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Les préceptes de politique monétaire keynésiens ont cependant été remis en question à
la fois sur un plan théorique avec un renouveau de l’analyse classique et du point de vue
pratique, l’inflation ayant entraîné des effets pervers sur l’économie et la croissance. Les
politiques monétaires ont alors renouvelé leurs instruments et placé l’objectif de la stabilité
des prix au sommet de la hiérarchie, afin de réduire l’inflation. La stabilité de la monnaie
semble aujourd’hui acquise, sans que le débat sur la politique monétaire soit clos, opposant
ceux qui souhaitent un assouplissement aux partisans d’une politique rigoureuse.
Si les fonctions de la monnaie ont été identifiées dès l’Antiquité, l’analyse de l’impact
de la politique monétaire sur l’économie s’est développée tardivement, la théorie étant
largement dominée par l’analyse classique.
Elle peut d’abord être définie par ses fonctions classiques. Elle fait aussi l’objet d’une
approche comptable à travers la notion d’agrégats monétaires ou de contrepartie de la masse
monétaire, ce dernier concept mettant en évidence le mécanisme de création de la masse
monétaire.
Les trois fonctions de la masse monétaire. Unité de mesure des prix ; moyen
d’échange ; réserve de valeur. Cette dernière fonction n’est possible que s’il n’y a aucune
suspicion à l’égard de la valeur future de la monnaie, notamment du fait des anticipations
d’inflation. Selon la loi de Gresham (16 e siècle), les agents économiques tenteront de se
défaire le plus rapidement possible de la monnaie dont la valeur se déprécie (la mauvaise
monnaie), la bonne monnaie se définissant comme celle dont la fonction de réserve de valeur
est mieux assurée étant thésaurisée. « La mauvaise monnaie chasse la bonne ». Toutefois, la
défiance dans certains PED à l’égard de la monnaie officiellement en circulation peut être
telle que les agents économiques recourent plus facilement au dollar pour le paiement des
transactions, ce qui contredit la loi de Gresham.
Ses limites : le pouvoir de création monétaire détenu par les banques commerciales est
cependant limité par la nécessité de se refinancer auprès de l’organisme d’émission en
monnaie banque centrale :
- les banques ont en effet besoin de billets pour faire face aux besoins de leurs clients ;
- elles doivent effectuer les règlements de leurs créances interbancaires en monnaie
banque centrale ;
- leurs opérations en devises sont réglées par crédit ou débit des comptes des banques
commerciales à la banque centrale ;
- les réserves obligatoires contraignent les banques commerciales à maintenir une
encaisse non rémunérée dans les comptes de la banque centrale.
Ces contraintes de refinancement en monnaie banque centrale sont appelées fuites
dans le circuit de la monnaie car elles correspondent à une part de monnaie immobilisée à la
banque centrale que les banques commerciales ne peuvent pas utiliser pour accorder des
crédits.
Pour les classiques, la monnaie est un voile, dans la mesure où elle ne peut modifier
les conditions de l’échange des biens et services. La monnaie ne peut pas être désirée pour
elle-même, elle n’a pas d’influence sur les échanges comme elle est indépendante de la valeur
intrinsèque du bien acquis ou vendu. Son prix d’équilibre, le taux d’intérêt, est alors la
résultante de la confrontation entre l’offre et la demande de monnaie. Toutefois, pour
construire la courbe d’offre de monnaie, il est nécessaire d’apprécier l’effort que le détenteur
de monnaie est disposé à effectuer pour épargner et prêter ses disponibilités en reportant sa
propre consommation : de la monnaie voile, l’analyse classique passa ainsi à la monnaie
marchandise. Walras (1834-1910) et Pareto (1848-1929) montrent ainsi qu’il existe un
marché de la monnaie dont la fonction spécifique est de servir d’étalon de référence pour fixer
la valeur des autres biens et accroître l’efficacité du circuit économique.
L’hypothèse fondamentale réside dans la rigidité des prix à CT : l’ajustement entre
offre et demande globale ne s’opère pas par les prix mais par les quantités. Par ailleurs, on
suppose que l’économie n’est pas au plein emploi. La politique conjoncturelle, maniant les
instruments budgétaires ou monétaires, peut augmenter le niveau de la demande et donc de la
production et de l’emploi.
Ainsi, les banques peuvent ne pas vouloir répercuter la hausse des taux d’intérêt et
préférer réduire leur offre de crédit en sélectionnant leurs clients de façon plus sévère, en cas
de durcissement monétaire. Dans ce cas, une partie des emprunteurs se trouve évincée et la
demande finale baisse sans que les taux d’intérêt bancaire n’aient répercuté la hausse des taux
de marché. Cette demande est particulièrement importante puisqu’il s’agit de celle des
ménages et des PME qui n’ont pas accès à d’autres formes de financement que le crédit
bancaire.
Toutefois, cette vision se heurte à la notion de point mort des banques. En cas de
baisse des taux, celles-ci peuvent ne pas en faire bénéficier leurs clients afin de couvrir leurs
frais généraux et reconstituer leurs marges. Ce raisonnement peut aussi s’appliquer à la
Banque centrale qui a besoin d’un certain niveau de taux d’intérêt pour couvrir ses coûts de
fonctionnement.
Durant les années 70, la pratique des politiques monétaires accommodantes s’est
largement répandue. Pourtant, le mécanisme s’est profondément déréglé avec l’apparition de
la stagflation. Malgré l’inflation, la croissance restait faible, en tout cas insuffisante pour
enrayer la progression du chômage, d’où une stagflation : coexistence de l’inflation et de la
stagnation.
L’inflation se définit comme une hausse généralisée des prix auto-entretenue. Elle
a caractérisé l’économie française des 40 années suivant la fin de la seconde guerre mondiale.
Elle a été tolérée durant la période de forte croissance (1945-1975) mais elle est devenue une
source grave de dysfonctionnements de l’économie lorsque la croissance s’est ralentie.
- L’inflation conduit aussi à un transfert de richesse des créanciers vers les débiteurs.
Elle provoque une érosion de l’épargne et du pouvoir d’achat des revenus non indexés sur les
prix. Elle a ainsi permis à une partie de la population d’accéder à la propriété car les frais
financiers ont été progressivement réduits par l’augmentation des salaires. Mais elle a
fortement dissuadé l’épargne car ses revenus étaient très érodés par l’inflation. Selon Kolm, la
perte de patrimoine financier des ménages due à l’inflation dans les années 70 a été
équivalente à leur flux d’épargne financière ce qui revient à une taxe d’inflation et l’a orienté
vers des placements peu favorables à la croissance (immobilier notamment, or ou devises
réputées fortes au détriment des investissements dans l’entreprise).