Figure 1: i1 − i 2 + i3 − i 4 = 0 ou i1 + i3 = i2 + i4

II.2. Loi des mailles


La tension aux bornes d’un élément est marquée par
une flèche conformément à la convention générateur ou
récepteur en usage. Si la tension est effectivement dans ce u1
sens, la grandeur algébrique associée est positive, sinon
elle est négative. i1 X1
X2 u2
Un sens de parcours conventionnel est choisi pour
distinguer le signe des tensions. E1 I2
+
La somme algébrique des tensions rencontrées en
E2
parcourant la maille dans le sens prédéfini est nulle.

 + si v k est dans le sens de parcours.


∑ ( ± )v k = 0
− si v k est dans le sens contraire. Figure 2 : Exemple d’application de la
loi des mailles.

Dans l’exemple de la Figure 2 : E1 − u1 + u 2 − E 2 = 0

   
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II.3. Méthodologie d’étude
Pour effectuer la mise en équation puis la résolution d’un circuit électrique peut suivre une démarche
qui se résume à la succession des étapes suivantes :
• Numéroter les nœuds et les branches ;
• Dans chaque branche du circuit, noter les courants par une flèche pour indiquer le sens positif
et lui donner un nom, souvent i, et comme indice le numéro de la branche ;
• Pour chaque élément, noter la tension à ses bornes par une flèche dans la convention en usage
(récepteur ou générateur) et lui donner un nom (même processus que les courants) ;
• Mettre en équation en utilisant deux groupes de relations :
♦ Un pour les aspects topologiques (organisation du réseau) : (n-1) lois des nœuds pour
n nœuds recensés dans le réseau et (m-1) lois de mailles pour m mailles indépendantes
recensées. Pour trouver les mailles indépendantes, procéder à partir d’une première
maille de taille minimale, puis construire d’autres mailles en choisissant un élément
différent à chaque fois pour assurer leur indépendance,
♦ Un second pour les relations attachées à chaque élément utilisé.
• Poser les hypothèses simplificatrices. Par exemple, les courants ou tensions identiques, les
contraintes imposées par certains éléments, etc.
• Simplifier les relations en tenant compte des hypothèses. A ce stade on dispose alors d’un
système d’équations toutes indépendantes ;
• Résoudre le système pour en extraire les tensions et courants inconnus.

Cette méthode est à la fois très rigoureuse et générale. Elle permet d’atteindre le résultat de manière
certaine. Cependant, dans la pratique, son application est fastidieuse car elle nécessite la résolution d’un
système d’équations linéaires. Le problème est d’autant plus ardu que le nombre d’inconnus est important.
Toutefois, elle constitue une méthode satisfaisante lors de la mise en équation automatique des réseaux
utilisée par les logiciels de simulation.

III. Introduction aux théorèmes généraux


Si le fonctionnement du circuit a atteint un régime permanent, la résolution du circuit est rendue plus
aisée par l’emploi des théorèmes généraux de l’électrocinétique. On rencontre le plus souvent des
grandeurs constantes, l’étude est alors dite en “continu”, ou des grandeurs sinusoïdales, on utilise alors la
notation complexe.
Dans tous les cas, les grandeurs permanentes utilisées seront notées en lettres majuscules à la
différence des grandeurs instantanées notées en lettre minuscules.
Pour étendre le comportement de la résistance, on utilise l’impédance qui sera notée Z. Cet élément
relie la tension et le courant en généralisant la loi d’Ohm : U = Z.I. A titre de remarque et de comparaison,
en régime sinusoïdal, l’impédance est une grandeur complexe, donc soulignée. Parfois, il est préférable
d’utiliser l’admittance Y qui est l’inverse de l’impédance.

IV. Théorème de superposition


Puisque les circuits étudiés sont linéaires, ils en possèdent les propriétés. La principale est la
superposition qui peut se traduire de la manière suivante : la réponse globale d’un montage soumis à
plusieurs stimuli est la somme des réponses partielles correspondant à chaque stimulus.

IV.1. Définition
L’intensité du courant circulant dans une branche (resp. la tension de branche) d’un réseau contenant
plusieurs branches est égale à la somme algébrique des intensités (resp. tensions) créées dans cette
branche par chaque générateur supposé seul (les autres étant éteints). Il y a autant de cas à superposer que
de générateurs intervenant dans le réseau.

Remarque : Il y a autant de cas à superposer que de générateurs intervenant dans le réseau.

   
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IV.2. Exemple
Sur la Figure 3, le circuit de gauche est la superposition des deux circuits de droite.

A
I I1 Ia Ib
Z1 Z2 Z1 Z2 Z1 Z2
Z ≡ Z + I2 Z

E1 E2 E1 E2
B 1 2

Figure 3 : Superposition de deux réseaux.

Montage 1

E1 (Z 2 + Z ) E1
I1 = = donc en appliquant la relation du diviseur de courant :
Z 2 + Z Z1 Z 2 + ZZ1 + ZZ 2
Z1 +
Z2Z
Montage 2

Z1 E 2
Le processus est le même, il suffit de faire circuler les indices : I b = Z Z + ZZ + ZZ
1 2 1 2

Z1 E 2 + Z 2 E1
En ajoutant —superposant— les deux courants partiels : I = I a + I b =
Z1 Z 2 + ZZ1 + ZZ 2

V. Théorèmes de Thévenin1 et Norton2


Dans des réseaux complexes, on peut remplacer une portion du circuit par son équivalent limité à
une branche composée d’une source et d’une impédance en série ou en parallèle. L’exploitation de cette
portion de réseau est similaire au débit d’une source réelle dans une charge.
Suivant que l’on assimile le réseau à une source de tension ou de courant, on distingue deux
théorèmes : Thévenin et Norton.

V.1. Théorème de Thévenin


Un réseau compris entre deux nœuds A et B est équivalent à un générateur indépendant de tension
parfait E0 en série avec le dipôle composé Z0 (Figure 4).
E0 représente la tension uAB lorsque la portion de réseau débite dans un circuit ouvert (tension à vide).
Z0 est l’impédance entre les points A et B lorsque toutes les sources indépendantes sont éteintes.

A A

Z0
?
≡ UAB

E0
B B

Figure 4 : illustration du théorème de Thévenin.

1Thévenin (Léon), physicien français (1857-1926). Exposé du théorème en 1883.


2Norton (), scientifique américain.

   
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Exemple (sur la Figure 3, on recherche la source de Thévenin entre les points A et B) :
Z Z
• Les sources sont éteintes, subsistent deux impédances en parallèle : Z 0 = 1 2 ;
Z1 + Z 2
Z1 E 2 + Z 2 E1
• Sans charge, la tension est E0 = .
Z1 + Z 2

V.2. Théorème de Norton


Un réseau compris entre deux nœuds A et B est équivalent à une source indépendante de courant réelle
I0 en parallèle avec un dipôle composé d’admittance Y0 (Figure 5).
I0 est le courant électromoteur, c’est à dire lorsque la portion de réseau débite dans un court-circuit.
Y0 est obtenue lorsque toutes les sources indépendantes sont éteintes (comme pour Thévenin).

A A
? I0

≡ Z0

B B

Figure 5 : illustration du théorème de Norton.

Exemple (sur la Figure 3, on recherche la source de Norton entre les points A et B) :


Z + Z2
• Les sources sont éteintes, subsistent deux impédances en parallèle : Y0 = 1 ;
Z1 Z 2
E 2 E1 Z1 E 2 + Z 2 E1
• En court-circuit, le courant est I 0 = + = .
Z 2 Z1 Z 2 Z1

V.3. Equivalence Thévenin-Norton et passage Thévenin ↔ Norton


Les schémas équivalents de Thévenin et de Norton sont transposables l’un à l’autre (Figure 6).

A Vu de A et B (sources éteintes), on
I0 A
1


Z0 observe toujours Z 0 = .
Y0 Y0
A vide : UAB = E0 = Z0I0.
E0 B
B
. En court-circuit : I A = E0Y0 = I 0 .

Figure 6 : transposition Thévenin-Norton.

   
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V.4. Autre cas d’utilisation des théorèmes de Thévenin et Norton
Si un montage comporte un (ou des) élément(s) non linéaire(s), l’application des lois de Kirchhoff ne
fournit pas de relation aisées pour les éléments. On peut donc séparer le montage en deux parties : la
première contient tous les éléments linéaires et la seconde, les éléments non linéaires.

La partie linéaire est i A


transformée grâce à l’application
des théorèmes de Thévenin ou de Z0
Norton (Figure 7). Le problème est ou I0 Z0 UAB
alors converti en débit d’une source
E0 B
dans un dipôle non linéaire qui sera
résolu par une méthode graphique
ou numérique.
Partie linéaire du montage Partie non linéaire du
transformée en sa source montage conservée (car non
équivalente transformable)

Figure 7 : séparation en deux sous-réseaux.

VI.Théorème de Millman3
Le théorème de Millman, appelé aussi théorème des nœuds, permet de déterminer le potentiel d’un
noeud (Figure 8) où aboutissent des branches composées d’un générateur de tension réels.

n Z1 Z2 Zn


i =1
Yi Ei V

V = n
E1 E2 En

∑Y
i =1
i

Figure 8 : illustration du théorème de Millman.

La démonstration de ce théorème consiste à transformer chaque branche en source de courant, de


courant électromoteur :
Ei
Ii = = Ei Yi
Zi

Le courant résultant I = ∑I
i
i circule dans l’impédance parallèle équivalente Y = ∑Y .
i
i

La tension V s’écrit donc :

I
∑I i
V = = i
Y ∑Y
i
i

Exemple (sur la Figure 3, la détermination de la tension aux borne de Z est immédiate) :


E 2 E1 0
+ +
Z1 Z 2 Z Z (Z1 E 2 + Z 2 E1 )
U= =
1 1 1 Z1 Z 2 + ZZ1 + ZZ 2
+ +
Z1 Z 2 Z

3Millman (),

   
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