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Auteur : Mr HADJ MAHAMMED Ahmed

Cadre supérieur et post universitaire en assurances. Algérie

Recueil d’articles publiés dans la presse et les


revues sur les thèmes problématiques en
assurance dans le marché Algérien. 1997 -
2017

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Sommaire

1. Le Marché Algérien des Assurances de Personnes. Contraintes et Perspectives - publié


dans le journal El Watan le 12 Février 1998 et la revue UAR N°01/1998
2. Réflexion sur l’opportunité d’un système fiscal propice au développement de l’assurance
- Vie. Publié en Mai 2000 dans la revue Le Phare N°13.
3. Les assurances des risques sportifs - Février 2004
4. les opportunités de participation des assurances économiques au financement des
dépenses de santé. Publié dans la revue Santé Algérie - Mai 2010
5. La responsabilité civile médicale et son assurance. Publié dans le bulletin N°01/2000 du
Conseil de l’ordre des médecins - région d’Alger.
6. Réflexion sur l’introduction de l’assurance Takaful dans le marché Algérien. Publié dans
Investir Magazine N°29 - Mars Avril 2009, Revue le Phare N°28 - Décembre 2009 et revue
Riskassur hebdo – Novembre 2010.
7. La finance Islamique et les perspectives de son développement en Algérie. Publié dans la
Revue Econews Ceimi le 04 Mai 2012 et la revue de l’Assurance N°05 - Avril 2014.
8. Les défis de la distribution de l’assurance dans le marché Algérien. Publié dans la revue
Le Phare N°62 - juin 2004 et dans la Revue de l’Assurance N°10 - Septembre 2015.
9. L’Assistance, un levier privilégié pour l’innovation dans la prestation de services de
L’Assureur. Publié dans la Revue de l’Assurance N° 12 - Mars 2016.
10. La bancassurance - enjeux et perspectives. Publié dans la revue de l’Assurance N° 14
Septembre 2016.
11. La responsabilité civile des dirigeants et mandataires sociaux et son assurance. Publié
dans la revue le Phare N° 57 - Janvier 2004, la revue Econews N° 40 Fevrier - Mars
2011, le quotidien EL WATAN 2016 et la revue IFIDAR N° 02-Decembre 2016.
12. La gestion des assurances dans l’entreprise. Publié dans les revues DZ Entreprise N°24 -
Octobre 2014 et Econews Ceimi - Septembre 2016.
13. Microassurance et Microtakaful : enjeux et perspectives en Algérie. Conférence exposée
au 5ème Forum de la Finance Participative à Alger – Fevrier 2017.

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Le Marché Algérien des Assurances de Personnes
Contraintes et Perspectives

Introduction

En tant qu'activité d'intermédiation financière à capacité de financement, l'industrie des


assurances se présente comme un des secteurs stratégiques susceptible de jouer un rôle
déterminant dans la collecte de l'épargne et d'un impact compétitif sur les facteurs de
croissance. Ainsi, à travers sa mission de protection des biens et des personnes et de
stimulation des activités propres aux agents économiques à priori sécurisés par les
techniques de prise en charge des risques, elle s'avère également un outil de stimulation de
l'activité économique.

Les mutations actuelles initiées dans les différents secteurs de l'économie vont amener les
compagnies d'assurance à s'inscrire forcement dans ces changements et définir de nouvelles
stratégies sur la base de critères d'efficience, de rentabilité et de commercialité, dans le
cadre du développement de leurs activités, selon des normes universellement reconnues.

Par ailleurs, la promulgation récente de l'Ordonnance N° 07-95 du 25 Janvier 1995 relative


aux assurances et de ses textes d'application, contribuera certainement à la mise en place
de mécanismes propices au décollage de cette activité après son ouverture au secteur privé
national et au capital étranger.

Cependant, ces perspectives de mutation n'auront de sens et ne garantiront de succès dans


l'avenir que si les nombreuses contraintes de l'environnement qui pèsent lourdement sur les
activités d'assurance, soient définitivement levées pour permettre aux opérateurs d'exercer
leur métier à la lumière d'une saine concurrence. Cette compétition doit être perçue comme
un levier majeur pour l'innovation et le développement de produits et de prestations
performantes, aptes à susciter le vaste potentiel d'épargne constitué par le secteur des
ménages et des particuliers.

En fait, ces segments de marché auxquels les assureurs n'ont jusque la présenté une offre,
soit frappée d'une obligation institutionnelle, soit inadaptée par rapport à leurs besoins;
recèle des attentes considérables en matière de prévoyance, de sécurité et de volonté de
protection de leurs proches face aux incertitudes de l'avenir.

Les particuliers qui mettent à la disposition d'autrui de l'argent en différant ainsi le pouvoir
de consommation de cette contrepartie monétaire pour une période ultérieure, s'attendent
certainement à recevoir en échange, la promesse contractuelle d'un service financier
profitable ou d'une prestation qui leur assurera soit la sécurité à un certain âge soit la
protection économique de leur famille.

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L'épargne des ménages peut être variable en fonction de leurs revenus : biens fonciers,
bijoux, bons du trésor, épargne logement, thésaurisation, etc. Les différences selon les
besoins exprimés sont nettement apparentes entre catégories sociales.

Malheureusement, force est de constater que le contexte économique actuel ne présente


pas beaucoup d'opportunités susceptibles d'encourager la propension à l'épargne et de
permettre aux agents économiques de choisir et de diversifier leurs placements en cette
période de récession caractérisée par l'inflation et l'érosion du pouvoir d'achat des
populations à revenus fixes notamment. De ce fait, les mobiles d'épargne des ménages
demeurent essentiellement motivés par le souci d'acquisition d'un logement, en l'absence
d'autres gisements de placements et surtout d'authentiques incitations pouvant permettre
le développement de l'assurance-vie qui reste sous d'autres cieux, celle qui mobilise les
ressources les plus durables.

Les assurances de personnes, notamment celles portant sur la garantie des risques "Décès"
et "Survie", qui s'avèrent actuellement comme des créneaux d'épargne privilégiés dans les
économies développées (France - Japon - USA), peuvent devenir un véritable gisement de
collecte de ressources financières dans le marché national, à condition que soient mis en
place l'ensemble des mécanismes incitatifs à leur développement et levées des multiples
contraintes qui empêchent leur épanouissement.

A titre illustratif, la situation du portefeuille de l'assurance-vie dans le monde en 1995 est


présentée dans le tableau suivant : (1)

Régions Revenu moyen par Part en assurance- Part de l'Assurance-


Habitant. en $US vie (en Millions vie dans le CA Global
$US)

Pays occidentaux 20.329 970.729 56,10 %


et Asiatiques

Asie Sud-Est * 784 218.450 51,5 %

Afrique (sauf
pays Arabes et
752 467 30,5 %
Afrique du Sud).

Pays Arabes 7.442 572 13,4 %

1) Revue UGAA " l'assurance Arabe " Septembre 1996.


*Corée du sud-Singapour-Hong-Kong).

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I / Les Assurances de Personnes - Description Succincte -

1 - Définitions Sommaires

D'un point de vue juridique, le contrat d'assurance sur la vie peut être défini comme un
contrat dans lequel, en échange d'une ou de plusieurs primes payables par le souscripteur
de son vivant, l'assureur s'engage à verser au bénéficiaire désigné par ce dernier, une
somme déterminée, soit sous forme de capital, soit sous forme de rente, en cas de décès de
l'assuré, ou de sa survie à une époque donnée, ou au terme fixé sur le contrat.

Techniquement, les assurances sur la vie se présentent en tant qu'opérations comportant


des engagements dont l'exécution dépend de la durée de la vie humaine; cette particularité
confère aux primes collectées au titre de ces assurances, une longévité favorisant
l'accumulation d'une épargne pouvant être aisément investie à long terme.

D'un point de vue économique, l'assurance-vie est une opération par laquelle un individu
moyennant une contribution, la prime, acquiert, pour lui ou pour un tiers, un droit à
prestation à l'échéance du contrat, ce capital étant versé par une entreprise d'assurance, qui
prenant en charge un ensemble de risques, les compense conformément aux lois de la
statistique (2).

A partir de ces définitions, il est aisé de déduire que l'assurance-vie comporte à la fois les
fonctions épargne et protection dans la mesure ou elle permet la collecte de fonds qui
seront injectés dans le circuit économique sur de longues durées tout en sécurisant l'assuré
et sa famille contre les incertitudes et les aléas de la vie.

La réglementation en vigueur impose aux assureurs d'affecter à l'épargne-vie des assurés,


des participations aux bénéfices techniques et financiers réalisés au titre de la gestion et du
placement de cette épargne.

Cette technique permet ainsi d'indexer les engagements financiers des assureurs sur
l'inflation et de proposer des produits attractifs. La gestion des contrats d'assurance vie
nécessite la constitution de provisions mathématiques représentant les engagements des
assureurs vis à vis des assurés. Celles-ci font l'objet, conformément à la réglementation en
vigueur, de placements rémunérateurs à moyen et long terme. Cette forme d'épargne
longue possède des vertus anti-inflationnistes.

2) Les principales sous-branches d'assurances de personnes

- Les opérations d'épargne-assurance (Assurances en cas de vie - Capitalisation ).


- Les assurances en cas de vie (Capital différé - Rentes différées ).
___________________________________________________________________________

(2) cf. : Fourastié : Les assurances du point de vue économique et social.

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- L'Assurance en cas de décès ( Vie entière - Temporaire au décès - autres garanties
complémentaires).
- L'Assurance contre les Accidents-Corporels ( Décès accidentel - Invalidité - Soins médicaux).
- L'Assurance Groupe ( collective ) ( Décès - Invalidité - Survie - Rentes - Soins médicaux ).

Dans les pays où les assurances de personnes connaissent un degré de développement


avancé, d'autres formules d'assurances à caractère financier, libellées sur des SICAV, des
titres mobiliers, des indices immobiliers et des devises, sont proposées aux épargnants en
assurance-vie. Cette génération de nouveaux produits montre le degré d'expansion de
l'assurance-vie dans les pays Européens, asiatiques et aux USA.

II / Situation des Assurances de Personnes dans le Marché Algérien

1) Evolution historique

Sur le plan historique, les assurances de personnes ont été introduites en Algérie par le
système colonial. A la lumière des résultats insignifiants par rapport aux potentialités du
marché, réalisés par le secteur après trente-cinq années d'exercice, il apparaît nettement
que cette catégorie d'assurance est demeurée une branche accessoire aux autres risques à
caractère obligatoire et institutionnel, tels l'automobile, les risques industriels et les
assurances de transport.

En fait et quel que soit le modèle d'exploitation auquel elles ont été assujetties depuis
l'indépendance au niveau du secteur, les assurances de personnes ont été toujours
considérées comme activités secondaires aux autres risques, sans bénéficier de toute
l'attention accordée à ces derniers en matière de formation, d'innovation, de structures et
de communication appropriée. Ceci s'explique par l'aspect statique qui a toujours caractérisé
l'activité d'assurance en situation de monopole public.

Il ressort aisément, à travers l'analyse historique des statistiques de production enregistrées


par le secteur en assurance de personnes, que seuls des mobiles quasi institutionnels, ont
permis la réalisation de ce chiffre d'affaire, suite à des obligations imposées par les
procédures liées à des opérations telle que :

- Les prêts CNEP à la construction ou à l'achat de logements;


- Les cessions des biens de l'état;
- Les crédits bancaires;
- Les couvertures accordées par les employeurs en assurance groupe à leurs personnels.

En définitive, l'innovation et la création de nouveaux produits, en fonction des attentes du


marché, sont restées insuffisantes. Pourtant, l'expérience réalisée par la SAA en "Retraite
Plus" révèle qu'un marché porteur existe et qui ne demande qu'a être mis en valeur.

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Les statistiques des émissions réalisées à fin 1995 par le secteur illustrent aisément ce
constat. (en Millions de DA)

Rubriques 1992 1993 1994 1996

Primes Assurances 256 360 489 547


Personnes

primes totales toutes 7359 7900 9699 13.224


branches*

primes AP/primes 3,4% 4,5% 5% 4%


totales

*primes totales assurances dommages et de personnes

Les assurances de personnes restent avec une part de 4% de la production globale du


marché, très peu développées et en deçà des opportunités existantes du marché.

En 1995, la structure du portefeuille des assurances de personnes se présentait comme suit :

Garanties assurances de Total Part %


personnes

Assurance-Vie 25 5%

Individuelle-Accident 44 8%

Assurance-Groupe 454 83%

Retraite - Plus (Rentes viagères) 24 4%

Total 547 100%

De ce tableau, il ressort que les souscriptions à titre individuel sont peu présentes au profit
des assurances "Groupe collectives" qui représente 83% du portefeuille. Ces dernières se
distinguent surtout par leur caractère indemnitaire, dans la mesure ou la garantie "maladie
complémentaire", au demeurant peu rentable, domine les autres risques assurés au niveau
des mobiles de souscription par les contractantes.

La position du marché Algérien des assurances de personnes en 1995 par rapport aux pays
maghrébins et Arabes est présentée à titre comparatif dans le tableau suivant (3) :

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Pays Revenu par Habitant Primes totales t Primes d'Assurance-Vie Part des Primes-
(en $US) (en millions $US) par habitant (en millions Vie dans le CA
$USD) total

Algérie 1.780 341 13 4 %

Egypte 660 336 77 23 %

1.040 653 140 21 %


Maroc
1.720 216 16 7 %
Tunisie
- 218 21 10 %
Libye
500 5 - <1 %
Mauritanie

(3) Statistiques revues SIGMA et ARIG (extrait).

2 - Potentialités du marché

Les aspects démographiques, sociaux et économiques propre à la population Algérienne


montrent que les possibilités de marché de l'assurance-vie demeurent très importantes à
l'état latent. Ainsi, sur une population active avoisinant plus de quatre millions de personnes,
dont plus de trois millions sont constitués de ménages et un taux de chômage de 27 %; le
potentiel assurable tourne autour de trois millions de personnes dont les salariés et les
professions indépendantes, tous secteurs confondus. En outre, le jeunesse de la population
actuelle dont l'âge moyen est à 75 % au dessous de 35 ans, laisse présager des futurs besoins
importants en matière de prévoyance et de protection.

3- Contraintes

De toute évidence, les contraintes qui freinent le développement des assurances de


personnes sont multiples et peuvent être traduites succinctement à travers l'identification
des facteurs suivants :

- facteurs religieux : assimilation de l'assurance-vie à l'usure et à une atteinte à la volonté


Divine.
- facteurs sociologiques : la famille Algérienne étant dans sa majorité d'origine tribale et
paysanne, la notion de protection de l'individu ou du groupe est censée être assumée par la
communauté ou la famille patriarcale au sens large du terme.
- facteurs culturels et idéologiques : La socialisation de l'économie et du mode de production
ont contraint l'Algérien à compter sur " L'Etat-providence" dans tous les aspects de la vie
économique et sociale (emploi, sécurité sociale, logement, enseignement, etc...).
- facteurs économiques et sociaux :
* absence de consensus favorable en direction de l'activité d'assurance en général qui est
assimilée à une contrainte légale obligatoire.
* Manque de communication institutionnelle en assurance et de vision marketing adaptée
aux attentes spécifiques du marché (écoute du marché-innovation - prestation).

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* Inexistence de mesures incitatives de l'épargne par l'assurance en amont et en aval de son
exploitation, tant aux niveaux institutionnel que financier.
* Détérioration du pouvoir d'achat des couches moyennes dont les revenus sont consacrés
aux besoins de première nécessité, devant l'inflation et la cherté du coût de la vie.

4 - Perspectives d'adaptation dynamique

En dépit de ces obstacles multidimensionnels, un modèle de développement de l'assurance-


vie dans le marché Algérien pourra être conçu et mis en place à travers l'utilisation de
plusieurs paramètres qui ont fait leurs preuves dans les marchés développés, à savoir :

4-1 : La mise en place d'un système d'exploitation spécialisé à travers l'agrément de sociétés
d'assurances-vie exclusivement, permettra à ces dernières de se consacrer entièrement à la
promotion de cette activité par des stratégies marketing appropriées, caractérisées par la
formation, l'innovation et la création au niveau du marché, d'un consensus favorable
permettent l'émergence de nouveaux besoins en matière de prévoyance, de sécurité et
d'épargne de précaution.

4-2 : L'Instauration d'un dispositif institutionnel incitatif au développement de cette branche


notamment après la promulgation de l'ordonnance N° 07/95 du 25 janvier 1995 relative aux
assurances et de ses textes d'application. Ce dispositif visant à compléter les mesures de
libéralisation du secteur des assurances devra notamment :

* Faire bénéficier les souscripteurs d'assurance-vie titulaires de contrats à caractère


d'épargne longue, d'incitations fiscales au moyen de réduction d'impôt sur le revenu (en
France, ce système instauré en 1984, permet une réduction d'impôt dans la limite de 25 %
des cotisations, plafonnée à 4000 francs plus 1 000 francs par enfant à charge).

* Exonérer définitivement les produits, les rentes et les capitaux d'assurance-vie, de toute
taxe (TVA - IRG).

* Accorder des abattements fiscaux sur les bénéfices réalisés par la société d'assurance-vie
pendant les premières années de leur création afin d'encourager leur expansion.

* Réglementer et stimuler la profession de vendeur commissionné en assurance-vie et


permettre à certaines catégories de professions proches du public, de pratiquer à titre
occasionnel, moyennant commissions d'apports, la vente de cette assurance (prescripteurs
divers, notaires, enseignants, retraités des assurances, etc...).

* Développer la communication et l'information du public sur les assurances-vie (portes


ouvertes, centre de documentation national sur les assurances).

* Favoriser le développement d'autres créneaux de placements rémunérateurs de l'épargne


collectée par les compagnies d'assurance-vie (marchés financiers - immobilier - obligataire -
SICAV, etc. ...) afin de leur permettre de créer des produits attractifs.

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* Réglementer et favoriser l'activité de bancassurance.

* Démonopoliser les assurances maladie et accidents de travail qui pourront à travers leur
caractère obligatoire, constituer un gisement vectoriel pour la commercialisation des
assurances-vie.

Conclusion

En dépit de toutes les contraintes évoquées, l'avenir de l'assurance-vie dans le marché


Algérien reste prometteur dans la mesure ou la mise en place d'un système d'exploitation
incitatif permettra de réveiller les besoins latents des ménages en matière d'épargne de
précaution et de sécurité économique, devant les incertitudes de l'avenir et de créer un
consensus plus favorable en direction de l'industrie des assurances dans son ensemble.

Le recul de l'Etat du domaine social, le chômage, la précarité des régimes sociaux et leur
déficit, l'éclatement de la famille traditionnelle et communautaire, sont autant de
phénomènes susceptibles de mettre les ménages et les individus, quelque soit leur standing,
en situation de faire appel à l'assurance-vie sous toutes ses formes, pour calmer leurs
inquiétudes quant à leur sort et à celui des êtres qui leurs sont chers, devant les aléas de
l'existence.

Il appartiendra aux compagnies d'assurances de s'adapter à ces futurs besoins et les stimuler
par une vision Marketing dynamique aboutissant à une offre adéquate en permanence et à
une prestation performante et crédible.

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Réflexion sur l’opportunité d’un système fiscal
propice au développement
de l’assurance-vie

En cette période de récession accentuée par la rareté des ressources financières propices au
soutien du processus de croissance, sous la contrainte des ajustements structurels imposés
par les mutations de l’économie, le recours à l’encouragement de l’épargne intérieure
s’avère un des outils indispensables à la relance économique.

Les créneaux de mobilisation de cette épargne sont multiples et ne jouissent pas


malheureusement pas de tous les mécanismes de stimulation et d’optimisation comme c’est
le cas dans les économies développées. A titre d’exemple, l’assurance sur la vie s’impose
actuellement dans les marchés développés comme un créneau privilégié d’accumulation
d’une épargne dont la longévité et la rentabilité sont évidentes, dans la mesure où cette
épargne est placée sur plusieurs cycles dans les marchés financiers.

En France les revenus de l’assurance ont fait un bond de 14% entre 1993 et 1997 et sont
devenus plus rémunérateurs que ceux des SICAV, des valeurs mobilières et de l’immobilier
(Argus du 03/10/1997).

Les fonds de pension anglo-américains qui gèrent les retraites par capitalisation, détiennent
la part du lion dans les marchés des capitaux mondiaux (40% de leurs avoirs sont investis
dans les marchés de capitaux européens).

Par contre, en Algérie, la pénétration de l’assurance –vie dans l’économie est pratiquement
nulle en raison de nombreux freins d’ordre économique, culturel et institutionnel. De ce fait,
il serait particulièrement opportun d’édicter des mesures incitatives susceptibles de
contribuer à l’émergence d’une demande volontaire en assurance-vie de la part des
entreprises et des particuliers. L’incitation fiscale demeure un moyen efficace de stimulation
de la demande espérée. Les expériences pratiquées dans les marchés développés, dans
lesquels le revenu par habitant est pourtant plus élevé que le nôtre, l’ont largement
démontré.

Bien qu’il soit vraiment contraignant, voire difficile de demander aux ménages et aux
particuliers, dont le pouvoir d’achat est déjà mis à rude épreuve par la crise économique, de
consentir un effort d’épargne marginal en assurance-vie, il demeure cependant possible de
mobiliser une épargne longue par le biais de ce créneau encore mal connu du public,
compte tenu des immenses potentialités d’un marchés non encore exploité et comportant
quand même des segments assurables à excédents de ressources.

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Par ailleurs, les limites des systèmes de répartition sociaux actuels (sécurité sociale- retraite)
commencent à apparaitre et à connaitre des signes de précarité devant le caractère
intolérable de leurs charges, aggravées par les politiques de réajustement de l’économie.
Ces systèmes observeront certainement un recul en matière de couverture (santé-retraite)
dans un proche avenir.

Et, à l’instar de ce qui a été observé dans certains pays d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe
de l’Est, l’assurance-vie et la retraite par capitalisation pourront suppléer, en tant que piliers
complémentaires, ces systèmes légaux. Néanmoins, leur rôle ne sera stimulé que par la
survenance d’une fiscalité incitative.

Pour l’heure, les chiffres réalisés par le marché algérien ne sont guère encouragements.
Ainsi, à travers l’analyse des résultats de production réalisés les compagnies du secteur en
assurances de personnes en 1998, il s’avère que seuls des mobiles quasi-institutionnels ont
permis la collecte d’un volume de primes assez faible ( prêts bancaires- assurance groupe).
Les assurances de personnes restent, avec une part insignifiante de 6% de la production
globale du secteur des assurances, très peu développées et en deçà des énormes
opportunités du marché.

A titre indicatif, la part moyenne de l’assurance –vie à l’échelle mondiale est de 55% par
rapport aux primes globales d’assurances.

Arguments qui militent En faveur de L’incitation fiscale En assurance-vie

La loi de finances 1996 a exonéré les primes inhérentes aux contrats d’assurances de
personnes de la taxe sur les primes d’assurance , néanmoins, cette exonération de la TVA sur
les primes d’assurance n’a pas eu d’effets stimulants sur la demande volontaire d’assurance-
vie

L’ordonnance n°07/95 du 25/01/1995 sur les assurances n’a pas maintenu l’exonération des
droits de succession sur les sommes garanties en assurance en cas de décès, stipulée dans la
Loi n°80/07 de 1980.

L’article 60 du code de l’IRG et l’IBS stipulent que les successions et rentes viagères entrent
dans le cadre du revenu global. Par conséquent, les rentes viagères découlant du contrat
d’assurance-vie sont censées être imposées au même titre.
Les produits des placements en assurance-vie demeurent imposés par l’IRG au même titre
que ceux des autres branches.

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Principaux arguments en faveur d’une fiscalité avantageuse

La souscription d’un contrat d’assurance-vie par un particulier nécessite, par les temps qui
courent, un réel sacrifice dans la mesure où ce dernier diffère une partie de son pouvoir
d’achat actuel pour une date éloignée dans l’avenir, sans que son épargne ne soit réellement
à l’abri d’une érosion ou d’une dépréciation monétaire. Pour cet effort d’épargne, il se doit
d’être encouragé sur le plan fiscal.

L’épargne longue collectée en assurance-vie est placée à long terme dans plusieurs cycles de
financement de l’économie. Non seulement elle participe de façon durable à l’effort de
croissance, mais elle renferme en elle-même des vertus anti-inflationnistes. A ce titre, sa
stimulation s’avère indispensable afin de générer une demande volontaire plus propice à
l’accumulation de ressources financière durables.

En raison de ses objectifs de prévoyances (sécurité de la famille) et d’épargne (placement),


l’assurance-vie est susceptible de jouer un rôle social et économique important dans la
société, dans la mesure où elle viendra suppléer l’Etat dans la couverture sociale des
citoyens qui prendront progressivement l’habitude de compter sur eux –mêmes, du moins
en partie, dans la prise en charge de leurs besoins (santé, retraite) et de financer l’économie
pendant de longues périodes au moyen de l’épargne qu’elle est susceptible de générer,
notamment en cette période de récession.

Exemple des pays développés

L’expansion de l’assurance-vie dans les économies développées est certainement incitée par
des formules d’encouragement fiscal. Elles se présentent sous plusieurs formes, dont les
plus connues sont :
- les déductions d’une partie de la prime des revenus imposables ;
- l’allocation d’épargne versée par l’état aux titulaires des contrats d’assurance-vie ;
- l’exonération des capitaux des rentes d’assurance-vie des taxes et des droits de
succession, etc.

L’incitation fiscale au Maroc et en Tunisie

Situation au Maroc

Bien qu’elle soit encore assez pénalisante aux yeux de certains professionnels avertis (CF
l’assurance-vie dans le contexte marocain-EL HANSALI Bassou, éd. de l’avenir -1990), l’assurance-vie au
Maroc a quand même bénéficié en matière d’incitation fiscale d’une disposition qui permet
de déduire de l’impôt sur le revenu global des personnes physiques, l’équivalent de 10% de
la prime nette du contrat d’assurance-vie d’une durée d’au moins 10 ans, sans que cette
réduction n’excède un montant de 3500 Dirhams pour la même personne et par année (Loi
de finance 1983 –loi n°17/89 du Dahir n°1/89 du 21/11/1989).

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Le cas tunisien

En Tunisie, la législation vient d’instaurer un système encourageant pour développer


l’assurance-vie en permettant aux titulaires des polices d’assurance-vie de déduire un
montant de 2.000 Dinars tunisiens de leur assiette imposable sur le revenu.

Proposition d’un projet de mesures fiscale incitatives pour le développement de


l’assurance-vie

L’incitation fiscale en question

La fiscalité du contrat d’assurance-vie présente un aspect attrayant et encourageant pour


les assurables. De fait, la promotion de l’assurance-vie dépend fortement de cette situation.
Celle-ci peut être envisagée notamment sous la forme de déduction partielle des primes
versées de l’assiette de l’impôt sur le revenu. A notre avis, cette exonération du contrat
d’assurance-vie pourrait concourir, à coup sûr, à favoriser la collecte de primes, et donc,
indirectement, à satisfaire les finances publiques qui seront bénéficiaires d’une épargne
stable et de longue durée.

Il va sans dire que les carences relevées au niveau du chiffre d’affaires actuel en assurance-
vie ne sont pas uniquement justifiées par la faiblesse du pouvoir d’achat du souscripteur
moyen. En effet, la défaillance au niveau du revenu économique ne justifie pas à elle seule,
une telle situation, car l’élément social (sécurité) et l’élément financier (épargne) réunissent
les conditions largement suffisantes qui rendent impérative la nécessité d’élaborer les
mesures incitatives concernées.

Mesures préconisées

-Maintien de l’exonération des primes d’assurance de personnes de toute taxe

Cette mesures qui a été réintroduite en 1996 après avoir été remise en cause par la loi de
finances 1995, demeure d’un impact assez significatif sur la souscription des assurances-vie
volontaires à caractère d’épargne, néanmoins, elle n’est pas suffisante.

-Instauration d’un système d’abattement (ou de réduction) de l’impôt sur le revenu pour
les titulaires de contrats d’assurance-vie d’une durée de huit ans et plus.

Le principe fondamental de ce système consiste à donner un avantage pour toute personne


physique qui accomplit au moyen de l’assurance-vie en effort d’épargne et de prévoyance
étalé sur une longue période (8 ans et plus). Ce contribuable aura donc, en contrepartie du
report de son pouvoir d’achat pour un mobile d’épargne et de prévoyance volontaire,une
récompense

des pouvoirs publics au moyen d’une réduction substantielle de son impôt sur le revenu
global (IRG). Cette réduction d’impôt s’imputera sur le montant de l’impôt sur le revenu

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avant toute application des éventuelles minorations ou majorations d’impôts, des
déductions des crédits d’impôt et avoirs fiscaux, des prélèvements ou retenues.

Le bénéfice de la réduction d’impôt sera subordonné au paiement effectif des primes dans
les délais prévus, c’est-à-dire à la souscription du contrat et à chaque échéance de ce
dernier. Ces dispositions seront confirmées officiellement par les assureurs.

La réduction d’impôt pourra être envisagée sous forme d’un pourcentage sur la prime nette
du contrat avec plafond qui pourra avoir comme référence le niveau du SNMG et des
majorations par enfant à charge forfaitaires dans la limite de quatre enfants.

Exemple : Réduction d’impôt de 25% de la prime nette avec plafond de 6 000 DA à charge
dans la limite de quatre enfants. L’abattement en question devra être assez attractif pour
attirer l’adhésion des assurables et les amener à consentir l’effort d’épargne à long terme
recherché. Le bénéficiaire de la réduction d’impôt sera le souscripteur du contrat ou l’assuré
(adhérent) dans le cas des assurances collectives. Les contrats éligibles à cette réduction
sont notamment :
 Les assurances en cas de vie (capital différé – rentes) ;
 L’assurance-vie entière et les rentes de survie ;
 Les assurances mixtes ;
 Les assurances de capitalisation.
Autre mesures préconisées
 Exonération des sommes assurées par un contrat d’assurance-vie des droits de
succession ;
 Exonération des produits des placements provenant des provisions mathématiques
d’assurance-vie ;
 Exonération de toutes les prestations d’assurance-vie de l’impôt sur le revenu
(capitaux – rentes) ;
 Encouragement fiscal en faveur de la création des sociétés d’assurance-vie
spécialisées par une exonération de l’IBS pendant les trois premières années.

Conclusion
En l’absence de données statistiques faibles, les simulations chiffrées inhérentes au calcul du
gain économique espéré à travers l’application de ces mesures fiscales n’ont pu être établies.
Néanmoins, il est certain que la mise en place de ces incitations fiscales générera plus de
ressources d’épargne durables en direction du trésor qu’elle ne grèvera l’assiette de l’IRG des
personnes physiques Ce n’est qu’après la concrétisation de ces mesures qu’il pourra être aisé
de constater leur véritable impact sur l’accumulation de l’épargne en assurance-vie. En tout
état de cause, le législateur se réservera la latitude d’apporter des corrections successives à ce
système dans le cas de son instauration, et ce, au fur et à mesure de son évolution et en
fonction de ses objectifs budgétaires et économiques.

15
LES ASSURANCES DES RISQUES SPORTIFS

Introduction

L’environnement sportif national a connu durant ces dernières années de profonds


bouleversements structurels qui ont abouti à l’avènement du professionnalisme dans
plusieurs disciplines sportives. La pratique de ces disciplines est confrontée à de nombreux
risques aléatoires pouvant porter atteinte à l’intégrité physique des joueurs, des dirigeants
et des tiers.

Les conséquences financiers des préjudices subis peuvent être néfastes pour la carrière des
sportifs et l’existence de toutes autres victimes lésées à l’occasion des manifestations
sportives. L’assurance si elle est appréhendé comme il se doit, peut apporter une réponse
adéquate aux préoccupations des responsables du mouvement sportif national et à toutes
ses parties prenantes.

1. – L’assurance Responsabilité Civile des Associations Sportives.

Fondements Juridiques. Dans le cadre de la supervision des disciplines sportives, les


associations, les fédérations, les ligues et toutes autres organisations sportives, sont
amenées à l’occasion de leurs activités à assumer des responsabilités et à répondre des
conséquences pécuniaires résultant de dommages corporels et matériels pouvant être
causés à des tiers, et ce, en vertu des article 124, 135, 136, 138 et 140 du code civil. Bien
souvent, ces institutions sportives ne disposent pas de moyens financiers suffisants pour
faire face aux éventuelles réclamations amiables et judiciaires des tiers lésés, par suite de la
survenance d’événements dommageables relevant de leur responsabilité civile.

Pour pallier au risque d’insolvabilité de ces organisations sportives et veiller à la protection


des tiers lésés, le législateur a institué, pour des motifs d’ordre public, une obligation
d’assurance de leur responsabilité civile.

A cet effet, l’article 172 de l ’Ordonnance N°95/07 du 25 Janvier 1995 relative aux assurances
stipule que « Toutes associations, ligues, fédérations et regroupements sportifs ayant pour
objet de préparer et organiser toutes épreuves ou compétitions sportives, sont tenus de
s’assurer pour les conséquences pécuniaires de leur responsabilité civile vis à vis des tiers.
Cette assurance doit également profiter aux athlètes, joueurs, entraîneurs, gestionnaires et
staffs techniques pour tous dommages corporels subis pendant les séances d’entraînement et
les compétitions, ainsi que lors des déplacements liés aux activités sportives »

En outre, l’article 173 de la même ordonnance stipule qu’en matière d’assurance de


responsabilité civile des associations sportives, la garantie souscrite doit être suffisante pour
couvrir tant les dommages corporels que matériels. D’autre part, il précise également que le
contrat d’assurance ne doit prévoir aucune déchéance opposable aux victimes ou leurs
ayants droit. Ces dispositions réglementaires ont pour but de protéger les victimes en leur
octroyant une couverture aussi large que possible.

16
2. – Les couvertures d’assurance responsabilité civile.
Cette assurance a pour objet de couvrir les associations sportives contre les conséquences
pécuniaires de la responsabilité civile qu’elles peuvent encourir pour les dommages
corporels et matériels causés aux tiers (y compris les accidents corporels causés aux autres
sportifs), et survenus au cours d’entraînement, de compétitions, ou lors des déplacements
liés aux activités sportives, effectués sous le contrôle ou la surveillance de l’association
sportive. Les capitaux garantis par événement sont fixé dans le contrat. Les membres et
dirigeants de l’association sont également couverts au titre de cette assurance.

L’assureur pourra également garantir à titre contractuel les membres de l’association contre
les accidents corporels survenus au cours des séances d’entraînement, des compétitions ou
des déplacements liés aux activités sportives, effectués sous le contrôle et la surveillance de
l’association sportive assurée.
Les sommes assurées sur la tête de chaque membre sont fixées dans le contrat et garanties à
l’occasion des événements ci-après :

- En cas de Décès : Un capital décès dont le montant est fixé d’un commun accord entre les
deux parties, sera versé aux ayants droit de l’assuré.
- En cas d’incapacité permanente totale ou partielle (IPT) : l’assureur versera à l’assuré, le
capital prévu dans le contrat.
- En cas d’incapacité temporaire de travail (ITT) : l’assureur versera à l’assuré, l’indemnité
journalière prévue dans le contrat après une période de franchise. Cette indemnité est d’une
durée limitée dans le temps.
- Les frais médicaux pharmaceutiques et d’hospitalisation seront remboursés jusqu’à
concurrence des sommes assurées.

3 – Les assurances de prévoyance


Avec le développement du professionnalisme dans les disciplines sportives les plus
pratiquées, les besoins de protection du sportif et de sa famille sont appelés à devenir plus
pressants dans la mesure où la carrière sportive de haut niveau est relativement courte. Le
sportif professionnel est rémunéré en fonction de ses performances, il a donc besoin de se
protéger contre les aléas de la vie risquant d’entraîner une perte de revenus, tant pour lui-
même, pour sa famille et son club.

Les assurances de prévoyance peuvent apporter une réponse à ses attentes. Les couvertures
peuvent être financées par le sportif, son club ou conjointement. Ces Assurances pouvant
être souscrites de manière collective par le club ou individuellement par le sportif,
comprennent les principales garanties suivantes :

 Les assurances en cas de décès /invalidité


- le versement d’un capital forfaitaire ou égal à un pourcentage de la rémunération
annuelle brute du sportif en cas de Décès ou d’Invalidité Absolue et Définitive quelle
qu’en soit la cause, à ses ayants droit. Ces garanties pourront être également souscrites
par les clubs pour garantir la solvabilité des sportifs ayant bénéficié de prêts importants,
en cas de décès ou d’invalidité prématurés.

17
- l’octroi d’autres garanties complémentaires à la demande du souscripteur telles que le
doublement du capital décès en cas d’accident, la garantie de rentes éducation aux
enfants mineurs en cas de Décès de l’assuré et le versement de sommes forfaitaires à
l’occasion d’événements familiaux (mariage – maternité - frais funéraires …).
 L’assurance individuelle – accident : les mêmes garanties sont assurées suite à un
événement accidentel pouvant survenir dans la vie privée ou professionnelle (décès –
invalidité – frais médicaux – incapacité de travail).
 L’assistance voyage à l’étranger : En cas de déplacement à l’étranger pour des motifs
professionnels ou privés, le sportif peut être, grâce à cette assurance, pris en charge
directement en cas de survenance de risques inopinés (accident – maladie fortuite –
problème judiciaire, – perte de papiers ou de bagages, …).

Les clubs sportifs pourront souscrire cette garantie qui est couplée à une assurance
« Accident » à l’occasion des compétitions officielles ou amicales à l’étranger afin d’éviter
des éventuelles dépenses onéreuses pouvant être occasionné suite à des accidents durant
ou en dehors des compétitions à l’étranger (hospitalisation – soins – évacuation –
rapatriement).

Conclusion :

Dans le cadre de la souscription des assurances notamment de responsabilité civile par les
diverses associations sportives nationales, des expériences passées ont souvent mis en
exergue des cas d’insuffisance de couverture, notamment contractuelles qui se sont révélées
désastreuses pour la carrière et le devenir économique de certains athlètes de haut niveau
qui ont été victimes d’accidents graves lors des compétitions. En effet, pour des motifs de
restriction budgétaire les associations sportives ont tendance à souscrire des contrats
d’assurance au moindre coût, réduisant ainsi les niveaux de couvertures dont devraient
bénéficier les sportifs et les dirigeants en cas d’accident.

Devant la multiplication des nombreux risques auxquels peuvent être exposées les joueurs
et leurs clubs respectifs sur le plan financier, Une prise de conscience s’impose de la part de
tous les acteurs sportifs (autorités sportives, associations, clubs, joueurs, ligues,…) dans le
but de respecter les dispositions légales à ce sujet et de sécuriser davantage les sportifs en
cas de survenance d’événements préjudiciables à leur intégrité physique et à leur carrière.

18
LES OPPORTUNITES DE PARTICIPATION DES ASSURANCES
ECONOMIQUES AU FINANCEMENT DES DEPENSES DE
SANTE

Introduction :

Dans son article 54, le texte de la Constitution stipule que « tous les citoyens ont droit à la
protection de leur santé ». Cette disposition constitutionnelle consacre ainsi les principes
fondamentaux de la politique nationale en matière de santé et de population dont les
fondements reposent sur :

- l’accessibilité aux soins pour tous les citoyens


- l’équité, la solidarité et l’éradication des inégalités sociales
- la mise en place d’un système de santé cohérent et efficient

Néanmoins, devant l’accroissement des dépenses de santé et l’insuffisance des ressources


financières par rapport aux besoins d’une population croissante, l’Etat ne pourra continuer à
assurer à lui seul, un financement exhaustif de ces dépenses pour respecter ce principe
d’accès aux soins pour tous.

I. Le poids des dépenses de santé.

En effet, si jusqu’à présent l’Etat a toujours mis en place des moyens considérables en
direction de la population, tant en matière de santé que de couverture sociale, il n’en
demeure pas moins que le financement de la santé reste de nos jours une préoccupation
majeure pour les pouvoirs publics. Aussi, et en raison des mutations socio-économiques et
compte tenu de la multiplication des besoins induits par l'essor démographique, l’Etat à
travers ses structures sanitaires et la Caisse Nationale des Assurances Sociales, ne pourra
plus demeurer dans la conjoncture économique actuelle, le seul pourvoyeur de financement
des dépenses de santé.

En effet, les facteurs d’aggravation des charges de santé à l’échelle nationale ne cessent de
se multiplier par rapport aux mécanismes de mobilisation de ressources financières liés à la
productivité des systèmes de soins publics.
Parmi ces facteurs aggravants on peut citer :

- le poids onéreux des dépenses de fonctionnement des établissements de soins publics


(CHU, hôpitaux)
- la multiplication des prix des médicaments induite par des importations massives.
- l’aggravation du chômage et ses conséquences sur les recettes des cotisations sociales.

Selon certains indicateurs, les dépenses de santé graviteraient autour de 160 Milliards DA.

II. Les nouvelles alternatives de financement.


La recherche de sources alternatives de financement des dépenses de santé à travers
l’instauration de politiques ayant pour objet de faire contribuer des acteurs autres, que

19
l’assurance sociale, s’avère nécessaire. Dans ce contexte, les assurances économiques
demeurent susceptibles de jouer un rôle complémentaire dans ces politiques dans la mesure
où elles pourront :

- se positionner en tant qu’assurances complémentaires en matière de prestations


ordinaires de santé à forte fréquence (soins médicaux – frais pharmaceutiques).
- Développer une offre individuelle et collective adaptée aux besoins de santé à coût
onéreux (hospitalisation – chirurgie) tant sur le territoire national qu’a l’étranger
- Faire contribuer les citoyens à excédents de ressources au financement volontaire des
dépenses de santé par le mécanisme de paiement de cotisations (ou primes) et à leur
mutualisation par la technique de la loi des grands nombres.
- Placer les ressources financières ainsi collectées en représentation de leurs engagements
techniques.
- Participer au développement d’une culture d’assurance de personnes et de santé) qui
mettra progressivement le citoyen en l’état de compter avant tout sur lui-même dans le
cadre de la prévoyance et de la protection de sa famille devant les aléas de l’existence.
(maladie – décès-invalidité).

Par ailleurs, le développement du marché des assurances de personnes après sa


spécialisation à partir de 2011, ira de pair avec la multiplication d’établissements privés de
médecine (cliniques – hôpitaux) qui pourront passer des accords directs (conventions) avec
les assureurs économiques, dans le cadre de la prise en charge des citoyens disposant de
contrats d’assurance de santé.

III. Les différentes combinaisons en matière d’assurance de santé :

La promulgation de l’Ordonnance N°95/07 du 25 janvier 1995 relative aux assurances,


modifiée et complétée par la Loi N° 06-04 du 20 /02/2006, stipule dans son article 63 que les
risques pouvant être couverts en assurances de personnes sont ceux qui sont liés à la durée
de la vie humaine, au décès accidentel, aux incapacités permanentes totale ou partielle, à
l’incapacité temporaire de travail et au remboursement de frais médicaux, pharmaceutiques
et chirurgicaux. Les différentes formules qui sont actuellement commercialisées dans le
marché des assurances pourront être résumées comme suit :

1. L’assurance collective de « santé complémentaire » commercialisée dans le cadre du


contrat « assurance groupe »

Cette formule demeure prédominante, elle est souscrite par les travailleurs des entreprises
et des administrations de manière collective dans les contrats d’assurance « groupe »
comportant une garantie de base « décès/invalidité ». Les primes relatives à ces contrats
« groupe » sont financées conjointement par les employeurs, les œuvres sociales dans
certains cas et les salariés. Les assurances complémentaires maladie qui sont souscrites dans
le cadre de ce contrat permettent de garantir les prestations ci-après :

- remboursement des actes médicaux et des frais pharmaceutiques jusqu’à concurrence


de 20% des débours versés par la caisse de sécurité sociale.

20
- Remboursement des prothèses dentaires, auditives, orthopédiques, des frais de
lunetterie
- Remboursement des frais d’hospitalisation, des honoraires chirurgicaux, des frais de
transport, des cures thermales. Le remboursement de ces dépenses demeure
subordonné à la prise en charge par la Sécurité Sociale.

Dans certains cas, cette garantie est étendue, à la demande des souscripteurs, au paiement
d’indemnités forfaitaires limitées liées à des événements familiaux (maternité – circoncision
– frais funéraires). Quoi qu’il en soit, ces assurances qui sont contractées de façon volontaire
par les employeurs, ne concernent qu’une partie des salariés des organismes souscripteurs,
et restent au demeurant minoritaires par rapport à la population potentiellement assurable.

C’est d’ailleurs pour ces motifs que les compagnies d’assurance ont commencé à développer
des formules d’assurance individuelles susceptibles d’intéresser un plus grand nombre de
segments du marché (professions indépendantes, ménages, commerçants, entreprises,
salariés….)

2. les assurances de santé forfaitaires :

Ces couvertures contractuelles qui commencent à être proposées à titre individuel par
certains assureurs, permettent de garantir le versement d’indemnités forfaitaires
journalières librement choisies par les assurés en fonction de leur pouvoir d’achat, dans le
cas de la survenance des événements tels que :

- L’hospitalisation suite à une maladie ou à un accident


- L’hospitalisation pour intervention chirurgicale

Ces garanties permettront de couvrir les dépenses occasionnées par ces événements dont
les prestations à coût souvent onéreux, sont effectuées auprès des cliniques privées
notamment.

3. L’assurance santé internationale :

Cette couverture « haut de gamme » pourra être accordée par les assureurs, en partenariat
avec des réassureurs spécialisés dans le domaine des prestations de santé Internationales
permet à n’importe quelle personne physique de se soigner dans le monde entier et dans le
pays de résidence, en choisissant l’établissement de soins qu’elle désire. Tous les soins
médicaux, d’hospitalisation, les actes chirurgicaux, les greffes d’organes, les dialyses, les frais
de transport ambulatoires, les soins à domicile, les consultations spécialisées, sont couverts
par cette assurance.

Cette formule d’assurance est déclinée sous plusieurs options adaptées au pouvoir d’achat
des assurés (limites de couvertures importantes fixées en dollars ou en Euro). Elle s’adresse
surtout aux assurables à excédent de ressources (populations très aisées financièrement).

21
Conclusion :

L’intervention des assurances économiques dans la prise en charge des dépenses de santé à
travers la commercialisation et le développement des assurances maladie complémentaire
et de personnes, pourrait constituer à moyen et long termes, un levier non négligeable de
mobilisation de ressources financières. L’expansion de ces assurances reste tributaire des
réalités conditions suivantes :

- le rétrécissement des couvertures relatives aux assurances sociales.


- la naissance d’une demande volontaire qui aura pour objectif de compenser
l’insuffisance des garanties accordées par les caisses de sécurité sociale des salariés et
des non-salariés.
- La multiplication au niveau de l’environnement des opérateurs privés de santé dans
différentes spécialités (assistance médicale – transport ambulatoire – soins à domicile –
chirurgie…)
- Le développement d’une culture d’assurance et de réflexes de prévoyance au niveau des
ménages en matière de santé et de protection des proches devant les aléas de la vie.
- La mise en place de forces de vente adaptées à la commercialisation des assurances de
personnes
- L’existence de mécanismes institutionnels d’encouragement des systèmes et des
activités liés à ces assurances.
- l’instauration d’une communication collective en matière d’assurance en direction du
marché.

22
La Responsabilité Civile Médicale et son assurance.
1. Introduction

La responsabilité médicale suppose l’existence d’un contrat qui résulte du libre choix du
médecin par le malade. Cette responsabilité suppose donc le risque de défaillance ou
d’inexécution d’une obligation née de ce contrat, ce qui entraîne nécessairement une
évocation succincte des obligations rattachées au contrat médical.

2. Formation du contrat médical

Le principe du consensualisme qui constitue l’un des aspects fondamentaux de la liberté


contractuelle implique que le contrat se forme par le seul accord de volontés sans qu’il soit
nécessaire de n’accomplir aucune formalité.

Ainsi, le médecin qui s’installe dans un cabinet de consultation ou dans une clinique,
manifeste par cette attitude qu’il offre ses soins au public. Le malade qui fait appel à lui
accepte cette offre. L’accord de volontés, élément nécessaire pour la formation du contrat
se vérifie donc dans le rapport qui s’établit entre le médecin et son client. La déclaration de
volonté se réalise par le simple fait d’ouvrir son cabinet après les légaux agréments d’usage.

Du côté du malade, la déclaration de volonté se réalise par le simple geste de s’adresser au


médecin et d’accepter ses soins. C’est ce qui explique d’ailleurs que l’acte médical repose sur
la confiance générale des patients en leurs médecins. Le malade choisit en effet son médecin
en raison de la confiance que lui inspire ce dernier.

Contenu de l’obligation du médecin à l’égard de son client

De façon générale, les textes du code civil stipulent que le médecin est responsable du
dommage causé au malade en cas d’inexécution de ses obligations médicales ou de
défaillance manifeste dans l’accomplissement de ses obligations vis-à-vis de ce dernier et
des tiers. Cette responsabilité peut être directe ou indirecte. Elle peut être causée par des
erreurs, des omissions, des négligences, des retards et d’autres causes provoquées par le fait
du médecin, de ses préposés ou de son matériel.

Bien qu’il soit soumis généralement à une obligation de moyens dans le cadre de l’exercice
de son activité, le médecin n’est pas pour autant à l’abri des aléas liés à sa profession.

Cette obligation de moyens et non de résultat repose sur le fait que la responsabilité du
médecin ne peut être engagée que s’il est établi que les lésions survenues postérieurement
au patient sont dues à sa négligence.

23
A condition qu’elles ne soient pas déclenchées par un fait volontaire ou intentionnel, les
conséquences dommageables aléatoires découlant de l’activité médicale pourront être
couvertes par l’assurance.

3. L’assurance de responsabilité civile médicale

Dans les dispositions de l’ordonnance 95-07 du 25 janvier 1995 relative aux assurances,
traitant des assurances obligatoires, le législateur a stipulé au titre de l’article 167 que « les
établissements sanitaires civils et tous les membres du corps médical, paramédical et
pharmaceutique exerçant à titre privé, sont tenus de s’assurer pour leur responsabilité civile
professionnelle vis-à-vis de leur malades et des tiers ».

Cette disposition réglementaire poursuit un objectif d’ordre public visant à protéger les
malades et les tiers, en cas de conséquences préjudiciables causées par des actes médicaux,
paramédicaux et pharmaceutiques.

Cette protection consiste donc à assurer une réparation des dommages subis par les
malades et les tiers par les assureurs, en les mettant ainsi a l’abri du risque d’insolvabilité
des opérateurs médicaux dont les actes leur ont causé un préjudice. Il s’agit également
d’une protection financière pour le corps médical.

L’erreur médicale fortuite et non intentionnelle peut ainsi donner droit à réparation au titre
de la responsabilité civile des membres du corps médical.

L’assurance de responsabilité civile médicale a pour objet de garantir l’assuré contre les
conséquences pécuniaires de la responsabilité civile qui peut l’engager l’application des lois
et décrets en vigueur régissant profession qu’il exerce, en raison des dommages corporels,
matériels et immatériels causés aux patients, résultant du fait :

- De l’assuré lui-même, de des préposés ou des personnes utilisées pour les besoins de
sa profession, que de l’immeuble occupé par l’assuré pour les besoin de son activité.
- D’un défaut d’entretien du mobilier, du matériel et de l’agencement intérieur ou
extérieur.
- De travaux d’entretien, de réparation, d’installation et d’aménagement.

Un dommage corporel correspond à une atteinte physique ou morale subie par une
personne physique. Un dommage matériel est entendu comme la détérioration, la perte ou
la destruction d’un bien. Un dommage immatériel peut être consécutif ou non à un
dommage corporel et/ou matériel garantit au contrat RC. Il s’agit des pertes financières
subies par une victime ou tout autre tiers.

Sont également garantis au titre de cette assurance, les accidents causés aux tiers par
l’assuré lui-même ou ses collaborateurs à l’occasion de l’exercice de leur profession au soin
du cabinet médical ou chez les patients.

24
La garantie est étendue aux conséquences des fautes professionnelles ou d’erreurs
involontaires commises par l’assuré lui-même ou par les collaborateurs exerçant sous sa
responsabilité, dans les diagnostics, dans l’exécution des prescriptions médicales ou
d’applications thérapeutiques, soit au cours de traitement médical ou dans les opérations de
chirurgie, y compris les accidents pouvant résulter de l’emploi d’anesthésiants locaux ou
généraux. Ces garanties s’appliquent également aux dommages et préjudices causés aux
tiers et aux malades par le fait de l’utilisation des installations radiographies et radioscopies.

Sont exclus de l’assurance RC médicale :

- Les dommages causés par une faute intentionnelle,


- Les dommages résultant d’actes effectués par une personne ne possédant pas les
diplômes ou titres légalement nécessaires â l’exercice de sa profession ou de sa
spécialité
- Les préjudices causés par des actes médicaux prohibés par la loi et la déontologie
médicale.

Quand va jouer ce contrat d’assurance ?

Pour faire jouer ce contrat d’assurance responsabilité, il faut une réclamation d’un tiers
victime. La réclamation du tiers (acte par lequel un tiers demande réparation de ses
dommages) peut se matérialiser par le simple envoi d’un courrier à l’attention du praticien
et/ou de l’établissement de santé dans lequel il exerce.

Cette réclamation une fois adressée à la compagnie d’assurance ayant émis le contrat
responsabilité civile, a pour effet de déclencher la garantie de ce contrat. La connaissance du
fait dommageable par l’assuré fait courir la prescription triennale à laquelle est soumis le
contrat d’assurance. A compter de cette date, l’assuré est dans l’obligation de déclarer ce
fait générateur à son assureur dans les deux ans (y compris si aucune réclamation n’a été
portée par le tiers). S’il ne le fait pas, l’assuré court le risque de ne plus être couvert par son
contrat d’assurance au titre de ce sinistre. La prescription triennale permet à l’assureur
d’intervenir au plus tôt dans le sinistre afin d’éviter tout recours contentieux de la victime.

Pour qu’un sinistre puisse faire l’objet d’une garantie par l’assureur, il faut que la demande
de la tierce victime comporte trois éléments nécessaires au déclenchement de la
responsabilité civile de l’Assuré : un fait dommageable, un dommage avéré et un lien de
causalité entre le fait dommageable et le dommage.

4. Conclusion

Pour se prémunir des conséquences préjudiciable des aléas liés â leur responsabilité civile â
l’égard des malades et des tiers, les membres des professions médicale sont donc appelés à
souscrire un contrat d’assurance « responsabilité civile » tel que le prévoit la réglementation

25
en vigueur. Néanmoins cette assurance ne couvre que les dommages causés aux malades et
aux tiers dans les limites contractuelles convenues entre le médecin et son assureur.

Une garantie supplémentaire ‘protection juridique’ pourra être stipulée à la demande de


l’’assuré dans le contrat responsabilité civile. Cette garantie permet de couvrir les frais de
défense de l’assuré devant toute juridiction civile, administrative, ordinale, pénale. Elle
prend en charge les honoraires d’avocats, d’experts et tous frais impliqués par cette
défense. Cette garantie permet aussi, le cas échéant, à l’assuré de recourir contre le
responsable ou le coresponsable du dommage.

Pour compléter leur dispositif d’assurance par une couverture globale, ils pourront
également souscrire à titre préventif d’autres garanties couvrant les dommages aux
matériels et bâtiments de leurs cabinets ou cliniques (incendie-vol-dégâts des eaux- bris de
glaces, catastrophes naturelles,….).

26
REFLEXION SUR L’INTRODUCTION DE L’ASSURANCE TAKAFUL DANS
LE MARCHE ALGERIEN

INTRODUCTION

L’assurance est une activité essentielle dans l’économie, compte tenu des avantages qu’elle
procure aux personnes physiques et morales en matière de protection contre les risques
aléatoires qu’elles encourent.

L’industrie des assurances dans le monde est de nos jours un puissant levier de collecte
d’une considérable épargne institutionnelle qui est injectée dans les marchés
d’investissement et de placements financiers. En 2005, le taux de pénétration de l’assurance
dans le PIB mondial a été e 7,52% avec un volume total de primes de 3.426 Milliards de
dollars US, constitué à 58% par les assurances sur la vie (revue Sigma Swiss Re).

Dans les pays musulmans, la demande d’assurance d’une manière générale et l’assurance vie
en particulier, se caractérise par sa faiblesse et reste tributaire des obligations légales ou
contractuelles.

En Algérie, et malgré la libéralisation du secteur des assurances depuis plus d’une décennie,
le sous – développement des vrais marchés de l’assurance non obligatoire demeure flagrant,
dans la mesure où les assurances « dommages » des particuliers et des assurances de
personnes ne représentent en moyenne que 15% des primes collectées par le secteur des
assurances. En outre, la part du chiffre d’affaires réalisé par le secteur des assurances dans le
PIB a été de 0,57% en 2007(1). Cette faiblesse est due à de nombreuses contraintes
économiques, réglementaires, sociales et culturelles (religieuses).

En effet, la perception négative de l’assurance dans les sociétés musulmanes repose sur le
fait de son assimilation à l’usure et aux jeux de hasard, prohibés par la foi musulmane. Il est
vrai l’assurance en tant qu’activité économique, elle n’a connu son émergence que
tardivement dans les pays musulmans qui avaient amorcé leur développement économique
qu’au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle.

En fait, l’émergence de l’industrie de l’assurance reste intimement liée à l’existence


d’institutions commerciales modernes et à un environnement économique favorable à
l’épargne et aux investissements.

1.Les potentialités du modèle TAKAFUL dans le monde Musulman

L’expansion de la finance Islamique à travers plus de 300 institutions financières dont les
actifs gravitent autour de 800 Milliards USD dans plus de 75 pays, est un levier propice à
l’émergence de l’assurance sous la forme « TAKAFUL ».

27
Les premières sociétés d’assurance Islamique ont été fondées au Soudan et aux Émirats
Arabes en 1979, elle était basée sur un modèle coopératif.

Des modèles de Takaful ont été mis en place à partir de 1984 en Malaisie et plus tard dans
des pays tels que la l'Arabie Saoudite, le sultanat de Brunei, le Qatar, le Bahreïn.

La population musulmane dans le monde est estimée à 1.5 milliard d’habitants dont 97%
sont basés en Asie et en Afrique. Le potentiel du seul marché de la communauté
musulmane pour le TAKAFUL représente 23% de la population mondiale. Une croissance de
20% pourra être soutenue pendant les 10 prochaines années dans les marchés Musulmans.

Plus de cent opérateurs fonctionnant selon les principes TAKAFUL sont implantés dans les
pays Musulmans, ils comptent réaliser un encours de primes dans un horizon de dix ans
supérieur à huit (08) Milliards USD.

Répartition géographique des l’industrie TAKAFUL

En 2006, Le nombre d'opérateurs « Takaful » dans le monde a été de 134(2) dont :

 59 dans les pays du Golfe (+1 Milliard USD primes)


 22 Sud Est Asiatique (700 Millions USD)
 21 en Afrique et pour la majorité au Soudan
 17 en Iran
 09 dans le sous – continent Indien
 04 dans les pays du Moyen Orient
 02 dans d’autres régions

Potentialités de TAKAFUL par région

 Moyen Orient: population à majorité musulmane - forte croissance économique - le


Koweït et l’Arabie Séoudite sont les plus grands marchés TAKAFUL
 Malaisie: Finance Islamique très développée – densité très élevée en Family Takaful
(assurance vie).
 Soudan: Industrie de TAKAFUL omniprésente
 Indonésie: forte population Musulmane – densité d’assurance faible – marché
potentiel.
 Sous - continent Indien: l’Inde, marché intéressant pour la finance Islamique
 Maghreb: Futur marché important pour l’industrie Takaful compte tenu de ses
potentialités.

2. LE CONCEPT DE TAKAFUL

La religion Musulmane enseigne que toutes les activités économiques sont légalement
permises aussi longtemps qu’elles ne transgressent pas les principes de la charia. En
conséquence, toutes les formes de transaction qui contiennent des éléments illégaux tels
que « le Riba », « Maisir » et « Gharar » sont prohibées par l’Islam.

28
Takaful est dérivé d'un mot arabe qui signifie solidarité, il s’apparente actuellement à une
forme d’assurance participative qui permet de concilier les principes universels de
l’assurance avec ceux de l’Islam. L’objet de cette formule dite coopérative, dans laquelle
tous les membres s’acquittent d’une somme d’argent pour indemniser celui qui est en
situation d’infériorité (le plus démuni), est fondé plus sur l’entraide que le profit.

Selon la Charia, pour qu’un contrat d’assurance soit licite du point de vue de l’Islam, il doit
satisfaire aux critères suivants :

- les primes sont versées sous forme de donation (Tabaruu)


- il doit reposer sur le principe de coopération, édicté selon la foi musulmane
- il ne doit pas comporter d’usure (intérêt)
- le bénéfice ou surplus dégagé au titre des opérations doit être distribué aux
Participants (Assurés).

Par voie de conséquence, les principes de l’assurance sous la forme « TAKAFUL » reposent
sur :

- le partage coopératif du risque pour la protection.


- la séparation claire entre le Participant et l’Opérateur (assureur).
- l’adoption de stratégies d’Investissement en conformité avec la Charia.
- l’éviction du Riba (intérêt) et du Maisir (spéculation).
- l’élimination du « Gharar » (l’incertitude) illicite par le recours au « Tabarru » (donation).

Actuellement la formule « Takaful » est pratiquée sous les formes d'affaires commerciales
suivantes :

- Sans but lucratif, par lequel indépendamment de la structure légale formelle, les affaires
soient gérées sur une base purement mutuelle ou coopérative pour les participants au projet
de Takaful. Le conseil gère les affaires au nom de tous les participants et il n'y a aucune
entité séparée contrôlant les affaires.
- A travers une opération par laquelle une entité commerciale (opérateur de Takaful) sera
admise à gérer les fonds de Takaful. Selon les règles spécifiques dans chaque juridiction, les
fonds peuvent être placés chez l'opérateur, avec une séparation claire entre les actionnaires
de l’opérateur et les fonds des participants. Dans certains pays, l’opération de Takaful peut
être effectuée par l’intermédiaire d'un assureur conventionnel.

Pour les assurances vie par exemple, la contribution du participant (assuré) est divisée en
deux parties :

- une partie réservée à la formation d’une provision Takaful pour couvrir le risque de
mortalité (décès), dont la prime est fondée sur le principe de donation.

- une autre partie qui est constituée par un compte personnel d'investissement (épargne)
régi selon les principes de la Charia (Moudharaba).
29
Il existe plusieurs formes de contrats qui régissent le rapport entre les participants (assurés)
et l'opérateur de Takaful. Les contrats le plus largement répandus sont le contrat de
Moudharaba (participation aux bénéfices) et contrat de Wakala (gestion pour compte
moyennant des honoraires).

Dans un modèle de Moudharaba, l'opérateur de Takaful agit en tant que « Mudarib »


(entrepreneur) et les participants comme fournisseurs de capital. Le contrat indique
comment le bénéfice et/ou l'excédent d'investissement de l'opération de Takaful, est
obtenu.

Dans le mode de Wakala, l'opérateur de Takaful agit en tant qu'un agent au nom des
participants pour fructifier les fonds de Takaful. Tous les risques sont assumés par les fonds.
L'opérateur reçoit des honoraires de Wakala pour assurer la gestion des fonds au nom des
participants, qui est habituellement un pourcentage des contributions payées.

Au niveau de tous ces modèles, l'opérateur de Takaful fournira habituellement un prêt sans
intérêt (Qard hassan) pour couvrir n'importe quelle insuffisance dans les fonds. Le prêt doit
être remboursé sur les futurs excédents des fonds de Takaful.

2. Perspectives de développement de TAKAFUL en Algérie

L’assurance participative « TAKAFUL » pourrait constituer en Algérie une des favorables


alternatives pour le développement des marchés des risques des particuliers et des
assurances de personnes à travers une adaptation de l’offre au pouvoir d’achat et aux
mentalités religieuses de la population. Son expansion repose sur les conditions suivantes :

- La présence des premières banques Islamiques, dans la mesure où ces dernières seront
des partenaires propices en bancassurance et dans les investissements financiers conformes
à la Charia.

- L’institution d’une réglementation TAKAFUL

- La création d’une offre «Takaful» conforme au pouvoir d’achat et aux mentalités


religieuses de la population.

- L’encouragement de la concurrence entre les opérateurs TAKAFUL.

- L’émergence de la finance islamique (fonds d’investissements)

- Le développement des compétences dans la finance islamique.

La solution « Retakaful » qui est l'équivalent de la réassurance conventionnelle, a été


instaurée par plusieurs opérateurs en Malaisie et dans les pays du GOLFE. Elle s’est
développée par la suite auprès des autres réassureurs des pays Occidentaux qui ont mis en
place des formules Takaful en réassurance pour répondre aux besoins des assureurs
Takaful directs.

30
3. CONCLUSION

Face aux conséquences lourdement préjudiciables pour l’économie mondiale qui ont été
engendrées par les dérives des marchés boursiers internationaux qui s’étaient fourvoyés
dans une spirale spéculative puisant ses soubassements dans l’exploitation usuraire des
milliers de ménages occidentaux débiteurs vis-à-vis des banques, la finance islamique reste
une alternative appropriée pouvant être adoptée par les pays Musulmans dans l’édification
de leurs marchés financiers internes, étant donné que ses mécanismes sont fondés sur la
prohibition de l’usure, le financement des activités licites et le partage équitable des risques
entre les opérateurs, les investisseurs et les épargnants.

(1)Rapport annuel des activités d’assurance – Direction des Assurances- Ministère des Finances
(2) The world of Takaful 2008 –
Ernst & Young – WTC Report

31
LA FINANCE ISLAMIQUE ET LES PERSPECTIVES DE SON DEVELOPPEMENT EN
ALGERIE
Introduction : l’impact des marchés financiers sur la crise économique mondiale

La crise financière mondiale du 21ème siècle avait connu sa première survenance aux USA et
en Europe en 2007 après l’effondrement de plusieurs grandes banques américaines et
européennes dont les plus importantes avaient été renflouées par les banques centrales et
les Etats à coup de centaines de milliards de dollars US.

Ce crash avait été induit notamment par l’accumulation au niveau des banques et
institutions financières occidentales, d’actifs toxiques dont l’évaluation avait été gonflée par
une titrisation boursière abusive des emprunts hypothécaires à des taux d’intérêt usuraires,
ayant conduit lors de la crise dite des « subprimes », à la dépréciation des titres et à la ruine
de milliers de ménages américains qui avaient été mis dans la rue après avoir été
dépossédés de leurs habitations achetées avec des crédit hypothécaires .

De nombreux autres exemples mis en exergue par la presse et les actualités (affaire Madoff -
scandales des « trading » abusifs des banques J.P Morgan et Société Générale – dettes des
pays européens – licenciements massifs malgré les profits réalisés par les multinationales –
délocalisations - abus des stocks options,…) montrent que la domination des marchés
financiers sur l’économie réelle est d’un impact négatif sur les économies de ces pays.

Dans ce contexte, l’exemple de la Grèce qui a été ruinée par une dette abyssale ayant
conduit à une politique d’austérité drastique imposée par l’Union Européenne au détriment
de la population de ce pays, et celui des pays d’Europe du Sud (Espagne - Portugal – Italie)
sont édifiants.

Ces conséquences désastreuses pour les économies sont imputables aux profits démesurés
réalisés par les opérations de spéculation sur les titres immobiliers, les dettes des agents
économiques, des Etats et les cours de leurs monnaies auprès des marchés financiers. Par
ailleurs, la dégradation des notes des états européens par les agences de notation ont
conduit au renchérissement effréné des taux d’intérêt sur leurs emprunts.

Ces spéculations boursières sont fondées plus sur un gain usuraire à court terme que sur les
performances économiques réelles des entreprises et des nations. Le non-respect de
l’éthique en matière de réalisation de profits purement financiers, ne pouvait conduire qu’à
de pareilles dérives dont les effets néfastes retombent toujours sur les couches les plus
fragiles des populations.

Les effets de la crise financière ont été moins nocifs sur les institutions financières
Islamiques grâce à leurs transactions basées plus sur des actifs tangibles que sur des produits
dérivés comme les crédits subprimes.

32
Plusieurs spécialistes reconnaissent de nos jours que la finance Islamique peut représenter
une alternative plus équitable et plus responsable pour le financement de l’économie en
raison de ses principes fondés sur le droit Musulman qui impose une éthique sociale de
l’investissement et plus d’équité dans les transactions financières.

1. Fondements et principes de la finance Islamique

La finance islamique est basée sur deux principes : l'interdiction de l'intérêt, la responsabilité
sociale et éthique de l'investissement. L’islam interdit les transactions tant civiles que
commerciales faisant recours à l'intérêt (Riba), à la spéculation (Gharar) ou au hasard
(Maisir).

La pensée économique islamique est radicalement différente de la pensée économique


occidentale laïque. Son principe de base c’est la Charia, celle-ci lui fournit son inspiration, ses
principes de base et sa conception du monde des affaires. Elle repose ainsi, sur l’éthique et
la satisfaction conjointe des besoins tant matériels que spirituels.

Les interdictions :

 La prohibition de l’intérêt est consacrée par le Coran : « [...] Cela, parce qu’ils disent :
"Le commerce est tout à fait comme l’usure" Alors qu’Allah a rendu licite le commerce
et illicite l’usure. [...] » (Coran 2:275) (1).
« Dieu et le prophète déclarent la guerre à ceux qui pratiquent l’usure (Riba) »(*)
Le terme « Riba » selon la jurisprudence Musulmane s’apparente à une plus-value
sans contrepartie. En matière d’échanges de monnaie (argent contre argent), tout
profit provenant d’une transaction non basée sur des actifs réels et préalablement
possédés par le vendeur est illicite.
Un prêt ne peut être qu’un prêt de bienveillance que l’on appelle « Qard Hassan » et
ne doit pas donner lieu à compensation.
 Le Qimâr, (jeux de hasard) et le « Maysir », se définissent comme toute forme de
contrat dans lequel le droit des parties contractantes dépend d'un événement
aléatoire et incertain pouvant aboutir soit à un enrichissement sans cause ni
effort, ou à des pertes considérables.
 « Gharar » : En Islam, ce terme désigne toute vente à caractère aléatoire ou
possédant un élément vague, imprécis, incertain, caché ou dépendant d’autre
événement. relatif notamment à l’objet de la vente, au prix ou au délai de livraison.
Dans un échange commercial, il se réfère à une tromperie ou à une ignorance sur
l'objet du contrat (incertitude sur les matières et leur prix).

Les grands principes :

 Obligation d’adosser tout financement à un actif tangible faisant l’objet d’une


transaction précise (terrain – immeuble – équipements,…). Ce principe montre que
la finance Islamique est capable de jouer un rôle actif dans le financement de
l’économie réelle.
 Solidarité dans le partage des gains et des pertes : ce principe qui montre que la
finance Islamique est participative et fondée sur la justice, impliquant un partage

33
équitable des gains et des pertes entre le bailleur de fonds et l’emprunteur, quel que
soit la forme de financement choisie, et sans qu’aucune rémunération ne puisse être
garantie ou fixée d’avance.
 Prohibition des activités illicites : des exigences sont fixées quant à la nature de
l’activité dans laquelle un investissement demeure conforme à la Charia (2). Ainsi, les
jeux de hasard, les activités en relation avec l’alcool, la drogue, l’élevage porcin,
l’armement, l’industrie cinématographique suscitant la débauche de l’être humain,
constituent des secteurs d’investissement prohibés.

Ces principes s’appliquent également pour les compagnies d’assurance qui fonctionnent
sous la forme Takaful et qui connaissent un développement considérable dans les pays où la
finance Islamique connaît son apogée. Plus de cent opérateurs fonctionnant selon les
principes TAKAFUL sont implantés dans les pays Musulmans. Ils comptent réaliser un
encours de primes dans un horizon de dix ans supérieur à huit (08) milliards USD.

2. Les principaux mécanismes et instruments de la finance islamique

Pour respecter les principes de la Charia, les banques islamiques ont développé des
mécanismes juridico-financiers pour contourner l'interdiction du prêt à intérêt et rémunérer
l'apporteur de capitaux. Ces derniers se fondent sur des concepts nommés Mudaraba,
Mousharaka (contrats de partage des risques et des profits), Mudaraba, Ijara (opérations de
financement pour l’acquisition de biens ou de marchandises).

 La Mudaraba permet à un promoteur de mener un projet grâce à des fonds avancés


par des bailleurs de fonds dont la répartition des gains et des pertes est fixée dans un
contrat. Les apporteurs de capitaux supportent entièrement les pertes, sauf en cas
de faute, négligence ou violation des conditions du contrat établi entre les parties. Le
bénéfice réalisé est partagé entre les deux partenaires sur une base convenue
d’avance, mais les pertes en capital sont assumées par le seul bailleur de fonds. Le
promoteur ne perd que la valeur de son travail.
 La Mousharaka : Elle consiste en une participation d’une banque au capital d’un
projet présenté par un opérateur. Les bénéfices et pertes sont partagés
proportionnellement aux apports de chaque partie. Cette forme de participation a
été toujours pratiquée depuis des siècles par les commerçants musulmans.
 La « Mourabaha » ou vente avec bénéfices : la banque achète la marchandise ou le
bien au fournisseur à la suite de l’ordre d’un client pour les revendre au même client
avec une marge bénéficiaire fixée à l’avance. Il s'agit du principal outil utilisé par les
banques islamiques pour prêter de l'argent à leurs clients, tout en conférant une
valeur-temps à l'argent. Cette pratique a été considérée convenable selon les
principes de l'Islam, à condition qu’elle repose sur le partage des risques pouvant
affecter le bien objet de la transaction entre le prêteur et l'emprunteur à différents
moments (perte, casse, etc.).
 L’Ijara est la mise à disposition d'un bien moyennant un loyer (location avec
promesse de vente). Ce contrat est assimilé à une opération de leasing à l'issue de
laquelle le titre de propriété revient au bénéficiaire.

34
 Le « Sukuk » est l'équivalent islamique d'une obligation où l'intérêt devient un profit
prévu à l'avance à risque quasi-nul. Cette forme d'obligation est particulièrement
utilisée pour les financements immobiliers.
 « L’Istisna » est un contrat de construction par lequel le client demande à un
constructeur d'édifier un ouvrage payable par l'intermédiaire d'un financier,
d'avance, à terme ou à tempéraments, conformément à un cahier des charges.

3. La supervision des opérations

La supervision des investissements se déroule de deux manières. La première est d’ordre


individuel dans le sens où tout Musulman est censé ne pas investir ses fonds dans les
activités non compatibles avec la Charia.

La seconde est d’ordre institutionnel ou organisationnel puisque les banques et les fonds
d’investissements islamiques sont composés, outre d’un conseil d'administration et d’une
assemblée générale, d’un comité de supervision ou d’éthique (Charia Board) dont les
membres sont indépendants. Le Charia Board est un organe de supervision juridico – éthique
composé de jurisconsultes dont la vocation principale est de valider les contrats d’affaires et
de s’assurer de la conformité des transactions avec la loi et l’éthique musulmane (3).

4. Aperçu sur le développement de la finance islamique dans le monde

Historiquement, la finance musulmane a connu ses débuts dans les années 1960 en Egypte
avec la création de la première banque islamique. A partir des années 1970, la création de
l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) avait entrainé la naissance de la Banque
Islamique de Développement à Djeddah en Arabie Saoudite, dont les capitaux proviennent
des pays membres de l’OCI.

La première banque fonctionnant sur la base de la Charia et des principes islamiques vit le
jour en 1963 sous le nom de GHAMR SAVINGS BANK. Créée dans un milieu rural, a connu
beaucoup de déboires. Mais le véritable départ de l’industrie bancaire islamique fut la
création de la Banque islamique de Dubaï aux Emirat arabes Unis en 1975 par Saïd LOTHAH
et celle de la banque islamique de développement (la BID) en 1976, à la suite d’une
recommandation su sommet islamique tenu à Lahore au Pakistan en 1974.

Par ailleurs, l’émergence des institutions financières islamiques a eu lieu dans un


environnement particulièrement turbulent. Nous pouvons très succinctement rappeler les
étapes de développement et les éléments les plus déterminants à savoir :
-La prise de conscience généralisée de l’identité islamique dans les pays musulmans ;
-L’incapacité des systèmes de développement aussi bien de l’Est comme de l’Ouest à
répondre aux problèmes spécifiques, politiques, économiques et sociaux du monde
musulman ;
-La guerre d’octobre 1973, qui a été suivi par deux grands chocs pétroliers qui générèrent
des excédents très importants de pétrodollars surtout pour les monarchies du Golf. D’où la
nécessité de recycler les grands excédents publics et privés de pétrodollars et qui s’étendait
aussi aux pays musulmans de l’Asie du Sud-est tels la Malaisie, l’Indonésie et le Sultanat de
Brunei ;

35
-La révolution iranienne en 1979 où le phénomène islamique s’intensifia d’ampleur ;
-La guerre du golfe en 1990 (invasion du Koweït par l’Irak), qui entraîna une accélération du
développement de cette industrie.

La croissance des institutions financières islamiques a atteint un degré tel que même des
banques commerciales classiques occidentales et arabes s’intéressent de plus en plus à ce
créneau. Nombre de banques occidentales ont ouvert des fenêtres islamiques et jouent un
rôle de plus en plus important dans la gestion de fonds ou dans la structuration de
transactions islamiques.

On dénombre actuellement plus de 500 institutions bancaires islamiques réparties dans 51


pays. D’après certaines estimations (4), plus de 822 milliards de dollars US d’actifs islamiques
étaient gérés en 2009 par les banques en conformité avec les principes de la Charia. Les
principales banques Islamiques sont domiciliées dans les pays du Golfe Persique, Arabique
(Iran - Arabie Saoudite – Koweït – Emirats Arabes Unis - Bahreïn,…) du Sud Est Asiatique et
au Royaume Uni.

En 2011, l'encours de la finance islamique a passé le cap des 1000 milliards de dollars,
enregistrant une nouvelle année de croissance à deux chiffres, en hausse de 21,4% par
rapport à 2010. Le secteur de la finance islamique a enregistré une croissance de 150%
depuis 2006, il représente environ 1300 milliards USD d’actifs en 2013.

Alors que 25% de la population mondiale est de confession musulmane, certains estiment
qu’environ 50% de leur épargne sera gérée par la finance islamique dans un horizon de 8 à
10 ans.

En Malaisie, le système financier islamique, instauré depuis plus de deux décennies, a


contribué à l’essor considérable de l’épargne intérieure de ce pays et à un taux de
pénétration de l’assurance Takaful avoisinant 6% du PIB.

Répartition des actifs islamiques dans quelques pays -2011

Classement Pays Actifs conformes à la Actif total % Actif bancaire


Charia.( milliards USD) (milliards USD) conforme à la
Charia
1 Iran 315 315 100%
2 Arabie Saoudite 138 225 61,3%
2 Malaisie 103 358 28,8%
4 EAU 86 201 42,8%
8 Turquie 22 520 4,2%
12 Egypte 7 144 4,9%
20 Algérie 1 90 1,1%
23 Tunisie 0,8 36 2,2%
Source: The Banker, Top 500 Islamic Finance Institutions ; FT Business, London. Novembre 2010.

36
5. Perspectives de développement de la finance islamique en Algérie

Situation du marché monétaire et financier:


Le paysage bancaire en Algérie est constitué de 06 banques commerciales publiques, 14
banques commerciales privées étrangères et 07 établissements financiers. Le réseau
bancaire en 2009 était composé 1367 agences, toutes banques confondues, avec un taux de
couverture d’une (01) agence pour 25 000 habitants, alors que la norme internationale est
d’une agence pour 8000 habitants.

Malgré la présence de ces acteurs bancaires, le taux de bancarisation reste encore faible par
rapport aux potentialités existantes et une masse monétaire considérable demeure
thésaurisée auprès du secteur informel.

En dépit de l’absence d’une réglementation financière conforme aux principes de la finance


islamique, la réussite de la première banque islamique en Algérie montre que la finance
islamique a un marché potentiel énorme en Algérie, étant donné que la population
constituée de 36 millions d’habitants, est en majorité musulmane.

L’avènement d’autres banques islamiques ne fera que renforcer la présence d’opérateurs


bancaires dans le paysage financier algérien et accroître le taux de bancarisation des agents
économiques qui sera synonyme de plus de transparence et de développement
économique.

Certaines banques commerciales privées étrangères commencent à proposer des produits


d’épargne « Charia compliant » ; ce mouvement sera probablement suivi par d’autres afin
d’attirer et de bancariser de nouveaux clients. Ces produits d’épargne sont adossés à des
opérations de leasing et d’investissements licites effectués par ces banques.

Le marché financier représenté par la Bourse d’Alger détient une capitalisation boursière de
14,7 milliards DA(5). Les perspectives de développement de ce marché sont prometteuses et
pourront être encore plus importantes dans l’avenir si des titres de participation immobiliers
dérivés de la finance islamique (sukuks) pouvaient être montés et mis en vente afin de
drainer l’épargne oisive des agents économiques.

Les attentes de la demande potentielle en termes de financement et d’épargne :


Les nombreuses inquiétudes enregistrées récemment auprès des bénéficiaires des dispositifs
ANSEJ- ANGEM et autres, montrent que ces investisseurs accordent une grande importance
aux principes de la Charia en termes de financement de leurs projets. Beaucoup de
demandeurs de logements préfèrent s’abstenir de demander un emprunt en l’absence d’une
alternative autre que celle des crédits immobiliers avec intérêt.

Des investisseurs préfèrent recourir à leurs fonds propres qu’aux banques classiques pour
financer leurs projets ou abandonner leurs projets en l’absence de financements conformes
à la Charia. En outre, le marché recèle certainement des milliers d’épargnants qui seraient
intéressés par des produits financiers islamiques attractifs (particuliers - ménages –
investisseurs institutionnels,…).

37
Le développement de la finance islamique pourrait être un excellent levier de bancarisation
et de mobilisation d’une épargne qui reste pour le moment thésaurisée au détriment de
l’économie. Il reste cependant conditionné par les mécanismes préalables ci-après :

- L’enrichissement de la législation financière en termes de finance islamique.


- Une réforme fiscale profonde pour diminuer la pression fiscale sur les
entreprises et les particuliers.
- L’instauration de mesures plus incitatives pour encourager l’épargne
intérieure.
- Le recentrage des investissements et des priorités économiques en direction
des PME/PMI créatrices d’emplois et de richesses.
- La redynamisation du marché financier à travers l’intermédiation des produits
financiers Islamiques (Sukuks).
- La création de fonds d’investissements souverains s’inspirant de la finance
islamique.
- La formation de ressources humaines dans les domaines de la finance et de
l’assurance participative islamiques.

(1) Sourate Elbakara


(2) Loi musulmane
(3) Cf. Ould sass. Alger 2010
(4) The Economist 12/11/09
(5) Bourse d’Alger
 ‫ه َوإِن تبتم‬
َِ ِ‫سول‬
ُ ‫ِن للاَِ َو َر‬
ََ ‫حربَ م‬ َ ِ‫ فَإِن لم تَف َعلُوا فَأ َذنُوا ب‬.‫ِين‬
ََ ‫الربَا إِن كُن ُتم ُمؤ ِمن‬
ِ ‫ِن‬ََ ‫ي م‬
ََ ‫َما بَ ِق‬
 )279-275 ‫"( البقرة‬.‫مون‬ ُ َ ‫ل َ تُظل‬
َ ‫مونََ َو‬ َ ‫وس أَم َوالِكُم‬
ُ ِ‫ل َ تَظل‬ َُ ‫َفلَكُم ُر ُؤ‬

38
LES DEFIS DE LA DISTRIBUTION DE L’ASSURANCE DANS LE
MARCHE ALGERIEN

Introduction
La distribution est un enjeu majeur dans l’activité d’assurance. Elle constitue l’élément clé de
la stratégie marketing des compagnies d’assurance. Sa mise en œuvre nécessite la
mobilisation de moyens considérables pour de longues périodes en termes de
positionnement dans le marché. Son objectif essentiel consiste à susciter l’intérêt du
consommateur et à le fidéliser, malgré la nature complexe du produit d’assurance qui est
souvent associé à des événements aléatoires de la vie ayant souvent des conséquences
économiques et sociales fâcheuses. Elle nécessite donc une démarche dans laquelle la
confiance et la crédibilité devront être au centre de la perception de l’offre par le
consommateur.

L’évolution des grandes tendances des marchés mondiaux de l’assurance durant ces
dernières années démontre largement que la distribution fait partie intégrante de l’offre
d’assurance. Cette évolution s’inscrit dans une logique de services dans laquelle se sont
positionnés des opérateurs comme les banques et les opérateurs de marketing direct par
internet qui proposent des formules d’assurance adaptées à leurs cibles et qui détiennent
des places notables dans la distribution de l’assurance vie et dommages aux particuliers,
dans les pays développés et les marchés émergents.

Au-delà des exigences de solvabilité et de crédibilité de la prestation des assureurs, les


consommateurs de l’assurance sont de plus en plus attirés par des qualités d’un service
intégré reposant sur la disponibilité du distributeur, sa proximité, ses conseils, son
assistance, son contact personnalisé et des relations durables.
Dans les marchés développés, la densité, la diversité des canaux de distribution permettent
aisément aux assureurs d’instaurer une proximité aux assurés et de répondre aux exigences
de plus en plus pointues de la part de consommateurs déjà convaincus de l’utilité de
l’assurance à travers une culture bien assise sur son rôle micro, macroéconomique et
juridique. C’est en grande proportion grâce à la densité et la diversité des réseaux de
distribution que l’épargne collectée par l’assurance joue un rôle déterminant dans les
économies de ces marchés, comme le montrent les quelques exemples notés dans le tableau
ci-dessous pour l’année 2014.

Taux de pénétration de l’assurance en 2014 : Primes en % du PIB (quelques exemples)


USA 7,3%
Canada 7%
Japon 10,8%
France 9,1%
Brésil 3,9%
Afrique du Sud 14 %
Maroc 3,2 %
Tunisie 1,8 %
Algérie 0,7 %
Egypte 0,7 %
Moyenne mondiale 6,2%
Source : revue Sigma Swiss Re N° 4/2015

39
La situation est tout à fait différente au niveau du marché Algérien dans lequel la marge de
manœuvre des compagnies d’assurance notamment privées, demeure encore très étroite
dans le choix, l’atomicité et la disponibilité de canaux de distribution susceptibles de susciter
une demande volontaire d’assurance vie et dommages.

Densité d’assurance en 2014 (prime/habitant) et taux de couverture de la distribution


d’assurance

Pays Densité Taux de couverture de


d’assurance l’assurance
Algérie 40 USD 1 point de vente pour 28 000
habitants
Maroc 102 USD 1 point de vente pour 26 000
habitants
Tunisie 80 USD 1 point de vente pour 12 000
habitants
Moyenne 662 USD 1 point de vente pour 5 000
mondiale habitants
Sources : revue Sigma Swiss Re N° 4/2015 - statistiques nationales des pays

Ces quelques indicateurs montrent que les défis de la distribution de l’assurance restent
encore énormes en Algérie et demeurent tributaires d’un réseau commercial plus
compétent, motivé, dense, d’une offre adaptée au marché et d’un environnement favorable
dans tous ses aspects juridique, fiscal et économique.

1. Aperçu sur la composition des principaux canaux de distribution de l’assurance


Pour distribuer leurs produits, les compagnies d’assurance font recours à une variété de
modes de distribution composés essentiellement des intermédiaires privés tels les agents
généraux, les courtiers, et les réseaux d’agences directes salariées développés par les
compagnies et les mutuelles sans intermédiaires.

L’intermédiaire d’assurance peut intervenir en tant que présentateur ou vendeur du produit,


mettant en relation l’assuré avec l’assureur. Il est personnellement impliqué dans le
processus de formation du contrat.

Dans un souci de protection du consommateur, les conditions de distribution des produits


d’assurance ont été strictement réglementées. Cette réglementation n’a pas toutefois
constitué un obstacle à l’émergence de nouveaux intervenants dans les marchés des pays
développés (les banques, la Poste et le Trésor en France pour la distribution de l’assurance
vie, la grande distribution, les vendeurs salariés, indépendants, les clubs et la vente directe
par internet,…). Ces nouveaux intervenants concurrencent directement les distributeurs
traditionnels que sont les agents généraux et les courtiers. Cependant, ils ont largement
contribué de par leur proximité, l’adaptation de leurs produits aux cibles, leur disponibilité et
leur agressivité commerciale, à l’expansion des produits d’assurances vie et de dommages
des particuliers au niveau de ces marchés.

Les différentes formes de réseau et leurs spécificités


Dans les marchés développés, la distribution de l’assurance est caractérisée par une grande
diversité de canaux de distribution qui confèrent à ces derniers une grande atomicité

40
concurrentielle, tout en favorisant une pénétration notable de l’assurance dans l’économie.
Ces différentes formes de réseau sont spécifiques et spécialisés en fonction des opérations
d’assurance pratiquées par les compagnies vie et non vie.

Quelques exemples sur la pénétration/PIB et densité de l’assurance-vie dans des pays


développés en 2014

Pays Pénétration Densité


en % du PIB (prime/habitant)
(en USD)
USA 3% 1657
Canada 2,9 % 1469
Japon 8,4% 2926
Afrique 11,4% 748
du Sud
Moyenne 3,4 % 368
mondiale
Source : revue Sigma Swiss Re N° 4/2015

Ainsi, à côté des réseaux traditionnels composés d’agents généraux et de courtiers, on peut
distinguer d’autres vecteurs de distribution.

- Les vendeurs commissionnés et les inspecteurs commerciaux


Les réseaux de démarcheurs (conseillers à la clientèle, producteurs ou apporteurs d’affaires)
commissionnés, ont considérablement contribué à l’expansion de grandes sociétés
d’assurance - vie en Europe et au Japon. Le principe de leur système repose sur la séparation
des fonctions production, de gestion et de vente. Leur tâche principale est d’assurer la
troisième de ces fonctions qui est la vente. Ils ne disposent que d’une gamme ciblée de
produits et sont formés aux techniques plus agressives de la vente à domicile, ils ont la
possibilité de se livrer une prospection intensive de la clientèle. Leur succès a été largement
démontré.

La structure de leur encadrement commercial est pyramidale et les premiers entrés dans le
réseau deviennent inspecteurs des ventes et encadrent à leur tour d’autres vendeurs. C’est
dans la mesure où ils arrivent à évoluer dans la structure pyramidale que leur rémunération,
entièrement variable, s’accroit au fur et à mesure des volumes des ventes. A ce titre, ils
peuvent percevoir en dehors de leurs commissions propres, des commissions différentielles
sur les affaires réalisées par les producteurs qu’ils encadrent.

En France et au Royaume uni, ils ont été introduits par les sociétés d’assurance-vie, avec
pour mission de renforcer ou de remplacer l’agent général d’assurance qui, accaparé par des
tâches de gestion et parfois peu motivé par la prospection, a tendance à délaisser ce
marché, comme c’est actuellement le cas dans notre pays dans lequel le chiffre d’affaires
généré par les assurances de personnes ne constitue que 7% du portefeuille global depuis
des lustres, malgré la séparation entre les compagnies vie et dommages qui a intervenu en
2011.
- la vente directe
La vente à partir des structures centrales des compagnies ou « Marketing Direct » sert
généralement à désigner des formes de vente relativement nouvelles dans le secteur de

41
l’assurance que sont la vente par correspondance, la vente par téléphone et par internet qui
a pris le pas sur les deux autres, compte tenu de l’évolution très rapide des nouvelles
technologies d’information et télécommunication. Elles tendent à limiter le contact physique
entre le client et un réseau de points de vente et leurs prix sont compétitifs du fait de la
réduction des coûts de distribution.

- La bancassurance
La bancassurance est le résultat du rapprochement structurel entre les banques et les
compagnies d’assurance. Ce rapprochement a été essentiellement entrepris à l’initiative des
banques, comme le démontrent les expériences tentées dans de nombreux pays Européens,
permet une commercialisation réussie des produits d’assurance au niveau des guichets
bancaires. Dans ce contexte, banquiers et assureurs se sont efforcés à mettre en valeur des
synergies commerciales et des avantages réciproques en termes de rentabilisation et de
diversification de leurs réseaux respectifs. A titre d’exemple, La France est un des premiers
pays d’Europe à avoir autorisé les réseaux bancaires de commercialiser des produits
d’assurance. Cinq bancassureurs font partie des dix premiers assureurs français. Le premier
d'entre eux étant Crédit Agricole Assurances.

Le succès de la bancassurance en France s'explique aussi par la forte demande des


consommateurs mis à l’aise par la proximité des banques et la capacité de ces dernières à
atteindre une clientèle très large. D’autre part, l'absence de fonds de pension dans ce pays
permet aux banques et assurances de gérer l’essentiel de l'épargne financière des assurés,
avec un produit phare, l’assurance-vie qui concurrence le livret d’épargne par son meilleur
taux de placement et qui est souscrite à 60% auprès des banques en 2013. En assurance-
dommages des ménages et particuliers (automobile – habitation), la bancassurance
française a réalisé des performances supérieures au marché traditionnel de l’assurance.
(Source : Les Echos – finances et marché – 07/04/2014). De plus, les bancassureurs qui nouaient avec
des compagnies d’assurances classiques des partenariats de longue date, tendent à devenir
plus autonomes durant ces dernières années.

2. Situation actuelle de la distribution de l’assurance en Algérie

La réglementation Algérienne sur les assurances autorise uniquement les réseaux de


distribution suivants :

-Les agences directes : composées d’un effectif salarié qui constituent la forme de
distribution la plus dominante des compagnies et mutuelles d’assurance. Elles étaient le
seul vecteur de distribution avant la promulgation de l’ordonnance N°95/07 du 25 Janvier
1995 relative aux assurances, qui avait consacré l’intermédiation privée en assurance.
-Les agents généraux : personnes physiques qui représentent une ou plusieurs sociétés
d’assurance en vertu d’un contrat de nomination portant leur agrément en cette qualité »
(Art 253 de l’ordonnance N°95/07).

-Les courtiers : le courtier d’assurance est défini par l’article 258 de la même loi comme
« une personne physique ou morale qui fait profession à son compte de s’entremettre
entre les preneurs d’assurance et les sociétés d’ assurance en vue de faire souscrire un
contrat d’assurance » .

42
-La bancassurance : La loi 06-04 du 20 février 2006 modifiant et complétant l’ordonnance
95-07 a permis la consécration des activités de bancassurance qui s’est soldée par la
signature de conventions de bancassurance entre les assureurs notamment publics, et les
banques étatiques de la place depuis la promulgation des textes d’application de la
bancassurance.

En 2013, le réseau de distribution des assurances était constitué de 1097 agences directes,
929 agents généraux, 28 courtiers d’assurances et un réseau de bancassurance composé de
1400 agences bancaires, en vertu des 28 conventions de distribution signées par les
compagnies d’assurance avec les différentes banques.

La distribution est dominée par le réseau direct qui compte 1097 agences représentant 72%
des primes émises.

Les intermédiaires d’assurance (agents généraux et courtiers), ont participé à hauteur de


28% dans la formation du chiffre d’affaires du marché. Le réseau des intermédiaires a connu
une progression de 59% entre 2009 et 2013.

La bancassurance a généré en 2013 un chiffre d’affaires de 1,6 Milliard DA.

Le chiffre d’affaires réalisé par le marché reste dominé par la branche automobile avec une
part de 54%, suivie des assurances dommages, avec un taux de 32%, des assurances de
transport (5%), de personnes avec une part de 7% et des risques agricoles (2%). (Source :
Activités des assurances en Algérie – rapport annuel 2013 – direction des assurances – Ministère des
finances).

L’analyse de ces réalisations conduit aux observations suivantes :

Compte tenu de la prédominance des branches adossées à des obligations institutionnelles


(automobile - risques d’entreprises), la distribution de l’assurance demeure encore passive.
La concurrence s’exerce principalement sur les tarifs liés à ces risques.

La part insignifiante des assurances dommages aux particuliers-ménages et des assurances


de personnes, montre que des gisements importants du marché ne bénéficient pas de
l’attention ni d’une couverture plus dense par réseau de distribution, malgré leurs immenses
potentialités.

Malgré l’avènement de l’intermédiation privée, les agents généraux et les courtiers n’ont
pas encore réussi à influer favorablement sur la croissance des assurances « dommages »
des particuliers et des assurances de personnes. Leur production reste accaparée par les
assurances automobiles et les risques d’entreprises.

A la lumière de ce constat et compte tenu des grandes potentialités non exploitées du


marché, il convient de noter que la pénétration de l’assurance auprès des segments porteurs
(ménages, particuliers, professions indépendantes, PME/PMI,…), reste tributaire de plusieurs
conditionnalités économiques, réglementaires et fiscales.

43
Conclusion

L’émergence qualitative et quantitative d’un réseau de distribution performant et adapté


aux réalités d’un marché en pleine mutation nécessite une vision constructive reposant
entre autres, sur les actions stratégiques suivantes :

-Instauration d’un cursus de formation - type professionnelle post universitaire d’une année,
reconnu par la profession (UAR), donnant l’accès à la profession d’intermédiaire en
assurance pour les diplômés de l’enseignement supérieur et réduction pour ces derniers à
l’issue de cette formation, de la condition réglementaire d’expérience professionnelle à
deux ans pour les diplômés du 1er cycle et une année pour ceux du 2èmeet 3ème cycle. Cette
disposition permettra non seulement de résorber le chômage qui sévit actuellement dans les
rangs des jeunes universitaires, mais également de donner l’occasion aux nouvelles
compagnies de disposer davantage de candidatures pour étoffer en quantité et en qualité,
leurs réseaux de distribution.

-Adoption par l’ensemble des parties prenantes du secteur des assurances d’une stratégie
de formation drastique des effectifs des compagnies et surtout de leurs réseaux de
distribution, aux métiers de l’assurance tels que pratiqués sous d’autres cieux, afin de
combler le déficit accusé dans ce domaine. En ce qui concerne les réseaux de distribution,
l’accent devra être mis à court terme sur les formations qualifiantes.

-Réglementation d’autres formes de canaux de distribution (vendeurs indépendants – vente


directe) qui seront soumis à des exigences spécifiques de formation dument codifiées par la
profession sur les produits d’assurance à commercialiser - les techniques de vente, afin de
favoriser le développement des assurances de personnes, des risques dommages des
ménages - particuliers et de contribuer par leur nombre et leur proximité , à l’émergence
d’une demande volontaire d’assurance de la part des prospects Algériens.

-Avènement d’un environnement technologique de l’information - télécommunications plus


développé, moins coûteux afin d’accroître la connexion sur internet d’un maximum de
prospects, de faciliter la connectivité de l’offre d’assurance et développement d’un système
monétique bancaire performant en vue de permettre l’émergence de la commercialisation
des produits d’assurance par internet.

44
L’Assistance, un levier privilégié pour l’innovation dans la prestation de
Services de l’Assureur

1. Aperçu historique du concept de l’assistance


L’assistance sous la forme d’une aide en nature fournie par une société d’assurance a vu le
jour à la fin des années 50 en Europe, parallèlement au développement de l’industrie du
voyage et de l’évolution des habitudes de déplacement des personnes. Plusieurs idées
développées autour de la mobilité des personnes, ont mené l’assistance à ce qu’elle est de
nos jours. Le cœur de métier historique des sociétés d’assistance reposant
fondamentalement sur l’activité liée au voyage, deux axes combinés ont généré l’assistance
telle qu’elle est devenue:

- d’une part, l’aide aux automobilistes durant leurs voyages sur leur territoire national;
- d’autre part, la problématique des voyageurs qui entreprennent des déplacements hors
de leur pays.

Devant le développement du tourisme mondial, les grandes compagnies d’assurance et


d’assistance ont commencé à s’intéresser à cette formule et ont vite fait de développer à
partir des années 1970, des produits d’assistance aux personnes et automobile. La
complémentarité entre ces deux aspects est apparue et par là même, la nécessité de
proposer au client une assurance qui couvre les risques inhérents à sa mobilité.

A partir des années 1980 - 1985, le développement de la notion de services aux assurés,
induit par de nouveaux besoins des assurés, a poussé les sociétés d’assistance et d’assurance
à l’innovation, avec la mise en place de nouveaux produits d’assistance (assistance santé et
domiciliaire), proposés de façon complémentaire dans les contrats d’assurance santé et
habitation.

En plus des particuliers, les assureurs, les banquiers émetteurs de cartes de crédit, les
constructeurs automobiles, les loueurs de véhicules, les voyagistes, les sociétés et les
collectivités de toute nature sont de nos jours de grands consommateurs de produits
d’assistance. Leur objectif consiste à garantir une mobilité totale à leurs clients, si celle-ci
venait à être compromise par la survenance d’un événement inattendu ou accidentel lors du
déplacement.

Evolution du champs d‘activité de l’assistance


Le métier de l’assistance a évolué au cours de la dernière décennie. L’usage généralisé du
téléphone mobile a influé considérablement sur cette évolution, car il permet d’entrer en
contact rapidement et à moindre coût avec la centrale d’assistance alors qu’auparavant
l’utilisateur tentait de trouver un poste téléphonique pour contacter sa compagnie
d’assistance. Conséquence pour cette dernière, un nombre beaucoup plus important
d’appels entrants à gérer.

La généralisation actuelle de la téléphonie mobile a aussi créé une nécessité de développer


toute une gamme de services axés sur l’utilisation de cet appareil. Les compagnies

45
d’assistance ont du s’équiper en conséquence pour faire face à ce nouvel afflux et se sont
dotées d’outils téléphoniques de plus en plus sophistiqués.

La mondialisation de l’économie conjuguée à l’augmentation perceptible du niveau de vie


des populations influe dans le même sens sur les habitudes: on prend l’avion de manière
beaucoup plus aisée et à moindre coût, même pour de courtes périodes.

Les nouvelles technologies, fournissent également matière à développer de nouveaux


métiers. Ainsi pour répondre par exemple au fléau des vols de véhicules ; certains se sont
penchés avec succès sur le développement de systèmes de traçage des véhicules volés. Ceci
implique de faire appel à des centrales accessibles en permanence à même d’intervenir
immédiatement lors du déclenchement d’une alerte.

Dans le domaine de la santé par exemple, le souci de répondre aux attentes du client a
amené les assureurs à adapter leur gamme de produits et services. Les compagnies
d’assistance peuvent encore, grâce à leur accessibilité permanente, d’aider l’assuré à
planifier une hospitalisation. Elles peuvent aussi s’occuper des conséquences pratiques
d’une hospitalisation pour les proches (garde des enfants par exemple).

2. Caractéristiques des sociétés d’Assistance


Une compagnie d’assistance est une entreprise prestataire de services multiformes grâce à
la logistique sophistiquée qu’elle détient. Une de ses caractéristiques est d’offrir une plate-
forme accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. De plus, elle dispose d’un réseau
international de bureaux ou de correspondants lui permettant d’aider ses assurés en toutes
circonstances et partout dans le monde.

Les compagnies d’assistance ont à leur tour, dès le début des années 1960, développé des
réseaux suivant les opportunités et surtout les nécessités qui se sont présentées à elles et à
leurs clients. L’activité d’assistance est pratiquée par des compagnies d’assistance faisant
partie généralement de groupes mondiaux d’assurance.

Pour offrir leurs prestations à leurs clients dans n’importe quel pays du monde, ces
compagnies disposent de plateaux d’assistance (call-center) opérationnels et de moyens
logistiques importants dans les différentes formes de l’assistance, souvent sous- traités avec
leurs différents partenaires (call center - transports ambulatoires – équipes médicales –
sociétés de remorquage et de maintenance - garagistes - corps de métiers domestiques,…).
Cet aspect opérationnel continu est un des éléments primordiaux qui permet de différencier
un assureur traditionnel d’un Assisteur. Le métier d’assistance est caractérisé par le fait
qu’une compagnie d’assistance propose surtout une intervention en nature par opposition
au caractère indemnitaire de l’intervention fournie par une compagnie d’assurance
traditionnelle.

Les nouvelles évolutions de l’assistance


Les Assisteurs jouent un rôle important dans le secteur des assurances qui voit ses
compagnies évoluer vers des entités de services résolument à l’écoute du client. Au départ
d’une approche qui s’est construite au fil de leurs expériences dans l’accueil des attentes du
client au moment où les besoins sont les plus pressants, ils ont élargi leur offre à d’autres

46
formes d’assistance effective, non seulement pour les déplacements de l’assuré, mais
également dans nombre de circonstances susceptibles de se présenter dans les assurances.
Les Assisteurs ont ainsi su convaincre les assureurs que la maîtrise des coûts n’exclut pas
nécessairement la satisfaction du client. Les approches opérationnelles des Assisteurs ont
donc influé sur la mutation du processus de travail au sein des entreprises d’assurances, et
mis en exergue la valeur ajoutée qui découle de la combinaison d’aptitudes relationnelles et
d’une solide logistique informatique privilégiant une disponibilité de tous les instants à
l’égard de l’assuré.

Cette disponibilité affichée par les Assisteurs qui sont habitués à être à l’écoute permanente
leur permet dans certains cas de se substituer aux assureurs pour assurer la continuité des
prestations aux assurés, après l’heure de fermeture de leurs services de sorte que le client
ne soit jamais délaissé. A travers ce rôle, le secteur de l’assistance a contribué à une sorte
de révolution dans les assurances.

Les modes de distribution de l’assistance


A l’instar de beaucoup d’autres secteurs d’activités économiques, deux approches distinctes
de distribution sont pratiquées :
 B to C (pour «business to Customer»): la vente des produits directement aux clients ;
 B to B (pour «business to business»): la vente des produits à une autre entreprise qui
redistribue le produit sous différentes formes. Les principaux utilisateurs d’assistance dans
ce créneau sont les compagnies d’assurances, les banques, les émetteurs cartes de crédit,
les constructeurs automobiles, les sociétés de leasing, les voyagistes, …

Quelques chiffres du marché de l’assistance mondiale

En 2014, le chiffre d’affaires réalisé par les sociétés d’assistance dans le monde a atteint 6,6
Milliards d’euros. L’évolution des résultats de l’assistance dans le monde de 2010 à 2014 se
présente comme suit en milliards d’euros*

Années Montants
2010 5,30
2011 5,57
2012 5,95
2013 6,36
2014 6,66
*Source : L’Argus de l’Assurance – 05 Mai 2015

Le développement de nouveaux métiers de l’assistance


Le développement des opérations d’assistance induit par celui des nouvelles technologies de
l’information et des nouveaux besoins spécifiques des consommateurs, a permis durant ces
dernières années la naissance de nouveaux métiers de l’assistance adossés à aux services
suivants :
- Secrétariat téléphonique – numéro vert,…
- Garde d’enfants - soutien scolaire - entretien de la maison.
- Conduite des enfants à l’école
- Soutien aux personnes âgées

47
- Prolongations de garantie sur du matériel électroménager
- Assistance informatique
- CRM,…

Pour optimiser leurs moyens logistiques et offrir à leurs clients, partenaires et assurés des
prestations plus rapides et plus rapprochées, les compagnies d’assistance et d’assurance ont
développé des modèles économiques innovants ayant permis l’émergence de nouveaux
métiers permettant le développement de leur offre directement auprès du grand public,
notamment par le biais d’Internet. Leur objectif étant de répondre continuellement de plus
près aux besoins croissants des consommateurs.

3. Les opérations d’assistance dans le marché Algérien


L’assistance voyage
Chaque année, des milliers d’Algériens effectuent des voyages à l’étranger pour différents
motifs. La période des vacances estivales est souvent caractérisée par un afflux énorme de
voyageurs en direction des pays Européens, de la Turquie et de la Tunisie notamment.

Durant ces voyages en pays étrangers, nos compatriotes demeurent potentiellement


confrontés à de nombreux risques et désagréments (accidents, maladie fortuites, perte de
papiers, pertes de bagages, problèmes juridiques ou autres) auxquels ils ne sont pas
préparés ni matériellement ni financièrement à faire face, dans la mesure où leurs
ressources financières sont souvent limitées aux frais de voyage et de séjour à l’étranger.

Pour répondre à ce besoin de tranquillité et de sécurité durant leurs voyages à l’étranger,


certaines compagnies d’assurance avaient lancé depuis les années 2002-2003, un nouveau
produit « Assistance voyage », couplé à une garantie « accident », en partenariat avec des
sociétés mondiales spécialisées dans les prestations d’assistance qui ont installé leurs
prestataires dans le marché Algérien au courant de ces dix dernières années.

Il a fallu que les autorités consulaires Européennes décrètent une obligation de souscription
d’une garantie santé ou d’une assistance médicale à l’étranger aux demandeurs de visa
SCHENGUEN à partir de 2004, pour que cette assurance, devenue de ce fait quasi-
obligatoire, soit généralisée au niveau de toutes les sociétés du marché.

Garanties généralement offertes en assistance voyage à l’étranger aux personnes résidant


en Algérie :
Assistance médicale d’urgence à l’étranger - Rapatriement sanitaire - Rapatriement de
corps en cas de décès - Soins dentaires d’urgence - Assistance juridique et avance sur
caution pénale - Envoi de médicaments - Voyage et séjour d’un proche en cas
d’hospitalisation de l’assuré à l’étranger - Interruption de voyage suite au décès d’un
membre immédiat de la famille - Pertes et retard de bagages - Secours en mer et en
montagne.,..

Après la spécialisation institutionnelle qui a été instaurée à partir de 2011 entre les
assurances dommages et de personnes, les opérations d’assistance voyage sont désormais
pratiquées par les sept sociétés d’assurances de personnes qui exercent dans le marché.

48
Le chiffre d’affaires réalisé dans cette branche au niveau du secteur occupe le 2éme rang
dans le portefeuille des assurances de personnes, avec une part de 26% et un montant de
2 211 Millions de DA (source : rapport d’activités des assurances 2014 – Ministère des Finances).

L’assistance automobile
Compte tenu des potentialités du marché Algérien dans ce domaine, les assureurs ont
commencé à pratiquer cette forme d’assistance à partir de l’année 2007, en partenariat avec
des groupes d’assistance internationaux.

Les prestations offertes en assistance automobile : Le dépannage automobile sur place - le


remorquage - l’hébergement du conducteur à partir d’une certaine distance en cas
d’immobilisation du véhicule - la prise en charge des frais de transport pour le retour ou la
continuation du voyage - le remplacement de pare-brise endommagés après accident selon
certaines options entre assureurs et Assisteurs,…

La pratique de cette activité qui a nécessité des normes d’intervention conformes aux
standards internationaux, a impliqué la création de nouveaux emplois et un investissement
en termes de formation des ressources humaines de la part des prestataires (call center –
sociétés de dépannages). Après le développement de cette forme d’assistance qui a permis
la mise en place de plateaux d’assistance, la passation d’accords avec les différents
prestataires, les assureurs Algériens proposent à leurs clients la garantie « assistance
automobile » à l’occasion de la souscription de leurs contrats automobiles.

L’assistance domiciliaire

Durant ces deux dernières années, quelques compagnies d’assurances, soucieuses de


donner un nouvel élan à leurs ventes en multirisques habitation et une nouvelle prestation
de proximité à leurs assurés, ont développé de nouveaux services pour leurs assurés
détenteurs de contrats « MR Habitation - Assistance Domiciliaire », afin de les assister
directement en cas de survenance d’aléas domestiques de plomberie sanitaire, de panne
d’électricité, de remplacement en vitrerie cassée, de problèmes de serrurerie,... Ces services
sont prodigués après un simple appel, par des prestataires requis par les Assisteurs qui ont
conclu une convention de partenariat avec ces assureurs.

Cette nouvelle alternative en termes de nouveaux services ne fera que renforcer la capacité
d’innovation des assureurs nationaux, dans le but d’offrir une prestation de proximité à leurs
clientèles et de les fidéliser. Les larges opportunités du marché dans les risques des
particuliers et PME, la création de nouveaux besoins en assistance et la diversification future
de l’offre de services vers de nouveaux créneaux (assistance médicale, domiciliaire,
touristique, monétique, recherche d’emploi,…) ne pourra qu’être favorable aux assureurs
pour un meilleur lancement de leurs différents produits (habitation - activité professionnelle
– santé,…) et aux investisseurs qui aborderont ces activités en tant que prestataires de
services et créateurs de nouveaux emplois.

49
La bancassurance: enjeux et perspectives

1. Evolution historique et définition de la bancassurance

La bancassurance est apparue au milieu des années 1970 en France et a connu un


développement notable dans certains pays européens. Elle est le résultat du rapprochement
structurel entre les banques et les compagnies d’assurance. Ce rapprochement a été
essentiellement entrepris à l’initiative des banques, comme le démontrent les expériences
vécues dans certains pays Européens dans lesquels les réglementations nationales avaient
favorisé l’émergence de ce phénomène de convergence.

Les principales banques mutualistes Françaises ont été les pionnières de la bancassurance et
son développement a connu dans ce pays trois phases successives :

- De 1975 à 1985, certaines banques pionnières avaient commencé à regrouper en une


seule enseigne les activités de banque et d'assurance. Les premières expériences de
bancassurance reposaient sur la vente de services d'assurance directement liés aux services
bancaires, et présentés comme la continuité de ce service.
- Les banques ont développé des produits d'épargne longue en assurance vie qui se
rapprochaient aisément des services financiers (épargne- placement).
- Actuellement, la bancassurance amorce une troisième phase marquée par l’évolution
permanente des structures à travers des alliances entre banquiers et assureurs, ainsi que
l'intégration capitalistique entre les groupes.

La bancassurance repose sur le mécanisme d’intégration des services financiers aux produits
de la banque et de l’assurance (souscription d'assurances des moyens de paiement, associée
à la tenue d'un compte courant). Le processus a évolué par la suite vers les prises de
contrôle de sociétés d'assurances par des banques et vice versa, ou encore par la création de
filiales communes, associant les différents métiers et d'autres activités financières
(opérations de marché, ingénierie financière…).

Cette évolution a donné naissance aux trois modèles suivants :

Modèle d’accord de Modèle joint venture Modèle intégré (filiale)


distribution
-La banque est un -La banque s’associe à une -Opérations et systèmes
intermédiaire pour la ou plusieurs compagnies totalement intégrés ;
compagnie d'assurance d'assurance -Offre globale de services
-Pas ou peu d’échanges de -Transfert de savoir faire financiers (banque et
bases de données clients -Investissement important assurance)
-Faible investissement à long terme. -La banque et la
compagnie d’assurances
partagent la même vision,
et les mêmes objectifs.

50
Cinq bancassureurs font partie des dix premiers assureurs français. Le premier d'entre eux
étant le Crédit Agricole Assurances avec un chiffre d’affaires de 25,5 Md€ en 2015. (revue
l’Argus de l’assurance du 12/04/2016).

Assureur Groupe bancaire Chiffre d’affaires

Crédit agricole Assurances Crédit agricole 25 548 Md€

La Banque Postale
CNP Assurances + BPCE 24 776 Md€

BNP Paribas Cardiff BNP Paribas 11 600 Md€

Groupe des Assurances du Crédit mutuel –


Crédit mutuel CIC 10 002 Md€

Société générale Insurance Société générale 9 628 Md€

2. Principaux facteurs de croissance et de rapprochement des activités de banque et


assurance en France.

- Concurrence accrue entre les banques, saturation de leurs marchés et baisse des marges
d'activité due à la concurrence sur les prix. Les banques ont donc cherché à diversifier leurs
sources de revenus en déployant d'autres activités.
- Les décisions des législateurs sur la fiscalité incitative des produits d'épargne longue en
assurance vie.

- Le développement de l'assurance-vie a connu en France au cours des dix dernières années


une véritable explosion, en étant le premier marché européen et le troisième mondial par le
volume des primes encaissées Cette croissance notable est essentiellement due à la
bancassurance dont la part de marché gravite autour de 64% en 2014.

- La recherche de plus d'efficacité et de compétitivité se traduisant au final par une baisse


des coûts, donc des prix, et un meilleur service à la clientèle.

- Disposant d'une base de clientèle très dense, la pénétration du marché a été aisée pour les
banques. Elle a reposé à l'origine sur des produits d'une extrême simplicité grâce à une
innovation basée sur la simplification des contrats d'assurance vie. Cette distinction a
permis de transformer ces contrats en purs produits d'épargne à long terme, adossés à des
placements multiples laissés aux choix des assurés.
- L'informatisation et la mise en place de la monétique ont poussé les banques à élargir leur
domaine d'activité. L’adjonction d’une activité d'assurance leur permettait d'utiliser le même
réseau d'agences pour mieux le rentabiliser et vendre plus de produits à chaque client.
- L’avènement du « multicanal » est aussi un nouvel atout pour la bancassurance. La
commercialisation de contrats peut désormais passer par Internet, le téléphone, un rendez-
vous en agence.

51
- Le succès de la bancassurance s'explique aussi par la forte demande des consommateurs
de se prémunir face aux risques, et la capacité des banques françaises à atteindre une
clientèle très large. Par ailleurs, l'absence de fonds de pension dans ce pays permet aux
banques et assurances de gérer l’essentiel de l'épargne financière avec un produit phare,
l’assurance-vie.

3. Avantages de la bancassurance
Le rapprochement des deux types d’institutions financières a permis au niveau de plusieurs
marchés de référence, d’exploiter les complémentarités qui existent entre les clientèles et
les possibilités offertes d’extension des services respectifs des deux activités.

Pour la banque, le rapprochement peut se traduire par la réalisation entre autres des
avantages suivants :

- les fonds collectés au titre de la distribution pour compte des produits d’assurance
sont stabilisés auprès de la banque dont elle assure l’emploi selon des accords qui
prennent en compte la réglementation des placements réalisés, en couverture des
provisions techniques dégagées
- la charge de distribution rémunérant le coût de l’intermédiaire et incombant à
l’assureur, représente une ressource substantielle pour la banque, entraînant ainsi
une réduction des coûts et donc une amélioration de la productivité.
- la présentation à la clientèle de garanties d’assurances à un coût compétitif (calculé
sur la base d’un tarif de groupe) constitue un service « plus » qui renforce l’image de
marque de la banque et contribue à la fidélisation de cette clientèle.
- la banque dispose, par ailleurs, de la faculté de passer une convention avec
l’assureur, en vue de garantir de façon systématique le remboursement des soldes
restant dus au décès des emprunteurs de la banque et étendre cette garantie aux
bénéficiaires de découverts, qui généralement ne sont pas obligés de la contracter.

Avantages pour l’assureur :

- En mettant à la disposition du client une gamme complète de produits lui offrant à la


fois l’argent et la sécurité, cette opération contribue à la création de bonnes relations
et d’une confiance solide entre les deux parties, ce qui ne manquera pas de
rehausser la qualité du service et de sauvegarder leurs intérêts respectifs.
- L’augmentation du chiffre d’affaires et des parts de marché de l’assureur, provoquée
par l’utilisation du réseau du banquier renforcera à long terme la capacité d’investir
de l’assureur.
- Le réseau du banquier servira pour l’assureur d’effet multiplicateur de la clientèle,
permettant une distribution plus étendue de produits. La plus grande diversification
et la meilleure implantation des banques serviront de point d’attache à l’assureur là
où d’habitude était absent sans avoir à consentir des investissements lourds.
- Le savoir-faire du banquier dans le domaine financier, si l’assureur veut effectuer des
investissements.

52
4. La bancassurance dans quelques pays Européens
La bancassurance a connu également un important essor en Italie, en Espagne, au Portugal
et en Pologne, notamment.

Italie
En Italie aussi, la bancassurance est très développée depuis les années 90 après la
promulgation de la loi Amato qui a autorisé la prise de participation des banques dans les
compagnies d'assurance. Dans ce pays, le développement de la bancassurance va de pair
avec celui de l’assurance-vie qui est devenu le placement préféré des Italiens, ceci
notamment pour compenser les réformes des retraites et de la protection sociale.

Pologne
La bancassurance réalise dans ce pays 47% des cotisations collectées. Le pays possède la
meilleure prévision de croissance économique européenne. Ses 38 millions d'habitants dont
le niveau de vie ne cesse d’augmenter sont de plus en plus nombreux à vouloir s’assurer. Le
secteur des assurances qui compte 59 assureurs, réalise un total de 8,87 milliards d'euros de
primes émises (5,56 milliards en assurances-vie et 3,31 milliards en non-vie) et occupe la
quatorzième place en Europe en termes de cotisations collectées par an. Avec le concours
de la bancassurance, le marché de l'assurance connait actuellement un taux de pénétration
de 4 % du PIB.

Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, la bancassurance est quasiment inexistante dans la mesure où les
courtiers en assurance dominent largement le marché, conformément au modèle anglo-
saxon. Quelques bancassureurs ont construit leur modèle sur l'intermédiation. La banque
n'est qu'un simple intermédiaire entre les assureurs et les clients.

Allemagne
En Allemagne, la bancassurance reste peu développée. L'assurance est essentiellement
commercialisée par des agents généraux. Il existe cependant quelques accords de
distribution par lesquels la banque sert d'intermédiaire à un assureur.

5. Etat des lieux dans les pays du Maghreb


La bancassurance accuse un retard considérable dans les pays en développement, dans la
mesure où les deux secteurs assurance et banque n’ont pas atteint des seuils de
pénétration, de saturation des marchés et de modernisation comme c’est le cas dans les
pays Européens. Dans les pays du Maghreb, l’avènement de la bancassurance est récent et
commence à amorcer son expansion après la promulgation de nouvelles législations en 2002
pour la Tunisie, le Maroc et en 2006 pour l'Algérie.

Au Maroc
Au Maroc, ce sont principalement les filiales des banques françaises (Crédit Agricole, BNP
Paribas, Société Générale) qui ont initié la percée de la bancassurance. Et du même coup le
développement de l'assurance-vie et de l’épargne durant ces dernières années. Selon
Oxford Business Group, 50% des polices d´assurance vie sont commercialisées par la
bancassurance, ce qui représente entre 15% et 20% des primes totales du marché. Le
montant total des primes émises dans l’assurance-vie et la capitalisation atteint 6,59

53
milliards de dirhams marocains (589 M€) en 2010. Le cadre fiscal très incitatif a favorisé le
développement de la bancassurance au Maroc.

La réglementation ne permet de distribuer à travers le réseau bancaire que les produits


d’assurance de personnes et l’assistance. Trois bancassureurs se partagent 3/4 du marché de
l’assurance vie. Le succès de la bancassurance est essentiellement basé sur des liens
capitalistiques forts entre la banque et l’assurance, qui garantissent une exploitation
optimale du réseau bancaire pour la commercialisation des produits d’épargne et de
prévoyance. Les groupes bancaires ATTIJARIWAFA BANK et BMCE BANK sont les leaders de
la bancassurance en réalisant un chiffre d’affaires respectivement de 1,7 milliards DH et de
1,58 milliards DH. Ces deux banques en plus de la banque populaire ont réalisé à elles seules
80% du volume des primes et encaissé 70 % des commissions. (Note sur les activités de bancassurance en
2013 - Direction des Assurances et de la Prévoyance Sociale –Ministère de l’économie et des finances).

En Tunisie
Institutionnalisée en 2002 avec l’amendement du code des assurances dans son article 69, la
bancassurance occupe une place modeste dans le marché tunisien des assurances. La part
de la bancassurance dans le chiffre d’affaires global du secteur des assurances était ainsi
située à 4,6% en 2008. (Statistiques de la commission de contrôle des assurances au Ministère des finances)
Treize banques tunisiennes avaient conclu 73 accords de distribution avec quatorze
compagnies d’assurances motivées par les perspectives de renforcement de leurs
portefeuilles clients. Ces accords ont fait passer les produits d’assurances commercialisés
dans les guichets de banque d’une dizaine en 2003 à 83 produits des assurance de
personnes, du crédit et des risques agricoles à la fin 2008.

Trois importantes banques ont choisi d’autres modèles de développement de la


bancassurance. La banque privée Amen Bank a adopté la stratégie de groupe en
commercialisant les produits des compagnies Comar et Hayett, détenues majoritairement
par le groupe Al-Amen. La Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT) et la Banque de
l’habitat ont adopté la stratégie de la filialisation, en créant respectivement les compagnies
BIAT-Assurances et Salim.

En Algérie

En Algérie, la bancassurance a été instituée par la loi 06-04 du 20 février 2006 modifiant et
complétant l’ordonnance 95-07 et le Décret Exécutif N° 07-153 du 22/05/2007 fixant les
modalités et conditions de distribution des produits d’assurances par les banques et les
établissements financiers. La bancassurance comme mode de distribution des produits
d’assurance a permis, depuis son lancement en 2008, d’élargir le réseau de distribution des
assurances à la faveur des différentes conventions de distribution signées entre les banques
et notamment les filiales d’assurances de personnes des compagnies d’assurances
publiques.

Plusieurs accords de partenariats entre les acteurs du marché ont été signés après
l’adoption de la convention type de distribution. Le premier partenariat a été conclu en avril
2008 entre la BADR et la SAA.
Six autres accords signés entre des compagnies d'assurances et des banques.

54
En 2014, les sociétés d’assurance ont réalisé, par le canal de la bancassurance, un chiffre
d’affaires de 1,9 milliard DA qui représente 1,5 % du chiffre d’affaires global marché. (Rapport
d’activités du secteur des assurances 2014- ministère des finances).
Même si le niveau d’activité demeure encore très modeste, ce mode de distribution a
permis au secteur des assurances d’amorcer la diversification de ses canaux de distribution,
notamment pour les sociétés d’ assurance de personnes. Ces dernières disposent, outre leur
réseau classique, d’un réseau alternatif composé du réseau bancaire et du réseau direct des
assureurs dommages. Il a permis, également de renforcer davantage la synergie entre les
banques et les compagnies d’assurances à travers la participation des principales banques,
dans la création de filiales d’assurances de personnes depuis 2011.

Néanmoins, ce mode de distribution mérite d’être mieux approfondi à travers un


engagement plus intense des banquiers et assureurs pour faire de cette forme de
distribution, une réelle force de vente au service du développement et de la promotion des
produits d’assurances de personnes, des risques dommages des particuliers et PME/TPE,
dont les marchés potentiels importants , demeurent vierges et peu couverts par l’assurance.

Pour ce faire, l’essor de la bancassurance reste tributaire de la mise en place de conditions


propices à son développement telles que :

- La modernisation de la gestion des banques et assurances à travers la généralisation


de l’outil informatique, du numérique et de la monétique.
- Une meilleure densification du réseau bancaire en conformité avec la moyenne
mondiale qui avoisine une agence pour 8000 habitants, pour améliorer le taux de
couverture actuel qui est d’une (01) agence pour 25 000 habitants environ.
- Une plus grande bancarisation des agents économique et l’institution de la finance
Islamique et du Takaful pour contribuer à une meilleure mobilisation de l’épargne à
travers la collecte de la masse monétaire formelle et informelle via des produits
financiers et assurantiels attractifs.
- L’encouragement institutionnel des alliances capitalistiques entre les banques et les
compagnies d’assurance afin de favoriser l’émergence de groupes financiers
d’envergure et d’accroitre ainsi la pénétration de la banque et de l’assurance dans
l’économie, comme le montrent les exemples réussis des pays Européens et voisins.
- Des innovations produits/services plus segmentées et intenses de la part des
assureurs.
- Le développement, via la formation, des métiers de vente incitatifs en assurances de
personnes et dommages, pour les chargés de clientèles des banques.
- L’élargissement institutionnel de la gamme de produits destinée à la bancassurance
dans les branches assurances de personnes et de dommages à tous les segments de
marché,…

Références bibliographiques :
J.-P. Daniel, Les enjeux de la bancassurance (éditions de Verneuil, 1994)
L’Argus de l’Assurance
Assurfinance vs bancassurance – finances &stratégies -21/01/2007

55
LA RESPONSABILITE CIVILE DES DIRIGEANTS - MANDATAIRES SOCIAUX ET
SON ASSURANCE

INTRODUCTION
Les entreprises commerciales publiques et privées sont des personnes morales régies par le
code de commerce. Leur existence ne fait pas écran à la responsabilité personnelle de leurs
administrateurs et cadres dirigeants. Les multiples prises de décisions assumées
quotidiennement par les dirigeants des grandes entreprises et des PME à l’occasion de leurs
activités, sont susceptibles de les exposer à la mise en cause de leur responsabilité
professionnelle et personnelle.

L’acceptation de fonctions de direction en qualité de dirigeants de fait ou de droit leur fait


donc courir un risque non négligeable de devoir répondre dans certains cas, des
réclamations de tiers lésés ou des dettes de la société sur leur patrimoine propre.

Il s’agit d’un risque méconnu qui devrait inciter les entreprises et leurs dirigeants vers
davantage de prévention et à plus de prudence, dans la mesure où il peut avoir des
conséquences graves sur :

-la perte du patrimoine personnel du dirigeant


-le traumatisme causé sur le plan professionnel, familial et personnel par la mise en cause
d’une vie de travail et d’une réputation professionnelle
-des sanctions pénales et fiscales.

Ce risque concerne tous les mandataires sociaux de droit ou de fait de quelque nature que
ce soit. Sont considérés comme dirigeants de droit :
- les présidents de conseils d’administration
- les administrateurs
- les membres du directoire et leur président
- les directeurs généraux
- les gérants et associés des SARL,…

Est considérée comme dirigeant de fait, toute personne physique qui verrait sa
responsabilité engagée par un tribunal ou toute personne physique recherchée pour une
faute professionnelle commise dans le cadre d’une activité de direction , de gestion ou de
supervision exercée avec ou sans mandat ou délégation de pouvoir.

Les risques pouvant engager la responsabilité personnelle des dirigeants d’entreprises


peuvent résulter de faits ou d’actes tels que :
- le non-respect des statuts et des engagements de la société
- les conflits d’intérêt
- la distribution abusive de dividendes
- les erreurs sur des investissements lourds et inadaptés
- le non-respect de la réglementation sociale, fiscale et de la sécurité dans l’entreprise
- la vente à perte de biens appartenant à la société
- l’environnement

56
- les fautes de gestion ayant porté préjudice à la société,…

Fondements de l’action en responsabilité civile des mandataires sociaux

En droit Algérien, les différents cas de mise en cause de la responsabilité personnelle des
dirigeants et mandataires sociaux reposent sur les textes réglementaires de droit commun et
commercial. Le code civil dans ses articles 124,136 et 138 impose l’obligation de réparation
des dommages causés à autrui par le fait fautif de l’homme et de la chose dont il a la garde,
le contrôle et la direction.

Cette responsabilité relève également du Code de Commerce notamment dans ses articles
suivants :
-Article 578 traitant de la responsabilité individuelle et solidaire des gérants de SARL à
l’égard des tiers et de la société, du fait des fautes commises par eux dans leur gestion et
suite aux violations des dispositions du code de commerce et des statuts.
-Article 715 bis 23 mettant en exergue la responsabilité individuelle et collective des
fondateurs et des administrateurs d’une SPA vis à vis de la société, de ses actionnaires et des
tiers lésés, par suite de fautes de gestion et d’infractions aux règlements et statuts ayant
entraîné son annulation ou sa faillite.
-Article 715 bis 24 donne la latitude aux actionnaires lésés d’engager une action sociale en
responsabilité à l’encontre des administrateurs fautifs, pour la réparation des préjudices
subis par la société.
-Article 715 bis 28 du décret législatif N°93/08 du 25 Avril 1993 précise que les membres du
directoire sont responsables du passif social, cas de faillite ou de règlement judiciaire de la
Société.

Sur le plan pénal, les fautes pouvant être commises sont l’omission ou la violation volontaire
ou non de la loi, entraînant des infractions à la réglementation en vigueur et des dommages
aux tiers et à la société. La mise en cause de la responsabilité personnelle des dirigeants
peut être déclenchée par les actionnaires, les pouvoirs publics, le parquet, les autorités
fiscales, ou toute personne morale ou physique s ‘estimant lésée par leurs erreurs et fautes
de gestion.

L’assurance de la responsabilité civile des mandataires sociaux

L’objectif de cette assurance consiste à tranquilliser les dirigeants dans leurs décisions
quotidiennes et à encourager leur esprit d’initiative. En effet, ces derniers sont investis de
larges pouvoirs pour agir au nom de la société et dans son intérêt économique. Dans le
cadre de l’exercice de leurs fonctions, leur responsabilité personnelle peut être engagée par
les divers partenaires qui s’estiment lésés financièrement par certaines de leurs décisions.
Dans ces cas, leur patrimoine personnel est directement exposé.

Devant l’internationalisation des échanges et le développement des exigences des différents


acteurs économiques (consommateurs, actionnaires minoritaires, associations ….) dans les
pays Anglo-Saxons et Européens, les actions en réclamation au titre de la responsabilité
civile des mandataires sociaux se sont multipliées sous l’influence de l’actualité et « des
affaires ».

57
L’environnement économique mis à mal par la récession et les scandales boursiers, a
engendré de nouveaux risques et de multiples formes de requérants.

Les exigences des actionnaires deviennent de plus en plus fortes et ont conduit dans certains
pays Occidentaux, à la création de nombreuses associations d’actionnaires minoritaires.
Durant ces dernières années, la mise en cause pénale des dirigeants à la suite de
réclamations émanant d’actionnaires, de salariés ou de tiers a sensiblement augmenté dans
ces pays. En raison de la « facilité » pénale offerte par leurs législations, la mise en cause du
dirigeant sera d’abord pénale, puis dans un deuxième temps, civile si le demandeur peut
obtenir une condamnation pénale.

Devant la recrudescence des risques liés à cette responsabilité, les chefs d’entreprises ont
adopté des actions de prévention en ayant recours aux conseils de leurs avocats avant la
prise de toute décision importante.

D’un autre côté, pour répondre aux besoins qui ont été exprimés par les dirigeants
d’entreprises, les assureurs occidentaux ont conçu une assurance spécifique RC Mandataires
Sociaux qui est tout à fait distincte de celle qui couvre la responsabilité civile générale de
l’entreprise, dans la mesure où les intérêts à protéger ne sont pas les mêmes. Le
souscripteur est l’entreprise à laquelle appartiennent les dirigeants à protéger, et non ces
derniers. La responsabilité garantie pourra être de nature contractuelle et quasi- délictuelle.

Objet et étendue de l’assurance RC mandataires sociaux :

Cette assurance couvre les mandataires sociaux contre les conséquences pécuniaires de la
responsabilité civile qu’ils encourent du fait de « fautes, erreurs, oublis, omissions,
inexactitudes, fausses interprétations des textes légaux ou réglementaires » commises
personnellement ou solidairement dans l’exercice de leurs fonctions au sein de l’entreprise
et de ses filiales, à l’égard des tiers (clients, fournisseurs, créanciers, salariés,
administrations, …) et des actionnaires.

Les conséquences financières de cette responsabilité peuvent être imputables à des


dommages matériels, immatériels et corporels ayant entraîné des actions judiciaires ou
amiables de la part des personnes lésées, et aux frais engagés pour la défense devant les
tribunaux des dirigeants mis en cause pendant la validité du contrat.

Deux catégories de coûts sont prises en charge par l’assurance:

- les dommages et intérêts, règlements et autres frais que l’assuré est tenu de payer suite
à une réclamation ;
- les frais consécutifs à l’examen du dossier et à la défense de l’assuré.

La prime d’assurance
L’entreprise paie la prime d’assurance. Son montant varie notamment en fonction
de l’importance du bilan, du chiffre d’affaires, de la nature de l’activité exercée, des
ramifications de la société, des montants et limites des garanties.

58
Exclusions de la garantie
-les fautes relevant du domaine pénal qui sont inassurables pour des raisons d’ordre public
-les fautes intentionnelles commises par les dirigeants durant leurs activités.
- les fautes antérieures à sa souscription du contrat.
- les conséquences des engagements et des obligations incombant à l’entreprise.

Conclusion

Dans le contexte Algérien, l’assurance de la responsabilité civile des mandataires sociaux est
encore méconnue en raison des facteurs suivants :

-la rareté des réclamations en responsabilité devant les tribunaux mettant directement en
cause la responsabilité personnelle des cadres dirigeants avec des poursuites dans leurs
patrimoines propres.

-l’absence d’un mouvement consumériste pouvant inciter les tiers lésés par une partie
quelconque à réclamer automatiquement leurs droits devant les tribunaux à n’importe
quelle entité, fût-elle une institution publique , comme c’est le cas dans les sociétés
occidentales.

-La confusion qui est faite entre cette responsabilité et celle qui est liée à l’exploitation de
l’entreprise elle-même.

Néanmoins, il est possible que le besoin en ce type de couverture commence à se


développer auprès des entreprises sous l’impact de certaines affaires et conflits
commerciaux entre les dirigeants et les associés des sociétés. Ces dernières pourront assurer
leurs cadres dirigeants dans le but de les sécuriser et libérer leurs initiatives dans leurs prises
de décisions.

59
LA GESTION DES ASSURANCES DANS L’ENTREPRISE

Introduction
Les assurances des risques dommages inhérents essentiellement aux entreprises occupent le
2ème rang dans la production du secteur des assurances avec une part de 35 % du portefeuille
réalisé durant l’exercice 2015, assurances de transport non comprises.
Le chiffre d’affaires réalisé dans cette branche est de 32 559 Millions de DA. Il est accaparé
essentiellement par les assurances des entreprises qui sont assujetties à l’obligation
d’assurance de leurs patrimoines et de leurs responsabilités civiles.
Au-delà des obligations institutionnelles qui s’imposent aux entreprises, la gestion des
assurances fait partie intégrante du processus de management des risques opérationnels de
toute entreprise digne de ce nom, dans la mesure où elle constitue son étape finale.

I. Gestion des risques et assurance


Les assurances de l’entreprise ont pour objet la couverture de ses activités, de ses biens et de
ses responsabilités à l’occasion de la survenance de risques aléatoires. Elles permettent ainsi,
moyennant le paiement de primes budgétisées dans les charges d’exploitation, d’assurer la
protection économique de l’entreprise. L’efficience du modèle d’assurance choisi par
l’entreprise devra normalement reposer sur les critères ci-après :
- le souci de respecter la réglementation au sujet des assurances obligatoires à contracter.
- La protection de l’entreprise contre la survenance de risques catastrophiques et de cumul
des sinistres à fréquence élevée.
- La sélection spécifique des risques qu’il sera indispensable et utile d’assurer en fonction
de l’activité et de la situation financière de l’entreprise.
Le dispositif d’assurance adopté par l’entreprise est le résultat d’une démarche «risk-
management » basée sur le traitement des risques accidentels auxquels l’entreprise est
exposée.
En fait, la décision d’assurance intervient après les étapes d’identification, d’évaluation,
d’élimination et de maîtrise des risques de l’entreprise par des systèmes appropriées de
prévention et de protection.
La part des risques subsistants après la mise en place de ces systèmes sera transférée à
l’assureur dans une étape finale. La position de l’assureur en termes de calcul des primes à la
charge de l’entreprise sera d’ailleurs influencée par la qualité et la fiabilité de ces systèmes.
Malheureusement, force est de constater que cette démarche est rarement respectée par la
plupart des entreprises opérant dans l’environnement économique national, dans la mesure
où la gestion des assurances dans les entreprises reste marginalisée et considérée souvent
comme une simple formalité administrative faisant partie de la gestion courante.
Cette attitude empirique qui ne tient pas compte de l’étroite corrélation entre la gestion des
risques et l’assurance, peut entraîner des distorsions préjudiciables à l’entreprise dans les cas
suivants :

60
 Le paiement de primes d’assurances plus élevées, soit du fait de non application des
rabais inhérents aux systèmes de prévention et de protection mis en place, soit par la
souscription de contrats d’assurance à caractère superflu.
 L’insuffisance et l’inadaptation des couvertures d’assurance par rapport aux besoins
spécifiques de l’entreprise. En cas de sinistre, l’entreprise pourra se trouver en situation de
sous-assurance ou de non assurance.
Compte tenu des impératifs d’efficience impliquant une répartition optimale des ressources
budgétaires entre les centres de frais relatifs à la gestion des risques et à l’assurance, un
pilotage conjoint de ces deux dossiers est indispensable, car l’entreprise ne dispose pas de
ressources financières illimitées pour assurer tous ses risques aléatoires.
Sur la base de ces normes, les entreprises publiques et privées Algériennes gagneraient à
faire contribuer les assureurs dans le cadre de leurs consultations annuelles en matière
d’assurance, à un audit externe de leurs risques et de leurs dispositifs de
prévention/protection, à travers des visites opérationnelles qui seront effectuées par des
experts mandatés par les assureurs.
Ces visites de risques seront ponctuées par des rapports dressant un diagnostic sur les
dispositifs de prévention, de protection et des recommandations techniques au sujet du
renforcement des normes de sécurité. Ce n’est que sur la base de ces rapports de visite que
les assureurs pourront présenter normalement des offres de couvertures adaptées à la
situation des risques de chaque entreprise, en tenant compte dans leur tarification des
efforts et des mesures prises dans le cadre du traitement, de la réduction et de la maîtrise
des risques. ( rabais sur les taux de primes – baisse des franchises – octroi de participations
aux bénéfices techniques des polices).

II. Les critères de choix de l’assureur


Le choix de la compagnie d’assurance par les gestionnaires de l’entreprise devra être
normalement subordonné aux principaux critères ci-après :
- sa bonne réputation et sa crédibilité dans la prestation en matière de règlement rapide
des sinistres.
- Son assise financière (solvabilité - actifs), ses capacités techniques et les références de ses
réassureurs.
- La disponibilité de son réseau de distribution et de ses structures en termes d’assistance,
d’information, de conseil et de documentation
- La qualité de sa démarche dans la souscription et la richesse de son offre du point de vue
rapport qualité/prix.

61
III. Aperçu sur les assurances des risques d’entreprises
L’éventail des couvertures en assurances des risques d’entreprise dans le marché national est
varié et concerne notamment leurs activités, leurs patrimoines, leurs responsabilités et leurs
ressources humaines. Les garanties proposées portent notamment sur :
- les assurances incendie, risques annexes, vol, dégâts des eaux, bris de glaces,
catastrophes naturelles, pertes d’exploitation, bris de machines, tous risques informatiques,
pertes de produits en entrepôts frigorifiques, … Leur objet consiste à couvrir les éléments du
patrimoine (bâtiments, équipements, machines, installations,…)
- les assurances « engineering » relatives à la protection des activités durant les
constructions et les montages – essais (tous risques chantier – montage, tous risques engins
de chantier)
- les assurances du parc automobile (responsabilité – dommages aux véhicules)
- les assurances des responsabilités civiles (exploitation – produits livrés – mandataires
sociaux,…)
- les assurances de transport de marchandises (maritimes – aériennes - terrestres –
ferroviaires)
- les assurances de ses ressources humaines (prévoyance groupe, accidents, assistance
voyage,…)

IV. Gestion du dossier assurances


Le pilotage du dossier assurances a pour objectif essentiel la protection efficace de
l’entreprise. Sa gestion doit être prise en charge de façon permanente et confiée à une
structure ayant une étroite relation avec celle qui est chargée de la gestion des risques. Les
procédures de gestion du dossier assurances au sein de l’entreprise s’articulent autour des
axes suivants :
- Un classement adéquat des contrats d’assurance et des sinistres par type de police selon
les centres de risques (patrimoine – responsabilités – ressources humaines, activités
financières,…).
- La révision annuelle des contrats d’assurance avant les renouvellements en fonction des
fluctuations des valeurs à assurer, de la masse salariale et d’autres facteurs ayant subi des
changements en cours d’exercice.
- La tenue à jour d’un tableau échéancier des police d’assurance par centre de risque. Cet
échéancier mentionnera les informations sur la compagnie d’assurance, l’intermédiaire ou
l’agence, le numéro de police, le montant de la prime et l’échéance du contrat. Cet
échéancier pourra être complété par la tenue d’un tableau de bord des polices.
- l’information et l’implication des structures de l’entreprise au sujet des assurances
contractées par la diffusion du tableau de bord des polices et leur sensibilisation sur les
mesures à prendre en cas de modification des risques et de survenance des sinistres (guide
des procédures)

62
- le suivi des sinistres en temps réel (déclaration dans les délais – mesures de sauvegarde –
expertise – information des autorités en cas de vol – communication à l’assureur de toutes
les convocations devant les tribunaux,…)
L’ensemble de ces procédures et outils de gestion du dossier assurance ont pour objectif
d’optimiser son plan de charge au niveau des prévisions budgétaires en termes de primes, de
veiller à la récupération rapide des indemnisations et d’apprécier en temps réel la prestation
de l’assureur.

Conclusion
La concurrence tarifaire qui prévaut dans le marché des assurances sur les risques
d’entreprise a profondément influé sur le comportement de ces dernières, dans la mesure où
leurs gestionnaires sont amenés dans la plupart des cas, à choisir leur assureur sur la base du
seul critère de réduction du coût de l’assurance au détriment de tous les autres aspects
qualitatifs.
Cette attitude encouragée par les assureurs a pratiquement occulté la relation qui existe
entre le comportement des risques et leur juste appréciation et mis en brèche les règles de
professionnalisme.
Cette démarche empirique n’est pas sans danger pour les deux parties.
Pour les entreprises, elle risque d’aller à l’encontre des normes de gestion et de financement
des risques et se solder en cas de survenance de sinistres graves, par des situations
d’insuffisance de couverture.
Pour les compagnies d’assurance, les réductions tarifaires accordées sans étude préalable du
comportement de chaque risque pourront être à terme, la cause d’un déséquilibre technique
qui leur sera préjudiciable.
De ce fait, une meilleure discipline devra s’instaurer dans le marché avec le concours de tous
les acteurs en présence.

63
MICROASSURANCE ET MICROTAKAFUL : ENJEUX ET PERSPECTIVES EN
ALGERIE

Introduction

L’industrie des assurances dans le monde est un puissant levier de collecte de ressources
financières qui sont injectées dans les économies sur des cycles assez longs. Le taux de
pénétration de l’assurance dans le PIB mondial a été de 6,2 % en 2014 avec un volume total
de primes de 4778,24 Milliards de dollars US (revue Sigma Swiss Ré N°04/2015).

Dans les pays musulmans, la demande d’assurance reste très faible. En plus de l’absence
d’une culture d’assurance inhérente entre autres, à l’ignorance de la notion de risque et à
son transfert vers la fatalité, la perception négative de l’assurance dans les sociétés
Musulmanes repose sur son assimilation à l’usure et aux jeux de hasard prohibés par la foi
musulmane.

Environ 25% de la population mondiale est musulmane. La majorité de cette population vit
dans des pays à revenu moyen très faible. Des études indiquent que la population de ces
pays augmentera de 36,9% en 2050, tandis que la croissance de la population pour de la
même période dans les pays industrialisés ne sera que de 9,2% (Fonds des Nations Unies
pour la population 2010). Le modèle « Takaful» pourrait apporter une réponse favorable au
développement de l’assurance et de la microassurance dans ces sociétés musulmanes.

I-Les grands aspects de la microassurance

« La microassurance est un mécanisme de protection des personnes à faibles revenus contre


les risques (accident, maladie, décès, catastrophe naturelle…) en échange du paiement de
primes d’assurance adaptées à leur besoin et niveau de risque. Elle cible principalement les
travailleurs à faibles revenus des pays en voie de développement, particulièrement ceux qui
travaillent dans le secteur informel qui sont souvent mal desservis par les assureurs
commerciaux et les systèmes d’assurance sociale » BIT, Fonds pour l’innovation en microassurance (2008)

Selon une étude de la banque mondiale, le critère de population à faible revenu varie entre
1,25 USD et 4 USD par jour, soit 21 à 67% du SNMG en Algérie. C’est à cette tranche de la
population que s’adresse la micro assurance qui permettra ainsi de réduire la vulnérabilité
des classes sociales pauvres et de sécuriser leurs revenus.

Sur les 4 milliards d’êtres humains vivant dans les pays en développement avec moins de 2
dollars par jour, à peine dix millions sont couverts contre les aléas. En effet, seulement 5 à
10 % de la population disposent d’une protection formelle contre des risques tels que la
maladie, le décès, les accidents, les catastrophes naturelles, la perte de récoltes et/ou de
biens entrainant une perte de revenus qui se traduit par l’endettement et une vulnérabilité
accrue.

64
1. Quelques données sur la microassurance dans le monde

 Près de 500 millions de personnes à faible revenu bénéficiaient en 2011 des


mécanismes de micro assurance dont le marché a été multiplié par plus de sept fois
en six ans.
 Le continent asiatique reste de loin le marché le plus dynamique avec un taux de
couverture de 10,3 % de la population. Il compte 400 millions de personnes
assurées, ce qui représente 80 % du marché mondial de la microassurance.
 En 2010, le Brésil devint le marché le plus dynamique de l’Amérique du Sud avec
environ 30 millions de micro assurés.
 Bien que la microassurance enregistre en Afrique un taux de croissance annuel à
deux chiffres (13 % hors Afrique du Sud) et compte 25 millions d’assurés, la grande
majorité du marché reste inexploitée.
 L’OIT évalue le potentiel de micro assurance à près de 700 millions de personnes.

2. Les acteurs de la microassurance


Depuis son avènement, la microassurance a été souvent considérée comme un simple
complément du microcrédit. Néanmoins, compte tenu des expériences vécues dans le
monde, cette notion a évolué vers un domaine assurantiel populaire qui représente un
potentiel portant sur 4 milliards de clients et 40 milliards USD de primes dans le monde. Elle
est pratiquée par une variété d’acteurs formels et informels. Le point commun de ces
acteurs est de favoriser l’accès à l’assurance d’un plus grand nombre de populations à faibles
ressources.

- Les mutuelles et les organisations à assise communautaire

Ces mutuelles et organisations à base communautaire, se caractérisent notamment par les


principes suivants :

 améliorer l’accès aux soins à travers un partage du risque et la mutualisation des


ressources - afficher un but non lucratif,
 s’appuyer sur un groupe partageant des caractéristiques communes,
 promouvoir la solidarité/la cohésion sociale.

Les mutuelles sont très actives dans le domaine de la microassurance santé, et se sont
développées notamment en Afrique et en Asie.

- Les institutions de micro finance

Les IMF (institutions de micro finance) s’intéressent de plus en plus à la microassurance,


pour des raisons aussi bien sociales que commerciales. Les IMF ont d’abord eu tendance à
développer en interne des produits de microassurance assez simples. Etant donné que les
produits de microassurance proposés sont plus élaborés, et que l’assurance est un métier
complexe et spécifique, la tendance actuelle est à la mise en place de partenariats entre des
IMF et des professionnels de l’assurance à travers l’externalisation des produits de

65
microassurance avec le concours des assureurs professionnels, car dans bon nombre de
pays, la loi n’autorise pas les IMF à devenir des assureurs.

- Les assureurs commerciaux

L’implication des assureurs commerciaux dans les activités de microassurance depuis 1988
sont fondées sur le désir d’afficher une « responsabilité sociale » d’entreprise, une image
forte et de répondre à des besoins de sécurité des populations les plus démunies, pour
pallier aux limites des systèmes informels de gestion des risques, au désengagement des
Etats de la protection sociale. Des raisons commerciales et stratégiques les incitent à être
présent dans des marchés et secteurs « émergents », en s’insérant dans le tissu social et
économique du pays.

- Les organisations gouvernementales et les assureurs publics


Quelques programmes de microassurance santé sont depuis quelques années relancés ou
mis en place par des organisations gouvernementales ou des assureurs publics.
 Au Pérou et au Paraguay, des programmes de microassurance publique sont en
relation avec les fournisseurs de soins publics.
 En Inde, des assureurs publics comme l’UIIC ou la LIC proposent via un partenariat
avec des institutions de micro finance, des produits de microassurance vie, santé, et
mortalité du bétail.

- Les assureurs « informels »


En dépit du développement de la microfinance, les tontines qui sont des circuits financiers
informels de gestion des risques, continuent à jouer un rôle important dans la couverture
des besoins financiers des populations rurales et urbaines dans de nombreux pays Africains.

- Les réassureurs
Les réassureurs forment une catégorie à part, partenaires plus qu’acteurs directs, de la
microassurance ; leur importance dans le secteur est cependant croissante. La réassurance
apporte aux micro-assureurs une capacité de couverture supplémentaire et conséquente,
permettant de couvrir des sinistres majeurs et généralement covariants (affectant tout un
village, un quartier, voir une région).Des réassureurs de renom (InterpolisRe - Munich Ré–
Swiss Re) ont développé des programmes pilotes dans des pays Asiatiques ((Inde, Sri Lanka,
Cambodge, Philippines). Des programmes-pilotes d’assurances indicielles, couvrant des
risques climatiques et impliquant des réassureurs, ont été envisagés.

3.Expériences en micro assurance dans différents pays

Exemples de deux pays porteurs de microassurance :


 Au Brésil, la microassurance compte en 2009 23 à 33 millions d’assurés sur un
marché potentiel de 128 millions clients potentiels. Elle est distribuée
majoritairement par les grands assureurs commerciaux. Les canaux de distribution
les plus utilisés sont les banques, les autres institutions financières, les détaillants, et
la vente directe, des opérateurs mobiles, les syndicats, les coopératives et les
courtiers.

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 Un exemple innovateur en Inde: Depuis 2008, la société Max New York Life -MNYL
propose un produit d’assurance-épargne et vie unique pour lequel les bénéficiaires
sont en mesure de recharger leurs primes d’assurances à la manière de l’achat de
crédit pour un téléphone mobile. La procédure d’achat de polices d’assurances est
très simple : elles sont en vente libre dans les mêmes lieux. Un formulaire d’une page
pour lequel doit être présenté une pièce d’identité et le paiement d’une prime
minimum d’engagement (soit de 20 à 52 $). A travers cette innovation, la compagnie
pionnière vise ainsi une couverture de trois millions de foyers à faibles revenus.

Quelques exemples de microassurance agricole dans les pays du Sud


L'émergence de la microassurance est donc propice pour les petits agriculteurs. Il s'agit
d'assurances au coût abordable, proposées par des instituts de microfinance (IMF), des ONG
ou des coopératives. Elles sont moins chères parce qu'elles concernent des groupes et sont
associées à d'autres produits tels que crédit ou engrais. Dans des lieux reculés où les
producteurs sont très dispersés, le regroupement des assureurs selon un mécanisme de
pooling peut permettre de faire baisser les primes en tenant compte de leur mutualisation
et de la sinistralité des risques assurés.

 En Inde, le secteur privé fournit déjà une micro-couverture pour les cultures et le
bétail, la santé et les biens. Dans un projet pionnier, l'IMF locale BASIX s'est appuyée
sur son réseau pour fournir la microassurance et a réassuré son portefeuille chez
ICICI Lombard.
 Au Malawi l'ONG Opportunity International s'est associée à la Banque mondiale pour
assurer les producteurs d'arachide contre le risque climatique.
 Dans le cadre du Programme des produits agricoles de base "Tous ACP" financé par
l'UE (45 millions €), la FAO, le Groupe de travail de la Banque mondiale sur la gestion
des risques liés à ces produits et d'autres organisations analysent la gestion du risque
en agriculture. Le projet couvre l'Éthiopie, Madagascar, le Malawi, l'Ouganda et la
Tanzanie.

Selon Piero Conforti, économiste à la FAO, "l'assurance agricole peut aider les petits
agriculteurs à réduire les risques encourus et à améliorer leurs revenus, mais elle peut
entraîner de gros frais de transaction. L'assurance à coupons est une façon de réduire ces
frais". Contrairement aux polices d'assurance classiques qui exigent des preuves des dégâts,
les polices à coupons utilisent des critères météorologiques pour déclencher l'indemnisation

 En Éthiopie, un projet développé avec le réassureur AXA Re fournit au Programme


alimentaire mondial (PAM) une couverture pour le compte des cultivateurs de maïs.
Si les précipitations sont inférieures à un niveau donné, le PAM reçoit une
indemnisation qu'il convertit en aide.

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II. Exemples de Microtakaful dans le monde

Pour assurer une meilleure accessibilité de l’assurance aux populations pauvres, quelques
opérateurs Takaful ont commencé à s’intéresser à ce marché à faibles revenus. Les exemples
les plus notables sont enregistrés dans les pays où la quasi-totalité de la population est
musulmane et dans lesquels la pauvreté est omniprésente.

 En Indonésie, l’opérateur « Asuransi Takaful Keluarga » a collaboré avec une


institution religieuse nationale à élaborer un système Microtakaful pour les pauvres
récepteurs de l'aumône (Zakat), la prime de cette couverture est de 5 USD dollars
pour un capital de 530 USD dollars en cas de décès pour cause naturelle et 2.655 USD
dollars par accident. ATK fournit des assurances Groupe crédit-emprunteur
conformes à la charia aux micros entreprises.
 Au Bangladesh, une compagnie d’assurance vie Takaful a récemment lancé un
produit collectif Microtakaful épargne et prévoyance pour des groupes à bas revenus,
couvrant des garanties décès – frais funéraires – rente temporaire immédiate.
 En Malaisie : La première expérience en Microtakaful a été introduite à l’initiative du
gouvernement Malaisien en 2010 à travers la mise en place d’un plan de protection
(Malaysia Micro Plan- MMPP). Le plan qui est adossé aux opérations de micro crédit
financées par les banques, vise des groupes à faible revenu, particulièrement les
petites entreprises et les clients de la micro finance sur la base d’une participation
volontaire. Huit assureurs-vie et dix compagnies d'assurances dommages offrent ce
programme dans le marché. Trois compagnies Takaful participent dans ce projet. La
Banque Negara a développé un plan de protection général qui fournit aux micros
entreprises et aux particuliers des couvertures d’assurance à partir de 6 USD dollars
par mois. En 2011, « Etiqa Takaful Ikhlas Takaful » a mis en place un régime
Microtakaful pour les domestiques Indonésiens avec une prime de départ à 23 USD
dollars par année.

III. Perspectives pour une solution Microtakaful adaptée au marché Algérien

En Algérie, le marché de l’assurance a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 1,55 Milliard


USD avec un taux de pénétration de 0,70 % du PIB et une densité d’assurance (prime par
habitant) de 32,57 USD (rapport du ministère des finances sur les activités de l’assurance en Algérie -2015).

Faceà un marché potentiel très porteur et inexploité, et malgré la présence d’innombrables


segments de marché à excédents de ressources composés par les couches aisées de la
population et les classes moyennes , la faible pénétration de l’assurance dans l’économie
pose une véritable problématique.

Cette équation sera certainement davantage exacerbée si on évoque la demande


d’assurance des couches sociales à ressources limitées. Pour cette catégorie, la
microassurance pourrait être une alternative appropriée, à condition qu’elle soit adossée
aux principes du Takaful afin de répondre aux inquiétudes d’une population Musulmane

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soucieuse de préserver les principes de sa foi, et à des canaux de distribution adaptés à ces
populations.

1. Marchés cibles de la microassurance et Microtakaful

Sachant que le PIB moyen par habitant était de 4345 USD en 2015, les salaires moyens des
populations payées au SMIG qui constituent une grande part de la population active,
expliquent leur faible pouvoir d’achat. Le non accès à l’assurance de ces populations auquel
il faudra ajouter les 1.337.000 chômeurs qui seront progressivement insérés dans les
dispositifs de soutien et de création d’emploi prôné par les pouvoirs publics, à savoir:
- Les bénéficiaires du dispositif ANGEM
- Le dispositif CNAC
- Les jeunes entrepreneurs du dispositif ANSEJ
- Les petits salariés,…

Ces populations modestes estimées au moins à 5 000 0000 de personnes de la population


active, constitueront autant de cibles pour la micro assurance.

60 % de l'ensemble de la population est le marché cible visé à court et moyen terme par la
micro assurance incluant les TPE et PME.

L’agriculture est un facteur important de l’économie de l’Algérie. Elle génère, en incluant les
industries agroalimentaires, près de 11 % du PIB. Le secteur agricole emploie 10,8 % de la
population active. Les petites exploitations de moins de 10 ha dominent largement
puisqu’elles représentent 70 % environ de l’ensemble des exploitations. Il existe un réel
besoin d'assurances en Algérie ainsi qu'un fort potentiel. En ce sens, la microassurance
adossée au Takaful apparaît comme une opportunité de solution dans la couverture de tous
les risques.

2.Les conditions de développement du Microtakaful en Algérie


A la lumière des potentialités exposées, les perspectives de croissance du marché de la
micro assurance - Microtakaful en Algérie sont prometteuses, dans la mesure où les
créneaux porteurs de potentialités demeurent quasiment vierges. Néanmoins, la croissance
de ce marché demeure tributaire des conditionnalités ci-après :

 L’actualisation de la réglementation du secteur des assurances en Algérie de façon à y


intégrer une nouvelle catégorie de produits de « microassurance » présentant un
risque systématiquement inférieur.
 L’instauration de l’assurance indicielle en risques agricoles; Les contrats seront
souscrits sur la base de périls ou d’évènements spécifiques (perte de rendement,
sécheresse, inondations, mortalité du bétail, désastres naturels ), bien définis,
facilement circonscrits ou mesurables à un niveau régional. Les différents indices
seront donc mesurés à partir des données au niveau de toute zone agronomique,
climatique ou civile. Le taux de prime payé par tous les assurés localisés à l’intérieur
d’une même zone devrait être similaire pour un même risque assuré. De la même
façon, à partir du moment où l’évènement déclencheur survient, tous les assurés

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d’une même zone devraient recevoir des niveaux d’indemnisation similaires pour le
même risque assuré.
 L’avènement d’une nouvelle règlementation en assurance Takaful pour compléter le
dispositif existant et répondre aux attentes culturelles des segments de marché de
l’assurance.
 La coexistence de la branche microassurance vie et dommages avec l’une des
branches au sein d’un même assureur pour proposer une offre intégrée sous formes
collective ou individuelle aux populations à revenus modestes.
 La mise en place de dispositifs réglementaires propices au développement de
nouveaux canaux de distribution alternatifs de proximité adaptés à la micro
assurance, en s’inspirant des exemples de certains pays (IMF – Associations –
Regroupements spécialisés,…).
 L’encouragement à la création de mutuelles et de coopératives d’assurances
multisectorielles pour propager la micro assurance.
 L’institutionnalisation de fonds de garanties pour soutenir la micro assurance agricole
et prévenir les risques catastrophiques.
 La réglementation de dispositifs bancaires et non bancaires de micro finance
conventionnelle et Participative pour accroître les acteurs du micro crédit et le taux
bancarisation des agents économiques. L’agrément de banques participatives qui
sont des partenaires propices en bank-takaful et la promotion des investissements
conformes à la Charia.
 La généralisation et la normalisation des nouvelles technologies de l’information et
de communication pour traiter en temps réel les opérations, minimiser les coûts,
réduire les risques d’erreurs, accélérer le traitement des dossiers et diminuer les
fraudes.

Références :

- Rapport Algérie GIZ projet microassurance-07 Mars 2013


- Etude sur les produits Microtakaful : A. Hadj Mahammed - 02/2013
- Actuarial Partners -12/2013 Microtakaful or microinsurance -Zainal Abidin Mohd Kassim
- Microtakaful et microassurance - enjeux et défis Dr H.Meliani et Dr K.Bouadma
Faculté sciences économiques - Université Ferhat Abbas-Sétif. 04/2011

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