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Numérotation :
Numéro d'arrêt : 005/SSP/CS
Identifiant URN:LEX : urn:lex;cm;cour.supreme;arret;2014-04-29;005.ssp.cs
Parties :
Texte (pseudonymisé) :
avocats à Cb, agissant au nom et pour le compte de A AH Bs Marie, se sont pourvus en cassation contre
l’arrêt ci-dessus référencié ;
Attendu que par déclarations faites les 18 juin 2009, 25 et 27 janvier 2010 au greffe de la Cour Suprême et de
la Cour d’Appel du Littoral, Maîtres CI AQ Bd, TCHANGA et Associés, et Xa AL, respectivement avocats à
AU et à Cb, agissant au nom et pour le compte de BU A Cd, se sont pourvus en cassation contre l’arrêt
n°38/Crim rendu le 11 juin 2009 ;
Attendu que par déclarations faites les 16 juin 2009 et 18 janvier 2010 au greffe de la Cour d’Appel du
Littoral, Maîtres Ac X et Cr Ah AI, avocats à Cb, conseils de Dame CQ Ap AR Y, se sont pourvus en
cassation contre l’arrêt n°38/Crim rendu le 11 juin 2009 ;
https://juricaf.org/arret/CAMEROUN-COURSUPREME-20140429-005SSPCS 1/41
09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
Attendu que par déclarations faites les 12 juin 2009 et 04 mars 2010 au greffe de la Cour d’Appel du Littoral,
Me Manfred Dieudonné BIYICK, avocat à Cb, conseil de BP Cy, s’est pourvu en cassation contre l’arrêt
n°38/Crim rendu le 11 juin 2009 ;
Attendu que par déclarations faites les 15 juin 2009 et 12 janvier 2010 au greffe de la Cour d’Appel du
Littoral, Maîtres BM AV et ETOUNGOU NKO’O, avocats à Cb, conseils de CL BI Bu Bc, se sont pourvus
en cassation contre cet arrêt ;
Attendu que par lettre enregistrée le 12 juin 2009 au greffe de la Cour d’Appel du Littoral sous le n°1024,
Me EBANGA EWODO, avocat à AU, agissant au nom et pour le compte de ZIBI Bs Cc Ab, s’est pourvu en
cassation contre l’arrêt n°38/Crim rendu le 11 juin 2009 ;
Attendu que suivant ordonnance de non-lieu partiel et de renvoi du 15 décembre 2006 du Procureur de la
République près le Tribunal de Grande Instance du Wouri à Cb, magistrat instructeur, les nommés BU A Cd,
ZIBI Bs Cc Ab, BABILA TITA Eric, AJ, ASA’ANA NTSANG MBA Thompson, TCHEKAMG Cilviane
épouse Y, A AH Bs Marie, CM Cg, CL BI Bu Bc, BY AG Ai Aw, ABESSOLO Etienne, BG Ce Co Ak, BP
Cy ont été renvoyés devant le Tribunal de Grande Instance susvisé pour répondre notamment ;
4- BU A d’avoir obtenu frauduleusement en les distrayant, 17 véhicules appartenant au P.A.D, faits prévus et
réprimés par les articles 74, 96 et 184 du Code Pénal ;
5- BU A, BY AG, BG Ce, BABILA TITA, ZIBI Bs Cc Ab, AJ et TCHEKAMG Cilviane épouse Y, d’avoir
ensemble et de concert obtenu ou retenu frauduleusement la somme de 958.094.485FCFA appartenant au
P.A.D au titre de la caisse d’avance, les caisses de missions et libéralités, faits prévus et réprimés par les
articles 74, 96 et 184 du Code Pénal ;
7-SIYAM SIWE Alphonse d’avoir obtenu ou retenu frauduleusement des biens appartenant au P.A.D,
notamment en distrayant des meubles évalués à 122.051.222FCFA, faits prévus et réprimés par les articles 74
et 184 du Code Pénal ;
https://juricaf.org/arret/CAMEROUN-COURSUPREME-20140429-005SSPCS 2/41
09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
17- A AH Bs Marie d’avoir directement ou indirectement pris ou reçu un intérêt dans les actes ou
adjudications dont il avait la surveillance, le contrôle et l’administration notamment dans le cadre des
marchés octroyés à la société GETRAS dont il était le promoteur, faits prévus et réprimés par les articles 74
et 135 du Code Pénal ;
18- BY AG Ai Aw d’avoir, sans qualité, procédé à la location d’un immeuble appartenant à autrui et
notamment un terrain du domaine portuaire donné en location à la société MAERSK Cameroun contre
l’obtention de la somme de 300.000.000F versée au titre de loyers ;
19- BP Cy d’avoir facilité la commission des faits ainsi reprochés à BY AG, faits prévus et réprimés par les
articles 74, 97 du Code Pénal et l’article 8 de l’ordonnance n°74/1 du 06 juillet 1974 fixant le régime foncier
et domanial du Cameroun ;
Que les 12 et 13 décembre 2007, le Tribunal de Grande Instance du Wouri a rendu le jugement n°434/Crim
dont le dispositif suit :
« PAR CES MOTIFS
«…
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09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
« En la forme
« Rejette les exceptions d’incompétence et de nullité soulevées par les accusés et leurs conseils comme non
fondées ;
« Rejette toutes les fins de non recevoir soulevées par les accusés et leurs conseils comme non fondées ;
« Au fond
« A- Sur l’action publique
« Donne acte au Ministère Public de l’abandon des poursuites engagées contre : AY Cc, TCHEKAMG
Cilviane épouse Y, AJ pour ce qui est du détournement en coaction de la somme de 1.716.249.601F au titre
des valeurs de caisses non apurées ;
« En conséquence, déclare AY Cc Ab, TCHEKAMG Cilviane épouse Y et AJ non coupables de ces faits et
les acquitte pour faits non établis ;
« Donne acte au Ministère Public de l’abandon des poursuites engagées contre CL BI Bu Bc, pour ce qui est
du détournement de la somme de 75.025.283F payée aux sociétés Al Cf et CDE Service ;
« En conséquence, l’acquitte en ce qui concerne ce volet de l’accusation pour faits non établis ;
« Déclare l’action publique engagée contre A AH Bs Marie du chef d’intérêt dans un acte éteinte pour cause
de prescription s’agissant du marché GETRAS SARL RAZEL ;
« Dit l’infraction d’intérêt dans un acte non constituée s’agissant du marché CETRAS-SEAMAR/CADEK ;
en déclare A AH non coupable et le relaxe pour ce chef d’inculpation ;
« Déclare BY AG Ai Aw, BABILA TITA Eric, ZIBI Bs Cc Ab, AJ, TCHEKAMG Cilviane épouse Y non
coupables de coaction de détournement de la somme globale de 958.094.485FCFA au titre de caisses de
missions, appuis et contributions ;
« Les acquitte s’agissant de ce chef d’accusation pour infraction non constituée ;
« Déclare BU A Cd et BY AG Ai Aw non coupables du détournement en coaction de la somme de
3.800.000FCFA au titre de la prime de naissance du P.A.D ;
« Les acquitte pour faits non établis ;
« Déclare BU A Cd et BY AG Ai Aw non coupables du détournement de la somme de 77.980.430FCFA au
titre de la prime dite d’intéressement ;
« Les acquitte pour faits non établis ;
« Déclare CM Cg et CL BI Bu Bc non coupables de coaction de détournement de la somme de
116.231.044FCFA au titre des sommes indûment payées au groupement BDS/CRETES ;
« Les acquitte pour faits non établis ;
« Déclare BU A Cd, ASA’ANA NTSANG MBA Thompson et WENSITCHEU Bu Bc non coupables de
coaction de détournement de la somme de 480.735.000FCFA payée à la société Bo Cc Service ;
« Les acquitte pour faits non établis ;
« Déclare BU A Cd, ASA’ANA NTSANG MBA Thompson et WENSITCHEU Bu Bc non coupables de
coaction de détournement de la somme de 97.215.300FCFA payée au Cabinet World Wide Engeneering
Service ;
« Les acquitte pour faits non établis ;
« Déclare BU A Cd non coupable du détournement de la somme de 75.025.285FCFA payée aux sociétés Al
Cf et CDE Service ;
« Déclare BU A Cd non coupable du détournement de la somme de 14.227.740.660FCFA au titre du
paiement à SDCA ;
« L’acquitte de ce chef d’accusation pour faits non établis ;
« Déclare BU A Cd non coupable du détournement de la somme de 1.267.000.000FCFA payée aux sociétés
Au BJ et BF BS ;
« L’acquitte de ce chef d’accusation pour faits non établis ;
« Déclare BU A Cd et ABESSOLO Etienne non coupables de coaction de détournement de la somme de
188.794.955FCFA au titre des honoraires ;
« Les acquitte de ce chef d’accusation pour faits non établis ;
« Déclare BY AG Ai Aw et BP Cy non coupables d’escroquerie foncière et complicité ;
« Les relaxe pour faits non établis ;
« Par contre
« Déclare BU A Cd et BY AG Ai Aw coupables de la coaction de détournement de la somme de
400.000.000FCFA au titre de la prime de bonne fin relative à l’achèvement du processus de mise en
concession de activités industrielles et commerciales du P.A.D ;
« Crime prévu par les articles 74, 96 et 184 du Code Pénal ;
« Déclare BU A Cd coupable du détournement de 17 véhicules appartenant au PAD de valeur vénale globale
d’un montant de 180.000.000F ;
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09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
« 1°) Un lot MAETUR Urbain bâti à AU Bl à ETOUG-EBE avec des meubles ci-après se trouvant dans cette
maison ;
« Compartiment A : Salon en cuir noir, fauteuils de 6 places, tablette centrale, guéridon, 2 statues en bronze ;
« Compartiment B : Salon de quatre chaises, table centrale de style Bi BQ, une desserte marron vernis
surmontée de deux statuettes, une salle à manger de huit chaises avec table ovale, un tapis rectangulaire
multicolore, un salon de 6 places en cuir couleur bordeau avec table centrale, 4 guéridons, un tapis
rectangulaire, 5 pointes d’ivoire d’éléphant, une armoire vitrée, un buffet contenant des verres, des plats et
des tasses en porcelaine, un guéridon avec des statues d’oiseaux en bronze et en bois noir, une salle à
manger, un salon en cuir noir composé d’un canapé, de 3 fauteuils et d’une tablette, un tapis multicolore, un
living de couleur marron, 2 guéridons, un écran de téléviseur de grande dimension ;
« Bureau : 2 tables de lecture, 2 chaises en cuir noir, une photocopieuse, 2 pendules, un placard métallique,
une mallette noire ;
« Magasin : 7 ballots de tissus pagne RDPC, des caisses de boisson, des plateaux pour service, des vieux
climatiseurs et réfrigérateurs ;
« A AH Bs Marie
« 1°) Comptes et numéraires au Cameroun :
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09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
« BY AG Ai Aw
« Comptes et numéraires au Cameroun :
« -SGBC Cb Cz n°2190013587-19, créditeur de 6.942.375F au 09 novembre 2006 ;
« -BICEC Douala-Bali n°242670703000-19, créditeur de 1.820.803F au 31 octobre 2006 ;
« -Crédit Lyonnais n°30002426-8-305, créditeur de 2.696.149F au 14 novembre 2006 ;
« BG Ce Co Ak
« -Compte SGBC Cb n°2811735368-22, créditeur de 477F au 17 novembre 2006 ;
« AT Cb Cz n°98145701001-18, créditeur de 29.619F au 30 juin 2006 ;
« Prononce les déchéances de l’article 30 du Code Pénal pendant 10 ans contre eux ;
« Décerne contre A AH Bs Marie et BY AG Ai Aw mandat d’incarcération en vertu de l’article 11 du Code
de Procédure Pénale ;
« Décerne mandat d’arrêt à l’audience contre BG Ce Co Ak en vertu de l’article 10 du Code de Procédure
Pénale ;
« Donne mainlevée des mandats de dépôt décernés contre ZIBI Bs Cc Ab, BABILA TITA Eric, AJ,
ASA’ANA NTSANG MBA Thompson et CQ Ap épouse Y acquittés ;
« Ordonne la restitution aux accusés acquittés de leurs biens saisis ;
« Donne mainlevée de la saisie de leurs comptes bancaires ;
« Ordonne la publication du présent jugement dans les journaux d’annonces légales ;
« Ordonne la restitution au P.A.D des véhicules et mobilier saisis et placés sous mains de justice ;
« Décharge BU A du paiement de leur valeur au P.A.D ;
« B- Sur les intérêts civils
« Reçoit le P.A.D en sa constitution de partie civile ;
« Dit que les condamnés lui versent :
« 1- Au principal
« BU A Cd : 580.108.000F ;
« BU A Cd et A AH Bs Marie : 11.054.289.054F ;
« BU A Cd et BY AG Ai Aw : 900.000.000F ;
« BG Ce Co Ak : 18.000.000F ;
« 2- Au titre des dommages intérêts à payer au P.A.D : 1.000.000.000F, soit un total de 13.552.397.054F
solidairement ;
« Conformément à l’article 391 du Code de Procédure Pénale, les condamnés verseront solidairement à
l’Etat des dépens évalués à la somme de 677.795.121F, faute de quoi ils y seront contraints par corps pendant
une durée de 05 ans comme le prévoit l’article 564 du Code de procédure Pénale » ;
Que sur appels du Ministère Public et Port Autonome de Cb, de BU A Cd, A AH Bs Marie, BG Ce Co Ak et
BY AG Ai Aw est intervenu l’arrêt contradictoire n°38/Crim rendu le 11 juin 2009 par la Cour d’Appel du
Littoral dont le dispositif se lit comme il suit :
« PAR CES MOTIFS
« Statuant publiquement, par défaut à l’égard des accusés AJ et ASA’ANA NTSANG MBA Thompson et
contradictoirement à l’égard des autres parties… ;
« En la forme
« Reçoit les appels ;
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09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
« Au fond
« Annule le jugement entrepris ;
« Evoquant et statuant à nouveau, déclare recevable l’exception soulevée par le P.A.D tirée de l’irrecevabilité
de la constitution de Me TCHAKOUNTE PATIE ;
« Constate que cette exception est fondée et dit irrecevable la constitution de cet avocat pour le compte de
l’accusé BU A ;
« Reçoit les autres exceptions et fins de non recevoir soulevées par les parties ;
« Les dit non fondées et les rejette ;
« Donne acte au Ministère Public de ce qu’il a abandonné les poursuites engagées contre l’accusé CL BI
s’agissant du crime de coaction de détournement des deniers publics de la somme de 75.025.283F payée aux
sociétés CDE Service et Al Cf Bn dans le cadre des marchés d’acquisition des licences informatiques et des
logiciels et celles engagées contre AY Bs, AJ et TCHEKAMG Cilviane épouse Y du chef de détournement
des deniers publics en coaction de la somme de 1.716.249.601F au titre de valeurs de caisses non apurées ;
« Déclare lesdits accusés non coupables des faits ci-dessus spécifiés et les en acquitte pour faits non établis ;
« Déclare BY AG Ai non coupable des faits de coaction de détournement des deniers publics de la somme de
77.980.430F représentant la prime d’intéressement ou de résultat et de celle de 500.000.000F payée à la
société AITI ;
« Déclare BU A non coupable de détournement des deniers publics de la somme de 1.267.000.000F payée
aux sociétés BJ et BF BS ;
« Ca BY AG au bénéfice du doute s’agissant du détournement de la somme de 77.980.430F et acquitte ces
deux accusés pour faits non établis pour les autres faits ci-dessus spécifiés ;
« Déclare les accusés BU A et BY AG coupables des autres faits qui leur sont reprochés ;
« Déclare les accusés A AH, BG Ce, ZIBI Bs Cc, BABILA TITA Eric, CL BI, AJ, ASA’ANA NTSANG
MBA Thompson, TCHEKAMG Cilviane épouse Y, CM Cg, ABESSOLO Etienne et BP Cy coupables des
faits qui leur sont reprochés ;
« Accorde le bénéfice des circonstances atténuantes à tous les accusés en raison de leur qualité de
délinquants primaires à l’exception des accusés BU A, AJ, ASA’ANA NTSANG MBA Thompson et BP Cy
;
« Les condamne ;
« BU A Cd, AJ, ASA’ANA NTSANG MBA à l’emprisonnement à vie ;
« BY AG, BG Ce, ZIBI François, CM Cg, BABILA TITA Eric, CL BI Bu Bc et CQ Ap épouse Y à 15 ans
d’emprisonnement ferme ;
« A AH à 25 ans d’emprisonnement ferme ;
« ABESSOLO Etienne à 15 ans d’emprisonnement ferme ;
« Condamne BP Cy à 01 ans d’emprisonnement ferme ;
« Décerne mandat d’arrêt contre BP Cy, ASA’ANA MBA Thompson et AJ ;
« Décerne mandat d’incarcération contre CQ Ap épouse Y, ZIBI Bs Cc, BABILA TITA Eric, CM Cg, CL BI
Bu Bc et ABESSOLO Etienne ;
« Ordonne la confiscation prévue par l’article 35 du Code pénal ;
« Prononce les déchéances de l’article 30 dudit Code pour une durée de 10 ans pour BU A et A AH et 05 ans
pour les autres accusés condamnés à l’exception de BP Cy ;
« Reçoit le P.A.D en sa constitution de partie civile ;
« L’y dit partiellement fondé ;
« Condamne BU A à payer la somme de 12.167.267.465F au P.A.D à titre de dommages intérêts ;
« Condamne solidairement les accusés BU A Cd et BY AG Ai à payer la somme de 3.800.000F au P.A.D à
titre de dommages intérêts ;
« Condamne BU A Cd et A AH à payer solidairement la somme de 19.966.521.866F au P.A.D à titre de
dommages intérêts ;
« Condamne BU A Cd et ABESSOLO Etienne à payer solidairement au P.A.D la somme de 188.794.955F à
titre de dommages intérêts ;
« Condamne BU A Cd, A AH, CM Cg et CL BI à payer solidairement la somme de 116.231.044F au P.A.D à
titre de dommages intérêts ;
« Condamne BU A Cd, ASA’ANA MBA NTSANG Thompson et CL BI à payer solidairement la somme de
577.950.300F au P.A.D à titre de dommages intérêts ;
« Condamne BG Ce et BY AG Ai à payer respectivement les sommes de 48.000.000F et 85.700.000F au
P.A.D à titre de dommages intérêts ;
« Condamne BU A Cd, BABILA TITA Eric, ZIBI F. Cc, AJ, TCHEKAMG Cilviane épouse Y à payer
solidairement la somme de 737.182.487F au P.A.D à titre de dommages intérêts, soit au total la somme de
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09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
Sur la connexité
Attendu qu’en raison de la connexité existant entre les différents pourvois, il y a lieu de les joindre et statuer
par un seul et même arrêt ;
Sur la recevabilité
« (1) Le délai d’opposition est de dix (10) jours à compter du lendemain de la signification du jugement à
personne, lorsque le condamné réside au Cameroun ;
« (2) Il est de trois (3) mois à compter du lendemain de la signification faite à personne à l’étranger ;
« (3) Si la signification a été faite conformément à l’article 57, le délai d’opposition est de dix (10) jours à
compter du lendemain du jour de la signification ;
« (4) Dans les cas visés à l’alinéa (3), s’il n’est pas établi que la personne concernée a eu connaissance de la
signification, l’opposition demeure recevable jusqu’à l’expiration des délais de prescription de la peine fixés
par l’article 67 du Code Pénale. »
430 (1) ci-dessus court à compter du lendemain de la date à laquelle il est établi que la partie concernée a eu
connaissance de la signification de l’arrêt faite à domicile, à mairie, à parquet, à garant ou au lieu de travail ;
Que dans ces conditions, le pourvoi en cassation formé contre un arrêt de défaut est recevable, ce qui
constitue une atténuation de la rigidité de l’article 476 du Code de Procédure Pénale suscité ;
Que la signification de l’arrêt dont pourvoi a été, à la requête des accusés présents à l’audience, faite à
parquet aux accusés défaillants ASA’ANA NTSANG MBAH Thompson et AJ suivant exploit en date du 24
décembre 2009 de Maître YOSSA née CH Am Bk, huissier de justice à Cb ;
Que cette signification de l’arrêt de défaut dont pourvoi a fait l’objet d’une insertion dans le quotidien
bilingue Bh Bz du mercredi 15 juin 2011, constatée par exploit en date du 15 juin 2011 du Ministre de Maître
TSOUNG née C Cu Af, huissier de justice à AU ;
Que la signification dudit arrêt n’a suscité pour toute opposition que celle de ZEH ZEH Justin, déclarée
irrecevable par l’arrêt n° 40/Crim du 02 juin 2010 et au sujet duquel il a été déclaré déchu du pourvoi formé
le 22 avril 2008 par ordonnance n° 527 du 30 décembre 2011 de Monsieur le Premier Président de la Cour
Suprême pour dépôt tardif du mémoire ampliatif ;
Qu’une attestation de non opposition en date du 05 novembre 2010 a été délivrée par la suite par le Greffier
en Chef de la Cour d’Appel du Littoral ;
Qu’il en découle que toutes les parties ont eu connaissance de la signification faite à parquet et que l’arrêt
dont pourvoi est devenu définitif à l’égard de tous ;
Qu’il s’ensuit que les pourvois en cassation formés par BU A Cd, BY AG Ai Aw, A AH Bs Marie, BG Ce
Co Ak, ZIBI Bs Cc, BABILA TITA Eric, CM Cg, TCHEKAMG Cilviane épouse Y, CL BI Bu Bc et
ABESSOLO Etienne sont recevables ;
Attendu que selon l’article 62 alinéa 1(a) du Code de Procédure Pénale, l’action publique s’éteint par la mort
du prévenu ;
Attendu en l’espèce qu’il ressort du décret n°2011/014 du 1er février 2011 portant radiation des cadres de
certains Officiers des Forces de Défense que BP Cy, Lieutenant Colonel de l’Armée de Terre, est décédé le
05 décembre 2010 avant que la lettre
n° 136/GCS/SP du 28 février 2012 du Greffier en Chef de la Cour Suprême ne soit notifiée à Maître BIYICK
Manfred, avocat et son conseil l’avisant du dépôt du dossier de procédure au greffe et l’informant qu’il
disposait d’un délai de trente (30) jours à compter de la date de notification de cette correspondance pour
déposer audit greffe son mémoire ampliatif articulant et développant les moyensde droit invoqués à l’appui
du pourvoi, en autant d’exemplaires qu’il y a des parties, plus cinq ;
Qu’il y a par conséquent lieu de constater l’extinction de l’action publique à son égard ;
Sur le fond
Attendu qu’aux moyens proposés par les demandeurs au pourvoi, il convient de substituer le moyen soulevé
d’office pris de la violation de la loi, violation de l’article 485 alinéa 1(g) du Code de Procédure Pénale,
ensemble les articles 465(2), 420 et 389(1), (4) et (7) du même code,
en ce que :
L’arrêt dont pourvoi n’a pas précisé dans son dispositif les dispositions légales appliquées,
alors qu’il a déclaré certains des accusés coupables ;
Attendu qu’aux termes de l’article 485(1) (g) du Code de Procédure Pénale,
« (1) Les cas d’ouverture à cassation sont notamment :
… g) La violation de la loi » ;
Attendu que les articles 465 (2), 420 et 389 du même Code disposent :
« Article 465. (2) les dispositions des articles 417 à 422 sont applicables devant la cour d’appel.»
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« Article 420.- : La procédure devant le tribunal de grande instance est celle suivie devant le tribunal de
première instance telle que définie aux articles 307 à 389. »
« Article 389.-
« (1) Tout jugement comprend trois parties : les qualités, les motifs et le dispositif.
« (4) La partie du jugement appelée « dispositif » indique la nature du jugement, le degré de la juridiction, la
déclaration de culpabilité ou de non-culpabilité.
« En cas de culpabilité, le dispositif énonce l’infraction retenue, les dispositions légales appliquées, la peine
prononcée et, le cas échéant, les condamnations civiles.
« (7) Les formalités prévues au présent article sont prescrites à peine de nullité du jugement. »
Attendu qu’il résulte des dispositions combinées des textes de loi sus-cités que la décision de justice qui
prononce la culpabilité sans énoncer les dispositions légales appliquées s’expose à l’annulation pour
violation de la loi ;
Attendu qu’en l’espèce, il ressort du dispositif de l’arrêt entrepris tel que reproduit ci-dessus que les juges
d’appel, en déclarant les accusés demandeurs au pourvoi susnommés coupables des faits qui leur étaient
reprochés pour les condamner à des peines d’emprisonnement, ont omis de mentionner les dispositions
légales dont ils faisaient application et ainsi violé les textes visés au moyen ;
D’où il suit que celui-ci est fondé et que l’arrêt attaqué encourt la cassation totale ;
Sur l’évocation
Attendu que les articles 510 et 527 (1) du Code de Procédure Pénale disposent :
« Article 510.- lorsque les moyens de pourvoi soulevés, soit par les parties, soit d’office sont fondés, la
Chambre Judiciaire de la Cour Suprême casse et annule l’arrêt attaqué.
Dans ce cas, elle évoque et statue.»
« Article 527.- (1) L’annulation d’une décision par la Cour Suprême peut être partielle ou totale.»
Attendu que dans le cas de l’espèce la violation de l’article 389 du code de procédure pénale emporte
l’annulation totale de l’arrêt dont pourvoi, qu’il y a lieu d’évoquer et de statuer sur tout ;
Attendu que la partie civile, le Port Autonome de Cb (P.A.D), suivie en cela par le Ministère Public, invoque
comme exception l’irrecevabilité des appels ;
Qu’elle soutient qu’en vertu de l’article 443 alinéa 1 du Code de Procédure Pénale, chacun des appelants
disposait d’un délai de 15 jours à compter de l’enregistrement de l’appel pour déposer un mémoire ;
Que pour ce qui est du cas de l’accusé BU A Cd, sa déclaration d’appel écrite du 18 décembre 2007 a été
enregistrée au greffe du Tribunal de Grande Instance du Wouri le 19 décembre 2007 sous le numéro 1575 ;
Que le délai de 15 jours qui lui était imparti pour déposer son mémoire d’appel courait du 20 décembre 2007
au 03 janvier 2008 ;
Que son mémoire d’appel déposé au greffe du Tribunal de Grande Instance du Wouri le 28 janvier 2008 sous
le numéro 087, est intervenu manifestement hors délai ;
Qu’en application des dispositions de l’article 443 alinéa 1 du Code de Procédure Pénale, son appel est
irrecevable ;
Que s’agissant de l’accusé BY AG Ai, ses déclarations d’appel écrites du 14 décembre 2007 ont été
enregistrée au greffe les 14 et 17 décembre 2007 sous les numéros 1558 et 1563 ;
Que le délai de 15 jours prescrit par la loi pour le dépôt de son mémoire d’appel courait du 18 décembre
2007 au 02 janvier 2008 ;
Que son mémoire d’appel déposé le 18 janvier 2008, date à laquelle il a été enregistré au greffe du Tribunal
de Grande Instance du Wouri sous le numéro 058 encourt la sanction d’irrecevabilité ;
Que A AH Bs Marie a, pour sa part, fait enregistrer sa déclaration d’appel le 17 décembre 2007 sous le
numéro 1564 ;
Que son mémoire d’appel devait être produit dans un délai de 15 jours courant du 18 décembre 2007 au 02
janvier 2008 ;
Que l’ayant fait le 10 janvier 2008, date de l’enregistrement de ce mémoire au greffe sous le numéro 035, il a
agi hors délai ;
Qu’il s’ensuit que ledit appel est irrecevable ;
Attendu que l’exception n’est pas pertinente ;
Attendu que l’article 443 du code de procédure pénale invoqué à son appui dispose :
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« (1) Le greffier qui reçoit la déclaration d’appel en dresse, sur-le-champ, procès-verbal et notifie par tout
moyen laissant trace écrite ou par exploit d’huissier à l’appelant, qu’il est tenu dans un délai de quinze (15)
jours à compter du lendemain du jour de l’enregistrement de l’appel, à peine d’irrecevabilité de celui-ci, de
lui faire parvenir un mémoire contenant ses moyens et conclusions ainsi que toutes autres pièces
justificatives. Mention de cette notification est faite au procès-verbal.
(2) Si l’appel est formé par télégramme, par lettre ordinaire ou par lettre recommandée ou par tout autre
moyen laissant trace écrite, le Greffier en Chef avise l’appelant de l’obligation de produire, par lettre
recommandée avec accusé de réception, le mémoire visé à l’alinéa 1er. Le délai de production de ce mémoire
court à compter du lendemain du jour de la réception de la lettre du Greffier en Chef, d’une copie du procès-
verbal ou de la déclaration d’appel. »
Attendu qu’il est acquis en l’espèce que les appels formés au nom et pour le compte des accusés BU A Cd,
BY AG Ai Aw, A AH Bs Marie et BG Ce Co Ak l’ont été par télégramme et lettres ordinaires de leurs
conseils dans le délai de dix (10) jours prévu par l’article 440 du code de procédure pénale ; qu’en ce qui
concerne BU A Cd, son conseil Maître TCHAKOUTE Patrice a déposé son mémoire d’appel au greffe le 28
janvier 2008 bien qu’il ne soit pas établi que les conseils de l’accusé susnommé ont reçu notification de la
mise en demeure du greffier, situation identique pour BG Ce Co Ak ; que les conseils respectifs de A AH Bs
Marie et BY AG Ai Aw qui ont reçu notification des mises en demeure du Greffier en Chef respectivement
les 2 et 3 janvier 2008 ont produit leur mémoire d’appel les 10 et 18 janvier 2008, dans le délai de quinze
(15) jours imparti par la loi ;
Qu’au vu des dispositions légales sus-évoquées, il convient de rejeter l’exception soulevée par la partie civile
et soutenue par le Ministère Public, de déclarer ces appels recevables ;
-Sur la somme de 400.000.000F au titre de la prime de bonne fin pour mise en concession des activités
industrielles et commerciales au PAD
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Attendu qu’il est reproché à BU A Cd, BY AG Ai Aw, BABILA TITA Eric, d’avoir, ensemble et de concert,
détourné la somme de 400 millions de francs CFA ;
Attendu que l’accusation expose que les activités industrielles et commerciales du P.A.D ont été concédées
aux sociétés dénommées « Cb Ar Ck (DIT) » et « les Cm Bh » ;
Que ces organismes devaient payer des tickets d’entrée pour les montants de 200.000.000FCFA et
600.000.000FCFA avant d’entrer en activité ;
Que sur la base de ces prévisions, les co-accusés ont initié seuls en marge du Conseil d’Administration une
résolution n°159/CA/PAD du 03 septembre 2004 allouant une dotation de 50% du montant des tickets
d’entrée aux fins du paiement d’une « prime de bonne fin relative à l’achèvement des processus de mise en
concession des activités industrielles et commerciales », destinée à ceux qui avaient participé à ce processus ;
Que muni d’une telle résolution, BU A Cd, alors Directeur Général du PAD, a ordonné le décaissement de la
somme de 400.000.000FCFA par le biais de deux demandes de paiement n°006277 du 23 septembre 2004 et
n°006274 du 24 septembre 2004, d’un montant de 200.000.000FCFA chacune ;
Que non seulement les administrateurs ont déclaré au cours de l’information judiciaire qu’ils n’en avaient
pas discuté au cours de la 11e session du conseil d’administration, mais également, le procès-verbal des
délibérations de la 12e session tenue le 26 août 2004 n’en fait pas état ;
Que cette approche est corroborée par le témoin AW CK Cj, Contrôleur d’Etat qui affirme que si la prime de
bonne fin incriminée a été fixée par ces deux coaccusés à 50% du montant des tickets d’entrée, BU A a
ordonné le décaissement de la somme de 400.000.000FCFA suivant deux lettres signées les 23 et 24
septembre 2004 et portant chacune sur la somme de 200.000.000FCFA, bien avant le paiement intégral du
montant des tickets d’entrée par les sociétés adjudicataires, celui de la somme de 600.000.000FCFA qui
incombait à la société Cb Ar Ck n’étant intervenu que le 23 décembre 2004, et soutient d’autre part, que les
pièces justificatives de l’emploi de cette somme n’ont pas été transmises au service de la comptabilité du
PAD et que le décaissement irrégulier de la somme de 400.000.000FCFA sur la base d’un acte clandestin est
constitutif du crime de détournement de deniers publics dont les auteurs sont BU A Cd, BY AG Ai et BM
AK Eric ;
Attendu que BU A a expliqué qu’il a été nommé Directeur Général de l’Office National des Ports du
Cameroun (ONPC) le 08 mars 1999 avec pour mission de conduire la réforme portuaire et notamment le
transfert des activités à caractère industriel et commercial de cette structure au secteur privé ;
Qu’au terme du processus de mise en concession desdites activités, le Conseil d’Administration a dégagé une
dotation globale représentant 50% des tickets d’entrée pour rétribuer à la discrétion du Directeur Général,
toute personne ayant contribué au succès de l’opération ;
Que la résolution prise à cet effet n’est nullement occulte, les administrateurs du P.A.D ayant bel et bien
bénéficié de cette prime ainsi qu’il ressort de l’état revêtu des émargements des nommés MBAYEN René, Z
CS Bu Ay, BC Br, BH AZ, MENANGA Michel et classés sous les cotes VI-d – VI-e – VI-f et VI-g pour un
montant de 35.000.000F ;
Qu’à propos du décaissement anticipé, le respect du devoir de réserve et de la raison d’Etat l’empêche de
révéler l’identité des autres bénéficiaires ;
Qu’il importe peu que la somme de 400.000.000FCFA ait été décaissée avant le paiement intégral des tickets
d’entrée, le montant de ceux-ci constituant déjà une créance certaine et à percevoir dès la signature des
conventions ;
Que la dépense ainsi exécutée est régulière pour avoir été comptabilisée et apurée par le P.A.D ;
Attendu que BY AG Ai a d’abord soutenu pour sa défense qu’il ne se souvenait pas de l’existence formelle
d’une résolution prise à ce sujet au cours du Conseil d’Administration du 03 septembre 2004 puisqu’à ce
moment là, il ne leur avait pas été donné des détails sur ce qu’on appelle tickets d’entrée ; qu’il a ainsi
réservé sa réponse en attendant de voir l’original de la résolution qui devait se trouver au Ministère des
Transports ;
Que plus tard, il a admis qu’il y a eu une résolution instituant une telle prime sans viser un montant précis
dont la détermination devait relever de la seule compétence du Directeur Général qui était seul qualifié pour
procéder à la répartition à tous les intervenants à la mise en concession, et non aux seuls membres du conseil
d’administration qui n’en avaient déterminé que le pourcentage ;
Qu’il ajoute que contrairement aux affirmations de l’accusationselon lesquelles cette somme a été utilisée
uniquement par les trois co-inculpés, BU A Cd, BABILA TITA Eric et BY AG Ai Aw, les autres
administrateurs dont notamment Z CS l’ont bien perçue ainsi qu’il ressort des feuilles d’émargement versées
au dossier ;
Que selon lui, ce qui est important, c’est que BU A Cd qui a perçu ce montant global de 400.000.000FCFA
dont il n’a distribué qu’une petite partie aux administrateurs, lève le voile sur ce qu’il appelle secret d’Etat
sur la destination donnée à cet argent destiné à de nombreuses personnes pour que la vérité soit connue de
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tous ;
Qu’au demeurant, les administrateurs qui ont bénéficié des fruits d’une délibération ne peuvent valablement
prétendre par la suite que celle-ci était frauduleuse ;
Qu’à preuve, le témoin AW CK, expert du Contrôle Supérieur de l’Etat, a déclaré que loin de contester
l’effectivité de la résolution n°159/CA/PAD du 03 septembre 2004, il veut plutôt connaître de l’utilisation
qui a été faite de la somme décaissée ;
Attendu que BM AK Aa a expliqué pour sa défense qu’en sa qualité de Chef de cabinet du Directeur
Général, il n’est qu’un agent d’exécution qui a bien rempli la mission qui lui a été confiée par le Directeur
Général et qui a consisté à décharger à la caisse centrale du Port la somme de 400.000.000FCFA qu’il a
remise en totalité au Directeur Général qui lui en a confié une partie à distribuer aux administrateurs sur
décharge ;
Qu’il a rendu compte des diligences effectuées au Directeur Général et a transmis la fiche de paiement ;
Que bien que n’étant pas un caissier, il n’a exécuté qu’un ordre légal de son supérieur hiérarchique, exclusif
de toute manœuvre frauduleuse ;
Attendu qu’il est certain que la convention N°354/DG/PAD du 03 septembre 2003 passée avec la société «
les Cm Bh SA » et portant sur les activités de lamanage et de remorquage et celle N°389/DG/PAD du 28 juin
2004 passée avec la société « Cb Ar Ck » portant sur la gestion du Terminal à Conteneurs prévoyaient le
paiement de tickets d’entrée dont les sociétés étaient débitrices dès la signature des conventions ;
Qu’il ressort des clauses desdites conventions que le paiement des tickets d’entrée était effectivement prévu
au profit du P.A.D ;
Que lesdites sociétés étaient débitrices d’un tel paiement dès l’entrée en vigueur de chacune des conventions
;
Attendu d’abord que s’agissant du cas de BABILA TITA Eric, Chef du cabinet du Directeur Général du
P.A.D, que BU A Cd a confirmé que la somme de 400.000.000FCFA décaissée par son collaborateur sur son
ordre lui a été remise en totalité et que pour ce qui est de la partie qui lui a été remise pour être distribuée aux
bénéficiaires dont l’identité est révélée, les fiches d’émargement ont été produites et reçues sous la côte VI ;
Que BABILA TITA Eric qui n’est pas associé à la prise des décisions par le Directeur Général et le Président
du Conseil d’Administration ne peut également être érigé en juge du caractère légal et régulier des
résolutions qui lui sont remises pour exécution annexées à des demandes de paiement dûment signées ;
Qu’il n’a posé que des actes matériels d’exécution des ordres ;
Que son rôle s’est limité à l’encaissement des fonds et à leur remise à BU A et aux bénéficiaires désignés sur
décharge ;
Qu’il y a lieu de relever qu’il n’était animé d’aucune intention de retenir ou d’obtenir des fonds appartenant
au P.A.D ;
Qu’il convient par conséquent de le mettre hors de cause ;
Attendu ensuite s’agissant de l’accusé BY AG Ai, qu’il a effectivement perçu la somme de 20.000.000FCFA
par l’intermédiaire de son Directeur du cabinet, le nommé CN, laquelle provenait du décaissement de celle
de 400.000.000FCFA ;
Qu’interpellés, les autres administrateurs co-inculpés et notamment les sieurs MBAYEN René, DECOSTER
Charles, Z CS, EKINDI Camille, BH Aq CF ont déclaré avoir reçu plusieurs primes dont celle litigieuse du
03 septembre 2004 ;
Que c’est ainsi que répondant à la question de savoir s’il avait perçu une prime de résultat en exécution de la
résolution du 03 septembre 2004, l’administrateur MBAYEN René a admis : « je reconnais avoir perçu des
primes votées par le Conseil d’Administration. On aurait dû les appeler « rémunérations annuelles prévues
par les articles 430 à 438 de l’Acte uniforme OHADA sur les sociétés » » ;
Qu’il en est de même de DECOSTER Charles et de Z Bu Ay qui ont émargé chacun pour 4.000.000FCFA ;
Qu’ainsi, ni l’existence, ni le fondement de la résolution n°159/CA/PAD du 03 septembre 2004 ne peuvent
être valablement contestés ;
Attendu en effet que selon l’article 432 de l’Acte uniforme OHADA sur les sociétés commerciales et le
Groupement d’Intérêt Economique, « le Conseil d’Administration peut également allouer à ses membres des
rémunérations exceptionnelles pour les missions et mandats qui leurs sont confiés… » ;
Que par conséquent, en percevant les diverses sommes d’argent ci-dessus indiquées en raison de la fin des
travaux de mise en concession, ni les administrateurs, ni le Président du Conseil d’Administration n’ont violé
aucune loi ;
Attendu par contre que pour avoir à cette même fin décaissé la somme de 400.000.000FCFA dont il n’a
distribué aux membres du Conseil que 65.000.000FCFA pour retenir par devers lui celle 365.000.000FCFA,
BU A Cd a contrevenu aux dispositions de l’Acte uniforme OHADA et à celles de l’article 184 du Code
Pénal, d’autant plus que pour justifier cette rétention frauduleuse des fonds publics, il se réfugie derrière une
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imprécise raison d’Etat alors qu’il ressort du dossier que la somme décaissée devait être distribuée entre
autres à divers personnels du P.A.D ;
Que contrairement aux appréciations des premiers juges, il y a lieu de le déclarer seul coupable du
détournement de la somme de 365.000.000FCFA et d’infirmer le jugement sur ce point
comme étant le bénéfice net de l’exercice 1999-2000 et dont le prélèvement au 05 septembre 2001 ne devait
être comptabilisé normalement que dans l’exercice 2001-2002 dont les comptes ont été arrêtés à la session
du conseil d’administration du 14 février 2003 et
Qu’en définitive, le prélèvement de la somme de 77.980.430FCFA au titre de la prime d’intéressement au
résultat positif du PAD se fonde sur l’article 58 de la loi n°99/016 du 22 décembre 1999 ;
Que la résolution concernée qui est effective a été discutée par les administrateurs si bien que ce prélèvement
ne constitue donc pas un décaissement frauduleux ;
Que le fait pour BU A Cd, Directeur Général à l’époque des faits de ne pas provoquer l’adoption des
modalités de sa répartition par le Conseil d’Administration et d’en faire profiter au Président du Conseil
d’Administration, au Directeur Général Adjoint et à lui-même à sa guise n’a aucune incidence sur le
caractère régulier du décaissement ;
Qu’il ne résulte donc pas de ce qui précède que les accusés BU A et BY AG ont frauduleusement retenu la
somme de 77.980.430FCFA ;
Qu’il y a lieu de confirmer le jugement sur ce point en ce qu’il a consacré la non culpabilité des susnommés ;
Que le véhicule de marque Mercedes ML 430 immatriculé LT 2700 M qu’il a lui-même acquis au prix de
2.500.000FCFA avait la valeur vénale assurée de 30.000.000FCFA ;
Que si, comme l’a soutenu l’accusé, l’article 41 (2) du décret n°2002/163 du 24 juin 2002 portant statut du
P.A.D confère au Directeur Général le pouvoir de procéder à la vente des biens du P.A.D, l’article 39 du
même décret subordonne l’exercice d’une telle prérogative à l’autorisation du Conseil d’Administration et à
l’approbation des organes de tutelle que sont le ministre chargé des finances et celui chargé des affaires
portuaires ;
Que par ailleurs, selon les dispositions de l’article 37, toute convention entre le Directeur Général ou le
Directeur Général Adjoint et la société doit faire l’objet d’une autorisation spéciale afin d’éviter les conflits
d’intérêt ;
Qu’il est incontestable que les véhicules vendus n’ont pas été au préalable réformés comme le prévoit
l’article 41 des statuts du PAD ;
Qu’il s’ensuit que la violation des dispositions du décret n°2002/163 du 24 juin 2002 portant statut du P.A.D
par BU A Cd ainsi que la fixation de prix manifestement inférieurs à la valeur marchande des véhicules
constituent les manœuvres frauduleuses faisant de lui l’auteur, en toute connaissance de cause, du
détournement de ceux-ci évalués à la somme de 180.000.000FCFA qui est la valeur marchande totale de tous
les véhicules irrégulièrement vendus au détriment du P.A.D ;
Qu’il y a lieu de confirmer le jugement sur ce point ;
Attendu que lesdits véhicules ont été saisis au cours de l’information judiciaire et se trouvent sous main de
justice ;
Qu’il convient d’ordonner leur restitution au P.A.D et de décharger l’accusé BU A du paiement de leur
valeur ;
Sur la gestion financière
Attendu qu’il est reproché aux nommés BY AG Ai Aw, BU A Cd, BG Ce Co Ak, BABILA TITA Eric, ZIBI
Bs Cc Ab, AJ et TCHEKAMGCilviane épouse Y d’avoir, ensemble et de concert, détourné au préjudice du
PAD une somme globale de 958.094.485FCFA en opérant divers décaissements sans pièces justificatives au
titre de la caisse d’avance, les caisses de mission, des libéralités, des appuis, des contributions et des mises à
disposition ainsi que celle de 1.716.249.601FCFA au titre de valeurs de caisse non apurées en ce qui
concerne les trois derniers accusés ;
Que l’accusation se prévaut d’abord du rapport du Contrôle Supérieur de l’Etat qui révèle l’existence d’une
caisse d’avance instituée de manière informelle par BU A Cd, Directeur Général du P.A.D, gérée par son
chef de cabinet BABILA TITA Eric et dont les approvisionnements, les décaissements et les
réapprovisionnements ont eu lieu sans pièces justificatives des dépenses nécessitées pour des besoins dits
urgents ;
Qu’elle allègue ensuite que le témoin AW CK a produit 133 demandes de paiement qui ont permis des
décaissements notamment au profit de BU A Cd, BG Ce Co Ak, BY AG Ai Aw et a évoqué des règlements
par voie bancaire de fournitures et prestations par le P.A.D au profit du Ministère des Transports, des
règlements de factures d’hôtel de certains fonctionnaires ou personnalités, l’achat de titres de transports
aériens pour le compte des personnes ne faisant pas partie du PAD ;
Qu’elle soutient finalement d’une part :
que selon ce témoin, ces demandes de paiement dont certaines sont dépourvues de pièces justificatives tandis
que d’autres sont accompagnées de pièces justificatives insuffisantes ou non probantes n’auraient pas dû être
comptabilisées comme charges pour le PAD, mais considérées comme valeurs de caisse dans l’attente de
pièces justificatives, la liste des bénéficiaires des décaissements à qui la division en charge de
l’administration et des finances réclamait des pièces justificatives ne comportait pas le nom de ceux à la
disposition desquels les caisses de mission et les libéralités étaient mises ; et d’autre part
que pour le Ministère Public, il s’est agi d’un réseau mis sur pied pour spolier le PAD de ses biens dans
lequel chacun des membres est investi d’un rôle, les uns ordonnant les décaissements comme BU A Cd et
BG Ce Co Ak, d’autre retirant des fonds comme BABILA TITA Eric et BY AG Ai Aw, d’autres enfin
validant ces opérations irrégulières et en dissimulant les supports comme AY Cc Ab, AJ et TCHEKAMG
Cilviane épouse Y ;
Que ceci est d’autant plus vrai que certaines demandes de paiement ont été conservées par Dame CQ Ap
pour leur caractère sensible et n’ont pas été présentées à la mission du Contrôle Supérieur de l’Etat et aux
experts commis par le magistrat instructeur ;
Attendu qu’il convient de distinguer entre le montant de 1.716.249.601FCFA représentant les valeurs de
caisses non apurées et celui de 958.094.485FCFA au titre des caisses d’avances, caisses de missions, des
libéralités, des dotations, des appuis, contributions et mises à disposition ;
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B/ Sur le détournement en coaction de la somme totale de 958.094.485FCFA au titre des caisses d’avances,
caisses de missions-libéralités-dotations, appuis, contributions et mises à disposition
plus haute importance et ont permis de rapporter des résultats bénéfiques pour le P.A.D ;
Que cet argent était décaissé à l’initiative du seul Directeur Général, ordonnateur auquel il n’avait jamais
adressé une quelconque demande ;
Qu’il ajoute qu’il n’a sollicité l’octroi d’appuis et contributions que dans le cadre de la lutte contre
l’insécurité dans la ville de Cb et pour le transport de son véhicule à Cs par voie ferroviaire à l’occasion du
40e anniversaire des Forces Bp Bj ;
Qu’il a reconnu n’avoir jamais transmis des pièces justificatives relatives aux caisses de missions, cette
diligence ne lui ayant jamais été demandée ;
Attendu qu’il ressort du dossier que les sommes mises à la charge de BY AG Ai Aw ont été décaissées de
manière régulière sans qu’aucune fraude ne puisse lui être reprochée ;
Que par ailleurs, les dépenses ont été ordonnées par le Directeur Général du P.A.D qui en avait le pouvoir ;
Attendu que la productiondes justifications des sommes utilisées au cours des missions incombent au
gestionnaire et aux services comptables du P.A.D;
Attendu que le Président du Conseil d’Administration n’était pas juge de l’opportunité des appuis et
contributions à lui consentis par le Directeur Général ;
Qu’il en découle qu’il ne peut être convaincu de coaction de détournement des sommes appartenant au P.A.D
d’un montant de 958.094.485F ;
Qu’il échet de le déclarer non coupable de ce chef d’accusation et de l’acquitter pour faits non juridiquement
caractérisés comme l’ont fait les juges d’instance ;
du bilan d’ouverture de la nouvelle société et constatant le transfert des biens de ONPC au P.A.D, sans que
son contenu ne soit justifié par les fiches de détenteur qui seules seraient à même d’engager sa responsabilité
;
Que ce tableau qui révèle que la résidence du Directeur Général avait reçu 09 cuisinières, plusieurs
congélateurs et réfrigérateurs doit être écarté des débats à cause de son caractère inexact et léger ;
Mais attendu qu’il ressort bien des déclarations de l’accusé BU A qu’il a emporté les effets de la résidence de
fonction du Directeur Général du P.A.D et les véhicules de fonction à AU à sa nomination au poste de
Ministre de l’Eau et de l’Energie ;
Qu’il n’est cependant pas contesté que le P.A.D ne dispose d’une résidence de fonction de Directeur Général
ailleurs qu’au lieu de son siège social à Cb ;
Que si la valeur globale desdits meubles et matériels fixée à 122.051.222FCFA a été tirée d’un extrait du
bilan d’ouverture du P.A.D établi suivant le décret du 15 juin 1999 et ne peut à lui seul édifier sur les
quantités et valeurs des équipements affectés à la résidence de fonction du Directeur Général et emportés par
l’accusé BU A Cd, il y a lieu de relever que CA BK Bk, promotrice de l’Etablissement « 3T » BP.670
Bafoussam, entendue au cours de l’information judiciaire et à l’audience publique du Tribunal le 11 juin
2007, a expliqué qu’elle a livré la salle à manger de style empire composée d’un buffet 04 portes (2,5m),
d’une table ovale de 1,8m avec rallonge, d’un argentier de 1,25m, de 08 chaises et de 02 chaises cabriolet ;
Que ladite salle à manger a été payée par le P.A.D au prix de 48.085.370FCFA ;
Attendu que l’accusation a présenté des photographies du matériel cité et prises lors de la descente et de la
saisie effectuée au domicile privé de BU A à AU ;
Que CA BK les a reconnus comme étant ceux qu’elle avait livrés au P.A.D en exécution de la lettre de
commande n°426/98-99/DG/ONPC ;
Qu’il est alors exact que cet ensemble mobilier acquis à 48.085.370FCFA a été emporté par BU A Cd qui l’a
utilisé pour meubler sa résidence privée à AU ; que l’argument selon lequel il s’est tantôt inspiré d’une
pratique héritée de l’ONPC pour les retenir et en faire sa propriété, tantôt qu’il les a conservés à AU en
attendant leur réclamation éventuelle par le Directeur Général nouvellement nommé, ne peut légitimer un
acte frauduleux ; qu’il s’est rendu coupable en toute connaissance de cause de détournement d’un mobilier
évalué à 48.085.370FCFA appartenant au P.A.D ;
Qu’il y a lieu confirmer le jugement sur ce point, de constater que le mobilier dérobé a été saisi au cours de
l’information judiciaire et se trouve sous main de justice et d’ordonner sa restitution au P.A.D en déchargeant
de l’accusé BU A du paiement de sa valeur ;
attendu qu’à propos de la modification du contrat initial du 17 juin 1999 par le document dit « ADDENDUM
N°1 », BU A soutient que bien que celui-ci n’a pas été signé par tous les signataires de l’accord initial, la
modification qu’il apporte a été décidée lors d’un accord passé à Washington le 07 juin 1999 entre le
gouvernement camerounais d’une part, la Banque Mondiale d’autre part, et le bailleur de fonds japonais par
ailleurs ;
Que cette modification est intervenue le 07 juin 1999, 10 jours avant l’approbation du contrat n°1710 par le
Premier Ministre camerounais le 17 juin 1999 ;
Que par conséquent, cette modification connue au moment de cette approbation, a été également approuvée ;
Attendu que l’accusation ne contestant pas cette explication, se contente de reprocher au document dit «
ADDENDUM N°1 » le non respect du parallélisme des formes ;
Que le dossier révèle que le document dit « ADDENDUM N°1 » signé le 07 juin 1999 n’a pas modifié le
contrat initial ; qu’il n’a modifié que le projet du contrat, le contrat ayant en définitive été signé le 17 juin
1999 avec son approbation par le Premier Ministre Camerounais, ainsi que l’a admis le témoin de
l’accusation PEPOURE ABDOU à l’audience ;
Que dès lors cette modification du projet de contrat initial ne saurait être considérée comme une manœuvre
frauduleuse de BU A destinée à détourner la somme de 1.631.845.599F par son affectation à une rubrique
intitulée « Imprévus » ;
Qu’il y a donc lieu de ne pas le retenir dans les liens de la prévention ;
b)-Sur la coaction de détournement de 7.806.610.866F constituant la différence entre le coût réel des travaux
effectués par la société « RAZEL » de 12.287.589.134F et la somme de 20.094.200.000F payée à l’entreprise
MITSUI
Attendu qu’il n’est pas contesté par les accusés BU A et A AH que la société MITSUI, adjudicataire des
travaux de génie civil dans le contrat n°1710 les a sous traités à la société RAZEL ;
Que ces travaux ont été régulièrement et entièrement exécutés par d’autres sociétés locales, sous-traitants de
RAZEL, notamment CE AX et réceptionnés par BL à qui RAZEL les livrait au fur et à mesure de leur
avancement et qui en payait le prix ;
Que le montant total payé par MITSUI à RAZEL pour tous ces travaux de génie civil totalement exécutés est
de 11.853.141.990Fainsi que l’a déclaré le sieur BR Ba Ak Luc, Directeur Administratif et Financier de CR
Bh, témoin cité par l’accusation ;
Attendu que A AH et BU A ne contestent pas avoir signé des décomptes ayant permis le paiement à MITSUI
par les bailleurs de fonds, pour ces mêmes travaux entièrement réalisés par RAZEL au prix total ci-dessus
indiqué, d’une somme totale de 20.094.200.000F soit une différence de 8.241.058.010F ;
Que A AH a produit par ailleurs l’original d’un décompte relatif à ce marché, comportant leurs signatures et
retenu comme pièce à conviction n°XI-a ;
Que pour le justifier, A AH, représentant du maître d’ouvrage du P.A.D dans le marché n°1710 conclu avec
MITSUI, sans affirmer expressément ignorer le recours de MITSUI au sous- traitant RAZEL, prétend que le
P.A.D n’étant pas partie au contrat conclu avec le sous-traitant d’une part, aucune disposition du marché
n°1710 conclu entre le P.A.D et MITSUI ne traitant de la sous-traitance d’autre part, sa mission consistait à
s’assurer que les travaux attestés qualitativement par le maître d’œuvre étaient conformes aux termes du
marché et qu’il ne saurait se prononcer sur la différence entre ce que les bailleurs de fonds paient à MITSUI
et ce que BL paie à ses sous traitants ;
Que BU A de son côté explique que le P.A.D n’a conclu aucun contrat avec la société RAZEL ni avec
ASQUINI et que les prix conduisant à la prétendue surfacturation constatée dans le paiement de l’exécution
des travaux de génie civil à MITSUI ont été acceptés avant sa prise de fonction comme Directeur Général du
P.A.D ;
Que par ailleurs, le prêt japonais au Cameroun a été annulé après l’atteinte du point d’achèvement, le coût du
projet étant ainsi nul pour le Cameroun, celui-ci ayant en définitive reçu un don en nature pour la réalisation
du projet ;
Attendu qu’il ressort des éléments du dossier que le gouvernement japonais a accordé un prêt au
gouvernement camerounais pour l’amélioration de l’infrastructure portuaire de Cb ;
Que pour ce faire, les travaux de modernisation du terminal à conteneurs ont été confiés à la société de
nationalité japonaise MITSUI & Co LTD suivant approbation du Premier Ministre du Cameroun fixant le 17
juin 1999 comme date de prise d’effet du marché ;
Que cette compagnie japonaise a convenu de la sous-traitance avec la société française RAZEL qui dispose
au Cameroun d’une succursale appelée « CR Bh » et qui avait donc en charge les travaux de génie civil
contre un paiement effectif évalué à 12.287.589.134F alors que MITSUI & Co LTD a reçu pour les mêmes
travaux la somme de 20.094.200.000F consécutivement à des décomptes signés par BU A et A AH ;
Attendu qu’il est d’usage et acquis en droit que le sous-traitant de l’exécution d’un marché ne peut se faire
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payer que le prix convenu dans la convention de sous-traitance, indépendamment du montant effectivement
payé par le maître d’ouvrage à l’adjudicataire principal du marché ;
Que c’est à tort que la différence de 7.806.610.866F est analysée comme ayant été détournée au préjudice du
P.A.D, le montant payé à RAZEL ne pouvant être considéré comme la valeur réelle des travaux exécutés et
dont MITSUI & Co LTD est la principale bénéficiaire qui, tout en payant le sous-traitant, se doit de réaliser
elle aussi un bénéfice, encore que la preuve du paiement de la somme de 20 094 200 000 francs CFA n’est
pas formellement établie en l’espèce ;
Qu’ainsi contrairement aux appréciations des premiers juges, les manœuvres frauduleuses exigées par
l’article 184 du Code Pénal ne sont pas prouvées ;
Qu’il y a lieu, en infirmant le jugement sur ce point, de déclarer les accusés non coupables et de les acquitter
pour faits non établis ;
d)-Sur la coaction de détournement de 9.161.600.000F représentant la différence entre le coût réel des
portiques de 5.245.200.000F et la somme de 14.408.800.000F payée pour leur acquisition ;
Attendu que l’accusation soutient que les portiques qui ont été livrés dans ce volet du marché, auraient dû
coûter 5.245.200.000F ;
Qu’à la suite d’une surfacturation opérée par BU A et A AH qui était chargé du suivi du marché sous la
responsabilité de son Directeur Général, le P.A.D a plutôt payé la somme de 14.408.800.000F pour leur
acquisition ;
Qu’ainsi, cette surfacturation constitue une manœuvre frauduleuse qui a spolié le P.A.D de la somme de
9.161.600.000FCFA représentant la différence entre le coût réel desdits portiques et le montant réellement
payé pour leur acquisition ;
Attendu par ailleurs que modifiant quelque peu les énonciations de l’ordonnance de renvoi disant que seuls
deux portiques ont été livrés au P.A.D, le témoin PEPOURE ABDOU du Ministère Public a déclaré lors de
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son examination in chief à l’audience du Tribunal qu’en plus des portiques, quelques équipements liés à
certains bâtiments techniques ont été également livrés dans ce volet du marché ;
Attendu que l’imprécision qui résulte de ce que l’accusation soutient que seuls les portiques ont été livrées
dans le cadre de ce marché alors que son principal témoin susnommé allègue que d’autres équipements dont
la nature et le nombre ne sont pas déterminés l’ont été aussi laisse planer le doute sur la réalité des faits
reprochés aux accusés ;
Attendu par ailleurs qu’en soutenant que les deux portiques livrés coûtaient moins cher chez d’autres
constructeurs basés en Europe d’une part et qu’un voyage n’a pas été effectué au Japon pour connaître le
coût effectif de ces deux portiques qui y ont été acquis d’autre partl’accusation n’a pu établir que le coût des
portiques effectivement livrées au P.A.D a été surfacturé ;
Attendu qu’il résulte de tout cela que les faits de coaction de détournement, par les deux accusés, de la
somme de 9.161.000.000F représentant la différence entre celle de 5.247.200.000FCFA représentant le coût
réel allégué des portiques et celle de 14.408.800.000FCFA effectivement payée pour leur acquisition ne sont
pas prouvés ;
Qu’il y a lieu de confirmer le jugement sur ce point, de déclarer les accusés non coupables et des les acquitter
pour faits non établis ;
e)-Sur les accords pour le renforcement des capacités de la cellule de pilotage du projet de modernisation du
Terminal à Conteneurs du Port Autonome de Cb
Attendu qu’il est reproché à BU A Cd, A AH, CM Cg et CL BI d’avoir, au moyen de quatre accords numéros
083/DG/PAD du 08 septembre 2000, 310/DG/PAD, 311/DG/PAD et 312/DG/PAD du 20 février 2003, les
trois derniers signés le même jour étant la réplique exacte du premier, tous confiés à une société dite
groupement BDS/CRETES et portant sur le renforcement des capacités de la cellule de pilotage du projet de
modernisation et de mise en concession du terminal à conteneurs du Port de Cb, A AH représentant le maître
d’ouvrage, signé des décomptes ayant permis le paiement injustifié à BDS/CRETES pour le montant cumulé
de 116.231.044FCFA sur l’ensemble des accords alors que les prestations prévues n’ont pas été effectuées ;
Attendu que l’accusation soutient que l’article 6 de l’accord n°083/DG/PAD prévoit que les prestations du
groupement BDS/CRETES qui constituent son cahier de charge sont décrites dans « les termes de référence
» selon lesquels le projet de modernisation du Terminal à Conteneurs du P.A.D comporte deux volets dont le
second, intéressant les rapports BDS/CRETES-PAD, concerne la concession de la gestion, de l’exploitation
et de la maintenance de ce terminal à un opérateur privé de référence et comporte quatre principales étapes ;
Qu’à ce sujet, l’assistance du groupement de cabinets BDS/CRETES visait à renforcer les capacités de la
cellule de pilotage des travaux de modernisation et de mise en concession du Terminal à Conteneurs du
P.A.D et consistait en un conseil en management de projet, conseil économique financier, conseil juridique ;
Que dans le domaine du conseil en management de projet, il était prévu que différents outils seraient produits
et mis à la disposition de la cellule de pilotage par le groupement dont notamment un « Manuel d’Exécution
du Projet (MEP) » incluant entre autres un manuel de procédures administratives et comptables du projet,
ainsi que différents outils de suivi et de contrôle de projet ; que ce Manuel d’Exécution du Projet devait
couvrir en outre divers modules prévus par les termes de références ;
Que pour le conseil économique et financier, il est dit que BDS/CRETES accomplirait notamment différentes
études économiques, financières et commerciales susceptibles de permettre au P.A.D de mieux saisir les
enjeux et les risques économiques et financiers liés à cette opération, lesquelles devaient permettre au P.A.D
d’asseoir sa stratégie de négociation sur des bases concrètes et réalistes, les négociations sus-évoquées étant
préparées par le Groupement à qui revenait également la mission de négocier le prêt japonais ;
Que le conseil juridique visait à assurer la sécurité juridique du P.A.D dans le cadre de l’exécution des
travaux de modernisation et la mise en concession du terminal à conteneurs ;
Que le maître d’ouvrage de l’accord n°083 et des trois autres accords était le chef de cellule de pilotage de la
modernisation du Terminal à Conteneurs, A AH qui devait coordonner et contrôler les prestations de
BDS/CRETES dont les honoraires devaient être réglés sur la base des prestations réellement fournies
constatées par « attachement » contradictoire du maître d’œuvre et du prestataire, ainsi qu’il ressort des
quatre accords avec le P.A.D, les débours des missions du personnel du groupement BDS/CRETES devant
être payés par le P.A.D ;
Attendu cependant que l’accusation relève :
- d’abord, qu’alors que l’article 11 de l’accord du 08 septembre 2000 prévoit que les documents élaborés
seront et resteront la propriété du P.A.D, BDS/CRETES s’engageant à les lui remettre au fur et à mesure de
l’avancement des prestations, BU A le maître d’œuvre et A AH le maître d’œuvre n’ont pas prouvé de
l’existence du Manuel d’Exécution du Projet (MEP), document physique qui aurait dû, selon l’accord du 08
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septembre 2000, être produit et mis à la disposition du P.A.D par BDS/CRETES dans le cadre du conseil en
management du projet ;
Qu’il s’ensuit qu’un tel manuel dont l’importance est cardinal n’a jamais été élaboré et que le paiement de
cette prestation ne repose donc sur aucun fondement ;
Qu’en conséquence, ce prétexte a été frauduleusement utilisé pour soutirer des fonds du P.A.D et les payer à
BDS/CRETES ;
- ensuite, que s’agissant du conseil économique et financier la mission confiée dans l’accord n°083 à
BDS/CRETES d’entreprendre la négociation du prêt japonais est sans objet comme faisant double emploi
avec l’action du gouvernement, parce que les termes de référence dudit accord côté III i-1 mentionnent
clairement que le gouvernement japonais avaient déjà, bien avant l’accord BDS/CRETES-PAD datant du 08
septembre 2000, accordé au gouvernement camerounais un prêt de six milliards de yens ;
Que dès lors, cette mission de négociation d’un prêt déjà par ailleurs accordé est fictive et constitue donc un
moyen frauduleux pour décaisser des fonds appartenant au PAD à BDS/CRETES ;
enfin,que s’agissant du conseil juridique il n’est nullement établi que BDS/CRETES soit un cabinet juridique
ayant compétence pour conseiller dans un domaine aussi complexe que celui du droit international du
commerce ;
Que cette autre mission est fictive et constitue en conséquence un autre moyen frauduleux pour faire payer
des fonds appartenant au P.A.D à BDS/CRETES ;
Qu’aucun élément établissant l’effectivité des autres diverses missions assignées par les différents accords à
BDS/CRETS n’est fourni par les accusés ;
Attendu que pour essayer de se disculper, BU A a fait citer comme témoins les nommés GWABAP, CU Cw
et BV AN qui ont été entendus ;
Attendu que BE qui était Secrétaire Général du Ministère des Transports et président de la cellule de pilotage
de la réforme portuaire, a affirmé avoir conduit à ce titre une délégation camerounaise au siège de la Banque
Mondiale à Washington du 27 février au 06 mars 2003, dans laquelle figurait le représentant de CRETES
avec lequel il a par ailleurs tenu des réunions ;
Que ce témoin voit là l’effectivité du travail de cet organe ;
Mais attendu que BDS/CRETES était sous accord avec le P.A.D dans le cadre de la mise en concession du
Terminal à Conteneurs ;
Que seul le P.A.D confiait des missions à BDS/CRETES dont l’exécution était contrôlée par le chef de la
cellule de pilotage du projet de modernisation du Terminal à Conteneurs qui était le maître d’œuvre de
l’accord, en l’occurrence A AH ;
Que les affirmations de GWABAP ne sont pas soutenues par la preuve que le représentant de CRETES qui
l’aurait accompagné à Washington l’avait fait sur instruction du PAD, ni que les réunions qu’il aurait tenues
avec les représentants de BDS et CRETES à propos desquelles il n’indique ni date, ni les thématiques
l’avaient été sur instruction du P.A.D et dans le cadre de la convention les liant ;
Que dès lors, le témoignage de GWABAP ne prouve pas l’effectivité des prestations de BDS/CRETES au
profit du PAD ;
Attendu que CU Cw, représentant de CRETES au moment des faits ne présente aucune donnée établissant
l’effectivité des prestations de ce groupement au profit du PAD qu’il se contente d’énumérer verbalement
celles-ci en affirmant qu’elles ont été effectuées ;
Que ces seules et simples affirmations ne prouve pas l’existence de prestations ;
Attendu que BV AN Bv, Promoteur de BDS, tout en affirmant que le groupement BDS/CRETES a fourni des
prestations dans le cadre de ces accords avec le P.A.D, a précisé qu’il n’était dit nulle part dans le contrat que
BDS/CRETES devait produire des rapports et qu’aucun des documents produits par BDS/CRETES dans le
cadre de ses relations avec le PAD ne devait porter l’estampille de BDS/CRETES ;
Mais attendu qu’il est d’usage que la convention de conseil et d’assistance en vue de l’optimisation de
l’efficacité de tout organe dans le domaine du commerce comme en l’espèce se concrétise par l’élaboration
et la fourniture par le consultant, d’un manuel de procédure qui sert de boussole pour la personne morale
assistée et conseillée ;
Que cette curieuse affirmation du consultant jette le doute sur l’existence du travail pertinent conclu et
effectué qui a donné lieu à des paiements suivant des décomptes qu’il convient à présent d’examiner ;
par le prestataire le 16 novembre 2004, longtemps après la signature des trois autres accords n°310, 311 et
312, conclus le même jour, le 20 février 2003 et qui ont en leur temps donné lieu à l’établissement de
décomptes ayant abouti à des paiements ;
Qu’il est donc certain que le paiement de cette somme de 16.921.800F au profit de BDS/CRETES est indû,
la manœuvre utilisée pour ce paiement étant frauduleuse ceci d’autant plus que la facture y jointe et ayant
servi de base à l’établissement du décompte et présentée par BDS/CRETES sous le n°208/CRETES est datée
du 15 novembre 2004 pour des prestations non précisées et dont la période n’a pas été précisée non plus,
contrairement à ce qu’a fait le décompte ;
Que cette incohérence entre les mentions contenues dans le décompte lui-même et la facture qui lui sert de
base d’une part et la postériorité des prestations dont le décompte a fait obtenir le paiement sur les avenants à
l’accord n°083 déjà totalement exécutés au moment de ces prétendues prestations d’autre part, établissent
manifestement le caractère frauduleux de l’établissement dudit décompte par les accusés et du paiement qui
s’en est suivi au profit de BDS/CRETES ;
2/ Sur le cas de A AH :
Attendu qu’en tant que maître d’œuvre de l’accord n°083 et des trois autres, chargé contractuellement de
contrôler les prestations de BDS/CRETES, il a certifié des prestations qu’il savait fictives et dressé
sciemment et frauduleusement les quatre décomptes ayant permis le paiement par le P.A.D à BDS/CRETES
de la somme totale ci-dessus évoquée ;
Que ces manœuvres frauduleuses qui en ont permis le décaissement font de lui un des co-auteurs du
détournement pour lequel il est poursuivi et dont il faut le déclarer coupable en confirmation du jugement
attaqué ;
3/ Sur le cas de CL BI :
Attendu qu’il ressort pièces du dossier que CL BI n’a participé ni à l’élaboration des accords, ni à
l’établissement des décomptes ayant permis le paiement par le PAD de la somme totale ci-dessus déterminée
à BDS/CRETES ;
Que ces décomptes établis par le maître d’œuvre A AH, étaient transmis par celui-ci à BU A le Directeur
Général par l’entremise du chef de la cellule des engagements, CL BI, qui n’était qu’un simple rouage
administratif n’ayant aucune influence sur un processus dont il n’avait pas la maîtrise ;
Qu’en raison de l’absence d’intention criminelle, l’infraction n’est pas constituée à son égard ;
Qu’il y a lieu de le déclarer non coupable et de l’acquitter ;
4/ Sur le cas de CM Cg :
Attendu qu’il ressort des pièces du dossier que le marché n°083 datant du 08 septembre 2000 a été passé
entre le prestataire BDS/CRETES représenté par Cw CU et BU A, dressé et présenté par A AH, chef de la
cellule de pilotage du projet de modernisation du Terminal à Conteneurs ;
Qu’à cette époque là CM Cg n’était pas encore le supérieur hiérarchique de A AH ;
Que les marchés numéros 310, 311 et 312 tous signés le 20 février 2003 par BU A sont intervenus en
régularisation des prestations antérieurement commencées pour le dernier marché en octobre 2001 ;
Que la prise d’effet de ces marchés, tous identiques au marché n°083, est ainsi antérieure à la prise de
fonction de CM Cg comme chef de la Division en charge des équipements et supérieur hiérarchique de A AH
sur le plan administratif ;
Que les marchés n°310, 311 et 312 préalablement à leur signature par BU A, ont été lus et acceptés par le
représentant de BDS/CRETES et dressé par le chef de la cellule de pilotage du projet de modernisation du
terminal à conteneurs A AH le même 26/12/2002 ;
Qu’ils ont été présentés par CM Cg devenu entre temps chef de la division en charge des équipements du
P.A.D, supérieur hiérarchique de A AH, le 31/12/2002 ;
Que ces trois marchés venant en régularisation des prestations antérieures à la prise de fonction de CM Cg,
celui-ci n’a pas pu participer à leur conclusion effective ;
Qu’ainsi, sa signature sur lesdits marchés n’était qu’une formalité administrative comme il l’a déclaré dans
sa défense ;
Que dès lors, l’intention de poser un acte frauduleux conduisant aux décaissements effectués au préjudice du
P.A.D de la part de CM Cg fait défaut ;
Qu’en conséquence, l’infraction qui lui est reprochée n’est pas constituée et il convient de l’en déclarer non
coupable et de l’en acquitter ;
Sur le contrat d’assistance technique permanent en vue de l’optimisation de la facturation des redevances
portuaires ;
Attendu qu’il ressort des pièces du dossier de procédure que par lettre commande n°420 du 12 février 1999,
le P.A.D a passé avec la société Bo Cc Services le contrat d’assistance technique en vue de l’optimisation de
la facturation des redevances portuaires pour une durée de 12 mois, lequel prévoyait en son article 10 un
renouvellement par tacite reconduction ; que ce contrat a été signé, côté P.A.D, par BU A Cd ;
Que ce dernier était l’ingénieur du marché qui préparait les décomptes de paiement, lesquels étaient visés par
CL BI avant leur règlement ;
Que selon l’accusation, la lettre commande d’un montant de 48.000.000FCFA a entraîné le règlement de la
somme de 480.735.000FCFA au profit de Bo Cc Service sans que l’effectivité des 10 prestations fournies ne
soit démontrée et il s’agit là d’un marché fictif par lequel la somme de 480.735.000FCFA a été détournée au
préjudice du P.A.D ;
Que par le biais de son témoin CJ CD, elle soutient :
Que la tacite reconduction est une pratique irrégulière qui a eu pour effet, s’agissant d’un montant avoisinant
500.000.000FCFA, de contourner la procédure de passation des marchés publics de cette envergure qui selon
les dispositions légales, nécessitait un appel d’offre et sa signature par le Premier Ministre ;
Que pour un montant aussi important, le recours à la passation de marché de gré à gré ne pouvait être
effectué que dans le cas où l’opérateur retenu est le seul à même de fournir la prestation considérée et que,
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même dans ce cas, une autorisation spéciale du Premier Ministre était nécessaire ;
Que la prestation n’a pas été effectuée ; que les responsables de la direction commerciale, seule concernée
par les services de la facturation, interrogés ont déclaré qu’ils n’avaient jamais eu à travailler avec les experts
du cabinet Bo Cc services et n’ont jamais reçu d’eux des rapports ou des notes ;
Que même la cellule des engagements chargée de vérifier l’effectivité des prestations réalisées au profit du
P.A.D avant leur paiement n’a jamais reçu lesdits rapports de travaux ;
Attendu que BU A Cd a soutenu pour sa défense :
Que la nécessité d’optimiser la facturation des redevances portuaires pour rétablir l’équilibre financier du
P.A.D l’a obligé à recourir à un auditeur externe à savoir Bo Cc Services ;
Que l’exploitation des rapports produits par ce cabinet a permis de remédier aux disfonctionnements des
services chargés de la facturation, d’améliorer cette facturation et partant de rétablir l’équilibre financier du
P.A.D ;
Que Bo Cc Services a bien fourni des rapports mensuels transmis directement au chargé de missions de la
Direction Générale lequel était seul habilité à apprécier l’effectivité des prestations fournies, et préparait à
l’attention du Directeur Général des notes d’exploitation desdits rapports, lequel s’en inspirait pour instruire
les responsables des services de la facturation soit par des directives écrites, soit au cours de réunions du
cabinet ;
Qu’il est surpris d’entendre dire que les prestations alléguées sont fictives alors que Bo Cc service déployait
en permanence des inspecteurs dans l’enceinte du Port de Cb qui étaient chargés de collecter des données
permettant d’évaluer le potentiel de la facturation qu’ils comparaient à celle effectuée par les services
compétents ;
Que l’exploitation de ces rapports a permis au P.A.D de réaliser des gains de plus de 7.000.000.000FCFA ;
Qu’il ne peut valablement être accusé d’avoir détourné les montants payés en rétribution des services de Bo
Cc paiements pourtant régulièrement comptabilisés et apurés par le Conseil d’Administration ;
Attendu que selon CL BI, la lettre commande n°420 du 12 juin 1999 avait pour objet une prestation
intellectuelle ;
Qu’en sa qualité de chef de la cellule des engagements, la vérification de l’effectivité de cette prestation ne
lui incombait pas, le paraphe qu’il apposait sur les décomptes venant à la suite d’une simple vérification des
mentions portées à savoir les signatures du prestataire, du maître d’œuvre ingénieur chargé du contrôle de
ces prestations et l’exactitude des calculs ;
Que s’agissant de sa régularité, aucune réglementation concernant les prestations intellectuelles n’existait à
l’époque, l’article 21 du décret n°95/101 sur les marchés prévoyant à cet effet l’intervention d’un arrêté
séparé qui n’avait pas encore été pris ;
Attendu que même s’il est constant que l’objet du contrat passé avec le cabinet Bo Cc porte sur des tâches
quotidiennes du personnel qualifié du P.A.D, la direction générale du P.A.D avait cependant toute latitude
pour procéder à un audit externe dans le domaine concerné ;
Que si les irrégularités relevées à savoir la tacite reconduction, la passation de marché de gré à gré, l’éviction
des services en charge des problèmes de la facturation sont avérées, l’effectivité des prestations de Bo Cc
contestée par l’accusation n’a pas été corroborée par la déposition de son témoin CJ CD ;
Qu’en effet, lors de la crossexamination exercée par ASA’ANA NTSANG MBA Thompson et ses conseils, il
a déclaré qu’il avait vu les rapports de Bo Cc Services dans le bureau du chargé de mission ;
Qu’à la question posée par Maître TCHANGA, conseil de l’accusé BU A Cd sur les prestations fournies par
ce cabinet d’études, il a répondu que les services techniques du P.A.D lui ont présenté ces rapports qu’il a
exploités ;
Qu’en définitive, il résulte des déclarations du témoin de l’accusation CJ CD que les prestations du cabinet
Bo Cc Services étaient effectives ;
Qu’il y a lieu en conséquence de déclarer les faits de détournement de la somme de 480.735.000FCFA payée
en contrepartie de ces prestations non établis et d’acquitter les accusés BU A Cd et CL BI du crime de
coaction de détournement de deniers publics s’agissant de ce volet ;
Sur les marchés relatifs au diagnostic et au suivi permanent des infrastructures et superstructures du domaine
portuaire ;
Attendu qu’il est reproché à BU A et CL BI Bu Bc d’avoir ensemble et de concert, dans le temps légal des
poursuites, obtenu frauduleusement la somme de 97.215.300FCFA appartenant au P.A.D, faits prévus et
réprimés par les articles 74, 96 et 184 du Code pénal ;
Attendu que le Ministère Public affirme à ce sujet que par deux lettres commandes nos194/01-02/DG/PAD
du 26 septembre 2001 et 247/01-02/DG/PAD du 06 juin 2002, la société World Wide Engeneering Service a
obtenu du P.A.D deux marchés dont l’un d’un montant de 9.614.700F portant sur le diagnostic et la
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constitution d’une base de données relatives à l’expertise continue des infrastructures et superstructures du
domaine portuaire de Cb et l’autre, d’un montant de 29.200.200FCFA sur le suivi permanent des
infrastructures et superstructures du domaine portuaire ;
Que ces prestations qui n’ont aucun support, font partie des tâches quotidiennes dévolues au personnel
technique de la Direction des infrastructures portuaires du P.A.D ;
Que le recours à cette société manque par conséquent de pertinence ;
Que les marchés ont été octroyés en dehors de tout appel à concurrence, s’apparentant ainsi à une simple
largesse au profit du propriétaire de ce cabinet qui a déclaré à l’information judiciaire n’avoir obtenu ces
marchés qu’après avoir confié à BU A qu’il était à la recherche de travaux à exécuter ;
Que l’effectivité des prestations de ce cabinet n’est pas avérée, le prestataire n’ayant pas fourni des rapports
écrits sur le diagnostic, les repérages et toutes les prestations qui auraient dû être fournies par lui ;
Qu’en outre, le second des deux marchés a été reconduit jusqu’en 2005, ce qui porte à 97.215.300FCFA la
somme globale perçue ;
Que ces lettres commandes avaient été signées d’une part par le consultant Cl Cn Ax sans précision de nom,
puis dressées et présentées par ASA’ANA Thompson, le chargé de mission dans lesdits marchés, qui en était
le maître d’œuvre chargé de certifier l’effectivité des prestations et de les réceptionner, et ont été enfin
signées par le Directeur Général du P.A.D BU A ;
Qu’ASA’ANA Thompson a faussement certifié l’effectivité des prestations fictives du consultant, aucun
rapport fourni par celui-ci ne prouvant que celles-ci ont réellement été effectuées ;
Que CL BI, le chef de la cellule des engagements à la direction générale du P.A.D a visé les décomptes ayant
permis les paiements du prestataire, alors que ces prestations n’avaient pas été effectuées ;
Que tout ceci constitue des manœuvres frauduleuses qui ont abouti au paiement de la somme totale de
97.215.300FCFA au cabinet World Wide Engeneering Service au préjudice du P.A.D ;
Attendu que pour sa défense, BU A a déclaré qu’en tant que Directeur Général du P.A.D, il a jugé opportun
de recourir aux services d’un expert externe, en l’occurrence le cabinet World Wide Engeneering Service
pour améliorer l’évaluation et le timing de déclenchement des travaux et pour renseigner sur l’efficacité de la
politique de maintenance mise en œuvre, les services techniques du P.A.D ordinairement chargés de ces
missions s’étant avérés défaillants ;
Que ces prestations ont bien été fournies par le cabinet ainsi choisi, lequel a été payé en contrepartie ;
Attendu que CL BI a affirmé avoir, en tant que chef de la cellule des engagements, vérifié la régularité
formelle des documents qui sont passés par sa structure, sans s’impliquer ni dans le processus de la passation
des marchés, ni dans celui de la réception de ceux-ci, n’ayant pas qualité pour certifier l’effectivité de leur
réalisation, celle-ci étant faite par le maître d’œuvre ;
Attendu que ASA’ANA Thompson, co-accusé en fuite, a affirmé que le prestataire a régulièrement déposé
les rapports de ses différentes prestations, ce qui établit l’effectivité de celles-ci ;
Que cette affirmation a été corroborée par le témoin du Ministère Public CJ CD lors de sa cross examination
;
Attendu qu’il est ainsi établi que les prestations de Cl Cn Ax Service ont été réalisées et que la preuve de
cette réalisation se trouve dans les services du P.A.D, consacrée par des rapports qui ont été produits ;
Que dès lors, la violation par BU A de la procédure de passation des marchés publics et la signature par les
accusés des décomptes ayant permis des paiements au profit du prestataire ne constituent pas des manœuvres
frauduleuses pour détourner la somme de 97.215.300FCFA au préjudice du P.A.D d’autant plus que l’unique
témoin de l’accusation CJ CD, lors de son examination in chief par le Ministère Public, a déclaré n’avoir pas
eu de documents attestant du renouvellement du second contrat ;
Qu’ainsi, la preuve de ce que celui-ci a été reconduit et payé jusqu’en 2005 fait défaut ;
Qu’il y a lieu de dire les faits de coaction de détournement de deniers publics par les accusés BU A et CL BI
d’un montant de 97.215.300FCFA au détriment du P.A.D dans les marchés relatifs au diagnostic et au suivi
permanent des infrastructures et superstructures du domaine portuaire non constitués, de les déclarer non
coupables de ces faits et de les en acquitter ;
Sur les marchés d’acquisition des licences informatiques et des logiciels :
Attendu qu’il est reproché à BU A et CL BI Bu Bc d’avoir, ensemble, de concert, dans le temps légal des
poursuites, obtenu ou retenu frauduleusement en la distrayant, la somme de 75.022.283FCFA au préjudice du
P.A.D dans le cadre de ces marchés ;
Que ce détournement est censé avoir été effectué par la passation irrégulière de deux marchés avec deux
sociétés, « Al Cf Bn » et « CDE Services » ;
Que cette irrégularité a consisté en la violation de la procédure de passation de ces marchés publics, fixée par
le décret n°95/101 du 09 juin 1995 qui prévoit que pour des marchés d’un montant supérieur à
5.000.000FCFA, l’on doit recourir à des appels à concurrence ;
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09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
Que le marché d’acquisition de logiciels informatiques de marques « Microsoft Office Professionnel 2000 »
et « Microsoft Office Premium 2000 », passé avec « CDE Services » pour un montant de 46.714.088FCFA,
l’a été de gré à gré, sans appel à concurrence, tandis que celui de la livraison des 130 logiciels informatiques
passé avec la société « Al Cf Bn » pour un montant de 28.311.185FCFA l’a été sans établissement d’une
lettre commande, en violation dudécret susvisé;
Que par ailleurs, ces marchés ont été totalement réglés aux deux prestataires sur ordre de BU A : celui de
46.714.088FCFA par un décompte approuvé le 02 mai 2000 par BU A et celui de 28.311.185FCFA par un
chèque tiré le 26 novembre 2004 sur la banque dite « Av Cx Ct » après que CL BI, chef de la cellule des
engagements au P.A.D ait certifié l’effectivité des livraisons ;
Attendu que pour sa défense, CL BI signale qu’au moment où les décomptes ayant permis le paiement des
prestataires avaient été confectionnés, il n’était pas encore chef de la cellule des engagements et qu’il n’avait
pas participé à la passation de ces marchés et n’avait donc pas le pouvoir d’apprécier l’effectivité des
prestations de ces sociétés ;
Qu’il a produit à cet effet une lettre à lui adressée le 28 août 2007 par le Directeur du Développement
Informatique du PAD à laquelle sont annexés le décompte de 46.714.088FCFA ci-dessus évoqués, la copie
d’une licence Microsoft n°112469709 pour l’année 2000, celle d’une licence Microsoft n°15471423 pour
l’année 2002, toutes certifiées conformes aux originaux par les autorités du P.A.D, et admises comme pièces
à conviction sous les numéros XIV-a, XIV-b, XIV-c et XIV-d respectivement ;
Attendu qu’il ressort de l’examen des pièces et notamment du décompteque CL BI n’y a pas apposé son visa
;
Attendu que BU A affirme pour sa part qu’une licence d’exploitation informatique s’obtient toujours au
même moment que les logiciels y relatifs et que la production d’une licence est la preuve de l’obtention du
logiciel ;
Que cette affirmation a été corroborée par le témoin de l’accusation PEPOUERE ADBOU lors de la
crossexamination faite au Tribunal par la défense de BU A ;
Que les pièces en copies certifiées conformes aux originaux produites par CL BI et admises au dossier de la
procédure comme évoqué ci-dessus établissent que les licences informatiques pour les périodes querellées
ont été bien livrées au P.A.D et, avec elles, les logiciels correspondants ;
Qu’en conséquence, les paiements correspondants faits aux prestataires n’ont pas un caractère frauduleux ;
Que par conséquent la violation de la procédure de passation des marchés par BU A n’a pas eu pour effet de
détourner la somme de 75.025.283FCFA au préjudice du P.A.D ;
Qu’il y a lieu de déclarer les accusés BU A et CL BI non coupables de ce volet de l’accusation et de les
acquitter pour faits non établis ;
suite au financement des dépenses nécessaires à l’exécution des travaux par la S.D.C.A ;
Qu’en effet, il aurait été judicieux par souci de transparence que chaque partie fixât le coût de ses prestations,
pour qu’une compensation soit opérée au moment du paiement ;
Que du reste, les marchés ci-dessus évoqués n’ont été que des tremplins juridiques pour effectuer des
dragages, les règlements dans la pratique dépassant le montant initial de marchés ;
Qu’à titre d’exemple, le décompte produit par sieur BO Cq, témoin de l’accusé BU A d’un montant de
51.568.247FCFA admis aux débats sous côte XVI-A est éloquent puisqu’il est censé rémunérer des
prestations effectuées en octobre 2001 en exécution du marché n°1674 alors que celui-ci a été réceptionné
depuis janvier 2001 ;
Que cette situation constitue une violation de la réglementation sur les marchés publics puisqu’elle permet de
rémunérer les travaux qui n’ont aucun fondement juridique et favorise le paiement de prestations fictives ;
Que c’est en continuant de payer l’entreprise S.D.C.A sur la base d’arrangements informels et de prestations
fictives que le détournement reproché à l’accusé a été perpétré ;
Attendu que l’accusé BU A Cd fait valoir qu’en application d’un arrêté présidentiel n°262/CAB/PR du 06
mai 1996, l’ex O.N.P.C, puis le P.A.D a passé avec la S.D.C.A trois marchés de dragage du chenal d’accès au
P.A.D : le marché 1613/DG/96-97 du 03 février 1997 pour le dragage du chenal, le marché 1674/DG/98-99
du 26 octobre 1998 pour le dragage des plans d’eau, le marché 1690 conclu le 08 mai 2001 ;
Que le principe commun de ces trois marchés était l’utilisation par la S.D.C.A entreprise désignée dans
l’arrêté présidentiel ci-dessus évoqué de la drague « CHANTAL BIYA » acquise en 1997, et du matériel
industriel annexe appartenant au P.A.D, de même que du personnel y travaillant ;
Qu’en exécution des instructions du Secrétaire Général à la Présidence de la République au Directeur de l’ex
O.N.P.C contenues dans une lettre n°30/CF/CAB/SG/PR du 30 juillet 1998, le marché 1674 du 26 octobre
1998 a été passé de gré à gré ;
Que conformément à l’article 12 de ce marché, des contrats annexes concernant l’affrètement de la drague et
la location du matériel ont été signés le 20 novembre 1998 entre la S.D.C.A et l’ex O.N.P.C dans lesquels il
était stipulé que ces équipements étaient loués au franc symbolique ;
Que de même, le personnel mis en disponibilité en application de ces instructions gouvernementales a
conservé le bénéfice des avantages industriels, avec emploi garanti et reprise automatique au P.A.D dès la fin
du contrat ;
Que l’assurance du chantier a été souscrite par la S.D.C.A tandis que le P.A.D a continué à assurer à ses frais
le corps et le moteur de la drague ;
Que le fait pour l’ex O.N.P.C d’avoir été propriétaire de la drague a permis à cette entreprise de réaliser des
économies, toutes les dépenses nécessaires à la réalisation des travaux ayant été réalisées par la S.D.C.A, le
contrôle et la réception des prestations fournies ayant été effectués par le sieur Z CS Bu Ay, maître d’œuvre
du marché ;
Que le listing des paiements sur lequel s’appuie l’accusation ne peut être rattaché à aucun décompte de
règlement du marché 1674 et ne peut engager sa responsabilité personnelle ;
Que la somme de 2.766.964.066FCFA prévue et dépensée lors du marché n°1674 a été comptabilisée et les
états financiers y relatifs arrêtés par le Conseil d’Administration ;
Attendu que pour prouver l’effectivité des paiements indûment faits au profit de la société S.D.C.A par le
P.A.D, l’accusation s’appuie sur un listing informatique admis comme pièce à conviction sous la côte IV-a
produit par la partie civile ;
Attendu cependant que ce listing informatique présente le double défaut de ne se rattacher à aucun décompte
et de ne pas faire allusion au marché n°1674 ;
Que même le décompte dit provisoire produit par le témoin de l’accusé BU A Cd en la personne de BO Cq
admis comme pièce à conviction sous la côte XV-a n’éclaire pas davantage sur l’effectivité d’une fraude
dans la réalisation du marché du dragage intérimaire des plans d’eau au P.A.D ;
Qu’en l’absence de toute preuve de fraude et du paiement effectif subséquent de la somme de
14.227.740.660FCFA à la société S.D.C.A, il y a lieu de dire les faits reprochés à BU A non établis et de
confirmer le jugement sur ce point ;
Attendu que selon l’accusation, non seulement la preuve des démarches effectuées par cet avocat auprès du
Ministère des Finances n’est pas rapportée, mais également les sommes réclamées ne représentaient pas une
créance à recouvrer et leur paiement par ledit ministère ne nécessitait aucune intervention ;
Attendu que la défense soutient que cette approche participe d’une mauvaise lecture tant des dispositions de
l’Acte Uniforme OHADA sur les sociétés commerciales et le Groupement d’Intérêt Economique que de
celles de la loi n°90/059 du 19 décembre 1990 organisant la profession d’avocat ;
Qu’elle fait valoir : qu’il résulte de la combinaison des articles 1er et 2e de cet Acte Uniforme susvisé que les
sociétés commerciales même relevant du portefeuille de l’Etat sont soumises à ses dispositions qui sont
d’ordre public ;
Que l’article 37 du même texte prescrit : « chaque associé doit faire un apport à la société ; chaque associé
est débiteur envers la société de tout ce qu’il s’est obligé à lui apporter en numéraires ou en nature » ;
Que l’article 39 renchérit : « les dispositions du présent chapitre sont applicables aux apports réalisés au
cours de la vie sociale à l’occasion d’une augmentation de capital » ;
Que l’article 43 décide : « en cas de retard dans le versement, les sommes restants dues à la société portent
de plein droit intérêts au taux légal à compter du jour où le versement devait être effectué, sans préjudice des
dommages-intérêts s’il y a lieu » ;
Qu’i ressort clairement de l’analyse de ces textes que l’Etat actionnaire d’une société relevant de son
portefeuille qui est soumise au régime de l’OHADA et qui est débiteur d’apports en numéraires comme en
l’espèce, est soumis à un régime strict quant à la libération de la valeur de ses apports ;
Que par conséquent, la non libération de ladite valeur dans le délai raisonnable au vu de la conjoncture
économique et de la nécessité de maintenir un fonctionnement normal de la société, rend l’Etat débiteur non
seulement de la valeur nominale des apports, mais également des intérêts y relatifs ;
Qu’en outre l’article 1er de la loi n°90/059 du 19 décembre 1990 portant organisation de la profession
d’avocat énonce : « la profession d’avocat est une profession libérale qui consiste contre rémunération à : 1)
assister et représenter les parties en justice, postuler, conclure et plaider, donner des consultations juridiques ;
2) poursuivre l’exécution des décisions de justice…, engager et suivre toute procédure extra judiciaire,
recevoir les paiements et donner quittance… » ;
Qu’à ce sujet, Maître NGONGO OTTOU, avocat du P.A.D qui déclare n’avoir pas fait appel contre la
décision d’acquittement de ABESSOLO Etienne, affirme : « …L’avocat peut passer par l’arbitrage, être
médiateur pour obtenir un recouvrement… » ;
Qu’à cet effet, il a le choix des moyens ;
Attendu qu’il ressort des pièces du dossier :
Que Me ABESSOLO Etienne a participé à la rédaction des statuts du P.A.D dans le cadre de leur mise en
harmonie avec le Traité de l’OHADA et était ainsi lié à cet organisme par une convention d’assistance du 17
août 2000 ;
Que face à la carence de l’Etat qui n’a pas libéré la valeur de ses apports à la suite de l’augmentation du
capital décidée par le Conseil d’Administration du P.A.D, il a été mandaté par le Directeur Général de cet
organisme pour négocier le versement des sommes dues par l’Etat ;
Qu’en août 2004, le P.A.D a pu ainsi recouvrer du Ministre des Finances la somme de 5.500.000.000FCFA ;
Qu’après des divergences sur le montant de ses honoraires, il a été finalement rémunéré à hauteur de
188.794.955FCFA ;
Que cette rémunération a fait l’objet d’une approbation du Conseil d’Administration qui a arrêté les états
financiers sans observations sur ce chapitre ;
Qu’à ce sujet, le Tribunal de Grande Instance du Wouri affirme de manière pertinente :
« Sur l’opportunité du mandat
« Attendu que l’appréciation de l’opportunité du mandat donné par BU A Cd alors Directeur Général du
P.A.D à un avocat échappe à la compétence du tribunal dont la mission est de chercher à déterminer si
comme le prétend l’accusation, BU A Cd et ABESSOLO Etienne ont, par des manœuvres frauduleuses,
détourné la somme de 188.794.955FCFA ou non ;
« Sur l’exécution du mandat
« Attendu que l’article 1 alinéa 2 de la loi n°90/059 du 19 décembre 1990 organisant la profession d’avocat
dispose que la profession d’avocat est une profession libérale qui consiste, contre rémunération, à poursuivre
l’exécution des décisions de justice notamment, engager et poursuivre toute procédure même extra-
judiciaire, recevoir les paiements et donner quittance accomplir aux lieu et place d’une des parties des actes
de procédure ;
« Attendu qu’il n’est pas contesté en l’espèce que Maître ABESSOLO Etienne est le conseil de l’O.N.P.C
puis du P.A.D depuis l’année 1998 ;
« Que la mission de recouvrement qui lui a été confiée l’a été pendant la période de cette collaboration ;
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09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
« Que l’avocat, investi d’une mission de recouvrement extra-judiciaire est libre dans le choix des moyens
conduisant à la réussite de celle-ci ;
« Que l’accusation n’a pas établi l’ineffectivité des démarches d’ABESSOLO Etienne auprès du MINEFIB
pour obtenir le déblocage des fonds destinés à la recapitalisation du P.A.D ;
« Qu’il n’existe par conséquent aucune manœuvre frauduleuse ayant permis à BU A Cd et ABESSOLO
Etienne de détourner ensemble et de concert la somme de 188.794.955FCFA au préjudice du P.A.D ;
« Que dès lors, l’infraction qui leur est reprochée n’étant pas constituée, il convient de les déclarer non
coupables et de les acquitter » ;
Attendu qu’il convient de confirmer cette décision par adoption de ses motifs pertinents;
Qu’il y a donc lieu, contrairement aux appréciations des premiers juges, de déclarer les co-accusés non
coupables du crime de détournement de la somme 500.000.000FCFA et de les acquitter pour faits non établis
;
C/- Sur les avances de paiement sans contrat :
Attendu que les commissaires aux comptes du P.A.D dans leur rapport sur l’examen des états financiers de
l’exercice clos au 31 décembre 2001 ont relevé l’existence des avances payées aux fournisseurs groupe BJ
SA et Ag Bm apparemment sans liens avec les contrats en cours d’exécution ou les immobilisations déjà
réalisées, si bien que l’accusation a alors considéré ces avances de 1.054.000.000FCFA et 222.000.000F
comme des paiements indus effectués par BU A Cd ;
Attendu qu’elle a donc soutenu à travers la déposition de son témoin Ad B que s’agissant du groupe BJ, BU
A agissant es qualité de Directeur Général du P.A.D a contracté auprès de la Caisse Commune d’Epargne et
d’Investissement devenue Ci Bw Ct, un prêt de 1.000.000.000FCFA qui a été utilisé pour honorer des
échéances des traites émises au profit dudit groupe pour un montant global 1.054.465.734FCFA ;
Que même s’il s’agissait des traites émises au cours de la gestion de son prédécesseur, les paiements
effectués par BU A n’ont pas été précédés de la vérification de l’effectivité des prestations fournies dont ces
règlements étaient la contrepartie ;
Qu’elle a ajouté que BU A Cd avait pourtant demandé au groupe BJ les justificatifs desdites prestations et
sollicité un rapprochement d’écritures comptables ;
Que par lettre du 17 mai 2004, le représentant de cette entreprise lui avait répondu qu’il ne disposait pas
d’éléments pour un pointage contradictoire des comptes ;
Qu’elle en conclut que cet accusé a procédé à un règlement de prestations dont les justificatifs sont encore
attendus au jour du jugement ;
Attendu s’agissant du fournisseur Ag Bm que le témoin Ad B de l’accusation a expliqué que des avances
jugées irrégulières ont été effectuées pendant les exercices 2003, 2004 et 2005, alors qu’il n’existait aucun
contrat liant le P.A.D à ce fournisseur en 2005 ;
Qu’il avait posé le problème au service de la comptabilité qui n’a pu produire les pièces justificatives de ces
paiements, ni les contrats avec Ag Bm, ni les documents se rapportant à ces avances de paiement sans contrat
figurant aux annexes du rapport des experts commis lors de l’information judiciaire dont les pièces sont en
côte II ;
Attendu que BU A Cd a soutenu qu’il a pris ses fonctions de Directeur Général de l’ONPC le 16 mars 1998
après l’émission et l’acceptation des traites au profit groupe BJ par l’ex Directeur Général de l’ONPC et,
pour la continuité du service, il devait honorer les engagements pris sous la gestion de son prédécesseur
parmi lesquels un ensemble de lettres de change ;
Que sa responsabilité ne peut être engagée quant aux conditions de leur création ou de leur régularité, celles-
ci étant déjà aux mains du porteur ;
Que les obligations légales du tireur prévues aux articles 115 et 116 du Code de Commerce incombaient à
l’ex ONPC, bien avant sa nomination et qu’il n’a fait qu’honorer leur paiement à l’échéance indiquée ;
Qu’il n’a sollicité un prêt 1.000.000.000FCFA que pour couvrir le découvert de 600.000.000FCFA causé par
le paiement des traites déjà échues et honorer les trois autres qui étaient en attente de paiement et dont les
échéances initiales étaient fixées aux 29 mai 1998, 30 juillet 1998 et 30 août 1998 ;
Que les frais occasionnés par le découvert étant plus élevés que les intérêts d’un crédit à court terme, cette
opération s’est avérée salutaire pour le P.A.D ;
Que pour ce qui est de Ag Bm, il a expliqué que selon les dispositions de l’article 9 de la loi du 24 décembre
1998 portant organisation du secteur portuaire, le P.A.D est chargé du pilotage des bateaux de commerce lors
de leur entrée et sortie du Port de Cb sur un trajet de 25 Km à l’aide de petits navires appelés pilotines ;
Que pour remplacer un matériel vétuste, deux pilotines ont été commandées au chantier naval hollandais
sous les noms de baptême « An et Gazelle » ;
Que les Inspecteurs d’Etat s’étant rendus en Hollande en septembre 2003 pour une vérification, ont pu se
rendre compte de l’effectivité des prestations fournies par ce constructeur et des paiements effectués à cet
effet ;
Qu’il est étonné de voir les mêmes fonctionnaires devenus experts judiciaires et s’inspirant des états
financiers du P.A.D, affirmer exactement le contraire à savoir que les avances faites au constructeur naval Ag
Bm ne sont rattachées à aucun contrat en cours et sont de ce fait irrégulières ;
Attendu qu’il est constant que des paiements au groupe BJ du montant 1.054.000.000FCFA ont été effectués
après la prise de fonctions de BU A Cd ;
Que l’examen des documents ainsi produits révèle que les traites du groupe BJ qui sont de la monnaie de
paiement en matière cambiaire, ont été émises et acceptées par l’ONPC, dirigée par feu AL AO bien avant la
nomination de BU A intervenue le 10 mars 1998 ;
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Que s’il est certain que par lettre n°004/DP/DG/ONPC du 09 octobre 1998 (côte IV-a), l’accusé BU A Cd a
sollicité et obtenu un crédit à court terme de la banque nommée Caisse Commune d’Epargne et
d’Investissement, il y a lieu de remarquer que selon les termes de ce courrier, cette somme d’argent a été
sollicitée pour combler le découvert de 600.000.000FCFA causé par l’escompte de quelques traites et pour
honorer le paiement de celles arrivées à échéance ;
Qu’or, la traite ou lettre de change est un titre par lequel une personne appelée tireur donne l’ordre à un de
ses débiteurs de payer une certaine somme à une date certaine à une troisième personne appelée bénéficiaire
ou porteur ou à son ordre ;
Que cet instrument de paiement intervient quand il n’y a pas de contestation sur la créance à régler, si bien
que c’est avant l’émission des lettres de change que devait être constatée l’effectivité des prestations que leur
provision est censée rémunérer et l’existence des justificatifs de paiement devant précéder nécessairement la
création des lettres de change par l’ONPC au profit du groupe BJ, l’article 115 du Code de Commerce
disposant que le tireur est garant de l’acceptation et du paiement et l’article 116 que la provision doit être
faite par le tireur… et que l’acceptation suppose la provision ;
Que par conséquent, l’ONPC qui a elle-même émis des traites ne peut s’opposer au paiement desdits effets
par la banque au profit du groupe BJ le bénéficiaire ;
Que si un problème d’effectivité des prestations fournies par le groupe BJ à l’ONPC ou d’existence de
support des traites en circulation devait être posé, il ne peut valablement engager la responsabilité de l’accusé
BU A qui a été nommé à l’ex ONPC bien après leur émission, puis leur acceptation par le bénéficiaire et la
banque ;
Qu’il y a donc lieu de déclarer le détournement de deniers publics fondé sur des avances de paiement
effectuées de manière indue au profit du groupe BJ non établi à l’égard de l’accusé BU A et de l’en acquitter
;
Attendu au demeurant qu’il ressort des pièces notamment du rapport de la mission du Contrôle Supérieur de
l’Etat que la livraison des pilotines « Gazelle et An » par le chantier naval hollandais Ag Bm est faite en
exécution des marchés n°452/98-99/DG/ONPC pour un montant de 567.687.451F et
n°309/DG/PAD/CPNI/2003 pour un montant de 588.970.360FCFA (côte I (EP) rapport de mission du
Contrôle Supérieur de l’Etat) moyennant paiement par le mécanisme du crédit documentaire ;
Que Ad B, témoin de l’accusation lors de sa cross examination par les conseils de l’accusé BU A a déclaré
qu’il avait constaté lors de l’examen de certains relevés bancaires que les commissions bancaires rattachées
aux opérations de paiement à Ag Bm ont été payées en 03 temps soit les 27 janvier 2000, 03 octobre 2000 et
15 mai 2001 pour les montants respectifs de 36.414.872FCFA, 95.142.068FCFA et 95.402.309F, soit au total
226.959.249FCFA ;
Que par ailleurs, il ressort des conclusions du rapport de la mission du Contrôle Supérieur de l’Etat (côte I,
Enquête préliminaire) que les inspecteurs d’Etat, membres de cette mission s’étaient rendus à Ao pour
vérifier l’effectivité des prestations de Ag Bm et du paiement des décomptes de 144.939,74 Euros et
150.782,26 Euros, soit 95.742.037FCFA et 98.906.779FCFA ainsi que l’existence d’un reliquat qui serait
débloqué en 03 temps, après des essais maritimes à Ao, de classification et de la certification des pilotines
par le bureau d’études Véritas et de livraison au Port de Cb ;
Qu’au surplus, la deuxième pilotine baptisée « Gazelle » qui a été commandée par le marché
n°309/CR/PAD/CP/2003 n’a été définitivement réceptionnée qu’après l’année 2004 ; qu’il ne peut être
soutenu que la somme de 222.000.000FCFA payée à Ag Bm au cours de cette période constitue des avances
de paiement sans contrat, le paiement de ces acomptes et des frais bancaires intervenus au cours de cette
période ayant été relevés dans le rapport du commissaire aux comptes par l’exercice 2004 (côte II
information judiciaire SC 70/13) ;
Qu’il y a lieu de déclarer l’infraction de détournement de deniers publics sur la base des avances de paiement
sans contrat qualifiés de paiements indus non établie et d’en acquitter BU A Cd pour faits non établis ;
Sur la prise d’intérêt :
Attendu qu’il est reproché à A AH d’avoir, dans le temps légal des poursuites, directement ou indirectement,
pris ou reçu un intérêt dans les actes ou adjudications dont il avait la surveillance, le contrôle,
l’administration, délit prévu et réprimé par les articles 74 et 135 du Code Pénal ;
Attendu qu’au soutien de l’accusation, le Ministère Public expose que A AH, cadre en service au P.A.D, a été
l’ingénieur du marché de la modernisation du terminal à conteneurs conclu entre le P.A.D et la société
MITSUI Co LTD ;
Qu’à ce titre, il a été chargé du contrôle de l’exécution dudit marché exécuté par MITSUI Co LTD ;
Que la société GETRAS Sarl dont A AH est le propriétaire a bénéficié, de par la société RAZEL, sous
traitante de MITSUI Co LTD, de la construction de trois bâtiments pour l’installation des chantiers et de la
pose des pavés autobloquants par le biais de deux contrats signés les 04 mai et 20 novembre 2007.
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Que ces travaux ont été effectués pour la somme totale de 143.936.200FCFA qui a été payée à GETRAS Sarl
;
Que de même, A AH a demandé avec succès au groupement d’intérêt économique SEAMAR/CADEK à qui
a été attribué le marché pour la maîtrise d’œuvre des travaux de réhabilitation de divers ouvrages d’accostage
et de terre plein au P.A.D, de confier le mesurage de la résistivité résiduelle des eaux du Wouri suite à la
protection catholique par anode sacrificielle à la même société GETRAS Sarl , ce qui a été fait par contrat
daté du 30 avril 2004 ;
Que les factures relatives à ce marché d’un montant global de 57.207.080F ont été réglées à GETRAS Sarl ;
Attendu que la société RAZEL, sous-traitant de MITSUI Co LTD a livré ses travaux à MITSUI Co LTD le
02/08/2002 ainsi qu’il ressort du dossier de la procédure et notamment de l’audition du sieur BR Ba Luc,
Directeur Administratif de RAZEL ;
Que ce responsable a signalé que les travaux confiés à GETRAS Sarl en mai 2000 pour la construction des
bâtiments et en novembre 2000 pour la pose des pavés ont été réceptionnés respectivement en juillet 2000 et
juin 2001 ;
Attendu que le premier acte de poursuite dirigé contre A AH est l’ordonnance de soit informé supplétive
prise le 27 juillet 2006 ;
Mais attendu que le dernier acte relatif à ce marché portant sur la construction de bâtiments et pavés
autobloquants et sa réception datent de juin 2001 ;
Qu’entre cette période et le 27 juillet 2006, il s’est écoulé plus de trois années pendant lesquelles aucun acte
de poursuite n’a été posé ;
Que ces faits qui ont un caractère délictuel ont été couverts par la prescription triennale ;
Qu’en conséquence, l’action publique est éteinte en raison de la prescription ;
Attendu s’agissant du marché passé entre SEAMAR/CADEK et GETRAS Sarl qu’il résulte des débats à
l’audience du Tribunal et notamment de l’audition du nommé AP At, témoin de l’accusation, promoteur du
cabinet CADEK, qui est l’une des composantes du groupement SEAMAR/CADEK, que ledit groupement a
confié la marché litigieux à GETRAS Sarl, les prestations de GETRAS étant pour l’usage personnel et privé
de SEAMAR/CADEK ;
Que lesdites prestations n’étaient pas liées au marché que SEAMAR/CADEK exécutait en tant que sous-
traitant dans le cadre du marché global de la modernisation du terminal à conteneur du P.A.D ;
Attendu que l’accusation n’a pas rapporté la preuve que les travaux effectués par GETRAS Sarl pour le
compte du groupement SEAMAR/CADEK entraient dans le cadre du marché de modernisation du terminal à
conteneur dont A AH assurait le contrôle ;
Qu’il n’est donc pas établi que A AH, promoteur de GETRAS Sarl a pris ou reçu un intérêt dans ledit marché
à travers le contrat liant GETRAS Sarl au groupement SEAMAR/CADEK ;
Que les faits qui lui sont reprochés dans ce volet de l’accusation ne sont par conséquent pas établis ;
Qu’il y a lieu, en confirmant le jugement sur ce point, de le déclarer non coupable et de l’en acquitter pour
faits non établis ;
Sur l’escroquerie foncière
Attendu qu’BY Ai Aw a été renvoyé devant le Tribunal de Grande Instance du Wouri pour répondre du délit
d’escroquerie foncière ;
Attendu à ce sujet que l’accusation expose à travers leur témoin Ad B qu’en janvier 2005, la société
MAERSK Cameroun a conclu avec la Communauté Urbaine de Cb (C.U.D) représentée par son Délégué du
Gouvernement, le nommé BY AG Ai Aw, un bail emphytéotique d’une durée de trente (30) ans portant sur
un terrain d’une superficie de 20.000 m² situé en zone portuaire moyennant le paiement d’une redevance
s’élevant à 300.000.000F ;
Qu’à cet effet, un chèque du montant sus-évoqué a été libellé au profit du bureau d’études GERTAU
appartenant à BP Cy, qui officiait à l’époque dans la ville de Cb comme Commandant du Groupement du
Génie Militaire ;
Que BY AG Ai n’ayant pas produit la preuve que le terrain en question appartient à la C.U.D pour laquelle il
prétend avoir agi, n’avait pas qualité pour donner à bail l’immeuble concerné ;
Que le contrat de bail emphytéotique a été reçu en dépôt à l’étude de Maître SILIKI JESSI MOUSSINGA
Jacqueline alors qu’il aurait dû être confectionné sous la forme authentique et comporté l’identification
exacte de l’immeuble à savoir le numéro du titre foncier, les limites du terrain, l’origine de la propriété, le
coût des constructions, étant entendu qu’il devait être transcrit à la conservation foncière, sa durée étant
supérieure à 10 années ;
Que pour tenter de justifier cette usurpation, celui-ci fait une confusion volontaire entre la gare routière qui
est une activité et l’immeuble sur lequel celle s’exerce ;
Que la convention de bail emphytéotique du 06 janvier 2005 mentionne dans son préambule que ce bail est
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09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
passé entre la C.U.D, propriétaire du site représenté par son Délégué du Gouvernement ;
Que pourtant, l’article 1er de la même convention désigne au contraire l’Etat du Cameroun comme bailleur
représenté par le Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Cb ;
Que toutes ces irrégularités témoignent de la mauvaise foi d’BY AG Ai, lequel, de par ses fonctions
cumulatives de Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Cb et de Président du
Conseil d’Administration du P.A.D, était la personne la mieux placée pour savoir à qui appartenait le site
litigieux ;
Que la destination donnée aux fonds reçus n’a aucune influence sur l’existence du délit qui lui est reproché ;
Attendu que pour sa défense, BY AG Ai Aw a fait valoir que depuis 30 ans, deux démembrements de l’Etat à
savoir la Communauté Urbaine de Cb (C.U.D) et le P.A.D revendiquaient le contrôle d’une bande de terrain
portuaire de 20.000 m² abritant la gare routière CEMAC ;
Que malgré le fait qu’elle ne dispose pas d’un titre foncier sur ledit terrain, la C.U.D dont il était le Délégué
du Gouvernement a passé avec la société MAERSK SA le 14 janvier 2005 un protocole d’accord portant sur
un bail pour une durée de trente (30) ans moyennant paiement de la somme de 300.000.000FCFA ;
Que cette convention a permis de respecter les engagements internationaux du Cameroun et de sécuriser le
centre administratif de la ville de Cb, la gare routière CEMAC étant devenue une véritable poche de
banditisme au voisinage immédiat des services administratifs de la ville ;
Que les fonds versés directement au cabinet GERTAU pour une gestion plus facile et rapide de la transaction,
ont servi à l’achat et à l’aménagement d’un terrain de 03 hectares situé au lieu dit YASSA où la Communauté
Urbaine de Cb a transféré la gare routière CEMAC ;
Que la somme versée a été entièrement absorbée par les réalisations effectuées qui ont finalement coûtées
372.000.000F ;
Attendu qu’en vertu de l’article 8 de l’ordonnance n°74/1 du 06 juillet 1974 fixant le régime foncier, sont
nulles de plein droit les cessions et locations de terrains urbains ou ruraux non immatriculés au nom du
vendeur ou du bailleur et les vendeurs et bailleurs auteurs desdits actes sont passibles d’une amende de
25.000FCFA à 100.000FCFA et d’un emprisonnement de 15 jours à trois (03) ans ou de l’une de ces deux
peines seulement ;
Attendu ainsi qu’en faisant louer un terrain non immatriculé au nom de la C.U.D à un tiers, BY AG Ai alors
Délégué du Gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de Cb qui n’en était pas possesseur car ne
gérant que la gare routière se trouvant sur ledit terrain a violé les dispositions de l’article 8 de l’ordonnance
n°74/1 du 06 juillet 1974 fixant le régime foncier ;
Mais attendu que la mise de la totalité des fonds provenant des loyers à la disposition d’un entrepreneur pour
la réalisation des travaux de la gare CEMAC traduit l’absence de volonté de cet accusé de s’approprier le
montant de 300.000.000FCFA ;
Que par ailleurs, le fait que la gare routière CEMAC qui occupait l’immeuble litigieux aété effectivement
déplacée témoigne de ce que ces fonds ont été utilisés pour la réalisation d’une mission d’intérêt public ;
Qu’enfin, le P.A.D ne prouve pas non plus par un titre foncier sa qualité de propriétaire dudit terrain au
moment de la commission des faits ;
Que dès lors, en l’absence de l’élément intentionnel, le délit d’escroquerie foncière mis à la charge d’BY AG
n’est pas constitué ;
Qu’il y a lieu de l’en déclarer non coupable et de le relaxer ;
Attendu en ce qui concerne la répression qu’il y a lieu de confirmer le jugement entrepris en ce qu’il a
accordé des circonstances atténuantes à BU A Cd et A AH Bs Marie en leur qualité de délinquants primaires
et de les condamner conformément à la loi ;
Attendu en ce qui concerne les confiscations ordonnées à l’égard de BU A Cd que selon l’article 35 du Code
Pénal :
« (1) En cas de condamnation pour crime ou délit, le Tribunal ou la Cour peut ordonner la confiscation de
tous biens meubles ou immeubles appartenant au condamné et saisis, lorsque ceux-ci ont servi d’instrument
pour commettre l’infraction ou qu’ils en sont le produit ;
« (2) En matière de contravention, cette confiscation ne peut être ordonnée que dans les cas déterminés par la
loi » ;
Attendu que l’accusation n’a pas pu prouver que l’immeuble bâti sis à AU Bl lieu dit ETOUG-EBE est le
fruit du détournement reproché à BU A Cd ;
Qu’il convient d’en ordonner la restitution ;
Sur les intérêts civils
Attendu que le Port Autonome de Cb (P.A.D) par l’organe de ses conseils, s’est constitué partie civile et a
demandé que lui soit allouée à titre de dommages intérêts la somme de 65.000.000.000FCFA ;
Que cette constitution de partie civile est recevable en la forme ;
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09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
1) En ce qui concerne le détournement de deniers publics d’un montant de quatre cents millions
(400.000.000) de FCFA au titre de la prime de bonne fin,
déclare BY AG Ai Aw non coupable ;
L’acquitte pour faits non établis ;
Déclare par contre BU A Cd coupable de détournement de deniers publics de la somme de trois cent
soixante-cinq millions (365.000.000) de FCFA, crime prévu et réprimé pat les articles 74 et 184 du Code
Pénal ;
Ordonne en outre qu’il sera imprimé et transmis pour être transcrit sur les registres du greffe et du parquet
général de la Cour d’Appel du Littoral ;
Ainsi jugé et prononcé par la Cour Suprême, Section Spécialisée, en son audience publique ordinaire du
vingt-neuf avril deux mille quatorze en la salle des audiences de la Cour où siégeaient :
En foi de quoi le présent arrêt a été signé par le Président, les Membres et le Greffier ;
Origine de la décision
Pays : Cameroun
Juridiction : Cour suprême
Date de la décision : 29/04/2014
Date de l'import : 22/11/2019
Interview de JP Jean secrétaire général de l’AHJUCAF dans « Le Monde du droit » sur l’accès à la
jurisprudence francophone.
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09/10/2020 Cameroun, Cour suprême, 29 avril 2014, 005/SSP/CS
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