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ASSOCIATION FRANÇAISE DES TUNNELS

ET DE L’ESPACE SOUTERRAIN

Organisation nationale adhérente à l’AITES


www.aftes.asso.fr

Recommandations
de l’AFTES

Compatibilité des
recommandations AFTES
relatives aux revêtements
des tunnels en béton
avec les Eurocodes
GT29R2F1
RECOMMANDATIONS de l’AFTES
relatives à

Compatibilité des recommandations


AFTES relatives aux revêtements des
tunnels en béton avec les Eurocodes
Tunnel de base du Loetschberg - BLS Alptransit AG - Thun (CH)

Texte présenté par G. COLOMBET (Coyne et Bellier), animateur du GT29


Etabli avec la participation de :
E. BOURGEOIS (LCPC) - P. DUBOIS (CGPC) - E. BIETH (CETU) - D. COLLOMB (BONNARD ET GARDEL) - P. FAUVEL (SNCF)
Ont participé au groupe de travail :
A. ABOUT (BEC) - L. CHANTRON (BONNARD ET GARDEL) - J. LAUNAY (VINCI)
A. ROBERT (CETU) - A. SAITTA (CETE MEDITERRANEE) - H. TOURNERY (SCETAUROUTE)
Sont remerciés pour leur apport de relecteurs :
M. DEFFAYET (CETU) - P. GUEDON (ARCADIS) - J. PIRAUD (ANTEA) - M. SCHMITT (SNCF)
J.P. MAGNAN (LCPC) a apporté son concours pour les références au cadre normatif.

GT29 R2 F1
L’A.F.T.E.S. recueillera avec intérêt toute suggestion relative à ce texte.

SOMMAIRE
Pages Pages

1 - OBJET DU PRÉSENT DOCUMENT - - - - - - - - - - - - - - 379 4.3. Evolution des prescriptions de l’Eurocode 2


2 - REMARQUES PRÉLIMINAIRES RELATIVES AUX EURO- pour le béton non armé - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 383
CODES ET LEUR APPLICATION AUX TUNNELS - - - - - - - 379 4.4. Correctif aux recommandations relatives à
2.1 - Historique et structure des Eurocodes - - - - - - - - 379 l’utilisation du béton pour les revêtements de tunnel 384
2.2 - Généralités sur la démarche des Eurocodes - - - - 380 5. DONNÉES GÉOTECHNIQUES - - - - - - - - - - - - - - - - - - 385
2.3 - Eurocodes, travaux souterrains et 5.1. Rapport de reconnaissance des terrains - - - - - - - 385
recommandations AFTES - - - - - - - - - - - - - - - - - 380 5.2. Rapport de calcul géotechnique - - - - - - - - - - - - - 385
3 - LA VÉRIFICATION DES OUVRAGES GÉOTECHNIQUES : 6. CONCLUSIONS - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 386
L'EN 1997 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 380 6.1. Place des recommandations de l'AFTES
3.1 - Classification des ouvrages géotechniques - - - - 380 dans le contexte normatif européen - - - - - - - - - - 386
3.2 - Etats limites - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 381 6.2. Application des Eurocodes aux revêtements
3.3 - Valeurs caractéristiques - - - - - - - - - - - - - - - - - - 381 de tunnels - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 386
3.4 - Approches de calcul - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 381 6.3. Convergence d'approche entre Eurocodes
3.5 - Résumé de l'ensemble de la démarche - - - - - - - - 382 et recommandations de l'AFTES - - - - - - - - - - - - 386
6.4. Unique point à réviser dans les recommandations
4 - LA VÉRIFICATION DES STRUCTURES EN BÉTON : de l'AFTES - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 386
L'EN 1992-1-1 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 383
4.1 - Application de l’Eurocode 2 aux tunnels - - - - - - - 383 ANNEXE A - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 387
Nouvelle rédaction du chapitre 4 des recommandations
4.2 - Recommandations AFTES avant prise en compte
relatives à l’utilisation du béton non armé en tunnels - - 387
de l’EN 1992-1-1 - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 383

378 TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 204 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2007


RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

1 - OBJET DU PRÉSENT DOCUMENT

Au cours des dernières années, plusieurs groupes de travail de • les recommandations sur la conception, le dimensionnement
l'AFTES ont élaboré des recommandations présentant la et l’exécution des revêtements en voussoirs préfabriqués en
pratique française en matière de conception et de justification béton armé installés à l’arrière d’un tunnelier (TOS N°147,
des tunnels, en relation avec les normes européennes dites 1998)
Eurocodes, notamment en relation avec les normes EN1990 à ci-après dénommées "recommandations sur les voussoirs
EN1999. (1998)"
Au moment où ces textes ont été préparés, les Eurocodes étaient • les recommandations pour la prise en compte des risques
eux-mêmes en cours d'élaboration. géotechniques dans les dossiers de consultation des entre-
Cette note a pour objet de préciser la place des recommanda- prises pour les projets de tunnel (TOS n° 185-2004)

ES
tions AFTES, dans le contexte normatif nouveau constitué par ci-après dénommées "recommandations sur les risques
l'entrée en vigueur des Eurocodes. Les recommandations géotechniques (2004)"
AFTES concernées par cette note sont les suivantes :
La présente note concerne les aspects revêtement en béton armé
• les recommandations relatives aux règles et normes générales et non armé des tunnels et la synthèse des données géotech-
de conception et de dimensionnement pour les revêtements niques. Elle ne traite pas des soutènements provisoires en acier
de tunnels en béton armé et non armé (TOS n° 165-2001) (cintres, boulons, voûte parapluie, etc…)
ci-après dénommées "recommandations sur les règles de Elle précise quelles parties des Eurocodes s'appliquent ou non
dimensionnement (2001)" aux tunnels, et discute des différences éventuelles d'approche
• les recommandations relatives à l'utilisation du béton non entre les recommandations AFTES et les Eurocodes (y compris
armé en tunnels (TOS n° 149-1998) ceux qui ne s'appliquent pas directement aux tunnels).
ci-après dénommées "recommandations sur le béton non L'examen réalisé dans cette note conduit également à corriger
armé (1998)" les recommandations sur le béton non armé (1998) pour les
rendre conformes à l'Eurocode 2.
FT
2 - REMARQUES PRÉLIMINAIRES RELATIVES AUX EUROCODES
ET LEUR APPLICATION AUX TUNNELS

2.1 - Historique et structure des Les deux Eurocodes 0 et 1 concernent a priori tous les types
Eurocodes d'ouvrages : l'Eurocode 0 définit un cadre commun pour le
principe de la justification (qui consiste à appliquer des facteurs
Les Eurocodes sont des codes européens de conception et de
partiels sur les actions, les effets des actions et les résistances), et
calcul des ouvrages de bâtiment et de génie civil ; ils visent à
l'Eurocode 1 pour la définition des actions (c'est–à–dire pour
éliminer les entraves techniques aux échanges commerciaux en
harmonisant les spécifications techniques. Leur élaboration, simplifier les chargements) à prendre en compte.
A

qui a connu plusieurs phases, doit aboutir à leur entrée en Les Eurocodes 2 à 6 et l'Eurocode 9 précisent les règles de
vigueur en tant que normes européennes EN au cours des calcul et les facteurs partiels en fonction des matériaux consti-
années 2006-2007. Les Eurocodes sont au nombre de dix : tuant la structure. L'Eurocode 7 traite des aspects géotech-
• EN 1990 : Eurocode 0 - Base de calcul des structures niques, et l'Eurocode 8 des aspects sismiques.
• EN 1991 : Eurocode 1 - Actions sur les structures De manière générale, l'utilisation de diverses parties d'un ou
• EN 1992 : Eurocode 2 - Calcul des structures en béton plusieurs des Eurocodes est nécessaire pour la justification d'un
• EN 1993 : Eurocode 3 - Calcul des structures métalliques ouvrage. Ainsi, sont utilisés pour la conception d'un bâtiment :
• EN 1994 : Eurocode 4 - Calcul des structures mixtes acier- l'EN 1990 et plusieurs parties de l'Eurocode 1, un des
béton Eurocodes "matériaux" (2 à 6, selon la constitution de la
• EN 1995 : Eurocode 5 - Calcul des structures en bois structure) et éventuellement les Eurocodes 7 et 8.
• EN 1996 : Eurocode 6 - Calcul des structures en maçonnerie Les Eurocodes mettent en place un formalisme qui repose sur
• EN 1997 : Eurocode 7 - Calcul géotechnique un certain nombre de concepts avec lesquels il est nécessaire de
• EN 1998 : Eurocode 8 - Calcul des structures pour leur se familiariser ; comme ceux de coefficients partiels et d'ac-
résistance aux séismes tions, déjà mentionnés, ou ceux de valeur caractéristique, de
• EN 1999 : Eurocode 9 - Calcul des structures en aluminium. valeur de calcul d'une caractéristique mécanique.

TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 204 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2007


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RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

En dernier lieu, on signale que les Eurocodes sont complétés par 2.3 - Eurocodes, travaux souterrains et
des Annexes Nationales (AN), qui, comme leur nom l'indique, recommandations AFTES
précisent, lorsque les Eurocodes laissent le choix (entre plusieurs
approches de calcul par exemple), la démarche retenue par Les recommandations AFTES discutées dans cette note concer-
chacun des pays. nent les revêtements des tunnels en béton. Ces recommanda-
tions sont donc en relation avec l'Eurocode 2 (Calcul des struc-
2.2 - Généralités sur la démarche des tures en béton) et l'Eurocode 7 (Calcul géotechnique).
Eurocodes L'Eurocode 2 comporte trois parties :
La vérification des ouvrages décrite dans les Eurocodes consiste • La première partie, publiée en 2005, comporte deux sous-
à s'assurer qu'aucun état limite n'est atteint sous l'effet des parties :
actions s'exerçant sur la structure. - NF EN 1992-1-1 (octobre 2005) : Eurocode 2 – Calcul

ES
Une action est un ensemble de forces (action directe), ou un des structures en béton – Partie 1-1 : règles générales et
ensemble de déformations ou d'accélérations imposées à la règles pour les bâtiments.
structure (actions indirectes), par exemple par suite de sollicita- L'Annexe Nationale française de la norme NF EN 1992-1-
tions sismiques. 1 doit être publiée début 2007.
La démarche consiste à évaluer les effets des actions (effort - NF EN 1992-1-2 (octobre 2005) : Eurocode 2 – Calcul
interne, moment, contrainte, déformation unitaire, etc.), et à des structures en béton – Partie 1-2 : règles générales –
s'assurer qu'ils satisfont aux conditions de sécurité et d'aptitude Calcul du comportement au feu.
au service. Les Eurocodes distinguent ainsi les états limites
• Les parties 2 et 3 de l'Eurocode 2, portent sur les ponts en
ultimes (ELU) et les états limites de service (ELS). Pour les états
limites de service, le critère peut ne pas être lié à la résistance des béton, les silos et les réservoirs.
matériaux en jeu, mais, par exemple, à une valeur limite des Dans ce qui suit, on s'attache plus précisément à extraire de la
déformations de la structure compatible avec son exploitation. partie 1-1 ce qui s'applique au revêtement des tunnels en béton.
La justification s'appuie sur l'utilisation de facteurs partiels L'Eurocode 7 comporte deux parties :
appliqués séparément aux actions ou à leurs effets, aux • NF EN 1997-1 (juin 2005) : Eurocode 7 – Calcul géotech-
propriétés et aux résistances des matériaux. nique – Partie 1 : règles générales.
FT
En règle générale, les Eurocodes constituent seulement un cadre • NF EN 1997-2 (publication en attente) : Eurocode 7 –
formel pour la justification mais ne précisent pas la méthode Calcul géotechnique – Partie 2 : reconnaissance des terrains
permettant de calculer les effets des actions en fonction des
et essais.
actions appliquées. Il existe cependant quelques exceptions à
cette règle : ainsi par exemple l'annexe D de l'Eurocode 7 Dans ce qui suit, on s'intéresse plus précisément à la partie 1
présente une méthode analytique de calcul de la capacité correspondant aux règles générales de dimensionnement d'un
portante des fondations superficielles. ouvrage géotechnique.

3 - LA VÉRIFICATION DES OUVRAGES GÉOTECHNIQUES : L'EN 1997

Les principaux éléments de l'Eurocode 7 qui sont en relation l'ouvrage dans l'une des catégories géotechniques avant le
A

avec la démarche que recommande l'AFTES pour le dimension- début des reconnaissances géotechniques. Il convient de
nement des revêtements des tunnels en béton armé et non armé vérifier et modifier si nécessaire cette catégorie à chaque
sont discutés ci-après. étape du processus de conception et de construction". La
Bien que l'Eurocode 7 ne soit généralement pas applicable aux norme précise que :
ouvrages géotechniques que sont les tunnels (voir ci-dessous), • la catégorie géotechnique 1 correspond aux "ouvrages petits
l'objet de cette partie est de montrer que les recommandations et relativement simples",
de l'AFTES relatives au calcul des revêtements des tunnels en • la catégorie géotechnique 2 comprend les "types classiques
béton armé et non armé sont compatibles avec cet Eurocode 7. d'ouvrages et de fondations qui ne présentent pas de
Les grands concepts qui définissent le calcul aux Eurocodes sont risque exceptionnel ou des conditions de terrain ou de
ainsi examinés. chargement difficiles " ; les exemples donnés en note
comprennent les "tunnels dans les roches dures non fractu-
3.1 - Classification des ouvrages rées, sans conditions spéciales d'étanchéité ou d'autres
géotechniques exigences",
La clause 2.1.(11) de l'Eurocode 7 indique qu'il "convient • la catégorie géotechnique 3 comprend les "structures ou
normalement d'effectuer une classification préliminaire de parties de structures sortant des catégories géotechniques

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RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

1 et 2" ; elle "devrait normalement faire appel à des effets et sur les propriétés des matériaux (notamment leur résis-
dispositions ou règles alternatives à celles de l'Eurocode 7" tance). Les facteurs partiels à considérer sont associés aux lettres
(clause 2.1.(21)). A, M, et R :
Cette clause exclut les tunnels du champ d'application de • les facteurs A portent sur les actions (ou éventuellement sur
l'Eurocode 7, sauf dans les cas où le projet peut entrer dans la les effets des actions).Il s'agit typiquement du coefficient 1.35
catégorie géotechnique 2. Néanmoins, comme la suite de ce qu'on applique aux charges permanentes dans un calcul en
paragraphe le montre, les recommandations sur les règles de ELU fondamental. Les coefficients correspondants sont notés
dimensionnement (2001) restent compatibles avec les prescrip- γF ou γE selon qu'ils sont appliqués aux actions ou à leurs
tions de l'Eurocode 7. effets,
• les facteurs M (notés γM) portent sur les propriétés des maté-
3.2 - Etats limites riaux utilisés pour calculer les effets des actions (notamment les

ES
Les ouvrages géotechniques doivent être vérifiés pour les deux paramètres de sol tels que la cohésion et l'angle de frottement),
grandes catégories d'états limites (Etats limites ultimes et Etats • les facteurs R (notés γR) portent sur les caractéristiques de résis-
limites de service). tance intervenant pour calculer la "valeur de calcul des résis-
Parmi les états limites ultimes à considérer, la clause 2.4.7.1. de tances" d'éléments tels que les pieux et les ancrages, c'est-à-
l'Eurocode 7 distingue, selon la nature du problème traité : dire la résistance d'éléments structurels autres que les
revêtements de tunnel en béton.
• EQU : perte d'équilibre de la structure ou du terrain, l'en-
semble étant considéré comme un corps solide dans Les approches de calcul prévues par l'Eurocode 7 sont appelées
lequel les résistances des matériaux (de la structure " approche de calcul 1 ", " approche de calcul 2 ", et
ou du terrain) n'apportent pas de contribution signi- "approche de calcul 3". Elles diffèrent par la façon dont elles
ficative à la résistance. distribuent les facteurs partiels entre les actions, les effets des
• STR : rupture interne de la structure dans lesquels la résis- actions, les propriétés des matériaux et les résistances.
tance des matériaux de la structure contribue signifi- L'annexe A de l'Eurocode 7, indique les valeurs des facteurs
cativement à la résistance. partiels à utiliser suivant l'approche considérée.
• GEO : rupture ou déformation excessive du terrain. Chaque pays possède une Annexe Nationale (AN) précisant les
• UPL : soulèvement global de la structure ou du terrain choix retenus dans le cadre général défini par l'Eurocode 7.
FT
provoqué par la pression d'eau. L'Annexe Nationale française propose de retenir pour notre
pays principalement l'approche de calcul 2. Elle précise que
• HYD : soulèvement local ou érosion du terrain sous l'effet
l'approche 3 peut aussi être utilisée dans certains cas.
de gradients hydrauliques.
Dans ces deux cas, l'AN française retient les valeurs des facteurs
Pour les situations permanentes et transitoires rencontrées dans
partiels donnés dans l'annexe A de l'Eurocode 7, sans les
le dimensionnement des revêtements des tunnels, on est généra- modifier.
lement amené à vérifier les états limites de rupture ou de défor-
mation excessive d'un élément de structure ou de terrain : sauf ◗ Approche 2 appliquée aux tunnels
exception, les états limites pertinents sont STR et GEO (Clause L'Eurocode 7 permet d'affecter les facteurs partiels A avant
2.4.7.3. de l'EC7), qui correspondent respectivement à la réalisation du calcul (sur les actions) ou après le calcul (sur les
rupture de la structure et à celle du terrain. effets des actions).
On peut noter également que la note à la fin de la clause 2.4.2.
3.3 - Valeurs caractéristiques de l'Eurocode 7 permet, lorsque les actions permanentes désta-
La démarche retenue par l'AFTES pour choisir les valeurs carac- bilisatrices et stabilisatrices proviennent d'une source unique
téristiques des propriétés du terrain est décrite dans le § 6.3. des
A

(pour les tunnels l'interaction avec le terrain encaissant), d'ap-


recommandations sur les règles de dimensionnement (2001). pliquer un facteur partiel unique à la somme de leurs effets.
Cette démarche prenait en compte la version provisoire de Compte tenu de ces deux clauses, l'approche 2 appliquée au
l'Eurocode 7. Elle reste tout à fait compatible avec les prescrip- calcul des tunnels se traduit de la façon suivante :
tions de l'Eurocode 7 en version définitive.
• le calcul est effectué en affectant un facteur partiel égal à 1 aux
D'une manière générale la démarche recommandée par actions et aux valeurs caractéristiques des paramètres de sol,
l'AFTES consiste à définir les valeurs caractéristiques des
propriétés du terrain après avoir effectué une analyse de sensibi- • la vérification au niveau des sollicitations dans le revêtement
lité de la variabilité identifiée ou supposée des différents para- est réalisée en affectant le coefficient partiel de 1,35 aux efforts
mètres concernés. Pour cela, l'AFTES propose de faire plusieurs (M, N, T) calculés en ELU fondamental.
calculs avec plusieurs valeurs et de retenir la valeur la plus Cette disposition revient à considérer que les valeurs de calcul
prudente selon le cas considéré. des paramètres géotechniques sont égales aux valeurs caractéris-
tiques définies.
3.4 - Approches de calcul C'est bien ce principe qui est adopté dans les recommandations
L'Eurocode 7 prévoit trois approches de calcul qui correspon- sur le béton non armé (1998), et dans les recommandations sur
dent à des facteurs partiels différents sur les actions ou leurs les règles de dimensionnement (2001). En effet, les terrains

TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 204 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2007


381
RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

n'ont généralement pas un comportement élastique. comparaison correspondante entre l'Eurocode 2 et les recom-
L'introduction dans les données du modèle, de valeurs de mandations AFTES est traitée au paragraphe 4.
calcul des paramètres de sol affectées d'un coefficient partiel
aurait pour effet de faire apparaître dans les calculs des zones de 3.5 - Résumé de l'ensemble de la
terrain plastifiées plus importantes qu'elles n'ont lieu d'être. De
démarche
même, introduire dans les calculs des valeurs d'action majorées
risque d'avoir des conséquences de même nature en amplifiant Le tableau ci-après reprend sous une forme synthétique l'en-
faussement les sollicitations. Les facteurs partiels sont donc semble des éléments de la démarche de l'Eurocode 7 et indique
appliqués aux effets des actions. les éléments correspondants qui figurent dans les recommanda-
L'Eurocode 7 prévoit ensuite que la vérification des sections tions AFTES relatives au dimensionnement des revêtements de
du revêtement soit réalisée conformément à l'Eurocode 2. La tunnels.

ES
Etapes de la démarche de l'Eurocode 7 Application aux tunnels préconisée par l'AFTES
Catégorie géotechnique
Classification de l'ouvrage parmi trois catégories Les tunnels entrent généralement dans la 3ème catégorie. La 3ème
selon la complexité et le risque. catégorie sort du champ d’application de l'EC7.
Etats limites considérés
L'Eurocode 7 distingue les états limites de service, et les états Les états limites à considérer pour les revêtements de tunnels
limites ultimes. Il liste les états limites ultimes suivants : EQU, sont les états limites STR et GEO.
STR, GEO, FAT, UPL, HYD.
Justification géotechnique
La justification peut reposer sur la méthode observationnelle, Les recommandations relatives aux revêtements de tunnel trai-
sur des essais de chargement et des essais sur modèle, sur des tent de la justification géotechnique par le calcul des revête-
mesures prescriptives, ou sur des méthodes de calcul, qui consis- ments de tunnel en béton armé et non armé.
tent à évaluer les effets des actions et à vérifier qu'elles respec-
FT
tent un critère qui dépend de l'état limite considéré.
Paramètres géotechniques
La valeur caractéristique d'un paramètre géotechnique doit être La démarche recommandée par l'AFTES pour le choix des
une estimation prudente de la valeur qui influence l'occurrence valeurs caractéristiques de terrain est une interprétation raison-
de l'état limite. nable de l'Eurocode 7 pour les tunnels.
Actions
Les actions à prendre en compte sont définies dans l'Eurocode 0. Les actions à prendre en compte telles que définies dans les
recommandations AFTES ne dérogent pas aux Eurocodes.
Propriétés des matériaux
Les propriétés des matériaux sont définies dans les Eurocodes 2 Les recommandations AFTES se réfèrent à l'Eurocode 2 pour
à 6 et l'Eurocode 9. les propriétés du béton de revêtement des tunnels.
Approches de calcul
Pour les ouvrages géotechniques, trois approches sont possibles, L'approche 2 retenue par l'AN coïncide avec la démarche de
A

notées de 1 à 3 ; elles diffèrent par le choix des facteurs partiels qui vérification présentée dans les recommandations de l'AFTES.
permettent de calculer les valeurs de calcul des actions, des propriétés
des matériaux en fonction de leurs valeurs caractéristiques.
En France, pour les ouvrages géotechniques, c'est l'approche 2
qui est retenue par l'AN de l'Eurocode 7.
Approche 2 de l'Eurocode 7 Le calcul des sollicitations aux ELU dans les revêtements des
tunnels est réalisé en considérant que les valeurs de calcul des
paramètres géotechniques sont les valeurs caractéristiques non
pondérées. Les efforts de calcul ultimes sont ensuite déterminés
en affectant un facteur partiel unique sur les résultats du calcul.
Cette démarche est compatible avec l'approche 2 de l'Eurocode
7 si l'on considère ces sollicitations comme des effets des
actions.
La vérification des sections de revêtement est réalisée ensuite
selon l'Eurocode 2 (voir chapitre suivant).

382 TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 204 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2007


RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

4 - LA VÉRIFICATION DES STRUCTURES EN BÉTON : L'EN 1992-1-1

4.1 - Application de l’Eurocode 2 aux Après avis de la commission française BAEL-BPEL, les recom-
tunnels mandations sur le béton non armé (1998) n'ont pas retenu de
majoration du coefficient γC mais prévoient que cette position
Déjà dans sa version expérimentale pour application provisoire pourra "être modifiée ultérieurement pour rester en confor-
(ENV), l’Eurocode 2 n’avait pas exclu les tunnels de son champ mité avec les évolutions futures éventuelles des Eurocodes".
d’application. La partie relative au béton non armé (ENV 1992- Le coefficient γC est donc fixé à 1,5 pour les combinaisons
1-6 ) mentionnait même explicitement les arcs et tunnels dans fondamentales et 1,15 pour les situations de calcul accidentelles,
le domaine d’application de la norme. comme c'est le cas pour le béton armé.
Ceci est maintenu dans la norme EN 1992-1-1, qui a intégré Pour la vérification à l'effort tranchant, la méthode préconisée est

ES
dans sa section 12 les règles relatives aux structures en béton non celle de l'ENV 1992-1-6 avec la même différence que ci-dessus
armé ou faiblement armé. en ce qui concerne la non-majoration du coefficient γC pour
Il convient donc de s’assurer de la parfaite compatibilité des déterminer la résistance en traction du béton. Rappelons que
recommandations de l’AFTES avec l’EN 1992-1-1. A cette fin, cette méthode consiste à vérifier que la contrainte de cisaillement
après le rappel de l’état des recommandations avant prise en reste inférieure à une valeur fonction de la contrainte de
compte de l’EN 1992-1-1, puis l’exposé des évolutions que compression et de la résistance en traction du béton.
comporte celle-ci, le présent paragraphe propose un correctif
L’ENV 1992-1-6 n’explicitant pas la valeur de calcul de la
aux recommandations sur le béton non armé (1998).
contrainte de cisaillement, les recommandations AFTES ont
proposé de retenir pour celle-ci la valeur moyenne calculée sur la
4.2 - Recommandations AFTES avant section non fissurée, sans application de coefficient majorateur.
prise en compte de l’EN 1992-1-1
Les recommandations sur les règles de dimensionnement 4.3 - Evolution des prescriptions de
(2001) transposent aux revêtements de tunnel la démarche des l’Eurocode 2 pour le béton non armé
règles et normes générales en vigueur pour la conception et le
dimensionnement de bâtiments ou d'ouvrages de génie civil. Comme rappelé plus haut, la norme EN 1992-1-1 a intégré
l’ENV 1992-1-6 dans sa section 12, mais en y apportant des
FT
Pour la vérification des sections en béton armé, ces recomman-
dations renvoient aux règles BAEL 91, révisé 99. modifications substantielles de rédaction. Certaines de ces
modifications paraissant susceptibles d’avoir des conséquences
Pour la vérification des sections en béton non armé, elles importantes pour l’application aux revêtements de tunnels, des
renvoient au chapitre 4.6. des recommandations antérieures sur éclaircissements ont été recherchés auprès de la commission
le béton non armé (1998). Lors de l'établissement de ces BAEL / BPEL / EC2 à l’occasion de l’enquête relative à
recommandations, la compatibilité avec la norme européenne l’Annexe Nationale à l’EN 1992-1-1 pour la France (Réf. [9]).
provisoire XP ENV 1992-1-6 relative au béton non armé avait Les éléments exposés ci-après tiennent compte des précisions
été examinée. apportées par cette Annexe Nationale pour répondre aux préoc-
Pour la flexion composée, les recommandations sur le béton cupations exprimées par le groupe de travail de l’AFTES.
non armé (1998) suivent les principes énoncés dans l’ENV
1992-1-6 : 4.3.1 - Résistance du béton
• la résistance à la traction du béton est négligée, La minoration de la résistance du béton pour tenir compte de la
• les contraintes du béton comprimé s'obtiennent à partir du moindre ductilité du béton non armé est prise en compte dans
diagramme rectangulaire du BAEL et de l'Eurocode 2, l’EN 1992-1-1 en multipliant cette résistance par un coefficient
A

• l'excentricité maximale de l'effort normal appliqué dans la inférieur à 1. La valeur recommandée est de 0,8 (au lieu de la
section est convenablement limitée : en l’occurrence la profon- division par 1,2 dans l'ENV, mais ceci aboutit au même résultat).
deur de la fissure est limitée à la moitié de l'épaisseur h de la Cette valeur peut être modifiée par l’Annexe Nationale.
section, comme cela avait été proposé par PERA et al. (Réf. [1])
en accord avec la norme allemande DIN 1045, ce qui L’Annexe Nationale française ouvre la possibilité de retenir un
correspond à une excentricité maximale voisine de 0,3 h. coefficient supérieur à 0,8 si le revêtement est d’épaisseur
suffisante :
En revanche une différence est à noter en ce qui concerne les
caractéristiques de résistance du béton. Contrairement à l’ENV "Pour les revêtements de tunnel conçus et réalisés selon les
1992-1-6, les recommandations AFTES ne prévoient pas de règles de l’art, les coefficients αcc,pl et αct,pl peuvent être
majorer le coefficient partiel du béton γC. Cette majoration, qui majorés sans dépasser 1. Ceci concerne :
consiste en une multiplication par un coefficient γn = 1,2, est • les revêtements provisoires,
conseillée dans la norme "du fait de la moindre ductilité des • les revêtements définitifs d’épaisseur minimale 40 cm,
propriétés du béton non armé". L’article de PERA et al. • les revêtements définitifs d’épaisseur minimale 30 cm des
proposait également d'appliquer un coefficient supplémentaire tunnels de diamètre inférieur à 6m."
de 1,2 "pour pallier l'incertitude régnant sur la valeur Rappelons que les recommandations sur les règles de dimen-
exacte de l'excentricité". sionnement (2001) indiquent que, pour des raisons construc-

TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 204 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2007


383
RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

tives, un revêtement en béton coffré doit avoir une épaisseur locale de la section par traction ont été prises, l'excentri-
nominale minimale fonction de l’ouverture du tunnel (généra- cité maximale de la force axiale NEd dans la section doit
lement de 20 cm pour les tunnels de petit diamètre et de 30 cm être convenable limitée afin d'éviter l'apparition de
pour les tunnels de 10 m de diamètre environ). Mais en fissures ouvertes". L’Annexe Nationale précise qu’il faut lire en
pratique, lorsque l’on retient l’épaisseur minimale pour un fait « fissures largement ouvertes »(1) et ajoute : "Les
revêtement en béton non armé, c’est que celui-ci n’est pas forte- modalités d’application de cette clause sont à définir, soit
ment sollicité. Minorer la résistance du béton n’a alors pas de dans les documents particuliers du marché, soit dans les
conséquence pour le dimensionnement. règles spécifiques à des ouvrages particuliers (par exemple,
D’autre part, il est intéressant de noter que la rédaction de règles relatives aux revêtements de tunnels)" .
l’Annexe Nationale ouvre également la possibilité de retenir un L'Annexe Nationale donne donc toute latitude pour maintenir
coefficient égal à 1 pour les revêtements provisoires sans consi- la règle spécifique, rappelée au paragraphe 4.2, d’une fissure

ES
dération d’épaisseur. Ceci est important pour l’application à la limitée à la moitié de l’épaisseur de la section.
vérification de la résistance des coques de soutènement en
béton projeté, pour lesquelles les recommandations de 4.3.3 - Vérification à l’effort tranchant
l’AFTES sur le calcul du béton projeté (2001) renvoient à la
méthode de vérification des revêtements en béton non armé. La norme EN 1992-1-1 indique que la valeur de calcul de la
contrainte de cisaillement est obtenue en multipliant par un
Il convient toutefois de ne pas oublier que le choix de ne pas coefficient k = 1,5 la contrainte de cisaillement moyenne
minorer la résistance du béton non armé est justifié en relation calculée sur la section comprimée, tandis que la contrainte de
avec les spécificités des revêtements de tunnels indiquées dans compression reste la contrainte moyenne sur cette section.
les recommandations sur le béton non armé (1998) et rappelées
ci-après: Ce coefficient de 1,5 est cohérent avec le coefficient introduit
dans le critère de rupture en cisaillement-traction des règles
• leur géométrie transversale convexe, avec contact continu BPEL, que l'on retrouve sous une forme un peu différente dans
entre le terrain encaissant et le revêtement, l'Eurocode 2 (clause 6.2.2. (2) de l'EN 1992-1-1). Il permet
• une grande hyperstaticité qui limite les risques d'instabilité de également de se rapprocher du critère qui avait été antérieure-
la structure, ment formulé dans l’article de PERA et al.
• une section suffisamment massive pour qu'un défaut local de On peut donc penser que c'est à tort que les recommandations
FT
béton soit sans conséquence pour la stabilité, sur le béton non armé (1998) n'ont pas introduit ce coefficient.
• leur réalisation avec des bétons fabriqués en centrale dont la Il ne semble pas représenter un véritable enjeu pour les tunnels,
qualité est garantie par la chaîne des contrôles. puisque les sections à effort tranchant élevé subissent aussi des
flexions qui nécessitent de toute façon un ferraillage (jonction
Si ces conditions ne sont pas respectées, il convient de faire radier/piédroit par exemple).
preuve de prudence dans l'application de la méthode de vérifi-
cation, ce qui peut conduire à procéder à des vérifications plus
poussées ou à prendre en compte un coefficient minorateur.
4.4 - Correctif aux recommandations
En cas d’application à des coques de soutènement en béton relatives à l’utilisation du béton pour
projeté, cette prudence doit notamment être de mise si l'on les revêtements de tunnels
opère une redistribution des moments de flexion aux points Pour le béton armé, il convient, en fonction des demandes du
singuliers où la résistance du béton est atteinte. Maître d'Ouvrage, de remplacer le BAEL par l'Eurocode 2,
comme règle de référence applicable pour la vérification du
4.3.2 - Rupture locale dimensionnement des sections (paragraphe 2.1. des recom-
L'ENV 1992-1-6 stipulait que "En l'absence de mesures mandations sur les règles de dimensionnement (2001) - para-
A

particulières pour éviter la rupture localisée de la section graphes 4.2.1.2 et 4.2.5.1. des recommandations sur les vous-
par traction, l'excentricité maximale de l'effort normal soirs (1998)).
NSd appliqué dans la section doit être convenablement Pour le béton non armé et en application des considérations
limitée aux valeurs appropriées". Cette rédaction permettait exposées ci-dessus, une version corrigée qui annule et remplace
de juger du niveau d'excentricité admissible en fonction des le chapitre 4 des recommandations sur le béton non armé
caractéristiques de l'ouvrage. (1998) est donnée en annexe A du présent document.
La rédaction de l'EN 1992-1-1 section 12 est différente :
"Sauf si des mesures permettant d'éviter une rupture

(1) Dans la version anglaise : «large cracking»

384 TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 204 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2007


RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

5 - DONNÉES GÉOTECHNIQUES

Dans ce paragraphe, sont comparées les recommandations Ces stipulations sont tout à fait comparables à celles figurant au
AFTES de 2004 sur "la prise en compte des risques géotech- chapitre 4 des recommandations sur les risques géotechniques
niques dans les dossiers de consultation des entreprises pour les (2004), qui proposent de regrouper dans le "Recueil des
projets de tunnel", et les prescriptions de l'Eurocode 7 pour ce données factuelles" (cahier A) les données antérieures ou exté-
qui concerne la définition des reconnaissances géotechniques rieures au projet et les résultats bruts des reconnaissances spéci-
nécessaires à un projet de tunnel et leur mise en forme. fiques au projet.
Les reconnaissances géotechniques nécessaires à un projet, l'éva- Le chapitre 3.4.3. de l'EN 1997-1 stipule que l'évaluation de
luation des paramètres et la présentation des données sont l'information géotechnique doit comprendre :
décrites dans la section 3 de l'EN 1997-1.

ES
• une revue des travaux et essais de reconnaissance effectués,
L'EN 1997-1 pose comme principe (au sens de son article 1.4, • une revue des valeurs attribuées aux paramètres géotechniques,
c'est–à–dire qu'il s'agit d'une clause pour laquelle aucune alter- • d'éventuelles propositions de travaux et essais de reconnaissance,
native n'est admise) que " les reconnaissances de projet • la présentation sous forme de tableaux et de diagrammes des
doivent identifier de façon fiable la disposition et les résultats et, si cela est jugé nécessaire, des histogrammes
propriétés de tous les terrains affectés par l'ouvrage étudié" montrant l'intervalle de variation des valeurs des données les
(clause 3.2.3). plus importantes ainsi que leur distribution,
La notion de fiabilité des informations sur "la disposition et • la profondeur de la nappe phréatique et ses fluctuations
les propriétés des terrains affectés" par le projet est fonction saisonnières,
de la nature du projet et de l'étendue de l'ouvrage. Pour un • des coupes de terrain montrant les limites des différentes
tunnel, la caractérisation des terrains traversés comporte néces- formations,
sairement une part d'incertitude qui doit être identifiée claire- • la description détaillée de toutes les formations y compris leurs
ment, mais ne peut pas être supprimée. C'est dans cet esprit que propriétés physiques et leurs caractéristiques de compressibi-
le préambule des recommandations sur les risques géotechniques lité et de résistance,
(2004) indique qu' "il subsiste nécessairement au stade du • des commentaires sur les irrégularités telles que poches et cavités,
projet des incertitudes sur le terrain traversé". La suite de ces
FT
• le regroupement et la présentation du domaine de variation des
recommandations porte précisément sur la démarche à suivre valeurs dérivées des données géotechniques de chaque couche.
pour limiter les risques associés à ces incertitudes.
Cette démarche est sensiblement la même que celle du
Les projets de tunnel présentent donc une spécificité incontes- "Mémoire de synthèse géotechnique" (cahier B) présenté dans
table. L'étendue des zones traversées est l'une des raisons pour le chapitre 5 des recommandations sur les risques géotech-
lesquelles l'EN 1997 ne s'applique pas à ces ouvrages. Cela dit, niques (2004) .
le traitement des reconnaissances géotechniques et les informa-
tions nécessaires au projet restent de même nature que pour les Pour rappel, le Mémoire de synthèse géotechnique, tel que
autres types d'ouvrages. La comparaison de l'EN 1997-1 et des défini dans les recommandations AFTES, donne l'interpréta-
recommandations de l'AFTES présentées ci-après, le fait appa- tion que fait le Maître d'œuvre de l'ensemble des données
raître clairement. factuelles, avec notamment une caractérisation et une classifica-
tion des terrains dans une optique de travaux souterrains et une
5.1 - Rapport de reconnaissance des description des incertitudes non levées.
terrains
5.2 - Rapport de calcul géotechnique
A

Le chapitre 3.4.2. de l'EN 1997-1 stipule que :


Le chapitre 2.8. de l'EN 1997-1 stipule que :
• "les hypothèses, les données, les méthodes de calcul et les
• la présentation des informations géotechniques doit résultats des vérifications de stabilité et d'aptitude au
comprendre : service doivent être enregistrées dans le rapport de calcul
- un compte-rendu factuel de tous les travaux in situ et en géotechnique",
laboratoire,
- une documentation sur les méthodes utilisées pour effec- • "le niveau de détail des rapports de calcul géotechnique
tuer les reconnaissances in situ et les essais en laboratoire, peut varier sensiblement en fonction du type de projet et
de la méthode de justification".
• ainsi que d'autres informations lorsqu'elles sont pertinentes,
comme par exemple : Le rapport de calcul géotechnique doit contenir une liste des
- l'objectif et la consistance des reconnaissances effectuées, pièces explicatives, dont notamment :
- l'histoire du site, • la description du site, des terrains et de la construction envi-
- la géologie du site, sagée,
- les modes opératoires mis en œuvre, • la définition et la justification des valeurs de calcul et des codes
- etc. utilisés,

TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 204 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2007


385
RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

• les plans et dessins correspondants, Mémoire de conception constitue la traduction en termes de


• les points à contrôler pendant la construction ou nécessitant génie civil, des conclusions du Mémoire de synthèse (cahier B)
de l'entretien ou des mesures. en vue de la réalisation du projet. Son objectif est la justifica-
Le rapport de calcul géotechnique doit comporter un plan de tion géotechnique de l'ouvrage, qui, dans le cas des tunnels, ne
suivi et de mesures. se limite pas à un calcul, mais qui comprend également des
Cette démarche est similaire à l'esprit du "Mémoire de prescriptions sur les procédés de construction retenus (les
conception" (cahier C), objet du chapitre 6 des recomman- méthodes d'exécution, les profils types, leur longueur prévi-
dations sur les risques géotechniques (2004). En effet, ce sionnelle d'application et leur délai de mise en œuvre).

ES
6 - CONCLUSIONS

6.1 - Place des recommandations 6.3 - Convergence d'approche entre


de l'AFTES dans le contexte normatif Eurocodes et recommandations de l'AFTES
européen En ce qui concerne la détermination des valeurs caractéristiques
Les recommandations de l'AFTES s'inscrivent dans le champ du terrain, la démarche retenue par l'AFTES dans les recom-
de la pratique et de l'expérience en matière de conception des mandations sur les règles de dimensionnement (2001) est
tunnels en France. L'enjeu de la démarche actuelle est de rendre compatible avec les prescriptions de l'Eurocode 7, en propo-
compatible entre eux les Eurocodes et les recommandations de sant de faire plusieurs calculs avec plusieurs valeurs et de retenir
l'AFTES, sans que pour autant soient niées les pratiques la valeur la plus prudente selon le cas considéré.
usuelles qui sont propres aux tunnels. L'approche de calcul 2 retenue par l'Annexe Nationale française
relative à l'Eurocode 7 coïncide avec la démarche de vérification
Il apparaît que, la souplesse permise par les Eurocodes aidant,
présentée dans les recommandations sur les règles de dimension-
l'on puisse aboutir positivement comme l'indique la récapitula- nement (2001) et dans celles sur le béton non armé (1998).
FT
tion qui suit.
Le calcul est réalisé en affectant un coefficient partiel égal à 1
6.2 - Application des Eurocodes aux sur les actions et les valeurs caractéristiques des paramètres du
sol. Pour la vérification des sollicitations dans le revêtement, un
revêtements de tunnels coefficient partiel unique de 1,35 est appliqué sur les efforts
Les tunnels n'étant pas exclus du champ d'application de (M, N, T) calculés en ELU fondamental.
l'Eurocode 2, cet Eurocode est applicable pour la vérification L'Eurocode 7 prévoit ensuite que la vérification des sections de
par le calcul des sections de revêtement de tunnels en béton revêtement soit réalisée conformément à l'Eurocode 2. Après
armé et non armé. correction en ce qui concerne la vérification à l'effort tranchant
Par contre, en ce qui concerne la vérification des ouvrages (voir plus loin), les recommandations correspondantes de
géotechniques, la plupart des tunnels (à l'exception de ceux l'AFTES sont conformes aux prescriptions de l'Eurocode 2 et
creusés dans les roches dures non fracturées, sans conditions de son Annexe Nationale.
spéciales d'étanchéité ou d'autres exigences) entrent dans la En ce qui concerne les données géotechniques, la présentation,
catégorie géotechnique 3 prévue par la clause 2.1.(11) de le contenu des informations géotechniques et la démarche de
l'Eurocode 7, c'est–à–dire dans la catégorie des structures dont leur acquisition prévus aux clauses 3.4.2. et 3.4.3. de l'EN
A

la conception peut faire appel à des dispositions ou règles alter- 1997-1 sont comparables à ce qui figure aux chapitres 4 et 5
natives à celles de l'Eurocode 7. Bien qu'en toute rigueur les des recommandations AFTES de 2004 sur "la prise en compte
tunnels soient par conséquent exclus du champ d'application des risques géotechniques dans les dossiers de consultation des
de l'Eurocode 7, la démarche proposée par les recommanda- entreprises pour les projets de tunnel".
tions AFTES pour le dimensionnement de leur revêtement en
béton reste compatible avec les prescriptions de l'Eurocode 7. 6.4 - Unique point à réviser dans les
Une autre raison pour laquelle l'Eurocode 7 ne s'applique pas
recommandations de l'AFTES
aux projets de tunnels est qu'ils présentent une spécificité En ce qui concerne le dimensionnement des revêtements des
incontestable à cause de l'étendue des zones de terrain qu'ils tunnels en béton non armé, il apparaît que plusieurs formules
traversent. Cela engendre d'incontournables incertitudes sur la indiquées dans les recommandations de l'AFTES pour la vérifi-
connaissance du terrain au stade du projet qui va à l'encontre cation de la résistance d'une section en béton non armé doivent
du principe énoncé à l'article 1.4 de l'EN 1997-1 selon lequel être modifiées pour les rendre conformes à l'EN 1992.
"les reconnaissances de projet doivent identifier de façon Une version corrigée qui annule et remplace le chapitre 4 des
fiable la disposition et les propriétés de tous les terrains recommandations de 1998 relatives à l'utilisation du béton
affectés par l'ouvrage étudié" (clause 3.2.3.). non armé en tunnels est donnée en annexe A.

386 TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 204 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2007


RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

RÉFÉRENCES ••••••••
[1] PERA J., DEFFAYET M., CHAPEAU C. (1991) – Domaine d'utilisation du béton non armé pour les revêtements de tunnel,
Tunnels et Ouvrages Souterrains n° 103.
[2] XP ENV 1992-1-6 – Eurocode 2 Partie 1-6 : règles générales – Structures en béton non armé (mai 1997).
[3] AFTES (1998) – Recommandations relatives à la conception, le dimensionnement et l’exécution des revêtements en voussoirs
préfabriqués en béton armé installés à l’arrière d’un tunnelier, TOS n°147.
[4] AFTES (1998) – Recommandations relatives à l'utilisation du béton non armé en tunnel, TOS n° 149.
[5] AFTES (2001) – Recommandations relatives à la conception et au dimensionnement du béton projeté utilisé en travaux souter-
rains, TOS n° 164.
[6] AFTES (2001) – Recommandations relatives à l'utilisation des règles et normes générales de conception et de dimensionne-
ment pour les revêtements de tunnels en béton armé et non armé, TOS n° 165.
[7] AFTES (2004) – Recommandations pour la prise en compte des risques géotechniques dans les dossiers de consultation des

ES
entreprises pour les projets de tunnels, TOS n° 185.
[8] NF EN 1992-1-1 – Eurocode 2 Partie 1-1 : calcul des structures en béton – Règles générales et règles pour les bâtiments
(octobre 2005).
[9] NF P 18-411-1/NA – Annexe Nationale pour l'application de la norme EN 1992-1-1.

ANNEXE A

Objet et contenu de l'annexe A Pour ce qui concerne la vérification des sections en béton non
armé, les recommandations de T.O.S. n° 165, renvoient au
FT
Les prescriptions des sous-chapitres 4.1 à 4.5 des recommanda- chapitre 4.6 des recommandations de T.O.S. n° 149. Ce sous-
tions publiées dans T.O.S. n° 149 qui concernaient les prin- chapitre 4.6 est annulé et remplacé par la rédaction donnée ci-
cipes de vérification et de calcul des sollicitations des revête- après, qui constitue la nouvelle version du chapitre 4 des
ments de tunnel en béton non armé, ont été remplacées par les « Recommandations relatives à l’utilisation du béton non armé
prescriptions des chapitres 4 à 7 des « Recommandations rela- en tunnel ».
tives à l’utilisation des règles et normes générales de conception
et de dimensionnement pour les revêtements de tunnel en béton Pour l’application du paragraphe 4.4.4.2 des
armé et non armé », publiées dans T.O.S. n° 165 de mai-juin « Recommandations relatives à la conception et au dimension-
2001. nement du béton projeté utilisé en travaux souterrains »,
publiées dans T.O.S n° 164 de mars-avril 2001, il convient
également de se référer à la nouvelle version du chapitre 4.

NOUVELLE RÉDACTION DU CHAPITRE 4


A

DES RECOMMANDATIONS RELATIVES À L'UTILISATION DU BÉTON NON


ARMÉ EN TUNNEL
(T.O.S. n° 149 - septembre-octobre 1998)

4 - MÉTHODE DE VERIFICATION DES SECTIONS

4.1 - Remarques préalables adaptées aux exigences de service de l'ouvrage (par exemple
complexe d'étanchéité).
L'aptitude au service des revêtements en béton non armé, qui
correspond aux états limites de service (ELS), est généralement Dans ce chapitre, on traitera uniquement de la vérification des
assurée par leur conception même : dispositions constructives sections en béton non armé aux états limites ultimes (ELU).
pour limiter la fissuration comme indiqué au chapitre 3 de ces La nature des actions et des chargements à considérer, les combi-
recommandations, géométrie étudiée pour s'affranchir par naisons d’actions à constituer, ainsi que les caractéristiques du
exemple des instabilités de forme, dispositions complémentaires terrain à retenir sont définies dans les « Recommandations

TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 204 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2007


387
RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

relatives à l’utilisation des règles et normes générales de concep- 4.2.2 - Résistance de calcul en compression du
tion et de dimensionnement pour les revêtements de tunnel en béton
béton armé et non armé », publiées dans T.O.S. n° 165 de La résistance de calcul en compression est définie comme
mai-juin 2001.
fcd = αcc,pl fck / γC
La vérification de la résistance des sections à l’ELU se fait à
partir des valeurs de calcul des sollicitations, résultant des Les valeurs retenues pour le coefficient γC sont :
combinaisons d’actions prises en compte et intégrant le report • pour les situations de projet durables ou transitoires : γC = 1,5
sur les sollicitations du coefficient partiel habituellement • pour les situations de projet accidentelles : γC = 1,2
appliqué aux actions.
Conformément aux spécifications de l’Annexe Nationale fran-
En toute rigueur, le revêtement devrait être calculé en considé- çaise à l’EN 1992-1-1, si le revêtement est conçu et réalisé selon
rant que le béton a un comportement élastoplastique avec résis- les règles de l’art (2), le coefficient αcc,pl peut être pris égal à 1

ES
tance limitée à la traction. Dans un calcul ainsi conduit, le dans les cas suivants :
développement de fissures dans le béton se traduirait par une
redistribution des sollicitations avec diminution des moments • pour les revêtements provisoires(3),
fléchissants. • pour les revêtements définitifs d’une épaisseur minimale de
Dans la pratique, on préfère généralement calculer les sollicita- 40 cm,
tions avec un comportement élastique du béton, puis vérifier • pour les revêtements définitifs d’une épaisseur d'au moins 30 cm,
les sections de béton non armé avec les sollicitations ainsi calcu- appliquée aux tunnels de diamètre inférieur à 6 m.
lées en tenant compte de la fissuration. Pour les revêtements définitifs d’épaisseur inférieure à 30 cm
La méthode de vérification présentée ci-dessous est basée dans le cas de tunnels de diamètre inférieur à 6 m, et inférieure à
sur l’application de l’Eurocode 2 (NF EN 1992-1-1) et de 40 cm dans le cas des tunnels de diamètre supérieur ou égal à 6
l’Annexe Nationale française correspondante. Les notations m, pour lesquels une vérification par le calcul est nécessaire, le
utilisées sont celles de l’EN 1992-1-1. coefficient αcc,pl doit être fixé à 0,8.
Pour les revêtements provisoires, on est conduit à substituer à fck
4.2 - Flexion composée (déterminée à 28 jours) la résistance en compression du béton
fck(t) à un instant t < 28 jours correspondant à l’âge du béton au
FT
4.2.1 - Schéma de vérification moment de son chargement.
La vérification d’une section en béton non armé est effectuée à Remarque : si l’on se réfère au BAEL 91, il faut substituer à fck
l’état-limite ultime (ELU) en considérant que le béton ne l’expression [0,85 fcj] qui figurait dans la version initiale des
résiste pas à la traction. recommandations.
Le béton est supposé avoir une résistance caractéristique
fck ≤ 50 MPa (au sens de l’EN 1992-1-1 et de la norme Béton 4.2.3 - Effort normal résistant et excentricité
NF EN 206-1). limite
Les contraintes de compression sont supposées réparties selon En application des hypothèses exposées au § 4.2.1, l’effort
normal résistant N Rd d’une section rectangulaire avec une
le diagramme rectangulaire schématisé sur la figure 1.
excentricité uniaxiale e dans la direction de hw est égal à :
La profondeur des fissures est limitée à la moitié de l’épaisseur
NRd = fcd x b x hw x (1 – 2e / hw)
de la section (sous réserve de l’observation formulée en 4.2.5).
où:
On peut observer, qu’avec les hypothèses ci-dessus et compte
tenu des valeurs usuelles du module d’élasticité du béton, la fcd est la résistance de calcul en compression du béton définie au
A

déformation en compression du béton reste inférieure à la § 4.2.2.


limite de 3,5 °/oo requise dans le cas des sections en béton b est la largeur de la section
armé.
hw est l’épaisseur nominale de cette section
e = MEd / NEd,
avec:
MEd moment de flexion de calcul aux ELU,
NEd effort normal de calcul aux ELU.
On peut rappeler à ce sujet que des sollicitations dans un revête-
ment en béton non armé sont calculées avec la démarche
suivante:
Figure 1 - Diagramme représentatif d'une section fissurée

(2) rappelées notamment aux chapitres 1 et 2 de ces recommandations.


(3 ) ce cas concerne notamment les soutènements en béton projeté jouant un rôle d’anneau de structure (coque) (cf. " Recommandations relatives à la concep-
tion et au dimensionnement du béton projeté utilisé en travaux souterrains ", publiées dans T.O.S n° 164 de mars-avril 2001). Voir l’observation en 4.2.5

388 TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 204 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2007


RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

• le calcul est effectué en affectant un facteur partiel de 1 aux Il est donc souvent utile de situer les résultats du (ou des) cas de
actions et aux valeurs caractéristiques des paramètres de sol, calcul traités par rapport au domaine admissible dans le plan
• la vérification au niveau des sollicitations dans le revêtement se effort normal / moment fléchissant.
fait ensuite en multipliant les valeurs des efforts (M, N, V ) ainsi Le schéma de vérification des sections en flexion composée qui
calculés par le coefficient partiel habituellement appliqué aux est indiqué précédemment, permet de reporter sur un
actions, c'est-à-dire par le coefficient partiel de 1,35 en ELU graphique, la courbe d'interaction (M, N).
fondamental.
En ELU fondamental, on a ainsi :
NEd = 1,35 N
MEd = 1,35 M

ES
VEd = 1,35 V
Par ailleurs, la condition de la limitation de la profondeur des
fissures à la moitié de l'épaisseur du revêtement se traduit par :
e < 0,3 hw
Lorsque l'effort normal et le moment de flexion sont très
faibles(4), on peut accepter que l’excentricité, calculée en suppo-
sant la section non fissurée, excède la limite ci-dessus. En effet, si
la section se fissure, la redistribution des sollicitations induira
aussitôt une diminution de l’excentricité, dès lors que le revête-
ment dispose d’appuis au terrain de qualité suffisante (cf. règles
de conception du chapitre 2). Pour l’application de cette observa-
tion, on considère en règle générale qu’il n’y a pas lieu de
procéder à une vérification particulière lorsque l’effort normal de
calcul NEd est inférieur à :
Légende
NRdo = 1,35 x 0,02 x fck x b x hw
➀ Section entièrement comprimée e < 0,17 hw
FT
En conclusion, le schéma de la vérification en flexion composée est ➁ Section partiellement comprimée avec e < 0,3 hw
le suivant en reprenant les notations indiquées précédemment :
➂ Section très faiblement comprimée avec NEd < NRdo
➃ Effort de compression trop élevé NEd > NRd
Calcul de : ➄ Profondeur de la fissure supérieure à la moitié
NRd = αcc,pl x fck x b x hw x (1 – 2e / hw) / 1,5 (ELU durable et transitoire) de l'épaisseur du revêtement e > 0,3 hw
αcc,pl x fck x b x hw x (1 – 2e / hw) / 1,2 (ELU accidentel)
Figure 2 - Enveloppe des sollicitations admissibles à l’ELU
NRdo = 0,027 x fck x b x hw (situation durable ou transitoire)
avec e = MEd / NEd
αcc,pl = 1 (sauf revêtements de faible épaisseur)
Vérifications : 4.2.5 - Observations
NEd > NRd ➞ ferraillage ou redimensionnement de la section nécessaire a) Hypothèse relative à la profondeur des fissures
NRdo < NEd < NRd En accord avec le maître d’ouvrage, on peut retenir un critère
A

e < 0,3 hw ➞ section satisfaisante moins sévère pour la limitation de l’ouverture des fissures pour les
e > 0,3 hw ➞ section inadmissible pièces suffisamment massives (épaisseur d’au moins 50 cm), à
condition de s’assurer que la conception du revêtement écarte le
NEd < NRdo ➞ pas de vérification particulière en règle générale risque de rupture brutale en cas d’augmentation du moment
fléchissant.
b) Application à la vérification des soutènements en béton
4.2.4 - Domaine admissible projeté
Les hypothèses nécessaires au calcul des sollicitations appliquées Les recommandations relatives à la conception et au dimension-
au revêtement d'un tunnel sont dans la plupart des cas sujettes à nement du béton projeté admettent d’opérer des redistributions
discussion : pérennité des soutènements, transfert de charge des moments de flexion aux points singuliers où la résistance du
entre soutènement et revêtement, prise en compte d'un compor- béton est atteinte, soit en recalculant les sollicitations par intro-
tement différé du terrain, chargement dissymétrique,... duction de rotules plastiques en ces points, soit en calculant

(4) par exemple, lorsque le revêtement n’est chargé que par son propre poids

TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 204 - NOVEMBRE/DÉCEMBRE 2007


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RECOMMANDATIONS
Compatibilité des recommandations AFTES relatives aux revêtements des tunnels en béton avec les Eurocodes

prudemment des redistributions forfaitaires. Elles attirent l’atten- sachant que Acc = x b avec :
tion sur le fait que la redistribution des moments de flexion doit b largeur de la section
être opérée avec prudence, en particulier si la flexion de la x épaisseur comprimée (cf. figure 1)
coque est susceptible de conduire à un décollement de la coque
par rapport au terrain (cas d’une coque rigide non associée à des Et il y a lieu de vérifier que τcp ≤ fcvd, où l'on distingue deux cas :
boulons).
• si σcp ≤ σc,lim fcvd =
En cas de redistribution des moments de flexion, on doit en
outre s’interroger sur le choix du coefficient αcc,pl en tenant • si σcp > σc,lim fcvd =
compte des caractéristiques de la coque en béton projeté et
retenir éventuellement une valeur inférieure à 1.
avec σc,lim = fcd – 2
4.3 - Effort tranchant et les notations suivantes :

ES
La vérification est celle indiquée dans l’EN 1992-1-1, rappelée ci- fcvd résistance de calcul en cisaillement du béton
après : fcd résistance de calcul en compression du béton
Pour une section soumise à un effort tranchant VEd et à un effort fctd résistance de calcul en traction du béton, soit :
normal NEd agissant sur une aire comprimée Acc, il convient de fctd = αct,pl fctk,0,05 / γC , le coefficient αct,pl étant déterminé
prendre les valeurs suivantes pour la valeur absolue des compo- de la même façon que le coefficient αcc,pl (cf. 4.2.2 ).
santes des contraintes de calcul :
σcp = NEd / Acc
τcp = 1,5 VEd / Acc
FT
A

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Notes :

ES
FT
A
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