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de la créativité
T RIZ, quatre lettres occidentalisées au même titre qu’une théorie qui n’a pas
fini de nous surprendre. À l’origine TRIZ (en cyrillique) est l’acronyme de
TRPI ou « Théorie de la résolution des problèmes d’innovation ». Dès lors, le pre-
mier réflexe de nos esprits (habitués à l’arrivée successive ces dernières années
de quelque 200 outils et méthodes) est la suspicion. Encore une nouvelle
méthode ! Ces quelques pages, je l’espère, amèneront le lecteur à « penser
autrement ». En fait, le titre de cet article indique que TRIZ ne se classe ni dans
les outils, ni dans les méthodes. TRIZ est une théorie, une nouvelle façon d’abor-
der le problème de la créativité et les 46 années de recherches ayant contribué à
sa mise au point en font aujourd’hui une théorie représentant à elle toute seule,
une discipline.
À en croire les spécialistes TRIZ, ceux que Christine Snyder surnomme les
« sorciers », de longues années de pratique sont nécessaires pour monter effica-
cement en compétence dans la mise en œuvre de la théorie. Néanmoins, ce que
nous allons, au travers de cet article, tenter de faire comprendre au lecteur, c’est
qu’avoir une vision globale de la « sphère » TRIZ est relativement simple.
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Analyse
des brevets
Analyse des
comportements Notions essentielles
psychologiques
des inventeurs
Lois d'évolution des
systèmes techniques
Analyse des outils
et méthodes
existantes Outils
Analyse de la
littérature
scientifique Figure 1 – Les quatre sources des travaux
d’Altshuller
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å Fu -
D = -------------------------------
å Fn + å Fc
où :
— D est le degré d’approche de l’idéal,
— å F u est la somme des fonctions utiles du système (la fonction
« écrire » du stylo est assurée),
a la poutre est soumise à un effort
— å F c est la somme des coûts générés par le système (les coûts
en vue d’assurer la fonction « écrire » du stylo sont nuls),
— å F n est la somme des fonctions nuisibles causées par le sys-
tème (les fonctions nuisibles que causait la fonction « écrire » du
stylo n’existent plus).
Figure 2 – Solution avec et sans compromis d’une poutre Tous les problèmes d’innovation présentent la même difficulté
soumise à un effort majeure : ils semblent insolubles.
D’après Altshuller, tout système technique comporte une contra-
diction souvent cachée. En fonction de la difficulté du problème à
direction du RIF, d’éviter les solutions faites de compromis. La tran-
résoudre, cette contradiction est plus ou moins apparente. Il existe
sition en direction du RIF, une des étapes essentielles d’ARIZ (§ 5),
trois types de contradiction.
est un processus puissant qui permet de formuler un résultat idéal
de façon très précise. La chose la plus importante est d’exiger que
■ Contradiction opérationnelle
tout soit exécuté de façon autonome.
Un problème d’innovation, au premier abord, laisse entrevoir une
Tout système peut prétendre parvenir à son idéal. Il s’agit ici contradiction opérationnelle. C’est souvent notre premier contact
d’imaginer, bien au-delà des réalités technologiques, ce que pour- avec le problème tel qu’il est formulé initialement. Une contradic-
rait être la représentation idéale d’un système. tion opérationnelle n’indique cependant pas dans quelle direction la
solution doit être prospectée et nécessite une révision pour dimi-
nuer son degré de complexité.
Par définition, un système idéal est un système « qui
n’existe pas, mais dont la fonction est assurée d’une manière ou ■ Contradiction technique
d’une autre ». C’est un système :
Lorsque, dans un système, on améliore une caractéristique tech-
— qui n’a pas de coût ; nique (ou un paramètre) d’un objet, une autre caractéristique (ou
— qui n’a pas de volume ; paramètre) s’en trouve détériorée. Bien souvent cette contradiction
— qui n’a pas de surface ; technique est cachée ou mal formulée.
— qui maximise sa capacité de travail ;
— qui maximise ses fonctionnalités. ■ Contradiction physique
Elle oppose directement deux requêtes (ou paramètres) formu-
Exemple : un stylo idéal est un stylo dont la fonction « écrire » est lées par un seul et même système. Elle souligne l’opposition littéra-
assurée en l’absence totale du stylo en tant qu’objet (par le prolonge- lement en mettant en évidence le caractère impossible de la
ment du doigt, de la pensée...). situation.
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N S
2.3 Inertie psychologique Problème Solution
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Dans ses analyses de brevets, Altshuller remarque très vite Figure 5 – Situation d’inertie psychologique : exemple
qu’une immense partie des dépôts ne sont en fait que des améliora- de mécanisme d’impression couleur [14]
tions mineures, insignifiantes en terme de progrès industriels et
dont les solutions peuvent être très rapidement trouvées.
— La résolution des problèmes passe par l’analyse de pistes de
■ Dès lors, quelques questions évidentes se posent. solutions sans cesse croissantes, en fonction de leur complexité.
— Qu’est-ce qui rend un problème simple et facile à résoudre ?
— Pourquoi les problèmes complexes sont-ils difficiles à ■ Après plusieurs milliers de brevets analysés, Altshuller a mis en
résoudre ? évidence 5 niveaux d’inventivité (tableau 1) [2]. Il a effectué un clas-
— Qu’est-ce qui rend un problème complexe ? sement par ordre de complexité du problème résolu, a estimé le
— N’existe-t-il pas une méthode permettant de transformer un pourcentage de solutions que représente chaque niveau par rapport
problème complexe en un problème simple ? au total analysé, puis l’ampleur de l’origine des connaissances dans
lesquelles il est nécessaire de puiser les solutions. Avant de parvenir
■ Partant de ces questions, il est possible de formuler les quelques à la solution, le nombre d’essais approximatif à réaliser est indiqué
éléments de réponse suivants. dans ce tableau.
— Les méthodes traditionnelles de créativité affirment toutes que
les problèmes sont variés et ne peuvent être traités dans leur On s’aperçoit alors que le réel « bond technologique » qui carac-
ensemble. térise l’innovation n’est présent que dans moins de 23 % des bre-
— Certains problèmes simples peuvent être traités en un rien de vets. Mais, afin de simplifier la phase de recherche de solution, il est
temps, d’autres ne trouveront pas de solution même dans une vie primordial de diminuer le niveau d’inventivité d’un problème en le
entière. ramenant au plus près du niveau 1.
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■ Cette propriété de la loi 2 est d’une grande importance : pour il faut s’orienter en particulier sur l’accroissement du perfectionne-
qu’une partie d’un ST soit contrôlable, il est nécessaire d’assurer ment, un critère sûr dans l’amélioration des problèmes, des solu-
la conductivité énergétique entre cette partie et les organes de tions et dans l’évaluation des réponses.
contrôle.
Loi 5 : loi du développement inégal des parties d’un ST.
Loi 3 : loi de coordination du rythme des parties d’un ST.
Les parties d’un système se développent d’une manière inégale.
Une condition indispensable au fonctionnement d’un ST est la Plus le système est complexe, plus le développement de ses parties
coordination du rythme (fréquence, vibrations, périodicité) de tou- est inégal. Ce développement inégal génère l’apparition de contra-
tes ses parties. dictions techniques et physiques et, par conséquent, suscite le
Exemple : situation des acteurs sur un plateau de tournage. besoin d’innover.
Ces acteurs se trouvent soumis à l’éclairage de projecteurs à haute Exemple : supposons que nous ayons un bateau rapide ayant la
température et tout le plateau se trouve chauffé par cette situation. Les meilleure coque et le plus performant des moteurs modernes.
acteurs sont donc soumis à cette chaleur et transpirent à cause de ces Comment augmenter la vitesse du bateau jusqu’à 100 ou même
projecteurs. 200 km/h ? Considérons que le bateau possède déjà un moteur de der-
Observons maintenant la nécessité de l’éclairage des acteurs. Ils ne nière génération. Selon le principe de la conservation d’énergie, il est
doivent fonctionnellement être éclairés que durant le laps de temps où évident que la vitesse ne peut pas augmenter toute seule. Il faut modi-
la caméra prend une image (soit environ 25 fois par seconde, pendant fier des parties du bateau, notamment le moteur ou la coque (en prin-
les prises de vues). Hors de cette courte période, il est inutile de les cipe, il est possible aussi de changer le milieu dans lequel se trouve le
éclairer de cette façon. bateau).
Nous sommes en présence, dans cette situation, d’une absence de ● Pouvons-nous modifier le moteur ? Pas qualitativement, car,
coordination du rythme des parties où une partie, le projecteur, fonc- selon les données de départ, le bateau possède déjà le plus performant
tionne 100 % du temps et l’autre partie, la prise d’image, fonctionne à des moteurs. Par contre, nous pouvons le faire quantitativement. Pre-
un rythme différent. Dans ce cas, une évolution logique du système nons à la place d’un seul moteur deux, trois, cinq moteurs... Puisque la
serait d’accroître la coordination du rythme des deux parties. coque du bateau en mouvement sort de l’eau la résistance principale
est créée par le flux d’air. Augmenter la puissance du moteur en gar-
dant les mêmes dimensions de la coque signifie augmenter la vitesse.
Nous avons fait le premier pas : nous avons augmenté une partie d’un
3.2 Lois cinématiques ST sans toucher aux autres.
Soulignons qu’augmenter une partie sans apporter de modifications
aux autres est essentiel, sinon il n’y aura pas de gain.
La partie cinématique comprend des lois qui définissent le déve-
loppement d’un ST sans tenir compte des facteurs concrets techni- Mais en gagnant de la vitesse, nous perdons sur d’autres qualités du
ques et physiques définissant ce développement. système. Ainsi, le bateau, surchargé de poids annexes perd sa capacité
à se tenir sur l’eau (avant de prendre de l’élan). Donc, il sera obligé de
Loi 4 : loi d’augmentation du niveau de perfectionnement prendre le départ à partir du bord, en remorquage, comme les skieurs
d’un ST. nautiques. Le développement inégal a conduit à l’apparition d’une
contradiction technique. Le gain en poids s’accompagne des pertes
Le développement de tout ST tend vers un niveau plus élevé de
en confort d’exploitation du système (départ du bord, remorquage). Un
perfectionnement. Comme il est défini dans les notions fondamen-
problème nécessitant une innovation est apparu.
tales de TRIZ (§ 2.1), un ST idéal est un système dont le poids, le
volume, la surface, le coût, cherchent à atteindre zéro et dont la ● De toute évidence, le deuxième pas réside dans le changement
capacité de travail et les fonctionnalités restent toujours identiques. de la coque. Cependant, nous sommes confrontés dès le départ à une
Autrement dit, un ST idéal est un système qui n’existe pas mais qui contradiction physique : la coque doit être changée (agrandie) pour
conserve toutes ses fonctionnalités. que le bateau ne coule pas à l’arrêt ou quand il prend de l’élan et, en
même temps, elle ne doit pas être modifiée pour ne pas augmenter la
■ Malgré l’aspect évident du concept de « ST idéal », il subsiste un résistance à l’air quand elle a pris son élan.
paradoxe : les ST réels deviennent de plus en plus lourds et impor- Il est facile de diviser des propriétés contradictoires dans le temps.
tants. Les dimensions et le poids des avions, des pétroliers, des D’après un autre outil TRIZ développé par Altshuller (la matrice de réso-
automobiles, etc., augmentent. Ce paradoxe s’explique par le fait lution des contradictions techniques, § 4.1), nous avons la masse
que les moyens dégagés pour le perfectionnement d’un ST servent contre le confort d’exploitation : la matrice nous suggère notamment le
principalement à augmenter ses dimensions et à élever, ce qui est le principe no 35 : changer l’état de la coque, notamment, remplacer une
plus important, ses paramètres de travail. coque solide par une coque liquide ou gazeuse. Le plus simple serait
Exemple : les premières automobiles atteignaient une vitesse de de faire une partie de la coque sous la forme de coussins d’air soute-
15 à 20 km/h. Si la vitesse n’avait pas augmenté, nous aurions vu appa- nant le bateau quand il est arrêté ou quand il se déplace en vitesse
raître, au fur et à mesure, de nouvelles automobiles plus légères, plus lente.
compactes, ayant la même solidité et le même confort.
Dans cet exemple, l’inégalité des parties du système est artificiel-
Néanmoins, chaque amélioration dans le domaine de l’automobile,
lement accentuée. Nous avons un bateau rapide et il faut quand
comme par exemple l’utilisation de matériaux plus solides pour un
même augmenter la vitesse de 100 à 200 km/h. Dans des conditions
meilleur rendement du moteur, etc., a servi à augmenter la vitesse des
réelles, les parties d’un ST évoluent moins brusquement. Les
automobiles et à améliorer les dispositifs qui autorisaient la vitesse
contradictions apparaissent graduellement, d’une façon parfois peu
(système de freinage puissant, carrosserie solide, système d’amortis-
évidente. Tout se complique encore par le fait que certains ST réels
sement renforcé, etc.).
contiennent beaucoup de sous-systèmes. Des contradictions s’accu-
Pour observer l’accroissement du niveau de perfectionnement de mulent alors dans ces sous-systèmes et seulement après éclatent et
l’automobile, il faudrait comparer une automobile moderne avec une se répandent sur tout le système.
automobile ancienne à la même vitesse et sur une même distance.
Loi 6 : loi de la transition vers le supersystème.
■ Le processus visible secondaire, dans le cas de l’exemple
(augmentation de vitesse, de la puissance, du poids) masque le pro- Après avoir épuisé ses possibilités de développement, un sys-
cessus primaire, c’est-à-dire l’augmentation du niveau de perfec- tème se rattache à un supersystème en tant qu’une de ses parties.
tionnement d’un ST. Mais, en résolvant des problèmes d’innovation, Alors, son développement ultérieur se poursuit via le supersystème.
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Nous retrouvons ici, une notion qui n’est pas sans rappeler le une exploration avancée de nouvelles lois, ainsi que par des recou-
cycle de vie produit (S-curves), où un système, à la fin de l’exploita- pements avec d’autres travaux tels ceux de Mélèze sur les lois de la
tion des ressources de son développement, laisse la place à un autre systémique [12], une représentation exhaustive et générique des
système pour repartir sur une nouvelle courbe de croissance. systèmes peut considérablement assister et éclairer l’ingénieur
dans une mise en application efficace de la méthode TRIZ.
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7. Volume d’un objet mobile 27. Fidélité Exemple : pour illustrer l’utilisation de la matrice d’Altshuller, nous
prenons le cas d’une mesure de niveau dans les bombonnes de gaz
(figure 7a ).
8. Volume d’un objet 28. Précision de la mesure
immobile Tout le monde connaît le problème de la bombonne de gaz qui se
vide à un rythme que l’on ne maîtrise pas et qui, le dimanche, lorsque
9. Vitesse 29. Précision de l’usinage vous avez des invités et en avez un besoin absolu, tombe « en
rupture » et vous place dans une situation délicate. Le problème est
simple : Comment trouver un moyen d’être prévenu que vous allez
10. Force 30. Facteurs nuisibles
être « en panne » dans les prochaines 48 heures ?
agissant sur l’objet
■ Le réflexe traditionnel des ingénieurs est de chercher une solution
11. Tension et pression 31. Facteurs nuisibles qui leur apparaît comme évidente, se trouvant dans leur domaine de
annexes compétence, dans des limites d’efficacité parfois démesurées. Ainsi
les réponses types à ce problème sont :
12. Forme 32. Usinabilité — Pourquoi ne pas installer un système de mesure de pression à un
endroit visible du tuyau qui indiquerait au-delà d’une limite, qu’il est
13. Stabilité 33. Facilité d’utilisation nécessaire de prévoir, le changement de la bombonne ?
— Pourquoi ne pas placer une balance sous la bombonne qui indi-
14. Résistance 34. Aptitude à la réparation querait que sa masse a atteint une limite nécessitant son
remplacement ?
15. Longévité d’un objet 35. Adaptabilité De telles solutions sont catégoriquement refusées par Altshuller, car
mobile elles s’écartent de l’idéal, elles complexifient le système plutôt que de
le simplifier. Elles rendent le système plus complexe et plus coûteux,
16. Longévité d’un objet 36. Complexité de l’appareil elles sont donc à rejeter.
immobile
■ Une solution idéale et innovante ne se trouve pas dans une
17. Température 37. Complexité de contrôle complexification de l’existant, mais en minimisant les coûts et les fonc-
tions inutiles et en maximisant les fonctions utiles (§ 2.2 notion d’idéal).
18. Brillance 38. Degré d’automatisation ● Commençons par déterminer la contradiction opérationnelle du
système : je veux connaître le niveau de remplissage de ma bom-
bonne, sans rien ajouter au système pour ne pas augmenter son coût.
19. Énergie dépensée par 39. Productivité
l’objet mobile ● Ensuite passons à la contradiction technique : la difficulté de
mesurage entraîne une complexification du système.
20. Énergie dépensée par Dans les 39 paramètres (encadré 2), nous pouvons sans trop de dif-
l’objet immobile ficulté modéliser cette situation technique comme suit :
Pour : 37 (complexité de l’appareil)
● Dès lors, il devient possible de représenter sous forme matri- Contre : 36 (complexité de mesure)
cielle ces situations conflictuelles en indiquant, pour chacune Un des principes suggéré est le 14, qui dans un de ses sous-princi-
d’entre elles, le ou les principe(s) ayant été employés par d’autres pes peut être interprété comme suit : rendre la bombonne automati-
dans des configurations similaires. quement ajustée par une séparation géométrique qui évoluerait vers
● Quant à son fonctionnement, il consiste à déterminer (figure 6) : une position requise au moment requis.
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■ Dès lors, on peut mener une réflexion sur les ressources évoluant
,,,
,
,, ,,
,
,,
,, ,, ,,
,,
,,
,,,
, ,,, ,,
au fur et à mesure de l’utilisation du gaz et leurs implications potentiel-
les dans l’évolution de la géométrie de la bombonne. Bombonne Centre de gravité
Nota : on rappelle que les « ressources » sont une des notions de TRIZ présentées
comme des éléments, facteurs, objets, énergies dites gratuites et à proximité du système
,,,,, ,,
pouvant à un moment ou à un autre être utilisé.
Le temps :
— faire un planning ? cette donnée est aléatoire, car on ne peut G
prévoir à l’avance, avec exactitude, le rythme auquel le gaz sera Gaz
,,,,, ,,
consommé ;
— une bombonne avec parois se rétractant et indiquant le volume
minimal atteint ? trop de modifications de l’existant sont requises.
La pression : les systèmes actuels de mesure de pression ne sont
pas adaptés, car, dans notre cas, le degré de précision à atteindre dans Masse Méplat
déterminée
la mesure nécessite un appareillage sophistiqué et complexe.
La masse : quel système peut réagir simplement par une séparation a schématisation b bombonne pleine c bombonne vide :
géométrique dans le cas où la masse évoluerait ? La réponse est de la bombonne 48 h d'utilisation
simple : le système du contrepoids fait effectivement réagir un corps
lors de l’évolution de sa masse en le faisant basculer ! Notre solution Figure 7 – Bombonne de gaz : utilisation de la matrice d’Altshuller
est là ! dans la mesure de niveau
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● La lettre C suivie en indice par le nombre représentant le champ ● Les deux substances et le champ peuvent être complètement
considéré. dissemblables, mais sont nécessaires et suffisants pour la formation
— En physique un « champ » est le nom donné à un effet causant d’un système technique minime qu’Altshuller a nommé le Vépole.
une interaction entre les particules d’une substance. On distingue La multiplicité des formules de Vépoles peut aussi croître en pré-
six formes différentes de champs pouvant être citées avec le sigle cision en tenant compte des représentations connexes suivantes :
MATHEM :
— M : Mécanique ;
— A : Acoustique; C1
— T : Thermique ; S1 ® S2 : vépole (vue générale) ;
— H : cHimique ; ® : action ou interaction (vue générale) ;
— E : Électrique ;
— M : Magnétique. « : interaction mutuelle ;
— En technologie, le terme « champ » est employé au sens large : --® : action (ou interaction) devant être introduite selon les
il y a l’espace, auquel un certain vecteur, ou positions scalaires de spécifications du problème ;
magnitude dans la relation, peut être affecté.
: action (ou interaction) insatisfaisante et qui selon les
Nous emploierons le terme « champ » dans son sens très large, spécifications du problème doit être remplacée ;
en allant du domaine de la physique au domaine de la technique
(apport de chaleur, action mécanique, acoustique, etc.). F® : champ en entrée : « le champ agit » ;
● La lettre S suivie en indice par le nombre représentant la subs- ®F : champ en sortie : « le champ répond bien à
tance considérée. Par le terme « substance » nous comprenons tout l’action » ;
objet, quel que soit son degré de complexité : la glace et son brise-
glace, une vis et son écrou, un câble et sa charge ; toutes sont des F’ : état du champ en entrée ;
« substances ». F’’ : état du même champ en sortie (les paramètres chan-
● Une flèche est placée entre les deux substances et représente gent, mais pas la nature du champ) ;
l’action qui les relie. C’est l’interaction. Elle est une forme univer-
selle du raccordement de corps ou phénomènes résultant de leur S’ : état de la substance en entrée ;
changement mutuel [2]. C’est la première chose que nous voyons S’’ : état de la substance en sortie ;
quand nous observons les choses. Nous voyons un nombre de for-
mes en mouvement (en évolution) : mécanique, thermique, lumi- S’-S’’ : transition de substance se trouvant dans l’état S’ ou
neux, électrique, chimique, magnétique, changements d’états, vie l’état S’’ (par exemple, sous l’effet d’un champ en
organique. Tous, hormis la vie organique, passent de l’un à un autre transition) ;
et conditionnent leur survie mutuelle. F÷ : champ en transition.
■ La représentation des solutions des trois problèmes évoqués
est indiquée figure 8.
● Dans les solutions à ces problèmes trois « agents actifs » sont Dans les formulations des Vépoles, Altshuller conseille
présents : d’écrire, sur la même ligne, les substances et, sur des lignes
— la substance S1 qui doit être changée, traitée, convertie, supérieures ou inférieures, les champs, cela afin de mieux
découverte, contrôlée, etc. ; observer leurs actions sur les substances.
— la substance S2, l’« instrument » par lequel l’action nécessaire
est accomplie ;
— le champ F, qui fournit l’énergie, la force, etc. ; il garantit ■ Dans un premier temps, le lecteur risque de se heurter à des dif-
l’action de S2 sur S1 (ou leur interaction mutuelle). ficultés purement psychologiques.
Il n’est pas difficile de noter que ces trois « agents actifs » sont Imaginez que l’on demande à un enfant à qui on apprend ce
nécessaires et suffisants pour obtenir le résultat escompté dans les qu’est un triangle de penser que trois pommes dans un sac peuvent
problèmes. Indépendamment les uns des autres, substances et être un triangle dès lors qu’on les prend et qu’on les pose sur une ta-
champs ne peuvent produire l’effet escompté. ble, en forme de triangle ? Pourquoi trois pommes (ou trois objets
● Dans tout problème d’innovation, il y a un objet : quelconques) devraient-ils représenter un triangle ? Avec de l’en-
— dans le problème 1, les gouttes d’un liquide ; traînement, il devient facile de surmonter ces obstacles. Par analo-
— dans le problème 2, un polymère, etc. gie avec la géométrie, le triangle est la figure géométrique minime.
Toute figure plus complexe (le carré, le rectangle, l’octogone, etc.)
Cet objet ne peut pas réaliser l’action nécessaire en autonomie,
peut être exprimée comme une somme de triangles.
mais doit communiquer avec son environnement ou avec un autre
objet. De plus, tout changement est accompagné par une sépara-
tion, une absorption ou une conversion d’énergie.
Le Vépole est aussi un système à trois éléments (S1, S2 et F)
qui jouent le même rôle fondamental en technologie que les
sommets d’un triangle dans la géométrie. En admettant plu-
C1 sieurs règles fondamentales (comme les tables de trigonomé-
Problème 1 : S1 S1 S2
trie), il est possible de résoudre des problèmes simplement,
C1 sans calculs fastidieux. Dans ce même objectif, construire et
Problème 2 : S1 S1 S2 transformer les Vépoles, rend possible la résolution de nom-
breux problèmes d’innovation.
C1
Problème 3 : S1 S1 S2
évolution Nota : Altshuller a écrit plusieurs ouvrages sur les Vépoles [2] [3]. L’ensemble de son
œuvre donne un algorithme de transformation des Vépoles qui, à la manière de modèles
de référence, aiguille vers des standards de solution aux problèmes et permettent, en un
Figure 8 – Représentation sous forme de Vépole des trois problèmes temps réduit, d’évoquer des solutions potentielles. Il existe 76 formes différentes de Vépo-
d’innovation les, 5 lois de transformation, et de nombreux exemples pour illustrer leur fonctionnement.
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4.3 Opérateurs DTC ● En utilisant cela, sous la plaque de verre nous devrions propager
les atomes. Ce ne sont pas des atomes de gaz, parce qu’ils peuvent
s’évaporer, et ce ne sont pas des atomes en matière dure, parce qu’ils
ne pourraient pas se déplacer. La seule possibilité concerne des ato-
Afin de vaincre le principal frein de la créativité des individus mes liquides. Chauffés au rouge, les plaques de verre se déplaceraient
qu’est l’inertie psychologique, Altshuller, en s’inspirant des métho- sur une surface liquide ! C’est un convoyeur idéal.
des synectiques, a mis au point un outil qui brise les stéréotypes
● Les problèmes pour le choix du liquide de ce convoyeur sont les
psychologiques.
suivants :
— nous avons besoin d’un liquide qui fond aisément ;
Par DTC, on entend : — ce liquide doit avoir un point d’ébullition haut ; dans le cas
— D : dimension ; contraire, en cas d’ébullition, la surface de verre deviendra ondulée ;
— T : temps ; — la masse volumique du liquide doit, de plus, être beaucoup plus
— C : coût. haute que celle du verre (2,5 g/cm3) ;
— dans le cas contraire, le feuillard de verre ne flottera pas sur la
L’objectif principal de cet outil réside dans la reformulation de surface du liquide.
la description du problème. Il s’agit ici de se poser six questions
cardinales ; qu’adviendrait-il si : Donc, le liquide que nous cherchons doit avoir les propriétés
suivantes :
1 : le système était minuscule ?
— une température de fusion comprise entre 200 et 300 oC ;
2 : le système était immense ?
— une température d’ébullition supérieure à 1 500 oC ;
3 : le système opérait en un rien de temps ?
— une masse volumique supérieure à 5,0-6,0 g/cm3.
4 : le système opérait en un temps infini ?
5 : le système avait une valeur nulle ? Seuls les métaux ont de telles propriétés. Si nous rejetons les
6 : le système avait un coût très élevé ? métaux rares, il reste le bismuth, le plomb et l’étain. Le bismuth est
cher. La vapeur du plomb est dangereuse. Il reste l’étain.
Puis, la logique nous porte à nous poser la question suivante :
comment le problème peut-il être résolu dans de telles En conclusion, au lieu d’un convoyeur à rouleau nous aurons un bac
conditions ? avec de l’étain liquide sous forme d’atomes au lieu de rouleaux de fai-
ble diamètre.
Dans le cas du problème du transport d’une voiture, les six ques- Le travail des opérateurs DTC est de déplacer, par la reformu-
tions cardinales se formulent de la façon suivante. lation, l’angle de vision de la pensée en la plaçant dans des
Qu’adviendrait-il si : situations extrêmes. Cela afin de donner une vision différente
du problème parfois plus propice pour entrevoir la solution.
— 1-2 : une voiture transportait un atome ou une planète ?
— 3-4 : une voiture transportait en un centième de seconde ou en
une éternité ?
— 5-6 : une voiture coûtait 1 centime ou dix millions de francs ?
Comment le problème du transport est-il perçu sous ces divers
angles ?
Exemple : pour illustrer la mise en application des opérateurs DTC,
nous prenons le cas du convoyeur de laminoir.
Dans une fabrique de plaques de verre, un rouleau de verre est
chauffé au rouge et est alimenté via un convoyeur. Le rouleau se
déplace d’un support à l’autre et est lentement refroidi (figure 9a ).
Le verre doit ensuite être poli durant un certain temps car le rouleau,
encore à l’état visqueux demeure flexible, sensible aux fléchissements
a le convoyeur sur ses rouleaux
et tend à se déformer en surface lors de son évolution sur les rouleaux
(figure 9b ).
Les ingénieurs, en charge de ce problème, proposent de diminuer le
diamètre des rails autant que possible. Plus les rouleaux seront petits,
moins le rouleau sera marqué par son fléchissement. Cela signifie que
les plaques de verre sortiraient plus planes.
b les déformations du rouleau
Une contradiction technique apparaît ici : plus les rails sont petits,
plus il est difficile de fabriquer un convoyeur long de plusieurs mètres.
● La première question cardinale serait d’imaginer que le diamè-
tre de chaque rouleau soit égal à la taille d’une allumette, alors chaque
mètre de convoyeur aura 500 rouleaux au moins ! Et leur mise en place
nécessitera la précision d’un travail de bijoutier.
● Poussons la réflexion jusqu’à penser que les rails atteignent
le diamètre d’un fil (figure 9c ), en diminuant le diamètre des rouleaux :
1/10, 1/100, 1/1 000 mm (plus petits qu’un cheveu humain !).
Fabriquer un tel convoyeur est pratiquement impossible. Cependant,
parce que l’expérience que nous faisons est mentale, nous ne devrions
pas être effrayés d’essayer. Faisons des rouleaux aussi minces que
des molécules, puis étirons une molécule. L’épaisseur minimale d’une c le convoyeur doit avoir des rouleaux minuscules
molécule est un atome ; après cela la molécule casse. La feuille chauf-
fée de verre se déplacerait sur une couche d’atomes. C’est d’ailleurs le Figure 9 – Mise en application des opérateurs DTC dans le cas
meilleur convoyeur : il est idéalement plat ! du convoyeur de laminoir
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Ces méthodes demeurent toutes « technologiquement équipe, des versions successives ont eu pour dénomination ARIZ 77
orientées », aléatoires et peuvent passer un temps considérable et ARIZ 85b. La dernière version, faisant à cette heure référence, est
autant à développer de mauvaises solutions que d’autres plus origi- ARIZ 91, dont l’auteur n’est pas Altshuller lui-même mais certains
nales. ARIZ : algorithme de résolution des problèmes d’innovation de ses collaborateurs ayant repris ses travaux. Il est à noter qu’Alts-
est une méthode cadre, systématique et évolutive. huller a cependant validé cette version d’ARIZ.
Chronologiquement, la première version d’ARIZ remonte à 1956,
où une structure simplifiée voyait pour la première fois le jour. Puis, Une vue d’ensemble de la structure d’ARIZ 91 est donnée
au fur et à mesure de l’évolution des travaux d’Altshuller et son figure 11.
1 - Analyse du système
Phase 1 :
Restructuration
2 - Analyse des
du problème
ressources
originel
(planification)
3 - Définition du RIF
et formulation
des contradictions
Oui Y-a-t-il une
solution ?
Non
4 - Séparation
des contradictions
Non
6 - Transfert vers le
mini-problème
Y-a-t-il une
Non solution ?
7 - Évaluation des
solutions et analyse
Oui de l'élimination des
contradictions
Phase 3 :
8 - Maximiser
Analyse des
l'utilisation des
solutions
solutions
(contrôle)
9 - Passage en revue
de toutes les phases
d'ARIZ dans leur mise
en application réelle
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Domaine
abstrait Prisme représentant
Prisme déformant
votre effort de créativité
de TRIZ (reformulation)
Réalités (interprétation)
industrielles
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Planning
stratégique
Les outils
Avons-
nous
réellement la
Q.F.D./KANO :
maîtrise des besoins
Non Pour comprendre, documenter
présents et futurs des
et développer les besoins des
consommateurs
consommateurs (apparents,
ainsi que la connaissance
latents, présent et futurs)
de la position de nos
concurents ?
Oui
Avons-
nous la TRIZ, Brainstorming,
connaissance de la Non
Benchmarking, etc. :
technologie et des Pour générer des concepts
concepts ?
Le concept TRIZ :
est-il libre Afin de créer des concepts
de tout conflit Non
nouveau, générer des idées
technologique ? et/ou résoudre les conflits
techniques
Non
Oui
Les Doit-
performances du on
concept sont-elles robustes Non Robust Design : Oui poursuivre
et compétitives Afin d'optimiser les coûts et l'amélioration du
au point de vue l'aspect robuste des solutions concept ?
des coûts ?
Le
Oui concept est-il
Oui amélioré tant au point Non
de vue des performances
que des coûts ?
Implémentation
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Une méthode idéale serait une méthode qui puisse vaincre le syn- 6.2 Vers une méthode de conception
drome de la page blanche en orientant la personne dans une direc-
tion restreinte de solutions. Guidée par un processus systématique, totale
cette méthode lui permettrait d’aborder le problème en s’appuyant, à
chaque étape de sa résolution, sur des outils pour orienter encore la
réflexion dans des directions génériques que d’autres ont suivi dans Depuis des décennies, ingénieurs et chercheurs développent
des configurations de problématiques similaires. La multiplicité des outils et méthodes dans l’objectif d’améliorer la qualité des pro-
réponses potentielles, augmentant les chances de trouver la solution duits. Après toutes ces années, dans un contexte socio-économi-
idéale à un problème, pourrait, en outre, être régie par certaines lois que difficile, l’entreprise qui possède ne serait-ce qu’une courte
ayant pour objectif de se rapprocher au plus près de cet « idéal ». tête d’avance prendra automatiquement l’avantage sur ses concur-
rents et dominera le marché tant qu’elle conservera cette avance.
La maîtrise que les sociétés ont des outils leur permettant de
6.1 TRIZ et l’analyse de la valeur mettre un nouveau produit sur le marché est quasi identique d’une
société à l’autre. Ainsi, toutes se retrouvent, à l’heure actuelle, dans
La méthode TRIZ n’entre nullement en compétition avec l’analyse un mouchoir de poche en termes de compétitivité et leur « time-
de la valeur. Bien au contraire, elle vient étayer sa structure en to-market » respectif demeure on ne peut plus proche [15].
apportant des réponses lorsque dans les phases de 1 à 4 de l’ana-
L’arrivée sur la scène industrielle occidentale de TRIZ boulever-
lyse de la valeur, on se pose des questions concernant les concepts
sera certainement les données actuelles. Cette théorie est en quel-
à suivre et comment résoudre des problèmes autrement que par des
que sorte le chaînon manquant du développement total des
méthodes aléatoires où seul l’homme reste détenteur du moment et
produits. Ses points forts résident dans la systématisation de la
de la pertinence de l’idée émise. Dans la phase 4 (phase de résolu-
production d’idées, dans cette phase où les outils et méthodes
tion des problèmes) TRIZ est dans son élément ; non seulement, la
actuelles ont cet inconvénient majeur de se reposer totalement
théorie peut servir d’outil de résolution des problèmes, d’outil per-
sur les compétences de l’homme. Cette situation rend ainsi
mettant d’avoir des idées, mais elle va au-delà de cette notion en
l’ensemble du processus difficile à estimer en terme de temps et
proposant les idées qui vont en direction de l’idéal.
en terme de prédiction de la qualité des solutions émises. Un
Plus encore, en intégrant TRIZ, l’analyse de la valeur pourrait dé- exemple de complémentarité actuellement en cours de dévelop-
sormais réduire considérablement la durée de sa mise en œuvre, op- pement entre TRIZ et certains outils et méthodes [17] est donné
timaliser son efficacité et ainsi prédire la durée de son déroulement. figure 14.
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