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UNIVERSITE DE DOUALA

ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET COMMERCIALES


(ESSEC)
CYCLE DE PROFESSIONNALISATION

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PLAN DU COURS - JUILLET 1998

L’ECONOMIE
CAMEROUNAISE

Cours de

Monsieur Roger Tsafack-Nanfosso


Chargé de Cours
FSEG - Université de Yaoundé II
B.P. 6886 Yaoundé

1- Objectifs du Cours.

Le cours d’Economie Camerounaise a pour objectif majeur de fournir à l’étudiant des


connaissances générales mais suffisamment précises sur l’économie du Cameroun pour
aiguiser son jugement en lui insufflant des éléments scientifiques.

A l’issue du Cours, l’étudiant devra :


 avoir une connaissance satisfaisante des rouages de l’économie camerounaise ;
 avoir une connaissance satisfaisante de l’évolution sectorielle et/ou macro-économique de
cette économie ;
 avoir une connaissance satisfaisante des politiques économiques mises en oeuvre par les
autorités pour résoudre les problèmes économiques qui se posent ;
 être capable d’apprécier de façon critique les politiques économiques mises en oeuvre et
d’imaginer des politiques alternatives ;
 être capable de situer cette économie dans l’environnement international.

2- Découpage et bibliographie du Cours.

L’étude de l’économie camerounaise pourrait naturellement être structurée en deux


parties dissertant chacune sur une des périodes importantes de l’économie du Cameroun, en
ce qu’elles s’articulent autour du point de retournement de tendance du cycle économique que
constitue l’année 1987 : la période d’avant la crise, et la période d’après.

A chacune des périodes correspondent en effet des problèmes différents qui trouvent
auprès des autorités des réponses différentes et censées être adaptées à la situation : avant
1987, le problème du Cameroun est celui du sous-développement tandis qu’après cette date,
le problème du sous-développement, bien qu’existant, est occulté par celui, plus lancinant, de
la crise économique. Au problème du sous-développement est opposée la planification du
développement ; à celui de la crise économique la politique de l’ajustement structurel.

L’opérationnalité d’un enseignement proposé dans un cycle de professionnalisation


autorise toutefois sa délivrance en un ensemble de modules qui focalisent l’attention de tous
autour d’une thématique particulière. Il est dès lors envisageable de découper le cours en
quinze séances de deux heures chacune, consacrées à un sujet précis et qui fera au préalable
l’objet d’une soumission auprès des auditeurs. Ceux-ci devront en faire un exposé « digeste »
dont la note sera insérée dans l’évaluation finale.

Thème 1 : L’économie camerounaise avant 1987 : une lecture bilantielle.


Question principale : Que retenir de l’économie du Cameroun avant la crise de 1987 ?
Lectures : Bekolo-Ebe, B. (1986), « Rétrospective d’une décennie de croissance de
l’économie camerounaise : 1975-1986 », Revue Camerounaise de
Management, N° 3-4, Juillet-Décembre, pp. 7-55
Schatzberg, M.G. and Zartmann, I.W. (eds) (1986), The political economy of
Cameroon, Praeger Publishers, New York, 268 p
Touna Mama (1996), Crise économique et politique de déréglementation au
Cameroun, L’Harmattan, Paris, 263 p [voir en particulier l’introduction
générale]
MINFI, (1988), Aide-mémoire sur la politique économique et financière du
Gouvernement camerounais, pp. 1-4 [Document formalisant la Première Lettre
d’Intention du Gouvernement face au FMI]

Thème 2 : La planification du développement au Cameroun.


Question principale : De quelle importance peut-on créditer la planification dans le processus
de développement du Cameroun ?
Lectures : Bérard, J.-P. (1962), La planification en Afrique. Tome 1 : Problèmes de
planification en Afrique d’expression française et à Madagascar,
Ministère de la Coopération, Paris
Caire, G. (1967), La planification : techniques et problèmes, Cujas, Paris
Sobgui, G.-A., (1976), Planification économique et projections spatiales,
Nouvelles Editions Debresse, Paris
Sobgui, C.-A. (1981), Eléments d’initiation aux rouages de l’économie
camerounaise, 2ème éd., Lamgun, Yaoundé
Bekolo-Ebe, B. (1993), « Pour une reprise de la planification économique en
Afrique », Africa Development, Vol. XVIII, N° 4
MINPAT/MINEPLAN/MINFI, Divers Plans quinquennaux.

Thème 3 : Crise et politique de crise : la Déclaration de Stratégie et de Relance


Economique.
Question principale : Quelle a été la réaction générale des autorités camerounaises face à la
crise économique de 1987 ?
Lectures : MINFI (1988), Déclaration de stratégie et de relance économique, 100p
Valles, M. (1994), « Dossier Cameroun », Marchés Tropicaux et
Méditerranéens, pp. 748-784, 15 Avril

Thème 4 : Crise et politique de crise : le secteur agricole.


Question principale : Quelles ont été les modalités d’apparition et de lutte contre la crise dans
le secteur agricole ?
Lectures : Touna Mama (1996), Crise économique et politique de déréglementation au
Cameroun, L’Harmattan, Paris [voir en particulier le chapitre 1]
MINFI (1988), Déclaration de stratégie et de relance économique [voir p. 5 et
ss. ; p. 34 et ss.]]

Thème 5 : Crise et politique de crise : le secteur industriel.


Question principale : Quelles ont été les modalités d’apparition et de lutte contre la crise dans
le secteur industriel ?
Lectures : Touna Mama (1996), Crise économique et politique de déréglementation au
Cameroun, L’Harmattan, Paris [voir en particulier le chapitre 2]
MINFI (1988), Déclaration de stratégie et de relance économique [voir p. 7 et
ss. ; p. 43 et ss.]
Biggs, T. and Srivastava, P. (1996), Structural aspects of manufacturing in
Sub-saharan Africa  : findings from a seven country enterprise survey, World
Bank Discussion Paper N° 346, Washington D.C., 66p
Thème 6 : Crise et politique de crise : les entreprises publiques et parapubliques.
Question principale : Quelles ont été les modalités d’apparition et de lutte contre la crise dans
le secteur des entreprises publiques et parapubliques ?
Lectures : Touna Mama (1996), Crise économique et politique de déréglementation au
Cameroun, L’Harmattan, Paris [voir en particulier le chapitre 3]
MINFI (1988), Déclaration de stratégie et de relance économique [voir p. 23
et suivantes]
Valles, M. (1994), « Dossier Cameroun », Marchés Tropicaux et
Méditerranéens, pp. 748-784, 15 Avril

Thème 7 : Crise et politique de crise : le secteur monétaire et financier.


Question principale : Quelles ont été les modalités d’apparition et de lutte contre la crise dans
le secteur monétaire et financier ?
Lectures : BEAC, Etudes et Statistiques, divers numéros
Touna Mama (1996), Crise économique et politique de déréglementation au
Cameroun, L’Harmattan, Paris [voir en particulier le chapitre 4]
MINFI (1988), Déclaration de stratégie et de relance économique [voir p. 31
et suivantes]
Valles, M. (1994), « Dossier Cameroun », Marchés Tropicaux et
Méditerranéens, pp. 748-784, 15 Avril
Monga, C. (1993), « Cameroun : la banqueroute en ligne de mire », Jeune
Afrique Economie, Août, pp. 84-89
Gilles, B. (1998), Cameroun, Marchés Tropicaux et Méditerranéens, Numéro
Hors Série, Mars, 48p [voir en particulier pp. 46 et ss.]

Thème 8 : Le régime de la zone franche.


Question principale : Que faut-il retenir de la zone franche, en termes de définition,
d’avantages et/ou d’inconvénients ?
Lectures : Ordonnance N° 90/001 du 29 Janvier 1990 créant le Régime de la Zone
Franche au Cameroun, 16p
Présidence de la République (1990), Le pari camerounais : assurer le
redressement de l’économie, Yaoundé, 56p [voir en particulier pp. 29 et ss.]

Thème 9 : Les programmes d’ajustement structurel au Cameroun.


Question principale : Que faut-il retenir des différents programmes d’ajustement mis en
oeuvre au Cameroun, en termes de politiques proposées et de résultats obtenus ?
Lectures : MINFI (1988), Aide-mémoire sur la politique économique et financière du
Gouvernement camerounais, Août, 28p [1er PAS]
MINFI (1991), Aide-mémoire sur la politique économique et financière du
Gouvernement camerounais, Juillet, 14p [2ème PAS]
MINFI (1991), Scénario d’un programme économique à moyen terme pour le
Cameroun, Septembre, 42p + annexes [2ème PAS]
Premier Ministère (1994), Déclaration de politique économique et financière
du Gouvernement camerounais, Février, 41p [3ème PAS]
Premier Ministère (1995), Déclaration de politiques économique et financière,
Septembre, 23p + annexes [4ème PAS]
MINEFI (1997), Document-cadre de politique économique et financière à
moyen terme 1997/98-1999/2000, Juillet, 24p + annexes [5ème PAS]
Thème 10 : La dimension sociale de l’ajustement (DSA).
Question principale : Qu’est-ce que la dimension sociale de l’ajustement ?
Lectures : Touna Mama et Fouda, S.M. (1993), « Economie dominante et stratégies de
survie des populations au Cameroun », in Quelles perspectives pour les
régions et sociétés évincées de l’économie mondiale, Actes du Colloque des 7-8
Octobre, CRD, Neuchâtel
République du Cameroun (1990), Projet dimensions sociales de l’ajustement,
Présentation à la Conférence des Bailleurs de fonds, Paris, Février, 25p +
annexes
The World Bank (1995), Cameroon : diversity, growth and poverty reduction,
Report N° 13167-CM, April, 187p

Thème 11 : La dévaluation.


Question principale : Pourquoi dévalue-t-on une monnaie (cas du franc CFA) ?
Lectures : Gankou, J.-M. (1986), « Dévaluation et politique de stabilisation dans les pays
en développement », Revue Camerounaise de Management, N° 2, Avril-Juin
1986, pp. 53-69
Valles, M. (1994), « Dossier Cameroun », Marchés Tropicaux et
Méditerranéens, pp. 748-784, 15 Avril
Gilles, B. (1998), Cameroun, Marchés Tropicaux et Méditerranéens, Numéro
Hors Série, Mars, 48p
Fabre, T. (1997), « Afrique : les premiers signes du réveil », L’Expansion, N°
543 du 20/02-05/03, pp. 96-98

Thème 12 : Le secteur informel.


Question principale : Comment définir et appréhender le secteur informel en tant que forme
de développement spontané ?
Lectures : DIAL/DSCN (1993), Le secteur informel à Yaoundé, Principaux résultats.
Enquête 1-2-3, Phase 2, Novembre, 29p
OIT/PECTA (1993), L’Etat et le secteur non-structuré au Cameroun, Addis-
Abeba, 32p + annexes
Morrisson, C. et Mead, D. (1996), « Pour une nouvelle définition du secteur
informel », Revue d’Economie du Développement, N° 3, pp. 3-26
Cogneau, D. ; Razafindrakoto, M. et Roubaud, F. (1996), « Le secteur
informel urbain et l’ajustement au Cameroun », Revue d’Economie du
Développement, N° 3, pp. 27-63
Thomas, M. and Vallée, L. (1996), « Labour market segmentation in
cameroonian manufacturing », The Journal of Developing Studies, Vol. 32, N°
6, pp. 876-898
Lauthier, B. (1994), L’économie informelle dans le Tiers-Monde, La
Découverte, Paris

Thème 13 : Le franc CFA et l’EURO.


Question principale : Quelles sont les conséquences de l’avènement de la monnaie
européenne sur la monnaie des pays de zone d’émission française ?
Lectures : Gilles, B. (1998), Cameroun, Marchés Tropicaux et Méditerranéens, Numéro
Hors Série, Mars, 48p
Touna Mama et al. (1992), Les économies africaines face à l’Europe de 1993,
Presses Universitaires du Cameroun, Yaoundé
Touna Mama (1997), « Les conséquences de l’Euro sur les économies
africaines », Journées de la Fédération des Associations Professionnelles des
Etablissements de Crédit zone BEAC, Libreville, 26-27 Novembre, 30p

Thème 14 : La dette du Cameroun.


Question principale : Quelles sont les conséquences de la dette sur le développement (cas du
Cameroun) ?
Lectures : Gilles, B. (1998), Cameroun, Marchés Tropicaux et Méditerranéens, Numéro
Hors Série, Mars, 48p
Valles, M. (1994), « Dossier Cameroun », Marchés Tropicaux et
Méditerranéens, pp. 748-784, 15 Avril
Touna Mama (1986), « La crise d’endettement du Tiers-Monde », Revue
Camerounaise de Management, N° 2, Avril-Juin, pp. 33-41
Touna Mama (1986), « Dette extérieure et capacité d’endettement international
du Cameroun », Revue Camerounaise de Management, N° 3-4, Juillet-
Décembre, pp. 57-126
Bekolo-Ebe, B. (1986), « Le Plan Baker et la crise d’endettement », Revue
Camerounaise de Management, N° 2, Avril-Juin, pp. 42-54
Attouh, M. (1986), « L’économie camerounaise peut-elle être considérée
comme une économie d’endettement ? », Revue Camerounaise de
Management, N° 3-4, Juillet-Décembre, pp. 57-126

Thème 15 : La pauvreté au Cameroun.


Question principale : Comment appréhender la pauvreté consécutive à la crise économique
camerounaise, tant par rapport à une définition que par ses multiples manifestations ?
Lectures : PNUD (1993), Rapport sur le développement humain au Cameroun, Yaoundé
The World Bank (1995), Cameroon : diversity, growth and poverty reduction,
Report N° 13167-CM, April, 187p
Mesple-Somps, S. et Huart, D. (1992), Finances publiques, Recueil de
données statistiques  : le Cameroun, DIAL/INSEE, Paris, Octobre
Thème 1 : L’économie camerounaise avant 1987 : une lecture bilantielle.
Question principale : Que retenir de l’économie du Cameroun avant la crise de 1987 ?

Introduction

Indépendant depuis 1960, le Cameroun a connu une extraordinaire période de


croissance pendant 27 années quasi consécutives. Certes, des périodes de mutation sont
apparues contracycliques dans ce contexte, mais la croissance aura été de mise pendant près
de trois décennies. L’examen de cette croissance constituera la première partie de l’étude,
avant l’analyse détaillée des vecteurs qui l’ont favorisé.

1- La croissance.

L’analyse de la croissance de l’économie camerounaise permet en réalité de dégager


trois périodes distinctes dans l’évolution de l’agrégat caractéristique qu’est le produit intérieur
brut (PIB) : 1960-68, 1968-75 et 1975-86.

1.1- La période 1960-68.

Au lendemain des indépendances, sous la conjonction des concours financiers


extérieurs mobilisés dans le cadre des plans FIDES (Fonds d’Investissement pour le
Développement Economique et Social) et CDWF (Colonial Development Welfare Fund) ainsi
que de la planification fédérale mise en oeuvre par les autorités de l’époque, le pays connaît
une croissance relativement soutenue, avec des taux moyens de l’ordre de 6% par an.

1.2- La période 1968-75.

La période 1968-75 et plus particulièrement la séquence 1969-73 amorce un processus


de stagnation, voire de croissance négative, résultant d’un bouquet de plusieurs facteurs.
Ce sont d’abord des années de forte inflation, dont le taux passe de 4% à 10% (mais
dont il semble que ce taux soit en deçà d’une réalité beaucoup plus détériorée). Aux tensions
inflationnistes s’ajoute la faiblesse de la dépense d’investissement, qui tient elle-même à
l’attentisme des entreprises dont les anticipations sont particulièrement pessimistes au cours
de cette période. Entre 1970 et 1972, des conditions climatiques sévères et une conjoncture
mondiale instable ont également favorisé la décroissance.

1.3- La période 1975-86.

La part des investissements des entreprises ne représentait jusque là que 7,3% du PIB,
l’investissement total lui-même n’en représentant que 14,1%. En 1972, le taux
d’investissement des entreprises passe à 8,4% puis à 9,8% en 1973, 8,6% en 1974. Ce n’est
qu’en 1975 que s’amorcera véritablement une reprise de l’investissement des entreprises dont
la part dans le PIB passe alors à 15,3%.
Les investissements publics jouent à nouveau leur rôle d’impulsion avec une
progression nominale de 28% par an en moyenne. A partir de 1974 en effet, l’Etat entreprend
la réalisation d’importants travaux d’équipements, notamment des infrastructures ; lesquelles
représentent à elles seules en fin de période 70% de la dépense publique totale
d’investissement, contre 47% quelques années auparavant.
Ainsi obtient-on un taux de croissance réelle de 4,9% par an en moyenne entre 1975 et
1980. Dès 1980, on observe alors une accélération du rythme de croissance. Sous l’effet de
l’impulsion de l’investissement (dont le taux de croissance annuel moyen atteint 30,6%), de la
dépense de consommation (qui atteint 72,8% du PIB) et des dépenses de capital de l’Etat (qui
atteignent 25,6% de l’investissement brut), le PIB croît en termes réels au taux de 7% par an.
Au prix de 1980, le PIB connaîtra d’ailleurs des taux de croissance que l’on peut qualifier de
miraculeux. Ainsi en est-il de l’année 1981 où la variation par rapport à l’année précédente
est de 17,5% ! !

2- Les vecteurs de la croissance.

Pour comprendre la vigueur et le rythme de la croissance de l’économie camerounaise,


il faut brièvement observer les divers agents en place dans leur comportement participatif.
Celui-ci est d’abord le fait des pouvoirs publics, dans sa volonté d’interventionnisme. C’est
ensuite le fait du secteur privé, notamment dans la détermination de ses anticipations. C’est
enfin la tenue du commerce extérieur, aussi bien traditionnel que pour ce qui concerne le
secteur pétrolier.

2.1- L’intervention des pouvoirs publics.

En droite ligne des options déterminées avant les indépendances, l’Etat a continué de
jouer un rôle plus que fondamental dans le processus de mise en valeur et de production.
L’Etat a dû non seulement créer un environnement permettant à l’investissement privé
d’éclore et de s’épanouir, mais il a dû surtout participer directement, seul ou avec ce secteur,
au développement du système productif. Plus généralement, l’action des pouvoirs publics
s’est opérée au travers des incitations et dans la mise en place d’instruments appropriés pour
la gestion des finances publiques et la matérialisation de l’Etat dans la vie économique.

2.1.1- Les incitations sur l’environnement.

Les mesures incitatives de l’Etat ont généralement pris une forme précise que consacre
les divers Codes des Investissements du pays. Ceux-ci ont l’avantage principal de déterminer
les conditions d’insertion des entreprises (surtout étrangères) dans le processus local de
production à travers des régimes particuliers ouvrant sur des avantages fiscaux de toutes
natures.
Au-delà de ce Code, il faut noter les aides spéciales mais régulières aux secteurs en
difficulté, les garanties et aval de l’Etat pour les emprunts contractés, ainsi que les
subventions et transferts.
Au niveau de l’investissement, l’Etat se sert de la Société Nationale d’Investissement
(SNI) pour jouer le rôle de pilote dans la réalisation de projets essentiels. Au niveau territorial
aussi, les pouvoirs publics mettent en place une politique d’aménagement qui conduit l’Etat à
prendre en charge les dépenses liées à la viabilisation de zones industrielles (MAGZI) ou de
terrains urbains et ruraux (MAETUR).

2.1.2- Les instruments appropriés.

L’extension du rôle économique de l’Etat contraint les pouvoirs publics à mettre en


place un ensemble de mécanismes et règles d’intervention dans l’économie. Les instruments
principaux de ceux-ci sont le plan, le budget et le secteur public.
2.1.2.1- Le plan. (Pas d’intervention après l’exposé)
Le plan est l’instrument à travers lequel doit être définie la stratégie de développement
de l’activité économique. C’est aussi l’instrument qui doit permettre d’évaluer les ressources
disponibles et de fixer les conditions de leur distribution suivant les priorités sectorielles ;
reflet elles-mêmes des choix de spécialisation pendant un quinquennat. L’importance de ce
mécanisme sur l’évolution de l’économie a cependant été variable d’un Plan à l’autre, en
fonction de la méthodologie d’élaboration, de la cohérence des choix ainsi que de la
disponibilité des ressources.
Le décalage souvent observé entre les aspirations de la base et les choix des instances
centrales d’élaboration tient à ce que l’essentiel des ressources consacrées au financement des
plans provenait d’un apport extérieur dont les préférences de structure orientaient les
décisions du planificateur. Ainsi, en faisant abstraction des plans FIDES et CDWF financés
par l’assistance étrangère, les ressources extérieures ont représenté au moins 60% des trois
premiers Plans ; avec un infléchissement n’apparaissant qu’au IVème et surtout au Vème
Plan. Ainsi, la part du secteur public (Etat et entreprises publiques et parapubliques) qui était
assurée pour 26,9% sur les ressources intérieures, est passée à 72,1% au IVème Plan dont
28,1% sur ressources intérieures. Ce fléchissement s’est accentué avec le Vème Plan, pour
lequel 43,5% du financement provenait des ressources publiques intérieures et 16,5% des
ressources publiques extérieures constituées à partir d’emprunt ; soit un total de 60% du
financement sur ressources publiques. Si l’on compare les divers Plans élaborés et mis en
oeuvre depuis l’indépendance, il est possible de dire que le Vème Plan est celui qui, de par
son contenu et sa méthodologie, porte le plus la marque de l’intervention publique. Et celle-ci
a pu jouer son rôle d’impulsion grâce à un afflux de ressources résultant pour une large part
des effets du second choc pétrolier.

2.1.2.2- Le budget.
Le budget public est aussi devenu, à partir de 1974, un instrument privilégié de
l’intervention publique. Si l’Etat, dans les IVème et Vème Plans, a pu mieux maîtriser
l’évolution de l’économie, c’est parce que les prévisions budgétaires lui donnaient les moyens
de la mise en oeuvre des choix arrêtés. C’est ainsi qu’à partir de 1974, l’augmentation de la
dépense publique reflétée par celle régulière du budget, permet de relever le taux de
réalisation de Plans qui, jusque là, se situait en deçà de 60%.
Le budget public a connu une très forte augmentation acquise en deux temps. Entre
1974 et 1980, le taux d’accroissement a été de 7,3% par an en termes réels, taux supérieur à
celui de l’accroissement du PIB pendant la période soit 4,9%. Plus remarquable encore est
l’évolution de la répartition des ressources entre grandes masses de dépenses. A partir de
1975 en effet, la dépense de fonctionnement (qui était jusque là le poste le plus important)
croît en valeur nominale de 17,8% l’an, soit 4,8% en termes réels, tandis que la dépense
d’investissement progresse de 20%, soit 7% en termes réels. Cette expansion de la dépense
publique d’investissement ira de pair avec le renforcement des intérêts publics qui passeront
de 39% du capital des 100 premières entreprises en 1974 à 52% en 1980.

2.1.2.3- Le secteur public et parapublic.


Le secteur public est un autre instrument important qui résulte de l’histoire des
économies francophones d’Afrique. Lorsque l’Etat n’est pas intervenu directement, il l’a fait
par le biais de la SNI qui dénombrait plus d’une centaine d’entreprises dans son portefeuille,
permettant d’occuper des secteurs négligés par les privés et/ou d’être en première ligne des
programmes agro-industriels et énergétiques.

2.2- Les anticipations du secteur privé.


Sous l’impulsion de la dépense publique, le secteur privé a accompagné positivement
les diverses tendances haussières observées, aussi bien par les entreprises que par les
ménages.
Au niveau des entreprises, on note une progression des dépenses en capital, reflétée
par l’évolution de la formation brute de capital fixe. Mis à part le bond effectué en 1981 avec
un taux de croissance de 137% par rapport à l’année précédente, le taux de croissance a
toujours été moyen de 13% ; ce qui traduit une progression relativement modérée.
La dépense des ménages, plus régulière et plus soutenue (autour de 17,5% par an), a
compensé en partie les effets des distorsions au niveau de la dépense publique et de
l’investissement des entreprises. Liée à une importante demande de logements, la progression
a permis de soutenir l’activité du BTP ; activité motrice et fédératrice s’il en est, dont la
bonne tenue euphorise de multiples autres secteurs d’activité.

2.3- La tenue du commerce extérieur.

Avant les années 70, on peut dire que la tendance au déficit caractérise l’économie
camerounaise, dans sa composante commerciale. Les causes sont à rechercher dans la
détérioration des termes de l’échange, dans les effets du premier choc pétrolier, dans la baisse
des cours de certains autres produits de rente que n’arrive pas à compenser la hausse relative
des prix du cacao et du café. Or, au même moment s’aiguisent les besoins d’équipements
locaux qui exacerbent de fait les importations et détériorent ainsi la balance commerciale.
Mais avec les années 70 s’opère un changement se traduisant par la réduction
progressive des déficits sur certains des postes sinistrés. Ainsi à partir de 1978, la balance
commerciale est-elle régulièrement excédentaire ; conséquence directe de l’apparition des
exportations de pétrole ; lesquelles rapidement deviennent (malheureusement) une
composante d’autant plus essentielle des exportations, que la croissance en volume va de pair
avec la hausse des cours liée au second choc pétrolier.

Bref Aide-Mémoire sur la Dévaluation : le franc CFA.


1- Définition.

La dévaluation est une décision économico-politique qui consiste à réaménager la


parité d’une monnaie par rapport à une autre monnaie ou un groupe de monnaies qui en
seraient les étalons de référence. Dans le cas du FCFA, la décision prise le 12 Janvier 1994 à
Dakar a consisté en une modification de la parité par rapport au FF de 50%. Ainsi a-t-on :
Avant dévaluation : 1 FF = 50 FCFA ou 1 FCFA = 0,02 FF
Après dévaluation : 1 FF = 100 FCFA ou 1 FCFA = 0,01 FF

De façon générale, la dévaluation est un concept opérationnel pour des monnaies


obéissant au régime des changes fixes. Pour celles évoluant dans le régime des changes
flottants, les lois du marché régissent la valeur de la monnaie. Dans ce cas, on parle de
dépréciation.

2- Effets attendus.

La dévaluation a au moins quatre effets attendus :

(i) elle renchérit les prix des biens importés par rapport à ceux des biens internes [on s’attend
ainsi à ce qu’à plus ou moins court terme, les produits locaux se substituent aux produits
importés] ;
(ii) elle améliore le revenu des secteurs exportateurs ;
(iii) elle favorise l’orientation et/ou la réorientation des entreprises locales vers les secteurs
produisant les biens exportables [ces deux effets doivent permettre une hausse nette du revenu
national dû au surcroît d’activité interne provenant des gains de compétitivité] ;
(iv) elle accroît le pouvoir d’achat des agents extérieurs sur l’économie de production du pays
ayant procédé à la dévaluation.

3- Problèmes éventuels.

La dévaluation se heurte à des problèmes liés notamment au fonctionnement et aux


structures d’une économie comme celle du Cameroun :

(i) elle affecte négativement le pouvoir d’achat des agents économiques consommateurs des
produits importés [et ceci concerne directement ou indirectement la quasi totalité des
individus] ;
(ii) elle initie un processus d’inflation interne qu’il faut attribuer au jeu de « l’indexation » ;
(iii) une baisse plus générale du pouvoir d’achat, à la mesure de la perte induite des termes de
l’échange, apparaît automatique en l’absence d’une compensation immédiate au niveau des
prix internes, et notamment de la rétribution du travail ;
(iv) l’effet-volume sur les quantités exportées demeure souvent espéré dans le long terme, au
contraire de l’effet-revenu ;
(v) l’effet de substitution est fondamentalement dépendant des élasticités de substitution entre
les produits échangeables ; lesquelles sont elles-mêmes assez mal connues.

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UNIVERSITE DE DOUALA
ECOLE SUPERIEURE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET COMMERCIALES
EPREUVE D’ECONOMIE CAMEROUNAISE
Lundi, 20 Juillet 1998 - Durée : 4 heures - Dr. Roger Tsafack-Nanfosso

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SUJET 1.

La dernière phrase de l’ouvrage du Pr. Touna Mama, Crise économique et politique


de déréglementation au Cameroun, L’Harmattan, Paris, 1996, p. 255 ; est la suivante :
« C’est donc dans des politiques alternatives, faisant intervenir nécessairement l’Etat et
rejetant systématiquement le libéralisme intégral, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays,
que semblent se trouver de réelles chances de sortie de crise pour le Cameroun et l’Afrique ».
Présentez votre plan de rédaction puis, dissertez. [20pts]

SUJET 2.

Donnez une réponse aussi précise et concise que possible (10 lignes étant un
maximum) à toutes les questions suivantes :
1- Pierre Massé, longtemps Commissaire Général au Plan en France, affirme que le Plan a un
double rôle de « réducteur d’incertitude » et d’« affirmation de volonté ». Commentez. [2pts]
2- ANTILOPE, TRINITE, PAGODE, POE : que signifient ces néologismes et quels sont
leurs objectifs particuliers et collectif ? [2pts]
3- « Mécanisme de stabilisation », « Syndrome hollandais ». Définissez ces expressions [2pts]
4- Qu’est-ce qu’une entreprise publique et parapublique ? [2pts]
5- Donnez quelques avantages et inconvénients des chèques pré-barrés. [2pts]
6- Enumérez les avantages de la zone franche pour le Cameroun et pour les entreprises qui en
obtiennent l’agrément. [2pts]
7- Comment décririez-vous la procédure d’élaboration, de mise en oeuvre et de contrôle des
Programmes d’Ajustement Structurel ? [2pts]
8- Que signifie PRODEC et quels en sont les principaux objectifs ? [2pts]
9- La détérioration des termes de l’échange est souvent évoquée (entre autres) pour justifier
les maux de notre économie. Quelle en est l’exacte signification ? [2pts]
10- Donnez quelques inconvénients de la dévaluation ? [2pts]
11- « Le secteur informel est la parfaite illustration de l’économie de marché ». Commentez
cette phrase d’un de vos camarades. [2pts]
12- Listez des avantages et des inconvénients du rattachement du FCFA à l’EURO. [2pts]
13- Quelles sont les conséquences de la dette sur l’économie camerounaise ? [2pts]
14- Après avoir défini ce qu’il faut entendre par « pauvre », mettez en relief quelques critères
de référence du concept de pauvreté. [2pts]
15- UDEAC - CEMAC : relevez les principales différences. [2pts]

Nota : La note 20 au sujet 2 sera obtenue en pondérant 30 par 1,5.

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