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Diagnostic Des Ouvrages PDF
Diagnostic Des Ouvrages PDF
Juin 2009
Diagnostic de structures existantes
Sommaire
Introduction ........................................................................................................................................ - 5 -
1 Le diagnostic de structures existantes ................................................................................... - 6 -
1.1 Durabilité d’une structure ..................................................................................................... - 6 -
1.2 Gestion des ouvrages existants .......................................................................................... - 7 -
1.2.1 Domaine public ............................................................................................................ - 7 -
1.2.2 Domaine privé .............................................................................................................. - 7 -
1.3 Les principales étapes d’un diagnostic ................................................................................ - 7 -
2 Dégradations affectant le béton armé : comment les reconnaître et les qualifier ? ........ - 10 -
2.1 Attaque chimique et réaction interne du matériau béton ................................................... - 10 -
2.1.1 Environnement et type de structure concernée ......................................................... - 10 -
2.1.2 Le processus gel/dégel .............................................................................................. - 11 -
2.1.3 Les réactions de gonflement interne ......................................................................... - 12 -
2.1.4 Les attaques chimiques ............................................................................................. - 13 -
2.1.5 Exemple : Analyse des dégradations sur un silo à maïs et à herbe ......................... - 14 -
2.2 Corrosion des aciers d’armature ....................................................................................... - 18 -
2.2.1 Phénomène de corrosion des armatures .................................................................. - 18 -
2.2.2 Désordres dus à la corrosion ..................................................................................... - 19 -
2.2.3 Moyens de caractériser l’état de corrosion de la structure ........................................ - 20 -
2.2.4 Exemple : Diagnostic de corrosion ............................................................................ - 23 -
2.3 Dégradation d’ordre mécanique ........................................................................................ - 26 -
2.3.1 Moyens de détermination de l’origine des fissures ................................................... - 26 -
2.3.2 Exemple de reconnaissance de structure sur un bâtiment ....................................... - 27 -
2.4 Un moyen d’investigation passée à la loupe : l’auscultation ultrasonique ........................ - 39 -
2.4.1 Rédaction du guide d’utilisateur ................................................................................ - 39 -
2.4.2 Principe de fonctionnement de l’appareil .................................................................. - 41 -
2.4.3 Dépouillement et interprétation des résultats pour les mesures en transparence .... - 43 -
2.4.4 Dépouillement pour les mesures en surface ............................................................. - 49 -
2.4.5 Dans quels cas et comment utiliser l’auscultation sonique ? .................................... - 53 -
2.4.6 Conclusion sur l’utilisation de l’auscultation ultrasonique.......................................... - 57 -
3 Objectifs du diagnostic ........................................................................................................... - 58 -
3.1 Détermination de la capacité portante d’une structure ...................................................... - 58 -
3.1.1 Mission du CEBTP :................................................................................................... - 58 -
3.1.2 Hypothèses prises pour le calcul : ............................................................................. - 59 -
3.1.3 Calcul de la dalle : ..................................................................................................... - 60 -
3.1.4 Calcul des poutres simples : ...................................................................................... - 61 -
Remerciements
Effectuer mon Projet de Fin d’Etudes au sein de l’entreprise CEBTP, dans l’agence de Nancy
a été une expérience très instructive, c’est pourquoi je tiens à remercier les personnes grâce à qui
cela a été possible.
Je remercie tout d’abord mon tuteur d’étude, Monsieur Cyrille Chazallon, professeur à l’INSA
de Strasbourg au sein du département Génie Civil, pour son aide.
Mes plus chers remerciements vont à ma tutrice en entreprise, Madame Emmanuelle Hardy,
Ingénieur chargé d’affaires du service Structure – Pathologie de l’agence GINGER CEBTP de Nancy.
Je la remercie tout d’abord pour sa grande disponibilité, son attention, sa rigueur et ses nombreux
conseils. Je la remercie également pour ses qualités humaines, son accueil, ça a été un réel plaisir
d’apprendre à ses côtés.
Je remercie Monsieur Jean-Michel Rouquet, directeur de la région Est GINGER CEBTP, pour
m’avoir permis d’effectuer ce PFE au sein de l’entreprise GINGER CEBTP.
Merci à Monsieur François Seranne, directeur de l’agence GINGER CEBTP de Nancy pour
m’avoir accueilli au sein de son agence.
Je tiens également à remercier chaleureusement l’ensemble de l’équipe avec qui j’ai travaillé
durant vingt semaines pour leur soutien et leur bonne humeur.
Introduction
Le béton armé est un matériau de base de structures largement utilisé depuis plus d’un siècle, aussi
bien dans le génie civil que dans le bâtiment. Il peut se dégrader sous l’influence de causes liées à sa
qualité originelle ou à des sollicitations d’exploitation ou d’environnement. Des pathologies apparentes
ou cachées peuvent survenir. Afin de connaître leur nature, leur étendue et leur potentialité
d’évolution, on établit un diagnostic nécessaire pour la prise des décisions relatives à la maintenance
de l’ouvrage concerné.
Au cours du travail de PFE, j’ai été amenée à réaliser de nombreux diagnostics sur des structures en
béton armé. Ce rapport a pour but de présenter le déroulement d’un diagnostic ainsi que les moyens
techniques à notre disposition pour caractériser les désordres. Cette étape est capitale pour
préconiser des réparations adaptées et durables. L’objet du PFE a également été l’occasion
d’analyser une technique d’investigation plus en détails : l’auscultation ultrasonique, dans le cadre de
la rédaction d’un guide d’utilisateur.
Ce travail est exposé dans ce rapport en suivant les différentes étapes de l’auscultation d’une
structure en béton armé du diagnostic au confortement et se divise en 3 parties.
Le premier chapitre rappelle les diverses étapes d’un diagnostic et sa finalité. La stratégie de la
surveillance et le financement de la réparation des ouvrages construits y sont abordés.
L’objectif du second chapitre est de présenter un ensemble non exhaustif de moyens et de
techniques pour caractériser l’origine et l’étendue des désordres. Ces techniques sont présentées en
fonction des désordres observés sur la structure et leur utilisation est illustrée par un exemple.
La dernière partie de ce chapitre est consacrée à l’étude détaillée d’un appareil permettant de
caractériser la qualité du béton : l’ausculteur ultrasonique développé par le CEBTP. Cette partie
expose le principe de fonctionnement de l’appareil, l’interprétation des résultats, les limites de cette
technique et dans quels cas il est pertinent de l’utiliser.
Le troisième et dernier chapitre est consacré à l’étude de la finalité d’un diagnostic, à savoir d’une
part la détermination de la capacité portante de la structure et d’autre part la détermination des
travaux de réparation / renforcement si les dégâts affectant la structure le nécessite. Ces deux
missions sont illustrées premièrement par un exemple de calculs de structure et deuxièmement par un
exemple de confortement de deux châteaux d’eau étudié dans le cadre d’une mission de maîtrise
d’œuvre.
L’activité de diagnostic désigne toute démarche relative à la caractérisation de l’état d’une structure et
de ses matériaux constitutifs.
L’ingénieur effectuant l’examen d’une structure existante est confronté à trois tâches principales :
- La détermination de l’origine des pathologies et des dégâts
- La vérification de la sécurité de la structure : il s’agit de déterminer dans un premier temps
l’état réel de celle-ci. Les actions sur les structures (qui peuvent être amenées à changer),
ainsi que les résistances des matériaux doivent être actualisées.
- L’évaluation de la durabilité : il faut émettre un pronostic sur l’évolution de l’état de la structure
et sur l’efficacité des interventions éventuelles.
Le défi posé à l’ingénierie en structures existantes, est de vérifier que la sécurité structurelle soit
suffisante et de répondre à des exigences nouvelles sans devoir faire appel à des interventions
coûteuses (réparations, renforcements). Contrairement à la nouvelle construction, il faut – dans le
domaine de la maintenance – limiter ou même éviter les interventions de construction.
Atteinte d’un
DURABILITE
état limite
Initiation Propagation
Temps
Figure 1.1.1: Processus de détérioration d’un ouvrage
• Phase d’initiation : aucun désordre n’est visible, l’élément perd d’abord sa protection, il est
ensuite exposé à des agents comme de l’eau avec/sans substances chimiques qui pénètrent
dans l’élément. Ces matières en atteignant une certaine concentration rendent l’élément
vulnérable et le processus d’endommagement réel débute.
• Phase de propagation : L’élément est soumis à un processus d’endommagement (exemple :
corrosion des armatures) qui conduit à une capacité portante diminuée ou à une stabilité
diminuée. Cette phase prend fin quand un état limite de sécurité structurale ou d’aptitude au
service est atteint.
Les mesures à prendre pour réparer ou maintenir en fonctionnement une structure dépendent de la
position à laquelle se situe la structure sur le diagramme endommagement-temps ci-dessus. Il est
donc important d’évaluer l’état de la structure et l’idéal serait d’effectuer une surveillance suivie de
celui-ci dès sa construction.
Préparation de l’intervention
A partir de la visite sur site et de l’étude des documents collectés on peut déterminer précisément le
nombre et le type de mesures à réaliser pour répondre au mieux à la demande du client. Avant
l’intervention il faut déjà avoir déterminé quelles informations sont importantes pour réaliser la mission,
quelles sont à priori les dégradations que l’on veut mettre en évidence.
« Il faut toujours savoir ce que l’on cherche, afin d’éviter de chercher à savoir ce que l’on a
trouvé… »
Inspection détaillée
Une inspection visuelle de la totalité de la structure est mise en œuvre afin de détecter tous les signes
de détérioration et d’identifier toutes les sources potentielles de désordres tels que :
- - la présence d’anciens revêtements ou de produits d’imprégnation,
- - l’apparence de la surface du béton, présence de stalactites, d’efflorescences, de traces de
rouille,
- - la présence de fissures (avec leurs ouvertures et leurs orientations, réseau),
- - les détériorations de la peau du béton (épaufrures, feuilletage, éclatements…),
- - la détection des zones sonnant le creux,
- - les zones où le béton et les armatures ont été désorganisés (cas d’un incendie…),
- - la présence d’armatures (passives ou actives) apparentes, corrodées ou non,
- - le relevé des déformations de la structure,
- - la détection des traces d’humidité,
- - etc.
Généralement il faut aussi relever la géométrie de la structure, espacement des éléments porteur,
épaisseur de dalle, géométrie d’un plancher hourdis par exemple. Dans de nombreux cas les
structures diagnostiquées sont anciennes, de ce fait on ne dispose plus des plans.
Suite à l’inspection visuelle on choisit des zones représentatives des désordres observés sur
lesquelles on va effectuer des mesures. Celles-ci peuvent être de type non destructif par exemple la
détection de l’enrobage des armatures par un procédé électromagnétique. Elles peuvent également
consister en des prélèvements de carottes et d’échantillons en vu d’analyses en laboratoire.
Les investigations destructives seront limitées au maximum pour ne pas endommager la structure.
Essais en laboratoire
Si des échantillons ont été prélevés dans les zones représentatives des états de dégradation, ceux-ci
sont envoyés en laboratoire pour analyse chimique ou microstructurale afin de qualifier le béton.
Lorsque des carottes ont été prélevées sur la structure elles sont écrasées afin de connaître la
résistance à la compression du béton.
Traitement des résultats
L’ensemble des résultats d’analyse et des relevés des défauts sont récapitulés dans des tableaux ou
sur des plans dans le rapport de diagnostic. Si l’inspection de la structure était complète, il faudrait
pour chaque type de désordres effectuer un linéaire en vue d’une éventuelle réparation.
Au cours du diagnostic la qualification des désordres est une étape capitale pour déterminer leur
origine et ainsi préconiser les réparations les plus adaptées.
Cette partie répertorie les principaux types de dégradations du béton armé qui peuvent être classés
suivant 3 catégories :
- Attaque chimique et réaction interne du matériau béton
- Corrosion des armatures
- Dégradation d’ordre mécanique
Après un rappel théorique concernant les désordres observés, nous allons étudier pour chaque
catégorie :
- Les milieux (classes d’expositions) les conditions et le type de structure ou d’exploitation qui
favorisent l’apparition de ces défauts
- Les désordres typiquement observés sur les structures atteintes de ces dégradations.
- Les moyens techniques d’auscultation spécifique à l’identification, à l’évaluation de l’étendue
et de la gravité de chaque défaut.
Chaque catégorie sera illustrée d’un exemple d’un diagnostic auquel j’ai participé au cours de mon
Projet de Fin d’Etude effectué au CEBTP.
Un moyen d’investigation, l’auscultation ultrasonique sera étudiée plus en détails.
La réaction alcali-granulats peut en principe apparaître dans tous les éléments en béton, mais surtout
dans les éléments exposés à l’eau, mur de soutènement et éléments de ponts, de même que les
barrages.
Les attaques chimiques dépendent quant à elles uniquement de l’environnement direct de la structure.
Elles ont essentiellement lieu sur des structures industrielles abritant des activités chimiques ou
métallurgiques, les stations d’épuration, structures agricoles et les abords de routes.
Surface du béton
1 cm
Concentration de La T° de
chlorure la plus congélation baisse à
importante cette profondeur
Béton gelé
Zone où la température du
béton est plus élevée que la
température de congélation
Béton gelant plus tard
Figure 2.1.1:Schématisation de
l’influence combinée du gel et des
sels de déverglaçage
laquelle s’étend le béton gelé par l’auscultation ultrasonique. Cette technique sera développée au
paragraphe 2.4.
On conclue généralement à l’attaque du gel par déduction lorsque les autres causes de dégradations
ont été éliminées.
Remarque : dans le temps le phénomène de gel/dégel était considéré comme le phénomène majeur
de dégradation des structures, aujourd’hui c’est la corrosion des aciers.
La réaction alcali-granulats est une réaction chimique à évolution lente entre certains granulats dits
« réactifs » et les alcalins normalement présents dans la solution interstitielle du béton ou amenés par
des agents extérieurs. Cette réaction conduit à la formation d’un gel de silicate suivie d’un gonflement
du béton qui provoque une fissuration importante et une perte de résistance considérable.
Afin qu’une réaction alcali-granulats ait lieu, les 3 conditions suivantes doivent être réunies mais ne
donnent pas forcément lieu à la réaction :
- Présence de granulats réactifs (silice mal cristallisée)
- Milieu ambiant humide
- Teneur suffisante en alcalins dans le béton (calcium, sodium)
La réaction sulfatique interne résulte d’une remobilisation des sulfates initialement contenus dans la
matrice cimentaire qui, normalement, se transforment en ettringite primaire lors de la prise du béton.
Si cette réaction ne peut avoir lieu, l’ettringite secondaire (également dite différée) expansive peut se
former ultérieurement dans le béton durci et provoque son gonflement et sa désorganisation.
Cette remobilisation des sulfates nécessite une élévation de température notable et durable du béton
pendant sa prise (par exemple, > 75°C pendant plus de 4 heures), la réaction se produit donc
essentiellement dans des bétons étuvés ou des pièces massives (piles de pont de section importante
par exemple).
La réaction réclame de l’eau et plus spécialement un environnement chaud et humide.
Les dégâts visibles causés par ces 2 réactions sont similaires, du fait du gonflement qu’elles
provoquent, le béton se fissure et l’on peut observer un faïençage à mailles plus ou moins larges ainsi
que des « pop-outs » (éclatements localisés de la matrice cimentaire au droit du granulat).
Pour la réaction alcali-granulat, les fissures peuvent contenir du gel de silice,
comme illustré sur la figure 2.1.2.
Des carottes doivent être prélevées à des endroits représentatifs en vue d’analyses en laboratoire.
Ces analyses sont seules susceptibles de déterminer l'origine du gonflement. Le microscope
électronique à balayage (MEB) est actuellement la seule technique permettant de caractériser, avec
certitude, l'origine du gonflement : alcali-réaction ou/et réaction sulfatique (ettringite différée).
L’existence d’un phénomène d’alcalis-réaction est matérialisé par la présence de gels
caractéristiques.
L’analyse au microscope à balayage électronique
Grâce à sa profondeur de champ, le microscope électronique à balayage (M.E.B.) est particulièrement
adapté à l’examen des surfaces et fournit une vision tridimensionnelle de l’échantillon sur une très
large gamme de grandissements.
Le MEB est couplé avec unspectromètre à sélection d’énergie (EDS) qui, permettant de détecter les
photons X émis, fournit une analyse élémentaire quasi ponctuelle du matériau ou une cartographie
montrant la répartition des éléments chimiques dans la zone observée au microscope.
Afin de déterminer l’origine de ces désordres, 3 carottes ont été prélevées dans les zones
significatives sur lesquelles des analyses ont été réalisées.
Ces tests permettent de vérifier si le béton en place est conforme à celui indiqué sur les bons de
livraison du béton.
La norme XP P 18-305 – Bétons prêts à l’emploi -, en vigueur lors de la réalisation de l’ouvrage, fixe
des résistances garanties et des dosages minimum en ciment ou liant équivalent en fonction des
classes d’environnement et du type de béton (béton armé BA / Béton non armé NA). Les
recommandations pour les ouvrages agricoles soumis aux conditions les plus sévères sont résumées
dans le tableau 2.1.1 :
* 5 a, b, c : milieux faiblement, moyennement et fortement agressifs chimiquement selon la norme XP18-305. NA : non armé ;
BA : béton armé
Dans les cas d’aires d’ensilage, on se situe bien dans une classe d’environnement 5b.
Mais l’étude des normes fait apparaître que les textes règlementaires et normatifs en vigueur ne sont
pas accordés sur la nature des prescriptions des formulations des bétons soumis à des
environnements agricoles.
Selon la norme NF P 18-011 (datant de 1992) – Bétons Classification des environnements agressifs -,
qui définit les environnements agressifs pour les bétons en fonction de leur concentration en agents
agressifs ou de leur pH :
- les jus d’ensilage peuvent correspondre à différentes classes d’agressivité, correspondantes à
des caractéristiques différentes du béton selon la valeur de leur pH (variant entre 3,5 et 5) :
Choix du ciment CEM I à teneur réduite CEM III/B, C, Ciments Idem A3 avec
en C3S et C3A, CEM II alumineux, CEM V éventuellement une
avec éléments protection supplémentaire
secondaires, CEM III/A, (enduit, peinture,
B, C, CEM V revêtement)
E/C ≤0.55 ≤0.5 ≤ 0,50 éventuellement
1/5 1/5 1/5
Dosage en ciment 550/(D) 700/(D) 700/(D) éventuellement
3
(kg/m )
(pour Dmax sur les 3 carottes
prélevées=21mm, C=380kg/m3)
Tableau 2.1.2 : exigences pour le béton selon la norme NF P 18-011
Selon les classes d’agressivité définies dans le tableau 2.1.2, la teneur en ciment du béton pourrait
être légèrement insuffisante suivant le pH des jus d’ensilage.
Remarque : il aurait été intéressant de mesurer le pH des jus d’ensilage présent dans les silos lorsque
les carottes ont été prélevées.
D’après nos résultats, l’expert doit conclure à la responsabilité ou non de l’entreprise de construction
pour une mauvaise mise en œuvre ayant entraîné les désordres observés.
Au vu des analyses réalisées les caractéristiques du béton prélevé correspondent bien :
- aux caractéristiques annoncées dans les bons de livraison à l’exception de la résistance
mécanique
- à son environnement selon la norme XP P 18-305
Il est important de souligner que les résultats des investigations sont toujours à nuancer d’après les
incertitudes sur les résultats et les hypothèses prises. Par exemple, les résultats obtenus pour les
ratios des oxydes traceurs par analyse chimique sont à nuancer dans la mesure où l’analyse chimique
ne permet pas de distinguer les quantités de Fe2O3 issus du ciment et ceux extraits des granulats.
Afin de pouvoir déterminer l’origine probable des désordres, il est nécessaire de connaître les
propriétés des produits stockés dans les silos.
Propriétés des jus d’ensilage
Au cours de l’ensilage, les sucres solubles du fourrage vert sont transformés en acide lactique
principalement, et en acide acétique, en l’absence d’air et sous l’action de bactéries fermentaires.
Les réactions de transformation s’accompagnent d’une acidification, se manifestant par la chute du pH
du milieu en dessous de 4. Celle-ci limite les fermentations indésirables (comme le développement de
la flore butyrique) et assure la conservation de l’ensilage.
Les jus d’ensilage contiennent principalement des acides lactique et acétique et ont un pH d’une
valeur moyenne d’environ 4.
Aux vues des propriétés de ces jus et de la documentation collectée sur internet au sujet du
vieillissement des ouvrages agricoles en béton armé, il est fort possible que les dégradations aient
pour origine une attaque des acides contenus dans les jus d’ensilages. Les constatations sur des
ouvrages similaires font état d’une matrice cimentaire progressivement dissoute dénudant les
granulats, ce qui concorde avec nos observations.
Conclusion
Les investigations menées nous amène à la conclusion que le béton a subi deux types d’attaques :
- une attaque acide engendrant une lixiviation du liant.
L’acide est très probablement organique (jus d’ensilage). Ces acides peuvent présenter des valeurs
de pH entre 3.5 et 5 qui conduisent à une augmentation de la porosité et une déstructuration
surfacique du béton (profondeur de 1 cm à ce jour) mais ne laissent pas de traces chimiques. Ceci
entraîne une modification des performances mécaniques du béton par rapport à ses caractéristiques
d’origine.
- une carbonatation, réaction naturelle résultant de l’action du CO2 sur les phases hydratées du
ciment.
Cette réaction entraîne une altération du béton : béton moins compact et plus déstructuré qu’à cœur
observé à ce jour sur une profondeur de 3 à 5 cm). Ce phénomène n’altère toutefois pas le béton de
manière significative et ne remet pas en cause l’intégrité de l’ouvrage.
A terme, si aucune mesure n’est prise la dégradation du béton va continuer sous l’attaque acide. Les
agents extérieurs vont pouvoir atteindre les armatures qui ne seront plus protégées et le processus de
corrosion risque de débuter. Ce type de dégradation est étudié dans le paragraphe suivant.
Pour que la corrosion des aciers d’armatures puisse avoir lieu, les trois
trois conditions schématisées sur la
figure 2.2.1 doivent être réunies :
Dépassivation
de l'acier CORROSION
Elecrolyte
Oxygène
(humidité)
Remarque : les structures en permanence dans l’eau ou enterrées ne sont pas atteintes par la
corrosion du fait qu’il n’y ait pas d’oxygène.
La dépassivation de l’acier d’armature peut être due
du à 2 causes :
- La pénétration dans le béton de suffisamment d’ions chlorures Cl¯
Cl jusqu’à
à l’armature
- Lorsque le front de carbonatation du béton a atteint l’armature
Si l’un de ces 2 phénomènes se produit, le pH du béton chute et l’acier n’est plus protégé. Une fois
que l’acier d’armature est dépassivé et est en contact simultané avec de l’oxygène et de l’eau
(humidité), la dissolution du métal a lieu ; corrosion sous la forme de formation de rouille, puis perte de
section.
Carbonatation
La chaux présente dans le béton réagit avec le dioxyde de carbone et forme de la calcite.
La vitesse de carbonatation dépend de l’apport de CO2. Le dioxyde de carbone ne peut pénétrer dans
le béton qu’en phase gazeuse. La réaction chimique du CO2 avec les alcalins, en particulier avec la
chaux, requiert la présence d’eau. La carbonatation ne peut survenir que si l’humidité relative de l’air
est comprise entre 40 % et 95 % environ.
Cette réaction entraîne une chute du pH qui est de l’ordre de 12,5 pour un béton sain et passe à 8,5
pour un béton carbonaté.
La corrosion des armatures a souvent pour conséquences des symptômes visibles sur le parement,
tels que fissurations au droit des armatures, décollements de béton, éclats et épaufrures. Mais
attention, d’autres mécanismes peuvent être à l’origine de ces dégradations.
Les fissures créées par le gonflement de la barre consécutif à la formation de la rouille sont à
différencier des fissures de retrait et des fissures de flexion ou d’effort tranchant.
Lorsque le stade de corrosion est avancé, les armatures corrodées sont souvent apparentes et des
traces de rouille sont visibles.
La forme, l’étendue des désordres, leur intensité dépendant à la fois de la position des armatures
(enrobage et espacement), de la qualité du béton d’enrobage (compacité et homogénéité), et de
l’environnement (nature de l’agent agressif).
Ainsi, lorsqu’une corrosion se manifeste, il est raisonnable de s’attendre à ce que le processus de
dégradation s’étende au-delà
delà de la dégradation visible. C’est pourquoi des moyens d’investigations
capables de nous donner des informations sur l’état des armatures dans les zones où celles-ci
celles sont
recouvertes de béton sont utilisés. Ceux-ci
Ceux sont présentés dans le paragraphe 2.2.3.
Les relations entre les grandeurs mesurées et les paramètres de l’armature et la profondeur
d’enrobage, illustrés sur la figure 2.2.3,
2.2 sont les suivantes : la réponse
se V de la sonde est V0 en
l’absence d’armatures. En un point distant de x d’une armature le signal augmente de :
Φ
∆
Avec √ et K une constante caractéristique de la sonde, le diamètre de la barre
d’armature et µ sa permittivité électrique.
L’appareil utilisé au CEBTP est le Ferroscan PS 200 développé par HILTI. Il s’agit d’un système
multisonde placé sur rouleaux pour relever automatiquement la position des armatures sur une
surface.
Pour mesurer l’enrobage des armatures, l’appareil Ferroscan peut être utilisé en détection linéaire
(mode de fonctionnement) :
L’appareil est déplacé suivant une ligne pouvant aller jusqu’à 30 m de longueur à la surface du béton
et permet uniquement de détecter les armatures perpendiculaires à la direction de détection. On
l’utilise par exemple pour déterminer l’espacement des cadres d’un poteau ou pour connaître
rapidement l’enrobage d’éléments linéaires.
La figure 2.2.4 illustre le dépouillement de mesures en mode détection linéaire avec le logiciel
Ferroscan.
Espacement
entre aciers
S’il a été déterminé par sondage, ou que l’on dispose des plans de ferraillage, le diamètre des fers
détectés peut être entré dans le logiciel. Cela permet d’obtenir une meilleure précision de la
profondeur d’enrobage.
Si le parement en béton est irrégulier on peut par exemple déplacer le scanner sur une planche en
bois maintenue contre l’élément en béton. Dans ce cas, ou dans le cas de la présence d’un
revêtement (mortier hydraulique, chape, isolation, etc…), il ne faut pas oublier d’indiquer l’épaisseur
de ce support afin de mesurer réellement l’enrobage de béton autour des armatures.
Lors du dépouillement il faut parfois supprimer manuellement certaines valeurs aberrantes. D’autre
part la détection de 2 armatures trop proches peut fausser la mesure de l’enrobage.
Comme tous les appareils de mesure cet appareil a ses limites :
- Il ne détecte les aciers que sur une profondeur de 10-12 cm
- 2 armatures ne peuvent être différenciées que si leur espacement est supérieur à leur
enrobage
- Les éléments métalliques présents dans le béton ou à proximité peuvent créer des
interférences er rendre la mesure inexploitable. Par exemple des gaines coulées dans le
béton ou la présence d’un rail à la surface d’une poutre.
2.2.3.2 Mesures de potentiel
Cette méthode permet de détecter les armatures corrodées et d’évaluer leur risque de corrosion. Elle
est non destructive.
Le principe de cette technique est de mesurer la différence de potentiel entre l’armature et l’électrode
de référence avec un potentiel constant et connu. Les barres d’armature avec corrosion se distinguent
des barres intactes par un potentiel qui est de plusieurs 100mV plus négatif. Les valeurs mesurées
doivent toujours être comparées aux autres valeurs obtenues sur l’ouvrage, il n’y a pas de valeur
absolue de référence.
Les mesures effectuées sur des surfaces représentatives permettent d’établir une cartographie des
probabilités de corrosion et de localiser les zones à risque maximum.
En pratique, la mesure nécessite la mise à nu d’une armature, sa connexion à une borne d’un
multimètre à haute impédance, dont l’autre borne est reliée à une électrode de référence placée sur le
parement. Attention, en environnement chimique cette méthode ne fonctionne pas.
Au CEBTP, l’appareil Canin est utilisé.
Sondage 1 :
Profondeur de
carbonatation : 0 à 10 mm
Sondage 2 :
Profondeur de
carbonatation : 0 à 25 mm
La profondeur de carbonatation peut alors être comparée à la profondeur d’enrobage des armatures.
Lorsque la profondeur de carbonatation du béton est supérieure à la profondeur d’enrobage des
armatures, celles-ci sont dépassivées et sont potentiellement soumises à la corrosion.
Dans l’exemple de diagnostic de corrosion présenté au paragraphe suivant la comparaison entre la
profondeur d’enrobage et de carbonatation est étudiée.
Dans le cadre d’une opération de maintenance, le client nous a demandé d’effectuer un diagnostic
des structures (poteaux, poutres et voiles) d’un bâtiment servant actuellement de garage/ entrepôt.
Le bâtiment de section rectangulaire est composé d’une structure de type poteaux-poutres encastrés
le tout en béton armé. Il compte 9 travées de 5.05m (axe à axe) soit une longueur totale de 45 m, et
fait 12.50m de large. Les poteaux sont partiellement noyés dans les voiles à priori en agglos.
Selon les renseignements du client, ce bâtiment daterait du début du XXème siècle.
Le but de la mission étant également d’étudier la faisabilité des réparations, il est important d’effectuer
un relevé quantitatif des résultats. Un relevé visuel du type de désordres affectant l’ouvrage a donc
été réalisé et pour chaque désordre observé le linéaire a été mesuré.
Comme la mission n’était pas de déterminer la capacité portante des éléments, les sections et la
position des armatures n’ont pas été relevées et la qualité mécanique du béton (écrasement d’une
carotte) n’a pas été déterminée.
2.2.4.2 Résultats du relevé visuel
Le relevé visuel nous a permis de définir des désordres ayant 3 origines différentes :
Désordre mécanique
Des désordres dus aux dilatations thermiques différentielles entre
béton et briques laitières situées en tête de poteaux ou entre briques
laitières et enduit ont provoqué la création de fissures aux interfaces
entre les deux matériaux comme illustré sur la figure 2.2.8.
Figure 2.2.8 : Fissures à
l'interface béton brique laitière
De nombreuses fissures verticales ou biaises sont visibles aux angles inférieurs des fenêtres. Les
fissures majoritairement traversantes, présentent parfois des ouvertures importantes supérieures au
millimètre et des éclats. A l’intérieur, la peinture est écaillée au droit de ces fissures, signe d’humidité.
Ces fissures doivent être dues à de légères déformations de la structure.
Désordre pathologique
Les désordres pathologiques principalement observés sont dus à la corrosion des armatures. Ce
phénomène de corrosion des armatures, selon son stade d’avancement, engendre différents stades
de dégradation.
Les photographies ci-dessous illustrent ces différents stades observés sur la même structure, et
parfois sur le même élément. Ils sont classés dans l’ordre progressif de détérioration d’une structure.
Lors du diagnostic les zones de décollements du béton sont purgées afin de garantir la sécurité des
personnes. Il s’agit de la première mesure de sécurité à entreprendre. De plus, cela permet de
déterminer l’étendue de la corrosion sous le béton.
2.2.4.3 Interprétation et mesures
Dans un premier temps, il faut déterminer l’origine de la corrosion des armatures, qui est le désordre
le plus important observé sur la structure. Comme celle-ci ne se trouve pas en milieu marin et n’est
pas à proximité des épandages de sels de déverglaçages, on peut raisonnablement penser que c’est
le phénomène de carbonatation qui est à l’origine de la dépassivation des armatures et non une
attaque des chlorures. Une analyse chimique effectuée sur un prélèvement de béton permet de
valider qu’il n’y a pas de chlorures présents dans le béton.
Des mesures de carbonatation au test à la phénophtaléine et des mesures d’enrobage des armatures
par investigations pachométriques ont été effectuées sur les poteaux. Ces méthodes ont été décrites
au paragraphe 2.2.3.
La combinaison des résultats des mesures de carbonatation et d’enrobage permet de déterminer le
risque de développement d’un phénomène de corrosion, ce risque existe si la profondeur de
carbonatation est équivalente ou dépasse l’enrobage des aciers car ceux-ci ne sont plus protégés par
la fonction alcaline du béton.
Le graphique ci-après représente les deux fonctions enrobage et carbonatation à partir de mesures
effectuées sur les poteaux.
90
80
70
Profondeurs en mm
60
50
40 Enrobage
30 Carbonatation
20
10
0
0% 20% 40% 60% 80% 100%
Pourcentages
Pour l’enrobage, le graphique représente le pourcentage de cadres des poteaux ayant un enrobage
inférieur à x mm. Environ 30 % des cadres ont un enrobage inférieur à 30 mm (enrobage
règlementaire selon le BAEL).
La courbe de la carbonatation représente le pourcentage de poteaux atteint d’une profondeur de
carbonatation inférieure ou égale à x mm.
Actuellement, 20% des cadres ne sont plus protégées par le caractère basique du béton et sont
susceptibles de développer un phénomène de corrosion. Ces pourcentages sont faibles, compte-tenu
de l’âge du bâtiment et s’expliquent à la fois par l’enrobage assez important des armatures (80% des
armatures ont un enrobage égal ou supérieur à 30 mm) et aux valeurs de carbonatation relativement
faibles.
On peut également évaluer l’évolution du pourcentage d’armatures potentiellement corrodées dans
les 5, 10, 15 prochaines années. En effet la profondeur de carbonatation est proportionnelle à la
racine carrée du temps.
Influence des désordres de mise en œuvre
Ils ne remettent pas en cause la durée de vie de l’ouvrage mais favorisent l’apparition de désordres.
La ségrégation du béton rend celui-ci beaucoup plus poreux et facilite la pénétration et la diffusion du
dioxyde de carbone dans le béton. Le ragréage, de qualité moindre par rapport au béton n’a pas
permis de protéger les armatures de la corrosion.
De ce fait, la majorité des décollements ou corrosion/foisonnement des aciers se situe sur des zones
présentant un béton de qualité médiocre (grande porosité/ségrégation) sur lequel un ragréage a été
appliqué.
2.2.4.4 Conclusion
Malgré un état général structurel ne portant pas atteinte à sa stabilité, le bâtiment doit impérativement
subir des réparations pour maintenir les caractéristiques mécaniques des éléments, aujourd’hui
ponctuellement amoindries.
Cette affaire n’a pas présentée de difficulté particulière, la majorité des désordres sont clairement dus
à la corrosion des armatures et facilement identifiable.
Il est à noter que nous avons également observé des dégradations d’ordre mécanique qui font l’objet
de la partie suivante.
Qualité du béton
On teste également la qualité du béton en effectuant un carottage. La carotte sera écrasée afin
d‘évaluer la résistance à la compression du béton. Si l’on soupçonne un problème de mise en œuvre
comme par exemple le rajout d’eau au moment de bétonner ou l’emploi d’un béton de moins bonne
qualité que celle demandée, on réalise des analyses chimiques : dosage en ciment, taux
d’hydratation.
Lorsque la structure à caractériser est de taille importante et que l’on ne souhaite pas effectuer de
carottage dans chaque élément on peut caractériser l’homogénéité du béton et sa qualité physique en
effectuant des mesures de propagation de la vitesse du son avec l’ausculteur sonique. Sous certaines
conditions il est également possible de réaliser des corrélations entre la vitesse de propagation du son
et la résistance à la compression mesurée sur carotte. La technique de l’auscultation sonique sera
développée dans le paragraphe 2.4.
Charges et forces agissant sur la structure
En dehors des dispositions constructives on peut soupçonner un chargement trop important de la
structure. Il faut alors calculer la capacité portante des éléments et déterminer par le calcul quelles
charges ils peuvent supporter. Le relevé visuel accompagné de mesures de flèches donne de
premiers indices sur le déficit de capacité portante. L’allure et la position des fissures nous informent
sur le type de sollicitations : si la fissure est plus ouverte en partie basse et située en milieu de portée,
il s’agit très certainement d’une fissure de flexion.
Lorsque l’on soupçonne le tassement du sol de fondation, un suivi de la structure est proposé par la
mise en place d’une instrumentation à l’aide de déformètres à billes, d’inclinomètres, etc., et le relevé
de ces appareils. Si on constate que la structure ne bouge plus on peut envisager des réparations.
Dans le cas contraire, il faut effectuer une étude géotechnique et une reconnaissance de fondations
afin de déterminer sur quel type de sol reposent les fondations.
Remarque : la détermination de la capacité portante de la structure traitée dans la partie 3.1 de
ce rapport nécessite de mener les investigations citées ci-dessus.
L’application de ces méthodes est exposée dans un exemple d’affaire traitée au paragraphe
suivant.
Le réaménagement de l’ancien bâtiment des Charbonnages de France implique la mise en place d’un
nouveau pont roulant susceptible de soulever une charge de 20 tonnes dans le bâtiment AC4 sur le
site de Carling. Sans connaissance sur l’actuelle structure du bâtiment, le maître d’ouvrage,
l’entreprise VFLI Cargo ayant fait récemment l’acquisition de ce bâtiment, a passé la commande d’une
mission visant à en vérifier la faisabilité. En effet du temps de l’exploitation du bâtiment par l’ancien
propriétaire, la structure supportait un pont roulant de 5 tonnes.
D’après les données dont dispose le Maître d’Ouvrage, le bâtiment aurait été construit en 1954. Les
structures en béton armé ont donc probablement été dimensionnées selon le BA 45.
Une première mission visant à caractériser la capacité portante des poutres supportant le pont roulant
avait déjà été effectué par GINGER CEBTP en 2008.
Voici les résultats de ces premières investigations :
- Les poutres du pont roulant ont une capacité maximale pouvant supporter un pont roulant de 11
tonnes.
- Une étude complémentaire a montré que les déficits des moments résistants par rapport aux
moments imposés des poutres sont minimes pour la présence d’un pont roulant de 12,5 tonnes.
- Si le Maitre d’Ouvrage souhaite mettre en place un pont roulant de capacité plus importante, il
est indispensable de conforter les poutres aussi bien en travée qu’en chapeau, dont les
ferraillages en place sont trop faibles. Le CEBTP a indiqué quelques pistes de confortement.
Les sections d’acier complémentaires pourront être à base d’armatures complémentaires avec
enrobages de béton, de plats collés ou de TFC (Toile de fibre de carbone).
- Le cas de la mise en place de 2 ponts roulants de 10 tonnes à également été étudiée (le
calcul a été réalisé pour un espacement de 2 m entre les 2 ponts). On relève 3 zones
déficitaires : en travée et sur appui pour la flexion, et sur appui également pour l’effort
tranchant.
Les missions auxquelles j’ai participée concernent l’étude des poteaux et corbeaux soutenant le pont-
roulant ainsi que les fondations.
Les investigations menées sur les poteaux et les corbeaux sont résumées ci-après.
Méthodologie et moyens mis en œuvre
Compte tenu du caractère répétitif de la structure et de l‘absence de joint de dilatation dans la
structure, l’étude a concerné 4 éléments (choisis pour leur accessibilité à la nacelle), à savoir :
La mission a consisté sur site à identifier les ferraillages et la qualité du béton de ces éléments :
Ferraillage :
- longitudinal et cadres des poteaux en compression (section d’armatures, type, espacements des
cadres et enrobages)
- des corbeaux (section
section d’armatures,
d’armatures disposition et type, espacements des cadres et enrobages)
Ces paramètres ont été obtenus soit par des moyens non destructifs (Images ou Détections
FERROSCAN) soit par sondages destructifs
dest au burineur électrique.
Qualité du béton
La qualité du béton a été évaluée à partir de mesures d’auscultation sonique sur plusieurs poteaux et
corbeaux (pour s’assurer de l’homogénéité générale du béton) et par la réalisation de 2 carottages sur
poteaux qui ont été écrasés en laboratoire pour la détermination
étermination de la résistance en compression.
La synthèse de ces relevés est confiée à un BE, qui a en charge les calculs qui ont pour but :
- de vérifier l’aptitude de ces éléments à reprendre les efforts apportés par le pont roulant prévu
(un pont roulant de 11,5 tonnes)
- de déterminer la capacité portante maximale de ces éléments.
Il est à noter qu’aucun désordre apparent n’affecte la structure. De ce fait aucune investigation
supplémentaire n’a été réalisée.
2.3.2.3 Méthodes d’auscultation
Filant Cadre
Figure 2.3.4 : Quadrillage sur le Figure 2.3.3 :Fenêtre Figure 2.3.2 : Fenêtre
poteau analysé pachométrique pachométrique avec points
d'analyses du logiciel
L’interprétation des résultats obtenus par cette méthode n’est pas évidente. Prenons l’exemple du
filant 1 de l’analyse illustrée à la page précédente : le diamètre indiqué varie du simple au double.
La précision de l’analyse n’est pas très bonne et dépend de la qualité de l’image scannée. De plus les
armatures très proches les unes des autres peuvent apparaître comme une seule à l’écran. Il est donc
possible qu’il y ait un recouvrement d’armatures au niveau du point de mesures n°2.
De ces résultats on peut également supposer que le diamètre du filant 1 est plus important que les
diamètres des filants 2 et 3. De plus on peut faire l’hypothèse que le poteau est ferraillé
symétriquement et que les filants 2 et 3 ont le même diamètre.
Mais toutes ces hypothèses doivent impérativement être contrôlées et confirmées par des sondages,
judicieusement localisés, afin de mettre les fers d’armatures à nu.
Sondages destructifs
La localisation des sondages au burineur électrique s’appuie sur les investigations non destructrices
au pachomètre. Celui-ci nous a permis de déterminer la position des armatures. On a ainsi choisit
une zone permettant de mettre à jour le filant 1 et un cadre et une seconde zone mettant à jour le
filant 2 et un cadre.
Les sondages doivent être réduit au minimum et localisés afin d’obtenir un maximum d’informations à
la fois (zone de croisement des armatures).
Ces sondages ne servent pas uniquement à confirmer les investigations pachométriques, ils sont
également indispensables pour déterminer le type d’acier : ronds lisses, acier Caron, Nersid, Tentor,
Tor,, etc... La connaissance du type d’acier permet de déterminer
d miner leur limite élastique qui est une
donnée nécessaire pour le calcul de la capacité portante des éléments.
Sondage
Sondage
Corbeaux
Le ferraillage type d’un corbeau est illustré sur les figures suivantes (issues du BAEL 89) :
Dans notre cas comme l’illustre la figure 2.3.7 la poutre sur laquelle circule le pont roulant est noyée
dans le corbeau.
Les premières investigations réalisées en partie inférieure du corbeau nous ont permis de constater
que le ferraillage principal du corbeau ne venait pas s’ancrer dans le poteau sous la poutre du pont
roulant mais qu’il s’ancrait à priori dans le poteau au niveau supérieur de la poutre qu’il traversait.
Cette seconde hypothèse
ypothèse a été confirmée par
pa le sondage 5 réalisé par la suite.
Les schémas suivants illustrent la position des fenêtres pachométriques relevées et des sondages
destructifs afin de déterminer le ferraillage des corbeaux :
Sondage 1
Sondage 2
Cadre vertical :
Lisse 10 mm Filant vertical :
Lisse 20 mm
Filant vertical :
Lisse 20 mm
Acier principal :
Nervuré 16 mm
Figure 2.3.11 : Photographie
du sondage 1 Figure 2.3.10 : Photographie
du sondage 2
Sondage 5
Sondage 6
Sondage 3
Sondage 4
Sondage 5
Cadre vertical :
Lisse 10 mm
Filant vertical :
Cadre vertical : Lisse 18 mm
Lisse 8 mm
Acier principal :
Tor 14 mm
Cadre poteau :
Lisse 10 mm
Figure 2.3.13 : Photographie
Figure 2.3.14 : Photographie du
du sondage 3
sondage 4
Figure 2.3.15
15 : Photographie du
sondage 6
Le sondage 6 (figure 2.3.15)) a été réalisé afin de confirmer ou d ‘infirmer la présence de cadres
horizontaux dans le corbeau ayant pour rôle d’éviter des fissures et des épaufrures aux extrémités des
consoles. En effet, on ne visualise pas ces cadres sur les images pachométriques (FS
( 977), or ils sont
nécessaires à la stabilité du corbeau et entre en compte dans le calcul de sa capacité portante. Il a
donc fallu être sûr qu’ils soient présents ou non. La figure 2.3.15 montre bien qu’aucun cadre n’a été
mis à jour.
Cadre horizontal :
Lisse 5 mm
Figure 2.3.17
2.3 : Sondage visant
à mettre à jour un cadre
horizontal sur le corbeau C2
Les résultats de ces investigations sont synthétisés sur les schémas de principe de ferraillage
suivants.
Figure 2.3.18
2.3 : Schéma de ferraillage du corbeau C2
Figure 2.3.19
2.3 : Schéma de ferraillage du corbeau A2
Remarque : afin d’aller dans le sens de la sécurité, on fait l’hypothèse que les cadres
horizontaux en face frontale ne sont pas présents dans le corbeau de la file A (non visualisés
au ferroscan et par sondage).
Carottages
Deux
eux carottages ont été effectués sur les poteaux A2 et C3 en vue d’être écraser afin de qualifier les
le
qualités mécaniques du béton.
En effet les poteaux étant soumis à des efforts de compression, leur capacité portante dépend
directement de la qualité du béton
éton ; cette information est capitale.
Les carottes ont été prélevées à hauteur d’homme après avoir préalablement vérifié le ferraillage est
évité par une détection pachométrique. Pour pouvoir effectuer une compression des carottes, celles-ci
celles
ne doivent pass contenir d’armatures.
Les résultats des essais de compression sont donnés dans le tableau 2.3.2 :
Résistance
16.5 20.5
(MPa
MPa)
Tableau 2.3.2 : Résultats des essais de compression
Commentaires : La résistance à la compression du béton dans les poteaux est relativement faible,
qui peut être dû à une qualité moyenne du béton lors de la mise en œuvre ou à la fatigue de la
structure.
Pour le calcul de la capacité portante on choisira la valeur la plus faible de la résistance obtenue sur
carotte.
Auscultation ultrasonique
L’auscultation ultrasonique,
sonique, méthode d’investigation non destructive, a été utilisée sur cette
ce affaire afin
de caractériser l’homogénéité
ogénéité du béton sur les divers éléments (poteaux et corbeaux). Les mesures
ont été effectuées en transparence comme
c illustrée sur la figure 2.3.20 à l’aide de l’appareil AU 2000.
NOTA : l’auscultation sonique fait l’objet du chapitre 2.4 de ce rapport.. Il y est expliqué précisément le
principe de cette mesure ainsi que ses diverses applications.
Les mesures de vitesse du son en transparence ont été effectuées
effectuées sur les éléments suivants :
- Corbeaux A2 et C2
- Poteaux A2, A3 et C3, C4
Les résultats des mesures de vitesse du son sont récapitulés dans le tableau ci-dessous
ci dessous :
Pour l’ensemble des éléments auscultés, les vitesses moyennes s’échelonnent de 3829 à 4397 m/s
avec un écart type variant de 71 à 270 m/s.
Les tests de Dixon et Shapiro appliqués sur les mesures de tous les éléments montrent que
l’ensemble des distributions suit une loi normale, ce qui signifie que la qualité du béton des différents
éléments est comparable.
Le béton est donc de bonne qualité physique (V > 3800 m/s) et est homogène pour tous les éléments.
Remarque : les mesures d’auscultation sonique effectuées ne nous permettent pas de tirer des
conclusions en ce qui concerne la qualité mécanique du matériau.
Conclusion
La géométrie des éléments (poutres, poteaux et dalles) dont la charge se reporte sur le poteau C3 a
été relevé afin de déterminer leur poids et de calculer la descente de charge sur ce poteau, donnée en
Annexe 2.3.
Ces investigations ont permis de récolter les informations nécessaires au recalcul de la structure par
un bureau d’étude.
Les calculs fournit en Annexe 2.4 ont montrés que les poteaux sont suffisamment dimensionnés pour
reprendre les efforts apportés par la mise en place d’un pont roulant de 12.5 tonnes.
Concernant les corbeaux, les armatures supérieures ont une section suffisante, mais les cadres
horizontaux présentent un déficit de section de 61 %.
Pour installer un pont roulant de capacité 12.5 tonnes il sera donc indispensable de conforter les
corbeaux.
Plusieurs propositions de réparations peuvent être envisagées :
- Mise en œuvre d’une section d’armatures, au moins identique au déficit relevé, fixée sur le
corbeau et traversant les poutres avec ancrage dans le poteau. Reconstitution des parements du
corbeau et du poteau en assurant un enrobage suffisant.
- Frettage de la face avant du corbeau et de l’arrière du poteau par mise en place de profilés et
barres de liaison (à passer dans des percements réalisés en partie courante des poutres).
NOTA : cette solution peut être combinée à un renforcement local par TFC (toile de fibre de carbone).
L’appareil d’auscultation ultrasonique AU 2000 a été développé au sein même du CEBTP. Cet
appareil permet de réaliser des mesures non destructives portant sur l’évaluation :
- De l’homogénéité du matériau béton
- De la qualité mécanique du béton en effectuant une corrélation entre les mesures de vitesse du
son et les résultats d’essai à la compression réalisés sur des carottes.
- De la profondeur d’une couche de béton altérée en surface
- De la profondeur d’une fissure
Remarque : l’appareil permet également de caractériser d’autres matériaux que le béton, tels que la
pierre, la maçonnerie, les structures métalliques et même le bois. Mais ceux-ci ne font pas l’objet de
cette étude.
Dans cette partie nous verrons dans un premier temps la réalisation du guide d’utilisateur de cet
appareil, puis nous étudierons en détail cette technique d’auscultation ; le principe de fonctionnement
de l’appareil, l’interprétation des résultats, les limites de cette technique et pour quelles applications il
est pertinent de l’utiliser.
2.4.1.2 Méthodologie
Recherche bibliographique
La première partie de mon travail a été de rassembler et d’étudier les documents existants présentant
la méthode de l’auscultation ultrasonique. J’ai disposé de plusieurs documents rédigés par des
membres du CEBTP et principalement par le créateur de l’appareil D.VIE. Mais ces documents sont
pour la plupart anciens et succincts. Ils restent assez théoriques et ne parlent pas des limites
d’utilisation de l’appareil, ni de la mise en pratique de la mesure.
Cette technique d’auscultation ultrasonique étant relativement peu connue et peu appliquée, seules 3
normes y font référence :
- Norme NF EN 12504-4 : Essais pour béton dans les structures - Partie 4. Détermination de la
vitesse de propagation du son (Mai 2005)
- Norme NF EN 13791 : Evaluation de la résistance à la compression sur site des structures et
des éléments préfabriqués en béton (Septembre 2007)
- Norme NF P 18-418 : Auscultation sonique (Décembre 1989)
La norme NF P 18-418 qui n’est plus en vigueur est la norme la plus complète des trois. Elle donne
des indications sur la manière dont doivent être effectuées les mesures, ainsi que la précision
nécessaire. Cette norme a été remplacée par la norme NF EN 12504-4, dans laquelle sont exposés
les paramètres influant sur les mesures de vitesse du son, mais qui ne donne par exemple aucune
indication sur le nombre de mesures à réaliser, l’exploitation des résultats, etc …
Ces informations ont été essentielles pour la rédaction de la partie pratique du guide ainsi que pour
l’interprétation des résultats. En revanche afin de comprendre comment s’effectue le dépouillement
des mesures j’ai étudié les principes théoriques sur lesquels sont fondés les techniques de mesures
ainsi que la programmation du logiciel de dépouillement Auscult 32. La personne ayant programmé le
logiciel m’a fournit l’ensemble de ses notes ainsi que le cahier des charges auquel devait répondre le
logiciel.
Expérimentation
Par ailleurs, à l’agence de Nancy, qui n’est pas équipé d’un laboratoire de recherche, nous avons
également réalisé 2 expériences afin de caractériser l’influence du type de couplant employé ainsi que
l’influence du bruit lors de la mesure. Ces mesures ont été réalisées sur des éprouvettes bétons
16x32. L’étude des différents couplants a été concluante et a permis d’établir un classement de ceux-
ci et de mettre en évidence la nécessité d’utiliser un couplant. Quant à l’expérience réalisée sur
l’influence du bruit, nous avons actionné successivement différentes machines bruyantes lors de la
prise de mesure mais nous n’avons malheureusement pas constaté d’interférences au niveau des
mesures.
Toutes ces recherches m’ont amenées à la rédaction du guide concernant l’auscultation du béton, qui
est donné en Annexe 3.
L’onde
Les ultrasons sont des ondes élastiques dont la fréquence est comprise entre 15kHz environ et
quelques centaines de Mégahertz. En deçà de cette bande, il s’agit de sons ou d’infrasons et au-delà
de cette bande il s’agit d’hypersons. Il est important de noter que l’onde sonore longitudinale
transporte de l’énergie sans transporter de matière.
Création de l’onde :
Un appareil produisant des ultrasons est appelé transducteur ou convertisseur, il utilise dans notre cas
les propriétés des matériaux piézoélectriques pour convertir l’énergie électrique en une énergie
mécanique ultrasonore. Pour fournir une onde ultrasonore, le principe consiste à fournir aux systèmes
ultrasons une tension électrique dont la fréquence est égale à leur fréquence de résonance.
Que mesure-t-on avec l’AU 2000 ?
Après une distance de parcours L et un temps de propagation t dans le matériau elle atteint un
second transducteur électro-acoustique qui va convertir l’onde en un signal électrique.
L
On peut ainsi déterminer la vitesse de propagation de l’onde sonore dans le matériau : c =
t
Fréquence de l’onde mesurée
Les impulsions à haute fréquence s’amortissent plus rapidement que les impulsions de plus basse
fréquence.
C’est pourquoi il est recommandé d’utiliser des transducteurs à haute fréquence (60 kHz à 200 kHz)
pour les distances de parcours courtes et des transducteurs à basse fréquence (10 kHz à 40 kHz)
pour les distances de parcours longue.
La norme EN 12504-4
4 préconise d’utiliser une fréquence propre des transducteurs compris entre 20
kHz et 150kHz.
La fréquence des transducteurs de l’AU 2000 est de 60 kHz.
L’auscultation ultrasonique permet de localiser des défauts, des vides ou toutes autres malfaçons
dans le matériau. Cette méthode est basée sur la très faible transmission de l’énergie des ultrasons
au travers d’une lame d’air emprisonnée dans le matériau.
Si la surface de vide rempli d’air est supérieure à la surface de contact entre le transducteur et le
béton, la première impulsion captée par le transducteur
transducteur de réception sera diffractée autour de la zone
défectueuse et le temps de propagation sera plus long que dans un matériau homogène.
Mesure en transparence
Le principe de la mesure en transparence directe consiste
consis à
déterminer le temps de propagation des ondes sonores
longitudinales à travers un élément.
L’émetteur et le récepteur sont appliqués sur les 2 faces
opposées de l’élément à mesurer.
Mesure en semi-transparence
Cette méthode consiste à placer l’émetteur
l’émette sur une face et le
récepteur sur une face perpendiculaire.
Afin que les mesures soient répétitives, représentatives et correctes un certains nombre de
précautions doivent être prises qui sont exposées
exposé dans le guide. Celles-ci
ci ne sont pas rappelées dans
le corps de ce rapport.
d
La vitesse est simplement calculée en utilisant la formule : V =
T
Avec d : distance entre les 2 capteurs
T : temps de parcours de l’onde mesuré par AU 2000
− 2
1 n
L’écart type est calculé par la formule suivante : σ = ∑ xi − x
n i =1
Avec n : nombre de mesures
xi : vitesse calculée de la mesure i
−
x : vitesse moyenne de l’ensemble des mesures
L’incertitude calculée traduit à la fois
- l’incertitude sur la mesure, comprenant les incertitudes de lecture, de l’appareil, etc.…
- les incertitudes issues de l’hétérogénéité du matériau.
− 2
1 n
Avec SN = ∑ xi − x
n − 1 i =1
t N ,x
Inc = × SN
N
Pour calculer l’incertitude sur une moyenne de mesures de vitesse du son dans une zone, on
choisit généralement un taux de confiance de 95 % pour le coefficient de Student. Les valeurs
de ce coefficient sont données par une table et dépendent du nombre N de mesures.
2.4.3.2 Tests numériques
Avant d’utiliser des tests statistiques, on peut supprimer certaines valeurs qui paraissent aberrantes et
dont on connaît l’historique, comme par exemple un problème rencontré au moment de la mesure
justifiant l’élimination de la mesure.
Dans le cas d’une valeur suspecte mais dont l’historique de la prise de mesure ne justifie pas la
valeur, on recourt à un test numérique : le test de Dixon, dont l'objet est de détecter les valeurs
aberrantes contenues dans un ou des échantillons en vue de leur élimination.
La formule utilisée varie en fonction du nombre de sujets à étudier, on calcule une valeur τ que l'on
compare à une valeur limite issue de la table de Dixon :
Mode opératoire
- classer les valeurs dans l'ordre croissant,
- calculer l'étendue R de l'échantillon : R = xn-xi
Avec xn : valeur la plus élevée
xi : valeur ayant comme rang i dans le classement par ordre croissant
Le test de Shapiro-Wilk (Shapiro et Wilk (1965)) permet de tester si les mesures sont issues d'une loi
Normale. Ce test est plus puissant de tout autre connu (droite de Henry) lorsque la taille de
l'échantillon est inférieure à 50 dans le cas d'une loi Normale.
Mode opératoire
- Ranger les n mesures expérimentales par ordre de valeur croissante.
- Calculer la moyenne de cette série
- Calculer le nombre Tn défini par Tn = ( y i − y moy ) 2
Avec y moy : moyenne de l’ensemble des temps mesurés
yi : temps mesuré pour la mesures i
n : nombre de mesures
Etc. ……
Remarque : si n = 2p (n pair), on aura p différences et si n = 2p + 1 (n impair) on aura
aussi p différences, la mesure médiane n'intervenant pas.
p
∑a d
j =1
j j
Le test de Henry est également un test de la normalité de la distribution mais nous permet
essentiellement de déterminer des zones d’homogénéité différentes de la qualité du béton
Construction du diagramme de Henry :
- Calculer l’effectif cumulé (fonction RANG sous Excel)
- Calculer la fréquence cumulée
- Calculer le Normit (fonction LOI.NORMALE.STANDARD.INVERSE (fréquence cumulée)
sur Excel)
- Représenter graphiquement Normit en fonction des temps mesurés
1.500
Zone 1 Zone 2
1.000
Fonction Normit
0.500
0.000
100 105 110 115 120
-0.500
-1.000 Zone 3
-1.500
Série1
Tem ps
Linéaire (Série1)
0.25
0.2
σ2
0.15
Poteau 1
0.1
σ1 Poteau 2
0.05
0
0 5 10 15 20 25 30
-0.05
µ2 µ1
Soit µ1 et µ2 les vitesses moyennes calculées sur les poteaux des niveaux 1 et 2, et σ1 et σ2 les
écarts types des valeurs calculées sur les poteaux des niveaux 1 et 2.
Le schéma ci-dessus met bien en évidence que les vitesses du son et l’écart-type sont différents pour
les 2 niveaux. Il faut donc vérifier si ces 2 populations peuvent être comparées.
Pour cela on utilise à nouveau des tests statistiques :
Le test d’égalité des variances :
1 σ2
L’inégalité suivante est à vérifier : ≤ 12 ≤ Fractile
Fractile σ 2
Fractile : fractile de la loi de Fischer pour un niveau de confiance de 95 %, dont la valeur est donnée
dans une table (voir Annexe 4)
Le test de la différence de 2 moyennes :
Ce test permet de mettre en évidence une différence significative entre 2 populations, c'est-à-dire 2
qualités distinctes de béton, si l’inégalité suivante est vérifiée :
σ 2 σ 2
µ1 − µ 2 ≤ u α × 1 + 2
1−
2 n1 n2
Pour pouvoir comparer la qualité du béton des 2 poteaux (pour notre exemple), il faut que les 2 tests
décris précédemment soient positifs. De plus ces tests doivent être effectués sur les zones en les
comparant 2 à 2 ; si A et B sont comparables, de même que A et C, il faut tout de même effectuer les
tests pour B et C.
ln( Rc ) = aV + b + ε
Avec Rc : résistance sur carotte
V : vitesse mesurée in situ (km/s)
a : coefficient directeur
b : ordonnée à l’origine
ε : erreur liée à la dispersion des résultats
Ce choix a été retenu suite à une étude statistique expérimentale CEBTP sur 200 éprouvettes.
Régression linéaire :
∑ (X − X )(Yi − Y )
N
i
b= i =1
a = Y − bX
∑ (X − X)
N
2
i
i =1
Yi : ln( Rc )
Pour que la régression soit significative, il faut vérifier l’inégalité suivante :
r 2 ( N − 2) 1−α
≥ TN − 2
(1 − r )
2
2
∑ (X − X)
N
2
i
Avec r : le coefficient de corrélation calculé comme suit : r = B i =1
∑ (Y −Y )
N
2
i
i =1
1−α
TN − 2 : fractile de la loi de Student à 90 %
2
Si elle est significative, cette corrélation appliquée aux différentes vitesses permet de calculer une
résistance estimée Re et un intervalle de confiance Ic (tributaire des paramètres statistiques,
moyenne, variance et nombre d’observations) ; la résistance minimale estimée Rme correspondant à
chaque vitesse étant égale à : Rme = Re− Ic
Point trop
éloigné de la
droite, à éliminer
Au CEBTP, la vitesse est calculée selon la méthode de régression linéaire, par l’ajustement des
moindres carrés, pour obtenir une corrélation de la forme :
Yi = A + BX i + ε i
Y : temps mesuré
X : distance entre l’émetteur et le récepteur pour chaque mesure.
Calcul de la vitesse et de l’incertitude :
La vitesse et l’incertitude sont calculées selon les formules suivantes :
r2
V =
A
r 2σ (ε i )
δV = T
λσ ( xi ) 1−2α
Avec :
- σ : l’écart type ;
- T(1-α/2) le fractile de la loi normale réduite (selon l’usage, on prend α = 0,90 ).
Limites : Pour qu’un bicouche puisse être détecté et que sa profondeur soit déterminée, il est
impératif que la couche supérieure soit de qualité moindre.
La profondeur totale d’investigation se limite à 6-8 cm.
Principe sur lequel repose l’évaluation d’un bicouche :
Trajet parcourue par l’onde ultrasonique
Positions du
Emetteur
récepteur
Béton
altéré
Béton
sain
Temps
V1
V2 > V1
Béton altéré
Béton sain
Distance
d0 : point de rupture
de la pente
- Le graphique ci-dessus est obtenu en représentant les temps mesurés à l’aide de l’AU
2000 en fonction des distances entre l’émetteur et le récepteur.
- Graphiquement on peut ainsi déterminer la distance d0, à laquelle a lieu le point de
rupture de la pente.
- On effectue 2 régressions linéaires, la première pour toutes les mesures réalisées entre
l’émetteur et la distance d0, et la seconde pour toutes les mesures réalisées entre la
distance d0 et la mesure la plus éloignée. On obtiendra ainsi les équations des 2 droites
représentant les domaines de propagation du son dans le béton altéré, puis dans le béton
sain.
- Pour les 2 domaines on calcule la vitesse de propagation du son, selon la formule donnée
précédemment.
- On peut calculer l’épaisseur de la couche de béton altérée par la formule :
d V2 − V1
e=
2 V2 + V1
Emetteur d Récepteur
Couche 1
e
V1 α α
Couche 2
V2
e/tg(α) d-2 e/tg(α) e/tg(α)
dis tan ce _ parcourue dis tan ce _ dans _ couche _ 1 dis tan ce _ dans _ couche _ 2
t= = +
V V1 V2
Par application des règles de trigonométrie, on peut ainsi exprimer le temps de parcours en fonction
de α et d :
cos(α )
t (d , α ) =
1 2e
d − 2e sin (α ) + V sin (α )
V2 1
2e 1 cos(α )
t (d ,α ) par rapport
dt
= − =0
dα sin 2 (α ) V2 V1
On dérive simplement la fonction
à α
Le temps le plus court s’exprime donc en fonction de e par la relation
d 2e V2 − V1
2 2
t (d ) = +
V2 V1V2
t (d ) =
d
Le point de contact des deux droites est obtenu pour , d’où l’on tire la formule du bicouche
V1
d V2 − V1
e=
2 V2 + V1
Propagation de l’onde
avant la fissure
Dt
La courbe temps/distance admet une asymptote parallèle à la droite représentant la propagation dans
le béton intact.
On étudie tout d’abord la régression correspondant au béton intact en éliminant les points
correspondant à la fissure et ensuite l’écart Dt qui permet d’estimer la profondeur selon la relation
h = V × ∆t
Il est à noter que les résultats des mesures en surface et des mesures en transparence ne peuvent
être comparées même si elles ont été effectuées sur le même élément. La vitesse du son trouvée en
effectuant des mesures en surface est en effet d’un ordre de grandeur de 300 m/s plus faible que les
mesures en transparence.
Pour interpréter les résultats des tests décrits dans la partie dépouillement, il faut pouvoir prendre du
recul et garder à l’esprit le but de la mission. Il faut distinguer différents niveau d’analyses, à savoir :
- un niveau d’analyse simple qui dans le cadre d’un diagnostic complet de la structure
permet de dire si la qualité du béton est homogène
- un niveau d’analyse poussé en vue d’une corrélation vitesse du son / résistance à la
compression
- dans le cas d’une mission exclusive d’auscultation sonique : comparaison de la qualité du
béton d’éléments verticaux dans une structure à grande échelle.
Un premier niveau d’analyse rapide consiste à relever, pour chaque maillage, la moyenne et l’écart
type des mesures des vitesses de propagation. Les zones défectueuses se caractérisent soit par une
vitesse faible, soit par un écart-type élevé.
Les vitesses mesurées caractérisent la qualité du béton du point de vue de ses caractéristiques
physiques (homogénéité, densité). D’après des expériences menées à l’ancien centre de recherche
du CEBTP, on considère que des vitesses :
> 4000 m/s représentent des bétons de bonne qualité, homogène
4000 > V > 3500 m/s : béton de qualité moyenne
3500 > V > 3000 m/s : béton de qualité médiocre
< 3000 m/s : béton de mauvaise qualité.
Concernant l’incertitude, si les conditions de mesures sont très bonnes (bon état de surface, pas de
bruit environnant), l’incertitude varie généralement de 50 à 100 m/s, mais dans de mauvaises
conditions, elle est supérieure à 300 m/s.
Lors d’une analyse rapide, si les vitesses mesurées sur les divers éléments et les écarts types sont du
même ordre de grandeur on peut estimer que la qualité du béton peut être comparable pour ces
éléments.
Si un élément a une vitesse moyenne faible et un écart-type élevé (exemple : vitesse de 2500 m/s et
écart-type de 400 m/s) cela signifie qu’il est en mauvais état, probablement fissuré, ou bien ayant eu
une mise en œuvre médiocre.
Si des essais de compression sur carottes ont été effectués, sans application d’une corrélation
résistance à la compression / vitesse du son, il faut tout de même veiller à ce que les résultats
concordent avec les vitesses du son mesurées.
300
250
200
écart type (m/s)
poteaux niveau 1
150
poteaux sous-sol
100
50
0
3000 3200 3400 3600 3800 4000 4200 4400
vitesse (m/s)
On détermine arbitrairement une incertitude « normale », visualisée sur le diagramme par un faisceau
de fréquence importante (masque jaune clair).
Les éléments présentant une incertitude élevée et situé en dehors de ce faisceau peuvent être
considérés comme étant à risque.
Interprétation de l’exemple :
- les incertitudes (écarts type) moyennes sont comprises entre 50 et 150m/s, ce qui correspond à des
bétons d’homogénéité médiocre. Les écarts type plus élevés sont expliqués soit par des accès
difficiles, soit par des mesures localement différentes.
- globalement, les poteaux du sous sol (moyenne 3867m/s) apparaissent comme d’une qualité
meilleure que celle du niveau 1 (moyenne 3710m/s) et surtout l’amplitude des vitesses est moins
grande (~600m/s pour N0 pour 1100m/s pour N1) ce qui indique une meilleure homogénéité globale.
prémur 1 prémur 2
Parements
1 2 3 4 60 cm 10 cm intérieurs
1000
900
800
Incertitude (m/s)
700
600
500
400
300
200
100
0
3500 3600 3700 3800 3900 4000 4100 4200 4300
zones présentant des défauts de remplissage Vitesse du son (m/s)
zones présentant un remplissage homogène et de bonne qualité
7 zones (en bleu sur le graphique) présentent des vitesses moyennes relativement faibles
associées à un écart-type important. Ces résultats traduisent des défauts de remplissage, d’autant
plus étendus que la vitesse moyenne est faible. Un écart-type élevé est associé à un défaut de
remplissage important (vide).
La corrélation vitesse du son / résistance à la compression du béton s’appuie généralement sur des
mesures en transparence. Les mesures en surface, du fait qu’elles ne caractérisent que les 8
premiers centimètres à partir de la surface ne sont pas conseillées pour cette application.
Les conditions d’application de la norme EN 13791 (septembre 2007) sont très restrictives pour
effectuer une corrélation (voir paragraphe 3.1.7)
Ce type de mission peut être proposé au client afin de déterminer la résistance à la compression du
béton d’un grand nombre d’éléments sans effectuer de trop nombreux carottages en vue de calculer
la capacité portante de ces éléments. Il est important de connaître la résistance à la compression du
béton pour les éléments comprimés. Une mission de ce type sur des dalles est insignifiante, car le
paramètre important pour caractériser la capacité portante d’une dalle est le ferraillage.
On pourra ainsi déterminer l’épaisseur de la couche de béton altéré en surface. Cette altération
pouvant notamment être due au gel du béton, à son altération par un incendie.
L’évaluation de la profondeur de fissures est souvent appliquée aux dalles, ou dallages afin de
déterminer :
- si la fissuration est homogène sur l’ensemble de l’élément
- si la fissure est traversante ou non (risques d’infiltration d’eau et d’humidité à l’intérieur
d’un bâtiment par exemple).
- afin de mieux définir les réparations à effectuer. En fonction des profondeurs, le type et le
coût des réparations peut varier de manière importante.
Limites de cette évaluation :
- Il ne s’agit pas d’une mesure à l’aide d’une jauge de profondeur ; on extrapole avec une
certaine erreur la profondeur de la fissure à partir du temps de propagation du son dans le
matériau. Une fissure n’est jamais rectiligne mais irrégulière et son ouverture varie, c’est
pourquoi cette méthode nous permet uniquement d’obtenir une estimation de la
profondeur de la fissure (à 1-2 cm près)
- On est toujours limité dans la profondeur d’évaluation d’environ 8 cm pour les mesures en
surfaces.
- Si la fissure est colmatée avec de la calcite par exemple, on ne peut pas déterminer la
profondeur de la fissure. Le matériau de colmatage dans la fissure véhicule l’onde
ultrasonique, qui n’est plus obligée de « contourner » la fissure.
• L’accès souvent difficile aux structures pour effectuer des mesures constitue la première limite
à l’utilisation de cette méthode non destructive. En effet
- les revêtements ou enduits
- un habillage de briques
- les dispositions pour la protection au feu : le plâtre
- les faux plafonds
sont des éléments empêchant d’effectuer des mesures.
De plus cette technique nécessite que l’opérateur soit installé confortablement, c'est-à-dire
qu’il puisse exercer une pression suffisante sur les transducteurs et de manière similaire pour
toutes les mesures, afin que celles-ci ne soient pas faussées.
• Le bruit, dont l’influence n’est pas encore formalisée, influence également les mesures de
vitesse du son.
• Tous les matériaux ne peuvent pas être auscultés à l’aide de mesures de vitesses du son, à
savoir :
- les bétons légers (trop d’air occlus ?)
- les bétons fibrés
- les bétons « hautes performances », où l’homogénéité n’est plus un facteur déterminant
de la qualité du béton.
3 Objectifs du diagnostic
Après avoir identifié l’origine des désordres, évaluer leur étendue dans l’espace, et avoir prédit leur
évolution probable, dans l’espace et dans le temps en l’absence d’intervention, le diagnostic permet :
Il est à noter que des réparations sont envisageables même lorsque les désordres affectant la
structure sont limitées du à des considérations d’ordre esthétique et suivant la volonté du client.
D’autre part, même si la structure est apparemment en bon état, le renforcement de la structure pour
adapter son état de service à de nouveaux besoins (modification du chargement de la structure)
nécessite également l’établissement d’un diagnostic.
Dans cette partie nous aborderons le calcul de la capacité portante d’une structure au travers d’un
exemple et étudierons principalement les hypothèses de calcul qui ont été prises.
Puis, nous aborderons le thème du renforcement de structures par l’exemple de la rédaction d’un
dossier de consultation d’entreprises suite à l’élaboration d’un diagnostic de châteaux d’eau.
Une réflexion s’impose donc et l’on doit valider les hypothèses du recalcul, la modélisation de la
structure ainsi que les résultats obtenus.
Cette réflexion que nous avons eue lors du calcul de la capacité portante d’un plancher est exposée
dans ce paragraphe : « Affaire Lucas Perches : calcul de capacité portante d’un plancher ».
ème
Ci-dessous un schéma de la structure du plancher du 2 étage :
Poutres simples
allèges
Dalle
Le souhait du client est de mettre en place 40 cm d’eau (suivant les dispositions schématisées ci-
dessus) dans les caissons formés naturellement par les poutres allèges. Le client ne souhaite pas la
réalisation d’un diagnostic qui aurait pourtant permis de déterminer l’état de la structure, de même que
l’enrobage réel des armatures.
Le but de notre mission est de déterminer l’aptitude du plancher à supporter le poids supplémentaire
apporté par l’eau en s’appuyant uniquement sur les plans de ferraillage et sur un essai sclérométrique.
Les plans de ferraillage en notre possession datent de 1964. Le code de calcul utilisé à l’époque est
donc le BA 60.
La première des décisions à prendre est le choix du règlement que l’on va suivre pour la vérification,
le code actuel ou celui de l’époque de construction. Au sein du CEBTP et de la loi française en
général, les avis divergent. Selon certains le calcul de vérification de capacité portante doit être
effectué selon le règlement en vigueur, mais d’autres conseillent d’utiliser le règlement de l’époque
sans quoi la structure risque d’être sous-dimensionnée.
Toutefois, un expert au CEBTP nous a expliqué qu’en ce qui concerne les sections d’armatures
nécessaires, les différences entre les divers codes sont relativement faibles, et qu’elles concernent
principalement les dispositions constructives devenues plus sévères avec le temps.
C’est pourquoi il a été décidé de réaliser le calcul de vérification au BAEL 91 (révisé 99).
3.1.2.2 Résistance en compression du béton
Des essais sclérométriques sur les éléments en béton armé ont été effectués début 2009 par
l’entreprise Sigma Béton.
Le scléromètre est un appareil permettant de mesurer la
dureté du béton par la projection d’une bille à sa
surface. Sur l’appareil, figure un abaque permettant le
calcul de la résistance du béton à partir de l’indice
sclérométrique.
Il donne des indications uniquement sur le béton en
surface et non à cœur. Les mesures réalisées sur un
béton ancien peuvent être ainsi faussées si le béton est
Figure 3.1.1 : Mesure au scléromètre
L’enrobage des aciers n’est pas indiqué sur les plans de ferraillage. Nous nous sommes donc référés
au CCBA 60 afin de connaître quelles étaient les exigences de ce code. Selon l’article 2,312, en
milieu non agressif, pour les parements exposés aux intempéries ou susceptibles de l’être aux
condensations ou eu égard à la destination des ouvrages au contact d’un liquide, la distance
d’enrobage est prise égale à 2 cm.
3.1.2.5 Fissuration
Le calcul est mené pour un type de fissuration peu préjudiciable car le milieu est peu agressif et les
éléments se situent en intérieur de bâtiment.
une poutre et qu’elles doivent être calculés comme une dalle reposant sur 4 côtés. Toutefois la dalle
n’est ferraillée que dans un sens (pas d’armatures de répartition). La dalle sera donc assimilée à une
poutre continue sur 7 appuis et les calculs seront effectuer pour 1 m de largeur.
3.1.3.1 Calcul des moments sur appui et en travée
er
Le 1 choix a été de modéliser cette poutre continue de 1 m de large à l’aide du logiciel RDM 6. Ce
logiciel est un logiciel de résistance des matériaux purs et ne prend par exemple pas en compte la
réduction des moments sur appuis. Aussi avons-nous appliqué une méthode de calcul proposée par
le BAEL : la méthode de Caquot.
Comme le plancher est un plancher à faibles surcharges, nous pourrions théoriquement utiliser la
méthode forfaitaire, mais l’article …… du BAEL 91 précise certaines restrictions à l’utilisation de la
méthode forfaitaire ; le rapport des portées d’une travée à l’autre doit être compris entre 0,8 et 1,2. La
dalle ne respecte pas cette condition, c’est pourquoi nous avons calculé les moments sur appuis
suivant la « méthode de Caquot ».
4
Avec 832 , 34 9 3 si la travée est simplement posée sur l’appui
4
832 , 34 9 0,8 7 3 si la travée est continue au delà de l’appui
3.1.5 Conclusion :
La dalle ainsi que la poutre simple calculée (207) ne peuvent théoriquement pas supporter le poids
propre du plancher. D’après ces résultats il n’est pas envisageable de mettre en place des bacs
« tampons » sur ce plancher, et toute charge actuellement positionnée sur ce plancher doit être
immédiatement retirée. Ceci confirme la note figurant dans le cartouche du plan de ferraillage de la
dalle : « Plancher sans surcharges ».
Dans cette affaire, l’évaluation de la capacité portante a montré qu’en l’état actuel du chargement, la
structure permet de garantir la sécurité des utilisateurs. En l’absence de données concernant l’état
visuel du plancher et la présence ou non de désordres, aucune réparation n’est préconisée.
Mais en général, le calcul de la capacité portante permet de définir les zones déficitaires qui sont à
renforcer dues aux désordres affectant ces éléments ou en prévision d’un supplément de charges qui
sera appliqué à la structure. Le paragraphe suivant est consacré à l’étude des réparations au travers
d’un exemple.
En effet, si l’origine des désordres n’est pas traitée, ceux-ci réapparaîtrons rapidement après la
réparation et la structure n’est pas assainie.
Le CEBTP effectue les diagnostics sur les structures et donne des indications concernant les
principes de confortement de l’ouvrage, mais peut aussi assister les clients (rôle de maîtrise d’œuvre)
lorsque celui-ci effectue les travaux de réparations s’appuyant sur le diagnostic.
C’est dans le cadre d’une mission de maîtrise d’œuvre que j’ai rédigé le dossier de consultation des
entreprises, dont des extraits sont donnés dans l’Annexe 4 pour les travaux de réparations de 2
châteaux d’eau. Ce travail est présenté dans cette partie et m’a permis d’aborder les techniques de
réparation.
Une fois l’entreprise qui va exécuter les travaux choisie, la maîtrise d’œuvre a un rôle de vérification et
de suivi de l’exécution des travaux à effectuer et de diriger les réunions hebdomadaires de chantier.
A la fin des travaux, la maîtrise d’œuvre assistera le maître d’ouvrage pour la réception des travaux.
Ce diagnostic a permis de relever les désordres types affectant l’extérieur des 2 châteaux d’eau, ainsi
que de déterminer l’état des parements intérieurs de la cuve du château d’eau de Nehwiller. A partir
de ces observations un avis sur les principes d’entretien
d’entretien et de réparation a été donné.
Suite à ce diagnostic, le maître d’ouvrage a demandé au
au CEBTP de fournir une estimation financière
fina
des travaux de réfection et a mandaté le CEBTP pour une mission de maîtrise d’œuvre.
Il existe principalement 2 techniques de reconstitution du béton : mise en place d’un mortier de fibre
prêt à l’emploi, soit de manière traditionnelle à la taloche, soit par projection. La méthode par
projection est réservée aux surfaces planes importantes, on utilisera donc la technique traditionnelle.
La difficulté concernant la reconstitution du béton d’enrobage ne réside donc pas dans la méthode
mais concerne la surface de béton à reprendre.
En effet les investigations pachométriques effectuées au cours du diagnostic montrent que l’enrobage
minimal des cadres (sur les poteaux et anneaux de contreventement) est de 5 mm au minimum, mais
qu’en moyenne l’enrobage est d’environ 20 mm.
Or selon le BAEL 89 (révisé 91), l’enrobage minimal des armatures doit être de 3 cm. Faut-il donc
reconstituer une couche de béton afin d ‘atteindre la valeur d’enrobage minimale réglementaire sur
l’ensemble de la structure porteuse ?
Cette solution est impossible à mettre en œuvre car le poids qui serait rajouté à la structure serait trop
important et l’on ne sait pas si les fondations et le sol sont capables de reprendre une charge
supplémentaire. De plus les mesures de potentiel effectuées montrent que les aciers qui ne sont pas
apparents et corrodés présentent une très faible probabilité de développement de la corrosion. De
même des tests de carbonatation ont été réalisés et ont montré que la profondeur de carbonatation du
béton est au maximum de 1 cm. La profondeur maximale de carbonatation est inférieure à l’enrobage
moyen des armatures.
La reconstitution du béton d’enrobage se fera donc uniquement dans les zones repiquées. On choisit
une valeur arbitraire de 20 mm de béton d’enrobage à mettre en place. Si l’on mettait 30 mm
d’enrobage, on observerait un manque de planéité entre les zones repiquées et les zones qui étaient
« saines ». De plus les armatures ont en plus du béton d’enrobage la protection du produit de
passivation appliqué.
On finira par appliquer un revêtement coloré pour la protection du béton contre les agressions
atmosphériques.
Le bordereau des prix unitaires fait partie du dossier de consultation des entreprises sur lequel les
entrepreneurs indiquent le prix unitaire des prestations, par exemple le prix par mètre linéaire de la
reprise des armatures corrodées. Les quantités totales sont indiquées par la maîtrise d’œuvre.
La réalisation de ce document a constitué un point critique. En effet, le diagnostic réalisé sur les
châteaux d’eau avait pour but de qualifier le type de désordres observés mais pas de les quantifiés.
De plus l’intervention avec une nacelle n’a pas permis d’accéder de près à certaines parties de la
structure pour y effectuer des mesures. De même aucun relevé de l’emplacement et de l’étendue des
désordres n’a été réalisé.
Ce problème est récurrent lors de la réalisation de missions de maîtrise d’œuvre. Afin de décrocher le
marché on propose au client un diagnostic allégé pour déterminer l’origine probable des désordres
mais sans les qualifier. Lors de l’étude des quantités à réparer, on ne peut que les estimées et l’on ne
peut pas transmettre à l’entrepreneur une quantité précise du travail à effectuer. Celui-ci gonflera alors
ses prix afin de ne pas avoir de quantité plus importante de matériaux de réparations à mettre en
œuvre que celle prévue dans son prix.
D’autre part si l’on ne connaît pas les quantités exactes des réparations, on demande à l’entrepreneur
de donner un prix forfaitaire et non unitaire. Mais cela va rendre difficile la comparaison des offres des
différentes entreprises.
On remarque donc que la réalisation d’un diagnostic complet et comprenant la qualification ainsi que
la quantification des désordres est très importante pour la phase de réparation des structures.
Conclusion
Bibliographie
[1] Annales de l’ITBTP - Recommandation de la RILEM « Les essais sur béton par la méthode de
l’auscultation dynamique », N°309-310
[2] Mamilan M., Bouineau A. (1980) « Nouvelles applications des mesures de vitesse du son aux
matériaux de construction », Annales de l’ITBTP n°3 82, avril 1980
[3] Mamilan M., (1971) « Perfectionnement des méthodes d’essais par auscultation dynamique »,
Annales de l’ITBTP Supplément au n°282, juin 1971
[4] Bouineau A., Vié D., Paquet J. (Octobre 1991) « Auscultation ultra sonique », Support de
conférence pour un stage de formation interne
[5] Pasquignon M. (2000) « L’auscultation ultra sonique appliquée au diagnostic des structures en
béton - Approche commerciale et technique »
[6] Presses de l’Ecole des ponts et Chaussées « Méthodologie d’évaluation non destructive de l’état
d’altération des ouvrages en béton. » 2005
[7] Taché G. (2008) « Détermination de la vitesse de propagation du son dans le béton », Notice
explicative d’avril 2008 »
[8] Documentation du CEBTP « Mesures d’auscultation ultra-sonique »
[9] Plaquette CEBTP « Dossier technique Ausculteur sonique AU 2000 : mesure de la vitesse du son
dans les matériaux »
[10] Mamilan M., Bouineau A., « Contrôle par la mesure de la vitesse de propagation du son de
l’homogénéité du béton »
[11] Vié D., Procédure d’essai CEBTP « Auscultation ultra-sonique, Mesures sur ouvrages en béton »
[12] Institut de normalisation française, mai 2005, « Norme NF EN 12504-4 – Essais pour béton dans
les structures partie 4. Détermination de la vitesse de propagation du son »
[13] Institut de normalisation française, septembre 2007, « Norme NF EN 13791 – Evaluation de la
résistance à la compression sur site des structures et des éléments préfabriqués en béton »
[14] Institut de normalisation française, décembre 1989, « Norme NF P 18-418 : Auscultation
sonique »
[15] B.A.E.L. 1989 révisé 1991