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L’énéide
Livre second
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LIVRE SECOND
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Et que mon âme recule devant tant de deuils,
Je m'en vais commencer.
Et toute la Troade
Se libère de la longue et sinistre oppression ;
Les portes s'ouvrent grandes, on se plaît à sortir,
À voir le camp dorien, les emplacements
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Déserts et le rivage abandonné. Ici
Les troupes des Dolopes, là le cruel Achille
Avait sa tente, ici était l'emplacement
Des vaisseaux, et là le théâtre habituel
Des combats.
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Vos ennemis ? Ou pensez-vous que les offrandes
Des Danaens soient jamais sans quelque traîtrise ?
Est-ce ainsi que vous connaissez Ulysse ? Ou bien
Dans cette charpente sont cachés des Achéens,
Ou bien cette machine a été fabriquée
Pour nos murs, faite pour observer nos maisons,
Ou pour être poussée d'en haut sur notre ville,
Ou elle recèle quelque autre piège ; ne croyez pas
À ce cheval, Troyens. Quoiqu'il en soit, je crains
Les Danaens, même dans leurs offrandes aux Dieux !"
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À tramer ses ruses ou à périr d'une mort
Certaine. De tous côtés, la jeunesse troyenne
Brûlant de le voir se précipite et l'entoure.
C'est à qui insultera le captif. Ecoute
Maintenant les embûches des Grecs, et, d'après
Le crime d'un seul, apprends à tous les connaître.
Il nous dit,
Ayant dissipé toute crainte : "Quoiqu'il arrive,
Ô roi, je t'avouerai toute la vérité.
Je ne te dissimulerai rien, et d'abord
Je suis de race argienne. Si la Fortune a
Rendu Simon malheureux, son acharnement
Ne fera pas de lui un fourbe et un menteur.
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La renommée peut-être a-t-elle fait parvenir
Jusqu'à tes oreilles le nom et la gloire illustre
De Palamède, le fils de Bélus, Les Pélasges
L'ont accusé d'une prétendue trahison,
Bien qu'il fût innocent, sur des rapports infâmes,
Et l'ont envoyé à la mort car il était
Contre la guerre. Ils le pleurent aujourd'hui qu'il est
Privé de la lumière du jour. Et c'est à lui
Que mon père, qui était pauvre, comme compagnon
Me donna, uni d'ailleurs par des liens de sang,
Il m'envoya combattre dès les premières années
De la guerre ici.
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Depuis lors,
Sans cesse Ulysse m'éprouva par de nouvelles
Accusations, il sema dans la foule des bruits
Equivoques et se sentant coupable, il chercha
Les armes de ma perte. Il ne se donna point
De relâches, qu'assuré des services de Calchas...
Alors
Nous brûlons de l'interroger et d'éclaircir
Les choses, ignorant toute la scélératesse
Et l'artifice des Pélages. Tremblant il enchaîna
Et le mensonge au cœur :
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Dans tout l'éther.
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De la personne pour l'envoyer à la mort.
Enfin, cédant à regret aux grandes clameurs
De l'homme d'Ithaque, il rompt le silence d'accord
Avec lui, et c'est moi qu'il destine à l'autel.
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À ces larmes, nous lui donnons la vie, et allons
Jusqu'à lui exprimer notre pitié. Priam,
Le premier, ordonne de détacher ses mains
Etroitement enchaînées et il lui adresse
Ces paroles amicales :
"Oublie désormais,
Qui que tu sois, les Grecs, ils sont perdus pour toi.
Tu seras des nôtres. Réponds-moi la vérité.
Pourquoi ont-ils construit ce cheval énorme
Et monstrueux ? Qui t’a conseillé ? Quel en est
Le but ? Est-ce une offrande ? Ou est-ce une machine
De guerre ? ” Il avait dit.
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Tout l'espoir des Danaens,
Toute leur confiance dans leur entreprise guerrière
A toujours reposé sur l’appui de Pallas.
Mais depuis l'heure où l'impie fils de Tydée, et
Ulysse, cet inventeur de crimes, ont entrepris
D'enlever du temple consacré le fatal
Paladina, où après avoir égorgé
Les gardiens de la haute citadelle, ils ont
Pris l'effigie sacrée de la déesse, et de
Leurs mains ensanglantées touché les bandelettes
Virginales, dès lors l'espérance des Grecs s'en va
Et décroît insensiblement, les forces tombent
Et l'esprit de la déesse se détourne d'eux.
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Ils n'ont au souffle des vents, regagné Mycènes
De leurs pères que pour y préparer des armes et
Des Dieux qui les accompagnent ; l'abîme une fois
Traversée, ils seront sur vous à l'improviste :
C'est ainsi que Calchas interprète les signes.
Ils ont construit l'effigie par ses conseils, pour
Remplacer le Palladium et réparer
L'outrage fait à la divinité.
Calchas
A donné l'ordre de dresser l'énorme masse
Et d'élever cette charpente jusqu'au ciel
Pour qu'elle ne pût être introduite par vos portes
Ni être amenée dans vos murs et protéger
Le peuple de Troie sous la garde de son antique
Et sainte piété.
De telles adresses,
Et l'art perfide de Simon nous firent croire
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Toutes ces choses, et ainsi se laissèrent prendre
A des mots, des larmes feintes ceux qui n'avaient pu
Dompter ni le fils de Tydée ni Achille de
Larissa, ni une guerre de dix années ni
Un millier de vaisseaux. "
Et
À cette vue, le sang se retire de nos veines,
Nous nous enfuyions. Mais eux, sachant où aller,
Se dirige droit sur Laocoon d'abord l'un,
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Et l'autre serpent enlace les petits corps
De ses deux fils, alors ils déchirent et dévorent
Leurs misérables corps. Ensuite, comme le père
Se porte à leur secours, les armes à la main,
Ils le saisissent, l'étreignent de leurs énormes nœuds.
Et deux fois déjà ils ont enlacé son corps
Par le milieu, et deux fois autour de son cou,
Enroulé leur croupe écailleuse, le dépassant
De leur tête et de leur nuque dressées. Mais lui
S'efforce à pleines mains de desserrer leurs nœuds.
Les bandelettes sont inondées de bave et
De noir venin, et en même temps vers les cieux
Il pousse d'horribles clameurs.
Ainsi mugit
Un taureau, lorsque, blessé du fer, il s'enfuit
De l'autel en secouant à sa nuque la hache
Mal assurée. Les deux serpents fuient en rampant
Vers les hauteurs où se trouvent les temples, ils gagnent
Le sanctuaire de la cruelle Tritonienne,
Se cachent aux pieds de la déesse sous l'orbe
De son bouclier.
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Il faut conduire le cheval dans le temple
Et implorer la bienveillance de la déesse.
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Cependant le ciel tourne,
La Nuit s'élance de l'Océan enroulant
De sa grande ombre la terre, le ciel et les ruses
Des Myrmidons : dans l'enceinte de leurs murailles,
Les Troyens répandus ne sont tus ; le sommeil
Envahit leurs membres fatigués. Et déjà
Venue de Ténédos, la phalange argienne
Dans le bon ordre de ses navires avançait
Sous les silences amis d'une lune secrète,
Gagnant un rivage bien connu, quand, au signal
D'une flamme soudain sur la poupe royale
Levée, Simon, que l'hostilité des dieux et
Des destins avaient protégé, furtivement
Libère les Danaens enfermés dans le ventre
Et desserre les trappes de sapin. Le cheval
Qui s'ouvre les rend à l'air libre, joyeusement
Ils s'extraient des cavités de bois.
Thessandrus
Et Sthélénus, deux chefs, et le féroce Ulysse
Se sont laissé glisser tout le long d'une corde
Avec Acanas, Thoas, et Néoptolène
Le Pélide, et en tête de tous, Machaon,
Et Ménélas, et Epéos, l'inventeur même
De l'engin. Et ils se jettent sur une ville
Ensevelie dans le sommeil et dans le vin :
Les sentinelles sont égorgées ; les portes ouvertes,
Ils y reçoivent leurs compagnons et se rallient
À leurs cohortes conjurées.
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C'était l'heure où
Le premier sommeil commence pour les mortels
Tourmentés, et par un bienfait divin, en eux
S'infuse avec une extrême douceur. Voilà
Qu'en songe, il me sembla que j'avais près de moi
Devant mes yeux Hector, accablé de tristesse,
Versant des larmes en abondance, tel que naguère
Quand son bige le traînait noirci de poussière
Sanglante, les pieds gonflés traversés de courroies ;
"Ô lumière
De la Dardanie, ô la plus sûre espérance
Des Troyens, quels si grands empêchements ont pu
Te retenir ? De quelles rives viens-tu Hector
Tant désiré ? Comme nous te voyons après
Tant de funérailles de tes compagnons et
Toutes les épreuves subies par ta ville et
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Tes hommes ! Mais quels malheureux outrages ont souillé
La sérénité de tes traits ? Que signifient
Ces blessures que je vois ?"
Il ne me répond rien
Et ne s'attarde pas à mes vaines questions,
Tirant de sa poitrine un sourd gémissement :
"Ha! Fuis, dit-il fils d'une déesse, sauve-toi
De ces flammes. L'ennemi occupe nos murs, Troie
S'écroule de toute sa hauteur. Nous avons fait
Assez pour la patrie et pour Priam. Mais si
Pergame pouvait être défendue par un bras,
Certes ce bras, l'eût défendue. Troie te confie
Les choses de son culte et ses Pénates. Prends-les
Pour compagnons de tes destins et va chercher
Pour eux des murs superbes que tu élèveras
Enfin après avoir couru les mers."
Il dit,
Et des profondeurs des sanctuaires il m'apporte
Les bandelettes, la puissante Vesta, le feu
Eternel dans ses mains.
De partout, cependant,
Des cris de désespoir se mêlent dans la ville
Et quoique la maison de mon père Anchise fût
Retirée à l'écart, abritée par des arbres,
Les bruits se font éclatants, le fracas des armes
Se rapproche.
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Je m'éveille en sursaut, au plus haut
De la terrasse, je monte, je reste là, l'oreille
Au guet. Ainsi, quand la flamme poussée par les
Austers furieux vole sur la moisson, ou
Qu'un rapide torrent descendant les montagnes
Ravage les guérets, ravage les moissons
Riantes, les travaux des bœufs et traîne les troncs
Déracinés : le berger, de la cime d'un roc
Ecoute le fracas mais en ignore la cause
Et demeure interdit. Alors la vérité
Eclate et les embûches des Grecs se découvrent.
Déjà la vaste demeure de Déiphobe s'est
Ecroulée, dans la victoire du Vulcain, déjà
Brûle notre plus proche voisin, Ucalégon.
Les flots lointains de la mer de Sigée reflètent
L'incendie. La clameur des guerriers et l'appel
Eclatant des trompettes retentissent à la fois.
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Et nos dieux vaincus, traîne un enfant par la main,
Son petit-fils et accourt vers notre demeure
Eperdu. "Où en est notre bataille, Panthus ?
En quel état vais-je trouver la citadelle ?"
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Vers l'éther. Me rejoignent Rhipée, Epytus
Si grand à la guerre, que la clarté de la lune
Offre à mon regard, et Hypemis et Dymas
Accourent pour se grouper à mon côté, le jeune
Corèbe aussi, fils de Mygdon ; d'un fol amour
Enflammé pour Cassandre, il était arrivé
À Troie ces derniers jours ; agréé comme gendre
Il apportait son aide à Priam, aux Phrygiens.
Malheureux qui ne sut entendre les avis
D'une fiancée prophétique !...
La vaillance
De ces jeunes hommes se changea en fureur. Puis,
Comme des loups ravisseurs dans une ombre noire,
Quand l'insatiable rage de leur ventre les
Jette dehors en aveugles et que leurs petits
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Laissés au gîte attendent, le gosier desséché
À travers les traits, les ennemis, nous marchons
Vers une mort certaine, et nous suivons la route
Qui mène au cœur de la ville ; une nuit noire vole
Alentour et nous enveloppe de son ombre.
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Il dit, à l'équivoque réponse
Qui lui est faite, il s'aperçoit qu'il est tombé
Au milieu d'ennemis. Stupéfait, il retient
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Riphée, Dymas lui-même, et toute la jeunesse
En font autant, joyeux. De ces fraîches dépouilles
Chacun s'arme. Nous marchons, mêlés aux Danaens,
Sans l'assentiment des dieux.
À travers la nuit
Obscure, nous livrons un grand nombre de batailles
Et envoyons quantité de Grecs au séjour
D'Orcus. Les uns s'enfuient vers leurs navires et courent
Vers la côte pour chercher un rivage sûr ; d'autres,
Sous le coup d'une frayeur honteuse, escaladent
À nouveau l'énorme cheval pour se cacher
Dans ce ventre qu'ils connaissent si bien. Hélas !
Contre la volonté des dieux, nul n'a plus droit
De se fier à rien.
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De traits. Pour l'aspect de nos armes et l'artifice
De nos panaches grecs, il s'ensuit un massacre
Déplorable. Puis les Danaens, indignés et
Furieux de se voir ravir la jeune fille
Se rassemblent et fondent sur nous de toutes parts :
Le violent Ajax avec les deux Atrides
Et toute l'armée des Dolopes.
Ainsi parfois
Dans un tourbillon, des vents se heurtent et s'affrontent,
Le Zéphyr, le Notus, l'Eurus fier de guider
Les chevaux de l'Aurore ; les forêts hurlent ; Nérée
Recouvert d'écume brandit son trident sauvage,
Et du fond de l'abîme il soulève les flots.
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Si grande, ni la tiare d'Apollon ne te protègent
Du trépas.
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Ces armes qu'ils veulent se défendre ; ils font rouler
Les poutres dorées sur l'ennemi, ornements
Antiques des anciens pères. D'autres, l'épée tirée,
Ont pris position en bas des portes, et leurs rangs
Serrés en gardent l'entrée. Et notre courage
S'est renouvelé pour secourir le palais
Du roi, soutenir ses défenseurs et donner
Force aux vaincus.
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Nous l'arrachons de ses fières assises et d'un coup,
Nous la poussons en avant : elle tombe soudain
Et s'effondre avec fracas, recouvrant au loin
Les bataillons grecs. Mais d'autres prennent leur place ;
Et cependant, ni les pierres ni les projectiles
De toutes sortes ne cessent de pleuvoir...
Devant
La cour d'entrée, sur le seuil même du palais,
Pyrrhus exulte, il resplendit d'une lumière
D'airain sous ses armes. Repu d'herbes vénéneuses
Reparaît ainsi le serpent à la lumière
Que le froid de l'hiver enfermait tout gonflé
Sous la terre, et maintenant ayant fait peau neuve
Tout brillant de jeunesse et la poitrine haute,
Il déroule sa croupe luisante et se dresse
Au soleil, il fait vibrer dans sa gueule sa langue
Au triple dard.
Lui-même
Au premier rang, Pyrrhus a saisi une hache
À deux tranchants et il s'efforce de briser
Le solide appareil de la porte, il arrache
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De leurs pivots les montants en airain. Déjà
Il en fait sauter une poutre, il a creusé
Le chêne résistant pratiquant une brèche
Enorme d'une large ouverture.
L'intérieur
Du palais se découvre et l'on voit apparaître
La longue suite des cours : les appartements
De Priam et de nos anciens rois apparaissent,
Et des guerriers debout sur le premier seuil.
Mais
L'intérieur n'est que gémissements, douleur
Et tumulte. Et les pièces les plus retirées
Retentissent du cri lamentable des femmes :
Cette clameur va frapper les étoiles d'or.
Epouvantées, des mères parcourent la demeure
Immense. Elles embrassent, étreignent les montants
Des portes et les couvrent de baisers.
Or Pyrrhus
Fougueux comme l'était son père, presse l'attaque.
Ni les barrières ni les gardiens ne suffisent
À l'arrêter ; les coups répétés du bélier
Font éclater les portes et sauter les montants
De leurs gonds.
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Les premiers qu'ils rencontrent, et les vastes demeures
Se remplissent de soldats. Moins impétueux
Le fleuve qui a rompu ses digues et qui s'élance
Ecumant, renversant les obstacles qui l'arrêtent
Dans sa course : il roule dans les guérets ses flots
Amoncelés et dans toute la plaine emporte
Les troupeaux avec leurs étables.
J'ai vu moi-même,
En proie à la folie du meurtre, Néoptolème,
Et les deux Atrides sur le seuil ; j'ai vu Hécube
Et ses cent brus, et Priam au pied des autels
Souillant de sang les feux qu'il avait consacrés
Lui-même. Les cinquante chambres nuptiales, espoir
Si sûr de postérité, leurs portes chargées
De l'or et des dépouilles des barbares ont été
Jetées bas. Les Danaens occupent ce qui est
Epargné du feu.
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Il y avait un immense
Autel, au milieu du palais, sous le ciel nu,
Et tout près un vieux laurier s'inclinant sur lui
Et embrassant de son ombre les Pénates. Là,
Vainement, autour de cet autel, Hécube et
Ses filles, comme un vol de colombes qui se serait
Abattu sur la noire tempête étaient assises,
Pressées les unes contre les autres et elles tenaient
Embrassées les images des dieux.
Lorsqu'elle vit
Priam revêtu des armes de sa jeunesse :
"Quelle funeste pensée, mon malheureux époux,
T'a poussé à ceindre les armes ? Et où cours-tu
Lui dit-elle ? Ce n'est pas un pareil secours ni
Les armes que tu portes qui peuvent nous défendre
En l'heure présente. Non, personne ne le pourrait,
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Déjà le saisit et le presse de sa lance,
Enfin arrivé en présence et à la vue
De ses parents, il tombe et rend l'âme dans un flot
De sang. Alors Priam bien que la mort l'entoure
Et déjà le serre, ne peut se contenir et,
Sans ménager sa voix ni sa colère : "Pour prix
D'une telle audace, que les dieux (s'il est au ciel
Quelque pitié soucieuse de ces choses) s'écrie-t-il
Te paient un digne prix et qu'ils te récompensent
Comme tu le mérites, toi qui as fait d'un père
Le témoin du trépas de son fils, toi qui as
Souillé de son meurtre mes regards ! Cet Achille
Dont tu prétends être le fils, ne fut pas tel
Avec son ennemi Priam ; il eût rougi
De ne pas respecter les droits et la confiance
D'un suppliant. Il m'a rendu pour le sépulcre
Le corps exsangue d'Hector et m'a renvoyé
Dans mon palais."
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Dégénère. Maintenant, meurs !"
Il dit et il traîne
Devant l'autel le vieillard tremblant dont les pieds
Glissaient dans le sang de son fils. De la main gauche
Il le saisit par les cheveux, de sa main droite
Il tire son épée flamboyante qu'il lui enfonce
Dans le flanc jusqu'à la garde.
Et ainsi finirent
Les destins de Priam, et ainsi le trépas
Que le sort lui imposa avec dans les yeux
Troie en flammes et Pergame en ruines, lui naguère
Sur tant de peuples, sur tant de terres, dominateur
Superbe de l'Asie. Il gît sur le rivage,
Tête arrachée aux épaules, cadavre sans nom.
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Je restais donc
Seul désormais, lorsque j'aperçois réfugiée
Sur le seuil du Temple de Vesta, en silence,
Et se dissimulant à l'écart dans un coin
La fille de Tyndare. Les incendies éclairent
D'une vive clarté. J'errais et regardais
Çà et là autour de moi, Craignant désormais
La haine des Troyens pour Pergame abattue,
La vengeance des Danaens, et la colère
D'un époux délaissé, et Erinys aussi
Fatale à Troie qu'à sa patrie, elle s'était là
Cachée et se tenait assise, haïe de tous
Près de l'autel.
Priam
Aura péri par le fer, Troie aura brûlé
Dans les flammes, le rivage dandanien aura
Sué tant de fois notre sang ! Il n'en sera pas
Ainsi non ! Quoique le châtiment d'une femme
Ne soit pas un titre d'honneur, qu'une victoire
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Semblable demeure sans gloire, je serai loué
D'avoir exterminé ce monstre et d'en avoir
Tiré le châtiment qu'il mérite. Et pour moi
Quelle jouissance d'avoir assouvi mon désir
De vengeance et satisfait aux cendres des miens."
Elle me saisit
Le bras, elle me retint et de ses lèvres roses
Me dit : "Mon fils, quel sentiment si grand excite
Ta colère indomptable ? Pourquoi cette fureur ?
Qu'est devenue ton attention pour moi ? Plutôt
Ne chercheras-tu pas à savoir où tu as
Laissé ton père Anchise, un vieillard, si Créuse
Ta femme et ton petit Ascagne vivent encore ?
Toutes les troupes des Grecs circulent autour d'eux, et
Si mes soins ne leur faisaient un rempart, déjà
Les flammes les auraient ravis, et une épée
Ennemie les aurait transpercés. Ce n'est pas
Cette belle Laconienne, fille de Tyndare
Odieuse, ni Pâris toujours incriminé,
C'est l'inclémence des dieux, oui des dieux qui détruit
Ce puissant empire et qui précipite Troie
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Du faîte de sa grandeur.
Regarde, je vais
Dissiper ce nuage qui, maintenant rendu
Devant tes yeux, obscurcit tes regards mortels
Et t'enveloppe d'une épaisse obscurité.
Ne crains pas d'obéir aux ordres de ta mère
Et ne refuse pas de suivre ses conseils.
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Elle avait dit, et
Disparut dans les ombres épaisses de la nuit,
Et d'effrayantes figures m'apparurent : ce sont
Les puissances divines acharnées contre Troie.
Lorsque
Aux sommets des montagnes, les bûcherons attaquent
A la hache l'orme antique, ils redoublent leurs coups,
Rivalisant d'ardeur, ils cherchent à l'abattre
L'arbre longtemps menacé, tremblant sous les secousses
Il balance sa chevelure, jusqu'à ce que
Peu à peu vaincu par ses blessures, il gémit
Un suprême soupir et arraché du faîte,
S'écroule de tout son long.
Je descends, conduit
Par la déesse, je me glisse à travers les flammes
Et les ennemis : les traits me cèdent un passage
Et les flammes se retirent.
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Ces demeures, C'est assez, plus qu'assez d'avoir vu
La chute de ma ville et d'avoir survécu
A sa capacité.
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"Moi, m'enfuir,
Ou te laisser, père, l'as-tu pu croire ? Ce conseil
Sacrilège a-t-il donc pu tomber d'une bouche
Paternelle ? Et s'il plaît aux dieux que d'une ville
Si grande il ne reste rien, si ton intention
Est bien arrêté, s'il te convient d'ajouter
À la mort de Troie la tienne et celle des tiens,
Voici la porte ouverte à ce genre de mort.
C'était
Pour cela, divine mère, que tu m'arrachais
Aux traits et aux flammes ? C'était donc pour me voir faire
L'ennemi au milieu de nos foyers, Ascagne
Et mon père et Créuse avec eux, immolés
Dans le sang l'un de l'autre ? Mes armes, compagnons,
Apportez-moi des armes, le dernier jour appelle
Les vaincus. Rendez-moi aux Grecs et laissez-moi
Reprendre le combat. Nous ne mourons jamais
Tous aujourd'hui sans vengeance."
Alors de nouveau
Je ceins le fer ; et je passais dans la poignée
De mon bouclier me main, j'allais m'élancer
Hors de la maison, mais voilà que sur le seuil
Ma femme embrassant mes pieds, s'attachait à moi
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Et elle tendait le petit Iule à son père.
Si tu vas à la mort, entraîne-nous aussi,
Partout avec toi, si tu as quelque raison
D'espérer dans les armes que tu prends, commence
Par protéger cette maison. Mais à qui nous
Abandonnes-tu, le petit Iule, ton père,
Et moi qu'on appelait autrefois ton épouse ?"
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À travers l'ombre, une étoile fit dans sa course
Une traînée de lumière. Elle glisse au-dessus
Du faite de notre maison, et nous la voyons
Plonger lumineuse, dans la forêt de l'Ida
Et marquer une route.
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Advenir, il y aura pour nous deux un seul
Et commun péril et un seul salut aussi.
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M'épouvante, tout bruit m'angoisse et me fait trembler
Craignant pour mon compagnon et pour mon fardeau.
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Je confie à mes compagnons Ascagne, mon père
Anchise, les Pénates Troyens, et je les cache
Dans le creux d'un vallon. Je reprends le chemin
De la ville et ceins mes armes étincelantes.
Je suis décidé à affronter de nouveau
Tous les hasards, à traverser toute la ville,
Et à exposer encore ma vie aux dangers.
Je me rends
Ensuite à la maison pour voir si par hasard
Si par hasard, elle y avait porté ses pas.
Les Grecs l'avaient envahie et l'occupaient toute.
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Là, de partout on était venu entasser
Les trésors de Troie arrachés à l'incendie
Des sanctuaires, les tables des dieux, les cratères
D'or massif avec les vêtements des vaincus,
Des enfants et des mères tremblants, en longue file
Sont debout à l'entour.
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Là une fortune florissante, un royaume
Et une épouse royale t'y sont réservés.
Essuie les larmes que tu versais sur ta Créuse
Qui te fut chère. Je ne verrai pas les demeures
Orgueilleuses des Myrmidons ou des Dolopes ;
Je n'irai pas servir les femmes grecques, moi fille
De Dardanus, bru de la divine Vénus.
La grande déesse, la Mère des Dieux, me retient
Sur ses rivages. Adieu donc ! et aime toujours
Notre commun fils."
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Les conduire.
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