L
es gammes be-bop sont des gammes traditionnelles (les modes Ionien,
Dorien, Myxolydien de la gamme majeure et la gamme mineure
mélodique) auxquelles on ajoute une note de passage chromatique.
Jouez la figure 7.1 et écoutez la sonorité d’un motif de gamme be-bop sur
un II-V-I dans le ton de F. Pouvez vous trouver les notes qui n’appartiennent
pas à la gamme de F majeur? B bécarre et D∑ n’appartiennent pas au ton de
F. Elles sont les notes de passage chromatiques ajoutées aux gammes habi-
tuellement jouées sur les accords II-V-I en F majeur.
Figure 7.1
G –7 C7
& 44 œ œ bœ œ œ
œ œ œ œ œ bœ œ œ œ œ œ œ œ
? 44 Œ w ww
w
& œ œ œ bœ œ
bœ œ œ œ
?
w œ
157
CHAPITRE SEPT
& 44 œ b œ œ œ œ œ œ
sont maladroitement placées dans la mesure. La tonique
œ
est jouée sur le premier temps, mais B∑ (la 7ème) est jouée
sur le «et» du premier temps, G (la 5te) est jouée sur le
? 44 b www
1 2 3 4
«et» du second temps et E (la 3ce) est jouée sur le «et» du
troisième temps.
C7
& 44 œ œ b œ œ œ œ œ œ
œ
b w œœ
1 2 3 4 1
? 44 ww œ
Les gammes be-bop sont une évolution par rapport aux gammes tradi-
tionnelles heptatoniques comme le mode Ionien, Dorien, Myxolydien ou
mélodique mineur. Louis Armstrong jouait une gamme be-bop dominante
dès 1927, comme le montre cette phrase issue de son solo sur «Hotter Than
That»1 de Lil’ Hardin (figure 7.4). Le A à la fin de la première mesure est une
note de passage chromatique ajoutée à la gamme B∑ Myxolydien2. Les gam-
mes be-bop étaient jouées occasionnellement par les musiciens de jazz dans
les années 1930, mais elles ne devinrent partie intégrante du langage quo-
tidien de ceux-ci qu’à partir des années 1940. Toutes les gammes be-bop
ont une note de passage chromatique, transformant leur origine heptatoni-
que en gamme à huit notes.
Figure 7.4
B b7
bœ œ œ œ œ bœ
4 œ bœ œ œ
&4 ˙
1 Louis Armstrong, The Hot Fives And Hot Sevens, Vol. 3, Columbia, 1927.
2 Bien sûr Louis n’appelait pas cette gamme be-bop dominante. Le terme be-
bop n’a été inventé qu’au milieu des années 1940.
158
LES GAMMES BE-BOP
On ne peut pas parler des gammes be-bop sans mentionner David Baker.
Un des plus grand professeurs de jazz qui a écrit plusieurs livres sur les gam-
mes be-bop, chacun débordant de motifs et de patterns3. Selon les propres
termes de David Baker, l’ajout des notes de passage chromatiques fait que
les gammes traditionnelles sortent correctement au niveau rythmique.
Vous pouvez ajouter des notes de passage à n’importe quel mode ou
gamme, mais les gammes be-bop les plus couramment jouées sont le be-
bop dominante, le be-bop Dorien, le be-bop majeur et le be-bop mineur
mélodique.
C Mixolydian mode
C Myxolydien
C7
& œ œ œ bœ œ
œ œ œ
gamme C be-bop
C bebop dominant
dominant scale
C7
& œ œ œ bœ nœ œ
œ œ œ
7th
7ème chromatic
note de passage root
tonique
passing
chromatique
note
159
CHAPITRE SEPT
Figure 7.6
G Dorian mode
G Dorien
G –7
œ œ œ œ œ
& œ œ bœ
G bebop
gamme DorianDorien
G be-bop scale
G –7
œ œ œ œ œ
& œ œ bœ nœ
3rd
3ce chromatic
note de passage 4th
4te
passing
chromatique
note
Figure 7.7
gamme G be-bop
G bebop DorianDorien
scale
G –7
œ œ œ œ œ
& œ œ bœ nœ
C bebop
gamme dominant
C be-bop scale
dominant
C7
& œ œ bœ nœ œ
œ œ œ œ
160
LES GAMMES BE-BOP
C major
gamme scale
C majeur
CΔ
& œ œ œ œ
œ œ œ œ
C bebop
gamme majormajeur
C be-bop scale
CΔ
& œ #œ œ œ œ
œ œ œ œ
5th
5te chromatic
note de passage 6th
6te
passing
chromatique
note
& œ œ œ œ
œ œ bœ œ
& œ #œ œ œ œ
œ œ bœ œ
5th
5te chromatic
note de passage 6th
6te
passing
chromatique
note
161
CHAPITRE SEPT
C
4 œ œ œ œ œ œ œ œ œ œ
& 4 œ #œ œ œ Œ
Figure 7.11
C7
4 œ œ œ œ œ œ œ œ œ
&4 œ œ b œ n œ œ Œ
Figure 7.12
C7
4
& 4 œ œ bœ œ œ œ œ œ œ œ œ œ œ Œ
œ bœ œ
F7 E7
& 44 Ó œ bœ œ œ œ œ bœ œ œ
bœ œ œ #˙
162
CHAPITRE SEPT
Figure 7.14 Freddie Hubbard joue un motif be-bop dominant sur un accord
A∑7 dans «You’re My Everything»5 de Harry Warren. Dans la figure 7.15, il
joue un motif be-bop dominant descendant sur une progression II-V (C–7,
F7) dans son thème «Hub Tones»6. Figure 7.16, il joue un autre motif
be-bop dominant descendant dans son très difficile blues en G∑ «For Spee’s
Sake»7.
Figure 7.14
A b7
Œ œ œ bœ bœ œ bœ bœ œ bœ œ bœ
A–
& 44 ‰ œJ bœ œ bœ w
Figure 7.15
C –7 F7 B b7
bœ œ œ bœ
& 44 œ œ œ œ bœ œ
œ bœ œ œ œ œ b˙
Figure 7.16
œ œ A b7 G b7
4 œ œ #œ œ œ bœ
D7
&4 œ œ œ œ #œ œ bœ
œ bœ œ b˙
Figure 7.17
Eb
bœ œ œ bœ bœ bœ
& 44 bœ bœ œ œ
164
LES GAMMES BE-BOP
Figure 7.18
B b7
& 44 b œ œ b œ œ œ b œ œ
œ bw
La figure 7.19 présente trois exemples où Coltrane joue une gamme be-bop
dominante descendante sur «Lazy Bird»9. Remarquez dans l’exemple 3,
‘Trane joue le be-bop dominant au-dessus d’un II-V (A–7, D7).
Figure 7.19
Exemple
example#1
#1
B b7 EbΔ
j
& 44 b œ . œ bœ œ œ bœ
œ œ bœ bœ ˙
Exemple
example#2
#2
F –7 B b7 EbΔ
4 bœ œ bœ
&4 œ œ œ œ bœ œ bœ œ œ bœ œ œ
b˙
Exemple
example#3
#3
A –7 D7 GΔ
4 œ. bœ œ œ œ œ #œ
&4 Ó J œ œ œ ˙
Sonny Stitt joue une gamme F be-bop dominant sur un II-V dans «Eternal
Triangle»10, figure 7.20.
Figure 7.20
C –7 F7
4 œ œ bœ œ œ bœ
&4 œ œ ˙
9 Ibid.
10 Dizzy Gillespie, Sonny Side Up, Verve, 1957.
165
CHAPITRE SEPT
Figure 7.21
Figure 7.22
b
dim G7 9
? tonique w
root
166
LES GAMMES BE-BOP
Figure 7.23
b b b b
C6 G7 9 C6 G7 9 C6 G7 9 C6 G7 9 C6
Drop 2
Jouez la figure 7.24 et vous entendrez comment les pianistes et les
arrangeurs font sonner plus pleinement la position serrée, en rejetant la
deuxième note en partant du haut de l’accord une octave au-dessous dans
un style appelé drop 2. La figure 7.25 présente la même chose mais en C
mineur. Cette approche mène à de très beaux étagements (voicings) de
piano.
Figure 7.24
& œ œœ b œœ n œœ œœ œœ
œ œ
œœ
œ b œœœ n œœ b œœ nœ œ œ œ
? œ œ œ bœ nœ
œ œ œ œ
Figure 7.25
& b œœ œ œ # œœ œœ œœ n œœœ
œ
b œœ # œœœ nœ # œœ œœ œ œ œ
? bœ œ œ #œ œ
œ œ œ œ
167
CHAPITRE SEPT
Figure 7.26
Eb6 Dø
b
&b b œœ n œœœ œ œœ œ œ
œ œœ œœ œ œœ œ n œœ b œœ www
œ œ
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b Œ œ nœ œ œ œ œ œ œ w
Figure 7.27
b
( C 7 9)
œœ . œ œ œ œj
C –6 F –6
b j œ œœ ww
& b b n œ .. b n œœJ n œœ b œœ œœ ˙˙ ..
˙. œ ˙˙ œœ b œœ œ w
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168