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L’analyse libérale
Les auteurs libéraux considérant que le protectionnisme débouche sur une situation sous-optimale :
ll’expérience des années 30 a montré que le pays qui met sur pied une politique protectionniste afin de
protéger son industrie nationale va subir à son tour des mesures de rétorsion de la part de ses
partenaires étrangers, ce qui risque de déboucher sur une généralisation du protectionniste, qui ne
peut que freiner la croissance et détruire des emplois
1. Des PDEM
Le protectionnisme a un coût pour le consommateur, puisque cela augmente le prix du produit. Cette mesure a donc détérioré le
pouvoir d’achat des consommateurs les plus défavorisés qui ont du payer plus cher des produits bas de gamme que les PVD leur
auraient procuré à un prix beaucoup plus réduit.
Les pays d’Asie du Sud-Est ne sont pas aujourd’hui seulement source de destruction d’emplois ; ils représentent la zone qui
connaît la plus forte croissance économique et qui fournit donc des débouchés à nos entreprises, en particulier dans les secteurs à
forte valeur ajoutée dans lesquels l’industrie française est en train de se spécialiser (ex : T.G.V. en Corée du Sud ) . Fermer nos
frontières c’est se priver des débouchés dans cette zone et donc se priver d’emplois.
1. Des PDEM
L’application de mesures protectionnistes en maintenant artificiellement des emplois dans des secteurs où elle n’est plus
compétitive ( ex : textile ) retarderait une spécialisation sur les secteurs les plus dynamiques , qui (comme l’ a montré Lafay)
nécessite d’opérer des choix . La France ne pouvant être présente sur tous les marchés, il faut qu’elle opère une stratégie de
spécialisation qui dynamisera sa croissance économique Sauvegarder des emplois dans les secteurs traditionnels, c’est au contraire
perpétuer une spécialisation sur les produits où l’on se concurrence par la compétitivité-prix ; c’est donc à terme détériorer la
compétitivité structurelle de l’industrie française qui rejoindrait le rang des pays intermédiaires en quittant celui des PDEM
La politique protectionniste est donc néfaste pour le pays qui l’applique, mais elle risque en outre de freiner le développement des
PVD En effet, les PVD n’ayant pas de marché intérieur suffisamment solvable pour assurer un décollage économique (cf. cercle
vicieux de Nurske et échec de la stratégie de l’industrialisation par substitution d’importations ) sont obligés d’appliquer une
stratégie de promotion des exportations leur permettant , en particulier , de rembourser les dettes qui ont été nécessaires pour
financer les investissements assurant le take off . Les PDEM ne peuvent avoir un double langage : souhaiter le décollage des PVD
et en même temps par des mesures protectionnistes leur interdire d’y accéder
Une politique protectionniste n’est donc pas neutre économiquement, elle engendre une redistribution des revenus des
consommateurs qui perdent du pouvoir d’achat suite à la hausse des prix vers les producteurs qui maintiennent artificiellement des
prix élevés. Elle représente donc un jeu à somme nulle. Le jeu est même à somme négative, si comme le montre l’exemple de
l’industrie textile canadienne , les barrières douanières incitent les producteurs à se spécialiser vers les produits les moins
porteurs , laissant ainsi à leurs concurrents étrangers les spécialisations les plus dynamiques
Un diaporama sur les avantages et les inconvénients du protectionnisme ici
Dans les années 60, les pays décolonisés mettent en place des stratégies de développement basées sur le protectionnisme . Ces
stratégies se révèleront un échec
1. Présentation de la stratégie
- Comme le pays est en retard par rapport aux PDEM, il n’est pas
compétitif au niveau des produits industriels
- Pour permettre à l’industrie de se développer,il faut mettre en
place une protection douanière
- Les produits du pays remplacent alors les produits importés
2. Les résultats
La stratégie d’ISI qui recherchait un développement autocentré a paradoxalement rendu les pays plus
dépendants des PDEM. En effet, pour lancer l’industrialisation il faut faire appel aux technologies des
pays du Nord, donc s’endetter (puisque les capacités d’épargne sont limitées). . Mais la surévaluation
des monnaies rend les produits moins compétitifs, donc réduit les capacités exportatrices des pays ,
donc les entrées de devises qui leur permettraient de rembourser la dette .
Remarque : Cette stratégie présente de nombreux points communs avec celle de l’ISI, dont elle est
fréquemment complémentaire.
1. Présentation
- On considère que la spécialisation dans les produits agricoles ou miniers n’assure pas le
développement: l’insertion des PVD dans la DIT traditionnelle ne permet ni la croissance ni le
développement
- Il faut alors développer les seules industries qui assurent le développement : les
industries industrialisantes, c’est-à-dire celles des biens d’équipement
- Pour cela, il faut développer une protection douanière
2. Les résultats
Ces stratégies se sont aussi souvent révélées inadaptées aux besoins de pays :
- La production effectuée est de mauvaise qualité et est excessive par rapport à la demande
- en effet , les stratégies d’industries industrialisantes ont supposé qu’un développement des
capacités de production résultant d’un effort d’investissement très élevé engendrerait un
cercle vertueux ( une croissance économique tirant l’ensemble du tissu productif ) . Or , les
capacités d’absorption des PVD sont limitées , et les projets souvent pharaoniques qui ont été
lancés sous-utilisés , ce qui engendre des déséconomies d’échelle , une hausse des coûts et
donc des prix . Une solution envisageable aurait pu être de réorienter les capacités de
production vers l’exportation. Mais ceci n’est guère réaliste , non seulement car ces stratégies
voulaient rompre avec l’extraversion , mais aussi parce qu’elles étaient implantées dans des
secteurs dits industrialisants ( sidérurgie , métallurgie , ... ) qui se caractérisent par une
surproduction au niveau mondial , résultant d’une stagnation de la demande
- les industries industrialisantes se caractérisent par un investissement massif dans les secteurs
hautement capitalistiques, qui ne permettent pas d’absorber l’excédent de main-d’oeuvre et
génèrent donc du chômage .
a. L’analyse de J.S.Mill
Selon J.S.Mill,les pays pauvres sont les grands gagnants de l’échange international. En effet, ils se
caractérisent :
- par des capacités de production généralement plus réduites que celles des pays riches, en
raison de la faiblesse de leurs capacités d’investissement
- par une demande plus faible en raison de la faiblesse du revenu des ménages.
- Ainsi, les marchés dans lesquels sont spécialisés les pays pauvres se caractérisent par une
sous-production déterminant une hausse des prix alors que ceux des pays riches connaissent
une surproduction (résultant de la forte capacité de production du pays riche et de la faible
capacité d’absorption du pays pauvre) engendrant une baisse des prix.
Dans l’optique libérale qui va de Smith à HOS, le libre-échange est optimal et conduit à une
amélioration du bien-être de tous les échangistes .En effet, les pays ayant basé leur spécialisation sur
des dotations factorielles complémentaires ont intérêt à laisser librement entrer les produits, car il
bénéficie ainsi de biens de meilleure qualité à des prix plus réduits, ce qui améliore la satisfaction des
consommateurs
le principe :HOS vont chercher à montrer comme l’écrit Sandretto que : « En dépit de l’immobilité
internationale des facteurs de production , leur rémunération tendrait néanmoins à s’égaliser dans tous
les pays sous l’influence du commerce international des marchandises »
explication du modèle :
- à l’origine le pays s’est spécialisé dans la production qui utilisait intensément le facteur le plus
abondant donc le moins cher ; mais, suite à cette spécialisation , l’utilisation du facteur
abondant va s’intensifier , ce qui à terme va augmenter son coût : le facteur devenant plus
rare .
- Au contraire le facteur rare voit son utilisation diminuer puisque le pays importe les biens
nécessitant son utilisation, le facteur rare devient alors plus abondant et donc moins coûteux.
Les nouvelles théories de la croissance semblent rendre le libre-échange plus nécessaire que jamais :
- la théorie de la croissance endogène montre que, plus l’accumulation du progrès technique et
des connaissances est élevée, plus forte sera la croissance potentielle, le resserrement des
liens économiques entre les pays accroît la propagation des techniques, réduit le risque de
duplication d’activités de R-D et génère donc une croissance économique plus forte.
- afin de réduire leurs coûts de production, les entreprises cherchent à bénéficier de
rendements d’échelle qui nécessitent une augmentation des débouchés qui n’est réalisable
que par le développement du libre-échange et l’instauration du marché mondial.
- le libre-échange réduit les distorsions de prix en homogénéisant les prix des entreprises
fabriquant les mêmes produits. Dès lors, les entreprises vont être incitées à investir sur les
marchés les plus porteurs, ce qui conduira à une amélioration de l’efficience économique et
donc à terme de la croissance économique
Le rapport de l’OMC de 1998 explicitant la relation entre libéralisation des échanges et croissance économique dans les
analyses traditionnelles et modernes ici
II. L’exemple des pays d’Asie du sud-est : la stratégie de promotion des exportations
A la fin des années 50, les meilleurs experts de l’ONU prévoyaient un avenir brillant au Congo belge riche en matières premières
et était très pessimiste pour la Corée du Sud. Or, depuis 60, le revenu par tête du Zaïre, ex Congo belge, a régressé de plus de 2 %
par an , alors que celui de la Corée du Sud a progressé de plus de 7% par an .Cela s’explique par l’adoption par la Corée d’une
stratégie cde promotions d’exportations .
A. Constat
Une étude de la Banque mondiale comparant les résultats de 41 pays orientés vers l’intérieur et vers l’extérieur constate que les
résultats en terme de taux de croissance, de taux d’épargne, d’inflation et de création d’emplois sont d’autant plus satisfaisants que
le taux d’ouverture ( X+M / 2 PIB ) x 100 est élevé .
B. Explications
La stratégie de SPE prend le contre-pied systématique de celle d’ISI. Gillis écrit ainsi : « une
prescription utile pour les politiques de SPE est de faire tout ce qui est évité par le régime de
substitution d’importations. » Les gouvernements vont ainsi appliquer :
Ce dernier point est d’autant plus renforcé que les gouvernements s’efforcent de mettre en place des
prix ( des biens , des services et des facteurs de production ) qui reflètent les raretés relatives . On a en
effet, constaté, selon J.Brasseul , que s’il ne s’agit pas d’une condition suffisante au développement ,
remettre de l’ordre dans les prix constitue un point de départ indispensable , une condition nécessaire .
Cette stratégie semble donc reposer sur une logique libérale, puisqu’elle repose apparemment sur la
théorie des avantages comparatifs de Ricardo, qui énonce que chaque pays a intérêt à se spécialiser
dans la production du bien pour lequel il dispose d’un avantage par rapport à ses concurrents.
Ces pays suivaient, avec 20 ans de retard, la stratégie développée par le Japon. Comme celui-ci , la réussite du modèle ( basé
contrairement au modèle allemand du XIX° siècle et soviétique du XX° sur les industries de consommation , comme l’Angleterre
au XVIII° ) a engendré une augmentation du coût du travail , au fur et à mesure du développement ( les NPIA appartiennent
aujourd’hui à l’OCDE et sont donc des pays développés ) , donc a nécessité une adaptation . Conformément au modèle japonais ,
les NPIA ont donc délocalisé les productions nécessitant beaucoup de main d’oeuvre vers les tigres d’Asie ( Thaïlande , Indonésie
, ... ) et ont opéré une stratégie de remontée de filières qui permet à la fois de s’implanter sur des marchés à plus forte valeur
ajoutée et d’opérer une industrialisation plus complète de leur tissu productif ( la spécialisation passant des biens de
consommation courants aux biens de consommation élaborés et aux biens d’équipement ).
Constat : il y a eu un cercle vicieux dépressionniste engendré en particulier par la multiplication des barrières protectionnistes
durant l’entre-deux guerres qui a freiné l’expansion du commerce mondial et donc la croissance économique ,
Solution : les grands pays développés ont, dès la fin de la guerre, signé un accord ( le GATT en 47 ) qui avait pour objectif
affirmé de favoriser le plein emploi et la croissance économique par le développement des échanges internationaux assurés par
une diminution des barrières protectionnistes .
Résultat : l ‘objectif a été atteint puisque les tarifs douaniers moyens des produits industriels dans les PDEM sont passés de 40 %
à 5 % en 90
Nouveau débat : mais, suite à l’entrée en crise, la tentation protectionniste est réapparue dès les années 70 par l’imposition de
barrières non tarifaires . Les pays signataires de l’accord du GATT devaient alors décider :
• s’ils voulaient comme dans les années 30 engager une guerre protectionniste qui bloquerait la croissance économique
• ou au contraire s’ils désiraient, par une libéralisation accrue des échanges internationaux (portant non plus seulement sur des
barrières tarifaires mais aussi sur des barrières non tarifaires , portant non plus seulement sur l’industrie mais aussi sur les
services et l’agriculture ) dynamiser le commerce mondial et assurer ainsi une sortie de crise
Solution : c’est dans cette perspective qu’ont été menées les discussions de l’Uruguay Round qui ont débouché sur la création de
l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1995
Pour en savoir plus un sur le GATT et l’OMC, un article de E .Combe dans les cahiers français ici