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La religion, qui n'est construite que sur la théologie, ne peut jamais envelopper

quelque chose de moral. On n'y trouvera d'une part que la peur et d'autre part
que des desseins et des intentions guidés par l'idée de récompense, et il ne
résulte de cela qu'un culte superstitieux. La moralité doit donc être première et
la théologie doit la suivre et c'est ce que l'on appelle religion.
La loi en nous s'appelle conscience. A proprement parler la conscience est
l'application de nos actions à cette loi. Les reproches de la conscience
demeureront sans effet, si on ne les pense pas comme les représentants de Dieu,
qui établi son siège sublime au-dessus de nous, mais qui a établi aussi en nous
un tribunal. Mais si la religion ne se joint pas à la délicatesse de la conscience
morale, elle est sans effet. La religion sans la conscience morale n'est qu'un
culte superstitieux. On croit servir Dieu lorsque par exemple on le loue, ou
célèbre sa puissance, sa sagesse, sans penser à la manière d'obéir au lois divines,
sans même connaître et étudier la puissance et la sagesse de Dieu. Pour
certaines gens les cantiques sont un opium pour la conscience et un oreiller sur
lequel on peut tranquillement dormir.
Emmanuel Kant. Réflexions sur l'éducation (1776-1787).

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