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Fonction endocrine du placenta

Le placenta des Mammifères peut être considéré comme une volumineuse glande
endocrine produisant des hormones stéroïdes et des hormones protéiques.

Les hormones stéroïdes placentaires


La progestérone (P4) joue un rôle essentiel dans l’établissement de la gestation. Elle est
nécessaire au cours de la grossesse au maintien d’un état quiescent du myomètre.
Au début de la gestation, la P4 est sécrétée par le corps jaune qui chez certaines
espèces est indispensable pendant toute la durée de la gestation comme la truie, la
chienne et la rate. Chez d’autres espèces, le placenta prend le relais du corps jaune
pour la sécrétion de P4 à partir d’un stade variable en fonction des espèces et qui
correspond au stade à partir duquel l’ovariectomie n’entraîne plus un avortement. Ce
relais peut être assuré précocement (macaque : 21 ème jour) ou tout à fait à la fin de la
gestation (vache).
Le taux de P4 sécrétée par le placenta varie largement selon les espèces.
Chez la femme, la progestéronémie est élevée (50-200 ng/ml) alors qu’elle est
beaucoup plus faible chez la brebis (5-10 ng/ml). Chez cette espèce, l’importance du
placenta est reflétée par l’augmentation des taux plasmatiques de P4 à partir du 50ème
jour de gestation. Chez les carnivores, le placenta ne sécrète pas de P4, excepté celui
de la chatte en fin de gestation.
Chez la femme, jusqu’à la 8-10ème semaine à partir des dernières règles, la P4 sérique
provient essentiellement du corps jaune gravidique. La normalité de la sécrétion de P4
peut être estimée par dosage de cette dernière dans le sang ou dans l’urine ou par
dosage de son principal métabolite, le prégnandiol. Le taux de P4 d’environ 10 ng/ml en
phase lutéale, croît lentement en début de grossesse. Entre les 8-12 ème semaines, la
valeur moyenne est d’environ 25 ng/ml. Des taux anormalement faibles (2-8 ng/ml)
correspondent le plus souvent à des avortements imminents. Au cours des 2-3 ème
trimestres de grossesse, le taux de P4 plasmatique n’est plus un bon critère de
fonctionnement placentaire (grande variabilité intra et interindividuelle).
Les oestrogènes (E2) sont une composante déterminante dans la régulation
endocrinienne de l’implantation, du développement de la glande mammaire, ainsi que
dans la décharge de prolactine au moment de la parturition et de la montée laiteuse.
Le placenta humain est un organe stéroïdogène incomplet, d’où le concept
d’unité foeto-placentaire. La contribution du fœtus a d’abord été suggérée par la
constatation d’une faible sécrétion d’E2 dans les cas de grossesses à fœtus
anencéphale; en effet dans ce cas, le cortex surrénalien est atrophique alors que le
placenta est normal. Le placenta est tributaire des surrénales de la mère et du fœtus
pour la fourniture des androgènes (sulfate de déhydroépiandrostérone).
Durant le premier trimestre de grossesse, les E2 plasmatiques sont de peu
d’utilité pour apprécier la gravité d’une menace de fausse couche en raison de la
dispersion des valeurs normales. En revanche, durant, les 2 et 3 ème trimestres de
grossesse, l’œstriol qui provient à 90% de la collaboration entre le fœtus et le
trophoblaste est un bon témoin de la vitalité du placenta et du développement fœtal.
L’oestradiol et l’œstrone dont la synthèse provient à égalité de la
déhydroépiandrostérone (DHA), d’origine maternelle et fœtale caractérisent
essentiellement la fonction placentaire. On remarque une fréquence particulièrement
élevée (7%) de malformations congénitales lorsque la production d’œstriol est
anormalement basse pendant la grossesse. Certaines thérapeutiques peuvent diminuer
l’activité sulfasique placentaire et diminuer les taux d’oestrogènes.

• Les hormones peptidiques placentaires

Le placenta humain en particulier, sécrète des homologues de la plupart des


hormones hypophysaires. Les hormones lactogènes placentaires présentent une activité
de type prolactine et, souvent, en fonction des espèces, une activité de type hormone de
croissance. Le placenta humain sécrète également une TSH, une β-MSH, une ACTH,
une hormone β lipotropique et des endorphines. Il a également été caractérisé dans le
placenta, des peptides analogues aux « releasing » hormones hypothalamiques: les
GnRH, TRH, GH-RH et de la somatostatine.
Chez la femme, la gonadotropine chorionique (hCG) est détectée dans le sang
périphérique dès les 8-10 premiers jours de grossesse (implantation 6-7 jours). Elle est
synthétisée par le syncytiotrophoblaste. D’activité proche de LH, hCG est responsable
du maintien du corps jaune et de sa transformation en corps jaune gravidique.
Au cours du cycle, la régression du corps jaune s’accompagne d’une chute des
taux plasmatiques de P4. Pendant la grossesse, le corps jaune est maintenu et
transformé en corps jaune gestatif, ce qui se traduit par l’augmentation des taux
plasmatiques de progestérone stimulée par hCG. L’hCG serait également responsable
de la sécrétion précoce de testostérone par le testicule embryonnaire et de la stimulation
de la corticosurrénale fœtale. Elle stimule également la production d’oestrogènes
placentaires.
L’intérêt clinique principal de l’hCG tient au diagnostic précoce de grossesse, à sa valeur
pronostique d’avortement ou d’implantation ectopique et à la détection de tumeurs
trophoblastiques. On observe une plus grande fréquence de trisomies 21 (mongolisme),
chez les femmes présentant des taux élevés de hCG entre la 15-8 ème semaine
d’aménorrhée.
La présence de gonadotropines placentaires a été démontrée chez d’autres espèces de
Mammifères: chez les grands singes (gorille, chimpanzé), la sécrétion de
gonadotropines chorioniques est 10 fois plus faible que dans l’espèce humaine et elle
est 100 à 1000 fois plus faible chez les macaques et les babouins. Chez la jument, la
gonadotropine chorionique équine eCG ou PMSG (Pregnant Mare Serum Gonadotropin)
est sécrétée à partir du 35ème jour de gestation par le trophoblaste. A la différence des
primates, l’eCG n’est pas le facteur de sauvegarde du corps jaune cyclique en début de
gestation puisqu’elle est sécrétée bien après la fin du corps jaune cyclique. L’eCG est
impliquée dans les mécanismes immunitaires de l’implantation. Enfin, une
gonadotropine chorionique a été détectée chez les ruminants (vache, brebis), chez la
rate, la souris et la lapine.

• Les hormones lactogènes ou hormones chorioniques


Somatomammotropines :
L’hormone lactogène placentaire humaine (hPL) est synthétisée dans le
syncytiotrophoblaste et elle est sécrétée dès la 5 ème semaine dans la circulation
maternelle (20 ng/ml) où sa concentration s’élève progressivement au moment du part.
Cette augmentation est parallèle à celle de la masse du placenta. Des faibles taux
sériques de hPL peuvent traduire une menace imminente d’avortement.
Ces hormones existent chez d’autres primates (macaque, rhésus, babouin), chez
les ruminants (brebis, chèvre, vache) et chez les rongeurs (rate, souris, hamster,
cobaye), mais elles ne sont pas produites par les placentas de jument, de truie, de
carnivores (chienne, chatte) et de lapine. Les hormones lactogènes placentaires de
ruminants et de cobaye ont à la fois de fortes activités lactogène et somatotrope, d’où le
nom de Somatomammotropines chorioniques.
La rate et la souris sécrètent 2 hormones lactogènes placentaires PLI et PLII.
Elles sont produites par les cellules géantes de placenta. PLI est sécrétée
essentiellement pendant la première moitié de la gestation. Elle présente à la fois une
activité lactogène et une activité lutéotrophique, de type prolactine. PLII ne présente
qu’une activité lactogène.
Les hormones lactogènes placentaires sont capables de se lier à la fois aux
récepteurs de la prolactine et à ceux des hormones de croissance sauf celles de souris
et de rate qui ne se lient pratiquement pas aux récepteurs de l’hormone de croissance.
Les hormones lactogènes placentaires sont surtout impliquées dans la croissance de la
glande mammaire et celle du fœtus et dans la régulation du métabolisme intermédiaire
maternel. Dans l’espèce humaine, les taux d’hPL sont particulièrement faibles chez le
fœtus et il semble que le rôle de hPL dans la croissance fœtale soit essentiellement
indirect, en favorisant les adaptations du métabolisme maternel à la nutrition du fœtus.
Ainsi, l’augmentation de la lipolyse sous l’action de l’hPL lors de jeûne fournit davantage
d’acides gras libres comme source d’énergie à la mère, d’où une économie de glucose
pour le métabolisme fœtal. L’hormone placentaire de croissance, hpGH complèterait
l’action de l’hPL sur le développement fœtal.

Les protéines spécifiques de la gestation (PAG)


Les protéines spécifiques ou associées à la gestation sont sécrétées dans le
sang maternel dès le début de la gestation. De ce fait, leur dosage peut être utilisé
comme moyen précoce de diagnostic de gestation ou de mortalité embryonnaire.
D'abord mises en évidence chez les différentes espèces de ruminants
domestiques et sauvages, ces protéines se révèlent également être exprimées
dans le placenta du porc, du cheval, du zèbre et du chat.
Si la principale protéine de gestation humaine SP1 appartient à la
superfamille des immunoglobulines, des investigations ont permis de montrer que
les protéines de la gestation chez les espèces citées ci-dessus font partie de la
grande famille des protéases aspartiques. De multiples gènes codent pour ces
molécules et ont été retrouvés chez différentes espèces: bovine, ovine et caprine.
Les protéines associées à la gestation constituent des membres actifs ou inactifs
de la famille des protéases aspartiques probablement suivant qu'elles restent
localisées au placenta ou qu'elles sont sécrétées abondamment.

Les protéines spécifiques de (ou associée à) la gestation chez la vache

En 1982, Butler et al. isolèrent et caractérisent à partir d'extraits


placentaires 2 protéines spécifiques de la gestation qu'ils appellent PSP A et B
pour Pregnancy Specific Protein A et B. La PSP-A s'est révélée être
l'foetoprotéine produite par le foie du fœtus alors que la PSPB est spécifique de
la gestation (produite uniquement par le placenta).

La PSPB est une glycoprotéine acide, qu’on peut doser par radio-
immunologie dans le sérum de vaches gestantes (Sasser, 1986), en vue d’un
diagnostic de gestation précoce et précis.

La protéine peut être détectée dès le 24ème jour de gestation. Ensuite sa


concentration dans le sang maternel augmente au fur et à mesure que la gestation
avance pour atteindre 150 ng / ml au 9ème mois. Le maximum est atteint 2 jours
avant la parturition. La concentration diminue par la suite trois semaines après le
part et n'être plus dosable 100 jours après.

La PSPB n'a pas été détectée chez les génisses non fécondées démontrant
ainsi que cette protéine était induite par la gestation. La concentration sérique de
la PSPB est plus élevée lors de gestation gémellaire. Ceci a été démontré dans des
situations induites expérimentalement soit après transfert de demi-embryons, soit
après transfert de 2 embryons.
A la même époque, Beckers et al. (1988) ont isolé 2 protéines
placentaires : La première a été caractérisée par Zoli (1991) et dénommée
PAG1 pour Pregnancy Associated Glycoprotein parce qu'elle a été également
retrouvée dans les gonades et qu'elle a été détectée chez les mâles et femelles
non gestantes. La PAG1 est une glycoprotéine acide qui présente 4 iso formes.

La seconde protéine possède de nombreux points communs avec la LH à


savoir: liaison aux récepteurs du corps jaune, une parenté immunologique et
un même comportement au cours de la purification. Cependant, cette protéine
a été d'abord appelée bCG (pour bovine chorionic gonadotrophin), puis par la
suite a été nommée « PAG2 » (Xie et al. 1994).

PAG1 et 2 sont synthétisées par les cellules binucléées du placenta. En


outre, la PAG2 est aussi synthétisée par les cellules mononucléées (Xie et al.
1994).

La PAG1 est détectée dans le sang de certaines vaches à partir du


ème
22 jour après la conception et chez plus de 98% des vaches gestantes à
partir du 30ème jour. La concentration sérique s'élève d'abord progressivement,
ensuite beaucoup plus rapidement pour atteindre des valeurs maximales de
2462 ng /ml 1 à 5 jours avant le vêlage. Après celui-ci, la concentration sérique
de la bPAG1 décroît régulièrement et revient en dessous du seuil de détection
(< 0,2 ng / ml) entre le 80ème et le 120ème jour post partum. Jusqu'à ce jour,
aucun dosage de la bPAG2 n'a été mis au point.

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