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29/10/2023 19:44 Jurisprudence - Artemis

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JURISPRUDENCE

JURISPRUDENCE / ACCÈS PAR MOT CLÉ / COMMERCIALE / SOCIÉTÉS / DISTRIBUTION DES DIVIDENDES

Cour d'appel de commerce de Casablanca


Arrêt n° : 963/2012 / Dossier n° : 1803/2009/12

RÉSUMÉ
Dès lors que la validité de l'engagement signé par les actionnaires de ne pas céder leurs actions pendant un délai de cinq
ans, a été tranchée par une décision passée en force de chose jugée, il s'ensuit que la cession faite en violation dudit
engagement n'est pas opposable à la société. En conséquence, il y a lieu de prononcer l'annulation du jugement ayant
prononcé la validité de cette cession, pour violation de l'article 257 de la loi 17/95 sur les sociétés anonymes et du principe
de l'autorité de chose jugée.
le tribunal ne saurait se substituer aux organes de gestion pour décider la distribution des dividendes dus à un
actionnaire, en ce que son pouvoir se limite à contrôler les mesures prises par les organes précités et leur conformité à la
loi, que s'il s'avère que ces organes avaient décidé de distribuer les dividendes sur tous les actionnaires à l'exception d'un
seul d'entre eux, dans ce cas, la justice a compétence de contraindre la société à remettre audit actionnaire la part des
dividendes qui lui revient.

ARRÉTE
Cour d'appel de commerce de Casablanca
Arrêt n° : 963/2012
Dossier n° : 1803/2009/12
Résumé des faits :

Il ressort des pièces du dossier et du jugement dont appel que le sieur BA avait saisi le tribunal de commerce d'une
requête exposant qu'il était actionnaire dans la société défenderesse, à raison de 1100/10200 actions, qu'en plus de
sa qualité d'actionnaire, il était également salarié de la défenderesse où il occupait le poste de directeur commercial,
que suite à son licenciement abusif, il a décidé de sortir de la société en vendant ses actions au sieur AH, au prix de
1500 dh l'action (à rappeler que la valeur initiale était de 400 dh), qu'en application de l'article 254 de la loi sur les
SA et des statuts de la société, il a saisi cette dernière par lettre recommandée avec accusé de réception, reçue par
la défenderesse depuis le août 2004 sans qu'elle prenne la décision d'exercer son droit de préemption ou d'autoriser
la cession, malgré l'expiration du délai imparti à cet effet prévu par ses statuts, outre qu'elle l'avait écarté des
dividendes distribués à tous les autres actionnaires, d'où il convient de l'autoriser à vendre ses actions, et de
condamner la société à lui verser les dividendes après expertise pour évaluer les bénéfices réalisés.

La défenderesse a répondu en introduisant une demande en appel en cause de AH (cessionnaire des actions), en
soutenant qu'elle avait répondu à la lettre à lui adressée par ce dernier, mais celui-ci a refusé de la récupérer de la
poste, que par cette lettre, la société lui avait proposé le rachat de ses actions au prix de 150 dh, en ce que le prix
qu'il invoque est excessif, d'où elle demandât l'appel en cause du sieur AH, en précisant que la cession était fictive,
en raison du lien de parenté entre les deux cocontractants, et l'objectif qui en est escompté par le demandeur est
d'échapper au paiement des sommes dont il était redevable à la société. Que par ailleurs, les actionnaires avaient
signé en 2006 un accord par lequel ils se sont engagés à ne pas céder leurs actions pendant un délai de 5 ans, ce
que le demandeur n'a pas respecté, et a créé une société concurrente, fait pour lequel il a été condamné en appel à
lui payer la somme de 55.111 dh, qui doit être déduite des dividendes dus au demandeur.

Le demandeur a déposé un mémoire rectificatif par lequel il sollicitât du tribunal de lui acte de validité de vente de
ses actions et de prononcer le caractère exécutoire de la vente à dater de sa conclusion ; qu'en ce qui concerne les
dividendes qui lui seraient dus, le demandeur précisât dans son mémoire qu'ils s'élevaient à 425700 dh que la
société doit être condamnée à lui verser en plus des dommages intérêts de 80000 dh.

L'appelé en cause (sieur AH) a déposé un mémoire par lequel il soutient qu'il avait acquis les actions du demandeur
et lui a versé le montant correspondant, qu'il est devenu actionnaire de plein droit, mais la société a refusé de lui
permettre d'exercer ses droits tels que la convocation des assemblées générales, et le bénéfice des dividendes, ce
qui l'a poussé à saisir le tribunal de commerce en vue d'obtenir un jugement prononçant la validité de la vente,
laquelle a été inscrite sous n° 4722/05, et qu'il soutient le demandeur dans ses prétentions.

La société a demandé la jonction de ce dossier avec le dossier d'espèce (n° 4461/2005),

Après jonction en raison de leur connexité des deux dossiers et expertise, le tribunal a rendu le jugement par lequel il
décidât :

Sur le dossier 4451/2005 : de condamner la société à verser au demandeur la somme de 52161,43 dh assortie des
intérêts légaux, en rejetant le surplus des demandes ;

https://artemis.ma/jurisprudence/acces-par-mot-cles/detail/fr/ccc20130221-001a 1/3
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Sur le dossier 4722/05 : de considérer que la cession des actions était valide et de condamner la société a inscrire les
actions au nom du cessionnaire, sous peine d'astreinte.

La société interjetât appel de ce jugement en faisant grief au jugement notamment d'avoir fait fi de l'accord
intervenu entre les actionnaires interdisant la cession des actions pendant cinq ans, de n'avoir pas tenu compte de
l'exception du caractère fictif de la cession.

La cour d'appel :

« attendu que l'attaquante soutient dans son mémoire d'appel et dans son mémoire additif que l'intimé avait violé
l'accord entre les actionnaires daté du 08/01/2003 et établi dans le cadre de l'article 257 de la loi 17-95 relative aux
SA, en vertu duquel ils se sont engagés à ne pas céder leurs actions aux tiers qu'après expiration d'un délai de cinq
ans, mais le jugement dont appel a outrepassé cet accord et a considéré que la cession était valide et ce en violation
de l'article 230 du DOC, que par ailleurs, l'appelante invoque l'incompétence du tribunal a statuer sur la distribution
des dividendes en ce que cette compétence appartient aux organes de gestion de la société, en demandant
l'annulation du jugement et, de juger à nouveau, et de prononcer le rejet de la demande.

Attendu que l'intimé a répondu que concernant l'accord invoqué, l'engagement de ne pas céder ses actions dans un
délai de cinq ans a été pris par lui en sa qualité de salarié et non d'actionnaire, que dès lors qu'il n'avait plus la qualité
de salarié suite à son licenciement abusif comme prouvé par les jugements produits, on ne saurait donc lui opposer
l'engagement précité, que par ailleurs, la distribution des dividendes st du ressort de la justice en cas de différends
entre les actionnaires, en demandant la confirmation du jugement dont appel.

Attendu qu'abstraction du différend opposant les deux parties au sujet de la teneur de l'engagement daté du
08/01/2003, il est établi par l'arrêt d'appel avant dire droit n° 335/2011 du 12/07/2011 rendu dans le dossier
1860/2010/17 produit par l'attaquante, que la cour d'appel de commerce de Casablanca, à l'occasion d'un autre litige
entre les deux parties concernant la concurrence déloyale, avait statué sur la teneur dudit engagement et avait
considéré que « l'engagement précité trouve son fondement dans l'article 257 de la loi 17/95, que la cession faite en
dehors du cadre de l'accord n'engage pas la société attaquante et n'est pas exécutoire à son encontre. », en ajoutant
que « pour ce qui précède, l'intimé BA a violé ses engagements par la cession de ses actions de manière illégale sans
respecter le délai de cinq ans . »

Attendu qu'ainsi l'arrêt produit a tranché la question de la validité de l'engagement daté du 08/01/2003 et a
considéré que la cession des actions faite par le sieur BA n'était pas légale faute de respect du délai de cinq ans, que
ledit arrêt est passé en force de chose jugée, d'où il suit que la discussion, à nouveau de la teneur dudit engagement
et la recherche de la validité ou non de la cession, constituera une anticipation sur l'arrêt produit et une violation du
principe précité, qu'en conséquence, il convient de prononcer l'annulation du jugement dont appel dans son aspect
ayant considéré que la cession était valide et condamnant la société, sous peine d'astreinte, à l'inscrire, et jugeant à
nouveau, de rejeter la demande y relative.

Attendu qu'en ce qui concerne le deuxième moyen selon lequel le tribunal ne serait pas compétent pour statuer sur
la demande tendant à la distribution des dividendes, il est vrai que le tribunal ne saurait se substituer aux organes de
gestion et décider la distribution des dividendes dus à un actionnaire, en ce que son pouvoir se limite à contrôler les
mesures prises par les organes précités et leur conformité à la loi, que s'il s'avère que ces organes avaient décidé de
distribuer les dividendes en excluant un actionnaire de sa part de ces dividendes, dans ce cas, la justice a
compétence de contraindre la société à remettre audit actionnaire la part des dividendes qui lui revient, que dans le
cas d'espèce, le représentant de l'intimé avait produit des pièces émanant de l'attaquante elle-même fixant le
montant des bénéfices réalisés au titre de chaque année budgétaire et que l'assemblée générale a décidé de
distribuer, ce que l'attaquante reconnaît dans son mémoire en réplique devant le tribunal de premier degré, qu'elle a
refusé de faire bénéficier l'intimé de ses dividendes qu'après compensation avec les dettes à sa charge à l'égard de
la société, qu'eu égard au litige entre les parties au sujet des bénéfices, la justice demeure l'instance habilitée à le
trancher, qu'en conséquence, le moyen invoqué à ce sujet, n'étant pas sérieux, doit être rejeté.

Attendu que l'expertise ayant fixé la part revenant à l'intimé des bénéfices, n'a pas fait l'objet de contestation de la
part de l'attaquante, c'est à bon droit que le jugement dont appel l'a adoptée, et il convient de le confirmer en ce qui
concerne les dividendes.

Par ces motifs :

.. Annulation partielle du jugement dont appel en ce qu'il a prononcé la validité de l'opération de cession des actions
et son inscription sous peine d'astreinte ;

. jugeant à nouveau, rejette la demande y relative ;

. confirmation du jugement sur le reste.

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