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III
Cet ouvrage fait par tie de
Thermique industrielle
(Réf. Internet ti203)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Thermique industrielle
(Réf. Internet ti203)
Michel FEIDT
Ingénieur, docteur ès sciences, Professeur à l'Université Henri-Poincaré Nancy
1, Ingénieur physicien de l'Institut national des sciences appliquées de Lyon
Christian NGÔ
Docteur Gérant d'EDMONIUM
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V
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VI
Chaudières et fours industriels
(Réf. Internet 42209)
SOMMAIRE
Fours à induction à creuset pour la fusion des métaux ferreux et non ferreux M3603 73
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VII
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Chaudières et fours industriels
(Réf. Internet 42209)
Q
1– Chaudières Réf. Internet page
2– Fours
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Q
QP
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beXWSP
Chaudières.
Bilans et dimensionnement
Q
par Markus HAIDER
Professeur à l’Université technique de Vienne (Autriche)
Directeur de l’Institut d’énergétique et thermodynamique
et Philippe SEGUIN
Directeur du département Systèmes de combustion
CNIM – Division Environnement
QQ
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Sont exclues les chaudières électriques et les chaudières nucléaires, qui sont
étudiées dans d’autres rubriques spécialisées. Les chaudières à eau chaude
sous pression font aussi l’objet de dossiers spécialisés.
Dans le dossier suivant [BE 8 731] sont présentés les différents constituants
d’une chaudière, notamment le système de combustion et les circuits
eau/vapeur et air/fumées. Un dernier dossier [BE 8 732] est consacré à des
Q
applications spécifiques comme les chaudières de puissance, les chaudières à
déchets, les chaudières à biomasse et les chaudières de récupération.
constante pour calcul des pertes C, H, S, O, N carbone, hydrogène, soufre, oxygène, azote
C –
par rayonnement et convection
CV cendres volantes
&
Cr kW crédit de puissance introduite
el électrique
H kJ/kg enthalpie massique
en entrée
Hm kJ/kmol enthalpie molaire
ext extérieur
b – perte spécifique (loss )
F combustible brûlé
L& kW perte de puissance
& F0 combustible introduit
m kg/s débit-masse
M g/mol masse molaire G gaz, fumées
t oC température R référence
A air ut utile
QR
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beXWSP
de chaudière HP MP
BP
Alternateur
Chaudière
Aperçu historique
Condenseur
Q
chaudières commençe au début du XVIIIe siècle avec Savary
(1698), Newcomen (1712) et Watt (1769) [1]. Les premières
chaudières à tubes de fumées ont été développées par Stevens
et Trevithick (1811) et la première chaudière à tubes d’eau par
Eve (1825) [1]. Le vingtième siècle a surtout été marqué par de Réchauffeurs HP Rechauffeurs BP
nombreux développements dans les domaines du traitement
d’eau, des aciers et des techniques de fabrication (soudage). En a cycle vapeur sans resurchauffe
parallèle, des techniques de combustion (charbon pulvérisé) se
développent, les turbines à vapeur apparaissent et les notions
Vapeur surchauffée
de thermodynamique s’affinent. Les augmentations de la pres- Turbine
sion et de la température de la vapeur sont apparues comme HP BP Alternateur
MP
des facteurs essentiels pour l’amélioration du rendement des Chaudière
cycles énergétiques, tandis que l’augmentation de la puissance
unitaire a été le principal moteur des réductions de coût. Quel-
ques étapes clés de la technologie moderne ont été :
– la combustion à charbon pulvérisé ; Vapeur resurchauffée
– la resurchauffe ; Condenseur
– les parois membranes ; Dégazeur
– la circulation forcée d’eau ;
– la marche en pression glissante.
Tous ces développements ont été introduits entre 1920 et 1970.
Réchauffeurs HP Réchauffeurs BP
À l’heure actuelle, l’état de la technique peut être résumé de la
manière suivante : Postes de réchauffage
– les générateurs de vapeur (chaudières) pour les centrales à b cycle vapeur avec resurchauffe
charbon sont basés sur la technologie de combustion à « charbon
pulvérisé » ou en « lit fluidisé circulant », une circulation eau Chaudière
vapeur de préférence forcée, avec une capacité thermique allant de de récupération
600 à 2 600 MWth. Les paramètres eau vapeur vont jusqu’à 300 bar Cheminée
et 620 oC pour la partie haute pression (HP), et des dévelop-
pements en cours visent 350 bar et 700 oC ; Gaz d’échappement
(fumées)
– les centrales à gaz sont basées sur des cycles combinés avec
turbine à gaz (TAG) et turbine à vapeur (TAV). Les générateurs de Vapeur Vapeur Vapeur
Turbine à gaz HP MP MP, froide
vapeur sont du type « récupération » et contiennent des écono- Condenseur
miseurs, évaporateurs et surchauffeurs à plusieurs niveaux de Vapeur
Chambre BP
pression (jusqu’à trois). La circulation eau vapeur est souvent
de combustion
naturelle, mais on peut noter de plus en plus fréquemment l’appa-
rition de chaudières à circulation forcée ;
T C HP MP/BP Alternateur
– les chaudières à biomasse couvrent une très large plage de
capacité qui peut varier de 2 MWth jusqu’à 500 MWth . La circu- Turbine à vapeur
Air
lation eau vapeur est majoritairement naturelle, la combustion se
fait sur grille de combustion ou en lit fluidisé dense ou circulant ; T turbine
C compresseur c cycle combiné
– les chaudières d’incinération vont de 2 MWth jusqu’à environ
130 MWth par ligne. La circulation eau vapeur est naturelle, la Figure 1 – Cycles eau/vapeur des différentes chaudières
combustion se fait sur grille de combustion ou en lit fluidisé ;
– les chaudières industrielles couvrent une plage très étendue de Les trois types de cycles eau/vapeur associés à ces différents cas
capacités et de technologies qui inclut, outre les techniques stan- sont présentés dans la figure 1 :
dard citées ci-dessus, une très large panoplie de solutions spéci-
fiques pour des industries telles que la sidérurgie, la chimie, la – la figure 1a montre un cycle vapeur sans resurchauffe, tel que
papeterie, les cimenteries et autres ; réalisé typiquement dans les installations de petite capacité avec
une puissance inférieure à 20 MWel. ;
– les chaudières de cogénération derrière TAG sont un cas parti- – la figure 1b montre un cycle vapeur avec resurchauffe, tel que
culier qui combine les solutions des chaudières de récupération réalisé typiquement dans les centrales thermiques ;
avec les spécificités des chaudières industrielles ; – la figure 1c montre le schéma d’un cycle combiné (turbine à
– les chaudières solaires se trouvent au tout début d’un futur pro- gaz + turbine à vapeur) à trois niveaux de pression. Des évapora-
metteur. Les solutions pour les trois technologies de concentration teurs à multiples niveaux de pression permettent de refroidir les
(miroirs paraboliques, miroirs de Fresnel, tour) sont très hétérogènes. fumées de la façon la plus efficace.
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Chaudières.
Systèmes de combustion,
circuits eau/vapeur et air/fumées Q
par Markus HAIDER
Professeur à l’université technique de Vienne (Autriche)
Directeur de l’Institut d’énergétique et thermodynamique
et Philippe SEGUIN
Directeur du Département Systèmes de combustion
CNIM – Division Environnement
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nement des surfaces radiatives et convectives en aval du foyer calorifique. La figure 1 [13] donne quelques indications sur les
dépend lui aussi du combustible et du système de combustion. combustibles solides et gazeux.
Composition massique
Combustible C H O N S
(%) (%) (%) (%) (%)
Tourbe 40 à 60 5à6 25 à 36 1 0,5 à 1
Lignite 68 à 71 6 18 à 25 1 0,5 à 1
Charbon bitumineux 84 à 92 3à5 2à9 1 à 1,5 0,5 à 4
Fuel 80 à 90 10 à 15 0à3 0,5 0,5 à 5
Biomasse 47 à 54 5à6 40 à 42 0,6 à 1,5 0,04 à 0,08
Ordures ménagères 53 à 55 6,4 à 6,7 36 à 36,8 0,7 à 1,5 0,4 à 1,0
Gaz naturel 81 à 93 (CH4) 0,01 0,7 à 14 0 à 2 (H2S)
C, H, O, Cfix (%)
80
PCI 30 000
(mat. comb.)
60
20 000
Carbone fixe Cfix
40
10 000
20 Oxygène O
Hydrogène H
C
Mat. comb.
H
0 0
S 0 10 20 30 40 50 60 70 80
N Teneur en matières volatiles (%)
O
Carbone fixe
bitumineux
Anthracite,
H 2O
Charbon
(humidité)
Tourbe
Lignite
Coke
Bois
Cendres
a combustibles solides
Composition massique
Gaz CO H2 CH4 C2H6 CmHn CO2 N2 O2 H2S H2O PCI
(%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (%) (MJ/kg)
Gaz naturel
riche en méthane 92,3 6 32,0
riche en éthane 0,53 1,17
65,9 17,5 1,5 43,5
Gaz de cokerie 5,4 56,8 23,9 1,6 0,4 2,2 9,3 0,4 17
QV
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O2
ρp ~ constant
Énergie dp diminue
Carbone
Cendres
fixe
CmHn H 2O
H 2O + O2
(séchage)
Pour les combustibles solides et liquides, la quantité et la hydrogène, azote, soufre. Toutefois, comme on va le voir dans ce
composition des cendres ont une influence importante sur le choix paragraphe, les principales difficultés dans la mise en œuvre
de la technologie de combustion et aussi sur la conception des industrielle de ces réactions sont liées à des phénomènes phy-
surfaces. L’humidité du combustible conditionne la température siques (évaporation, diffusion thermique et de masse, etc.).
requise de l’air de combustion et elle augmente considérablement
la quantité et le volume des fumées. La quantité et la qualité des Pour présenter les principes de combustion, il convient de raison-
matières volatiles influent sur le temps d’inflammation, la réacti- ner différemment selon les trois états de la matière des combustibles.
vité du carbone fixe et l’excès d’air nécessaire. Les phénomènes hétérogènes de combustion sont : réchauf-
Pour les combustibles gazeux, les caractéristiques clés dépen- fement, séchage, pyrolyse, inflammation et combustion des matiè-
dent de la composition chimique. Une variation de la teneur en res volatiles, inflammation et combustion du carbone fixe. La
CO2 et N2 conditionne les vitesses du gaz dans les différentes sec- figure 2 visualise le schéma de combustion d’une particule de
tions du brûleur, dans les buses et dans la flamme, ainsi que les combustible solide.
températures. Les températures d’inflammation des différentes
substances gazeuses varient entre 300 et 650 oC et les vitesses de Les phénomènes homogènes de combustion sont limités par le
combustion entre 0,1 et 2,8 m/s. Il est donc évident que le dimen- mélange au niveau moléculaire de combustible et d’oxygène, plu-
sionnement d’un brûleur à gaz dépend fortement de la tôt que par la cinétique de la réaction de combustion qui est tou-
composition du gaz à brûler. jours très rapide.
Pour les combustibles liquides, l’évaporation précède les phéno-
1.1.2 Principes de combustion mènes homogènes.
La combustion est un ensemble de réactions d’oxydation des La température d’inflammation et la vitesse de flamme de quel-
différents éléments constituant le combustible : carbone, ques combustibles selectionnés sont données dans le tableau 1.
QW
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Q Combustible Combustible
et calcaire
Calcaire
Air
Air Combustible
Combustible
Vitesse 2,3 à 3,0 m/s 1,2 à 3,0 m/s 4,6 à 7,0 m/s 4,6 à 10,0 m/s
Diamètre
6 000 µm 1 000 µm 100 à 300 µm 50 µm
moyen
1.1.2.1 Combustibles solides Si le mélange entre le combustible et l’air se fait dans l’écou-
Le critère essentiel de la combustion du carbone fixe est le lement turbulent de la flamme, on parle d’un brûleur de diffusion
temps de séjour des particules dans le système de combustion. Il (figure 4) [13].
doit être supérieur au temps de combustion complète. La figure 3 Pour une combustion stable, les fronts de flamme doivent rester
montre les paramètres clés des quatre technologies industrielles à une position stationnaire dans le foyer. En effet, si la vitesse des
de combustion hétérogène. Le type d’écoulement hétérogène gaz dans la flamme est trop faible par rapport à la vitesse de
résulte de la granulométrie du combustible et de la vitesse des combustion, le front de flamme remonte dans le brûleur ; si elle
gaz. est trop importante, la flamme se décroche et s’éteint.
Dans les brûleurs à charbon pulvérisé, le combustible est Comme, dans la grande majorité des brûleurs industriels, les
entraîné par le gaz dont la vitesse est largement supérieure à la vitesses de combustible dans les buses des brûleurs sont
vitesse terminale des particules de combustible et le temps de supérieures aux vitesses de combustion, la conception des brûleurs
séjour de ces particules est donc bref. Puisque le temps nécessaire doit être telle qu’à l’intérieur de la flamme, il y ait des zones à faible
à la combustion d’une particule de carbone fixe baisse avec une vitesse, voire des zones avec recirculation interne des fumées.
diminution du diamètre et avec une augmentation de la tempéra- Le ratio entre vitesse de combustion et vitesse d’écoulement
ture (cinétique de combustion), les systèmes à charbon pulvérisé doit donc rester dans une plage limitée (la zone de stabilité) qui
sont basés sur une granulométrie fine et des températures de dépend du type et de la capacité du brûleur.
foyer élevées. La limite supérieure des températures admissibles
résulte d’une part de la fusibilité des cendres et, d’autre part, des L’indice de Wobbe :
phénomènes de formation des oxydes d’azote.
WI = PCI (S )/ ρN /ρN,air
Les systèmes à grille ou lits fixes fonctionnent à une vitesse de
gaz inférieure à la vitesse minimale de fluidisation. est utilisé pour évaluer la possibilité de brûler différents
Les lits fluidisés denses LFD fonctionnent à une vitesse supé- combustibles gazeux dans un brûleur donné. Ce paramètre se
rieure au minimum de fluidisation, mais inférieure à la vitesse ter- calcule en fonction du pouvoir calorifique supérieur PCS ou infé-
minale des particules. Au contraire, dans les lits fluidisés circulants rieur PCI (MJ/Nm3) et de la densité standard relative du gaz par
LFC, la vitesse des gaz est supérieure à la vitesse terminale. Un rapport à l’air ρN/ρN,air .
cyclone est utilisé en sortie de foyer pour capter et recycler les
solides. Le temps de séjour des solides dans le système de 1.1.2.3 Combustibles liquides
combustion et la densité de la suspension sont fortement augmen-
tés par cette recirculation. La combustion des combustibles liquides a des points communs
avec la combustion des combustibles gazeux, car pratiquement
tous les combustibles liquides sont déjà dans leur état gazeux
1.1.2.2 Combustibles gazeux quand leur température d’inflammation est atteinte. Pour des brû-
leurs industriels, le défi principal est donc de vaporiser le
La combustion des combustibles gazeux est gouvernée d’un côté combustible liquide de façon rapide et homogène. Cela est réalisé
par la cinétique de la réaction d’oxydation, de l’autre côté par la par une pulvérisation fine dans les buses du brûleur.
vitesse de mélange entre les molécules d’oxygène et de
combustible. Comme la cinétique de combustion est bien plus 1.1.3 Émissions de NOx
rapide que la vitesse à laquelle se mélangent l’écoulement d’air et
l’écoulement de combustible gazeux, la majorité des brûleurs indus- Les émissions résultant de la combustion peuvent être distin-
triels à gaz fonctionne dans un régime d’écoulement turbulent qui guées selon qu’elles sont uniquement liées à la composition chi-
favorise ce mélange. mique du combustible (HCl et SO2) ou qu’elles sont aussi liées à la
Si le combustible et l’air primaire sont mélangés avant la zone technologie de combustion (NOx et SO3).
de flamme (dans le brûleur), on parle d’un brûleur qui marche en La figure 5 [12] donne une vue d’ensemble des émissions de NOx
mode de prémélange ou « pre-mix » (figure 4) [13] résultant de la combustion de charbon dans des brûleurs à charbon
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Q
800
Combustible
600 Lignite
+ air
a flamme de prémélange
(petite plage de stabilité) 0
1 000 1 200 1 400 1 600 1 800
Température de flamme (oC)
Air
c front de flamme
1.2 Grilles de combustion
Figure 4 – Types de brûleurs à gaz [13] La technologie de combustion sur grille est la plus ancienne
parmi les techniques de combustion de combustibles solides.
pulvérisé sans mesures primaires d’abaissement. Jusqu’à des tem- Elle se distingue par sa robustesse, sa simplicité, sa faible perte
pératures de flamme de 1 200 oC, les NOx « combustible » (résultant de charge et par conséquent la faible consommation d’énergie élec-
de la teneur en azote) prédominent largement, même si à des tem- trique qu’elle engendre et aussi par son faible niveau d’exigences
pératures supérieures à 1 100 oC, les émissions « thermiques » de vis-à-vis de la granulométrie et de l’homogénéité du combustible.
NOx (résultant de l’oxydation de l’azote contenu dans l’air de En revanche, elle trouve ses limites pour des combustibles à PCI
combustion) deviennent significatives. Les NOx « prompts », élevé. En effet, le refroidissement des barreaux des grilles est princi-
d’importance moindre, sont créés par des réactions entre l’azote de palement assuré par la convection apportée par l’air de combustion.
l’air et des radicaux carbonés issus du combustible. Il est donc nécessaire de fonctionner avec un excès d’air important
et de limiter la température adiabatique de combustion.
Avec des mesures primaires, il est possible d’abaisser les émis-
sions de NOx d’environ 50 % pour les combustibles solides, et En outre, la densité d’énergie surfacique (MW/m2) des grilles est
jusqu’à 80 % dans les brûleurs à gaz avec recirculation de fumées. plus faible que celle des techniques à charbon pulvérisé ou à lit
fluidisé circulant (LFC), et l’hétérogénéité des conditions de
Les principes suivants sont utilisés pour minimiser la formation combustion conduit à des niveaux d’émissions de NOx et CO supé-
de NOx dans les systèmes de combustion (mesures primaires). rieurs à ceux obtenus en lit fluidisé.
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Grille refroidie
à l'eau
Unnité
de vib
bration
R
Ressorts
RP
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RR
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RS
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1. Chaudières de puissance
1
Le terme « chaudières de puissance » résulte du domaine
d’application des chaudières dans les grandes centrales ther-
miques. Jusqu’aux années 1980 du XXe siècle, ce terme désignait Chaudière
une grande chaudière avec foyer à rayonnement et brûleurs à fuel, 2
4
à gaz ou à charbon pulvérisé. Les dernières décennies ont été mar-
1.1.1 Système de séchage-broyage Figure 1 – Séchage-broyage pour charbon bitumineux ou lignite [4] [7]
RT
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Brûleurs
frontaux 2 3
7
5
4
Zones à risque 6
d'encrassement
7
Q
1 7
Les flèches indiquent les arrivées
de l’air de combustion Brûleurs 1 – Charbon pulvérisé + air primaire 5 – Air central
et du charbon pulvérisé opposés 2 – Air secondaire 6 – Brûleur d'allumage
Figure 3 – Combustion tangentielle et brûleurs frontaux 3 – Air tertiaire 7 – Registres de mise
7 – en rotation
4 – Contrôleur de flamme IR
fumées. Dans le lit qui est fluidisé par de la vapeur entrant par une
grille ouverte (6), il existe un état d’équilibre eau-vapeur. La teneur a à rotation (doc. HPE)
en eau restant dans les pores du lignite sec dépend de la tempéra-
ture (et par conséquent de la pression) de fonctionnement. Avec
des températures de 110 oC, l’humidité du combustible peut être
Caisson d'air
réduite de typiquement 50 % à des valeurs inférieures à 10 %. Le
coût de fonctionnement du système est essentiellement la
consommation électrique des compresseurs de vapeur de
fluidisation (8) et de vapeur de chauffage (7). Comme la vapeur en
sortie du lit fluidisé est en état de saturation, l’effet des Air paroi
compresseurs 7 et 8 et de l’échangeur 5 est comparable avec les Air secondaire
phénomènes qui sont mis en œuvre dans une pompe à chaleur.
Air primaire + CP
1.1.2 Conception des brûleurs
Air secondaire
Pour la combustion du charbon pulvérisé, il y a deux Air paroi
approches :
Air secondaire
– soit on installe dans le foyer plusieurs brûleurs rotatifs
individuels ; Air primaire + CP
– soit on positionne des brûleurs à jets individuels de façon tan- Régistre
gentielle pour former un seul grand tourbillon dans la totalité du de régulation
foyer. Air secondaire d'air
Les brûleurs individuels frontaux « à rotation » sont utilisés pour
Bride du brûleur
les chaudières à charbon bitumineux et aussi pour les chaudières
à cendres fondues. Les brûleurs sont installés, soit sur une seule
paroi, soit sur deux parois opposées du foyer (figure 3). L’air de b à jets inclinables (doc. Alstom)
combustion et le combustible sont introduits par des ouvertures
circulaires dans le foyer. Pour maximiser turbulence et temps de Figure 4 – Brûleurs CP
séjour, l’air primaire transportant le combustible ainsi que l’air
secondaire sont mis en rotation (figure 4a ).
Les systèmes à chauffe « tangentielle » (figure 4b) sont formés Pour les chaudières à CP, après le choix du système de cir-
par des brûleurs à jets superposés placés dans les quatre coins du culation vient la question de l’agencement global. Les deux arran-
foyer et orientés de façon à créer le long de l’axe un vortex dans gements les plus répandus sont les chaudières dites « tour » et les
l’écoulement des gaz de combustion. Dans la combustion tangen- chaudières dites single pass.
tielle, on ne peut plus parler de brûleurs individuels, car c’est dans
l’ensemble du volume du foyer que se constitue une flamme Les chaudières tour évitent les virages dans l’écoulement des
énorme. La combustion tangentielle est considérée comme la fumées et minimisent ainsi les problèmes d’érosion. La figure 5
meilleure technologie pour brûler du lignite, car elle minimise les montre une chaudière à lignite « tour », avec recirculation des
pics locaux de température et ainsi le risque d’encrassement. Elle fumées en sortie du foyer pour le séchage du lignite.
est aussi fréquemment mise en œuvre pour la combustion de
Les chaudières single pass réduisent la hauteur, permettent un
charbons bitumineux.
montage plus rapide et donnent un degré de liberté supplémen-
taire, la section de passage, pour la conception du carneau
1.1.3 Chambre de combustion et échangeurs convectif. La figure 6 montre une chaudière à charbon bitumineux
en conception single pass.
Les critères de dimensionnement pour le foyer et pour les
échangeurs individuels ont déjà été introduits en [BE 8 371]. Les Pour la régulation de la température de la vapeur surchauffée
chaudières de puissance à charbon pulvérisé construites actuel- HP dans les différentes sections de la chaudière, l’injection d’eau
lement dans le monde fonctionnent quasiment toutes à pression alimentaire dans la vapeur est devenue un standard efficace et
supercritique, avec resurchauffe et circulation forcée dans la chau- incontesté. L’injection d’eau correspond thermodynamiquement à
dière. Le système de circulation des chaudières de puissance est une vaporisation par mélange dont l’énergie vient du surchauffeur
également décrit en [BE 8 371]. et pas de l’évaporateur. L’injection est donc une technique efficace
RU
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beXWSR
Surchauffeurs
1.2 Chaudières à lit fluidisé circulant
Q
et resurchauffeurs
(LFC)
La technologie LFC offre des avantages qui, au début de son
développement dans les années 1980, semblaient pouvoir lui per-
mettre, à terme, de remplacer les systèmes à charbon pulvérisé.
Recirculation Ainsi, la densité énergétique (MWth/m2) est comparable à celle du
des fumées charbon pulvérisé, la flexibilité par rapport au combustible est
meilleure et les installations de traitement des fumées peuvent
être simplifiées.
Toutefois, deux éléments ont freiné l’essor du LFC :
– dans certains pays, les limites d’émissions admissibles ont
atteint des niveaux qui ne sont plus réalisables dans un LFC
uniquement avec des mesures primaires ;
– à la différence des mâchefers et cendres volantes de charbon
pulvérisé, les cendres venant d’un LFC ne sont souvent pas
valorisables et doivent être mises en décharge.
En fonction de la réactivité du combustible, de la teneur en (1) Avec l’augmentation de capacité et donc du débit de fumées,
cendres et de leur température de fusion, le chaudiériste doit la section du foyer augmente, car pour un écoulement diphasique
déterminer s’il est plus avantageux d’extraire les cendres à l’état favorable, la vitesse des fumées est maintenue constante, à envi-
liquide ou à l’état solide. ron 5 m/s. Pour obtenir de faibles niveaux d’émissions de NOx et
de SO2 [BE 8 371], la combustion dans le bas de foyer doit être éta-
Les cendres fondues sont intéressantes pour la combustion de gée, et à chaque niveau d’introduction d’air secondaire ou tertiaire,
combustibles peu réactifs tels que l’anthracite. Les températures les jets d’air doivent être capables de pénétrer jusqu’au centre du
de foyer plus élevées, nécessaires pour la fusion des cendres, foyer. Comme la profondeur de pénétration d’un jet d’air dans une
améliorent le rendement de combustion (moins d’imbrûlés), mais suspension dense de solides est limitée, la profondeur du foyer ne
au prix d’une perte par chaleur latente (fusion des cendres) et peut être augmentée au-delà d’une limite d’environ 10 m. Pour
d’émissions primaires de NOx plus élevées. contourner cette contrainte liée à la pénétration de l’air secondaire,
RV
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beXWSR
Surchauffeur
Q
Séparateur primaire
Carneaux convectifs
Économiseur
Réservoir
tampon
DeNOx
Brûleurs
Réchauffeur d’ air
le bas du foyer peut être divisé en deux parties. Cette conception laisse s’échapper des particules de taille supérieure. Il en découle
est appelée « pant leg » (figure 8) [11]. Même avec la conception que la taille maximale des cyclones d’un LFC est limitée. Ainsi,
pant leg, les chaudières LFC de grande capacité ne peuvent être pour un LFC brûlant du charbon bitumineux, il faut au minimum
réalisées qu’avec un foyer de forme rectangulaire allongée un cyclone par 100 MWel , ce qui conduit à six cyclones pour la
(figure 9). classe 400-600 MWel et huit cyclones pour la classe 600-800 MWel
(2) Comme la séparation gaz/solides dans un cyclone est basée (figure 9).
sur la force centrifuge, une augmentation du diamètre du cyclone (3) Une augmentation trop forte de la hauteur du foyer
à vitesse de gaz constante diminue l’efficacité de séparation et conduirait à une diminution inacceptable du taux de circulation
RW
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beXWSR
Q
installé dans la boucle de retour des solides, après le siphon situé
sous le cyclone. Comme le débit des solides en sortie de siphon
peut être réparti de façon variable à l’aide d’un dispositif de régu-
Avant-foyer lation (vanne mécanique ou variation de la vitesse de fluidisation ),
Avant-foyer ces lits denses externes offrent la possibilité de modifier et de
contrôler le niveau global de refroidissement dans une boucle de
LFC. Cette solution peut être exploitée de deux manières :
Figure 7 – Foyer à cendres fondues (doc. Alstom) • soit le but est de maintenir la température de sortie des fumées
constante. Dans ce cas, le pourcentage du débit des solides
passant à travers le lit externe est réduit aux charges partielles,
des solides, qui ne pourrait être évitée que par une augmentation
de la masse des solides et donc de la pression des gaz nécessitant • soit la température de resurchauffe est régulée grâce au lit
un accroissement de la capacité des ventilateurs d’air et de leur externe. Dans ce cas, le pourcentage du débit des solides
consommation électrique. Comme par ailleurs le périmètre du passant à travers le lit externe qui contient un resurchauffeur
foyer n’augmente qu’avec la racine carrée de la section, les surfa- est augmenté aux charges partielles de façon à compenser la
ces des parois membranes du foyer deviennent vite insuffisantes perte d’échange du resurchauffeur dans le carneau convectif.
pour assurer des températures sortie de foyer de l’ordre de
850-900 oC, ce qui est la plage qui permet d’optimiser le
rendement de combustion et les émissions de SO2 et de NOx . 1.2.2 Conception et agencement
Il y a trois possibilités d’installer les surfaces d’échange néces- À l’origine, les cyclones de LFC étaient conçus classiquement
saires pour un LFC de grande capacité : sans refroidissement et avec un revêtement intérieur épais en
– des panneaux installés dans le haut du foyer. Ces surfaces briques ou béton réfractaires.
sont de préférence réalisées en panneaux membranes (tubes-ailet-
La figure 10 montre deux réalisations de LFC de capacité voisine
tes) et sont appelées « wing-walls » (figure 10b ). Comme la den-
de 100 MWel , avec surfaces « oméga » et « wing-walls », et
sité de suspension dans la partie supérieure est réduite, les
cyclone « classique » non refroidi.
phénomènes d’érosion peuvent être maîtrisés avec un simple
revêtement de protection en partie inférieure des panneaux ; Ensuite, des cyclones à parois membrane cylindrique/conique ont
– des panneaux installés dans le milieu du foyer. La densité de été développés, dans le but de diminuer l’épaisseur des surfaces
suspension dans cette zone est plus élevée que pour le cas de la réfractaires dans le cyclone et d’améliorer ainsi le comportement de
figure 10b, et elle est moins dépendante de la charge de la l’installation pendant les transitoires thermiques.
Cyclone Cyclone
Alimentation Compensateur
charbon
Surface Surface
Lit dense
d'échange d'échange
externe
Buses d’air
primaire
Extraction
des cendres sous foyer
RX
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beXWSR
Cyclones
Protection
Cyclones
Panneaux
oméga
Figure 11 – Tubes « super-oméga » [7]
RY
Q
SP
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1. Détermination du foyer
1.1 Rôle du foyer
Le rôle essentiel du foyer est d’assurer la combustion dans des
conditions correctes, c’est-à-dire :
Q
— avec sécurité, ce qui implique la stabilité des flammes et une
détection suffisamment précise des extinctions pour éviter les
risques d’explosion par réallumage ;
— avec un bon rendement, donc avec le minimum d’imbrûlés
gazeux et solides, et l’excès d’air minimal ;
— avec un minimum d’entretien, d’où la nécessité de réduire les
parties réfractaires, toujours plus fragiles et plus sensibles au collage
des cendres que les parties métalliques ;
— avec parfois la possibilité d’utiliser soit séparément, soit
ensemble, plusieurs combustibles .
À ce rôle principal, qui autrefois était réservé à des foyers
couverts de réfractaires, puis progressivement garnis de tubes
d’eau plus ou moins espacés (figure 1), sont venues s’ajouter dans
les chaudières modernes d’autres fonctions :
— assurer une partie non négligeable de l’échange thermique de
la chaudière et, de préférence, une partie importante de la
vaporisation ;
— par suite de la création d’une enceinte complètement refroidie
par des tubes plus ou moins ailetés, la possibilité de rendre cette
enceinte étanche aux fumées et, de ce fait, d’avoir des foyers
capables de fonctionner en légère surpression côté fumées ; cela
permet, en comprimant l’air depuis l’état froid par un ventilateur de
soufflage et sans faire appel à un ventilateur de tirage, d’assurer
l’introduction de l’air de combustion à travers le foyer et le passage
des fumées à travers les échangeurs de la chaudière. Il en résulte,
pour une même perte de charge globale, une économie d’énergie
importante ;
— permettre, grâce à la conception de parois entièrement
refroidies, désignées habituellement sous le nom d’écrans, d’obtenir
à la sortie du foyer une température suffisamment basse pour éviter
les collages de cendres sur les premiers échangeurs rencontrés ;
— assurer en outre une combustion dans des conditions telles
que les oxydes d’azote (NOx ) ne soient produits qu’en quantité
limitée ; dans certains cas, on prévoit également de compléter les
réactions de combustion par une action chimique de capture des
oxydes de soufre grâce à des injections de calcaire ou de chaux ;
parfois, comme dans les chauffes au fuel, le foyer est également
l’endroit où l’on effectue des injections de magnésie destinées à
limiter la formation de sels de vanadium, trop facilement fusibles.
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Ces considérations ainsi que la puissance thermique demandée ■ La forme du foyer peut dépendre directement du combustible ;
à la chaudière définissent un volume de foyer, puisque le débit des dans le cas de combustible à faible teneur en matières volatiles, il
fumées est, pour chaque catégorie de combustible, à peu de faut un foyer en voûte qui permet, avec l’aide de réfractaires fixés
choses près proportionnel à la puissance thermique. sur des parois tubées, de créer aux environs du brûleur une zone
particulièrement chaude, favorable à l’obtention de la température
■ Dans la zone des brûleurs, la section en plan du foyer, sa largeur minimale d’inflammation.
et sa profondeur sont liées au modèle de brûleur retenu pour
permettre un développement correct de la flamme et éviter son ■ Pour les combustibles solides, on associe directement au foyer
impact sur les parois voisines ou sur une paroi opposée. Dans le cas un cendrier dont la pente par rapport à la verticale doit être choisie
de combustible solide, le nombre de brûleurs est également lié, en de façon à éviter la rétention des cendres ou des mâchefers qui y
chauffe directe, au nombre de broyeurs. tombent (pente d’environ 60 degrés par rapport à l’horizontale).
■ La distance entre brûleurs, ou entre plans de brûleurs, dépend ■ La forme du foyer, pour des modes de combustion qui n’utilisent
évidemment de leur encombrement mais également des limites pas des brûleurs classiques, doit être adaptée au procédé choisi :
imposées par des problèmes de circulation de l’eau à l’intérieur des grille mécanique, grille avec projection de combustible, système à
tubes d’écrans ou par des problèmes de flux maximal local et de poussoir, combustion sur sole, etc.
température superficielle des dépôts qui, en général, conduisent à
étaler cette zone. ■ La forme du foyer doit être telle qu’elle permette d’assurer une
répartition uniforme des gaz à la sortie pour que les échangeurs qui
■ Ces mêmes problèmes de développement de flamme imposent s’y trouvent ne présentent pas des disparités d’absorption
un respect de distance minimale entre les brûleurs eux-mêmes et excessives.
entre les brûleurs et l’obstacle le plus proche (naissance d’une voûte De ce fait, les principales dimensions du foyer sont liées aux
ou d’un cendrier, parois latérales). caractéristiques suivantes :
La valeur de la section horizontale du foyer dépend soit de la — la teneur en matières volatiles du charbon, en relation directe
limitation du flux maximal local admissible en fonction du mode avec son aptitude à brûler plus ou moins vite ;
de circulation choisi (§ 2), soit de la limitation de la vitesse des gaz — les critères d’inflammabilité ;
à la sortie du foyer en vue d’éviter les érosions dans le cas des — les valeurs des fusibilités, en rapport direct avec les risques et
combustibles solides. l’importance des encrassements ;
— les finesses, reliées au temps de combustion et, par prise en
■ La fusibilité des cendres peut imposer une hauteur de foyer
compte du temps de séjour, à la teneur en imbrûlés résiduels ;
minimale nécessaire pour assurer un refroidissement suffisant des
— le choix des puissances calorifiques admises dans la zone des
fumées, de sorte que les matières en suspension passent au-dessous
brûleurs.
de leur température de collage. Bien entendu, cette obligation
n’existe que dans les systèmes de combustion à cendres sèches.
■ Dans les foyers à cendres fondues, le volume et les dimensions 1.2.2 Construction des parois
du foyer sont, au contraire, déterminés par des considérations de
température à maintenir dans un volume défini, avec l’obligation de Les écrans qui forment l’enveloppe refroidie du foyer (figure 1a )
rester au-dessus de la température de fusibilité pour les basses sont conçus pour être étanches côté fumées et, de ce fait, constitués
allures de la chaudière. de tubes reliés entre eux soit par un dépôt de soudure, soit par des
ailettes soudées.
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Le diamètre de ces tubes doit être convenablement choisi pour 1.4 Calculs
assurer un débit de circulation capable de faire face, sans créer de
surchauffe locale, au flux de chaleur important qui existe dans la
Le modèle de transfert de chaleur qui prédomine dans le foyer
zone des brûleurs. Ces diamètres sont de l’ordre de 25 à 50 mm
est le rayonnement. Ce mode d’échange thermique fait l’objet des
pour les hautes pressions et peuvent atteindre 100 mm en basse
articles Rayonnement thermique des matériaux opaques [A 1 520]
pression. L’épaisseur des tubes dépend aussi de la pression, mais et Rayonnement thermique des matériaux semi-transparents
doit être supérieure à la valeur minimale requise pour le soudage, [B 8 215] dans le traité Génie énergétique.
4 ou 5 mm suivant les techniques.
Q
Pour mémoire, le rayonnement suit la loi de Stefan-Boltzmann
Le pas des tubes est souvent imposé par le mode d’assemblage qui établit la proportionnalité entre la chaleur transmise et la diffé-
choisi et la taille des ailettes dont la dimension maximale est rence des puissances 4e des températures absolues de l’émetteur
limitée par la température atteinte au milieu de l’ailette. et du récepteur, en faisant intervenir des facteurs d’émissivité et
En fonction du bilan général d’échange, il est souvent néces- d’absorption.
saire, dans le domaine des pressions supérieures à 150 bar, de
À l’intérieur d’un volume déterminé, la quantité de chaleur Q
prévoir des surfaces directement exposées au rayonnement où le échangée par seconde par rayonnement s’exprime par :
fluide chauffé n’est plus de l’eau en cours de vaporisation, mais de
la vapeur ; c’est le cas des foyers en spirale où la vaporisation est
Q = ε g rS ( T g4 – T p4 ) ( W )
achevée avant d’arriver à la partie supérieure des écrans.
Dans les foyers à tubes verticaux, ces surfaces se présentent avec εg coefficient d’émissivité du gaz à la température Tg
généralement sous forme d’un panneau mural disposé verticale- pour le trajet moyen L = 3,4 V/S, avec V (m3) volume
ment en partie supérieure, sur la face avant et partiellement sur les de la zone rayonnante et S (m2) surface enveloppe de
faces latérales ; l’échange par rayonnement se fait également sur cette zone,
des panneaux de tubes de surchauffeur, disposés verticalement et r coefficient d’absorptivité de la paroi = r0 E avec r0
suspendus à des intervalles importants (4 à 5 m) dans la cavité coefficient d’absorptivité du matériau (corps gris,
supérieure, et plus rarement sur toute la hauteur du foyer. inférieur ou au plus égal à 1) et E pouvoir absorbant
de la paroi,
Tg (K) température thermodynamique du gaz,
1.3 Objet des calculs Tp (K) température thermodynamique de la paroi.
La détermination des valeurs à introduire dans la formule
Les résultats attendus d’un calcul de foyer sont par ordre ci-dessus est explicitée dans les paragraphes suivants, permettant
d’importance décroissante : ainsi d’obtenir la température du gaz Tg dans le volume considéré.
— la température des fumées à la sortie du foyer ; d’elle dépend
non seulement le dimensionnement des échangeurs mais aussi
1.4.1 Détermination de la chaleur introduite
leur bon comportement vis-à-vis des encrassements superficiels
ou des dépôts. Les conséquences d’une erreur dans l’évaluation de
cette température se font sentir : Les calculs généraux effectués antérieurement (article Généralités
et bilans [B 1 460] ) ont permis de définir le débit de combustible,
• sur la température de la resurchauffe,
le débit d’air nécessaire à la combustion et le débit de fumées
• sur le débit des injections en surchauffe,
produites.
• sur les températures de métal du surchauffeur ou du resur-
chauffeur, Le combustible peut être introduit :
• éventuellement, sur l’évaporation dans l’économiseur ; — en chauffe directe avec la totalité de l’eau qu’il contient à
— la valeur du rayonnement transmis aux échangeurs directe- l’état brut ;
ment exposés ; — en chauffe indirecte sous forme sèche, l’eau enlevée au
— les transferts de chaleur sur les écrans, utiles pour les calculs combustible étant envoyée à l’extérieur par exhaure séparée ;
de circulation, et indispensables pour la détermination des échanges — ou parfois (chauffe semi-directe) sous forme séchée aux
dans les parois (taux ou température de vapeur à la sortie des écrans) brûleurs, avec une exhaure séparée qui amène la vapeur provenant
dans le cas des chaudières à circulation forcée ; du séchage vers un autre endroit du foyer.
— enfin, mais de façon plus approximative : La chaleur introduite par le combustible est calculée soit sur la
• la connaissance des températures locales dans la zone de base PCS, soit sur la base PCI, mais, dans le cas d’utilisation du PCS,
combustion et, éventuellement, une aide à la détermination il faut calculer la chaleur de vaporisation de l’eau d’origine et celle
des réactions de formation des NOx et SO3 , de l’eau résultant de la combustion de l’hydrogène, pour les déduire
• la détermination des imbrûlés probables, compte tenu du et définir ainsi la chaleur disponible. La masse de combustible intro-
temps de séjour, de la finesse du produit introduit et de la duite dans ce calcul doit être la masse du combustible réellement
teneur en matières volatiles, brûlé (imbrûlés déduits) en supposant que les réactions de
• l’établissement d’un diagramme des vitesses de fumées à combustion ne donnent pas lieu à la création d’imbrûlés gazeux par
l’intérieur et à la sortie du foyer (étude en trois dimensions). décomposition à haute température.
Exemple : en ce qui concerne la valeur des résultats obtenus, il En même temps que le combustible, on introduit de l’air à une
n’est pas inutile de rappeler que, sur des chaudières de 700 t /h température choisie soit pour faciliter l’allumage, soit en vue d’une
alimentées en charbon de Lorraine, la température moyenne à la sortie récupération maximale, grâce à un réchauffeur d’air, de la chaleur
du foyer varie de plus de 100 oC en 8 h entre deux ramonages de foyer. contenue dans les circuits de fumées avant leur évacuation à la
C’est dire l’influence considérable des encrassements possibles et cheminée.
l’importance des moyens de ramonage que l’on doit mettre en œuvre On ajoute à l’enthalpie de formation du combustible (c’est-à-dire
dans un foyer. celle que l’on peut produire par combustion) son enthalpie sensible
par exemple, dans le cas d’utilisation de gaz chauds issus d’un
processus chimique (gaz CO par exemple) ou dans le cas d’utilisation
de gaz d’échappement de turbine à gaz.
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Il peut y avoir également introduction de gaz recyclés, générale- Un mode de calcul plus poussé consiste à diviser le foyer en
ment prélevés entre économiseur et entrée du réchauffeur d’air. plusieurs zones, et à définir pour chacune d’elles une température,
La totalisation de ces différentes quantités de chaleur permet de les échanges par rayonnement sur ses parois, les émissions de
définir la chaleur totale introduite. rayonnement vers les zones voisines et l’absorption par ses propres
parois du rayonnement en provenance des zones voisines. La
création d’une zone de flamme est indispensable si l’on veut juger
1.4.2 Bilan de répartition à l’intérieur du foyer de l’effet de brûleurs de types différents.
Q
La figure 4 donne le bilan des quantités de chaleur moyennes
La chaleur introduite dans le foyer (figure 3) va, après combustion, mises en jeu dans une zone élémentaire.
se diviser en : Dans les procédures de calcul les plus modernes, cette décomposi-
— chaleur transférée au fluide chauffé directement par les parois tion en zones peut être poussée très loin, en définissant des struc-
(écrans et échangeurs directement exposés) ; tures analogues à celles utilisées dans les procédures de calcul aux
— chaleur évacuée par les fumées à la sortie du foyer ; éléments finis, en décomposant la totalité du volume en un certain
— chaleur évacuée par les cendres ou les mâchefers au cendrier ; nombre de cubes juxtaposés et en recherchant l’équilibre thermique
— chaleur perdue vers l’extérieur par les parois calorifugées du de chacun de ces cubes par rapport aux voisins (figure 4).
foyer (souvent négligeable, de l’ordre de 0,2 %).
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en vapeur d’eau) ;
— les capacités thermiques massiques des produits de la
combustion ;
— le coefficient d’émissivité du rayonnement de la particule en
cours de combustion, ou l’émissivité du volume gazeux corres-
pondant ;
— le coefficient d’absorptivité des parois du foyer, absorptivité
variable suivant qu’elles restent propres, avec l’apparence d’un
métal, ou qu’elles sont recouvertes d’une couche plus ou moins
fine de dépôts cendreux ;
— la température des parois froides, réceptrices du rayonnement.
1.4.4.2 Émissivité
L’émissivité dans la zone de combustion dépend du processus Figure 5 – Répartition des composants des produits de combustion
de combustion (figure 5), en effet : intervenant dans le rayonnement
— pour le fuel, l’existence du cracking est caractérisée par la
présence, dans un premier temps relativement bref, de particules
de carbone portées à haute température et dotées de ce fait d’une La détermination de l’émissivité globale ε d’une masse gazeuse
brillance de flamme importante : il y a une très forte émissivité constituée de différents composants (CO2 , vapeur d’eau et cendres),
mais dans une zone assez limitée ; dont l’émissivité propre est ε CO2 , ε H2 O et εcen , se fait à partir de
— pour les gaz naturels, si l’admission d’air est fortement turbu- l’énergie absorbée, ce qui donne comme relation :
lente, la combustion se produit sans cracking ; la flamme est alors
particulièrement transparente, c’est-à-dire à faible émissivité ; 1 – ε = ( 1 – ε CO2 ) ( 1 – ε H2 O ) ( 1 – ε cen )
— pour le charbon, la combustion s’effectue à plus basse
température que celle du fuel ou du gaz par suite de la présence ε CO2 , ε H2 O étant fonction de la température, de la pression partielle
d’eau, d’éléments inertes sous forme solide et également d’un excès
d’air plus fort ; l’émissivité dépend de la teneur en matières volatiles et du trajet moyen.
et de la teneur en cendres ; Les valeurs de ces coefficients d’émissivité ont fait l’objet de publi-
— pour le lignite, compte tenu de la masse importante d’éléments cations dans la littérature technique, surtout en ce qui concerne les
inertes, la combustion s’effectue à une température encore plus gaz ; la documentation sur l’émissivité des flammes de charbon est
basse, de sorte que la flamme n’est pratiquement plus apparente ; plus restreinte et fait souvent partie du domaine des connaissances
le rayonnement global reste donc faible. spécifiques des constructeurs de chaudières.
Lorsque la combustion est achevée, quel que soit le combustible,
on se trouve en présence d’un mélange gazeux qui se refroidit dans 1.4.4.3 Absorption des parois
la partie haute du foyer. La transmission de chaleur aux parois se fait principalement par
rayonnement, la partie due à la convection étant inférieure à 5 %
dans les grands foyers.
L’absorption ou le rayonnement d’une masse gazeuse sont
assimilables à ce qui se passe dans un volume garni de La chaleur transmise par le rayonnement d’une flamme ou d’une
poussières en suspension : plus la densité de poussières est masse gazeuse à un écran ou à une rangée de tubes est propor-
élevée, plus il est opaque aux rayons qui cherchent à le traverser. tionnelle à l’angle solide sous lequel est vue la surface plane qu’ils
De même, plus ses dimensions sont importantes, plus il y a de présentent vis-à-vis de la direction de ce rayonnement et non pas
matière à rencontrer. C’est la raison pour laquelle interviennent à leur surface développée ; c’est la raison pour laquelle on évalue
les notions de trajet moyen et de pression partielle. les transferts à partir d’une surface projetée (figure 6a ).
Les gaz tels que le CO2 ou la vapeur d’eau, à la différence avec L’absorption dépend de l’état de la surface, éventuellement de la
l’oxygène ou l’azote, rayonnent ou absorbent du rayonnement. couche plus ou moins importante de dépôts cendreux (combustion
La quantité de matière rencontrée est proportionnelle à la de charbon ou même de fuel) et de la nature des réfractaires qui
pression partielle du gaz. En outre, une des lois du rayonnement peuvent recouvrir certains secteurs.
est que tout corps capable d’absorber le rayonnement le réémet
dans les mêmes longueurs d’ondes, de sorte qu’une masse
gazeuse qui a absorbé du rayonnement en provenance d’une
certaine source le restitue vers des zones ou des surfaces à plus
basse température.
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— un foyer servant à convertir l’énergie potentielle contenue dans il traverse successivement les principaux échangeurs suivants :
le combustible (pouvoir calorifique) en gaz chauds et en économiseur, vaporisateurs (parois du foyer sur la figure),
surchauffeurs et resurchauffeurs.
rayonnement ;
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■ L’économiseur : l’eau venant du poste de réchauffage, alimenté ● L’échangeur de démarrage : spécifique des chaudières à circula-
par les soutirages de la turbine, s’y échauffe avant son introduction tion forcée, il permet de récupérer une grande partie de l’énergie
dans le réservoir ou le séparateur (séparateur « humide »). L’eau à la contenue dans l’eau circulant dans la chaudière au débit minimum
sortie de cet appareil est généralement à une température inférieure imposé pendant la période de démarrage (article Conception et
à la température de saturation (pour les cycles sous-critiques), mais, calcul des chaudières : foyer et circulation [B 1 461]).
dans certains cas, l’économiseur peut être vaporisant.
L’économiseur, divisé parfois en différents éléments, est générale-
1.2 Architecture générale.
Q
ment constitué de tubes à ailettes (fuel ou gaz naturel) ou de tubes
lisses (charbon et autres). Pour des raisons d’optimisation des
échanges et pour des raisons de prix, il est généralement situé sur
Ordre de parcours des fumées
le parcours des fumées entre le dernier surchauffeur ou resur-
chauffeur et le réchauffeur d’air. La chaudière doit assurer :
— un débit de vapeur strictement et rapidement égal à celui
■ Les vaporisateurs : ils assurent la fin de l’échauffement de l’eau demandé par le réseau utilisateur ou la turbine ;
(quand l’économiseur n’est pas vaporisant) et la production de la
— une pression constante au point d’utilisation de la vapeur (ou,
vapeur. Les vaporisateurs sont généralement constitués par les
dans le cas d’un système à pression glissante, la pression associée
écrans soudés de la chaudière mais doivent parfois être complétés
à la puissance demandée) ;
par des faisceaux, notamment dans le cas des chaudières à faible
pression (enthalpie de vaporisation élevée). — le maintien de la température de la vapeur surchauffée dans
un domaine assez large (30 à 100 % de l’allure) ;
■ Les surchauffeurs : situés sur le parcours des fumées entre la — le maintien de la température de la vapeur resurchauffée entre
sortie du foyer et l’économiseur, ils servent à élever la température le control point et l’allure maximale, en général entre 60 et 100 %.
de la vapeur depuis l’état saturé (chaudières à réservoir) ou légère-
ment surchauffée (circulation forcée). Ce sont généralement des L’architecture générale de la chaudière, et en particulier la
échangeurs tubulaires bien que certaines parties de la surchauffe disposition des échangeurs, doit à la fois tenir compte :
puissent se faire dans des parois de la chaudière (cages arrière de — des moyens de réglage disponibles ;
chaudière, surchauffeurs muraux, écrans de chaudières à circula- — des contraintes technologiques ou économiques liées à la
tion forcée). résistance mécanique des tubes constituant les échangeurs pour
les températures où ils sont utilisés ;
■ Les resurchauffeurs : ils ont un rôle identique à celui des sur-
chauffeurs, à savoir élever la température de la vapeur resurchauffée — des contraintes liées directement à la température, à la vitesse
provenant de la turbine à un niveau déterminé fixé au contrat (article des fumées et à la nature du combustible telles que encrassement
Conception et calcul des chaudières : généralités et bilans [B 1 460]) ou érosion par les cendres (fusibles ou collantes), corrosion, etc. ;
— des contraintes imposées par le supportage : intervalles entre
■ Les désurchauffeurs (mentionnés pour mémoire) : destinés à panneaux, reprise des charges, etc.
refroidir et à moduler la température de la vapeur surchauffée ou
resurchauffée, ils sont rarement tubulaires (immergés dans le réser-
voir) mais généralement assimilables à des échangeurs par mélange 1.2.1 Répartition des échanges.
puisqu’ils procèdent par injection d’eau dans la vapeur. Variation suivant l’allure
■ Les autres échangeurs associés à la chaudière : non directement
en liaison avec l’eau ou la vapeur du cycle, ils n’en sont pas moins Les quantités de chaleur à transférer depuis les fumées vers l’un
indispensables au bon fonctionnement de l’installation. ou l’autre des échangeurs et les conditions des échanges varient avec
● Le réchauffeur d’air : échangeur air de combustion /gaz de la puissance globale produite, et cela pour plusieurs raisons :
combustion, est le seul capable, du fait de la température de l’air le — la quantité de chaleur à fournir à la resurchauffe, pour le main-
traversant (entrant à la température ambiante ou légèrement tien d’une température finale constante, est proportionnellement
préchauffé), d’abaisser la température des fumées pour obtenir un plus importante à basse allure que celle à fournir à la surchauffe
rendement élevé (typiquement 110 et 150 oC). quand la chaudière est à pression fixe ;
Cet appareil, parfois subdivisé entre air primaire et air secondaire — en pression glissante, la quantité de chaleur nécessaire à la
(figure 1), peut être : vaporisation s’accroît, toutes proportions gardées, quand l’allure et
— tubulaire, volumineux et lourd mais ne présentant pas de la pression diminuent ;
fuites ; — les températures baissent avec l’allure, que ce soient celles
— régénératif, plus compact et léger mais avec un taux de fuite des fumées à la sortie du foyer ou celles du fluide chauffé (eau
inéluctable variant de 5 à 10 %. d’alimentation, vapeur à resurchauffer).
L’utilisation d’autres types d’appareils, tels que les caloducs, est Il est donc nécessaire de trouver des moyens d’action sur les
aussi envisageable dans l’espoir de réunir les avantages des deux échanges, pour obtenir les performances désirées (températures et
modèles ci-dessus sans en avoir les inconvénients. quantités de chaleur).
● Le préchauffeur d’air : dans le but principal de protéger le
réchauffeur d’air et les gaines de fumées placées en aval des risques
1.2.2 Moyens d’action sur les échanges
de corrosion par condensation d’acide pendant les démarrages
(sauf si le combustible utilisé au démarrage est du gaz ou du fuel) ou
pendant le fonctionnement normal (centrales au fuel lourd), il est ■ Action sur la vapeur
nécessaire de préchauffer de quelques dizaines de degrés l’air Le plus simple et le plus généralement appliqué est l’injection
entrant dans le réchauffeur d’air. Le préchauffeur est placé au d’eau dans la vapeur, de préférence en amont du dernier échangeur
refoulement du ventilateur de soufflage ; il n’est pas indispensable (surchauffeur ou resurchauffeur) ; la vaporisation de cette eau
dans le cas du charbon mais souvent recommandé. produit un refroidissement de la vapeur. L’injection nécessite un
Cette fonction est assurée généralement par un échangeur à certain nombre de précautions :
tubes ailetés où l’air est réchauffé par de la vapeur (condensation) — une eau correctement déminéralisée (obtenue parfois par
ou de l’eau. condensation de vapeur saturée prélevée au réservoir) ;
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réservoir.
■ Action sur le débit de fumées :
— soit par modification de l’excès d’air au détriment du
rendement ;
— soit par recyclage de fumées, généralement prélevées à l’entrée
du réchauffeur d’air et réinjectées dans le foyer ; il n’y a pas modifica-
tion du débit à la cheminée, donc pas de perte de rendement.
L’accroissement du débit de fumées abaisse la température dans
le foyer et à sa sortie, réduit l’échange dans les appareils de tête
et accroît l’échange dans les appareils de queue par suite du
refroidissement plus réduit des fumées.
■ Action sur la répartition des fumées
En divisant le trajet des fumées en circuits parallèles, avec
prédominance de surchauffeurs dans l’un des circuits et de resur- Figure 2 – Injection d’eau dans la vapeur en amont du resurchauffeur
chauffeurs dans l’autre, et en modulant les débits de fumées entre
l’un ou l’autre. Cette disposition est rarement adoptée car coûteuse. À titre d’exemples, pour des chaudières au fuel ou au gaz naturel
■ Action sur la température de sortie du foyer (et des échanges à pression fixe, on peut avoir le réglage de la resurchauffe :
dans celui-ci) — par recyclage de gaz (figure 4a ) ; le resurchauffeur est à
l’arrière pour bénéficier au mieux de l’échange qui est augmenté en
Par modification de la position du feu soit par adoption de brûleurs
aval à cause du recyclage dont l’effet est plus marqué à basse allure ;
inclinables, soit par utilisation de brûleurs à des niveaux différents.
— au moyen de brûleurs inclinables (figure 4b ) ; le resurchauffeur
est en position médiane ; il est placé plus en mont, dans la limite
1.2.3 Contraintes technologiques et économiques compatible avec la tenue du métal de ses tubes pour bénéficier au
maximum de la remontée du feu dans le foyer sous l’effet de l’incli-
naison des brûleurs vers le haut lorsque l’allure de la chaudière est
La recherche économique de réduction des surfaces des plus basse.
échangeurs conduirait à placer les appareils où l’on veut des
températures de vapeur élevées dans les zones où les fumées sont Pour des chaudières tour à charbon et à pression glissante, on
les plus chaudes ; on est cependant confronté aux problèmes liés peut avoir le réglage de la resurchauffe :
à la tenue du métal des tubes portés à haute température. Ce sont — par injection d’eau (figure 5a ), RHT en troisième position et
donc des questions de limitation de contraintes admissibles en fonc- brûleurs fixes ;
tion de cette température et d’obligation de refroidir le métal au — au moyen de brûleurs inclinables (figure 5b ), RHT en deuxième
moyen d’un bon coefficient d’échange interne (entre fluide chauffé position ;
et métal) qui vont déterminer à la fois le sens du parcours de la vapeur — par action sur l’excès d’air (figure 5c ).
(méthodique ou antiméthodique) et la position relative de chaque
échangeur sur le trajet des fumées. La resurchauffe est plus facile à obtenir à basse allure du fait de
la pression glissante, le recyclage des fumées étant exclu par suite
Le diagramme de la figure 3, en suivant le parcours des fumées de la forte teneur en cendres des combustibles.
de gauche à droite, permet de comparer l’évolution de leur tempé-
rature par rapport à celle des fluides chauffés. Les échangeurs Pour choisir la position des échangeurs sur le parcours des
situés dans une région où les fumées sont à plus de 900 oC sont fumées, on utilise aussi le fait que les échanges par rayonnement
antiméthodiques (co-courant) ; au-dessous de 830 oC, ils sont interne sont plus importants dans les zones à haute température et
méthodiques (contre-courant). qu’il y a prédominance des échanges par convection dans les
zones à basse température.
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1. Régimes variables l’installation de turbines à gaz dans un délai rapide permet de faire
face à un besoin d’énergie qui ne peut se satisfaire du délai de
construction d’une centrale classique ; ultérieurement, l’installation
1.1 Types de service en complément de chaudières de récupération et d’une turbine à
vapeur permet de réaliser la centrale de base.
La marche de base exige la recherche d’un bon rendement et La combinaison chaleur-force est une solution fréquente dans
justifie un investissement élevé, éventuellement une solution en les pays nordiques, en Allemagne et en Russie.
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pression supercritique si le nombre d’heures de service est de l’ordre Les centrales de production de courant sont conçues pour fournir
de 8 000 par an et le combustible bon marché. en hiver une proportion importante de chaleur destinée à un chauf-
En général, on ne demande pas de variation rapide de charge, mais fage urbain ; il s’agit alors d’ensembles à contre-pression, avec en
des solutions qui permettent d’assurer de bonnes températures dans été un condenseur auxiliaire qui peut être de taille réduite par rapport
une assez large plage de fonctionnement : par exemple, entre 35 et à la capacité globale du système. Les pertes de vapeur dans les
100 % pour la surchauffe et 60 et 100 % pour la ou les resurchauffes réseaux d’utilisation imposent généralement l’adjonction
le seuil minimal de resurchauffe étant appelé control point. La d’échangeurs préparateurs de la vapeur de chauffage moyenne et
recherche d’une bonne disponibilité conduit à installer plus de basse pression, de façon à ce que la chaudière haute pression, la
dispositifs de secours et de circuits complémentaires ; la détection turbine à vapeur et le poste d’eau marchent en circuit fermé, à l’abri
des défauts nécessite des systèmes plus perfectionnés, à des pollutions en provenance du réseau.
redondance, pour éviter des coupures sur défauts fictifs. Une fois le type de service fixé, il faut définir pour toute chaudière
Les groupes de pointe doivent satisfaire principalement trois les allures caractéristiques qui imposent des choix au moment de
exigences : sa conception (article Conception et calcul des chaudières : géné-
ralités et bilans [B 1 460] et tableau 1).
— comme ils doivent couvrir peu d’heures de fonctionnement,
l’investissement doit être léger et on admet un rendement plus D’une façon générale, les températures de fumées, de vapeur ou
mauvais, de 3 à 5 % au-dessous de celui d’une centrale de base ; d’eau à l’entrée ou à la sortie des échangeurs décroissent lorsque
— le groupe de pointe doit assurer des variations rapides de l’allure diminue ; la seule exception concerne les échangeurs soumis
charge ; au rayonnement direct du foyer pour lesquels la température de la
— les temps de démarrage doivent être courts, pour limiter les vapeur à leur sortie augmente lorsque la charge diminue (cas des
dépenses de combustible pendant les périodes de montée en surchauffeurs ou resurchauffeurs radiants).
pression et en température. On peut noter en outre que les appareils situés dans les zones à
Le combustible des centrales de pointe est du fuel ou du gaz plus basse température deviennent très sensibles au recyclage des
naturel. fumées ; c’est la raison pour laquelle on utilise ce moyen pour
Les systèmes intermédiaires sont chargés de fonctionner déplacer les échanges à l’intérieur de la chaudière, en vue d’obtenir
pendant certaines périodes de l’année, 5 à 6 mois par exemple, avec par exemple la constance de la température de vapeur de resur-
chauffe (RBT en queue).
arrêt de nuit et de fin de semaine. La plupart du temps, la marche
est à deux postes de travail (2 × 8 h). Les courbes des figures 1 et 2 donnent une idée des variations :
Ces groupes de production doivent pouvoir assurer des reprises — pour une chaudière au charbon à pression glissante associée
de charge rapides, avoir des temps de montée en pression et en à un groupe turboalternateur de 600 MW, en marche stable et à dif-
température relativement courts, tout en ayant un rendement correct férentes allures, de la température du fluide HP, de la vapeur MP,
à pleine charge. des fumées et de la pression du fluide HP ;
— et pour une chaudière au gaz naturel à pression fixe, sans resur-
On réalise également des systèmes mixtes qui ont été conçus chauffe, la température de la vapeur et des fumées.
tout d’abord pour une fonction de pointe avec la possibilité de se
transformer par la suite en centrale de base à cycle combiné : (0)
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Figure 1 – Variations de différentes caractéristiques pour une chaudière au charbon à pression glissante : 1 792 t/h à 211 bar (doc. Stein Industrie)
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Chaudières et fours industriels
(Réf. Internet 42209)
1– Chaudières R
2– Fours Réf. Internet page
Fours à induction à creuset pour la fusion des métaux ferreux et non ferreux M3603 73
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Laboratoire d’études et de recherches sur le matériau bois (LERMAB)
UMR 1093 INRA/ENGREF/UHP Nancy I
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feu ne transite pas par des exploitants : sur les 22 Mm3 de bois de
Tableau des notations et symboles feu issu de la récolte sylvicole, seuls 2 à 3 Mm3 sont officiellement
commercialisés !
Symbole Unité Désignation
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M0 kg masse de l’échantillon sec ainsi que le marché de l’offre et de la demande.
La forêt peut proposer du bois de feu, des houppiers (branches et
CF coefficient de foisonnement
cimes) inutilisés lorsque les grumes ont été exploitées (en forêt ou
en bord de route) et des branches d’élagage. Les futaies proposent
ρa kg · m−3 masse volumique apparente aussi un gisement important qui est assez mal exploité (le gisement
serait de l’ordre de 10 Mm3 si toutes les tailles étaient compta-
ρb kg · m−3 masse volumique brute bilisées).
La ressource actuellement disponible uniquement en forêt est
PCSs kJ · kg−1 pouvoir calorifique supérieur sur sec évaluée à environ 8 Mt/an, ce qui correspond à 4,8 Mtep de plaquet-
tes qui permettraient d’alimenter 24 000 chaufferies automatiques
PCIs kJ · kg−1 pouvoir calorifique inférieur sur sec d’un mégawatt. En ajoutant à ce chiffre la capitalisation due à
l’accroissement forestier, le nombre d’installations pourrait attein-
PCIh kJ · kg−1 pouvoir calorifique inférieur humide dre plus de 50 000, ce qui représente aussi 3,3 millions de maisons
d’habitations (en prenant une puissance moyenne de 15 kW par
Xv kJ · kg−1 chaleur latente de vaporisation de l’eau maison).
à 0 ˚C (environ 2 500 kJ · kg−1)
M H2 O kg · mole−1 masse molaire de l’eau 1.1.2 Sous-produits des entreprises de la filière bois
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1.2.1 Humidité
Pertes : L’humidité est un facteur déterminant dans l’utilisation du bois
- sciures et copeaux : 2 %
- branchages : 35 % comme combustible. Elle influe sur la conservation du bois, sur sa
masse volumique et sur son contenu énergétique.
Deux grandeurs sont usuelles pour indiquer le contenu en eau du
bois.
Pertes :
- écorces : 5 % ■ L’humidité sur brut Hb est définie comme le rapport entre la
Au total, les pertes - sciures et
représentent plus de masse d’eau et la masse totale de bois humide :
copeaux : 8 %
75 % de la masse initiale
de l ’arbre abattu.
- chutes et Hb = 100(Mh − M0)/Mh
délignures : 12 %
■ L’humidité sur sec Hs désigne le rapport entre la masse d’eau et
la masse de bois anhydre : R
Hs = 100(Mh − M0)/M0
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Laboratoire d’études et de recherches sur le matériau bois (LERMAB)
UMR 1093 INRA/ENGREF/UHP Nancy I
’article précédent ([BE 8 747]) a proposé une vue globale sur le bois en tant
L que combustible et a présenté les différents procédés et appareillages pour
la combustion du bois.
Le plus gros développement est réalisé actuelement au niveau industriel et col-
lectif avec des installations de fortes capacités (de quelques centaines de kilowatts
à quelques mégawatts). Dans cet article, nous nous intéresserons aux chaufferies
automatiques de moyennes et fortes puissances adaptées à ces applications.
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPPU
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1. Installations industrielles Dans la plupart des cas, ces deux techniques d’échange fonction-
nent en parallèle : les parois de la chaudière sont équipées de lames
d’eau, puis les fumées circulent ensuite dans des tubes de fumées
pour récupérer la plus grande partie de l’énergie.
Les installations industrielles ont pour objectif de produire de la
chaleur, puis de l’acheminer, sous forme adéquate, aux endroits
voulus. Nous allons ici présenter rapidement les principes de fonc-
tionnement des différents systèmes les plus courants. 1.2 Réseaux de chaleur et cogénération
1.1 Production de chaleur Ces techniques très différentes ne se conçoivent que sur des sys-
tèmes de fortes capacités : la cogénération au bois ne devient com-
pétitive qu’à partir de plusieurs mégawatts, alors que les réseaux de
R Une chaudière bois-énergie est composée de trois parties : chaleur au bois sont, la plupart du temps, intéressants à partir de 1
— le foyer : lieu de dégradation du combustible et de début de à 2 MW. Dans le cadre du soutien au développement du bois-éner-
flamme ; gie, les réseaux de chaleur sont très souvent utilisés. En France, la
— la chambre de combustion : lieu de développement de la cogénération au bois n’est pas du tout développée, contrairement
flamme ; aux pays nordiques (Norvège et Finlande, par exemple).
— l’échangeur, permettant la récupération de l’énergie produite
par la combustion.
1.2.1 Réseaux de chaleur
Ainsi, une chaudière complète peut être schématisée selon le
principe de la figure 1.
Le but d’un réseau de chaleur est de mutualiser la production
■ Le foyer est l’endroit qui reçoit le combustible et une partie de d’énergie et de distribuer celle-ci en aval en fonction des besoins de
l’air (l’air primaire) et dans lequel la phase de dégradation du com- chacun. Le principal frein au développement du bois « énergie »
bustible et la première phase de combustion apparaît. Ensuite, la étant l’investissement important, les réseaux de chaleur sont une
flamme se développe dans la chambre de combustion dans laquelle réponse adaptée qui permet de le partager.
est injectée la seconde partie de l’air (l’air secondaire) pour permet- Un réseau de chaleur est composé d’un générateur de chaleur
tre une oxydation complète des gaz et limiter ainsi les émissions (dans notre cas une chaudière automatique au bois) et de plusieurs
d’imbrûlés de type CO, COV... circuits de distribution. Généralement, un circuit primaire
■ La chambre de combustion est le plus souvent revêtue de béton (1re boucle) permet de coupler plusieurs générateurs si nécessaire,
réfractaire dont le fort pouvoir de rayonnement favorise le séchage puis un système d’échangeur, appelé sous-station, permet de distri-
du combustible. Il faudra ainsi augmenter cette masse de béton buer l’énergie vers un circuit secondaire (2e boucle) sur lequel des
réfractaire pour la combustion de bois humide et la réduire pour la échangeurs sont utilisés pour distribuer l’énergie souhaitée au client
combustion de bois plus sec. final. Chaque client possède alors un compteur d’énergie et paie son
chauffage directement en fonction de ses consommations. Les
■ L’échangeur a pour objet de permettre la récupération de la cha- échanges réalisés sur ces différentes boucles se font la plupart du
leur produite par la combustion. Il s’agit donc d’une phase temps par l’intermédiaire d’échangeurs à plaques, qui ont des ren-
d’échange de chaleur entre les fumées issues de la combustion et un dements très bons (supérieurs à 95 %).
fluide caloporteur (le plus souvent de l’eau) qui sera ensuite utilisé Un réseau de chaleur type est schématisé figure 2.
pour dissiper l’énergie aux endroits souhaités. Plusieurs types
d’échangeurs existent, les plus courants étant : L’énergie produite par la chaufferie bois peut ainsi être utilisée de
manière diverse, pour du chauffage particulier, pour du chauffage
— les échangeurs à tubes et lames d’eau. De l’eau, circule dans des collectif, pour du chauffage municipal ou pour de l’énergie indus-
tubes ou des lames, et est chauffée directement par les gaz de com- trielle, selon les besoins locaux.
bustion. Ces systèmes permettent une récupération d’énergie au sein
de la chambre de combustion et sont très utilisés dans les systèmes
simples et à faibles températures (chaudières à bûches), car ils per-
mettent un bon échange avec des pertes de charge faibles. Ils peuvent
ainsi être facilement utilisés dans des systèmes à tirage naturel ;
— les échangeurs à tubes de fumées. Les gaz de combustion cir-
culent dans des tubes eux-mêmes immergés dans de l’eau. Ainsi,
l’échange est souvent mieux maîtrisé qu’avec les premiers systè-
mes, mais les pertes de charge sont plus importantes et cette tech-
nique nécessite le plus souvent un dispositif de tirage forcé. Pour
obtenir un échange complet, plusieurs parcours sont nécessaires
(de 2 à 4 parcours selon les installations). 2 e boucle
Sous-stations
Fumées
Chaufferie
bois 1 re boucle
Échangeur
Chaleur
É changeurs
Chambre
Combustible de combustion
Foyer
Air
Figure 1 – Schéma de principe d’une chaudière à biomasse Figure 2 – Schéma de principe d’un réseau de chaleur
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BE 8 748 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
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Pour les réseaux de chaleur utilisant le bois-énergie, le générateur provenant de gazéification de biomasse, celui-ci contient des impu-
de chaleur automatique au bois est toujours couplé à un autre géné- retés sous forme de goudrons ou de particules solides qui posent de
rateur utilisant du gaz ou du fioul. Le but de ce type d’installation est gros problèmes dans les turbines, limitant ainsi leur utilisation.
d’assurer un fonctionnement optimal de l’installation quelles que Dans les installations les plus performantes, les turbines à gaz peu-
soient les conditions. Ainsi, si les besoins énergétiques en période vent être couplées avec une chaudière à vapeur pour produire de la
de pointe sont de 1 MW, l’installation au bois aura une puissance vapeur saturée et ainsi mettre en place une seconde production
comprise entre 500 et 700 kW et sera couplée avec une installation électrique : ce sont les installations à cycles combinés. Dans ce cas,
fossile de 1 MW. De ce fait, la chaudière automatique au bois fonc- les rendements augmentent sensiblement et peuvent atteindre entre
tionnera pratiquement tout le temps à plein régime, avec des rende- 40 et 50 % du point de vue électrique et jusqu’à 90 % globalement.
ments de combustion très élevés et des émissions polluantes très Cependant, ces systèmes sont très complexes et chers ; ils ne peuvent
faibles. Le générateur fossile ne sera utilisé que pour produire l’éne- être installés que sur des unités de fortes puissances (> 10 MW).
rgie manquante lors des fortes demandes, ou pour satisfaire les
besoins lors des périodes d’arrêt de la chaufferie bois (une fois par Peu de systèmes de ce type fonctionnent au niveau industriel,
R
an pour entretien ou en cas de panne). En procédant de la sorte, plus principalement à cause des problèmes liés à la corrosion et au ren-
de 90 % de l’énergie sera produite avec l’énergie renouvelable dement des turbines. La plupart des installations ont ainsi dû chan-
qu’est le bois, le reste étant réalisé par la seconde énergie. ger la turbine pour un moteur à gaz plus sûr et plus performant.
À l’heure actuelle, le développement du bois-énergie passe beau- Exemple : cas de la centrale de Güssing en Autriche mise en fonc-
coup par ce type d’installation qui a des rendements très élevés et tionnement en septembre 2000 : la gazéification est réalisée dans un
possède un confort d’utilisation inégalé. four à lit fluidisé à pyrolyse étagée, puis le gaz devait être dirigé vers
une turbine à gaz. Après les cinq années d’études réalisées à l’univer-
sité technique de Vienne, il est apparu qu’aucune turbine ne pouvait
1.2.2 Cogénération assurer un fonctionnement optimal et un rendement suffisant (au
moins 35 %). C’est donc un moteur à gaz qui a été installé et qui sem-
ble donner satisfaction jusqu’à présent.
L’énergie contenue dans un combustible peut être valorisée sous
deux formes principales : sous forme de chaleur ou sous forme D’autres études sur des microturbines sont en cours, notamment
d’électricité. Les utilisations directes sous forme de chaleur peuvent à l’université de Pérouse, mais les résultats ne sont toujours pas
atteindre des rendements élevés, supérieurs à 90 %. Par contre, la connus.
valorisation électrique a des rendements bien inférieurs, compris
entre 15 % et 50 % pour les installations les plus modernes. ■ Moteurs à combustion interne
Dans le cas de la cogénération, il s’agit de combiner les deux Il s’agit ici de moteurs à combustion interne qui peuvent utiliser
types d’utilisations. Le rendement global de l’installation peut alors aussi bien des combustibles liquides que gazeux. L’arbre de sortie
atteindre 90 %. Pour faire de la cogénération avec un combustible du moteur est accouplé à un générateur électrique. Le rendement
solide comme le bois, deux grandes techniques sont utilisées : la électrique de ces installations est assez élevé (entre 25 et 40 %). Par
gazéification puis la combustion du gaz dans une unité secondaire, contre, le rendement thermique n’est pas toujours élevé, le rende-
ou bien la combustion directe suivie d’une valorisation mécanique ment global étant compris entre 65 et 90 %. Cette technique permet
et thermique de l’énergie produite. une bonne modularité tant au niveau de la capacité des installations
(puissances de 0,05 à 10 MW) que de la qualité du gaz admissible :
les goudrons ou les particules en faibles quantités peuvent être
1.2.2.1 Gazéification
admis sans gros problème.
Il s’agit alors, dans un premier temps, de transformer le combusti- Ces systèmes sont ainsi utilisés lorsque la demande électrique est
ble solide qu’est le bois en combustible gazeux. Ce processus est réa- importante par rapport à la demande de chaleur.
lisé en effectuant une combustion incomplète du bois : le bois est
introduit dans un four dans lequel la quantité d’oxygène injecté est Exemple : un système de ce type est en place depuis 2002 à Tervola
insuffisante pour obtenir une combustion complète. L’oxygène peut (Finlande) : la gazéification est réalisée sur place et conduit à la produc-
être injecté sous forme d’air ou de vapeur d’eau (le plus souvent, il tion de deux types de gaz : les gaz propres vont dans le moteur alternatif,
s’agit d’un mélange). Certaines réactions d’oxydation ont alors lieu alors que les gaz goudronnés sont brûlés dans une chaudière annexe qui
dans le four, permettant de maintenir une température suffisante alimente le réseau de chaleur. Le combustible gazéifié est un mélange
pour entretenir le procédé. Les gaz issus de cette dégradation thermi- de biomasses et de déchets municipaux, qui permet par la suite une pro-
que sont alors récupérés. Il s’agit principalement d’un mélange de duction électrique de 2 MW. La production électrique couvre 10 % des
monoxyde de carbone (CO), de dihydrogène (H2), de dioxyde de car- besoins régionaux et la production de chaleur couvre 90 % des besoins
bone (CO2), d’hydrocarbures (CxHy) et de diazote (N2). Ce mélange de la municipalité. Compte tenu des différents coûts, le retour sur inves-
tissement de cette centrale est estimé à 7 ou 8 ans.
gazeux est ensuite filtré et lavé afin de ne conserver que les gaz sou-
haités et d’enlever les impuretés solides et les goudrons. ■ Conclusion
Dans un deuxième temps, ces gaz sont brûlés soit dans une turbine Les principales limites actuelles du développement des systèmes
à gaz, soit dans un moteur à combustion pour produire l’électricité de cogénération à combustion interne étant liées à la qualité du gaz
grâce à l’énergie mécanique (par l’intermédiaire d’un alternateur) et issu de la gazéification ou de la pyrolyse de la biomasse, de
de la chaleur. Notons également que les installations de gazéification nombreuses études portent actuellement sur ce sujet, notamment
et de combustion ne sont pas obligatoirement sur le même site. dans le cadre du projet européen Gasnet :
(http://www.gasnet.uk.net).
■ Turbines à gaz
Le principe est le même que pour les turbines à gaz classiques : le 1.2.2.2 Combustion externe
gaz est brûlé directement dans la turbine et fait tourner l’arbre muni
d’ailettes qui est relié au générateur électrique. Cette technique a Dans ce cas, la biomasse est brûlée directement dans une
ainsi l’intérêt de limiter l’encombrement et le poids du système. Le chaudière adaptée pour chauffer un fluide caloporteur (eau, huile ou
rendement électrique de ces installations varie entre 20 et 35 %, le air) qui est ensuite dirigé vers un système convertissant cette
rendement global (électrique + thermique) étant compris entre 70 et énergie thermique en énergie mécanique, puis en électricité. Le plus
85 %. Cependant, le développement de cette technique est limité par souvent, le fluide utilisé est de l’eau surchauffée à l’état de vapeur
le fait que le gaz brûlé doit être très propre pour minimiser les pro- haute pression, qui ensuite est dirigée vers un moteur à vapeur ou
blèmes liés à l’encrassement et à la corrosion. Or, dans le cas de gaz vers une turbine à vapeur. Deux autres techniques sont en
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développement : le cycle organique Rankine, qui utilise de l’huile d’une source chaude et d’une source froide. Ainsi, la combustion
puis des vapeurs organiques comme fluides de travail, ou le moteur fournit une source chaude, la source froide étant l’air environnant
Stirling, qui utilise de l’air. ou de l’eau dans une boucle de refroidissement. Le gaz utilisé dans
le moteur est le plus souvent de l’air, même si des gaz comme
■ Turbines à vapeur l’hélium ou l’hydrogène permettent des rendements plus élevés. Ce
Cette technologie est la plus utilisée pour produire de l’électricité, type d’installation est en cours d’études dans des programmes de
quel que soit le combustible : c’est ce type d’installation qui est mis recherche et développement et semble intéressant pour des installa-
en place dans les centrales nucléaires par exemple. Il existe deux tions de petites ou moyennes puissances. Les rendements électri-
grands types de turbines à vapeur : les turbines à contre-pression et ques estimés sont de l’ordre de 20 à 30 % avec de l’air.
les turbines à condensation. Quelle que soit la turbine utilisée, le
générateur de vapeur est constitué d’un foyer adaptée au combus-
1.2.2.3 Conclusion
tible choisi (grilles mobiles ou lit fluidisé principalement) et d’une
chaudière le plus souvent couplée à un surchauffeur, qui produit de
R
La cogénération est à l’heure actuelle réservée à des installations
la vapeur. de fortes puissances, principalement en utilisant des systèmes de
Les rendements de ces installations varient de 15 à 30 % électri- moteurs à gaz ou de turbines à vapeur. De nombreuses recherches
que et de 60 à 80 % thermique selon les installations. Les turbines à sont en cours en ce qui concerne l’optimisation de la gazéification
vapeur à condensation permettent d’augmenter les rendements pour favoriser l’utilisation du gaz en turbines à gaz, ou pour le déve-
électrique et thermique. Ces technologies sont relativement bien loppement de nouveaux procédés de valorisation, comme le cycle
maîtrisées et simples de mise en œuvre pour des installations organique Rankine ou le moteur Stirling. Les schémas de principe
importantes (plus de 10 MW). des différentes installations sont présentés figure 3.
Exemple : une centrale de ce type fonctionne depuis 1999 à
Assens, au Danemark. Le foyer est de type four à grilles et débouche
sur une chaudière d’une puissance de 17,3 MW produisant de la
vapeur surchauffée à 75 bar et 525 ˚C. Le combustible utilisé est cons- 1.3 Cocombustion
titué de plaquettes humides (40 à 50 % d’humidité). Les rendements
affichés sont très bons : 27 % électrique et 60 % thermique sans con-
densation, 80 % thermique avec condensation. Ces rendements sont Dans certains processus industriels, le bois est utilisé en mélange
calculés par rapport au PCI du combustible : le combustible utilisé étant avec d’autres combustibles : il s’agit alors de cocombustion. Cette
très humide, la condensation des fumées permet un gain important, technique a plusieurs avantages :
même si les valeurs affichées semblent très élevées. — le plus souvent, le bois ou la biomasse étant des combustibles
■ Moteurs à vapeur relativement peu énergétiques par rapport aux combustibles fossi-
les, le mélange bois + combustible fossile permet de diminuer sen-
Le principe est similaire à celui des turbines à vapeur : de la siblement la température de combustion, limitant ainsi certaines
vapeur sous pression est injectée dans un moteur à pistons. C’est la émissions polluantes telles que les oxydes d’azote ;
pression d’injection de la vapeur qui lui donne son couple et lui per-
met de tourner. Un alternateur est ensuite placé à la sortie du — le fort taux de matières volatiles dans les combustibles issus
moteur pour produire l’électricité. Le rendement électrique moyen de la biomasse permet également de modifier les processus de
est compris entre 15 et 20 %. Ces systèmes sont très peu répandus combustion, notamment pour des combustibles riches en carbone
et ne possèdent pas de références, ni industrielle, ni d’études, per- fixe comme le charbon. Le changement de type de combustion per-
mettant de développer leur utilisation. met alors de mieux maîtriser le processus et d’en améliorer le
contrôle ;
■ Cycle organique de Rankine — la faculté qu’a le bois d’absorber les liquides peut aussi être
Le principe général est le même que pour les systèmes de turbi- utilisée pour piéger certains liquides tels que des boues et pour ser-
nes à vapeur, la différence résidant dans le fait qu’il existe deux cir- vir de vecteur et de support pour la destruction thermique de ces
cuits de fluides : un circuit qui va de la chaudière à l’évaporateur et produits ;
qui utilise une huile thermique (c’est le fluide caloporteur) et un cir- — pour limiter les émissions polluantes, de nombreuses installa-
cuit qui va de l’évaporateur à la turbine qui utilise un fluide organi- tions sont de nos jours équipées d’une zone de postcombustion (re-
que (souvent du silicone) et qui constitue le fluide de travail. burning) dans laquelle des gaz réducteurs sont injectés pour provo-
La biomasse est brûlée dans un foyer adapté, puis les fumées pas- quer une nouvelle combustion mieux maîtrisée. Dans ce cadre, la
sent dans une chaudière où elles permettent de chauffer l’huile à biomasse directement ou après gazéification est de plus en plus usi-
une température de 300 ˚C. Cette huile est alors acheminée vers tée.
l’évaporateur qui permet d’échanger la chaleur avec le fluide organi-
À l’inverse, les systèmes de cocombustion peuvent aussi poser
que, puis retourne vers la chaudière pour être chauffée de nouveau.
des problèmes :
Une fois chauffé, le fluide organique est dirigé vers la turbine pour
produire l’électricité, puis est acheminé vers le régénérateur et le — difficultés d’introduction des combustibles dues à leurs diffé-
condenseur, avant de revenir au niveau de l’évaporateur. rences de densité ou de granulométrie notamment ;
Les principaux avantages de ce cycle sont liés au fait que les deux — possibilités d’envols au sein de la chambre de combustion dus
fluides sont dans des circuits distincts, avec une meilleure maîtrise également à des différences de masses volumiques ;
des deux circuits. De plus, le fluide de travail est composé de — certaines biomasses contiennent des matières minérales à fai-
vapeurs organiques à faible pression, ce qui permet de lubrifier la bles températures de fusion (potassium, par exemple), ce qui peut
turbine et de limiter les risques de fuites et de corrosion. Par contre, générer des problèmes de corrosion ou de dépôts sur les parois des
le rendement électrique est assez faible (compris entre 15 et 20 %), fours.
le coût des installations est assez élevé et le peu d’installations exis-
tantes ne permet pas de conclure définitivement sur le fonctionne- De manière générale, la biomasse et plus particulièrement le bois
ment des appareils de ce type. est utilisé en cocombustion comme régulateur, pour réduire les
émissions polluantes et améliorer le contrôle de combustion. Les
■ Moteur Stirling combustibles les plus utilisés en mélange avec de la biomasse sont
Ce moteur est un moteur alternatif qui fonctionne grâce au cycle le charbon et certaines boues, mais également des déchets, surtout
de compression – détente d’un gaz parfait au contact successif lorsque leur taux d’humidité est élevé.
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
BE 8 748 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
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1. Usages des fours et étuves ................................................................ BE 9 510v2 - 2
1.1 Secteurs d’activité concernés et applications par secteur .................... — 2
1.2 Besoins de l’utilisateur ............................................................................. — 3
2. Classification des fours et des étuves ............................................ — 3
2.1 Classification par fonction........................................................................ — 3
2.2 Classification par groupe ......................................................................... — 4
2.3 Classification selon le mode de chargement.......................................... — 5
3. Constitution du four............................................................................. — 5
3.1 Différents fours ......................................................................................... — 5
3.2 Charge et manutention de la charge....................................................... — 6
3.3 Atmosphère............................................................................................... — 6
3.4 Matériaux composant les parois, la sole et la voûte ............................. — 6
3.5 Chauffage par combustion....................................................................... — 7
3.6 Chauffage par résistances électriques .................................................... — 9
3.7 Chauffage par émetteurs infrarouges ..................................................... — 11
3.8 Chauffage par induction électromagnétique.......................................... — 12
3.9 Chauffage par micro-ondes ..................................................................... — 12
3.10 Équipements auxiliaires ........................................................................... — 12
4. Dimensionnement ................................................................................. — 12
4.1 Bilan thermique......................................................................................... — 12
4.2 Pertes par une paroi ................................................................................. — 16
4.3 Énergie accumulée dans une paroi ......................................................... — 17
4.4 Pertes diverses .......................................................................................... — 17
4.5 Échanges thermiques avec la charge...................................................... — 18
4.6 Modélisation.............................................................................................. — 18
4.7 Cahier des charges ................................................................................... — 20
5. Exploitation............................................................................................. — 20
5.1 Préchauffage ............................................................................................. — 20
5.2 Défournement. Enfournement................................................................. — 21
5.3 Cycle thermique ........................................................................................ — 21
5.4 Régulation de température ...................................................................... — 21
5.5 Conduite du four ....................................................................................... — 22
5.6 Entretien .................................................................................................... — 22
Pour en savoir plus ......................................................................................... Doc. BE 9 510v2
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ture inférieure à 300 oC et, en particulier, aux traitements par la vapeur d’eau.
On peut trouver d’autres termes tels que : enceinte, chaîne, cuve, bain, réac-
teur, etc., mais l’étude thermique de ces équipements est semblable à celle des
fours (terme le plus usité dans ce dossier).
Les fours discontinus sont appelés aussi fours intermittents ou fours à
charge et les fours continus appelés fours tunnels ou fours à passage.
L’énergie utilisée peut être de l’électricité, du fuel lourd (FL) ou domestique
(FOD), du gaz naturel ou du gaz de pétrole liquéfié (GPL) ; les brûleurs sont
généralement disposés sur les parois latérales pour le traitement thermique et
sur la voûte pour la fusion et le maintien à la température du métal liquide.
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Mais le chauffage peut se faire aussi par émetteur infrarouge, par induction
électromagnétique ou par micro-ondes.
Des formules de calcul simples, permettant de déterminer le rendement et la
consommation spécifique d’un four, sont généralement suffisantes pour un pré-
dimensionnement ou pour établir un coût d’exploitation énergétique ; pour une
meilleure précision de calcul, il peut être utile de faire une modélisation avec un
logiciel approprié. Si le problème posé est difficile (nouvelle conception de four,
produit à traiter délicat, exigence de température précise, etc.), cette modélisa-
tion est nécessaire pour démontrer la faisabilité d’un projet et pour optimiser les
paramètres de fonctionnement au démarrage de l’installation.
Dans le cadre d’un investissement pour installer un nouveau four ou pour
modifier un four existant, il est nécessaire de calculer les échanges thermiques
et de définir un cahier des charges fonctionnel.
Indépendamment de la qualité du matériel, les conditions d’exploitation du
four ou de l’étuve vont influencer ses performances.
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en carbone – l’environnement en général ;
– revenu et vieillissement des alliages – le processus de fabrication dans lequel s’insère le four : les
légers opérations réalisées en amont et en aval du four, leurs cadences
– bleuissage des aciers respectives qui peuvent avoir une incidence sur le choix du four,
ainsi que les conditions possibles de préparation des charges ;
de 500 à 700-750 oC – revenu des aciers ordinaires
– recuit des aciers – la qualification du personnel d’exploitation et sa disponibilité
– recuit des soudures (travail posté, pendant le week-end, etc.) ;
– recuit des métaux cuivreux – les possibilités d’entretien : niveau des équipements et qualifi-
– stabilisation de la fonte cation du personnel ;
– fusion des alliages légers – les conditions d’alimentation en énergie ;
de 700 à 850-900 oC – cémentation au carbone, – les possibilités de raccordement des fluides auxiliaires (eau, air
carbonitruration comprimé, azote, etc.) et de rejets des effluents éventuels (eau,
– recuit des aciers vapeurs et effluents gazeux, etc.).
– trempe des aciers
– recuit des maillechorts
et des cupronickels 1.2.3 Choix du mode de chauffage
de 900 – cémentation au carbone Ce choix dépend :
à 1 000-1 100 oC – recuit des aciers spéciaux
– trempe des aciers spéciaux – du niveau de température ;
– traitement des aciers inoxydables – de la précision de température souhaitée ;
et des aciers réfractaires
– de la nature du matériau et de l’atmosphère de l’enceinte ;
– traitement des fontes malléables
(à cœur blanc et à cœur noir) – de la rapidité de montée en température ;
– de l’expérience et de la compétence des personnels d’exploi-
de 1 000 – traitement des aciers rapides tation et d’entretien ;
à 1 250-1 300-1 350 oC – fusion du cuivre
– de l’intégration éventuelle à une gestion centralisée ;
au-delà de 1 350 oC – fusion de la fonte et de l’acier – des énergies disponibles et du coût de ces énergies ;
– des rejets atmosphériques éventuels.
1.2 Besoins de l’utilisateur Les différentes énergies utilisées et leurs domaines privilégiés
sont :
1.2.1 Impératifs techniques – le gaz naturel, le gaz de pétrole liquifié, le fuel domestique,
l’électricité pour les applications courantes ;
Les caractéristiques qui définissent une charge à traiter sont – l’électricité pour les applications exigeantes (qualité, atmos-
essentiellement : phère particulière, haute température, rapidité) ;
– la nature et la présentation de la charge : forme des pièces, – le fuel lourd pour les très grosses installations (généralement
densité apparente de chargement, possibilité de diviser la charge, avec fluide caloporteur) ;
etc. ; – le coke pour l’élaboration et la fusion de la fonte ;
– la nature du matériau : valeurs de l’émissivité, de la capacité – le bois (pour le séchage de bois en particulier).
thermique massique, de la masse volumique, etc. ;
– la nature du second matériau s’il s’agit d’un revêtement ou
d’un composite ;
– la température initiale.
2. Classification des fours
Le traitement est déterminé par la nécessité de réaliser un cycle
précis de température-temps. et des étuves
Cela est assorti, éventuellement, de données complémentaires :
– la précision et l’uniformité de la température à obtenir ;
2.1 Classification par fonction
– la présence d’une atmosphère contrôlée.
La température recherchée joue un grand rôle dans le choix du Ils peuvent être classés selon leurs fonctions décrites au
mode de chauffage, dans celui de la nature du garnissage et du paragraphe 1 : la fusion, le traitement thermique, la cuisson, le
type de chauffage à mettre en œuvre. séchage.
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Galets
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3. Constitution du four
3.1 Différents fours
d
3.1.1 Fours de fusion de métaux
■ Haut-fourneau et cubilot (fabrication de fonte)
Ils sont constitués par une paroi verticale cylindrique ou
Dé uleur conique. La charge est enfournée par le dessus avec du coke. L’air
de combustion, insufflé par des tuyères, est parfois préchauffé par
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chauffage refroidissement
procédés électriques (résistances ou torche à plasma) ou par récu-
pération d’énergie sur les gaz chauds. Le métal liquide coule par
Figure 5 – Four continu à traction de feuillard
un orifice situé en partie basse.
■ Four rotatif
– les fours à longerons ;
– les fours à sole tournante ; Il est composé d’un cylindre isolé, horizontal (ou légèrement
incliné), mobile autour d’un axe de rotation avec des ouvertures au
– les fours à plateau tournant ;
sommet et à la base du cylindre pour le chargement, la coulée et le
– les fours à wagonnets ; passage de brûleur (fixe).
– les fours à balancelles ;
– les fours verticaux à passage pour traitement de bandes ; ■ Four à creuset
– les fours à cornue rotative ; Il est constitué d’un creuset, en matériau métallique ou céra-
– les fours à bains de sels à convoyeurs. mique (selon la température), entouré d’un équipement de chauffe
qui provoque la fusion de la charge déversée à l’intérieur.
L’ensemble du four contenant le creuset peut être pivotant pour
vider le liquide après fusion. L’équipement de chauffe peut se
2.3 Classification selon le mode composer soit d’un ou plusieurs brûleurs, soit de résistances élec-
de chargement triques, soit d’un inducteur.
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Cocombustion de charbon
et de biomasse
Cas des chaudières industrielles
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par Sébastien CAILLAT
Département Énergétique industrielle, École des mines de Douai
Enseignant-chercheur
Esperanza PERDRIX
Département Chimie et environnement, École des mines de Douai
Enseignant-chercheur
Karim TABET
Docteur en Génie des procédés industriels
Chef de projet biomasse énergie Veolia Environnement Recherche et Innovation
Centre de recherche sur la propreté et l’énergie
et Benoît TAUPIN
Docteur en Énergétique, expert Combustion
Veolia Environnement Recherche et Innovation
Centre de recherche sur la propreté et l’énergie
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1. Contexte général « propres », son utilisation n’est pas encore systématique dans les
centrales actuellement exploitées.
L’objectif est donc de rendre la cocombustion sûre d’exploita-
tion, avec un coût optimal, malgré la variabilité du combustible
1.1 Réduction des émissions de CO 2 introduite par l’ajout d’une fraction de biomasse.
La cocombustion de mélanges de charbon et de biomasse est Dans ce sens, ce document relate les différentes problématiques
une solution attrayante pour l’utilisation du charbon. Cette option, techniques rencontrées sur les installations énergétiques fonction-
qui est à court terme la plus économique pour introduire la bio- nant en cocombustion, et propose des recommandations.
masse dans le mix énergétique d’aujourd’hui, fournit une occasion
d’employer un combustible renouvelable, considéré comme neutre
sur la production de gaz à effet de serre. 1.2 Réglementations européenne
Par ailleurs, si l’application de la cocombustion dans des et française
centrales thermiques au charbon existantes a comme
conséquence une réduction d’émissions de CO2 , elle contribue Pour les grandes installations de combustion (GIC) dont la puis-
également à une diminution des émissions gazeuses soufrées (par sance est supérieure à 50 MW, la réglementation européenne en
exemple, l’anhydride sulfureux) du fait des plus faibles taux de vigueur s’appuie sur la directive 2001/80/CE (directive GIC dite
soufre présents dans la biomasse. « LGP » pour Large Combustion Plants). Cette directive concerne
les seuils limites pour les rejets d’oxydes de soufre (SOx), d’oxy-
De plus, de nombreux pays ont pris des mesures incitatives
des d’azote (NOx) et de poussières dans l’atmosphère. Une distinc-
pour favoriser sa mise en place, souvent sous forme de subven-
tion est toutefois faite entre les installations nouvelles et les
tions. Dans certaines conditions, la production d’énergie « verte »
installations existantes. Bien sûr, la transposition de la directive
donne lieu à des certificats « verts » pouvant aller jusqu’à des pri-
européenne a engendré des disparités dans les réglementations
mes de 60 €/MWh. Ces aides financières rendent acceptables les
nationales, plus ou moins strictes selon les pays.
temps de retour sur investissement des modifications techniques
requises pour utiliser de la biomasse. En outre, la pratique de la Par ailleurs, la directive 2008/1/CE relative à la prévention et à la
cocombustion entraîne des frais d’adaptation relativement peu éle- réduction intégrées de la pollution (directive dite « IPPC » pour
vés, dans tous les cas, bien moindres que la construction de nou- Integrated Pollution Prevention and Control), récemment révisée,
velles installations. devrait favoriser la fixation de nouveaux seuils d’émission
(figure 1). Ainsi, les émissions limites de SOx et de NOx devront
Les chaudières modifiées s’adaptent à la variabilité des
être inférieures à 200 mg/Nm3 à 6 % d’O2 pour les installations de
combustibles : elles peuvent brûler de la biomasse lorsque les
plus de 100 MWth , avant 2016. De plus, les installations de puis-
approvisionnements sont abondants et repasser au charbon
sance supérieure à 20 MWth , alimentées avec des combustibles
lorsqu’ils sont limités. Elles permettent également d’utiliser la bio-
fossiles, sont soumises à la réglementation en vigueur concernant
masse avec une meilleure efficacité énergétique, en raison notam-
les rejets de CO2 et entrent dans le cadre des plans nationaux
ment de la taille importante des installations.
d’allocation des q uotas (PNAQ). Elles ont ainsi, selon les régions,
Cependant, l’utilisation de la biomasse comme cocombustible, des obligations de réduire leurs émissions de CO2 .
requiert un examen soigneux des risques techniques et des coûts
Ces dispositions risquent de rendre non conformes bon nombre
associés si l’installation venait à fonctionner en mode dégradé. Les
de chaudières à combustible solide. Cependant, l’utilisation de la
risques sont de trois types :
cocombustion d’un mélange adéquat peut permettre de répondre
– réduction de la durée de vie de l’installation et de sa flexibilité en partie à ce challenge, en abaissant le niveau d’émissions de SOx ,
d’exploitation ; la biomasse contenant en général moins de soufre que le charbon.
– augmentation des coûts associés à la manutention de la bio- De plus, le CO2 produit par combustion de biomasse étant d’origine
masse, à l’entretien des brûleurs et à la maintenance générale de biogénique, il n’est pas comptabilisé dans les quotas.
l’exploitation ;
– perte d’exploitation occasionnée par un arrêt technique que
l’emploi de biomasse aura favorisé. 1.3 Ressources en biomasse
Le choix de l’utilisation de la cocombustion devra être fait en
imposant le minimum d’interférences avec le fonctionnement nor- On peut distinguer trois types de ressources de biomasse selon
mal d’une installation. Ainsi, bien que cette solution soit la plus leur provenance : le bois-énergie, les cultures énergétiques
attractive pour rendre les technologies au charbon plus dédiées et les coproduits agricoles ou agro-industriels.
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SOx réglementation actuelle Trois filières génèrent la majorité des produits utilisés en chauf-
2 000
SOx en 2016 feries biomasse :
– les ressources issues de l’exploitation forestière et des espa-
1 600 ces boisés qui génèrent des plaquettes forestières. Celles-ci
proviennent de résidus d’élagage ou de défrichage qui peuvent
ainsi contenir des écorces, des branches, des brindilles, des
1 200 feuilles ou encore des aiguilles. Les opérations entrant en jeu dans
leur production sont l’ébranchage et la découpe, le débardage, le
déchiquetage et le séchage ;
800 – l’industrie du bois de première transformation (scieries) et
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seconde transformation (menuiseries, tourneries) qui génère des
écorces, des copeaux et sciures, des plaquettes, des granulés.
400 L’industrie de première transformation produit l’essentiel des
sous-produits connexes (environ 45 %) sous forme d’écorces ou de
sciures notamment ;
0 – les centres de tri ou de déchets industriels banals qui per-
0 100 200 300 400 500 600 mettent la valorisation de bois de rebut non souillé : emballages
Puissance (MWth) industriels (caisses, emballages), palettes et emballages légers
(cageots et cassettes pour fruits et légumes). Une plate-forme de
préparation est nécessaire pour produire du combustible à partir
800
de bois de rebut non souillé. Elle se compose d’un prébroyage
Valeur limite NOx (mg/Nm3)
Poussières réglementation actuelle On peut distinguer trois types d’espèces pour la filière de valori-
120
Poussières en 2016 sation thermochimique de la biomasse :
100 – les espèces herbacées pérennes : miscanthus, switchgrass
(panic érigé), reed canary grass (alpiste réseau), etc. Ces cultures
ont une durée de vie pouvant varier entre 10 et 20 ans et sont
80 récoltées annuellement (la première récolte est cependant réalisée
deux ans après la plantation). Le miscanthus est bien développé
60
en Grande-Bretagne où l’on compte 17 000 ha de culture en 2007.
Le switchgrass est, quant à lui, bien implanté aux États-Unis où de
nombreux essais de cocombustion avec du charbon ont eu lieu.
40 On pourra citer, entre autres, les tests de la centrale électrique de
Ottumwa Generating Station (725 MWe) où 1 300 t de switchgrass
ont été utilisées en 26 jours de cocombustion en 2001 puis 781 t en
20
2003 sur 15 jours ;
– les taillis à très courtes rotations (TTCR) : ce sont des cultures
0 pérennes d’une durée de vie de 20 ans environ, plantées à haute
0 100 200 300 400 500 600 densité et dont on récolte les rejets de souche tous les 2 ou 3 ans.
Puissance (MWth) Les espèces les plus répandues sous nos latitudes sont le saule et
le peuplier, mais on peut également citer le robinier ou l’eucalyp-
tus. Les TTCR de saule sont relativement bien développés en
Figure 1 – Exigences réglementaires actuelles et pour 2016 de l’UE Suède (17 000 ha) et en Grande Bretagne ;
concernant les rejets atmosphériques de SOx , NOx et poussières
des grandes installations de combustion, en fonction – les cultures céréalières annuelles comme le triticale ou le
de la puissance thermique des installations sorgho. Leur utilisation reste encore très marginale.
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Les principales opérations sont : sico-chimiques relativement différentes selon leur origine ou leur
– la collecte ou la récolte ; provenance. On peut les caractériser par :
– le tri/séparation ; – un taux de matière volatile élevé, typiquement entre 65 à 70 %
et 80 % ;
– le broyage (pour préparer un combustible adapté à une valori-
– une humidité variable selon les types de produits :
sation en chaudière) ;
• faible (15 à 30 %) pour des combustibles comme la paille de
– le criblage (élimination des morceaux grossiers) et le dépous-
céréales, des cultures énergétiques se récoltant en sec (miscan-
siérage (élimination des particules trop fines) ;
thus, switchgrass) et le bois de recyclage (broyat de palettes),
– le séchage (en forêt, en plateformes, en hangars ventilés) et le
• élevée (40 à 60 %) pour du bois issu de l’exploitation fores-
stockage (air libre ou sous abri).
tière (plaquettes), de l’industrie de transformation (écorces,
Certaines opérations ne seront pas à effectuer en fonction de coproduits de scieries), ou de la sylviculture dédiée (TTCR de
l’origine de la biomasse (bois de rebut, cultures dédiées, etc.). saule ou de peuplier) ;
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Fours industriels
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Ingénieur du Conservatoire National des Arts et Métiers
Ingénieur Conseil en énergie et environnement au groupe Elf Aquitaine et à l’Association
Technique Énergie Environnement (ATEE)
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie énergétique BE 8 842 - 1
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n four est un outil utilisé pour élever la température d’un produit. Il peut être
U soit :
— un équipement destiné uniquement au chauffage (exemple : réchauffage de
l’acier avant déformation plastique, réchauffage de pétrole brut avant
distillation) ;
— un véritable réacteur dans lequel on élabore les produits (exemple : four de
fusion de verre, four de vapocraquage de la pétrochimie).
Il s’intègre généralement dans une ligne de production complexe dont il est un
des éléments.
On trouve des fours dans un très grand nombre d’activités industrielles, ce qui
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rend une approche globale assez délicate.
Le présent article traite les fours dans leurs généralités, on s’efforce d’y déga-
ger des caractéristiques communes à l’ensemble des fours. Il introduit une série
d’articles portant chacun sur les fours spécifiques à une industrie notamment :
— les fours de l’industrie sidérurgique ;
— les fours de traitement thermique des métaux ;
— les fours de raffinage et de l’industrie chimique ;
— les fours de cimenterie ;
— les fours de l’industrie verrière ;
— les fours des industries céramiques et des produits réfractaires.
Dans ces textes, les aspects spécifiques à chaque type de fours seront abordés.
Toute classification est arbitraire, elle est toutefois utile dans la On notera que l’amélioration des performances des procédés
mesure où elle permet de retrouver des caractéristiques communes continus et l’augmentation des capacités de production des ins-
à des équipements, à première vue, très différents. tallations ont peu à peu repoussé le domaine d’utilisation des
fours discontinus que l’on trouve surtout pour :
Nous proposons ici quatre classifications, en fonction : — les produits demandant un temps de séjour en four très
— de la manutention du produit : fours continus ou discontinus ; long ;
— du procédé de chauffage : direct ou indirect ; — les produits nécessitant des cycles de chauffage et ou de
— du niveau de température ; refroidissement très précis.
— du combustible. C’est ainsi que les fours pits ont quasiment disparus des pro-
cédés sidérurgiques et que les fours à cloches mobiles ont
été supplantés par les lignes de traitement continus pour les
bandes métalliques.
1.1 Fours continus et fours discontinus
C’est la manutention et la circulation du produit qui est ici le cri- 1.2 Chauffage direct et chauffage indirect
tère.
Dans un four continu, le produit à chauffer entre à une des extré- Le critère est ici le contact entre le produit et les gaz issus de la
mités et en ressort à l’autre. C’est le cas : combustion.
— des fours de réchauffage de semi-produits (fours à longerons
et fours poussants) de la sidérurgie ; ■ Fours à chauffage direct
— des fours de l’industrie chimique et du raffinage ;
— des fours rotatifs de l’industrie cimentière. Il y a contact entre les gaz issus de la combustion et les produits à
chauffer. Du point de vue thermique, cela entraîne qu’une partie du
Dans un four discontinu, le produit à chauffer est immobile dans
transfert de chaleur s’effectue par convection. Cette dernière pro-
le four ; il est chargé et déchargé (enfourné et défourné) au même
voque des phénomènes à la surface du produit qui peuvent lui être
endroit. C’est le cas :
préjudiciables.
— des fours à sole mobile de forge ;
— des fours à soles fixes de traitement thermique ; Exemple :
— des fours à cloches mobiles et élévateurs. — décarburation et oxydation dans les fours de réchauffage de
métaux ;
Cette différence dans la manutention entraîne des différences — interaction entre le soufre du combustible et le clinker dans les
notables du point de vue thermique. fours de cimenterie ;
Dans un four continu, un point du four sera toujours (ou à peu — action des impuretés du combustible sur les bains des fours de
près) à la même température ; dans un four discontinu la tempéra- verrerie.
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BE 8 842 - 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie énergétique
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flamme et/ou des gaz à haute température. C’est le cas des fours à
cloche mobile, des fours à moufle et des fours équipés de brûleurs
1 à tubes radiants.
2
3 On notera que, par définition, les fours de réchauffage de
fluides, dans lesquels les gaz ou les liquides circulent à l’inté-
rieur de tubes, sont des fours à chauffage indirect.
Puissances
Température
Temps
D’un point de vue thermique :
La puissance thermique évolue en fonction du temps — au-dessus de 1 000 °C, le transfert de chaleur se fait essentiel-
lement par rayonnement ;
b four discontinu — au-dessous de 700 °C, la part de la convection devient non
négligeable et on cherchera à l’améliorer par mise en circulation des
Figure 1 – Évolutions des températures et des puissances gaz autour du produit.
de chauffe dans les fours
Exemple : les fours de détensionnement de pièces chaudron-
nées qui fonctionnent autour de 650 °C.
Cloche mobile
de protection
1.4 Combustibles
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duction), la plupart du temps simultanément, mais dans des propor- certain nombre de cas, un impact non négligeable sur l’égalisation
tions très variables. des températures.
Ce sont les fours de sidérurgie, de verrerie, de cimenterie. La tem- Ce sont, en particulier, les fours de traitement thermique de métal-
pérature que l’on veut obtenir sur le produit dépasse, et parfois net- lurgie, les fours de revêtement de surface et les fours pour les
tement, 1 200 °C. métaux non ferreux. La température que l’on veut obtenir sur le pro-
C’est également le cas d’un certain nombre de fours de l’industrie duit dépasse rarement 700 °C, et est parfois sensiblement inférieure.
R
du pétrole et de la chimie dans lesquels, bien que la température du C’est également le cas des zones de convection des fours de l’indus-
produit soit inférieure à 500 °C, une partie importante de la chaleur trie du pétrole et de la chimie.
est fournie directement par le rayonnement de la flamme dans une
Le transfert de chaleur s’y fait essentiellement par convection de
zone de radiation. Le transfert de chaleur s’y fait essentiellement par
gaz transparents. La loi fondamentale du transfert de chaleur est la
rayonnement de la flamme et des gaz issus de la combustion.
loi de Newton :
Les transferts de chaleur par rayonnement découlent fondamen-
talement de la loi de Stefan-Boltzmann : Qú = kS ( T f Ð T c )
Qú = asS ( T f4 Ð T c4)
et on cherchera, pour un écart de température ( T f Ð T c ) donné, à
augmenter le transfert de chaleur en améliorant le coefficient de
avec Qú puissance thermique
convection k qui s’écrit d’une façon générale :
et de considérations géométriques liées aux dimensions et aux posi-
tions respectives des surfaces réceptrices de la chaleur (le produit à l
chauffer), des surfaces et volumes des émetteurs (flammes et gaz de
k = A --- Re 0,8 Pr 0,33
,
combustion) et des surfaces réflectrices (parois du four).
Pr (nombre de Prandlt) dépend essentiellement du fluide : ici les
gaz de combustion. On voit qu’il faudra pour obtenir un coefficient
Loi de Stefan-Boltzmann
d’échange k élevé, essayer d’augmenter la valeur de Re (nombre de
Reynolds).
Cette loi indique que la valeur de la puissance thermique
émise par le rayonnement d’un corps noir est fonction de la Cela se fera :
température absolue de ce corps, à la puissance quatrième :
— soit par mise en vitesse du fluide : implantation de ventilateurs
à l’intérieur de l’enceinte (figure 3), utilisation de brûleurs à grande
Qú S = sT 4
vitesse d’éjection des gaz de combustion dans le foyer (figure 4),
avec Qú S puissance émise sur l’ensemble des longueurs recyclage externe des gaz ;
d’onde par unité de surface, — soit par augmentation des effets de pointe, comme l’adjonc-
T température du solide rayonnant (en kelvins), tion d’ailettes ou de picots (studs) dans les zones de convection des
fours tubulaires, qui accroissent simultanément la surface
s constante de Stefan-Boltzmann d’échange.
(5,67 x 10-8 W.m-2.K-4
ou 4,89 x 10-8 kcal.m-2.h-1.K-4)
Dans un four, en première approximation, on considère que le
four se comporte pour la charge comme un corps noir et la
charge comme un corps gris vis-à-vis du four. Un corps gris a
les mêmes caractéristiques d’émission énergétique qu’un corps
noir, mais minorées par rapport à celui-ci.
On en déduit l’expression générale du transfert de chaleur par
rayonnement :
Qú = asS ( T f4 Ð T c4)
La convection jouera dans ces fours un rôle secondaire pour ce Figure 3 – Ventilateur de circulation de gaz dans un four
qui concerne la quantité de chaleur transférée, mais aura, dans un de réchauffage de pièces en métaux non ferreux
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Fours de réchauffage
de la sidérurgie
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R Brames ............................
Épaisseur (mm)
190 à 300
Largeur (mm)
1 000 à 2 000
Longueur (mm)
4 000 à 12 000
Blooms ............................ 150 à 450 150 à 450 6 000 à 12 000
Billettes............................ 50 à 150 50 à 150 10 000 à 15 000
Antérieurement à l’apparition des coulées continues (au début des années 60),
l’acier était coulé en lingots et subissait un premier laminage pour être mis sous
forme de demi-produits.
Les demi-produits sont le point de départ de tous les produits sidérurgiques
obtenus par laminage (plaques, tôles, feuilles, feuillards, fils, barres, rails,
poutrelles, tubes, roues, etc.). Ils ont totalisé 750 millions de tonnes, au niveau
mondial, en 1996.
À la sortie de la coulée continue, les demi-produits sont soit directement
chargés dans les fours de réchauffage pour être portés à la température appro-
priée pour le laminage (1 100 à 1 300 oC), soit stockés jusqu’à leur inclusion dans
un programme de laminage. Les fours de réchauffage doivent donc harmoniser
les rythmes de production de l’aciérie et du laminoir.
Pour accomplir leur tâche, les fours de réchauffage doivent s’adapter à un
certain nombre de contraintes, par exemple :
— implantation : la longueur des fours est souvent limitée par des installations
existantes lors de leur construction (bâtiments, ponts roulants, tables à rou-
leaux, etc.) ;
— produits : diversité des caractéristiques (température de laminage, diffusi-
vité, résistance au fluage, dimensions, température d’enfournement) ;
— combustibles : gaz sidérurgiques avec fluctuations de qualité et de quantité,
et réaliser le meilleur compromis pour la satisfaction de critères suivants, sou-
vent contradictoires : productivité, homogénéité des températures, flexibilité,
fiabilité, économie, etc.
Cet article est divisé en deux paragraphes :
— le premier décrit succinctement les divers types de fours de réchauffage ;
— le second traite plus en détail les fours poussants et à longerons compte
tenu de leur importance économique et technique (ces types de fours équipent
les laminoirs de grande capacité et assurent le réchauffage de plus de 90 % des
demi-produits avec des unités dont la production horaire peut atteindre 500 t/h).
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+
–0
4 900
1.1 Fours discontinus 8 000
00
26
Les soaking pits (puits d’égalisation), sont des chambres en forme 19 020
de puits (figure 1), munies de couvercles de fermeture et chauffées,
dans lesquelles sont introduits les lingots fraîchement coulés, avec
Les cotes sont en mm
le cœur encore liquide, pour atteindre leur solidification complète
tout en assurant le niveau et l’uniformité de températures appro- Figure 1 – Four pit équipé d’un seul brûleur dans la partie supérieure
priés pour le laminage. La capacité de chauffage doit permettre le d’un petit côté, one way top fired, et d’un récupérateur métallique
réchauffage de lingots froids. multitubulaire (Document Stein Heurtey)
Les lingots réchauffés dans les pits sont mis en forme de brames
(slabs) ou de blooms par des laminoirs appelés respectivement
slabbings et bloomings. » 1 300 oC) et l’exposition de trois côtés des produits au flux calorifi-
Les coulées continues des installations modernes, produisant que, permettent des chauffages plus rapides que ceux obtenus dans
directement des brames et des blooms, ont fait pratiquement dispa- les fours continus.
raître les fours pits.
La consommation spécifique est, en général, très élevée (jusqu’à
5 000 MJ/t).
1.1.2 Fours dormants
Ce type de fours est généralement utilisé pour le réchauffage de 1.1.3 Fours à sole mobile
blooms épais, de caractéristiques (nuance ou dimensions) trop spé-
cifiques pour être mélangés à d’autres produits dans les fours conti-
nus. Ces fours ont des dimensions extrêmement variées (surface de Ce type de fours a été conçu pour le chauffage de très gros lingots
sole comprise entre 0,5 et 90 m2). (jusqu’à 400 tonnes) pour forger des pièces spéciales, destinées à la
sidérurgie, à la construction navale ou aux industries électromécani-
Ils sont constitués d’une chambre de chauffage parallélépipé-
ques. Leur sole, montée sur un chariot, sort complètement du four,
dique (figure 2), équipée de brûleurs latéraux et de portes en façade
ce qui permet d’utiliser les moyens de l’atelier pour la manutention
(multiples dans les fours de grandes dimensions) qui permettent
des pièces (figure 3). L’étanchéité sole-four est assurée par des
l’accès facile à toute la sole. Les produits reposent soit directement
joints de sable (canaux fixés sur les côtés de la sole, remplis de
sur cette sole, soit sur des murettes pour favoriser leur chauffage
sable réfractaire, dans lesquels s’enfoncent des couteaux solidaires
inférieur et leur reprise au défournement.
du four). L’étanchéité porte-façade est obtenue par des cordons en
Les fumées sont évacuées par l’arrière ou par la sole et traversent réfractaire fibreux.
des récupérateurs qui préchauffent l’air de combustion.
Ils sont équipés de systèmes de contrôle des températures, du Les grandes dimensions des lingots et la qualité des aciers exi-
rapport comburant-combustible et de pression. gent souvent des températures très homogènes dans leur masse
(écarts < 20 oC) et, en conséquence, des montées en température
Les produits sont manutentionnés par des enfourneuses-défour- longues et précises. Ceci est obtenu avec de nombreux brûleurs
neuses à pinces. d’impulsion élevée qui brassent fortement et homogénéisent
Lorsque la qualité de l’acier le permet, l’enfournement dans un l’atmosphère du four, ou plus rarement, par des brûleurs à flamme
four préalablement chaud (à la température de fin de chauffe plate qui assurent un rayonnement homogène sur la charge.
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Joints mobiles
Air chaud
Portes Portes
Brûleur Brûleur
Sole
R
Air froid
Récupérateur Récupérateur
Figure 2 – Four dormant avec deux portes de trois éléments et des récupérateurs à poteries (d’après [20])
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Professeur à l’École Supérieure de Fonderie et de Forge, Sèvres
Expert auprès du Centre Technique des Industries de la Fonderie, Sèvres, France
WS
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mSVPS
FOURS À INDUCTION À CREUSET POUR LA FUSION DES MÉTAUX FERREUX ET NON FERREUX –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
R
Parmi les pionniers de cette technologie, citons Kjellin, Rodenhauser, Wyatt et Russ. À
partir de 1920, les progrès apportés aux condensateurs statiques et aux convertisseurs
permettent la poursuite du développement des fours à induction.
Néanmoins, il faut attendre 1930 pour voir apparaı̂tre en fonderie des fours jusqu’à 4 ton-
nes de capacité [1]. À partir de 1955, la progression est rapide, notamment en fonderie de
fonte et d’alliages cuivreux.
Dès la crise pétrolière de 1973, il faut économiser l’énergie en améliorant le rendement de
la fusion électrique. La maturité du développement des diodes et des thyristors de puis-
sance autorise le développement de la moyenne fréquence, notamment en fonderie
d’acier et de fonte.
Ces nouvelles possibilités, la stabilité du coût de l’électricité et le renforcement des
contraintes environnementales des années 1990 orientent définitivement les investisse-
ments, en fonderie, vers la fusion électrique à induction.
Glossaire
WT
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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– FOURS À INDUCTION À CREUSET POUR LA FUSION DES MÉTAUX FERREUX ET NON FERREUX
R
La figure 1 visualise le champ magnétique d’un aimant en mou-
vement alternatif à l’intérieur d’un solénoı̈de et la force électromo- magnétique induit dont l’effet est de contrer la variation de flux du
trice induite. champ extérieur qui produit ce courant ».
Un champ magnétique constant ne produit pas de courant La figure 2a montre cette opposition de champ entre un solé-
(figure 1b), par contre le mouvement alternatif de l’aimant à l’inté- noı̈de et un aimant entrant, le courant est positif.
rieur de la bobine crée une sinusoı̈de (figures 1c, d, e) dont la force La figure 2b montre le changement de polarité du courant
électromotrice est soit positive, soit négative et ce, à la fréquence lorsque l’aimant est sortant, le courant est alors négatif.
Figure 1 – Champ magnétique d’un aimant en mouvement alternatif à l’intérieur d’un solénoı̈de
WU
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FOURS À INDUCTION À CREUSET POUR LA FUSION DES MÉTAUX FERREUX ET NON FERREUX –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
B1 B1
N S S N S N S N
R
ampèremètre ampèremètre
a lorsque les polarités sont du même sens, b lorsque les polarités sont de sens opposé,
le courant est positif. le courant est négatif
avec B induction magnétique (en T), Le schéma de la figure 3 présente une bobine Bi alimentée en A
et B par un courant alternatif. Il se crée un champ magnétique
S surface déterminée par la bobine (en m2),
autour de la bobine et de toutes ses spires. Tant que la bobine est
F flux magnétique (en Wb). vide, il ne se développe aucune force contre électromotrice. Dès
l’instant où est introduit un noyau magnétique au cœur de la
La loi de Faraday introduit la géométrie de la bobine, elle tient bobine, il se produit des boucles de courant dans ce noyau métal-
particulièrement compte du nombre de spires, du diamètre et de lique. Il génère un courant induit Ii qui circule en sens opposé au
sa surface. Par rapport à cette loi, il faut retenir les principaux effets courant I circulant dans la bobine.
suivants : Ces boucles génèrent ainsi leur propre champ magnétique qui
plus le nombre de spires est important, plus la force électro- s’oppose à celui de la bobine (loi de Lenz). Ce phénomène s’appelle
motrice est élevée, couramment le couplage inductif les courants induits Ii générés
sont nommés courants de Foucault.
plus le diamètre est important, plus les courants induits
seront élevés.
1.1.4 Effet Kelvin ou effet pelliculaire
ΔΦ
E = −N (3) Le couplage inductif se développe au droit de la bobine, c’est-à-
Δt
dire dans la zone où le champ magnétique est maximum. Les cou-
avec E force électromotrice (en V), rants induits sont concentrés et circulent en surface (figure 4), c’est
l’effet pelliculaire [3].
N nombre de spires de la bobine,
Cette remarque ne vaut qu’au tout début de la mise sous tension.
F flux magnétique (en Wb). Après quelques minutes de chauffage sans variation de la
WV
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WW
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Le présent article décrit ces nouvelles conceptions [1] qui tiennent compte des
nouveaux alliages métalliques, de l’accroissement nécessaire de la capacité des
fours et de l’augmentation de la puissance électrique des inducteurs.
R à induction à canal Le métal s’échauffe dans le canal par effet Joule sous l’action des
courants induits (courants de Foucault). La circulation du métal
liquide dans le canal s’effectue par effet de thermosiphon et par
effet électromagnétique, permettant ainsi le transfert de chaleur du
Historique du four à induction canal au réservoir. Cet échange entre l’inducteur et la cuve crée un
léger brassage (beaucoup plus faible que dans le cas du four à
Les années 1930 voient apparaı̂tre en fonderie les premières induction à creuset), plus visible lorsque le four est à son pied de
applications des fours électriques à induction. C’est le four à bain, alors qu’il devient à peine visible lorsque le four est plein.
canal qui est le premier à être utilisé industriellement. À partir
de 1955, les besoins de l’automobile sont importants, la pro- Pour mettre en service ce type de four, on doit d’abord préchauf-
gression de ces équipements est rapide, notamment en fonde- fer le canal et le remplir de métal liquide au-delà des orifices afin de
rie de fonte et d’alliages cuivreux. Jusqu’aux années 1970, les fermer la boucle, sans toutefois dépasser le niveau du pied de bain.
fours à induction fonctionnent principalement à la fréquence L’inducteur est alors mis sous tension, le métal liquide s’échauffe
réseau (50 Hz) et le développement est centré sur l’augmenta- dans le canal, puis il commence à circuler et à échanger avec la
tion de leur capacité pour atteindre une centaine de tonnes cuve (figure 1).
pour les fours de maintien. Le four à canal n’est pas un four de fusion, sa puissance est trop
faible, c’est un four de maintien. Néanmoins, il doit être capable
Le four de maintien à induction à canal est le premier four à d’assurer des surchauffes du métal liquide en cas de besoin ;
induction qui ait existé en fonderie, il est composé de deux parties c’est-à-dire que la puissance nominale de l’inducteur devra être suf-
principales (figures 1 et 2) : fisante pour maintenir le métal en température, compenser les per-
la cuve, ou le réservoir de métal liquide, qui se trouve en com- tes par les parois et permettre d’assurer aussi les surchauffes.
munication avec les deux extrémités du canal ; ce réservoir
est revêtu d’un garnissage réfractaire isolant et contient la
majeure partie du métal liquide ; 1.2 Inducteurs
l’inducteur, qui comprend la bobine d’induction et son circuit
magnétique ; le canal est rempli de métal liquide, présente la Les inducteurs se distinguent par leur puissance électrique et le
forme d’une boucle torique dont les deux extrémités débou- nombre de leurs canaux :
chent au fond de la cuve. la puissance électrique (basse fréquence de 50 Hz) est com-
prise entre 100 kW et plus de 4000 kW pour les plus gros ;
1.1 Principes et lois fondamentales les inducteurs les plus courants sont soit monocanal
(figure 3), soit bi-canal (figure 5).
Le fonctionnement du four à canal est basé sur les mêmes prin-
cipes fondamentaux [2] [3] [4] que le four à induction à creuset. Du
point de vue électrique, le four à induction à canal est équivalent à
Réfractaire
Isolation
Métal liquide
Noyau
magnétique
Bobine
d’induction
Canal
WX
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Bobine Bobine
Figure 4 – Coupe d’un inducteur monocanal avec circulation du métal
liquide
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R
XP
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Fours de cimenterie
Ateliers de cuisson du clinker
par Robert BASTIER
Ingénieur des Arts et Manufactures
R
Directeur Central Technologie Adjoint
Alexandre BOCAN
Ingénieur de l’Institut Polytechnique de Bucarest
Bernard GILBERT
Ingénieur des Arts et Métiers
et Alain REGNAULT
Diplômé du Conservatoire National des Arts et Métiers
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1. Four rotatif et atelier sentent donc 100 % de l’atelier de cuisson. Les dimensions de ces
fours sont très importantes eu égard à la capacité de production
de cuisson journalière, par exemple :
3 600 t/j ; diamètre : 6,91/6,40/7,62 m ; longueur : 232 m ;
Clarcksville (USA).
À l'exception des fours droits verticaux, désormais obsolètes,
mais encore en service en Extrême-Orient (la Chine, premier pro- En revanche, les fours rotatifs récents des ateliers de cuisson dits
ducteur mondial, assure les 2/3 de sa production avec des fours à « voie sèche » (§ 2.4), alimentés en farine sèche, possédant un
droits) et de fours expérimentaux en cours de développement (lit broyeur-sécheur, un préchauffeur, un précalcinateur et un refroidis-
fluidisé au Japon), tous les fours sont désormais du type « four seur indépendants sont désormais de dimensions beaucoup plus
rotatif ». modestes pour des capacités de production plus élevées, par
exemple :
L'évolution de la technologie du procédé de clinkerisation a
conduit à une diminution de l'importance relative du four rotatif à 4 500 t/j ; diamètre : 4,8 m ; longueur : 65 m.
l’intérieur de l’atelier de cuisson. Les cinq opérations essentielles à
réaliser dans l’atelier de cuisson sont (figure 1) : Ces fours rotatifs ne réalisent plus les opérations de séchage, de
préchauffage et de refroidissement qui sont en quelque sorte délo-
— le séchage,
calisées dans d’autres secteurs de l’atelier de cuisson. Ces nou-
— le préchauffage jusqu’à 500 °C, veaux fours ne réalisent, dans leur partie rotative, que la fin de la
— la décarbonatation de 700 à 1 050 °C, décarbonatation (10 %) et la phase de clinkerisation.
— la clinkerisation de 1 200 à 1 450 °C,
— le refroidissement de 1 450 à 80 °C. Une enquête portant sur 11 pays d’Europe occidentale, pour une
production totale de 110 millions de tonnes de clinker, montre que
Ces opérations sont effectuées totalement ou partiellement dans 6 % de la production de clinker est assurée par les anciens ateliers
le four rotatif. de cuisson à « voie humide », tandis que 35 % est assurée par les
Ainsi, les premiers fours rotatifs des ateliers de cuisson dits à nouveaux ateliers de cuisson à « voie sèche » équipés de préchauf-
« voie humide » (§ 2.2), alimentés en pâte, équipés d’un refroidis- feur et de précalcinateur. Environ 60 % du clinker est produit par des
seur à satellites embarqués réalisent ces cinq opérations et repré- ateliers de procédés variés dont les principaux sont le procédé
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Farine
Broyeur-
sécheur
Four voie sèche
R efroidisseur Clinker
Échangeur
de cuisson Europe
occidentale
6 18 35 35 94
Japon 0 6 18 76 100
2.1 Généralités
Nous examinerons pour chacun des trois procédés le type d'ate-
lier de cuisson le plus répandu, c’est-à-dire :
■ Il est d'usage courant de classer les ateliers de cuisson selon trois
procédés : — le four long à voie humide (WL), avec récupérateur intégré à
chaînes, alimenté en pâte ;
— la voie humide ; — le four court à préchauffeur à grille (DG-N), alimenté en nodu-
— la voie semi-sèche ; les de farine ;
— la voie sèche avec ou sans précalcinateur. — le four court à préchauffeur à X étages de cyclones (DS-X), ali-
menté en farine sèche.
Ces trois types d'ateliers de cuisson seront décrits dans ce
paragraphe 2 en attirant l’attention sur leurs avantages et inconvé- Les fours à précalcination (DS-X-PC) font l'objet du paragraphe 3.
nients et, plus particulièrement, sur les conditions qui font que des Le tableau 1 donne un ordre de grandeur des productions relati-
ateliers techniquement obsolètes restent économiquement viables. ves assurées par ces quatre types de fours.
La précalcination fera l'objet d’un développement particulier au
paragraphe 3.
■ Chacun de ces procédés se décline en différents types. 2.2 Procédé par voie humide. Four long
● Pour la v oie humide, on distingue : (WL)
— le four long à voie humide (WL, Wet Long), avec récupérateur
intégré à chaînes ; 2.2.1 Généralités
— le four long à voie semi-humide (DL-F, Dry Long-Filter), ali-
menté par des gâteaux de filtration ; ■ Ce procédé a été développé pour l’utilisation de matières premiè-
— le four court à voie humide, avec préchauffeur à tambour indé- res très humides (jusqu'à 40 %), broyées, mélangées et homogénéi-
pendant (WK, Wet Koncentrator) ; sées sous forme de pâte qui est introduite directement dans le four
— le four court à voie semi-humide, avec préchauffeur à grille rotatif où se déroulent toutes les phases du procédé conduisant du
indépendante (DG-F, Dry Grate-Filtrate). séchage à la clinkerisation (figure 2).
● Pour la voie semi-sèche, on distingue : ■ Les fours longs à voie humide sont caractérisés par des dimen-
— le four long à nodules de farine crue (DL-N, Dry Long-Noddle) ; sions importantes par rapport à leur capacité de production (maxi-
— le four court avec préchauffeur indépendant à grille, alimenté mum 3 600 t/j). Cela apparaît sur les courbes donnant les relations
en nodules de farine (DG-N, Dry Grate-Noddle). entre production et diamètre intérieur du briquetage (figure 3),
d’une part, et entre production et volume intérieur du briquetage
● Pour la voie sèche, on distingue : (figure 4), d'autre part.
— le four long à voie sèche (DL-M, Dry Long-Meal ), alimenté en L'examen statistique des données de production, de plus de cent
farine ; fours en voir humide, de capacité variant de 250 t/j à 3 600 t/j, per-
— le four court à voie sèche, avec préchauffeur indépendant à X met de donner les fourchettes à l’intérieur desquelles se situent
étages de cyclones (DS-X, Dry Short X) ; quelques ratios caractéristiques.
— le four court à voie sèche, avec préchauffeur et précalcinateur La production volumique Ps varie dans une fourchette allant de
en air tertiaire (DS-X-PC) ; 0,3 à 0,9 t/j · m3 avec une moyenne de 0,6 t/j · m3. On constate une
— le four court à voie sèche, avec préchauffeur et précalcinateur tendance à la diminution de ce ratio parallèlement à l'augmentation
en excès d’air de four (DS-X-SF, Suspension Furnace). du diamètre du four.
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R Production (t / j)
Production
(t / j)
7 500
6 500
7 000 6 000
6 500 R 2 = 0,7105
5 500
6 000 5 0 0 0 R2 = 0,8409
5 500 4 5 0 0
5 000 4 0 0 0
4 500 R 2 = 0,9108
3 500
4 000 3 000
3 500 2 500
3 000 2 000
2 500 R 2 = 0,7778 1 500 R2 = 0,9144
2 000 1 000
1 500 500
1 000 R 2 = 0,8753
0
500 0 5 10 15 20 25 30 35
0 Charge thermique (GJ / m2 . h)
2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6 6,5
Diamètre intérieur du briquetage (m) Voie humide WL Voie sèche DS-4-PC
Voie humide WL Voie sèche DSX Voie sèche DS-4
Voie semi-sèche DG-N Voie sèche DS-4-PC
Figure 5 – Ateliers de cuisson : relation moyenne entre production
Figure 3 – Ateliers de cuisson : relation moyenne entre production et charge thermique pour les procédés par voie humide et par voie
et diamètre intérieur du briquetage du four, en zone de cuisson, sèche [WL ; DS-4] et pour le four à voie sèche avec précalcination
pour les trois procédés [WL ; DG-N ; DS-X] et pour le four à voie sèche (DS-4-PC) par air tertiaire
avec précalcination (DS-4-PC) par air tertiaire
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Gaz d'exhaure
Gaz d'exhaure Air en exhaure
Air
Matières Concasseur sec
premières Broyeur Farine Grille Four Clinker
Granulateur
Sécheur Lepol rotatif Clinker Refroidisseur
Homogénéisateur
Atelier de cuisson
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Fours de cimenterie
Fours rotatifs
par Robert BASTIER
Ingénieur des Arts et Manufactures
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Directeur Central Technologie Adjoint
Alexandre BOCAN
Ingénieur de l’Institut Polytechnique de Bucarest
Bernard GILBERT
Ingénieur des Arts et Métiers
et Alain REGNAULT
Diplômé du Conservatoire National des Arts et Métiers
Centre Technique Groupe Italcementi
1. Conception................................................................................................. BE 8 845 - 2
2. Technologie ............................................................................................... — 3
2.1 Stations de roulement. Galets .................................................................... — 3
2.2 Stations de roulement. Bandages .............................................................. — 4
2.2.1 Généralités .......................................................................................... — 4
2.2.2 Dimensionnement des bandages...................................................... — 4
2.2.3 Contraintes maximales de flexion dans la section du bandage ..... — 4
2.2.4 Pression de Hertz ................................................................................ — 5
2.2.5 Ovalisation du bandage ..................................................................... — 5
2.3 Réglage des axes des galets par rapport à celui du bandage ................. — 6
2.4 Viroles........................................................................................................... — 7
2.4.1 Généralités .......................................................................................... — 7
2.4.2 Calcul des viroles................................................................................ — 7
2.4.3 Ovalisation des viroles ....................................................................... — 8
2.4.4 Déplacement relatif virole-bandage.................................................. — 8
2.4.5 Maîtrise de l’ovalisation de la virole ................................................. — 8
2.4.6 Surveillance du jeu pendant l’allumage ........................................... — 9
2.5 Entraînement................................................................................................ — 10
2.5.1 Généralités .......................................................................................... — 10
2.5.2 Entraînement direct ............................................................................ — 10
2.5.3 Calcul de la puissance ........................................................................ — 11
3. Maintenance .............................................................................................. — 12
4. Four à deux appuis .................................................................................. — 12
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. BE 8 847
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D’un point de vue conception, il existe toutefois des invariants quelle que soit
la dimension du four.
L’article « Fours de cimenterie » fait l’objet de plusieurs fascicules :
— BE 8 844 Ateliers de cuisson du clinker ;
— BE 8 845 Fours rotatifs ;
— BE 8 846 Refroidisseurs à clinker.
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres.
Le lecteur devra assez souvent se reporter aux autres fascicules.
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1. Conception
Introduction Capot de
de matière
■ Les grands fours à voie humide (par exemple, capacité : 3 000 t/j ; chauffe
L/D = 14
diamètre D : 6,3 m, longueur L : 227 m, reposant sur huit appuis) ont Bandage Couronne
fait place, dans les années 1980, aux fours à voie sèche reposant sur d'appui d'entraînement
trois appuis, équipés d’un précalcinateur qui, pour une même pro-
duction, ont les dimensions suivantes (figure 1a ) : D : 4,20 m ;
L : 60,00 m.
Plus récemment, une étape supplémentaire a été accomplie en
proposant une réduction de la longueur du four de manière à la
faire reposer sur deux appuis au lieu de trois ; le rapport L/D passe a trois appuis
alors de valeurs comprises entre 14 et 18 à des valeurs comprises
entre 10 et 13, à capacité de production égale (figure 1b ) :
D : 4,40 m ; L : 48,00 m. Introduction L/D = 11
de matière Capot de
Bandage Couronne
Simultanément, une augmentation de la capacité de production chauffe
d'appui d'entraînement
est proposée ; par exemple, un four de 7 500 t/j peut avoir les
dimensions suivantes : D : 5,60 m ; L : 82 m.
Si l’offre actuelle est limitée aux fours à voie sèche à deux ou à
trois appuis, il n’en reste pas moins vrai que des fours anciens de
dimensions très importantes tel que le four à voie humide
([BE 8 844] § 2.2) sont toujours en service et mobilisent l’attention b deux appuis
des services chargés de leur maintenance et de leur exploitation.
■ Comme dit dans l’introduction, d’un point de vue conception, il
Figure 1 – Fours à voie sèche (KHD Humboldt Wedag)
existe des invariants quelle que soit la dimension du four.
● Le four est un tube en appui sur des stations de roulement
(deux, trois, ... huit) ayant une inclinaison de l’ordre de 3,5 % par
rapport à l’horizontale et tournant à des vitesses de rotation compri- ● Les charges mécaniques, mises en œuvre ou appliquées, peu-
ses entre 1,8 et 3,5 tr/min. vent être :
● La mise en rotation du four peut être assurée de deux façons : — uniformément réparties : poids propre de la virole, poids du
— sur le four à trois appuis et plus, elle est effectuée par un ou réfractaire, poids de la matière ;
deux groupes de commande ; 1 ou 2 pignons attaquent une cou- — concentrées : poids de la couronne, poids sur les extrémités
ronne dentée fixée sur la virole ; du four (joints, satellites), force et couple d’entraînement ;
— avec la nouvelle technologie du four sur deux appuis, la rota-
— évolutives : croûtage, anneaux.
tion du four peut être obtenue directement par un ou deux galets
d’une station de roulement eux-mêmes entraînés par deux ou qua- ● Les sollicitations dues à la charge thermique sont :
tre moteurs électrohydrauliques ou électromécaniques. — la variation de température sur la longueur du four ;
● Le guidage axial du four est assuré par une ou deux butées
— une distribution de température non homogène dans une sec-
hydrauliques. Elles impriment au four un mouvement axial limité, tion transversale.
afin de répartir, de façon uniforme, l’usure des surfaces de contact
entre bandages et galets. Ces sollicitations engendrent des contraintes et des déforma-
● À l’intérieur du four à clinker, la température des fumées évolue
tions qui sont évaluées par le calcul lors de la conception, de
de 2 000 - 2 350 oC (flamme) à 1050 oC, tandis que la matière passe manière à rester dans des limites acceptables (§ 2.4).
de 850 - 900 oC à 1420 oC - 1450 oC. ● On peut citer comme défauts de géométrie :
Un revêtement réfractaire, principalement du type briquetage, — les alignements imparfaits des supports (horizontal et
protège la virole et réduit les pertes de chaleur. vertical) ;
■ Le four à clinker est soumis à des sollicitations ayant pour ori- — la construction défectueuse au montage (axe de virole non
gine les charges mécaniques mises en œuvre ou appliquées, la rectiligne) ;
charge thermique, des défauts de géométrie. — les déformations permanentes créées par des surchauffes.
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2. Technologie
Bandage
Les charges radiales de la virole sont transmises aux fondations
par l’intermédiaire des bandages, galets et paliers (figure 2). α
Virole Briquetage
interne
2 cos α
Q
Q g = ------------------ Galet
Qg Qg
R
soit : Qg = 0,577 Q pour α = 30o
La valeur de 30o est communément admise comme le compro-
mis entre une charge acceptable sur les galets et la stabilité du four Station de Système de réglage
sur ses appuis. roulement de station de roulement
, ,
contraintes excessives qui auraient causé des fissures et la forma-
tion de petites cavités (pitting ). Ces stations sont calculées pour
une pression de Hertz (§ 2.2.4) supérieure de 25 % à celle qui est
, ,
prise en compte pour les stations de roulement traditionnelles.
Plots en
■ Les galets de roulement (figure 4a ) sont du type « plein », la élastomère
tendance étant d’abandonner les galets type « creux » (figure 4b ) a station rigide c station autoalignante
pour des raisons de fragilité.
● Les galets ont, en général, un diamètre extérieur compris entre
1 et 2 m.
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Fours de cimenterie
Refroidisseurs à clinker
par Robert BASTIER
Ingénieur des Arts et Manufactures
Directeur Central Technologie Adjoint
Alexandre BOCAN
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Bernard GILBERT
Ingénieur des Arts et Métiers
et Alain REGNAULT
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1. Présentation
100 95 %
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ment (absence de dépoussiérage). Simultanément, sont apparues : 0
Rotatifs Ballonnets Grilles
— des contre-performances pour les refroidisseurs à ballonnets
de four de grandes dimensions (4 000 t/j) ; Pays de l'Europe de l'Ouest France
— des améliorations décisives dans la technologie des refroidis-
seurs à grilles ;
— la nécessité de produire de l’air tertiaire à 800-900 oC pour le Figure 1 – Répartition des types de refroidisseurs
précalcinateur, que le refroidisseur à ballonnets est incapable de
,,,,,,
fournir.
Le retournement de tendance est tel que désormais :
,,,,,,
— les refroidisseurs à ballonnets existants sont remplacés par
des refroidisseurs à grilles dès que l’opportunité technico-écono-
Concasseur Plan incliné
,,,
,,,,,,,,
,,,, ,
mique se présente ; Four
— les refroidisseurs à grilles conventionnels sont modifiés pour à rouleaux de la grille
bénéficier de la fiabilité apportée par les plaques « caisson » ou
,,,
,, ,,,, ,
,,,,,,
assimilées ;
— les nouveaux refroidisseurs à grilles sont les seuls qui per-
,,,
,,
Grille
,,,,,,,
mettent l’augmentation des capacités de production par la précal- IKN
cination en air tertiaire.
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Air d'exhaure
Four
6
8 7
13 Grilles
1
2 5
15 3 4 12
Ventilateur
9 de trempe
11 10
R
1 plan de grilles de trempe
2 plan de grilles amont incliné
3 plan de grilles médian horizontal
Transport de Concasseur
4 plan de grilles aval horizontal poussières
5 marche ou saut dont la hauteur communément admise
est de 600 mm a deux plans de grilles inclinés (4 000 t/j)
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Fours de verrerie
— soit, simultanément, dans différentes parties du four, dans le cas des fours
à bassin continus ;
— soit, successivement, dans le cas des fours à creusets (fours à pots) ou des
fours « day tank ».
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPPP
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— les fours électriques dans lesquels l’énergie thermique est produite par
effet Joule dans la masse du verre en fusion.
Un chauffage d’appoint électrique est souvent installé sur les fours à
flammes, soit pour augmenter momentanément la production du four, soit
pour améliorer la qualité du verre.
1. Généralités sur le verre — les fours de trempe (verre plat et verrerie de table) ;
— les fours de bombage de verre plat (pare-brise et autres).
Le tableau 1 reprend quelques exemples de procédés d’élabo-
ration des produits courants.
Dans le texte, nous utiliserons systématiquement les termes
spécifiques à l’industrie verrière (composition, feeders), tels
que définis dans l’introduction. Nous ne traiterons ici que des fours de fusion, proprement
dit, et des canaux de conditionnement qui sont étroitement liés
aux fours de fusion de verre creux.
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10/15 terme « tubes télévision »), les fibres de verre d’isolation, les fibres
Feldspath Al2O3 } de verre de renforcement et les vitrocéramiques (articles culinaires,
plaques de cuisson).
Oxydes métalliques colorants
■ Verrerie à la main : il s’agit essentiellement de verreries artis-
tiques et, d’une façon générale, d’objets fabriqués en petite série,
Le verre le plus anciennement connu et encore le plus utilisé principalement dans le domaine du cristal.
pour la fabrication du verre plat et du verre d’emballage est le
verre sodocalcique, dont la composition est résumée dans le La quantité de verre nécessaire à la fabrication de l’objet (la
tableau 2. D’autres éléments peuvent être ajoutés pour modifier paraison) est cueillée manuellement au moyen d’un tube creux (la
les caractéristiques physiques du verre et pour faciliter son affi- canne) pour être soufflée, ou d’une tige métallique (le ferret) pour
nage. être pressée. Il existe maintenant des robots permettant de méca-
niser ces opérations.
■ Les principaux types de verre sont : Nota : les verriers utilisent le verbe « cueiller » pour cueillir.
— le verre sodocalcique ;
— le verre borosilicate ;
Nota : l’adjonction du bore permet l’obtention d’un verre à faible dilatation et à bonne
résistance aux chocs thermiques. Les principales applications sont : verrerie culinaire,
éclairage, laboratoire, industrie chimique. Les verres au bore à faible teneur en soude
2. Fours à flammes
(dits « verres neutres ») sont utilisés pour le conditionnement des produits pharmaceu-
tiques injectables du fait de leur résistance hydrolitique). Ce type de verre est plus difficile
à élaborer que les verres sodocalciques.
— le cristal (verre au plomb et à la potasse) ;
2.1 Conception générale
Nota : l’incorporation du plomb modifie les caractéristiques physiques du verre en
modifiant la densité, la réfraction (brillance) la sonorité et rend le verre plus tendre à la
taille. Les applications sont nombreuses : verrerie de table, d’art, lustrerie, verre tech- 2.1.1 Présentation
nique.
— les verres techniques ; La gamme de production des fours à flammes est très étendue
— le verre opale ; puisqu’elle va de 5 à 1 000 t/j ; par exemple, on a :
— les verres d’optique ; — 5 t/j pour un four destiné au travail manuel ayant une surface
— les fibres de verre pour l’isolation ; de 8 m2 et dont la masse du garnissage réfractaire est d’environ
— les fibres de renforcement (verre textile) utilisées dans 50 t ;
l’industrie des plastiques ; — 1 000 t/j pour un four « float » de grande capacité ayant une
— les « frittes » utilisées pour l’émaillage, obtenues par broyage surface de 1 100 m2 et dont la masse du garnissage réfractaire,
de verres de couleur ayant une composition particulière ; les frittes incluant les régénérateurs, est d’environ 8 000 t.
sont élaborées dans des fours très spéciaux ; Les principaux éléments d’un four à flammes sont :
— le silicate vitreux. — le bassin de fusion ;
Nota : le silicate vitreux, élaboré à partir d’un mélange sable carbonate de soude, est — l’avant-bassin ;
soluble dans l’eau, c’est le produit de base pour la fabrication de silice précipitée utilisée
comme charge dans des domaines très divers comme industries du caoutchouc, des
— le système de chauffage ;
peintures, des papiers, etc. — le dispositif d’enfournement de la composition ;
— éventuellement, un dispositif de dépollution des fumées.
■ La cuve en réfractaires, contenant le verre en fusion (figures 1 et 2),
comporte deux compartiments distincts :
1.3 Produits verriers
— le bassin de fusion, à l’extrémité duquel est enfournée la
composition et dans lequel se produit la fusion, l’affinage et l’homo-
■ Verre plat : il est réalisé par le procédé « float » qui consiste à généisation ;
déverser le verre à la sortie du four sur un bain d’étain en fusion — l’avant-bassin, appelé aussi bassin de travail ou distributeur.
permettant ainsi d’obtenir une feuille de verre ayant des surfaces Dans la plupart des fours, ces deux parties sont complètement
planes et parallèles. distinctes et reliées entre elles par un conduit appelé « gorge »
Le verre plat, obtenu par le procédé « float », a remplacé à la fois (figures 1, 2 et 3) situé au niveau de la sole du bassin de fusion
le verre à vitre obtenu par étirage vertical ou horizontal et la glace ou à un niveau inférieur (gorge dite « sous-marine »). Dans le cas
obtenue par laminage et usinage. du verre plat (procédé « float ») la séparation entre les deux bas-
sins est constituée par un rétrécissement appelé « corset »
■ Verre imprimé : comporte des motifs imprimés dans la masse. (figure 2). Cet avant-bassin, appelé également « bassin de braise »,
Il est utilisé dans le bâtiment. Le formage se fait par passage du alimente directement le bain d’étain sur la surface duquel s’étale le
verre liquide entre deux rouleaux en acier allié. L’un des rouleaux, verre, donnant à la feuille sa largeur et son épaisseur définitives.
et, pour certains modèles, les deux, comporte des motifs gravés qui Le verre se refroidit progressivement et se solidifie avant de traver-
s’impriment dans le verre. ser l’étenderie de recuisson.
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Composition
Régénérateur Conduit de brûleur
Point chaud
Voûte Pignon gorge
Gorge
Bain de verre
Avant-bassin en fusion
Feeders
Bouillonneurs Gorge
Mur antiretour
R
Figure 3 – Courants de verre dans la cuve
Cuve (bassin de fusion et d’affinage)
Carneau
Dog house Piédroit
Ces courants sont essentiellement induits par un point chaud
qui doit se trouver approximativement aux deux tiers de la
Figure 1 – Four pour verre creux. Régénérateurs, flammes en boucle longueur du bassin. Ce point chaud, appelé aussi « point source »,
crée un mouvement de « courroie » dans le verre :
— le verre plus froid dans la zone d’enfournement, donc plus
dense, a tendance à s’écouler vers le fond de la cuve ;
Conduit de Piédroit Pignon Vers — le verre chaud moins dense a tendance à remonter au point
brûleur bain chaud.
Pignon Voûte d’étain
d’enfournement On contrôle la position du point chaud en agissant sur la
répartition de la puissance thermique. Pour stabiliser le point
chaud on prévoit quelquefois :
Avant-bassin — en aval du point chaud, un mur barrage, (mur antiretour) en
Corset
réfractaires, encastré dans la sole et noyé dans le verre en fusion ;
Chambres — un dispositif « bouillonneurs » constitué par un système
d’injection d’air au niveau de la sole, les bulles d’air créant un
mouvement ascensionnel du verre (surtout efficace avec le verre
coloré).
Régénérateur Empilages Il en résulte que l’on a intérêt à avoir une cuve profonde pour
gauche autant que le verre du fond soit assez fluide, donc suffisamment
Bassin de fusion
Dog house chaud pour participer aux courants de convection.
et d’affinage
(enfournement)
■ La profondeur de la cuve de fusion sera donc fonction de la
Figure 2 – Four « float ». Régénérateurs ; brûleurs latéraux transparence du verre vis-à-vis de la radiation des flammes (donc de
sa couleur), et de la température de flamme.
Certains verres nécessitent des hauteurs de cuve réduites, du fait
Bassin de fusion et avant-bassin sont constitués chacun par une de leur tendance à se répartir en couches de compositions chi-
cuve en réfractaires contenant le verre en fusion. miques différentes (verres borosilicate, cristal en particulier). En
pratique, la hauteur de verre du bassin de fusion s’étage entre 600
■ Au-dessus des deux compartiments se trouve un espace fermé, et 1 600 mm.
également en matériaux réfractaires, appelé « laboratoire », et
constitué (figures 1 et 2) :
— de murs latéraux ou piédroits ; 2.1.3 Avant-bassin
— de murs d’extrémité ou pignons ;
— d’une voûte qui coiffe l’ensemble ; ■ L’avant-bassin alimente les machines par l’intermédiaire des
— d’une niche d’enfournement appelée « dog house ». « feeders » ou directement le bain d’étain dans le cas des fours
C’est dans le laboratoire que se développent les flammes. « float ». Il comporte des dispositifs de chauffage et de refroidisse-
ment et son rôle est de :
— constituer un volume tampon permettant l’homogénéisation
2.1.2 Bassin de fusion du verre provenant du bassin de fusion ;
— éviter, dans le cas où le four alimente plusieurs machines,
Le chauffage du verre est obtenu par des flammes qui se qu’une modification du débit ou l’arrêt de l’alimentation de l’une
développent au-dessus de la surface du bain. Une partie de d’elles perturbent les autres ;
l’énergie thermique dégagée par la combustion est transmise — limiter l’influence de la température du bassin de fusion sur
directement au bain par rayonnement et convection, une autre par- celle du verre fourni par l’avant-bassin ;
tie est transmise à la voûte qui la restitue au bain par rayonne- — assurer un préconditionnement du verre ou son conditionne-
ment. ment final dans le cas du verre plat.
■ La qualité de l’affinage, qui conditionne celle du verre sortant du ■ Il existe différentes géométries d’avant-bassins :
four, est basée sur l’existence de courants thermiques dans la — l’avant-bassin demi-rond qui a tendance à être abandonné,
masse vitreuse. Ces courants de convection (figure 3) : car sa voûte en demi-coupole est d’une construction assez
— opèrent un brassage du verre ; complexe ;
— augmentent le temps de séjour du verre dans le four ; — l’avant-bassin rectangulaire ;
— évitent que du verre incomplètement fondu ou mal affiné — l’avant-bassin constitué par un canal transversal, appelé
s’écoule directement vers la gorge. souvent distributeur, celui-ci est installé à la sortie de la gorge per-
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Départ de verre
l’avant-bassin est nettement plus faible que celle du bassin de
fusion, généralement 400 à 600 mm, alors que dans les fours Dog house
« float » elle est du même ordre ou un peu plus faible que celle du (enfournement)
Bain de verre en fusion
bassin de fusion. Dans les fours « float », afin d’améliorer l’homogé-
Cuve
néisation du verre, l’avant-bassin peut comporter un dispositif de
brassage mécanique.
R
2.1.4 Caractéristiques d’un four
Il est usuel de caractériser un four par le tonnage journalier
maximal qu’il est capable de fournir aux machines, ce que les Brûleur Gorge sous-marine
verriers désignent sous le nom de « tirée journalière ».
De même, on caractérise l’efficacité d’un four par sa « tirée
spécifique », définie par :
P
T = -----
S
avec P (t/j) production journalière,
S (m2) surface de fusion (surface du bassin avant la Avant-bassin
gorge ou surface couverte par les flammes dans
le cas des fours « float »). Figure 4 – Four à brûleurs à air froid, type Unit Melter
Cette tirée spécifique dépend d’un certain nombre d’éléments :
— le type de verre ;
— la qualité recherchée (à partir d’une certaine production d’un Ce four chauffé par des brûleurs alimentés en air froid est
four, une augmentation de celle-ci entraîne une dégradation de la généralement connu sous le nom de four « unit Melter », nom
qualité) ; commercial déposé par la Société Emhart (États-Unis). Il n’existe
— la taille du four (la tirée spécifique du four augmente avec pratiquement plus de fours de ce type en service, ceux qui
celle-ci) ; subsistent ayant été modifiés par l’adjonction d’un récupérateur
— la température de flamme qui dépend du mode de chauffage. métallique.
■ Caractéristiques
● Rapport longueur/largeur important (supérieur à 4).
2.2 Différents systèmes de chauffage ● Faible profondeur de verre.
● Chauffage par brûleurs latéraux alimentés en air froid.
La solution la plus simple consiste à utiliser des brûleurs alimen-
tés en air froid. Toutefois, pour augmenter les performances du ● Enfournement en extrémité du four.
four en capacité de fusion et en rendement thermique, il est ● Départ de fumée en extrémité du four (au-dessus de l’enfourne-
souhaitable de disposer d’une température de flamme la plus ment), donc avec une circulation des fumées à contre-courant par
élevée possible. Les deux techniques les plus utilisées sont : rapport à l’écoulement du verre.
— le préchauffage de l’air de combustion par utilisation de la Du fait du rapport longueur/largeur important et de la faible
chaleur sensible contenue dans les fumées qui sortent du four profondeur, les courants de retour sont inexistants ; l’affinage est
entre 1 300 et 1 500 oC, soit dans des régénérateurs en matériaux cependant bon, grâce à la grande longueur et la faible épaisseur du
réfractaires, soit dans des échangeurs métalliques air/fumée verre.
(appelés récupérateurs dans l’industrie verrière) ;
— l’utilisation d’oxygène ou d’air suroxygéné comme combu- ■ Avantages
rant. ● Faible coût d’investissement.
De ce fait, les fours à flammes sont généralement classés par ● Grande souplesse d’utilisation : facilité de changement de cou-
leur système de combustion : leur du verre et facilité d’arrêt et de redémarrage.
— four à brûleurs à air froid (§ 2.2.1) ; Nota : pour des raisons commerciales, il peut être intéressant de changer de couleur
— four à régénérateurs (§ 2.2.2) ; de verre (si la profondeur de la cuve le permet). Comme il n’est pas possible de vider le
four pour ne pas détériorer les réfractaires, on produit une certaine quantité de verre
— four à récupérateur métallique (§ 2.2.3) ; d’une couleur intermédiaire inutilisable. Le tonnage de verre perdu est d’autant plus fai-
— four à oxycombustion (§ 2.2.4). ble que la capacité de la cuve est réduite. Ce n’est pas utilisable pour les frittes qui sont
élaborées dans des fours très spéciaux.
● Verre de bonne qualité.
2.2.1 Four à brûleurs à air froid
■ Inconvénients
La figure 4 donne le schéma de principe d’un tel four. Son intérêt ● Consommation d’énergie importante.
est de représenter tous les types de four. On peut noter également
que les fours chauffés par oxycombustion sont très similaires (seul ● Faible tirée spécifique.
le type de brûleurs change). ● Mauvaise adaptation aux grandes productions.
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Bain de verre
Vanne d’inversion en fusion
2.2.2.1 Principe air-fumées Empilages
Le four à régénérateurs ou four à inversion est basé sur le Cuve
principe du four Siemens Martin (utilisé en aciérie). Il est équipé de Ventilateur Injecteur
deux séries d’orifices appelés colliers de brûleurs, localisés dans d’air de
les piédroits ou dans le pignon du four. Ces orifices fonctionnent combustion
alternativement :
— soit comme départ de fumée ; Vers
— soit comme arrivée d’air de combustion ; cheminée
l’intervalle entre deux inversions se situant entre 20 et 30 min. Voûtains sous Rang
empilages d’entretoises
Des conduits (figures 1 et 2) relient les colliers de brûleurs à
deux ensembles de régénérateurs constitués par des chambres en
maçonnerie à l’intérieur desquelles sont installées des pièces en Figure 5 – Chambre de régénérateur
réfractaires, « l’empilage », au travers duquel circulent soit les
fumées, soit l’air de combustion à réchauffer (figure 5). Les pièces
réfractaires constituant l’empilage reposent sur des entretoises
supportées par des voûtains. Lorsque les fumées traversent
l’empilage, elles lui cèdent une partie de leur chaleur sensible ;
l’empilage restitue ensuite cette chaleur à l’air de combustion.
Le combustible est injecté dans la veine d’air de combustion
réchauffé (flamme de diffusion). Suivant l’importance du débit de Cerveau Conduit Collier de brûleur
combustible, il peut y avoir de 1 à 4 injecteurs par conduit. chambre de brûleur
Injecteur de combustible
Malgré le développement d’autres types de four, celui-ci reste Voûte
encore le plus utilisé, car le régénérateur est le seul dispositif per-
mettant d’obtenir de l’air réchauffé à des températures de 1 100- Mur de frappe
1 250 oC.
Ce four n’est, toutefois, guère utilisable pour la fusion de cer- Régénérateurs
Bain de verre en fusion
tains verres, car les empilages sont rapidement détériorés par les Vanne d’inversion
air-fumées
poussières de composition entraînées par les fumées. C’est, en
particulier, le cas :
Ventilateur
— des verres au bore (verre neutre, verre « Pyrex ») ; d’air de
— des verres borosodiques (verre isolation) ; combustion
Gorge
— des verres au plomb (cristal).
On distingue deux types de fours à régénérateurs :
— le four à flamme en boucle (brûleurs dans le pignon) ; Registre pivotant (réglage de la pression du four)
— le four à brûleurs transversaux (brûleurs dans les piédroits).
Canal de
2.2.2.2 Four type à flamme en boucle Chambre Piédroits Pignon
feeder
gauche gorge
C’est le four qui s’est le plus développé à partir des années 1970
dans l’industrie du verre d’emballage. Pendant longtemps, on a
pensé qu’il n’était pas souhaitable de dépasser une surface de 30-
35 m2 pour ce type de four. L’utilisation du fioul ou du gaz naturel
et les améliorations apportées aux injecteurs de combustible font
que l’on construit maintenant des fours de 150 m2 qui permettent
d’atteindre des productions de 300 à 400 t/j.
Les figures 6 et 7 donnent des schémas de ce type de four.
■ Caractéristiques Chambre Pignon Dog house
droite brûleur (enfournement)
● Les colliers de brûleurs sont placés dans le pignon arrière du Avant-bassin
four et les régénérateurs sont placés derrière le four.
● L’enfournement se fait latéralement par un ou deux « dog
houses » suivant la capacité du four. Figure 6 – Four à régénérateurs, chauffage par flammes en boucle
● Les régénérateurs peuvent être à simple ou double passage. (simple chambre)
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