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Widi TCHALA
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Introduction
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leurs téléphones deviennent inaccessibles,
‘’provisoirement’’, qui signifie alors ‘’définitivement’’.
Ceci fait partie de ce qu’on appelle généralement une
arnaque ou une escroquerie, mais il s’agit d’un vol par
consentement.
La victime consent en effet implicitement de
donner son argent à un ou des inconnus, sur la
base d’une promesse de gain, qu’il n’aura pas bien
sûr !
Si vous n’avez jamais entendu parler d’arnaques
vous avez tort parce que vous pouvez être la
prochaine victime innocente de ces opérations qui
sont de plus en plus fréquentes aujourd’hui, à en
croire les services de sécurité au Togo qui ont
enregistré beaucoup de plaintes à ce sujet. Le
téléphone c’est bien, c’est un bon outil de
communication irremplaçable de nos jours mais ça
peut vous causer des ennuis si vous n’êtes pas
prudent. Les deux exemples du retraité togolais,
victime de deux arnaques successives en un mois vous
édifieront et peut-être vous protégeront.
Dans ce reportage, à part le nom de la victime qui
est faux, tous les autres noms et tous les numéros de
téléphone communiqués (sauf erreur de frappe) sont
ceux qui ont été effectivement utilisés au cours des
opérations. Voici les faits.
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La première arnaque par téléphone
perpétrée contre Tchao le retraité
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L’appelant – Bonjour monsieur, c’est bien vous M.
Tchao ?
Tchao – Oui, c’est bien moi, bonjour. A qui ai-je
l’honneur ?
L’appelant – Je suis M. Tchonda (le vrai nom qu’il a
donné et qu’on va lui garder) et j’appelle de la
Présidence de la République où j’ai vu votre nom sur
une liste de nomination des conseillers agricoles.
Comme vous êtes mon frère, (en parlant en kabyè,
une langue du nord du Togo), je voudrais vous aider et
peut-être demain vous pourriez aider un de mes
enfants.
Tchao – Merci beaucoup mais il s’agit de quoi
exactement ?
Tchonda - On veut nommer 5 conseillers agricoles,
un par région économique et vous êtes au nombre de
17 sur la liste, et si vous voulez être parmi les 5, je
vais vous mettre en contact avec le chargé du dossier,
M. Ogoussoumi dont je vais vous donner le numéro
privé parce que son numéro officiel est sur écoute.
Quand vous l’appelez dites-lui que je suis votre neveu
et que c’est de ma part que vous l’appelez. Si vous
avez de quoi noter son numéro c’est le 90 20 03 85
(c’est le numéro même qu’il a donné). Le numéro de
Tchonda lui-même est le 90 08 70 15.
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Tchao - Merci je vais l’appeler voir.
Tchonda – Mais il s’agit d’un travail de terrain où
vous aurez à vous déplacer souvent, étant donné que
vous êtes en retraite est-ce que vous avez encore la
force pour faire ce genre de travail ?
Tchao – Je suis en retraite de la fonction publique
mais je suis assez fort pour travailler encore pendant
des années.
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Après avoir vu Ogoussoumi, Tchonda rappelle son
oncle Tchao pour lui dire que Ogoussoumi voudrait
être motivé financièrement pour l’aide qu’on lui
demande. Une longue discussion s’en suit alors entre
Tchao et son neveu qui dit qu’étant donné que
Ogoussoumi est du sud du Togo et donc avide
d’argent, il ne peut pas les aider sans dessous de
table. Ainsi, ils se mettent d’accord sur une somme de
50 000F CFA qui va être ramenée à 100 000 F CFA
(environ 152 euros), après la protestation de
Ogoussoumi qui trouvait le premier montant
insuffisant. Bien sûr c’est Tchao seul qui doit
débourser cette somme par Flooz (un moyen de
transfert d’argent par téléphone Moov au Togo), en 2
tranches, à travers le numéro Moov de Ogoussoumi
96 40 51 35. Y compris les frais d’envoi cela fait au
total 102 000 F CFA.
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Dans les échanges les jours suivants entre Tchao et
Ogoussoumi, ce dernier a confirmé qu’il a reçu la
somme envoyée et a annoncé qu’il a envoyé les
dossiers des candidats au ministère de l’agriculture,
alors même qu’on a demandé aucune pièce à Tchao. Il
a ajouté que le ministère allait appeler Tchao dans les
2-3 jours qui vont suivre, pour la signature du contrat.
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bas et il va aider à la sortie rapide du dossier.
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Avant de remettre la somme au Directeur, Amana a
demandé à Tchao de choisir la région économique
dans laquelle il souhaiterait travailler et ce dernier a
mis ses préférences entre la Région de la Kara (sa
région d’origine) et la Région Centrale où on parle le
Cotocoli qu’il comprend assez bien.
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on devait l’appeler pour voir comment la quittance
pourra être achetée. Il se pourrait qu’il se déplace
pour cela. Le matin du mercredi 16 décembre un
certain monsieur Ouro appelle Tchao sur le cellulaire
Togocell n° 90 32 61 88, se présente comme étant le
DR Centrale (ce qui signifie directeur régionale,
Région centrale) et lui demande d’envoyer d’urgence
de l’argent pour l’achat de la quittance afin que le
dossier soit renvoyé le même jour à Lomé, à cause du
fait qu’il a reçu ce dossier par email et doit donc faire
diligence.
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Quelques jours après, Tchao apprend par Amana
que le Ministre a déjà signé sa nomination et qu’il est
donc le Conseiller agricole de la Région Centrale et il
sera bientôt appelé pour la signature du contrat.
Une dame appelle effectivement Tchao à travers un
numéro masqué, en demandant si c’est bien lui le
conseiller Tchao et après confirmation de ce dernier,
surpris cependant d’être si sérieusement déjà appelé
conseiller, elle dit qu’elle appelle du MAEP (le
ministère de l’agriculture) et le traite avec beaucoup
de respect en l’appelant Chef à plusieurs reprises.
Elle demande alors au Chef s’il a un certificat médical
récent et un permis de conduire en cours de validité.
Après discussions le Chef était prié de faire une
photocopie légalisée de son permis de conduire qu’il a
déclaré avoir et attendre qu’on le rappelle pour le
certificat de santé qu’il n’a pas. Quand Tchao a
rapporté l’information de cet appel à Amana, celui-ci a
demandé si c’est bien à partir d’un numéro masqué
que la dame a appelé et à l’acquiescement de Tchao il
était satisfait.
La longue attente de Tchao pour la signature du
contrat a alors vraiment commencé. Avec la fin de
l’année qui était là et le début des présentations de
vœux, personne n’avait le temps pour cet appel. Et
puis après avoir été pressé de payer ici et là, Tchao
doit maintenant attendre que les 4 autres conseillers
soient nommés afin que le reste des formalités se
fassent en groupe. Amana rassure Tchao que des gens
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vont être éliminés alors que lui il est déjà nommé,
sinon il aurait pu être peut-être éliminé ! Cela
remettait alors en cause l’aide réelle que Ogoussoumi,
depuis la présidence de la république, a pu faire en
ayant empoché les 100 000 F. Car si Tchao aurait pu
être éliminé au ministère, Ogoussoumi avait pris son
argent pour rien. Cela constituait une première source
d’inquiétude sérieuse pour Tchao.
Souvent le téléphone de Amana est provisoirement
inaccessible et cela peut durer des jours. Mais cela en
soi n’est pas vraiment nouveau, car Amana a toujours
semblé très occupé. Entre temps Tchao apprend par
Amana que Tchonda est fâché contre lui parce que lui
il n’a rien eu du tout comme récompense. Et pourtant,
Tchao leur avait bien dit que, eux (Tchonda et Amana),
leurs parts pour l’avoir aidé ce sera après la prise
effective de fonction, car les dépenses imprévues qu’il
a faites ne lui permettaient pas de les récompenser
dans l’immédiat. Pour cela au moins, Tchao a tenu
ferme et ne leur a rien donné. C’est sûr que Amana
n’a pas remis au directeur de cabinet la totalité des
135 000 F reçus mais c’est entre lui et sa conscience.
Tchonda lui, il n’a rien eu directement de Tchao.
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cette fois-ci à partir du téléphone Moov 98 88 64 21,
et sans protocole, pour lui dire d’envoyer le même
jour 25 000 F pour le certificat médical. Pressée par
Tchao qui voulait savoir exactement quand le grand
rendez-vous aura lieu, la dame lui dit que tous les
conseillers nommés seront appelés le lendemain
mardi pour le reste des formalités. Le même jour 26
000 F dont 1 000 F de frais d’envoi, ont atterri au
ministère à travers le n° Moov ci-dessus, pour le
certificat médical qui sera fait sûrement le jour de la
convocation !
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personne retraitée, donc pas un enfant, dont la
rigueur au travail était très bien connue de ses pairs !
Et on peut bien se demander comment pareille chose
a pu arriver.
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Tchao a été appelé par Tchonda ? Est-ce par hasard où
il y avait quelque chose dans la nature de Tchao qui
lui a attiré cet appel ? Comment est-ce que Tchonda a
fait pour connaître le nom et le domaine d’activité de
Tchao ? Le connaissaît-il personnellement, et si oui,
cherchait-il à lui nuire ou bien il voulait seulement son
argent ?
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La deuxième arnaque dont Tchao a
encore été la cible
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Ce mardi 05 janvier 2016 où Tchao attendait
impatiemment un appel du ministère, vers 09 heures,
un certain Kao le contacte par téléphone en l’appelant
par son nom et se présente comme ayant été un des
étudiants de Tchao à l’université. Il poursuit en disant
qu’il est actuellement en France dans un laboratoire
de fabrication de produits pharmaceutiques tels que
CaC 1000. Ce laboratoire, Novartis, utilise beaucoup
l’aloès pour la fabrication de ses produits, continue
d’expliquer Kao, et son patron, Lawson qui est
d’Aného au sud du Togo voudrait parler à Tchao pour
voir s’il peut les aider à se procurer de l’aloès. Le
patron Lawson n’ayant pas confiance en ses frères du
sud, il cherche quelqu’un de sérieux du nord et c’est
pour cela que lui Kao a pensé à Tchao qu’il
connaissait. Pour terminer il dit que le patron est
occupé au laboratoire et dès qu’il sera libre il va lui-
même rappeler Tchao si ce dernier est d’accord, à
partir du numéro personnel du patron que lui Kao est
en train d’utiliser en ce moment et qui est le +337
853 761 09.
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Plante et produits dérivés de l’aloès.
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euros le litre, ce qui fait près de 87 000 F CFA le litre.
Tchao devrait contacter les producteurs pour
rassembler les 700 litres puis chercher voir s’il peut
trouver un terrain de 20 à 30 hectares pour la culture
de l’aloès. Tchao dit que si ce n’est pas trop difficile il
va l’aider mais il trouve que le délai est trop court.
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Lawson annonce qu’il avait déjà travaillé avec un
certain Palanga Wiyao, un kabyè comme Tchao mais
qui ne parle pas bien le français. C’est un ancien
chauffeur à Togopharma (une institution étatique de
gestion des produits pharmaceutiques au Togo) en
retraite et dont le numéro est 99 44 56 17. Il suffit que
Tchao l’appelle pour lui demander de lui trouver 700
litres de jus d’aloès et le travail va commencer.
Lorsqu’il décroche son téléphone Wiyao demande
en kabyè à qui il a l’honneur et lorsqu’il entend, après
les introductions, le nom de Lawson il sursaute en
demandant s’il est venu au Togo et dans les
discussions qui s’en suivent il loue Lawson comme
une personne très gentille qui a beaucoup d’argent et
dit que la dernière fois que Lawson était venu il lui
avait donné 1 000 000 F qui lui ont permis d’arranger
trois bâtiments. Il annonce qu’il est actuellement à
Mango dans le nord du Togo, et dit qu’en ce qui
concerne les producteurs de l’aloès au Togo, le groupe
qui était à Guérinkouka et lui livrait la marchandise
s’est disloqué à cause de la fermeture de Togopharma.
Cependant il connaît un responsable au Bénin qui
produit le jus d’aloès pour les Sud Africains, il
voudrait bien le contacter pour voir s’il peut l’aider
mais lui Wiyao il n’a pas de crédit. Tchao lui envoie
alors 2 000 F pour l’achat de crédit. C’est la première
erreur de Tchao et elle va conduire facilement à
d’autres erreurs plus graves pour ses poches.
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Extraction du jus d’aloès
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avoir demandé à Wiyao de faire des efforts pour
trouver les 51 000 F pour l’achat du produit mais qui
n’a pu trouver que 25 000 F, Tchao a dû finalement
envoyé 82 000 F en deux tranches par Flooz à Wiyao.
Avec les 2 000 F pour l’achat de credit, cela fait en
tout 84 000 F (128 euros).
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condition bien sûr que Tchao achète le produit à 48
000 F CFA le litre (prix annoncé par Wiyao et
communiqué à Lawson), ce qui fait 33 600 000 F CFA
pour les 700 litres et la question est de savoir
comment il va recevoir cet argent à temps de Lawson
pour faire l’opération, Wiyao et les Béninois étant
supposés arriver le lendemain, mercredi 06 janvier
2016 à Lomé.
Le plan de Lawson était de remettre 35 000 000 F
(53 272 euros) à une ambassadrice qui vient à Lomé
tôt le mercredi matin. Cependant, Tchao ne peut
retirer cet argent que si il fournit à l’ambassadrice le
numéro du certificat phytosanitaire délivré par le
Bénin, n° que Wiyao et son équipe vont lui donner par
téléphone dès qu’ils auront le certificat en cours de
route vers Lomé. Déjà Tchao aura au moins 1 000 000
F sur les 35 millions qu’il va recevoir, puis des 25
millions au moins de bénéfice résultant de la vente du
jus d’aloès à l’équipe de Lawson qui va arriver de
Ouaga mercredi soir, Tchao aura 30%, soit un peu plus
de 7 millions de francs CFA (un peu plus de 10 600
euros). Wiyao lui n’aura que 1 000 000 F (1 522
euros), comme la dernière fois qu’il avait traité avec
Lawson.
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du travail et il attend la suite. Mais quand il y pense,
tantôt il y croit, tantôt il n’y croit pas du tout. Il se dit
par exemple : tel que Lawson et Wiyao parlent, tout
cela peut-il être faux ? Mais si c’est vrai pourquoi
Lawson n’a pas voulu envoyer l’argent dont Wiyao
avait besoin, surtout qu’il est très riche, pourquoi ?
Tchao n’arrive pas à dormir. Il déclare qu’il s’est fait
avoir et qu’il vient de perdre 84 000 F CFA pour avoir
fait confiance à des inconnus. Cependant il se
demande si on peut l’arnaquer vraiment pour
seulement 80 000 F en utilisant ces gros moyens, et le
doute revient encore. Quand est-ce qu’il a dormi cette
nuit-là, il ne le sait pas.
Le mercredi matin à 7h 00 le téléphone de Tchao
sonne et une dame s’annonce comme étant Solange
Yangozi, ambassadrice du Gabon au Togo et dit qu’elle
appelle de la part du docteur Pierre Canif Lawson.
Après avoir pris soin de s’assurer qu’elle parlait bien à
Tchao, elle dit qu’elle est arrivée à 3 heures du matin
et qu’elle n’a pas voulu le réveiller. Elle ajoute qu’elle
a à sa disposition les 35 000 000 F CFA que Pierre lui
a remis pour lui et qu’il pourra retirer dès qu’il aura le
N° du certificat phytosanitaire comme convenu. Tchao
lui souhaite bonne arrivée et la remercie, avec la
promesse que dès que le N° du certificat sera en sa
possession ils se rencontreront. Le numéro que
l’ambassadrice a utilisé et donc laissé pour que Tchao
puisse la rappeler est le 90 28 07 75.
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A 7h 07 Wiyao appelle du Bénin sur le +229 94 12
42 89 (le numéro de son chef Alassani, le producteur
du jus d’aloès) pour dire qu’il est bien arrivé et qu’ils
sont en route vers Lomé avec les 700 litres de jus
d’aloès. Tchao lui rappelle de dire encore une fois au
chef de lui envoyer par sms le numéro du certificat
phytosanitaire dès qu’ils l’auront.
A 8h 50 Lawson appelle sur le + 226 66 58 46 28
pour annoncer son arrivée effective à Ouaga et
demande les nouvelles du convoi du produit. Il est
content d’apprendre que tout va bien et que
l’ambassadrice a déjà appelé Tchao pour confirmer
l’arrivée des fonds.
Tous ces appels rassurent énormément Tchao qui se
dit : ‘’ donc cette histoire serait vraie ? mais alors
pourquoi Lawson m’a fait douter et j’allais tout foutre
en l’air ?’’ Quand il sera là ce soir je vais le lui
demander.
Ainsi convaincu, Tchao promet de rappeler le Bènin
de temps en temps pour suivre l’évolution du convoi
et vers 11 heures il appelle Wiyao et on le rappelle au
lieu de répondre directement. Wiyao lui explique alors
que depuis une heure de temps ils sont bloqués à
Kandy (ou Kandi ?) où il y a une longue file de
véhicules en attente et on leur demande de payer pour
chaque litre de jus 3 300F de frais de sortie ce qui fait
2 310 000 F à verser en espèces avant qu’ils puissent
avoir en même temps le certificat phytosanitaire et
continuer leur route. C’était franchement
décourageant et pour Tchao, c’était à Lawson de jouer
en ce moment. Quand Lawson est contacté à ce
propos il dit que lui il ne voyage pas avec de l’argent
liquide et il ne sait pas ce qu’il faut faire. Tchao lui
propose de contacter l’ambassadrice et en discuter
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avec elle. Lawson demande à Tchao le numéro de
téléphone de l’ambassadrice à Lomé et rappelle plus
tard pour dire que selon l’ambassadrice qu’il n’a pu
contacter que par sms parce qu’elle ne décrochait pas
son téléphone (ce que Tchao même avait constaté en
essayant de la rappeler), l’argent étant sur le compte
de l’ambassade elle ne peut pas le livrer par tranches
ni sans le numéro du certificat phytosanitaire qui
devenait alors la clé de l’abondance financière..
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attendait pas du tout et qui promet que l’argent sera
remboursé le lendemain, mais dans sa tête il pense y
ajouter 400 000 F comme bonus en guise de
remerciement.
L’ambassadrice envoie un message à Tchao en
réponse à sa requête et dont voici le contenu :
‘’Honnêtement je ne peux pas bouger. Là c’est très
compliqué parce que je préside. Faites l’effort de
trouver ce qu’il faut et à la fin de ma séance je vous
remettrai ce que vous avez déboursé sans gage,
ensuite nous ferons le point avec Pierre Canis.
Cordialement’’.
C’était décourageant encore une fois mais
heureusement il y a un ami qui peut aider. Après avoir
annoncé à Lawson la bonne nouvelle de l’aide promise
par un ami Tchao est vivement remercié pour ses
efforts.
Tchao et son ami se donnent rendez-vous, les 600
000 F lui sont remis et l’ami l’accompagne jusqu’à la
banque où il va envoyer la somme par Wari. Mais Wari
étant en panne à Lomé en ce moment, 530 000 F (au
lieu de 510 000 F, afin de parer à toute éventualité)
plus 18 000 F de frais, ont été finalement envoyés par
Western Union sous le code MTCN 078-863-2746 émis
donc ce 06-01-2016 à 14h 30 à Ecobank Campus à
Lomé, pour le même destinataire béninois à qui
Lawson avait envoyé les 800 000 F), BannI Adam qui
s’était présenté comme l’agent de sécurité qui devait
faire l’enregistrement après avoir reçu les 2 310 000
F, et pas un sous de moins, pour que Cotonou leur
livre le certificat phytosanitaire à travers le système
actuellement en vigueur de guichet unique.
L’intervention de Banni dans le système et la façon
dont il avait parlé avait largement contribué entre
temps à convaincre encore plus Tchao de
l’authenticité de l’affaire.
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Une heure plus tard Tchao ne pouvait plus joindre
personne. Le téléphone du Bénin était devenu
inaccessible. L’ambassadrice qui avait promis rappeler
Tchao dans l’après-midi semble toujours occupée et ne
décroche toujours pas son téléphone. Lawson non plus
ne décroche pas depuis Ouaga, mais peut-être qu’il
est déjà dans l’avion qui l’amène à Lomé où il devrait
arriver vers 19 heures.
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qu’il venait de causer à son ami.
32
Analyse de l’histoire de Tchao et
moyens de lutte contre les arnaques
par téléphone
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D’autre part, pendant qu’il attendait le moment
proche d’entrer en fonction en tant que conseiller
agricole comme on le lui avait promis il reçoit d’autres
appels qui lui promettent des millions de francs CFA
en échange de son aide dans l’exportation du jus
d’aloès du Togo vers la France. Il finit par comprendre
qu’il s’est fait avoir après avoir versé environ 632 000
F (962 euros) en ayant emprunté au passage 600
000F (913 euros) à un ami.
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jusqu’alors pour signer le contrat. Il avait hâte
d’oublier l’affaire d’aloès et surtout il était pressé
d’avoir de quoi payer sa lourde dette de 600 000 F
envers son ami.
Tchao apprend avec surprise qu’on ne connaît
personne répondant au nom de Amana au cabinet du
ministère de l’agriculture et on lui dit d’aller voir au
Secrétariat général de l’agriculture situé tout juste
derrière le cabinet. C’est arrivé là que Tchao
comprend enfin ce qui lui était vraiment arrivé, car ici
aussi personne ne connaissait le sieur Amana.
Il prend son courage à deux mains et se dit que
comme il s’agissait de togolais dans ce cas de faux
recrutement, il allait déposer une plainte pour qu’au
moins d’autres personnes ne puissent pas tomber
dans les mêmes pièges.
Dès que Tchao a commencé à parler de son
intention aux officiers de police à la Sûreté nationale,
on lui a demandé s’il ne regarde pas la télé et s’il
n’écoute pas la radio où on parle de ces arnaques en
mettant en garde les citoyens. Il apprend alors qu’il y
a déjà beaucoup de plaintes similaires déposées et il
n’y a généralement rien à faire pour arrêter les
criminels. Selon la police, lorsque la compagnie de
téléphonie mobile Togocell est saisie pour
l’identification des arnaqueurs à travers les numéros
de téléphone utilisés au cours de ces opérations
d’escroquerie, elle met au moins un mois pour donner
sa réponse et souvent aucune identification n’a pu
être faite.
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déposition. On lui fait comprendre que ce n’est pas
qu’on ne veut pas l’aider mais on tient à l’informer
qu’il y a très peu de chance de retrouver les escrocs
comme le montrent beaucoup de cas enregistrés dont
certaines victimes, dès fois après avoir perdu des
millions de francs, ont même fait des dépenses
supplémentaires de recherche pour rien. Finalement,
Tchao dépose sa plainte tout de même, mais sans
conviction, car il croyait au départ qu’il y avait
possibilité d’arrêter les arnaqueurs pour épargner
d’autres victimes.
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nationale) qui peuvent s’en suivre. Voilà chères
lectrices et chers lecteurs comment l’idée de ce
reportage a pris naissance puis s’est développée
jusqu’à ce niveau.
Il y a d’abord eu l’idée de publier des articles dans
le quotidien national TogoPresse. Alors que trois
articles sont envoyés pour étude et publication
éventuelle dans cet quotidien, l’idée de ce livre en
ligne est venue et s’est faite rapidement concrétiser
comme vous en êtes témoins.
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La personne qui vous attaque ainsi peut agir
seule ou vous mettre en contact avec une ou
généralement d’autres personnes qui, par leurs
comportements, vont vous faire croire que vous
êtes dans une affaire qui se passe réellement
sur le terrain alors qu’il n’en est rien.
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propre intérêt (pour avoir un emploi par
exemple, un poste de conseiller agricole pour
Tchao) ou tout simplement une aide à fournir
(cas du jus d’aloès où Tchao n’avait qu’à faciliter
les choses). Mais vous vous retrouvez dans un
cas comme dans l’autre, être toujours le seul à
dépenser de l’argent.
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éventuelles.
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Ceci étant, pour faire échouer ce genre de vol,
il suffit qu’il soit exigé que tout transfert
d’argent se fasse toujours, au Togo et même
partout dans le monde, sur présentation d’une
pièce d’identité en cours de validité, aussi bien
pour l’envoi que pour le retrait.
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peut retrouver facilement les deux parties et régler le
litige. Il s’agissait donc d’un système sécurisé qui
donnait satisfaction à tout le monde. Pourquoi avons-
nous abandonné cette idée de sécuriser les systèmes
actuels de transactions monétaires ? C’est la faille
qu’exploitent les arnaqueurs par téléphone et tant
qu’elle ne sera pas fermée ils l’utiliseront.
Western Union en particulier a fait beaucoup de
victimes à travers le monde dans ce genre
d’opérations où on peut par exemple vous dire que
vous avez gagné un gros lot dans un tirage au sort
juste parce que votre nom est sur une liste, et pour
réclamer votre gain vous envoyez souvent beaucoup
d’argent par Western Union, et bien sûr sans rien
gagner à la fin ! Il y avait un groupe, ou un monsieur,
célèbre en Grande Bretagne dont j’ai oublié le nom
qui m’avait ainsi subtilisé près d’un million de francs
CFA (1 522 euros) autour de l’an 2 000, je ne me
rappelle plus la date exacte non plus. J’avais envoyé
l’argent en trois tranches par Western Union.
Chez nous au Togo, en plus de Western Union, il y a
surtout Moov/Flooz qui donnent la force aux
arnaqueurs d’opérer facilement et en même temps en
tirent impunément des bénéfices. Pourquoi avoir
négligé de sécuriser ces systèmes qui ont pourtant
l’avantage de faciliter les transferts et dont la société
a donc besoin ?
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L’exigence d’une pièce d’identité en cours de
validité pour bien sécuriser les transferts d’argent ne
résout pas entièrement le problème certes, à cause de
la possibilité d’avoir de fausses pièces d’identité, mais
cela va diminuer largement le nombre de victimes
d’arnaques par téléphone.
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paix que nous avons depuis longtemps au Togo et qui
doit être saluée et maintenue, la bonne gestion du
temps qui n’est pas encore au rendez-vous malgré les
efforts pour réduire la lourdeur administrative,
l’efficacité dans tous les services qui se cherche
encore à cause des individus qui continuent
impunément à gagner des salaires qu’ils ne méritent
pas, la sécurité sur tous les plans, etc.
Avec la réussite facile actuelle des arnaques par
téléphone dont sont victimes des Togolais et venant
du Togo, de la sous-région ouest africaine et même
d’autres continents, il faut admettre que la sécurité
financière n’est pas encore totalement assurée, et
pourtant c’est possible de décourager ce genre
d’arnaque sur le plan national et international.
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Merci pour vos efforts dans ce sens.
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Conclusion
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problème pourra être atténué dans une large
proportion.
Ainsi, Tchao, en faisant publier son histoire aura
rendu un grand service à la société. Mais cette
histoire lui a coûté près d’un million de francs CFA
(soit environ 1 522 euros). Va-t-il continuer à être le
seul à en supporter le coût ? A chacun de nous d’en
juger.
Mon travail d’informateur est ainsi terminé mais
peut-être on se retrouvera pour d’autres aventures de
Tchao encore, ou carrément pour d’autres aventures !
Merci d’avance
47
Table des matières
Introduction---------- 3
Conclusion---------- 39
48
FIN