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tout le monde s’éparpille dans les rues de Bayonne. journalistes, qui peinent à convaincre les gendarmes
Aucune intervention policière ne viendra les empêcher de les laisser franchir le pont. La mobilisation pour les
de partir. interpellés aboutira à quatre interpellations pour une
manifestation qui n’a pas eu lieu.
Tout compte fait, pendant ce contre-sommet du 19
au 25 août, environ 70 personnes ont été interpellées
et une quarantaine placées en garde à vue. « Les
forces de l’ordre ne sont jamais rentrées dans le
camp, mais nous avons mis en place un dispositif
avec des contrôles autour du camp et ailleurs dans le
La conférence de presse de la marche des portraits
de Macron à Bayonne. © Yann Levy / Hans Lucas
Pays basque », indique simplement la préfecture des
Pyrénées-Atlantiques.
Au même moment ou presque, c’est une tout autre
ambiance qui attend les « gilets jaunes » réunis devant Les militants altermondialistes dénoncent notamment
l’Intermarché de la ville de Bidart. Ils sont tout au les interdictions administratives de territoire (IAT) –
plus une cinquantaine. Ils se sont fait nasser pendant provisoires la plupart du temps – ordonnées par le
plusieurs heures par les CRS sur place. Les journalistes ministère de l’intérieur et notifiées seulement une fois
ont été tenus à l’écart. Amnesty International a pour les personnes concernées contrôlées ou interpellées,
sa part dénoncé la fouille et le blocage, pendant deux théoriquement appliquées aux ressortissants ne
heures, de ses observateurs sur un parking de la ville. résidant pas en France. « L’un des organisateurs de
la plateforme G7 EZ ! [« Non au G7 ! »], Joseba
À Hendaye, une manifestation a tenté de rejoindre le
Alvarez, a été contrôlé près d’Urrugne alors qu’il
Centre de rétention administrative (CRA) de la ville,
préparait le contre-G7 depuis des semaines. On lui
qui a été transformé à l’occasion du G7 en prison
alors notifié qu’il était sous le coup d’une IAT diffusée
provisoire pour les gardés à vue de l’événement. Les
en juillet, comme 500 autres personnes. C’est ce qu’on
250 personnes présentes dans la manifestation n’ont
lui a dit au commissariat. Parmi elles, des militants
eu que peu de chance d’arriver à bon port face au
indépendantistes du Pays basque sud [espagnol –
dispositif policier.
ndlr], précise Egoitz Urrutikoetxea, de la fondation
politique Iratzar, issue de la gauche indépendantiste,
et membre de la plateforme organisatrice du contre
sommet. Joseba Alvarez a été arrêté à 3 heures du
matin [dimanche], emmené au CRA d’Hendaye et
reconduit vers midi au Pays basque sud.»
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le coup d’une IAT, pour entre autres « soupçons de « C’était important pour marquer l’État de siège.
commission d’exactions pendant le G20 de Hambourg Mais les autorités ont empêché toute contestation avec
en 2017», depuis Dijon jusqu’en Allemagne en des interpellations préventives, trois représentants de
prévision du G7 le 9 août, le militant, également la Ligue des droits de l’homme ont été arrêtés, des
journaliste pour une radio allemande engagée, avait vu journalistes ont été contrôlés et se sont fait prendre
cet arrêté abrogé. « Je suis reparti à Saint-Jean-de-Luz leur matériel [à Bayonne – ndlr]… Tout ça nous a fait
mais je suis présenté au commissariat de Strasbourg réfléchir et nous n’étions pas en mesure d’assurer la
en leur expliquant que j’avais l’intention de me rendre sécurité des militant(e)s », raconte Sébastien Bailleul,
au G7 et en leur demandant si j’étais sous le coup l’un des porte-paroles de la plateforme Alternative
d’un arrêté. Ils m’ont dit qu’ils n’en avaient pas G7.
connaissance. » Dimanche, l’annulation des rassemblements, peu
Contrôlé dès sa sortie du train sur un quai désert à relayée sur les réseaux sociaux, a provoqué la colère
Saint-Jean-de-Luz, Luke S. est tout de suite conduit de manifestants, certains accusant les organisateurs
au CRA d’Hendaye. Il y reste 18 heures avant d’être de faire le jeu du gouvernement. « Nous comprenons
renvoyé en avion (un jet de 18 places, où il se leur déception, nous sommes nous-mêmes les premiers
trouve seul), cap sur Stuttgart. « On utilise ces IAT déçus, mais nous ne pouvions pas prendre le risque
dans le cadre de la loi antiterroriste pour limiter la de mettre en danger les manifestants alors que les
liberté d’expression », dénonce l’Allemand, qui pourra forces de l’ordre étaient offensives », répond Sébastien
revenir en France à partir du 26 août. Bailleul.
Dans les cellules improvisées du CRA, Luke S. croise Son collègue de la plateforme basque G7 EZ !
trois jeunes Allemands de Nuremberg. Ils ont entre 18 abonde : « Nous avions un consensus d’action au
et 22 ans. Ils ont été condamnés vendredi 23 août à Pays basque pour répondre démocratiquement aux
deux et trois mois de prison ferme, avec interdiction du forces de l’ordre. Nous avons fait un choix stratégique,
territoire français. Contrôlés à bord de leur véhicule, depuis la déclaration d’Arnaga [en mai 2018, la
la possession de cagoules, d’une bombe lacrymogène, déclaration de l’ETA – ndlr]. Nous ne sommes pas
d’un marteau brise-glace, de clés à molette et de déçus, toutes ces arrestations mettent en lumière le fait
documents « relatifs à l’extrême gauche », a détaillé que l’État n’agit pas démocratiquement. »
le procureur de la République, les a conduits à être Les plateformes préfèrent se satisfaire du « succès du
condamnés. contre-sommet ».« Nous avons compté en moyenne 5
Ce sont ces interpellations, notamment, qui ont 800 personnes ayant assisté aux conférences et aux
conduit les organisateurs des deux plateformes ateliers mis en place. Nous avons compté jusqu’à
à « revoir » dès samedi soir le dispositif de 4 000 personnes au camping », résume Sébastien
la manifestation Arc-en-ciel, initialement prévue Bailleul. Dimanche matin, ils étaient encore 1 200 sur
dimanche sur sept localisations différentes autour le site. Le G7 officiel, quant à lui, a pu se dérouler sans
des zones rouge et bleue ultra-sécurisées de Biarritz. aucune perturbation. Et même la visite d’Espelette
Ces rassemblements figés visaient à dénoncer par les « premières dames » n’a été émaillée que du
l’interdiction de manifester. Ils n’avaient pas été déploiement d’une banderole entre deux fenêtres.
déclarés à la préfecture.
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