Vous êtes sur la page 1sur 1

DIEU

La notion de salut fournit la clef qui ouvre à la compréhension de Dieu et de


son activité. Dieu est sauveur, et il faut prendre cet "est" au sens fort. Le salut
ne constitue pas chez Dieu une activité annexe, secondaire, accidentelle. Au
contraire, le salut caractérise et définit son être. Il ne faut pas faire de Dieu un
"en soi-pour soi", renfermé sur lui-même dans une totale béatitude,
contemplant éternellement sa propre gloire et satisfait, voir émerveillé par
elle. Le Dieu biblique n’est pas un ab-solu, c’est à dire, selon l’étymologie,
un être qui ne vit que par soi et pour soi ; je trouve malheureux que certains
traducteurs, dont le Père Chapey aient rendu ultimate par absolu, terme
qu’évite Tillich. Le Dieu biblique se nomme Emmanuel, le Dieu avec et pour
nous. L’épître de Jean écrit que Dieu est amour, ce qui signifie que l’amour
est son être, ou que l’être-même est amour. Nous avons vu que pour Tillich
Dieu est le fondement de l’être, et la puissance de l’être. Ces formules qui
caractérisent son être et sa vie s’appliquent aussi bien à la création qu’au salut.
On peut à peine distinguer ces deux activités : la genèse décrit la création
comme l’action de Dieu qui sauve du tohu-bohu ou du chaos initial, et le
Nouveau Testament décrit le salut en termes de nouvelle création. Dans les
deux cas, Dieu surmonte et domine le non être, autrement dit, il aime, car
l’amour consiste à surmonter le non-être qui sépare, divise et oppose. Cette
affirmation que Dieu surmonte et domine le non-être rend compte à la fois et
en même temps de ce qu’il est et de ce qu’il fait. Pour Dieu, être, vivre, aimer,
créer et sauver se confondent.

CHRIST

Enfin, la notion de salut détermine celle de Christ, lui confère son contenu et
sa signification. Un être nouveau qui mènerait une vie exempte de toute
aliénation, qui vivrait en pleine communion avec Dieu, qui incarnerait
l’homme parfait ou essentiel ne serait cependant pas le Christ, s’il ne sauvait
personne. Le Christ implique l’Église parce qu’il est puissance de salut, et que
cette puissance n’existe que si elle agit sur des gens, si elle les rassemble, si
elle les transforme. Aussi Tillich peut-il dire que "l’être du Christ est son
œuvre et son œuvre est son être, c’est à dire l’être nouveau". Au début du
cours sur Jésus, j’ai dit qu’on ne pouvait pas séparer christologie et
sotériologie : quand on parle du Christ, on ne fait rien d’autre que parler du
salut.

Vous aimerez peut-être aussi