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procédures antitrust dures en cas de victoire démocrate


massive. Puis, tout s’est retourné après les déclarations
Wall Street pris à contre-pied
PAR MARTINE ORANGE
de Donald Trump affirmant avoir gagné l’élection et
ARTICLE PUBLIÉ LE MERCREDI 4 NOVEMBRE 2020 menaçant de saisir la Cour suprême.
Après avoir parié sur une large victoire démocrate,
le monde financier se retrouve face au scénario qu’il
redoutait le plus : celui d’une période plus ou moins
longue d’incertitude, de confusion et de contestation.

Retour vers les valeurs refuges (évolution des rendements


des obligations du trésor américain à dix ans) © Bloomberg

À ce stade, cependant, tous les indicateurs boursiers


n’ont guère de signification. « Je me garderai
Retour vers les valeurs refuges (évolution des rendements
bien de tirer la moindre conclusion. Nous avons
des obligations du trésor américain à dix ans) © Bloomberg tous vu ce qui s’est passé en 2016. Les marchés
Wall Street avait déjà voté. Oublieux des leçons de n’avaient pas compris l’impact de l’élection dans les
l’élection présidentielle de 2016, le monde financier premières heures après qu’il fut clair que Trump
avait choisi, une nouvelle fois, de faire confiance aux avait gagné », explique Brian Barish, responsable à
derniers sondages : il a parié sur une vague bleue Cambiar Investors, cité par Bloomberg.
(la couleur du camp démocrate). Joe Biden allait L’incertitude, voire l’inquiétude, est en train de
l’emporter face à Donald Trump, mais les démocrates s’installer sur les marchés et peut-être pour un long
allaient avoir la majorité aussi au Sénat et à la Chambre moment. Depuis une semaine, le Vix, cet indice de
des représentants. À la fin de la séance, le 3 novembre, la peur qui mesure la volatilité sur les marchés,
tous les indices boursiers connaissaient une des plus est redevenu l’indice phare des marchés boursiers
fortes hausses un jour d’élection présidentielle selon américains : la hausse insensée des certaines valeurs
les analystes. boursières depuis mars, au moment où la pandémie
Quelques heures plus tard, ils ont dû réviser tous s’installait aux États-Unis, paraît insoutenable à
leurs pronostics : l’élection présidentielle américaine beaucoup. Jamais le fossé n’a été aussi grand entre
s’annonçait beaucoup plus serrée qu’escompté. Et une sphère financière, soutenue à bout de bras par les
le scénario noir, celui d’une période plus ou moins interventions de la FED et le plan de soutien américain,
longue d’incertitude, de confusion et de contestation, et la réalité économique, marquée par une remontée
a resurgi. La crainte ne cessant d’augmenter au fil des spectaculaire du chômage, de la précarité et de la
heures. pauvreté. Et si l’incertitude s’éternise, de puissantes
corrections risquent de ne pas tarder.
Les premiers arbitrages n’ont pas tardé sur les marchés
financiers. Le yuan, le yen et l’euro étaient en Au-delà du nom du futur président américain, il y a
baisse face au dollar. Les bons du Trésor américain un autre résultat qui passionne les marchés financiers :
sont redevenus la valeur refuge, affichant une baisse celui du Sénat. Contrairement aux prévisions, celui-ci
spectaculaire de leur rendement du fait de la demande, semble appelé à rester républicain. Même si Joe Biden
tandis que les futures sur les indices boursiers est élu président, celui-ci se retrouvera dans une sorte
américains s’annonçaient en hausse. Les interventions de cohabitation avec un Sénat républicain. Pour les
sur le Nasdaq ont même dû être arrêtées pendant un financiers, cela signifie que tous les grands projets de
moment du fait de l’afflux des demandes, beaucoup transformation – importants investissements publics
reprenant position sur les GAFA, menacés par des dans les infrastructures, santé, climat, fiscalité, mais

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aussi renforcement des régulations tant dans le monde Selon eux, rien ne justifie de mettre en œuvre
bancaire que pour les GAFA – risquent d’avoir le plus de nouveaux dispositifs de soutien à la population.
grand mal à passer. Pour leur plus grand soulagement. D’autant que la politique monétaire ultra-
« Moins d’impôts » se réjouissent déjà certains accommodante de la FED apporte toutes les
analystes qui s’alarmaient de voir l’impôt sur les liquidités nécessaires aux marchés financiers et aux
sociétés remonter de 21 % à 28 %, comme s’y grandes entreprises. Pour les républicains, c’est bien
est engagé Joe Biden. Mais aussi « moins de plan là l’essentiel.
de soutien » s’inquiètent d’autres, qui réclament de Alors que le rebond économique américain montre
nouvelles interventions budgétaires pour venir en déjà des signes d’essoufflement, la perspective de ne
soutien de l’économie. De nombreux investisseurs pas pouvoir bénéficier d’un nouveau plan de soutien,
avaient déjà pris des paris sur le plan de relance de sur lequel ils comptaient beaucoup, commence déjà à
2 000 milliards de dollars promis par les démocrates. inquiéter les financiers. Où vont être les relais pour ce
Désormais, ils doutent qu’il puisse voir le jour. « Avec monde biberonné à l’argent public ?
une majorité républicaine au Sénat, il est serait très D’autant qu’il y a une grande absence dans tous les
surprenant que le plan de soutien – le stimulus – scénarios actuels : la remontée des cas de Covid aux
dépasse les 500 milliards l'an prochain », dit le chef États-Unis. Sans être au même stade que l’Europe,
économiste de Pantheon Macroeconomics. le pays voit inexorablement monter le nombre de
La poursuite du plan de soutien gouvernemental, malades dans de nombreux États, en particulier dans
décidé au printemps pour faire face à la pandémie le Midwest. Nié par Donald Trump et ses partisans
et aux mesures de confinement, a donné lieu tout au long de cette campagne, ce risque pourrait
à une bataille rangée au Sénat ces dernières devenir un nouvel élément qui bouscule un peu plus
semaines. Donald Trump et la majorité des sénateurs les États-Unis dans les semaines qui viennent : le pays
républicains se sont opposés à la prolongation des pourrait se retrouver à devoir faire face à une nouvelle
mesures d’aide prises notamment en faveur des crise sanitaire et une profonde récession, sans pouvoir
personnes ayant perdu leur emploi ou en chômage dégager le moindre consensus politique.
partiel.

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