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Préambule en 3 points:
1 / la cohérence interne du programme : les mêmes questions sont reprises le long du cycle 1ère/terminale
pour favoriser l’appropriation de savoirs par les élèves.
Exemple : le marché 1ère et Terminale, en spécialité EA : marché des capitaux ; les défaillances du marché :
1ère, terminale et spécialité EA.
Cela implique de veiller au suivi des élèves afin de s’assurer de la continuité des apprentissages.
2 / Une évolution a été accentuée par les nouveaux programmes 1 : l’accent est mis sur l’appropriation de
concepts et de modes de raisonnement (et non plus d’objets empiriques).
Exemple de problématique : l’instabilité des économies de marché (1ère : marché, Terminale : fluctuations
économiques, + spécialité EA : instabilité des marchés financiers)
Autre exemple : la coordination. Dans toute économie il existe un problème de coordination : ex émission
de GES décentralisée : une gestion mondiale et coordonnée est nécessaire pour limiter ces émissions, idem
pour les marchés financiers. On a donc l’occasion à plusieurs reprises tout au long du cycle terminal, de
voir que la coordination des actions des agents qui prennent des décisions décentralisées est l’un des thèmes
essentiels de l’analyse économique. On peut aussi travailler à partir de plusieurs exemples la portée et les
limites de la coordination par le marché (importance de l’analyse des défaillances du marché). Le regard
croisé sur l’entreprise est l’occasion de confronter la coordination par le marché et la coordination par la
hiérarchie.
En sociologie, l’une des questions essentielles concerne la cohésion sociale. On l’étudie en première
(socialisation, réseaux sociaux) et en terminale à propos, de la stratification sociale, du conflit, du lien social
dans une société d’individus.
3 / « Oser faire simple » : le fort degré de complexité des manuels (et de certaines fiches éduscol) ne doit
pas nous empêcher de faire simple. Exemple : lecture d’un TCAM = exigible mais inutile de savoir calculer
un TCAM.
Il est question de l’instabilité endogène des marchés, en particulier financiers. Cela suppose que soient
mises en place des procédures de régulation car le marché n’est pas autorégulateur.
1
La génération précédente de programmes allait déjà dans ce sens.
On peut partir d’une définition large du marché des capitaux : tous les marchés d’actifs financiers = titres
de créances (obligations, devises) et titres de propriété (actions).
Aujourd’hui, les matières premières (blé, pétrole…) sont aussi considérées comme un actif financier (d’où
l’exemple des marchés de matières premières cité dans les exemples de marchés financiers dans la fiche
éduscol mais aussi dans le livre de D. Marteau). Mais sur ces marchés, la majorité des transactions sont des
produits dérivés (pour spéculer ou pour se couvrir).
On peut aussi ajouter le marché climatique = s’assurer contre le risque climatique (ex de tour operator
garantissant x jours de soleil pendant un séjour, ces tour operator se couvrent contre un risque)
Expliquer ce que sont les marchés : on peut s’appuyer sur les acquis de 1ère (marché de marchandises) et
étudier le marché des actions (primaire/secondaire) : ex de l’introduction de Facebook à la bourse de New
York.
Montrer l’interdépendance des marchés : on peut utiliser le passage page 9 du livre de D Marteau. Lien
marché de matières premières- taux d’intérêt -taux de change (euro/dollar)
Autre exemple : le déclenchement du krach boursier de 1987 (débat sur le taux du marché monétaire,
contagion à la crise boursière puis à la crise de change et à la crise bancaire).
Autre exemple d’interdépendance entre marché des matières premières et marché financiers : envol du prix
des matières premières entre 2004 et 2007 (métaux, riz : cf. Mc Do qui diminue de moitié la portion de riz
dans ses menus pour que le prix reste abordable) puis après le krach sur le marché immobilier américain, le
cours des matières premières plonge (en 2009).
L’instabilité est liée à des phénomènes de contagion et peut avoir un effet systémique si un nombre
important de marchés est impacté.
La globalisation financière s’amorce dans le dernier tiers des années 1970 et s’amplifie durant les années
1980-90.
UE : libre circulation des capitaux complète depuis 1990 (auparavant l’accueil des IDE était soumis à
l’accord du ministre de l’économie et des finances : cf. installation de Ford en Aquitaine).
USA : des années Roosevelt au début des années 1980 : taux d’intérêt plafond contrôlé par l’Etat. La remise
en cause de la séparation des banques d’affaires et des banques de dépôt date de 1986 (contre 1984 en
France). (La loi Glass et Steagall ou Banking Act datait de 1933).
2ème bonne raison : le système économique et financier mondial est devenu plus instable à partir de mi
1970 (de 1933 à 1969 : prix de l’or stable à 35 dollars l’once).
1971-73 : changes flottants se mettent en place ce qui accroît la volatilité des taux de change et des taux
d’intérêt.
2 types de comportements : ceux qui ont une aversion pour le risque et cherchent à se couvrir contre le
risque, et ceux qui considèrent que plus de risque engendre un rendement plus élevé et veulent gagner
davantage dans un contexte de volatilité accrue. Sans les seconds, les premiers ne pourraient pas se couvrir.
La spéculation est fonctionnelle : elle permet le transfert d’un risque. Si tous les individus avaient le même
comportement face au risque, il n’y aurait pas de couverture. Il est donc souhaitable que certains acceptent
davantage de risques (rémunérés par une prime de risque) et que d’autres acceptent de payer pour s’assurer
contre ce risque.
Le lien entre risque et rendement doit être expliqué aux élèves. Le risque est estimé par le marché 2 : rôle des
anticipations et de l’information sur le risque. Les prix sur les marchés incluent la prime de risque.
L’agrégation de ces deux types de comportement amplifie le risque systémique. Cependant, une par une, il
est difficile de savoir quelle opération est spéculative et laquelle ne l’est pas. De nos jours, de nombreuses
coopératives agricoles vendent par anticipation les futures récoltes = elles se couvrent car elles garantissent
un prix et en même temps elles le font selon leurs anticipations. Lorsque la coopérative anticipe une hausse
des cours, elle attend pour vendre = spéculation. Toute personne qui n’est pas couverte contre un risque
spécule (y compris celui qui part en vacances à la dernière minute grâce à lastminute.com). La spéculation
est une cause d’instabilité.
Pb : cette agrégation de comportements rationnels risque d’amplifier l’instabilité des marchés, la volatilité
des cours des matières premières ou des cours du change par exemple. Mais ceux qui opèrent sur les
marchés spéculatifs ont de bonnes raisons de le faire : se protéger contre des risques. Néanmoins cela ne
signifie pas pour autant autoriser toutes les innovations financières (telles que celles permettant de vendre
un titre que l’on ne possède pas3).
Lien entre innovations et finance (marché des options car les contrats à terme fermes ne permettaient pas
toujours de se protéger correctement et surtout empêchent de bénéficier d’une évolution des cours
favorable).
Option = se protéger contre l’évolution défavorable et saisir le gain si l’évolution du cours nous est
favorable. Ici la prime est plus élevée car celui qui vend l’option prend un risque potentiellement illimité,
alors que l’acheteur d’option risque dans le pire des cas de perdre le prix d’achat de l’option (prime).
La globalisation est donc la réponse à la mondialisation des économies et à l’instabilité accrue des marchés
financiers. La question centrale c’est le décalage entre le développement des nouveaux produits et des
nouveaux marchés d’une part, et la mise en place des instances de régulation d’autre part. Par exemple la
négociation Bâle 1 a été lancée en 1987 à la suite du krach financier mondial. La mise en place des mesures
adoptées a été très lente. Elle s’est étendue jusqu’en 1997… date de déclenchement d’un nouveau krach
financier !
IC : les 3 D (ce triple mouvement a déjà été vu en 1ère). Deux points à présenter :
1er point : des acteurs sociaux ont promu cette décision : ce sont les Etats qui ont décidé des 3 D. ex loi
bancaire de 1984 en France. Le système bancaire était alors perçu comme trop rigide, le cadre semblait très
peu concurrentiel.
2
Ce qui ne veut pas dire que le marché est efficient dans l’évaluation du risque. Ce dernier peut être surestimé ou sous-estimé. Par
exemple avant le déclenchement de la crise de 2007, le marché a mal évalué la montée des risques. Ensuite certains risques ont
été surestimés (éclatement de la zone euro) et on conduit à des variations excessives de certains prix (taux d’intérêt sur certaines
dettes souveraines).
3
Pendant la crise certaines ventes à découvert ont été interdites. L’Union européenne vient d’adopter une législation qui interdit
l’acquisition d’instruments de couverture (CDS) sur des titres que l’on ne possède pas (CDS « à nu »).
2ème point : les 3 D ont provoqué des changements effectifs : la pression de la contrainte extérieure qui en
1982-83 concernait les transactions courantes s’est déplacée vers la sphère financière (tensions
internationales sur les taux d’intérêt).
Schéma n° 21tiré du livre de R Boyer « Les financiers détruiront-ils le capitalisme ? » (Economica, 2011)
1ère cause : élargissement du marché des acheteurs de logement aux USA, les ménages ont été démarchés par
des intermédiaires avec des contrats leur disant que rembourser le crédit était équivalent à payer un loyer.
Contrats attractifs : taux d’intérêt bas et fixe… mais seulement pendant 3 ou 4 ans ensuite taux variables
plus élevés (mais lors de la signature du contrat les ménages n’en avaient pas conscience).
Le déclenchement de la crise a commencé quand des contrats ont basculé du taux fixe au taux variable et
que les remboursements ont doublé ou triplé. Cela a engendré une forte hausse du taux de défaut des crédits.
Avril 2007 : le deuxième opérateur sur le marché américain des crédits subprimes annonce qu’il est en
faillite car trop de défauts de paiement, puis effet de contagion.
On notera l’importance de l’information : des agents économiques ont signé des contrats qu’ils ne
comprenaient pas.
Le système d’incitations est pervers : les courtiers, payés à la commission, n’ont pas sélectionné les risques5.
Le phénomène s’est amplifié avec la titrisation. Les banques ont transféré ces créances (produits structurés).
Le modèle « originate and distribute » se généralise.
La diffusion de ces crédits a alimenté la bulle à la fois de crédit et immobilière. La bulle s’autoentretient tant
que les anticipations sont haussières6.
La prise de risque est pro cyclique : le boom. Certains savent qu’ils prennent un risque mais pensent avoir
une rémunération plus forte donc le niveau de risque augmente. La bulle finit par exploser.
Le schéma précise « réverbération » : ce qui se produit sur un marché se diffuse à l’ensemble du système
économique.
4
Voir l’étude critique de la désintermédiation dans le livre de J. Couppey-Soubeyran, Monnaie, banque, finance, PUF, Coll.
Licence, 2ème éd. 2012
5
C’est un cas typique d’aléa moral. Les courtiers ne supportaient pas les risques des crédits. Ils recevaient une commission et
n’étaient plus concernés par la suite. De même les banques, dès lors qu’elles titrisent les crédits, ne supportent plus les risques
correspondant à ces crédits.
6
Voir le dernier chapitre du livre de Didier Marteau sur les fondements microéconomiques de la crise de 2007.
Doc du CAE (Rapport sur La crise des subprimes, disponible intégralement et gratuitement sur le site du
CAE)
Un changement institutionnel : les changements des normes comptables : les actifs sont comptés à leur
valeur de marché. Or il y a deux effets pervers :
1 / C’est massivement pro-cyclique, cela amplifie l’accélérateur financier décrit en 1989 par B. Bernanke.
Quand le prix des actifs monte, la probabilité d’obtenir des crédits augmente donc on peut acheter plus
d’actifs ce qui fait grimper le prix des actifs et du bilan d’où de nouveaux crédits…
Par contre, quand la valeur des actifs baisse, le montant des prêts diminue, les projets d’investissement sont
révisés à la baisse…7
L’instabilité du système est renforcée = phénomène endogène d’amplification du cycle.
2 / La part de l’actif des organismes financiers qui ont un prix est extrêmement faible car ils ont dans leur
bilan des titres qui n’ont pas de prix de marché. Ils ont donc un modèle de valorisation qui fixe un prix par
convention.
A long terme, les taux d’intérêt diminuent car faible inflation anticipée + capitalisme actionnarial donc les
banques sont dans une situation de tension. La rentabilité des opérations de crédit est plus faible alors que
les actionnaires demandent une rémunération plus élevée. Solutions : les innovations financières, moins de
sélectivité dans l’octroi de crédits. Paradoxalement, les banques prennent plus de risques car la situation
macroéconomique est jugée comme stable.
Dans un premier temps, la baisse des taux à long terme enclenche le boom du cycle du crédit. Dans un
second temps, la situation se retourne. Crise financière (moins de crédits octroyés) puis répercussions sur
l’économie réelle.
Doc P Artus (une analyse marxiste de la crise, Flash Economie Natixis, 6 janvier 2010)
Crise financière en partie car aléa moral et incitations inadéquates mais il existe aussi des problèmes de fond
plus importants. La crise financière est une résultante de l’accumulation du capital et du partage des revenus
(montée des inégalités).
Rappels : 2 types de crise : demande (sous consommation) / rentabilité
7
Ce mécanisme peut être relié à celui de la déflation par la dette décrit par I. Fischer.
Régulation de la finance
Figure 37 R Boyer
élémentsÉléments importants :
Politique fiscale et budgétaire : rémunération soit agir ex ante (réglementer les rémunérations, ex : bonus à
évaluer sur plusieurs années) ou agir par la législation fiscale.
Politique monétaire (+figure 39) : les banques centrales ont réussi à éviter une crise de liquidité mais au prix
d’un fort accroissement de la masse monétaire mondiale. Quand la crise est survenue, les banques ont été
inquiètes de la solvabilité des autres banques elles ont donc fortement contracté leur offre de liquidité sur le
marché interbancaire et elles ont aussi contracté les crédits accordés à leurs clients (credit crunch). Les
dépôts des banques de 2nd rang auprès de la banque centrale ont augmenté malgré des rémunérations à 0%
(préférence pour la liquidité plutôt que prêter à des agents économiques dont on ne connaît pas la
solvabilité). Le risque est que la surliquidité serve de base à une nouvelle bulle spéculative, à un gonflement
du crédit (surtout si le cadre institutionnel de la régulation reste le même, c’est-à-dire insuffisant).
Tableau 23 de R Boyer : débat à organiser dans la classe : laisser faire ou encadrer la finance ?
8
Ce point est aujourd’hui solidement décrit par des travaux du FMI, de l’OCDE, de Piketty et Landais, etc. Voir notamment le
dernier livre de J. Stiglitz (Le prix de l’inégalité) et les contributions de J.L. Gaffard sur le blog de l’OFCE.
Références :
Rapport du CAE (2002) Aglietta, Blanchet et Héran: résumé de 4 pages en ligne
Dictionnaire de démographie, A Colin
Modèle du cycle de vie : ce modèle pose des questions sur le lien entre dynamique démographique et
dynamique économique via l’épargne. Critiques sur la portée heuristique de ce modèle : ce modèle fait
l’impasse sur les transmissions intergénérationnelles. Sauf si erreur de calcul, dans ce modèle le patrimoine
est nul au décès. Or beaucoup d’individus veulent avoir un patrimoine positif et le léguer à leurs
descendants : cela dépend du niveau de patrimoine, des revenus et d’être en mesure de constituer une
épargne qui continue de faire augmenter le patrimoine. Ces comportements individuels s’éloignent de ce
que décrit le modèle. Ce modèle ne prend également pas en compte les variables institutionnelles (système
de retraites, protection sociale) : exemples de la Chine, du Japon.
1.2 Quel est l’impact des variables économiques et démographiques sur le financement de la
protection sociale ?
Le vieillissement démographique impacte les systèmes de protection sociale. Quand la structure par âge
change, il faut attribuer une partie de la valeur produite par les actifs occupés aux autres qui ne produisent
plus (vieux) et qui sont dans l’incapacité de produire (jeunes). Quand les parts des trois groupes d’âge
(jeunes-actifs-vieux) changent, soit on modifie la répartition, soit une partie de la population s’appauvrit.
Débat : quelle répartition choisir ? ex de choix pendant le baby boom en faveur des jeunes (hausse durée de
scolarisation obligatoire) et aussi choix en faveur des retraités (minimum vieillesse) : 2 mesures possibles
grâce aux gains de productivité et car les actifs ont accepté d’avoir un accroissement de la valeur qui leur
revenait moindre que le surcroît de revenu global. L’appel à l’immigration a aussi aidé à « supporter » le
coût des baby-boomers lorsqu’ils étaient enfants puis jeunes.
Le vrai débat, le vrai choix de société est la répartition des revenus par groupe d’âge. (Attention : un faux
débat à évacuer : idée selon laquelle la solution est le passage à la capitalisation)
(Faux débat en matière de système de santé : la montée des coûts relatifs, il y a débat non pas à cause de la
hausse des dépenses de santé mais parce que ces dépenses sont prises en charge par la collectivité =
Une façon de lisser le surcoût du vieillissement est d’emprunter aux générations plus jeunes (en créant des
fonds de réserve).
Quand on a un degré de socialisation des dépenses de santé, on peut se demander quel est le système le
mieux adapté, le plus efficace, compte tenu d’une contrainte budgétaire.
ARS : agences régionales de santé : logique de maximisation, de rationalisation administrée
Médecine ambulatoire : logique marchande + différents secteurs : conventionnés ou pas + avec honoraires
libres d’où des inégalités dans l’accès aux soins.
Dilemme du mode de fonctionnement : 2 extrêmes possibles :
Tout est soumis à la régulation marchande, régulation par les prix
Davantage un système administré mais pb on ne parvient pas à le réguler (exemple GB).
Une autre solution : mode coopératif ou communautaire : cf. secteur mutualiste (cf. solution d’E Ostrom
dans la gestion des biens communs).
Autre pb : l’activité des seniors (cf. stratégie de Lisbonne) alors qu’ils ne trouvent pas d’emploi et que leurs
droits à la retraite diminuent car ils n’ont pas trouvé d’emploi (double peine).
2.1 Dans quelles circonstances les entreprises peuvent-elles exercer un pouvoir de marché ?
Le PO évoque la CPP et le relâchement des hypothèses. Il est préférable de voir la concurrence comme un
processus plutôt que comme un état car dans un univers de CPP les entreprises n’ont pas de stratégie : elles
sont price taker, les techniques de production déterminent la quantité produite. C’est donc la lecture
autrichienne du marché et de la concurrence qui est sans doute ici la plus féconde pour comprendre les
enjeux.
Idée de stratégie : dans un contexte donné, les entreprises essaient de diminuer la pression concurrentielle
dont elles font l’objet, elles cherchent au maximum à limiter la concurrence pour augmenter leurs profits 9.
En effet, en CPP, le revenu est égal au coût des facteurs donc le profit pur est nul.
Les entreprises vont tenter de limiter la concurrence (barrières à l’entrée, cartels de producteurs, stratégies
de concentration) pour avoir un prix supérieur au coût marginal.
Le prix fixé dépend alors de la stratégie de rente (pour maximiser les revenus), de l’élasticité prix de la
demande de biens et de la quantité produite.
Le pouvoir de marché désigne toute situation où les producteurs sont en mesure d’influencer le prix des
biens qu’ils vendent.
Le monopole discriminant : il vaut mieux commencer par parler de discrimination par les prix en
général et d’envisager le monopole discriminant comme un cas particulier de discrimination par les
prix. En dehors de la CPP, tout producteur peut pratiquer la discrimination par les prix.
Exemples : cinéma : heures des séances, statut du public afin de maximiser le remplissage des salles : le
public est segmenté, a des élasticités prix de la demande variables en fonction de son statut ; SNCF ; séjours
hors vacances scolaires…
On peut combiner différenciation des produits et discriminations par les prix : exemple d’un produit vendu
sous marque distributeur et sous grande marque (ou le low cost).
Asymétrie entre producteurs et consommateurs : des institutions doivent rééquilibrer le rapport de forces
entre les eux, sinon le marché n’a pas les effets positifs attendus.
Pb : arbitrer entre concurrence et compétitivité, entre concurrence et dynamique économique.
Ex du New deal : suspension du Sherman Act et subventions aux agriculteurs pour mettre des terres en
jachère. Le but est la reflation car on a une déflation par la dette et il faut donc faire remonter les prix. La
diminution de la concurrence permet de faire remonter les prix.
Dans certains cas, une concurrence trop forte a des effets nuisibles sur l’investissement, la R-D, les
innovations et la compétitivité.
Exemple : grands champions nationaux (G. Pompidou) : mesure pour diminuer la concurrence et augmenter
la concentration (Péchiney, moteurs d’avion, automobiles…).
Politique industrielle : aujourd’hui l’UE intervient pour interdire des concentrations (ex Danone n’a pas pu
racheter Perrier, c’est Nestlé qui a racheté Perrier… : l’UE a-t-elle marqué contre son camp ?)
Autre exemple : interdiction des aides d’Etat aux entreprises en difficulté : cela n’accélère-t-il pas la
désindustrialisation ?
Dans certains cas on a un conflit entre la politique concurrentielle et la politique industrielle.
9
A. Smith soulignait déjà ce point : les capitalistes cherchent à se mettre à l’abri de la concurrence. Ceux qui assimilent le
capitalisme et la « concurrence libre et non faussée » commettent donc une erreur d’analyse.
Marteau D., Les marchés de capitaux, Armand Colin, Coll. Cursus, 2012
Orléan A., De l’euphorie à la panique, CEPREMAP (disponible gratuitement en ligne sur le site du
CEPREMAP)
http://www.cepremap.ens.fr/depot/opus/OPUS16.pdf
(112 pages)