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Comptage visuel du peuplement poissons : description de la

méthode par transects


Responsables : Philippe Lenfant / Gilles Saragoni

Contexte scientifique :
Dans le cadre de la compréhension du maintien des peuplements de poissons, la
question posée par les gestionnaires des Aires Marines Protégées est la suivante : existe t-il
des variations de la diversité, de l’abondance et de la structure démographique des
populations de poisson dans la réserve et ses alentours ?
Les activités de la pêche professionnelle et loisir mais également de la plongée,
associées aux changements climatiques peuvent potentiellement entraîner des modifications
des peuplements marins en générale et par conséquent du peuplement des poissons
présents sur le littoral rocheux.
Le premier intérêt d’un tel suivi au sein d’une AMP, est qu’il permettra de renseigner
sur les différentes espèces présentes et leur devenir. Cela permettra également de suivre la
dynamique d’installation d’espèces peu abondantes ou nouvelles. Cet apport est donc
indispensable à une AMP dans le cadre de ses missions de gestion d’un espace naturelle.
Le second intérêt, au-delà du suivi classique, est qu’il peut être réalisé sur différents
niveaux de protection d’une AMP : zone de protection renforcée, zone de protection partielle
et sur les zones adjacentes à l’AMP. En cas de variations temporelles, il sera alors
intéressant de comparer les données obtenues sur ces différentes zones afin de dégager les
principaux facteurs pouvant influencer les peuplements dans le temps : changements
climatiques vs pressions anthropiques locales.

Méthodologie :
Comptage visuel en scaphandre autonome

Les comptages en plongée constituent une technique non destructrice d’évaluation


de la diversité et des abondances de poissons. Elle est utilisée par la communauté
scientifique depuis les années 70 dans les différentes mer du globe (e.g. Harmelin-Vivien et
Harmelin, 1975 ; Harmelin-Vivien et al., 1985 ; Kulbicki et Sarramegna, 1999 ; Labrosse et
al., 2001). Cette méthode est maintenant largement utilisée pour étudier la faune des aires
marines protégées (AMP) (revue dans Claudet et Pelletier, 2004 ; Claudet et al., 2006 ;
Harmelin, 1999).
L’observateur peut noter un certain nombre de paramètre relatif au peuplement de
poissons : la diversité – l’abondance – la taille individuelle (précision +/- grande) – le
comportement. Elle présente le gros avantage de permettre à l’observateur de compléter ces
informations grâce aux données d’habitat, de courant, de visibilité, etc., recueillis
simultanément.
En revanche un certain nombre d’inconvénient sont inhérent à cette méthode. Elle n’a
pas la prétention de comptabiliser la totalité des espèces présentes (environ 50% Harmelin-
Vivien et al., 1985), mais elle reste tout de même un outil très fiable pour les comparaisons.
Cela nécessite donc d’utiliser un matériel et une méthodologie comparables si on souhaite
pouvoir faire des comparaisons avec des études antérieures. Elle est limitée à la description
du peuplement diurne qui correspond à une part importante du peuplement. Néanmoins il est
intéressant d’avoir accès au peuplement nocturne. Enfin, il existe un biais reconnu du à
l’observateur, ce dernier peut être réduit si un apprentissage a été réalisé au préalable.

Description de la stratégie d’échantillonnage mise en place pour l’exercice

1) Liste d’espèce / taille :


La première étape correspond à l’élaboration d’une liste d’espèce la plus exhaustive
possible. Les espèces sont inventoriées lors de parcours de repérages, leurs tailles
maximales observées sont notées. Cette liste sera auparavant pré-établie avec les listes
faunistiques des précédentes études faites en locale, des listes ZNIEFFS et autres articles
scientifiques (tableau 1). Une attention particulière sera portée sur les stades juvéniles en
fonctions des périodes suivies. Pour l’exercice, nous utiliserons une liste de 25 espèces les
plus représentatives de la zone.

2) Standardisation des observateurs :


Après la mise en place d’une plaquette de codification des espèces et son utilisation
en condition de terrain, une inter-calibration sera réalisée entre les observateurs qui vont
intervenir sur le terrain (identification rapide des espèces et estimations tailles). Cette phase
d’inter-calibration servira tout au long du suivi en cas d’impossibilité de plongée de certains
observateurs. Dans le cadre de l’exercice, l’inter-calibration se fera sur le premier transect.

3) Type de comptage :
Il existe plusieurs types de comptage dans la bibliographie : comptage le long d’un
transect, comptage en point fixe, comptage aléatoire.
Nous proposons de réaliser des transects sur le même principe que les études
antérieures (Garcia-Charton et Planes, 2002, Biomex QLRT-2001-0891, 2006). Le long d’un
transect de 50 m de long, l’observateur travaille sur un couloir de 5 m de large (2,5 m de part
et d’autre du transect central matérialisé par un pentadécamètre (Garcia-Charton et Planes,
2002). Les transects seront réalisés parallèlement à la côte pour maintenir une profondeur
fixe, facteur ayant un impact direct sur la répartition des peuplements de poissons. En effet,
les différents étagements du milieu marin (infralittoral et circalittorale) font apparaître des
différences de composition faunistique, même si certaines espèces sont capables d’utiliser
ces deux espaces.

Durant le transect, l’un des deux observateurs fixe un cap (tirage aléatoire du cap fait
en surface). Les deux observateurs seront en charge de la description du peuplement de
poissons. Ils indiqueront les informations suivantes :
- identification de l’espèce
- nombre d’individus (avec codification pour identifier la taille des groupes d’individus)
- taille individuelle (la taille de l’individu sera estimée à 2 cm près)
Les espèces mobiles seront inventoriées au premier passage. Les espèces peu
mobiles et cryptiques seront inventoriées pendant le rembobinage du pentadécamètre par
l’observateur 1. L’observateur 2 est en charge de la description de l’habitat. Il notera donc les
informations suivantes :
• température de surface – température au fond – profondeur de la thermocline (s’il y a
lieu)
• profondeur / hétérogénéité (1) / complexité (1) / recouvrement en espèces fixes : départ -
tous les 10 m - arrivée
(1)
définitions issues d’études antérieurs et du programme européen BIOMEX (Garcia-
Charton & Pérez-Ruzafa, 1998, 2001, Garcia-Charton et al., 2004, Biomex QLRT-2001-
0891, 2006) :
- l’hétérogénéité : pourcentage de roche, petits blocs rocheux, gravier, sable et recouvrement
de l’herbier de posidonies ;
- la complexité : verticalité et nombre de petits blocs (< 1 m), moyens blocs (1 à 2 m) et gros
blocs (> 2 m).

Tableau 1 : Liste des espèces principales de Méditerranée (en gras les espèces retenues
pour le comptage).

Famille Espèce Famille Espèce


Atherinidae Atherina sp. Sparidae Diplodus sargus
Carangidae Lichia amia Diplodus vulgaris
Sphyraenidae Sphyraena viridensis Diplodus cervinus
Belonidae Belone belone Diplodus puntazzo
Labridae Labrus merula Diplodus annularis
Labrus viridis Sparus aurata
Labrus bimaculatus Spondyliosoma cantharus
Symphodus tinca Pagrus pagrus
Symphodus mediterraneus Dentex dentex
Symphodus rostratus Sarpa salpa
Symphodus melanocercus Boops boops
Symphodus roissali Oblada melanura
Symphodus ocellatus Blenniidae Aidablennius sphynx
Symphodus doderleini Parablennius zvonimiri
Symphodus cinereus Lipophrys nigriceps
Ctenolabrus rupestris Salaria pavo
Coris julis Parablennius gattorugine
Serranidae Epinephelus marginatus Parablennius rouxi
Serranus scriba Parablennius pilicornis
Serranus cabrilla Parablennius tentacularis
Anthias anthias Gobiidae Gobius paganellus
Pomacentridae Chromis chromis Gobius cobitis
Mullidae Mullus surmuletus Gobius bucchichi
Moronidae Dicentrarchus labrax Zebrus zebrus
Sciaenidae Sciaena umbra Gobius geniporus
Centracanthidae Spicara maena Gobius xanthocephalus
Spicara smaris Gobius cruentatus
Phycidae Phycis phycis Thorogobius ephippiatus
Congridae Conger conger Gobius niger
Muraenidae Muraena helena Tripterygidae Tripterygion delaisi
Apogonidae Apogon imberbis Tripterygion tripteronotus
Mugilidae Liza aurata Tripterygion melanurus
Chelon labrosus Gobiesocidae Lepadogaster candollei
Scorpaenidae Scorpaena porcus
Scorpaena notata
Scorpaena scrofa

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