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Les calendriers de
construction de plus en
Teneur en humidité des
plus serrés conduisent
souvent à limiter les délais
de pose des finitions et, donc, le
chapes et réduction du
temps de séchage
temps de séchage des chapes (et des
bétons en général). Or, une teneur
excessive en eau résiduelle dans ces
dernières constitue, dans bien des
cas, une source de dégâts pour des
finitions telles que les revêtements
de sol souples, parquets, revêtements ficacité et la fiabilité de certaines d’entre elles 1 DÉTERMINATION DE LA TENEUR
résineux, … doivent encore être corroborées, nous livrons EN HUMIDITÉ
ci-après un état des connaissances acquises
durant la première phase de recherche. De nombreux appareils de mesure sont dispo-
✍✍ E. Cailleux, dr., chef de projet, E. Cop- nibles sur le marché. Les techniques de me-
pens, ir., chercheur, E. Noirfalisse, ir., Les chercheurs se sont également penchés sure étudiées peuvent être classées par caté-
chef de projet, et V. Pollet, ir., chef adjoint sur la manière de réduire le temps de séchage gories sur la base des deux critères suivants :
du département, département ‘Matériaux, d’une chape en adaptant sa composition et/ • leur caractère destructif ou non : il existe
technologie et enveloppe’, CSTC ou ses conditions de séchage. Pour ce faire, des méthodes destructives, peu destructives
la teneur en humidité de diverses chapes dans et non destructives
un climat intérieur contrôlé a été mesurée à • le résultat final. On distingue les méthodes
Dans le cadre d’une recherche prénormative, intervalles fixes. Les résultats obtenus nous qualitative et quantitative. Il est possible par
plusieurs techniques de mesure d’humidité ont finalement permis de formuler quelques ailleurs de différencier pour cette dernière
ont été étudiées et comparées. Bien que l’ef- recommandations pour le séchage des chapes. les méthodes donnant une valeur pour le
taux d’émission de vapeur d’eau de la chape,
pour la teneur en humidité de l’échantillon
4,5
ou pour l’humidité relative de l’air en équi-
4,0 libre hygrothermique avec la chape.
3,5
Teneur en humidité [m%]
31/10
10/11
20/11
30/11
10/12
20/12
30/12
09/01
19/01
Fig. 1 Influence de la méthode et de la température de séchage sur le résultat. La méthode gravimétrique consiste à prélever
6 6 6
y = 0,9787x + 1,0126 y = 0,939x + 0,5305 y = 0,9739x + 0,5956
5 R² = 0,8936 5 R² = 0,9099 5 R² = 0,9025
Etuve 105 °C [m%]
Etuve 70 °C [m%]
4 4 4
3 3 3
2 2 2
1 1 1
0 0 0
0 1 2 3 4 5 0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5
Etuve 45 °C [m%] Etuve 70 °C [m%] Etuve 45 °C [m%]
Fig. 2 Corrélation entre les résultats Fig. 3 Corrélation entre les résultats Fig. 4 Corrélation entre les résultats
des étuves à des températures de 45 des étuves à des températures de 70 des étuves à des températures de 45
et 105 °C. et 105 °C. et 70 °C.
100
1.2.1 Sonde hygrométrique Fig. 8 Courbe de
95 séchage d’une
Cette méthode consiste à introduire une sonde 90
chape mesurée à
d’humidité dans une cavité préalablement fo- l’aide d’une sonde
Humidité relative [%]
10/08
11/08
12/08
01/09
02/09
03/09
04/09
05/09
06/09
celui indiqué dans la norme américaine pré- méthode nécessite uniquement le perçage de
citée. petits trous, elle appartient aux méthodes peu
destructives.
Cette norme nous apparaît trop stricte au pre-
mier abord vu les valeurs de teneurs en eau Celle-ci s’est révélée très inexacte, notamment
mesurées avec les autres méthodes. L’établisse- parce que la profondeur à laquelle le taux
ment d’un équilibre avec les conditions atmos- d’humidité est mesuré est proportionnelle à la
phériques pourrait correspondre au moment où taille des électrodes de mesure et à la distance
la pose d’un revêtement est permise si l’humi- qui les sépare.
dité relative de l’air est suffisamment basse.
Fig. 9 Exemple de bombe à carbure.
1.2.6 Atténuation d’une micro-onde
1.2.4 Méthode de mesure capacitive
Cette méthode de mesure non destructive
7 Cette mesure peut être effectuée à l’aide est basée sur l’atténuation d’une micro-onde
y = 0,1224x² + 0,3719x + 0,2645
Bombe à carbure [CM%]
6 R² = 0,8487 d’électrodes permettant de mesurer en surface après qu’elle ait été absorbée par des molé-
5 ou à quelques centimètres de profondeur. Vu cules d’eau. Bien que l’étude préalable ait
4 la présence d’un gradient d’humidité dans la fourni des résultats prometteurs, ceux obtenus
chape, seule la mesure en profondeur est utile durant la recherche finale n’étaient pas satis-
3
dans le cas présent. faisants.
2
1 Cette mesure fournit un indice (adimension- Les résultats (sous forme d’indice) n’ont ni
0 nel) pouvant éventuellement être converti en permis de dessiner une courbe de séchage, ni
0 2 4 6 teneur en eau (en pourcentage de la masse d’établir une corrélation entre cette méthode
Etuve 45 °C [m%]
sèche) grâce à une courbe d’étalonnage in- et la méthode par séchage en étuve (cf. fi-
terne. Cet indice est fonction de la capacité gure 13).
Fig. 10 Corrélation entre les résultats mesurée de la chape, dépendant quant à elle
d’une mesure au carbure de calcium de la constante diélectrique qui est déterminée
et d’une mesure dans une étuve à par la teneur en eau. Nous avons pu établir une 1.2.7 Réflectomètre dans le domaine
45 °C. corrélation entre cet indice et les résultats ob- temporel (TDR)
tenus avec une étuve (cf. figure 12).
prescrite par la norme américaine ASTM Cette méthode permet d’observer la teneur
F 1869 [1] permet de déterminer la quantité Sur chantier, l’expérience n’est pas toujours en humidité d’une chape durant une période
de vapeur d’eau émise par la chape. Cet es- concluante : en cause, la présence d’armatures plus longue. Elle est basée sur la dépendance à
sai (pouvant également être réalisé in situ) et la composition de la chape, qui peuvent in- l’humidité de la permittivité (constante diélec-
consiste à placer des cristaux de chlorure de fluencer les mesures. Cette méthode est dès trique) d’un milieu particulier. Si l’appareil de
calcium (CaCl2) sous une cloche parfaitement lors souvent utilisée en combinaison afin de mesure est correctement étalonné, les résultats
scellée à la chape et à mesurer la variation de limiter le nombre d’essais destructifs. Elle per- obtenus sont prometteurs et une stabilisation
poids des cristaux fortement hygroscopiques met en effet de localiser au préalable les zones de la teneur en humidité peut être clairement
(cf. figure 11). plus humides où les prélèvements peuvent être constatée.
effectués pour les mesures destructives.
Les mesures du taux d’émission de vapeur Cette méthode de mesure, en raison des lon-
d’eau se déroulent comme les mesures ef- gues électrodes à placer horizontalement dans
fectuées avec une sonde hygrothermique. Le 1.2.5 Mesure de la résistance électrique le matériau, n’est pas facile à appliquer si l’on
temps de stabilisation de l’émission de va- souhaite déterminer la teneur en humidité des
peur d’eau est à peu près le même que celui Pour cette méthode, on ne mesure pas directe- chapes sur un chantier. Elle peut néanmoins
de l’humidité relative. Nous avons également ment la teneur en humidité, mais on enregis- s’avérer bien utile pour les mesures in situ
constaté que cette stabilisation s’est faite à un trer au moyen d’électrodes une valeur dérivée, d’éléments en béton de taille plus importante
taux d’émission de vapeur d’eau supérieur à à savoir la résistivité. Etant donné que cette (les ponts, p. ex.).
160 3300
y = 23,36x + 17,247
140 R² = 0,8895 3200
Indice capacitif
120
Indice capacitif
3100
100
3000
80
2900
60
2800
40
20 2700
0 2600
0 2 4 6 0 2 4 6
Teneur en humidité lors du séchage dans Teneur en humidité lors du séchage dans
une étuve à 105 °C [m%] une étuve à 105 °C [m%]
Fig. 12 Corrélation entre l’indice capa- Fig. 13 Relation entre l’indice d’atté-
Fig. 11 Poste d’essai pour la mesure citif et la teneur en humidité. nuation d’une micro-onde et la teneur
du taux d’émission de vapeur d’eau. en humidité.
1.3 Conclusion lement penché sur les moyens de réduire le 2.2 Composition de la chape
temps de séchage d’une chape en adaptant les
Etant donné que la méthode gravimétrique en conditions de séchage ou la composition de la L’influence de la composition de la chape sur
étuve permet de déterminer correctement la te- chape. le temps de séchage a été étudiée dans un deu-
neur en humidité des chapes et du béton, elle xième temps.
est utilisée comme méthode de référence.
2.1 Conditions de séchage Les variations suivantes d’un même mélange
Bien que la mesure au carbure de calcium de référence (cf. tableau 2, p. 5) ont été testées.
constitue une technique très populaire et fiable, Dans un premier temps, nous avons étudié L’influence de ces variations sur les courbes de
d’autres techniques de mesure peuvent toute- l’influence exercée par l’humidité et la tem- séchage a été observée :
fois s’avérer fructueuses. Ainsi, certaines mé- pérature de l’air ambiant sur le processus de • mélange 1 : utilisation un sable plus fin
thodes non destructives peuvent être effectuées séchage de la chape. (0/2 mm au lieu de 0/4 mm). La quantité
plus rapidement et/ou sur des surfaces plus volumétrique de sable a été maintenue à
grandes. Il est par ailleurs utile de comparer Trois conditions environnementales, dont 1 m3/250 kg de ciment
les résultats obtenus par diverses méthodes soit deux correspondant au climat intérieur confor- • mélange 2 : utilisation d’une plus grande
entre eux soit avec ceux fournis par méthode table et une au climat intérieur humide, ont été quantité de ciment (320 kg par m3 de sable
gravimétrique en effectuant des corrélations. considérées : au lieu de 250 kg)
• température : 23 °C ; HR : 50 % • mélange 3 : utilisation d’un autre type de ci-
Enfin, certaines méthodes permettent d’obser- • température : 20 °C ; HR : 60 % ment. CEM V/A (V-S) 32,5 N HSR LA, un
ver le processus de séchage de la chape ou du • température : 20 °C ; HR : 90 %. ciment composite comprenant des cendres
béton au cours du temps et donc de déterminer volantes et du laitier de haut fourneau au
le délai d’attente minimum pour l’application La figure 14 (p. 5) illustre l’effet de l’humi- lieu d’un CEM II B-V 32,5 R
de la finition, ce qui n’exclut pas évidemment dité de l’air sur le processus de séchage d’une • mélange 4 : recours à un rapport E/C supé-
qu’on puisse néanmoins effectuer une mesure chape. Le graphique révèle clairement qu’une rieur (0,6 au lieu de 0,5)
du taux d’humidité normalisée en guise de humidité moyenne (50 à 60 %) fournit des ré- • mélange 5 : recours à un rapport E/C fort
contrôle. Le tableau 1 donne un aperçu des sultats bien meilleurs qu’une humidité élevée supérieur (0,7 au lieu de 0,5)
techniques de mesures les plus importantes. (90 %). Le séchage doit donc de préférence • mélange 6 : ajout d’un adjuvant permettant
avoir lieu à une température élevée et/ou avec un séchage rapide
un faible taux d’humidité dans l’air. Il est pos- • mélange 7 : ajout d’un liant dit à séchage
2 RÉDUCTION DU TEMPS DE SÉ- sible de créer ces conditions environnemen- rapide.
CHAGE tales favorables en ventilant et en chauffant
bien la pièce dans laquelle se trouve la chape Le tableau 3 (p. 5) livre un aperçu de la ré-
Durant cette même recherche, on s’est éga- et/ou en évitant l’apparition d’eau. sistance à la compression et à la flexion des
0,5
Tableau 3 Résistance à la compression
0 et à la flexion des diverses composi-
0 25 50 75 100 125 150 tions de chape.
Jours
Composi- Age
Fig. 14 Influence des conditions de séchage sur le processus de séchage tion [jours]
R1 (1) R2 (2)
d’une même chape (déterminé dans une étuve à 105 °C).
Mélange 28 8,2 2,02
de réfé-
3 rence 70 8,5 2,24
28 4,1 1,33
Teneur en humidité [m%]
Mélange 1
70 3,8 1,25
2 Mélange 1 à 28 13,6 2,70
105 °C Mélange 2
70 15,6 2,65
Mélange de réfé-
rence à 105 °C 28 10,2 2,24
Mélange 3
1 Mélange 1 à 70 10,6 3,23
45 °C
28 6,9 2,17
Mélange de réfé- Mélange 4
rence à 45 °C 70 – –
0 28 17,2 3,65
Mélange 5
0 25 50 75 100 125 150 70 – –
2.3 Conclusion
5,0
L’humidité et/ou la température de l’air am-
4,5 biant influence fortement le processus de sé-
Teneur en humidité [m%]
t Bibliographie
1. American Society for Testing and Materials
ASTM Standard F 1869-10 Standard test method for measuring moisture vapor emission rate of concrete subfloor using anhydrous calcium
chloride. Philadelphia, ASTM International, 2010, DOI : 10.1520/F1869-10, www.astm.org.