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UNIVERSITÉ DE GABÈS

FACULTÉ DES SCIENCES DE GABÈS


département de mathématiques

Mémoire de Mastère en Mathématiques

Titre :

Zéros des polynômes orthogonaux

Présenté par :

Kaouthar HZAMI

Directeur de Mémoire : Med. Jalel ATIA

Soutenu publiquement le 14 Mai 2010


devant la commission d’examen composée de :

Khlifa DEBBEK Président


Med Jalel ATIA Directeur
Ridha SFAXI Examinateur

Année Universitaire : 2009-2010


Dédicaces

Avec admiration et gratitude je dédie ce travail

À mes parents pour leur aide et leurs encouragements constants.

À mes soeurs, à mon frère et particulièrement à ma soeur SIHEM pour sa présence à


mon côté au moments difficiles.
Remerciements

Je remercie Mr. Med Jalel ATIA pour son engagement dans la direction de ce mémoire.
En plus de ses qualités humaines et ses précieux conseils, j’apprécie la liberté qu’il m’a
accordée durant ce travail.

Mes remerciements s’adressent également à Mr. Ridha SFAXI pour le plaisir qu’il me
fait en rapportant sur mon travail et en faisant partie du Jury.

Je remercie Mr. Khlifa DEBBEK pour avoir accepté de présider le Jury.

Avec beaucoup d’égard, je tiens à remercier Mr. Jilani ALAYA pour ses suggestions et
ses conseils pertinents.

Une pensée particulière pleine de reconnaissance est adressée à Houmem


BELKHECHINE pour son écoute, ses conseils et son soutien aux moments crucials.

Je remercie enfin mes collègues Samiha HAYDRI et Majed BEN ABDALLAH pour leur
aide, leur attention et leurs gentilles pensées.
Table des matières

Introduction 5

1 Préliminaires et notations 10
1.1 Orthogonalité d’une suite de polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2 Relation de récurrence à trois termes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3 Les polynômes orthogonaux classiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3.1 Les polynômes de Jacobi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3.2 Les polynômes de Laguerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.3.3 Les polynômes d’Hermite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

2 Les zéros des polynômes orthogonaux à poids positifs 15


2.1 Propriétés élémentaires des zéros . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.1 Entrelacement des zéros . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.1.2 La quadrature de Gauss-Jacobi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.1.3 Théorème de séparation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.1.4 Densité des zéros . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.2 Les zéros des polynômes orthogonaux classiques . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2.1 Propriétés élémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2.2 Les variations des zéros dépendant d’un paramètre . . . . . . . . . 46

3 Théorème de comparaison de Sturm et applications 52


3.1 Théorème de comparaison de Sturm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

3
3.2 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.2.1 Cas des polynômes de Jacobi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.2.2 Cas des polynômes de Laguerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

4 Zéros et quasi-orthogonalité 75
4.1 Définition et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
4.2 La quasi-orthogonalité d’ordre 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
4.3 La quasi-orthogonalité d’ordre 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
4.4 La quasi-orthogonalité de quelques polynômes classiques . . . . . . . . . . 86

Références 95

Index 96

4
Introduction

L’étude des zéros des polynômes orthogonaux est utile non seulement en mathématiques,
notamment en théorie d’approximation et d’intégration, mais aussi dans beaucoup d’autres
domaines surtout la physique. Par exemple, les zéros des polynômes ultrasphériques
peuvent être interprétés comme suit :
Supposons que deux charges électriques sont placées en x = 1 et x = −1. Supposons
qu’il y a n ≥ 2 charges réparties dans l’intervalle [−1, 1]. Alors, quand le système at-
teint son équilibre, les positions de ces charges coı̈ncident avec les zéros d’un polynôme
ultrasphérique.
Tous les polynômes considérés dans ce mémoire sont à coefficients réels. Nous touchons
principalement les zéros des polynômes orthogonaux à poids positifs et bien entendu notre
attention tout au long ce travail portera particulièrement sur les zéros des polynômes or-
thogonaux classiques, tout en signalant qu’il y a encore beaucoup à faire même dans
ce cas qui est considéré comme le plus simple vu qu’on en connaı̂t des caractérisations.
La théorie des zéros est encore non étudiée dans le cas des polynômes semi-classiques,
de Laguerre-Hahn et de second ordre à poids quelconques. On étudie globalement des
méthodes de localisation, d’estimation et de séparation des racines.
Le mémoire est organisé en quatre chapitres. Le premier chapitre est introductif. On y
trouvera des rappels ainsi que des notations de base sur les polynômes orthogonaux :
- Orthogonalité : Une suite {Pn }n≥0 de polynômes est dite orthogonale dans un intervalle
[a, b] par rapport à la fonction poids ω lorsqu’elle vérifie la relation suivante :
Z b
ω(x)Pn (x)Pm (x)dx = rn δn,m , rn 6= 0, n ≥ 0, m ≥ 0.
a

5
- Relation de récurrence à trois termes : Toute suite {Pn }n≥0 de polynômes unitaires et
orthogonaux dans [a, b] par rapport à ω vérifie la relation de récurrence à trois termes
suivante :

 P = 1 , P (x) = x − β ,
0 1 0
 P (x) = (x − β )P (x) − γ P (x), γ
n+2 n+1 n+1 n+1 n n+1 6= 0, n ≥ 0.

Ainsi que l’étude des polynômes orthogonaux classiques qui sont les polynômes d’Hermite,
de Laguerre, de Jacobi et de Bessel. Nous excluons ce dernier cas car ces polynômes ne
sont pas orthogonaux par rapport à un poids positif.
On donnera pour les trois premières familles l’équation différentielle, la formule de Ro-
drigues ainsi qu’une relation de récurrence donnée dans [20].
Le deuxième chapitre traite le cas de polynômes orthogonaux à poids positifs.
On montre que les racines sont réelles, distinctes et à l’intérieur de l’intervalle d’intégration,
lequel peut être fini ou infini.
Nous rappelons l’identité de Christoffel-Darboux : Étant donnée une suite {Pn }n≥0 de
polynômes orthogonaux par rapport à poids positif, on a

0
Pn+1 (x)Pn (x) − Pn0 (x)Pn+1 (x) > 0.

Cette identité est utile pour établir la simplicité des racines, le fait qu’elles sont réelles, le
fait que deux polynômes consécutifs n’ont pas de racines communes, ainsi que la propriété
d’entrelacement qu’on peut l’énoncer comme suit : soient P et Q deux polynômes de degrés
respectifs n et m avec n < m, sans zéros communs et dont toutes les racines sont simples.
On dit que les zéros de Q et P entrelacent lorsque chaque zéro de P est entre deux zéros
de Q et lorsqu’il existe au plus un zéro de P entre chaque paires de zéros consécutifs de
Q.
Nous montrons que les zéros de Pn et Pn+1 entrelacent. En utilisant le théorème de Rolle,
on obtient que les zéros de Pn et Pn0 entrelacent. De plus, nous prouvons que si Pn dépend
∂Pn (x, c)
d’un paramètre c, alors les zéros de Pn (x, c) et P˙n (x, c) = entrelacent [17]. Dans
∂c
la même direction, A.F.Beardon en 2010 a introduit le théorème suivant :
On considère un polynôme

q(x) = (x − w1 )(x − w2 ) . . . (x − wn+1 ).

6
avec w1 < w2 < · · · < wn+1 . Soit r un polynôme unitaire de degré m < n + 1 tel que ses
zéros sont réels, simples et tel que r n’admet pas de zéros communs avec q. Si on écrit
n+1
r(x) X Aj
= ,
q(x) j=1
x − wj

où les Aj sont réels, alors les zéros de q et r entrelacent si et seulement si exactement m
parmi les n produits Aj Aj+1 , j = 1, . . . n, sont positifs.
De plus, si deg r = deg (q) − 1, alors les zéros de q et r entrelacent si et seulement si Aj
est positif, j = 1, . . . , n + 1.
Par ce théorème, Nous redémontrons que les zéros de Pn et Pn+1 entrelacent. de plus,
si Pn et Pn+2 n’ont pas des racines communes, alors les zéros de Pn+2 et (x − βn+1 )Pn
entrelacent. Enfin, nous donnons une autre relation de récurrence à trois termes :

Um (x)Pn+m (x) = Sm (x)Pn+m−1 (x) + (−1)m λn . . . λn+m−2 Pn (x),

avec deg Um = m − 2 et deg Sm = m − 1, afin de montrer que si Pn et Pn+m n’ont pas


des racines communes, alors les zéros de Pn et Pn+m entrelacent. On s’intéresse après à la
formule de quadrature de Gauss : Étant donnés des réels x1 < x2 < · · · < xn , x1 , x2 , . . . , xn
sont les zéros de Pn si et seulement si il existe des nombres réels λ1 , λ2 , . . . , λn tels que
Z b
ρ(x)ω(x)dx = λ1 ρ(x1 ) + λ2 ρ(x2 ) + · · · + λn ρ(xn )
a

pour tout polynôme ρ de degré ≤ 2n − 1.. On rappelle que les méthodes de quadrature
sont des approximations de la valeur numérique d’une intégrale par une somme pondérée
prise en un certain nombre de points du domaine d’intégration, ces points, dans notre cas,
sont des racines de polynômes orthogonaux.
Après, on étudie les zéros des polynômes orthogonaux classiques. En particulier, on re-
trouve toutes les propriétés citées au début de ce chapitre en se basant sur :
- l’équation différentielle qui montre la simplicité des zéros et que les bornes de l’intervalle
d’orthogonalité ne sont pas des racines ;
- la formule de Rodrigues qui conduit à déduire que les zéros sont à l’intérieur de l’inter-
valle d’orthogonalité ;
- le théorème de Laguerre qui permet de conclure que les zéros sont réels et à l’intérieur

7
de l’intervalle d’orthogonalité.
Ensuite, nous nous limitons aux polynômes de Jacobi et de Laguerre afin d’étudier le sens
dxν
de variation des zéros en prenant comme variables leurs paramètres ( > 0 dans le cas

∂xν ∂xν
des polynômes de Laguerre, et < 0, > 0 dans le cas des polynômes de Jacobi).
∂α ∂β
L’intérêt de cette étude est d’encadrer les racines des polynômes de Jacobi par les zéros
des polynômes de Tchebychev de première et de seconde espèce et d’encadrer les racines
des polynômes de Laguerre par les zéros des polynômes d’Hermite.
Dans le troisième chapitre, nous abordons les estimations et les encadrements des zéros
à l’aide d’un outil, fréquemment utilisé, à savoir le théorème de comparaison de Sturm
[1, 2, 3, 12, 11, 19]. Ce théorème donne un lien entre deux solutions de deux équations
différentielles linéaires d’ordre deux comme suit : Soient y(x) et Y (x) deux solutions non
triviales des équations différentielles suivantes :

y 00 + f (x)y = 0 , Y 00 + F (x)Y = 0

et soient x1 , x2 , ..., xm et X1 , X2 , ..., Xm les zéros consécutifs de y et de Y , respectivement,


dans un intervalle ]a, b[. On suppose que f et F sont continues.Si
- f (x) < F (x) , a < x < xm
- lim+ [y 0 (x)Y (x) − y(x)Y 0 (x)] = 0
x→a
alors Xk < xk k = 1, ..., m. Si la solution de l’une de ces deux équations s’exprime
à l’aide de polynômes orthogonaux, ce théorème permet d’encadrer les solutions de ces
polynômes entre deux solutions consécutives de l’autre équation. Comme application, on
se limite aux cas des polynômes de Jacobi et de Laguerre.
Dans le dernier chapitre, on considère la quasi-orthogonalité afin d’étudier quelques situa-
tions singulières. Par exemple, on traite les paramètres α < −1 ou β < −1 dans le cas des
polynômes de Jacobi [5]. Nous donnons d’abord la définition de la quasi-orthogonalité :
étant donné un polynôme Rn de degré n > r, le polynôme Rn est quasi-orthogonal d’ordre
r lorsqu’il vérifie les conditions suivantes :

Z b
k
 0, pour k = 0, . . . , n − r − 1,
x Rn (x)ω(x)dx =
a  6= 0 , pour k = n − r,

8
où ω est une fonction poids définie positive sur l’intervalle [a, b] [6].
Puis, on donne une condition nécessaire et suffisante pour que le polynôme Rn soit quasi-
orthogonal en l’exprimant au moyen d’une combinaison linéaire de polynômes orthogo-
naux.
On trouve également des résultats supplémentaires sur la localisation des zéros d’un po-
lynôme quasi-orthogonal par rapport à l’intervalle d’orthogonalité : Si Rn est un polynôme
quasi-orthogonal d’ordre r dans par rapport à la fonction poids ω, définie positive sur [a, b],
alors au moins (n − r) zéros distincts de Rn sont à l’intérieur de ]a, b[.
Nous examinons, en particulier, les cas r = 1 et r = 2, c’est-à-dire la quasi-othogonalité
d’ordre 1 ou 2 [7, 9, 16, 18]. Par exemple, pour la quasi-othogonalité d’ordre 1, on a
Rn (x) = Pn (x) + an Pn−1 (x), an 6= 0. Nous donnons des conditions sur an afin d’obtenir
que tous les zéros de Rn sont à l’intérieur de [a, b].
Nous appliquons enfin les résultats obtenus aux polynômes de Jacobi et de Laguerre,
lorsque les restrictions sur leurs paramètres ne sont pas satisfaites [5].

9
Chapitre 1

Préliminaires et notations

Dans ce chapitre, on rappelle les notions élémentaires sur les polynômes orthogonaux
utilisées dans ce mémoire.

1.1 Orthogonalité d’une suite de polynômes


Définition 1.1.1. [20] Une suite {Pn }n≥0 de polynômes est dite orthogonale dans un
intervalle [a, b] par rapport à la fonction poids ω lorsqu’elle vérifie la relation suivante :
Z b
ω(x)Pn (x)Pm (x)dx = rn δn,m , rn 6= 0, n ≥ 0, m ≥ 0. (1.1)
a

La suite {Pn }n≥0 est dite orthonormale si rn = 1, pour tout n ∈ N.


Un polynôme est unitaire lorsque le coefficient du terme de plus haut degré est égal à 1.

Corollaire Soit {Pn }n≥0 une suite orthogonale dans [a, b] par rapport à ω.
Si {Qn }n≥0 est une autre suite de polynômes qui vérifie
 Z b
ω(x)xk Qn+r (x)dx = 0, 0 ≤ k ≤ n − 1,



a
Z b
ω(x)xn Qn+r (x)dx 6= 0, n ≥ 0,



a

alors
n+r
X
Qn+r = λi Pi (x), λi ∈ C, n, r ∈ N.
i=n

10
1.2 Relation de récurrence à trois termes
Théorème 1.2.1. [20] Toute suite {Pn }n≥0 de polynômes unitaires et orthogonaux dans
[a, b] par rapport à ω vérifie la relation de récurrence à trois termes suivante :

 P = 1 , P (x) = x − β ,
0 1 0
(1.2)
 P (x) = (x − β )P (x) − γ P (x), γ 6= 0, n ≥ 0.
n+2 n+1 n+1 n+1 n n+1

Preuve. La division euclidienne de Pn+2 par Pn+1 donne


n
X
Pn+2 (x) = (x − βn+1 )Pn+1 (x) − λn,j Pj (x).
j=0

Comme {Pn }n≥0 est une suite orthogonale par rapport à ω dans [a, b], alors d’après (1.1)
pourZi = 0, 1, . . . , n − 1, on a : Z
b b
0= ω(x)Pi (x)Pn+2 (x)dx = ω(x)(x − βn+1 )Pi (x)Pn+1 (x)dx−
a a
Xn Z b Z b Z b
λn,j ω(x)Pi (x)Pj (x)dx = w(x)Pi+1 (x)Pn+1 (x)dx−βn+1 ω(x)Pi (x)Pn+1 (x)dx
j=0 a a a
Rb Rb
−λn,i a
ω(x)Pi2 (x)dx = −λn,i a
ω(x)Pi2 (x)dx.

Donc, on a λn,i = 0, pour i = 0, 1, . . . , n − 1.


Pour i = n, on a
Z b Z b Z b
0= ω(x)Pn (x)Pn+2 (x)dx = ω(x)xPn (x)Pn+1 (x)dx − βn+1 ω(x)Pn (x)Pn+1 (x)dx
a Z b a Z a
b Z b
−λn,n ω(x)Pn2 (x)dx = 2
ω(x)Pn+1 (x)dx − λn,n ω(x)Pn2 (x)dx.
a a a
Rb2
ω(x)Pn+1 (x)dx
D’où λn,n = γn+1 = Ra b . 2
w(x)P 2 (x)dx
a n

Théorème 1.2.2. [20] Toute suite orthonormale {Pn }n≥0 de polyômes vérifie la relation
de récurrence suivante :

Pn (x) = (An x + Bn )Pn−1 (x) − Cn Pn−2 (x), pour n ≥ 1 (1.3)

avec P−1 (x) = 0 et P0 (x) = 1.


De plus,
kn An kn kn−2
An = , Cn = = 2 ,
kn−1 An−1 kn−1
où kn le coefficient du terme de plus haut degré de Pn .

11
Preuve. La relation de récurrence se démontre comme dans la preuve du théorème précédent.
Pour le calcul de An et de Cn , on obtient An en identifiant le coefficient de xn dans les deux
kn
membres de l’identité (1.3), ce qui revient à écrire kn xn = An kn−1 xn et donc An = .
kn−1
Pour le calcul Cn on utilise la relation d’orthogonalité suivante :
Z b Z b
0= ω(x)Pn (x)Pn−2 (x)dx = An ω(x)Pn−1 (x)xPn−2 (x)dx − Cn ,
a a

or Z b Z b
ω(x)Pn−1 (x)xPn−2 (x)dx = ω(x)Pn−1 (x)(kn−2 xn−1 + . . . )dx
a a
kn−2 b
Z
2 kn−2
= ω(x)Pn−1 (x)dx = ,
kn−1 a kn−1
kn−2 kn−2 An
d’où, on obtient An − Cn = 0. Par suite, Cn = An = . 2
kn−1 kn−1 An−1

1.3 Les polynômes orthogonaux classiques


Les polynômes orthogonaux classiques sont : les polynômes d’Hermite, les polynômes
de Laguerre, les polynômes de Jacobi et les polynômes de Bessel [20].
Les sous-paragraphes qui suivent définissent les polynômes orthogonaux classiques sauf
ceux de Bessel.
En outre, nous donnons pour chacune de ces trois familles :
1) Une équation différentielle satisfaite par ces polynômes.
2) Une formule explicite appelée formule de Rodrigues.
3) Caractérisation par une relation de récurrence.

1.3.1 Les polynômes de Jacobi


(α,β)
Les polynômes de Jacobi notés Pn , α > −1 et β > −1, sont les polynômes ortho-
gonaux dans [−1, 1] par rapport à la fonction poids

ω(x) = (1 − x)α (1 + x)β , α > −1, β > −1.

C’est-à-dire

Z 1  0, si n 6= m,
(1 − x)α (1 + x)β Pn(α,β) (x)Pm(α,β) (x)dx =
−1  6= 0, si n = m.

12
Les polynômes de Jacobi contiennent comme cas particuliers ceux de Gegenbauer
(α = β) dont les cas particuliers les bien connus sont :
,→ α = β = 0 : les polyn^ omes de Legendre.
1
,→ α = β = − : les polyn^ omes de Tchebychev de première espèce notés Tn .
2
1
,→ α = β = : les polyn^ omes de Tchebychev de seconde espèce notés Un .
2
Nous trouvons dans [20] les propriétés suivantes des polynômes de Jacobi

1. Équation différentielle.
(α,β)
Les polynômes Pn (x) vérifient l’équation différentielle suivante :

(1 − x2 )y 00 (x) + [β − α − (α + β + 2)x]y 0 (x) + n(n + α + β + 1)y(x) = 0. (1.4)

2. Formule de Rodrigues.
Il s’agit d’une formule explicite des polynômes de Jacobi :
(−1)n dn
Pn(α,β) (x) = (1 − x)−α (1 + x)−β n n
{(1 − x)α+n (1 + x)β+n }. (1.5)
2 n! dx
3. Relation de récurrence.
(α,β)
Les Pn vérifient la relation de récurrence à trois termes suivante :
1 1

(α,β) (α,β)

 P0 (x) = 1 , P1 (x) = (α + β + 2)x + (α − β),


 2 2
 2(n + 2)(n + 3 + α + β)(2n + 2 + α + β)P (α,β) (x) = (2n + 3 + α + β)

n+2
(1.6)
(α,β)



 {(2n + 4 + α + β)(2n + 2 + α + β)x + α2 − β 2 }Pn+1 (x)

 (α,β)
 −2(n + 1 + α)(n + 1 + β)(2n + 4 + α + β)Pn (x), n ≥ 0.

1.3.2 Les polynômes de Laguerre

Ce sont des polynômes orthogonaux, notés Lαn , α > −1, par rapport à ω(x) = e−x xα
dans l’intervalle [0, +∞[. Ils sont donnés par la relation d’orthogonalité suivante :
 
Z +∞
n+α
e−x xα Lαn (x)Lαm (x)dx = Γ(α + 1)   δnm , n, m = 0, 1, . . . .
0 n
Les caractérisations des polynômes de Laguerre sont :

1. Équation différentielle.
Lαn (x) satisfait l’équation différentielle

xy 00 (x) + (α + 1 − x)y 0 (x) + ny(x) = 0. (1.7)

13
2. Formule de Rodrigues.
Dans le cas de polynômes de Laguerre la formule de Rodrigues s’écrit :

1 dn −x α+n
Lαn (x) = ex x−α (e x ). (1.8)
n! dxn

3. Relation de récurrence.
Les Lαn vérifient la relation de récurrence à trois termes suivante :

 Lα (x) = 1, Lα (x) = −x + α + 1,
0 1
 (n + 2)Lα (x) = (−x + 2n + α + 3)Lα (x) − (n + α + 1)Lα (x), n ≥ 0.
n+2 n+1 n
(1.9)

1.3.3 Les polynômes d’Hermite

Les polynômes d’Hermite, notés Hn , sont les polynômes orthogonaux relativement au


2
poids ω(x) = e−x dans l’axe réel tout entier. Ces polynômes sont donnés par la relation
d’orthogonalité suivante :
Z +∞
2 √
e−x Hn (x)Hm (x)dx = π2n n!δnm , n, m = 0, 1, . . . .
−∞

1. Équation différentielle.
Les polynômes Hn (x) vérifient l’équation différentielle suivante :

y 00 (x) − 2xy 0 (x) + 2ny(x) = 0. (1.10)

2. Formule de Rodrigues.
La formule de Rodrigues vérifiée par Hn est :

2 dn −x2
Hn (x) = (−1)n ex (e ). (1.11)
dxn

3. Relation de récurrence.
Les polynômes d’Hermite peuvent être construits par récurrence avec la formule

 H (x) = 1, H (x) = 2x,
0 1
(1.12)
 H (x) = 2xH (x) − 2(n + 2)H (x), n ≥ 0.
n+2 n+1 n

14
Chapitre 2

Les zéros des polynômes


orthogonaux à poids positifs

Dans tout ce chapitre, {Pn }n≥0 est une suite de polynômes orthogonaux par rapport
à un poids défini positif sur [a, b].

2.1 Propriétés élémentaires des zéros


Théorème 2.1.1. [20]
Tout polynôme d’une suite de polynômes orthogonaux par rapport à un poids défini positif
et dont le degré n est supérieur ou égal à 1 admet n racines distinctes, toutes réelles, et
situées strictement à l’intérieur de l’intervalle d’orthogonalité.

Preuve. Considérons l’identité suivante :


Z b
ω(x)Pn (x)dx = 0, n ≥ 1.
a

Comme le poids ω est défini positif sur [a, b], alors Pn doit changer de signe dans ]a, b[.
Désignons par x1 , . . . , xk avec (k ≤ n) les zéros de Pn d’ordre de multiplicité impair.
On pose
Π(x) = (x − x1 ) . . . (x − xk )Pn (x) = Πk (x)Pn (x).

Le polynôme Π garde un signe constant sur ]a, b[.


Supposons maintenant que k < n.

15
On a Z b Z b
ω(x)Π(x)dx = ω(x)Pn (x)Πk (x)dx = 0.
a a

Or Π conserve un signe constant sur ]a, b[, ce qui rend la dernière équation impossible.
Ainsi, k = n. Par conséquent, Pn admet n racines à l’intérieur de ]a, b[. 2
Ce résultat est remarquable : il est rare, pour un polynôme de degré élevé dont les coef-
ficients ont été choisis au hasard, d’avoir toutes ses racines réelles.

Lemme 2.1.2. (Formule de Christoffel-Darboux [20])


On a
0
Pn+1 (x)Pn (x) − Pn0 (x)Pn+1 (x) > 0. (2.1)

Preuve. On a les polynômes Pn vérifient la relation de récurrence à trois termes suivante :

Pn (x) = (An x + Bn )Pn−1 (x) − Cn Pn−2 (x), pour n ≥ 2 (2.2)

avec An , Bn et Cn sont des constantes, An > 0, Cn > 0 et

kn An kn kn−2
An = , Cn = = 2 .
kn−1 An−1 kn−1

Pn+1 (x)Pn (y) − Pn+1 (y)Pn (x) = [(An+1 x + Bn+1 )Pn (x) − Cn+1 Pn−1 (x)]Pn (y)
−[(An+1 y + Bn+1 )Pn (y) − Cn+1 Pn−1 (y)]Pn (x)
= An+1 (x − y)Pn (x)Pn (y) − Cn+1 [Pn−1 (x)Pn (y) − Pn−1 (y)Pn (x)]
kn+1 kn+1 kn−1
= (x − y)Pn (x)Pn (y) − (Pn−1 (x)Pn (y) − Pn−1 (y)Pn (x)).
kn kn2
D’où, on obtient

kn Pn+1 (x)Pn (y) − Pn+1 (y)Pn (x) kn−1 Pn−1 (y)Pn (x) − Pn−1 (x)Pn (y)
Pn (x)Pn (y) = − .
kn+1 x−y kn x−y

En faisant la somme de n = 0 jusqu’à n, on obtient

kn Pn+1 (x)Pn (y) − Pn+1 (y)Pn (x)


Kn (x, y) = P0 (x)P0 (y)+P1 (x)P1 (y)+· · ·+Pn (x)Pn (y) = .
kn+1 x−y
(2.3)

16
En faisant tendre y vers x, on trouve
kn Pn+1 (x)Pn (y) − Pn+1 (y)Pn (x)
P02 (x) + P12 (x) + · · · + Pn2 (x) = lim
y→x kn+1 x−y

kn Pn+1 (x)Pn (y) − Pn+1 (y)Pn (x) − Pn+1 (x)Pn (x) + Pn+1 (x)Pn (x)
= lim
y→x kn+1 x−y

 
kn Pn (x) Pn+1 (x) − Pn+1 (y) − Pn+1 (x) Pn (x) − Pn (y)
= lim
y→x kn+1 x−y
kn 0
(x) − Pn+1 (x)Pn0 (x) .

= Pn (x)Pn+1
kn+1
Ainsi, on a
kn 0
Kn (x) = P02 (x) + P12 (x) + · · · + Pn2 (x) = (x) − Pn+1 (x)Pn0 (x) .

Pn (x)Pn+1 (2.4)
kn+1
kn 1
Puisque = 0
> 0, donc Pn (x)Pn+1 (x) − Pn+1 (x)Pn0 (x) > 0. 2
kn+1 An+1
Conséquence 2.1.3. Les polynômes Pn et Pn+1 n’ont pas de zéros communs.

Preuve. Supposons que Pn et Pn+1 admettent un zéro commun xh . D’après (2.1), on a


0
0 = Pn+1 (xh )Pn (xh ) − Pn0 (xh )Pn+1 (xh ) > 0,

contradiction. 2
La localisation de zéros à l’intérieur de l’intervalle d’orthogonalité [a, b] peut être
démontrée en utilisant le théorème de Sturm. Afin de rappeler ce théorème nous in-
troduisons les suites de Sturm comme suit.
Pour tout polynôme P n’ayant que des racines réelles et simples dans un intervalle donné
[a, b] avec a et b ne sont pas des racines, la suite de Sturm de P est une suite finie de
polynômes qui permet de déterminer le nombre de racines de P dans un intervalle donné
[a, b]. Cette suite est définie de la façon suivante : On prend P0 (x) = P (x) ; P1 (x) = P 0 (x).
P2 est le reste de la division euclidienne de −P0 par −P1 . On définit ainsi une procédure
itérative qu’on arrête lorsqu’on obtient un polynôme constant. On obtient ainsi une suite

finie P0 , P1 , . . . Pn dans laquelle Pn est un polynôme constant, Pn−1 est non constant,
P0 = P , P1 = P 0 et pour tout k ∈ {2, . . . , n}, Pk est le reste de la division euclidienne
de −Pk−2 par −Pk−1 . Pour chaque x dans [a, b], la suite de Sturm associée à P en x est

S(x) = P0 (x), P1 (x), . . . Pn (x) .

17
Théorème 2.1.4. (Théorème de Sturm )

Si la suite des polynômes P0 , P1 , . . . Pn est une suite de Sturm, alors le nombre de racines
de P dans un intervalle [a, b] est égal à V (a)−V (b) où V (x) est le nombre de changements
de signe de S(x) = (Pn (x), Pn−1 (x), . . . P0 (x)).

Prenons l’exemple : P (x) = x3 + 6x2 − 16.



La suite de Sturm de P est : S(x) = x3 + 6x2 − 16, 3x2 + 12x, 8x + 16, 12 .
Cherchons le nombre de racines de P dans [−7, 2].
 
On a S(−7) = − 65, 63, −40, 12 et donc V (−7) = 3. De plus, S(2) = 16, 36, 32, 12 et
donc V (2) = 0. Il s’ensuit que, P admet trois racines dans [−7, 2].

Théorème 2.1.5. [14]


Les polynômes Pn , Pn−1 , . . . P0 forment une suite de Sturm sur [a, b] lorsque les propriétés
suivantes sont vérifiées

1- Pour tout 1 ≤ µ ≤ n, si Pµ (x0 ) = 0, alors Pµ−1 (x0 )Pµ+1 (x0 ) < 0.

2- Pn est de degré n et P0 est un polynôme de degré 0.

3- Si Pn (x0 ) = 0, alors Pn0 (x0 )Pn−1 (x0 ) > 0.

Dans ce cas, le nombre de changements de signe de S(x) = (Pn (x), Pn−1 (x), . . . P0 (x)) est

 n si x ≤ 0 et |x| est suffisamment grand.
V (x) =
 0 si x > 0 et suffisamment grand.

Maintenant, on a la suite de polynômes orthogonaux par rapport à une fonction poids


positive forme une suite de Sturm car :

1- D’après (2.2), on a

Pµ+1 (x0 ) = (Aµ+1 x0 + Bµ+1 )Pµ (x0 ) − Cµ+1 Pµ−1 (x0 ).

Donc,
2
Pµ+1 (x0 )Pµ−1 (x0 ) = −Cµ+1 Pµ−1 (x0 ) < 0.

2- Pn est de degré n et P0 (x) = 1 6= 0.

18
3- Si Pn (x0 ) = 0, alors d’après (2.4), on a Pn0 (x0 )Pn−1 (x0 ) > 0.

Il s’ensuit que, V (a) = n et V (b) = 0. Ainsi, le nombre de racines de Pn dans l’intervalle


[a, b] est V (a) − V (b) = n.

Remarque 2.1.1. On peut retrouver que les zéros de Pn sont simples en utilisant la
formule de Christoffel-Darboux.

Preuve. On suppose que xh est un zéro de Pn d’ordre de multiplicité l ≥ 2. On a alors


Pn (xh ) = Pn0 (xh ) = 0. D’après (2.1), on a

0
0 = Pn (xh )Pn+1 (xh ) − Pn+1 (xh )Pn0 (xh ) > 0,

ce qui est absurde. 2


Les corollaires qui suivent sont des conséquences de la formule de Christoffel-Darboux.

Corollaire 2.1.6. [18]


Pour tout réel c, le polynôme
Πn+1 = Pn+1 − cPn

admet (n+1) zéros réels et distincts. De plus, si c > 0 (respectivement c < 0), les zéros de
Πn+1 sont à l’intérieur de [a, b] avec exception pour le plus grand (respectivement le plus
Pn+1 (b) Pn+1 (a) 
petit) zéro qui est à l’intérieur de [a, b] que si c ≤ respectivement c ≥ .
Pn (b) Pn (a)
Preuve. Nous montrons d’abord que les zéros de Πn+1 sont simples.
Supposons que xh est un zéro de Πn+1 d’ordre de multiplicité l ≥ 2. Alors, on a
Πn+1 (xh ) = Π0n+1 (xh ) = 0. On obtient d’après (2.1)

0
Pn+1 (xh )Pn (xh ) − Pn0 (xh )Pn+1 (xh ) > 0.

En remplaçant Pn+1 (xh ) par cPn (xh ), on trouve

0
0 < Pn+1 (xh )Pn (xh )−cPn0 (xh )Pn (xh ) = Pn (xh )(Pn+1
0
(xh )−cPn0 (xh )) = Pn (xh )Π0n+1 (xh ) = 0,

ce qui est absurde.


Montrons à présent, que les zéros de Πn+1 sont réels. Soit α un zéro complexe de Πn+1 , α

19
est aussi un zéro de Πn+1 et donc

 P (α) − cP (α) = 0 (1)
n+1 n
 P (α) − cP (α) = 0 (2)
n+1 n

Il s’ensuit que,
Pn+1 (α)Pn (α) − Pn+1 (α)Pn (α) = 0.

En utilisant (2.3), on obtient

kn+1
Pn+1 (α)Pn (α) − Pn+1 (α)Pn (α) = Kn (α, α)(α − α).
kn

Or
n n
Pi (α) 2
X X
Kn (α, α) = Pi (α)Pi (α) =
i=0 i=0

car tous les Pi , i = 1, . . . , n, sont à coefficients réels. De plus, Pn (α) 6= 0, autrement α est
une racine de Pn+1 , contradiction. Il s’ensuit que Kn (α, α) > 0.
D’autre part, α − α = 2i.Im(α) 6= 0. Par conséquent, Pn+1 (α)Pn (α) − Pn+1 (α)Pn (α) 6= 0.
On conclut que les zéros de Πn+1 sont réels. 2
Pn+1
Corollaire 2.1.7. [20] La fonction fn = est croissante. Elle croit de −∞ à +∞
Pn
dans chacun des intervalles ]xν , xν+1 [, ν = 0, 1, . . . , n, où x1 , . . . , xn sont les zéros de Pn ,
x0 = −∞ et xn+1 = +∞.

Preuve. La fonction fn et dérivable sur chacun des intervalles ]xν , xν+1 [, ν = 0, 1, . . . , n,


où x1 , . . . , xn , x0 = −∞ et xn+1 = +∞. On a
0
Pn+1 (x)Pn (x) − Pn+1 (x)Pn0 (x)
fn0 (x) = .
Pn2 (x)

D’après (2.1), la fonction fn0 est positive. De plus,

kn+1
lim fn (x) = lim x = lim An+1 x.
x→−∞ x→−∞ kn x→−∞

Puisque An+1 est positif et donc lim fn (x) = −∞.


x→−∞
De même, on obtient lim fn (x) = +∞. 2
x→+∞

20
Pn
Corollaire 2.1.8. [20] La fraction rationnelle se décompose en éléments simples
Pn+1
comme suit :
n+1
Pn (x) X lν
= ,
Pn+1 (x) ν=1 x − ξν
où lν > 0 et ξν , ν = 1, . . . , n + 1, sont les zéros de Pn+1 .

Preuve. Dans cette décomposition on a

Pn (ξν )
lν =
(ξν − ξ1 ) . . . (ξν − ξν−1 )(ξν − ξν+1 ) . . . (x − ξn+1 )

0
Pn (ξν ) Pn (ξν )Pn+1 (ξν ) − Pn0 (ξν )Pn+1 (ξν )
= 0
= 0
> 0,
Pn+1 (ξν ) {Pn+1 (ξν )}2

en utilisant la relation (2.1). 2

2.1.1 Entrelacement des zéros

Définition 2.1.1. [4] Soient P et Q deux polynômes de degrés respectifs n et m avec


n < m, sans zéros communs et dont toutes les racines sont simples. On dit que les zéros
de Q et P entrelacent lorsque chaque zéro de P est entre deux zéros de Q et lorsqu’il
existe au plus un zéro de P entre chaque paires de zéros consécutifs de Q.

En utilisant la formule de Christoffel-Darboux, nous établissons :

Corollaire 2.1.9. [20] Les zéros de Pn et Pn+1 entrelacent et dans ce cas chaque intervalle
]xi , xi+1 [, i = 0, 1, . . . , n, contient exactement un zéro de Pn+1 , où x1 < x2 < · · · < xn
sont les zéros de Pn , x0 = a et xn+1 = b.

Preuve. Soient  et η deux zéros consécutifs de Pn tels que a <  < η < b.
On a Pn0 ()P 0 (η) < 0 car Pn () = Pn (η) = 0 et donc Pn0 change de signe entre  et η.
D’après (2.1), −Pn0 ()Pn+1 () > 0 et −Pn0 (η)Pn+1 (η) > 0.
Il s’ensuit que, Pn0 ()Pn+1 ()Pn0 (η)Pn+1 (η) > 0 et par suite,Pn+1 ()Pn+1 (η) < 0.
Par le théorème des valeurs intermédiaires, Pn+1 admet au moins un zéro dans ], η[.
Ainsi, Pn+1 admet au moins (n − 1) zéros dans ]a, b[.
Cherchons maintenant les deux racines qui manquent.

21
On note ξ = xn le plus grand zéro de Pn .
On a lim Pn (x) = +∞ alors Pn (b) > 0, sinon Pn va couper l’axe des abscisses en un
x→+∞
point c > b, ce qui est absurde vu que tous les zéros de Pn sont à l’intérieur de ]a, b[.
De même on obtient que Pn+1 (b) > 0.
De plus, Pn (ξ) = 0 et donc Pn0 est positif dans l’intervalle [ξ, b[, en particulier, Pn0 () > 0.
Or d’après (2.1) on a −Pn0 ()Pn+1 () > 0 et donc Pn+1 (ξ) < 0.
En définitive, il vient que Pn+1 (b)Pn+1 (ξ) < 0 et alors, d’après le théorème des valeurs
intermédiaires, Pn+1 admet au moins un zéro dans l’intervalle ]ξ, b[.
De même,on montre que Pn+1 admet au moins un zéro dans l’intervalle ]a, µ[, où µ est le
plus petit zéro de Pn .
Par conséquent, chaque intervalle ]xi , xi+1 [, i = 0, 1, . . . , n, contient exactement un zéro
de Pn+1 . 2

Remarque 2.1.2. En utilisant le théorème de Rolle, on obtient que les zéros de Pn et


Pn0 entrelacent.

Théorème 2.1.10. [17] Soit Pn (x, c) un polynôme unitaire qui dépend d’un paramètre
c. Soient x1 (c) > x2 (c) > · · · > xn (c) les zéros de Pn (x, c). Si la dérivée de xi (c) par
rapport à c, notée ẋi (c), garde un signe constant, pour i = 1, . . . , n, alors les zéros de
∂Pn (x, c)
P˙n (x, c) = et Pn (x, c) entrelacent.
∂c
Preuve. On a
n
Y 
Pn (x, c) = x − xi (c) .
i=1

En dérivant cette équation par rapport à c, on obtient


n n  n
X ẋi (c) X Y 
P˙n (x, c) = −Pn (x, c) =− ẋi (c) x − xj (c) .
i=1
x − xi (c) i=1 j=1,j6=i

Il s’ensuit que,
n
Y
P˙n (xi (c), c) = −ẋi (c)

xi (c) − xj (c) .
j=1,j6=i

Ainsi, sgn P˙n (xi (c), c) = (−1)n+1−i sgn ẋi (c) . Par suite,
 

P˙n (xi+1 (c), c)P˙n (xi (c), c) < 0.

22
D’après le théorème des valeurs intermédiaires, P˙n (x, c) admet un zéro dans chacun des
intervalles ]xi (c), xi+1 (c)[, i = 1, . . . , n − 1. On conclut que les zéros de Ṗn (x, c) et Pn (x, c)
entrelacent. 2

Vu que la formule de Christoffel-Darboux donne un lien entre deux polynômes ortho-


gonaux consécutifs, cette formule nous permet de prouver la propriété d’entrelacement des
zéros de deux polynômes orthogonaux consécutifs. Maintenant, nous donnons une condi-
tion nécessaire et suffisante pour que les zéros de deux polynômes q et r, sans rapport avec
l’orthogonalité, entrelacent. Cette condition porte sur les coefficients de la décomposition
r
en somme des éléments simples du quotient , avec deg r < deg q
q
Théorème 2.1.11. [4] On considère un polynôme

q(x) = (x − w1 )(x − w2 ) . . . (x − wn+1 ). (2.5)

avec w1 < w2 < · · · < wn+1 . Soit r un polynôme unitaire de degré m < n + 1 dont les
zéros sont réels, simples et distincts de ceux de q. Si on écrit
n+1
r(x) X Aj
= , (2.6)
q(x) j=1
x − w j

où les Aj sont réels, alors les zéros de q et r entrelacent si et seulement si exactement m
parmi les n produits Aj Aj+1 , j = 1, . . . n, sont positifs.
De plus, si deg r = deg (q) − 1, alors les zéros de q et r entrelacent si et seulement si Aj
est positif, j = 1, . . . , n + 1.
r(x)
Preuve. Si x tout près à droite de wj , alors a le même signe que Aj et si x tout près à
q(x)
r(x)
gauche de wj+1 , alors a le même signe que −Aj+1 . Donc, Aj Aj+1 > 0 si et seulement
q(x)
si r admet un nombre impair de zéros dans ]wj , wj+1 [.
Montrons d’abord la première assertion :
Si les zéros de q et r entrelacent, alors Aj Aj+1 > 0 lorque r admet un seul zéro dans
]wj , wj+1 [. Comme r admet m zéros, alors pour m choix de j, Aj Aj+1 > 0.
Réciproquement, si Aj Aj+1 > 0 pour m choix de j, alors pour chacun de ces choix, r
admet au moins un zéro dans ]wj , wj+1 [. Puisque cela est compté pour tous les m zéros

23
de r, on obtient qu’entre deux zéros consécutifs de r, q ne peut avoir qu’un seul zéro.
Montrons à présent, la deuxième assertion. Si chaque Aj est positif, alors les Aj Aj+1 ,
j = 1, . . . n, sont positifs. D’après la première assertion les zéros de q et r entrelacent.
Réciproquement, si les zéros de q et r entrelacent, alors pour tout j = 1, . . . n, Aj Aj+1 > 0.
Ce qui entraı̂ne que tous les Aj sont de même signe.
n+1
xr(x) X
En faisant tendre x vers +∞ dans et en utilisant le fait que Aj = 1, on obtient
q(x) j=1
que Aj > 0 pour tout j = 1, . . . , n. 2
Dans la suite de ce paragraphe, nous appliquons le théorème précédent pour les po-
lynômes orthogonaux Pn vérifiant la relation de récurrence à trois termes suivante :

 P (x) = 1, P (x) = x − α ,
0 1 0
(2.7)
 P (x) = (x − α )P (x) − λ P (x), n ≥ 0, λ > 0.
n+2 n+1 n+1 n n n

Théorème 2.1.12. [4] Si {Pn }n≥0 est une suite de polynômes orthogonaux vérifiant (2.7),
alors pour tout n ≥ 1, Pn admet n zéros réels et simples. De plus, les zéros de Pn et Pn+1
entrelacent.

Preuve. D’après le théorème 2.1.1, les zéros de Pn sont réels et simples. Montrons, par
récurrence sur n, que les zéros de Pn et Pn+1 entrelacent.
Pour n = 1, on a P2 (x) = (x − α1 )(x − α0 ) − λ0 . Le polynôme P2 s’écrit sous la forme
P2 (x) = (x − b)(x − c) avec b < c et P2 (α0 ) = (α0 − b)(α0 − c) = −λ0 < 0. Il s’ensuit que,
b < α0 < c. Ainsi, les zéros de P1 et P2 entrelacent.
Soit n ≥ 2, montrons que les zéros de Pn et Pn+1 entrelacent. On Pose

Pn (x) = (x − v1 )(x − v2 ) . . . (x − vn ), (2.8)

Pn
avec v1 < v2 < · · · < vn . En utilisant (2.7) et en décomposant en somme des
Pn+1
éléments simples, on obtient
n
Pn+1 (x) Pn−1 (x) X Aj
= (x − αn ) − λn−1 = (x − αn ) − λn−1 .
Pn (x) Pn (x) j=1
x − vj

24
En utilisant l’hypothèse de récurrence et le théorème 2.1.11, on obtient que chaque Aj ,
j = 1, 2, . . . , n, est positif.
De plus, λn−1 est positif et donc pour tout x 6= vj
n
d  Pn+1 (x)  X Aj
= 1 + λn−1 > 1 > 0.
dx Pn (x) j=1
(x − vj )2

Pn+1
Vu que admet des pôles en vj , j = 1, 2, . . . , n et que
Pn
Pn+1 (x)
lim = lim x = +∞
x→+∞ Pn (x) x→+∞

et
Pn+1 (x)
lim = lim x = −∞,
x→−∞ Pn (x) x→−∞

Pn+1
alors la fonction croit de −∞ à +∞ sur chacun des intervalles suivants :
Pn

] − ∞, v1 [, ]v1 , v2 [, . . . , ]vn−1 , vn [, ]vn , +∞[.

Ainsi, les zéros de Pn+1 et Pn entrelacent. 2

Théorème 2.1.13. [4] Soit {Pn }n≥0 une suite de polynômes orthogonaux vérifiant (2.7).
Si Pn et Pn+2 n’ont pas de racines communes, alors les zéros de (x − αn+1 )Pn et Pn+2
entrelacent.

Preuve. On pose

Pn+1 (x) = (x − u1 )(x − u2 ) . . . (x − un+1 ), u1 < u2 < · · · < un+1 (2.9)

et
Pn+2 (x) = (x − w1 )(x − w2 ) . . . (x − wn+2 ), w1 < w2 < · · · < wn+2 . (2.10)

En utilisant (2.9), (2.10) et (2.7), on obtient


n+2
X n+1
X
αn+1 = wi − uj . (2.11)
i=1 j=1

D’après le théorème 2.1.12, on a

w1 < u1 < · · · < un+1 < wn+2

25
et en utilisant (2.11), on obtient
w1 = αn+1 − (w2 − u1 ) − · · · − (wn+2 − un+1 )
< αn+1
< αn+1 + (u1 − w1 ) + · · · + (un+1 − wn+1 )
= wn+2 .
Par conséquent, αn+1 ∈]w1 , wn+2 [.
De plus, αn+1 6= wj , j = 1, 2, . . . , n + 2, autrement d’après (2.7), αn+1 est aussi un zéro
de Pn ce qui est absurde car Pn et Pn+2 n’ont pas de racines communes. On conclut que
αn+1 ∈]wk , wk+1 [ pour un unique k déterminé par la condition suivante :

 < 0, si j = k,
(αn+1 − wj )(αn+1 − wj+1 )
 > 0, si j 6= k.

Il reste à montrer que chaque intervalle ]wj , wj+1 [, où j 6= k, contient exactement un seul
zéro de Pn . D’après les théorèmes 2.1.12 et 2.1.11, on a
n+2
Pn+1 (x) X Aj
=
Pn+2 (x) j=1
x − wj

n+2
X
où Aj > 0, pour tout j = 1, 2, . . . , n + 2 et Aj = 1.
j=1
En introduisant cette équation dans (2.7) et en divisant par Pn+2 (x), on obtient
n+2
Pn+2 (x) X Aj λn Pn (x)
1= = (x − αn+1 ) − .
Pn+2 (x) j=1
x − w j P n+2 (x)

Il s’ensuit que
n+2 n+2 n+2
λn Pn (x) X Aj X X (x − αn+1 )Aj
− = 1 − (x − αn+1 ) = Aj −
Pn+2 (x) j=1
x − wj j=1 j=1
x − wj
n+2 n+2 n+2
X Aj [(x − wj ) − (x − αn+1 )] X Aj (αn+1 − wj ) X Bj
= = =
j=1
x − wj j=1
x − wj j=1
x − wj
avec
Bj = Aj (αn+1 − wj ), j = 1, 2, . . . , n + 2

et
Bj Bj+1 = Aj Aj+1 (αn+1 − wj )(αn+1 − wj+1 ).

26
Comme les Aj , j = 1, 2, . . . , n+2, sont positifs et (αn+1 −wj )(αn+1 −wj+1 ) > 0, pour j 6= k,
alors Bj Bj+1 > 0. Par conséquent, d’après le théorème 2.1.11, Pn admet un seul zéro dans
]wj , wj+1 [ (j 6= k). Ceci avec le fait que αn+1 ∈]wk , wk+1 [ complètent la démonstation. 2

Théorème 2.1.14. [4] Si {Pn }n≥0 est une suite de polynômes orthogonaux vérifiant (2.7),
alors il existe deux polynômes Um et Sm à coefficients réels tels que pour m ≥ 2 on a

Um (x)Pn+m (x) = Sm (x)Pn+m−1 (x) + (−1)m λn . . . λn+m−2 Pn (x), (2.12)

avec deg Um = m − 2 et deg Sm = m − 1.

Preuve. Pour tout n ∈ N, la relation

Pn+2 (x) = (x − αn+1 )Pn+1 (x) − λn Pn (x)

s’écrit sous la forme matricielle suivante :


    
Pn+2 (x) x − αn+1 −λn Pn+1 (x)
 =  .
Pn+1 (x) 1 0 Pn (x)

En effectuant une procédure itérative, on obtient


      
Pn+m (x) x − αn+m−1 −λn+m−2 x − αn+1 −λn Pn+1 (x)
 = ...  
Pn+m−1 (x) 1 0 1 0 Pn (x)

que l’on peut écrire encore


    
Pn+m (x) S (x) Tm (x) P (x)
 = m   n+1 , (2.13)
Pn+m−1 (x) Um (x) Vm (x) Pn (x)
avec    
S2 (x) T2 (x) x − αn+1 −λn
 =  (2.14)
U2 (x) V2 (x) 1 0
et pour m ≥ 2
     
S (x) Tm+1 (x) x − αn+m −λn+m−1 S (x) Tm (x)
 m+1 =   m . (2.15)
Um+1 (x) Vm+1 (x) 1 0 Um (x) Vm (x)

En utilisant (2.13), (2.14) et (2.15), on obtient deg Um = m − 2, deg Sm = m − 1. Nous


montrons, par récurrence sur m, que pour tout m ≥ 2

Sm (x)Vm (x) − Um (x)Tm (x) = (−1)m−1 λn . . . λn+m−2 .

27
Pour m = 2, on a bien S2 (x)V2 (x) − U2 (x)T2 (x) = −λn , d’après (2.14).
Soit m ≥ 2. D’après (2.15), on a
   
S (x) Tm+1 (x) (x − αn+m )Sm − λn+m−1 Um (x − αn+m )Tm − λn+m−1 Vm
 m+1 = .
Um+1 (x) Vm+1 (x) Sm Tm

En utilisant de plus l’hypothèse de récurrence, on obtient



Sm+1 (x)Vm+1 (x) − Um+1 (x)Tm+1 (x) = (x − αn+m )Sm − λn+m−1 Um Tm

− (x − αn+m )Tm − λn+m−1 Vm Sm = −λn+m−1 (Sm (x)Vm (x) − Um (x)Tm (x))
= −λn+m−1 (−1)m−1 λn . . . λn+m−2
= (−1)m λn . . . λn+m−1 .
Maintenant, en utilisant (2.13) on obtient

Pn+m (x) = Sm (x)Pn+1 (x) + Tm (x)Pn (x),


Pn+m−1 (x) = Um (x)Pn+1 (x) + Vm (x)Pn (x).

Par conséquent,
Um (x)Pn+m (x) = Sm (x)Um (x)Pn+1 (x) + Um (x)Tm (x)Pn (x)
 
= Sm (x) Pn+m−1 (x) − Vm (x)Pn (x) + Um (x)Tm (x)Pn (x)
 
= Sm (x)Pn+m−1 (x) − Sm (x)Vm (x) − Um (x)Tm (x) Pn (x)
= Sm (x)Pn+m−1 (x) − (−1)m λn . . . λn+m−2 Pn (x). 2

Théorème 2.1.15. [4] Soit {Pn }n≥0 une suite de polynômes orthogonaux vérifiant (2.7).
Si Pn+m et Pn n’ont pas de racines communes, alors les zéros du polynôme Sm Pn et Pn+m
entrelacent, où Sm est défini au théorème 2.1.14.

Preuve. La relation (2.12) donne que


Pn (x) Pn+m−1 (x)
(−1)m+1 λn . . . λn+m−2 = Sm (x) − Um (x).
Pn+m (x) Pn+m (x)
On pose

Pn+m (x) = (x − t1 )(x − t2 ) . . . (x − tn+m ), t1 < t2 < · · · < tn+m .

D’après les théorèmes 2.1.11 et 2.1.12


n+m
Pn+m−1 (x) X Cj
= ,
Pn+m (x) j=1
x − tj

28
où les Cj sont positifs, j = 1, 2, . . . , n + m.
nous obtenons alors
n+m
Pn (x) X Cj Sm (x)
(−1)m+1 λn . . . λn+m−2 = − Um (x). (2.16)
Pn+m (x) j=1
x − tj

On a Sm (tj ) 6= 0, j = 1, 2, . . . , n + m autrement, d’après la relation (2.12), tj est aussi


un zéro de Pn , contrdiction avec le fait que Pn et Pn+m n’ont pas de racines communes.
On suppose que Sm n’admet pas de zéros dans l’intervalle ]tj , tj+1 [ et donc Sm garde un
signe constant dans cet intervalle. De plus, le polynôme Um est borné dans cet intervalle
n+m
X Cj Sm (x)
alors le terme −Um (x) prend des valeurs positives et négatives arbitrairement
j=1
x − t j

grandes dans cet intrevalle. Par conséquent, Pn admet un zéro dans l’intervalle ]tj , tj+1 [. On
conclut que le polynôme Sm Pn admet un zéro dans ]tj , tj+1 [ pour tout j = 1, 2, . . . , n+m.2

2.1.2 La quadrature de Gauss-Jacobi

Nous rappelons l’interpolation de Lagrange [20]


Soit [a, b] un intervalle fini ou infini et soit

Sn : x1n < x2n < · · · < xnn

une suite de n points de [a, b]. Soit l un polynôme de degré n tel que l(xin ) = 0, i =
1, 2, . . . , n. Dans la suite, on écrit xi au lieu de xin .
Les polynômes
l(x)
li (x) = , i = 1, 2, . . . , n,
(x − xi )l0 (xi )
sont appelés les polynômes fondamentaux d’interpolation de Lagrange associés à Sn .
Ces polynômes vérifient la propriété suivante :

li (xj ) = δij , i, j = 1, . . . , n.

Soient f1 , f2 , . . . , fn des réels quelconques deux à deux distincts, alors le polynôme


n
X
Ln (x) = fi li (x)
i=1

est appelé le n’ième polynôme de Lagrange associé à Sn , est l’unique polynôme de degré
n − 1 prenant la valeur de fi au point xi , i = 1, . . . , n.

29
Théorème 2.1.16. [20]
Étant donnés des réels x1 < x2 < · · · < xn , x1 , x2 , . . . , xn sont les zéros de Pn si et
seulement si il existe des nombres réels λ1 , λ2 , . . . , λn tels que
Z b
ρ(x)ω(x)dx = λ1 ρ(x1 ) + λ2 ρ(x2 ) + · · · + λn ρ(xn ) (2.17)
a

pour tout polynôme ρ de degré ≤ 2n − 1.

Preuve. On construit le n’ième polynôme d’interpolation de Lagrange Ln associé à Sn de


la manière suivante :
n n
X Pn (x) X
Ln (x) = ρ(xi ) 0 = ρ(xi )li (x).
i=1
Pn (xi )(x − xi ) i=1

On remarque que Ln (xi ) = ρ(xi ), i = 1, . . . , n. En effet,

(x − x1 ) . . . (x − xn ) (x − x1 )(x − x3 ) . . . (x − xn )
Ln (x) = ρ(x1 ) + ρ(x 2 )
Pn0 (x1 ) Pn0 (x2 )
(x− x1 ) . . . (x − xn−1 )
+ · · · + ρ(xn ) .
Pn0 (xn )
Il s’ensuit que

(x1 − x2 ) . . . (x1 − xn ) Pn0 (x1 )


Ln (x1 ) = ρ(x1 ) = ρ(x 1 ) = ρ(x1 ),
Pn0 (x1 ) Pn0 (x1 )
..
.
(xn − x1 ) . . . (xn − xn−1 ) Pn0 (xn )
Ln (xn ) = ρ(xn ) = ρ(x n ) = ρ(xn ).
Pn0 (xn ) Pn0 (xn )
Maintenant, on pose ϕ(x) = ρ(x) − Ln (x). Ce polynôme admet les xi , i = 1, . . . , n,
comme racines et donc il est divisible par Pn . Il s’ensuit que ϕ(x) = Pn (x)R(x) où R est
un polynôme de degré ≤ n − 1.
De plus, Z b Z b Z b
ρ(x)ω(x)dx = Ln (x)ω(x)dx + Pn (x)R(x)ω(x)dx.
a a a
Z b
Or Pn (x)R(x)w(x)dx = 0 en vertu de la relation d’orthogonalité (deg R ≤ n − 1) et
a
donc
Z b Z b n
Z bX n
X Z b
ρ(x)ω(x)dx = Ln (x)ω(x)dx = ρ(xi )li (x)ω(x)dx = ρ(xi ) li (x)ω(x)dx.
a a a i=1 i=1 a

30
Il suffit de prendre alors
Z b Z b
Pn (x)
λi = li (x)ω(x)dx = 0
ω(x)dx, i = 1, 2, . . . , n. (2.18)
a a Pn (xi )(x − xi )

Inversement, on suppose que


Z b n
X
ρ(x)ω(x)dx = λi ρ(xi ),
a i=1

pour tout polynôme ρ de degré ≤ 2n − 1.


En particulier pour ρ(x) = l(x)r(x), avec l(x) = (x − x1 )(x − x2 ) . . . (x − xn ) et si r est
un polynôme de degré n − 1, on obtient
Z b Z b n
X
ρ(x)ω(x)dx = ω(x)l(x)r(x)dx = λi l(xi )r(xi ) = 0
a a i=1

Z b
vu que l(xi ) = 0, i = 1, . . . , n. Par suite, l(x)r(x)ω(x)dx = 0.
a
Il s’ensuit que, l(x) = (x−x1 )(x−x2 ) . . . (x−xn ) = cte Pn (x) et donc les xi , i = 1, 2, . . . , n,
sont les zéros de Pn . 2

Remarque 2.1.3. Les λi du théorème précédent sont appelés les nombres de Christoffel.

Théorème 2.1.17. [20] Chaque λi défini dans (2.18) est strictement positif et on a
Z b
λ1 + · · · + λn = ω(x)dx.
a

De plus, on a
kn+1 1
(a) λi = − .
kn Pn+1 (xi )Pn0 (xi )

(b) λ−1 2 2 2
i = P0 (xi ) + P1 (xi ) + · · · + Pn−1 (xi ).
Z b
Preuve. Pour montrer que λ1 + · · · + λn = ω(x)dx, il suffit de prendre ρ ≡ 1 dans
a
(2.17).

(a) Pour y = xi dans (2.3), on a :

kn Pn (x)Pn+1 (xi )
P0 (x)P0 (xi ) + P1 (x)P1 (xi ) + · · · + Pn−1 (x)Pn−1 (xi ) = − .
kn+1 x − xi

31
En multipliant par w(x) et en intégrant entre a et b, on obtient
Z b
I= {P0 (x)P0 (xi ) + P1 (x)P1 (xi ) + · · · + Pn (x)Pn (xi )}ω(x)dx
a Z b
kn Pn (x)Pn+1 (xi )
=− ω(x)dx.
kn+1 a x − xi
En utilisant (2.18), on obtient
kn
I=− Pn+1 (xi )Pn0 (xi )λi .
kn+1
Il suffit donc de prouver que I = 1. On a
Z b Z b Z b
I = P0 (xi ) P0 (x)ω(x)dx+P1 (xi ) P1 (x)ω(x)dx+· · ·+Pn−1 (xi ) Pn−1 (x)ω(x)dx.
a a a

L’orthogonalité de P0 et Pi , i = 1 . . . , n − 1, entraı̂ne que


Z b
I = P0 (xi ) P0 (x)ω(x)dx = 1.
a

(b) Pour x = xi dans (2.4), on a


kn  0 
P02 (xi ) + P12 (xi ) + · · · + Pn−1
2
(xi ) = − Pn (xi )Pn+1 (xi ) = λi −1 .
kn+1
Dans cette écriture les λi , i = 1, 2, . . . , n, sont bien strictement positifs. 2

Corollaire 2.1.18. Étant donnés deux entiers n et m tels que m > n. Entre deux zéros
consécutifs de Pn il existe au moins un zéro de Pm .

Preuve. Soient x1,n < x2,n < · · · < xn,n les zéros de Pn et soient xh,m , h = 1, 2, . . . , m, les
zéros de Pm . On suppose que Pm n’admet aucun zéro entre xl,n et xl+1,n .
On pose
Pn (x)
g(x) = .
(x − xl,n )(x − xl+1,n )
Pn2 (x)
On a g(x)Pn (x) = > 0, x ∈]x
/ l,n , xl+1,n [.
(x − xl,n )(x − xl+1,n )

En appliquant (2.17) au polynôme g(x)Pn (x), qui est de degré 2n − 2, on obtient


Z b Xn
0= g(x)Pn (x)ω(x)dx = g(xj,m )Pn (xj,m )λj .
a j=1

Comme les λj , j = 1, . . . , n, sont positifs et g(xj,m )Pn (xj,m ) > 0, vu que xj,m ∈]x
/ l,n , xl+1,n [,
on a une contradiction. 2

32
2.1.3 Théorème de séparation
Z b
Soit n ≥ 2. Puisque les λi , i = 1, . . . , n, sont positifs et ω(x)dx = λ1 + · · · + λn ,
a
alors il existe des réels a < y1 < y2 < · · · < yn−1 < b tels que
Z yν
λν = w(x)dx , ν = 1, . . . , n, y0 = a, yn = b.
yν−1

Théorème 2.1.19. [20] Si x1 < x2 < · · · < xn les zéros de Pn , alors

xν < yν < xν+1 , ν = 1, . . . , n − 1.

Plus précisement, on a
Z xν Z xν+1
ω(x)dx < λ1 + · · · + λν < ω(x)dx, ν = 1, 2, . . . , n − 1,
a a

ou encore
ν−1
X Z xν ν
X
λi < ω(x)dx < λi .
i=1 a i=1

Preuve. Soit ν un entier tel que 1 ≤ ν ≤ n − 1 et soit ρ un polynôme de degré 2n − 2


défini par les 2n − 1 conditions suivantes :

 1 si k = 1, 2, . . . , ν,
ρ(xk ) =
 0 si k = ν + 1, . . . , n,

ρ0 (xk ) = 0 si k = 1, 2, . . . , ν − 1, ν + 1, . . . , n.

Le polynôme ρ est unique.


En utilisant le théorème de Rolle, on obtient que ρ0 admet au moins un zéro dans chacun
des intervalles ]x1 , x2 [, ]x2 , x3 [, . . . , ]xν−1 , xν [, ]xν+1 , xν+2 [, . . . , ]xn−1 , xn [.
On note yi le zéro de ρ0 dans l’intervalle ]xi , xi+1 [, i = 1, 2, . . . , n − 2.
Ces (n − 2) zéros avec les (n − 1) zéros xk , (1 ≤ k ≤ n, k 6= ν) donnent que ρ0 admet
(2n − 3) zéros distincts. Puisque ρ0 est un polynôme de degré 2n − 3, alors ces zéros sont
simples.
Par conséquent, ρ est strictement monotone entre deux zéros consécutifs de ρ0 . De plus,
ρ(xν ) = 1 et ρ(xν+1 ) = 0 et donc ρ est strictement décroissante dans [xν , xν+1 ].
Il s’ensuit que, 
 ρ(x) ≥ 1, pour a ≤ x ≤ x ,
ν
 ρ(x) ≥ 0, pour x ≤ x ≤ b.
ν

33
Dans ce cas et d’après (2.17), on a
Z xν Z xν Z b n
X
ω(x)dx < ρ(x)w(x)dx < ρ(x)ω(x)dx = ρ(xi )λi = λ1 + λ2 + · · · + λν .
a a a i=1

Pour démontrer l’autre inégalité, on considère le polynôme (−1)n Pn (−x) associé à la


fonction poids {−ω(−x)} dans [−b, −a].
Les zéros de (−1)n Pn (−x) sont −xn < −xn−1 < · · · < −x1 . Dans ce cas, au lieu de
y1 , y2 , . . . yn−1 on prend −yn−1 , −yn−2 , . . . , −y1 .
D’après l’autre inégalité, on a
Z −a Z −a Z −a
λ1 + λ2 + · · · + λν = − ρ(x)ω(−x)dx < − ω(−x)dx < − ω(−x)dx.
−b −xν −xν+1

2.1.4 Densité des zéros

Théorème 2.1.20. [20] Si [a0 , b0 ] est un intervalle de [a, b] tel que


Z b0
ω(x)dx > 0,
a0

alors il existe un entier N tel que pour tout n ≥ N , le polynôme Pn admet au moins un
zéro dans [a0 , b0 ].

Preuve. Soient x1 , . . . , xn les zéros de Pn . On suppose que Pn n’admet aucun zéro dans
[a0 , b0 ]. Il existe un polynôme ρ de degré m ≤ 2n−1 tel que ρ(x) ≤ 0 pour x ∈ [a, b]\[a0 , b0 ].
En utilisant les théorèmes 2.1.16 et 2.1.17, on obtient
Z b n
X
ω(x)ρ(x)dx = λi ρ(xi ) ≤ 0,
a i=1

car tous les zéros de Pn sont à l’intérieur de ]a, b[ et Pn n’admet pas de zéro dans [a0 , b0 ].
D’après le théorème de Weierstrass selon lequel toute fonction continue sur un compact
[a, b] peut être approchée uniformément par un polynôme, on a
Z b
f (x)ω(x)dx ≤ 0,
a

34
avec f est une fonctin continue qui a le même signe que ρ.
En prenant 
 0 si a ≤ x ≤ a0 et b0 ≤ x ≤ b.
f (x) =
 (x − a0 )(b0 − x) si a0 ≤ x ≤ b0

on obtient Z b Z b0
f (x)ω(x)dx = (x − a0 )(b0 − x)ω(x)dx > 0,
a a0

contradiction. On conclut que Pn s’annule au moins une fois dans tout intervalle inclus
dans [a, b], pour tout n assez grand. 2

2.2 Les zéros des polynômes orthogonaux classiques

2.2.1 Propriétés élémentaires

Au début de ce chapitre, on a montré que les zéros de Pn sont réels, simples et à


l’intérieur de l’intervalle d’orthogonalité. Ces propriétés ont été établi pour une suite de
polynômes orthogonaux par rapport à poids positif, l’outil de base étant la formule de
Christoffel-Darboux. Dans cette section, nous retrouvons ces propriétés dans le cas parti-
culier de polynômes orthogonaux classiques en utilisant leurs différentes caractérisations.
Rappelons que les caractérisations des polynômes orthogonaux classiques ont été men-
tionnées dans le premier chapitre.

Équation différentielle

En utilisant l’équation différentielle, on montre que les zéros des polynômes de Jacobi,
de Laguerre et d’Hermite sont simples et qu’aucune des bornes de l’intervalle d’orthogo-
nalité n’est une racine de ces polynômes.

Cas des polynômes de Jacobi :


(α,β)
Ces polynômes Pn vérifient l’équation différentielle suivante :

(1 − x2 )y 00 (x) + [β − α − (α + β + 2)x]y 0 (x) + n(n + α + β + 1)y(x) = 0. (2.19)

35
En dérivant cette équation k fois, on obtient

(1−x2 )y (k+2) (x)+[β−α−(α+β+2k+2)x]y (k+1) (x)+[n(n+α+β+1)−k(k+α+β+1)]y k (x) = 0


(2.20)
(α,β)
Montrons d’abord que ni -1 ni 1 n’est une racine de Pn . On suppose alors que y(1) = 0.
D’après (2.19), on a −2(α + 1)y 0 (1) = 0, or α > −1 et donc y 0 (1) = 0.
En prenant k = 1 dans (2.20), on obtient −2(α + 2)y 00 (1) = 0 et puisque α > −1, alors
y 00 (1) = 0.
En prenant k = 2 dans (2.20), on obtient y (3) (1) = 0.
En répétant le même procédé jusqu’à l’ordre (n − 1), on trouve que y (n) (1) = 0.
Ainsi, y est un polynôme de degré n pour lequel 1 est une racine d’ordre de multiplicité
supérieur ou égal à n + 1, contradiction.
De la même manière, on montre que y(−1) 6= 0.
(α,β)
Montrons, maintenant, que les zéros de Pn sont simples. On suppose alors que y admet
un zéro x0 d’ordre de multiplicité ≥ 2. On a x0 6= ±1 et y(x0 ) = y 0 (x0 ) = 0.
D’après (2.19), on a (1 − x20 )y 00 (x0 ) = 0. Comme x0 6= ±1, alors y 00 (x0 ) = 0.
Pour k = 1 dans (2.20), on obtient y (3) (x0 ) = 0.
En répétant le même procédé jusqu’à l’ordre (n − 2), on trouve y (n) (x0 ) = 0. Il s’ensuit
que x0 est un zéro d’ordre de multiplicité ≥ n + 1, contradiction.

Cas des polynômes de Laguerre :


Ces polynômes Lαn vérifient l’équation différentielle suivante :

xy 00 (x) + (α + 1 − x)y 0 (x) + ny(x) = 0. (2.21)

En dérivant cette équation k fois, on obtient

xy (k+2) (x) + (α + 1 + k − x)y (k+1) (x) + (n − k)y k (x) = 0. (2.22)

Montrons que les racines de Lαn sont non nulles et distinctes. On suppose alors que
y(0) = 0. D’après (2.21), on a (α + 1)y 0 (x) = 0, or α > −1 et donc y 0 (0) = 0.
En prenant k = 1 dans (2.22), on a y 00 (0) = 0. En prenant k = 2, on obtient y (3) (0) = 0.
En répétant le même procédé jusqu’à l’ordre (n − 1), on trouve que y (n) (0) = 0. Ainsi, y

36
est un polynôme de degré n pour lequel 0 est une racine d’ordre de multiplicité supérieur
ou égal à n + 1, contradiction.
Montrons maintenant que les zéros de Lαn sont simples. On suppose alors que y admet un
zéro x0 d’ordre de multiplicité l ≥ 2. On a x0 est non nul et y(x0 ) = y 0 (x0 ) = 0. D’après
(2.21), on a xy 00 (x0 ) = 0 et donc y 00 (x0 ) = 0.
Pour k = 1 dans (2.22), on a y (3) (x0 ) = 0.
En répétant le même procédé jusqu’à l’ordre (n − 2), on trouve y (n) (x0 ) = 0. Il s’ensuit
que, x0 est un zéro d’ordre de multiplicité ≥ n + 1, contradiction.

Cas des polynômes d’Hermite :


Ces polynômes Hn vérifient l’équation différentielle suivante :

y 00 (x) − 2xy 0 (x) + 2ny(x) = 0. (2.23)

En dérivant cette équation k fois on obtient

y (k+2) (x) − 2xy (k+1) (x) + 2(n − k)y k (x) = 0. (2.24)

Montrons que les zéros de Hn sont simples. On suppose alors que y admet un zéro x0
d’ordre de multiplicité l ≥ 2. On a y(x0 ) = y 0 (x0 ) = 0.
D’après (2.23), on a y 00 (x0 ) = 0. En prenant k = 1 dans (2.24), on obtient y (3) (x0 ) = 0.
En répétant le même procédé jusqu’à l’ordre (n − 2), on trouve y (n) (x0 ) = 0. Il s’ensuit
que, x0 est un zéro d’ordre de multiplicité ≥ n + 1, contradiction.

Formule de Rodrigues

En utilisant la formule de Rodrigues, on montre que les zéros des polynômes orthogo-
naux classiques sont à l’intérieur de l’intervalle d’orthogonalité.

Cas des polynômes de Jacobi :


(α,β)
Les polynômes de Jacobi Pn vérifient la formule de Rodrigues suivante :
(−1)n dn
Pn(α,β) (x) = (1 − x)−α (1 + x)−β n n
{(1 − x)α+n (1 + x)β+n }.
2 n! dx
37
On pose f (x) = (1−x)α+n (1+x)β+n . On a f (1) = f (−1) = 0 et donc, d’après le théoréme
de Rolle, il existe c ∈] − 1, 1[ tel que f 0 (c) = 0.
Comme f 0 (−1) = f 0 (c) = 0, en utilisant de nouveau le théorème de Rolle, il existe
d ∈] − 1, c[ tel que f 00 (d) = 0. De même, comme f 0 (c) = f 0 (1) = 0, alors il existe e ∈]c, 1[
tel que f 00 (e) = 0.
On déduit que la fonction f 00 admet deux racines distinctes dans l’intervalle ] − 1, 1[.
En répétant le même procédé jusqu’à l’ordre (n − 1), on trouve que la fonction f (n) admet
(α,β)
n racines dans ] − 1, 1[. Vu que les zéros de f (n) coı̈ncident avec ceux de Pn , on conclut
(α,β)
que toutes les racines de Pn sont à l’intérieur de ] − 1, 1[.

Cas des polynômes de Laguerre :


Les polynômes de Laguerre Lαn vérifient
1 dn −x α+n
Lαn (x) = ex x−α (e x ).
n! dxn
On pose f (x) = e−x xα+n . On a f (0) = lim f (x) = 0. Il existe alors c ∈]0, +∞[ tel que
x→+∞
f 0 (c) = 0. Autrement, comme f 0 est continue sur ]0, +∞[, alors f 0 garde un signe constant
sur ]0, +∞[ et comme f est continue sur [0, +∞[ donc f est strictement monotone sur
[0, +∞[ ce qui contredit le fait que f (0) = lim f (x) = 0. Puisque f 0 (0) = f 0 (c) = 0, en
x→+∞
utilisant le théorème de Rolle, il existe d ∈]0, c[ tel que f 00 (d) = 0.
De même, comme f 0 (c) = lim f 0 (x) = 0, alors il existe e ∈]c, +∞[ tel que f 00 (e) = 0.
x→+∞
D’où, la fonction f 00 admet deux racines dans ]0, +∞[.
En répétant le même procédé jusqu’à l’ordre (n − 1), on trouve que la fonction f (n) admet
n zéros dans ]0, +∞[. Vu que les zéros de f (n) coı̈ncident avec ceux de Lαn , on conclut que
Lαn admet ses n racines à l’intérieur de ]0, +∞[.

Cas des polynômes d’Hermite :


Les polynômes d’Hermite Hn vérifient
2 dn −x2
Hn (x) = (−1)n ex (e ).
dxn
2
On pose f (x) = e−x . On a f 0 (0) = 0. Comme lim f 0 (x) = f 0 (0) = 0, alors il existe
x→−∞
d ∈] − ∞, 0[ tel que f 00 (d) = 0. Autrement, comme f 00 est continue sur ] − ∞, 0[ alors f 00

38
garde un signe constant sur ] − ∞, 0[ et comme f 0 est continue sur ] − ∞, 0[ donc f est
strictement monotone sur ] − ∞, 0[ ce qui contredit le fait que f 0 (0) = lim f (x) = 0.
x→−∞
0 0 00
De même, on a f (0) = lim f (x) = 0 alors il existe e ∈]0, +∞[ tel que f (e) = 0.
x→+∞
D’où, la fonction f 00 admet deux racines réelles.
On répéte le même procédé jusqu’à l’ordre (n − 1) pour obtenir que les zéros de f (n) sont
réels. Vu que les zéros de f (n) coı̈ncident avec ceux de Hn , on conclut que tous les zéros
de Hn sont réels.

Théorème de Laguerre

En utilisant le théorème de Laguerre, on montre que les zéros des polynômes de Jacobi,
de Laguerre et d’Hermite sont réels et à l’intérieur de l’intervalle d’orthogonalité.

Théorème 2.2.1. [15]


Si f est un polynôme de degré n et x0 est un zéro simple de f , alors chaque cercle qui passe
f 0 (x0 )
par x0 et x00 = x0 − 2(n − 1) 00 contient quelques zéros de f dans les deux domaines
f (x0 )
délimités par ce cercle à moins que tous les zéros ne se trouvent à la circonférence de ce
cercle.

Appliquons, maintenant, ce théorème aux polynômes classiques.

Cas des polynômes de Jacobi :


(α,β)
Soit x0 un zéro simple de y = Pn (x0 existe car on a prouvé, en utlisant l’équation
(α,β)
différentielle satisfaite par les polynômes Pn , que ses zéros sont simples) .
D’après (2.19), on a

(1 − x20 )y 00 (x0 ) + (β − α − (α + β + 2)x0 )y 0 (x0 ) = 0.

Donc
y 0 (x0 ) 1 − x20
= .
y 00 (x0 ) α − β + (α + β + 2)x0

39
Par conséquent

y 0 (x0 ) 1 − x20
x00 = x0 − 2(n − 1) = x 0 − 2(n − 1)
y 00 (x0 ) α − β + (α + β + 2)x0

2(n − 1) 2(n − 1)
= x0 − = x0 − .
α − β + (α + β + 2)x0 α+1 β+1

1 − x20 1 − x0 1 + x0
(α,β)
Maintenant, on suppose par l’absurde que Pn admet un zéro non réel. Parmi les zéros
(α,β)
de Pn , on choisit un zéro x0 de partie imaginaire maximale. On pose x0 = a + ib avec
(α,β)
a, b ∈ R. Comme le polynôme Pn est à coefficients réels, alors b > 0.
On a
α+1 α+1 (α + 1)(1 − a + ib)
= = .
1 − x0 1 − a − ib (1 − a)2 + b2
α+1 b(α + 1)
Par suite, Im = > 0, car b > 0 et α > −1.
1 − x0 (1 − a)2 + b2
De plus, on a
β+1 β+1 (β + 1)(1 + a − ib)
− =− =− .
1 + x0 1 + a + ib (1 − a)2 + b2
 β+1 b(β + 1)
D’où Im − = > 0, car b > 0 et β > −1.
1 + x0 (1 + a)2 + b2
 2(n − 1) 
Par suite, Im − > 0. Il s’ensuit que Im(x00 ) > Im(x0 ).
α+1 β+1

1 − x0 1 + x0

Prenons, par exemple, un cercle au dessus de la droite y = Im(x0 ) qui passe par x0 et par
(α,β)
x00 . Ce cercle ne contient aucun zéro de Pn , ce qui contredit le théorème précédent vu
que tous les zéros se trouvent au dessous de la droite y = Im(x0 ). On conclut que tous
les zéros sont réels.
(α,β)
Maintenant, on suppose que x0 est le plus grand zéro de Pn et que x0 > 1.
On a
2(n − 1)
x00 = x0 − > x0 .
α+1 β+1

1 − x0 1 + x0
Prenons, par exemple, un cercle passant par x0 et x00 et situé dans le demi plan x ≥ x0 .
(α,β)
Ce cercle ne contient aucun zéro de Pn ce qui contredit le théorème précédent.
(α,β)
De même, on montre que si x0 est le plus petit zéro de Pn alors x0 ≥ −1. On conclut

40
(α,β)
donc que tous les zéros de Pn sont à l’intérieur de [−1, 1].

Cas des polynômes de Laguerre :


Soit x0 un zéro simple de y = Lαn . D’après (2.20), on a

xy 00 (x0 ) + (α + 1 − x0 )y 0 (x0 ) = 0.

Donc
y 0 (x0 ) 2(n − 1)
x00 = x0 − 2(n − 1) = x0 − .
00
y (x0 ) α+1
1−
x0
α
Maintenant, on suppose par l’absurde que Ln admet un zéro non réel. Parmi les zéros
de Lαn , on choisit un zéro x0 de partie imaginaire maximale. On pose x0 = a + ib avec
a, b ∈ R. Comme le polynôme Lαn est à coefficients réels, alors b > 0.
On a
α+1 α+1 (α + 1)(a − ib)
− =− =− .
x0 a + ib a2 + b 2
Par conséquent
 α + 1  b(α + 1)
Im − = 2 > 0,
x0 a + b2
car b > 0 et α > −1.
 2(n − 1) 
On obtient que Im − > 0. Il s’ensuit que Im(x00 ) > Im(x0 ).
α+1
1−
x0
Prenons, par exemple, un cercle au dessus de la droite y = Im(x0 ) qui passe par x0 et par
x00 . Ce cercle ne contient aucun zéro de Lαn , ce qui contredit le théorème précédent vu que
tous les zéros se trouvent au dessous de la droite y = x0 . On déduit que tous les zéros de
Lαn sont réels.
Maintenant, on suppose que x0 est le plus petit zéro de Lαn et x0 < 0. On a

2(n − 1)
x00 = x0 − .
α+1
1−
x0
α+1 2(n − 1)
Comme − > 0 et donc − < 0. Par suite, x00 < x0 .
x0 α+1
1−
x0
Prenons, par exemple, un cercle qui passe par x0 et par x00 et situé dans le demi plan
x ≤ x0 . Ce cercle ne contient aucun zéro de Lαn , ce qui contredit le théorème précédent. Il

41
s’ensuit que x0 ≥ 0. On conclut que les zéros de Lαn sont positifs.

Cas des polynômes d’Hermite


Soit x0 un zéro simple de y = Hn . D’après (2.21), on a y 00 (x0 ) = 2x0 y 0 (x0 ).
Donc
y 0 (x0 ) n−1
x00 = x0 − 2(n − 1) = x 0 − .
y 00 (x0 ) x0
Maintenant, on suppose par l’absurde que Hn admet un zéro non réel. Parmi les zéros
de Hn , on choisit un zéro x0 de partie imaginaire maximale. On pose x0 = a + ib avec
a, b ∈ R. Comme le polynôme Hn est à coefficients réels, alors b > 0.
On a
n−1
Im(− ) > 0.
x0
Par suite, Im(x00 ) > Im(x0 ). Prenons, par exemple, un cercle au dessus de la droite
y = Im(x0 ) qui passe par x0 et par x00 . Ce cercle ne contient aucun zéro de Hn , ce qui
contredit le théorème précédent. On conclut que tous les zéros de Hn sont réels. 2

Autres cas d’entrelacement de zéros de deux polynômes de Jacobi :

(α,β)
Théorème 2.2.2. Soient x1 < x2 < · · · < xn les zéros de Pn . Les deux assertions
suivantes sont vérifiées.
1) Chaque intervalle ]xi , xi+1 [, i = 0, 1, . . . , n − 1 où x0 = −1, contient exactement un
(α+1,β)
zéro de Pn .
2) chaque intervalle ]xi , xi+1 [, i = 1, 2, . . . , n où xn+1 = 1, contient exactement un zéro
(α,β+1)
de Pn .

Preuve.
(α+1,β)
1) Les polynômes Pn vérifient la relation suivante :
(α,β) (α,β)
2 (n + α + 1)Pn (x) − (n + 1)Pn+1 (x)
Pn(α+1,β) (x) = . (2.25)
2n + α + β + 2 1−x
(α+1,β)
En effet, les polynômes Pn vérifient la relation d’orthogonalité suivante :
Z 1
(1 − x)α+1 (1 + x)β xk Pn(α+1,β) (x)dx = 0, 0 ≤ k ≤ n − 1.
−1

42
Donc Z 1  
α β k
(1 − x) (1 + x) x (1 − x)Pn(α+1,β) (x) dx = 0, 0 ≤ k ≤ n − 1.
−1
D’après le fait 1.1, il existe d’une façon unique deux réels an et bn tels que
(α,β)
(1 − x)Pn(α+1,β) (x) = an Pn+1 (x) + bn Pn(α,β) (x).

Calculons an et bn .
Pour x = 1, on a    
n+α+1 n+α
an   + bn   = 0.
n+1 n+1
n+α+1
Il s’ensuit que bn = −an .
n+1
Pour x = −1, on a
     
n+β n+β+1 n+β
2(−1)n   = an (−1)n+1   + bn (−1)n  .
n+1 n+1 n+1

n+β+1 n+β+1 n+α+1 2n + α + β + 2


Donc, 2 = −an + bn = −an − an = −an .
n+1 n+1 n+1 n+1

2(n + 1) 2(n + α + 1)
Par suite, an = − et donc bn = .
2n + α + β + 2 2n + α + β + 2

(α,β)
Soient ξ < η deux zéros consécutifs de Pn . D’après (2.25), on a
(α,β)
2(n + 1) Pn+1 (ξ)
Pn(α+1,β) (ξ) = −
2n + α + β + 2 1 − ξ
(α,β)
2(n + 1) Pn+1 (η)
Pn(α+1,β) (η) = − .
2n + α + β + 2 1 − η
(α,β) (α,β)
Il s’ensuit d’après l’entrelacement des zéros de Pn et Pn+1 , que
4(n + 1)2 (α,β) (α,β)
Pn(α+1,β) (ξ)Pn(α+1,β) (η) = 2
Pn+1 (ξ)Pn+1 (η) < 0.
(2n + α + β + 2) (1 − ξ)(1 − η)
D’après le théorème des valeurs intermédiaires, on obtient que l’intervalle ]ξ, η[ contient
(α+1,β)
au moins un zéro de Pn .
(α+1,β)
Il reste à montrer que ] − 1, x1 [ contient aussi un zéro de Pn .
On a
(α,β)
2 (n + 1)Pn+1 (x1 )
Pn(α+1,β) (x1 ) =− .
2n + α + β + 2 1 − x1

43
(α,β)
Lorsque n est impair (respectivement n est pair), on a Pn+1 (x1 ) < 0 (respectivement
(α,β) (α+1,β) (α+1,β)
Pn+1 (x1 ) > 0) et donc Pn (x1 ) > 0 (respectivement Pn (x1 ) > 0).
(α+1,β) (α+1,β) (α+1,β)
De plus, Pn (−1) = (−1)n Pn (1) < 0 (respectivement Pn (−1) > 0).
(α+1,β) (α+1,β)
Il s’ensuit que, Pn (x1 )Pn (−1) < 0.
(α+1,β)
D’après le théorème des valeurs intermédiaires, Pn admet un zéro dans ] − 1, x1 [.
(α,β+1)
2) Les polynômes Pn vérifient la relation suivante :
(α,β) (α,β)
2 (n + β + 1)Pn (x) + (n + 1)Pn+1 (x)
Pn(α,β+1) (x) = . (2.26)
2n + α + β + 2 1+x

En effet, en échangeant α et β dans (2.25) on obtient


(β,α) (β,α)
2 (n + β + 1)Pn (x) − (n + 1)Pn+1 (x)
Pn(β+1,α) (x) = .
2n + α + β + 2 1−x
(α,β) (β,α)
En utilisant la relation Pn (x) = (−1)n Pn (−x), on trouve
(α,β) (α,β)
n 2 (−1)n (n + β + 1)Pn (−x) − (−1)n+1 (n + 1)Pn+1 (−x)
(−1) Pn(α,β+1) (−x) = .
2n + α + β + 2 1−x

(α,β) (α,β)
Maintenant, d’après (2.26) et la propriété d’entrelacement des zéros de Pn+1 et Pn ,
on a

4(n + 1)2 (α,β) (α,β)


Pn(α,β+1) (ξ)Pn(α,β+1) (η) = 2
Pn+1 (ξ)Pn+1 (η) < 0.
(2n + α + β + 2) (1 + ξ)(1 + η)

D’après le théorème des valeurs intermédiaires, l’intervalle ]ξ, η[ contient au moins un zéro
(α,β+1)
de Pn .
(α,β+1)
Il reste à montrer que ]xn , 1[ contient aussi un zéro de Pn . On a, d’après (2.26)
(α,β)
2 (n + 1)Pn+1 (xn )
Pn(α,β+1) (xn ) = < 0,
2n + α + β + 2 1 + xn
(α,β) (α,β)
car Pn+1 (x) < 0 sur l’intervalle ]xn , x0n+1 [ où x0n+1 est le plus grand zéro de Pn+1 . De
(α,β+1) (α,β+1) (α,β+1)
plus, Pn (1) > 0 et donc Pn (xn )Pn (1) < 0.
(α,β+1)
Par conséquent, Pn admet un zéro dans l’intervalle ]xn , 1[. 2

(α,β) (α+1,β+1)
Théorème 2.2.3. Entre deux zéros consécutifs de Pn , il existe un zéro de Pn−1 .

44
(α+1,β+1)
Preuve. Les polynômes Pn vérifient la relation suivante :
d (α,β) n + α + β + 1 (α+1,β+1)
Pn (x) = Pn−1 (x). (2.27)
dx 2
En effet, ça revient à montrer que
Z 1
d
I= (1 − x)α+1 (1 + x)β+1 xk Pn(α,β) (x)dx = 0, 0 ≤ k ≤ n − 2.
−1 dx
En effectuant une intégration par partie, on trouve
h i1 Z 1
β+1 k (α,β)
α+1
I = (1 − x) (1 + x) x Pn (x) + (α + 1) (1 − x)α (1 + x)β+1 xk Pn(α,β) (x)dx
−1
Z 1 Z 1 −1
α+1 β k (α,β)
−(β + 1) (1 − x) (1 + x) x Pn (x)dx − k (1 − x)α+1 (1 + x)β+1 xk−1 Pn(α,β) (x)dx
−1 Z Z−11
h 1 i
= (α + 1) (1 − x)α (1 + x)β xk Pn(α,β) (x)dx + (1 − x)α (1 + x)β xk+1 Pn(α,β) (x)dx
h Z −1
1 Z −1
1 i
α β k (α,β)
−(β + 1) (1 − x) (1 + x) x Pn (x)dx − (1 − x)α (1 + x)β xk+1 Pn(α,β) (x)dx
h Z 1 −1 Z 1 −1 i
α β k−1 (α,β) α β k+2 (α,β)
−k (1 − x) (1 + x) x Pn (x)dx − (1 − x) (1 + x) x Pn (x)dx .
−1 −1

(α,β)
Toutes ces intégralles sont nulles en utilisant la relation d’orthogonalité de Pn pour
0 ≤ k ≤ n − 2.
d (α,β) (α+1,β+1)
D’après le fait 1.1, il existe d’une façon unique un réel cn tel que Pn (x) = cn Pn−1 .
dx
Calculons cn . D’après (2.19), on a
 
n+α
−2(α + 1)(Pn(α,β) )0 (1) + n(n + α + β + 1)   = 0.
n

Par suite,
 
n+α
  n(n + α + β + 1)  
n+α n
cn   = (Pn(α,β) )0 (1) = .
n−1 2(α + 1)

n+α+β+1
Ainsi, on trouve cn = .
2

Maintenant, montrons l’entrelacement des zéros. Soient ξ < η deux zéros consécutifs
(α,β)
de Pn et donc on a
0 0
Pn(α,β) (ξ) Pn(α,β) (η) < 0,

45
(α,β) 0
car Pn change de signe entre ξ et η.
D’après (2.27), on obtient
(n + α + β + 1)2 (α+1,β+1) (α+1,β+1)
Pn−1 (ξ)Pn−1 (η) < 0.
4
D’après le théorème des valeurs intermédiaires, l’intervalle ]ξ, η[ contient un zéro de
(α+1,β+1)
Pn−1 . 2

2.2.2 Les variations des zéros dépendant d’un paramètre

Dans ce paragraphe, nous étudions les cas où la suite {Pn }n≥0 est orthogonale par
rapport à une fonction poids dépendant d’un paramètre τ c’est-à-dire ω(x) = ω(x, τ ).
Dans ce cas, les zéros de Pn dépendent aussi du paramètre τ .

Théorème 2.2.4. [13] Soit ω(x, τ ) la fonction poids définie sur l’intervalle [a, b]. On
suppose que ω(x, τ ) est strictement positive et continue pour a < x < b, τ1 < τ < τ2 .
On suppose de plus l’existence et la continuité de la derivée partielle ωτ (x, τ ) (la derivée
de ω par rapport à τ ), pour a < x < b et τ1 < τ < τ2 ainsi que la convergence uniforme
de Z b
xν ωτ (x, τ )dx, ν = 0, 1, . . . , 2n − 1
a

dans chaque intervalle [τ 0 , τ 00 ] de ]τ1 , τ2 [.


Soient x1 (τ ) > x2 (τ ) > · · · > xn (τ ) les zéros de Pn .
ωτ
Alors xν (τ ) est une fonction strictement croissante de τ si est une fonction strictement
ω
croissante de x sur ]a, b[.

Preuve. Soit ρ un polynôme de degré 2n − 1. D’après la formule de quadrature de Gauss


(2.17), on a
Z b n
X
ρ(x)ω(x, τ )dx = λν (τ )ρ(xν (τ )).
a ν=1

∂xν (τ )
En dérivant cette équation par rapport à τ et en notant ẋν (τ ) = ,
∂τ
∂ρ(xν (τ )) ∂λ(τ ) ∂Pn (xν (τ ))
ρ̇(xν (τ )) = , λ̇(τ ) = et P˙n (xν (τ )) = , on obtient
∂τ ∂τ ∂τ
Z b X n Xn
ρ(x)ωτ (x, τ )dx = λν (τ )ẋν (τ )ρ̇(xν (τ )) + λ̇(τ )ρ(xν (τ )). (2.28)
a k=1 k=1

46
Pn2 (x)
Prenons ρ(x) = . Le polynôme ρ vérifie les propriétés suivantes :
x − xν (τ )

• ρ(xi (τ )) = 0, i = 1, . . . , n.
2
• ρ̇(xν (τ )) = P˙n (xν (τ )).
• ρ̇(xi (τ )) = 0, i 6= ν.
En remplaçant ρ(x) dans (2.28) par sa valeur et en utilisant ces relations, on obtient
Z b
Pn2 (x) 2
ωτ (x, τ ) dx = λν (τ )P˙n (xν (τ ))ẋν (τ ).
a x − xν (τ )

De plus,
b Z b
P 2 (x)  P 2 (x)
Z
ωτ (xν , τ )
ωτ (x, τ ) n dx = ωτ (x, τ ) − ω(x, τ ) n dx,
a x − xν a ω(xν , τ ) x − xν

car
b b
wτ (xν , τ ) Pn2 (x)
Z Z
wτ (xν , τ ) Pn (x)
w(x, τ ) dx = w(x, τ ) Pn (x)dx = 0,
a w(xν , τ ) x − xν w(xν , τ ) a x − xν
en utilisant la relation d’orthogonalité de Pn .
ωτ ωτ (x, τ ) ωτ (xν , τ )
Lorsque est une fonction strictement croissante de x, alors − a le
w ω(x, τ ) ω(xν , τ )
même signe que x − xν , a < x < b. Dans ce cas, on a
 ω (x, τ ) ω (x , τ )  P 2 (x)
τ τ ν n
− ≥ 0.
ω(x, τ ) ω(xν , τ ) x − xν

En multipliant par le poids ω(x, τ ), qui est strictement positif et en intégrant entre a et
b, on obtient Z b
ωτ (xν , τ )  P 2 (x)
ωτ (x, τ ) − ω(x, τ ) n dx ≥ 0.
a ω(xν , τ ) x − xν
Z b
˙ 2 P 2 (x)
Il s’ensuit que, λν (τ )Pn (xν (τ ))ẋν (τ ) = ωτ (x, τ ) n dx ≥ 0.
a x − xν

Puisque λν (τ ) est positif, on conclut que ẋν (τ ) ≥ 0. 2

Applications :

Cas des polynômes de Jacobi

47
Théorème 2.2.5. [20] Si on désigne par {xν = xν (α, β)}, ν = 1, . . . , n, les zéros de
Pn (α,β) tels que −1 < xn < · · · < x2 < x1 < 1, alors on a

∂xν ∂xν
<0 , > 0, ν = 1, 2, . . . , n.
∂α ∂β
∂xν
Pour α = β, on a <0, ν = 1, . . . , [ n2 ].
∂α
Preuve. Les polynômes Pn (α,β) sont orthogonaux par rapport à w(x, α) = (1 − x)α (1 + x)β ,
α > −1, β fixé. On a

∂w(x, α)
wα (x, α) = = (1 − x)α (1 + x)β log (1 − x).
∂α
wα (x, α)
Il s’ensuit que = log (1 − x) qui est une fonction strictement décroissante sur
w(x, α)
] − 1, 1[.
wβ (x, β)
De même, pour α fixé, on a = log (1 + x) qui est une fonction stictement crois-
w(x, β)
sante sur ] − 1, 1[.
α
Pour α = β, ce théorème n’est plus applicable car w(x, α) = (1 − x2 ) donc

wα (x, α)
= log (1 − x2 ) et la dérivée de log (1 − x2 ) change de signe sur ] − 1, 1[.
w(x, α)

Dans ce cas, on utilise la relation suivante :

Γ(2 + α + 1)Γ(ν + 1) (α,− 1 ) 2


P2ν (α,α) (x) = Pν 2 (2x − 1).
Γ(α + ν + 1)Γ(2ν + 1)
−1
On note par Xν , ν = 1, 2, . . . , n, les zéros de Pν (α, 2 ) . D’après le théorème précédent,
∂Xν
< 0, ν = 1, 2, . . . , n, car −1 < 2x2 − 1 < 1 pour −1 < x < 1.
∂α
(α,− 1 ) (α,α)
Les zéros de Pν 2 (2x2 − 1) coı̈ncident avec les zéros de P2ν (x), c’est-à-dire
Xν = 2x2ν − 1 et donc
∂Xν ∂xν
=2 xν .
∂α ∂α
(α,α)
Le polynôme Pν est pair donc ses zéros sont symétriques par rapport à l’origine. En
plus, on a supposé que −1 < xn < · · · < x2 < x1 < 1 et donc les xν , ν = 1, 2, . . . , [ n2 ], sont
(α,α) ∂xν
les zéros positifs de Pν . On conclut donc que < 0. 2
∂α

48
(α,β)
Cette méthode nous permet d’encadrer chaque zéro de Pn entre deux autres zéros
1 1
connus. Ce qui explique le choix de α et β entre − et vu qu’on connaı̂t les zéros de
2 2
Tn et Un les polynômes de Tchebychev de première et de seconde espèce respectivement,
dans le cas où α = β.
(α,β)
Théorème 2.2.6. [20] Si on note xν = cos θν , ν = 1, 2, . . . , n, les zéros de Pn ,
alors pour
1 1 1 1
− ≤α≤ , − ≤β≤
2 2 2 2

on a
2ν − 1 2ν
π ≤ θν ≤ π, ν = 1, 2, . . . , n.
2n + 1 2n + 1

2ν − 1 1 1 2ν 1 1
θν = π, pour α = − , β = et θν = π, pour α = , β = − .
2n + 1 2 2 2n + 1 2 2
∂xν ∂xν
Preuve. D’après le théorème 2.2.5, on a < 0, > 0, ν = 1, 2, . . . , n. Donc, le
∂α ∂β
1 1 1
minimum de xν est atteint pour α = , β = − et le maximum est atteint pour α = − ,
2 2 2
1
β= .
2
Or, pour x = cos θ, on a
( 1 , −1 ) 1.3. . . . .(2n − 1) sin{(2n + 1) 2θ }
Pn 2 2
(x) = .
2.4. . . . .2n sin 2θ

( −1 ,1) 1.3. . . . .(2n − 1) cos{(2n + 1) 2θ }


Pn 2 2
(x) = .
2.4. . . . .2n cos 2θ
sin{(2n + 1) 2θ } 2ν
Les zéros de θ
sont uν = cos( π), ν = 1, 2, . . . , n.
sin 2 2n + 1

cos{(2n + 1) 2θ } 2ν − 1
Les zéros de sont vν = cos( π), ν = 1, 2, . . . , n.
cos 2θ 2n + 1
Ainsi
2ν 2ν − 1
cos( π) ≤ xν ≤ cos( π), ν = 1, 2, . . . , n.
2n + 1 2n + 1
Par conséquent
2ν − 1 2ν
π ≤ θν ≤ π.
2n + 1 2n + 1
2

49
Théorème 2.2.7. [20] Pour le cas − 21 ≤ α = β ≤ 1
2
on a
1 π π n
(ν − ) ≤ θν ≤ ν , ν = 1, 2, . . . , .
2 n n+1 2
∂xν
Preuve. Pour α = β, d’après le théorème 2.2.5, on a < 0, ν = 1, . . . , [ n2 ]. Le minimum
∂α
1 1
de xν est atteind pour α = − et le maximum est atteind pour α = .
2 2
On a
( −1 , −1 ) 1.3. . . . .(2n − 1)
Pn 2 2 (x) = Tn (x),
2.4. . . . .2n
où les Tn sont les polynômes de Tchebychev de première espèce. De plus, on a
( 1 , 12 ) 1.3. . . . .(2n − 1)
Pn 2 (x) = Un (x),
2.4. . . . .2n
où les Un sont les polynômes de Tchebychev de seconde espèce.
Les zéros de Tn sont
1 π
uν = cos{(ν − ) }, ν = 1, 2, . . . , n.
2 n
Les zéros de Un sont
ν
vν = cos( π), ν = 1, 2, . . . , n.
n+1
Il s’ensuit que
ν 1 π n
cos( π) ≤ xν ≤ cos{(ν − ) }, ν = 1, 2, . . . , [ ].
n+1 2 n 2
Par suite
2ν − 1 ν n
π ≤ θν ≤ π, ν = 1, 2, . . . , [ ].
2n + 1 n+1 2
2
Cas des polynômes de Laguerre :

Théorème 2.2.8. [20] Soient {xν = xν (α)}, ν = 1, . . . , n, les zéros de Lαn ,


on a
dxν
> 0, ν = 1, 2, . . . , n.

Preuve. Les polynômes Lαn sont orthogonaux par rapport au poids w(x, α) = e−x xα . On a
dw(x, α)
wα (x, α) = = e−x xα log x.

wα (x, α)
Par suite, = log x qui est une fonction strictement croissante sur ]0, +∞[. 2
w(x, α)

50
Théorème 2.2.9. [20] Soient x1 < x2 < · · · < xn les zéros de Lαn .
−1
Pour 2
≤ α ≤ 12 , on a
ξν2 ≤ xν ≤ ην2 , ν = 1, 2, . . . , n,

où ξν et ην sont les ν’ième zéros positifs de H2n et H2n+1 respectivement.


dxν
Preuve. En utilisant le théorème 2.2.2, on obtient > 0, ν = 1, 2, . . . , n.
1

(− )
On a,H2n (x) = (−1)n 22n n!Ln 2 (x2 ). Donc, si ξν un zéro de H2n , alors ξν2 est un zéro de
(− 21 )
Ln .
(1)
De plus, on a H2n+1 (x) = (−1)n 2n+1 n!Ln2 (x2 ). Donc, si ην est un zéro de H2n+1 , alors ην2
(1)
est un zéro de Ln2 . 2

51
Chapitre 3

Théorème de comparaison de Sturm


et applications

3.1 Théorème de comparaison de Sturm


Théorème 3.1.1. [2] Soient y(x) et Y (x) deux solutions non triviales des équations
différentielles suivantes :

y 00 + f (x)y = 0 , Y 00 + F (x)Y = 0

et soient x1 , x2 , ..., xm et X1 , X2 , ..., Xm les zéros consécutifs de y et de Y , respectivement,


dans un intervalle ]a, b[. On suppose que f et F sont continues.
Si

f (x) < F (x) , a < x < xm (3.1)


lim+ [y 0 (x)Y (x) − y(x)Y 0 (x)] = 0 (3.2)
x→a

alors
Xk < xk k = 1, ..., m.

Théorème 3.1.2. La conclusion du théorème précédent reste valable si on remplace l’hy-


pothèse (3.1) par :
f (x) < F (x) , a < x < Xm . (3.3)

52
Preuve. Si x1 > Xm le résultat est évident car xm > ... > x1 > Xm > ... > X1 .
On suppose, dans la suite, que x1 ≤ Xm .
Montons que X1 < x1 . On suppose par l’absurde que X1 ≥ x1 .
On prend, sans perte de généralité, que

y(x) > 0 , Y (x) ≥ 0 a < x < x1 .

On a
Z x1 Z x1 Z x1
0< {F (t) − f (t)}y(t)Y (t)dt = F (t)Y (t)y(t)dt − f (t)y(t)Y (t)dt
a+ Z x1 a+ Z x1 a+
00
=− y(t)Y (t)dt + y 00 (t)Y (t)dt
a+ a+
Par une intégration par partie, on obtient
Z x1 h i x1 Z x1 h i x1
0
{F (t) − f (t)}y(t)Y (t)dt = − y(t)Y (t) + y 0 (t)Y 0 (t)dt + y 0 (t)Y (t)
a+ Z x a+ a+ a+
1

− y 0 (t)Y 0 (t)dt = y 0 (x1 )Y (x1 ) − y(x1 )Y 0 (x1 ) + lim+ y 0 (t)Y (t) − y(t)Y 0 (t)
a+ t→a
0
= y (x1 )Y (x1 ) ≤ 0,
contradiction. On conclut que, X1 < x1 .
Maintenant, montrons que x1 < X2 < x2 . On suppose par l’absurde que X2 ≥ x2 .
On suppose, sans perte de généralité, que

y(x) < 0, Y (x) < 0 x1 < x < x 2 .

Donc y 0 (x2 ) > 0 et y 0 (x1 ) < 0. De plus, on a


Z x2 Z x2 Z x2
0< {F (t) − f (t)}y(t)Y (t)dt = F (t)Y (t)y(t)dt − f (t)y(t)Y (t)dt
x1 Z x2 x1 Z x2 x1

=− y(t)Y 00 (t)dt + y 00 (t)Y (t)dt.


x1 x1

Par une intégration par partie, on a


Z x2 h i x2 Z x2 h i x2
0
{F (t) − f (t)}y(t)Y (t)dt = − y(t)Y (t) + y 0 (t)Y 0 (t)dt + y 0 (t)Y (t)
x1 Z x2 x1 x1 x1

− y 0 (t)Y 0 (t)dt = y 0 (x1 )Y (x1 ) − y 0 (x2 )Y (x2 ) ≤ 0,


x1

contradiction. Il s’ensuit que, x1 < X2 < x2 .


Par le même raisonnement, on peut montrer que chaque intervalle ]x2 , x3 [, . . . , ]xm−1 , xm [
contient un zéro de Y , on conclut que

Xl < xl , l = 1, . . . , m, (3.4)

53
mais à condition que xl ≤ Xm . Cette condition est nécessaire car f (x) < F (x) seulement
pour a < x < Xm . 2

Remarque 3.1.1. si y 0 (a+ ) et Y 0 (a+ ) existent alors l’hypothèse (1.2) sara remplacée par

y(a+ ) = Y (a+ ) = 0

Corollaire 3.1.3. [2] Sous les mêmes conditions du théorème 3.1.1 et en ajoutant que f
est strictement décroissante sur ]a, xm [, on a

Xk+1 − Xk < xk+1 − xk , k = 1, . . . , m − 1. (3.5)

Preuve. La fonction y(x + δ) satisfait l’équation différentielle suivante :

y 00 + f (x + δ)y = 0 , a − δ < x < xm − δ

Les zéros de y(x + δ) sont x1 − δ, . . . , xm − δ.


Pour k ∈ {1, . . . , m − 1} fixé, on choisit δ = xk − Xk .
D’après le théorème 3.1.1, δ > 0. De plus,

0 = Y (Xk ) = y(xk ) = y(Xk + δ)

et donc le k’ième zéro de Y (x) coı̈ncide avec le k’ième zéro de y(x + δ).
On a
f (x + δ) ≤ f (x) < F (x) , pour a < x < xm − δ, (3.6)

car f est strictement décroissante. Donc, en appliquant le théorème 3.1.1 dans l’intervalle
]Xk , xk+1 − δ[, on obtient
Xk+1 < xk+1 − δ.

Par suite, en remplaçant δ par sa valeur, on obtient la relation (3.5). 2

Remarque 3.1.2. On peut remplacer l’hypothèse f est strictement décroissante par F


est strictement décroissante sur ]a, xm [. Dans ce cas, au lieu de (3.6), on a

f (x + δ) < F (x + δ) ≤ F (x), pour a < x < xm − δ.

54
3.2 Applications

3.2.1 Cas des polynômes de Jacobi

Les θ-zéros

Théorème 3.2.1. [20] On suppose que − 21 ≤ α ≤ 12 , − 12 ≤ β ≤ 1


2
et on exclut en général
le cas α2 = β 2 = 14 .
(α,β)
On note par xν = cos θν , ν = 1, . . . , n, les zéros de Pn
avec −1 < xn < xn−1 < · · · < x1 < 1 et 0 < θ1 < θ2 < · · · < θn < π.
On a
π
θν − θν−1 < α+β+1
, pour ν = 1, 2, . . . , n + 1,
n+ 2
 
 0 si α > − 21  π si β > − 12
où θ0 = et θn+1 = .
 −θ
1 si α = − 12  −θ
1 si β = − 21

Pour le cas α2 = β 2 = 14 , on a une égalité.


On note pour α = β = − 21 , α=β= 1
2
, α = −β = 1
2
, α = −β = − 12

1 π π π ν − 12
θν = (ν − ) , ν , ν 1 , π, pour ν = 0, 1, . . . , n + 1.
2 n n+1 n+ 2
n + 12

Preuve. La fonction
n (α + β + 1)  o
y(θ) = sin n+ (θ − θν−1 ) ,
2

vérifie l’équation différentielle y 00 + f (x)y = 0, où


 α + β + 1 2
f (θ) = n + .
2

La fonction
θ α+ 12 θ β+ 12 (α,β)
Y (θ) = sin cos Pn (cos θ).
2 2
vérifie l’équation différentielle Y 00 + F (x)Y = 0, où
1 1
4
− α2 4
− β2 α + β + 1 2
F (θ) = 2 θ
+ θ
+ n + .
4 sin 2 4 cos2 2 2

55
π
Les zéros de y(θ) sont θν−1 et θν−1 + α+β+1
. Les zéros de Y (θ) sont les θν , ν =
n+ 2
0, 1, . . . , n.
De plus, on a
-Les fonctions f et F sont continues.
1
- f (θ) < F (θ), pour 0 < θ < π, car α2 6= 4
et β 2 6= 14 .
- lim+ [y 0 (θ)Y (θ) − y(θ)Y 0 (θ)] = 0.
θ→0

En appliquant le théorème 3.1.1, on obtient

π
θν < θν−1 + α+β+1
.
n+ 2

Il s’ensuit que
π
θν − θν−1 < α+β+1
.
n+ 2
2

Conséquence 3.2.2. [20]


a-
α+β−1
ν+ 2 ν
α+β+1
π < θν < α+β+1
π , ν = 1, 2, . . . , n.
n+ 2
n+ 2

b- Pour α = β = λ − 21 , on a :

ν + α2 − 14 n
θν > π , ν = 1, 2, . . . , .
n + α + 21 2

Preuve.
a- D’après le théorème 3.2.1, on a

π
θ1 − θ0 < α+β+1
n+ 2

π
θ2 − θ1 < α+β+1
n+ 2
..
.
π
θν − θν−1 < α+β+1
.
n+ 2

56
ν
En faisant la somme, on obtient θν − θ0 < α+β+1
π.
n+ 2
ν
Comme θ0 = 0 pour α > − 21 , il s’ensuit que θν < α+β+1
π.
n+ 2

(α,β) (β,α)
Pour l’autre inégalité, on utilise la relation Pn (x) = (−1)n Pn (−x).
(β,α)
Les zéros de Pn (−x) sont π − θν , ν = 1, 2, . . . , n, avec
−1 < −x1 < −x2 < · · · < −xn < 1 et 0 < π − θn < π − θn−1 < · · · < π − θ1 < π.
(β,α)
En appliquant la première inégalité à Pn (−x), on obtient

n−ν+1
π − θν < π.
n + α+β+1
2
Il s’ensuit que
α+β−1
n−ν+1 ν+ 2
θν > π − α+β+1
π= α+β+1
π.
n+ 2 n+ 2

b- Pour α = β = λ − 12 , 0 < θ < π2 , on pose

ν + α2 − 14 n+1
θν0 = θν − π , ν = 0, 1, . . . , [ ].
n + α + 12 2

Il suffit de montrer donc que θν0 > 0, ν = 0, 1, . . . , [ n+1


2
].
D’abord, montrons que la suite θν0 est strictement décroissante. On a, d’après le théorème
3.2.1 pour α = β
ν + α2 − 14 ν + α2 − 54 π
θν0 − θν−1
0
= θν − 1 − θν−1 + 1 = θν − θν−1 − 1 < 0.
n + α + 2π n + α + 2π n+α+ 2

Par conséquent
θ00 > θ10 > · · · > θ[0 n+1 ] .
2

(α,α)
Si n est impair, on a θ[0 n+1 ] = θ0n+1 . Les zéros de Pn sont symétriques par rapport à
2 2
π
l’origine et 0 est une racine. On a x n+1 = 0 et donc θ n+1 = .
2 2 2
Dans ce cas, on a
n+1
0 + α2 − 14
2 π n
2
+ α2 + 14 π π
θ n+1 = θ n+1 − 1 π= − 1 π = − = 0.
2 2 n+α+ 2 2 n+α+ 2 2 2

Par conséquent
0 < θ0n < · · · < θ00 .
2

57
Si n est pair, on a θ[0 n+1 ] = θ0n .
2 2
(α,α)
De plus, on a θ + θ n
2
n
2
+1 = π. En effet, x n2 + x n2 +1 = 0 car les zéros de Pn sont
symétriques par rapport à l’origine. Donc

arccos θ n2 = − arccos θ n2 +1 = π − arccos(−θ n2 +1 ).

D’où
  π
θ n2 = cos π − arccos(−θ n2 +1 ) = − cos arccos(−θ n2 +1 ) = π − θ n2 +1 , 0 < θ n2 +1 < .
2
Maintenant, d’après le théorème 3.2.1, on a
π
θ n2 +1 − θ n2 < 1 .
n+α+ 2

Il s’ensuit que
π
θ n2 +1 + θ n2 − 2θ n2 = π − 2θ n2 < 1 .
n+α+ 2
Donc
π
π 2
− θ n2 < .
2 n + α + 21
Par conséquent
n
+ α2 − 14 π π
θ0n = θ n2 − 2
π = θ n − + 2
> 0.
2 n + α + 12 2
2 n+α+ 1
2

On conclut que θν0 > 0, ν = 0, 1, . . . , [ n+1


2
]. 2
(α,β)
Théorème 3.2.3. [2] Soient θn,k , k = 1, . . . , n, les θ-zéros de Pn , α > −1, β > −1
tels que 0 < θn,1 < θn,2 < · · · < θn,n < π.
π
Pour tout n ∈ N, soit kn la plus grande valeur de k pour laquelle θn,k ≤ .
2
Pour n fixé, on a
i) Si α2 ≤ β 2 et α2 ≤ 14 , alors

θn+1,k+1 − θn+1,k < θn,k+1 − θn,k , k = 1, 2, . . . , kn − 1.


α+β+1
ii) Si α2 ≤ 41 , β 2 ≤ 1
4
et γ = , alors
2
(n + γ)θn,k < (n + γ + 1)θn+1,k , k = 1, . . . , n.

1 α+β+1
iii) Si α2 ≤ β 2 ≤ 4
et γ = , alors
2
(n + γ + 1)[θn+1,k+1 − θn+1,k ] < (n + γ)[θn,k+1 − θn,k ], k = 1, . . . , kn+1 − 1.

58
Remarque 3.2.1.
n+1
Dans le cas où β = α, on a kn = [ ] car les θ-zéros sont symétriques par rapport à
2
π n+1 ∂xν ∂θν
. Pour β > α, on a kn ≥ [ ] car > 0 et donc < 0.
2 2 ∂β ∂β
Preuve. On a
θ α+ 12 θ β+ 12 (α,β)
yν (θ) = sin cos Pn (cos θ)
2 2
α+β+1
satisfait l’équation différentielle suivante : y 00 + φν (θ)y = 0, avec ν = n + et
2
1 1 1 1
φν (θ) = ν 2 + ( − α2 ) sin−2 (θ/2) + ( − β 2 ) cos−2 (θ/2).
4 4 4 4
Pour démontrer i), on doit vérifier les trois points suivants :
– φν (θ) < φν+1 (θ), 0 < θ < π.
π
– φν (θ) est strictement décroissante sur ]0, [.
2
– lim+ [yν0 (θ)yν+1 (θ) − yν (θ)yν+1
0
(θ)] = 0.
θ→0
Le premier point est évident.
Pour le deuxième point, on a
1 1 θ
φν (θ) = ν 2 + ( − α2 ) sin−2 θ + (α2 − β 2 ) cos−2 .
4 4 2
Ainsi
∂φν (θ) 1 1 θ θ
= −2( − α2 ) cos θ sin−3 θ − (β 2 − α2 ) sin cos−3 < 0,
∂θ 4 4 2 2
π 2 1
car 0 < θ < , α ≤ β 2 et α2 ≤ . Il s’ensuit que φν (θ) est strictement décroissante.
2 4
Pour le dernier point, on a
θ θ
yν0 (θ)yν+1 (θ)−yν (θ)yν+1
0 0
(θ) = 2(sin )2α+2 (cos )2β+2 {Pn (cos θ)Pn+1 (cos θ)−Pn0 (cos θ)Pn+1 (cos θ)}.
2 2
Par suite
lim+ [yν0 (θ)yν+1 (θ) − yν (θ)yν+1
0
(θ)] = 0.
θ→0
(α,β)
Les zéros de yν+1 coı̈ncident avec les zéros de Pn+1 (cos θ) et les zéros de yν coı̈ncident
(α,β)
avec les zéros de Pn (cos θ). En appliquant le corollaire 3.1.3, on obtient la première
assertion.
Pour prouver ii) et iii), on considère l’équation différentielle z 00 + ψν (θ)z = 0 satisfaite par
zν (θ) = yν (ν −1 θ), 0 < θ < νπ, où ψν (θ) = ν −2 φν (ν −1 θ).
En premier lieu, vérifions les deux points suivants :

59

ψν (θ) > ψν+1 (θ), 0 < θ < νπ. (3.7)


0
lim [zν0 (θ)zν+1 (θ) − zν (θ)zν+1 (θ)] = 0. (3.8)
θ→0+

Pour le premier point, on a


1 1 θ 1 1 θ
ψν (θ) = 1 + ν −2 ( − α2 ) sin−2 + ν −2 ( − β 2 ) cos−2
4 4 2ν 4 4 2ν

1 1  θ 2 1 1  θ 2
2 2ν 2 2ν
=1+ ( − α ) θ
+ ( − β ) θ
.
θ2 4 sin 2ν θ 2 4
cos 2ν
 x 2  x 2 π
Les fonctions et sont strictement croissantes sur ]0, [
sin x cos x 2
 θ 2  θ 2
2ν 2ν
Donc, les fonctions θ
et θ
sont strictement croissantes sur ]0, νπ[.
sin 2ν cos 2ν

1 1
De plus, les termes − α2 et − β 2 sont positifs. Par suite, la fonction ψν (θ) est stricte-
4 4
θ θ
ment croissante et puisque < alors (3.7) est vérifiée.
2(ν + 1) 2ν

Pour prouver (3.8), on utilise les relations suivantes pour θ tend vers 0+
 θ α+ 12
yν (θ) = Pn [1 + O(θ)]
2

et   1
 1 (α + 1 ) θ α− 2 P [1 + O(θ)], α > − 1 ,

n
yν0 (θ) = 2 2 2 2

O(θ), α = − 12 .

Il s’ensuit que

1 1
lim+ [zν0 (θ)zν+1 (θ) − zν (θ)zν+1
0
(θ)] = lim+ [ yν0 (θ)yν+1 (θ) − 0
yν (θ)yν+1 (θ)] = 0.
θ→0 θ→0 ν ν+1

Les zéros de zν sont (νθn, k ), k = 1, . . . , n et les zéros de zν+1 sont (ν + 1)θn+1, k ,
k = 1, . . . , n + 1. Par suite, en appliquant le théorème 3.1.2, on obtient

νθn,k < (ν + 1)θn+1,k , k = 1, . . . , n.

60
En remplaçant ν par sa valeur, on obtient la deuxième assertion.
Pour démontrer iii), il suffit de prouver de plus que ψν+1 est strictement décroissante sur
π
]0, (ν + 1) [. Ceci est vrai car on a ψν+1 (θ) = (ν + 1)−2 φν+1 (ν + 1)−1 θ

2 π
et φν+1 est strictement décroissante pour 0 < θ < .
2
En appliquant le corollaire 3.1.3, on obtient la troisième assertion. 2

Théorème 3.2.4. [20] Soient α = β = λ − 21 , 0 < λ < 1 et j1 , j2 , j3 , . . . les zéros positifs


de la fonction de Bessel Jα tels que j1 < j2 < j3 < . . . . On a

θν <
, ν = 1, 2, . . . , n.
n+λ

Pour λ = 0 et λ = 1, on a θν = .
n+λ

Preuve. Les fonctions u et v données par :


1 1
u(θ) = sinλ θPnλ (cos θ) , v(θ) = θ 2 Jα {(n + λ)θ}, α=λ−
2
vérifient, respectivement, les équations différentielles suivantes :
d2 u n 2 λ(1 − λ) o d2 v λ(1 − λ)
2
+ (n + λ) − 2 u = 0 , 2
+ {(n + λ)2 − }v = 0.
dθ sin θ dθ θ2
λ(1 − λ) λ(1 − λ)
On pose f (θ) = (n + λ)2 − 2 et F (θ) = (n + λ)2 − .
sin θ θ2
On a
f (θ) ≤ F (θ), 0 < θ < π.

De plus, on a
1
 
u0 (θ)v(θ) − u(θ)v 0 (θ) = θ 2 Jα {(n + λ)θ} λ sinλ−1 θ cos θPnλ (cos θ) − sinλ+1 θ(Pnλ )0 (cos θ)
 1 1

− sinλ θPnλ (cos θ) 21 θ− 2 Jα {(n + λ)θ} + (n + λ)θ 2 Jα0 {(n + λ)θ}
sinλ−1 θ h 3 −λ 
λ 2 λ 0
i
= θ 2 Jα {(n + λ)θ} λ cos θP n (cos θ) − sin θ(P n ) (cos θ)
θλ−1
λ−2 h
sin θ 3  1 i
− λ−2 θ 2 −λ sin2 θPnλ (cos θ) Jα {(n + λ)θ} + (n + λ)θJα0 {(n + λ)θ} .
θ 2
0 0
Ainsi lim+ [u (θ)v(θ) − u(θ)v (θ)] = 0, pour 0 < θ < π et 0 < λ < 1.
θ→0
jν 
Les zéros de u sont les θν , ν = 1, 2, . . . , n et les zéros de v sont , ν = 1, 2, . . . , n.
n+λ
En appliquant le théorème 3.1.1, on obtient

θν < , ν = 1, 2, . . . , n.
n+λ

61
2
Cette estimation est la plus bonne du fait que, pour ν fixé et n arbitraire, on ne peut
pas remplacer le facteur jν par un facteur plus petit car lim nθν = jν .
x→+∞

Les x-zéros
(α,β)
On désigne par xn,k , k = 1, 2, . . . , n, les zéros de Pn , où α > −1, β > −1 et
−1 < xn,n < · · · < xn,1 < 1. On note par kn la plus grande valeur de k pour laquelle
xn,k ≥ 0.
n+1
Dans le cas où β = α, on a kn = [ ] car les zéros sont symétriques par rapport à
2
n+1 ∂xν
l’origine et pour β > α, kn ≥ [ ] car est strictement positive.
2 ∂β
Théorème 3.2.5. [2] Si α2 ≤ 1 et α2 ≤ β 2 , alors

xn+1,k − xn+1,k+1 < xn,k − xn,k+1 , k = 1, 2, . . . , kn − 1, n = 2, 3, . . . .

Preuve. La fonction u donnée par

un (x) = x(α+1)/2 (2 − x)(β+1)/2 Pn(α,β) (1 − x)

satisfait l’équation différentielle suivante :


d2 u n
+ φn (x)un = 0,
dx2
où
1 1 h (α + 1)(β + 1) i −1
φn (x) = (1−α2 )x−2 + (1−β 2 )(2−x)−2 + n(n+α+β +1)+ x (2−x)−1 .
4 4 2
Vérifions les trois points suivants :
– φn (x) < φn+1 (x), 0 < x < 1.
– φn est strictement décroissante sur ]0, 1[.
– lim+ [u0n (x)un+1 (x) − un (x)u0n+1 (x)] = 0.
x→0
La premier point est évident.
Pour le deuxième point, on a
dφn (x) 1 1 h
= − (1 − α2 )x−3 − (1 − β 2 )(2 − x)−3 − 2(1 − x) n(n + α + β + 1)
dx 2 2

(α + 1)(β + 1) i −2
+ x (2 − x)−2 ≤ 0,
2
62
car α2 ≤ 1, α2 ≤ β 2 et 0 < x < 1.
Il s’ensuit que φn est strictement décroissante sur ]0, 1[.
Pour le dernier point, on a
h α + 1 α−1 β+1 β + 1 α+1 β−1
i α+1 β+1
u0 (x) = Pn(α,β) (1 − x) x 2 (2 − x) 2 − x 2 (2 − x) 2 − x 2 (2 − x) 2
2 α + 1 2
(α,β) 0 α−1 β−1
h β+1  i
(Pn ) (1 − x) = x 2 (2 − x) 2 Pn (α,β)
(2 − x) − x − x(2 − x)(Pn(α,β) )0 (1 − x) .
2 2
Donc
h α + 1 β+1 
(α,β)
u0n (x)un+1 (x) − un (x)u0n+1 (x) = xα (2 − x)β Pn+1 (1 − x) Pn(α,β) (2 − x) − x
2
α + 2 
i h
(α,β) 1 β+1
−x(2 − x)(Pn(α,β) )0 (1 − x) = −xα (2 − x)β Pn(α,β) (1 − x) Pn+1 (2 − x) − x
i 2 2
(α,β)
−x(2 − x)(Pn+1 )0 (1 − x)
h i
(α,β) (α,β)
= xα+1 (2 − x)β+1 Pn+1 (1 − x)(Pn(α,β) )0 (1 − x) − (Pn+1 )0 (1 − x)Pn(α,β) (1 − x) .

Par suite, et pour α > −1, on obtient


lim [u0n (x)un+1 (x) − un (x)u0n+1 (x)] = 0.
x→0+

Les zéros de un sont (1 − xn,k ), k = 1, 2, . . . , n et les zéros de un+1 sont (1 − xn+1,k )


k = 1, 2, . . . , n + 1. Ainsi, par application du corollaire 3.1.3, on a

(1 − xn+1,k+1 ) − (1 − xn+1,k ) < (1 − xn,k+1 ) − (1 − xn,k ), k = 1, . . . , kn − 1.

Ainsi
xn+1,k − xn+1,k+1 < xn,k − xn,k+1 , k = 1, 2, . . . , kn − 1, n = 2, 3, . . . .

2
(λ)
On s’intéresse dans la suite aux polynômes de Gegenbauer Pn , 0 < λ < 1, dont ses
(λ)
zéros sont symétriques par rapport à l’origine. On note xn,k , k = 1, 2, . . . , [ n2 ], les zéros
(λ)
positifs de Pn avec
(λ) (λ) (λ)
0 < xn,[ n ] < · · · < xn,2 < xn,1 < 1.
2

Théorème 3.2.6. [11]


Pour tout  > 0, on a

(λ) (λ+) n
λxn,k < (λ + )xn,k , k = 1, 2, . . . , [ ] (3.9)
2

63
Preuve. La fonction u donnée par :
λ 1
u(x) = (1 − x2 ) 2 + 4 Pn(λ) (x)

satisfait l’équation différentielle suivante :

y 00 + pλ (x)y = 0,

où
(n + λ)2 2 + 4λ − 4λ2 + x2
pλ (x) = + .
1 − x2 4(1 − x2 )2
x
Les fonctions u( λx ) et u( λ+ ) vérifient respectivement les équations différentielles sui-
vantes :
z 00 + ψλ (x)z = 0 et w00 + ψλ+ (x)w = 0

avec ψν = ν −2 pν ( xν ). On a
• La dérivée de ψλ par rapport à λ donne
x 
∂ψλ x −1 ∂pλ ( λ )

−3
= −λ 2pλ ( ) + λ .
∂λ λ ∂λ
Puisque la fonction
∂pλ ( λx ) 2(n + λ) 1 − 2λ 2n(1 − x2 ) + 1 − 2λx2
= + = .
∂λ 1 − x2 (1 − x2 )2 (1 − x2 )2

est positive pour 0 < λ < 1, 0 < x < λ lim+ pλ = 0, donc la fonction pλ ( λx ) est aussi
λ→0
positive pour 0 < λ < 1.
Par conséquent
ψλ (x) > ψλ+ (x),  > 0.

• En calculant u0 ( λx )u( λ+


x
) − u( λx )u0 ( λ+
x
) et en passant à la limite quand x tend vers 0,
on obtient
x x x x  1 1  (λ)
lim+ [u0 ( )u( ) − u( )u0 ( )] = lim+ − P (0)(Pn(λ) )0 (0).
x→0 λ λ+ λ λ+ x→0 (λ + )2 λ2 n
Maintenant, on utilise les deux relations suivantes :

 Pn(λ) (−x) = (−1)n Pn(λ) (x),
 (Pn(λ) )0 (x) = 2λP (λ+1) (x).
n−1

64
(λ)
Si n est impair, d’après la première équation on a Pn (0) = 0 . Si n est pair, on a
(λ) x x x x
(Pn )0 (0) = 0. Il s’ensuit que lim+ [u0 ( )u( ) − u( )u0 ( )] = 0.
x→0 λ λ+ λ λ+

(λ)
De plus, les zéros de u( λx ) sont λxn,k , k = 1, 2, . . . , [ n2 ] et les zéros de u( λ+
x
)
(λ)
sont (λ + )xn,k , k = 1, 2, . . . , [ n2 ].
En appliquant le théorème 3.1.1, on obtient

(λ) (λ+) n
λxn,k < (λ + )xn,k , k = 1, 2, . . . , [ ].
2

2
(λ)
∂xn,k
Remarque 3.2.2. D’après le théorème 2.2.2, on a < 0, k = 1, 2, . . . , [ n2 ].
∂λ
(λ) (λ+)
Donc xn,k > xn,k .
Par conséquent, d’après la relation (3.9), on a
(λ)
xn,k  n
1< (λ+)
<1+ , k = 1, 2, . . . , [ ].
xn,k λ 2

Théorème 3.2.7. [19] Pour tout  > 0 et 0 < λ < 1, on a

(λ) (λ+)
f (λ)xn, k < f (λ + )xn, k , (3.10)

où f satisfait les conditions suivantes :

f (λ) > 0, f 0 (λ) > 0, pour 0 < λ < 1, f ∈ C 1 (0, 1)

et
−(f 2 − t2 )[2(n + λ)2 f 0 − (2n + 1)f ]f − 2t2 (n + λ)(f 2 − t2 )
(3.11)
−f f 0 (1 + 2λ − 2λ2 )(f 2 + t2 ) − t2 f f 0 ≤ 0.

Preuve. Prenons les mêmes fonctions u et pλ de la preuve précédente.


t
On pose x = , pour 0 < λ < 1 avec f (λ) > 0, f 0 (λ) > 0, pour 0 < λ < 1
f (λ)
et f ∈ C 1 (0, 1).
t  t 
Les fonctions u et u vérifient, respectivement, les équations différentielles
f (λ) f (λ + )
suivantes :
z 00 + ψλ (t)z = 0 et w00 + ψλ+ (t)w = 0,

65
t 
où ψν (t) = [f (ν)]−2 pν .
f (λ)
t  (λ)  t
sont f (λ)xn, k , k = 1, 2, . . . , [ n2 ] et les zéros de u

Les zéros de u sont
f (λ) f (λ + )
(λ+) 
f (λ + )xn, k , k = 1, 2, . . . , [ n2 ].
Vérifions alors les deux points suivants :
• ψλ (t) > ψλ+ (t), 0 < t < f (λ).

t  t t  0 t
• l = lim+ [u0
 
u −u u ] = 0.
t→0 f (λ) f (λ + ) f (λ) f (λ + )

Montrons d’abord que ψλ (t) est strictement décroissante sur ]0, f (λ)[. On a
t
 (n + λ)2 2 + 4λ − 4λ2 + ( f (λ) )2 
−2 −2

ψλ (t) = [f (λ)] pλ t/f (λ) = [f (λ)] t + t
1 − ( f (λ) )2 4(1 − ( f (λ) )2 )2
.
(n + λ)2 2f (λ)2 (1 + 2λ − 2λ2 ) + t2
= + .
f (λ)2 − t2 4(f (λ)2 − t2 )2

Par suite
∂ψλ (t) 2(n + λ)(f 2 − t2 ) − 2f 0 f (n + λ)2
=
∂λ (f 2 − t2 )2

   
f 0 f (1 + 2λ − 2λ2 ) + (1 − 2λ)f 2 (f 2 − t2 ) − f 0 f 2f 2 (1 + 2λ − 2λ2 ) + t2
+
(f 2 − t2 )3

1 h
0 0

= 2 2 3
2(n + λ)(f − t ) − 2f f (n + λ) + f f (1 + 2λ − 2λ ) + (1 − 2λ)f (f 2 − t2 )
2 2 2 2 2
(f − t )

 i
0 2 2 2
−f f 2f (1 + 2λ − 2λ ) + t .

∂ψλ (t)
Il s’ensuit que < 0 que si
∂λ
h i
2(n + λ)(f 2 − t2 ) − 2f 0 f (n + λ)2 + f 0 f (1 + 2λ − 2λ2 ) + (1 − 2λ)f 2 (f 2 − t2 )
h i
−f 0 f 2f 2 (1 + 2λ − 2λ2 ) + t2 ≤ 0.

66
Or, d’après (3.11), on a
h i
2(n + λ)(f 2 − t2 ) − 2f 0 f (n + λ)2 + f 0 f (1 + 2λ − 2λ2 ) + (1 − 2λ)f 2 (f 2 − t2 )
h i
−f f 2f (1 + 2λ − 2λ ) + t = −2(n + λ)(f 2 − t2 )t2 − f f 0 t2 − f 0 f (1 + 2λ − 2λ2 )
0 2 2 2
 
(f 2 + t2 ) − 2(f 2 − t2 )(n + λ)2 f f 0 + 2(n + λ)f 2 + (1 − 2λ)f 2 (f 2 − t2 )
= −(f 2 − t2 )[2(n + λ)2 f 0 − (2n + 1)f ]f − 2t2 (n + λ)(f 2 − t2 )
−f f 0 (1 + 2λ − 2λ2 )(f 2 + t2 ) − t2 f f 0 ≤ 0.

Par conséquent, ψλ (t) > ψλ+ (t), 0 < t < f (λ).


Remarque. On a f (λ) > 0, f 0 (λ) > 0 pour 0 < λ < 1 et 0 < t < f (λ), donc les termes
f f 0 t2 , f f 0 (1 + 2λ − 2λ2 )(f 2 + t2 ) et 2t2 (n + λ)(f 2 − t2 ) sont positifs.
Par suite, pour que la dérivée de ψλ par rapport à λ soit négative il suffit que le terme
2(n + λ)2 f 0 − (2n + 1)f soit positif. Il s’ensuit que (3.11) est équivalente à

f 0 (λ) 2n + 1
≥ .
f (λ) 2(n + λ)2

Il nous reste à montrer que l = 0. On a


t  t t  0 t
Q(t) = u0
 
u −u u
f (λ) f (λ + ) f (λ) f (λ + )

h  λ2 + 41 i0   λ2 + 14
t (λ) t t (λ) t
= 1− ( f (λ) )2 Pn ( f (λ) ) 1− ( f (λ+) )2 Pn ( f (λ+) )

  λ2 + 41 h  λ2 + 14 i0
t (λ) t t (λ) t
− 1 − ( f (λ) )2 Pn ( f (λ) ) 1 − ( f (λ+) )2 Pn ( f (λ+) )

h   λ2 − 34   λ2 + 14 i
(λ) (λ)
= 2( λ2 + 14 ) f (λ)
t t
1 − ( f (λ) )2 t
Pn ( f (λ) )+ 1
f (λ)
(Pn )0 ( f (λ)
t
) t
1 − ( f (λ) )2

  λ2 + 41   λ2 + 14
t (λ) t t (λ) t
1 − ( f (λ+) )2 Pn ( f (λ+) ) − 1 − ( f (λ) )2 Pn ( f (λ) )

h   λ2 − 43   λ2 + 14 i
(λ) (λ)
2( λ2 + 14 ) f (λ+)
t t
1 − ( f (λ+) )2 t
Pn ( f (λ+) )+ 1
f (λ+)
(Pn )0 ( f (λ+)
t
) t
1 − ( f (λ+) )2 .
 1 1 
Il s’ensuit que lim+ Q(t) = lim+ − P (λ) (0)(Pn(λ) )0 (0).
t→0 x→0 f (λ)2 f (λ + )2 n

67
Cette limite est nulle d’après la preuve du théorème précédent.
En appliquant le théorème 3.1.1, on obtient (3.10). 2

Remarques 3.2.1.

1. Toute fonction f vérifiant (3.11) est dite acceptable.

2. Si f (λ) = λ, alors on retrouve (3.9).

3. Pour 0 ≤ λ1 ≤ λ ≤ λ2 ≤ 1, on a

(λ ) (λ) (λ )
f (λ1 )xn,k1 ≤ f (λ)xn,k ≤ f (λ2 )xn,k2 .

Donc
f (λ1 ) (λ1 ) (λ) f (λ2 ) (λ2 )
xn,k ≤ xn,k ≤ x .
f (λ) f (λ) n,k
Alors, pour toute fonction acceptable f (λ) donnée, on peut trouver d’autres majo-
(λ)
rations de xn,k , pour tout λ1 < λ < λ2 . Prenons, par exemple, les polynômes de
Tchebychev de première espèce (λ1 = 0) et les polynômes de Tchebychev de seconde
espèce (λ2 = 1) qu’on sache leurs zéros.

Conséquence 3.2.8. On a les trois résultats suivants :

1.
(λ)
xn,k f (λ + ) n
1< (λ+)
< , k = 1, 2, . . . , [ ].
xn,k f (λ) 2

2.
 f (λ + ) 
(λ+) (λ) (λ+)
xn,k − xn,k < − 1 xn,k .
f (λ)
3.
∂x(λ) f 0 (λ) f 0 (λ)
n,k (λ)
≤ xn,k < .
∂λ f (λ) f (λ)

Preuve.

(λ) (λ+)
1. Découle directement de ces deux résultats : xn,k > xn,k , k = 1, 2, . . . , [ n2 ] et
(λ) (λ+)
f (λ)xn, k < f (λ + )xn,k , k = 1, 2, . . . , [ n2 ].

68
2. On obtient d’après les deux résultats précédents que
   
(λ+) (λ) (λ+) (λ) (λ+)
f (λ) xn,k − xn,k < f (λ + )xn,k − f (λ)xn,k < f (λ + ) − f (λ) xn,k .

Par suite, en divisant par f (λ), on obtient la deuxième assertion.


(λ) (λ)
(λ) ∂f (λ)xn,k (λ) ∂xn,k
3. Puisque f (λ)xn,k est croissante, donc = f 0 (λ)xn,k + f (λ) ≥ 0.
∂λ ∂λ
(λ) (λ)
∂xn,k f 0 (λ) (λ) ∂xn,k (λ)
D’où − ≤ xn,k . Or ≤ 0 et 0 < xn,k < 1, il s’ensuit que
∂λ f (λ) ∂λ
∂x(λ) f 0 (λ) f 0 (λ)
n,k (λ)
≤ xn,k < .
∂λ f (λ) f (λ)

Théorème 3.2.9. [3] Pour tout  > 0 et pour λ ∈ [− 12 , 32 ], on a


1 (λ) 1 (λ+)
[2n2 + 1 + 2λ(2n + 1)] 2 xn,k < [2n2 + 1 + 2(λ + )(2n + 1)] 2 xn,k .
1
Preuve. On pose f (λ) = [2n2 + 1 + 2λ(2n + 1)] 2 . La fonction f vérifie les propriétés
suivantes : f (λ) > 0, f 0 (λ) > 0, f ∈ C 1 (0, 1), λ ∈ [− 21 , 23 ].
Donc, d’après le théorème précédent, il suffit de prouver (3.11) pour 0 ≤ t ≤ f (λ)
et − 21 ≤ λ ≤ 32 .
La relation (3.11) est équivalente à

2f 3 (n + λ)2 f 0 − 2t2 f 0 f (n + λ)2 − (2n + 1)f 4 + (2n + 1)t2 f 2 + 2t2 (n + λ)f 2


.
−2t4 (n + λ) + f 3 f 0 (1 + 2λ − 2λ2 ) + t2 f 0 f (1 + 2λ − 2λ2 ) ≥ 0

En divisant par f 4 , on obtient


0 2 0 2 2
2(n + λ)2 ff − 2 ft 2 ff (n + λ)2 − (2n + 1) + (2n + 1) ft 2 + 2 ft 2 (n + λ)
 2 2 0 2 0
−2 ft 2 (n + λ) + ff (1 + 2λ − 2λ2 ) + ft 2 ff (1 + 2λ − 2λ2 )
0
h 2 2 2
i
= ff 2(n + λ)2 (1 − ft 2 ) + (1 + 2λ − 2λ2 )(1 + ft 2 ) + ft 2
t2 2 t2
−(2n + 1)(1 − f2
) + 2(n + λ) ft 2 (1 − f2
) ≥ 0.

Il s’ensuit que
h i
t2 2
0
f (λ) (1 − f2
) (2n + 1) − 2(n + λ) ft 2
≥ t2 t2 t2
.
f (λ) 2(n + λ)2 (1 − f2
) + (1 + 2λ − 2λ2 )(1 + f2
) + f2

69
En posant h i
(1 − u) (2n + 1) − 2(n + λ)u
F (u) = ,
2(n + λ)2 (1 − u) + (1 + 2λ − 2λ2 )(1 + u) + u
on obtient
f 0 (λ)  t2 
≥F 2 , 0 < t < f (λ). (3.12)
f (λ) f
Le terme 2(n + λ)2 (1 − u) + (1 + 2λ − 2λ2 )(1 + u) + u est positif pour 0 < u < 1
et − 21 ≤ λ ≤ 32 . Puisque la relation (3.12) est valable pour tout t ∈]0, f (λ)[, alors elle est
équivalente à
f 0 (λ)
≥ sup F (u). (3.13)
f (λ) 0<u<1

Maintenent, en posant a = 2n + 1, b = 2(n + λ), A = 2(n + λ)2 + 1 + 2λ − 2λ2


h i
2 2
et B = −2 1 + λ − λ − (n + λ) , on obtient
h i
(1 − u) (2n + 1) − 2(n + λ)u
F (u) =
2(n + λ)2 (1 − u) + (1 + 2λ − 2λ2 )(1 + u) + u

 
2n + 1 − u 2n + 1 + 2(n + λ) + 2u2 (n + λ)
=
2(n + λ)2 + (1 + 2λ − 2λ2 ) − 2u((n + λ)2 − 1 − λ + λ2 )

a − u(a + b) + bu2 a
= ≤ = F (0), 0 < u < 1.
A − Bu A
Il s’ensuit que sup F (u) = F (0). D’après (3.13), on a
0<u<1

f 0 (λ) 2n + 1
≥ .
f (λ) 2(n + λ) + 1 + 2λ − 2λ2
2

Ce qui complète la démonstration du théorème. 2

3.2.2 Cas des polynômes de Laguerre

Théorème 3.2.10. [20]


(α)
Supposons que α > −1 et désignons par xn,k , k = 1, 2, . . . , n, les zéros de Lαn
(α) (α) (α)
tels que 0 < xn,1 < xn,2 < · · · < xn,n . On a

(α) (jk /2)2


xn,k > , k = 1, 2, . . . , n,
n + (α + 1)/2
où j1 , j2 , j3 , . . . sont les zéros positifs de la fonction de Bessel Jα tels que j1 < j2 < . . . .

70
Preuve. La fonction u donnée par :

u(x) = e−x/2 x(α+1)/2 Lαn (x)

satisfait l’équation différentielle suivante :


 n + (α + 1)/2 1 − α2 1 
u00 + + − u = 0.
x 4x2 4

La fonction
1
n 1 α + 1 1o
v(x) = x 2 Jα 2x 2 (n + )2 ,
2
satisfait l’équation différentielle suivante :

00
 n + (α + 1)/2 1 − α2 
v + + v = 0.
x 4x2
n + (α + 1)/2 1 − α2 1 n + (α + 1)/2 1 − α2
Notons f (x) = + − et F (x) = + .
x 4x2 4 x 4x2
On a
f (x) < F (x), x > 0.

De plus, on a
n 1 α + 1 1 o 1 α/2+1 α α + 1 α/2 α 0 
u0 v − uv 0 = e−x/2 Jα 2x 2 (n + )2 − x Ln (x) + x Ln (x) + xα/2+1 Lαn (x)
1 n 1 2 α + 1 1 o2 2
α + 1 1 (α+1)/2 0 n 1 α + 1 1 o
−x/2 α α/2
−e Ln (x) x Jα 2x 2 (n + ) 2 + (n + )2 x Jα 2x 2 (n + )2 .
2 2 2 2
Ainsi lim u0 (x)v(x) − u(x)v 0 (x) = 0.
x→0
(α) (jk /2)2
Les zéros de u sont les xn,k , k = 1, 2, . . . , n et les zéros de v sont ,
n + (α + 1)/2
k = 1, 2, . . . , n. En appliquant le théorème 3.1.1, on obtient

(α) (jk /2)2


xn,k > , k = 1, 2, . . . , n.
n + (α + 1)/2

Théorème 3.2.11. [20]


Pour tout w ∈ R+ vérifiant w < 4n + 2(α + 1), on a

(α) (jk /2)2


xn,k < , k = 1, 2, . . . , n.
n + (α + 1)/2w/4

71
Preuve. La fonction u(x) = e−x/2 x(α+1)/2 Lαn (x) satisfait l’équation différentielle suivante :
 n + (α + 1)/2 1 − α2 1 
u00 + + − u = 0.
x 4x2 4
1
n 1
o
α+1 w 21
La fonction v(x) = x Jα 2x (n + 2 − 4 )
2 2 satisfait l’équation différentielle suivante :

00
 n + (α + 1)/2 − w/4 1 − α2 
v + + v = 0.
x 4x2
Pour 0 < x < w, on a
n + (α + 1)/2 − w/4 1 − α2 n + (α + 1)/2 1 − α2 1
+ < + − .
x 4x2 x 4x2 4
De plus, lim u0 (x)v(x) − u(x)v 0 (x) = 0.
x→0
(α) (jk /2)2
Les zéros de u sont les xn,k , k = 1, 2, . . . , n et les zéros de v sont ,
n + (α + 1)/2 − w/4
k = 1, 2, . . . , n. Il s’ensuit que, d’après le théorème 3.1.1.

(α) (jk /2)2


xn,k < , k = 1, 2, . . . , n.
n + (α + 1)/2w/4
2

Remarque 3.2.3. Si on note xk = xkn , k = 1, 2, . . . , n, les zéros de Lαn , α > −1, alors
jk 2
lim nxkn = ( ),
n→+∞ 2
où jk désigne le k’ième zéro positif de Jα .

Théorème 3.2.12. [12]


Désignons par xn,k , k = 1, . . . , n, les zéros de Lαn , −1 < α ≤ 1.
On a
xn+1,k+1 − xn+1,k < xn,k+1 − xn,k , k = 1, . . . n − 1.
−x α+1
Preuve. Pour α > −1, la fonction un (x) = e 2 x 2 Lαn (x) satisfait l’équation différentielle
suivante :
u00 + φν (x)u = 0,
α+1
où ν = n + et
2
ν 1 − α2 1
φν (x) = + − , 0 < x < ∞.
x 4x2 4
72
La fonction φν vérifie les deux propriétés suivantes :
• φν (x) < φν+1 (x), x > 0.
• φν est décoissante, sur ]0, +∞[, −1 < α ≤ 1.
h 0 0 i
De plus, on a lim u0n (x)un+1 (x)−un (x)u0n+1 (x) = lim e−x xα+1 Lαn (x)Lαn+1 (x)−Lαn (x) Lαn+1 (x)
x→0 x→0
= 0.
Les zéros de un sont les xn,k , k = 1, . . . , n. Les zéros de un+1 sont les xn+1,k , k = 1, . . . , n+1.
En appliquant le corollaire 3.1.3, on obtient.

xn+1,k+1 − xn+1,k < xn,k+1 − xn,k , k = 1, . . . n − 1.

Théorème 3.2.13. [20]


α+1
Pour α > −1 et ν = n + , on a
2
(ν + 1)xn+1,k < νxn,k , k = 1, . . . n.
jk 2
De plus, on a lim νxk,n = ( ).
n→+∞ 2
Preuve. Pour α > −1, la fonction

yν (x) = e−x/(2ν) x(α+1)/2 Lαn (ν −1 x)

satisfait l’équation différentielle suivante :

y 00 + ψν (x)y = 0,

où
1 1 − α2 ν −2
ψν (x) = + − , x > 0.
x 4x2 4
On a ψν (x) < ψν+1 (x), x > 0. De plus, on a
 h
2ν+1 0
0 0 −x 2ν(ν+1)
lim yν (x)yν+1 (x) − yν (x)yν+1 (x) = − lim e xα+1 Lαn (ν −1 x)Lαn+1 ((ν + 1)−1 x) −
x→0 i x→0
α −1 α
0 −1
Ln (ν x) Ln+1 ((ν + 1) x) = 0.
Les zéros de yν sont les νxn,k , k = 1, . . . , n. Les zéros de yν+1 sont les (ν + 1)xn+1,k ,
k = 1, . . . , n + 1.
En appliquant le théorème 3.1.1, on obtient

(ν + 1)xn+1,k < νxn,k , k = 1, . . . n.

73
Théorème 3.2.14. [2]
Soit −1 < α ≤ 1. Si xn,k est le k’ième zéro de Lαn , alors pour tout k ∈ 1, . . . , n − 1,
2 2
jα,k+1 − jα,k
{n + (α + 1)/2}{xn,k+1 − xn,k } décroit vers la limite ,
4
où jα,k est le k’ième zéro positif de Jα .

Preuve. On prend les mêmes fonctions yν et ψν de la preuve du théorème précédent. On


ajoute que ψν est strictement décroissante sur ]0, ∞[, pour −1 < α ≤ 1. Le résultat est
obtenu en appliquant le corollaire 3.1.3. 2

74
Chapitre 4

Zéros et quasi-orthogonalité

4.1 Définition et propriétés


Définition 4.1.1. Soit Rn un polynôme de degré n > r. Si Rn vérifie les conditions
suivantes :

Z b  0, pour k = 0, . . . , n − r − 1,
k
x Rn (x)ω(x)dx = (4.1)
a  6= 0 , pour k = n − r,

où ω est une fonction poids définie positive sur [a, b], alors le polynôme Rn est dit quasi-
orthogonal d’ordre r dans [a, b] par rapport à ω. Pour plus d’informations sur la quasi-
orthogonalité voir [6].

Remarques 4.1.1.

1. Le polynôme Rn est défini seulement pour n ≥ r.

2. Le terme xk dans (4.1) peut être remplacé par Rk (x) et dans ce cas on a
Z b
Rk (x)Rn (x)ω(x)dx = 0 , pour k 6= n − r, . . . , n + r.
a

3. Pour r = 0, on retrouve l’orthogonalité.

Théorème 4.1.1. [5] Soit {Pn }n≥0 une famille de polynômes orthogonaux par rapport à
la fonction poids ω définie positive sur [a, b].
Le polynôme Rn , de degré n, est quasi-orthogonal d’ordre r dans [a, b] par rapport au poids

75
ω si et seulement si :

Rn (x) = c0 Pn (x) + c1 Pn−1 (x) + · · · + cr Pn−r (x), (4.2)

où les ci , i = 0, . . . , r sont des réels qui peuvent dépendre de n et c0 cr 6= 0.

Preuve. On considère le polynôme Rn (x) = c0 Pn (x) + c1 Pn−1 (x) + · · · + cr Pn−r (x), où
c0 cr 6= 0.
En multipliant par xi ω(x), pour i = 0, . . . , n − r et en intégrant entre a et b, on obtient

Z b Z b Z b
i i
x Rn (x)ω(x)dx = c0 x Pn (x)ω(x)dx + c1 xi Pn−1 (x)ω(x)dx
a a Z a
b
+ · · · + cr xi Pn−r (x)ω(x)dx.
a

Z b i = 0, . . . , n − r − 1, en utilisant la relation d’orthogonalité de Pn , on obtient


Pour
xi Rn (x)ω(x)dx = 0.
a Z b Z b
i
Pour i = n − r, on a x Rn (x)ω(x)dx = cr xn−r Pn−r (x)ω(x)dx 6= 0.
a a
Par suite, Rn est quasi-orthogonal d’ordre r dans [a, b] par rapport à ω.
Inversement, soit Rn un polynôme quasi-orthogonal d’ordre r par rapport à ω.
Ce polynôme s’exprime au moyen d’une combinaison linéaire unique de polynômes Pn de
degré inférieur ou égal à n. Donc
n
X
Rn (x) = cj Pn−j (x),
j=0

où c0 6= 0.
En multipliant par xi ω(x) et en intégrant entre a et b, on obtient
Z b X n Z b
i
x Rn (x)ω(x)dx = cj xi Pn−j (x)ω(x)dx.
a j=0 a

Pour i = 0, les intégrales qui correspondent à j = 0, . . . , n − 1 sont nulles. Par suite


Z b Z b
0= Rn (x)ω(x)dx = cn P0 (x)ω(x)dx.
a a
Z b
Puisque P0 (x)ω(x)dx > 0 et donc cn = 0.
a
Pour i = 1, les intégrales qui correspondent à j = 0, . . . , n − 2 sont nulles. Par conséquent
Z b Z b
0= xRn (x)ω(x)dx = cn−1 xP1 (x)ω(x)dx.
a a

76
Z b
Puisque xP1 (x)ω(x)dx > 0, alors cn−1 = 0.
a
On répète le même procédé jusqu’à l’ordre (n − r − 1). Par le même type de raisonnement,
on obtient cr+1 = 0.
Pour i = n − r, on a
Z b Z b Z b
n−r n−r 2
0 6= x Rn (x)ω(x)dx = cn−r x Pn−r (x)ω(x)dx = cn−r Pn−r (x)ω(x)dx.
a a a

Il s’ensuit que cn−r 6= 0.


Par conséquent, Rn est une combinaison linéaire de Pn , . . . , Pn−r , où c0 6= 0 car Rn est de
degré n. 2

Théorème 4.1.2. Si Rn est un polynôme quasi-orthogonal d’ordre r dans [a, b] par rapport
à la fonction poids ω, définie positive sur [a, b], alors au moins (n − r) zéros distincts de
Rn sont à l’intérieur de ]a, b[.

Preuve. Considérons l’expression suivante :


Z b
ω(x)Rn (x)dx = 0 , n ≥ r + 1,
a

elle signifie que R0 (x) et Rn (x) sont orthogonaux. Comme ω est une fonction définie
positive dans ]a, b[, il s’ensuit que Rn s’annule au moins en un point dans l’intervalle ]a, b[.
Désignons par x1 , . . . , xk avec (k ≤ n) les zéros d’ordre de multiplicité impair de Rn dans
[a, b].
Le polynôme
Π(x) = (x − x1 ) . . . (x − xk )Rn (x) = Πk (x)Rn (x),

conserve un signe constant sur ]a, b[. Πk est un polynôme de degré k.


Faisons l’hypothèse que k < n − r. Il vient
Z b Z b
ω(x)Π(x)dx = ω(x)Rn (x)Πk (x)dx = 0,
a a

en utilisant la relation d’orthogonalité car k < n − r. Contradiction, car Π garde un signe


constant sur ]a, b[. Par conséquent, k ≥ n − r.
Par suite, le polynôme Rn admet au moins (n − r) racines à l’intérieur de ]a, b[. 2

77
On s’intéresse, maintenant, à la quasi-orthogonalité d’ordre 1 et de 2. Dans ces deux
cas, nous donnons des résultats plus précis conçernant la localisation des zéros. Nous
trouvons également des résultats supplémentaires sur la quasi-orthogonalité d’ordre 1
dans [7] et [16] et sur la quasi-orthogonalité d’ordre 2 dans [9].
Pour faciliter l’étude de ces deux types, on a besoin de ce lemme

Lemme 4.1.3. Soit {Pn }n≥0 une suite de polynômes orthogonaux par rapport à la fonction
poids ω définie positive sur [a, b].
Dans la suite de ce chapitre, x1,n < x2,n < · · · < xn,n désignent les zéros de Pn . On pose

Pn (x)
fn (x) = .
Pn−1 (x)

On suppose, sans perte de généralité, que tous les coefficients du terme de plus haut degré
de Pn , n ≥ 0 sont de même signe.
On a 
 f (x) < 0, pour x < x1,n ,
n
 f (x) > 0, pour x > xn,n .
n

Preuve. La fonction f est dérivable sur R\{x1,n−1 , . . . , xn−1,n−1 } et

Pn0 (x)Pn−1 (x) − Pn (x)Pn−1


0
(x)
fn0 (x) = 2
> 0,
Pn−1 (x)

d’après la relation (2.1). Par conséquent, fn est croissante sur chaque intervalle de la forme
]xi,n−1 , xi+1,n−1 [, i = 0, . . . , n où x0,n−1 = −∞, xn,n−1 = +∞.
En particulier, elle croit de −∞ à 0 dans l’intervalle ] − ∞, x1,n ]. En effet, On a

cn
lim fn (x) = x = −∞,
x→−∞ cn−1

avec cn et cn−1 les coefficients du termes du plus haut degré de Pn et Pn−1 , respectivement,
qui sont de même signe par hypothèse. De plus, on a

Pn (x1,n )
fn (x1,n ) = = 0.
Pn−1 (x1,n )

De la même manière, on montre que la fonction fn croit de 0 à +∞ dans l’intervelle


[xn,n , +∞[. 2

78
4.2 La quasi-orthogonalité d’ordre 1
On considère le polynôme :

Rn (x) = Pn (x) + an Pn−1 (x),

où an 6= 0. D’après le théorème 4.1.1, le polynôme Rn est quasi-orthogonal d’ordre 1.


On désigne dans la suite par y1 < y2 < · · · < yn les zéros de Rn .
Les yi vérifient les propriétés suivantes :

Théorème 4.2.1.
(i) Les yi , i = 1, . . . , n sont réels, distincts et au plus un parmi eux est à l’extérieur de
]a, b[.
(ii) (a) Si an < 0, alors xi,n < yi < xi,n−1 pour i = 1, . . . , n − 1 et xn,n < yn .
(b) Si an > 0, alors y1 < x1,n et xi−1,n−1 < yi < xi,n pour i = 2, . . . , n.
(iii) Si −an < fn (a) < 0, alors y1 < a.
(iv) Si −an > fn (b) > 0, alors b < yn .
(v) Si fn (a) < an < fn (b), alors tous les zéros de Rn sont à l’intérieur de ]a, b[.

Preuve.
(i) D’après le théorème 4.1.2.
(ii) Méthode 1 : D’après la propriété d’entrelacement de zéros de Pn et Pn−1 , on a

Rn (xi,n )Rn (xi+1,n ) = an 2 Pn−1 (xi,n )Pn−1 (xi+1,n ) < 0 , i = 1, . . . , n − 1.

En utilisant le théorème des valeurs intermédiaires, on obtient que le polynôme Rn admet


un zéro dans chacun des intervalles ]xi,n , xi+1,n [, i = 1, . . . , n − 1. De même

Rn (xi,n−1 )Rn (xi+1,n−1 ) = Pn (xi,n−1 )Pn (xi+1,n−1 ) < 0 , i = 1, . . . , n − 1.

Donc, le polynôme Rn admet un zéro dans ]xi,n−1 , xi+1,n−1 [, i = 1, . . . , n − 1.


De plus, on a
(a) Si an < 0, alors

sgn{Rn (x1,n )Rn (x1,n−1 )} = sgn{an Pn−1 (x1,n )Pn (x1,n−1 )} = sgn (an ) < 0,

79
car Pn−1 (x1,n ), Pn (x1,n−1 ) sont de même signe.
Il s’ensuit que, le polynôme Rn admet un zéro dans l’intervelle ]x1,n , x1,n−1 [.
Par conséquent xi,n < yi < xi,n−1 , pour i = 1, . . . , n − 1.
Il nous reste à montrer que xn,n < yn . On a

Rn (xn,n ) = an Pn−1 (xn,n ).

Le polynôme Pn−1 garde un signe constant dans l’intervalle ]xn−1,n−1 , +∞[ et on a


lim Pn−1 = +∞. Donc Pn−1 > 0 dans ]xn−1,n−1 , +∞[. De plus, xn,n > xn−1,n−1 et donc
x→+∞
Pn−1 (xn,n ) > 0. Par suite, Rn (xn,n ) < 0.
Puisque Rn > 0 dans l’intervalle ]yn , +∞[, il vient que xn,n < yn .
(b) Si an > 0, alors

sgn{Rn (xn,n )Rn (xn−1,n−1 )} = sgn{an Pn−1 (xn,n )Pn (xn−1,n−1 )} = −sgn (an ) < 0,

car Pn−1 (xn,n ) > 0 et Pn (xn−1,n−1 ) < 0.


D’après le théorème des valeurs intermédiaires, le polynôme Rn admet un zéro dans
]xn,n , xn−1,n−1 [. On conclut que xi−1,n−1 < yi < xi,n , i = 2, . . . , n.
Il nous reste à montrer que y1 < x1,n . On a

Rn (x1,n ) = an Pn−1 (x1,n ).

Si n est pair, le polynôme Pn−1 garde un signe constant dans ] − ∞, x1,n−1 [ et on a


lim Pn−1 = −∞. Donc Pn−1 < 0 dans ] − ∞, x1,n−1 [. De plus, x1,n < x1,n−1 et donc
x→−∞
Pn−1 (x1,n ) < 0. Il s’ensuit que Rn (x1,n ) < 0.
Puisque Rn > 0 dans ] − ∞, y1 [ et donc y1 < x1,n .
Si n est impair, Pn−1 garde un signe constant dans ] − ∞, x1,n−1 [ et lim Pn−1 = +∞.
x→−∞
Donc Pn−1 > 0 dans ] − ∞, x1,n−1 [. Par suite, Pn−1 (x1,n ) > 0 et donc Rn (x1,n ) > 0.
Comme Rn < 0 dans ] − ∞, y1 [, il s’ensuit que y1 < x1,n .
Méthode 2 :
Posons x0,n−1 = −∞ et xn,n−1 = +∞. La fonction fn croit de −∞ à +∞ dans chacun
des intervalles ]xi,n−1 , xi+1,n−1 [, i = 0, . . . , n − 1.
Si Rn (x) = 0, alors Pn (x) = −an Pn−1 (x). En divisant par Pn−1 (x), on obtient que si

80
Rn (x) = 0, alors fn (x) = −an .
On pose
h(x) = fn (x) + an .

La fonction h croit de −∞ à +∞ dans chacun des intervalles ]xi,n−1 , xi+1,n−1 [,


i = 0, . . . , n − 1. Par suite, h contient un zéro dans chacun de ces intervalles. Puisque les
zéros de h coı̈ncident avec les zéros de Rn , donc Rn s’annule dans chacun de ces inter-
valles.
(a) Si an < 0, alors h(xi,n ) = an < 0, i = 1, . . . , n. En utilisant la propriété d’entre-
lacement de zéros de Pn et Pn−1 , on obtient que xi,n ∈]xi−1,n−1 , xi,n−1 [, i = 0, . . . , n. Il
s’ensuit que, xi,n < yi car h(xi,n ) < 0 et h(yi ) = 0. On conclut que xi,n < yi < xi,n−1 ,
i = 1, . . . , n − 1 et xn,n < yn .
(b) Si an > 0 alors h(xi,n ) = an > 0, i = 1, . . . , n.
Par le même type de raisonnement, on obtient y1 < x1,n et xi−1,n−1 < yi < xi,n ,
i = 2, . . . , n.
(iii) Montrons que y1 < a. On a

Rn (a) = Pn (a) + an Pn−1 (a).

En divisant par Pn−1 (a), on obtient

Rn (a)
= fn (a) + an .
Pn−1 (a)

Rn (a)
Comme −an < fn (a) < 0 et donc > 0.
Pn−1 (a)

Si n est pair, alors Pn−1 (a) < 0 et donc Rn (a) < 0. Par suite y1 < a.
Si n est impair, alors Pn−1 (a) > 0 et donc Rn (a) > 0. Par conséquent, y1 < a.
(iv) Par le même raisonnement que (iii) montrons que b < yn . On a

Rn (b) = Pn (b) + an Pn−1 (b).

En divisant par Pn−1 (b), on obtient

Rn (b)
= fn (b) + an .
Pn−1 (b)

81
Rn (b)
Si −an > fn (b) > 0, alors < 0. Comme Pn−1 (b) > 0 et donc Rn (b) < 0. Il s’ensuit
Pn−1 (b)
que b < yn .
(v) Si −an > fn (a), alors d’après (iii) on a y1 > a.
Si −an < fn (b), alors d’après (iv) on a yn < b.
On conclut que, si fn (a) < −an < fn (b), alors tous les zéros de Rn sont à l’intérieur de
]a, b[. 2

4.3 La quasi-orthogonalité d’ordre 2


On considère le polynôme

Rn (x) = Pn (x) + an Pn−1 (x) + bn Pn−2 (x),

où bn 6= 0. D’après le théorème 4.1.1, le polynôme Rn est quasi-orthogonal d’ordre 2.


Les zéros yi , i = 1, . . . , n de Rn vérifient les propriétés suivantes :

Théorème 4.3.1. Si bn < 0, alors tous les zéros de Rn sont réels, distincts et aux plus
deux zéros sont à l’extérieur de ]a, b[.

Preuve. Montrons, d’abord, que les zéros de Rn sont réels et simples.


On pose pn (x) = kn Pn (x), kn > 0. On a

kn Rn (x) = pn (x) + a0n pn−1 (x) + b0n pn−2 (x), b0n < 0.

Supposons que ξ est un zéro de Rn d’ordre de multiplicité l ≥ 2. On a

pn (ξ) + a0n pn−1 (ξ) + b0n pn−2 (ξ) = 0. (4.3)

p0n (ξ) + a0n p0n−1 (ξ) + b0n p0n−2 (ξ) = 0. (4.4)

Il s’ensuit que
p0n (ξ)pn−1 (ξ) − p0n−1 (ξ)pn (ξ)
b0n = 0 .
pn−1 (ξ)pn−2 (ξ) − p0n−2 (ξ)pn−1 (ξ)
D’après (2.4), on a
kn kn−2 Kn−1 (ξ)
b0n = 2
. > 0,
kn−1 Kn−2 (ξ)

82
contradiction car b0n < 0. On conclut que, les zéros de Rn sont simples. Maintenant,
supposons que τ est un zéro non réel de Rn . τ est un aussi un zéro de Rn . On a

pn (τ ) + a0n pn−1 (τ ) + b0n pn−2 (τ ) = 0 (4.5)

pn (τ ) + a0n pn−1 (τ ) + b0n pn−2 (τ ) = 0 (4.6)


pn (τ )pn−1 (τ ) − pn−1 (τ )pn (τ )
b0n = .
pn−1 (τ )pn−2 (τ ) − pn−2 (τ )pn−1 (τ )
En utilisant (2.3), on obtient
kn kn−2 Kn−1 (τ, τ )
b0n = 2
> 0,
kn−1 Kn−2 (τ, τ )
contradiction. On conclut que, les zéros de Rn sont réels.
De plus, d’après le théorème 4.1.2, le polynôme Rn admet au moins (n − 2) zéros à
l’intérieur de ]a, b[. 2

Théorème 4.3.2. Si bn < 0, alors y1 < x1,n−1 , xi−1,n−1 < yi < xi,n−1 ,
pour i = 2, . . . , n − 1. Autrement dit, les zéros de Rn et Pn−1 entrelacent et xn−1,n−1 < yn .
De plus on a :
bn bn
(i) Si −an − < 0, alors yn < xn,n . Si −an − > 0, alors yn > xn,n .
fn−1 (xn,n ) fn−1 (xn,n )
bn bn
(ii) Si −an − < fn (b), alors yn < b. Si −an − > fn (b), alors yn > b.
fn−1 (b) fn−1 (b)
bn bn
(iii) Si −an − < 0, alors y1 < x1,n . Si −an − > 0, alors y1 > x1,n .
fn−1 (x1,n ) fn−1 (x1,n )
bn bn
(iv) Si −an − < fn (a), alors y1 < a. Si −an − > fn (a), alors y1 > a.
fn−1 (a) fn−1 (a)
Preuve. En premier lieu, montrons que les zéros de Rn et Pn−1 entrelacent.
Soient y < z deux zéros consécutifs de Pn−1 .
D’après (2.1), on a

Pn0 (y)Pn−1 (y) − Pn (y)Pn−1


0 0
(y) = −Pn (y)Pn−1 (y) > 0.

0 0 0
Pn−1 (y)Pn−2 (y) − Pn−1 (y)Pn−2 (y) = Pn−2 (y)Pn−1 (y) > 0.

Donc Pn (y)Pn−2 (y) < 0. Il s’ensuit que bn Pn (y)Pn−2 (y) > 0 car bn < 0.
De même, on trouve bn Pn (z)Pn−2 (z) > 0. De plus, on a

Rn (y) = Pn (y) + bn Pn−2 (y)

83
et donc
Rn (y)Pn (y) = Pn (y)2 + bn Pn−2 (y)Pn (y) > 0.

De même , on a
Rn (z)Pn (z) = Pn (z)2 + bn Pn−2 (z)Pn (z) > 0.

Par conséquent, Rn (y)Pn (y)Rn (z)Pn (z) > 0.


En utilisant la propriété d’entrelacement de zéros de Pn et Pn−1 , on obtient Pn (y)Pn (z) <
0. Il s’ensuit que Rn (y)Rn (z) < 0.
En appliquant le théorème des valeurs intermédiaires, on obtient que le polynôme Rn
admet au moins un zéro dans ]y, z[. En comptant les intervalles, on trouve seulement
(n − 2) parmi n racines de Rn , cherchons alors les deux zéros qui manquent.
Si Rn (x) = 0, alors Pn (x) = −an Pn−1 (x) − bn Pn−2 (x). En divisant par Pn−1 (x), on obtient
bn
que si Rn (x) = 0, alors fn (x) = −an − .
fn−1 (x)
Comme fn−1 est croissante sur chacun des intrevelles suivants ]xi,n−2 , xi+1,n−2 [,
bn
i = 0, . . . , n−2 où x0,n−2 = −∞ et xn−1,n−2 = +∞ et donc pour bn < 0, on a −an −
fn−1 (x)
est décroissante sur chacun de ces intervalles. En particulier, elle décroit sur l’intervalle
]xn−1,n−1 , +∞[ de −∞ à −an .
D’autre part, fn croit sur l’intervalle ]xn−1,n−1 , +∞[ de −∞ à +∞.
On pose alors
 bn 
h(x) = fn (x) − − an − .
fn−1 (x)
On remarque que h et Rn ont les mêmes racines.
De plus, h croit dans ]xn−1,n−1 , +∞[ de −∞ à +∞ et donc h ou encore Rn s’annule dans
l’intervalle ]xn−1,n−1 , +∞[. Par conséquent, yn > xn−1,n−1 .
De la même manière, on montre que y1 < x1,n−1 .
(i) Cherchons la position de yn par rapport à xn,n . On a

Rn (xn,n ) = an Pn−1 (xn,n ) + bn Pn−2 (xn,n ).

En divisant par Pn−1 (xn,n ), on trouve

Rn (xn,n ) bn
= an + .
Pn−1 (xn,n ) fn−1 (xn,n )

84
bn Rn (xn,n )
Si −an − < 0 alors > 0.
fn−1 (xn,n ) Pn−1 (xn,n )

On sait que Pn−1 (xn,n ) > 0 et donc Rn (xn,n ) > 0.


De plus, xn,n > xn−1,n−1 et Rn (x) > 0, pour x > yn . Par conséquent, yn < xn,n . Pour
l’autre cas, on refait le même travail.
(ii) Cherchons la position de yn par rapport à b. On a

Rn (b) = Pn (b) + an Pn−1 (b) + bn Pn−2 (b).

En divisant par Pn−1 (b), on trouve

Rn (b) bn
= fn (b) + an + .
Pn−1 (b) fn−1 (b)

bn Rn (b)
Si −an − < fn (b), alors > 0.
fn−1 (b) Pn−1 (b)
Comme Pn−1 (b) > 0 et donc Rn (b) > 0.
Par le même logique que (i), on conclut que yn < b. Et de même pour l’autre cas.
(iii) On cherche la position de y1 par rapport à x1,n . On a

Rn (x1,n ) = an Pn−1 (x1,n ) + bn Pn−2 (1n,n ).

La division par Pn−1 (x1,n ) donne

Rn (x1,n ) bn
= an + .
Pn−1 (x1,n ) fn−1 (x1,n )

bn Rn (x1,n )
Si −an − < 0, alors > 0.
fn−1 (x1,n ) Pn−1 (x1,n )

Si n est pair, alors Pn−1 (x1,n ) < 0 et donc Rn (x1,n ) < 0. Par suite, y1 < x1,n du fait
que Rn (x) > 0 pour x < y1 .
Si n est impair, alors Pn−1 (x1,n ) > 0. Ainsi Rn (x1,n ) > 0. Par conséquent, y1 < x1,n du
fait que Rn (x) < 0 pour x < y1 .
Il s’ensuit que, y1 < x1,n .
(iv) On cherche la position de y1 par rapport à a. On a

Rn (a) = Pn (a) + an Pn−1 (a) + bn Pn−2 (a).

85
La division par Pn−1 (x1,n ) donne
Rn (a) bn
= fn (a) + an + .
Pn−1 (a) fn−1 (a)
bn Rn (a)
Si −an − < fn (a), alors > 0.
fn−1 (a) Pn−1 (a)

Si n est pair, alors Pn−1 (a) < 0 et donc Rn (a) < 0. Par le même raisonnement que
(iii), on obtient y1 < a.
Si n est impair, alors Pn−1 (a) > 0. Par suite, on a Rn (x1,n ) > 0 et donc y1 < a. 2

4.4 La quasi-orthogonalité de quelques polynômes


classiques
Les polynômes de Gegenbauer

Les polynômes de Gegenbauer Cnλ sont définis par la fonction génératrice suivante :


2 −λ
X
(1 − 2xt + t ) = Cnλ (x)tn . (4.7)
n=0
1
Pour λ > − 21 , Cnλ sont orthogonaux par rapport à la fonction poids (1 − x2 )λ− 2 dans
[−1, 1] et donc
Z 1
1
xk Cnλ (x)(1 − x2 )λ− 2 dx = 0 pour k = 0, 1, . . . , n. (4.8)
−1

Pour λ > − 21 , les zéros de Cnλ , n ≥ 1, sont réels, simples et à l’intérieur de ] − 1, 1[.
Cependant, on pourra utiliser les propriétés de la quasi-orthogonalité pour obtenir des
résultats complémentaires conçernant les zéros de Cnλ pour λ < − 21 .

Théorème 4.4.1. On suppose que − 12 − j < λ < − 12 − j + 1, n ∈ N, j ∈ {1, . . . , [ n2 ] − 1}.


Le polynôme Cnλ , de degré n, est quasi-orthogonal d’ordre 2j par rapport à la fonction
1
poids (1 − x2 )λ+j− 2 dans [−1, 1].

Preuve. D’après la relation (4.7), on a



2 −λ−α
X
(1 − 2xt + t ) = Cnλ+α (x)tn . (4.9)
n=0

86
α
En multipliant cette équation par (1 − 2xt + t2 ) et en introduisant la relation (4.7), on
trouve

2 α α −λ−α
X
(1 − 2xt + t ) Cn λ+α (x)tn = (1 − 2xt + t2 ) (1 − 2xt + t2 )
n=0
∞ (4.10)
2 −λ
X
λ n
= (1 − 2xt + t ) = Cn (x)t .
n=0

Pour α = 1 dans (4.10), on obtient



X ∞
X
(1 − 2xt + t ) 2
Cnλ+1 (x)tn = Cn λ (x)tn .
n=0 n=0


X ∞
X ∞
X ∞
X
λ n
Cn (x)t = Cnλ+1 (x)tn − 2x Cnλ+1 (x)tn+1 + Cnλ+1 (x)tn+2 .
n=0 n=0 n=0 n=0

X ∞
X ∞
X ∞
X
λ n
Cn (x)t = Cnλ+1 (x)tn − 2x λ+1
Cn−1 (x)tn + λ+1
Cn−2 (x)tn .
n=0 n=0 n=1 n=2
Par identification, il vient que

Cn λ (x) = Cnλ+1 (x) − 2xCnλ+1 (x) + Cn−2


λ+1
(x). (4.11)

À présent, considérons le cas j = 1.


On a − 32 < λ < − 12 et donc λ + 1 > 21 . En utilisant la relation (4.11), on obtient
Z 1 Z 1
λ 2 λ+1− 12 1
k
x Cn (x)(1 − x ) dx = xk Cn λ+1 (x)(1 − x2 )λ+1− 2 dx
Z 1 −1 −1Z
1 (4.12)
1 1
−2 xk+1 Cn−1 λ+1 (x)(1 − x2 )λ+1− 2 dx + xk Cn−2 λ+1 (x)(1 − x2 )λ+1− 2 dx.
−1 −1

Comme λ + 1 > 12 , d’après (4.8) on a


Z 1
1
xk Cn λ+1 (x)(1 − x2 )(λ+1)− 2 dx = 0 pour k = 0, 1, . . . , n − 1.
−1

Il s’ensuit que
Z 1
1
xk Cn λ (x)(1 − x2 )λ+1− 2 dx = 0, pour k = 0, 1, . . . , n − 3.
−1

Ainsi le polynôme Cn λ est quasi-orthogonal d’ordre 2 par rapport à la fonction poids


1
(1 − x2 )λ+1− 2 dans [−1, 1]. Donc, le théorème est démontré pour j = 1. Par le même argu-
ment et en utilisant l’équation (4.11), on peut montrer le théorème pour j = 2, . . . , [ n2 ]−1.
2

87
Corollaire 4.4.2. Pour n ∈ N et − 12 − j < λ < − 12 − j + 1 avec j ∈ {1, . . . , [ n2 ] − 1}.
Cn λ admet au moins (n − 2j) zéros à l’intérieur de ] − 1, 1[.

Preuve. Pour − 21 − j < λ < − 12 − j + 1, n ∈ N, j ∈ {1, . . . , [ n2 ] − 1}, le polynôme Cn λ est


1
quasi-orthogonal d’ordre 2j par rapport à la fonction poids (1 − x2 )λ+j− 2 dans [−1, 1].
Donc, d’après le théorème 4.1.2, au moins (n − 2j) zéros sont à l’intérieur de ] − 1, 1[. 2

Remarque 4.4.1. Les polynômes ultrasphériques Cn λ sont pairs ou impairs suivant la


parité de n.
Si n est impair, alors 0 est une racine de Cn λ , α 6= − m2 , m ∈ N. Le théorème précédent
reste valable pour j = [ n2 ].
Si n est pair, alors Cn λ n’admet pas de zéro dans ] − 1, 1[, λ < 1
2
− n2 .

Corollaire 4.4.3. Pour − 23 < λ < − 12 , les zéros de Cn λ sont réels, simples et (n − 2)
zéros sont à l’intérieur de ] − 1, 1[.
λ+1
De plus, entre deux zéros de Cn−1 (x), il existe un zéro de Cn λ . Le plus petit zéro est plus
petit que −1 et le plus grand est plus grand que 1.

Preuve. Les polynômes de Gegenbauer Cn λ , n ≥ 1, vérifient la relation de récurrence à


trois termes suivante :
λ+1
(n + 1)Cn−1 (x)(x) = 2(n + λ)xCn λ (x) − (n + 2λ − 1)Cn−1
λ+1
(x), n = 0, 1, . . . . (4.13)

En remplaçant n par n − 1 et λ par λ + 1 dans (4.13), on obtient

nCn λ+1 (x) = 2(n + λ)xCn−1 λ+1 (x) − (n + 2λ)Cn−2 λ+1 (x). (4.14)

En extrayant l’expression de xCn−1 λ+1 de (4.14) et d’après (4.11), on trouve


n+λ λ
Cn (x) = Cn λ+1 (x) − Cn−2
λ+1
(x).
λ
Dans le cas où − 23 < λ < − 12 , les polynômes Cnλ+1 , n ≥ 0, sont orthogonaux et donc le
polynôme Cn λ est quasi-orthogonal. D’après le théorème 4.3.1, les zéros de Cn λ sont réels,
simples et (n − 2) zéros sont à l’intérieur de ] − 1, 1[.
Les zéros de Cn λ et Cn−1
λ+1
entrelacent d’après le théorème 4.3.2.
De plus, on a
Cn λ+1 (1) Cn λ+1 (−1) n + 2λ + 1
fn (1) = λ+1
=− λ+1
= fn (−1) ,
Cn−1 (1) Cn−1 (−1) n

88
 
n + 2λ − 1
car Cn λ (1) =   et Cn λ (x) = (−1)n Cn λ (−x).
n
Pour montrer que le plus grand zéro est plus grand que 1, il suffit de prouver que
1
> fn (1) d’après le théorème 4.3.2 − (ii) car ici an = 0, bn = −1 < 0. On a
fn−1 (1)

1 n−1 n + 2λ + 1 (λ + n)(2λ + 1)
− fn (1) = − = −2 > 0,
fn−1 (1) n + 2λ n n(n + 2λ)

pour − 23 < λ < − 12 et donc le plus grand zéro de Cn λ est à l’extérieur de l’intervalle
d’orthogonalité.
Pour montrer que le plus petit zéro est plus petit que −1, il suffit de prouver, d’après le
1
théorème 4.3.2 − (iv), que < fn (−1). On a
fn−1 (−1)

1 n−1 n + 2λ + 1 (λ + n)(2λ + 1)
− fn (−1) = − + =2 < 0,
fn−1 (−1) n + 2λ n n(n + 2λ)

pour − 32 < λ < − 12 . On conclut que, le plus petit zéro de Cn λ est à l’extérieur de l’intervalle
d’orthogonalité. 2

Les polynômes de Jacobi

Les polynômes de Jacobi sont définis par la formule de Rodrigues suivante :

(−1)n dn
Pn(α,β) (x) = (1 − x)−α (1 + x)−β {(1 − x)α+n (1 + x)β+n }
2n n! dxn

et par la relation d’orthogonalité, pour α > −1, β > −1, suivante :


Z 1
xk (1 − x)α (1 + x)β Pn(α,β) (x)dx = 0 pour k = 0, . . . , n − 1. (4.15)
−1

(α,β)
On sait, seulement pour α > −1, β > −1, que les zéros de Pn sont réels, distincts
et à l’intérieur de ] − 1, 1[. On cherche dans ce paragraphe à obtenir quelques proprietés
(α,β)
complémentaires conçernant les zéros de Pn pour α < −1 ou β < −1, en se basant sur
les propriétés de la quasi-orthogonalité.

(α−k,β−l)
Théorème 4.4.4. Le polynôme de Jacobi Pn , où 0 > α > −1, β > −1 et k, l ∈ N
avec k + l < n, est quasi-orthogonal d’ordre (k + l) par rapport au poids (1 − x)α (1 + x)β
dans [−1, 1].

89
(α,β−1) (α−1,β)
Preuve. Les polynômes Pn et Pn vérifient les deux relations suivantes :

(α,β)
(α + β + 2n)Pn(α,β−1) (x) = (α + β + n)Pn(α,β) (x) + (α + n)Pn−1 (x), (4.16)

(α,β)
(α + β + 2n)Pn(α−1,β) (x) = (α + β + n)Pn(α,β) (x) − (β + n)Pn−1 (x). (4.17)
(α−k,β−l)
En définissant une procédure itérative, Pn s’exprime comme combinaison linéaire
(α,β) (α,β) (α,β) (α,β)
de Pn , Pn−1 , Pn−2 , . . . , Pn−(k+l) . Donc
k+l
X (α,β)
Pn(α−k,β−l) (x) = ci Pn−i (x).
i=0

En multipliant par xj (1 − x)α (1 + x)β et en intégrant entre −1 et 1, on obtient


Z 1 k+l
X Z 1
j α β (α,β)
x (1−x) (1+x) Pn(α−k,β−l) (x)dx = ci xj (1−x)α (1+x)β iPn−i (x), j = 0, . . . , n−(k+l)−1.
−1 i=0 −1

D’après (4.15), on a
Z 1
xj (1 − x)α (1 + x)β Pn(α−k,β−l) (x)dx = 0 pour j = 0, . . . , n − (k + l) − 1.
−1

car α > −1, β > −1. 2

Remarque 4.4.2. Si on change α par α + k et β par β + l, le résultat du théorème 4.4.4


(α,β)
peut être reformulé comme suit : Pn où −k > α > −1 − k, −l > β > −l − 1 et k, l ∈ N
est quasi-orthogonal d’ordre (k + l) par rapport au poids (1 − x)α+k (1 + x)β+l dans [−1, 1].

(α−k,β−l)
Corollaire 4.4.5. Le polynôme Pn où 0 > α > −1, β > −1 et k, l ∈ N avec
k + l < n admet au moins n − (k + l) zéros à l’intérieur de l’intervalle ] − 1, 1[.

Preuve. Découle directement du théorème 4.1.2. 2


De plus, on a

Corollaire 4.4.6.
(i) Soit 0 > α > −1, 0 > β > −1.
(α−1,β−1)
Les zéros de Pn sont réels, simples et (n − 2) zéros sont à l’intérieur de ] − 1, 1[.
Le plus petit zéro est plus petit que −1 et le plus grand est plus grand que 1.
(α,β)
(ii) Soient x1,n−1 < x2,n−1 < · · · < xn−1,n−1 les zéros de Pn−1
(α,β)
et x1,n < x2,n < · · · < xn,n les zéros de Pn .

90
(α,β−1)
(a) Si α > −1 et −1 < β < 0, alors les zéros y1 < · · · < yn de Pn sont réels,
distincts et (n − 1) zéros sont à l’intérieur de ] − 1, 1[.
De plus, on a y1 < −1 et xi−1,n−1 < yi < xi,n , i = 2, . . . , n.
(α−1,β)
(b) Si β > −1 et −1 < α < 0, alors les zéros y1 < · · · < yn de Pn sont réels,
distincts et (n−1) zéros sont à l’intérieur de ]−1, 1[. De plus, yn > 1 et xi,n < yi < xi,n−1 ,
i = 1, . . . , n − 1.

Preuve. (i) En remplaçant n par n − 1 dans (4.17), on obtient :

(α−1,β) (α,β) (α,β−1)


(α + β + 2n − 2)Pn−1 (x) = (α + β + n − 1)Pn−1 (x) − (β + n − 1)Pn−2 (x).

En remplaçant α par α − 1 dans (4.16), on obtient :


(α−1,β−1) (α−1,β) (α−1,β−1)
(α + β + 2n − 1)Pn (x) = (α + β + n − 1)Pn (x) + (α + n − 1)Pn−1 (x)
α + β + n − 1h (α,β)
i
= (α + β + n)Pn(α,β) (x) − (β + n)Pn−1 (x)
α + β + 2n

α+n−1 h (α,β) (α,β)


i
+ (α + β + n − 1)Pn−1 (x) − (β + n − 1)Pn−2 (x)
α + β + 2n − 2
(α + β + n − 1)(α + β + n) (α,β)  (α + β + n − 1)(β + n)
= Pn (x) −
α + β + 2n α + β + 2n
(α + n − 1)(α + β + n − 1)  (α,β) (α + n − 1)(β + n − 1) (α,β)
− Pn−1 (x) − Pn−2 (x).
α + β + 2n − 2 α + β + 2n − 2
Il s’ensuit que
(α + β + n − 1)(α + β + n) (α,β)
(α−1,β−1)
Pn (x) = P (x)−
(α + β + 2n)(α + β + 2n − 1) n
α+β+n−1 
(β + n)(α + β + 2n − 2)
(α + β + 2n)(α + β + 2n − 1)(α + β + 2n − 2)

(α,β) (α + n)(β + n − 1) (α,β)
−(α + n − 1)(α + β + 2n) Pn−1 (x) − Pn−2 (x).
(α + β + 2n − 2)(α + β + 2n − 1)
Par conséquent
h i
(α,β) (α,β)
Pn(α−1,β−1) (x) = cn Pn(α,β) (x) + an Pn−1 (x) + bn Pn−2 (x) ,

avec
(α + β + n − 1)(α + β + n)
cn = > 0.
(α + β + 2n)(α + β + 2n − 1)

(α + n − 1)(α + β + 2n) − (β + n)(α + β + 2n − 2)


an = .
(α + β + n)(α + β + 2n − 2)

91
(α + n − 1)(α + β + 2n)(β + n − 1)
bn = − < 0.
(α + β + n − 1)(α + β + 2n − 2)(α + β + n)

(α−1,β−1)
D’après le théorème 4.1.1, le polynôme Pn est quasi-orthogonal d’ordre 2.
(α−1,β−1)
Par suite et d’après le théorème 4.3.1 les zéros de Pn (x) sont réels, simples et au
plus deux sont à l’extérieur de ] − 1, 1[.
Il nous reste à montrer que yn > 1 et y1 < −1.
bn
Pour le premier point, il suffit de prouver que −an − > fn (1), avec
fn−1 (1)
 
n+α
 
(α,β) n
Pn (1) α+n
fn (1) = (α,β)
= = .
Pn−1 (1) n+α−1 n
 
n−1

bn
Pour le deuxième point, il suffit de démontrer que −an − < fn (−1).
fn−1 (−1)
ii)a) La relation (4.17) correspond au cas ii)-b) du théorème 4.2.1,
n+α
avec an = > 0.
n+α+β
Il s’ensuit que y1 < x1,n et xi−1,n−1 < yi < xi,n , i = 2, . . . , n.
(α,β)
Pn (−1) n+β
De plus, on a fn (−1) = (α,β) =− .
Pn−1 (−1) n
Donc
n+α n+β
−an = − < fn (−1) = − < 0.
n+α+β n
Par suite, y1 < −1.
ii)b) La relation (4.16) correspond au cas ii) − a) du théorème 4.2.1,
n+β
avec an = − < 0. Par conséquent, xn,n < yn
n+α+β
et xi,n < yi < xi,n−1 , pour i = 1, . . . , n − 1.
(α,β)
Pn (1) n+α
De plus, on a fn (1) = (α,β) = .
Pn−1 (1) n
Donc
n+β n+α
−an = < fn (−1) = > 0.
n n
Il s’ensuit que yn > 1. 2

92
Les polynômes de Laguerre

Les polynômes de Laguerre Ln α , n ≥ 0, sont définis par la fonction génératrice sui-


vante :
 −tx  ∞
X
(1 − t)−α−1 exp = Ln α (x)tn . (4.18)
1−t n=0
 
De plus, ils sont orthogonaux par rapport à la fonction poids xα e−x dans l’intevalle
[0, +∞[ pour α > −1. Donc
Z +∞
xk Ln α (x)xα exp(−x)dx = 0 pour k = 0, . . . , n − 1, α > −1. (4.19)
0

Les zéros de Ln α sont réels, simples et strictement positifs pour α > −1.
Dans la suite, en se basant sur les propriétés de la quasi-orthogonalité, on donnera quelques
propriétés complémentaires pour les zéros de Ln α lorsque α < −1. Le cas où α est négatif
est traité dans [10].

Théorème 4.4.7. Pour −1 > α > −n ou −j > α > −1 − j avec j ∈ {1, . . . , n − 1}, le
polynôme Ln α , de degré n, est quasi-orthogonal d’ordre j dans [0, +∞[ par rapport à la
 
fonction poids xα+j e−x .

Preuve. Les polynômes Ln α vérifient la relation suivante :

Ln α (x) = Ln α+1 (x) − Ln−1 α+1 (x). (4.20)

En effet, en utilisant la relation (4.18), on obtient



X  −tx   −tx  ∞
X
α −α−1 −(α+2)
n
Ln (x)t = (1−t) exp = (1−t)(1−t) exp = (1−t) Ln α+1 (x)tn
n=0
1−t 1−t n=0

X ∞
X ∞
X ∞
X ∞
X
Ln α (x)tn = Ln α+1 (x)tn − Ln α+1 (x)tn+1 = Ln α+1 (x)tn − Ln α+1 (x)tn .
n=0 n=0 n=0 n=0 n=1
Par identification, on trouve

Ln α (x) = Ln α+1 (x) − Ln−1 α+1 (x). (4.21)

Par une procédure itérative, Ln α s’exprime comme combinaison linéaire de


Ln α+k , Ln−1 α+k , . . . , Ln−k α+k , k ∈ {1, . . . , n − 1}. Donc
k
X
α
Ln (x) = ci Ln−i α+k (x).
i=0

93
En multipliant par xk xα+j exp(−x) et en intégrant entre 0 et +∞, on obtient pour
−j > α > −1 − j, j ∈ {1, . . . , n − 1}
Z +∞ k
X Z +∞
α
k α+j
x x exp(−x)Ln (x)dx = ci xk xα+j exp(−x)Ln−i α+k (x) pour k = 0, . . . , n−j−1.
0 i=0 0

D’après la relation (4.19), on a


Z +∞
xk xα+j exp(−x)Ln α (x)dx = 0 pour k = 0, . . . , n − j − 1.
0

Par conséquent, Ln α est quasi-orthogonal d’ordre j dans [0, +∞[ par rapport à la fonction
 
poids xα+j exp(−x) . 2

Corollaire 4.4.8. Si −j > α > −1 − j où j ∈ {1, . . . , n − 1}, alors Ln α admet au moins
(n − j) zéros réels et positifs.

De plus, pour j = 1, on a les résultats suivants :

Corollaire 4.4.9. Si −1 > α > −2, alors Ln α admet au moins (n − 1) zéros réels,
distincts et positifs. Le plus petit zéro est négatif. Les zéros de Ln α et Ln α+1 et Ln−1 α+1
entrelacent.

Preuve. D’après la relation (4.21), on a


 
Ln α (x) = Ln α+1 (x) + − Ln−1 α+1 (x) .

On a −an < 0, ce qui permet d’appliquer le théorème (4.2.1) − (ii) − b. Par conséquent,
la propriété d’entrelacement est vérifiée.
Pour montrer que le plus petit zéro est négatif, il suffit de prouver que −an < fn (0) < 0,
d’après le théorème 4.2.1(iii).
Or
(n + α + 1) . . . (α + 2)
Ln α+1 (0) =
n!
et donc
Ln α+1 (0) α+1
−an = −1 < fn (0) = α+1 = −1 − < 0, pour − 1 > α > −2.
Ln−1 (0) n
Il s’ensuit que, le plus petit zéro de Ln α , −1 > α > −2 est à l’extérieur de l’intervalle
d’orthogonalité. 2

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Références

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[20] G. Szegö, Orthogonal Polynomials. American Mathematical Society. Providence,


Rhode Island, (1939).

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Index

Entrelacement, 21

Fonction génératrice, 86
Formule de Christoffel-Darboux, 16
Formule de Rodrigues, 12

Interpolation de Lagrange, 29

Nombres de Christoffel, 31

Orthogonalité, 10

Polynômes d’Hermite, 14
Polynômes de Gegenbauer, 13
Polynômes de Jacobi, 12
Polynômes de Laguerre, 13
Polynômes de Legendre, 13
Polynômes de Tchebychev, 13
Polynômes orthogonaux classiques, 12

Quasi-orthogonalité, 75

suite de Sturm, 17

Théorème de comparaison de Sturm, 52


Théorème de Laguerre, 39
Théorème de séparation, 33
Théorème de Sturm, 18

97

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