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LITTÉRATURE ET PRESSE :

CHAPITRE 4, LA FORCE DE
L'ÉLOQUENCE

Course contents
Table des matières
1 ACCUEIL DE LA SÉQUENCE ..........................................................................................................................3
1.1 PRÉSENTATION DU CHAPITRE.......................................................................................................................3
2 SÉANCE 1 : LECTURE DU DISCOURS DE ROBERT BADINTER ....................................................................3
2.1 PRÉSENTATION DE LA SÉANCE 1...................................................................................................................3
2.2 REPÈRES BIOGRAPHIQUES ...........................................................................................................................4
2.3 UN PEU D’HISTOIRE … ................................................................................................................................5
2.4 ANALYSER L’EXORDE ..................................................................................................................................6
2.5 LES ARGUMENTS ........................................................................................................................................6
2.6 LA DÉLIBÉRATION.......................................................................................................................................7
2.7 LA RÉFUTATION .........................................................................................................................................8
2.8 LA PÉRORAISON .........................................................................................................................................8
2.9 RÉDIGER UN PARAGRAPHE DE SYNTHÈSE .......................................................................................................9
2.10 SYNTHÈSE DE LA SÉANCE ..........................................................................................................................10
3 SÉANCE 2 : LECTURE DU DISCOURS D’AIMÉ CÉSAIRE .............................................................................11
3.1 INTRODUCTION DE LA SÉANCE ....................................................................................................................11
3.2 OBSERVER L’ÉCRITURE ET LES CHANGEMENTS DE RYTHME ............................................................................12
3.3 L’IMPLICATION DU LOCUTEUR ....................................................................................................................12
3.4 DÉFINIR LA NÉGRITUDE ............................................................................................................................13
3.5 L’IMPORTANCE DE LA MÉMOIRE, DU PATRIMOINE ..........................................................................................14
3.6 LA FORCE DE LA COMPARAISON ..................................................................................................................15
3.7 LE CHAMP LEXICAL DE LA RÉVOLTE .............................................................................................................15
3.8 LA CRITIQUE DES EUROPÉENS ....................................................................................................................15
3.9 POUR SYNTHÉTISER ..................................................................................................................................16
3.10 SYNTHÈSE DE LA SÉANCE 2 .......................................................................................................................16
4 SÉANCE 3 : UN DISCOURS CÉLÈBRE QUI A CHANGÉ L’HISTOIRE : « I HAVE A DREAM » .......................17
4.1 INTRODUCTION DE LA SÉANCE ....................................................................................................................17
4.2 MARTIN LUTHER KING ..............................................................................................................................18
4.3 CONNAÎTRE LE CONTEXTE ..........................................................................................................................19
4.4 LE DISCOURS ...........................................................................................................................................19
4.5 QCM POUR VÉRIFIER VOTRE COMPRÉHENSION DES VIDÉOS ............................................................................19
4.6 SYNTHÈSE ...............................................................................................................................................21
5 SYNTHÈSE DE LA SÉQUENCE .....................................................................................................................21
5.1 SYNTHÈSE DE LA SÉQUENCE ......................................................................................................................21
6 DOCUMENTATION........................................................................................................................................22
7 AIDE AU SURLIGNAGE.................................................................................................................................22
1 Accueil de la séquence

1.1 Présentation du chapitre

Buste de cicéron
Cliquez sur les titres pour découvrir le résumé de chaque séance.

Séance 1
Analyse du discours de Robert Badinter à l’Assemblée nationale le 17 septembre 1981
Séance 2
Analyse du discours d’Aimé Césaire
Séance 3
Un discours qui a changé l’histoire, « I have a dream »

1.1.1 Objectifs de la séquence

Nous vous proposons dans ce chapitre d’observer comment certaines personnes ont su user de l’art de
l’éloquence pour défendre des causes qui leur semblait justes.

1.1.2 Résumé de la séquence

La rhétorique s’entend généralement comme l'art de persuader, d'influencer le destinataire du message


par toutes sortes de techniques, verbales et non verbales. À ce titre, le maintien corporel, les gestes, les
mimiques et l'image en relèvent s'ils sont destinés à emporter l'adhésion d'un public. Elle se définit alors
comme l'art du rhéteur et sa fonction devient didactique plus que pratique: le rhéteur enseigne en effet les
techniques efficaces permettant de persuader, sans pour autant pratiquer lui-même l'art oratoire.
2 Séance 1 : Lecture du discours de Robert Badinter

2.1 Présentation de la séance 1

3 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Robert Badinter

2.1.1 Objectif de la séance

Quand le garde des Sceaux Robert Badinter prend la parole le 6 octobre 1981, il n’est pas sûr que l’opinion
publique française soit favorable à l’abolition de la peine de mort. Il s’adresse alors autant aux députés qu’à
l’opinion publique. La loi portant abolition de la peine de mort sera néanmoins adoptée par 363 voix contre
117 et 6 abstentions.
Aussi nous vous proposons dans cette séance l’étude d’un extrait de ce discours célèbre.

2.1.2 Ce que nous allons aborder

 Lire un extrait de discours célèbre


 Étudier un discours politique prononcé par un maître du barreau
 Voir l’actualité de la rhétorique aujourd’hui

2.1.3 Temps de travail indicatif

1 heure 30

2.2 Repères biographiques

Robert Badinter est né en 1928 à Paris dans une famille d'origine juive de Bessarabie. Son père meurt en
déportation dans le camp de Sobibor en 1943. Après la guerre, Robert Badinter commence des études de
Lettres et de Droit puis s'inscrit au barreau de Paris en 1951 pour devenir avocat. Après avoir obtenu une
agrégation de Droit en 1965, il devient maître de conférences à l'Université.
Robert Badinter ne quitte pas pour autant les prétoires où il plaide contre la peine de mort, comme ce fut le

4 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


cas dans sa défense en 1977 de Patrick Henry, l'assassin d'un petit garçon, qu'il fera condamner à la
réclusion criminelle à perpétuité.
C'est en tant que Garde des Sceaux, fonction qu'il exerce entre juin 1981 et février 1986, qu'il fera voter au
Parlement la loi sur l'abolition de la peine de mort finalement promulguée le 10 octobre 1981.
Nommé par François Mitterrand, il devient par la suite président du Conseil constitutionnel jusqu'en 1995,
date à laquelle il est élu sénateur PS des Hauts-de-Seine et ce jusqu'en 2011. En 2015, il participe à la
réforme du Code du travail et publie avec le juriste Antoine Lyon-Caen Le Travail et la Loi .

2.3 Un peu d’histoire …

Pour les rhéteurs grecs des Vème et IVème siècle avant J.-C. ., la rhétorique est l'art de l'éloquence, l'art
de la parole efficace.
La rhétorique naît dans un contexte judiciaire. Les tyrans qui régnaient sur la Sicile avaient en effet
exproprié un certain nombre de propriétaires au cours de leur règne. Lorsque les tyrans furent chassés,
ces propriétaires eurent à faire valoir leurs droits face à des tribunaux populaires. Les Romains étendent
ensuite son usage à d'autres domaines.
C'est ainsi que furent définis trois genres de l'éloquence :
– l'éloquence politique, où il s'agit de convaincre l'auditoire ;
– l'éloquence judiciaire, où il s'agit de convaincre des juges ;
– l'éloquence d'apparat, où l'orateur doit provoquer l'admiration des auditeurs.

LES ÉTAPES DU DISCOURS


1/ L'inventio = la recherche des arguments
Ces arguments sont de deux types:
• les arguments affectifs qui agissent sur les émotions et la sensibilité des auditeurs (= persuader)

5 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


• les arguments rationnels qui en appellent à leur raison (= convaincre).
2/ La dispositio = le plan du discours
Le plan rhétorique le plus fréquent comporte cinq parties:
• l'exorde = l'ouverture, qui doit capter l'attention de l'auditoire (captatio benevolentiae)
• la narration = exposé des faits et arguments
• la confirmation = l'ensemble des preuves qui accompagnent les arguments
• la réfutation = l'examen des arguments contraires pour les critiquer
• la péroraison = la conclusion, qui doit être simple et passionnée.
3/ L'elocutio = la recherche d'un style
4/ L'actio = la diction et les gestes de l'orateur
5/ La memoria = les procédés pour mémoriser le discours.

2.4 Analyser l’exorde

Exercice 1 - Corrigé à la page 23


Surlignez en jaune l’anaphore utilisée pour capter l’attention de l’auditoire.
Surlignez en vert la thèse réfutée par Robert Badinter.
Surlignez en rouge la thèse défendue par Robert Badinter.

L’anaphore utilisée La thèse La thèse


pour capter réfutée par défendue
l’attention de Robert par Robert
l’auditoire Badinter Badinter

Relisez le début du discours :


« Attendre, après deux cents ans !
Attendre, comme si la peine de mort ou la guillotine était un fruit qu'on devrait laisser mûrir avant de le
cueillir !
Attendre ? Nous savons bien en vérité que la cause était la crainte de l'opinion publique. D'ailleurs, certains
vous diront, mesdames, messieurs les députés, qu'en votant l'abolition vous méconnaîtriez les règles de la
démocratie parce que vous ignoreriez l'opinion publique. Il n'en est rien.
Nul plus que vous, à l'instant du vote sur l'abolition, ne respectera la loi fondamentale de la démocratie.»
Aide pour le surlignage

2.5 Les arguments

2.5.1 Rappel

Si nous reprenons les étapes type d’un discours rhétorique, les arguments utilisés sont de deux types :

 les arguments affectifs qui agissent sur les émotions et la sensibilité des auditeurs (= persuader)
 les arguments rationnels qui en appellent à leur raison (= convaincre).

6 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Exercice 2 - Corrigé à la page 23
Relisez les lignes 11 à 29 du texte de Robert Badinter ICI.
Quels sont les arguments affectifs qui jouent sur la sensibilité de l’auditeur et quels sont les
arguments rationnels ? (Cochez la bonne réponse pour chaque argument)

Argument Argument
affectif rationnel

Le Président de la République a fait connaître à tous, non


seulement son sentiment personnel, son aversion pour la peine ○ ○
de mort

Le plus haut magistrat de France, M. Aydalot (…) disait qu'à la


mesure de sa hasardeuse application, la peine de mort lui était ○ ○
devenue, à lui magistrat, insupportable

aucun homme n'est totalement responsable ○ ○


qu'aucune justice ne peut être absolument infaillible ○ ○
la peine de mort est moralement inacceptable ○ ○
Pour ceux d'entre nous qui croient en Dieu, lui seul a le pouvoir
de choisir l'heure de notre mort ○ ○
2.6 La délibération

Relisez les lignes 29 à 33 :


« Le choix qui s'offre à vos consciences est donc clair : ou notre société refuse une justice qui tue et
accepte d'assumer, au nom de ses valeurs fondamentales – celles qui l'ont faite grande et respectée entre
toutes – la vie de ceux qui font horreur, déments ou criminels ou les deux à la fois, et c'est le choix de
l'abolition ; ou cette société croit, en dépit de l'expérience des siècles, faire disparaître le crime avec le
criminel, et c'est l'élimination. »
Exercice 3 - Corrigé à la page 24
Reformulez le choix que nous propose Robert Badinter :

7 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


2.7 La réfutation

Exercice 4 - Corrigé à la page 24


Surlignez en jaune les termes péjoratifs associés à la « justice d’élimination ».

Les termes péjoratifs associés à la « justice


d’élimination »

Relisez les lignes 34 à 39 :


« Cette justice d'élimination cette justice d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la
refusons. Nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'anti-justice, parce qu'elle est la passion et la peur
triomphant de la raison et de l'humanité. […]
Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y aura
plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons
françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées. »
Aide pour le surlignage

2.8 La péroraison

Exercice 5 - Corrigé à la page 25


Surlignez en jaune les anaphores qui marquent la fin du discours de Badinter et qui rappellent
le début du récit.
Surlignez en vert les marques de l’implication personnelle de Badinter ainsi que les références
directes à son auditoire.
Surlignez en rouge ce qui est rejeté par Badinter, en étant attentif aux négations.

8 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Ce qui
Les marques de est
Les anaphores
l’implication rejeté
qui marquent la
personnelle de par
fin du discours
Badinter ainsi Badinter,
de Badinter et
que les en étant
qui rappellent
références attentif
le début du
directes à son aux
récit
auditoire négation
s

Relisez les lignes 37-42 :


« Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y
aura plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons
françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées.
À cet instant plus qu'à aucun autre, j'ai le sentiment d'assumer mon ministère, au sens ancien, au sens
noble, le plus noble qui soit, c'est-à-dire au sens de « service ». Demain, vous voterez l'abolition de la peine
de mort. Législateur français, de tout mon cœur, je vous en remercie. »
Aide pour le surlignage

2.9 Rédiger un paragraphe de synthèse

Exercice 6 - Corrigé à la page 26


Faites une synthèse de l’analyse en choisissant les mots manquants :

Robert Badinter, dans son Discours à l’Assemblée nationale, s’adresse autant aux députés qu’à l’opinion
publique. Il organise ses arguments en fonction d’une construction rigoureuse, dans une logique
................................... (1) , et s’appuie sur des valeurs ou des principes. Il défend l’idée que la crainte de
l’opinion publique a ................................... (2) l’abolition. Il rappelle au Parlement qu’il a un rôle à la fois de
progrès et de représentation.
Robert Badinter s’engage personnellement et fortement dans ce discours, comme en témoigne l’utilisation
du ................................... (3) « je », qui manifeste son investissement d’orateur, de ministre engagé et
sincère (« de tout mon cœur, je vous en remercie »). Le pronom personnel ................................... (4) permet
aussi de se présenter comme un porte-parole de la Cité. Les modalités exclamatives et interrogatives, les
figures de style (l’hyperbole, l’anaphore) font ressentir l’urgence et la solennité du moment.
Ainsi, il construit un discours ................................... (5) qui propose un changement de société ; il fait
référence aux diverses opinions pour montrer sa clairvoyance, mais aussi sa connaissance de
l’................................... (6) , et pour matérialiser un changement de majorité à la faveur d’une délibération
commune.
Ce texte offre un exemple d’éloquence ................................... (7) , où la sincérité appuie la démonstration.

9 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Solutions proposées:

1: Sélectionner, inductive, déductive,

2: Sélectionner, avance, retardé

3: Sélectionner, déterminant, pronom,

4: Sélectionner, « nous », « vous »

5: Sélectionner, narratif, délibératif

6: Sélectionner, auditoire, orateur

7: Sélectionner, judiciaire, parlementaire,

2.10 Synthèse de la séance

2.10.1 Dates à retenir

 Le 16 mars 1981, en pleine campagne électorale pour les élections présidentielles, François
Mitterrand déclare clairement qu'il est contre la peine de mort. Il est élu Président de la République
le 10 mai.
 Le 25 mai 1981, François Mitterrand gracie Philippe Maurice, il est le dernier condamné à mort
gracié.
 Le 26 août 1981, le Conseil des ministres approuve le projet de loi abolissant la peine de mort.
 Le 17 septembre 1981, à la demande de François Mitterrand, Robert Badinter présente le projet de
loi à l'Assemblée Nationale.
 Il est voté le 18 septembre 1981 par 369 voix pour, 113 contre (487 votants, 482 suffrages exprimés).
 Le 30 septembre 1981, la loi est officiellement adoptée par les sénateurs par 161 voix pour, 126
contre (288 votants, 287 suffrages exprimés).
 Le 9 octobre 1981, la loi est promulguée. La France est l'un des derniers pays d'Europe Occidentale
avec la Belgique et le Royaume-Uni qui l'aboliront totalement, respectivement en 1996 et 1998. Les
six derniers condamnés à mort ont leur peine automatiquement réduite.
 De 1984 à 1995, 27 propositions de loi visant à rétablir la peine de mort sont déposées au
Parlement.

2.10.2 Entraînement à la lecture

Pour réinvestir la méthodologie de la lecture expressive vue dans la séquence 2, vous pouvez vous
entraîner à lire ce texte, en suivant les mouvement oratoires ; vous en ressentirez ainsi toute la force et la
sensibilité.

10 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


2.10.3 Pour approfondir

Regardez un extrait du journal télévisé du 17 septembre 1981 présentant un extrait du discours de Robert
Badinter en cliquant ici.
3 Séance 2 : Lecture du discours d’Aimé Césaire

3.1 Introduction de la séance

Aimé Césaire en 2003

3.1.1 Objectif de la séance

Aimé Césaire, né en 1913, est un poète martiniquais, mais aussi un homme politique engagé dans son
temps. Avec Léopold Sédar Senghor, il invente la notion de négritude en 1935, dans la revue L'Étudiant
noir. Ce néologisme qui visait à dénoncer le colonialisme et à revaloriser la culture africaine, deviendra un
mouvement littéraire à partir de la publication en 1939 du Cahier d'un retour en pays natal .
Nous vous proposons dans cette séance d’étudier un extrait du Discours sur la négritude prononcé en 1987
à l'Université internationale de Floride, dans lequel Césaire va redéfinir la Négritude, le terme étant
controversé.

11 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


3.1.2 Ce que nous allons aborder

 Lire un extrait de discours oratoire ; voir comment le raisonnement y avance avec rythme et élan.
 Percevoir le rythme et le souffle de la parole

3.1.3 Temps de travail indicatif

1 heure 30

3.2 Observer l’écriture et les changements de rythme

Exercice 7 - Corrigé à la page 26


Surlignez en jaune les passages plus courts, qui ressemblent à des vers poétiques et en vert les
phrases plus longues, qui permettent de développer les idées.

Les passages plus courts, qui La thèse


ressemblent à des vers défendue par
poétiques Aimé Césaire

La Négritude, à mes yeux, n’ est pas une philosophie.


La Négritude n’est pas une métaphysique.
La Négritude n’est pas une prétentieuse conception de l’univers.
C’est une manière de vivre l’histoire dans l’histoire - l’histoire d’une communauté dont l’expérience
apparaît, à vrai dire, singulière avec ses déportations de populations, ses transferts d’hommes d’un
continent à l’autre, les souvenirs de croyances lointaines, ses débris de cultures assassinées.
Comment ne pas croire que tout cela qui a sa cohérence constitue un patrimoine ?
En faut-il davantage pour fonder une identité ?
Les chromosomes m’importent peu. Mais je crois aux archétypes.
Je crois à la valeur de tout ce qui est enfoui dans la mémoire collective de nos peuples et même dans
l’inconscient collectif.

Aide pour le surlignage

3.3 L’implication du locuteur

Exercice 8 - Corrigé à la page 27


Relisez l’ensemble du texte ICI et relevez les marques d’implication du locuteur (pronoms
personnels, verbes d’opinion, modalisateurs …)

12 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


3.4 Définir la Négritude

3.4.1 Activité 1

Exercice 9 - Corrigé à la page 27


Aimé Césaire propose une manière originale de définir la Négritude, en commençant d’abord
par rejeter ce qu’elle n’est pas pour dire ce qu’elle est.
Surlignez en jaune les verbes à la forme négative et en vert les verbes à la forme positive.

Les verbes à la forme Les verbes à la forme


négative positive

La Négritude, à mes yeux, n’est pas une philosophie.


La Négritude n’est pas une métaphysique.
La Négritude n’est pas une prétentieuse conception de l’univers.
C’est une manière de vivre l’histoire dans l’histoire
(…)

Mais la Négritude n’est pas seulement passive.


Elle n’est pas de l’ordre du pâtir et du subir.
Ce n’est ni un pathétisme ni un dolorisme.
La Négritude résulte d’une attitude active et offensive de l’esprit.
Elle est sursaut, et sursaut de dignité.
Elle est refus, je veux dire refus de l’oppression.

Aide pour le surlignage

3.4.2 Activité 2

Exercice 10 - Corrigé à la page 28


À partir du même extrait, surlignez maintenant en jaune ce que n’est pas la Négritude et en vert
ce qu’elle est.

13 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Ce que n’est pas la Négritude ce qu’elle est

La Négritude, à mes yeux, n’est pas une philosophie.


La Négritude n’est pas une métaphysique.
La Négritude n’est pas une prétentieuse conception de l’univers.
C’est une manière de vivre l’histoire dans l’histoire
(…)

Mais la Négritude n’est pas seulement passive.


Elle n’est pas de l’ordre du pâtir et du subir.
Ce n’est ni un pathétisme ni un dolorisme.
La Négritude résulte d’une attitude active et offensive de l’esprit.
Elle est sursaut, et sursaut de dignité.
Elle est refus, je veux dire refus de l’oppression.

Aide pour le surlignage

3.5 L’importance de la mémoire, du patrimoine

Exercice 11 - Corrigé à la page 29


Surlignez en jaune les termes péjoratifs et dégradants et en vert les termes fédérateurs qui
témoignent de l’importance du collectif

Les termes Les termes fédérateurs qui


péjoratifs et témoignent de l’importance du
dégradants collectif

C’est une manière de vivre l’histoire dans l’histoire- l’histoire d’une communauté dont l’expérience
apparaît, à vrai dire, singulière avec ses déportations de populations, ses transferts d’hommes d’un
continent à l’autre, les souvenirs de croyances lointaines, ses débris de cultures assassinées.
Comment ne pas croire que tout cela qui a sa cohérence constitue un patrimoine ?
En faut-il davantage pour fonder une identité ?
Les chromosomes m’importent peu. Mais je crois aux archétypes.
Je crois à la valeur de tout ce qui est enfoui dans la mémoire collective de nos peuples et même dans
l’inconscient collectif.
Je ne crois pas que l’on arrive au monde le cerveau vide comme on y arrive les mains vides.
Je crois à la vertu plasmatrice des expériences séculaires accumulées et du vécu véhiculé par les
cultures.
Aide pour le surlignage

14 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


3.6 La force de la comparaison

Singulièrement, et soit dit en passant, je n’ai jamais pu me faire à l’idée que des milliers d’hommes
africains que la traite négrière transporta jadis aux Amériques ont pu n’avoir eu d’importance que celle que
pouvait mesurer leur seule force animale- une force animale analogue et pas forcément supérieure à celle
du cheval ou du bœuf- et qu’ils n’ont pas fécondé d'un certain nombre de valeurs essentielles, les
civilisations naissantes dont ces sociétés nouvelles étaient en puissance les porteuses.
Exercice 12 - Corrigé à la page 29
À quoi sont comparés ici les Africains ? Cochez la réponse exacte :

○ Aux Européens

○ Aux Indiens

○ À du bétail

3.7 Le champ lexical de la révolte

Exercice 13 - Corrigé à la page 30


Surlignez en vert tout le champ lexical de la révolte :

Le champ lexical de la révolte

La Négritude résulte d’une attitude active et offensive de l’esprit.


Elle est sursaut, et sursaut de dignité.
Elle est refus, je veux dire refus de l’oppression.
Elle est combat, c’est-à-dire combat contre l’inégalité.
Elle est aussi révolte. Mais alors, me direz-vous révolte contre quoi ? Je n’oublie pas que je suis ici dans un
congrès culturel, que c’est ici à Miami que je choisis de le dire. Je crois que l’on peut dire, d’une manière
générale, qu’historiquement, la Négritude a été une forme de révolte d’abord contre le système mondial de
la culture tel qu’il s’était constitué pendant les derniers siècles et qui se caractérise par un certain nombre
de préjugés, de présupposés qui aboutissent à une très stricte hiérarchie. Autrement dit, la Négritude a été
une révolte contre ce que j’appellerai le réductionnisme européen.

Aide pour le surlignage

3.8 La critique des Européens

Autrement dit, la Négritude a été une révolte contre ce que j’appellerai le réductionnisme européen.
Je veux parler de ce système de pensée ou plutôt de l’instinctive tendance d’une civilisation éminente et
prestigieuse à abuser de son prestige même pour faire le vide autour d’elle en ramenant abusivement la

15 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


notion d’universel, chère à Léopold Sédar Senghor, à ses propres dimensions, autrement dit, à penser
l’universel à partir de ses seuls postulats et à travers ses catégories propres. On voit et on n’a que trop vu
les conséquences que cela entraîne : couper l’homme de lui-même, couper l’homme de ses racines,
couper l’homme de l’univers, couper l’homme de l’humain, et l’isoler en définitive, dans un orgueil
suicidaire sinon dans une forme rationnelle et scientifique de la barbarie.
Exercice 14 - Corrigé à la page 30
Citez deux procédés au moins qui permettent à Aimé Césaire de faire la critique de la
domination européenne :

3.9 Pour synthétiser

Exercice 15 - Corrigé à la page 31


Quelle serait la meilleure reformulation des idées de l’auteur ? Cochez la réponse exacte.

La Négritude porte en elle une histoire, une « mémoire collective », douloureuse, car faite de
déportations, de déplacements, d’avilissement ; pourtant, il s’agit non pas de se plaindre ni de se faire
plaindre, mais bien de combattre pour la dignité, de se révolter contre la domination européenne.
○ Ainsi, la négritude est le ressaisissement de toute une communauté, unie par les épreuves de la «
traite négrière », porteuse d’une culture forgée dans l’histoire et capable d’avoir, elle aussi, accès à
l’universel.
La Négritude est née d’une méconnaissance de l’histoire, d’une acceptation ancienne de la
domination. Aussi est-il normal de vouloir être plaint quand on a connu autant de souffrances. La
○ négritude est donc la volonté de faire accepter la souffrance vécue par les Africains aux Européens. Ce
sont aux Européens de changer d’attitude.
La Négritude, c’est une conception philosophique et métaphysique qui veut se détacher du réel et de
○ l’histoire pour mieux inviter les peuples africains à se révolter. Rien ne sert de se tourner vers le
passé, l’histoire doit être laissée derrière nous ; seul compte l’avenir.

3.10 Synthèse de la séance 2

3.10.1 Les axes d'analyse

Nous avons pu observer dans cet extrait :

 La force du discours, la puissance oratoire d’Aimé Césaire


 Son implication personnelle

16 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


 La force de sa démonstration en deux temps : l’acceptation du passé, de son histoire, et la volonté
de combattre pour faire accepter son identité
 La définition de la négritude : par ce qu’elle n’est pas ( pathétique, doloriste, abstraite) et par
l’affirmation de ce qu’est (appropriation de son histoire, définition d’une culture, d’une identité,
combat)

3.10.2 Pour approfondir

Plusieurs vidéos sur Internet vous font entendre et voir Aimé Césaire. Vous pouvez notamment regarder
celle-ci où l’auteur revient sur la notion de Négritude.
4 Séance 3 : Un discours célèbre qui a changé l’histoire : « I have a dream »

4.1 Introduction de la séance

Martin Luther King en 1964

4.1.1 Objectif de la séance

« I have a dream », est une phrase devenue célèbre, telle un slogan, même pour des personnes n’ayant
jamais écouté le discours de Martin Luther-King.

4.1.2 Ce que nous allons aborder

17 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Apprendre à connaître :

 Martin Luther King


 L’histoire de la ségrégation
 Le contexte du discours

4.1.3 Temps de travail indicatif

1 heure

4.2 Martin Luther King

4.2.1 Ce qu'il faut retenir

Regardez cette courte vidéo pédagogique qui vous présente Martin Luther King

Exercice 16 - Corrigé à la page 31


Après avoir regardé les vidéos, associez chaque événement à la date correspondante :

1929 1955 1963 1964 1968 2008

Obama est
le premier
président ○ ○ ○ ○ ○ ○
noir des
Etats-Unis

Abolition de
la
ségrégation
raciale et
prix Nobel ○ ○ ○ ○ ○ ○
de la paix
pour Martin
Luther King

Rosa Parks
refuse de
céder son
siège à un ○ ○ ○ ○ ○ ○
blanc dans
le bus

18 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Naissance
de Martin ○ ○ ○ ○ ○ ○
Luther King

Assassinat
de Martin ○ ○ ○ ○ ○ ○
Luther King

Discours
historique
« I have a ○ ○ ○ ○ ○ ○
dream »

4.3 Connaître le contexte

Regardez cette vidéo ici


Sur votre Carnet de lecture, prenez des notes sur le Ku Klux Klan, la désobéissance civile, le Black power,
James Earl Ray.

4.4 Le discours

Suivez le lien suivant : vous y trouverez une vidéo concernant le contexte et les circonstances du discours
prononcé ; vous pourrez également télécharger le texte en version originale et le texte en version
française.

Regardez maintenant le discours sous-titré ici.

Soyez attentifs aux procédés rhétoriques utilisés par Martin Luther King pour donner de la force à son
discours :
Le rhétorique de la répétition
Un usage de la métaphore biblique
Un appel à la légitimité de Dieu
Un discours en crescendo

4.5 QCM pour vérifier votre compréhension des vidéos

4.5.1 Question 1

Exercice 17 - Corrigé à la page 32


Qu’est-ce que le Ku Klux Klan ? Cochez la réponse exacte :

○ Un groupe de soutien et de défense de Rosa Parks, qui réclame l’abolition de la ségrégation.

○ D’anciens esclaves qui veulent faire entendre leur voix.

19 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


D’anciens officiers sudistes qui revendiquent la suprématie de la race blanche et qui organisent des
○ pendaisons, des lynchages, des humiliations.

4.5.2 Question 2

Exercice 18 - Corrigé à la page 32


Qu’appelle-t-on la désobéissance civile ? Cochez la réponse exacte :

○ Une révolte armée.

○ La démission d’un gouvernement.

○ Une rébellion non violente, inspirée par Gandhi, qui se manifeste par des marches pacifiques

4.5.3 Question 3

Exercice 19 - Corrigé à la page 33


Qui est arrêté pour le meurtre de Martin Luther King et est condamné à la perpétuité, avant de
revenir sur ses aveux ? Cochez la réponse exacte :

○ Malcom X

○ James Earl Ray

○ Lee Harvey Oswald

4.5.4 Question 4

Exercice 20 - Corrigé à la page 33


Dans son discours, Martin Luther King appelle à (cochez la réponse exacte) :

○ Prendre les armes

○ Quitter le pays

○ Se rassembler pour lutter de manière pacifique

4.5.5 Question 5

Exercice 21 - Corrigé à la page 33

20 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


L’un des procédés rhétoriques récurrent utilisé par Martin Luther King dans son discours est
(cochez la réponse exacte) :

○ L’anaphore

○ L’hyperbole

○ L’euphémisme

4.6 Synthèse

4.6.1 Synthèse de la séance

4.6.2 Ce qu'il faut retenir

Sous la tutelle de Lincoln, Martin Luther King prononce un discours politique fort, qui emprunte aussi des
procédés au sermon religieux ou à la poésie. Son timbre de voix traduit à la fois son émotion et sa
détermination. Les anaphores rhétoriques ("I have a dream" et "Let freedom ring" répétés huit fois en tête
de phrase) sont autant d'appels à l'espoir pour transmettre un message simple : le rêve de paix et
d’égalité.

4.6.3 Pour approfondir

 1865 : abolition de l’esclavage


 1964 : abolition de la ségrégation

4.6.4 Prlongements

 Regardez l’hommage de Barack Obama à Martin Luther King le 28 août 2013 en cliquant ici.

5 Synthèse de la séquence

5.1 Synthèse de la séquence

5.1.1 Ce qu'il faut retenir

Depuis l’Antiquité, l'éloquence est pratiquée et a été mise au service de la défense des citoyens. La
rhétorique se présente comme une technique visant à persuader par le discours, l’organisation des
arguments, l’usage de procédés oratoires. Mais nous avons vu que l’incarnation des idées est également
importante. Robert Badinter, Aimé Césaire ou Martin Luther King possèdent une personnalité forte, un
engagement sensible, du charisme qui permettent au discours d’être entendu. Ils savent capter l’attention
de leur auditoire et user des ressources rythmiques et prosodiques de la langue.

5.1.2 Pour approfondir

21 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Ainsi, 3 aspects sont importants pour la mise en œuvre d’un discours :

 L’Ethos = la personnalité de l’orateur


 Le Pathos = sa capacité à émouvoir, à persuader l’auditoire
 Le Logos = sa capacité à organiser ses idées de manière logique et rigoureuse

5.1.3 Prlongements

 Aujourd’hui encore, des combats sont à mener. Le 12 décembre 2018, la jeune Greta Thunberg est
venue bousculer les délégués présents à la COP 24. Écoutez-la en suivant ce lien.

6 Documentation

Texte de la séquence
7 Aide au surlignage

22 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Solutions
Exercice 1 - Page 6
Surlignez en jaune l’anaphore utilisée pour capter l’attention de l’auditoire.
Surlignez en vert la thèse réfutée par Robert Badinter.
Surlignez en rouge la thèse défendue par Robert Badinter.

L’anaphore utilisée La thèse La thèse


pour capter réfutée par défendue
l’attention de Robert par Robert
l’auditoire Badinter Badinter

Relisez le début du discours :


« Attendre, après deux cents ans !
Attendre, comme si la peine de mort ou la guillotine était un fruit qu'on devrait laisser mûrir avant de le
cueillir !
Attendre ? Nous savons bien en vérité que la cause était la crainte de l'opinion publique. D'ailleurs, certains
vous diront, mesdames, messieurs les députés, qu'en votant l'abolition vous méconnaîtriez les règles de la
démocratie parce que vous ignoreriez l'opinion publique. Il n'en est rien.
Nul plus que vous, à l'instant du vote sur l'abolition, ne respectera la loi fondamentale de la démocratie.»

Solution

 L’anaphore utilisée pour capter l’attention de l’auditoire : Attendre


 La thèse réfutée par Robert Badinter : qu'en votant l'abolition vous méconnaîtriez les règles de la
démocratie parce que vous ignoreriez l'opinion publique
 La thèse défendue par Robert Badinter : Nul plus que vous, à l'instant du vote sur l'abolition, ne
respectera la loi fondamentale de la démocratie

Exercice 2 - Page 7
Relisez les lignes 11 à 29 du texte de Robert Badinter ICI.
Quels sont les arguments affectifs qui jouent sur la sensibilité de l’auditeur et quels sont les
arguments rationnels ? (Cochez la bonne réponse pour chaque argument)

Argument Argument
affectif rationnel

Le Président de la République a fait connaître à tous, non


seulement son sentiment personnel, son aversion pour la peine ● ○
de mort

23 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Le plus haut magistrat de France, M. Aydalot (…) disait qu'à la
mesure de sa hasardeuse application, la peine de mort lui était ● ○
devenue, à lui magistrat, insupportable

aucun homme n'est totalement responsable ○ ●


qu'aucune justice ne peut être absolument infaillible ○ ●
la peine de mort est moralement inacceptable ○ ●
Pour ceux d'entre nous qui croient en Dieu, lui seul a le pouvoir
de choisir l'heure de notre mort ● ○

Bravo ! Robert Badinter en appelle à deux figures importantes : le Président de la République (François
Mitterrand) et le plus haut magistrat de France ; c’est ce qu’on appelle des arguments d’autorité, qui
peuvent agir sur la sensibilité de l’auditeur qui est respectueux des valeurs défendues par ces deux
hommes. Ensuite, Robert Badinter adopte le point de vue de M. Aydalot en énumérant 3 arguments
rationnels qui font appel à la responsabilité, à la morale et à la justice. La référence à la religion, ne
concernant que les croyants, est plutôt de l’ordre de l’affectif puisque faisant intervenir des convictions
personnelles.
Exercice 3 - Page 7
Reformulez le choix que nous propose Robert Badinter :

On est dans une délibération entre :


– la promotion de la vie et le respect du criminel en tant qu’homme, « au nom [des] valeurs fondamentales
» de la société ; c’est le choix de l’abolition de la peine de mort.
– « l’élimination » du crime par l’exclusion et l’exécution du criminel, parce qu’il fait « horreur », parce
qu’on en a peur, malgré les risques d’erreur.

On est dans une délibération entre :


– la promotion de la vie et le respect du criminel en tant qu’homme, « au nom [des] valeurs fondamentales
» de la société ; c’est le choix de l’abolition de la peine de mort.
– « l’élimination » du crime par l’exclusion et l’exécution du criminel, parce qu’il fait « horreur », parce
qu’on en a peur, malgré les risques d’erreur.
Exercice 4 - Page 8
Surlignez en jaune les termes péjoratifs associés à la « justice d’élimination ».

Les termes péjoratifs associés à la « justice


d’élimination »

24 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Relisez les lignes 34 à 39 :
« Cette justice d'élimination cette justice d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la
refusons. Nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'anti-justice, parce qu'elle est la passion et la peur
triomphant de la raison et de l'humanité. […]
Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y aura
plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons
françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées. »

Solution :

 justice d'élimination
 justice d'angoisse
 de mort
 l'anti-justice
 une justice qui tue
 pages sanglantes de notre justice

Exercice 5 - Page 8
Surlignez en jaune les anaphores qui marquent la fin du discours de Badinter et qui rappellent
le début du récit.
Surlignez en vert les marques de l’implication personnelle de Badinter ainsi que les références
directes à son auditoire.
Surlignez en rouge ce qui est rejeté par Badinter, en étant attentif aux négations.

Ce qui
Les marques de est
Les anaphores
l’implication rejeté
qui marquent la
personnelle de par
fin du discours
Badinter ainsi Badinter,
de Badinter et
que les en étant
qui rappellent
références attentif
le début du
directes à son aux
récit
auditoire négation
s

Relisez les lignes 37-42 :


« Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y
aura plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons

25 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées.
À cet instant plus qu'à aucun autre, j'ai le sentiment d'assumer mon ministère, au sens ancien, au sens
noble, le plus noble qui soit, c'est-à-dire au sens de « service ». Demain, vous voterez l'abolition de la peine
de mort. Législateur français, de tout mon cœur, je vous en remercie. »

Bravo ! C’est très bien. Robert Badinter résume son propos à l’aide de la formule : « la justice française ne
sera plus une justice qui tue ». Puis, il propose des images fortes : celle des prisons où ont lieu des «
exécutions furtives », et celle des pages du livre de l’histoire. Il interpelle une dernière fois son auditoire en
lui rappelant sa responsabilité (« Législateurs français »,), avant de clore sur sa propre responsabilité de
façon humble mais émue.
Exercice 6 - Page 9
Faites une synthèse de l’analyse en choisissant les mots manquants :

Robert Badinter, dans son Discours à l’Assemblée nationale, s’adresse autant aux députés qu’à l’opinion
publique. Il organise ses arguments en fonction d’une construction rigoureuse, dans une logique déductive
(1) , et s’appuie sur des valeurs ou des principes. Il défend l’idée que la crainte de l’opinion publique a
retardé (2) l’abolition. Il rappelle au Parlement qu’il a un rôle à la fois de progrès et de représentation.
Robert Badinter s’engage personnellement et fortement dans ce discours, comme en témoigne l’utilisation
du pronom (3) « je », qui manifeste son investissement d’orateur, de ministre engagé et sincère (« de tout
mon cœur, je vous en remercie »). Le pronom personnel « nous » (4) permet aussi de se présenter comme
un porte-parole de la Cité. Les modalités exclamatives et interrogatives, les figures de style (l’hyperbole,
l’anaphore) font ressentir l’urgence et la solennité du moment.
Ainsi, il construit un discours délibératif (5) qui propose un changement de société ; il fait référence aux
diverses opinions pour montrer sa clairvoyance, mais aussi sa connaissance de l’auditoire (6) , et pour
matérialiser un changement de majorité à la faveur d’une délibération commune.
Ce texte offre un exemple d’éloquence parlementaire (7) , où la sincérité appuie la démonstration.

Bravo ! Vous avez bien compris le discours de Badinter.


Exercice 7 - Page 12
Surlignez en jaune les passages plus courts, qui ressemblent à des vers poétiques et en vert les
phrases plus longues, qui permettent de développer les idées.

Les passages plus courts, qui La thèse


ressemblent à des vers défendue par
poétiques Aimé Césaire

La Négritude, à mes yeux, n’ est pas une philosophie.


La Négritude n’est pas une métaphysique.
La Négritude n’est pas une prétentieuse conception de l’univers.
C’est une manière de vivre l’histoire dans l’histoire - l’histoire d’une communauté dont l’expérience

26 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


apparaît, à vrai dire, singulière avec ses déportations de populations, ses transferts d’hommes d’un
continent à l’autre, les souvenirs de croyances lointaines, ses débris de cultures assassinées.
Comment ne pas croire que tout cela qui a sa cohérence constitue un patrimoine ?
En faut-il davantage pour fonder une identité ?
Les chromosomes m’importent peu. Mais je crois aux archétypes.
Je crois à la valeur de tout ce qui est enfoui dans la mémoire collective de nos peuples et même dans
l’inconscient collectif.

Bravo ! C’est très bien. Cette alternance de phrases courtes et de phrases longues est utilisée sur
l’ensemble du texte ; elle permet de changer le rythme du discours, donc de mettre en valeur les idées tout
en maintenant l’attention de l’auditoire.
Exercice 8 - Page 12
Relisez l’ensemble du texte ICI et relevez les marques d’implication du locuteur (pronoms
personnels, verbes d’opinion, modalisateurs …)

On peut relever de nombreuses arques de l’implication du locuteur :


« à mes yeux »
« Comment ne pas croire »
« m’importent peu »
« Mais je crois »
« Je crois »
« Je ne crois pas »
« soit dit en passant »
« Mais alors, me direz-vous »
« Je n’oublie pas »
« Je veux parler »

On peut relever de nombreuses arques de l’implication du locuteur :


« à mes yeux »
« Comment ne pas croire »
« m’importent peu »
« Mais je crois »
« Je crois »
« Je ne crois pas »
« soit dit en passant »
« Mais alors, me direz-vous »
« Je n’oublie pas »
« Je veux parler »
Exercice 9 - Page 13
Aimé Césaire propose une manière originale de définir la Négritude, en commençant d’abord
par rejeter ce qu’elle n’est pas pour dire ce qu’elle est.
Surlignez en jaune les verbes à la forme négative et en vert les verbes à la forme positive.

27 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Les verbes à la forme Les verbes à la forme
négative positive

La Négritude, à mes yeux, n’est pas une philosophie.


La Négritude n’est pas une métaphysique.
La Négritude n’est pas une prétentieuse conception de l’univers.
C’est une manière de vivre l’histoire dans l’histoire
(…)

Mais la Négritude n’est pas seulement passive.


Elle n’est pas de l’ordre du pâtir et du subir.
Ce n’est ni un pathétisme ni un dolorisme.
La Négritude résulte d’une attitude active et offensive de l’esprit.
Elle est sursaut, et sursaut de dignité.
Elle est refus, je veux dire refus de l’oppression.

Bravo ! C’est très bien. Dans une volonté didactique de définir cette notion complexe et controversée, Aimé
Césaire use de la négative pour rejeter les lieux communes et les préjugés. Il utilise un rythme ternaire
(trois fois « n’est pas ») et anaphorique (les mêmes verbes sont répétés et la structure des phrases est
identique). Ainsi, son discours résonne comme un refrain poétique.
Exercice 10 - Page 13
À partir du même extrait, surlignez maintenant en jaune ce que n’est pas la Négritude et en vert
ce qu’elle est.

Ce que n’est pas la Négritude ce qu’elle est

La Négritude, à mes yeux, n’est pas une philosophie.


La Négritude n’est pas une métaphysique.
La Négritude n’est pas une prétentieuse conception de l’univers.
C’est une manière de vivre l’histoire dans l’histoire
(…)

Mais la Négritude n’est pas seulement passive.


Elle n’est pas de l’ordre du pâtir et du subir.
Ce n’est ni un pathétisme ni un dolorisme.
La Négritude résulte d’une attitude active et offensive de l’esprit.
Elle est sursaut, et sursaut de dignité.

28 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Elle est refus, je veux dire refus de l’oppression.

Bravo ! C’est très bien. Césaire met en place un système d’oppositions dans le texte. Il rejette deux idées :
celle qui consiste à faire de la Négritude une abstraction philosophique et celle qui consiste à en faire une
attitude passive et doloriste. Il ne s’agit donc ni d’être coupé du réel, ni d’être dans l’apitoiement. À
l’inverse, il développe le champ lexical de l’action, voire de la réaction et de la révolte.
Exercice 11 - Page 14
Surlignez en jaune les termes péjoratifs et dégradants et en vert les termes fédérateurs qui
témoignent de l’importance du collectif

Les termes Les termes fédérateurs qui


péjoratifs et témoignent de l’importance du
dégradants collectif

C’est une manière de vivre l’histoire dans l’histoire- l’histoire d’une communauté dont l’expérience
apparaît, à vrai dire, singulière avec ses déportations de populations, ses transferts d’hommes d’un
continent à l’autre, les souvenirs de croyances lointaines, ses débris de cultures assassinées.
Comment ne pas croire que tout cela qui a sa cohérence constitue un patrimoine ?
En faut-il davantage pour fonder une identité ?
Les chromosomes m’importent peu. Mais je crois aux archétypes.
Je crois à la valeur de tout ce qui est enfoui dans la mémoire collective de nos peuples et même dans
l’inconscient collectif.
Je ne crois pas que l’on arrive au monde le cerveau vide comme on y arrive les mains vides.
Je crois à la vertu plasmatrice des expériences séculaires accumulées et du vécu véhiculé par les
cultures.

Bravo ! C’est très bien. Césaire oppose les termes dévalorisants qui associent le peuple noir à du bétail et
des termes valorisants qui montrent qu’une culture ne se définit pas par sa « race » mais par sa mémoire
collective et son histoire.
Exercice 12 - Page 15
À quoi sont comparés ici les Africains ? Cochez la réponse exacte :

○ Aux Européens

○ Aux Indiens

● À du bétail

29 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Bravo ! Cette comparaison des Africains aux animaux est un écho au début du texte, qui associait les
hommes à du bétail que l’on pouvait déplacer : « avec ses déportations de populations, ses transferts
d’hommes d’un continent à l’autre, les souvenirs de croyances lointaines, ses débris de cultures
assassinées. »
Exercice 13 - Page 15
Surlignez en vert tout le champ lexical de la révolte :

Le champ lexical de la révolte

La Négritude résulte d’une attitude active et offensive de l’esprit.


Elle est sursaut, et sursaut de dignité.
Elle est refus, je veux dire refus de l’oppression.
Elle est combat, c’est-à-dire combat contre l’inégalité.
Elle est aussi révolte. Mais alors, me direz-vous révolte contre quoi ? Je n’oublie pas que je suis ici dans un
congrès culturel, que c’est ici à Miami que je choisis de le dire. Je crois que l’on peut dire, d’une manière
générale, qu’historiquement, la Négritude a été une forme de révolte d’abord contre le système mondial de
la culture tel qu’il s’était constitué pendant les derniers siècles et qui se caractérise par un certain nombre
de préjugés, de présupposés qui aboutissent à une très stricte hiérarchie. Autrement dit, la Négritude a été
une révolte contre ce que j’appellerai le réductionnisme européen.

Bravo ! C’est très bien. La révolte s’exprime par un champ lexical développé, auquel s’ajoutent des figures
de répétitions. On peut noter le parallélisme de construction de ces trois propositions :
« Elle est sursaut, et sursaut de dignité.
Elle est refus, je veux dire refus de l’oppression.
Elle est combat, c’est-à-dire combat contre l’inégalité. »
Ce parallélisme est une sorte de synthèse du texte : le premier mouvement de l’extrait est tourné vers le
passé « d’oppression » des Africains ; le second mouvement est tourné vers l’avenir, qui sera un combat
pour la dignité.
Exercice 14 - Page 16
Citez deux procédés au moins qui permettent à Aimé Césaire de faire la critique de la
domination européenne :

Aimé Césaire use de différents procédés :- Le suffixe « isme » à connotation péjorative du nom
« réductionnisme »
- L’ironie, marquée par l’antithèse « éminente et prestigieuse » / « abuser » : « l’instinctive tendance
d’une civilisation éminente et prestigieuse à abuser de son prestige »
- L’argument d’autorité : « Léopold Sédar Senghor »
- La répétition de « couper » qui marque une gradation : « couper l’homme de lui-même, couper l’homme
de ses racines, couper l’homme de l’univers, couper l’homme de l’humain »

30 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Aimé Césaire use de différents procédés :- Le suffixe « isme » à connotation péjorative du nom
« réductionnisme »
- L’ironie, marquée par l’antithèse « éminente et prestigieuse » / « abuser » : « l’instinctive tendance
d’une civilisation éminente et prestigieuse à abuser de son prestige »
- L’argument d’autorité : « Léopold Sédar Senghor »
- La répétition de « couper » qui marque une gradation : « couper l’homme de lui-même, couper l’homme
de ses racines, couper l’homme de l’univers, couper l’homme de l’humain »
Exercice 15 - Page 16
Quelle serait la meilleure reformulation des idées de l’auteur ? Cochez la réponse exacte.

La Négritude porte en elle une histoire, une « mémoire collective », douloureuse, car faite de
déportations, de déplacements, d’avilissement ; pourtant, il s’agit non pas de se plaindre ni de se faire
plaindre, mais bien de combattre pour la dignité, de se révolter contre la domination européenne.
● Ainsi, la négritude est le ressaisissement de toute une communauté, unie par les épreuves de la «
traite négrière », porteuse d’une culture forgée dans l’histoire et capable d’avoir, elle aussi, accès à
l’universel.
La Négritude est née d’une méconnaissance de l’histoire, d’une acceptation ancienne de la
domination. Aussi est-il normal de vouloir être plaint quand on a connu autant de souffrances. La
○ négritude est donc la volonté de faire accepter la souffrance vécue par les Africains aux Européens. Ce
sont aux Européens de changer d’attitude.
La Négritude, c’est une conception philosophique et métaphysique qui veut se détacher du réel et de
○ l’histoire pour mieux inviter les peuples africains à se révolter. Rien ne sert de se tourner vers le
passé, l’histoire doit être laissée derrière nous ; seul compte l’avenir.

Bravo ! Voilà une autre reformulation possible :


Césaire tire d’une histoire de malheur un ensemble d’enseignements. D’abord, l’homme a la capacité de
réagir et de se définir, même si on a cherché à l’anéantir. Ensuite, c’est en acceptant son histoire que
l’homme peut devenir acteur de sa vie. Enfin, il faut cesser de penser que la culture universelle est la
culture européenne, car c’est nier toutes les autres cultures, et donc anéantir l’humain.
Exercice 16 - Page 18
Après avoir regardé les vidéos, associez chaque événement à la date correspondante :

1929 1955 1963 1964 1968 2008

Obama est
le premier
président ○ ○ ○ ○ ○ ●
noir des
Etats-Unis

31 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


Abolition de
la
ségrégation
raciale et
prix Nobel ○ ○ ○ ● ○ ○
de la paix
pour Martin
Luther King

Rosa Parks
refuse de
céder son
siège à un ○ ● ○ ○ ○ ○
blanc dans
le bus

Naissance
de Martin ● ○ ○ ○ ○ ○
Luther King

Assassinat
de Martin ○ ○ ○ ○ ● ○
Luther King

Discours
historique
« I have a ○ ○ ● ○ ○ ○
dream »

Bravo ! Conservez bien ces dates en tête !


Exercice 17 - Page 19
Qu’est-ce que le Ku Klux Klan ? Cochez la réponse exacte :

○ Un groupe de soutien et de défense de Rosa Parks, qui réclame l’abolition de la ségrégation.

○ D’anciens esclaves qui veulent faire entendre leur voix.

D’anciens officiers sudistes qui revendiquent la suprématie de la race blanche et qui organisent des
● pendaisons, des lynchages, des humiliations.

Bravo !
Exercice 18 - Page 20
Qu’appelle-t-on la désobéissance civile ? Cochez la réponse exacte :

32 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


○ Une révolte armée.

○ La démission d’un gouvernement.

● Une rébellion non violente, inspirée par Gandhi, qui se manifeste par des marches pacifiques

Bravo !
Exercice 19 - Page 20
Qui est arrêté pour le meurtre de Martin Luther King et est condamné à la perpétuité, avant de
revenir sur ses aveux ? Cochez la réponse exacte :

○ Malcom X

● James Earl Ray

○ Lee Harvey Oswald

Bravo !
Exercice 20 - Page 20
Dans son discours, Martin Luther King appelle à (cochez la réponse exacte) :

○ Prendre les armes

○ Quitter le pays

● Se rassembler pour lutter de manière pacifique

Bravo !
Exercice 21 - Page 20
L’un des procédés rhétoriques récurrent utilisé par Martin Luther King dans son discours est
(cochez la réponse exacte) :

● L’anaphore

33 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence


○ L’hyperbole

○ L’euphémisme

Bravo !

34 CNED- Littérature et presse : chapitre 4, la force de l'éloquence

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