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Audit interne et audit externe à la fois

proches et distants
L’audit a la particularité d’être exercé en interne comme en externe du point de vue d’une
organisation. Peu de métier présente cette caractéristique. Pour autant dualité ne signifie pas
schizophrénie. L’audit interne et l’audit externe sont individualisables puisque leurs champs
d’intervention diffèrent. Certes, ils emploient des techniques similaires, mais celles-ci concernent
des objets distincts. L’audit externe a pour mission de donner une assurance raisonnable sur la
qualité des comptes annuels. Ils rapportent le résultat de ses investigations aux propriétaires de
l’entreprise ainsi qu’au public. Il s’agit pour lui de certifier, ou pas, que le bilan, le compte de
résultat, l’annexe, présentent ensembles une image fidèle, sincère, régulière de la situation
patrimoniale et du résultat de l’entreprise. L’audit interne, quant à lui, livre également des
conclusions sous le prisme d’une assurance raisonnable. Mais contrairement aux commissaires aux
comptes, les résultats de ses travaux ne sont pas publiés. Les auditeurs internes s’adressent
exclusivement aux mandataires sociaux, plus particulièrement à la présidence de l’organe
délibérant. Tout au plus sont-ils obligés de communiquer leurs rapports à une autorité de contrôle,
comme c’est le cas dans le secteur bancaire avec l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution
(ACPR). Mais au-delà des modalités de communication, l’audit interne se différencie du
commissariat aux comptes par le fait d’intervenir sur l’ensemble des activités et des métiers de
l’organisation, avec pour objectif de s’assurer de la conformité des opérations réalisées et de la
qualité des dispositifs de maîtrise des risques. Toutes les fonctions de l’entreprise sont ainsi
concernées par les interventions de l’audit interne, aucune n’est censée s’y soustraire…

Les métiers de commissariat aux comptes et d’audit interne présentent des similitudes, ce qui
implique une complémentarité entre les deux professions, mais également le risque de confusion.
Les relations entre audit externe et interne doivent ainsi être organisées de façon à ce que le travail
de chacun soit parfaitement identifiable. Mais il est également nécessaire que chacun puisse se
nourrir des diligences menées par l’un et l’autre. Ceci est d’ailleurs un impératif pour le
commissaire aux comptes car n’appartenant pas à l’organisation auditée, il est exposé à une
asymétrie d’informations entre son client et lui-même plus forte que celle possible entre l’audit
interne et son employeur. Cet état de fait ne réduit pas pour autant la responsabilité de l’auditeur
externe. Celui-ci se prononce sur la véracité des comptes annuels, ce qui n’est pas rien ! Le
commissaire aux comptes doit donc disposer de relais d’informations au sein de l’organisation
pour mener à bien ses travaux dans des conditions acceptables eu égard la responsabilité qui est la
sienne.
Le commissaire aux comptes doit savoir s’appuyer sur l’audit interne qui est certainement le mieux
placé dans l’entreprise pour exercer cette collaboration, ceci pour trois raisons. La première tient
à la proximité des métiers d’audit externe et interne qui réduit les biais de communication. On peut
dire simplement que l’audit interne et le commissaire aux comptes sont faits pour s’entendre et se
comprendre. Ensuite, grâce à l’étendue de ses missions, l’audit interne est la fonction dans
l’entreprise disposant le plus d’une vision transverse des procès employés par les différents
métiers. Sachant que les comptes annuels sont une agrégation des écritures comptables enregistrées
tout au long de l’année, lesquelles écritures reflètent économiquement les opérations générées par
les process, l’auditeur interne avec ses travaux connaît l’origine opérationnelle des postes du bilan
et du compte de résultat contrôlés par le commissaire aux comptes. En d’autres termes, les
interventions de l’audit interne en amont des opérations comptables intéressent forcément le
commissaire aux comptes qui lui est investi en aval de ces mêmes opérations. Enfin, la troisième
raison justifiant que l’auditeur interne soit l’interlocuteur idoine pour le commissaire aux comptes
relève de son indépendance au sein de l’entreprise. L’audit externe a besoin nous l’avons-dit
d’obtenir de l’information. Mais encore faut-il que celle-ci soit de qualité. L’indépendance de
l’auditeur interne eu égard son positionnement hiérarchique et ses obligations déontologiques est
de nature à garantir cette qualité.

La relation entre l’audit interne et le commissaire aux comptes, si elle repose sur des principes de
transparence équilibrée, permet la transmission réciproque d’informations. L’auditeur interne doit
en effet pouvoir compter sur l’auditeur externe pour connaître les problématiques comptables en
cours et les éventuels points d’achoppement avec la Direction financière. Cependant, les principes
ne suffisent pas à entretenir une relation de qualité, les actes sont nécessaires. Sur ce point, la
communication des rapports d’audit interne au commissaire aux comptes participe de cette qualité,
tout comme les entretiens à fréquence régulière entre les deux métiers, notamment lors des arrêtés
et clôtures comptables. En outre, même si les missions de l’un et de l’autre sont différentes, rien
n’empêche à ce qu’elles soient complémentaires. L’audit interne peut ainsi examiner une fois par
an les dispositifs de couverture du risque opérationnel ayant trait aux activités comptables. Même
si initialement elles ne lui sont pas adressées, les conclusions sur ce type de mission intéresseront
au premier chef le commissaire aux comptes. Il disposera alors d’une évaluation indépendante sur
la qualité des procès à la source des états de synthèse. L’audit interne, quant à lui, profite des
travaux de commissariat aux comptes en élargissant sa connaissance des risques sous l’angle
financier. Il peut également orienter ses tests lors de missions futures sur base des sondages menés
par l’auditeur externe, notamment pour éviter les doublons qui à raison exaspèrent les audités.
Enfin, les conclusions des commissaires aux comptes sont utiles pour la planification des missions
d’audit interne.
La séparation des rôles et des tâches entre l’audit interne et le commissaire aux comptes est
indispensable, qui plus est obligatoire. Il en va de l’indépendance des auditeurs, donc de leur
crédibilité, qu’ils soient internes ou externes. Bien-sûr il ne s’agit pas d’édifier dans l’entreprise
une « muraille de Chine » entre les deux métiers. Trop de distance nuit à la qualité et à l’efficacité
des travaux d’audit dans leur globalité. Il n’est pas question non plus de favoriser une trop forte
proximité car celle-ci finirait par épuiser l’objectivité dont chacun doit faire preuve. L’audit interne
et le commissaire aux comptes se doivent donc d’être à la fois proches et distants.

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