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TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE

DE LUBUMBASHI

Jugement avant dire droit sous RC 28836

Demanderesse : Dame KATCHAMA Catherine

Défendeurs : - Dame NGOY SIMBI ;

- Dame KYUNGU Georgette ;

- Conservateur des Titres Immobiliers/Ouest ;

Attendu que par son assignation du 9 mai 2018 enrôlée sous RC 28836, dame
KATCHAMA Catherine, résidant au numéro1192, de l’avenue Colonel Henri KAPEND,
Quartier Golf Tshamalale, commune de Lubumbashi, a saisi le tribunal de céans pour
l’entendre dire recevable et fondée son action ;- ordonner le déguerpissement des
citées et de tous ceux qui occupent de leur chef sur le lieu querellé ; - les condamner
au paiement d’une modique somme de 10.000 dollars américains à titre des
dommages et intérêts ; - mettre la masse de frais à charge des défendeurs ;

Attendu qu’à l’appel de la cause à l’audience publique du 09 août 2018, à laquelle la


cause a été plaidée et prise en délibéré après avis du ministère public émis sur le
banc, la demanderesse a comparu représentée par ses conseils maîtres BELY
MWAMBA , SHABANI et KATSHAMA , les deux premiers avocats au barreau de
Lubumbashi et le dernier défenseur judiciaire du ressort tandis que la première
défenderesse, NGOY SIMBI a comparu représentée par ses conseils, maîtres Louis
KATANI, MULUKU, KASONGO et KASO, tous avocats au barreau de Lubumbashi, la
deuxième défenderesse KYUNGU Georgette a comparu représentée par ses conseils,
maîtres Passy MBAYO, Laetitia ODIA, MUJINGA et le troisième défendeur le
conservateur des titres immobiliers Ouest a comparu représenté par se conseils,
maîtres HILLAIRE KALASA, Freddy NASSOR, Dieudonné MALOBA Falonne KAKUDJI ,
Nadège KIMBA et Adrien KISIMBA ; tous avocats au barreau de Lubumbashi ;

Que le tribunal s’est déclaré saisi sur remise contradictoire à l’égard de toutes les
parties ; que la procédure suivie est donc régulière ;

Attendu que quant aux faits de la cause, il ressort de l’assignation du 9 mai 2018 que
la demanderesse est propriétaire incontestée et incontestable de la parcelle située
sur l’avenue colonel Henri KAPEND dont PL 1192, d’une superficie de 4680.00m² et ce
en vertu d’un acte de vente du 03/10/2006 signé entre elle et madame MUZINGA
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BILONGO dans la concession privée de cette dernière couverte par le contrat de


location n° NaD.D.8/N°59565 du 01/11/2012 ;

Qu’il est constaté que la première défenderesse détient un contrat de location


n°Na.D.D.8/N°60677 du 07/06/2013 établi au nom de MULONGO Eddy portant PL
1185 dans le même lotissement et qu’observant son croquis et celui de la première
défenderesse, leurs fonds sont séparés par le PL 1186 ;

Que s’agissant de la deuxième défenderesse, qui détient un contrat de location


portant sur la parcelle 130 bis, elle occupe également la parcelle de la demanderesse
alors que son contrat renseigne que sa parcelle est située dans le lotissement Golf
Tshamalale village et non dans la concession privée de dame MUJINGA BIOLONGA ;

Que conclut la demanderesse, que les comportements des deux premières


défenderesses lui causent d’énormes préjudices quant à la jouissance de son fond,
ainsi, elle sollicite du tribunal de céans de dire recevable et fondé son action dont
dispositif est évoqué ci-haut ;

Attendu qu’en réplique la première défenderesse fait constater au tribunal, que


premièrement il y a défaut de qualité dans le chef de la demanderesse, que
deuxièmement, il devra déclarer la présente action irrecevable en se fondant sur
l’exception Electa Una via, Non datur recursus ad alterm et troisièmement surseoir la
présente cause partant du principe le criminel tient le civil en état ;

Que s’agissant du défaut de qualité dans le chef de la demanderesse, la première


défenderesse relève que la demanderesse qui initie cette action reconnaît bel et bien
que le lieu querellé est couvert d’un titre établi au nom de SIMBI MULONGO Eddy qui
est le propriétaire ; que donc parler d’une absence de titre serait un non-sens, et que
la demanderesse ne peut transférer plus de droit qu’elle n’a pas ; que le droit de
propriété étant un droit absolu, seul son titulaire peut en user, disposer comme il le
veut et ce droit ne peut être anéanti par un quidam sans qualité ; que fort de ce qui
précède , la première défenderesse sollicite du tribunal de dire irrecevable la
présente action pour défaut de qualité dans le chef de la demanderesse ;

Que s’agissant de l’exception Electa Una via, Non datur recursus ad alterm, la
première défenderesse soutient qu’ayant été attraite sous RP 15937 devant le
tribunal de paix Lubumbashi-Ruashi pour occupation illégale par la demanderesse,
celle-ci avait choisi la voie pénale pour faire valoir ses droits et qu’à ces jours, la voie
civile lui est automatiquement fermée ; qu’ayant été débouté par le juge pénal, elle
ne peut plus saisir le juge civil pour faire valoir ses prétentions ; que donc le tribunal
déclarera son action irrecevable pour le motif sus vanté ;
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Qu’en ce qui concerne le principe le criminel tient le civil en état, la première


défenderesse relève qu’un jugement définitif a été rendu au pénal sous RPA
5085/5085 par le tribunal de grande instance, acquittant toutes les prévenues du
chef d’occupation illégale, ce jugement répressif a été rendu en dernière ressort sur
le fond, il a autorité sur l’action civile introduite par la demanderesse sous RC 28836 ;
qu’aussi longtemps que toutes les voies de recours ne sont pas encore épuisés, le
pénal continu à tenir le civil en état ; que donc le tribunal ordonnera la surséance de
la présente cause en se fondant aux moyens sus évoqués ;

Attendu que prenant à son tour la parole, la deuxième défenderesse KYUNGU


Georgette, organise sa défense en s’appuyant sur les moyens développés par la
première défenderesse à savoir le défaut de qualité dans le chef de la demanderesse,
l’exception Electa Una via, Non datur recursus ad alterm et le principe le criminel
tient le civil en état ; que s’agissant des deux premiers moyens, elle conclut en
sollicitant du tribunal de déclarer cette action irrecevable, quant au dernier moyen,
elle sollicite du tribunal d’ordonner la surséance de la présente action ;

Attendu que répliquant aux moyens de la demanderesse, le troisième défendeur,


sollicite du tribunal sa mise hors cause au motif qu’aucun chef de demande auquel
elle doit répondre n’a été indiqué dans le dispositif et dans les conclusions
communiquées par la demanderesse ;

Attendu que répliquant aux moyens de forme soulevés par les défendeurs, la
demanderesse soutient qu’en ce qui concerne, le défaut de qualité soulevé dans son
chef par les deux premières défenderesses, elle tire sa qualité dans le contrat de
location n°Na.D.D8/N°59565 du 1er novembre 2012 conclu régulièrement avec la
République Démocratique du Congo ; quant au principe le criminel tient le civil en
état, elle sollicite du tribunal de constater que les défenderesses ont mal interprété
ce principe général de droit en ce sens qu’il n’existe aucune action pénale pendante
devant la juridiction répressive ni en instruction au parquet à ce jour ; que concernant
l’exception electa una via non datur recursus ad alterm, elle fait constater que devant
la juridiction répressive, les défendeurs étaient poursuivi s pour occupation illégale et
que la question de déguerpissement n’était pas évoquée car le juge pénal n’était pas
saisi de cette demande ; que donc dans la présente action, le juge civil est saisi en
déguerpissement et que l’occupation illégale lui est étrangère ; que par voie de
conséquence, le tribunal rejettera tout simplement ces exceptions ;

Attendu que le ministère public, dans son avis écrit sollicite du tribunal de dire les
exceptions soulevées par les défendeurs recevables et fondées, en conséquence de
décréter l’irrecevabilité de l’action de la demanderesse ;
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Attendu que pour le tribunal, examinant l’exception de défaut de qualité dans le chef
de la demanderesse soulevée par la première et la deuxième défenderesse, note que
les pièces produites par la demanderesse à savoir l’acte de vente du 31 octobre 2006,
le procès-verbal de constat du 7 août 2012 et le contrat de location NaD.
D.8/N°59565 du 1er novembre 2012 pour étayer sa qualité fera fortune étant donné
qu’aux termes de l’article 144 de la loi n°73-021 du 20 juillet 1973 portant régime
général des biens, régime foncier et immobilier et régime des sûretés, telle que
modifiée et complétée à ces jours, qui dispose : « par la location, l’Etat s’oblige à faire
jouir une personne d’un terrain et moyennant un certain prix que celle-ci s’obliger à
lui payer. En principe, elle est préparatoire à une autre concession. Elle ne peut être
accordée pour un terme excédant 3 ans. Elle est régie par les dispositions de la
présente loi et ses mesures d’exécutions » ; que le tribunal relève qu’un contrat de
location peut conférer à son titulaire le droit à devenir propriétaire du fond qu’il
couvre ;

Que dans le cas d’espèce, les pièces produites par la demanderesse qui se veulent
être les actes générateurs de son droit peuvent être retenues pour prouver le droit à
devenir propriétaire sur la parcelle querellée, en ce sens qu’à la lecture desdites
pièces, le tribunal s’aperçoit que c’est en sa qualité de copropriétaire du fond
querellé qu’elle a agi en justice ;

Que donc, le tribunal dira recevable mais non fondée l’exception du défaut de qualité
soulevée par la première et deuxième défenderesse ;

Que s’agissant de l’exception tirée de l’adage electa una via non datur recursus ad
alterm, soulevée par les deux premières défenderesses dont l’économie générale de
son contenu voudrait voir une partie qui s’est engagée dans une voie ne plus y
renoncer, le tribunal note que la demanderesse avait choisi la voie pénale en se
constituant partie civile sous RP 15937 et RPA 5085/5095 non pas pour obtenir le
déguerpissement des défenderesses mais pour obtenir réparation par le mécanisme
des dommages et intérêts, bien qu’ayant été débouté dans les causes susvisées, la
voie au civile ne peut lui être fermée en ce qui concerne le déguerpissement des
défenderesses étant donné que cet objet n’a aucun rapport avec la demande
formulée au pénal ; que donc, le tribunal dira cette exception recevable mais non
fondée ;

Qu’en ce qui concerne, le principe du criminel tient le civil en état soulevé par les
deux premières défenderesses qui voudraient voir le tribunal ordonner la surséance
de la présente cause, celui-ci relève qu’il est produit au dossier le jugement sous RPA
5085/5095 coulé en force des choses jugées et qu’aucune preuve démontrant
qu’aucune des parties dans la présente cause a exercé une voie de recours
extraordinaire ne lui a été apportée ; que donc le tribunal note qu’aucune cause n’est
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pendante devant une juridiction pénale à ces jours ; qu’ainsi, il dira recevable ce
moyens mais non fondé ;

Que s’agissant de la mise hors cause sollicitée par le troisième défendeur qui est le
conservateur des titres immobiliers Lubumbashi-Ouest, le tribunal s’aperçoit que le
contrat judiciaire qui est l’exploit introductif d’instance, dans son corps ainsi que dans
son dispositif ne met aucunement en exergue les prétentions de la demanderesse qui
devront être rencontrées par la troisième défendeur en tant que partie au partie au
procès ; que fort de ce qui précède, le tribunal mettra ce dernier hors cause ;

Attendu que le tribunal invitera les parties hormis le troisième défendeur, à aborder
le fond du présent litige, renverra en prosécution la présente cause à son audience
publique du…./……./2018, enjoindra au greffier de notifier le présent jugement avant
dire droit aux parties et réservera les frais ;

Par ces motifs ;

Le tribunal ;

Statuant par avant dire droit publiquement et contradictoirement à l’égard des


toutes la parties ;

Vu la loi organique n°13/001-B du 11/04/2013 portant organisation, fonctionnement


et compétences des juridictions d’ordre judiciaire ;

Vu la loi n°73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier
et immobilier et régime des sûretés telle que modifiée et complétée à ce jours ;

Vu le code procédure civile ;

Le ministère Public entendu en son avis ;

- Dit recevable toutes les exceptions soulevées par les défenderesses, mais non
fondées et les rejette ;
- Dit recevable et fondée la demande de la mise hors cause du troisième
défendeur, en conséquence, ordonne sa mise hors cause dans la présente
action ;
- Invite les parties hormis le troisième défendeur à aborder le fond du litige ;
- Renvoi la cause en prosécution à son audience publique du …../….../2018 ;
- Enjoint au greffier de notifier le présent jugement avant dire droit aux parties ;
- Reserve les frais d’instances ;

Ainsi jugé et prononcé par le Tribunal de Grande Instance de Lubumbashi, a son


audience publique du …./ /2018 à laquelle ont siégé MUSASA KALAMBA, président
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de chambre, KHANDY KIANGA et NDUME RUGADJO, juges, avec le concours de


…….. ………………………………………………………….. Officier du ministère public et
l’assistance de …………………………………………………………….. Greffier du siège

LE GREFFIER LES JUGES LE PRESIDENT DE CHAMBRE

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