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Chapitre 

: Gestion des réseaux d’AEP et d’assainissements

1. Gestion des réseaux d’AEP


La gestion d’un réseau d’AEP a pour principale mission d’assurer les fonctions de production, stockage et
distribution. La gestion classique des réseaux présente beaucoup d’inconvénients. Les supports
cartographiques sur lesquels sont portés les objets représentant les réseaux sont difficilement manipulables.
Cette gestion est également très limitée, les informations caractérisant les réseaux représentés sont portées
sur le support en même temps que les objets graphiques eux-mêmes. La gestion présente les problèmes
suivants:
- L’archivage des documents cartographiques et les fiches techniques du réseau.
- La perte de temps pour la recherche d’une information bien déterminée.
- La difficulté de la mise à jour.
- La facilité de perdre des informations à cause de la mémorisation et l’archivage.
Les fonctions du service d'assainissement.
Pour identifier les acteurs du système d'assainissement, nous distinguons cinq types de fonctions
intervenant dans l'implantation et l'évolution du réseau. Il s'agit des fonctions de conception et de
construction, d'utilisation, d'entretien-contrôle et de financement, qui caractérisent le service
d'assainissement.
2. Objectifs de la gestion des réseaux d’AEP et d’assainissement
La gestion des réseaux d’AEP (connaître, décrire, entretenir, prévoir, développer) vise trois objectifs
principaux :
- la bonne gestion du patrimoine de la collectivité ;
- la qualité du service rendu à l’usager ;
- la réalisation des travaux d’entretien et d’extension.
La gestion met l'accent sur l'aspect structurel du système : l'organisation, l'interdépendance, la
hiérarchisation, la coordination et l'intégration. Deux intégrations sont par conséquent nécessaires : une
gestion horizontale entre l'offre, les usagers et les acteurs de la gestion, ainsi qu'une gestion verticale des
différentes échelles de la gestion.
3. Description d’un réseau d’A.E.P et d’assainissement
Un réseau d’A.E.P constitue l’ensemble des moyens et infrastructures dont dispose le concepteur (l’ingénieur
par exemple) pour transporter l’eau depuis la source jusqu’au consommateur. Un réseau d’eau potable doit
être fiable et durable pour pouvoir répondre aux exigences des consommateurs (quantité et qualité optimales,
dysfonctionnement minimaux). Le transport de l’eau de la source jusqu’au point de distribution se fait
suivant une chaîne composée de quatre maillons principaux.

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 Définition du système d'assainissement
Chaque réseau d'assainissement correspond, alors, à : un ensemble "structure matérielle, agents
intervenants, règles et normes" accompagné d'un certain nombre de relations, telles qu'elles ont été décrites
ci dessus ; c'est-à-dire à un système d'assainissement déterminé dans le contexte socio-économique donné.
3.1. Maillon ressource
La ressource est une structure permettant le captage de l’eau. La prise d’eau se fait habituellement par un
captage d’eau de surface (rivière, lac, barrage, etc.). En l’absence d’une telle source, ou lorsque l’eau de
surface est trop polluée, on procède au captage d’eau souterraine (forage, puits, galeries, sources, …).
3.2. Maillon production – adduction
Ce maillon est un ensemble constitué d’une station de pompage et d’un dispositif d’adduction (conduite et
accessoires).
3.2.1. La station de pompage
C’est le dispositif de production. Sa capacité est fonction du ou des réservoirs de stockage. Elle est constituée
des ouvrages et des équipements suivants :
- Bâche d’aspiration.
- Chambre de télé-contrôle et d’automatisation.
- Groupes électropompes.
- Autres équipements en amont et en aval des pompes (vannes, clapets, manomètres, etc.).
On remarque l’existence de plusieurs pompes. Ceci permettra d’un côté, de minimiser la consommation de
l’énergie électrique, car le débit produit est réparti sur l’ensemble des pompes, et de l’autre côté, d’assurer la
continuité du service en cas de panne de l’une d’elles.
3.2.2. Le dispositif d’adduction
La conduite d’adduction relie la prise d’eau au réservoir de stockage. C’est une conduite d’un gros diamètre
car elle est destinée à transporter un débit très important. Pour faire face aux contraintes imposées par le
terrain et le relief, on doit accompagner la conduite d’adduction par divers ouvrages :
-Ventouses aux points hauts du tracé pour l’évacuation d’air,
Vidange aux points bas,
- Brise charge pour éviter la surpression et la sous pression dans les canalisations.
3.3. Le maillon traitement
Le traitement de l’eau brute se passe généralement en trois étapes :
- La clarification : il s’agit de dégager l’eau des particules colloïdales en utilisant un massif filtrant.
- La stérilisation : son objectif est de rendre l’eau bactériologiquement pure. Pour ceci, on utilise des
oxydants tels que le chlore et l’ozone.
- L’affinage : permet d’éliminer les micropolluants (corps dissous).

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3.4. Le maillon stockage
Le réservoir de stockage est un bassin qui se remplit au cours des faibles consommations et qui se vide
pendant les périodes de fortes consommations journalières. Le réservoir présente deux utilités (technique et
économique) par les multiples fonctions qu’il remplit :
• Fonctions techniques : il permet :
- La régulation du débit pour tous les ouvrages qui se situent en amont et en aval de lui.
- La régulation de la pression dans le réseau de distribution.
- L’assurance de la continuité de l’approvisionnement en cas de panne dans les ouvrages situés dans la
partie amont.
- La participation au traitement (utilisation de réactifs).
• Fonctions économiques : il permet :
- La réduction des investissements sur tous les autres ouvrages du réseau d’A.E.P.
- La réduction des coûts de l’énergie.
La capacité d’un réservoir dépend du mode d’exploitation des ouvrages de la partie amont et de la variabilité
de la demande.
Pour l’emplacement d’un réservoir, selon que l’agglomération est située en plaine ou en terrain accidenté, il
peut être soit enterré, soit semi-enterré, soit surélevé.
Une adéquate gestion des réseaux d’eau potable (réseau d’assainissement) nécessite de disposer d’une base
de données actualisée où les informations requises sont reliées au même référentiel spatial. Néanmoins, les
informations relatives aux réseaux et aux infrastructures d’eau potable (assainissement) sont généralement
disponibles sans concordance d’échelles et sur différents supports avec un classement souvent aléatoire et
beaucoup de redondance. De même, l’historique des incidents sur les réseaux (fuites) est généralement
tributaire de la mémoire humaine.
4. Points critique de la gestion de l’eau
Il existe des points critiques pour la gestion de l'eau, notamment:
• les consommations élevées d'eau potable qui peuvent causer des situations de pénurie
• le transport des déchets par l'eau
• le coût très important des infrastructures de distribution, d'assainissement et d'épuration
• la consommation en énergie trop importante pour certains processus de purification de l'eau
• la pollution des eaux naturelles et de l'environnement en général par la présence de micro- polluants, par
les déversements lors d'orages, par les dysfonctionnements des déversoirs et par l'évacuation et l'infiltration
artificielle des eaux de ruissellement
• la dégradation qualitative implique des traitements de plus en plus sophistiqués et donc plus coûteux,
pour la production d'eau potable
• l'absence de responsabilisation et de prise de conscience des multiples acteurs.
En ce qui concerne la gestion des eaux, «les ressources doivent être planifiées et gérées d'une façon intégrée
et holistique pour prévenir les pénuries d'eau ou les pollutions pour garantir le développement.

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La satisfaction des besoins de base des hommes et la préservation de l'écosystème doivent être prioritaires».
La ressource étant renouvelable, mais pas à l'infini, il ne faut pas que la consommation dépasse le taux de
renouvellement.
En général, pour atteindre un développement durable de la ressource, il faut diminuer les consommations en
énergie, utiliser les ressources de manière à ne pas les dégrader, ni les diminuer, régler les problèmes
environnementaux pour ne pas les transférer dans le temps ou l'espace, ne pas perturber les cycles naturels
par les activités humaines et intégrer l'homme dans les réflexions relatives à la manière de tendre vers le
développement durable.
5. Les axes et objectifs d’une gestion patrimoniale des réseaux d’eau potable
5.1. Introduction
La gestion patrimoniale est une approche à long terme qui tient compte de l’état du patrimoine tout au
long de son cycle de vie dans le but d’assurer le niveau de performance requis avec un facteur risque donné,
le tout dans un contexte économique contraint.
Dans le cas d’un système d’alimentation en eau potable cela peut donc se définir comme un processus de
planification visant l’optimisation de :
• la conception, la fourniture et la réalisation des infrastructures,
• la maintenance de l’ensemble du système,
• la mise hors service de ces infrastructures et se traduisant par un ensemble d’actions à entreprendre à
court, moyen et long terme devant permettre d’atteindre et de maintenir sur le long terme, tout en
garantissant un prix de l’eau acceptable pour les consommateurs, un niveau de performance du service d’eau.
Ce processus doit en permanence s’adapter à :
• la réglementation,
• les attentes des usagers,
• la situation de la ressource en eau,
• le contexte budgétaire et financier y compris l’accès aux emprunts et subventions,
• les conventions et/ou contrats de délégation,
• les conséquences prévisibles pour les générations futures.
Compte tenu de la diversité des contextes de gestion des services, et donc des objectifs actuels fixés au
service gestionnaire par la collectivité autorité organisatrice, le contenu d’une politique de gestion du
patrimoine ne peut pas être uniforme.
Les objectifs liés à la gestion patrimoniale des réseaux d’eau potable peuvent se regrouper suivant les axes
décrits ci-après.
5.2 La performance du réseau
La performance d’un réseau s’apprécie selon trois critères :
• la qualité de l’eau au robinet,
• la continuité de service (y compris en quantité et pression),
• l’impact sur l’environnement.

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5.2.1. La qualité de l’eau au robinet
La fonction première du système d’alimentation en eau potable est de délivrer une eau destinée à la
consommation humaine au robinet de chaque consommateur.
Dans certaines conditions, le réseau est susceptible de dégrader localement et ponctuellement la qualité de
l’eau distribuée.
Ces dégradations de la qualité de l’eau résultent souvent à la fois de causes structurelles (matériau des
canalisations, étanchéité) et de causes fonctionnelles (qualité initiale de l’eau, temps de séjour dans les
ouvrages et le réseau, température de l’eau).
Une gestion du patrimoine axée sur le maintien de la qualité d’eau devra donc identifier ces causes et
mettre en oeuvre des actions correctrices telles que le maillage ou le démaillage du réseau, le renouvellement
ou la réhabilitation de conduites (voire leur nettoyage) ou de branchements.
La satisfaction de contraintes sanitaires peut mener, à titre d’exemple, à la mise en place de purges
permettant une réduction du temps de séjour de l’eau distribuée au sein du réseau de distribution. Cette
solution, si elle présente un avantage économique à court terme induit des consommations en eau
supplémentaires et d’éventuels traitements inutiles.
La qualité du réseau se mesure entre autres à l’aide des indicateurs réglementaires « conformité
microbiologique de l’eau » et « conformité physico-chimique de l’eau. »
5.2.2. La continuité de service
La continuité de service consiste à garantir la disponibilité du service de l’eau à l’ensemble des abonnés,
en particulier aux abonnés sensibles. Une gestion patrimoniale visant le maintien ou l’amélioration de la
continuité de service passe par plusieurs types d’actions :
• assurer une maintenance et un suivi du réseau,
• gérer le niveau et la variation des pressions,
• établir une analyse technique des interactions entre matériaux, qualité de l’eau, courants vagabonds, etc.,
• renouveler les ouvrages les plus critiques (présentant une probabilité de défaillance élevée),
• sécuriser le réseau en maillant les canalisations voire en doublant les canalisations stratégiques.
Une gestion patrimoniale axée principalement sur la continuité de service tendra à maintenir un niveau élevé
de sécurisation de son réseau. Ainsi, les canalisations à renouveler en priorité seront celles, qui en cas de
rupture, priveraient d’eau des abonnés sensibles et/ou durablement un nombre important d’habitants.
5.2.3. L’impact sur l’environnement
Les pertes en eau constituent un prélèvement supplémentaire sur la ressource.
Leurs origines sont variées ; elles peuvent être physiques (fuites sur les conduites, branchements ou tous
autres ouvrages) ou commerciales (vols d’eau, consommations non comptées). Les démarches mises en
oeuvre pour limiter ces pertes devront découler d’une analyse de leur origine et de la prise en compte du
contexte et des enjeux.
Concernant les pertes physiques, la politique de gestion du patrimoine consistera à mettre en oeuvre
conjointement :

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•) Des actions d’exploitation pour limiter les volumes de pertes telles que la recherche et réparation de fuites
ou la gestion de pression,
•) Des investissements pour renouveler les canalisations et/ ou les branchements les plus fuyards ; une
gestion patrimoniale fondée sur un objectif de réduction des volumes de pertes devra axer le renouvellement
des canalisations sur les secteurs les plus fuyards.
Ces actions peuvent nécessiter la mise en place d’une sectorisation efficace et pérenne du réseau d’eau. Cet
aspect de la performance du réseau se mesure notamment à l’aide des indicateurs réglementaires : Indice
Linéaire des Volumes Non Comptés, Indice Linéaire de Perte en réseau et Rendement du réseau de
distribution.
NB : Le volume d’eau perdu consécutivement aux fuites n’est en effet pas directement proportionnel au
nombre de casses mais également fortement dépendant de la pression de l’eau dans le réseau, de la taille de
l’orifice de fuite, du délai de détection/intervention et de la densité du terrain recevant l’eau de la fuite.
Les actions liées à la lutte contre les pertes d’eau peuvent avoir un impact négatif sur les temps de séjour et
les risques de gel.
5.2.4. Les fuites dans les réseaux d’assainissements
Définition
Le phénomène de fuites concerne l'écoulement des eaux usées transportées dans les collecteurs du réseau
d'assainissement par des issues dues à des défectuosités de la structure des équipements et des erreurs de
branchements, dans le milieu environnant.
Les causes de l'apparition des fuites - Les acteurs concernés
La provocation des fuites est due, soit à des défectuosités de la structure de l'ouvrage (fissures, joints
fuyards ...) liées à sa détérioration physique, soit à des défauts de construction (mauvaise pose, erreurs de
branchements, joints manquants . . . ).
Le réseau doit, bien sûr, se situer au-dessus de la nappe phréatique, sinon les fuites se "remplacent" par des
infiltrations.
Les acteurs concernés par la production de cette anomalie, qui caractérise les équipements d'assainissement,
sont les mêmes que ceux du cas des eaux parasites.
Les effets des fuites - Les acteurs concernés
La principale conséquence des fuites se traduit par le rejet, dans le milieu naturel, d'une charge polluante
préjudiciable à la qualité de l'environnement. En particulier dans le cas de raccordements illicites eaux sales
dans les collecteurs eaux pluviales séparatifs), d'importants volumes d'eaux usées ne parviennent pas dans les
stations d'épuration mais ils sont déversés sans traitement dans le milieu naturel. De même, une partie des
effluents qui transitent dans le réseau, s'infiltre dans le sous-sol et peut polluer une nappe phréatique, un
cours d'eau ou même provoquer au milieu urbain d'importantes détériorations dans les ouvrages entérés.

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Autres impacts
En plus de leur impact sur la ressource en eau, les pertes d’eau et les fuites en réseau ont un impact sur la
consommation énergétique du système d’alimentation en eau potable.
Pomper une quantité d’eau qui sera ensuite perdue représente une consommation électrique inutile.
De par la localisation des réseaux ou la continuité de l’utilisation des infrastructures, les interventions sur le
système d’alimentation d’eau potable sont souvent source de gênes.
En effet, que ce soit la perturbation de la continuité de service ou les perturbations du trafic routier se situant
au-dessus du réseau, l’entretien et la maintenance du réseau peuvent perturber son environnement.
Ces perturbations étant plus faciles à gérer lorsqu’elles sont planifiées, il convient parfois d’anticiper
certaines actions de maintenance.
Actions de maîtrise et/ou réduction des pertes d’eau
5.3. La gestion des risques
Il est évident que tout focus excessif sur l’un des axes pourrait conduire à privilégier des orientations
d’exploitation et de renouvellement potentiellement dommageables vis-à-vis des autres axes alors
déconsidérés.
Parallèlement, en fonction du compromis fait par l’autorité organisatrice autour des trois axes de
performance ci-dessus, la gestion des risques associés différera.
L’évaluation du risque associé à un événement est le produit de sa probabilité d’occurrence et de sa
conséquence. La probabilité d’occurrence d’une défaillance sur une conduite peut être calculée à l’aide d’une
approche statistique faite à partir des défaillances passées. La conséquence de chaque défaillance peut être
appréciée selon plusieurs critères (non exhaustifs) :
•) Interruption de service des abonnés sensibles,
•) Gêne à la circulation (routière, ferroviaire…) et aux activités économiques/commerçantes,
•) Dégâts aux tiers,
•) Gêne au fonctionnement hydraulique du réseau,
•) Conditions particulières d’intervention sur les conduites (matériau, emplacement, encombrement du
sous-sol…).
5.4. Les investissements et les charges d’exploitation
Au-delà d’une optimisation technique des différentes actions à réaliser sur le réseau pour améliorer sa
performance, il est essentiel de connaître et de prendre en compte les coûts de chacune des solutions
techniques (exploiter ou renouveler) et les bénéfices qu’elles apportent sur la performance. En effet, bien que
sur le court terme il soit très souvent moins coûteux d’effectuer des interventions d’exploitation sur les
réseaux, cela n’est plus vrai sur le long terme.
6. Gestion patrimoniale des réseaux d’eau potable
Trouver un équilibre entre solutions d’exploitation et investissements pour maintenir dans le temps un
service aux utilisateurs performant et à un prix maîtrisé.
Ainsi dans la balance permettant d’atteindre la performance souhaitée, il convient d’envisager :

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•) Les coûts d’investissements liés :
– au renouvellement des conduites et des branchements,
– à l’amélioration du réseau (réduction de pression, capacité de sectionnement…).
•) Les coûts d’exploitation liés :
– à la recherche et réparation de fuites ainsi qu’à l’eau perdue pendant la durée de la fuite pour l’axe «
impact sur l’environnement »,
– aux réparations de casses pour l’axe « continuité du service »

7. L’amortissement du réseau et la gestion des immobilisations


L’amortissement est une obligation légale prévue dans le cadre comptable des services d’eau potable qui
tient compte de la dépréciation du patrimoine et qui va contribuer en partie, et en partie seulement, au
financement des investissements de réhabilitation.
Le reste du financement devra être mis en place par la collectivité autorité organisatrice via sa politique
financière prenant en compte l’autofinancement, le recours aux emprunts, les subventions.
8. Échelon de gestion
La problématique de l’eau comporte trois dimensions :
Premièrement, la gestion des ressources en eau et des réseaux d’AEP se passe à différents niveaux, allant de
l’échelle nationale à l’échelle locale (commune), et englobe plusieurs secteurs.
Deuxièmement, il importe d’établir une séparation entre les fonctions de gestion et les fonctions de
distribution. Des efforts devront être déployés pour mettre en place des institutions autonomes de
coordination sectorielle et de gestion globale des ressources en eau, différentes de celles ayant la charge des
sous-secteurs spécifiques de l’eau.
Troisièmement, l’adoption de l’approche intégrée pourrait s’avérer difficile à réaliser au début, en raison des
nombreuses institutions qui ont des intérêts dans le secteur de l’eau, des besoins financiers et des délais
relativement longs qui sont nécessaires pour avoir des résultats positifs. Toutes ces questions seront évoquées
dans les lignes qui suivent.
9. L’outil de la gestion
Le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux est un outil de planification, fixant pour une
période de « x » ans les grandes orientations d’une gestion équilibrée de la ressource en eau et des et les
objectifs à atteindre en termes de qualité et de quantité des eaux.
Chaque outil disposé d’une portée juridique ; ainsi doivent être compatibles avec le PDAU (plan directeur
d‘aménagement et d’urbanisme) et le POS (plan d’occupation de sol) les documents d’urbanisme.
10. La gestion et l’archivage des données des défaillances
L’historique des défaillances et anomalies dans les réseaux d’AEP permet de mettre en évidence les
problèmes récurrents du réseau et ses secteurs sensibles. À défaut d’avoir celui des années précédentes, un
historique des casses et interventions doit désormais être enregistré.

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Un modèle de fichier permettant la gestion et l’archivage des défaillances est proposé dans le tableur fourni
avec le guide.
Les données à renseigner sont :
• la date d’intervention,
• l’identification du tronçon sur lequel a eu lieu l’intervention s’il s’agit d’une défaillance directement sur un
tronçon,
• la localisation précise de la défaillance (n° de voie),
• le type de la défaillance,
• la validation ou la correction des données de la conduite (diamètre, matériau, joints…).
Les types de défaillances proposés pour archivage par ce guide sont les suivants :
• Défaillances physiques sur canalisations :
– trou,
– joint,
– casse nette,
– casse longitudinale,
– fissure,
– déboîtement.
• Anomalies signalées par les abonnés : - manque d’eau,
– chute de pression,
– forte pression,
– goût,
– eau colorée.
Les causes de défaillances proposées pour archivage par ce guide sont les suivantes :
• détérioration par un tiers,
• corrosion interne,
• corrosion externe,
• mouvement de terrain,
• surpression,
• poinçonnement,
• défaut matériau.
Pour que l’historisation des défaillances soit efficace, il est nécessaire que les tronçons et les branchements
possèdent un identifiant unique dans la base de données. L’identifiant d’un tronçon ne devra pas être réutilisé
pour un autre tronçon, même en cas de dépose ou de mise hors service du tronçon.
La constatation d’une défaillance peut également résulter d’une démarche active de recherche de fuite.

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11. Problème de gestion des réseaux d’A.E.P en Algérie
Les problèmes de gestion des réseaux algériens sont très divers :
- Méconnaissance des besoins en eau des populations.
- Entretien quasi-nul des canalisations et de leurs accessoires.
- Coupures d’eau fréquentes.
- Fuites non répertoriées.
- Interventions trop lentes sur les :
- Personnel insuffisant et non qualifié.
- Inexistence de pompes de secours au niveau des stations de pompage.
12. Les problématiques à considérer dans la définition de la gestion nationale de l’eau
De façon spécifique, l’élaboration de la politique nationale de l’eau doit prendre en compte les
problématiques relatives :
a) Au développement durable
Le concept de développement durable intègre à la fois des préoccupations de développement de l’ensemble
de l’espace communautaire, d’équité sociale, de protection de l’environnement, de protection du patrimoine
et de solidarité vis-à-vis des générations futures. En effet, « est durable un développement permettant de
répondre aux besoins d’aujourd’hui sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire les
leurs ».
La politique nationale doit donc prendre en compte la problématique du développement durable comme un
enjeu stratégique. D’une manière générale, cette problématique doit être appréhendée sous le prisme de la
durabilité, de la précaution et de la responsabilité.

b) Par durabilité, il est entendu que la politique de l’eau visera à assurer la continuité dans le temps du
développement économique et social, dans le respect de l’environnement, et sans compromettre nos réserves
en ressources naturelles, notamment les ressources en eau indispensables à l’activité humaine. Les acteurs
institutionnels ont donc l’obligation de coordonner la gestion et la mise en valeur de ces ressources de
manière équilibrée et rationnelle pour atteindre des objectifs de développement, en tenant compte du fait
qu’elles sont limitées – c’est-à-dire épuisables - vulnérables et pour l’essentiel non renouvelables. D’où la
nécessité de les protéger et de les sauvegarder pour les générations futures.
c) Le respect du principe de précaution est une donnée particulièrement importante. En effet, la gestion des
ressources en eau met en évidence de nombreux sujets d’inquiétudes « graves » et « irréversibles » et
donnent donc matière à l’application raisonnée de ce principe. Suivant l’énoncé de la loi française de 1995,
cela signifie que « l’absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du
moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque
de dommages graves et irréversibles à un coût économiquement acceptable ».
Son application impose à chaque individu ou acteur institutionnel l’obligation de s’abstenir de toute action
pouvant s’avérer dommageable.

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d) La responsabilité impose aux usagers et aux pouvoirs publics un certain nombre de devoirs vis-à-vis de la
gestion de la ressource en eau. Elle se traduit, entre autres, par l’application des principes de « pollueur-
payeur » et de « préleveur-payeur ».
e) la relation entre l’eau et l’environnement
L’eau est l’un des éléments essentiels de l’environnement. Elle est indispensable à la survie de tous les
organismes vivants sans exception : hommes, animaux, végétaux et organismes inférieurs. La réduction des
ressources en eau en quantité ou en qualité est donc l’un des principaux risques pour la survie des
écosystèmes.

Or, au Cameroun comme dans nombre de pays en voie de développement, l’eau est l’un des milieux les plus
menacés. En effet, en ville comme en campagne, 80 à 90% des eaux usées déversées dans les cours d’eau ou
sur les côtes sont des effluents bruts, c'est-à-dire des rejets qui n’ont pas été traités. La pollution, liée à une
démographie galopante et à des infrastructures d’assainissement et de traitement des déchets inadéquates,
constitue une menace pour la santé publique, les espèces sauvages ainsi que pour les sources de revenu
comme la pêche et le tourisme. Cette préoccupation doit donc être prise en compte dans la définition de la
politique nationale de l’eau, étant entendu que le droit à un environnement sain constitue une garantie
constitutionnelle dont peut se prévaloir tout citoyen.
Il faut cependant relever que la relation entre l’eau et l’environnement est clairement établie par de
nombreux textes aussi bien nationaux (loi cadre relative à la gestion de l’environnement et loi portant régime
de l’eau) qu’internationaux (convention sur le droit de la mer).

f) droit à l’eau
Le droit à l’eau est un droit fondamental inscrit dans plusieurs conventions internationales.
La recherche de l’équité est l’un des fondements du droit à l’eau car elle impose un accès de tous à l’eau de
manière équitable et juste et en fonction des capacités de chacun. Ce principe éthique tend donc à imposer
aux pouvoirs publics des responsabilités spécifiques en matière d’accessibilité à l’eau et particulièrement à
l’eau potable en tant que bien essentiel et vital.

Ce droit à l’eau concerne l’eau potable et non l’eau en général, la gestion de services publics locaux et non
celle des bassins fluviaux. Sa reconnaissance explicite du droit à l’eau comme droit fondamental constitue
une action importante ayant une valeur symbolique et juridique élevée. Il apporte la preuve de l’importance
que les pouvoirs publics attribuent à l’eau pour la santé et de la considération qu’ils ont pour les souhaits des
usagers qui n’ont pas accès à l’eau potable.
Il en vient que chaque citoyen doit disposer d’une certaine quantité d’eau d’une certaine qualité afin de
satisfaire ses besoins essentiels. A cet effet, l’on devrait donner la priorité aux usages essentiels domestiques
de l’eau et mettre en place un service public de qualité pour l’accès universel à l’eau potable.
Le « processus de gestion correspond à une démarche cohérente vis- àvis d'une chose ou d'un état à
contrôler».

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Globalement, l'objectif de la gestion environnementale consiste alors à agir pour satisfaire l'ensemble des
besoins en limitant la concurrence entre les divers usagers, en préservant au maximum le milieu naturel et
l'environnement à un coût minimum pour la collectivité.
La gestion environnementale est souvent prise dans le sens d'une maîtrise directe où le gestionnaire conduit
la société et son environnement à l'état désiré. Dans cette conception de la gestion, la maîtrise ne signifie
cependant pas que le résultat est assuré. Celui-ci dépend encore de l'efficacité technique du gestionnaire, du
caractère réalisable ou non de l'objectif qu'il s'est fixé et de la malchance possible. De plus, le gestionnaire
n'est pas seul. Le résultat dépend aussi des autres intervenants dans le système à gérer. Il en est de même
pour la gestion de l'eau.
La multitude d'acteurs augmente la complexité du système et fait que l'on ne peut plus tellement parler de «
maîtrise ». Deux types de gestion peuvent être distingués : la gestion effective et la gestion intentionnelle.
La gestion effective résulte de l'ensemble des actions humaines qui affectent le milieu,
La gestion intentionnelle vise à faire évoluer l'état de ce milieu dans un certain sens.

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La gestion des eaux
Est l'action au jour le jour qui permet de réaliser les actions programmées et le suivi de celles-ci. Les
programmes doivent être suivis et comparés afin de réviser et adapter les écarts, d'une part entre les effets
obtenus et prévus et d'autre part, entre les actions effectuées et à venir. Le système eau peut être contrôlé par
l'action humaine qui se manifeste sous deux formes : la gestion environnementale et l'aménagement du
territoire. Nous nous focaliserons dans ce mémoire sur la gestion environnementale. Voici quelques missions
que la gestion de l'eau doit assurer :
• l'approvisionnement en eau de boisson et en eau destinée à l'hygiène personnelle ;

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• l'hygiène des communautés urbaines ;
• la gestion des eaux pluviales et la protection contre les inondations ;
• la protection des milieux naturels ;
• le rôle récréatif et paysager de l'eau ;
• la pratique de l'agriculture (également en zone urbaine).
POURQUOI LA GESTION DE L'EAU EST-ELLE NÉCESSAIRE?
La gestion de l'eau est nécessaire car il s'agit d'une ressource unique, essentielle à la vie sur terre, qui est par
ses multiples fonctions complexe à gérer. Récemment s'y est encore ajouté la notion de développement
durable, qui vient encore complexifier sa gestion. Par la multitude d'acteurs, la gestion de l'eau pose de
nombreux problèmes : des problèmes d'appropriation, de maintenance, de production et d'allocation. De plus,
la gestion de l'eau est marquée par de fortes spécificités qui sont liées aux caractéristiques de l'eau.
L'eau se distingue des autres ressources par son unicité. Il s'agit d'une ressource renouvelable, mais pas à
l'infini. Pour la gestion de l'eau, les aspects de gestion quantitative et qualitative sont d'importance égale et il
paraît évident que les problèmes de quantité et de qualité ne peuvent pas être dissociés. Dans certains cas, la
qualité de l'eau peut être tellement détériorée que l'on ne peut plus retrouver une qualité acceptable. On peut
donc dépasser des seuils entraînant des irréversibilités : l'eau est par la suite une ressource épuisable. Dans
les cas de rareté ou de pénurie, on peut se trouver en cas de pénurie relative si la qualité de l'eau ne suffît pas
pour les besoins, ou en pénurie absolue, si les quantités d'eau disponibles ne couvrent pas les besoins. Ce
sont exactement ces pénuries relatives et quantitatives que l'on veut éviter, ainsi que l'épuisement de la
ressource pour les générations futures. Il y a lieu pour cela de considérer l'aspect ressource et l'aspect milieu
de l'eau et cela en relation avec les autres systèmes liés au système eau.

14
Éléments constitutifs d’un réseau de distribution d’eau potable
I.2.5.3.1. Les matériaux des canalisations
Trois considérations sont essentielles pour le choix du matériau des canalisations :
- la sécurité de service ;
- la longévité ;
- le facteur économique.
Pour les conduites maîtresses, les matériaux les mieux adaptés sont la fonte ductile, le béton armé et
l’acier, par contre, pour les conduites secondaires, on choisit des tuyaux en acier, polyéthylène et le
PVC à joints flexibles.
I.2.5.3.2. Les joints
Ils ont pour fonction d’assurer l’étanchéité des jointures des tuyaux et faire face aux sollicitations
mécaniques et chimiques. Pour cela, ils doivent épouser parfaitement la loge qui leur est destinée.
Les joints constituent la partie la plus fragile de la canalisation à cause de leur souplesse ; tout
mouvement du tuyau s’articule sur le joint, ce qui provoque en lui des usures mécaniques. L’action
des produits chlorés de l’eau et le dessèchement induisent le
vieillissement des joints.
Il existe trois principaux types de joints : mécaniques, à emboîtement et à bride.
Les joints mécaniques ou à emboîtement sont utilisés pour relier les conduites enfouies dans le sol,
alors que les joints à bride sont utilisés pour raccorder des tronçons à l’intérieur des constructions
(station de pompage, station de traitement, etc.).
I.2.5.3.3. Les vannes
Elles permettent de maîtriser les écoulements dans le réseau, donc de mieux gérer celui-ci. Il existe
plusieurs types de vannes qui satisfont à des besoins variés :
• Les vannes d’isolement : permettent d’isoler certains tronçons qu’on veut inspecter, réparer ou
entretenir. On distingue deux types : les robinets à papillon pour les conduites de gros diamètres et
les robinets-vannes pour les conduites de petits diamètres.
• Les vannes à clapets de non-retour : permettent de diriger l’écoulement dans un seul sens.
Elles sont installées sur les conduites de refoulement.
• Les vannes de réduction de pression : permettent de réduire la pression à une valeur
prédéterminée.
I.2.5.3.4. Les ventouses

15
On installe des ventouses aux points élevés du réseau. Elles permettent d’un côté, de faire évacuer
les quantités d’air qui s’y accumulent à la suite, par exemple, du dégazage de l’oxygène dissous, et
de l’autre côté, de faire pénétrer l’air lorsqu’un vide se crée dans une conduite et évitent la création
de pressions négatives qui risqueraient d’entraîner l’écrasement de la conduite. Trois types de
ventouses sont utilisés : ventouses pour petites quantités d’air, ventouses pour grandes quantités
d’air et ventouses universelles.
I.2.5.3.5. Les décharges
Une décharge est un robinet placé au point bas de la canalisation pour en permettre la
vidange, l’évacuation s’effectue à l’égout le plus voisin ou si le point bas se trouve hors de la
ville, dans le fossé le plus proche. Ce robinet sera placé à l’intérieur d’un regard en maçonnerie et
doit être facilement accessible.
I.2.5.3.6. Les poteaux d’incendie
Ils permettent de fournir aux pompiers l’eau dont ils ont besoin pour combattre les incendies. Ils
sont reliés aux conduites du réseau par des conduites de raccordement dotées d’une vanne
d’isolement. Un poteau d’incendie doit comporter au moins deux prises latérales de 65 mm de
diamètre et une conduite de 100 mm de diamètre si le débit excède 5000 l/mn ou la pression si est
faible.
La superficie desservie par un poteau d’incendie dépend du débit nécessaire pour combattre les
incendies ; plus le débit est élevé, plus les poteaux sont nombreux et rapprochés.

Gestion informatisée des réseaux


La complexité des réseaux d’eau potable et la difficulté éprouvée par les gestionnaires de prévoir
les phénomènes hydrauliques qui s’y déroulent, fait de la gestion informatisée une opération
indispensable, rendue possible grâce aux progrès de l’informatique.
Elle permet en effet :
 D’améliorer la connaissance des réseaux faisant l’objet d’une telle étude ;
 De détecter et de comprendre les désordres pouvant se produire sur le réseau : on peut par
exemple localiser les zones ou la pression est anormale et en déduire la présence de fuites ou
l’existence d’éléments inconnus, s’apercevoir que les temps théoriques de fonctionnement de

16
pompes sont bien inférieurs aux temps mesurés ou découvrir d’autres indices qui témoignent de
dysfonctionnement ;
 De simuler sur une période d’au moins une journée le comportement du réseau afin d’en optimiser
les ressources, les capacités de stockage, les pompages ;
 D’étudier l’impact de nouvelles consommations ou d’éventuels incidents, de prévoir et adapter les
installations pour faire face à de nouvelles contraintes ou à des situations de crises ;
 De dimensionner les extensions, les renforcements ou les aménagements nécessaires pour
satisfaire les nouveaux besoins.

Problèmes rencontrés dans un réseau d’A.E.P


Plusieurs problèmes de différentes origines peuvent survenir dans un réseau d’A.E.P ; des fuites, les
branchements illicites, les erreurs de compteurs, les problèmes environnementaux, pénétration de
contaminants, chute de pression, des ruptures ou casses sur les conduites et leurs accessoires, les
interruptions. A ces problèmes s’ajoutent des problèmes de gestion du réseau. Ces différents
problèmes causent le mécontentement des consommateurs qui réagissent en déposant des plaintes
sur les différents services (quantité insuffisante, qualité médiocre, interruption de l’alimentation,
etc.) au niveau des services concernés. Les différents problèmes survenant dans un réseau
d’alimentation en eau potable peuvent être classés en trois grandes catégories :
- Problèmes induisant les ruptures et les casses.
- Problèmes induisant les fuites.
- Problèmes induisant la dégradation de la qualité de l’eau.
II.2. Défaillances :
II.2.1. Définition :
On appelle défaillance toute détérioration pouvant provoquer ou accentuer le risque de
dysfonctionnement du réseau (ou de l’un de ses éléments), ou la diminution de son rendement.
II.2.2. Les différents types de défaillances :
II.2.2.1. Les fuites :
Ce sont des pertes physiques de quelques quantités d’eau, mais qui n’empêchent pas le
fonctionnement normal du réseau. Les fuites sont généralement localisées dans les joints, les
vannes, les raccordements, les points de jonction entre deux éléments ou dans le corps même de la
conduite. Gueddouj et Ouaret (2002)
- Rupture ou mauvaise étanchéité des conduites.
- Joints détériorés ou mal exécutés.
- Corrosion.
- Glissements de terrains.
- Excès de pression.

Effets de fuites

- Risque de dégradation de la qualité de l’eau suite à l’introduction d’eau polluée.

17
- Perturbation de la circulation suite aux inondations.
- Risque de retour d’eau.

Les pertes
Dans un réseau, on distingue deux types de pertes et leurs causes sont diverses:

- Au débordement des réservoirs dues soit mauvais fonctionnement du flotteur ou de la vanne de


vidange.
- Aux fuites sur conduites et branchements particuliers engendrées par les casses et leurs différentes
causes.
- Aux fuites sur robinets, vannes et colliers dues à un mauvais serrage des joints, des presses
étoupent des vannes et des colliers de prise.

- La défectuosité ou l’insensibilité des compteurs.


- Absence de compteurs chez les abonnés.
- Pertes par branchements illicites.

Les casses (ruptures) :


Une rupture ou une casse est définie comme étant une détérioration induisant un arrêt
momentané de l’alimentation en eau et qui nécessite une intervention sur le réseau.

- Mouvement du sol.
- Coup de bélier.
- Travaux de chantier.
- Trafic routier intense.
- Conditions de pose.

Entretien des adductions et du réseau de distribution :


Les travaux d’entretien du réseau de distribution et de l’adduction concernent les conduites et tous
les accessoires qui les accompagnent. Ces travaux sont :
- Surveillance et entretien.
- Actions de réductions des pertes.
II.4.2.1. Surveillance et entretien :
La surveillance et l’analyse des états physiques, hydrauliques et d’encrassement du réseau
permettent de mieux appréhender les problèmes qui surviennent dans le réseau. Cela consiste à :
- Faire un entretien périodique (visite, graissage, révision) des organes mécaniques des appareils de
fontainerie.
- Vidanger et purger les régulateurs de pression.
- Vérifier le bon fonctionnement des ventouses.
- Resserrer les presse-étoupe des vannes.

Actions de réduction des pertes en eau :


Pour réduire les pertes en eau dans l’adduction et dans le réseau de distribution, deux actions sont
nécessaires pour l’exploitant ; la première, la plus importante est la recherche et la réparation des
fuites. La seconde plus ou moins importante est le comptage.

Méthode de recherche des fuites à grande échelle

18
Elle consiste à calculer la différence entre le volume introduit dans le réseau et le volume
consommé et comptabilisé. Une différence de volume permet de soupçonner des fuites d’eau dans
l’un des secteurs du réseau.

La méthode fréquemment utilisée pour la délimitation de la zone de la fuite est l’isolement des
tronçons soupçonnés de fuite et la pose de compteurs en amont et en aval de ceux-ci. Il reste ensuite
à détecter la localisation exacte de la fuite par l’utilisation de méthodes plus fines.

Méthodes acoustiques :
Les méthodes de détection utilisées sont toutes basées sur le bruit émis par les fuites. L’écoute du
bruit causé par la fuite peut se faire soit par contact direct avec la conduite et tout ce qui y est
raccordé (entrée de service, vanne, borne d’incendie), soit par écoute sur 1e sol. Le bruit de la fuite
résulte du choc des molécules d’eau entre elles, de leur frottement contre les parois de l’orifice de la
fuite ou finalement du choc de 1’eau sur le terrain. L’écoute et l’analyse de ce bruit permettent de
déterminer une zone plus ou moins importante de détection de la fuite. Cette zone est embrouillée
par le bruit de fond (vent, trafic routier etc.). L’utilisation d’amplificateurs mécaniques ou
électroniques ou encore de corrélateurs acoustiques permet l’élimination des bruits parasites.
Méthodes modernes :
Plusieurs méthodes modernes sont actuellement employées dans la recherche des fuites. On citera :
- Technique de photographie aérienne, notamment dans le domaine de l’infrarouge, la prise de
photographies permet de déceler des zones de températures différentes résultant de la fuite.
- Utilisation des traceurs radioactifs : détection de radioactivité intense à la zone des fuites.
- Utilisation de caméras qui permettent de déceler les différentes anomalies (glissement de joints,
infiltrations d’eaux polluées, branchements clandestins, etc.

2.4. LES MANIÈRES DE GÉRER L'EAU


La complexification de la gestion de l'eau pendant le 20 ème siècle, a fait évoluer la manière de la
gérer. Pour s'adapter aux problèmes rencontrés, nous sommes passés d'une gestion sectorielle à une
gestion intégrée et patrimoniale de la ressource en eau et du milieu aquatique. Les concepts seront
d'abord décrits de façon succincte avant d'être expliqués en détail.
2.4.1 Introduction
Auparavant, le principal souci était l'approvisionnement en eau «ressource». On abordait donc la
gestion de l'eau d'un point de vue économique : il s'agissait de gérer un capital, de gérer l'offre en

19
fonction de la demande, ce qui pouvait entraîner des cas de pénurie. Avec l'intensification des
besoins, la perspective de gestion à moyen et long terme était prise en compte. Cela ne suffisait
toujours pas, car la gestion de l'eau milieu était encore largement négligée. Les aspects écologiques
et socio-culturels ont alors dû être pris en compte pour ne plus gérer un capital, mais un
patrimoine.
Actuellement, la gestion de l'eau doit donc se concentrer sur les relations entre l'eau ressource et
l'eau milieu. La multitude de fonctions et d'acteurs doit être prise en compte : c'est la gestion
intégrée. En outre, l'eau ne doit plus être considérée comme un capital à gérer d'un point de vue
économique, mais comme un patrimoine à gérer en commun. Un patrimoine peut alors être
considéré comme un ensemble de ressources qu'il convient de maintenir et de transmettre dans le
temps et dont les utilisations futures peuvent être de nature sensiblement différente des utilisations
actuelles. La gestion durable nécessite la prise en considération et l'application de ces deux
concepts.
Il y a donc eu un changement de paradigme dans le sens où les projets, problèmes, solutions, etc.
sont analysés de façon systémique7, en ne considérant plus seulement l'aspect technologique et
sectoriel, mais l'ensemble des relations existantes dans le système « eau » dans le but de préserver la
ressource pour les générations futures.
2.4.2 La gestion intégrée
La gestion intégrée est la suite de la gestion sectorielle. La gestion sectorielle menée auparavant
n'avait pas que des inconvénients. Elle se caractérisait par une finalité stable en réponse à une
demande économique ou sociale, un ensemble de normes réglementaires et de procédures pour
réguler le fonctionnement du système, des institutions qui s'assurent du respect de ces normes, un
ensemble de savoir-faire et l'existence d'un circuit de financement permanent. Sa principale limite
était de traiter chaque problème et chaque ressource de manière cloisonnée. C'est cette contradiction
entre un environnement dynamique et une organisation sectorielle qui a généré de nombreux
problèmes d'environnement. Une autre conséquence de la gestion par filières ou sectorielle est la
déresponsabilisation des différents acteurs qui tenaient seulement compte de leur objectif à
atteindre. Il a donc fallu aller plus loin et rechercher une cohérence accrue des actions collectives,
impliquer davantage les acteurs locaux et rechercher des consensus sur les objectifs de plus en plus
ambitieux : la gestion intégrée.
Ce concept découle de la démarche systémique qui part du principe que les multiples interactions qui
existent au sein de systèmes complexes conduisent à des effets qui ne sont pas prévisibles à partir de
l'analyse des parties de ces systèmes prises.

20
Selon Bethemont (1977), il en ressort que les méthodes appliquées à ce type d'analyse visent à établir des
interactions, des corrélations et des contraintes entre divers types et divers secteurs d'aménagement, à
quantifier les résultats obtenus par de la modélisation et à les analyser comme un tout. Il convient, selon
l'approche systémique, de considérer de manière globale le système - composé de sous-systèmes naturels,
d'organisations, d'infrastructures construites et gérées par ces dernières, ainsi que de personnes vivant au sein
du système - et d'en analyser les interactions. Pour la gestion de l'eau, il faut donc étudier les systèmes
naturels délimités par le cycle hydrologique naturel, les organisations qui interagissent avec ces systèmes
naturels, les infrastructures construites ou gérées par ces organisations et les consommateurs de l'eau : les
ménages, les biens-fonds, les entreprises, les industries, les commerces, le territoire construit et ses
infrastructures.
La tâche est complexe. Dans les choix d'aménagement du territoire, par exemple, la fonction de production
de ressource en eau doit être considérée parmi d'autres potentialités :
La ressource en sol, la couverture végétale, la vocation agricole et forestière, etc.
. Il préconise non seulement la prise en compte de l'interdépendance de la ressource et du milieu, mais aussi
l'intégration des acteurs de la gestion. Les aspects physiques doivent être coordonnés avec les différents
usagers et besoins, et cela à une échelle de gestion appropriée, de préférence en tenant compte des limites
naturelles des bassins versants.

2.4.3 La gestion patrimoniale


Le patrimoine peut avoir différentes définitions :
• Un ensemble d'actifs appropriés (définition économique).
• Un bien susceptible (moyennant une gestion adéquate) de conserver dans le futur des potentialités
d'adaptation à des usages non prévisibles dans le présent (langage économique).
• Un ensemble de ressources qu'il convient de maintenir et de transmettre dans le temps et dont les
utilisations futures peuvent être de nature sensiblement différente des utilisations actuelles.
• Une combinaison de plusieurs stocks de ressources : naturelles, matérielles, fonctionnelles et
culturelles ; l'eau est alors un élément du patrimoine et englobe tous ces aspects.
• Des biens communs à une communauté délimitée par un espace géographique où l'on veut une
gestion multi-acteurs, multi-projets avec différentes formes de régulation : les négociations, les
incitations, la recherche de consensus, les contraintes.
• Un ensemble d'éléments matériels et immatériels qui pour un titulaire concoure à maintenir et à
développer son identité et son autonomie par adaptation dans le temps et dans un univers évolutif. Il
est alors nécessaire d'avoir une relation de prise en charge et d'usage à un titulaire
2.4.4 La gestion durable

21
L'objectif de préserver et de maintenir un stock donné de ressources non produites correspond au
double souci d'une éthique inter-temporelle de transmission mais également de préservation de
la ressource pour des usages qui ne sont ni identifiés, ni prévus aujourd'hui.
La contrepartie reçue des usagers pour leur alimentation en eau, ne suffit pas à atteindre une gestion
durable de la ressource en eau. L'apparition de tensions croissantes entre les divers usagers conduit
à une évolution des modalités de la gestion qui doivent désormais :
• intégrer l'ensemble des tensions
• prendre en compte l'interdépendance croissante entre les ressources et le milieu
• introduire une dimension inter-temporelle.
Dans cette perspective, la gestion durable est une gestion dynamique avec une double évolution : on
passe de la gestion des tensions sur la ressource à la gestion des pressions sur le milieu, et d'une
gestion à long terme à une gestion patrimoniale. Ce ne sont plus les interventions qui sont
privilégiées mais bien la planification et le développement durable.
Pour résumer, on veut une gestion qui assure l'interface entre les besoins des activités humaines et
les nécessités de respect des milieux naturels pour en assurer la pérennité.

LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ET SES IMPACTS SUR LA GESTION DE L'EAU


Le réchauffement des températures sur l'ensemble de la planète a d'importantes répercussions sur le
cycle de l'eau. La distribution des précipitations au cours de l'année changera, ainsi que la
proportion de précipitations liquides et solides. Les stocks en eau vont se modifier. Vu la
complexité du système climatique et des nombreuses inconnues qui existent, les conséquences
exactes sont encore loin d'être établies. La gestion des eaux deviendra donc encore plus difficile
compte tenu de l'incapacité de prévoir les conséquences exactes du réchauffement sur le cycle de
l'eau.
LES INSTRUMENTS NÉCESSAIRES POUR UNE MEILLEURE GESTION
Une gestion améliorée et plus efficace doit être implémentée. De quels instruments disposons nous
pour ce faire? Nous en proposons six:
• la recherche de données (voir « 2.8 L'importance de la collecte et de la gestion des données pour
une gestion durable de l'eau »)
• la voie réglementaire et juridique (la législation, voir «1.4.1 La législation », et les pouvoirs
publics)
• l'instrument technique
• la voie économique et financière (la tarification de l'eau, les subsides,...)

22
• la planification de l'eau
• la négociation, la concertation, le dialogue.
• Les études d'impact assurent la gestion intégrée de l'eau en analysant les interactions, les liens et
les échanges avec les autres composants de l'environnement, tels que l'air et le sol.
• Les traitements « end-of-pipe » sont de plus en plus remplacés par des mesures de
« source-control », soit près du lieu de production ou d'émission et non à l'exutoire. Le nouveau
paradigme veut surtout réduire les nuisances à la source. Voici quelques mesures possibles :
> Les économies d'eau potable (construction d'un système fermé pour récupérer les eaux usées)
> L’utilisation d'eau de moindre qualité pour l'arrosage des jardins
> la mise en oeuvre de techniques d'infiltration « in situ » et de rétention des eaux de
ruissellement au niveau du bien -fond (collecter l'eau de pluie pour arroser le jardin ;ou laver la
voiture)
> L’établissement de contraintes claires ou d'autres incitations pour augmenter la prise de
conscience de la population.
Le but de ces approches est notamment de décentraliser les infrastructures d'assainissement,
actuellement pas assez visibles, donc « oubliées », et de responsabiliser les différents acteurs de la
gestion. La décentralisation a l'avantage d'augmenter la prise de conscience, mais ne facilite pas la
maintenance des infrastructures, ni leur contrôle. De plus, les impacts, les performances et le
dimensionnement de ces techniques alternatives sont encore largement inconnus
La planification de l'eau est la démarche qui consiste à prévoir comment adapter la ressource en eau, la
mobiliser et la répartir pour faire face au développement économique et social et à l'évolution des besoins
des usagers, à horizon de 5, 10, 25, 50 ans, afin de permettre à chacun des utilisateurs de disposer des
quantités d'eau qui lui sont nécessaires dans la qualité requise. La planification est un outil de la politique de
l'eau et de la gestion. La politique de l'eau doit définir les responsabilités de chacun et notamment les
structures et le cadre institutionnel qui permettront de réaliser les objectifs, par exemple pour l'alimentation
en eau, grâce à la législation sur l'eau. C'est donc l'ensemble des dispositions réglementaires, financières et
techniques qui permettent de faire coïncider les ressources et les besoins de façon cohérente et à un coût
minimum compatible avec les moyens financiers disponibles. On doit pour cela planifier, en coût et en
calendrier, tous les ouvrages et réalisations nécessaires à la satisfaction des besoins des divers usagers, aussi
bien ceux indispensables à l'équilibre évoqué ci-dessus que ceux assurant desserte et protection (Valiron,
1989). La planification doit être réaliste et est prospective.

23
Figure : Les différents instruments pour atteindre une gestion intégrée de la ressource en eau

2.6 LA GESTION DE L'EAU POTABLE


Les instruments et moyens décrits ci-dessus peuvent également être appliqués aux régions de
montagne Il est cependant important de considérer certains aspects, propres à ces régions,
notamment :
• les multiples types d'utilisation de la ressource (eau potable, irrigation, production
d'hydroélectricité et utilisation touristique)
• les saisons touristiques (surtout à Noël et aux mois de février, juillet et août)
• la disponibilité saisonnière de la ressource (selon les précipitations liquides ou solides, leur
répartition dans le temps et l'espace et selon les températures)
• les sensibilités plus fortes au réchauffement climatique.
En considérant les objectifs du mémoire, nous focalisons ici sur la gestion de l'eau potable en
montagne.
2.6.1 Les particularités des régions de montagne

24
Les types d'utilisation de l'eau sont d'ordinaire très nombreux, mais encore plus en montagne. Les
principaux usages qu'il faut concilier sont : l'eau de boisson, l'eau de nourriture et de reproduction
dans les milieux naturels, l'irrigation, la production d'eaux minérales, les infrastructures de loisirs et
de tourisme, l'hydroélectricité, le transport des eaux usées, le transport de sédiments, la navigation,
la pêche, le paysage, le sport, le thermalisme, le modelé du relief, les risques naturels, la protection
contre les risques et les réserves de guerre et d'incendie. Le système «eau» est ainsi modifié en
région touristique de montagne. Nous nous concentrerons sur l'utilisation de l'eau potable.
Les Alpes sont très prisées par les touristes, en saison d'hiver et en été. Cela ne va pas sans
problèmes, surtout pour la gestion de l'eau. La concentration dans le temps et dans l'espace d'un
nombre élevé de touristes a des implications importantes, dont voici quelques-unes :
• Le dimensionnement des infrastructures d'alimentation doit être adapté à cette « surpopulation
» temporaire, ce qui engendre des coûts supplémentaires considérables.
• Les infrastructures touristiques consomment beaucoup d'eau : les piscines, les patinoires, la
neige artificielle mais également les restaurants et les hôtels. C'est surtout en altitude que celles-ci
peuvent causer des pollutions importantes si elles ne sont pas reliées au réseau d'assainissement. H
faut cependant réaliser que les résidents permanents profitent également de ces infrastructures.
• L'augmentation de la population, résidente et touristique, va de pair avec une consommation de
l'espace pour la construction de bâtiments et de routes.
L'imperméabilisation qui en résulte, augmente le ruissellement et diminue l'infiltration des eaux. Le
cycle de l'eau se modifie. Par exemple, l'érosion des terrains non bâtis est plus agressive car le
ruissellement y est plus concentré et lors de fortes précipitations, les débordements de torrents et les
inondations sont plus fréquents. De plus, les voies de communication doivent être régulièrement
nettoyées, ce qui consomme de grands volumes d'eau.
Quelques habitude ou activités va augmenter les demandes en eau potable dont les contingences de
distribution sont nombreuses. A cela s'ajoute encore qu'en hiver, pendant les périodes de forte
fréquentation, le potentiel de la ressource en eau se trouve diminué. Il convient donc d'attacher
particulièrement de l'importance à ces problèmes.
2.6.2 La mise en place et la gestion des réseaux d'eau potable
Les caractéristiques des réseaux d'eau potable et les paramètres dont on doit tenir compte pour
planifier sa mise en place et son dimensionnement seront décrits, sans aborder les aspects purement
techniques.
Suite aux épidémies de choléra en Europe dans la première moitié du W™ siècle, la nécessité de la
mise à disposition d'une eau de bonne qualité ainsi que l'assainissement des zones urbaines ont été
reconnus. Des investissements considérables ont été consentis pour la construction

25
d'infrastructures et de réseaux d'approvisionnement en eau et pour la construction de réseaux
d'assainissement. Selon Mortier (2001), trois principes fondamentaux gouvernent depuis cette
époque la gestion des eaux dans les agglomérations :
• L'eau est prélevée sur l'environnement, puis purifiée dans des stations de traitement des eaux.
• La distribution de l'eau se fait par des réseaux sous pression afin de prévenir la contamination par
des infiltrations du milieu extérieur.
• Une fois l'eau utilisée par les ménages, elle est évacuée par un réseau d'évacuation et sert donc de moyen
de transport pour différents déchets. Les stations d'épuration, si elles existent, purifient l'eau avant
de la rejeter dans les eaux superficielles.
Le système d'approvisionnement en eau potable comprend donc les canalisations du réseau
d'alimentation, les diverses installations et ouvrages sur ce réseau (les vannes et les pompes), les
ouvrages de prélèvement d'eau dans le milieu naturel, les stations de traitement et les ouvrages de
stockage, les réservoirs d'eau. Des interactions existent entre ces différents éléments, mais
également avec des systèmes tiers : des prélèvements excessifs peuvent réduire les ressources
disponibles, la qualité de l'eau captée détermine les traitements nécessaires dans la station de
potabilisation, etc.
La dispersion de l'habitat en montagne rend l'application de ces principes plus compliquée.
La construction et la gestion d'infrastructures étant extrêmement coûteuses, certains bâtiments ne
sont pas connectés aux réseaux de distribution et d'évacuation. Des défaillances du système ne sont
pas à exclure et peuvent également causer des pollutions par infiltration. De plus, l'évacuation de
l'eau usée nécessite des quantités d'eau importantes qui ne sont pas toujours disponibles.
Les schémas d'alimentation en eau (d'une ville, d'une région densément peuplée, etc.) sont un exemple des
schémas d'aménagement des eaux. Ils peuvent aider à planifier la gestion de l'eau dans le temps et devraient
donc être réalisés dans toutes les zones. Ces schémas consistent à définir des programmes de développement
des installations de production et de transport de l'eau potable qui, à niveau de qualité et de sécurité
satisfaisants, minimisent pour la collectivité les coûts d'investissements et de fonctionnement.

2.8 L'IMPORTANCE DE LA COLLECTE ET DE LA GESTION DES DONNÉES POUR


UNE GESTION DURABLE DE LTEAU
Pour que les moyens d'intervention des gestionnaires soient utilisés de façon efficace, une
connaissance approfondie des caractéristiques des systèmes et de chaque facteur d'évolution
concernés est nécessaire. Ces informations doivent être exactes, pertinentes, actuelles et fiables,
avoir une précision adaptée aux objectifs visés et être disponibles sous une forme facilement

26
utilisable par les gestionnaires. Vu la complexité de la gestion de l'eau, le nombre de données à
collecter est énorme. Des outils informatiques pour les gérer sont donc nécessaires. Les SIG
permettent notamment la résolution de ces problèmes.
Nous avons vu que la gestion durable de l'eau passe par un processus de négociation des différents
acteurs. Pour convaincre, il est essentiel de pouvoir démontrer son point de vue aux autres. Cela
n'est pas possible sans base solide, sans données qui attestent de l'exactitude des propos.
L'absence de données (fiables) peut causer de nombreux problèmes, tels que :
• la redondance : un travail identique effectué plusieurs fois
• des pertes de connaissance par les organisations et institutions
• des tâches de gestion interrompues
• des pertes de temps provoquées par l'incompatibilité des formats de données
• des décisions prises à mauvais escient.
Les données à collecter et à utiliser sont de différents types:
• Statiques pour la description d'un système qui peut se faire à l'aide d'un logiciel SIC
On collecte des données afin d'étudier la ressource pour connaître sa qualité et sa quantité, ainsi que
pour évaluer les besoins des divers usagers et les contraintes économiques pour les prélèvements et
les rejets.
• Dynamiques pour connaître le comportement d'un système (les SIG couplés aux logiciels de
simulation permettent le travail avec ce type de données).
• Historiques pour connaître l'évolution des données à long terme.
Les données climatiques (température, précipitations etc.) portent sur de longues durées.

Les Principes à envisager pour la gestion des ressources en eau


La vision de la gestion en eau du Cameroun à l’horizon 2025 repose sur des principes généraux qui
pour l’essentiel découlent des engagements internationaux souscrits :
1.3.1. l’accès à l’eau potable et à un assainissement adéquat est un droit humain imprescriptible

27
L’eau représente la vie pour tout le monde. Elle a un caractère vital tant pour la survie, le
développement économique des individus et des communautés, la préservation de l’hygiène du
milieu et l’équilibre des écosystèmes. Aussi, son accès doit-il être impérativement favorisé à tous
les individus quel que soit leur statut social ou le niveau de revenu des populations. Et ce droit doit
être considéré comme imprescriptible pour les populations. En conséquence, la satisfaction des
besoins en eau potable devra obéir aux principes suivants :
- L’eau doit satisfaire les besoins de la consommation humaine
Au Cameroun, pour une population de plus de 17 millions d'habitants, les besoins en eau potable
avoisinent les 600 millions de mètres cubes par an et la demande est en hausse constante alors que
l'offre atteint à peine les 85 millions de mètres cubes. D’où, près de 70% de la population n’a pas
accès à l’eau potable.

En outre, les faibles performances et la mauvaise qualité des services publics de distribution de
l’eau en milieu urbain en plus des difficultés d’approvisionnement en eau potable des populations
rurales et des zones périurbaines, aux faiblesses des actions menées en faveur de l’assainissement
font en sorte qu’aujourd’hui les maladies de source hydrique persistent et constituent une des
principales causes de mortalité et de morbidité dans le pays.
- L’accès à un assainissement sain doit être un besoin fondamental

La situation en matière d’assainissement et d’hygiène du milieu reste préoccupante au Cameroun. Il


n’existe en effet aucune station de traitement des eaux usées, industrielles et résiduaires. La
déforestation, l’urbanisation galopante, ledéveloppement industriel, agricole et pastoral, la montée
de la pollution et la dégradation subséquentes des écosystèmes consécutifs constituent à la fois une
menace de plus en plus lourde et un challenge pour la préservation d’un l’environnement sain.
En conséquence, il faut accroître les investissements consacrés à l’assainissement collectif tant en
milieux urbain, périurbain que rural, en utilisant les technologies les plus appropriées.
Il faudrait en outre réactiver ou mettre en place des services publics performants d’assainissement
en milieux urbain et rural.

1.3.2. l’eau est à la fois un bien social et économique


En plus de son caractère imprescriptible, l’eau a une importance certaine en tant que bien social
concourant à la satisfaction des besoins fondamentaux. En tant que bien économique, elle a
également une valeur reconnue dans la mesure où elle affectée à différents usages concurrentiels.
D’où, la nécessité de substituer le « principe de la gratuité » de l’eau dans toutes ses formes d’usage

28
par celui de « l’eau payée » en fonction d’un système de tarification compatible aux spécificités de
chaque usage en tenant compte du pouvoir d’achat de toutes les couches sociales.
1.3.3. la gestion des ressources en eau doit être équitable, solidaire, concertée et participative

Le principe de participation commande l’implication de toutes les catégories d’acteurs (organismes


étatiques, collectivités locales, société civile, secteur privé, usagers, etc.) dans la gestion des
ressources en eau. Cela suppose que toutes ces parties prenantes puissent disposer d’une
information appropriée et actualisée pour prendre réellement une part active et efficace dans le
processus de prise de décision. Cette participation est particulièrement importante dans la phase de
définition et du choix des stratégies et autres plans d’actions de gestion des ressources en eau, est la
seule condition permettant de garantir la complémentarité et la synergie des interventions aux
niveaux sous régional, national et local du fait de l’adhésion des acteurs au processus.

l’eau est à la fois stratégique et vitale pour le développement économique et social, constitue un
facteur important de lutte contre la pauvreté et de respect de l’équilibre des genres
Ce principe explique d’ailleurs pourquoi l’eau intervient pratiquement dans tous les OMD (7/8).
L’utilisation des ressources en eau devra permettre le développement et la vulgarisation des
microprojets aux fins de contribuer à la lutte contre la pauvreté. En outre, les femmes et les enfants
étant au centre des principales interactions entre l’eau et la société, la promotion des activités
économiques adaptées à l’environnement national est de nature à favoriser le développement social
des genres.

l’eau est l’un des grands facteurs de durabilité environnementale.


Dans la perspective de pourvoir aux besoins en eau des générations futures qui est une nécessité
vitale, il faut impérativement veiller à ce que l’utilisation et la valorisation des ressources en eau par
les générations présentes ne contribuent à un déséquilibre irréversible des écosystèmes en général,
et des écosystèmes humides en particulier.
Les outils spécifiques à la gestion de l'eau
La planification dans le domaine de l'eau est encadrée par la DCE (Directive Cadre sur l'Eau) du 23
octobre 2000, transposée en droit français par la loi n°2004‐338 du 21 avril 2004, et le code de
l'environnement.

29
Elle s’applique au travers des SDAGE (Schémas Directeurs d'Aménagement et de Gestion des
Eaux) et de leur programme de mesures, établis par grands bassins versants, et les SAGE (Schémas
d'Aménagement et de Gestion des Eaux), élaborés plus localement par bassin versant.
Le PPRI (Plan de Prévention des Risques Inondation) est établi par l'Etat en concertation avec les
acteurs locaux. Entre outil de la gestion de l'eau et outil de l'aménagement du territoire, il a pour
objectif de réduire les risques d'inondation en fixant les règles relatives à l'occupation des sols et à
la construction des futurs biens. Il peut également fixer des prescriptions ou des recommandations
applicables aux biens existants.
Les démarches contractuelles de type contrat de rivière, de lac, de nappe ou de bassin versant,
permettent quant à elles d'établir des programmes de travaux, ainsi que de grandes orientations,
pour une meilleure gestion et pour la protection de la ressource et des milieux sur le territoire
concerné.
Les zonages réglementaires entrent dans le détail de la planification des territoires par zones, que ce
soit pour l'assainissement non collectif, pour le pluvial, pour les risques… Le règlement
d'assainissement précise le cadre de contractualisation entre la collectivité et l'usager.
Enfin, les procédures d'autorisation et de déclaration au titre de la loi sur l'eau et la normalisation
permettent d'affiner les contraintes en matière de gestion des eaux pluviales à l'échelle des projets.
La compatibilité entre les documents
Le document de niveau supérieur impose ses orientations à celui de niveau inférieur, ou, autrement
dit, le document de niveau inférieur doit être compatible avec celui de niveau supérieur.
Que peut imposer ou préconiser cet outil en matière de gestion des eaux pluviales et
d'aménagement du territoire ?
Les 6 projets de SDAGE du territoire métropolitain mentionnent la maîtrise des eaux pluviales
comme un enjeu majeur, mais leur prise en compte diffère d’un projet à l’autre. Elles apparaissent
généralement dans les deux thèmes ou orientations fortes "pollution" et "inondation", également
dans le volet "préservation de la ressource" avec la réalimentation de nappe par infiltration et le
respect des bassins versants. Le ruissellement en zone rurale, que ce soit pour des questions
d'érosion ou de pollution aux nitrates, est plus ou moins ciblé et traité selon les projets de SDAGE.
Les liens avec les documents d'urbanisme sont abordés de façon plus ou moins contraignante. Le
PLU est identifié par tous comme l'outil central, puis pour certains le SCOT et rarement la carte
communale. Selon le projet de SDAGE, on parle d'information des acteurs de l'aménagement sur les
enjeux, de prise en compte vivement souhaitée, ou de cohérence et d'intégration dans le PLU des
zonages ou schémas d'assainissement et de vérification.

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Les projets font peu référence aux techniques elles‐mêmes ; ils en restent généralement sur les
principes, à l'exception d'Artois‐Picardie et Rhin‐Meuse qui listent les techniques utilisables. Seul
Rhin‐Meuse cite et incite à la déconnexion des eaux pluviales. En général, les SDAGE préconisent,
incitent, recommandent, encouragent, rappellent ; parfois ils sont plus dirigistes, comme par
exemple Artois‐Picardie : "Dans les dossiers d’autorisation ou de déclaration au titre du Code de
l’environnement ou de la santé correspondant, l’option d’utiliser les techniques limitant le
ruissellement et favorisant le stockage et/ou l’infiltration, sera obligatoirement étudiée par le
pétitionnaire, la solution proposée sera argumentée face à cette option de "techniques
alternatives"."

Que peut imposer ou préconiser cet outil en matière de gestion des eaux pluviales et
d'aménagement du territoire ?
En fonction de l'aléa retenu, le PPRI définit les secteurs susceptibles d'être inondés (zonage) ainsi
que les règles applicables à ces zones (règlement).
L’objectif du zonage du risque inondation est d’aboutir à une meilleure connaissance du risque
inondation sur le bassin versant et de proposer des aménagements intégrés pour limiter ce risque :
􀂃 diagnostic du bassin versant (hydrogéomorphologie, hydraulique …) ;
􀂃 définition de la crue de projet par secteur ;
􀂃 établissement d’une cartographie du risque inondation (aléa, enjeu) lié aux débordements des
cours d’eau ;
􀂃 proposition d’un programme d’aménagement du bassin versant (au stade d'étude préliminaire).
Sur la carte, des zones de différentes couleurs sont délimitées correspondant aux différents enjeux à
protéger (centre urbain inondable ; autres zones urbaines inondables ; secteurs à conserver comme
zone d'expansion des crues…).
Le règlement fixe les règles applicables dans chacune des zones pour les biens et activités existants
ou à venir. Les mesures de protection doivent être mises en place dans un délai de cinq ans à
compter de la date d'entrée en vigueur du
PPRI.

Les mesures de prévention du risque d’inondation par ruissellement sont diverses et font notamment
référence aux techniques alternatives. Elles peuvent être collectives ou individuelles, publiques ou
privées.
Il est à noter que la LEMA du 30/12/06 rend éligibles au financement par le fonds de prévention des
risques naturels majeurs (fonds "Barnier") les études et travaux concernant ces aménagements sous

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maîtrise d’ouvrage de la collectivité dans les communes couvertes par un PPR prescrit ou approuvé.
Les conditions de ce financement sont précisées par l’article 32 de la LEMA.
PROTECTION ET GESTION DES RESSOURCES EN EAU

Les eaux de consommation (boisson et cuisson), ainsi que les eaux qui rentrent dans la fabrication
de produits alimentaires doivent répondre à des normes sanitaires de plus en plus strictes. Les autres
usages sont nettement moins contraignants, mais possèdent souvent leurs propres critères de qualité,
afin de garantir la protection du matériel utilisé et des produits traités ou fabriqués. La protection
des paramètres physico-chimiques de l’eau adaptés à ses différentes utilisations est de plus en plus
considérée, en particulier en ce qui concerne l’alimentation humaine. Elle débouche sur des études
d’impacts avant la mise en œuvre de projets susceptibles d’altérer la ressource en eau (décharges,
rejets de substances polluantes, stockages dangereux…) et sur la définition de périmètres de
protection destinés à sécuriser les captages pour AEP. La sollicitation accrue des nappes
souterraines et les prélèvements excessifs dans certains aquifères ne sont pas toujours adaptés à
leurs conditions de recharge et peuvent conduire à l’appauvrissement des réserves disponibles. La
nécessité d’une gestion intégrée des nappes, d’un point de vue tant qualitatif que quantitatif, prend
de plus en plus d’importance. Cette vision se généralise très nettement depuis quelques décennies et
a été largement favorisée par la Loi sur l’Eau du 3 janvier 1992 et ses décrets d’application. Elle
permet la prise en compte de l’eau souterraine dans une démarche globale d’aménagement, de
protection et de gestion, intégrant également l’ensemble du milieu naturel et humain, et tend à
accroître le rôle de l’hydrogéologue.

’HYDROGÉOLOGUE DU FUTUR : GESTIONNAIRE DES EAUX SOUTERRAINES

Le XIX siècle a vu la naissance de l’hydrogéologie moderne, autour des problèmes e de


creusement des puits dans les aquifères poreux. Au cours du XX siècle, d’immenses progrès ont été
effectués dans la connaissance des aquifères et dans les e techniques d’étude et d’exploitation des
eaux souterraines. À l’aube du XXI siècle, le défi d’offrir de l’eau de bonne qualité à une
population mondiale en pleine crois- sance fait surgir de nouveaux problèmes, qui dépassent
largement le cadre physiquede l’aquifère. La notion de gestion s’impose à l’échelle de l’aquifère, du
bassin, du pays ou même d’une portion de continent comme dans la zone saharienne. L’homme
passe de la cueillette de l’eau à la culture de l’eau. De spécialiste de l’aquifère, l’hydrogéologue
devient gestionnaire des eaux souterraines. Confronté à des problèmes qualitatifs ou quantitatifs,
dans des sociétés dont les besoins, les menta- lités et les réglementations évoluent sans cesse, il doit

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s’adapter rapidement. Il peut pour cela s’appuyer sur les outils mathématiques, informatiques,
physico-chimiques, géologiques, biologiques et technologiques de notre époque. Mais chaque
domaine est aussi affaire de spécialiste et, tout comme en médecine, la spécialisation à outrance fait
courir le risque d’erreur d’appréciation. L’approche globale et pluri- disciplinaire devient une
nécessité. Performant dans tel ou tel domaine étroit, l’hydrogéologue doit pouvoir néanmoins
apprécier et comprendre, au moins pour partie, l’ensemble des problèmes auxquels il est confronté,
y compris les problèmes sociaux et politiques qui vont définir son action. Il pourra ensuite faire
appel aux compétences nécessaires pour affiner son travail. Nous avons essayé dans cet ouvrage
d’offrir une vision très large de l’hydrogéologie et le lecteur aura compris que chacun des thèmes
abordés mériterait qu’on lui consacre un autre volume.

4 EAU ET DÉVELOPPEMENT DURABLE

Il est possible de perturber durablement un aquifère sur les plans qualitatif et quantitatif. La
migration des polluants au sein de l’aquifère et le renouvellement des ressources peuvent durer des
décennies. Par ailleurs la surexploitation d’un aquifère peut avoir des conséquences sur son
environnement naturel, en asséchant les sols et en détruisant la végétation ou en provoquant des
affaissements de terrain (cf. chapitre 23.3.3). 4.1 Aspect quantitatif Le problème des prélèvements
dans les ressources profondes non renouvelables a été soulevé plus haut. La surexploitation des
aquifères sahariens se fait au détriment des générations futures qui n’auront pas d’autre solution que
de quitter ces zones. En France, M. Detay (1997) cite l’exemple de la surexploitation, depuis un
siècle, de la nappe captive des grès du Trias inférieur de Lorraine, faiblement réalimentée ce qui
entraîne un abaissement continu du niveau piézométrique affectant tout le bassin lorrain et
atteignant 72 m à Nancy.

4.2 Aspect qualitatif

a) Les intrusions salines Dans les secteurs littoraux ou insulaires, la surexploitation des aquifères
littoraux peut entraîner une migration durable du biseau salé. Le cas de Malte a été décrit plus haut.
L’intrusion saline est difficile à maîtriser et le retour aux conditions initiales par arrêt ou diminution
des prélèvements n’est pas toujours possible.

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b) Les nitrates L’eau des nappes de Bretagne et de Normandie est actuellement hors norme de
potabilité, du fait d’un taux trop élevé de nitrates liés à l’agriculture et plus particu- lièrement à
l’épandage des lisiers de porcs (cf. chapitre 19.4). En l’absence de nouvelle contamination, on
estime à 30 ans le temps qu’il faudrait pour revenir à l’état initial. De plus, compte tenu de la
lenteur des migrations dans le sous-sol, le front de pollution aux nitrates n’a pas encore partout
atteint les nappes.

c) Les pesticides Le comportement des pesticides dans le sous-sol reste mal connu, malgré de
nombreuses études, et les risques de contamination à long terme sont importants. Par ailleurs, le
problème de leur identification se pose, puisque des produits nouveaux sont régulièrement proposés
par les fabricants. d) Les polluants récents ou inconnus Les études sanitaires font apparaître
l’existence de polluants d’un type nouveau, pouvant avoir des conséquences graves sur la santé
publique : les antibiotiques et les hormones, largement utilisés dans les médecines humaines et
animales. Ils sont rejetés dans les eaux par les urines, ne sont pas dégradés et leur concentration ne
cesse d’augmenter. Enfin n’oublions pas que l’on ne peut analyser et doser que ce que l’on
recherche, et de ce fait il existe très probablement dans les eaux des produits dont l’évaluation de
risque sanitaire n’a pas encore été réalisée et qui ne sont donc pas recherchés lors des analyses.

Un cadre pour la gestion de l'eau

La gestion de l'eau s'inscrit dans un cadre tridimensionnel, généralement mis en place à l'échelle
nationale. Ce cadre organise les trois volets suivants : un environnement favorable, des institutions,
et des mécanismes de gestion (Encart 3.B). Cependant, il est possible que tous ces éléments ne
soient pas réunis.
Cela signifie que, pour s'engager dans la gestion intégrée par bassin, il est nécessaire au préalable de
bien comprendre le cadre de gestion de l'eau, dans lequel sont prises les décisions relatives à l'eau
(le cadre national de gestion de l'eau d'un pays ou le cadre international de gestion de l'eau adopté
par plusieurs pays).
La gestion intégrée des ressources en eau par bassin n'exige pas que tous les éléments du cadre de
gestion de l'eau soient en place. Cette situation est, en réalité, peu probable. La mise en place et le
fonctionnement d'un organisme de bassin constituent généralement un processus par étapes, qui
s'appuie sur l'existant et qui cherche, en même temps, à renforcer le dispositif pour en améliorer
l'efficacité. Ainsi, les initiatives visant à établir de nouveaux organismes de bassin ou à modifier des
organismes existants doivent-ils identifier les institutions existantes dans le bassin et consacrer des

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ressources (temps et moyens financiers) pour renforcer la volonté politique en faveur de leur
création et améliorer leurs capacités (Exemple 3.7).
Il est possible de prendre les mesures suivantes si le cadre de gestion de l'eau n'est pas satisfaisant
ou si certains éléments ne sont pas réunis :
􀂄 réaliser un inventaire de l'état des ressources en eau et des écosystèmes ;
􀂄 évaluer les besoins et les priorités d'intervention ;
􀂄 identifier les acteurs concernés pour l'ensemble des secteurs de l'eau et du développement, qu'il
est nécessaire d'associer à la gestion ;
􀂄 définir des systèmes d'échange des connaissances, des données et de l'information ;
􀂄 établir des mécanismes visant à coordonner la prise de décisions entre les différents niveaux et
acteurs ;
􀂄 encourager le dialogue entre les acteurs de l'eau ;
􀂄 préciser les processus d'allocation de l'eau ;
􀂄 réduire la pollution de l'eau et restaurer les écosystèmes ;
􀂄 lutter contre les inondations et les sécheresses (variabilité climatique) ; et
􀂄 assurer le financement de la gestion de l'eau

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