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UNIVERSITÉ DE MONASTIR

Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de la Santé de Monastir

Dr Hajer RHIM
AHU en Microbiologie
CHU F. Bourguiba de Monastir
15/02/2020
Introduction

 Les antibiotiques : la révolution médicale du 20ème siècle

 L’antibiorésistance : le revers de la médaille

 Utilisation massive et répétée des antibiotiques

→ apparition de bactéries résistantes

→ impasses thérapeutiques
Introduction
Introduction
 Pour limiter l’extension de l’antibiorésistance :

- Connaître les mécanismes d’action des antibiotiques

- Leurs spectres antibactériens

- Les mécanismes biochimiques

ET

le support génétique de la résistance


Rappel
Définition d’un antibiotique

 Substance chimique
- d’origine biologique
- synthétique
- ou mixte

 Agit spécifiquement sur une étape essentielle du


métabolisme bactérien

Altérer la croissance d’un micro-organisme ou le détruire
ATB bactériostatique / bactéricide

 Antibiotique bactériostatique :
Altération (ralentissement voir arrêt) de la
croissance de la bactérie

 Antibiotique bactéricide :
Détruit la bactérie : mortalité bactérienne
Spectre d’activité d’un ATB

Ensemble des espèces bactériennes sur lesquelles il


est susceptible d’agir :

 ATB à large spectre :


action sur la majorité des espèces Gram (+) et (-)

 ATB à spectre étroit :


action plus limitée : Gram (+) ou Gram (-)

 ATB à spectre très étroit :


action sur une espèce bactérienne
Objectif 1:
Les types de résistance

 Résistance naturelle

 Résistance acquise
Résistance naturelle

 Caractéristique de l’ensemble des souches


d’une espèce ou d’un genre

Support génétique : le chromosome


 toujours transmissible à la descendance

 Contribue à définir le spectre d’activité d’un


antibiotique

 Responsable du phénotype «sauvage»


Résistance naturelle
Résistance acquise

 intéresse un % variable des souches d’une


même espèce habituellement sensible

 Evolutive en fonction
- temps
- localisation (région, hôpital, service)
- utilisation d’ATB : souvent en relation avec la
pression de sélection+++ des ATB utilisés
Pression de sélection des
antibiotiques
Résistance acquise
 intéresse un % variable des souches d’une même espèce
habituellement sensible.

 Evolutive en fonction
- temps
- localisation (région, hôpital, service)
- utilisation d’ATB: souvent en relation avec la pression de
sélection+++ des ATB utilisés

 ≃ toutes les espèces pathogènes pour l’homme

 tous les antibiotiques

 « phénotype de résistance »
Objectif 2:
Déterminisme génétique de la résistance
Conséquences thérapeutiques
Le support génétique de la résistance

 Résistance naturelle : chromosomique


programmée dans le génome bactérien

 Résistance acquise :

 Chromosomique : mutation

 extra-chromosomique : acquisition de gènes


Résistance par mutation chromosomique

Mutation au niveau du chromosome bactérien



Modification ou perte d’un gène

- Modification de la cible : ++++

- Modification de la perméabilité
Résistance par mutation chromosomique

Rareté : 10-5 à 10-12 (10-7 à 10-8 +++)

Spécificité : un ATB ou une famille d’ATB

Indépendance : probabilité de 2 mutations =


produit des probabilités individuelles de ces mutations

Spontanéité : non induite par l’ATB

Stabilité : transmission à la descendance


Conséquences thérapeutiques

 10 à 20 % des résistances cliniques acquises

 Le risque de mutation  si population abondante

 certains ATB : Fosfomycine Quinolones

Rifampicine A Fusidique

L’usage des ATB → sélection des souches résistantes

 Parade = association d’ATB


Résistance extra-chromosomique

plasmide ou transposon

- Inactivant l’ATB +++

-  la C° intracellulaire de l’ATB ++

- Modification ou substitution de la cible de l’ATB


Conséquences thérapeutiques
 80 à 90% des résistances cliniques acquises

 Toutes les espèces bactériennes

 La plupart des ATB sauf: rifampicine, polypeptides, Furanes

 Transfert de plasmide selon un mode épidémique

 Directement liée à l’utilisation de l’ATB

(ATB à spectre large, milieu hospitalier)

 Sélection de bactéries multirésistantes par un

seul des antibiotiques concernés

 Prévention: ATB à spectre étroit


Objectif 3:
Principaux mécanismes
biochimiques de la résistance
Rappel
Mécanismes d’action des antibiotiques
polymyxines
Impératifs d’action d’un ATB
 parvenir au contact de la bactérie

 pénétrer dans la bactérie (traverser les obstacles)

 n'y être ni détruit, ni modifié

 trouver la cible moléculaire (affinité)

 se maintenir au contact de la cible à


concentration suffisante

 perturber la physiologie bactérienne


Etapes d’action d’un ATB / Mécanismes de résistance

 Traverser la paroi  Imperméabilité

 Garder  inactivation enzymatique


une structure intacte et (la bactérie synthétise une
une concentration suffisante enzyme qui hydrolyse ou
(ni modifié ni détruit) modifie l’ATB) / efflux

 Se fixer à la cible  modification de la cible


(protéger ou modifier la cible)
Mécanismes fondamentaux de
la résistance aux ATB
 Inactivation enzymatique de l’ATB +++ :
destruction ou modification de sa structure

 Altération de la cible de l’ATB


Modification, dégradation, substitution

 Absence de pénétration de l’ATB:


Imperméabilité
diminution perméabilité (paroi, porines)

 Sortie excessive de l’ATB (efflux)


Objectif 3-A:
Résistance aux bétalactamines
Bétalactamines

1. Production de béta-lactamase++

2. Modification des PLP

3. Imperméabilité

4. Efflux
Production de bétalactamase

 plasmidique
 très fréquente
 plusieurs centaines d’enzymes
 hydrolyse le cycle bétalactame
 BGN : espace périplasmique
 BGP : excrétée à l’extérieur
 pénicillinase
céphalosporinase
Modification des PLP
 Bactéries à Gram positif +++

 Mutation +++

 Apparition d’une nouvelle PLP


de très faible affinité pour l’ATB
(méticilline et stapylocoques)

 Modification d’une PLP essentielle


 réduction de son activité
(pénicillines et pneumocoque)

  de synthèse d’une PLP essentielle


non saturable (que par des qté  d’ATB)
Imperméabilité

 Bactéries à Gram négatif

 Modification d’une porine


(disparition de la porine D2
spécifique de Pseudomonas)

 possible Résistance croisée


(plusieurs familles d’ATB)
Résistance par efflux

• Pseudomonas aeruginosa

• Mutation des gènes régulateurs

→ surexpression de 3 systèmes
→ résistance de bas niveau aux
bétalactamines efficaces
Bétalactamines
Objectif 3-B:
Résistance aux aminosides
Aminosides

 Inactivation enzymatique +++

 Altération de la cible

 Défaut de transport (imperméabilité)


Inactivation enzymatique
 gènes plasmidiques (potentiel épidémique)

 3 classes en fonction de la réaction catalysée:


acétylase, phosphorylase, adénylase

  l’ATB est modifié


 son transport à travers la MP est inhibé

 Plusieurs enzymes peuvent coexister dans une même


souche bactérienne

 Une seule enzyme peut inactiver plusieurs antibiotiques


Altération de la cible

 Mutation chromosomique

  De l’affinité du ribosome pour l’aminoside

 Pas de Résistance croisée entre les différents


aminosides

 streptomycine +++
Défaut de transport

 Mutations
→ altération de la diffusion passive (porines) ou
du transport actif au niveau de la MC

 Pseudomonas aeruginosa+++

 Résistance croisée à tous les aminosides


Objectif 3-C:
Résistance aux macrolides,
lincosamides, streptogramines
et kétolides (MLSK)
Résistance aux MLSK

 3 modes de résistance acquise :


(Acquisition de gènes)

- Modification de la cible +++


- Résistance enzymatique
- Efflux
Modification de la cible

 Modification de l’ARN ribosomal (méthylase)

   de l’affinité des MLSK pour le ribosome

 Résistance croisée aux MLSB et kétolides


(association streptogramine A et B reste synergique)
Résistance enzymatique:

 lincomycine
 streptogramine A

Efflux:

 macrolides et kétolides
Objectif 3-D:
Mécanismes de résistance aux
quinolones
Quinolones

 Résistance chromosomique

- Alteration de La cible +++

- de la concentration intra-cytoplasmique

 Résistance à transmission plasmidique


Altération de la cible

Mutation des gènes codant pour La topo-

isomérase IV et l’ADN gyrase

 Résistance à toutes les quinolones

(variable selon les molécules)


 concentration intra-cytoplasmique

 Diminution de la pénétration de la paroi

 Efflux important

 les quinolones les plus hydrophiles +++

 Résistance croisée à d’autres antibiotiques


(mêmes voies de pénétration)
Résistance plasmidique

 protéine (QNR)

  entre en compétition avec les


quinolones pour l’accessibilité de la cible
Objectif 4 :
Etude de l’activité
antibactérienne des
antibiotiques
Croissance des bactéries en
milieu liquide non renouvelé
Croissance des bactéries en
milieu liquide non renouvelé en
présence d’ATB
Effets des ATB sur la
croissance bactérienne

La bactériostase= ralentissement /arrêt de la croissance


Objectif 4:
 Concentration minimale inhibitrice (CMI):
la plus faible concentration d’ATB capable d’inhiber toute
croissance visible de la bactérie.

→ Bactérie sensible =
CMI de l’ATB <Concentrations humorales (si ttt à doses usuelles)

→ Bactérie résistante =
CMI de l’ATB > Concentrations humorales (sans doses toxiques)

→ Sensibilité intermédiaire =
CMI située entre les 2 extrêmes. Zone d’incertitude
Effets des ATB sur la
croissance bactérienne

La bactéricidie = mortalité bactérienne


Objectif 4:
 Concentration minimale bactéricide (CMB):
la plus faible concentration d’ATB qui ne laisse survivre
après un contact de 24 h q’un Nbre < 0,01 % de
l’inoculum de départ.

→ ATB bactéricide : CMI proche de CMB


(bêta-lactamines, aminosides et polymixines)

→ ATB bactériostatiques : CMB >> CMI


 La tolérance : résistance à l’action bactéricide alors que
le pouvoir bactériostatique est non/peu touché
- CMB/CMI > 32
- antibiotique actif sur la paroi bactérienne
(ex: bétalalactamines) +++
- bactéries à Gram(+) +++

 Selon la vitesse de bactéricidie:


- Effet bactéricide temps-dépendant
(Bétalactamines, Glycopeptides)
- Effet bactéricide dose-dépendant
(Aminosides, Fluoroquinolones)
 Effet rebond: instabilité de l’ATB in vitro,
hétérogénéité des bactéries, induction enzymatique

 Effet post-antibiotique: ATB continue à agir après son


arrêt (aminosides: effet plus long)
Méthodes d’étude de la
sensibilité des germes aux
antibiotiques
Détermination de la CMI

 Méthode par dilution en milieu liquide

 Méthode par dilution en milieu solide

 Méthode par diffusion en milieu solide


(antibiogramme – méthode des disques)

 Méthode du E-test
Détermination de la CMI

Méthode par dilution en milieu liquide:


Détermination de la CMI

Méthode par dilution en milieu solide:


Détermination de la CMI

Méthode par diffusion en milieu solide


(antibiogramme – méthode des disques)
Détermination de la CMI

Méthode du E-Test:
Détermination de la CMB
évaluation
La résistance naturelle

A- Est variable en fonction du temps

B- Est d’origine plasmidique

C- Est présente chez toutes les souches de la même espèce

D- Est transmissible à la descendance de façon stable

E- Permet de définir le spectre d’activité d’un ATB

Rép CDE
La résistance par acquisition de gènes mobiles est

A- Un phénomène rare

B- Transmise à la descendance de façon stable

C- Est favorisée par l’administration d’ATB à large spectre

D- Est transférable à d’autres bactéries

E- Les quinolones, fosfomycine, rifampicine et A Fusidique


sont les ATB les plus concernés

Rép: CD
Pour chaque famille d’ATB (désignée par une lettre)
choisir le mécanisme de résistance le plus fréquent
(désigné par un chiffre):

A- Bétalactamines
B- Aminosides
C- Quinolones
D- Macrolides

1- Inactivation enzymatique
2- Résistance par efflux
3- Modification de la cible
4- Impérméabilité
A- Bétalactamines : 1-Inactivation enzymatique

B- Aminosides: 1- Inactivation enzymatique

C- Quinolones: 3- Modification de la cible

D- Macrolides: 3- Modification de la cible


La résistance des bactéries aux bêta-lactamines:

A- Existe chez les bactéries à Gram positif et négatif.

B- est due uniquement à la production de bétalactamases.

C- Le support génétique est chromosomique ou


plasmidique.

D- concerne les céphalosporines uniquement.

E- Est toujours restaurée par l’association à un inhibiteur


de bétalactamase (ex : l'acide clavulanique)
Rép AC
La résistance acquise aux aminosides :

A- A la plupart du temps un support chromosomique

B- Est dite de « bas niveau » chez les germes anaérobies stricts

C- Est le plus souvent la conséquence d’une sécrétion d'enzymes


inactivatrices

D- Les enzymes modifient l’antibiotique afin d’inhiber son


transport à travers la membrane plasmique

E- Une même enzyme peut inactiver plusieurs antibiotiques.

Rép CDE
MERCI

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