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I- Introduction
L’expression droit des affaires, née dans les années 1950, n’a pas
pleinement convaincu. Il expose l’ensemble des règles applicables aux
relations d’affaire. Encore faut-il s’entendre sur le terme affaire. Celui-ci est
délicat à cerner : l’industriel à la tête d’une société de production de machines-
outils traite incontestablement des affaires. Le producteur de céréales qui
écoule sa production au marché fait-il des affaires ?
Certains auteurs estiment que l’objet du droit des affaires est
l’entreprise. D’autres y intègrent tous les aspects juridiques de l’activité
économique, aussi bien l’activité commerciale traditionnelle que les procédures
d’intervention directe de l’Etat dans l’économie.
Dans cette branche de droit se trouvent réunis des aspects du droit civil,
des aspects du droit du travail (la relation entre le salarié et l’employeur), des
règles spécifiquement commerciales (statut du commerçant et régime de
l’activité commerciale), des aspects du droit de la concurrence (l’économie de
marché se caractérisant par la mise en œuvre de moyens de production et
d’échange dans un contexte de compétition entre les agents économiques),
des aspects du droit de la consommation (le consommateur s’affirme comme le
destinataire ultime de l’activité de l’entreprise) ainsi que les procédures
collectives ouvertes contre les entreprises en difficulté : le redressement
judiciaire, la liquidation judiciaire).
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et des obligations en droit civil, il a réglementé également les techniques de
représentation (actuellement : le mandat commercial) ; les opérations de prêts
pour financer les entreprises de commerce maritime, le droit de la faillite et les
opérations de change et de banque.
A l’époque médiévale, les marchands exercent leurs négoces dans des
rassemblements, des foires qui se tiennent dans diverses contrées d’Europe, à
dates périodiques. Dans ce contexte, les commerçants établissent des usages
commerciaux et créent des instruments de transaction commerciale comme la
lettre de change.
Un tournant est pris avec la révolution française de 1789 qui permet une
grande libéralisation. Ainsi le décret d’Allarde des 2 et 17 mars 1791 proclame la
liberté du commerce et de l’industrie et la loi le Chapelier des 14 et 17 juin 1791
supprime les corporations et la réglementation rigide des corps de métiers en
vigueur.
Après la première guerre mondiale, l'État intervient de plus en plus pour
remédier aux excès du libéralisme, et le DDA devient très dirigé.
Avant le protectorat français, le droit musulman qui était appliqué au
Maroc ne faisait pas la distinction entre droit civil et droit commercial.
Le protectorat a donné naissance aux premiers textes du droit
commercial marocain d’inspiration française : DOC, lois sur le registre de
commerce, les sociétés commerciales, etc. Le premier Code de commerce au
Maroc date du 12 août 1913 ; il est inspiré, bien entendu, du code Napoléonien
de 1807.
Après l’indépendance, il y a eu abrogation et révision de l’arsenal
juridique mis en place sous le protectorat en ce qui concerne le code de
commerce, le RC, les sociétés commerciales, les juridictions consulaires, etc.,
sous l’effet de l’évolution économique et les nécessités de la modernité.
L’actuel Code de commerce du 1 août 1996 a le mérite de rassembler la
plupart des lois éparpillées intéressant le commerce. Ce code est réparti en cinq
livres :
Livre 1 : le commerçant ;
Livre 2 : le fonds de commerce ;
Livre 3 : les effets de commerce ;
Livre 4 : les contrats commerciaux ;
Livre 5 : les difficultés de l’entreprise.
2- Particularisme du DDA
La plupart des techniques du droit civil lui sont applicables, et plus
spécialement la théorie générale des obligations (art. 2 du code com.). Cependant
le DDA se distingue notablement du droit civil. Le premier constat à relever est
que le DDA est un droit pragmatique qui ne se préoccupe que peu des théories
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générales dans la mesure où il s’efforce simplement de donner au commerçant
le moyen de réaliser ses affaires. Ce particularisme du DDA s’explique par les
techniques juridiques particulières qu’il utilise :
2-2- La publicité
Elle est cruciale dans le monde des affaires ; les besoins d’information
des associés, des tiers et des salariés rendent nécessaire la publicité des
situations et des actes commerciaux ; on peut citer à titre d’exemple
l’inscription au registre de commerce, dans les journaux d’annonces légales et
dans le Bulletin Officiel. Cette publicité est justifiée aussi par l’instauration d’un
climat de transparence nécessaire à tout essor économique.
2-3- Le crédit
Il constitue l’instrument inéluctable pour les commerçants. Sans le crédit
le commerce est inconcevable. Les commerçants l’utilisent pour investir, pour
cela ils ont inventé des techniques particulières telles que les effets de
commerce et le nantissement.
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propriété (art. 35), des obligations civiles et commerciales (art. 71) et de la
liberté d’entreprendre et la libre concurrence (art.35).
3-1-3- La loi
Au sens strict, la loi est une règle de droit générale, impersonnelle et
permanente (critère matériel) qui est votée par le parlement (critère
organique).
Exemple : Sont du domaine de la loi le droit des sociétés, le régime des
banques, des sociétés d’assurances (art. 71 Const.)
3-1-4- Le règlement
Le règlement est un acte juridique de portée générale et impersonnelle
(sens matériel), pris par une autorité administrative dans son domaine de
compétence. Sur le plan organique, on distingue :
*Au premier rang le décret du chef du gouvernement ;
* L’arrêté interministériel émanant de plusieurs ministres en même
temps concernant une question précise ;
* L’arrêté gubernatorial (du gouverneur) ;
* L’arrêté communal.
3-1-5- La jurisprudence
Elle est constituée par l’ensemble des décisions rendues par les
différentes juridictions appelées à trancher les litiges. Le juge doit appliquer et
« fait » le droit :
en interprétant les lois et règlements,
en jugeant des affaires qu’aucun texte n’a envisagées,
en adaptant les lois existantes à des situations nouvelles non prévues
par les textes.
Elle est plus ou moins intense selon le secteur d’activité ; elle a un rôle
plus sensible en matière de baux commerciaux et de concurrence.
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et d’évènements dans le temps) et subjectif ou psychologique (la volonté de la
part des individus de reconnaître cet usage). Exemple : les arrhes
Dans les contrats de vente, il est fréquent de renvoyer aux usages de la
profession en ce qui concerne les modalités de livraison, l’unité de vente, les
délais de paiement, etc.
3-1-7- La doctrine
Il s’agit des travaux, commentaires et opinions des juristes,
universitaires et auteurs qui étudient le droit sur les lacunes et imperfections
des règles appliquées ou l’absence de règles dans certains domaines. Elle
s’exprime dans les thèses, ouvrages, notes et articles.
3-1-8- La religion
Dans les Etats musulmans, la religion influence la règle de droit.
Remarquons simplement que des pans entiers du droit marocain sont
largement influencés par le droit musulman.
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Exemples :
* Pratique des contrats types : les chambres de commerce
mettent en place des modèles de contrat dans des domaines précis qui
deviennent coutumiers ;
* Réglementation de la Chambre de commerce internationale ;
* La jurisprudence arbitrale.
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Grand I Le concept juridique d’entreprise
L’entreprise telle qu’on la désigne couramment, correspond à un
ensemble de moyens matériels, humains, juridiques permettant de développer
une activité fournissant des produits ou des services. En droit, l’activité
implique l’intervention d’une personne. L’entreprise n’a donc de sens que par
rapport à l’entrepreneur, sujet de droit et responsable de l’activité
d’entreprise.
L’entreprise est individuelle quand une personne physique établit et
développe une activité économique. Pour ce faire, elle doit utiliser ses biens,
s’approvisionner, vendre des produits ou des services, employer du personnel
selon le cas. Elle en recueillera le profit résultant de cette activité et sera tenue
des dettes contractées. Globalement, le résultat, positif ou négatif, sera intégré
dans l’ensemble de son patrimoine. La responsabilité rejaillira sur l’ensemble
de ses biens. C’est là une conséquence inévitable du principe d’unité du
patrimoine. Sans doute, elle permet une totale liberté et une autonomie dans
la direction de l’activité. Mais, elle apparaît aussi chargée d’inconvénients à
cause des risques illimités qu’elle comporte. C’est ce qui explique la recherche
d’une limitation de responsabilité par l’élaboration d’une structure sociétaire
pour organiser l’entreprise.
Il y a entreprise sociétaire quand à l’origine de l’activité d’entreprise un
groupement est constitué, la plupart du temps une société commerciale ou
civile. L’utilisation du patrimoine de la personne morale sera effectuée par
l’organe qui la dirige mais l’activité elle-même sera établie et développée au
nom de la personne morale avec les conséquences juridiques qu’elle implique.
Avantages Inconvénients
C’est encore au Maroc, la forme la plus - l’entrepreneur est tenu des dettes de
utilisée pour l’exercice du commerce, l’entreprise sur ses biens personnels ;
car : - il n’a pas la couverture sociale d’un
- ses modalités de constitution sont salarié ;
simples et peu coûteuses ; -la vie et la survie de l’entreprise sont
- le chef d’entreprise conserve sa totale liées à celle de l’entrepreneur.
liberté de gestion ;
- son régime fiscal est simple ;
- elle offre une souplesse dans la gestion.
Les sociétés commerciales sont régies par les dispositions du Dahir des
obligations et des contrats (DOC) et les deux textes suivants:
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* Dahir n° 1-96-124 du 30 août 1996 portant promulgation de la loi n° 17-
95 relative aux sociétés anonymes modifié par la loi n° 20-05 du 19 juin 2008.
* Dahir n° 1-97-49 du 13 février 1997 portant promulgation de la loi n° 5-96
sur la société en nom collectif, la société en commandite simple, la société en
commandite par actions, la société à responsabilité limitée et la société en
participation modifié par la loi n° 21-05 du 14 février 2006 et la loi n° 24-10 qui
supprime l’exigence d’un capital minimum et allège encore la formalité de
publicité et de blocage bancaire (art. 51, 52, 95 et 96).
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- Typologie
Plusieurs classifications sont possibles ; elles sont tributaires des critères
retenus: objet, avec ou sans personnalité morale, avec ou sans appel public à
l’épargne, étendue de la responsabilité, régime fiscal, etc.
- Sociétés civiles / sociétés commerciales ;
- Sociétés de personnes / sociétés de capitaux;
- Sociétés à risque limité / sociétés à risque illimité;
- Sociétés homogènes / sociétés hétérogènes;
- Sociétés unipersonnelles/sociétés pluripersonnelles;
- Sociétés dotées de la PM (immatriculées) / sociétés dépourvues de la PM
(non immatriculées);
- Sociétés avec APE (cotées) / sociétés sans APE (non cotées);
- Sociétés par intérêt / sociétés par actions;
- Sociétés transparentes /sociétés opaques.
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Grand II L’entreprise à forme sociétaire
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Les exigences en la matière varient selon la forme juridique concernée.
Dans les sociétés de capitaux et les SARL, les associés n’acquièrent pas la
qualité de commerçant en devenant associé. De ce fait, il n’est pas requis qu’ils
détiennent la capacité commerciale, la capacité civile est suffisante. Dès lors, le
mineur et l’incapable majeur (dément et prodigue) peuvent devenir associés
par l’intermédiaire de leurs représentants légaux.
Dans les sociétés de personnes les associés en nom collectif et les
commandités sont tenus personnellement et solidairement de toutes les
dettes sociales, ils ont la qualité de commerçant. À ce titre, ils doivent satisfaire
aux conditions requises pour devenir commerçant à savoir :
* ne pas être incapable de faire le commerce (mineur émancipé ou non;
majeur incapable),
* ne pas être déchu du droit d’exercer le commerce ni faire l’objet d’une
incompatibilité (fonctionnaire, professionnel libéral).
Est réputé majeur pour exercer le commerce tout étranger ayant atteint
vingt ans révolus, même si sa loi nationale prévoit un âge de majorité supérieur
à celui qui est édicté par la loi
marocaine (art. 15 Code com.)
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reste doit être libéré dans le délai de3 ans à compter de l’immatriculation au
RC.
S’agissant de la SARL, son capital est librement fixé par les associés ;
si celui-ci est supérieur à 100.000 dhs, la réalisation de la promesse d’apport
doit porter sur au moins le 1/4 du montant. Le reste doit être libéré dans le
délai de 5 ans à compter de l’immatriculation au RC.
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En propriété : La propriété et les risques sont transmis à la société au
jour de son immatriculation au RC. L’opération est très proche de celle de la
vente en ce que l’apporteur garantit la société contre l’éviction et les vices
cachés comme un vendeur son acheteur. En revanche, l’apporteur ne bénéficie
pas du privilège du vendeur. Cependant, l’apporteur reçoit en contrepartie de
son apport des parts ou des actions alors que le vendeur perçoit une somme
d’argent.
Le transfert de propriété n’intervient qu’au jour où la société est
immatriculée au RC.
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exercer les fonctions de commissaires aux comptes (CAC). Ils peuvent se faire
assister, dans l'accomplissement de leur mission, par un ou plusieurs experts
de leur choix (art. 25 loi n° 17-95 relative aux SA)
Cas SARL Evaluation par un CAA lorsque la valeur d’un apport excède 100.000 dhs
et si la valeur totale de l’ensemble des apports en nature dépasse la moitié du capital ; les
statuts devant contenir l’évaluation de chaque apport en nature.
Tout apport de fonds de commerce (FC) à une société doit être publié au
BO et dans un JAL après inscription au RC
Dans les 15 jours au plus tard après la seconde publicité, tout créancier non
inscrit de l'associé apporteur fera connaître par une déclaration au secrétariat-
greffe du tribunal qui a reçu l'acte, la somme qui lui est due (art. 104 Code Com.)
A défaut par les coassociés ou l'un d'eux de former, dans les trente jours
suivant la seconde publicité, une demande en annulation de la société ou de
l'apport, ou si l'annulation n'est pas prononcée, la société est tenue
solidairement avec le débiteur principal au paiement du passif déclaré et
dûment justifié.
En cas d'apport du FC par une société à une autre société à l’occasion
d'une fusion ou d'une scission, ces dispositions ne s'appliquent que sous
réserve des dispositions relatives aux fusions et scissions de sociétés (art. 105
Code Com.).
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Dans la SARL, il est admis lorsque l’objet social porte sur l’exploitation
d’un fonds de commerce ou d’une entreprise artisanale.
L’apport en industrie est interdit dans la SA, la SAS et dans les sociétés
en commandite simple et par actions pour les commanditaires.
Les titres sociaux confèrent des droits aux associés et mettent à leur
charge une obligation essentielle, celle, de contribuer aux pertes sociales, mais
également les droits suivants:
* un droit sur les bénéfices réalisés ;
* un droit sur les actifs nets de la société lors de leur répartition, à sa
dissolution ;
* le droit de participer aux décisions collectives des associés.
La cession et la négociation doivent être distinguées. Les parts sociales
sont uniquement cessibles (cessibilité) tandis que les actions sont cessibles et
négociables (négociabilité).
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Formalité 2: Etablissement des statuts
Les statuts constituent l’acte par lequel les parties formalisent leur
accord. Cet écrit qui peut être sous forme d’acte authentique (notarié) ou
d’acte sous seing privé (SSP, fiduciaires, avocats, experts comptables,
conseillers juridiques, etc.) , contient les mentions obligatoires suivantes : la
forme, la durée, le siège social, la dénomination sociale, le capital social et
l’objet social, ainsi que des mentions facultatives.
Le droit d’enregistrement est de 0,5% du capital, avec un minimum de
1000 dhs (frais de timbres : 20 dhs par feuille).
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Formalité 9: Affiliation à la CNSS
Cette opération sans frais se fait au niveau de la CNSS représentée au
sein du CRI
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Le juge appelé à prononcer la nullité sur ce fondement, ne le fera que s’il
constate une fraude dans la constitution. Dans les autres sociétés, le défaut de
publicité (insertion, dépôt, immatriculation) donne lieu à régularisation et à
mise en jeu éventuelle de la responsabilité des fondateurs.
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d’un bail commercial ou d’un contrat de travail) doivent être accomplies par les
fondateurs pour le compte de la société en formation en vue de préparer
l’exploitation sociale.
Durant cette période, la société est en formation, elle n’a pas encore
d’existence juridique propre et ne peut s’engager dans les liens du contrat.
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Est réputée faire publiquement appel à l’épargne:
- toute société qui compte plus de 100 actionnaires ;
- toute société dont les titres sont inscrits à la cote de la bourse des
valeurs ;
- toute société qui pour le placement des titres qu’elle émet, a recours,
soit à des sociétés de bourse, à des banques ou d’autres établissements
financiers, soit au démarchage ou à des procédés de publicité quelconque.
Il peut y avoir APE tant lors de la constitution de la société (constitution
du capital), qu’en cours de vie sociale (renforcement des fonds propres).
Les formalités de constitution d’une SA faisant APE sont les mêmes que
celles des SA ne faisant pas APE en plus de certaines exigences légales destinées
à protéger les épargnants.
Elles doivent notamment avoir un capital social minimum de 3 000 000
dhs et sont soumises à des obligations d'informations périodiques,
occasionnelles et permanentes (loi n° 44-12 relative à l’APE et aux informations
exigées des personnes morales et organismes faisant APE).
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Elles ne sont pas immatriculées au RC.
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La personnalité morale -PM- confère au groupement qui en est doté une
identité. En vertu de la loi, la société acquiert la personnalité morale à
l’immatriculation au RC.
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retenir une appellation de fantaisie, inspirée de l’objet de l’entreprise ou bien
de son lieu d’exploitation. La dénomination sociale peut se résumer au nom
d’un ou plusieurs associés.
La liberté de choix en matière de dénomination sociale est toutefois
limitée par le risque d’atteinte à la dénomination identique de sociétés
existantes.
2-1-1-1- 5- La nationalité
La solution de principe est la suivante : la société a la nationalité du pays
où se situe son siège social.
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2-1-2-1- La responsabilité civile
Il a toujours été admis qu’une société est civilement responsable des
dommages qu’elle occasionne. Le but de la responsabilité civile est de réparer
le préjudice et non de sanctionner l’auteur du dommage.
La responsabilité civile de la société peut être constituée soit par la faute de
son représentant légal soit par celle de son préposé.
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