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Bulletin de la Société des Études

renaniennes

Renan et les philosophes écossais (Extrait de la conférence de K.


O. Gore)
Keith O. Gore

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Gore Keith O. Renan et les philosophes écossais (Extrait de la conférence de K. O. Gore). In: Bulletin de la Société des Études
renaniennes, N°1, 1er trimestre 1970. pp. 5-6;

https://www.persee.fr/doc/renan_1241-2759_1970_num_1_1_957_t1_0005_0000_4

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DANS LES PAS DE RENAN

Journées littéraires et folkloriques, Tréguier, 19 et 20 juillet 1969

On ne connaît vraiment un écrivain que lorsqu’on sait où il a vécu


ses jeunes années. Pour Renan, c’est plus vrai que pour nul autre. Aussi,
la Société a-t-elle organisé conférences et promenade au pays de Tréguier.
Les conférences ont eu lieu dans la belle salle de l’Hôtel de Ville que
le Maire, Joseph Nicolas, avait mise à la disposition de la Société avec sa
bienveillance et sa compréhension coutumières.
Le premier orateur était Jean Pommier dont on lira la conférence
page 15 de ce Bulletin. Elle est intitulée : Les vacances bretonnes d’un
séminariste en 1845.

Renan et la Grande-Bretagne
par K. O. Gore, professeur à Oxford

« C’est avec le plus grand plaisir que je vients apporter à Tréguier les
salutations de la Grande-Bretagne... à la petite ». Sans vouloir analyser
toutes les opinions de Renan sur l’Angleterre, il faut d’abord dire la grande
influence que la philosophie écossaise a exercée sur le jeune séminariste.
Elle a été forte, mais peu durable. Renan a souvent critiqué le désir de
bien-être des Anglais, leur instinct commercial et il se plaît à opposer
leur vie quotidienne à celle des Italiens chez qui le principe d’art est par¬
tout répandu. Même sévérité à l’égard des méthodes éducatives anglaises
et des sociétés scientifiques privées. Au point de vue politique, au contraire,
Renan admire le système anglais de la royauté parlementaire, il aurait
rêvé si la guerre de 70 n’avait pas eu lieu d’une alliance entre la France,
l’Angleterre et l’Allemagne. Un autre élément qui crée un lien très fort
Ainsi
entre Renan
s’attache-t-il
et l’Angleterre
dans La Poésie
est l’origine
des races
galloise
celtiques
des deux
à rendre
communautés.
des voix
aux races qui ne sont plus.

Renan et les philosophes écossais


(Extrait de la conférence de K. O. Gore)

Parmi les Travaux de jeunesse, de Renan, publiés par J. Pom¬


mier, rien n’est plus important que ces Observations et faits psycho¬
logiques, rédigés pendant les premiers mois passés par Renan à Saint-
Sulpice. L’inspiration en vient certainement de Dugald Stewart. Il
suffit de regarder l’exemplaire des Esquisses de philosophie morale
qui appartenait à Renan pour comprendre qu’il n’a pas lu l’ouvrage
de Stewart dans l’indifférence. Les nombreuses notes ajoutées par lui
au crayon en témoignent. [...] Il n’accepte pas tout ce que le philo¬
sophe écossais peut dire. Stewart, par exemple, croit à la possibilité
de découvrir la vérité. Renan, pour sa part, considère qu’on ne peut
jamais être certain de la trouver ; il croit et continuera de croire,
qu’il est impossible, même pour le plus intelligent des hommes, de
savoir s’il oriente ses efforts dans la bonne direction. Néanmoins,
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Renan tombe sans difficulté d’accord avec Stewart en ce qui con¬


cerne la morale, sur laquelle, comme d’ailleurs Cousin l’avait déjà
remarqué, Stewart insiste particulièrement. Ayant lu un passage ou
Stewart parle de « la véracité de la justice et des autres devoirs mo¬
raux », Renan écrit en note : « C’est bien ce que je pense. Au point
de vue subjectif, il y a plusieurs vertus distinctes. Au point objectif,
il n’y a qu’une vertu, c’est ce qui fait progresser l’humanité. Subjecti¬
vement, la morale est son but à elle-même. Objectivement, son but
est l’humanité. Quant à l’idéal abstrait et mort de la morale, je l’ab¬
jure. »

Hommage de l’Université de Rennes


par Henri de Moal, recteur de l’Académie de Rennes

« Le vaisseau universitaire a traversé cette année maint péril », n’aurait


pas manqué de dire Renan s’il avait été témoin des récents événements.
En effet, l’université, placée au milieu de multiples contradictions, se doit
de maintenir ses distances et de préserver sa liberté. En même temps, « il
lui faut se garder d’une excessive fidélité au passé dont meurent tôt ou
tard les plus grandes institutions. » Elle est tenue plus que jamais, à cause
de
nente
l’expansion
du monde.prodigieuse
» des connaissances, « d’être à l’écoute perma¬

L’écoute du monde, pour Renan, c’est le domaine de la science, de


l’observation, de la réalité des choses. De là, la phrase prophétique qu’il
prononça à la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand où il évoquait
« les changements les plus considérables qu’ait présentés jusqu’ici l’hiis-
toire de l’humanité », phrase qui1 s’applique si bien à notre époque.

Renan et l’Université
par Armand Tanton, Inspecteur d’académie honoraire

A part les travaux de Jean Pommier et ses cours à la Sorbonne et au


Collège de France, on peut dire que l’Université ne s’est pas assez occupée
de Renan. Il y a cinquante ans, dans nos facultés, on observait à son
égard « un silence prudent, une prescription tacite devait lui interdire
d’entrer dans nos dissertations. » Par la suite, Renan ne figura ni au pro¬
gramme de l’agrégation, ni de la licence, ni du CAPES. Peu favorisé dans
les manuels et dans les morceaux choisis, « tous évitent les pages les plus
significatives, celles où les adolescents découvriraient avec délices la charge
explosive de ce merveilleux esprit. » La difficulté vient du fait que « Re¬
nan échappe aux classifications et déborde le cadre des genres littéraires. »
A la Société
Renan et de suivre
des études
leur évolution
renaniennes
dans de
le nôtre.
« recenser
» les idées lancées par

Quelques précisions

Signalons toutefois à notre ami Armand Tanton que, au bacca¬


lauréat 1969, un texte de L’Avenir de la science a été donné parmi
les trois sujets de la série C {Acad, de Paris) et que la même année,
les Souvenirs
lettres de la Faculté
d’enfance
de Brest.
figuraient au programme de la licence ès

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