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26/06/2015
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du jurisconsulte et ne lie pas la Cour européenne. Le texte a été achevé en févier 2015 ; il peut subir des
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PRINCIPES DECOULANT DE LA JURISPRUDENCE DE LA COUR SUR LE CONFLIT ENTRE LES ARTICLES 8 ET 10 DANS LES
AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
RESUME
Le présent rapport examine la jurisprudence de la Cour relative aux célébrités et autres
personnes connues, postérieure au prononcé, en 2004, de l’arrêt Von Hannover. Il expose
l’ensemble des éléments que la Cour a pris en compte lorsqu’elle a mis en balance les articles
8 et 10 dans ces affaires visant des reportages, articles, photographies de personnalités. Il
aborde les droits et devoirs des journalistes et les questions spécifiques soulevées par la
publication de photographies. Le présent rapport inclut en outre une analyse de l’ensemble de
la jurisprudence relative à la vie privée de personnalités politiques au regard des articles 8 et
10 de la Convention. Il analyse ensuite les éléments jurisprudentiels se rapportant à la marge
d’appréciation accordée dans ce type d’affaire et enfin rend compte des développements
récents de la jurisprudence de la Cour sur la réputation.
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ARTICLES 8 ET 10 DANS LES AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
INTRODUCTION
1. Mettre en balance les articles 8 et 10 n’a rien de nouveau pour la
Cour. En effet, sa jurisprudence en la matière est assez riche. La Grande
Chambre a posé des principes dans les arrêts récents Von Hannover (no 2)
[GC], et Axel Springer AG [GC]. La Cour y récapitule les critères pertinents
pour la mise en balance du droit au respect de la vie privée et du droit à la
liberté d’expression : la contribution à un débat d’intérêt général, la
notoriété de la personne visée et l’objet du reportage, le comportement
antérieur de la personne concernée, le contenu, la forme et les répercussions
de la publication et en ce qui concerne les photos, les circonstances de leur
prise.
L’arrêt Von Hannover (no 2) concerne la protection du droit à l’image
d’une personne publique (photographiée à son insu) face à la liberté
d’expression de la presse lorsqu’elle publie des photographies montrant des
scènes de la vie privée. Il importe notamment de déterminer si la publication
sert à des fins de divertissement ou non. C’est à la lumière de l’article de
presse qui l’accompagnait que la photo litigieuse a été considérée (et non
isolément) pour décider si elle apportait une contribution à un débat
d’intérêt général1.
L’arrêt Axel Springer AG [GC]4 vise la publication d’articles de presse
relatifs à l’arrestation et à la condamnation d’un acteur de télévision connu.
Introduite sous l’angle de l’article 10, cette affaire ne touche pas moins à
des sujets relatifs à l’article 8 ; en particulier, celui de l’étendue de la
protection de la sphère privée face à l’intérêt du public à être informé des
procédures en matière pénale.
2. Une observation liminaire s’impose : la même série de faits peut
donner lieu à un grief formulé soit par la personne visée par l’article ou la
photographie en cause (affaires article 8) ; soit au contraire par la société
d’édition, le journaliste ou le photographe concerné (affaires article 10). Ce
sont là les deux facettes d’un même problème.
3. Le présent rapport se divise en quatre parties. La partie I examine de
quelle manière la jurisprudence a été appliquée dans les affaires articles 8 et
10 ultérieures à l’arrêt Von Hannover de 2004. La partie II est consacrée aux
affaires visant la vie privée des personnalités politiques. La partie III porte
sur la question de la marge d’appréciation accordée aux tribunaux nationaux
lorsqu’ils mettent en balance les articles 8 et 10. Enfin, la partie IV met en
avant les développements dans la jurisprudence de la Cour quant à la
1
. S’agissant de la marge nationale d’appréciation : cf. l’opinion dissidente du juge López
Guerra ralliée par les juges Jungwiert, Jaeger, Villiger et Poalelungi sous l’arrêt Axel
Springer AG c. Allemagne [GC].
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A. Les célébrités
5. A notre connaissance, le nombre d’affaires article 8 et article 10 qui
concernent des célébrités dans la continuité de l’affaire Von Hannover de
2004 est relativement faible.2 En outre, ces affaires ont souvent été portées
sur le terrain de l’article 10 de la Convention, ce qui n’est peut-être pas
surprenant. On peut constater que la Cour conclut à une violation de cette
disposition dans la majorité des cas.
6. Plusieurs raisons permettent de l’expliquer. Premièrement, dans
certains cas, la Cour semble avoir appliqué plus extensivement la notion
d’intérêt public3. Ainsi, dans l’arrêt Nikowitz et Verlagsgruppe News
GmbH c. Autriche, no 5266/03, § 25, 22 février 2007, elle a jugé qu’un
article satirique sur un grand sportif apportait une contribution essentielle à
une question d’intérêt général, à savoir l’attitude de la société à l’égard de
ce type de vedettes. De même, dans l’arrêt Sapan c. Turquie, no 44102/04,
§ 34, 8 juin 2010, elle a dit qu’un ouvrage qui reprenait dans une large
mesure une thèse de doctorat sur le sujet du « phénomène des stars » et
citait à titre d’exemple Tarkan, un chanteur turc célèbre, n’était pas
assimilable à de la presse à sensation. L’affaire MGN Limited c. Royaume-
Uni, no 39401/04, 18 janvier 2011, est intéressante. Un journal avait été
condamné pour avoir révélé des détails sur la thérapie suivie par un
2
. Cela peut s’expliquer en partie par le fait que bon nombre de ces affaires ont fait l’objet
d’une transaction au niveau national afin d’éviter des frais de justice trop élevés (voir par
exemple le coût prohibitif en Angleterre d’une action en diffamation écrite).
3
. Animal Defenders International c. Royaume-Uni [GC], no 48876/08, § 102, CEDH 2013.
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4
. Voir également l’arrêt Von Hannover (no 2) rendu le même jour et reprenant les mêmes
critères.
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7
. A distinguer du trésorier en chef d’une banque (Standard Verlags GmbH c. Autriche (no
3), no 34702/07, § 38, 10 janvier 2012).
8
. Voir également l’arrêt récent Petrenco c. Moldova, no 20928/05, § 60, 30 mars 2010,
dans lequel la Cour a jugé qu’un historien auteur d’un programme scolaire était un
personnage public.
9
. Voir également, à l’inverse, l’arrêt récent Niskasaari et autres c. Finlande, no 37520/07,
§ 72, 6 juillet 2010, dans lequel la Cour a jugé qu’une personne travaillant pour une ONG
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ne pouvait passer pour une « personne à tout point de vue privée » du fait de la
couverture médiatique dont elle faisait l’objet en sa qualité de porte-parole de cette ONG.
10
. Condamnation de journalistes pour publication d’un article comportant des informations
sur la vie privée de la directrice de communication d’un des candidats à l’élection
présidentielle de 2000, illustré d’une photo de celle-ci. La Cour estime que si la
requérante n’est ni une fonctionnaire ni une femme politique au sens traditionnel, elle
n’est pas non plus un simple particulier en raison de ses fonctions, et la sphère de la vie
privée protégée est plus restreinte. L’article s’inscrivant dans un débat d’intérêt public et
les sanctions imposées aux requérants étaient sévères, la Cour conclut à une violation de
l’article 10.
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11
. Voir l’arrêt Fressoz et Roire c. France [GC], no 29183/95, § 46, CEDH 1999-I sur la
publication du salaire du dirigeant d’une grande entreprise.
12.
Voir également pour les personnages politiques. Mutatis mutandis, Avram et autres c.
Moldova, no 41588/05, § 19, 5 juillet 2011.
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Et soulevait une question d’intérêt général visant la capacité du haut fonctionnaire à
continuer à exercer ses fonctions. Voir aussi le § 70 de l’arrêt rendu sur les mêmes faits
Soila c. Finlande, no 6806/06, 6 avril 2010.
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Dans une autre affaire l’une des requérantes était visée en tant qu’épouse
d’un haut magistrat clairement identifié et dans son démenti elle évoquait
une « manœuvre » du plus haut responsable politique de la région (Polanco
Torres et Movilla Polanco c. Espagne, no 34147/06, § 46, 21 septembre
2010)14.
14
. Voir également récemment Ernst August von Hannover c. Allemagne, précité, § 30,
19 février 2015.
15
. Recourir à certaines expressions vraisemblablement destinées à capter l’attention du
public ne pose pas problème (Tănăsoaica c. Roumanie, précité, § 54).
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48. La Cour considère surtout que ces clichés n’étaient ni dénaturés, ni détournés de
leur finalité commerciale, puisqu’ils illustraient, de manière certes critique,
l’information du journal selon lequel le chanteur, pour satisfaire ses besoins
financiers, vendait son image au profit de produits de consommation divers et variés –
produits dont les lieux de vente étaient au demeurant indiqués par le magazine lui-
même, comme l’a relevé la Cour d’appel de Paris dans son arrêt du 6 mars 1998
(paragraphe 10 ci-dessus).
16
. Considéré par la Cour comme un « personnage public ».
17
. Les six photos montraient la mariée, son père et les demoiselles d’honneur arrivant sur
une île dans une barque, la mariée rejoignant le marié au bras de son père et les mariés
revenant à pied sur le continent en traversant le lac sur des pierres de gué.
18
. L’on souligne que ces affaires sont à lire en parallèle avec l’affaire RTBF c. Belgique,
no 50084/06, CEDH 2011 visant les sanctions préventives à la liberté de la presse. Ces
arrêts ont adoptés la même année et posent les principes directeurs en la matière.
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32. L’arrêt Von Hannover (no 2), précité, ajoute que, même pour une
personne publique, la publication d’une photo interfère avec la vie privée
(§ 95).
33. Pour déterminer si, oui ou non, la publication de telle ou telle
photographie porte atteinte au droit à la vie privée de l’intéressé, la Cour a
tenu compte de la manière dont l’information ou la photo a été obtenue. En
particulier, dans son arrêt Reklos et Davourlis, précité, elle a bien précisé
que recueillir le consentement des personnes concernées - dans cette affaire,
celui des parents pour prendre en photo leur nouveau-né – est, en principe,
nécessaire. La publication de clichés pris secrètement à distance, ce qui est
souvent le cas avec les paparazzis, risque donc de méconnaître les exigences
de l’article 8 de la Convention si l’État ne prend pas de mesures positives
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37. Le but dans lequel telle ou telle photo a été utilisée ou pourra être
utilisée à l’avenir est un autre élément important (Reklos et Davourlis,
précité, et surtout Hachette Filipacchi Associés (ICI PARIS), précité).
38. Les facteurs énumérés ci-dessus ne sont pas limitatifs. D’autres
critères peuvent entrer en ligne de compte selon les circonstances
particulières de l’espèce. On peut noter par exemple que, dans les affaires
analysées aux fins de la présente recherche, la question de savoir « où » la
photo litigieuse a été prise a été rarement examinée de manière expresse.19 Il
s’agit, en revanche, d’un critère manifestement pertinent dans les affaires de
surveillance (P.G. et J.H. c. Royaume-Uni, no 44787/98, § 57, CEDH
2001-IX, et Peck c. Royaume-Uni, no 44647/98, §§ 59-62, CEDH 2003-I).
39. En l’état de la jurisprudence, dans certaines circonstances, une
personne, même connue du public, peut se prévaloir d’une « espérance
légitime » de protection et de respect de sa vie privée (Von Hannover (no 2),
précité, § 97 et les références y figurant). L’affaire Verlagsgruppe News
GmbH et Bobi c. Autriche, no 59631/09, 4 décembre 2012, est intéressante :
elle ne visait pas une personnalité mais les photos avaient été prises à
l’occasion d’un évènement privé dans l’appartement du plaignant : elles
avaient été prises avec son accord, mais sans être destinées à sortir du cercle
privé (§ 86), elle visait sa vie intime et n’étaient pas indispensable à
l’article, de sorte que le droit à l’image a prévalu (§§ 89-90)20.
40. Récemment, en 2012, parmi les critères pertinents retenus par la
Grande Chambre dans les affaires Von Hannover (no 2), et Axel Springer
AG, précitées, pour mettre en balance les articles 8 et 10, figurent, outre la
contribution à un débat d’intérêt général des photos, des critères spécifiques
à celles-ci. En effet, il importe d’examiner :
i) si la photo a déjà été publiée ;
ii) la façon dont la photo ou le reportage sont publiés et la manière dont
la personne visée est représentée sur la photo ;
iii) l’ampleur de la diffusion de la photo (§ 112)21 ;
iv) le contexte et les circonstances de la prise des photos :
consentement à la prise et à la publication des photos, ou à l’inverse
les photos prises à l’insu de la personne visée ou par des manœuvres
frauduleuses, et gravité de l’intrusion et de ses répercussions sur la
personne visée (§ 113). Le rôle du juge national intervient aussi dans
l’examen des circonstances dans lesquelles les photos ont été prises,
la Cour se fondant sur ce point sur les conclusions des plus hautes
juridictions (idem, §§ 121-123).
19
. Voir cependant Anguelov c. Bulgarie (déc.), no 45963/99, 14 décembre 2004,
concernant une photo du requérant prise à son procès. La Cour a relevé que cette photo
n’avait pas été prise au domicile de l’intéressé.
20
. La Cour a conclu à une non-violation de l’article10.
21
. Pour une publication dans un journal à tirage local : Tănăsoaica, précité, § 53.
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. D’autant plus que l’apparence physique de la personne n’est pas connue (Küchl, précité,
§ 90).
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23
. Par exemple, Oberschlick c. Autriche (no 1), 23 mai 1991, série A no 204.
24
. Feldek c. Slovaquie, no 29032/95, § 85, CEDH 2001-VIII ; Ciuvica c. Roumanie (déc.),
no 29672/05, 15 janvier 2013.
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même des personnes publiques (Minelli c. Suisse (déc.), no 14991/02, 14 juin 2005, et
Petrenco, précité, § 55). On ne saurait en effet assimiler un reportage relatant des faits
susceptibles de contribuer à un débat dans une société démocratique, au sujet de
personnalités politiques dans l’exercice de leurs fonctions officielles par exemple, à
un reportage sur les détails de la vie privée d’une personne ne remplissant pas de
telles fonctions (Von Hannover, précité, § 63, et Standard Verlags GmbH, précité,
§ 47). Si, dans le premier cas, le rôle de la presse correspond à sa fonction de « chien
de garde » chargé, dans une démocratie, de communiquer des idées et des
informations sur des questions d’intérêt public, ce rôle paraît moins important dans le
second cas. De même, si dans des circonstances particulières, le droit du public d’être
informé peut même porter sur des aspects de la vie privée de personnes publiques,
notamment lorsqu’il s’agit de personnalités politiques, cela n’est pas le cas, même si
les personnes visées jouissent d’une certaine notoriété, lorsque les photos publiées et
les commentaires les accompagnant se rapportent exclusivement à des détails de leur
vie privée et ont pour seul but de satisfaire la curiosité du public à cet égard (Von
Hannover, précité, § 65 avec les références qui s’y trouvent citées, et Standard
Verlags GmbH, précité, § 53 ; voir aussi le point 8 de la résolution de l’Assemblée
parlementaire – paragraphe 71 ci-dessus). Dans ce dernier cas, la liberté d’expression
appelle une interprétation moins large (Von Hannover, précité, § 66 ; Hachette
Filipacchi Associés (ICI PARIS), précité, § 40, et MGN Limited, précité, § 143). »
25
. Voir notamment Schüssel c. Autriche (déc.), no 42409/98, 21 février 2002.
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53. Dans le cas d’une photographie plus intime, c’est son impact qui
préoccupe la Cour. Dans l’affaire Hachette Filipacchi Associés, précitée, un
magazine devait insérer un communiqué expliquant que la parution de la
photographie d’un préfet assassiné avait été faite sans l’accord de la famille.
Pour conclure à la non-violation de l’article 10, la Cour a pris en compte : la
proximité de la parution de la photo avec la date des évènements ; l’absence
de consentement de la famille ; la publication de la photo dans un magazine
à large diffusion et le recours à la sanction la moins restrictive (§§ 42-61).
54. Il est patent que limiter la liberté d’expression de la presse - qui doit
jouer son rôle de « chien de garde » - en faveur d’un politicien dans
l’exercice de ses fonctions officielles serait disproportionnée (Malisiewicz-
Gasior c. Pologne, § 66, no 43797/98, § 66, avril 2006), y compris
s’agissant de la publication d’un photomontage d’un politicien en campagne
électorale (Schüssel c. Autriche (déc.), no 42409/98, 21 février 2002). De
même, il est raisonnable de donner plus de poids au droit de la presse
lorsqu’elle diffuse des informations d’intérêt public même si le politicien
tire argument du respect de la vie privée : Radio Twist A.S. c. Slovaquie,
§ 58, 19 décembre 2006. Dans cette affaire, la Cour n’a pas suivi les
juridictions internes qui avaient estimé qu’une conversation téléphonique
revêtait un caractère privé et ne pouvait dès lors être diffusée. En effet, cette
conversation s’était déroulée entre deux membres de haut rang du
gouvernement, et le contexte et la teneur de la conversation étaient
manifestement politiques26.
55. Jugé essentiel dans une société démocratique, le droit du public à
être informé peut même porter sur des aspects de la vie privée d’une
personnalité politique (Porubova c. Russie, no 8237/03, § 45, 8 octobre
2009).
- l’affaire Editions Plon visait la publication par l’ancien médecin
personnel du président Mitterrand d’un livre comportant des
révélations sur l’état de santé de ce dernier après sa mort. La Cour a
considéré que « plus le temps passait, plus l’intérêt public du débat
lié à l’histoire des deux septennats accomplis par le président
Mitterrand l’emportait sur les impératifs de la protection des droits
de celui-ci au regard du secret médical » (ibidem, § 53), avant de
conclure à une violation de l’article 10 ;
- une publication contenant des éléments privés et même intimes, peut
contribuer à un débat d’intérêt public. C’est le cas notamment dans
l’affaire Ojala et Etukeno Oy, précitée. Il s’agissait de la publication
d’un ouvrage sur la relation intime entretenue pendant neuf mois par
le Premier ministre en fonction, divorcé, avec une mère célibataire.
26
. Voir pour des agissements d’un sénateur dans le cadre d’une société : Dalban
c. Roumanie [GC], no 28114/95, § 48, CEDH 1999-VI.
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. Voir aussi Ruusunen c. Finlande, no 73579/10, § 49, 14 janvier 2014.
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57. The Court finds this reasoning acceptable. The restrictions of the exercise of the
applicants’ freedom of expression were established convincingly by the Supreme
Court, taking into account the Court’s case-law (...)”
28
. Saaristo et autres c. Finlande, no 184/06, 12 octobre 2010.
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Moreover, the facts that P.N.’s ex-spouse had conducted election debates on television
prior to the publishing of the article and that the article had apparently been politically
motivated and intended to affect the campaign are also of relevance in this respect.
Taking into account that the article was published during the presidential election
campaign and was thus closely linked to it in time, the Court considers that, unlike in
the Von Hannover case, the article did not only satisfy the curiosity of certain readers
but it also contributed to an important matter of public interest in the form of political
background information (compare and contrast Von Hannover v. Germany, cited
above, § 76).”
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57. D’autres faits d’ordre privé sont considérés comme d’intérêt public :
- la fuite à l’étranger d’un membre du parlement et de sa compagne et
leurs activités privées une fois arrivé sur place. L’article était intitulé
« Journal d’une fuite : Récit. Plusieurs mythes entourent la fuite de
M. R. au Brésil. Reconstitution d’une réalité banale. » Assorti de
29
. La Cour souligne toutefois que les photographies publiées ne révélaient aucun détail de
la vie privée du parlementaire.
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30
. La presse utilisa deux qualificatifs signifiant respectivement ‘briseuse de ménage’ et
‘mère négligente qui délaisse son enfant’, que le tribunal jugea injurieux.
31
. Voir a contrario, Otegi Mondragon c. Espagne, no 2034/07, § 57, CEDH 2011.
32
. Il y a cinq arrêts sur l’affaire dont Flinkkilä et autres c. Finlande, précité, §§ 82-88.
Pour les rumeurs, voir Soila c. Finlande, no 6806/06, § 69, 6 avril 2010.
33
. Weidenhaupt c. Luxembourg, no 28699/95, (déc.), Commission, 26 juin 1996.
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61. N’est pas non plus d’intérêt public, la publication dans la presse de
conversations à caractère strictement privé qui n’avaient qu’un rapport ténu,
voire aucun rapport, avec les accusations pénales dirigées contre un
politicien (Craxi c. Italie (no 2), no 25337/94, 17 juillet 2003). Selon la
Cour, il n’existait aucun besoin social impérieux de les publier (§§ 66-67) :
“The Court observes that in the present case some of the conversations published in
the press were of a strictly private nature. They concerned the relationships of the
applicant and his wife with a lawyer, a former colleague, a political supporter and the
wife of Mr Berlusconi. Their content had little or no connection at all with the
criminal charges brought against the applicant. This is not disputed by the
Government. In the opinion of the Court, their publication by the press did not
correspond to a pressing social need. Therefore, the interference with the applicant’s
rights under Article 8 § 1 of the Convention was not proportionate to the legitimate
aims which could have been pursued and was consequently not “necessary in a
democratic society” (voir également récemment, Apostu c. Roumanie, no 22765/12, §§
123 et 12834, 3 février 2015).
34
. “In the case at hand, although not without relevance for the criminal proceedings, the
content of the recordings gave away information on the applicant’s private affairs and
thus put him in an unfavourable light, giving the impression, before the national
authorities had even had the possibility to examine the accusations, that he had
committed crimes. Moreover, part of the telephone conversations published were to a
certain extent of a strictly private nature and had little or no connection with the criminal
charges against the applicant”.
35
. Voir aussi Tuomela et autres c. Finlande, précité, § 61, 6 avril 2010.
36
. Voir aussi Jokitaipale et autres c. Finlande, no 43349/05, § 75, 6 avril 2010 et Soila
c. Finlande, précité, §§ 72-73.
37
. Voir aussi mutatis mutandis Leempoel & S.A. ED. Ciné Revue c. Belgique, précité, § 82.
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« 68. Elle [la Cour] remarque la divergence d’opinions des parties quant au caractère
public de la personnalité de Mme Laanaru. Elle rappelle que celle-ci a quitté son poste
au gouvernement en octobre 1995 à la suite de l’affaire des enregistrements secrets de
M. Savisaar, dont elle a revendiqué la responsabilité (...). Bien qu’elle ait continué ses
activités au sein du parti politique, la Cour ne juge pas établi que l’emploi des termes
critiqués pour qualifier la vie privée de Mme Laanaru se soit justifié par l’intérêt du
public ni que ces expressions aient porté sur une question d’importance générale. Il
n’a notamment pas été établi que l’opinion publique se soit préoccupée de sa vie
privée en avril 1996. On peut donc difficilement considérer que les remarques du
requérant ont servi l’intérêt public. »
38
. Oberschlick c. Autriche (no 2), 1er juillet 1997, Recueil des arrêts et décisions 1997-IV.
39
. Également pour des termes particulièrement virulents : Lyachko c. Ukraine,
no 21040/02, § 56, 10 août 2006 ; Dichand et autres c. Autriche, no 29271/95, 26 février
2002 et pour des critiques presque insultantes visant le comportement prétendument
agressif du Premier Ministre lors d’évènements politiques, ne constituant pas des attaques
personnelles gratuites : Tuşalp c. Turquie, nos 32131/08 et 41617/08, 21 février 2012.
40
. Une présentation équilibrée des faits est un élément de poids : White c. Suède, précité.
41
. McVicar c. Royaume-Uni, no 46311/99, CEDH 2002-III.
42
. Ni déformer les faits ni agir de mauvaise foi.
43
. Colombani et autres c. France ci-dessous, §§ 65-66 ; Růžový panter, o.s. c. République
tchèque, no 20240/08, § 32, 2 février 2012.
44
. Également Tudor c. Roumanie (N° 2) (déc.), no 6929/04, 15 juin 2006 et mutatis
mutandis : Radio France et autres c. France, no 53984/00, CEDH 2004-II.
45
. Également Ozon et Candea c. Roumanie (déc.), n° 38504/04, 15 avril 2014 ; Wołek,
Kasprów et Łęski c. Pologne (déc.), 21 octobre 2008.
29/70
PRINCIPES DECOULANT DE LA JURISPRUDENCE DE LA COUR SUR LE CONFLIT ENTRE LES
ARTICLES 8 ET 10 DANS LES AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
46
. Également Karhuvaara et Iltalehti c. Finlande, § 44, CEDH 2004-X.
47
. La Cour a rejeté le grief tiré d’une atteinte à la réputation sous l’angle de l’article 8.
30/70
PRINCIPES DECOULANT DE LA JURISPRUDENCE DE LA COUR SUR LE CONFLIT ENTRE LES
ARTICLES 8 ET 10 DANS LES AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
Conclusion :
70. Depuis l’arrêt Lingens (précité, §42) la marge d’appréciation des
États est étroite envers les hommes politiques (voir aussi Flux (no 1), précité
§ 32). Selon l’arrêt Von Hannover (no 2) [GC] de 2012 (précité, §§ 104-
107) : « si la mise en balance par les autorités nationales s’est faite dans le
respect des critères établis par la jurisprudence de la Cour, il faut des
raisons sérieuses pour que celle-ci substitue son avis à celui des juridictions
internes ». Cette jurisprudence est reprise dans des affaires ultérieures visant
des politiciens (Ojala et Etukeno Oy, précité, § 48, et Apostu, précité, § 118,
précités). La jurisprudence révèle les constantes suivantes :
- en choisissant d’entrer dans “l’arène publique”, le politicien est
présumé accepter de faire l’objet d’une large couverture médiatique
(publications d’articles et de photos) (voir notamment Krone Verlag
GmbH & Co. KG, précité) ;
- s’il donne une interview sur des faits d’ordre privé, ceux-ci tombent
dans la sphère publique (Wirtschafts-Trend Zeitschriften-
Verlagsgesellschaft m.b.H., précité ;
- si la mention d’un fait d’ordre privé n’est qu’accessoire par rapport à
la question principale relevant plus ou moins de l’intérêt public,
celui-ci l’emporte (Schwabe, précité, § 3149 et John Anthony Mizzi
c. Malte, no 17320/10, §§ 37-38, 22 novembre 2011) ;
- la finalité générale de l’article d’un journaliste est un élément de
référence (Flux c. Moldova (no 7), no 25367/05, §§ 38-39,
24 novembre 2009) :
“The Court observes that the article in question was aimed at criticising Parliament
for alleged lack of transparency, rather than at disparaging V.S. specifically. The
latter’s name appeared twice in the entire article. While not focusing on any particular
person, the article mentioned the names of all the alleged beneficiaries of the four
apartments and described the attempts to verify the information with some of them,
including V.S. The Court also notes that the article published by the applicant
newspaper dealt with the issue of whether the Parliament leadership had spent public
money in a non-transparent manner. This was therefore a matter of genuine public
interest, which is also to be given additional protection under Article 10 of the
Convention.”
48
. La Cour a conclu à une violation de l’article 10.
49
. Au sujet d’un accident de la route responsable commis par un membre du
gouvernement avant son entrée en fonction.
31/70
PRINCIPES DECOULANT DE LA JURISPRUDENCE DE LA COUR SUR LE CONFLIT ENTRE LES
ARTICLES 8 ET 10 DANS LES AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
“The article was (...) published within the framework of an ongoing public debate on
the issue, which gives its content further protection under Article 10 of the
Convention”.50
50
. Pour un raisonnement similaire sous l’angle de l’article 8 : Roberts et Roberts
c. Royaume-Uni, précité, (déc.), § 47.
51
. La Cour prend ici aussi en compte l’absence de répercussions sur la carrière politique
du ministre, sa vie professionnelle et privée.
52
. L’arrêt Ojala et Etukeno Oy c. Finlande précité montre à quel point la vie privée du
politicien est intimement liée à la vie politique et justifie une large information de
l’électorat et des citoyens sur l’homme lui-même, son comportement, ses qualités, et
défauts.
53
. Voir aussi Tuomela c. Finlande, précité, §§ 57-58 et mutatis mutandis : Hoon
c. Royaume-Uni (déc.), no 14832/11, 13 novembre 2014.
32/70
PRINCIPES DECOULANT DE LA JURISPRUDENCE DE LA COUR SUR LE CONFLIT ENTRE LES
ARTICLES 8 ET 10 DANS LES AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
« (...) dans certaines circonstances, même une personne politique connue du public,
peut se prévaloir d’une « espérance légitime » de protection et de respect de sa vie
privée (voir pour une personnage politique, Standard Verlags GmbH c. Autriche
(no 2), précité). Le droit à l’information du public s’arrête lorsque « les photos
publiées et les commentaires les accompagnant se rapportent exclusivement à des
détails de leur vie privée et ont pour seul but de satisfaire la curiosité du public à cet
égard. Dans ce dernier cas, la liberté d’expression appelle une interprétation moins
large. » (Von Hannover (no 2) [GC], précité, § 110) » la publication ne servant “qu’à
des fins de divertissement” (idem, § 118).
33/70
PRINCIPES DECOULANT DE LA JURISPRUDENCE DE LA COUR SUR LE CONFLIT ENTRE LES
ARTICLES 8 ET 10 DANS LES AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
58
. Soulignant par exemple l’ampleur de la motivation des décisions et le soin mis à
statuer : MGN Limited c. Royaume-Uni, précité, § 150.
34/70
PRINCIPES DECOULANT DE LA JURISPRUDENCE DE LA COUR SUR LE CONFLIT ENTRE LES
ARTICLES 8 ET 10 DANS LES AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
59
. Voir notamment Lillo-Stenberg et Sæther c. Norvège, no 13258/09, §§ 35-45, 16 janvier
2014) pour conclure à la non-violation de l’article 8.
35/70
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ARTICLES 8 ET 10 DANS LES AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
60
. Pour une affaire très récente : Ernst August von Hannover c. Allemagne, précité, § 46.
36/70
PRINCIPES DECOULANT DE LA JURISPRUDENCE DE LA COUR SUR LE CONFLIT ENTRE LES
ARTICLES 8 ET 10 DANS LES AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
61
. Voir aussi Petrina c. Roumanie, no 78060/01, § 28, 14 octobre 2008.
62
. Voir l’opinion partiellement concordante.
37/70
PRINCIPES DECOULANT DE LA JURISPRUDENCE DE LA COUR SUR LE CONFLIT ENTRE LES
ARTICLES 8 ET 10 DANS LES AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
63
. Notamment Cumpǎnǎ et Mazǎre c. Roumanie [GC], no 33348/96, § 91, CEDH
2004-XI.
64
. Il s’agissait d’une présentatrice de la chaîne nationale de télévision en conflit avec son
employeur. La Cour a constaté une violation de l’article 8.
65
. Affirmant récemment la protection de la crédibilité et du prestige d’un maire dans
l’affaire Pinto Pinheiro Marques c. Portugal, no 26671/09, 22 janvier 2015, la Cour n’a
pas relevé de dépassement de la critique admissible.
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PRINCIPES DECOULANT DE LA JURISPRUDENCE DE LA COUR SUR LE CONFLIT ENTRE LES
ARTICLES 8 ET 10 DANS LES AFFAIRES RELATIVES AUX PERSONNAGES PUBLICS
CONCLUSION
95. Dans la mise en balance des droits concurrents tirés des articles 8 et
10 de la Convention, la Cour a reconnu que le public a, en principe, le droit
d’être informé même sur la vie privée des personnes publiques, célébrités, et
personnalités politiques. En pratique, la question essentielle qui se pose est
celle de savoir si les informations en question peuvent se rattacher de près
ou de loin à une question d’intérêt général. Peu d’affaires, au final, montrent
un empiètement de la vie privée ou un excès de la part de la presse pour ces
personnes publiques, à part les cas d’informations inutilement attentatoires à
l’intimité ou intrusives. La jurisprudence est clairement posée sur la marge
d’appréciation depuis les affaires récentes de la Grande Chambre. Dans
certains cas, la Cour n’a pas suivi l’approche du juge interne en opérant une
relecture de l’affaire.
66
. A distinguer du cas d’une personne inconnue du public : Ion Cârstea c. Roumanie,
no 20531/06, § 37, 28 octobre 2014 et Palomo Sánchez and Others c. Espagne [GC],
nos. 28955/06, 28957/06, 28959/06, 28964/06, § 57.
39/70
PRINCIPLES EMERGING FROM THE COURT’S CASE-LAW ON CONFLICTS BETWEEN
ARTICLE 8 AND ARTICLE 10 RIGHTS IN RELATION TO PUBLIC FIGURES
Bibliographie sélective
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
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Whither the Spirit of Lingens?, in European Human Rights Law
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“Conciliation de la protection des droits d’autrui et de la liberté de la
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presse : la quête d’un équilibre introuvable »
« Freedom of expression and the right to reputation: Human Rights in
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“Freedom of expression under the ECHR system : from Sunday
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“The principle of subsidiarity and margin of appreciation” 2012
Matti Pellonpää
in essays in honour of Nicolas Bratza, 2012
Conflicts between fundamental rights – Intersentia 2008
Eva Brems, Aagje Ieven
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« La liberté d’expression et la réputation de l’homme politique »
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P. Lambert
« Les restrictions à la liberté de la presse et la marge d’appréciation
des Etats », RTDH 1996
“Media Intrusion and Human Rights : Striking the balance”
Lady Justice Arden
in essays in honour of Nicolas Bratza, 2012
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ARTICLE 8 AND ARTICLE 10 RIGHTS IN RELATION TO PUBLIC FIGURES
Bibliographie sélective
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ARTICLE 8 AND ARTICLE 10 RIGHTS IN RELATION TO PUBLIC FIGURES
Bibliographie sélective
(Von Hannover, précité, § 64). A ce propos, la Cour prend note de l’avis du tribunal de district, qui a estimé
que la condamnation du conjoint d’une personnalité politique pouvait influer sur le choix des électeurs.
Selon la Cour, cela montre que, du moins dans une certaine mesure, les articles soulevaient une question
d’intérêt public.
46. La Cour relève en outre que les juridictions internes ont accordé une importance considérable au
constat que les articles visaient à focaliser l’attention des lecteurs sur le lien matrimonial entre M. A. et
Mme A. Elle accepte cette conclusion, qu’elle considère comme le résultat d’une observation objective. A
l’évidence, les articles litigieux insistaient sur le lien unissant l’inculpé à Mme A., députée ; cette manière de
présenter l’incident tendait naturellement à susciter la curiosité et ainsi à accroître les ventes du journal. Ce
constat ne suffit toutefois pas à justifier la condamnation des requérants, car d’autres aspects doivent aussi
être pris en considération.
47. La Cour note également que le procès de M. A. avait été l’objet d’une large publicité et avait été
beaucoup commenté au niveau local, et que le rôle de M me A. avait notamment fourni la matière d’une
satire politique très populaire dans une émission diffusée sur une chaîne de télévision nationale à une heure
de grande écoute. Ce n’est donc pas dans les articles incriminés que l’identité de Mme A. fut divulguée pour
la première fois dans le contexte de la procédure pénale. La Cour peut néanmoins accepter la conclusion
des juridictions internes, qui ont estimé que la diffusion à l’échelle nationale des faits dans Iltalehti était de
nature à porter plus gravement atteinte à la vie privée de M me A. que leur publication antérieure dans un
journal local à moindre tirage. Certes, cette interprétation semble être dans le droit fil de la jurisprudence
interne (§§ 26 à 28 ci-dessus) et ne peut donc être tenue pour arbitraire, mais elle ne suffit pas non plus à
justifier la condamnation des requérants.
48. Il est un autre facteur à prendre en considération : l’article 15 de la loi sur le Parlement accordait à
l’époque une protection spéciale aux députés dans l’exercice de leurs fonctions ; il précisait notamment que
certaines infractions seraient réputées avoir été commises dans des circonstances particulièrement
aggravantes si elles étaient dirigées contre des députés pendant une séance du Parlement. (...)
50. La Cour relève que le fait pour les Etats d’accorder généralement une immunité plus ou moins
étendue aux parlementaires constitue une pratique de longue date, qui vise à permettre la libre expression
des représentants du peuple et à empêcher que des poursuites partisanes puissent porter atteinte à la
fonction parlementaire (Cordova c. Italie (no 1), no 40877/98, § 55, CEDH 2003-I). En outre, la Cour a
estimé compatible avec la Convention une immunité qui couvrait les déclarations formulées au cours des
débats parlementaires au sein des chambres législatives et tendait à la protection des intérêts du Parlement
dans son ensemble, par opposition à ceux de ses membres pris individuellement (A. c. Royaume-Uni, no
35373/97, §§ 84-85, CEDH 2002-X). (...)
52. La Cour note que les infractions reprochées aux requérants n’avaient aucun lien avec l’exercice par
Mme A. de ses fonctions parlementaires officielles. Les articles ne contenaient pas la moindre critique à
l’encontre de Mme A. et il n’a pas même été allégué que la publication du nom et de la photo de
l’intéressée à l’occasion d’un compte rendu du procès pénal dirigé contre M. A. eût affecté en quoi que ce
fût la liberté d’expression de Mme A. ou eût été de nature à limiter la liberté du débat parlementaire. Faute
d’un lien avec la finalité sous-jacente de l’immunité parlementaire, il est aléatoire de considérer le mandat
de députée de Mme A. comme un facteur aggravant des infractions en question.
Les juridictions internes ont laissé entendre que l’article 15 de la loi sur le Parlement était dépassé.
Néanmoins, elles ont simplement fait remarquer que cette disposition ne leur laissait aucune marge de
manœuvre, sans donner la moindre indication sur la manière dont elle devait être appliquée lorsqu’elle était
en conflit avec d’autres intérêts majeurs.
Eu égard à sa jurisprudence constante selon laquelle les limites de la critique admissible sont plus larges à
l’égard des personnalités politiques, la Cour estime que l’application automatique et sans réserve que les
juridictions internes ont faite de l’article 15 a concrètement réduit à néant les intérêts concurrents des
requérants protégés par l’article 10 de la Convention.
42/70
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ARTICLE 8 AND ARTICLE 10 RIGHTS IN RELATION TO PUBLIC FIGURES
Bibliographie sélective
satisfait aux trois conditions posées par le § 2 de l’article 8 : être « prévue par la loi », viser un ou des buts
légitimes au regard du § 2 de ladite disposition et être « nécessaire, dans une société démocratique », pour
les atteindre.
29. Sur l’existence d’une ingérence, la Cour rappelle que la notion de vie privée comprend des éléments
se rapportant au droit à l’image d’une personne et que la publication d’une photographie relève de la vie
privée (Von Hannover, précité, §§ 50-53). Elle a également donné des indications quant à l’étendue de la
sphère de la vie privée et constaté qu’il existe « une zone d’interaction entre l’individu et des tiers qui,
même dans un contexte public, peut relever de la « vie privée » (ibidem). Le caractère de « personne
ordinaire » de la présente requérante élargit cette zone d’interaction susceptible de relever de la vie privée,
et le fait que l’intéressée était l’objet de poursuites pénales ne saurait restreindre le champ de cette
protection.
En conséquence, la Cour conclut qu’il y a eu ingérence.
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Bibliographie sélective
55. Pour ce qui est de la photographie du requérant, publiée dans le cadre des reportages litigieux, la
Cour a déjà conclu que la publication de photographies relevait de la vie privée (Sciacca c. Italie, no
50774/99, § 29, CEDH 2005-...). Toutefois, il convient d’apprécier si cette photographie constituait une
ingérence dans la vie privée de l’intéressé, si elle se rapportait à des questions d’ordre privé ou public, et si
elle était destinée à un usage limité ou risquait d’être mis à la disposition du grand public (Peck
c. Royaume-Uni, no 44647/98, § 61, CEDH 2003-... ; Lupker et autres c. Pays-Bas, no 18395/91, décision
de la Commission du 7 décembre 1992, non publiée ; Friedl c. Autriche, arrêt du 31 janvier 1995, série A
no 305-B, avis de la Commission, p. 21, §§ 49-52).
La Cour rappelle également que, si la liberté d’expression s’étend également à la publication de
photographies, il s’agit là néanmoins d’un domaine où la protection de la réputation et des droits d’autrui
revêt une importance particulière (Von Hannover, précité, § 59).
56. En l’espèce, la photographie du requérant fut mise à la disposition du grand public sans son agrément.
Cet agrément était pourtant nécessaire, la prise en photographie de l’intéressé n’ayant pas correspondu à
une exigence policière au sens de l’article 18 § 5 du code civil. Prise au commissariat de police par un
photographe de Akhali Thaoba, que le requérant qualifie de « paparazzi », la photographie parut dans ce
journal avec l’une des publications litigieuses de la journaliste G. Baladzé.
57. La Cour s’est déjà penchée sur la publication de photographies concernant des personnages publics
(Von Hannover, précité, § 50) ou des personnalités politiques (Schüssel, décision précitée). Elle a alors
examiné la question du respect par l’Etat défendeur des obligations positives qui lui incombent en la
matière lorsque la publication ne tire pas son origine d’une activité ou collaboration des organes de l’Etat.
La Cour a également eu à connaître de la même question dans une affaire différente dans laquelle la
requérante n’était pas une personne qui agissait dans un contexte public, mais une personne poursuivie
pénalement (Sciacca c. Italie, no 50774/99, § 28, CEDH 2005-...). Elle a conclu que le fait que l’intéressée
faisait l’objet de poursuites pénales ne pouvait restreindre le champ de protection plus large dont elle
bénéficiait en tant que « personne ordinaire » (ibid.).
58. En l’espèce, à la différence des affaires citées ci-dessus, le requérant n’était ni une personnalité
publique ni ne faisait l’objet de poursuites pénales. Amené au commissariat pour déposition, il y fut retenu
deux heures environ avant d’être relâché. Présente à ses côtés, la belle-fille de l’écrivain, accompagnée de
la journaliste auteur des publications, déposa une plainte à son encontre. L’enquête policière fut engagée
pour décider de la suite à donner à cette plainte qui, ultérieurement, fut classée sans suite en raison de
l’absence du corps du délit dans l’action du requérant.
59. La Cour rappelle que l’élément déterminant, lors de la mise en balance de la protection de la vie
privée et de la liberté d’expression, doit résider dans la contribution que l’information ou la photographie
publiée apporte au débat d’intérêt général (Von Hannover, précité, § 76 ; Tammer c. Estonie, no 41205/98,
§ 68, CEDH 2001-I ; Jaime Campmany y Diez de Revenga et Juan Luís Lopez-Galiacho Perona c. Espagne
(déc), no 54224/00, 12 décembre 2000 ; Editions Plon c. France, no 58148/00, § 43, CEDH 2004-...). En
l’occurrence, la photographie, montrant le requérant de face, accompagna l’une des interviews litigieuses
réalisées par Mme G. Baladzé. Le prénom et le nom de l’intéressé y étant expressément mentionnés, son
identification par ses proches, ses collègues et étudiants était parfaitement possible. Aux yeux de la Cour,
on ne saurait faire abstraction du contexte dans lequel cette photographie fut publiée – dans le cadre d’une
série d’interviews, contenant des propos outrageants à l’égard du requérant, créant pour lui un climat de
harcèlement continu. Dans l’interview concernée en particulier, on lisait que le requérant était « un athée
terrible » ; que, « pour lui, voler, cambrioler ne veulent rien dire » ; que [l’on savait] de quelle organisation
son père faisait partie et que le requérant « pratiquait carrément la même activité » ; que, « sur une telle
personne, il fallait jeter l’anathème » ; qu’il avait « commis un crime devant la Nation » ; et qu’il « volait
les archives dans des familles. »
60. La Cour ne discerne aucun élément, ni dans l’article concerné ni dans les observations des parties,
pouvant expliquer les raisons d’intérêt général pour lesquelles le journal décida de procéder à la publication
de la photographie litigieuse. Rien ne laisse supposer que celle-ci ait eu une valeur d’information en tant
que telle ou ait été utilisée à bon escient (cf., a contrario, Sabou et Pircalab c. Roumanie, no 46572/99,
§§ 39-41, 28 septembre 2004). Au contraire, il semblerait que la photographie ne servit qu’à montrer la
personne mentionnée dans l’interview, caractérisée comme ci-dessus.
61. Dans ces conditions, la publication de la photographie du requérant ne saurait passer pour contribuer
à un quelconque débat d’intérêt général pour la société, quel que soit le degré d’intérêt de celle-ci envers le
pillage du domicile d’un grand écrivain (voir, mutatis mutandis, Julio Bou Gibert et El Hogar Y La Moda
J.A. c. Espagne, (déc), no 14929/02, 13 mai 2003 ; Société Prisma Presse c. France (déc.), no 66910/01,
1er juillet 2003 ; Von Hannover, précité, § 76)...
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Leempoel & S.A. ED. Ciné Revue c. Belgique, no 64772/01, §§ 79-82, 9 novembre 2006
79. La Cour a affirmé à plusieurs reprises que l’élément déterminant, lors de la mise en balance de la
protection de la vie privée et de la liberté d’expression, doit résider dans la contribution que l’article publié
apporte au débat d’intérêt général. Or force est de constater qu’en l’espèce cette contribution fait défaut
(§§ 72 à 74 ci-dessus).
80. Figure également, dans l’article litigieux, une copie d’une correspondance privée de la juge au sens le
plus strict du terme. Une pièce relative à des aspects purement privés de la vie d’une personne ne saurait
passer pour contribuer à un quelconque débat d’intérêt général pour la société et les requérants n’ont pas
expliqué quels motifs sérieux en justifiait la publication intégrale.
81. Qui plus est, l’utilisation du dossier remis à la Commission d’enquête et les commentaires figurant
dans l’article pénètrent au cœur du « système de défense » qu’aurait adopté, ou pu adopter la juge devant la
Commission. Or, l’adoption d’un « système de défense » entre dans le « cercle intime » de la vie privée
d’une personne et la confidentialité de telles données personnelles doit être garantie et protégée contre toute
immixtion.
82. En conclusion, l’article en cause et sa diffusion ne peuvent être considérés comme ayant contribué à
un quelconque débat d’intérêt général pour la société (voir, mutadis mutandis, Jaime Campmany et Lopez-
Galiacho Perona c. Espagne (déc.), no 54224/00, 12 décembre 2000).
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circonstances violentes et traumatisantes pour la famille de la victime. Elle attache en outre une importance
particulière au fait que cette dernière s’était expressément opposée à la publication de la photographie.
49. Cette publication, dans un magazine de très large diffusion, a eu pour conséquence d’aviver le
traumatisme subi par les proches de la victime à la suite de l’assassinat. Ceux-ci ont donc pu légitimement
estimer qu’il avait été porté atteinte à leur droit au respect de la vie privée.
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Bibliographie sélective
précité, § 50). Elle estime aussi, avec ce même juge dissident, que de pareilles circonstances existaient en
l’espèce.
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Bibliographie sélective
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Bibliographie sélective
face. Elles ne présentaient donc pas le fils des requérants dans un état qui aurait pu être considéré comme
avilissant ou, en général, susceptible de porter atteinte à sa personnalité. Néanmoins, l’élément
prépondérant dans le cas d’espèce n’est pas le caractère plus ou moins anodin de la représentation du fils
des requérants sur les photographies incriminées, mais le fait que le photographe les a conservées sans
avoir obtenu le consentement des requérants. L’image du nouveau-né a été ainsi retenue captive par le
photographe sous une forme identifiante et elle pouvait faire l’objet d’une exploitation ultérieure, contraire
à la volonté de l’intéressé et/ou de ses parents (voir, mutatis mutandis, P.G. et J.H. c. Royaume-Uni, no
44787/98, § 57, CEDH 2001-IX).
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Recommendation No. Rec(2003)13 on the provision of information through the media in relation to
criminal proceedings; §§ 34 and 35 above). In this connection, the Court notes that the Finnish Guidelines
for Journalists, as in force at the relevant time, stated that the publication of a name and other identifying
information in this context was justified only if a significant public interest was involved (see paragraph 32
above).
64. The Court observes at the outset that the 1997 article recounted the facts of a criminal case pending
before the District Court in which X was a defendant. The pictures of X were accompanied by a question
(see paragraph 8 above): “It seemed legal, but ... a woman entrepreneur cheated to obtain a pension of over
2 million marks?” Reading the 1997 article as a whole, the Court cannot find that this statement was
excessive or misleading as it was clearly phrased as a question. Furthermore, it is of importance that the
depicted events and quotations in the article were taken from the public prosecutor’s bill of indictment,
which had become a public document the moment it was received by the District Court. In this case it is not
in dispute that the reporting on the criminal case was based on facts. The article stated that charges had
been brought against X and that the case was pending before the District Court.
65. There was no connection between the earlier article and the 1997 article other than the fact that they
were about the same person. The situation described in the earlier article did not come within the sphere of
any public debate. That being said, in the earlier article the applicant had willingly shared with the readers
her personal experiences and had consented in this connection to having her photograph published. The
1997 article must be considered to have reproduced an article which was irrelevant to the subject under
discussion, giving X’s name and picture, which were thereby expressly communicated to the general
public. It is however not for this Court, any more than it is for the national courts, to substitute its own
views for those of the press as to what techniques of reporting should be adopted by journalists (see Jersild
v. Denmark, 23 September 1994, § 31, Series A no. 298). For the sake of clarity, it is not the initial
publication of that article which is before the Court but its use as an illustration in the 1997 article.
66. The Court can accept that the purpose of the 1997 article was to contribute to a public discussion.
The criminal case brought against X was selected as an example illustrating the problems involved. While
it is perfectly legitimate to use individual cases to highlight a more general problem, the question is whether
the applicants went too far when they communicated X’s identity to the public. It is plain that X was not a
public figure or a politician but an ordinary person who was the subject of criminal proceedings (see
Schwabe v. Austria, 28 August 1992, § 32, Series A no. 242-B). The fact that she ran a relatively small
cleaning firm and had given an interview eight years previously to a magazine, which had come about in
circumstances apparently not discussed during the domestic proceedings or at any length before the Court,
does not mean that she had knowingly entered the public arena (see, mutatis mutandis, Fayed v. the United
Kingdom, 21 September 1994, § 75, Series A no. 294-B). X’s status as an ordinary person enlarges the zone
of interaction which may fall within the scope of private life. The fact that she was the subject of criminal
proceedings cannot remove from her the protection of Article 8 (see Sciacca v. Italy, no. 50774/99, § 28-29,
ECHR 2005-I).
67. In order to assess whether the “necessity” of the restriction of the exercise of the freedom of
expression has been established convincingly, the Court must examine the issue essentially from the
standpoint of the relevancy and sufficiency of the reasons given by the Supreme Court for requiring the
applicants to pay compensation to X. The Court must determine whether the applicants’ liability in
damages struck a fair balance between the public interest involved and X’s interests and whether the
standards applied were in conformity with the principles embodied in Article 10 (see Nikula v Finland,
cited above, § 44).
68. The Court considers that the general subject matter which was at the heart of the article concerned –
namely, the abuse of public funds – was a matter of legitimate public interest, having regard in particular to
the considerable scale of the abuse. From the point of view of the general public’s right to receive
information about matters of public interest, and thus from the standpoint of the press, there were justified
grounds supporting the need to encourage public discussion of the matter in general.
69. The Court observes that it is not evident that the Supreme Court in its analysis as to whether the
applicant’s privacy had been invaded attached any importance to the fact that the information given was
based on a bill of indictment prepared by the public prosecutor and that the article clearly stated that the
applicant had merely been charged.
70. Nor is it apparent what significance the Supreme Court attached to the publication of X’s
photographs together with her name. The publication of a photograph must, in the Court’s view, in general
be considered a more substantial interference with the right to respect for private life than the mere
communication of the person’s name. As the Court has held, although freedom of expression also extends
to the publication of photos, this is an area in which the protection of the rights and reputation of others
takes on particular importance (see Von Hannover, no. 59320/00, §§ 50-53 and 59, ECHR 2004-VI). Nor
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did the Supreme Court analyse the significance of the fact that the photographs had been taken with the
applicant’s consent and with the intention of their being published, albeit in connection with an earlier
article and a different context.
71. Having regard to the foregoing the Court concludes that the grounds relied on, although relevant,
were not sufficient to justify the interference with the applicants’ right to freedom of expression, in terms of
a “pressing social need”.
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61. The Court notes that two of the impugned photographs, one taken from the side, the other from a
more frontal angle, depicted B as she had left the court house accompanied by her lawyer and was being
followed by a civil clothed police officer to an unmarked police car. The third photograph, taken through
the window of the police car, depicted her seated in the back near the window. All three photographs
portrayed her distraught with a handkerchief close to her face in a state of strong emotion. She had just
been arrested inside the court house after being notified of the District Court’s judgment convicting her of
triple murder and imposing on her a 21 years’ prison sentence, the most severe sentence contemplated
under Norwegian law. It must be assumed that B, who was shown in tears and great distress, was
emotionally shaken and at her most vulnerable psychologically. As observed by the Supreme Court,
immediately in connection with the delivery of the District Court judgment she was in a state of reduced
self control, a situation which lay at the core of the protection which the relevant statutory provision was
intended to provide. Although the photographs had been taken in a public place (see, mutatis mutandis,
Peck v. the United Kingdom, no. 44647/98, §§ 57-63, ECHR 2003-I) and in relation to a public event, the
Court finds that their publication represented a particularly intrusive portrayal of B. She had not consented
to the taking of the photographs or to their publication.
62. The Court is unable to agree with the applicants’ argument that the absence of consent by B was
irrelevant in view of her previous cooperation with the press. Her situation could not be assimilated to that
of a person who voluntarily exposes himself or herself by virtue of his or her role as a politician (Lingens v.
Austria, judgment of 8 July 1986, Series A no. 103, p. 26, § 42; News Verlags GmbH & Co.KG , cited
above, § 56; Krone Verlag GmbH & Co. KG , cited above, §§ 35-39) or as a public figure (see Fressoz and
Roire v. France [GC], no. 29183/95, § 50, ECHR 1999-I; Tønsbergs Blad A.S. and Haukom v. Norway,
no. 510/04, § 87, ECHR 2007-...) or as a participant in a public debate on a matter of public interest (see,
for instance, Nilsen and Johnsen v. Norway [GC], no. 23118/93, § 52, ECHR 1999-VIII; Oberschlick v.
Austria (no. 2), judgment of 1 July 1997, Reports of Judgments and Decisions 1997-IV, pp. 1275-76,
§§ 31-35). Accordingly, the fact that B had cooperated with the press on previous occasions could not serve
as an argument for depriving her of protection against the publication by the press of the photographs in
question.
63. The Court therefore finds that the need to protect B’s privacy was equally important as that of
safeguarding due process. While the Supreme Court attached more weight to the latter (see § 35 of its
judgment quoted at § 18 above), for the European Court the former is predominant. However, when
considered in the aggregate, both reasons corresponded to a pressing social need and were sufficient. The
interests in restricting publication of the photographs outweighed those of the press in informing the public
on a matter of public concern.
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21. In addressing this problem, the Court reiterates that “private life” includes personal identity (Von
Hannover v. Germany, no. 59320/00, § 50, ECHR 2004–VI). The Court further observes that the
Convention, as interpreted in the Von Hannover judgment regarding the individual’s image, extends the
protection of private life to the protection of personal integrity. This approach itself results from a broad
interpretation of Article 8 to encompass notions of personal integrity and the free development of the
personality.
22. Concerning the question whether or not the notion of “private life” should be extended to include
reputation as well, the Court notes that the references to personal integrity in the Von Hannover judgment
reflect a clear distinction, ubiquitous in the private and constitutional law of several Member States,
between personal integrity and reputation, the two being protected in different legal ways. In the legislation
of several Member States, reputation has traditionally been protected by the law of defamation as a matter
related primarily to financial interests or social status.
23. For the Court, personal integrity rights falling within the ambit of Article 8 are unrelated to the
external evaluation of the individual, whereas in matters of reputation, that evaluation is decisive: one may
lose the esteem of society – perhaps rightly so – but not one’s integrity, which remains inalienable. In the
Court’s case-law, reputation has only been deemed to be an independent right sporadically (see Petrina
v. Romania, no. 78060/01, 14 October 2008, and Armonienė v. Lithuania, no. 36919/02, 25 November
2008) and mostly when the factual allegations were of such a seriously offensive nature that their
publication had an inevitable direct effect on the applicant’s private life. However, in the instant case, the
applicant has not shown that the publication in question, allegedly affecting his reputation, constituted such
a serious interference with his private life as to undermine his personal integrity. The Court therefore
concludes that it was the applicant’s reputation alone which was at stake in the context of an expression
made to his alleged detriment.
24. The Court reiterates that § 2 of Article 10 recognises that freedom of speech may be restricted in
order to protect reputation (see § 16 above). In other words, the Convention itself announces that
restrictions on freedom of expression are to be determined within the framework of Article 10 enshrining
freedom of speech.
25. The Court is therefore satisfied that the inherent logic of Article 10, that is to say, the special rule
contained in its second paragraph, precludes the possibility of conflict with Article 8. In the Court’s view,
the expression “the rights of others” in the latter provision encompasses the right to personal integrity and
serves as a ground for limitation of freedom of expression in so far as the interference designed to protect
private life is proportionate.
26. It follows that, notwithstanding the fact that the applicant claims a violation of Article 8 of the
Convention, the Court has to determine whether the principles inherent to Article 10 were properly applied
by the Hungarian authorities.
27. The Court observes that the impugned statement was found to be a value judgment and, as such, a
protected expression under Hungarian law. In reaching this conclusion, the authorities took into account
that the applicant was a politician, active in public life, and that the statement was made during an election
campaign in which he was a candidate, and constituted a negative opinion regarding the applicant’s public
activities. On these grounds, they found that it was constitutionally protected. The Court is satisfied that
this decision was in conformity with Convention standards (for a summary of the relevant case-law, see
Feldek v. Slovakia, no. 29032/95, §§ 72-74, ECHR 2001–VIII; Scharsach and News Verlagsgesellschaft
v. Austria, no. 39394/98, § 30, ECHR 2003–XI).
28. The above considerations enable the Court to find that the applicant’s allegation that his reputation as
a politician has been harmed is not a sustainable claim regarding the protection of his right to respect for
personal integrity under Article 8 of the Convention. A limitation on freedom of expression for the sake of
the applicant’s reputation in the circumstances of the present case would have been disproportionate under
Article 10 of the Convention.
29. Consequently, the Court concludes that there has been no violation of Article 8 of the Convention.
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Du reste, l’article et l’émission litigieux, considérés ensemble, ont présenté le requérant comme un
homme d’affaires en butte à de sérieux problèmes financiers et judiciaires, à travers quelques propos
sarcastiques – formulés en partie au conditionnel ou par ouï-dire – sur sa solvabilité et son intégrité. A cet
égard, il importe peu de savoir si ces propos visaient exclusivement la célèbre compagne du requérant,
comme les juges nationaux l’ont souligné, ou s’ils étaient dépourvus d’un intérêt public quelconque (pour
le principe, Tammer, précité, § 68, Bladet Tromsø et Stensaas, précité, § 62, Von Hannover, précité, § 65,
et Krone Verlag GmbH & Co. KG, ibidem, et les références qui y sont données), comme le requérant l’a
affirmé.
Pour la Cour, il s’agissait d’une série de spéculations tirées d’un fait judiciaire, exposées sur le ton de la
rumeur propre au genre du média en cause ; mais, contrairement à d’autres affaires comparables dont elle a
eu à connaître, les informations diffusées ne portaient pas sur les détails purement personnels de la vie du
requérant ni n’étaient le fruit d’une intrusion intolérable et continue dans celle-ci (voir, mutatis mutandis,
Von Hannover, précité, §§ 59 et 65, Campmany y Diez de Revenga et Lopez Galiacho Perona c. Espagne
(déc.), no 54224/00, CEDH 2000-XII, Julio Bou Gibert et El Hogar Y La Moda J.A. c. Espagne (déc.),
no 14929/02, 13 mai 2003, et Prisma Presse, précitée). Pareilles informations ne pouvaient constituer, pour
la vie privée du requérant, une ingérence à ce point grave que son intégrité personnelle fût lésée ; seule
pouvait donc être en jeu sa réputation, dont la protection est justement une des limites à la liberté
d’expression, au sens de l’article 10 § 2 de la Convention. Reste donc à examiner la position prise par les
juges nationaux sur ce dernier point.
En l’espèce, le tribunal de grande instance d’Istanbul, à deux reprises, a estimé que les informations
contenues dans l’article édité par le quotidien Star et l’émission diffusée par la chaîne Interstar
s’inscrivaient dans le cadre de sujets relevant du devoir d’information de la presse et qu’il n’y avait pas eu
atteinte au droit à la personnalité du requérant, en l’absence d’un élément illicite ayant causé un tort moral
quelconque. Sans se pencher spécifiquement sur la question de savoir si ces informations s’analysaient en
des « déclarations de fait » ou des « jugements de valeur » (pour la discussion en la matière, voir Backes c.
Luxembourg, no 24261/05, §§ 45-46, 8 juillet 2008 ; voir, également, Jerusalem c. Autriche, no 26958/95,
§§ 42-45, CEDH 2001-II, De Haes et Gijsels c. Belgique, § 47, 24 février 1997, Recueil des arrêts et
décisions 1997-I, et Oberschlick c. Autriche (no 2), § 33, 1er juillet 1997, Recueil 1997-IV), les juges ont
considéré qu’elles étaient « en substance, exactes » car elles provenaient des dossiers officiels ouverts
contre le requérant auprès du parquet et du bureau d’exécution forcée (à ce sujet, voir Bladet Tromsø et
Stensaas, précité, § 68). D’après eux, il existait donc une base factuelle suffisante pour justifier les propos
tenus et, par conséquent, rien ne permettait d’en sanctionner les auteurs.
La Cour estime pouvoir retenir cette interprétation malgré le fait que la publication et l’émission
litigieuses, toutes deux du 6 juillet 2000, contenaient quelques affirmations concernant, par exemple,
l’éventualité d’une faillite ou d’une arrestation policière, à propos desquelles l’on ne lit rien dans les deux
dossiers officiels en question, lesquels avaient été classés deux jours auparavant, soit le mardi 4 juillet
2000.
En effet, s’il s’agit là d’une situation qui pourrait être critiquable du point de vue de la déontologie
journalistique (voir, par exemple, Bladet Tromsø et Stensaas, précité, § 65, Colombani et autres c. France,
no 51279/99, § 65, CEDH 2002-V, et Radio France et autres, précité, § 37), la Cour y voit davantage
l’expression de la « dose d’exagération » dont il est permis d’user dans le cadre de l’exercice de la liberté
journalistique (voir, parmi beaucoup d’autres, Prager et Oberschlick c. Autriche, 26 avril 1995, § 38, série
A no 313).
Au vu de ce qui précède, rien ne permet de conclure que le tribunal de grande instance d’Istanbul a
dépassé la marge d’appréciation, lorsqu’il a relativisé le poids du droit à la protection de la vie privée du
requérant, au sens de l’article 8, dans la mise en balance des intérêts concurrents des médias mis en cause,
au regard de l’article 10 de la Convention (voir, mutatis mutandis, les décisions Société Prisma Presse,
précitées ; voir, également, la Résolution 1165 (1998) de l’Assemblée parlementaire du Conseil de
l’Europe).
Standard Verlags GmbH c. Autriche (no. 2), no 21277/05 §§ 45-54, 4 juin 2009
(uniquement en anglais)
45. The Court observes that the impugned article dealt with rumours about the claimants’ private life
and, in the case of Mr Klestil and Ms Klestil-Löffler, also their family life.
46. In this context the Court reiterates that in cases like the present one, in which the Court has had to
balance the protection of private life against freedom of expression, it has always stressed the contribution
made by photos or articles in the press to a debate of general interest (see, in particular, Von Hannover v.
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Germany, no. 59320/00, § 60, ECHR 2004-VI; see also Tammer v. Estonia, no. 41205/98, § 68, ECHR
2001-I).
47. Another important factor to be taken into account is whether the person concerned exercised any
official functions. The Court has underlined that a fundamental distinction needs to be made between
reporting facts – even controversial ones – capable of contributing to a debate in a democratic society
relating to politicians in the exercise of their functions and reporting details of the private life of an
individual who does not exercise official functions (see Von Hannover, cited above, §§ 62-63).
48. The Court has accepted that the right of the public to be informed can in certain special
circumstances even extend to aspects of the private life of public figures, particularly where politicians are
concerned (see Von Hannover, cited above, § 64, with reference to Editions Plon, cited above, § 53).
However, anyone, even if they are known to the general public, must be able to enjoy a “legitimate
expectation” of protection of and respect for their private life (see Von Hannover, cited above, § 69).
49. In the present case, it is not in dispute that all three claimants in the proceedings under the Media Act
were public figures. At the time of publication of the impugned article, Mr Klestil was the Federal
President of Austria, Mrs Klestil-Loeffler, his wife, was herself a high-ranking official at the Foreign
Ministry and Mr Scheibner was a leading politician of the Freedom Party. The parties’ opinions differ in
particular as to whether the article made any contribution to a debate of general interest.
50. The Court observes in this context that section 7 of the Media Act protects the strictly personal
sphere of any person’s life against being discussed or portrayed in a way liable to undermine him or her in
public, except where the statements published are true and directly related to public life.
51. In applying section 7 of the Media Act in the present case, the domestic courts ordered the applicant
company to pay compensation to the claimants for violating their strictly personal sphere. They found that
the impugned article had spread rumours about the presidential couple’s private life, alleging that
Ms Klestil-Loeffler intended to divorce and insinuating that Mr Scheibner possibly had an adulterous
relationship with Ms Klestil-Löffler. They dismissed the applicant company’s argument that the article was
related to public life. In that respect, they distinguished a politician’s alleged marital problems from his or
her state of health which, though belonging to the personal sphere, can have a bearing on the exercise of his
or her functions. They added that the presidential couple’s private life had not played a role during his
second term in office. In respect of Mr Scheibner they found that rumours about an alleged relationship
between him and the First Lady did not have any link with his public functions and responsibilities.
Consequently, since Article 7 of the Media Act prohibits reporting on a person’s strictly personal sphere in
absolute terms if there is no direct link with public life, the courts refused to take evidence on whether the
rumours at issue actually existed at the time.
52. The Court finds that the reasons given by the Austrian courts were “relevant” and “sufficient” to
justify the interference. It observes that the courts fully recognised that the present case involved a conflict
between the right to impart ideas and the right of others to protection of their private life. It cannot find that
they failed properly to balance the various interests concerned. In particular the courts duly considered the
claimants’ status as public figures but found that the article at issue failed to contribute to any debate of
general interest. They made a convincing distinction between information concerning the health of a
politician which may in certain circumstances be a issue of public concern (see, in particular, Editions Plon,
cited above, § 53) and idle gossip about the state of his or her marriage or alleged extra-marital
relationships. The Court agrees that the latter does not contribute to any public debate in respect of which
the press has to fulfil its role of “public watchdog”, but merely serves to satisfy the curiosity of a certain
readership (see, mutatis mutandis, Von Hannover, cited above, § 65).
53. As far as the applicant company complains that it was not allowed to prove that such rumours as
reported by the article were circulating at the time, the Court observes that while reporting on true facts
about a politician’s or other public person’s private life may be admissible in certain circumstances, even
persons known to the public have a legitimate expectation of protection of and respect for their private life.
The Court notes that at no time did the applicant company allege that the rumours were true. However,
even public figures may legitimately expect to be protected against the propagation of unfounded rumours
relating to intimate aspects of their private life.
54. Having regard to these considerations, the Court finds the domestic courts did not transgress their
margin of appreciation when interfering with the applicant company’s right to freedom of expression.
Hachette Filipacchi Associés (ICI PARIS) c. France, no 12268/03, §§ 41-55, 23 juillet 2009
41. Dans le cas d’espèce, la Cour est amenée à trancher le conflit de droits fondamentaux existant en
l’espèce entre, d’une part, le droit de la requérante à la liberté d’expression (qui englobe celui du public à
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être informé) et, d’autre part, le droit au respect de la vie privée du chanteur. Il s’agit là de droits
fondamentaux qui méritent a priori un égal respect, ce qui amène la Cour à examiner l’ensemble de la
situation et à vérifier si les autorités internes ont ménagé un juste équilibre entre ces deux droits et libertés
protégés par la Convention (voir en particulier Von Hannover, précité, § 57, et N.N. et T.A. c. Belgique,
no 65097/01, § 43, 13 mai 2008).
42. La Cour ne méconnait pas la qualité d’organe de presse libre de la requérante – ce qui n’est d’ailleurs
pas contesté par le Gouvernement – ni l’intérêt, que peut avoir, pour une partie du lectorat, le type de
publication en cause.
43. Elle considère néanmoins que, bien que la requérante tente de rattacher le sujet traité à une question
d’intérêt général – la vie culturelle française – l’article litigieux et les photos l’accompagnant, qui se
concentrent sur les difficultés financières supposées du chanteur et sur la façon dont il exploitait son nom et
son image, ne peuvent être considérés comme ayant participé ou contribué à un « débat d’intérêt général »
pour la collectivité, au sens donné par la jurisprudence de la Cour. Dans ces conditions, la marge
d’appréciation de l’Etat défendeur est plus large.
44. Tout d’abord, la Cour relève que les juridictions nationales – la Cour de cassation, dans son arrêt du
30 mai 2000, et la cour d’appel de Versailles statuant en tant que juridiction de renvoi, le 9 octobre 2002 –
ont considéré que la requérante avait porté atteinte au droit à l’image du plaignant au motif que la
publication, sans son accord, des photographies publicitaires le représentant, ne respectait pas la finalité
pour laquelle il avait donné son autorisation à la reproduction de son image.
45. Elle rappelle à cet égard qu’en principe, la protection du droit à l’image contre les abus de la part de
tiers fait partie intégrante des droits protégés par l’article 8 de la Convention (voir Von Hannover, précité,
§ 57, K. c. Lettonie, (déc.), no 71225/01, 21 octobre 2004 et, plus récemment, Gourguenidze c. Géorgie,
no 71678/01, § 55 et s., 17 octobre 2006), et que si la liberté d’expression s’étend également à la publication
de photographies, il s’agit là d’un domaine où la protection de la réputation et de la vie privée d’autrui revêt
une importance particulière (Von Hannover, précité, § 59).
46. La Cour conçoit dès lors que, de manière générale, le détournement ou l’utilisation abusive d’une
photographie, pour laquelle une personne avait autorisé sa reproduction dans un but précis, puisse être
considéré comme un motif pertinent pour restreindre le droit à la liberté d’expression. Ce constat ne suffit
toutefois pas à justifier à lui seul la condamnation de la requérante.
47. Aux yeux de la Cour, il convient d’attacher une importance particulière à la nature des clichés
publiés, qui étaient de caractère exclusivement publicitaire. Elle relève que la présente requête se distingue
des affaires qu’elle a précédemment examinées dans lesquelles les photographies litigieuses procédaient de
manœuvres frauduleuses ou clandestines (voir, en ce qui concerne des photographies prises au téléobjectif à
l’insu des victimes, Von Hannover, précité, § 68, et Société Prisma Presse, précitée), ou bien révélaient des
détails de la vie privée des personnes en s’immisçant dans leur intimité (voir, s’agissant de la publication de
photos sur une prétendue relation adultère, Campmany et Lopez Galiacho Perona c. Espagne (déc.),
no 54224/00, CEDH 2000-XII).
48. La Cour considère surtout que ces clichés n’étaient ni dénaturés, ni détournés de leur finalité
commerciale, puisqu’ils illustraient, de manière certes critique, l’information du journal selon lequel le
chanteur, pour satisfaire ses besoins financiers, vendait son image au profit de produits de consommation
divers et variés – produits dont les lieux de vente étaient au demeurant indiqués par le magazine lui-même,
comme l’a relevé la cour d’appel de Paris dans son arrêt du 6 mars 1998 (§ 10 ci-dessus).
49. La Cour relève ensuite que la requérante a été condamnée pour avoir porté atteinte au respect dû à la
vie privée du chanteur, motif pris de ce que les informations publiées portaient sur son mode de vie
dépensier et sur sa personnalité, sans que leur révélation antérieure par l’intéressé soit de nature à en
justifier la publication.
50. Si les informations portant sur la personnalité d’un individu peuvent constituer, au regard du droit au
respect de la vie privée, un motif pertinent pour les juridictions permettant de restreindre le droit à la liberté
d’expression (voir, en ce sens, Leempoel & S.A. ED. Ciné Revue c. Belgique, précité, § 77), un tel motif,
n’apparait pas en l’espèce suffisant, pour justifier la condamnation de la requérante.
51. La Cour note d’abord que les éléments d’information concernant la manière dont l’intéressé gérait et
dépensait généreusement son argent, ne relevaient pas du cercle intime de la vie privée protégée par
l’article 8 de la Convention.
52. La Cour constate ensuite que la révélation antérieure par l’intéressé lui-même des informations
litigieuses est un élément essentiel de l’analyse de l’immixtion reprochée à la société de presse dans
certains aspects de la vie privée du chanteur. En effet, les informations, une fois portées à la connaissance
du public par l’intéressé lui-même, cessent d’être secrètes et deviennent librement disponibles.
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Selon la Cour, les révélations du chanteur, une fois rendues publiques, affaiblissent le degré de protection
à laquelle ce dernier pouvait prétendre au titre de sa vie privée, s’agissant désormais de faits notoires et
d’actualité.
Or, la divulgation de ces informations n’a été prise en compte par la cour d’appel de Versailles que lors
de l’évaluation de la réparation allouée, et n’a eu aucune incidence sur l’appréciation même de la faute
reprochée à la requérante.
53. De l’avis de la Cour, c’est pourtant là un critère déterminant dans l’appréciation de l’équilibre à
ménager entre le droit de la requérante à la liberté d’expression et celui du chanteur au respect de sa vie
privée. Dans la mesure où la requérante a repris, sans les déformer, une partie des informations librement
divulguées et rendues publiques par le chanteur, notamment dans son autobiographie, sur ses biens et sur la
façon dont il employait son argent, la Cour est d’avis que celui-ci ne conservait plus une « espérance
légitime » de voir sa vie privée effectivement protégée (Von Hannover, précité, § 51 ; voir également,
mutatis mutandis, Halford c. Royaume-Uni, arrêt du 25 juin 1997, Recueil 1997-III, § 45 ).
54. Bien que la tonalité générale de l’article incriminé puisse paraître négative à l’égard du chanteur, la
Cour constate également que l’article litigieux ne renfermait aucune expression offensante ou volonté de
nuire envers Johnny Hallyday (voir, a contrario, Shabanov et Tren c. Russie, no 5433/02, § 41,
14 décembre 2006, et Tammer, précité, §§ 65-67). Il en résulte que la requérante, ayant eu recours à la dose
« d’exagération » et de « provocation » qui est permise dans le cadre de l’exercice de la liberté
journalistique dans une société démocratique (Prager et Oberschlick c. Autriche, 26 avril 1995, § 38), n’a
pas dépassé les limites qui y sont attachées.
55. En conclusion, même si les motifs invoqués par les juridictions internes peuvent apparaître
pertinents, ils ne suffisent pas à démontrer que l’ingérence dénoncée dans le droit de la requérante était
« nécessaire dans une société démocratique ». La Cour n’estime pas indispensable, dans ces conditions,
d’examiner la nature et le quantum de la condamnation infligée pour mesurer la proportionnalité de
l’ingérence. Compte tenu de tous ces éléments, et en dépit de la marge d’appréciation élevée laissée à l’Etat
en la matière, la Cour estime que le juste équilibre entre les intérêts concurrents en jeu n’a pas été ménagé
en l’espèce.
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reached very different conclusions as to whether B. could be considered as having waived her right to
privacy when choosing to become involved with a public figure and in being a party to the incident of
4 December 1996, leading also to her conviction. In the Court’s opinion this indicates that, at least to some
degree, the national authorities also considered that the public interest was engaged in the reporting.
86. The Court further notes that the emphasis in the articles in question was clearly on A.’s feelings after
his dismissal and conviction, and on the repercussions of the incident on his family life. One of the articles
was based on A.’s interview. It is possible that the events were presented in a somewhat colourful manner
to boost the sales of the magazines, but this is not in itself sufficient to justify the applicants’ conviction.
87. The Court next observes that the incident of 4 December 1996 and the subsequent dismissal of A.
and the convictions of A. and B. had been widely publicised and discussed in the media, including in a
programme broadcast nationwide on prime-time television (see §§ 8 and 36 above). Thus, the articles in
question did not disclose B.’s identity in this context for the first time (see Eerikäinen and Others
v. Finland, cited above; and Egeland and Hanseid v. Norway, cited above).
88. Moreover, the Court notes that the articles were published right after the convictions of A. and B.,
leading to the dismissal of A. The articles were thus closely linked in time to these events.
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laquelle a habituellement pour objet de satisfaire la curiosité d’un certain public sur les détails de la vie
strictement privée d’une célébrité.
35. Quant à la nature des photographies illustrant ce livre, la Cour relève qu’il s’agit exclusivement de
clichés déjà publiés pour lesquels le chanteur a posé. Ainsi, la présente affaire se distingue des affaires dans
lesquelles les photographies litigieuses procédaient de manœuvres frauduleuses ou clandestines (voir, en ce
qui concerne des photographies prises au téléobjectif à l’insu de personnalités connues, Von Hannover
c. Allemagne, no 59320/00, § 68, CEDH 2004-VI) ou bien révélaient des détails de la vie privée des
personnes en s’immisçant dans leur intimité (voir, en ce qui concerne la publication de photos sur une
prétendue relation adultère, Campmany et Lopez Galiacho Perona c. Espagne (déc.), no 54224/00, CEDH
2000-XII).
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circumstances, strong reasons to substitute its view for that of the domestic courts (see Von Hannover v.
Germany (no. 2) [GC], cited above, § 107; and Axel Springer AG v. Germany [GC], cited above, § 88).
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by hiding and using a strong telephoto lens from a distance of approximately 250 meters. In the view of the
Supreme Court, however, for the bridal couple:
“the situation would not have been any better if the photography had taken place somewhere closer, or from a
place where the photographer and journalist could have been seen by the wedding party. This could have
disturbed the whole wedding. Nor was the photography in the nature of a breach of confidence, as it would have
been if for example any of the participants had published personal photographs taken during or in connection
with the wedding. The situation would have been different if the photographs had been of events taking place in
a closed area, where the subjects had reason to believe that they were unobserved”.
40. The Supreme Court went on to analyse paragraphs 59 and 68-69 in the judgment Von Hannover v.
Germany, (no.1), cited above, and noted in particular that in that judgment, the way in which the photographs
were published and the constant photography constituted harassment of the aggrieved party (similarly to the
previous “Big Brother case” but unlike the present case) and also an invasion of privacy.
41. It also pointed out that neither the text nor the photographs in the disputed magazine article contained
anything unfavourable to the applicants. It did not contain any criticism, nor was there anything in the content
that could damage their reputation.
42. There were no photographs of the actual marriage ceremony. In the view of the Supreme Court, however,
had there been photographs of the actual wedding ceremony, such a situation would clearly have had more
personal significance than photographs showing the bridal couple arriving at or leaving the place where the
wedding took place.
43. Moreover the Supreme Court examined the way the wedding was conducted and reiterated the principle
set out in Von Hannover v. Germany, (no.1), cited above, that the concept of private life is comprehensible, and
includes “a zone of interaction of a person with others, even in a public context, which may fall within the scope
of ‘private life’. It thus noted that the wedding was organised in a very unusual way, for example with the arrival
of the bride in an open boat and the presence of a men’s choir singing a hymn on the islet. Moreover, since the
ceremony took place in an area that was accessible to the public, easily visible, and a popular holiday location, it
was likely to attract attention by third parties. The Court accepts the Supreme Court’s view in this respect that
these elements should also be given a certain amount of weight.
44. In the opinion of the Court, both the majority and the minority of the Norwegian Supreme Court carefully
balanced the right of freedom of expression with the right to respect for private life, and explicitly took into
account the criteria set out in the Court’s case-law which existed at the relevant time. In addition, de facto, the
Supreme Court assessed all the criteria identified and developed in the subsequent case-law, notably in Von
Hannover (no. 2) and Axel Springer AG, both cited above. The Court therefore finds reason to point out that,
although opinions may differ on the outcome of a judgment, “where the balancing exercise has been undertaken
by the national authorities in conformity with the criteria laid down in the Court’s case-law, the Court would
require strong reasons to substitute its view for that of the domestic courts” (see, Von Hannover v. Germany (no.
2), cited above, § 107 and Axel Springer AG v. Germany, cited above, § 88).
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54. Pour ce qui est de l’objet du reportage, la Cour renvoie à ses conclusions ci-dessus (paragraphe 51).
55. En ce qui concerne le comportement antérieur de la requérante, la Cour constate que la requérante a
montré, notamment par l’introduction d’actions judiciaires (voir, par exemple, les paragraphes 6-8 ci-
dessus), qu’elle ne souhaitait pas que des photos sur sa vie privée apparaissent dans la presse. Elle relève en
l’espèce que les juridictions allemandes ne se sont pas explicitement penchées sur ce point. Il ressort
cependant des conclusions notamment de la Cour fédérale de justice que celle-ci a tenu compte de cette
circonstance en substance lors de l’appréciation du degré de notoriété de la requérante et des circonstances
de la prise de photo (voir, mutatis mutandis, Küchl c. Autriche, no 51151/06, § 80, 4 décembre
2012 ; Verlagsgruppe News GmbH et Bobi c. Autriche, no 59631/09, § 83, 4 décembre 2012). La Cour en
conclut que cet élément a dès lors été suffisamment pris en considération lors de la mise en balance des
intérêts divergents en jeu.
56. La Cour note aussi que la Cour constitutionnelle fédérale a qualifiée la photo litigieuse de petit
format. La Cour fédérale de justice quant à elle a estimé que la photo en tant que telle n’avait pas d’effet de
violation propre. En ce qui concerne enfin les circonstances de sa prise, la Cour observe que la Cour
fédérale de justice, dans son deuxième arrêt, a constaté que la requérante n’avait pas soutenu que la photo
avait été prise clandestinement ou à l’aide de moyens équivalents et n’avait pas non plus avancé d’autres
arguments qui, d’après le concept de protection échelonnée, rendraient la publication illicite en l’absence
d’un consentement de la requérante. La Cour en conclut que ces éléments ne commandaient pas un examen
plus approfondi, faute d’indications pertinentes de la part de la requérante et en l’absence de circonstances
particulières de nature à justifier l’interdiction de la publication de la photo (voir Von Hannover (no2),
précité, § 123).
57. La Cour constate que les juridictions nationales ont pris en considération les critères essentiels pour
la mise en balance des différents intérêts en jeu, ainsi que la jurisprudence de la Cour.
58. Dans ces conditions, et eu égard à la marge d’appréciation dont les juridictions nationales disposent
en la matière lorsqu’elles mettent en balance des intérêts divergents (Von Hannover (no 2), précité, § 126),
la Cour conclut que les juridictions nationales n’ont pas manqué à leurs obligations positives à l’égard de la
requérante au titre de l’article 8 de la Convention. Partant, il n’y a pas eu violation de cette disposition.
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Gouvernement n’ont justifié la condamnation du requérant en parlant d’incitation à la violence ou de
discours de haine.
La Cour tient compte par ailleurs du fait qu’il s’agissait d’assertions orales prononcées lors d’une
conférence de presse, ce qui a ôté la possibilité au requérant de les reformuler, de les parfaire ou de les
retirer avant qu’elles ne soient rendues publiques (Fuentes Bobo c. Espagne, no 39293/98, § 46, 29 février
2000, et Birol c. Turquie, no 44104/98, § 30, 1er mars 2005).
55. La Cour constate ensuite que, pour condamner le requérant, les juridictions internes se sont appuyées
sur l’article 490 § 3 du code pénal, disposition qui accorde au chef de l’État un niveau de protection plus
élevé qu’à d’autres personnes (protégées par le régime commun de l’injure) ou institutions (tels que le
gouvernement et le Parlement) à l’égard de la divulgation d’informations ou d’opinions les concernant, et
qui prévoit des sanctions plus graves pour les auteurs de déclarations injurieuses (paragraphes 27-29 ci-
dessus). À cet égard, la Cour a déjà déclaré qu’une protection accrue par une loi spéciale en matière
d’offense n’est, en principe, pas conforme à l’esprit de la Convention. Dans son arrêt Colombani et autres,
précité, elle avait examiné l’article 36 de la loi française du 29 juillet 1881, abrogée depuis, portant sur les
délits contre les chefs d’État et agents diplomatiques étrangers. Elle avait observé que l’application de
l’article 36 de la loi de 1881 conférait aux chefs d’État étrangers un privilège exorbitant, les soustrayant à la
critique seulement en raison de leur fonction ou statut, ce qui ne pouvait se concilier avec la pratique et les
conceptions politiques d’aujourd’hui. Elle avait donc conclu que c’était le régime dérogatoire de protection
prévu par l’article 36 de la loi de 1881 pour les chefs d’État étrangers qui était attentatoire à la liberté
d’expression, et nullement le droit pour ces derniers de faire sanctionner les atteintes à leur honneur dans
les conditions de droit reconnues à toute personne (Colombani et autres, précité, § 69). Dans son arrêt
Artun et Güvener, précité, la Cour a estimé que ce qui avait été énoncé dans l’arrêt Colombani et autres,
précité, au sujet des chefs d’État étrangers, valait à plus forte raison s’agissant de l’intérêt d’un État de
protéger la réputation de son propre chef d’État : pareil intérêt ne pouvait justifier de conférer à ce dernier
un privilège ou une protection spéciale vis-à-vis du droit d’informer et d’exprimer des opinions à son sujet
(Artun et Güvener, précité, § 31 ; voir également, en ce qui concerne la surprotection du statut du président
de la République en matière civile, Pakdemirli, précité, § 52).
56. La Cour estime que, malgré les différences existant avec un régime républicain comme celui de la
Turquie, les principes qui se dégagent de sa propre jurisprudence en la matière sont en théorie aussi
valables s’agissant d’un régime monarchique tel que celui de l’Espagne, où le roi occupe une position
institutionnelle singulière, comme le rappelle le Gouvernement. En effet, dans l’affaire Pakdemirli,
précitée, la surprotection du président de la République tenait aussi au fait que la personne occupant cette
fonction était dépouillée du titre d’homme politique et portait celui d’homme d’État (Pakdemirli, précité, §
51). La Cour estime que le fait que le roi occupe une position de neutralité dans le débat politique, une
position d’arbitre et de symbole de l’unité de l’État, ne saurait le mettre à l’abri de toute critique dans
l’exercice de ses fonctions officielles ou – comme en l’espèce – en tant que représentant de l’État, qu’il
symbolise, notamment de la part de ceux qui contestent légitimement les structures constitutionnelles de cet
État, y compris son régime monarchique. À cet égard, elle note que le Tribunal supérieur de justice du Pays
basque, qui a relaxé le requérant en première instance, a rappelé que critiquer une institution
constitutionnelle n’est pas exclu du droit à la liberté d’expression (paragraphe 13 ci-dessus). La Cour se
doit de souligner que c’est justement lorsqu’on présente des idées qui heurtent, choquent et contestent
l’ordre établi que la liberté d’expression est la plus précieuse (Women On Waves et autres c. Portugal,
no 31276/05, § 42, 3 février 2009). En outre, elle estime que le fait que le roi soit « irresponsable » en vertu
de la Constitution espagnole, notamment sur le plan pénal, ne saurait faire obstacle en soi au libre débat sur
son éventuelle responsabilité institutionnelle, voire symbolique, à la tête de l’État, dans les limites du
respect de sa réputation en tant que personne.
57. À cet égard, la Cour considère qu’en l’espèce les propos litigieux ne mettaient pas en cause la vie
privée du roi (voir, a contrario, Standard Verlags GmbH c. Autriche (no 2), no 21277/05, 4 juin 2009,
affaire dans laquelle étaient en cause les aspects intimes de la vie privée du président autrichien ; voir
également Von Hannover c. Allemagne, no 59320/00, § 64, CEDH 2004-VI) ou son honneur personnel, et
qu’ils ne comportaient pas une attaque personnelle gratuite contre sa personne (voir, a contrario,
Pakdemirli, précité, § 46). Elle note aussi que pour le Tribunal supérieur de justice du Pays basque, les
déclarations du requérant ont été prononcées dans un contexte public et politique, étranger au « noyau
ultime de la dignité des personnes » (paragraphe 14 ci-dessus). La Cour observe par ailleurs que ces propos
ne mettaient pas non plus en cause la manière dont le roi s’était acquitté de ses fonctions officielles dans un
domaine particulier ni ne lui attribuaient une quelconque responsabilité individuelle dans la commission
d’une infraction pénale concrète. Les formules employées par le requérant visaient uniquement la
responsabilité institutionnelle du roi en tant que chef et symbole de l’appareil étatique et des forces qui,
selon les dires du requérant, avaient torturé les responsables du journal Euskaldunon Egunkaria.
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qu’il contient avaient été divulguées par les médias n’était pas « de nature à faire disparaître le trouble et le
dommage qui renaîtraient pour les demandeurs d’une reprise de la diffusion de ce livre ». Le tribunal ajouta
que le seul moyen d’y parvenir était l’interdiction de l’ouvrage ; il souligna à cet égard qu’« au regard de
leur volume rédactionnel, les passages précités du livre « Le Grand Secret » révélant des faits couverts par
le secret médical ne peuvent être dissociés des autres passages de l’ouvrage, sauf à vider celui-ci de
l’essentiel de son contenu et, par voie de conséquence, à le dénaturer ».
53. La Cour n’est pas convaincue par de telles justifications. Elle souligne que, le 23 octobre 1996,
lorsque le tribunal de grande instance de Paris a rendu son jugement, le décès de François Mitterrand
remontait à neuf mois et demi. Manifestement, l’on ne se trouvait plus dans le même contexte que celui qui
prévalait lorsque, le 18 janvier 1996, le juge des référés avait ordonné l’interruption provisoire de la
diffusion du Grand Secret. Ledit juge statuait alors au lendemain de la sortie de l’ouvrage, laquelle
intervenait dix jours à peine après le décès du président Mitterrand ; comme la Cour l’a souligné
précédemment, la diffusion de l’ouvrage à une date si proche de ce décès ne pouvait qu’aviver la légitime
émotion des proches du défunt, héritiers de ses droits (paragraphe 47 ci-dessus). Selon la Cour, plus la date
du décès s’éloignait, plus cet élément perdait de son poids. Parallèlement, plus le temps passait, plus
l’intérêt public du débat lié à l’histoire des deux septennats accomplis par le président Mitterrand
l’emportait sur les impératifs de la protection des droits de celui-ci au regard du secret médical. Il ne s’agit
certes pas pour la Cour de considérer que les exigences du débat historique peuvent délier un médecin du
secret médical, qui, en droit français, est général et absolu, sauf les strictes exceptions fixées par la loi elle-
même. Mais, à partir du moment où celui-ci avait été enfreint, ce qui a entraîné pour l’auteur de cette
violation des sanctions pénales (et disciplinaires), le passage du temps doit nécessairement être pris en
compte pour apprécier la compatibilité avec la liberté d’expression d’une mesure aussi grave que
l’interdiction, en l’espèce elle aussi générale et absolue, d’un livre.
En outre, lorsque le juge civil a statué au principal, non seulement cet ouvrage avait été vendu à environ
40 000 exemplaires, mais, en plus, il avait été diffusé sur Internet et avait fait l’objet de nombreux
commentaires dans les médias. À ce moment-là, les informations qu’il contient avaient donc, de fait, perdu
l’essentiel de leur confidentialité. En conséquence, la sauvegarde du secret médical ne pouvait plus
constituer un impératif prépondérant (voir, mutatis mutandis, les arrêts Weber c. Suisse, 22 mai 1990, série
A no 177, p. 23, § 51, Observer et Guardian précité, p. 33, §§ 66 et suiv., Vereniging Weekblad Bluf!
précité, p. 20, § 41, et Fressoz et Roire précité, § 53).
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Supreme Court of O.T.’s status. For the Court, the majority did not give sufficient weight to the political
nature of her functions and to the public context in which she discharged these functions.
67. The Court observes in this connection that the impugned article had a direct bearing on matters of
public interest, namely the presidential election campaign. Moreover, the facts that P.N.’s ex-spouse had
conducted election debates on television prior to the publishing of the article and that the article had
apparently been politically motivated and intended to affect the campaign are also of relevance in this
respect. Taking into account that the article was published during the presidential election campaign and
was thus closely linked to it in time, the Court considers that, unlike in the Von Hannover case, the article
did not only satisfy the curiosity of certain readers but it also contributed to an important matter of public
interest in the form of political background information (compare and contrast Von Hannover v. Germany,
cited above, § 76).
Von Hannover c. Allemagne (no 2) [GC], nos 40660/08 et 60641/08, voir les §§ 95-126
(voir directement d’arrêt ici)
Arrêt Polanco Torres et Movilla Polanco c. Espagne, no 34147/06, § 40, § 44, §§47-48,
21 septembre 2010
40. En ce qui concerne l’applicabilité de l’article 8, la Cour rappelle que la notion de « vie privée »
comprend des éléments se rapportant à l’identité d’une personne tels que son nom, sa photo, son intégrité
physique et morale; la garantie offerte par l’article 8 de la Convention est principalement destinée à assurer
le développement, sans ingérences extérieures, de la personnalité de chaque individu dans les relations avec
ses semblables. Il existe donc une zone d’interaction entre l’individu et des tiers qui, même dans un
contexte public, peut relever de la « vie privée » (voir Von Hannover c. Allemagne, no 59320/00, § 50,
CEDH 2004-VI). Il est admis dans la jurisprudence de la Cour que le droit d’une personne à la protection
de sa réputation est couvert par l’article 8 en tant qu’élément du droit au respect de la vie privée (Chauvy et
autres c. France, no 64915/01, § 70, CEDH 2004-VI, Leempoel & S.A. ED. Ciné Revue c. Belgique,
no 64772/01, § 67, 9 novembre 2006, et Petrina c. Roumanie, no 78060/01, § 28, 14 octobre 2008). La Cour
a déjà jugé que la réputation d’une personne fait partie de son identité personnelle et de son intégrité
morale, qui relèvent de sa vie privée, même dans le cadre d’une critique dans le contexte d’un débat
politique (Pfeifer c. Autriche, no 12556/03, § 35, CEDH 2007-XII). Les mêmes considérations s’appliquent
à l’honneur d’une personne (voir Sanchez Cardenas c. Norvège, no 12148/03, § 38, 4 octobre 2007, et A.
c. Norvège, no 28070/06, § 64, 9 avril 2009). Encore faut-il que les allégations factuelles soient
suffisamment graves et que leur publication ait des répercussions directes sur la vie privée de la personne
concernée. Pour que l’article 8 entre en jeu, la publication pouvant ternir la réputation d’une personne doit
constituer une atteinte à sa vie privée d’une gravité telle que son intégrité personnelle soit compromise
(Karakó c. Hongrie, no 39311/05, § 23, 28 avril 2009).
(...)
b) Application des principes susmentionnés au cas d’espèce
44. La présente espèce porte sur la publication d’un article de presse susceptible d’affecter la réputation
et l’honneur de la première requérante ainsi que de son mari décédé, C.M. La Cour observe que cet article
contenait des allégations factuelles à l’égard de la première requérante, dont les liens familiaux avec C.M.,
président du Tribunal supérieur de justice de Cantabrie à l’époque des faits, étaient directement mentionnés.
Elle relève que ces imputations factuelles, concernant des opérations irrégulières avec de l’ « argent noir »,
étaient d’une gravité telle que l’intégrité personnelle des intéressés pouvait être lésée (voir, a contrario,
Karakó, § 23, et Pipi c. Turquie (déc), no 4020/03, 12 mai 2009). L’article 8 de la Convention trouve donc à
s’appliquer, ce que les parties ne contestent pas.
(...)
47. La Cour estime que le fait de mettre directement en cause des personnes déterminées, en l’espèce la
première requérante et son mari, en indiquant leurs noms, impliquait pour le journaliste auteur de l’article
litigieux l’obligation de fournir une base factuelle suffisante. Elle relève à cet égard que l’article litigieux
s’appuyait, en substance, sur le compte rendu des informations contenues dans la comptabilité originale
d’Intra dont le journal se disait être en possession, concernant des prétendues « opérations irrégulières » de
la première requérante avec cette société. Tel qu’il ressort de l’article, l’authenticité de cette comptabilité
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avait été vérifiée par l’ancien comptable de la société, M.L., dont les déclarations étaient citées entre
guillemets à plusieurs reprises. Ces déclarations auraient été obtenues au cours d’un entretien entre le
journaliste auteur de l’article et M.L. De surcroît, en bas de la même page, le journal a publié le démenti de
la première requérante, offrant ainsi au public l’occasion de confronter les versions des différentes parties
en cause. Pour ces raisons, la Cour partage l’avis exprimé par le Tribunal constitutionnel selon lequel
l’article litigieux avait des éléments caractéristiques du reportage neutre.
48. La Cour rappelle à cet égard que, s’agissant de reportages de presse fondés sur des entretiens, il
convient de distinguer les déclarations qui émanent du journaliste lui-même de celles qui sont des citations
de tiers. En effet, sanctionner un journaliste pour avoir aidé à la diffusion de déclarations émises par un
tiers lors d’un entretien entraverait gravement la contribution de la presse aux discussions de problèmes
d’intérêt général et ne saurait se concevoir sans raisons particulièrement sérieuses (Jersild c. Danemark,
23 septembre 1994, § 35, série A no 298).
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articles purported to contribute to a debate on an issue of public concern. Accordingly, the Russian courts
were required to demonstrate a “pressing social need” for the interference with the applicant’s freedom of
expression, but failed to do so.
(...)
48. Furthermore, as regards the charge of criminal insult, the Court notes that the condition sine qua non
for legal characterisation of a certain statement as constituting the offence of criminal insult under the
Russian Criminal Code was the presence of obscene words. However, no such words were identified either
in the list of charges compiled by the prosecution or in the judgments of the domestic courts. The expert’s
report commissioned by the investigation did not find any such obscenities in the text either. The expert
solely stated that “tolerance... [was] uncharacteristic of the Russian mentality” and that the Russian
language contained a significant number of pejorative and rude terms for describing homosexuals. Be that
as it may, the Court is unable to discern any such pejorative or rude terms in the text of the original article.
Even the word “homosexual” – which may appear to be the most objectionable term in the article – was
employed in a rhetorical question without reference to either Mr V. or Mr K. The Court therefore
distinguishes the present case from those in which an applicant’s criminal conviction for the use of strong
or even obscene language to describe other people’s lives led it to find no violation of Article 10 (see, for
example, Tammer v. Estonia, no. 41205/98, §§ 64-71, ECHR 2001-I, and Constantinescu v. Romania,
no. 28871/95, §§ 70-78, ECHR 2000-VIII).
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PRINCIPLES EMERGING FROM THE COURT’S CASE-LAW ON CONFLICTS BETWEEN
ARTICLE 8 AND ARTICLE 10 RIGHTS IN RELATION TO PUBLIC FIGURES
Bibliographie sélective
with his status constituted clear statements of fact (compare and contrast Scharsach and News
Verlagsgesellschaft v. Austria, no. 39394/98, § 41, ECHR 2003-XI).
Krone Verlag Gmbh & Co. KG c. Autriche, no 34315/96, §§ 35-37, 26 février 2002
(uniquement en anglais)
35. The Court recalls further that there is little scope for restrictions on political speech or questions of
public interest (see e.g. Nilsen and Johnsen v. Norway [GC], no. 23118/93, § 46, ECHR 1999-VIII). The
limits of acceptable criticism are wider with regard to a politician acting in his public capacity than in
relation to a private individual, as the former inevitably and knowingly lays himself open to close scrutiny
of his every word and deed by both journalists and the public at large, and he must display a greater degree
of tolerance. A politician is certainly entitled to have his reputation protected, even when he is not acting in
his private capacity, but the requirements of that protection have to be weighed against the interests of the
open discussion of political issues (e.g. Oberschlick v. Austria judgment of 23 May 1991, Series A no. 204,
p. 26, § 59).
36. In the present case, the applicant company criticised Mr Posch, a politician. The subject matter of the
published articles concerned his financial situation and the accusation that not all of his income had been
earned lawfully. This is without doubt a matter of public concern which does not fall wholly within his
private sphere. The reasons relied on by the Austrian courts for issuing an injunction prohibiting the
applicant company from publishing the picture of Mr Posch were essentially that they did not consider Mr
Posch a person known to the public and that the publication of his picture in connection with the reporting
of his financial situation would make it possible to identify him, which infringed his interests. The applicant
company had no legitimate interest in publishing the picture as it had no information value per se and it
was irrelevant whether the facts alleged in the accompanying article were true or not.
37. Even accepting that the reasons adduced by the Austrian courts were “relevant”, the Court finds that
they were not “sufficient”. The Austrian courts failed to take into account the essential function the press
fulfils in a democratic society and its duty to impart information and ideas on all matters of public interest
(Bladet Tromsø and Stensaas v. Norway [GC], no. 21980/93, § 59, ECHR 1999-III). Moreover, it is of little
importance whether a certain person (or his or her picture) is actually known to the public. What counts is
whether this person has entered the public arena. This is the case of a politician on account of his public
functions (Oberschlick v. Austria judgment (No. 2) of 1 July 1997, Reports of Judgments and Decisions
1997-IV, § 29), a person participating in a public debate (Nilsen and Johnsen v. Norway [GC], no
23118/93, ECHR 1999-VIII, § 52), an association which is active in a field of public concern, on which it
enters into public discussions (Jerusalem v. Austria, no. 26958/95, §39, 27.2.2001), or a person who is
suspected of having committed offences of a political nature which attract the attention of the public (News
Verlags GmbH & Co. KG v. Austria, loc. cit., § 54). In view of Mr Posch’s position as a politician there is
no doubt that he had entered the public arena and had to bear the consequences thereof. Thus, there is no
valid reason why the applicant company should be prevented from publishing his picture. In this respect the
Court attaches particular importance to the fact that the published photographs did not disclose any details
of his private life (see Tammer v. Estonia, no. 41205/98, § 68, 6.2.2001). Moreover, the Court has noted
itself that on the Austrian Parliament’s internet site the curriculum vitae and picture of Mr Posch, who is
still a member of the Austrian Parliament (national council), can be seen.
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