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TRIBUNAL DE PREMIERE INSTANCE D’ABIDJAN-

PLATEAU
PREMIERE CHAMBRE CIVILE

Matière : CIVILE
Arrêt N° : 287 CIV/17 du 27 juillet 2017
Solution : IRRECEVABILITE

AFFAIRE

SEKOU TIDIANE DIARRA ET AUTRES


C/
BELHAJ SOULAMI ET LAZRAK AMID

Titrage :
Contrat de vente immobilière – Cohéritiers – Action en revendication de propriété – Action
reconventionnelle pour procédure vexatoire- Recevabilité (non).

Résumé :
De l’action en revendication de propriété immobilière la nécessité de la preuve d’un certificat de
propriété ou arrêté de concession provisoire ou définitif consacre l’exercice du droit réel dont le
titulaire entend se prévaloir. En l’espèce, les demandeurs fondent leur action en revendication de
propriété sur la qualité de cohéritier du vendeur du bien litigieux ; or selon le droit positif le bien étant
sorti du patrimoine au moyen d’un acte notarié, il convient de faire procéder à l’anéantissement de
cet acte créateur de droit réel au défendeur. Dès lors, le juge déclare dépourvue de fondement et
déboute le demandeur de la demande en revendication de propriété.
Du bien-fondé de la demande reconventionnelle de dommages et intérêts pour procédure abusive
qu’une telle action ne saurait aboutir en dehors de la preuve faite d’une volonté de nuire du
demandeur. Ayant été conclu sans leur accord, les demandeurs ont cru à bon droit de revendiquer la
propriété litigieuse. C’est donc à bon droit que le juge a débouté le défendeur de son action
reconventionnelle.

LE TRIBUNAL

Vu les pièces du dossier ;


Vu les conclusions écrites du Ministère public du 11 décembre 2015 ;

Ouïe les parties en leurs demandes fins et prétentions ;

Et après en avoir délibéré conformément à la loi ;

EXPOSE DU LITIGE

Suivant acte d’huissier du 20 novembre 2016, SEKOU TIDIANE DIARRA et trois autres ont fait
servir assignation à BELHAJ SOULAMI et LAZRAK AMID d’avoir à comparaître par-devant la juridiction
de céans à l’effet d’entendre ladite juridiction :

- Déclarer leur action recevable et bien fondé ;

- Prononcer l’annulation de la vente intervenue entre feu DIARRA BABA et les


défendeurs portant sur le terrain nu formant les lots 34 et 35 P d’une superficie de
869 m2 objet des titres fonciers 15.801 et 15.802 situé à Marcory Résidentiel ;

- Ordonner la destruction de toutes constructions édifiées sur ledit terrain ;

- Ordonner le déguerpissement des défendeurs de la parcelle querellée ainsi que


de tous occupants de leur chef ;

Au soutien de leur action, ils exposent que leur père feu DIARRA BABA a vendu un bien indivis
en fraude de leurs droits à BELHAJ SOULAMI et LAZRAK AMID ;

En effet, relèvent-ils, les époux DIARRA, leurs parents, étaient mariés depuis 1960 sous le
régime de la communauté de biens ;

Poursuivant, ils ajoutent que le bien objet du litige acquis en 1971 a été vendu le 22 janvier
1996, suite au décès de leur mère aux défendeurs ;

Les demandeurs font remarquer que succédant à leur mère et après liquidation de la
communauté, leur père devait requérir leur consentement avant de procéder à la vente d’un bien
résultant de la communauté préexistante ;

Dans ces conditions, affirment-ils, une telle vente ne saurait leur être opposable;

En réplique, BELHAJ SOULAMI et LAZRAK AMID soutiennent que les demandeurs soient
déboutés de leurs demandes ;

Ils fondent leurs prétentions notamment sur l’acquisition de la propriété par la prescription
acquisitive, l’acquisition en vertu de la théorie de l’apparence et celle résultant d’un titre foncier qui
est produit au dossier ;

Par des conclusions additionnelles, SEKOU TIDIANE DIARRA et les trois autres ont rectifié leurs
prétentions pour solliciter dorénavant la revendication du bien;

En réponse, les défendeurs soulèvent pour leur part une fin de non-recevoir tirée de
l’exception de garantie d’éviction ;

Ils font valoir que selon les dispositions des articles 1603 et 1626 du code civil, les
demandeurs qui viennent à la succession du vendeur, leur père doivent leur assurer une garantie
contre toute éviction partielle ou totale ;

Ils ne peuvent en conséquence depuis 17 ans qu’ils ont connaissance de cette vente venir
revendiquer la propriété dudit terrain ;

En outre, BELHAJ SOULAMI et LAZRAK AMID ont sollicité reconventionnellement des


dommages intérêts pour procédure abusive et vexatoire ;

SUR CE

EN LA FORME

Sur le caractère de la décision

Les défendeurs ont eu connaissance de la procédure pour avoir régulièrement conclu ;

Il y a lieu de statuer par décision contradictoire à leur égard ;

Sur la recevabilité de Faction

Sur la demande principale

L’action de SEKOU TIDIANE DIARRA et autres a été introduite dans les forme et délais requis
par la loi ;

Il convient de la recevoir ;

Sur la demande reconventionnelle

Suivant les dispositions de l’article 101 du code de procédure civile, la demande


reconventionnelle n’est recevable que si elle est connexe à l’action principale, si elle sert de défense
à cette action, ou si elle tend à compensation ou à réparation du préjudice né du procès ;

En l’espèce la demande introduite par BELHAJ SOULAMI est connexe à l’action principale ;

Il échet de la recevoir ;

Sur la fin de non-recevoir tirée de l'exception de garantie d’éviction

Suivant l’article 124 du code de procédure civile, la fin de non-recevoir est tout moyen ayant
pour objet de faire rejeter la demande comme irrecevable, sans aborder le fondement de la
prétention du demandeur ;

Bien qu’elle ne soit pas énumérée par le texte sus visé, il est admis en droit positif une liste
plus ou moins limitative de fins de non-recevoir ;

Dans ces conditions, la fin de non-recevoir tirée de l’exception de garantie d’éviction qui ne


repose sur aucun fondement jurisprudentiel ne saurait être reçue ;

Il convient en conséquence de la rejeter ;

AU FOND

Sur le bien-fondé de faction en revendication de propriété

En matière immobilière, la preuve de l’exercice d’un droit réel immobilier devant fonder une
action en revendication, se fait par la justification de l’existence d’un titre consacrant l’exercice par
son titulaire du droit réel dont il entend se prévaloir ;

A ce titre, sont légalement considérés comme valant titres, le certificat de propriété ainsi que
les arrêtés de concession provisoire ou définitive dit ACD ;

Il est acquis aux débats, pour justifier du bien- fondé de leur action en revendication, SEKOU
TIDIANE DIARRA et ses frères font prévaloir leur qualité de co -héritiers du vendeur du bien immobilier
objet du litige ;

Toutefois, étant des ayant droit du de cujus, ils héritent du patrimoine de celui-ci dans l’état
dans lequel ils l’ont trouvé ;

En l’espèce, le bien immobilier en cause est donc sorti du patrimoine de leur auteur au moyen
d’un acte notarié conclu avec les défendeurs à la présente action

Dans ces conditions, à défaut pour eux de faire procéder à l’anéantissement de cet acte
créateur de droit réel aux parties adverses, les demandeurs sont donc mal venus à initier une action
en revendication, surtout que celles-là disposent en leur faveur d’un titre de propriété sur ledit bien ;

Dès lors, la demande en revendication est dépourvue de fondement et doit être rejette comme
tel ;

Sur le bien-fondé de la demande reconventionnelle de dommages intérêts pour procédure abusive et


vexatoire

L’exercice d’une action en justice est ouvert à toute personne qui désire saisir les juridictions
pour la reconnaissance, la protection ou la sanction de ses droits

Aussi, la succombance à une demande en justice en dehors d’un esprit de chicane ne saurait
valablement constituer un abus de droit ;

En l’espèce, les débats n’ont pas permis de révéler que les demandeurs ont exercé leur action
à l’égard de BELHAJ SOULAMI et LAZRAK AMID dans le dessein de leur nuire ;

Bien au contraire, c’est à bon droit qu’ils ont cru bon de revendiquer la propriété du terrain
dont la vente a été faite sans leur accord ;

Il sied dans ces conditions de débouter les défendeurs de cette demande reconventionnelle
comme étant mal fondé ;

Sur les dépens

Les parties ayant succombé, il convient de faire masse des dépens et de dire qu’ils seront
supportés par elles à concurrence ;

PAR CES MOTIFS

Statuant publiquement contradictoirement, en matière châle, et en premier ressort ;

EN LA FORME

Rejette la fin de non-recevoir soulevée par BELHAJ SOULAMI et LAZRACK AMID ;

Déclare les consorts DIARRA SEKOU TIDIANE recevables en leur action ;

AU FOND

Déclare mal fondées et rejette comme telles, Les demandes tant principales que
reconventionnelles respectivement en revendication de propriété qu’en paiement de dommages
intérêts pour procédure abusive et vexatoire formulées par les consorts DIARRA d’une part et BELHAJ
SOULAMI et LAZRACK AMID de l’autre;

Fait masse des dépens et dit qu’ils seront supportés par les parties à concurrence de moitié ;

Ainsi fait, jugé et prononcé les jours, mois et an que dessus ;

Et avons signé le Président et le Greffier.

Et ont signé le Président et le Greffier.

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