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LE ROLE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR DANS
LE DEVELOPPEMENT D'UNE CULTURE DE LA PAIX
EN AFRIQUE
PAR
MONSIEUR GOOLAM MOHAMEDBHAI
VICECHANCELIER DE L'UNIVERSITE
DE L'ILE MAURICE
1. INTRODUCTION
1.1 Si on commençait par définir ce que l'on comprend par la paix. Il faudrait dépasser cette vision
étroite de la paix qu'est un état sans guerre et sans désordre civile. La paix est bien plus que cela.
La paix signifie aussi la résolution des conflits par des moyens nonviolents et l'instauration des
valeurs universelles telles le respect de la vie, les droits de l'homme, la liberté, l'équité et la justice.
C'est la capacité de toutes les composantes d'une population à mener une vie décente, en toute
sécurité, dans un environnement sain et susceptible de se développer au niveau économique,
éducatif, social et culturel.
1.2 Les statisticiens sont là pour prouver que l'Afrique est un continent où l'on constate
constamment la fragilité de la paix. L'Afrique est en crise : crise économique, sociale, politique,
religieuse et crise de l'environnement. La plupart des sousrégions souffre des répercussions de
l'instabilité sociale, de la guerre et des conflits. Ce qui a amené l'Afrique à comptabiliser 6
millions des 13 millions réfugiés recensés en 1996(1). Le SIDA est un prix lourd à payer en terme
de vies humaines, alors que la dégradation de l'environnement et la population sans cesse
grandissante sont en train d'épuiser les ressources existantes. On constate aussi une montée du
fondamentalisme religieux. Il semble donc qu'il s'avèrerait primordial pour l'Afrique, plus que tout
autre continent au monde, d'établir une culture de la paix.
1.3 Les institutions de l'enseignement supérieur, plus particulièrement les universités, ont pour
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mission la formation de jeunes professionnels et des futurs meneurs de demain à travers des
programmes d'études, l'approfondissement de la connaissance à travers la recherche, d'offrir aussi
des services communautaires à travers des programmes extramuraux. De telles institutions en
Afrique ont un rôle significatif dans le développement de la culture de la paix et dans la réforme
de la situation présente. Ils aideront ainsi politiciens, chefs religieux et des organisations
internationales telles que les Nations Unies à atteindre le même but.
1.4 Ce document vise à démontrer comment les institutions de l'enseignement supérieur en
Afrique pourraient apporter leur contribution dans l'établissement d'une culture de la paix, et
souligne les activités déjà entamées.
2. L'ENSEIGNEMENT
2.1. La formation des professeurs des écoles primaires et secondaires est une activité importante
de l'enseignement supérieur en Afrique. Il est reconnu que les valeurs, les compétences et les
connaissances transmises par ces professeurs déterminent dans une large mesure la qualité de
l'éducation, et influencent par la même occasion l'attitude des élèves. Ceci est particulièrement
vrai au niveau primaire car le développement des attitudes sociales chez l'enfant se fait dès son
plus jeune âge. A Maurice par exemple, le fait de réunir des jeunes enfants de toutes les races et
religions dans les mêmes écoles, plus particulièrement au niveau préprimaire et primaire, de leur
donner la possibilité d'étudier ensemble et de se lier d'amitié, est un des facteurs qui contribue à
l'harmonie sociale d'une société multiraciale et multiculturelle. on devrait donc former les
professeurs afin qu'ils puissent inculquer des valeurs et des attitudes qui encourageraient la
tolérance, stimuleraient le respect pour la diversité culturelle, ethnique et religieuse et le respect
des droits de l'homme, sans oublier la Déclaration Universelle, les droits de l'enfant et les
méthodes d'apprentissage coopérative(2).
2.2 Les instituts pédagogiques ont aussi la responsabilité de préparer les programmes d'études
pour les écoles. Ces institutions doivent s'assurer que ces programmes traitent de sujets locaux,
régionaux, internationaux et des problèmes de paix et de droits de l'homme.
2.3 Au niveau universitaire, divers moyens existent pour promouvoir la culture de la paix à travers
les programmes d'études. En premier lieu, des modules relatifs à la paix pourraient être inclus aux
cours déjà existants dans des domaines tels que la science politique, les relations internationales,
l'histoire, la sociologie, le travail social, les études religieuses, la gestion, l'éducation, la
communication, la psychologie, l'anthropologie, etc. Il s'agit d'introduire une dimension de la paix
dans chacun de ces cours. Par exemple la matière "Résolution Alternative des Conflits" pourrait
être un module de la licence en droit, la matière "La Diplomatie Préventive" pourrait être un
module de la licence en science politique, alors que la matière "Coexistence Interethnique" serait
un module sur la paix dans tous les cours, même ceux de science et d'ingénierie.
2.4 Ces modules sont déjà inclus dans les cours offerts par plusieurs universités africaines. La
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licence en science politique de l'Université de DurbanWestville, par exemple, propose une
spécialisation dans les études sur la paix dans la dernière année d'études. Le Centre Africain pour
la Résolution Constructive des Disputes (ACCORD) a tout récemment compilé les modules sur
l'éducation de la paix de 30 universités de la sousrégion sud africaine(3). Il serait souhaitable que
le même exercice soit repris ailleurs dans d'autres sousrégions et que les programmes d'études
comprenant ces modules soient mis à la disposition de toutes les universités qui s'y intéressent. De
nouveaux modules pourraient aussi être créés. Le Centre pour les Etudes sur les Réfugiés de
l'Université Moi, qui fut fondé en 1990 suite aux conditions déplorables auxquelles devait faire
face un nombre conséquent de personnes déplacées dans la région des grands lacs de l'Afrique
orientale, décida d'inclure les trois modules suivants sur l'émigration forcée, au niveau de la
licence, à la Faculté des Etudes en Développement Social et Culturel : Les Réfugiés dans le
Contexte des Théories Politiques, Les Réfugiés au Sein de la Transformation Globale, Les Droits
de l'Homme et les Problèmes Spécifiques aux Réfugiés. A ce jour, quelques 450 étudiants de la
Faculté ont été exposés à ces modules(4).
2.5 On pourrait aussi envisager la mise sur pied de cours spécifiques, au niveau du deuxième ou
du troisième cycle, traitant de problèmes relatifs à la paix en Afrique. Des cours traitant des
problèmes liés aux réfugiés seraient particulièrement utiles. Comme on l'a déjà mentionné,
l'Afrique traverse une grave crise en terme du nombre croissant de réfugiés, et aura besoin de
jeunes africains formés qui pourraient faire face à cette situation complexe et qui, contrairement
aux expatriés, seront à même de saisir les nuances culturelles de leurs exigences. L'Université Moi
envisage de commencer un diplôme supérieur en émigration forcée d'une durée d'un an pour
l'année académique 1997/98. Ce cours est destiné aux fonctionnaires, aux membres
d'organisations, et à ceux qui souhaitent poursuivre une carrière académique(4). L'Association des
Universités Africaines (AUA) et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés
(UNHCR) projetent aussi de travailler sur un programme d'études d'une durée de deux ans sur les
Réfugiés et les Droits Humanitaires dans les universités africaines. Le but de ce cours serait de
"développer chez les Africains une culture et des aptitudes de gestion afin qu'ils puissent proposer
des solutions aux problèmes des réfugiés et des droits humanitaires, et en ce faisant on pourrait
ainsi minimiser ou se passer de l'apport des gestionnaires expatriés pour résoudre les crises
d'ordre humanitaires sur le continent"(1).
2.6 Un autre domaine important pour les cours universitaires est la prévention et la gestion des
conflits. ACCORD, qui s'est associé à 5 universités historiquement noires de l'Afrique du Sud, a
déjà préparé l'ébauche de deux cours sur les Etudes des Conflits, notamment une licence d'une
durée de trois ans et une maîtrise d'une année(3). ACCORD, s'est largement inspiré du programme
d'étude de cours similaires dispensés aux Etats Unis, en Europe, en Asie et en Australie pour la
préparation de ce nouveaux cours. Ces cours vont donc débuter dans les cinq universités associées
et l'ébauche de ces programmes d'études sera mise à la disposition d'autres universités africaines.
2.7 Une autre façon d'aborder le développement d'une culture de la paix dans les universités
africaines serait de "régionaliser" ou même "internationaliser" les activités académiques. On
devrait sensibiliser les étudiants sur la question de l'interdépendance des pays de la région au point
de vue politique, économique, social, culturel et écologique. Ils devraient aussi apprendre à
apprécier les différentes cultures et valeurs africaines, et être conscients des problèmes aigus qui
sévissent dans la région tels que la dégradation de l'environnement, l'explosion démographique, la
violation des droits de l'homme, la propagation de maladies telles le SIDA, etc., et être en mesure
de débattre de ces problèmes et de proposer des solutions concrètes. Ils devraient également
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reconnaître la valeur de l'interdépendance globale des pays et des effets de la politique
internationale sur la région. Ils devraient aussi être au courant du rôle et des fonctions
d'organisations internationales, plus particulièrement celles des Nations Unies. Tous les étudiants,
quelles que soient leurs disciplines, devraient chaque année suivre un module optionnel
concernant la région : une langue d'une autre région, l'histoire ou la politique de la région, les
droits de l'homme et les problèmes de l'environnement propres à l'Afrique. En développant chez
ces jeunes africains, quel que soit le choix de leurs carrières ou professions, une vision plus
éclairée et plus globale des pays de la région, ils seront plus tard plus capables d'aborder les
problèmes de paix de la région.
2.8 Les échanges d'étudiants entre les universités, soit pour une courte durée pendant les vacances
ou pour des périodes plus étendues d'un ou deux semestres, est une autre façon excellente à
promouvoir la paix et l'entente. Les effets bénéfiques seront encore plus significatifs en ce qui
concerne les échanges entre pays de croyances et de cultures différentes ou opposées. Plusieurs
programmes d'échanges d'étudiants existent déjà et les universités africaines devraient en profiter
pleinement. On devrait surtout encourager les échanges d'étudiants entre les pays d'Afrique. Les
universités africaines devraient aussi encourager les étudiants d'autres pays d'Afrique à s'inscrire à
leurs cours.
2.9 Le "Model United Nations"(MUN) est un programme conçu essentiellement pour des
étudiants du secondaire où des groupes d'étudiants s'attribuent le rôle de délégations diplomatiques
des pays membres des Nations Unies, et discutent des problèmes majeurs sur l'agenda
international lors d'un simulacre d'une assemblée générale des Nations Unies. Ce programme se
déroule au niveau national, régional et international. Il offre la possibilité aux étudiants de
comprendre les dessous du système des Nations Unies, d'apprécier le point de vue politique de
plusieurs pays et surtout de discuter des sujets fondamentaux d'intérêt international tels que
l'environnement, le développement social et économique, les droits de l'homme et l'instabilité
politique. Depuis son introduction dans les écoles secondaires à l'Île Maurice il y a quelques
années, le MUN a été perçu comme un programme qui encouragerait l'entente internationale,
élargirait la vision et améliorerait les aptitudes en communication des participants. Ce programme
devrait s'étendre à toutes les universités africaines car il aiderait à promouvoir une culture de la
paix en Afrique. L'AUA, en collaboration avec les agences concernées des Nations Unies,
pourraient jouer un rôle proéminent dans l'avancement de ce programme.
2.10 Une façon plutôt indirecte mais aussi efficace de développer une culture de la paix en Afrique
est de permettre à un plus grand nombre de femmes de suivre des cours à l'université(1). Le
nombre de femmes étudiants est très minime dans les universités africaines. La mère est la
personne la mieux placée pour transmettre à l'enfant les valeurs et les attitudes qui encourageraient
la tolérance, la compréhension et le respect des autres ; et une mère éduquée est bien mieux
équipée à le faire qu'une mère nonéduquée. Les femmes ont aussi une influence sur leurs enfants
et leurs familles en ce qui concerne l'éducation, la santé et les valeurs culturelles, et si elles sont
éduquées elles peuvent avoir un impact très positif sur leurs familles et la société en général.
Prévoir l'enseignement supérieur pour les femmes est donc une priorité de plus pour l'Afrique. L'
AUA en est conscient et a déjà inclus cet aspect de la question dans son programme d'activités
pour la période 19972000.
3. LA RECHERCHE
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3.1 De par le grand nombre de conflits existants dans la région, les chercheurs africains ont à leur
disposition un vaste champ d'action pour la recherche en gestion de conflits. Parmi les sujets à
étudier, une estimation des causes profondes de conflits spécifiques, l'identification des différences
(culturelles, ethniques et politiques) majeures qui conduisent généralement à un conflit, les
techniques de résolutions à mettre en pratique pour éviter ces conflits, et la réussite de telles
techniques, etc. Il faut admettre que le conflit est un fait indéniable de la vie des hommes et qu'il
ne peut être toujours évité. En fait, il arrive qu'un conflit peut s'avérer positif s'il amène avec lui
créativité et changement. On peut avoir un conflit dans un environnement paisible pourvu qu'il ne
dégénère pas en violence. Une recherche centrée sur les origines et la gestion des conflits aiderait
les "décideurs" à empêcher une telle dégénération.
3.2 La résolution des conflits a été mise en pratique en Afrique pendant des décennies, mais il y a
eu très peu de recherche ou de documentation sur les expériences acquises des interventions
réussies ou soldées par un échec. De telles recherches sont d'une importance capitale pour la
gestion des conflits futurs. Fait intéressant à noter, l'initiative d'ACCORD qui propose de publier,
de façon biannuelle, "Le Journal Africain sur la Résolution des Conflits", le premier journal de ce
genre en Afrique (5). Ce journal facilitera sans aucun doute la publication des résultats des
recherches portant sur les résolutions des conflits en Afrique.
3.3 Un autre sujet important de recherche est le problème des réfugiés. Il faudrait axer la recherche
sur la source même des causes et des conséquences des mouvements de personnes, les conditions
de vie déplorables des réfugiés en pays étrangers, la gestion des camps de réfugiés, le rôle des
femmes au sein de ces camps, l'éducation des enfants réfugiés, et le réétablissement des réfugiés
dans leurs pays d'origine à la fin de la guerre. Le Centre pour les Etudes sur les Réfugiés de
l'Université Moi est sur le point de terminer deux programmes de recherche sur la politique des
réfugiés au Kenya, et la gestion et la coordination des interventions humanitaires et autres
assistances au Kenya, Ouganda et Tanzanie(4). Les chercheurs africains des universités situées
dans des pays où se trouvent des réfugiés devraient suivre l'exemple de l'Université Moi et se
lancer dans ce type de recherche.
3.4 L'UNESCO, à travers son Programme sur la Culture de la Paix, a relancé la recherche et autres
activités académiques dans le domaine des études sur la paix en créant des Chaires UNESCO pour
la Culture de la Paix. Une Chaire a été créée à l'Université de DurbanWestville en Afrique du
Sud(6). Une autre Chaire est prévue à l'Université de Cocody en Côte d'Ivoire(7). Cellelà va
entreprendre de la recherche et de l'enseignement au niveau du troisième cycle afin de promouvoir
la démocratie, les droits de l'homme, un esprit de tolérance et d'autres valeurs susceptibles
d'instaurer une paix durable. La création de telles Chaires permet à une institution ou une sous
région de coordonner, de se concentrer sur, et de promouvoir des études sur la paix. Ceci est
évident à l'Université de DurbanWestville, où a aussi été créé l'Institut GandhiLithuli pour la
Paix, portant les noms de deux leaders internationaux qui s'étaient engagés à proclamer la
politique de nonviolence afin de maintenir la paix. Cet institut cherche à promouvoir la paix à
travers la recherche, la dissémination de théories, de principes et de stratégies de nonviolence.
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3.5 Bon nombre de pays sont multiraciaux, multiethniques, et multiculturels et on pourrait
penser qu'ils portent en eux les germes de conflits éventuels ; et pourtant ces pays ont une longue
histoire de stabilité, de paix et d'harmonie. Mon pays, l'Ile Maurice, en est un ; les îles Caraïbes
aussi. Il serait utile d'étudier le contexte socioculturel de ces pays afin de comprendre les dessous
de cette stabilité, et de voir comment les transposer à des régions semblables mais où règnent des
conflits perpétuels.
3.6 Les domaines de la recherche que nous avons abordés jusqu'à l'heure ont trait aux guerres ou
aux conflits. Toutefois, l'absence de la paix peut aussi résulter d'autres facteurs tels que l'instabilité
économique ou sociale. Il y a par exemple, le taux croissant de crimes et l'insécurité dans les cités
africaines. Quelles en sont les causes ? Sontelles dues à l'explosion démographique, ou le
mouvement de la population des régions rurales, ou encore à l'effet de la drogue ? Le
fondamentalisme religieux prend de plus en plus de l'ampleur. Qu'estcequi pousse les religions à
engendrer la division et la haine plutôt que la paix et l'harmonie ? La démocratisation a été
acclamée dans plusieurs pays du continent. Ce concept de démocratisation atil été introduit trop
rapidement ? Atil été bénéfique ou atil entraîné de nouvelles sources de conflits ? Autant de
possibilités pour la recherche par les universités et les instituts de recherche africains, dont les
résultats aideront certainement à prendre les décisions qui s'imposent pour l'avancement d'une
culture de la paix.
4. SERVICES COMMUNAUTAIRES
4.1 L'organisation de conférences et d'ateliers de travail par les universités aide énormément à
informer le public et à le sensibiliser aux sujets relatifs à la paix. Plusieurs universités en Afrique
ont suivi le pas. L'Université de Juba au Soudan a organisé une conférence sur la paix et le
développement en 1993(8). Les participants comprenaient des universitaires, des intellectuels et
des fonctionnaires du gouvernement. Lors de cette conférence, il y eut des discussions franches
sur des sujets délicats ayant trait à la paix au Soudan. Le Centre pour les Etudes sur les Réfugiés
de l'Université Moi, en collaboration avec les agences des Nations Unies, le gouvernement, les
ONGs et les églises, organisent régulièrement à l'égard des leaders de différentes communautés,
des ateliers de travail sur l'instauration de la paix afin de promouvoir la réconciliation, diminuer
les conflits et faire connaître les techniques de résolution des conflits(4). Il y a à peu près 6 ans de
cela, l'Association Internationale des Présidents d'Universités (IAUP) a mis sur pied une
commission mixte IAUP/Nations Unies sur l'Education du Désarmement, la Résolution des
Conflits et la Paix. Cette commission a organisé plusieurs conférences sur la paix dans différentes
parties du monde(9). Le Conseil pour l'Afrique et le MoyenOrient de l'IAUP a aussi organisé en
Egypte en février 1997, une conférence sur "Le rôle des universités dans l'instauration de la paix
dans le monde". Les thèmes abordés comprenaient de nouveaux concepts pour l'avancement de la
paix, les expériences et les mécanismes déjà existants pour promouvoir la paix en Afrique, le
développement économique et la paix dans le monde.
4.2 Les universités pourraient aussi organiser des cours de courte durée sur des thèmes aussi
divers que les techniques de médiation des disputes, la gestion de conflits, les droits de l'homme,
les processus de démocratisation, la gestion des camps de réfugiés, etc. Les groupes visés pour ces
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cours seraient les parlementaires, le personnel militaire, les diplomates, les chefs religieux et
communautaires, les fonctionnaires de l'état, et le personnel des ONGs. L'étude entreprise par
ACCORD a révélé que pas mal d'universités dans la région sud africaine offrent déjà ces cours.
L'association ACCORD ellemême projete d'offrir des cours de courte durée sur la diplomatie
préventive, le maintien de la paix et la résolution des conflits(5). On pourrait aussi donner la
possibilité aux personnes intéressées de suivre à côté des étudiants universitaires à plein temps,
des modules inclus dans les programmes d'études des cours du deuxième et du troisième cycle.
4.3 Dans des régions frappées par un nombre important de personnes déplacées, les universités
pourraient jouer un rôle important en apportant du réconfort à ces réfugiés. Les difficultés
auxquelles font face les réfugiés dans les camps sont très diverses : un meilleur habitat, une eau
potable de meilleure qualité, l'éducation des enfants, les soins de la santé, etc. Des étudiants
universitaires dans divers domaines tels que la science, l'ingénierie, la médecine, l'éducation,
l'agriculture, la sociologie, la psychologie pourraient apporter une contribution très louable à
l'encontre de ces camps de réfugiés en leur consacrant un peu de leur temps pendant les vacances.
Les étudiants de l'Université Moi(4) sont déjà engagés dans ce genre d'activité. De tels
programmes seraient bénéfiques aux réfugiés ainsi qu'aux étudiants, car à travers ces expériences
acquises sur le terrain, ces derniers deviendront plus conscients des crises qui frappent leurs pays
en terme de réfugiés. A leur retour à l'université, les étudiants pourraient aussi entreprendre des
études plus poussées sur quelquesuns des problèmes à travers des projets ou des dissertations.
4.4 Les chercheurs des universités africaines, en se regroupant et en arrivant à un consensus sur les
points litigieux concernant la paix en Afrique, pourraient aussi donner une direction et une vision
éclairée à tout le continent. Seuls, dans leurs pays respectifs, ils ne pourraient se faire entendre,
mais une prise de position commune pourrait avoir l'impact souhaité pas seulement en Afrique
mais dans le monde entier. Par exemple, en 1986; à Séville en Espagne une équipe
pluridisciplinaire de spécialistes se retrouvèrent pour présenter "Le Manifeste de Séville sur la
Violence", un manifeste scientifique qui mettait au défi la croyance populaire que la guerre était
une nécessité biologique, et qui soutenait que la guerre était en fait une invention sociale et qu'elle
pouvait être remplacée par une autre invention, la paix(10)". Ne pourraiton pas envisager que les
chercheurs éminents de l'Afrique, soutenus par leurs homologues des autres universités du monde,
puissent se rencontrer et présenter un manifeste sur les points brûlants menaçant la paix en
Afrique ?
5. CONCLUSIONS
5.1 Les établissements d'enseignement supérieur en Afrique peuvent donc, à travers
l'enseignement, la recherche et les programmes extramuraux, aider à développer une culture de la
paix en s'assurant que la société soit bien informée, qu'elle développe une attitude de tolérance et
de compréhension, qu'elle soit libérée des préjugés et des conceptions erronées, et qu'elle soit
capable d'évaluer de façon critique, objective et intelligente les crises passées et présentes.
5.2 Il parait que plusieurs universités de plusieurs régions d'Afrique se sont déjà engagés sur des
programmes pour la paix. Toutefois, il n'existe pas un inventaire complet de ces programmes. Il
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est donc impératif qu'une étude soit entreprise sur toutes les activités existantes ayant trait à la paix
dans les établissements d'enseignement supérieur en Afrique afin que cette information puisse être
communiquée à d'autres institutions qui en bénéficieraient. Une telle étude pourrait être entreprise
sous l'égide de l'AUA.
5.3 La coordination et l'avancement des études sur la paix dans un certain nombre de sousrégions
de l'Afrique se sont concrétisés grâce à la création des Chaires UNESCO pour la Culture de la
Paix. De telles Chaires devraient être créées dans d'autres sousrégions de l'Afrique.
5.4 On peut bien sûr avancer l'argument que les universités africaines, étant elles mêmes affligées
de crises internes et de conflits, ne sont pas bien placées pour promouvoir la paix. Mais il s'agit de
bien se rendre compte que les universités ne sont que des reflets de la société, des régions où elles
se trouvent. En prenant la responsabilité de promouvoir une culture de la paix dans leurs pays
respectifs, les universités trouveront peutêtre, par la même occasion, des solutions à leurs
problèmes internes.
R E F E R E N C E S
1. KWAKWA, E. "The Response of African Universities to Social
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10. "Le Manifeste de Séville sur la Violence : Préparer le
terrain pour la construction de la Paix". UNESCO, 1991.
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