Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Brida Paulo Coelho PDF
Brida Paulo Coelho PDF
BRIDA
Traduit du portugais (Brésil)
par Françoise Marchand Sauvagnargues
Le Pouvoir de la Tradition de la
Lune, la Sagesse du Temps, était là.
C’était un pouvoir très dangereux,
que les sorcières ne pouvaient
invoquer que lorsqu’elles
devenaient Maîtresses. Wicca savait
comment le manier, mais elle
demanda cependant protection à
son Maître.
Dans ce pouvoir résidait la
Sagesse du Temps. Là se trouvait le
Serpent, prudent et dominateur.
Seule la Vierge, en maintenant le
serpent sous son talon, pouvait le
soumettre. Alors, Wicca pria aussi
la Vierge Marie, lui demandant la
pureté de l’âme, la fermeté de la
main et la protection de son
manteau, pour faire descendre ce
Pouvoir jusqu’aux femmes qui se
tenaient devant elle, sans que celui-
ci ne séduise ou domine aucune
d’elles.
Le visage tourné vers le ciel, la
voix ferme et assurée, elle récita les
paroles de l’apôtre Paul :
« Venez ici. »
Les femmes s’approchèrent
jusqu’au centre du demi-cercle.
Alors Wicca leur demanda de se
coucher face contre terre, les bras
écartés en forme de croix.
Le Magicien vit Brida se coucher
sur le sol. Il tenta de se fixer
seulement sur son aura, mais il
était un homme, et un homme
regarde le corps d’une femme.
Il ne voulait pas se souvenir. Il ne
voulait pas savoir s’il souffrait ou
non. Il avait conscience d’une seule
chose, que la mission de son Autre
Partie auprès de lui était accomplie.
« Dommage d’être resté si peu
avec elle. » Mais il ne pouvait pas
penser ainsi. Quelque part dans le
Temps, ils avaient partagé le même
corps, ils avaient souffert des
mêmes douleurs, et été heureux des
mêmes joies. Ils avaient été
ensemble dans la même personne,
marchant peut-être dans un bois
semblable à celui-ci, regardant une
nuit où les mêmes étoiles brillaient
dans le ciel. Il rit de son Maître, qui
lui avait fait passer tout ce temps
dans la forêt, seulement pour qu’il
puisse comprendre sa rencontre
avec l’Autre Partie.
Ainsi était la Tradition du Soleil,
obligeant chacun à apprendre ce
dont il avait besoin, et pas
seulement ce qu’il voulait. Son
coeur d’homme allait pleurer très
longtemps, mais son coeur de
Magicien exultait de joie et
remerciait la forêt.
Wicca regarda les trois femmes
allongées à ses pieds, et rendit grâce
à Dieu de pouvoir poursuivre le
même travail pendant tant de vies ;
la Tradition de la Lune était
inépuisable. La clairière dans le bois
avait été consacrée par des prêtres
celtes à une époque oubliée, et de
leurs rituels il restait peu de chose
— par exemple la pierre qui se
trouvait maintenant derrière elle.
C’était une pierre immense,
impossible à transporter pour des
mains humaines, mais les Anciens
savaient comment déplacer les
pierres grâce à la magie. Ils avaient
construit des pyramides, des
observatoires célestes, des cités
dans les montagnes de l’Amérique
du Sud, en utilisant seulement les
forces que connaissait la Tradition
de la Lune. Ces connaissances
n’étaient plus nécessaires à
l’homme et elles avaient disparu
dans le Temps, pour ne pas devenir
destructrices. Pourtant, Wicca
aurait aimé savoir, par pure
curiosité, comment ils faisaient.
Quelques esprits celtes étaient
présents, et elle les salua. C’étaient
des Maîtres, qui ne se réincarnaient
plus, et qui faisaient partie du
gouvernement secret de la Terre ;
sans eux, sans la force de leur
sagesse, la planète serait déjà sans
direction depuis très longtemps. Les
maîtres celtes flottaient dans l’air,
au-dessus des arbres qui se
trouvaient à gauche de la clairière,
leur corps astral enveloppé dans
une intense lumière blanche.
Depuis des siècles, ils venaient là à
tous les équinoxes, pour savoir si la
Tradition était conservée. Oui,
disait Wicca avec un certain orgueil,
les équinoxes étaient encore
célébrés, après que toute la culture
celte eut disparu de l’Histoire
officielle du monde. Parce que
personne ne peut faire disparaître la
Tradition de la Lune, sauf la main
de Dieu.
FIN