Vous êtes sur la page 1sur 17

CHAPITRE 2 - NOTIONS GENERALES D'HYDRODYNAMIQUE

NOTIONS GENERALES D'HYDRODYNAMIQUE

L’hydrodynamique est l’étude des propriétés physiques d’un L’énergie potentielle initiale, ou charge initiale du fluide, est
f luide e n m ouve m ent. Au m ê me titre que l’ a natomie , la tra nsform ée en une énergie disponible et en une énergie
n e uro lo gie , la p ha rm a co lo gie ... , e lle c on trib ue à la c ons om m é e . En e f f e t, e n ra ison d e la ré sis ta nc e à
c om préhension de la physiologie du tra nsport de l’ urine , l’écoulement, une partie de l’énergie initiale est perdue sous
m êm e si l’ applica tion de se s princ ipes à un phénomène f orm e de ch a le ur : ce s ont le s pe rte s d e ch a rge .
na ture l a ussi com ple xe impose des hypothèse s ou de s Conform ém ent au principe de conse rvation de l’é nergie il
modélisations simplificatrices. Ce chapitre, limité à ce qui est est possible de faire un bilan énergétique entre le réservoir
utile e n urodynam ique, a pour but de dé finir le s term e s et un point quelconque du conduit :
utilisé s, de pré ciser le urs dom aines d’ applica tion e t de
rappeler que lques notions de physique, vala ble s en toute s Energie Initiale = Energie disponible + Pertes de charge
circonstances... même en urologie.
Ce sont les diff ére nts te rme s de ce tte é galité que nous
Da ns c e parc ours initia tique nous progresserons du plus allons étudier dans ce chapitre.
simple au plus compliqué, à partir d’un dispositif comportant
u n ré s e rvo ir c om m un ica n t a ve c un c on duit p a r
l’intermédiaire d’un robinet (figure 14). L’énergie, c’est-à-dire la
capacité à effectuer un travail, est une notion fondamentale.
Qua nd le robine t est ferm é, le fluide e st imm obile e t son
é nergie potentie lle e st régie pa r les lois de l’ hydrostatique.
Qua nd le robinet est ouvert, le f luide est en mouveme nt ;
son é coulem ent e st régi par le s lois de l’hydrodynamique.

Figure 14 - Ce sch é ma représe nte l’é volu tio n de s


pressions depuis le réservoir jusqu’à la sortie.
Pour simplifier, la notion d’énergie a été remplacée par
celle de charge, dont les valeurs sont représentées par
de s h au te u rs de c o lo n n e d’ e au . L’ é n e rgie to ta le
disponible, matérialisée par la ligne de charge a, est,
en chaque point, la somme d’une énergie de pression
(p re ssio n h y dro sta tiqu e ), d’ u n e é n ergie ciné tiqu e
(pre s sio n dy n am iq u e ) sé p aré e s pa r la lign e
pié zo mé triqu e b, et d’ u n e é n ergie po ten tie lle de
pe s an te u r (h a u te u r pa r ra pp o rt à u n n ive a u de
référence).
Dans le réservoir, le fluide est immobile ; son énergie
e st do n c e n tiè re me n t so u s forme d’ u ne pres sio n
hydrostatique Pr. Selon le principe de conservation de
l’ é n ergie, qu an d le flu ide se me t e n mo u vem en t,
l’énergie initiale se répartit en une énergie cinétique et
u ne é n ergie de pressio n . Mais ce tte tran sfo rma tio n
n ’ e st pa s c o mplè te e n ra is o n de la ré sis ta n c e à
l’écoulement ; ce coût énergétique apparaît sous forme
de perte de charge H. A la sortie du conduit, l’énergie
e st e n tiè rem en t so u s fo rme c in é tiqu e (q ue n o u s
éva lu on s en fo n ctio n du dé bit) c ar le flu x e st à la
pre s sio n a tm o sph é riqu e de ré fé re n ce . Ain s i, la
ré sista nc e a u flu x pe u t ê tre e xprimé e co mme un e
relation entre l’énergie initiale (Pr) et l’énergie restituée
(dé bit). Da n s c e d is po s itif h o rizo n ta l, l’ é n e rg ie
poten tie lle de pe san te ur e st la même dan s c ha qu e
segment.

20
FLUIDE AU REPOS - HYDROSTATIQUE

A - FLUIDE AU REPOS - HYDROSTATIQUE et la concavité est d’autant plus faible que le rayon est plus
P1
grand. De la form ule géné ra le il est possible de déduire
celle applicable aux conduits cylindriques, P = T/r1 ou aux
réservoirs sphériques, P = 2T/r (figure 17). C2
I - PRESSION, TENSION, LOI DE LAPLACE.

D’une fa çon géné ra le, la pression P e xercé e par un fluide


perpendiculairement à une paroi est une force F par unité
de surface S (P = F/S). Mais cette première définition pose
d’e mblée le problème de la re lation entre la tension de la
paroi et la pression du fluide puisqu’une augmentation de la
première provoque une augmentation de la seconde.

1 - Définition de la tension de membrane

P our dé finir ce tte tens ion, prenons une me m bra ne de


ca outc houc et épinglons la sur un support plan de sorte
qu’une force F exerce une tension d’étirement dans le sens
de la longueur (figure 15). Pratiquons ensuite une incision de
longue ur L dans le se ns de la la rgeur. Les de ux berge s
s’écartent afin d’annuler la valeur de F au centre de l’incision.
La tension de membrane T est telle que T = F/L (1). C’est ce
phénomène qui est observé par l’urologue lorsqu’il pratique
une incision extra-muqueuse du détrusor : en raison de la
tension musculaire, les deux berges s’écartent d’autant plus
que l’incision est plus longue.

2 - Pression générée par une tension de


membrane

Appliquons m aintenant c ette m em brane à la surfac e d’un


fluide et étirons là de sorte qu’une courbure apparaisse. La
tension de membrane entraine une force pressante qui est
responsa ble d’une augme nta tion de pression du fluide, et,
pour une mêm e tension, ce phénomè ne est d’ autant plus
important que la courbure e st plus m a rqué e. L a loi de
LAPLACE explicite ce phénomène sous une forme générale
( figure 16) : lorsque la surfa ce sé pa rant deux fluide s n’ est
pas plane, il existe un saut de pression P toujours positif
F igure 15 - Un e fo rc e F, a ppliqu ée à u n e membra ne é lastique ,
da ns le se ns convexité conca vité, qui dépe nd de la gé nè re u ne ten sion T qui s’e xprime e n é cartan t les deu x berge s
tension superficielle (ou de la tension de membrane) et des d’ u n e in cision de lo ngu e u r L. Ces para mètre s son t u n is par la
courbures r 1 et r 2 de l’interface selon la relation P = T(1/r1 relation T = F/L.
+ 1/r 2 ) . Pour une même tension de surface (ou une même
tension pariétale), la variation de pression entre la convexité

(1) La tension de membrane ne doit donc pas être confondue avec T la tension d’un ressort, telle que T = k.l 21
CHAPITRE 2 - NOTIONS GENERALES D'HYDRODYNAMIQUE

Figure 16 - La Loi de LAPLACE


La membra n e éla stiqu e est ma inten an t plac ée à la
surface d’ un flu ide e t étirée vers le bas. Isolo n s u ne
surface S de la concavité ainsi formée. En un point, il
est tou jou rs possible de dé te rmin er deu x ray on s de
co u rbure pe rpe n dicu la ire s r1 e t r 2 , c orrespo n dan t
re spe ctive men t à de ux cercle s de ce ntre s C 1 et C 2.
Po u r un e mê me te nsio n T, le “sau t de pressio n” P,
à la tra ve rs é e de la me mb ra n e d a n s le se n s
co n ve xité c o n ca vité e st to u jo urs po sitif ; il e st
d’ au tan t plu s gran d qu e les rayo ns de c ou rbure so nt
plus petits. La formule générale est : P = T(1/r1 + 1/r 2).
Pou r mieu x c ompren dre c e ph é no mèn e , isolo n s u n
des ray o ns de c ou rbu re e t la c orde co rrespon dan te
(voir e nc adré). Les forces F so nt respon sables d’ u ne
tension T et donc d’une force résultante dirigée vers le
cen tre de la c on cavité, appe lée force pressa nte . Po ur
une même tension, plus cette corde est courbée sur le
fluide, plus la force pressante est importante.

Figure 17 - Dans le cas d’un conduit cylindrique, l’un des rayons de courbure est infini ; la formule générale devient donc : P = T/r1 .
A force d’incurver la membrane de caoutchouc nous en avons fait un réservoir sphérique. Tous les rayons sont égaux. La formule générale devient
P = 2T/r. Ce phénomène permet de comprendre pourquoi la pression à l’intérieur des petites bulles de savon est toujours plus élevée que dans les
grandes, ce qui fait que lorsque deux d’entre elles se rencontrent, c’est la petite qui se vide dans la grande, alors que la tension superficielle est
identique dans les deux cas.

NOTE n° 6 : EVANGELISTA TORRICELLI (1608 - 1647), BLAISE PASCAL (1623 - 1662) ET L’HYDROSTATIQUE : un débat et des expérimentations à travers
l’Europe du 17ème siècle

Les contemporains de PASCAL, et en particulier DESCARTES, pensaient que “la nature avait horreur du vide”. C’est ce qui permettait d’expliquer l’ascension d’un liquide au dessus
d’un réservoir dans le conduit d’une pompe aspirante où le vide était fait (le liquide venait combler le vide). Mais BEECKMAN dès 1618 expliquait cette ascension par le poids de
l’air qui s’exercait sur le liquide du réservoir. En 1638, GALILE s’était rendu compte que dans une pompe, l’eau ne pouvait pas s’élever au delà d’une certaine limite. TORRICELLI
qui avait travaillé avec GALILE dans les derniers mois de la vie de ce dernier, eut alors l’idée de réaliser sa célèbre expérience. Un tube de verre fermé à l’une de ses extrémités
est rempli de mercure, puis retourné sur une cuve contenant du mercure. Le mercure restait à environ 760 mm au dessus du niveau de la cuve, ce qui correspondait au poids de
la colonne d’eau de hauteur maximale dans les pompes. TORRICELLI venait ainsi de mesurer la pression atmosphérique (cette expérience réalisée vers 1644 avait peut-être déjà
été effectuée en 1643 par VIVIANI). Il ne restait plus qu’à montrer la variation de hauteur barométrique avec l’altitude. C’est ce que fit PASCAL en demandant à son beau-frère
Florian PERIER de monter en haut du Puy de Dôme le 19 septembre 1648. PASCAL fit ensuite une synthèse de ces expériences dans le “Traité de l’équilibre des liqueurs” et le
“Traité de la pesanteur de l’air” où il expose son “principe” qui explique en particulier le paradoxe de PASCAL ou l’expérience du “crève tonneau” : un tonneau en bois rempli
d’eau et surmonté d’un tube ouvert à ses deux extrémités peut éclater si dans ce tube est versé de l’eau jusqu’à une certaine hauteur,”quelle que soit la section du tube, même si
elle est très faible”.

22
FLUIDE AU REPOS - HYDROSTATIQUE

II - LES LOIS DE L’HYDROSTATIQUE 3 - La différence d e pression en tre deux P1


niveaux respectivement aux pression P2 et P1
Ce ballon sphé rique va de ve nir pour nous un “ré servoir” d’un fluide au repos est égale au poids d’une colonne
rem pli d’e au, qui, pour l’ insta nt, est hermé tiqueme nt ferm é. de fluide de sec tion 1 (unité) e t de haute ur h e n mè tre s, C2
Deux tubes transparents, servant de manomètres à eau, sont dénivellation entre les deux points, soit : P2 - P1 = gh (avec
introduits à des nive aux différe nts. Le fluide est imm obile, , masse volumique du fluide en Kg/m3 et g accélération de
n ous so m m e s da ns le d om a ine de l’ h ydrosta t iq ue la pes ante ur e n m / s2 ) (2). La pre ssion da ns le systè m e
(figure 18). Standard International (SI) est exprimée en pascals (Pa).

1 - L a pression en un point du fluide est la 4 - Un fluide transmet intégralement dans


même dans toutes les directions. Un capteur de t o u t es le s d ir ect io n s les va riat io n s d e
pre ssion pla cé e n un e ndroit pré cis, indique ra donc la pression qu’il sub it. C’ est le principe de continuité
m ê me vale ur, que lle que soit l’ orie nta tion de sa surfa ce (Note 6).
sensible.

2 - La p ressio n est la même su r u n e


même h o riz o n t ale. C’ e st le princ ipe de s va s e s
communicants, appliqué, en particulier, aux manomètres.

F ig ure 18 - Dispo sitif ex pé rime n tal c o mpo sé d’ u n e e n ce in te


sphérique souple, munie d’un orifice de sortie fermé, et soumise à la
pression atmosphé rique . De ux c apteu rs on t été in troduits, à deu x
n ivea u x diffé re n ts , a fin de c o n na î tre le s pre ssio ns P 1 = gh 1 ,
P 2 = gh2 et la différence P 2 - P 1.
A - Ch acu n e des pressio n s se lit c omme u n e ha uteu r d’ eau au
de ssus de l’h o rizo n tale pa ssan t par le po int o ù e st effec tu ée la
mesure. Il ne faut donc pas oublier de placer le zéro au bon niveau
pour chaque mesure. P 2 - P 1 est égale à g(h2 - h1) = gh (avec
= 1 000 Kg/m3, masse volumique de l’eau et g = 9,81 m/s2). Cette
différence de pression est souvent représentée de façon simplifiée
par la hauteur d’eau h. Mais si on veut obtenir la pression réelle, ou
l’utiliser en pascals (unité SI de pression) dans des calculs, il ne faut
pas oublier de multiplier par g.
B - L’enceinte est maintenant soumise à des forces pressantes F qui
p e u ve n t ê tre e x trin sè qu e s (c o m pre ss io n ) o u in trin sè q u e s
(co n tra ction ). Dan s le s de ux ma no mètre s, le nivea u mon te de la
même hauteur h ce qui montre que l’augmentation de pression P
e st iden tiqu e e n P 1 et P 2 . Ain si la tra n smission du su rplus de
pression s’est faite intégralement dans toutes les directions.

On démontre sur la partie A que l’énergie totale par unité de volume


e st la mê me da ns to us les po in ts d’ un fluide immo bile. En e ffe t,
l’énergie totale par unité de volume au point 1, où nous avons placé
l’horizontale de référence, est E 1 = P1 + gh = P1 car h = 0. Au point
2 situé à -h, l’énergie totale par unité de volume est : E 2 = P2 - gh =
P 1 + gh - gh = P1 ; d’où E1 = E2 .

(2) On peut être surpris d’apprendre qu’en vertu des principes de l’hydrostatique, chez l’homme érigé, la différence de pression entre le bas uretère et le
bassinet est de l’ordre de 25 cm d’eau si l’uretère réalise une colonne verticale ininterrompue, et que la différence de pression entre le col et le sommet de
la vessie pleine peut atteindre 10 cm d’eau. Ces valeurs sont loin d’être négligeables en physiologie. 23
CHAPITRE 2 - NOTIONS GENERALES D'HYDRODYNAMIQUE

III - ENERGIE TOTALE D’UN FLUIDE AU REPOS. B - FLUIDE EN MOUVEMENT -


HYDRODYNAMIQUE
Isolons dans notre réservoir un volume que lconque d’e au
immobile. Un travail peut être effectué en utilisant la pression
En ouvrant le robinet, nous e ntrons da ns le dom aine de
hydrosta tique P (3). De plus, si nous la issons tom ber ce
l’ hyd rod yna m iq ue . I l f a u t a lors t e nir co m pte de s
volum e d’ ea u à un nivea u de ré fé re nce , nous pouvons
cara cté ristiques du f luide et du flux ( viscosité, é coulem ent
utiliser l’ éne rgie de pe sa nte ur ; c’est ce qui est fait en ba s
lam ina ire ou turbulent) de l’ éne rgie totale (charge ) e t de la
d’un barrage hydroélectrique. Finalement, l’énergie potentielle
résistance à l’écoulement (perte de charge).
totale E, se décompose en :

E = PV + mgh (équation 1)
I - CARACTERISTIQUES DU FLUIDE ET DU FLUX
avec :
- m (en kg) : masse du volume V (en m3 )
1 - La viscosité
- P ( e n pa s c a ls ) : pre ss ion hyd ro sta tiq ue ( nou s
désigne rons toujours cette pre ssion pa r P, e n sa chant
Le mot “Viscum” vie nt du la tin. Il désigne le gui ("Viscum
qu’elle e st é ga le à gh, lu com me la ha uteur h de la
album") dont le s ba ie s gluantes étaient utilisé es par les
colonne d’eau d’un manomètre)
Romains pour attraper les petits oiseaux. L’urine est un fluide
- h (e n mè tres) : ha ute ur pa r rapport à un nive au de
visqueux et homogène... comme, par exemple, le plasma, la
référence h 0 = 0
lymphe, le liquide céphalo-rachidien, et aussi comme l’eau,
- g = 9,81 m/s2 : constante de gravité.
l’huile ou l’alcool. Ces fluides se mettent en mouvement dès
qu’ une force , aussi petite soit-elle , leur est appliqué e ; en
L’ é nergie de pre ssion e st PV (4)
. L’é nergie pote ntielle de
ce la ils se diffé rencie nt des f luides pla stiques, comm e le
pesanteur est mgh.
ma stic, qui ne se mettent en mouvem ent qu’ à partir d’ une
ce rtaine f orce . Ma is le mouvem ent se f ait ave c plus ou
Il devient nécessaire de s’affranchir de la notion de volume
moins de difficulté en raison de ce qu’I sa ac Ne wton a vait
pour n’avoir que des pressions à mesurer. Pour cela, il suffit
déc rit sous le te rme de “frottem e nt interne ” ou “de fe ctus
de diviser chaque terme de l’équation 1 par V, puis d’effec-
lubrificatis”.
tue r m/ V = , m asse volumique du fluide. Nous obtenons
l’énergie par unité de volume, E (p), selon l’équation 2 :
La visc osité quantifie ce tte difficulté à l’ écoulem ent. La
vis cos ité d ’ un f luide visque ux idé a l ou ne wtonie n e s t
E V m E indépendante de la vitesse de l’écoulement. Elle varie avec
= P + gh soit : = E (p) = P+ gh
V V V V la tem péra ture, c e qui est sa ns consé que nce en ce qui
concerne l’excrétion urinaire. L’unité de viscosité dynamique
(équation 2)
est la poise et l’unité de viscosité cinématique est le stokes
en souvenir respectivement de Poiseuille et de Stokes (à 20°,
On démontre que, dans un fluide immobile, l’énergie totale
la viscosité cinématique de l’eau est de 10-6 m2 /s ou stokes).
pa r unité de volum e e st la m êm e da ns tous le s points
(figure 18). C’est cette énergie qui va propulser le fluide dès
que nous aurons ouvert le robinet.

(3) Bien que ce volume soit isolé dans le réservoir, il ne serait pas juste de nommer la pression, Pr. En effet, la pression dans le réservoir n’est pas la même
partout, et il n’est donc pas possible d’utiliser le terme Pr d’une façon générale, mais seulement si nous précisons le point où la mesure est faite et si nous
en faisons le point de référence.

(4) Si la force F s’exerce perpendiculairement à la surface d’un piston qui appuie sur un fluide, une pression P = F/S se transmet dans tout le fluide. Si le
piston se déplace de la longueur L, le travail effectué est E = FL. Comme il est possible d’écrire F = PS, on en déduit que E = PSL. Mais SL n’est autre que le
volume à la pression P parcouru par le piston d’où E = PV. Le système a subi une variation d’énergie E = PV, énergie contenue dans le volume V du fluide à
24 la pression P.
FLUIDE EN MOUVEMENT - HYDRODYNAMIQUE

2 - Nature de l’écoulement : laminaire ou NOTE n° 7 : LE NOMBRE DE REYNOLDS : P1


turbulent (figure 19). Où commence la turbulence ?

Dans un régime laminaire, le fluide se comporte comme C2


s’ il é ta it form é de couches concentrique s qui glisse nt le s
unes sur les autres, parallèlement à la paroi du tube, sans
se mélanger. Un tel flux est parfaitement lisse lorsqu’il sort
du conduit comme le jet d’un tuyau d’arrosage si le débit est
faible.

Le régime turbulent est plus difficile à définir avec précision.


C ’ es t l’o pposé d u ré gim e la m ina ire bie n o rga nis é. La
turbulence s’ ac compa gne de m ouvem e nts irréguliers e t
dé sord onné s re sponsa ble s d ’un bra ssa ge du f luide . Il
prése nte une apparente incohérence, son comportem ent
semble imprévisible. A la sortie du conduit le jet a tendance
à se disperser et à éclabousser.

Dans une phase transitoire le flux peut être laminaire ou


devenir turbulent. Il semble bien qu’il ne faille pas interpréter
ces deux régimes comme étant respectivement l’ordre et le
chaos. De nombreux travaux font progresser les théories, en
p a rtic ulie r st a tistiq ue s, de la t urb ule nc e e t c e rta in s
propose raie nt mê me une interpré ta tion se lon laquelle le
laminaire serait inerte et les turbulences représenteraient le
mouvement, la vie. Quoiqu’il en soit, il n’y a pas un bon et un
mauvais régime, mais des états différents dont les domaines O. Reynolds s’est représenté derrière le dispositif expérimental (a) qui lui a permis
et les lois, nous le verrons, sont différents. de montre r c omment les turbule nce s a ppa ra issa ient en pa rtic ulie r qua nd il
augmentait le débit du fluide (Reynolds O., 1883, Phil. trans., 174, 935). En b, le
débit est faible et le filet de colorant est linéaire ; il reste au milieu du conduit
Le nombre de Reynolds (Re), gra ndeur sans dimension, sans se mélanger au fluide parce que l’écoulement est laminaire. En c et d, le
débit est plus élevé et le colorant se mélange au fluide en raison du brassage
e st le pa ra mètre expé rim ental qui reflè te cette tra nsition et
des lignes de flux.
permet de prédire le régime d’un écoulement. Le nombre de
Reynolds dépend à la fois du débit, du diamètre du conduit
e t de la visc osité . Un é coule m ent e st la mina ire jusqu’ à Le nombre de Reynolds permet de prévoir la nature, turbulente ou laminaire, d’un
écoulement. Il se calcule selon la formule :
Re = 2 000 ; au delà de 4 000 il est turbulent (Note 7). Le 4Q
nombre de Reynolds perme t de déterm iner , coe fficient Re
vD
c iné tique (f igure 19) qui e ntre da ns la constitution de s
équations issues du théorème de Bernoulli. Q est le débit en ml/s. D est le diamètre du conduit en mètre. est la viscosité
c iné ma tique du fluide à la te mpéra ture de l’expé rience ( = vis cosit é / ma sse
volumique, soit ). L’expression du débit en ml/s permet d’exprimer la viscosité
cinématique en centistokes (pour l’eau et l’urine à 37°, = 0,72 centistokes).

Si on considère que l’urèthre masculin a un diamètre per mictionnel moyen de 4


à 5 mm, que le débit se situe entre 15 et 30 ml/s, le nombre de Reynolds moyen
est estimé entre 5300 et 13 200 ce qui correspond à un écoulement turbulent. Il
est toutefois possible que Re soit localement entre 2 000 et 20 000
La turbulence dépend donc à la fois du débit, du diamètre du conduit et de la
visc osité du fluide s e lon un proc es sus qui pe ut ê tre expliqué de la faç on
suivante : à l’entrée d’un conduit, par exemple au col de la vessie, les particules
d’ un fluide prés ent ent toujours de pe tite s fluc tuat ions de vite sse a ppe lé es
turbulences résiduelles. Ces perturbations tendent à être amorties par la viscosité :
une particule plus rapide va ê tre fre inée par le s force s de fric tion du fluide
e n vi ro nna nt . M ai s s i c e tt e pa rtic ul e plus ra pide e s t à l’ origi ne dé vié e
transversalement et si le temps pour la freiner est trop grand en comparaison du
temps qu’elle met pour traverser le conduit, la turbulence peut se développer.

25
CHAPITRE 2 - NOTIONS GENERALES D'HYDRODYNAMIQUE

II - ENERGIE TOTALE D’UN FLUIDE EN


MOUVEMENT

Ce para graphe explic ite c e qui a été déf ini da ns l’ intro-


duc tion c om me é ta nt l’é ne rgie disponible a ve c se s trois
f rac tions, l’ é nergie de pre ssion, l’ éne rgie pote ntie lle de
pesanteur et l’énergie cinétique.

Considérons maintenant le volume de fluide précédemment


isolé en hydrostatique, et mettons-le en mouvement dans un
conduit. Par ra pport a u m êm e volum e sta tique, il pe ut
effectuer un travail supplémentaire grâce à sa vitesse ; c’est
l’é ne rgie ciné tique . L’ éne rgie totale E se dé com pose donc
en (figure 20) :
1 2
E = PV + mgh + mU (équation 3)
2
Nous re connaissons l’ é nergie sta tique , à la que lle nous
Figu re 19 - Cara c té ristiqu es de s é co u lem en ts la min a ire s e t avons ajouté l’énergie cinétique,
turbulents dans un conduit cylindrique rigide.
Dans un écoulement laminaire, les couches concentriques du fluide
se dé plac e n t para llè le me n t. La c o mpa raiso n de s vites se s de 1 2
mU
ch ac u ne de ce s c o uc he s pa r rappo rt à la vitesse de dé bit (ou 2
vite sse mo y en ne da ns la sectio n co nsidé ré e, telle qu e Q = US),
montre que les vitesses sont élevées au centre et très faibles près L’ é n ergie pa r unité d e volum e , E (p) = E/ V , p e rm e t d e
des parois. Elle s se ré partisse nt da ns la sec tio n se lo n un pro fil s’affranchir de la notion de volume et d’obtenir une équation
parabolique. Dans un régime turbulent, le mélange des couches est ne concernant que des pressions :
re spo nsable d’u ne meilleu re répartitio n de s vitesses don t le pro fil
s’a pplatit po u r s’ appro ch er du fro n t th éo rique c orrespo ndan t à la
vite sse de dé bit. No u s verro n s plu s lo in qu e le th éo rè me de
E 1 2
Bernoulli, dans sa forme générale, traduit le principe de conservation = E (p) = P gh + U (équation 4)
de l’énergie le long d’une ligne de flux, par exemple celle de Umax. V 2
En pratique co mme no us n’ auron s acc ès qu’ à la vitesse mo ye nne
dans la section, puisque nous la déduirons du débit, il faudra utiliser
un coefficient de transformation, , appelé coefficient cinétique.

F igure 20 - En e rgie to tale d’ un fluide e n mo uve men t dan s u n


conduit.
Le volume V de fluide qui se déplace à la vitesse U, a pour énergie
totale la somme de l’énergie de pression, de l’énergie potentielle de
pesanteur, et de l’énergie cinétique.

26
FLUIDE EN MOUVEMENT - HYDRODYNAMIQUE

Il existe donc dans un fluide en mouvement trois formes de récupérée à l’issue de celui-ci. Une partie a été transformée
P1
pressions : en chale ur e n ra ison de la résistanc e d’où les terme s de
- P, qui est la pression hydrostatique du fluide, perte d’ éne rgie, de pe rte de c ha rge ou mieux, de pe rte
- gh, qui est la pression potentielle de pesanteur, d’ é ne rg ie dis ponib le , pou r e xprim e r le princ ipe d e C2
- 1/2 U2 , qui est la pression “dyna mique ”, liée à l’énergie conservation de l’énergie.
cinétique.
Lorsque le flux est pé riodique, c’ est-à-dire variable a vec le
Mêm e sous ce tte f orm e, une telle é qua tion n’e st pas de te mp s, il peut existe r un d épha sa ge e ntre le s c ause s
m anipulation fa cile ca r en pratique c’e st une ha uteur de motrices et le mouvement comme pour le courant alternatif.
f luide qui e st m esuré e sur un m anom ètre . Pour utilise r Le terme d’impédance paraît alors mieux adapté que celui
directement cette valeur dans les calculs, l’artifice consiste à de résistance car il comporte toujours la notion d’obstacle à
diviser chaque terme de l’équation 4 par g. Nous obtenons l’ éc oule m en t m a is tient com p te du d é pha sa ge e t d e
E(h), telle que E(h) = E(p) / g : phénomène d’accumulation (figure 22) comme dans le cas
d’un conduit distensible sous l’effet du flux.

2 2
P U U
E (h) = +h+ soit : E (h) = P + h +
g 2g 2g
(équation 5)

Les énergies ont été transformées en des pressions lues et


utilisé es sous form e de haute urs (en m ètre s) de colonne s
d’e au pour le s manom ètres à eau. L’ énergie pote ntie lle se
trouve, e lle a ussi, exprim ée sous form e d’ une ha uteur pa r
ra pport à un nive a u de réf ére nce . Par sim plification, e n
utilisant un manomètre à eau, P/ g est une hauteur d’eau
(puisque P = gh) que nous continuerons à nommer P.
L e tube d e PIT OT (f igure 21) pe rm e t de diff é renc ie r la
pression P, partie hydrostatique de la pre ssion totale d’un
fluide (5).

III - RESISTANCE AU FLUX

La résistance au dépla cem ent d’une qua ntité de m atière Figure 21 - Principe du tube de PITOT.
da ns tout a utre m ilie u que le vide e st un phé nomè ne De mê me q u’ u n ma rin s ait rec o n n a î tre d’ o ù vie n t le ve n t e n
gé néra l, qui dé pend, e ntre a utre s, du régime de l’ é cou- pe rce van t un su rplus de pre ssio n lorsqu ’il lu i fait fac e, le tu be de
lement et de la nature des pertes de charge. Pitot permet à son utilisateur de distinguer le surplus de pression lié
à la vitesse du flux.
Régimes continus et périodiques. In tro duiso n s u n tu be de Pito t da ns u n flu ide e n mo uve men t. La
section de l’orifice communiquant avec la colonne 1 est parallèle au
Lorsque le régim e est permanent, c’est-à -dire indépendant
flux ; c’est donc la pression P du fluide qui est mesurée. La section
du temps, le débit entre deux points dépend d’un élément de l’o rific e co mmu niqu an t a vec la c olon n e 2 e st dan s un plan
moteur qui est la différence de pression, et d’une résistance fron ta l, pe rpen dic u la ire au flu x ; c ’ est do nc la press io n to ta le
à l’ é coule me nt due au f luide. Pa r analogie , l’ inte nsité du disponible du flux c’est-à-dire la pression P, à laquelle s’ajoute une
courant e n électricité dépend de la dif férence de potentiel h a uteu r qu i tra du it l’ én e rgie c iné tiqu e du flu x , d’ où le te rme de
pression dynamique. La pression dynamique du flux, est obtenue en
qui e st l’ élém e nt m oteur e t de la résista nce . L’ é nergie soustrayant 1 de 2.
néc essaire à un m ouveme nt n’ est donc pa s entièrem ent

(5) L’exemple du tube de Pitot illustre le problème général de l’incidence de la méthode de mesure sur le phénomène mesuré. Il est évident que sa seule
p ré s en ce va p ertu rb er le flu x, e n cré an t u n o bs tacle ou d e s tu rb ule nc es . En p ratiq u e, il faut u tilis er les méth od e s d e me s ure q u i o nt le moin s d e
retentissement sur le phénomène étudié. 27
CHAPITRE 2 - NOTIONS GENERALES D'HYDRODYNAMIQUE

1 - Résistance à un flux permanent.


Historiquement, la première étude de la résistance uréthrale
s’ ins pira d e la loi de Poise uille qui c onc e rne le ca s
pa rticulier des éc oulem ents lam ina ire s da ns de s tubes
capillaires (Note 8). La méthode fondée sur le théorème de
Bernoulli, fournit une meilleurs évaluation de la résistance à
l’écoulement à partir de la relation R = P/Q2 .

a) Le théorème de Bernoulli (Note 9)


Il régit les lois de variations des paramètres d’un fluide en
m ou ve m e nt d a ns u n c ond uit e ntre de ux s e c tions
respectivement d’indices r et s (figure 23). En l’absence de
perte de charge (e n considéra nt que l’ ea u est un fluide
parfait, non visqueux) le théorème prend la forme :

2 2
U U te
P r + hr + r = P s + hs + s = C
2g 2g
(équation 6)

Figure 22 - Flux permanent et flux variable : résistance et impédance


a - Lo rsq u ’ u n flu x s’ é ta blit da n s u n co n du it au x pa ro is n o n
diste nsible s préa la ble me nt re mpli de liqu ide, le débit a ppara ît dès
que le ro bin et est o uvert. Ce s co nditio ns corre spo nden t à u n flux
continu, permanent ; c’est le domaine d’application de la résistance.
b - Un rése rvo ir est plac é sur le c on du it. Lo rsqu e le ro bin et e st
ouvert, le flux apparaît, mais il faut que le réservoir atteigne un niveau
d’équilibre avant que la relation pression - débit soit stable.
c - Quand cet équilibre est atteint, le réservoir n’intervient plus et la
relation pression - débit est identique à celle observée en a. Il est
alo rs po ssible de pa rle r de no u ve au de résistan ce tan t que ce t
équilibre persiste.
d - Avec la fermeture du robinet, le flux va persister jusqu’a ce que le
réservoir soit vide. F ig ure 2 3 - L ’ é qu a tio n d e Be rn o u lli tra du it le prin cipe de
L’impédance, applicable au régime variable, tient compte, en plus de c on servatio n de l’ éne rgie totale d’ un volu me de fluide parfait (no n
la résistance précédente, des conséquences d’autres phénomènes v is qu e u x , do n c s an s p e rte d e c h a rge ), in c o m pre s sib le , e n
liés par exemple au déphasage ou à l’accumulation. écoulement permanent.
(d'après J. Llory, Biophysique Médicale) (d'après J. Llory, Biophysique Médicale)

28
FLUIDE EN MOUVEMENT - HYDRODYNAMIQUE

Avec : b) La notion de perte de charge P1


- h r et h s : cotes de chacune des sections par rapport
Elle do it êt re inté gré e à l’ é qua tion de Be rnoulli pour
au niveau de référence,
respecter le principe de la conservation de l’énergie dans le C2
- Ur et Us , en m/sec : vitesses de déplacement du fluide
cadre d’un fluide visqueux. En effet, si nous plaçons un tube
dans chacune des sections,
de Pitot dans le conduit de notre dispositif expérimental, la
- P r e t P s, e n mè tre s d’ ea u : pre ssions du f luide aux
pre ssion totale mesurée est infé rieure à la pression initia le
points r et s.
du rése rvoir, ce qui montre bien que l’é nergie initiale n’ est
pas entièrement restituée (figure 24).

NOTE n° 8 : POISEUILLE, médecin et physicien (1799 - 1869)

La loi de POISEUILLE mérite d’être évoquée d’emblée


ca r c ’e st d’ elle e t de se s a pplic ations hémodyna-
mique s qu’ es t is sue la pre miè re é va luat ion de la
résistance uréthrale par la formule R = P/Q. Poiseuille
avait remarqué qu’un écoulement laminaire dans des
tubes capillaires est d’autant plus difficile que le tube
e st long e t é troit e t que le fluide e s t visque u x
(Poiseuille J.L.M., 1846, Paris. Mém. Savants Etrangers,
9, 433).
Le débit e st a lors proportionne l à la diffé renc e de
pression P entre deux points d’un conduit, au rayon
à la puissanc e 4, r4 , inversement proportionne l à la
longueur L séparant les deux points et à la viscosité
selon l’équation de POISEUILLE :

4
r
Q P
L

4
r
K
L

peut être interprétée comme la conductance, de sorte


que :

L
R
4
r

exprime la résistance à l’écoulement.

Il est alors possible de ca lcule r la rés ista nce se lon


une formule analogue à c elle de la ré sist ance pure
des circuits électriques (loi d’Ohm, U = RI) :

P L e dispositif e xpériment al comporte un conduit capillaire sur le que l des tubes trans pa re nts sont rac cordé s
R perpendiculairement au flux, afin d’en mesurer la pression. On s’aperçoit que celle-ci diminue progressivement de
Q l’a mont ve rs l’ava l pour de venir é gale à la pres sion a tmosphé rique à la sortie. Se lon la loi de POISEUIL LE, la
différence de pression entre deux points a et c est proportionnelle à la distance L séparant ces deux points, au
C’e st a insi qu’on c alcula, initia le me nt, la rés is tance débit du fluide, à son coefficient de viscosité et inversement proportionnelle au rayon du conduit à la puissance
uréthrale. quatre.

29
CHAPITRE 2 - NOTIONS GENERALES D'HYDRODYNAMIQUE

NOTE n° 9 : Daniel BERNOULLI médecin et mathématicien

D a nie l BERNO ULL I e st né à Gronin gue le 9 fé vrie r 1700 da ns u ne famille qui a donné huit
mathématiciens, géomètres ou physiciens célèbres dans toute l’Europe. C’est le deuxième fils de Jean
BERNOULLI professeur de mathématiques d’abord à Groningue puis à Bâle en remplacement de son
frère Jacques. Tout comme son père, le jeune Daniel était initialement destiné au commerce, mais il
préféra devenir médecin tout en bénéficiant des leçons de mathématiques de son père. Il alla en Italie
étudier auprès de Michelotti et de Morgagni. Il eu l’occasion de se distinguer en prenant la défense du
premier, mathématicien reconnu, dans des discussions scientifiques avec des géomètres italiens.
En 1725, il fut appelé à Saint Petersbourg avec son frère Nicolas (né à Bâle le 27 janvier 1695, mort à
Saint-Petersbourg le 26 juillet 1726) pour y enseigner les mathématiques.
En 1733, il revient à Bâle et obtient une chaire d’anatomie, de botanique puis de physique.
Son traité d’Hydrodynamique (Hydrodynamica, 1738, Basel, Dulseckeri) est le premier publié sur ce
sujet. Il est essentiellement basé sur le principe de conservation des forces vives (on dit maintenant de
l’énergie). Le théorème de BERNOULLI est une des bases fondamentales de l’hydrodynamique actuelle.
Au plan méthodologique, il semble que Daniel BERNOULLI, après avoir isolé le point fondamental d’un
problème, utilisait des hypothèses permettant de simplifier les calculs sans trop altérer l’exactitude des
résultats. C’est en se sens que les mathématiques n’étaient pour lui qu’un outil ; son but n’était pas de
se livrer à des exercices d’analyse pure mais de résoudre des problèmes pratiques.
Daniel BERNOULLI devint Associé Etranger de l’Académie des Sciences de Paris en 1748. Il succédait
a lors à son pè re , e t son frère Jea n lui succ é da e n 1782. Il se fit re mpla ce r dans se s fonct ions
d’enseignant à 77 ans et mourût à Bâle le 17 Mars 1782.

Figu re 24 - Da ns le c as d’ u n flu ide vis qu e u x e n


mouvement (fluide réel), le tube de Pitot montre que la
pression totale en un point du conduit est inférieure à
la pression initiale (Pr ). Cette différence de pression, H,
est appelée perte de c harge. Dans le c as d’ un flu ide
parfa it, sa ns visco sité do nc san s pe rte de c ha rge, la
pre ssio n to ta le me suré e par le tu be de Pito t se rait
identique à la pression initiale Pr .

30
FLUIDE EN MOUVEMENT - HYDRODYNAMIQUE

L’équation 4 devient : c) - Détermination des coefficients de perte de P1


charge ( )
2 2
U U te La pe rte de cha rge globa le est la som me des pe rte s de C2
P r + hr + r = P s + hs + s + H = C charge dans différentes portions du conduit, qui dépendent
2g 2g
de m ultiples facteurs, notam ment de la forme du c onduit.
(équation 7)
Par exemple, dans un urèthre masculin, l’évasement du col
pendant la miction, la conformation de l’urèthre prostatique,
le coude de l’urèthre bulbaire, l’inextensibilité de la fossette
Le terme H qui apparaît, représente la somme des pertes
naviculaire, entrainent des pertes de charge spécifiques dont
de charge e ntre le s sections r et s, exprim ée s en m ètre s
on peut calculer l’im portance da ns un urèthre norm al (voir
d’ eau puisqu’ il sagit d’une ha uteur manquante dans notre
note 11), ou pa thologique (voir note 25) . Chacune de ces
tube de Pitot.
pertes de charge peut s’écrire, en fonction de la vitesse du
flux à la sortie, sous la forme générale :
Lorsque ce bilan énergétique est appliqué entre le réservoir
( indice r) drainé par le conduit rigide et l’ orifice de sortie
(indice s) l’équation de Bernoulli peut s’écrire : 2
Us
2 H=
Us 2g (équation 17)
Pr + h = + H
2g (équation 8)
avec , coefficient de pertes de charge qui dépend de la
géom étrie du se gm ent é tudié, tel que pour l’ensemble du
conduit = .
En e f f e t, la pre ss io n de ré f é re nc e e st la pre ss ion
L’ é qua tion de Be rnoulli pe ut a lors s’ éc rire de la fa ç on
atmosphérique (Patm ) mesurée à hauteur de la sortie, ce qui
suivante :
perme t d’e xprimer le s pressions en hauteur d’ une colonne
d’eau (en mètres) par rapport à ce niveau de référence.
2
Dans le réservoir les caractéristiques sont : Us
- Pr , la pression dans le réservoir, exprimée en mètres Pr + h = +
2g (équation 18)
d’ ea u, m esurée sur l’ horizontale pa ssant par l’ a xe du
conduit,
L e te rm e e ntre pa re nth è se s e s t a lo rs la s om m e du
- U r , la vitesse du flux, qui est nulle au départ. L’énergie
coe fficie nt cinétique ( ) et des c oe ff icients de perte de
cinétique est donc nulle.
charge ( ) qu’il reste à déterminer. Cette détermination peut
A la sortie, les caractéristiques sont :
être obte nue à pa rtir d’ une dé com position du conduit en
- P s , la pres sion du flux, qui n’ e st autre que P atm,
é lé m e nts hydra u liq ue s sim p le s p our le sq ue ls son t
pression atmosphérique de référence,
a ppliqué e s le s f orm ules m athém a tiques issue s d’ e xp é-
- Us , la vitesse du flux à sa sortie, reliée au débit par la
rie nc es hydrodynam iques ré a lisé es sur de s conduits de
formule Q = Ss.U s (m3 /s) dans laquelle Ss = rs2 est la
formes équivalentes. Il est habituel de distinguer deux types
section du méat.
de pertes de charge.
La dif fé rence de nive au e ntre le ré servoir et la sortie du
conduit est hr - hs = h (en mètres).
e st le coe ff ic ie nt ciné tique qui pe rme t d’ a ppliquer le
théorème de Bernoulli à une section entière d’un conduit en
utilisant la vitesse moyenne du flux (fig. 19) : = 2 pour un
é coulem e nt la m ina ire e t = 1.05 pour un éc oule me nt
turbulent.
Le terme H correspond à la somme des pertes de charge
intervenant le long du conduit. La note 10 montre comment
on peut, à partir de lui, mesurer la résistance à l’écoulement
selon la formule R = Pr/Q 2 (équations 9 à 16)
31
CHAPITRE 2 - NOTIONS GENERALES D'HYDRODYNAMIQUE

• Les pertes de charge dites “régulières” qui sont liées L/ D e st le coe ff ic ie nt de perte de cha rge régulière d u
aux frottements internes et aux frottements sur les parois du segment étudié (6).
f luid e pro gre ssa nt à vite ss e c ons ta nte ( f igure 25) .
L é tant la longueur du conduit de diam ètre hydraulique D Le coefficient universel de perte de charge ( ) est fonction du
pa rc ouru pa r un é coulem e nt de vite sse U, la pe rte de nom bre de Reynolds e t de la rugosité rela tive du conduit
c ha rge ré gulière e st éva luée e n fonction d’ un coef ficient (figure 26)
universel de perte de charge, , selon la formule :
• Les pertes de charge “singulières” sont lié es a ux
2 modifications de forme et de calibre du conduit (figure 27).
L U
H= ------ ------- C’est le cas en particulier :
D 2g (équation 19)

NOTE n° 10 : De BERNOULLI au coefficient de résistance uréthrale.

Ce qui revient à écrire :


Pour cela, il faut exprimer les pertes de charge, H, de façon globale, sous forme
d’une ha ute ur d’e au, e n fonc tion de la vite ss e du flux à s a s ort ie e t d’ un
coefficient de perte de charge global selon la formule : 2
2
Pr+ h = Q
2
Us 2
r s 2g
H= (équation 9)
2g (équation 13)

La résistance R peut alors être isolée :


Ce qui permet d’écrire l’équation de Bernoulli sous une autre forme :
2
Us
Pr+ h = + (équation 10) R=
2
2
r s 2g
(équation 14)
Le s équations 6, 7 e t 8 pe rme ttent alors de calculer le coe fficient de pe rte de
charge totale ( ) selon l’équation :
Cette formule présente des analogies avec la résistance issue de l’équation de
POISEUILLE (note 8) . R est d’autant plus élevée que les coefficients de perte de
2 Pr+ h c harge sont plus élevés e t nous verrons que c es dernie rs tiennent c ompte du
= r 2s 2g 2
- (grandeur sans unité) (équation 11)
n ombre de Re ynolds, de la gé omé trie du conduit, de sa longueu r, de s on
Q
diamè tre et de la viscosité du fluide. En plus , la ré sis tance diminue lorsque le
diamètre de s ortie du conduit a ugmente et que l’ acc élération de la pes anteur
Il est aussi possible de calculer le débit (en m3 /s), si , Pr (en m d’eau), h (en m)
et r s (rayon hydraulique du méat en mètre) sont connus, selon l’équation (10) : augmente.
La forme générale de la relation entre la charge initiale et le débit est donc :
2 Pr+ h
Q= rs 2g
(équation 12) P r + h = R Q2 (équation 15)

Ou plus simplement, en négligeant h si celle-ci est faible comparée à Pr :

P r = R Q2 soit R = Pr/Q2 (équation 16)

(6) Dans cette équation, le terme L/D est le coefficient de perte de charge régulière du segment étudié. Le coefficient universel de perte de charge, , est
fonction de la rugosité relative de la paroi et du nombre de Reynolds selon une relation complexe. Lorsque le nombre de Reynolds est inférieur à 2000
(régime laminaire), est calculé à partir de la formule = 64/Re. Lorsque le nombre de Reynolds est supérieur à 2000 (régime turbulent), est calculé à
partir de la formule de Blasius :
0.3164

Re

Le diamètre nécessaire aux calculs des pertes de charge est en principe le diamètre hydraulique (DH) qui d’une façon générale est relié à la surface de la
section S du conduit et à sa circonférence p par la formule :
4S
DH
p
32
FLUIDE EN MOUVEMENT - HYDRODYNAMIQUE

- du pa ssage d’ un ré servoir à un conduit, qui s’ ac- D’une faç on gé né rale , le coef ficient de pe rte s de charge
P1
c om pa g ne toujours d ’ un c oe f fic ien t de pe rte s de d’ une singu la rité e st d’ a ut a nt plus é le vé q ue le s
charge appelé “coefficient d’entrée” qui varie de 0.5 à 1 modifications de section sont brutales, que le rapport de la
selon la forme de l’entrée ; se c tio n la plus é troite à la plu s la rge , e s t f a ible , q ue C2
l’ a ngula tion d’ un co ude e s t a iguë , e t q ue l’ a ngle d e
- des variations du calibre qui, dans un conduit dont la divergence ou de convergence du flux est fermé. Mais dans
f orm e reste sta ble, entra inent une m odification de la un conduit qui ne pré se nte pas de m odif ica tions géo-
vitesse loca le , dans le sens d’ une a ccé léra tion avec m é triq ues trop im porta nte s pa r ra pp ort à une s ec tion
dim inution de press ion d u fluid e pour un s ys tè m e circulaire, ce sont les perte s de charge pa r frottem ent qui
convergent (réduction progressive du diamètre) ou dans sont de loin les plus importantes. Ce phénomène souligne
un diaphragme (réduction brutale du diamètre) et d’une l’im portance du diamè tre hydra ulique d’un conduit dans la
dé célé ration a ve c a ugme nta tion de pression pour un déte rmination de la résista nce à l’é coulem ent ( cf conduits
s ys tè m e diverg ent ( a ugm enta tion du dia mè tre ) . Ce distensibles).
phénomène est la base de l’interprétation des profils de
pressions uréthrales per-mictionnelles ;

- des cha nge m ents de direc tion, lorsque le conduit


décrit une courbe

Figure 25 - Applic atio n du th éo rè me de Be rn ou lli à


l’ é tu de hy dro dy n a miqu e d’ u n flu x é ta bli da n s le
dispo sitif e xpérimen ta l. Le co ndu it est h orizon ta l de
sorte que h = 0 ; l’énergie potentielle de pesanteur est
la mê me dan s ch ac un e de s section s. Le réservo ir et
l’orifice de sortie ont respectivement les indices r et s.
Entre deux sections quelconques du dispositif, il n’y a
que des pertes de charge régulières, par frottement.
Il est possible de vérifier le principe de conservation de
l’énergie. Dans le réservoir, la vitesse du fluide est nulle,
l’énergie initiale, ou charge initiale, se résume alors à la
pression Pr et à l’énergie potentielle de pesanteur h qui
re ste ide n tiqu e da n s to u t le sy stè me pu isqu ’ il e st
ho rizo ntal. Dès l’e ntré e du tu be , le flu ide se me t e n
mouvement, et des pertes de charges apparaissent.

La ligne de c harge a, qu i maté rialise l’é ne rgie dispo nible du flux (so mme de l’én ergie ciné tique et de l’ én ergie lié e à la pression ), mon tre u ne
diminu tio n progressive e t régulière de la cha rge e ntre le réservo ir e t le po in t s en raison des frottemen ts. La ligne piézométrique b marqu e la
séparation entre les deux formes d’énergie du flux : la forme dynamique (cinétique) et la pression du flux qui peuvent être mesurées par un tube de
Pitot. Comme la forme du conduit et le flux restent stables pendant le bilan énergétique, le débit et donc la vitesse du flux sont constants dans
toutes les sections du conduit. La perte de charge est responsable de la diminution de la pression P du fluide.
A la sortie du tube (S), la pression interne est égale à la pression atmosphérique de référence, il n’y a donc plus d’énergie sous forme de pression
2
US
hydrostatique. La forme cinétique , et donc le débit (Q = U s.Ss ), représentent alors, avec l’énergie de pesanteur h, toute l’énergie du flux.
2g

US
Le principe de conservation de l’énergie entre le réservoir et la sortie du conduit (S) peut donc se résumer à l’équation P r + H ou à
2g
l’équation Pr = R Q2 à partir desquelles il est possible de calculer soit les pertes de charge soit la résistance R dans l’ensemble du système.

33
CHAPITRE 2 - NOTIONS GENERALES D'HYDRODYNAMIQUE

Figure 26 - La rugosité relative est égale au quotient de la hauteur


des aspé rités pariétales ( ) par le diamètre hydra uliqu e du co nduit
(D). Pa r ex emple, des aspérités de 0, 12 mm de hau te ur dan s u n
c o nduit de 4 mm de diamè tre son t re spon sables d’ u ne rugo sité
relative de 0,03. Avec u n no mbre de Rey no lds estimé po ur le flu x
uréthral entre 2 000 et 15 000, la valeur de évolue entre 0,035 et
0,06 (cadre jaune).
A partir de l’ensemble de ces courbes expérimentales, il est possible
de faire les observation suivantes :
- le flu x lamin aire a ve c fa ible n ombre de Rey no lds s’ acc ompagne
d’un coefficient élevé et indépendant de la rugosité relative ;
- pour un régime transitoire, avec un nombre de Reynolds compris
entre 2 000 et 3 000, le coefficient augmente indépendamment de
la rugosité relative ;
- au delà, se stabilise d’autant plus haut que la rugosité relative est
é levée . Pou r un c on duit lisse, o u à très faible ru go sité relative ,
diminue encore pour des Reynolds élevés.
En pratique, ces observations suggèrent que pour l’urèthre masculin,
avec un nombre de Reynolds entre 5 300 et 13 000, peut évoluer
entre 0,03 et 0,1. Dans la zone de régime tansitoire, les valeurs de
sont les plus faibles et sont indépendantes de la rugosité relative.
(d'après IDEL'CIK I.E., Mémento des pertes de charges, Eyrolles, 1969)

Figure 27 - Applic atio n du th éo rè me de Be rn ou lli à


l’ é tu de hy dro dy n a miqu e d’ u n flu x é ta bli da n s le
dispositif ex pé rimen tal do nt le co nduit co mpo rte de s
singularités responsables de pertes de charge.
Co mme la forme du con du it e t le flux resten t stable s
pe n da n t le bila n é n e rgé tiq u e (dé fin itio n du flu x
perma ne n t), le débit est le mê me dan s to u tes le s
se c tion s du co n du it. Cec i e x pliqu e l’ ide n tité de s
vite sse s du flu ide d an s de u x s e ctio n s de mê me
diamètre. C’est donc la pression qui doit diminuer en
raison des pertes de charge.
La première singularité est l’entrée dans le conduit (e).
Elle entraine une perte de charge de faible importance
si l’orifice est bien ouvert.
Lorsqu e survie nt u n ré tré cisseme nt (2), la vite sse du
flux a ugme nte, l’é quilibre é ne rgétiqu e n éc essite alors
une chute de la pression. En aval du rétrécissement, si le conduit reprend son diamètre de référence, le flux retrouve la même vitesse qu’en amont,
mais la pression hydrostatique ne remonte pas complètement en raison de la perte de charge liée à cette singularité.
Da ns u n élargisse me nt (3), la vite sse diminu e, la pressio n au gmen te. A la sortie de ce tte singularité, la vite sse re prend sa valeur d’amo nt mais
comme précédemment, la pression ne remonte pas totalement en raison de la perte de charge liée à l’élargissement.
Un méat a été ajouté par rapport au dispositif utilisé dans la figure 25. Dans la mesure où il s’agit de la section dont le diamètre hydraulique est le
plu s faible du co nduit, c’ est lui qui limite le débit, pro vo qu e un e mise e n pressio n en amo nt, de sorte qu ’en c ompa raison avec la figure 25, la
pression du fluide dans le conduit est, dans l’ensemble, plus élevée et la vitesse plus faible.
A la sortie du tube (S), la pression interne est égale à la pression atmosphérique de référence, il n’y a donc plus d’énergie sous forme de pression
2
US
hydrostatique. La forme cinétique , et donc le débit (Q = Us .Ss), représentent alors, avec l’énergie de pesanteur, toute l’énergie du flux.
2g
2
US
Le principe de conservation de l’énergie entre le réservoir et la sortie du conduit (S) peut donc se résumer à l’équation P r + H ou à
2g
l’équation Pr = R Q2 à partir desquelles il est possible de calculer soit les pertes de charge soit la résistance R dans l’ensemble du système.
34
FLUIDE EN MOUVEMENT - HYDRODYNAMIQUE

2 - Résistance en flux variables ou conduits Dans le ca s d’ un conduit qui s’ ouvre e t se distend sous
P1
déformables. l’effet du flux, le rayon devient de plus en plus grand. Si la
paroi est suffisamment souple, cette augmentation de rayon
L a voie e xcré tric e e st c ons titué e de conduits à pa rois ne s’ accompa gne pa s, a u moins au début de l’ ouverture , C2
dé forma bles, distensible s (7) ; les f lux y sont va riable s ou d’une élévation de la tension. Selon la loi de LAPLACE, une
périodiques, c’est à dire fonction du temps. m êm e tension pariéta le T équilibre une press ion trans-
L’étude de ces flux nécessite des modélisations. Sans trop pariétale P d’autant plus faible que le rayon r augmente. En
sortir du domaine de l’ urodynam ique, il est tout de mê me conséquence, la pression P nécessaire pour initier l’ouver-
possible de com plé te r le s lois pré céde ntes en préc isant ture du conduit est supérie ure à celle néce ssa ire pour la
quelque s aspects physiques de s rela tions c om plexe s qui c om plé te r. Ce c i es t va la b le jusq u’ à c e que le nouve l
peuvent unir la pression d’ un fluide , la te nsion pariétale, la équilibre soit atteint en raison de l’élévation de la tension liée
géométrie de la section d’un conduit et le débit. à l’étirement de la paroi. L’ouverture d’un tel conduit est donc
quasi ins ta nta née ta nt que la tension pé riéta le re ste la
a) La pression P, dans un conduit distensible, sert à la même ou augmente peu.
f ois à f aire progre sser le flux, e t à repousse r le s pa rois.
Quand le dia mè tre hydraulique du conduit a ugm ente , le
coefficient de perte de charge par frottement diminue et la
résistance au flux diminue. Le conduit distensible a donc, sur Ces trois phénomènes font qu’un flux en train de s’établir ou
le co ndu it rig id e , l’ a va nta ge de pou voir dim inue r la de se te rm ine r, e n ouvra nt un con duit c olla bé , e n le
ré sis ta nce à l’ é coule m ent lorsque la pression du fluide distendant, ou en le laissant de nouveau se collaber, ne peut
augmente. être évalué que qua lita tivem e nt da ns son ensem ble par
l’observation des courbes de la pression et du débit. Il n’est
a lors pa s souha itable de pa rle r de ré sista nc e ca r le s
b ) La su rfac e d e sec tio n d u c on duit intervient conditions semblent plutôt être celles de l’impédance (figure
lorsque celui-ci e st initialem ent colla bé . L’ exem ple typique
22 b e t d) . Ce pe nda nt lorsque le f lux e st é tabli, qu’ un
est celui de la circulation veineuse. Lorsque la section d’un
équilibre se crée ne serait-ce que pendant quelques instants
conduit passe de la forme aplatie à la forme circulaire, elle
( f ig ure 22c) il e s t d e nouve a u pos sible d e pa rle r d e
passe par des étapes de formes élliptiques. Dans un conduit
résistance, ou mieux de résistance instantanée et la formule
c olla bé , qui s’ o uvre sous l’ e ff e t d ’ un f lux, le dia m è tre
R = Pr/Q 2 est applicable.
hydraulique, qui est proportionnel à la surface de la section
du conduit, augm ente trè s ra pidem ent car le périmètre est
Contra irem ent à ce qui e st ré gulièrem ent écrit, toutes les
c onsta nt. La résistance a u f lux, initialem e nt trè s é le vée ,
ca rac té ristique s physiques que nous ve nons de dé crire
s’abaisse donc très rapidement quand l’ouverture est initiée.
concourent à montrer que les conduits souples ne sont pas
L orsque la se ction du conduit de vie nt c ircula ire , c ’ e st
responsables de majorations de la résistance au flux, mais
l’éventuelle distensibilité qui intervient pour diminuer encore
plutôt du contraire (Figure 28). Le fait qu’ une pression dite
la résistance au flux.
d’ouverture soit nécessaire pour dé collaber un tel conduit,
permet de donner plus d’énergie au fluide pour s’échapper.
c) La loi de LAPLACE Cette énergie n’est pas perdue.
La loi de LAPLACE pour un conduit ( P = T/r) signifie qu’une
m êm e pre ssion trans-parié ta le P est équilibrée pa r une
tension pariétale T d’autant plus faible que le rayon r est plus
petit. A titre d’exemple, les pressions artérielles et capillaires
pulmonaires qui sont pourtant équivalentes sont équilibrées
par des é paisseurs pariétales respectivement de l’ordre de
1 mm et de 0,5 mm.

(7) Un corps est d’autant plus distensible qu’il se laisse facilement déformer. L’utilisation de ce terme est préférable à celui d’élastique qui signifie l’inverse
en physique : un corps est d’autant plus élastique que les forces pour le déformer sont plus grandes comme pour un élastique très dur). 35
CHAPITRE 2 - NOTIONS GENERALES D'HYDRODYNAMIQUE FLUIDE EN MOUVEMENT - HYDRODYNAMIQUE

Figure 28 -
A - Evolution de la forme du tube souple collabé par
une pression péri-tubulaire et qui s’ouvre sous l’effet du
flux. Pour que le tube s’ouvre complètement sur toute
sa longueur, il faut que la pression dans le réservoir (Pr)
soit telle que la pre ssio n interne (Pi) soit a u moin s
égale à la pression péri-tubulaire en chaque point.

B - Relation pre ssion /débit dan s le tu be c ollabé par


une pression péri-tubulaire de 30 cm d’eau.
Lorsque la pression dans le réservoir est inférieure à la
pre ssio n pé ri-tu bu la ire , le tu be reste co lla bé. Avec
l’augmentation de Pr, il se forme très rapidement dans
le tu be de u x go u ttiè re s la té ra le s c e qu i e x pliqu e
l’ a p pa ritio n d’ u n dé bit m ê me lo rs qu e
Pr < PPT. Lorsque Pr = PPT, le tube est complètement
o uve rt da ns sa portion d’ a mon t, mais il e st e nc o re
partielleme n t o uve rt dan s la portion ava l. En e ffet,
compte tenu du mouvement du fluide et des pertes de
charge, Pi est toujours inférieur à PPT.
Lorsque Pr > PPT, le tube est complètement ouvert sur
toute sa longueur. Le débit augmente alors lentement
ave c l’ au gm en ta tio n de Pr. La po rtio n de co u rbe
correspondante est identique à celle obtenue avec le
tube sans pression de collabage.

C- Co mp ara iso n de s c o u rb e s d e re la tio n


pression/débit obtenues avec le tube collabé par des
pression s péri-tu bulaire s stabilisées respec tive me nt à
30, 40 et 51 cm d’eau. Quelle que soit la pression péri-
tu bu laire , lo rsque la pre ssio n dan s le rése rvo ir e st
su ffis a n te po u r qu e la p re ss io n in te rn e o u vre
c o mp lè te me n t le tu b e , le s c o u rbe s de re la tio n
pre s sio n /dé b it s e c o n fo n de n t. La re la tio n
pre ssion /dé bit ne dé pen d do nc qu e de la pressio n
dan s le réservoir e t du calibre hy dra uliqu e du tu be ,
même si c’est le flux qui crée son propre passage.
(P. Glémain et coll. - New Urodynamic Model to explain
Mic tu ritio n diso rde rs in Ben ign Pro static Hy pe rtro ph y
Patients. Eur. Urol, 1993, 24, Suppl. 1, 12-17)
(P. Glé main e t co ll. - Relatio n pre ssion /dé bit instan -
ta n ée e n flu x perman e n t dan s u n tu be co lla bable .
Co n sé q u e n ce s s u r l'é va lu atio n d e la rés is ta n c e
uréthrale. Progrès en Urologie, 1993, 3, 4)

36

Vous aimerez peut-être aussi