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Combustion en écoulement supersonique

Calculs mono, bi et tridimensionnels


par Bruno DESHAIES
Directeur de Recherche au CNRS
Professeur à l’Université des Antilles et de la Guyane
et Vladimir SABEL’NIKOV
Directeur de Recherche à l’Office National d’Études et de Recherches Aérospatiales (ONERA)

Notations et symboles .................................................................................... BE 8 340 – 2


1. Écoulements supersoniques avec combustion :
calcul monodimensionnel .................................................................... — 3
1.1 Équations de bilan pour un écoulement réactif monodimensionnel
et stationnaire .............................................................................................. — 3
1.2 Ordre de grandeur : spécificité des écoulements supersoniques ........... — 4
1.3 Équations de bilan simplifiées :
écoulement monodimensionnel, stationnaire et supersonique.............. — 5
1.4 Approximation monodimensionnelle :
écoulement à section variable et/ou non initialement prémélangé ........ — 6
1.5 Quelques particularités des solutions correspondant à ce problème..... — 7
1.6 Quelques solutions particulières du problème monodimensionnel....... — 8
2. Équations générales des cas tri et bidimensionnels.
Écoulements laminaires......................................................................... — 14
2.1 Équations de bilan pour un écoulement tridimensionnel........................ — 14
2.2 Problèmes bidimensionnels :
allumage et développement de la combustion ........................................ — 16
Références bibliographiques ......................................................................... — 20

es applications de la combustion en écoulement supersonique à la propul-


L sion aéronautique et spatiale, en sont encore au stade de recherches expéri-
mentales et numériques. Cependant, ce phénomène est utilisé pour réduire la
traînée, pour le guidage et pour la production d’une poussée additionnelle dans
certains missiles et moteurs-fusées notamment.
Cet article a pour objet la présentation des équations de bilan permettant
l’étude des écoulements supersoniques avec réactions chimiques. Les solutions
et résultats les plus significatifs sur ce sujet seront également exposés.

Cet article constitue le premier volet d’une série consacrée à la Combustion en écoulement
supersonique :
— Calculs mono, bi et tridimensionnels [BE 8 340] ;
— Turbulence. Applications [BE 8 341].
Le lecteur se reportera utilement aux articles de la rubrique Mécanique des fluides appliquée,
dans ce traité : [BE 8 150], [BE 8 151], [BE 8 153], [BE 8 155], [BE 8 157], [BE 8 165].

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Notations et symboles Notations et symboles

Symboles Définitions Symboles Définitions

a Vitesse du son dans le milieu Vαi Composantes de la vitesse de diffusion de


l’espèce α
A Section droite de conduite
Vαx Composante suivant x de la vitesse de diffusion
cp Capacité thermique massique à pression de α
constante
wα Taux de production de l’espèce α
d Diamètre des molécules
Yα Fraction massique de l’espèce α
D Coefficient diffusion moléculaire
Discriminant γ Rapport des capacités thermiques massiques à
Diamètre hydraulique pression et volume constants

fi Composantes des forces extérieures agissant λ Conductivité thermique


sur le mélange
Λ (x) Variable unique d’avancement
Fe Forces visqueuses par unité de longueur de
la conduite µ Viscosité dynamique

h Enthalpie massique ν Viscosité cinématique

I Impulsion ν’, ν’’ Coefficients stœchiométriques de la réaction


chimique
k Constante de Boltzmann
ρ Masse volumique
 Échelle
σ Section efficace de collision entre deux
pm Libre parcours moyen molécules

mú Débit massique τij Tenseur des contraintes visqueuses

Ma Nombre de Mach τm Temps moyen caractéristique séparant


deux collisions
Mα Masse molaire de l’espèce α
τw Frottement le long de la paroi du tube
n Nombre moyen de molécules par unité de
volume

me Masse de fluide injecté par unité de temps et de


longueur du réacteur Indices et exposants

N Nombre d’espèces chimiques en présence cr Critique

p Pression d Débitant

P Poussée du moteur e Entrant

q Flux thermique ij Coordonnées cartésiennes

r Richesse du mélange k Réaction élémentaire

Re Nombre de Reynolds o Conditions d’entrée dans le réacteur

S Entropie t Total ou d’arrêt

T Température * Condition de blocage thermique

u Vitesse barycentrique α Espèces en présence

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1. Écoulements supersoniques Nous ne donnerons pas ici, sous la forme détaillée, l’expression
générale de la vitesse de diffusion Vαx. Nous reviendrons sur celle-
avec combustion : calcul ci dans le paragraphe 2.
Nota : pour plus de précisions, on se référera au livre de Williams [1] ou de Hirschfelder [2].
monodimensionnel Dans le cas simple où toutes les espèces ont le même coefficient
de diffusion moléculaire, D, l’expression de cette vitesse de diffu-
sion se ramène à l’expression simple (loi de Fick) suivante :
Le calcul d’un système propulsif s’effectue, pour une large part,
sur la base d’équations monodimensionnelles. Pour ce type de cal- dY α
cul, les équations de bilan monodimensionnelles, que nous allons Y α V α x = – D ----------
dx (4)
donner ici, sont complétées par des relations phénoménologiques
et empiriques destinées à restituer les différentes pertes de charge — Bilan d’énergie :
induites par la géométrie du système et les dispositifs d’injection
présents dans celui-ci. Ces calculs permettent de déterminer les dh d dp 4 du 2
ρ u ------
- ------- ------- ---  -------
gammes de paramètres d’entrée et la géométrie d’ensemble du sys- dx = – dx q x + u dx + 3 µ  dx (5)
tème qui permettent d’obtenir une poussée positive et de calculer
effectivement celle-ci. Malgré les hypothèses drastiques que recou- avec h enthalpie massique
vre un tel calcul, celui-ci est un préalable nécessaire au développe- qx quantité de chaleur échangée, donnée sous la forme
ment d’un système propulsif : il permet de décider si le processus et générale suivante :
la géométrie dans laquelle celui-ci doit se développer peuvent être
opérationnels. Si à la suite d’un tel calcul, la poussée calculée pour dT
dx + ∑ ρ Y α V α x h α
q x = – λ ------
le système choisi, s’avère insuffisante, il n’est, en général, nul - (6)
besoin d’effectuer des calculs plus complexes. α

avec λ conductivité thermique.


1.1 Équations de bilan pour un écoulement À ces équations, il convient d’ajouter deux équations d’état : une
réactif monodimensionnel équation d’état thermodynamique et une équation d’état énergé-
tique. Dans le cas d’un gaz parfait sur le plan de la thermodynami-
et stationnaire que, ces équations s’écrivent :

p = ρ RT ∑ -------
On considère ici un écoulement composé de plusieurs réactifs Yα
susceptibles de réagir entre eux au cours d’une transformation - (7)
α M
chimique exothermique. L’écoulement est supposé monodimen- α
sionnel et s’effectue dans une conduite de section droite A cons-
tante.
h = ∑ Yα hα 
■ Les équations de bilan qui caractérisent un tel champ d’écoule- α 

ment, supposé continu, sont les suivantes [1][2] :

T  (8)
— bilan de masse : hα = h *+ c pα dT 
αT *

d ρu
T 
---------- = 0 (1)
dx
avec Mα , masse molaire de l’espèce α,
— bilan de la quantité de mouvement :
R constante universelle des gaz parfaits,
du dp 4 d du
ρ u ------
- - + --- ------- µ -------
dx = – ------ (2) cpα capacité thermique massique à pression constante
dx 3 dx  dx de l’espèce α,
— bilan de masse d’une espèce chimique : T* température de référence
dY α d Dans la majeure partie des cas pratiques, les pressions atteintes
ρ u ---------- -------
dx = – dx ( ρ Y α V α x ) + w α (3) dans le réacteur, lorsque l’écoulement est supersonique, restent
inférieures à celles pour lesquelles une correction de gaz réels s’avé-
avec ρ masse volumique, rerait nécessaire.
p pression ■ La dernière information nécessaire pour étudier un tel système
α espèce chimique en présence est la donnée de la cinétique et des vitesses caractérisant le proces-
µ Viscosité dynamique sus chimique.

Yα fraction massique de l’espèce α Les réactions de combustion mettent en jeux des schémas cinéti-
ques complexes du type réactions en chaîne que l’on écrit de la
uα composante suivant x de la vitesse de l’espèce α manière suivante [1] :
u composante suivant x de la vitesse barycentrique
définie par
N ∑ να′k Pα → ∑ ν″
α k Pα (9)
α α
u = ∑ Yα uα
α=1
avec ν ’ et ν ’’ coefficients stœchiométriques de la réaction
N nombre d’espèces chimiques en présence chimique,
wα taux de production de l’espèce chimique α (positif si k une des réactions élémentaires du schéma
l’espèce est produite, négatif si elle est consommée), cinétique,
Vαx composante suivant x de la vitesse de diffusion de Pα une des espèces chimiques présentes dans
l’espèce α définie par u α = u + V α x . l’écoulement.

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Les taux de production (ou disparition) de chacune des espèces Ce type de calculs est directement intégré dans certains codes
présentes dans l’écoulement sont reliés par : numériques comme CHEMKIN [16][17] par exemple.
w1 wα
---------------------------------- - = … = Ω
- = … = ------------------------------------
M 1 ( ν ″1 – ν 1′ ) M α ( ν ″α – ν α′ )
(10) Il est important de noter que les réactions chimiques interve-
nant dans un schéma cinétique du type « réactions en chaîne »,
= A ( T ) ∏ n αα, k exp  – -------
ν′ E
α  RT comme ceux caractérisant un processus de combustion ont, en
général, des temps caractéristiques très différents. Le système
avec A (T ) constante dépendant de la température d’équations différentielles à résoudre est, dans ce cas, un sys-
nα concentration de l’espèce α, tème raide nécessitant l’utilisation de méthodes numériques
spécifiques.
E énergie d’activation de la réaction chimique,
R constante molaire des gaz parfaits
Le tableau 1 donne un exemple de schéma réactionnel pour le
mélange hydrogène-oxygène [3]. Dans le tableau, seules les 1.2 Ordre de grandeur : spécificité
constantes cinétiques des réactions directes sont données. Ces des écoulements supersoniques
constantes cinétiques des réactions chimiques s’expriment sous la
forme d’une loi d’Arrhenius :
β
k f = AT exp ( – E ⁄ RT ) Les équations de bilan données précédemment (§ 1.1) ont été éta-
blies sous l’hypothèse dite de l’équilibre thermodynamique local.
avec A en mole, cm, s, Cette hypothèse ne s’applique que pour des écoulements dans les-
T en Kelvin, quels l’échelle , typique des gradients (concentration, vitesse, tem-
E en cal . mole –1 (cf. équation (10)). pérature,…) dans une direction donnée, est grande devant le libre
parcours moyen des molécules pm soit :
Les constantes des réactions inverses sont calculées à partir des
constantes d’équilibre.
 >>  pm (11)
Nota : une autre version du schéma cinétique du mélange hydrogène-air est donnée
dans les références [4][5][6]. (0)

Tableau 1 – Exemple de schéma cinétique pour la combustion de l’hydrogène dans l’air (d’après [3])
A E
Réactions β
(mole, cm–3, s –1) (cal . mole–1) (1)
H + O2 ! OH + O 3,52 . 1016 – 0,7 17 070
H2 + O ! OH + H 5,06 . 104 2,67 6 290
OH + OH ! H2 O + O 1,51 . 109 1,14 99
H 2 + OH ! H2 O + H 1,17 . 109 1,3 3 626
H + O2 + M ! H 2 O + M (2) 6,76 . 1019 – 1,42 0
H + HO 2 ! OH + OH 1,70 . 1014 0,0 874
H + HO 2 ! H2 + O2 4,28 . 1013 0,0 1 411
OH + HO 2 ! H2 O + O2 2,89 . 1013 0,0 – 497
H+H+M ! H 2 + M (3) 1,80 . 1018 – 1,0 0
H + OH + M ! H 2 O + M (2) 2,20 . 1022 – 2,0 0
HO 2 + HO 2 ! H2 O2 + O2 3,02 . 1012 0,0 1 390
H2 O2 + M ! OH + OH + M (4) 1,20 . 1017 0,0 45 500
H 2 O 2 + OH ! H 2 O + HO 2 7,08 . 1012 0,0 1 430
O + HO 2 ! OH + O 2 2,00 . 1013 0,0 0
H + HO 2 ! O + H2 O 3,10 . 1013 0,0 1 720
H+O+M ! OH + M (2) 6,20 . 1016 – 0,6 0
O+O+M ! OH + M (2) 6,17 . 1015 – 0,5 0
H2 O2 + H ! H 2 O + OH 1,00 . 1013 0,0 3 590
H2 O2 + H ! HO 2 + H 2 4,79 . 1013 0,0 7 950
O + OH + M ! HO 2 + M 1,00 . 1016 0,0 0
H2 + O2 ! OH + OH 1,70 . 1013 0,0 47 780
(1) Rappel : 1 cal = 4,186 J
Les efficacités des espèces jouant le rôle du troisième corps M sont :
(2) H2 : 2,5 ; H2O : 12,0 ; O2 : 1,0 ; N2 : 1,0
(3) H2 : 1,0 ; H2O : 6,5 ; O2 : 0,4 ; N2 : 0,4
(4) H2 : 2,5 ; H2O : 15,0 ; O2 : 1,0 ; N2 : 1,0

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Un coefficient de diffusion moléculaire D, pour une espèce, un — bilan de la quantité de mouvement :


coefficient de diffusion thermique, ainsi que la viscosité cinémati-
du
que ν , sont définis [2] à partir du libre parcours moyen pm des ρ u ------
- dp
molécules et de la vitesse d’agitation thermique (peu différente de la dx = – ------
dx
- (16)
vitesse du son a) dans le milieu, par :
— bilan de masse pour une espèce chimique :
λ ⁄ ρ c p ∝ D α ∝ ν ∝  pm ⋅ a (12) dY α
ρ u ----------
dx = w α (17)
Compte tenu de la définition (12), la condition (11) s’écrit :
u u u — bilan d’énergie :
---  >>  --- ≈  -------------
ν pm ν pm pm a
dh dp
ρ u ------
- -------
dx = u dx
soit :
où, compte tenu de (8) et (17) :
Re  >> Ma (13)
dT dp
dx = – ∑ h α w α + u dx
ρ uc p ------
- ------- (18)
où le nombre de Reynolds Re  est défini par Re  =  u ⁄ ν et le α
nombre de Mach Ma par Ma = u ⁄ a .
Dans le cas d’un écoulement monodimensionnel, considéré ici, la avec cp = ∑ Yα cp α
α
longueur caractéristique  des gradients dans le sens de l’écoule- où l’enthalpie massique h est définie en (8).
ment doit nécessairement satisfaire aux relations (11) et (13), ce qui
implique que le terme de diffusion moléculaire dans le sens de L’équation (18) peut s’écrire, en tenant compte des équations (15)
l’écoulement soit négligeable devant le terme de convection. En et (16) :
effet, la relation (13) peut s’écrire sous la forme : dH
ρ u -------
-
dx = 0 (19)
u⁄
-------------- >> Ma (14)
D⁄
2 où H est l’enthalpie massique totale définie par :
1 2
H = h + --2- u .
Dans cette relation, le membre de gauche est représentatif, en
terme d’ordre de grandeur, du rapport entre termes convectif et dif-
fusif. Ainsi, lorsque le nombre de Mach est supérieur à 1 l’hypothèse Il est intéressant de remarquer que le système d’équations diffé-
de l’équilibre local n’est satisfaite que si les termes diffusifs dans le rentielles du second ordre (1) à (8) est ramené ici, dans le cas d’un
sens de l’écoulement sont négligeables devant les termes convec- écoulement supersonique, à un système d’équations différentielles
tifs. En fait, dans un écoulement supersonique monodimensionnel, du premier ordre. Cette simplification ne peut pas être effectuée
l’équilibre entre transports diffusifs et convectifs est caractéristique dans le cas des écoulements subsoniques à faible vitesse, sièges de
de l’apparition d’une onde de choc dans laquelle les équations de réactions de combustion.
bilan macroscopiques ne s’appliquent plus. Une description en ter-
■ En intégrant les équations différentielles de bilan (15),(16),(19)
mes d’équations de Boltzman serait ici nécessaire. Cette difficulté
entre l’abscisse x = 0 , où sont données les conditions d’entrée
est en général contournée en utilisant des relations de saut à travers
dans le réacteur (notées ici par l’indice o) et un point courant, on
les ondes de choc, l’écoulement à l’intérieur de celles-ci n’étant pas
obtient les équations algébriques de bilan suivantes :
décrit.
— bilan de masse :
ρ u = ρo uo (20)
Il est important de signaler ici que, dans le cas d’une couche
limite, les transports diffusifs transverses restent, bien sûr, du — bilan de quantité de mouvement :
même ordre de grandeur que les termes de convection dans le
2 2
sens de l’écoulement principal (pour l’étude de couches limites ρ u + p = ρo uo + po (21)
supersoniques, on se référera à Schlichting [7]). On notera que,
au voisinage du bord d’attaque dans la zone d’établissement de — bilan d’énergie :
la couche limite, l’hypothèse de l’équilibre thermodynamique
local n’est pas nécessairement satisfaite dans le cas d’un écou- 1 2 1 2
H = h + --2- u = h o + --2- u o = H o (22)
lement supersonique.
où H est l’enthalpie totale.

1.3 Équations de bilan simplifiées : Ces équations décrivent, non seulement la partie continue du
écoulement monodimensionnel, champ de l’écoulement, mais constituent aussi les relations de
saut à travers les ondes de choc. Ainsi ces équations s’appli-
stationnaire et supersonique quent aussi bien pour les solutions continues que discontinues
présentées par la suite.

■ Négligeant ici, compte tenu des simplifications introduites au


(§ 2.2), les termes de diffusion moléculaire, les équations de bilan Ces équations permettent de calculer, en fonction de h – h o , où
(1) à (8) peuvent s’écrire [8][1] : h o est l’enthalpie massique du milieu dans les conditions d’entrée
dans le réacteur, chacune des grandeurs p, ρ, u, caractérisant l’écou-
— bilan de masse :
lement. Expliciter l’évolution de ces trois grandeurs, en fonction de
l’abscisse x, nécessite le calcul de la fonction h ( x ) qui est obtenue
dρu à partir de la relation (8) et de l’intégration du système d’équations
----------- = 0 (15)
dx différentielles (17) caractéristiques du bilan des différentes espèces

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chimiques. Dans le cas où l’état final correspond aux conditions de dp


d ρ uhA
l’équilibre chimique (pour lequel w α = 0 ), les caractéristiques de ------------------- = Au ------
dx
- (27)
dx
celui-ci peuvent être obtenues sans avoir recours au système
d’équations différentielles (17). Le calcul de la composition à l’équi-
libre ne nécessite pas la connaissance des vitesses de chaque réac- d ρ uHA
-------------------- = 0 (28)
tion élémentaire mise en jeu dans le système chimique, mais dx
seulement des relations algébriques définissant l’équilibre chimique
[1]. Par contre, la détermination de l’abscisse à laquelle l’équilibre dT dp
dx = – A ∑ h α w α + Au dx
ρ uAc p ------
- ------- (29)
est atteint nécessite le recours aux équations différentielles (17) et
α
donc la connaissance des vitesses de réaction de chacune des éta-
pes du processus chimique.
où cp est défini en (18).
De manière à simplifier le problème, en particulier pour des com-
bustibles complexes dont les processus réactionnels détaillés ne Compte tenu de l’équation (24), l’équation (28) se ramène en fait
sont pas connus, on peut avoir recours à une variable unique pour à:
caractériser le degré d’avancement de la réaction chimique.
dH
Une manière de définir cette variable d’avancement, Λ ( x ) , est de -------- = 0 soit H = constante (30)
dx
remplacer l’équation (22) par :


T
1 2 1 2
– Λ ( x )h o + c p dT + --2- u = --2- u o (23)
T0 On remarquera que les équations (25) à (29) peuvent être écri-
tes, compte tenu de l’équation (24) sous une forme parfaitement
où la fonction Λ ( x )h o > 0 ( Λ ( x ) = 0 pour x = 0 ) remplace, en fait, identique à celle des équations (16) à (19).

la fonction ∑ [ ( Yα ( x ) – Yα ( x = 0 ) )hα ] . La capacité thermique massi-


0
α
que cp, qui figure dans l’équation (23) n’est définie de manière sim- Ainsi, si l’on excepte l’équation de conservation de la masse, les
équations de bilan écrites sous forme non conservative sont identi-
ple que dans l’hypothèse où les capacités thermiques massiques de ques, que l’on considère un écoulement monodimensionnel à sur-
toutes les espèces sont égales entre elles soit c pα = c p . La variable face constante ou variable. Les équations (24), (25), (28) qui sont
d’avancement Λ ( x ) caractérise la proportion de la chaleur dégagée écrites sous forme conservative décrivent, non seulement les
champs d’écoulement dans leur partie continue, mais contiennent
en fonction de l’abscisse x le long de l’écoulement. Ce dégagement aussi les relations de saut à travers les ondes de choc qui peuvent
d’énergie peut être contrôlé soit par le mélange des réactifs soit par apparaître dans l’écoulement. Ces relations de saut ne dépendent
la cinétique chimique (ou par les deux) suivant les temps caractéris- pas de la fonction A ( x ) ) et prennent la forme des équations (20),
tiques de chacun d’eux. La fonction Λ ( x ) est en fait utilisée pour ren- (21), (22) appliquées au point où l’onde de choc apparaît. Il en serait
dre compte de ces deux phénomènes. Il est clair que cette fonction de même des équations de bilan (15) à (19) écrites sous leur forme
ne peut être déterminée exactement. Elle est donnée par une expres- conservative.
sion empirique, propre au dispositif étudié et qui peut résulter, par
exemple, d’expériences et (ou) de calculs numériques préalables. ■ De manière à simplifier un peu plus la résolution du problème ci-
Dans cette approximation, l’ensemble des grandeurs caracté- dessus, il est courant d’introduire, comme dans le cas d’un écoule-
risant l’écoulement peut être déterminé en fonction de x par résolu- ment à surface constante, une fonction Λ ( x ) permettant de décrire
tion du système d’équation de (20) à (23). le taux de dégagement d’énergie sous l’action des réactions chimi-
ques. En pratique ceci revient à remplacer le premier terme du
dQ
1.4 Approximation monodimensionnelle : membre de droite de l’équation (29) par ρ uA --------
dx . En notant γ le
écoulement à section variable rapport des capacités thermiques massiques à pression et volume
et/ou non initialement prémélangé c
constants γ = ----p- , les équations différentielles décrivant l’évolution

Dans cette approximation toutes les propriétés de l’écoulement de l’écoulement sont données par :
sont supposées constantes le long d’une section droite (A) de
l’écoulement et ne dépendent que de la variable caractérisant le dQ
déplacement le long de la direction principale de celui-ci. Les cou- dx = – A ∑ h α w α
Q = Λ ( x )h o , ρ uA -------- (31)
ches limites le long des parois sont négligées, ces dernières sont α
adiabatiques et aucune injection de fluide n’est effectuée le long de
celles-ci. 2
1 dρ
--- ------- = --------------------2-  ----------- dA
1 Ma 1 dQ
ρ dx -------- – --------- -------- (32)
■ Dans ces conditions les équations de bilan s’écrivent [9][10] 1 – Ma  A dx c p T dx 
[11][12] [38]:

d ρ uA 1 dp γ Ma
2
1 dA 1 dQ
--------------- = 0 , mú = ρuA = constante (24) --- ------- = ---------------------2  ---- -------- – --------- --------  (33)
dx p dx 1 – Ma  A dx c p T dx 
avec mú débit massique,
1 du –1 1 dA 1 dQ
2 dA --- ------- = ---------------------2  ---- -------- – --------- --------  (34)
d ( pA + ρ u A ) u dx 1 – Ma  A dx c p T dx 
------------------------------------- = p -------
dx
- (25)
dx

d ρ uY α A 1 dT 1 1 dA 1 dQ
--- ------- = --------------------2- ( γ – 1 )Ma 2 ---- -------- + ( 1 – γ Ma 2 ) --------- -------- (35)
---------------------- = Aw α (26) T dx 1 – Ma A dx c p T dx
dx

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1 1 γ–1 1 dA 1 + γ Ma 1 dQ
2 1.5 Quelques particularités des solutions
- = --------------------2- –  1 + -----------
--------- dMa 2 ---
- -------- ------------------------ --------- --------
Ma ------------
dx 1 – Ma  2 Ma  A dx + 2 c p T dx (36) correspondant à ce problème

1 dQ Les équations (32) à (37) montrent que :


dT t
--------- = ----
- --------
c p dx ou cp Tt = cp Tt ( 0 ) + Q (37) — l’addition (respectivement la perte) de chaleur joue un rôle
dx
analogue à une contraction (respectivement une divergence) de
l’écoulement du moins pour p, ρ, u et Ma ;
où l’on a pris l’hypothèse d’un gaz parfait avec cp constant et où la — à une augmentation (respectivement diminution) de la vitesse
température d’arrêt Tt , ou température totale, est définie par : de l’écoulement correspond une diminution (respectivement aug-
mentation) de la pression.
2
u Ces deux comportements sont vérifiés quel que soit le nombre de
T t = T + --------- (38)
2c p Mach de l’écoulement. Par contre l’influence exercée sur les para-
mètres de l’écoulement par l’addition d’énergie ou une variation de
section de l’écoulement est différente suivant que celui-ci est subso-
Il est intéressant de remarquer que l’équation donnant l’évo- nique ou supersonique. Ces propriétés sont résumées dans le
lution de la température totale (37) ne fait pas intervenir la varia- tableau 2. On trouvera aussi dans ce tableau les conditions de varia-
tion de surface. Elle reste ainsi identique dans son expression tion de la température totale Tt et de la pression d’arrêt, ou pression
à celle correspondant à un écoulement dont la surface est totale, ou pression de stagnation, isentropique pt définies ci-des-
constante. sous en (47) et (48).

Les équations (31) à (37) peuvent être généralisées de manière à Par ailleurs, il est intéressant de remarquer que l’augmenta-
prendre en compte l’injection de certains constituants le long de tion de l’entropie est minimum lorsque la vitesse de l’écoule-
l’écoulement, le mélange des réactifs depuis la section d’entrée, les ment est elle-même minimum.
pertes de chaleur aux parois, les pertes de quantité de mouvement
dans les couches limites.
En effet, l’équation de Gibbs [1][2] :
Notant par me la masse de fluide injecté par unité de temps et de
longueur du réacteur, par ue et he respectivement la vitesse caracté- 1 
ristique des constituants injectés et leur enthalpie massique, par Fe TdS = c p dT – --ρ- dp 
les forces visqueuses par unité de longueur de la conduite, ces 
TdS = dQ  (46)
équations s’écrivent [11] : 
dQ = c p dT t 
d ρ uA 
--------------- = m e (39)
dx
et les définitions suivantes :
2 • de la température totale :
dρu A dp dF
------------------ = – A ------- + u e m e + ---------e- (40)
dx dx dx γ–1
T t = T  1 + -----------
2
 2 Ma  (47)
d ρ uY α A
---------------------- = Aw α + m e α (41)
dx • de la pression d’arrêt isentropique :
γ–1 γ ⁄ (γ – 1)
me = ∑ me α (42) p t = p  1 + -----------
 2 Ma 
2
(48)
α

• de la masse volumique d’arrêt isentropique :


2
d ρ uHA  u  γ–1 1 ⁄ (γ – 1)
-------------------- =  h e + -----e-  m e (43) ρ t = ρ  1 + -----------
2
dx  2  2 Ma  (49)

■ Notons ici pour terminer ce paragraphe que les équations de conduisent à l’expression suivante pour la variation d’entropie :
bilan monodimensionnelles pour une conduite de surface variable cp 1 c p dT t
font intervenir des variables qui représentent en fait des moyennes dS = ----
- ----------
T t dT t – ρ t T t dp t = -------------------- (50)
effectuées le long d’une section droite de l’écoulement. Dans cha- 2
u
cune des équations de bilan (24) à (29), (31) à (37), (39) à (43) les T t – ---------
2c p
moyennes utilisées sont de nature différente. Par exemple dans
l’équation de conservation de la masse (24), la moyenne utilisée est : Cette relation montre de manière explicite que l’augmentation de
l’entropie est minimum lorsque la vitesse de l’écoulement est mini-
ρ uA ( x ) = ∫∫ρ u dy dz (44)
mum. Il en est de même de la perte de pression totale qui accompa-
gne le dégagement de chaleur, étant reliée à ce dernier et au nombre
A de Mach de l’écoulement par la relation suivante déduite de l’équa-
tion (50) :
où dy dz est l’élément de surface, alors que dans l’équation de quan-
----- dp = ----  ----
1 1 1
----  ---- 
tité de mouvement la moyenne qui apparaît est : 1 1 T
pt t R T- – --T- dQ = R  T - – 1 dS (51)
 t   t 
2
ρu A(x) = ∫∫ρ
A
2
u dy dz (45) ce qui peut s’écrire aussi :
2
1 γ 2 dT t γ 2 1 - γ Ma 1
----- --- - = – --2- Ma ---------- -------------------------------------- ---------
Cette ambiguïté ne peut être résolue et fait partie intégrante de la p t dp t = – 2 Ma --------
T c p T t dQ = – 2 + ( γ – 1 )Ma 2 c pT dQ (52)
procédure de calcul utilisée ici. t

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(0)

Tableau 2 – Sens de variation des caractéristiques de l’écoulement en présence d’un dégagement de chaleur
et d’une variation de la surface de la chambre de combustion
Diminution de la surface de
Addition de chaleur Perte de chaleur Augmentation de la surface
l’écoulement
dQ /dx > 0 dQ /dx < 0 dA /dx > 0
Paramètre dA /dx < 0
Écoulement Écoulement Écoulement Écoulement Écoulement Écoulement Écoulement Écoulement
supersonique subsonique supersonique subsonique supersonique subsonique supersonique subsonique
Nombre de
Mach Ma diminue augmente diminue augmente augmente diminue augmente diminue

Pression augmente diminue augmente diminue diminue augmente diminue augmente


statique p
augmente si diminue si
Température augmente Ma < 1/ γ augmente diminue diminue Ma < 1/ γ diminue augmente
T diminue si augmente si
Ma  1/ γ Ma  1/ γ
Masse volu-
mique ρ augmente diminue augmente diminue diminue augmente diminue augmente

Pression
d’arrêt isen- diminue diminue constante constante augmente augmente constante constante
tropique pt
Température
d’arrêt Tt augmente augmente constante constante diminue diminue constante constante

Cette sensibilité de la variation de l’entropie et celle de la pression 2


γMa o 
totale, à la valeur de la vitesse de l’écoulement, ne sont, a priori, p 1 
------ = 1 + --------------
1 + γ  1 – -----------2 ± D (54)
guère favorables à l’utilisation de la combustion en écoulement po  Ma o
supersonique. En réalité, le choix d’une combustion en écoulement
supersonique pour la propulsion de véhicules hypersoniques ne
peut être que la réalisation d’un compromis. 1  1 
En effet, dans le cas d’un nombre de Mach de vol hypersonique, 1 – ----------- -
1 + γ  1 – -----------2 ± D
le ralentissement de l’écoulement dans les entrées d’air jusqu’à une Ma
2  Ma o
-----------2 = ---------------------------------------------------------------------------------
- (55)
vitesse subsonique participe aussi d’une augmentation importante γ
Ma o 2 
------------ Ma  1 – ----------- ± D 1 
de l’entropie et d’une perte de pression totale. De plus comme nous 1+1 +γ o 2
l’avons déjà mentionné (§ 1.1) cette augmentation de l’entropie  Ma o
s’accompagne d’une augmentation de la température qui est res-
ponsable d’un accroissement de la dissociation des espèces chimi- 2
( γ – 1 )Ma o + 2 
ques, ce qui diminue le dégagement de chaleur. T Q 
------ = -------------------------------------
2
-  1 + -------------
- (56)
To ( γ – 1 )Ma + 2  c p T to 

1.6 Quelques solutions particulières


T Q
du problème monodimensionnel -------t = 1 + -------------- (57)
T to c p T to
Dans ce qui suit, on s’intéresse essentiellement aux cas pour les-
quels le nombre de Mach dans les conditions d’entrée Mao est supé- avec
rieur à 1 sauf indication contraire. 2
 1  2(1 + γ) Q γ–1
Il est important de noter que le système d’équations de bilan, qui - – --------------------
D =  1 – ------------ -------------- 
2 c T  1 + 2 Ma o
----------- 2
(58)
2
caractérise la combustion dans un écoulement supersonique mono-  Ma o  Ma o
p to
dimensionnel et stationnaire, n’admet pas nécessairement de solu-
tions quelle que soit la valeur de l’énergie dégagée par le processus
chimique, toutes choses restant constantes par ailleurs. Ce point L’examen des solutions (53) à (58) montre que celles-ci n’existent
sera illustré au paragraphe 1.6.1 dans le cas simple d’un écoulement que pour D  0 , soit [9][10][11] :
à surface constante.
2 2
 c p To Ma o
1  -----------------------
-
1.6.1 Écoulement à section droite constante Q   1 – ------------
2
-  2(1 + γ) (59)
 Ma o 
La résolution des équations algébriques de bilan (20), (21) et (22)
permet de calculer les caractéristiques de l’écoulement en un point Lorsque le dégagement de chaleur satisfait à cette condition, deux
donné d’abscisse x en fonction des conditions d’entrée (identifiées classes de solutions sont possibles dont les trajectoires sont repré-
ici par l’indice 0, et de l’énergie dégagée en ce point. Ces solutions sentées schématiquement dans le plan p, ρ–1 sur la figure 1 [1][8] :
s’écrivent pour un gaz parfait (γ, cp , R constants) [10][11][38] :
a) une première classe de solutions est obtenue à partir des équa-
u ρ 1  1  tions (53) à (57) dans lesquelles D figure avec un signe positif. Elle
------ = -----o- = 1 – -----------
-
1 + γ  1 – -----------2 ± D (53)
uo ρ  Ma o
correspond aux trajectoires de type ASI sur la figure 1. Pour cette
solution le nombre de Mach Ma de l’écoulement est subsonique

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partout où le dégagement de chaleur a lieu. Ceci peut sembler


contradictoire avec l’existence d’une vitesse d’entrée supersonique
pour l’écoulement. L’examen des équations différentielles (32) à (36)
p
(réécrites dans le cas d’un écoulement à section constante, c’est-à-
dire pour dA ⁄ dx = 0 ) montre que cette branche de solutions n’est
pas continue, ces équations présentant une singularité pour Ma = 1. S
Obtenir pratiquement cette solution nécessite d’introduire dans
S'
l’écoulement une région de relaxation entre la partie supersonique
et la partie subsonique de celui-ci. Pour un écoulement monodimen-
sionnel cette relaxation peut être obtenue à travers une onde de I
choc. C’est le cas pour la solution classique de détonation forte pour
B Adiabatique
laquelle l’onde de choc est positionnée en tête de l’écoulement (le
point S sur la figure 1 correspond aux conditions en aval de cette de combustion
onde de choc). La réaction chimique se développe en aval de celle-
ci, c’est-à-dire entre les points S et I indiqués de la figure 1. Si
l’ensemble du système onde de choc-combustion a une vitesse rela-
tive par rapport à l’écoulement d’entrée qui est supersonique, la C
combustion ne se développe que dans la partie subsonique de
l’écoulement, l’onde de choc déterminant ici l’allumage des réac- Adiabatique
tions de combustion. de choc
II Volume
constant
A'
Il est important de noter que cette solution peut être généra-
A Pression
lisée. L’onde de choc de tête peut être remplacée par une région constante
où l’écoulement n’est plus monodimensionnel. Conditions
initiales p0 , ρ0–1

En effet la transition qui s’opère d’un écoulement supersonique à ρ –1


un écoulement subsonique, peut s’effectuer à travers une région
d’écoulement tridimensionnel incluant des interactions d’ondes de
choc complexes (ondes de choc obliques, ondes de Mach, zones de Figure 1 – Représentation dans le plan (pρ– 1) des différentes
recirculation). trajectoires correspondant aux solutions stationnaires
monodimensionnelles dans un écoulement à surface constante
Il est intéressant de noter que, si dans cette région le dégagement
d’énergie thermique est nul ainsi que l’ensemble des flux pariétaux,
l’intégration des équations de bilan entre l’entrée et la sortie de cette
région montre que les conditions de l’écoulement à la sortie de cette
zone de transition sont identiques à celles obtenues en aval d’une
onde de choc droite, si on néglige les effets du frottement pariétal. Toutes les solutions envisagées dans ce paragraphe sont des
La solution obtenue ici est en ce sens tout à fait analogue à celle solutions des équations de bilan écrites sous leurs formes algébri-
donnée précédemment. C’est pourquoi cette solution est appelée ques (20) à (22), y compris les solutions discontinues faisant interve-
solution de « pseudo-choc » (pseudo-shock regime dans la littéra- nir une onde de choc ou une région de pseudo-choc sans
ture anglo-saxonne). Un exemple de ce type de structure est pré- dégagement d’énergie. Il est clair que les conditions de saut à tra-
senté dans le livre de Shapiro [11] et dans la référence [39] ; vers les discontinuités sont données par ces mêmes équations de
b) l’autre correspond à la solution dans laquelle D figure avec bilan mais écrites pour Q = 0.
un signe négatif. Pour cette solution le nombre de Mach Ma de Nota : en dehors des ondes de choc, il est bien sûr possible d’utiliser les équations de
l’écoulement est supersonique partout et en particulier dans la bilan sous leur forme différentielle la plus générale.
région où s’effectue le dégagement de chaleur. Elle correspond aux
trajectoires de type AII sur la figure 1. Cette solution est continue et
ne pose pas de problème mathématique particulier. Par contre,
1.6.2 Blocage thermique :
contrairement à la solution a) cette solution ne permet pas l’intro-
duction dans l’écoulement d’une région spécialement dédiée à écoulement à surface constante
l’allumage du mélange réactif, rôle tenu sur la première branche de
solutions par l’onde de choc initiale ou par la région de « pseudo- Dans les conditions où le discriminant D donné par l’équation (58)
choc ». Les conditions d’allumage correspondant à cette solution s’annule, les deux solutions a) et b) présentées en (§ 1.6.1) (trajectoi-
peuvent être obtenues par exemple par le mélange à l’entrée de la res AC et ABC sur la figure 1 conduisent à un état unique après com-
chambre de combustion entre le comburant à haute température et bustion. Dans cette situation appelée blocage thermique, la solution
le combustible : obtenue correspond, dans le cas d’un écoulement supersonique à
• dans le cas d’un mélange infiniment rapide, la fonction Q(x) l’entrée, et pour une quantité de chaleur à dégager donnée, au débit
définie en (31) est représentative de la cinétique chimique, minimum compatible avec l’existence d’une solution stationnaire
monodimensionnelle (dans le cas d’un écoulement subsonique
• dans le cas physiquement plus réaliste d’un mélange qui
dans les conditions d’entrée – sans onde de choc – la solution cor-
s’effectue progressivement, cette fonction doit rendre compte
respondant au blocage thermique correspond en fait au débit maxi-
aussi bien du micromélange que de la cinétique chimique ;
mum compatible avec une solution stationnaire monodimension-
c) a priori rien n’interdit l’existence d’une solution mixte regrou- nelle ; cette solution n’est pas présentée sur la figure 1, on se réfé-
pant les deux solutions a) et b). Cette solution mixte AA’S’I rera par exemple au livre de Williams [1]. Notons que, pour un débit
(figure 1) serait constituée en amont par une solution continue où le d’entrée donné (supersonique ou subsonique), la solution corres-
nombre de Mach de l’écoulement est supérieur à 1 (AA’) et en aval pondant au blocage thermique est celle pour laquelle la quantité de
(S’I) par une solution où le nombre de Mach serait inférieur à 1, ces chaleur qu’il est possible de dégager, dans un écoulement station-
deux régions étant séparées par une onde de choc. naire et monodimensionnel, est maximum.

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Une propriété importante de l’écoulement obtenu dans les


conditions du blocage thermique est que le nombre de Mach Ma
dans les conditions finales est égal à 1.
Ma0 = Ma2+ = Ma2C > 1 A

Plus précisément la résolution des équations algébriques (20),


(21), (22), dans les conditions du blocage thermique, c’est-à-dire C
pour D = 0 (cf. équation (58)), conduit aux solutions suivantes (iden- 1
tifiées par l’exposant *) pour l’écoulement dans la section x = x * où
le nombre de Mach de l’écoulement est égal à 1:
Ma0 = Ma2– = Ma1C < 1
2 B
u* ρ γ Ma o +1
------- = ------o- = ----------------------------2- (60)
uo ρ* ( 1 + γ )Ma o
0 x* = xsortie x
2
p* 1 + γ Ma
-------- = -----------------------o- (61) Ma2C /Ma1C nombres de Mach critiques pour lesquels
po 1+γ le blocage thermique apparaît
Ma2+ nombre de Mach immédiatement en amont
Ma* = 1 (par définition) (62)
d'une onde de choc droite
2
( γ – 1 )Ma o + 2
2
( Ma o – 1 )
2 Ma2– nombre de Mach immédiatement en aval
T* 1
------- = -------------------------------------
( 1 + γ )
- 1 + ----------------- -------------------------------------------------------
( 1 + γ ) 2 2
d'une onde de choc droite
To [ 2 + ( γ – 1 )Ma o ]Ma o
2 2 (63) a les forces de frottement ne sont pas prises en compte
( γ Ma o + 1 )
= --------------------------------
2 2 Onde de choc
( γ + 1 ) Ma o
Ma2+ Ma2–
Solution correspondant
2 2
1 ( Ma o – 1 ) Ma à un écoulement
T*
------- = 1 + --------------------
2(1 + γ)
--------------------------------------------------- (64) Ma0 = Ma2+ =Ma2C > 1 A
supersonique à l'entrée
T to γ–1
Ma o  1 + -----------
2 2
 2 Ma o Condition
Ma'2+ > 1 du blocage
2 C thermique
2
1 ( Ma o – 1 ) 1
Q ( x = x* ) -------------------- ---------------------------- E
--------------------------- = 2 (1 + γ) 2 (65)
cp To Ma o
Ma0 = Ma'2– =Ma1C < 1 B
2 2
1 ( Ma o – 1 ) Ma2– < 1 D
Q ( x = x* ) -------------------- ---------------------------------------------------
--------------------------- = 2 (1 + γ) (66)
c p T to γ–1
Ma o  1 + -----------
2 2
 2 Ma o 0 x* = xsortie x

L’examen des équations différentielles (32) à (36) (pour dA /dx = 0) Solution correspondant à un écoulement subsonique à l'entrée
montre que pour x = x * : (ou en aval de l'onde de choc d'entrée)
— si dQ /dx = 0, la section x = x * peut se positionner en tout
point du tube contenant l’écoulement. Dans ce cas, pour x = x *, b les forces de frottement sont prises en compte
dM /dx = 0 et pour x  x *, Ma = 1 ;
— si dQ /dx > 0, la section correspondant à x = x * ne peut se
positionner qu’à la sortie du tube. En effet, dans ce cas, en x = x *, Figure 2 – Représentation schématique des solutions proches
dMa ⁄ dx = ∞ et Ma = 1. En aval de ce point, l’écoulement est du blocage thermique dans le plan Ma (nombre de Mach
nécessairement multidimensionnel et/ou instationnaire. de l’écoulement), x (abscisse le long de la chambre de combustion).
Par contre, la surface x = x * où Ma = 1, assure (à la manière d’un Cas d’une chambre de combustion de section constante
col sonique) une isolation entre l’écoulement monodimensionnel à
l’intérieur du tube et l’écoulement complexe qui prend naissance à
la sortie de celui-ci. Ce phénomène peut s’expliquer par les propriétés de stabilité
quasistatique des deux solutions possibles en tenant compte de la
■ Remarque sur la stabilité des solutions au voisinage du blocage perte d’impulsion due à la présence des effets visqueux dans les
thermique couches limites qui se développent le long de la paroi de la chambre
Comme pour les solutions non affectées par le blocage thermique de combustion. Dans le cas d’une chambre de combustion cylindri-
(trajectoire ASI ou AII sur la figure 1) deux solutions permettent que, la variation de l’impulsion I, définie [12] par :
d’atteindre les conditions finales (60) à (66) correspondant au blo-
cage thermique (trajectoires AC et ABC sur les figures 1 et 2 a). Sur 2 2
la figure 2 a), les trajectoires sont tracées dans le plan (Ma, x). I = ( ρ u + p )A = pA ( 1 + γ Ma ) (67)
L’observation expérimentale montre que, pour un écoulement dont
les conditions d’entrée sont supersoniques et sont proches de celles en présence des effets visqueux [11] est donnée par :
du blocage thermique, seule la solution présentant une onde de
2
choc (ou une région de pseudo-choc sans dégagement d’énergie) dI γ Ma dx
dans la section d’entrée peut être stabilisée (trajectoire ABC sur les ------ = – --------------------------------
- -------
2 4ξ D (68)
I 2 ( 1 + γ Ma )
figures 1 et 2 a)).

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avec D diamètre hydraulique : La solution I/I cr = f ( Ma ) tracée sur la figure 3 montre que :
— dans le cas d’un écoulement supersonique (Ma > 1), si I2 > I1,
4A
D = ---------------- alors Ma ( I 2 ) > Ma ( I 1 ) et réciproquement ;
dS
------- — dans le cas d’un écoulement subsonique (Ma < 1), si I2 > I1,
dx alors Ma ( I 2 ) < Ma ( I 1 ) et réciproquement.
S surface de la paroi (surface mouillée) séparant l’ori- En conséquence, comme cela est indiqué sur la figure 2 b, il existe
gine du point d’abscisse x.
une gamme de vitesses d’entrées supersoniques Ma ′2 < Ma o < Ma 2c ,
+

2 τw comprise entre la vitesse pour laquelle la condition de blocage thermi-


ξ = ---------
-
que est obtenue (Ma2c) et une vitesse inférieure à celle-ci ( Ma ′2 ) . Lors-
2 +
ρ ud
que le nombre de Mach Mao de l’écoulement d’entrée, est égal à Ma ′2 ,
+
où τ w est le frottement le long de la paroi du tube qui ne dépend
le nombre de Mach Ma ′2 , en aval de l’onde de choc d’entrée, est égal

que très faiblement du nombre de Mach (force par unité de surface)
et ud la vitesse débitante dans la chambre de combustion. à Ma1c , nombre de Mach pour lequel le blocage thermique survient le
Les deux trajectoires, subsonique BC et supersonique AC, permet- long de la trajectoire subsonique. Les solutions correspondant à
Ma 2′ < Ma o < Ma 2c ne sont donc pas affectées par celui-ci. Ceci expli-
tant d’atteindre les conditions finales critiques en présence des +
effets visqueux, sont représentées sur la figure 2. Du fait de la pré- que pourquoi, pour un écoulement supersonique dont les conditions
sence des effets visqueux et contrairement au cas sans effet vis- d’entrée sont proches de celles correspondant au blocage thermique,
queux (figure 2), les deux nombres de Mach critiques Ma1c et Ma2c seule la solution précédée d’une onde de choc ou d’une zone de
ne sont plus reliés par les relations de conservation à travers une pseudo- choc est observée expérimentalement.
+ –
onde de choc : si Ma 2c = Ma 2 alors Ma 1c ≠ Ma 2 .
– + ■ Le domaine de stabilité quasistatique obtenu est une consé-
Nota : on rappelle que Ma 2 et Ma 2 sont reliés par les relations de saut à travers une
onde de choc. quence du frottement pariétal et de la décroissance de l’impulsion
qui lui est associée, cette décroissance étant d’autant plus faible que
■ Nous allons montrer ici que du fait du frottement visqueux, le nombre de Mach supersonique de l’écoulement à l’entrée de la

Ma 1c > Ma 2 . chambre de combustion est faible.
Considérons le cas où la solution effectivement obtenue est celle Pour des conditions d’entrée et de dégagement de chaleur pour
où une onde de choc prend place dès l’entrée de la chambre de com- lesquelles le débit a une valeur trop faible pour qu’aucune des deux
bustion et où le blocage thermique survient, c’est-à-dire où les con- solutions possibles (subsonique avec onde de choc ou supersoni-
ditions d’entrées sont telles que Ma o = Ma 2c > 1 (trajectoires ADE que) n’échappe au blocage thermique, l’expérience montre que
sur la figure 2). Les conditions immédiatement en aval de cette onde l’écoulement obtenu devient alors fortement instationnaire. Dans

de choc (AD et Ma 2 sur la figure 2) correspondent à une impulsion les conditions les plus sévères, les oscillations observées peuvent
qui est, bien sûr, égale à celle à l’entrée de la chambre de combus- aller jusqu’à la destruction de l’installation.
tion immédiatement en amont de l’onde de choc (l’impulsion est
conservée à travers celle-ci). Par contre, cette impulsion est supé- En réalité, une discussion des conditions de stabilité nécessiterait
rieure à celle correspondant à la trajectoire critique BC sur la figure de prendre en compte la pression à la sortie de la chambre de com-
2 pour laquelle les conditions d’entrée sont subsoniques soit bustion. Dans la discussion présentée ci-dessus, nous avons sup-
Ma o = Ma 1c < 1 . Ceci est une conséquence de l’équation (68) qui posé que la pression à la sortie de la chambre de combustion est
montre que, pour un état final donné (point C sur la figure 2), adaptée, c’est-à-dire qu’elle est égale à la pression de fin de com-
l’impulsion d’entrée pour la solution supersonique (AC) est toujours bustion. Dans le cas contraire, un éjecteur doit être calculé.
supérieure à l’impulsion d’entrée pour la trajectoire subsonique
(BC) (le coefficient du membre de droite de l’équation (68) étant une
fonction croissante monotone du nombre de Mach). 1.6.3 Blocage thermique :

Pour que le nombre de Mach Ma 2 soit inférieur au nombre de écoulement de section droite variable
Mach critique Ma 1c , c’est-à-dire pour que la solution correspon-
dante (ADE) ne soit pas affectée par le blocage thermique, il faut
que, dans le cas d’un écoulement subsonique à l’entrée et pour un ■ L’analyse des équations (32), (33), (34), (35), (36) montre que le
état final D donné, l’écoulement ayant l’impulsion la plus grande problème du blocage thermique est ici beaucoup plus complexe
soit celui qui ait le nombre de Mach le plus petit. Ceci est une consé- que dans le cas d’un écoulement à surface constante.
quence de la relation reliant l’impulsion au nombre de Mach de 2
● Comme dans ce dernier cas, si le dénominateur Ma – 1 du
l’écoulement soit :
second membre des équations (32) à (36) ne s’annule pas entre
l’état initial et l’état final, il existe, pour un nombre de Mach donné
I = I cr  λ + ---
1
(69) Mao une solution soit supersonique (trajectoires correspondant à
 λ
Mao > Ma2c , par exemple FG) soit subsonique (trajectoires corres-
avec I cr impulsion critique pondant à Mao < Ma1c par exemple F’G’) pour le jeu de fonctions
A(x) et Q(x) données (cf. figure 4).
γ+1
I cr = -----------
- ú
2 γ ma cr
● Si ce dénominateur s’annule en un point où le numérateur reste,
1 dA 1 dQ
lui, différent de 0, c’est-à-dire --- - -------- --------- --------
A dx – c T dx ≠ 0 pour Ma = 1, il
p

a cr = ------------ RT (70) n’existe pas de solutions stationnaires monodimensionnelles per-
γ+1 t
mettant de passer des conditions initiales aux conditions finales en
libérant, par le processus chimique, toute l’énergie disponible. Les
et trajectoires correspondantes sont celles qui sur la figure 4 corres-
γ+1 pondent à Ma 1c < Ma < Ma 2c soit IK et I’K’. Cette situation est en
u ------------ Ma 2
2 2
λ = ------
a cr
- , λ = ---------------------------------- (71) fait analogue à celle du blocage thermique dans un écoulement à
γ–1 2 surface constante. Mais contrairement à ce dernier cas, il n’est pas
1 + -----------
2 Ma possible d’écrire, lorsque la surface de la chambre de combustion

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Solutions
I/Icr Ma supersoniques
Ma0 > Ma2C
I2 F G
I1 Ma2C > 1 A E
I

1 K K' C
1
I'
0 Ma2– Ma1– 1 Ma1+ Ma2+ Ma Ma1C < 1 B D
Écoulement Écoulement F' G'
Solutions subsoniques
subsonique supersonique Ma0 < Ma1C
x* = xentrée x* x* = xsortie x
Figure 3 – Représentation schématique de l’évolution de l’impulsion
I en fonction du nombre de Mach Ma
Figure 4 – Représentation schématique des différentes solutions
dans le plan Ma (nombre de Mach de l’écoulement), x (abscisse
varie, des conditions simples caractérisant l’existence du blocage le long de la chambre de combustion). Cas d’une chambre
thermique et donc la relation critique reliant le dégagement d’éner- de combustion divergente dont la surface est variable le long de x
gie maximum au débit unitaire dans la chambre de combustion. La
recherche d’une telle condition critique nécessite la résolution du
système d’équations différentielles (32) à (36) pour un jeu donné de Onde de choc
fonctions A(x) et Q(x). Ma2+ Ma2–
Par contre, il est possible de trouver deux solutions particulières, Ma
l’une associée à des conditions d’entrée subsonique et l’autre à des
conditions d’entrée supersonique, permettant de franchir la section Ma0 = Ma2+ =Ma2C > 1 A E
où le nombre de Mach est égal à 1 (point où x = x * sur la figure 5). Ma'2+ > 1
Au-delà de ce point, la solution supersonique devient subsonique et
la solution subsonique supersonique. C
Ma = 1
Pour que de telles solutions existent, il faut que les fonctions A(x)
et Q(x) soient choisies de telle manière qu’au point x = x * où
Ma0 = Ma'2– =Ma1C < 1 B
1 dA 1 dQ D
Ma = 1 , ---- -------- --------- -------- s’annule (numérateur et dénominateur
A dx – c p T dx Ma2– < 1 G
F
s’annulent simultanément). Pour un jeu de fonctions A(x) et Q(x)
donné, si le point x = x *, où cette condition satisfaite existe, sa xentrée x = x* x = xsortie x
valeur est donc déterminée par la solution du système d’équations :
1 dA 1 dQ Figure 5 – Représentation schématique des conditions de stabilité
---- -------- – --------- -------- = 0 (72)
A dx c p T dx x = x* des solutions dans le plan Ma (nombre de Mach de l’écoulement), x
(abscisse le long de la chambre de combustion). Cas d’une chambre
soit, compte tenu de (57) et (47) et étant donné que Ma = 1 : de combustion divergente dont la surface est variable le long de x
1 dA γ+1 1 dQ
---- -------- - ---------------- --------
= ----------- (73)
A dx x = x* 2 ( c T ) dx nombre de Mach critique (c’est-à-dire correspondant aux conditions
p t x = x*
du blocage thermique) pour A(x) et Q(x) donnés. Deux solutions
En outre, le comportement des solutions autour du point x = x * sont possibles pour celui-ci, l’une supersonique à l’entrée (trajec-
où Ma = 1 peut être recherché. Le membre de droite des équations toire ACD sur la figure 5 dont le nombre de Mach est Ma2c et l’autre
(32) à (36) étant indéterminé (numérateur et dénominateur nuls) son subsonique à l’entrée (trajectoire BCE sur la figure 5) dont le nom-
comportement est recherché en utilisant la règle de l’Hôpital. Tous bre de Mach est Ma1c.
calculs faits on obtient comme expression de la dérivée du nombre
de Mach par rapport à x sur la section x = x * où Ma = 1 [11] :
On notera que ce couple de solutions n’est pas le seul possible.
dMa 1 D’autres possibilités existent suivant les signes respectifs de
 ------------- = --4- { – Ω ( x = x* ) ± D ( x = x* ) } (74)
 dx  x = x* D ( x = x* ) et de ψ ( x = x* ) qui peuvent être, chacun, positif ou
négatif. Le cas envisagé ici correspond à D ( x = x* ) > 0 et
où les variables Ω et D de résolution sont les suivantes :
ψ ( x = x* ) > 0 .
1 dA
Ω = γ  ---
- --------
A dx  (75) On remarquera également que dans le cas d’une réaction
dQ
exothermique  -------- > 0 , l’existence d’une solution assurant une
2  dx 
D = Ω – 4ψ (76)
2
transition continue depuis un écoulement supersonique (respecti-
2 2
1 dA 2 1 d A ( 1 + γ )  1 d T t
 ---- vement subsonique) vers un écoulement subsonique (respective-
ψ = ( γ – 1 )  ---
- --------  - ----------
A dx  – ( 1 + γ )  A d x 2  +
-------------------  ----- -----------
2 2 (77) ment supersonique) nécessite une chambre de combustion
   Tt d x  divergente ; dans ces conditions et pour un dépôt d’énergie Q(x)
donné, il est toujours possible de choisir la géométrie de la cham-
La connaissance de la dérivée au point (x = x *) où Ma = 1 per-
bre (la fonction A(x)) pour échapper au blocage thermique.
met l’intégration de l’équation différentielle (35) depuis ce point
jusqu’aux conditions d’entrée (x = 0) et donc de déterminer ainsi le

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■ Remarque sur la stabilité des solutions au voisinage du blocage –


Mach Ma 2 de l’écoulement subsonique qui s’installe immédiate-
thermique ment en aval de cette onde de choc est, dans les conditions critiques
Comme dans le cas d’un écoulement à section constante, l’expé- correspondant à l’écoulement supersonique entrant, inférieur au
rience montre que la solution stationnaire qui est obtenue pratique- nombre de Mach critique Ma 1c pour lequel le blocage thermique
ment est celle présentant (pour des solutions supersoniques à est obtenu dans le cas d’un écoulement subsonique dès l’entrée.
l’entrée), une onde de choc dès la section d’entrée [39][40][41]. Une Cette propriété montre que cette solution particulière possède un
solution appartenant à cette classe est, par exemple, la trajectoire domaine d’existence, même pour des conditions d’entrées proches
+
AFG sur la figure 5 pour laquelle Ma o = Ma 2 = Ma 2c , trajectoire des conditions critiques et pour lesquelles le blocage thermique
serait observé si l’écoulement restait supersonique. Ceci explique
juste critique pour une transformation qui s’effectuerait en régime
qu’expérimentalement, pour un nombre de Mach proche des condi-
supersonique, depuis les conditions d’entrée jusqu’aux conditions
tions critiques, on obtienne toujours l’écoulement présentant une
finales. Dans le cas AFG, le dégagement d’énergie s’effectue en fait
onde de choc dans les conditions d’entrée.
dans un écoulement subsonique qui prend naissance au point F sur

la figure 5, le nombre de Mach en ce point étant égal à Ma 2 dont la
Cette conclusion ne s’applique que dans le cas d’une chambre
valeur est inférieure à celle Ma 1c pour laquelle le blocage thermi- de combustion divergente pour laquelle dA /dx > 0. Dans le cas
que est obtenu lorsque les conditions d’entrée sont subsoniques. contraire il n’existe pas de solution stable stationnaire pour des
– conditions proches du blocage thermique.
Cette valeur Ma 1c serait en fait celle de Ma 2 obtenue en aval de
l’onde de choc d’entrée, pour des conditions d’entrée supersoni-
ques correspondant à un nombre de Mach Ma o = Ma′2 inférieur à
+
1.6.4 Variation de surface permettant
Ma 2c , en dessous duquel le blocage thermique survient avant que un dépôt d’énergie à pression constante
toute l’énergie chimique soit libérée. ou à nombre de Mach constant
Le raisonnement utilisé, pour établir cette propriété, est en fait
analogue à celui du cas à surface constante si ce n’est que, dans le
■ Écoulement à pression constante p = po = constante
cas d’une surface variable, il n’est pas nécessaire de prendre en
compte les effets visqueux sur la variation de l’impulsion, l’effet pro- L’examen des équations différentielles de bilan (32) à (36) montre
duit sur celle-ci par la variation de surface étant suffisant. En effet, la que, dans le cas d’une pression constante, la vitesse de l’écoule-
variation de l’impulsion I définie par l’équation (67) en fonction de la ment reste elle aussi constante (cf. (34)) :
surface de l’écoulement est donnée par :
dI dA p = po ⇒ u = uo
------- = p -------
dx
- (78)
dx
Dans ces conditions, sous l’hypothèse d’une valeur de la capacité
soit thermique massique à pression constante cp et d’une masse molé-
1 dI 1 1 dA culaire moyenne constantes pour le mélange, on obtient les solu-
--- ------- = ----------------------------
- ----- --------
I dx ( 1 + γ Ma 2 ) A d x . (79) tions suivantes pour la température, la masse volumique et le
nombre de Mach de l’écoulement :
Compte tenu des équations (69) et (71), qui donnent la variation
de l’impulsion en fonction du nombre de Mach de l’écoulement, T Q(x)
------ = 1 + ------------- (80)
l’analyse de l’équation (79) pour dA /dx > 0 montre que : To cp To
a) des deux trajectoires possibles (subsonique et supersonique)
qui conduisent à la condition critique x = x * où Ma = 1 , c’est pour ρo Q(x)
------ = 1 + ------------- (81)
la trajectoire subsonique que l’impulsion dans les conditions ρ cp To
d’entrée est la plus faible. Cette propriété peut être obtenue en inté-
–1
grant l’équation (79) depuis : x = x * jusqu’au point x = xentrée (on Ma
2  Q ( x )
remarquera que le dénominateur du second membre de 2
- =  1 + -------------
------------- (82)
Ma o  cp To 
l’équation (79) est d’autant plus grand que le nombre de Mach est
grand. Cette propriété ne s’applique que pour une chambre de com-
On a supposé ici que le gaz satisfait à l’équation d’état des gaz
bustion divergente c’est-à-dire pour dA /dx > 0, ce qui correspond,
parfaits (7). De plus, pour que l’écoulement s’effectue à pression
en général, aux cas pratiques ;
constante, il faut que la variation de surface de la conduite s’effectue
b) dans le cas d’un écoulement supersonique : suivant la loi :
I 2 > I 1 ⇔ Ma ( I 2 ) > Ma ( I 1 )
A Q(x)
dans le cas d’un écoulement subsonique : ------ = 1 + ------------- (83)
Ao cp To
I 2 > I 1 ⇔ Ma ( I 2 ) < Ma ( I 1 )
Cette propriété est illustrée sur la figure 3 déjà commentée au para- Les relations (82) et (83) montrent que dans le cas considéré ici,
graphe 1.6.2. 2
Ma A est une constante.
La situation est ici analogue à celle du cas à surface constante
lorsque les effets visqueux sont pris en compte. On peut ainsi en Il est intéressant de remarquer que cette solution n’est pas affectée
déduire qu’il existe, dans le cas d’un écoulement supersonique à par le blocage thermique. En effet, les termes entre parenthèses des
l’entrée, une gamme de nombres de Mach inférieurs au nombre de membres de droite des équations (32) à (36) sont proportionnels à
Mach critiques Ma 2c qui devrait conduire au blocage thermique, 2
( 1 – Ma ) . Pour un écoulement à pression constante, les solutions
+
soit Ma ′2  Ma  Ma 2c , qui permet d’atteindre les conditions fina- passent des conditions d’entrée aux conditions de sortie en traver-
les si un onde de choc se positionne à l’entrée (x = xentrée) de l’écou- sant de manière continue la section sonique x = x * où le nombre de
lement. En effet, le long de la trajectoire AFG figure 5 le nombre de Mach de l’écoulement devient égal à 1. En ce point, la quantité d’éne-

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rgie libérée est donnée par la relation suivante (conséquence de (82)) L’examen de cette figure montre que c’est la transformation à sur-
: face constante qui conduit à la perte de pression totale minimum.
Cependant, (cf. 1.6.2), cette transformation peut être affectée par le
Q ( x* ) 2 blocage thermique. Elle ne peut donc être réalisée que pour des
---------------- = Ma o – 1 (84) valeurs du dépôt total d’énergie qui restent inférieures à la valeur
cp To
critique définie (cf. (65)).
L’existence de cette solution ne présume en rien de sa stabilité. La
recherche des propriétés de stabilité de cette solution nécessiterait
une étude spécifique.
■ Écoulement à nombre de Mach constant : Ma =Mao = constante 1 Surface constante
Pression constante
Comme dans le cas de l’écoulement à pression constante, les Nombre de Mach constant
caractéristiques de cet écoulement peuvent être calculées simple- 0,8
ment à partir des équations différentielles (32) à (36). Tout calcul fait,
on obtient pour Ma = Mao : Ma 0 = 2,5
0,6
p t /p t 0
T Q(x)
------ = 1 + -------------- (85) 0,4
To c p T to

γ 0,2
 --- 2

ρ T – 1 + 2 Mao
------ =  T
------  (86)
ρo  o 0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
γ Q /CpTt 0
T – --2- Ma 2o
------ =  T
------ 
p
(87)
po  o
Figure 6 – Perte de pression totale en fonction du dégagement
de chaleur pour des écoulements à section, à pression
T et à nombre de Mach constants.
u = u o ------ (88)
To

1 + γ Ma o
2 De manière à optimiser la perte de pression totale entre sections
T
------------------------
2
d’entrée et de sortie, une solution consiste à débuter la transforma-
------ =  -----
-
A tion par un tronçon d’écoulement à surface constante, puis de
(89)
Ao  To  continuer celle-ci, dès l’approche de la section pour laquelle le nom-
bre de Mach doit être égal à 1, par une section divergente dont l’évo-
lution est calculée pour que la fin de la transformation s’effectue à
Par définition, l’écoulement supersonique à nombre de Mach nombre de Mach (où à pression statique) constant. La solution pour
constant n’est pas affecté par le blocage thermique. laquelle la pression statique se conserve est plus facile à réaliser
pratiquement que celle pour laquelle le nombre de Mach reste
1.6.5 Perte de pression totale. constant.
Conditions optimales
pour une combustion supersonique

Pour un écoulement monodimensionnel supersonique à surface


2. Équations générales
variable, l’évolution de la pression d’arrêt isentropique (ou pression
totale) déterminée par l’équation (48) entre la section d’entrée et
des cas tri et bidimensionnels.
une section aval quelconque, est donnée par : Écoulements laminaires.
γ
γ–1 2 -----------
γ–1
-----------
p t – p to p 1 + 2 Ma
------------------ = -----
po
- ----------------------------------
γ–1 –1 (90) 2.1 Équations de bilan
p to 2
1 + -----------
2 Ma o pour un écoulement tridimensionnel
ceci quelle que soit l’évolution de la section (A(x)) et celle du dépôt
d’énergie (Q(x)). Les équations de bilan, dites de Navier Stokes, s’appliquent aussi
La figure 6 montre l’évolution de la pression totale ou pression bien aux écoulements laminaires que turbulents à condition que
d’arrêt isentropique, que l’on peut calculer à partir de l’équation (89) l’hypothèse de l’équilibre partiel soit satisfaite. Cette hypothèse, qui
pour différents types d’évolution le long de la chambre de combustion : suppose que l’échelle caractéristique des gradients de l’écoulement
est grande devant le libre parcours moyen des molécules
— pour un écoulement à section constante pour lequel la quan-
(pm ≈ 0,1 µm pour les gaz usuels dans les conditions de tempéra-
tité p /po figurant dans l’équation (90) est calculée à partir de l’équa-
tion (54) (la combustion étant supersonique, le terme D dans (54) ture et de pression ambiantes) et que le temps caractéristique de
figure avec le signe négatif) ; l’évolution de l’écoulement en un point est grand devant le temps
— à pression constante en prenant dans l’équation (89) p /po = 1 ; moyen τm séparant deux collisions τm ≈ 10 –10 s dans les conditions
— à nombre de Mach constant pour laquelle la quantité p /po définies précédemment.
figurant dans l’équation (90) est calculée à partir des équations (85) Si dans le cas des écoulements subsoniques, cette hypothèse est
et (87). rarement prise en défaut, il convient d’être plus attentif lorsque
Sur la figure 6 l’évolution de la pression totale pt est tracée en l’écoulement devient supersonique. En particulier, cette hypothèse
fonction du dégagement de chaleur Q(x). n’est plus satisfaite, à l’intérieur des ondes de choc, dont l’épaisseur

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caractéristique est de l’ordre du libre parcours moyen, ainsi que L’équation de bilan (92) s’écrit, en termes de fraction massique
dans le cas de certains écoulements hypersoniques à basses pres- Yα :
sions (ou très hautes températures).
∂ρ Y α ∂ ∂
------------- + ∂ x ρ u i Y α = – ∂ x ρ Y α V α + w α (96)
∂t i i i
En ce qui concerne les ondes de choc, les équations de bilan
locales que nous allons présenter ne permettent de définir cor- où le terme de production chimique wα est donné en (10).
rectement l’écoulement que de chaque côté de celles-ci. Nous ne donnerons pas ici l’expression générale de la vitesse de dif-
fusion V α . On trouvera l’expression de celle-ci dans les livres de
i
Une estimation simple du libre parcours moyen pm et du temps Hirschfelder [2] ou Williams [1]. L’expression la plus générale rend
moyen entre deux collisions est donnée par [2]: compte, non seulement des transports diffusifs sous l’effet des gra-
dients de concentration (loi de Fick) mais aussi sous l’effet des gra-
1 1 πm dients de pression (baro-diffusion), ou des gradients de température
 pm = --------------- et τ m = --------------- ---------- (91)
2σn 2 σ n 8kT (effet Sorêt), transports qui peuvent jouer un rôle important dans le
cas des constituants ayant des masses moléculaires très
avec n nombre moyen de molécules par unité de volume : différentes [13]. La baro-diffusion pourrait jouer un rôle non négli-
p geable dans les écoulements supersoniques qui impliquent des
n = ------ (équation d’état des gaz parfaits avec k variations importantes de pression.
kT
constante de Boltzmann), On utilise souvent, pour la vitesse de diffusion, l’approximation
suivante :
2
σ = πd section efficace de collision entre molécules, ∂X α
X α V α = – D α --------
∂x i
- (97)
d diamètre des molécules, celles-ci étant ici assimilées i
à des sphères,
où le coefficient Dα est le coefficient de diffusion de l’espèce α dans
m masse d’une molécule. le mélange et X α la fraction molaire de l’espèce α. On trouvera les
éléments nécessaires à son calcul dans les références [2] et [17].
8kT
------------- est la vitesse moyenne de déplacement des molécules — bilan de quantité de mouvement
πm
(vitesse d’agitation thermique) qui ne diffère de la vitesse du son a ∂ρ u ∂ρ u j u i ∂σ
que par un facteur multiplicatif de l’ordre de l’unité. Cette dernière -----------i + ---------------
- = – --------ij- + ρ f i (98)
propriété a été utilisée au paragraphe 1.1. ∂t ∂x j ∂x j

■ Lorsque l’hypothèse de l’équilibre partiel est prise en défaut, où f i = ∑ Yα fα , f α étant les composantes des forces extérieures
l’étude de l’écoulement peut s’effectuer au moyen des équations de α i i
Boltzmann [2] ou bien de modèles issus de ces équations qui font agissant sur chacune des espèces constituant le mélange et
apparaître plusieurs températures (par exemple, températures de σ ij = p δ ij + τ ij , p étant la pression statique et τ ij le tenseur des
vibration, de rotation, de translation, électronique, etc…).
contraintes visqueuses défini par :
■ Lorsque l’hypothèse de l’équilibre partiel est satisfaite, les équa- ∂u k
 ∂u ∂u  2
tions de bilan instantanées s’écrivent en coordonnées cartésiennes τ ij = – µ  -------i + -------j  +  --3- µ – κ -------
-
∂x k δ ij (99)
de la manière suivante : ∂
 j x ∂ x i
— bilan de masse : avec δ ij , symbole de Kronecker,
∂ρ ∂ κ viscosité de volume.
------ + ∂ x ρ u i = 0 (92)
∂t i
Dans le cas des gaz, on adopte généralement l’hypothèse κ = 0 ;

avec ρ masse volumique au point de coordonnée xi : ρ = ∑ ρα — bilan d’énergie


α ∂u
∂ρ h ∂ρ u j h ∂ ∂p
∂x j – τ ij ∂x j + ∑ ρ α V αi f αi
∂p -------i
ρα masse volumique partielle de l’espèce α : ρ α = n α M α ---------- + --------------- = – ∂ x q j + ------ + u j ------
- (100)
∂t ∂x j j ∂t α
Mα masse molaire de l’espèce α
q j = – λ ------- + ρ ∑ h α Y α V α .
∂T
ui composantes de la vitesse barycentrique du mélange ; avec
∂x j α j
— bilan de masse pour l’espèce α :
Dans cette expression, le transport de chaleur sous l’effet des gra-
∂ρ α ∂ dients de concentration (effet Dufour) est négligé.
--------- + ∂ x ρ α u α = w α (93)
∂t i i L’enthalpie h est définie au paragraphe 1 par l’équation (8).
avec uα = ui + Vα On remarquera que dans l’équation d’énergie (100), étant donné
i i (95), le terme rendant compte de l’action des forces extérieures n’est
ρ ui = ∑ ρα uα (94) différent de zéro que dans le cas où celles-ci agissent de manière dif-
α i férenciée sur chaque constituant. Ce terme est nul par exemple si
N seul le champ de pesanteur intervient.
∑ ρα Vα = 0 (95)
• Une forme intéressante de l’équation de bilan d’énergie dans le
cas des écoulements supersoniques est celle faisant intervenir
i
α=1
l’enthalpie totale
avec u α composantes de la vitesse de l’espèce α 1 2
i H = h + --2- u i (101)
V α composantes de la vitesse de diffusion de l’espèce α.
i

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soit : posante de vitesse suivant le sens de l’écoulement (x) et v est la


composante de vitesse dans le sens transversal (suivant y) :
∂ρ H ∂ρ u j H ∂ ∂p ∂u i τ ij
- + ρ fi ui + ∑ ρα Vα fα
----------- + ---------------- = – ∂ x q j + ------ + ------------ (102) m m
∂t ∂x j j ∂t ∂x i α i i ∂ρ uy ∂ρ vy
----------------- + ----------------- = 0 (104)
∂x ∂y
• En toute généralité, il n’existe pas de forme où l’équation de
bilan d’énergie s’écrit uniquement en terme d’enthalpie totale. ∂u ∂u ∂p ------ 1 ∂ ∂u
ρ u -----
- ------ -  m ------ 
L’équation de bilan d’énergie ne s’écrit d’une manière simple en ∂x + ρ v ∂y = – ------- + y m ∂ y  µ y ∂y  (105)
∂x
terme de l’enthalpie totale que pour un écoulement répondant aux
hypothèses de couches limites en l’absence de force extérieure et ∂p
------ = 0 (106)
lorsque tous les coefficients de transport moléculaire sont égaux : ∂y
D α = λ ⁄ ρ c p = ν où λ ⁄ ρ c p est le coefficient de diffusion thermi-
∂T ∂T ∂p 1 ∂ ∂T ∂T
∂x + ρ vc p ∂y = u ∂x + y m ∂ y  λ y ∂y  – ∑ ρ Y α V α c pα ∂y
que. Cette équation de bilan s’écrit alors : ρ uc p -----
- ------ ------- -------  m ------  ------
α
(107)
∂ρ H ∂ρ u j H ∂ ∂H ∂p ∂u 2
----------- + ---------------- = ∂ x ν ------
- + ------ (103) - – ∑ h w
+ µ  -----
∂t ∂x j j ∂x j ∂t  ∂y  α
α α

∂Y α ∂Y α
Dans le cas d’un écoulement sans variation de pression et/ou sta- 1 ∂ m
ρ u --------
- ---------
∂x + ρ v ∂y = – ------
-
m ∂y
( ρ y Yα Vα ) + wα α = 1,… N (108)
tionnaire, cette équation prend une forme identique à celle expri- y
mant le bilan local d’un scalaire passif.

p = ρ RT ∑ -------

- (109)
α Mα
2.2 Problèmes bidimensionnels :

T
allumage et développement
h α = h oα + c p α dT (110)
de la combustion To

Dans ces équations m = 0 correspond à un écoulement dimen-


Ne seront traités ici que les cas où l’allumage de la combus- sionnel plan tandis que m = 1 correspond au cas d’un écoulement
tion a lieu dans les zones de cisaillement et derrière les ondes de bidimensionnel axisymétrique.
choc obliques.
■ Dans le cas d’une couche limite, les conditions aux limites qu’il
convient d’adjoindre à ces équations sont constituées par les condi-
Du fait de la grande sensibilité à la température des réactions tions d’entrée qui, pour les résultats présentés ci-après, sont celles
correspondant, pour u, T, v, à une couche limite autosimilaire
chimiques de combustion, l’allumage et le développement de la
compressible.
combustion dans un écoulement supersonique peuvent être contrô-
● Pour y → ∞ , les valeurs de u, T, Yα , p sont fixées.
lés, du moins partiellement, par l’augmentation de la température
locale due à la conversion énergie cinétique – énergie thermique qui ● À la surface de la paroi sur laquelle se développe la couche

s’opère d’une manière générale sous l’action des effets de compres- limite (y = 0), la vitesse est nulle (u = v = 0) ainsi que le flux des
∂Y
sibilité, à la fois de manière réversible, mais aussi de manière irré- espèces chimiques --------α- = 0 (paroi imperméable non catalytique).
versible, notamment sous l’effet de la dissipation visqueuse. C’est le ∂y
cas, en particulier, dans les écoulements de couche limite [7], cou- Deux types de conditions aux limites sont considérés pour la tempé-
che de mélange, jets. Un autre cas intéressant, spécifique des écou- rature : le cas d’une température constante donnée, (T(y = 0) = Tw),
lements supersoniques, est celui de l’allumage et de la stabilisation ∂T
où le cas d’une paroi adiabatique, soit ------ = 0 , la température
de la combustion par une onde de choc oblique. ∂y y=0
de la paroi étant alors un résultat du calcul.
Ces différentes interactions peuvent être étudiées et comprises,
en première approche, dans l’hypothèse où l’écoulement reste lami- ■ Dans le cas d’une couche de mélange, les résultats présentés
naire. De plus, dans le cas spécifique de l’allumage et de la stabilisa- intéressent le cas de deux écoulements uniformes et parallèles
tion de la combustion dans les configurations de couches limites et d’hydrogène et d’air. Les conditions aux limites sont alors les sui-
couches de mélanges, cette étude peut être conduite en utilisant des vantes :
équations de bilan simplifiées répondant aux hypothèses de la cou-
che limite [7]. • y → – ∞ : u = u H2 , v = 0 , T = T H2 , p = p ∞

• y → +∞ : u = u air , v = 0 , T = T air , p = p ∞
2.2.1 Équations de bilan pour un écoulement
bidimensionnel supersonique répondant Les conditions d’entrée dans le calcul sont données en x = 0 par
aux hypothèses de la couche limite ces mêmes conditions supposés fixées respectivement pour y < 0 et
y > 0. Les résultats que nous allons présenter ci-après ont été obte-
nus en résolvant numériquement les équations de couche limite
Dans l’hypothèse où l’écoulement est stationnaire et satisfait aux données précédemment, par une technique de différence finie
hypothèses de la couche limite, les équations de bilan (92) à (100) décrite en détail dans les références [14][15]. La cinétique chimique
peuvent s’écrire sous la forme simplifiée suivante, où u est la com- utilisée pour décrire la combustion de l’hydrogène dans l’air est

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celle proposée par [3] et que nous avons rappelée dans le tableau 1. Pour une longueur donnée de la plaque plane sur laquelle l’écou-
Les propriétés physico-chimiques du mélange et les coefficients de lement s’effectue, les conditions d’allumage du mélange réactif peu-
transport ont été calculés en utilisant la base CHEMKIN [16][17]. La vent être déterminées en fonction de la température de
vitesse de diffusion Vα tient compte ici à la fois du transport sous l’écoulement extérieur To et du nombre de Mach Mao de ce dernier.
l’effet des gradients de concentration (loi de Fick) et du transport Le résultat obtenu dépend des conditions aux limites sur la paroi.
sous l’effet des gradients de température (effet Sorêt).
— Dans le cas d’une plaque adiabatique, la température obtenue
sur la plaque est une fonction croissante à la fois de To et Mao [7] et
la longueur d’induction est donc une fonction décroissante mono-
2.2.2 Allumage et développement tone de To et de Mao [22][14].
de la combustion dans les couches limites
— dans le cas d’une plaque à température fixée, la situation est
un peu plus complexe. Le domaine d’allumage de la combustion
dans la couche limite est précisé sur la figure 8 dans le plan To , Mao
Nous considérons ici le cas d’un prémélange d’hydrogène et d’air pour différentes températures Tp de la plaque ;
en écoulement sur une plaque plane. La température des gaz à
l’entrée du domaine de calcul est inférieure à la température néces- • dans le cas des températures de parois les plus basses, le
saire pour que ce mélange s’enflamme dans le domaine de calcul. comportement de la longueur d’induction reste monotone et ana-
logue à celui obtenu pour une plaque adiabatique : cette longueur
■ Dans le cas d’un écoulement subsonique, pour que l’allumage d’induction est d’autant plus courte que le nombre de Mach Mao
intervienne, la plaque doit être portée à une température suffisam- et la température To de l’écoulement extérieur sont élevés ;
ment élevée. Ce problème a été étudié dans les références [19][20].
• lorsque la température de la plaque devient supérieure à
■ Dans le cas d’un écoulement supersonique [13][14][18][21], l’allu- 1 000 K, et pour une température de l’écoulement extérieur don-
mage peut se produire sous l’effet de l’augmentation de la tempéra- née, l’allumage se produit tout d’abord pour les faibles valeurs du
ture qui intervient dans la couche limite du fait de la dissipation nombre de Mach. Dans ce cas, c’est l’énergie transférée depuis la
visqueuse. Ceci est illustré par le champ de température présenté plaque vers l’écoulement qui est responsable de l’allumage ;
sur la figure 7.
• lorsque l’on augmente progressivement le nombre de Mach
de l’écoulement, la région d’allumage se déplace progressive-
ment vers l’aval, pour sortir du domaine de calcul ce qui corres-
Niveau de pond, en fait, à une augmentation de longueur d’induction ;
température (T )
(en K) • si l’on continue d’accroître le nombre de Mach de l’écoule-
y (cm)
ment, la zone d’allumage réapparaît sur la plaque, celui-ci étant
0,15 8 2212
1 7 2023
alors contrôlé par l’échauffement dû à la dissipation visqueuse.
H2 + Air
0,10 2 4 6 1834
3 5
6
5 1646
0,05 1 7
4 1457
8
1 7
0,05
2 34 5 6 8 3 1268
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 2 1079
x (cm) 1 890
Zone Température
Zone Zone de de l'écoulement
d'emballement
d'induction flamme extérieur T0 (K)
thermique
Allumage
Figure 7 – Structure d’ensemble du développement
de la combustion dans une couche limite supersonique Tp = 900 K
700
pour un mélange stœchiométrique d’hydrogène et d’air :
Tp = 1 000 K
représentation du champ de température
600
Tp = 1 050 K

500
Cette figure montre que, lorsque, du fait de la dissipation vis-
queuse, l’allumage du mélange réactif s’effectue, trois zones peu-
vent être mises en évidence de l’amont vers l’aval de l’écoulement : 400
Tp = 1 100 K
— une zone d’induction où la structure de la couche limite est Non-allumage
identique à celle obtenue en l’absence de réaction chimique et où la 300
température est fixée uniquement par le processus de dissipation 1 2 3 4 5 6
visqueuse ; Nombre de Mach de l'écoulement extérieur Ma0
— une zone d’emballement du processus chimique qui se pro-
duit du fait de l’augmentation de température dans la région Tp = température de la paroi
d’induction ; ø=1
— une zone dans laquelle se stabilise une flamme de prémélange
p∞ = 0,1 MPa
qui se positionne à la frontière extérieure de la couche limite,
séparant ainsi le prémélange réactif constituant l’écoulement
externe, des gaz brûlés qui occupent la région séparant cette Figure 8 – Représentation des domaines d’allumage dans le plan To,
flamme de la paroi. Du fait de la faible vitesse de propagation de Mao, d’un mélange stœchiométrique d’hydrogène et d’air
cette flamme par rapport à la vitesse de l’écoulement externe, (richesse φ = 1) dans une couche limite supersonique pour différentes
l’angle de celle-ci avec ce dernier est très faible. températures Tp de la paroi [22]

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Dans le cas d’un écoulement supersonique, le temps d’induction


Dans les conditions d’une plaque non adiabatique à tempéra- de la réaction chimique est souvent grand devant le temps de trans-
ture fixée, la longueur d’induction est une fonction non mono- port. Dans cette situation, on observe dans le sens de l’écoulement,
tone du nombre de Mach de l’écoulement extérieur. trois régions :

— une région d’induction où s’effectue le mélange entre le com-


2.2.3 Combustion dans une couche bustible et l’oxydant et où le taux de production chimique reste
de mélange supersonique négligeable ;

L’allumage et le développement de la combustion dans une cou- — une région où combustible et oxydant sont prémélangés et à
che de mélange subsonique sont décrits par Linan et Crespo [23]. Le richesse variable et dans laquelle s’effectue l’emballement de la
cas d’une couche de mélange supersonique a été analysé ultérieure- réaction chimique, et, qui est le siège d’une forte augmentation de
ment par Jackson et Hussaini [24]. Le cas d’une couche de mélange la température ;
supersonique constitué d’hydrogène et d’air a été étudié numéri-
quement par Figueira da Silva et collaborateurs, Ju et Niioka, Im et — la région la plus aval dans laquelle s’établit la flamme de diffu-
collaborateurs [22][25][26][27][28]. sion. Cette structure pour l’écoulement est illustrée sur la figure 9.

Zone d'induction Zone de combustion Flamme


et de mélange prémélangée de diffusion Niveaux de
températures (K)
0,15
y (cm) 2
1 1 4 A 2000
0,10 2 4
Air 2 3 3 7 9 9 1920
5 8 9 A
8 8 1840
0,05 3 88 A AA
5 7 1760
1 6 6 7 6 6
4 5 6 1680
0,00 Stœchiométrie 1 1 3 4 3 5 4 4 5
3 5 1600
1 2
– 0,05 4 1520
H2 3 1440
– 0,10 2 1360
1 1280
– 0,15
0 5 10 15 20 25 x (cm)

Fraction massique
d'oxygène
0,15
y (cm) A 0,2118
A 6
0,10 A 8 5 4
Air A A 9 7 9 0,1906
8 6 1 8 0,1695
0,05 9 9 5 1
A A 988 6 4 7 0,1483
3 2 2 6 0,1271
0,00 6 7 7 2
5 4 5 0,1059
2 3 4 3 3
– 0,05 1 2 4 0,0847
H2 1 1 1 3 0,0635
– 0,10 2 0,0424
1 0,0212
– 0,15
0 5 10 15 20 25 x (cm)

Figure 9 – Structure d’ensemble du développement de la combustion dans une couche de mélange d’hydrogène et d’air supersonique :
représentation du champ de température et de la fraction massique d’oxygène [22]

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— lorsque la différence de vitesses devient plus importante, la


20 figure 10 montre que cette longueur d’induction passe par un maxi-
mum puis décroît. Ceci est dû à l’augmentation du dégagement de
15
chaleur par dissipation visqueuse dans la zone d’induction qui, en
augmentant la température de l’écoulement, diminue le temps
Longueur
chimique.
d'induction 10
(cm)
Air La figure 10 montre aussi que du fait de la position du point
5 Calcul zéro d’allumage (situé du côté de l’écoulement d’air) il est plus efficace,
dimension H2 pour diminuer la longueur d’induction en jouant sur la dissipation
visqueuse, d’augmenter la vitesse de l’écoulement d’hydrogène.
0
2500 5000 7500

uair ; uH2 (m . s–1)


Tair = TH2 = 1 200 K 2.2.4 Stabilisation de la combustion
par une onde de choc oblique
Figure 10 – Longueur d’induction de la combustion dans une couche
de mélange d’hydrogène et d’air en fonction de la vitesse
de l’écoulement d’hydrogène pour différentes valeurs Dans les systèmes du type accélérateur par effet stato ou dans le
de l’écoulement de l’air moteur à onde de détonation oblique (cf. [BE 8 341]), l’allumage de
la combustion et sa stabilisation dans un mélange d’oxydant et de
combustible en écoulement supersonique s’effectuent au moyen
On notera que, dans le cas présenté ici d’une combustion d’hydro- d’une, ou plusieurs, ondes de choc obliques. Le problème générique
gène dans l’air, la zone d’emballement de la réaction chimique prend de ce type de configurations est illustré sur la figure 11 : une onde
naissance du côté de l’écoulement d’air. Ceci est dû à la fois à de choc oblique prend naissance au nez d’un dièdre placé dans un
l’existence d’un grand coefficient de diffusion pour l’hydrogène et mélange réactif en écoulement supersonique ; cette onde de choc
à la composition du mélange hydrogène-air stœchiométrique, (soit est responsable d’une compression et d’une élévation de la tempé-
2H2 + O2 + 3,76 N2). Cette particularité a été observée dans tous les rature du mélange réactif qui conduit ensuite à un allumage de
cas de calculs effectués y compris dans des situations où dans les celui-ci ; le couplage qui s’effectue entre la zone de combustion et
conditions d’entrée, la température de l’hydrogène est supérieure à l’onde de choc oblique conduit à un renforcement de cette dernière
celle de l’air. et à une transition onde de choc oblique-onde de détonation obli-
que.
Lorsque l’écoulement est supersonique et comme nous l’avons
vu précédemment, dans le cas de la couche limite, la position du Ce problème a été étudié aussi bien numériquement [29] à [33]
point d’allumage (de la zone d’emballement du processus chimique) qu’expérimentalement [32][34][35][36][42]. La figure 11 [22] utili-
est influencée par la dissipation visqueuse. Ceci est illustré sur la sée ici comme illustration concerne le cas d’un mélange hydrogène-
figure 10 [22][25] où la longueur d’induction dans la couche de oxygène [3]. Suivant les conditions aérodynamiques et physico-
mélange est tracée pour différentes vitesses d’entrée pour l’écoule- chimiques du mélange en amont du dièdre, plusieurs types de tran-
ment d’hydrogène et pour l’écoulement d’air : sition peuvent être observés. Un autre problème important pour
cette configuration est la stabilité du système onde de choc oblique-
— lorsque, pour une vitesse donnée de l’écoulement de l’hydro- onde de détonation oblique. On trouvera une analyse détaillée des
gène, on augmente progressivement la vitesse de l’écoulement différents problèmes associés à cette configuration dans la réfé-
d’air, la longueur d’induction croît ; rence [37]. Un grand nombre de ces problèmes reste encore ouvert.

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Niveaux de
températures (K)
3
A 3100
5 8 9 2878
Détonation
6 8 2656
oblique
9 7 2433
5 6 2211
7 5 1989
4 1767
2 3 1544
2 1322
6 1 1100
4

1 8
2
6
4

H2 + Air
5

Onde de choc 3
oblique Zone de
transition

Zone d'induction

a niveaux de températures (p = 0,086 atm)

Niveaux de
6 pressions p (105 Pa)

2
A 3,54
9 3,33
3
8 3,12
7 2,91
6 6 2,64
5 2,47
4 2,26
3 2,05
2 1,83
5 4
5 1 1,62

2
3
4

2 5

Ondes de
Point triple 3 8 détente
5
6
5
1

Dièdre

b niveaux de pressions
b Surface du dièdre = 15 x 4 cm2

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