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ACTUELLES SUR
LE DISCIPOLAT
« La parole qui fut adressée à Jérémie de la part de l'Éternel, en ces mots: Lève-toi,
et descends dans la maison du potier; là, je te ferai entendre mes paroles. Je
descendis dans la maison du potier, et voici, il travaillait sur un tour. Le vase qu'il
faisait ne réussit pas, comme il arrive à l'argile dans la main du potier; Il en refit un
autre vase, tel qu'il trouva bon de le faire. Et la parole de l'Éternel me fut adressée,
en ces mots: Ne puis-je pas agir envers vous comme ce potier, maison d'Israël? Dit
l'Éternel. Voici, comme l'argile est dans la main du potier, ainsi vous êtes dans ma
main, maison d'Israël! Soudain je parle, sur une nation, sur un royaume,
d'arracher, d'abattre et de détruire; mais si cette nation, sur laquelle j'ai parlé,
revient de sa méchanceté, je me repens du mal que j'avais pensé lui faire. Et
soudain je parle, sur une nation, sur un royaume, de bâtir et de planter; mais si
cette nation fait ce qui est mal à mes yeux, et n'écoute pas ma voix, je me repens du
bien que j'avais eu l'intention de lui faire. Parle maintenant aux hommes de Juda et
aux habitants de Jérusalem, et dis: Ainsi parle l'Éternel: Voici, je prépare contre
vous un malheur, je médite un projet contre vous. Revenez chacun de votre
mauvaise voie, Réformez vos voies et vos œuvres! Mais ils disent: C'est en vain! Car
nous suivrons nos pensées, Nous agirons chacun selon les penchants de notre
mauvais cœur. » (Jérémie 18v1-12).
Répondant donc à cette invitation de mon ami, je suis descendu moi aussi dans
la maison du Grand Potier et il m’a été donné de réaliser à quel point le vase qu’est
l’Église que le Seigneur et Maître de la vigne nous a confiée – nous les potiers commis
– a des défauts (version Parole de vie). En m’interrogeant sur cet état de dégradation
croissante, un détail a frappé mon esprit: si un élément qui entre dans la composition
de l’argile est peu ou trop dosé, ou bien de mauvaise qualité (texture), le risque est
gros que le vase ne réussisse pas. Par ailleurs, la présence d’un élément « intrus » qui
n’est pas sensé entrer dans la composition de l’argile peut aussi causer la défectuosité
du vase en empêchant l’homogénéité de l’ensemble. Le problème peut donc résider
dans la capacité ou la compétence du potier (quand il s’agit d’un potier humain, car on
ne saurait imaginer une quelconque limitation chez Dieu), mais aussi - et peut-être
davantage - dans la qualité et la quantité du matériau qui compose l’argile utilisé pour
fabriquer les vases. Nous ne devons jamais perdre de vue le fait qu’avant de devenir
des potiers entre les mains du Seigneur nous devons d’abord passer nous-mêmes par le
processus qui fait de nous un vase. Avec cela à l’esprit, nous comprenons facilement
que c’est ce que nous devenons entre les mains du Grand Potier qui détermine la
qualité des vases que nous sommes nous-mêmes et que nous pourrons, par conséquent,
fabriquer à notre tour. En d’autres termes, le genre de disciples que nous devenons (ou
ne devenons pas) détermine le genre de disciples que nous allons faire.
Comme nous le soulignions déjà en introduction, il y a une opposition nette entre une
perception humaniste du monde et une vision providentielle de celui-ci. La position que prend
une église locale ou un pasteur à l’égard de ces deux postures va inévitablement influencer
son approche ministérielle. Par exemple, si un berger a une vision humaniste, il aura tendance
à éroder bon nombre de principes bibliques, donc divins, pour essayer de s’adapter aux
courants de la société humaine. Par contre, avec une vision providentielle, il mettra Dieu et
ses valeurs au centre de ses choix et orientations. Un bref aperçu de ce que c’est que
l’humanisme et la providence nous permettra de comprendre au mieux ce qui est en jeu depuis
la période de la Renaissance qui a consacré l’apparition sous forme institutionnelle de
l’opposition entre l’humain et le divin.
1. L’humanisme
Nous pouvons retracer l’origine de ce courant jusqu’au jardin d’Éden, lorsque Satan,
l’ange déchu, est venu vers l’Homme sous la forme du serpent pour lui proposer de devenir ce
qu’il était pourtant déjà: comme Dieu. En réalité, il faut dire que le diable en Éden faisait
miroiter à l’Homme le fantasme de devenir lui-même Dieu. C’est étonnant comme les
hommes continuent encore à tomber dans ce même piège qui n’a jamais changé, celui de nous
aveugler à notre valeur propre et de venir ensuite nous proposer la même valeur (que nous
avons déjà!!!), et à quel prix!!! Ce qu’il a fait avec succès au premier Adam, il y a
lamentablement échoué avec Jésus, le second Adam. Nous voyons en effet comment le malin,
lors de la tentation de Seigneur, va promettre les royaumes de la terre à Celui qui n’est rien
d’autre que le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs. C’est exactement ce qui a subtilement
cours aujourd’hui à pratiquement tous les niveaux de la vie des hommes. Nous verrons
d’ailleurs que nous ne sommes pas bien loin de cette influence dans la course effrénée à la
formation au leadership, quand on sait combien même les disciples du Seigneur n’ont pas été
exempts de la tendance à se hisser au-dessus des autres, marqués qu’ils étaient déjà en leur
temps par la soif pervertie de domination. Dieu, certes, a créé l’Homme pour qu’il domine:
« Puis Dieu dit: FAISONS L'HOMME à notre image, selon notre ressemblance,
ET QU'IL DOMINE sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le
bétail, sur toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. »
(Genèse 1v26)
Notons que Dieu a bien délimité les "objets" de la domination de l’Homme (cf. les
expressions soulignées). Et quand il dit "sur toute la terre" il faut entendre "sur les poissons,
sur les oiseaux, sur le bétail, sur tous les reptiles qui sont sur toute la terre". Nous voyons que
Dieu n’a pas cité l’être humain comme objet de la domination de l’Homme. La sorcellerie, les
cabales, les guerres, les fratricides, les parricides, les génocides, etc. sont nés le jour où
l’Homme a conçu du diable l’intention de dominer sur un autre homme. En fait, il faut dire
que c’est une sorte de dérivatif au désir castré de renverser Dieu que Satan manifeste en
proposant à l’Homme de violer l’ordre divin établi. Heureusement que la venue, la mort et la
résurrection de Jésus-Christ ont consacré la chute définitive de cet usurpateur et incitateur au
parricide pour quiconque s’abandonne à Lui.
À l’origine, l’humanisme est une conception philosophique qui place l’homme et les valeurs
humaines au-dessus de tout. Le problème ici n’est pas celui des valeurs, mais bien de quel
homme produit ces valeurs, un homme déchu et perverti ne pouvant générer que des valeurs
tout aussi perverties et corrompues. Les arbres, on les reconnaît à leur fruit. Un bon arbre
portera de bons fruits, un mauvais arbre en portera de mauvais. On ne peut pas s’attendre à
cueillir des goyaves douces sur un goyavier corrompu par le gui d’Afrique, une plante
reconnue pour sa capacité à rendre acide le fruit de tout arbre sur lequel il se greffe. L’une des
expressions les plus osées et crues de l’esprit humaniste se lit dans cette déclaration de
Marivaux: « Je suis devenu homme sans le secours des dieux. » Par cette affirmation
péremptoire, Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux s’inscrit dans l’histoire comme l’un des
griots d’un courant philosophique qui s’est progressivement constitué en religion. Ainsi, avec
Marivaux et les autres, l’humaniste affirme: « Si je n’étais pas ce que je suis, je ne serais pas
ce que je suis. » La formule du sophiste Protagoras d’Abdère (485-410 av. J.C.) (dans son
ouvrage De la vérité) selon laquelle « l’homme est la mesure de toutes choses » qui visait
originellement à souligner que « toutes nos connaissances nous viennent de la sensation, et la
sensation varie selon les individus », a été plus tard l’objet de multiples interprétations dont
certaines ont donné lieu de penser et de croire qu’on peut envisager l’homme comme étant
l’ultime juge de ce qui est juste. Par exemple, pour Sextus Empiricus (philosophe, médecin et
astronome grec 2è-3è siècle) et avec les autres relativistes, affirmer que l’homme est le critère
des choses revient à dire qu’il n’y a pas d’absolu ou d’universel : le bien, la justice la vérité
sont reliées à la vision, unique, de l’individu. Ainsi également de la sensation : il peut faire
chaud pour un individu et froid pour un autre. De cette façon, tout serait vrai. Le danger d’une
telle prise de position réside dans l’idée qu’elle véhicule: il n’y a pas d’autre règle que celle
que je me fixe, je peux me tailler les règles à ma convenance, les actes que je pose sont
justifiés, non par une loi universelle qui s’applique à tous, mais par le plaisir et la satisfaction
personnelle que ces actions peuvent me procurer. Et donc, avec Machiavel, « tous les moyens
sont bons, quand ils sont efficaces. » Jugeons-en par nous-mêmes et voyons l’état de dérive
où cette doctrine a mené notre monde.
À la religion humaniste qui met le devenir du monde et de l’humanité entre les mains d’un
homme dans un état de déchéance en constance aggravation, les enfants de Dieu que nous
sommes devons opposer une vision providentielle du monde. Parlons donc un peu du concept
de providence.
2. La providence
La vision providentielle du monde, qui reste la seule vraie et intelligente, la seule qui a
su garantir un monde juste, paisible et prospère, nous dit que Dieu a créé l’univers pour un but
divin, et y a établi l’Homme, sa créature suprême, pour étendre par lui sa domination sur la
terre. Sous les auspices d’un Dieu juste, et plein d’amour, qui « ne fait point acception des
personnes et qui ne reçoit point de présent » (Deutéronome 10v17) et « chez qui il
n’y a ni changement, ni ombre de variation » (Jacques 1v17), on est forcément plus
en sécurité qu’entre les mains d’un homme qui se définit lui-même comme « ondoyant et
divers » et comme ayant toujours une « arrière-boutique », selon le mot de Pierre Montaigne.
L’humanisme, sous ce regard n’est donc rien d’autre que l’une des multiples formes que
Satan au fil des siècles a donné à son désir de dresser l’homme contre son Créateur. Pour les
providentialistes – dont je suis – Dieu est à l’origine, au centre et la finalité de tout. En fait il
est Lui-même l’origine, la source de toutes choses. Ses valeurs et ses desseins sont parfaits et
au-dessus de tout. Là où l’humaniste affirme que l’homme est la mesure de toutes choses,
nous déclarons que ce qui est agréable à Dieu, voilà ce qui est bien pour tous les hommes. Là
où l’humaniste dit « Si je n’étais pas ce que je suis, je ne serais pas ce que je suis. », nous
garantissons que « Si Dieu n’était pas Celui qu’il est, je ne serais pas, nous ne serions pas ce
que nous sommes et n’aurions aucune chance de devenir ce dont nous rêvons. »
Humanisme Providence
L’homme fixe ses règles à sa convenance. L’homme se fie aux règles fixées par Dieu par confiance en sa
suprême sagesse.
L’égoïsme de l’homme aboutira inévitablement à L’amour de Dieu, répandu dans le cœur de l’homme par le Saint-
la tyrannie, l’esclavage, l’injustice et la pauvreté. Esprit (Romains 5v5) produira une conduite qui aboutira à la
libération, la juste et la prospérité.
« Homo homini lopus » (« l’homme est un loup « Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que
pour l’homme » - Thomas Hobbes), ce qui veut chacun de vous mette au service des autres le don qu'il a reçu » (1
dire que l’homme usera de tout son savoir et son Pierre 4v10), ce qui veut dire que l’homme usera de tout ce qu’il
pouvoir pour dominer et écraser son prochain afin sait avoir reçu de Dieu pour servir son prochain et accomplir ainsi
de s’affirmer et s’accomplir. le dessein de Dieu.
Naissance de régimes totalitaires, des dictatures Règne du Prince de paix à travers les fils du royaume qui sont des
(fascisme, nazisme, etc.) « artisans de paix » (Mathieu 5v9).
Selon Pierre Montaigne, la « miseria hominis » Non seulement Dieu est parfait, mais il nous invite à partager cette
(misère, bassesse humaine) cohabite en chacun de perfection avec Lui (Mathieu 5v48); et parce qu’il ne change pas
nous avec la « dignitas hominis » (dignité (Hébreux 13v8), c’est la garantie de la stabilité et de la sécurité
humaine). Cette ambivalence est source absolues.
d’inquiétude, car un tel homme n’offre aucune
garantie de sécurité.
Chapitre 2:
Discipolat et disciple: définitions et inférences
A. Le Discipolat
Le discipolat est l’ensemble des mécanismes et processus mis en place pour faire
(former) des disciples. Sous ce regard, l’évangélisation, l’encadrement, le suivi, le baptême et
l’enseignement sont les éléments du processus du discipolat (Mathieu 28:19,20; Marc
16:15,16).
Philippiens 3 :17 : « Soyez mes imitateurs, frères, portez les regards sur ceux qui
marchent selon le modèle que vous avez eu en nous. »
Philippiens 4 :9 : « Ce que vous avez appris, reçu et entendu, et ce que vous avez
vu en moi, pratiquez-le. »
II Thessaloniciens 3 :7 : « Vous savez vous-mêmes comment il faut nous imiter,
car nous n’avons pas vécu parmi vous dans le désordre. »
II Timothée 1 :13 : « Retiens dans la foi et dans l’amour qui est en Jésus-Christ, le
modèle des saines paroles que tu as reçues de moi. »
Une lecture attentive de cette série de passages nous permet de mettre en relief deux grands
principes indiscutables et incontournables dans tout processus sain de discipolat :
« Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence, car ils veillent
sur vos âmes comme devant en rendre compte ; qu’il en soit ainsi, afin qu’ils le
fassent avec joie, et non en gémissant, ce qui ne vous serait d’aucun avantage »
(Hébreux 13 :17)
B. Le Disciple
Au sens large, Le disciple peut être défini comme un élève, un suivant (celui qui suit)
d’un leader ou d’un maître (dans le double sens d’enseignant et de dirigeant).
Le disciple chrétien est une personne qui est devenue un fidèle suivant de Christ c.-à-
d. qui s’est engagé(e) à:
vivre comme Christ,
Marcher comme Christ,
Partager l’amour de Christ avec les autres.
Ainsi, le disciple est une personne qui, ayant le Seigneur Jésus comme fondement, est
enseignable, a soif d’apprendre, de progresser, qui n’a pas le sentiment d’être arrivée.
Le disciple est aussi une personne qui ressemble à Jésus dans CE QU’ELLE EST et DANS
CE QU’ELLE FAIT. En réalité, c’est là le but ultime de la venue, de la mort et de la
résurrection de Jésus : restaurer l’Homme dans l’image divine perdue en Eden. En effet,
dans Romains 8 :29, Paul affirme :
« Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à
l’image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs
frères »
En vérité, tout effort religieux qui ne vise pas cet objectif fondamental finira par verser dans
des travers et dérives regrettables. Ce n’est généralement qu’une question de temps.
Dieu guérit, bénit, fait des miracles divers et multiples, mais tout ceci ne constitue en
rien la finalité qu’il vise. CE QUE DIEU VEUT, C’EST NOTRE SANCTIFICATION
(1 Thessaloniciens 4 :3), c’est-à-dire notre rétablissement et restauration dans l’image
de Christ.
« Jésus sortit de nouveau du côté de la mer. Toute la foule venait à lui, et il les
enseignait. En passant, il vit Lévi, fils d'Alphée, assis au bureau des péages. Il lui dit :
SUIS-MOI. LEVI SE LEVA, ET LE SUIVIT. Comme Jésus était à table dans la
maison de Lévi, beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie se mirent aussi à
table avec lui et avec ses disciples; car ils étaient nombreux, et l'avaient suivi. Les
scribes et les pharisiens, le voyant manger avec les publicains et les gens de mauvaise
vie, dirent à ses disciples: Pourquoi mange-t-il et boit-il avec les publicains et les gens
de mauvaise vie? Ce que Jésus ayant entendu, il leur dit: Ce ne sont pas ceux qui se
portent bien qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler
des justes, mais des pécheurs. »
Jésus appela des personnes à le suivre. Sur ce trajet avec le Maître, ils devaient non seulement
le suivre, mais aussi imiter sa vie. Le disciple suit son maître, son mentor partout où il va.
Ruth était pour Naomi le disciple modèle et pour nous un prototype à copier. Lisons son
engagement dans Ruth 1v16,17:
Cette notion du disciple-suivant se comprenait bien aux temps bibliques car cela faisait
partie des usages de cette époque que le disciple accompagne son maître en tout lieu. En fait,
il n’existait pas à proprement parler d’écoles établies en un lieu fixe comme nous en avons de
nos jours. Ainsi, les maîtres se faisaient-ils accompagner par leurs élèves dans tous leurs
déplacements, ce qui leur offrait des opportunités inédites d’apprendre au contact même des
réalités de leur temps. C’est ainsi qu’ont également opéré les philosophes grecs antiques,
Pythagore de Samos, Socrate, Platon, etc. qui enseignaient généralement sur l’agora (place
publique dans les cités grecques dont l’équivalent dans l’empire romain était le forum).
Dans l’exemple de Ruth mentionné plus haut, Ruth nous enseigne un principe
fondamental du discipolat: l’identification au maître (au mentor) en tout point,
même dans la mort. Avouons que ce principe n’est pas très attirant en ces temps où nous
avons appris à venir à Christ pour recevoir des privilèges et des avantages. Personne ne veut
partager les souffrances de Christ, encore moins celles de son pasteur, de son leader, de son
mentor. Mais l’apôtre Paul nous informe avec force que nous ne règnerons pas avec Christ
parce que nous avons été bénis ou parce que nous avons reçu de lui des privilèges sur terre,
mais parce que nous aurons accepté de souffrir, et même de mourir avec lui. Écoutons un de
ses représentants assermentés et accrédités :
« Or, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et
cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin d'être glorifiés avec lui. »
(Romains 8v17).
« Cette parole est certaine : Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui;
si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui; si nous le renions, lui aussi nous
reniera; » (2 Timothée 2v11,12)
Le verbe « suivre » a trois sens intéressants qui nous indiquent ce que doit faire un
disciple-suivant :
suivre veut dire « aller à la suite de quelqu’un ». Le disciple va après son maître,
l’accompagne là où il va et dans ce qu’il fait.
Suivre veut aussi dire « imiter quelqu’un » comme nous avons coutume de dire à
nos enfants de « suivre l’exemple » d’untel. Le disciple ne doit donc pas se limiter à
faire CE QUE fait son maître, il doit aussi le faire COMME le maître le fait. Gédéon dit
aux hommes qui le suivaient dans la bataille déterminante contre Madian : « Vous me
regarderez et vous ferez comme moi » (Juges 7v17)
souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de la même pensée . Car celui
qui a souffert dans la chair en a fini avec le péché. » Ce à quoi Paul renchérit dans
son épitre aux Philippiens (chapitre 2v5-8): « Ayez en vous les sentiments qui
étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n'a point regardé
comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu, mais s'est dépouillé lui-
même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux
hommes; et ayant paru comme un simple homme, il s'est humilié lui-même,
se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. »
L’un des plus grands attributs d’un disciple c’est "l’enseignabilité" (ou l’esprit
enseignable), cette prédisposition mentionnée plus haut à ne pas se considérer comme étant
arrivé et à accepter de se faire enseigner. Et l’apprentissage du disciple ne consiste pas à
simplement recevoir des informations, cela implique de se laisser transformer par ce qu’on
apprend. Comme nous l’avons mentionné plus haut, le disciple SUIT son maître partout où ce
dernier va et c’est en l’accompagnant ainsi qu’il APPREND de lui et à travers les situations et
circonstances rencontrées. Le texte de Mathieu 28v18-20, que nous associons généralement
au concept de la Grande Commission, prescrit trois choses aux apôtres (disciples devenus
maîtres):
Allez : après l’étape du « viens/venez » (Mathieu 11v28) qui parle d’appel au salut et
l’étape du « suis-moi » qui introduit la phase du discipolat, vient l’étape du « va/allez » qui
introduit la commission, l’apostolat, la mission ou commission. ON NE PEUT PAS
DEVENIR APÔTRE SANS AVOIR ÉTÉ UN DISCIPLE SAUVE.
Faites des nations des disciples: l’église est appelée à susciter des disciples
parmi les nations et aussi à amener des nations entières sous la Seigneurie de Jésus-Christ.
Nous sommes donc appelés à prêcher la Bonne Nouvelle, mais aussi à investir tous les
domaines de la vie de chaque nation (éducation, économie, politique, science etc.) avec la
vision providentielle. Adam ayant échoué dans la mission de coloniser le monde pour Dieu, ce
dernier a suscité l’Église, l’a équipée et revêtue de puissance et d’autorité pour écraser toute
résistance du prince des ténèbres.
Nous voyons donc dans cette recommandation la prescription expresse que le Seigneur
fait d’enseigner, de former des disciples, ce qui nous introduit bien à la deuxième facette d’un
disciple: un apprenant. Il faut donc comprendre que l’une des caractéristiques fondamentales
d’un disciple, comme évoqué précédemment, c’est "L’ENSEIGNABILITE" (une personne
enseignable est une personne qu’on peut enseigner, PARCE QU’ELLE SE LAISSE
ENSEIGNER). Ceci met en avant une vertu cardinale de la vie d’un croyant: L’HUMILITE.
Notons pour finir, dans cette deuxième facette, que l’apprentissage d’un disciple ne se limite
pas à RECEVOIR DES INFORMATIONS. Il va plus loin jusque dans LA
TRANSFORMATION A TRAVERS CE QU’ON A APPRIS. Car, ce que le Seigneur (et tout
formateur ou mentor) attend, c’est que le disciple accompli SOIT COMME SON MAÎTRE.
Cela veut dire qu’il ne l’était pas au début du processus, il le DEVIENT progressivement au
cours du processus.
Les disciples de Jésus, après avoir été avec Lui, écouté ses enseignements et observé sa vie et
son ministère pendant quelques temps, ont reçu de Lui l’ordre d’aller et de faire des nations
des disciples. Ce que le disciple apprend, il le transmet et, ainsi, il y a multiplication.
« Ce n'est pas vous qui m'avez choisi; mais moi, je vous ai choisis, et je vous ai établis,
afin que vous alliez, et que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure, afin que ce
que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. »
Le disciple est donc comme une plante qui est arrosée, enrichie aux engrais pour
qu’elle grandisse et porte du fruit. Ce mûrissage est important car tout disciple étant appelé à
devenir comme son maître, il doit être préparé à transmettre ce qu’il a reçu afin de maintenir
le processus de multiplication. Paul prescrivait à cet effet à Timothée, un de ses disciples:
« Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ. Et ce que
tu as entendu de moi en présence de beaucoup de témoins, confie-le à des hommes
fidèles, qui soient capables de l'enseigner aussi à d'autres. » (2 Timothée 2v1,2).
« Il monta ensuite sur la montagne; il appela ceux qu'il voulut, et ils vinrent auprès de
lui. Il en établit douze, POUR LES AVOIR AVEC LUI, et POUR LES ENVOYER
PRECHER avec le pouvoir de chasser les démons. »
Une lecture attentive de ce texte met en lumière deux dimensions dans lesquelles le
processus du discipolat appelle et inscrit le disciple : LA COMMUNION et LA
COMMISSION. Les deux expressions mis en relief, qui sont introduits par la préposition
« pour » indiquent LA RAISON, LE BUT pour lequel Christ appelle et établit : le Seigneur
veut COMMUNIER avec nous afin de nous COMMISSIONNER par la suite.
Dans cette dimension, le Seigneur veut que nous nous "frottions à lui" au quotidien à
travers la prière, la méditation, le jeûne, la lecture de littératures chrétiennes édifiantes, la
participation aux enseignements et groupes de communion fraternelle, etc. Ce contact
permanent avec le Seigneur va entraîner ce que j’appelle la polarisation spirituelle. En simple,
cela signifie que, tel un aimant qui transmet sa polarité (son magnétisme) à un morceau de
métal au point que celui-ci commence à attirer d’autres métaux, le Seigneur va nous
transmettre ses attributs pendant que nous communions avec lui. Cela aura pour effet que
nous commencions à vivre comme lui, à marcher comme lui et à partager ce que nous avons
reçu de lui. A travers la communion nous recevons le transfert des qualités de Christ; ce qui a
pour conséquence immédiate de nous restaurer progressivement dans notre nature divine.
C’est de cela que parle l’apôtre Pierre dans sa deuxième épitre au chapitre deux, les versets
trois et quatre:
Cette polarisation, on peut la voir dans le témoignage des juifs au sujet des disciples
du Seigneur. Dans Actes 4v13, les chefs du peuple sont surpris de la soudaine érudition des
disciples, de la puissance de leur paroles et de leur œuvres et, plus grand encore de la
transformation de leur caractère. Ces gens qui n’étaient que des « hommes du peuple sans
instruction » devaient avoir une botte secrète. Après de minutieuses recherches et enquêtes, ils
découvrirent le secret des disciples: « IL AVAIENT ÉTÉ AVEC JÉSUS ». C’est cela, la
puissance de transformation, de métamorphose qu’il y a dans la communion avec le Seigneur.
Un chantre contemporain a diffusé ces paroles riches de sens « Je n’ai jamais vu un homme,
qui passe près de la croix et reste le même, quelque chose va se passer dans son cœur... ».
« J'espère dans le Seigneur Jésus vous envoyer bientôt Timothée, afin d'être
encouragé moi-même en apprenant ce qui vous concerne. Car je n'ai personne ici
qui partage mes sentiments, pour prendre sincèrement à cœur votre situation;
tous, en effet, cherchent leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus-Christ. Vous
savez qu'il a été mis à l'épreuve, en se consacrant au service de l'Évangile avec
moi, comme un enfant avec son père. J'espère donc vous l'envoyer dès que
j'apercevrai l'issue de l'état où je suis ».
Il faudrait beaucoup d’espace et de temps pour parcourir au détail la pensée de Paul dans ce
passage. Contentons-nous d’un survol:
1) Paul sait qu’il sera encouragé chaque fois qu’il va envoyer (COMMISSIONNER)
Timothée, car il est sûr de recevoir de lui des informations fidèles et de première main.
2) Paul aurait bien voulu commissionner quelqu’un d’autre pour que Timothée puisse
continuer de s’occuper des autres tâches que Dieu et son serviteur lui ont confiées. Mais il ne
le peut pas, car il n’a personne d’autre qui soit DISPONIBLE et BIEN DISPOSE.
3) A la différence des autres qui ne pensent qu’à leur propre profit, Timothée cherche
les intérêts du royaume et de Christ, prenant à cœur, ce qui préoccupe son mentor: la situation,
la condition du peuple.
4) Timothée s’est totalement démarqué de la posture des autres. En tant que disciple, il
s’est révélé comme un fils, en travaillant AVEC son mentor et non CONTRE lui, comme un
accompagnateur, un facilitateur et non comme un rival ou un compétiteur.
Nous ne sommes pas bien loin aujourd’hui de la situation que traversait Gédéon et le
peuple d’Israël à son époque. La seule différence c’est sans doute notre état d’esprit et notre
attitude ou réaction. Gédéon avait entendu parlé des exploits de Dieu avec ses pères mais ne
les voyait plus. Il est entré dans une quête profonde des causes de ce déclin. C’est pourquoi
l’ange lui a été envoyé, Dieu voyant en lui quelqu’un qui ne veut pas forcément se faire
valoir, mais qui ne demande rien d’autre que de voir le Dieu de ses pères à l’œuvre. Dans
notre génération à l’inverse, nous préférons faire comme Samson qui à un moment était
devenu si insensible spirituellement qu’il ne se rendit pas compte que Dieu l’avait quitté.
Pensant avoir Dieu à sa solde, il se disait qu’il peut commander la puissance de Dieu à sa
guise. Erreur!!! Cette erreur de Samson est devenu si courante que l’Église est entraînée dans
une errance que seule une grâce extraordinaire de Dieu pourra juguler. Aujourd’hui, parce
qu’on veut vite devenir quelque chose, plusieurs frères, qui avaient pourtant bien commencé
avec Dieu, cherchent le pouvoir, la puissance, l’autorité, la notoriété « l’onction » à tout prix -
et même à tous les prix. Le plus malheureux c’est qu’on n’a pas vu et ne voit toujours pas que
l’humanisme que propose Satan et dont nous parlions au début s’est déjà glissé
insidieusement dans l’Église. On a d’abord commencé à croire qu’en faisant beaucoup de
bruits on compenserait ce déficit d’autorité. Mais il n’y a d’autorité qu’autorisée, c’est-à-dire
qu’il y a un Auteur de toute choses qui seul a le pouvoir de nous donner accès à une parcelle
de pouvoir. Quand on s’est détaché de lui, cela ne sert à rien de rêver: c’est soit on se rattache
à lui, soit on sera obligé d’utiliser des artifices et des subterfuges. Les fils de Scéva n’avaient
aucun lien avec l’auteur de la puissance. N’étant donc pas autorisés à chasser les démons, ils
sont quand même allés le faire. Nous connaissons le résultat: des chasseurs chassés.
Le pire quand on s’est refusé de recevoir instruction sur tout ce que le Seigneur a
prescrit ou quand on a décidé de s’en éloigner, c’est que plusieurs aujourd’hui adoptent la
posture de Saül que je résume ainsi: « Je suis rejeté, d’accord… Mais si Samuel accepte de
jouer le jeu, je peux au moins sauver les apparences… On peut faire comme si rien n’a
changé… Bon, si ça ne marche pas, je peux encore essayer le détour vers l’ésotérisme…
Personne n’en saura rien… Après tout, n’est-ce-pas les miracles, le spectacle et les oracles
que ce peuple cherche? Nous allons leur en donner plein la vue! » Et on voit des frères qui il y
encore huit mois étaient guitaristes, batteurs, chantres à l’église qui, après un léger détour au
Nigéria ou au Ghana, nous reviennent affublés des titres pompeux de bishop, apôtre, et surtout
prophète. Certains sont partis effectivement parce qu’ils n’ont pas supporté la discipline du
discipolat. Voilà qu’ils sont devenus maîtres sans avoir été élèves! Les voilà apôtres sans avoir
été disciple! Dans cet imbroglio, ce désordre engendrant la confusion, ce qui fait la vrai force
de la foi est rejeté. On professe une foi qui n’est plus fondée sur Christ la Parole de Dieu. Les
hommes qui suivent ces hommes que la Bible appelle des « fontaines sans eau, des nuages
sans pluie » continuent de croire que Dieu est à l’œuvre. En réalité, ils n’y voient que du feu.
Et quel feu!!?? Du feu étranger, qui ne peut qu’exposer ceux qui l’allument et ceux qui s’en
font influencer à l’ardeur du feu dévorant de la colère de Dieu. Pourtant, le disciple, le vrai,
celui que le Seigneur lui-même appelle « disciple accompli » (Luc 6v40), a bel et bien une
force. Une force si puissante qu’elle peut déplacer des montagnes, renverser des murailles,
vaincre des royaumes, renverser des forteresses, terrasser des géants, exercer la justice, fermer
la gueule des lions, éteindre la puissance du feu, etc. (Hébreux 11v30-38). Cette force-là, bien
plus plausible qu’on le croit de nos jours, où le disciple accompli l’obtient-il? Comment y
accède-t-il?
Dans Luc 6v40, le Seigneur nous livre le secret de la force du disciple sur un plateau
d’argent: « Le disciple n'est pas plus que le maître; mais tout disciple accompli
sera comme son maître. » La grosse méprise de l’Église qui cherche à rattraper le train du
monde réside dans le fait qu’elle s’est convaincu que pour influencer le monde elle doit
former des leaders. Je crois dur comme roc que c’est plutôt l’inverse qu’il faut faire, c’est-à-
dire former des disciples. Disons-le avec force: l’Église de Jésus-Christ n’a pas reçu le mandat
de former des leaders, mais des disciples!!! L’ordre c’est: « ALLEZ, FAITES DE TOUTES
LES NATIONS DES DISCIPLES » Si le Seigneur, Maître et Chef incontesté et incontestable
de l’Église avait vu le besoin de forme des leaders, il nous l’aurait dit aussi clairement qu’il
l’a fait en ce qui concerne les disciples. En plus, Lui-même en aurait formé pendant son séjour
sur terre. Au lieu de cela, il s’est contenté de former des disciples. Pourquoi Jésus a-t-il
préféré de former des disciples plutôt que des leaders?
Il y a un esprit malveillant que nous devons combattre avec la dernière énergie dans
l’église. On entend régulièrement des frères animés d’un zèle amer et d’un esprit de dispute
qui veulent se mesurer à leur dirigeant. Ils sont atteints de ce que j’appelle souvent le
syndrome Myriam-Aaron. Pour le comprendre, lisons ces textes de Nombres 12 versets 1 à
15. Je vais le retranscrire intégralement malgré sa longueur, dans le souci que le lecteur l’aie
sous les yeux et ne le survole pas.
Le Saint-Esprit, j’en suis persuadé, conduira le lecteur à déceler toutes les leçons ô
combien importantes à tirer de cet épisode. Si je devais en parler ici, le cadre de ce petit
ouvrage deviendrait bien vite une inapproprié. Une autre occurrence se présentera sans doute,
où je pourrai m’y étaler en longueur, en largeur et en profondeur. Mais ce qu’il est
indispensable de noter ici, puisque nous parlons de zèle amer et d’esprit de dispute, c’est cette
parole du duo Myriam-Aaron: « Est-ce seulement par Moïse que l'Éternel parle?
N'est-ce pas aussi par nous qu'il parle? ». La parole du narrateur qui suit
immédiatement c’est « ET l'Éternel l'entendit. ». Combien d’inepties de ce genre ne
faisons-nous pas entendre à Dieu chaque jour? Si nous ne les déclarons pas, nous les
ruminons dans nos cœurs et nos pensées. « Dieu me parle aussi » « Il est serviteur de Dieu, et
nous, on est alors serviteurs de qui? » Ce genre de discours dissimule à peine l’orgueil et la
prétention de ceux qui le tiennent. Généralement c’est un esprit de dissidence qui inspire ces
pensées et ces paroles-là, exactement comme ce fut le cas chez Myriam et Aaron: « Est-ce
seulement par Moïse que l'Éternel parle? N'est-ce pas aussi par nous qu'il
parle? ». N’oublions pas que ces deux là ont grandi et évolué dans une société et une
civilisation de domination de l’homme par l’homme où il y avait toujours des relents de
rébellion dans l’air. Ils n’ont pas eu le privilège que Moïse a eu de recevoir un stage de mise à
niveau en matière de discipolat auprès de Jéthro et derrière les troupeaux. Bien que des
esclaves depuis de longues dates, ils ont la mentalité de l’empire Égyptien - guéguerres,
disputes, rivalités, insubordination, etc. Choses qui ont été brisées en Moïse au cours de sa
formation de disciple.
« Et Josué, fils de Nun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole et dit:
Moïse, mon seigneur, empêche-les! » (Nombres 11v28);
« Après la mort de Moïse, serviteur de l'Éternel, l'Éternel dit à Josué, fils de Nun,
serviteur de Moïse… » (Josué 1v1).
Qu’avons-nous à répondre à ce Dieu qui appelle Élisée « serviteur d’Elie » (lire 2 Rois 2v1-
14)? C’est l’appellation des disciples dans l’Ancien Testament. C’est un leurre de, une
manipulation de Satan qui nous fait croire qu’on peut servir le Dieu qu’on ne voit pas en
méprisant son dirigeant qu’on voit. La bible va jusqu’à nous prescrire que, même dans le
monde du travail, nous devons servir nos maîtres de manière à honorer Dieu. Je crois que la
seule façon de le faire c’est de considérer le service que nous rendons comme rendu à Dieu,
ce qui est tout à fait vrai, absolument vrai!
« Que tous ceux qui sont sous le joug de la servitude regardent leurs maîtres
comme dignes de tout honneur, afin que le nom de Dieu et la doctrine ne soient
pas blasphémés. Et que ceux qui ont des fidèles pour maîtres ne les méprisent
pas, sous prétexte qu'ils sont frères; mais qu'ils les servent d'autant mieux que ce
sont des fidèles et des bien-aimés qui s'attachent à leur faire du bien. Enseigne ces
choses et recommande-les. » (1 Timothée 6v1, 2).
« Ainsi donc, vous n'êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors; mais vous êtes
concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu. » (Éphésiens 2v19)
« Jésus lui dit: Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père.
Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père,
vers mon Dieu et votre Dieu. (Jean 20v17)
L’Église est donc assimilée par le Seigneur lui-même à une famille. Ainsi il est normal
dans ce sens-là qu’il y ait en quelque sorte des liens d’ascendance et de descendance
spirituelle, sans que cela dérive forcément dans les travers que nous vivons aujourd’hui. Je
pense que c’est aussi dans ce même esprit que Paul appelle ses disciples ses enfants, sans se
prévaloir de rien d’autre que le fait d’être un mentor, un berger. Cette relation familiale, Paul
va encore la mettre en exergue lorsqu’il donne des recommandations à Timothée - "son
enfant" - en ces mots:
les femmes âgées comme des mères, celles qui sont jeunes comme des sœurs, en
toute pureté. » (1 Timothée 5v1, 2)
À mon avis, Jean abonde aussi dans ce sens lorsque dans son épitre il s’adresse aux bien-
aimés en termes de « petits enfants », « jeunes gens » et « pères » (1 Jean 2v13, 14).
De tous ces passages, celui de 1 Timothée 1v2 a retenu mon attention. En fait il met en
lumière une grande vérité intimement liée à la question du discipolat. Paul, introduit sa lettre à
Timothée en ces mots:
« Paul, apôtre de Jésus-Christ, par ordre de Dieu notre Sauveur et de Jésus-
Christ notre espérance, à Timothée, mon enfant légitime en la foi: que la grâce, la
miséricorde et la paix, te soient données de la part de Dieu le Père et de Jésus-
Christ notre Seigneur! ».
Cette appellation, il ne l’ utilise que pour Timothée et Tite (Tite 1v4). Cela m’a un peu
intrigué, quand je sais que Paul est en même temps l’apôtre qui insiste sur le fait que l’on ne
doit pas faire acception de personnes. Alors dans mon interrogation, j’ai cherché à savoir
pourquoi cette distinction. Et c’est dans l’épitre aux Philippiens que j’ai trouvé la réponse.
Voici comment Paul fait allusion à Timothée au chapitre 2 et aux versets 20 à 22:
« Car je n'ai personne ici qui partage mes sentiments, pour prendre sincèrement
à cœur votre situation; tous, en effet, cherchent leurs propres intérêts, et non ceux
de Jésus-Christ. Vous savez qu'il a été mis à l'épreuve, en se consacrant au
service de l'Évangile avec moi, comme un enfant avec son père. ».
Ce texte nous fait voir explicitement que Paul n’a pas désigné Timothée comme son « enfant
légitime », mais Timothée s’est révélé comme tel. Et c’était un témoignage reconnu de tous,
puisque Paul prend les Philippiens à témoins «Vous savez ». On peut aussi voir que cette
distinction de Timothée vient entre autres du prix qu’il a dû payer pour servir Dieu en servant
Paul, puisqu’il "a été mis à l'épreuve en se consacrant au service de l’Évangile
AVEC MOI, COMME UN ENFANT AVEC SON PÈRE". Cela m’amène à cette
conclusion:
Concluons sur cette question de ce qui fait la force du disciple en disant que le
principe du service sous tutelle est la vraie source d’autorité spirituelle. Paul a servi sous
tutelle, puis, le moment venu, le Saint-Esprit lui-même a ordonné de manière expresse de le
mettre à part pour l’œuvre à laquelle il l’a appelé (Actes 13v2). Nous sommes tous appelés à
une œuvre particulière, c’est une vérité fondamentale et absolue. Mais comme dit le dicton,
« rien ne sert de courir, il faut partir à point ». En d’autres termes, il ne faut pas brûler les
étapes. Si Dieu commence par nous placer sous la tutelle d’un de ses serviteurs, c’est pour
notre FORMATION et notre PROBATION. Je sais que la plupart d’entre nous acceptent
volontiers la notion de formation - encore faudrait-il le vérifier! - mais pour ce qui est de la
probation, elle semble rébarbative pour presque nous tous. Et c’est là que doit intervenir le
fruit de l’humilité. Le concept de probation veut simplement dire que nous devons faire nos
preuves. Et c’est à travers les épreuves qu’on fait ses preuves. Un élève fait ses preuves qu’il
peut quitter le collège pour l’université en faisant ses preuves face à l’épreuve - je dirais
même mieux aux épreuves - du baccalauréat. En fait, il n’a fait que faire des preuves à travers
les épreuves qui ont jalonné son parcours depuis la classe de maternelle. Aussi, un disciple
sera qualifié à recevoir la « main d’association » des anciens après avoir fidèlement servi sous
tutelle. Le fait de se savoir appelé ne suffit pas pour commencer à faire des vagues, des
revendications et des scandales. C’est une preuve d’immaturité. Et Dieu n’est pas de nature à
confier les choses précieuses du royaume aux enfants. Malheureusement, ils sont légion là
dehors, des enfants qui ont fugué et qui se prennent pour des pères. Paul a servi sous la tutelle
de Pierre et Jacques, je dirai toute sa vie. Mais quand est venue son heure, écoutons ensemble
ce qui s’est passé:
« Ceux qui sont les plus considérés-quels qu'ils aient été jadis, cela ne m'importe
pas: Dieu ne fait point acception de personnes, ceux qui sont les plus considérés
ne m'imposèrent rien. Au contraire, voyant que l'Évangile m'avait été confié
pour les incirconcis, comme à Pierre pour les circoncis, car celui qui a fait de
Pierre l'apôtre des circoncis a aussi fait de moi l'apôtre des païens, et ayant
reconnu la grâce qui m'avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean, qui sont
regardés comme des colonnes, me donnèrent, à moi et à Barnabas, la main
d'association, afin que nous allassions, nous vers les païens, et eux vers les
circoncis. Ils nous recommandèrent seulement de nous souvenir des pauvres, ce
que j'ai bien eu soin de faire. » (Galates 2v6-10)
Ça se passe de commentaires!!!
Notons cependant qu’il est vrai - et cela est bien dommage - que plusieurs mentors et
dirigeants aujourd’hui se comportent en véritables gourous, certains donnant même
l’impression de vouloir se substituer à Dieu. Mais j’insiste en disant que même dans le cas où
l’on serait obligé, vraiment obligé de se séparer pour sauver son âme, sa vocation et son
alliance avec Dieu, il faut le faire avec beaucoup de sagesse. Il est important et urgent d’éviter
de blesser l’autorité que Dieu a établie sur nous. En toute vérité, quand un mentor refuse de
reconnaître votre appel et votre heure, vous ne serez jamais seul à le remarquer. Il y aura
toujours des gens aveuglés par un vilain esprit partisan mais d’autres personnes autour de
vous et autour de votre dirigeant le verront aussi. Parmi ces personnes se trouves des hommes
pieux, des anciens, des autorités spirituelles. Il est crucial de se référer à leurs conseils, et
prières. Je parle d’expérience!
Sachons par-dessus tout que si nous méprisons le principe du service sous tutelle, Dieu
nous méprisera. Plusieurs frères qui avaient bien commencé avec Dieu ont créé leur ministère
en méprisant leurs pères. Ils sont victimes des mêmes effets aujourd’hui. D’autres, pour
contourner le problème, ont viré de bord et sont allés demander du renfort dans le monde des
ténèbres, commandant huiles, parfums, bagues, poudres magiques pour asseoir leur autorité.
Bien-aimés, DIEU EST LA SEULE, L’UNIQUE, L’INCONTOURNABLE SOURCE
D’AUTORITÉ SPIRITUELLE. Il est aussi le Dieu des principes. Et ici le principe du service
sous tutelle est incontournable. La vraie autorité spirituelle dérive, émane de la soumission.
« 5:6 Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu'il vous élève au
temps convenable. » (1 Pierre 5v6)
C’est en allant chercher l’ânesse de son père que Saül a trébuché sur la royauté. C’est
là où il servait son père dans des tâches ingrates que Dieu a envoyé chercher David. Tant que
nous sommes des disciples, des fils loyaux, comme David, Dieu ne permettra pas que notre
destinée commence sans nous!
« Isaï fit passer ses sept fils devant Samuel; et Samuel dit à Isaï: L'Éternel n'a
choisi aucun d'eux. Puis Samuel dit à Isaï: Sont-ce là tous tes fils? Et il répondit:
Il reste encore le plus jeune, mais il fait paître les brebis. Alors Samuel dit à Isaï:
Envoie-le chercher, car nous ne nous placerons pas avant qu'il ne soit venu ici.
Isaï l'envoya chercher. Or il était blond, avec de beaux yeux et une belle figure.
L'Éternel dit à Samuel: Lève-toi, oins-le, car c'est lui! » (1 Samuel 16v10-12)
Comme le père de David, les hommes te destinent peut-être à autre chose que ce que Dieu a
préparé d’avance pour toi (Éphésiens 2v10). Garde ceci à l’esprit: Si Dieu te trouve fidèle (1
Corinthiens 4v2), il te rendra capable (2 Corinthiens 3v5) et il t’établira et t’affermira (1
Pierre 5v10; Luc 12v42-44).
Chapitre 4
LE MÉCANISME DU DISCIPOLAT
Dans ce chapitre nous allons sommairement analyser ce que je considère comme les
trois phases de la formation de disciple. La vie chrétienne - ou mieux, la vie du royaume, des
enfants de Dieu - commence par une naissance: LA NOUVELLE NAISSANCE. Je ne vais
pas m’y attarder ici, sachant qu’il n’est aucun chrétien digne de ce nom qui ne sache pas ce
que c’est et qu’il n’y a pas de pasteur digne de ce nom qui ne l’enseigne. Je fais donc
confiance aux bergers qui se font le devoir d’enseigner les hommes dans les voies de Dieu.
Cela dit, il y a, à mon humble avis, trois phases dans le processus du discipolat :
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du
Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit.
Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde. » (Mathieu 28v19,
20)
Et c’est à ces deux missions, dans un équilibre parfait, que le dirigeant spirituel, le
mentor, le pasteur ou berger doit former les disciples à la prochaine phase de formation -
probation. Il doit le faire en gardant présent à l’esprit qu’il les forme pour Christ et non pour
lui-même, ni pour son église.
À cette phase, le disciple est en quelque sorte initié au service de Dieu. Il est enseigné,
équipé, outillé pour pouvoir lui aussi évangéliser, encadrer, suivre, etc. Il entre ainsi en scène
comme un maillon de la ce que j’appelle la chaîne de discipolat que nous verrons plus loin (2
Timothée 1v1, 2). Le dirigeant doit veiller ici à être un modèle d’imitateur de Christ, car il ne
s’agit pas de communiquer autre chose que les valeurs, les principes et la vie même de Christ.
Rappelons-nous que nous avons parlé de polarisation. Dans sa communion avec nous, notre
disciple doit pouvoir se faire polariser POSITIVEMENT. Paul à cet effet exhorte Timothée
dans le passage ci-dessus à transmettre ce qu’il a reçu de lui, confiant qu’il est de ce qu’il a
lui-même reçu cela de Christ. Jean dans son épitre se réjouit de ce que ses enfants (ses
disciples) "marchent dans la vérité, selon le commandement que nous [eux les mentors] avons
reçu du Père" (2 Jean1v4). Après avoir formé Timothée, maintenant qu’il l’a relâché dans le
champ missionnaire, Paul lui écrit:
« Toi, demeure dans les choses que tu as apprises, et reconnues certaines, sachant
de qui tu les as apprises » (2 Timothée 3v16).
Paul est confiant dans son propre enseignement, non par ce que c’est lui qui l’a
transmis, mais parce qu’il sait qu’il le tient lui-même de Christ. C’est d’ailleurs pourquoi il
peut sans la moindre hésitation recommander à tous ses disciples d’être ses imitateurs.
« Et vous-mêmes, vous avez été mes imitateurs et ceux du Seigneur, en recevant la
parole au milieu de beaucoup de tribulations, avec la joie du Saint Esprit, » (1
Thessaloniciens 1v6)
Ces déclarations de Paul nous envoient un signal fort: Paul était un disciple accompli;
il était devenu comme son Maître. Ce n’est donc plus lui qu’on imite, main en l’imitant on ne
craint pas de se tromper, ON IMITE LE Maître! Comme l’Église a besoin aujourd’hui
d’homme qui ne font pas la promotion de leur propre personne ou de modèles qu’ils ont
copiés ça et là, mais qui font la promotion de ce qu’il ont vu et entendu du Maître.
Gédéon, à une époque où tout le monde faisait ce qui lui semble bon, c’est-à-dire une
période de totale anarchie spirituelle (comme celle où nous vivons), a pu lui aussi si dire à ses
suivants:
« Vous me regarderez et vous ferez comme moi. Dès que j'aborderai le camp,
vous ferez ce que je ferai; » (Juges 7v17)
Oui, nous pouvons nous aussi, comme Gédéon, à une époque où les gens se croient
d’importer des modèles américains, canadiens, européens, etc. qui parfois n’ont rien à voir
avec le modèle de Dieu, nous pouvons disais-je, décider de rester fidèle au modèle divin. Et
ainsi, nous aurons de l’assurance quand nous dirons à nos suivants: FAITES COMME VOUS
ME VOYEZ FAIRE!
En effet, dans la phase de formation probation, le mentor fait passer son disciple par
les étapes suivantes:
À cette quatrième étape se joue l’avenir du disciple, car c’est là qu’on évaluera sa
fidélité, quand le mentor commence à lui donner de l’espace pour s’exprimer. Va-t-il en
profiter pour jouer au super héro, à montrer qu’il est bon et à la hauteur ou va-t-il se contenter
de servir, servir et servir encore? Est-ce qu’il va en profiter pour donner des coups de coudes à
son mentor en essayant d’exploiter les lacunes de ce derniers en sa faveur ou saisira-t-il cette
occasion pour être un appui qui complémente son maître? Son avenir se joue à ce niveau
parce que c’est là que le mentor sait s’il peut lui faire confiance au point de l’exposer et de le
commissionner.
« Du reste, ce qu'on demande des dispensateurs, c'est que chacun soit trouvé fidèle. »
(1 Corinthiens 4:2)
Ce texte nous permet de résumer ce qui vient d’être dit au paragraphe précédent et nous
introduit à la dernière phase. La fidélité et la loyauté sont deux caractères indispensables
quand on veut mériter la confiance, celle de Dieu comme celle des hommes. Et ces deux
qualités sont incontournables à cette phase du discipolat. En effet, quand nous parlons
d’exposition, cela veut dire que le mentor (celui qui a le cœur de Dieu bien sûr) va bientôt
ouvrir son disciple à ses cercles de relation pour le recommander. Je sais par expérience qu’il
y a des mentors qui ne le feront jamais quoi que vous fassiez, parce que leur but n’est pas de
vous voir grandir. Mais rappelons-nous que nous parlons ici du mentor qui lui-même est
disciple et qui ne fait que ce que les autres peuvent imiter parce que lui-même imite le
Seigneur. Celui-là, à un moment précis, chercher à vous connecter, car il sait que sa grandeur
va se prolonger à travers vous. Le mentor que agit ainsi a compris le vrai sens de la grandeur.
En effet, dans l’économie de dieu, la grandeur d’un homme ne se mesure pas au nombre de
personnes qui se prosternent devant lui. Elle est plutôt dans le nombre de personne qui
peuvent monter sur ses épaules et voir loin, et même plus loin que lui. Ce genre de mentor,
s’il sait qu’à travers vous le nom de dieu sera glorifié, que la bannière du royaume s’élèvera
plus haut sous votre ministère, il n’hésitera pas à vous étaler toutes ses cartes de visite. Voilà
pourquoi c’est un risque énorme de trahir un tel homme, parce qu’en le faisant, C’EST DIEU,
C’EST L’ALLIANCE DE DIEU QU’ON TRAHIT. Géhazi a une longue histoire à nous
raconter à ce sujet. Lui et toute sa postérité ont hérité de la lèpre ne Naaman, alors qu’il était
destiné à recevoir le manteau d’Élisée, qui lui-même le tenait de son maître Élie, parce qu’il
avait été TROUVE FIDELE.
« Et si vous n'avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui
est à vous? » (Luc 16v12)
L’un des gros problèmes de l’Église-corps du Christ aujourd’hui c’est que la chaîne du
discipolat a été rompue. On a des apôtres qui ne peuvent pas vous dire de qui ils sont
disciples; on a des "pères" qui n’ont dans leur généalogie que des descendants, pas
d’ascendants. Un père qui n’a pas de père devrait au moins présenter la tombe de ce dernier,
ou au moins nous raconter son histoire… À moins qu’il ne l’aie tué d’une manière ou d’une
autre. Eh oui, des cas de parricide ministériel sont légion dans l’Église de nos jours. Prions
que Dieu vienne en aide à son Église. Je ne sais pas comment, mais il faut que la chaîne d
discipolat soit rétablie.
Chapitre 5
LA CHAÎNE DU DISCIPOLAT
« TOI donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ. Et ce
que tu as entendu de MOI en présence de beaucoup de témoins, confie-le à DES
HOMMES FIDELES, qui soient CAPABLES de l'enseigner aussi à
D’AUTRES. » (2 Timothée 2v1, 2)
Plusieurs enseignants et étudiants de la Bible attribuent à ce texte l’intention de nous
communiquer des informations sur la constitution d’une chaîne de leadership. Je ne me sens
plus tout à fait à l’aise avec cette conception, surtout si l’on se tient dans la perspective du
contraste que nous avons souligné entre la vision humaniste et la vision providentielle du
monde. Une fois encore, je n’ai rien contre le fait de former des leaders. Mais je crois
fermement qu’on gagne mieux à former des disciples. Pour que le concept de serviteur-leader
de Robert Greenleaf soit réalisable, le seul contexte favorable est celui du discipolat. Pour moi
donc, ce que Paul initie dans cette prescription à son disciple ce n’est pas une chaîne de
leadership, mais bel et bien une chaîne de discipolat. Dans le royaume de Dieu on ne domine
pas en étant chef, on domine en étant serviteur. Et ce n’est pas dans une formation au
leadership qu’on apprend à être serviteur, c’est dans une formation au discipolat. On peut en
discuter, mais les Écritures et les faits sont têtus et parlent avec opiniâtreté.
Dans le texte de Paul, relevons quelques idées importantes au sujet de la chaîne du
discipolat. Nous les verrons à travers les expressions soulignées:
TOI / MOI: Paul s’adresse à Timothée. En le faisant, il s’inscrit en face de lui
comme un MOI. La chaîne du discipolat commence par un « MOI », le disciple initial.
Devenu « disciple accompli », il forme un « TOI » qui est son disciple à lui. Ce dernier est
appelé à recevoir des « choses » (enseignements, pratiques, manières de vivre, valeurs, etc.)
« Pour toi, tu as suivi de près mon enseignement, ma conduite, mes résolutions,
ma foi, ma douceur, ma charité, ma constance, mes persécutions, mes
souffrances. A quelles souffrances n'ai-je pas été exposé à Antioche, à Icone, à
Lystre? Quelles persécutions n'ai-je pas supportées? Et le Seigneur m'a délivré de
toutes. » (2 Timothée 3v10, 11)
S’il suit fidèlement les choses qu’il a reçues, automatiquement il a des choses à transmettre…
à une catégorie spéciale de personnes.
DES HOMMES FIDELES: Pour que la chaîne se maintienne et se perpétue, il
faut absolument que le maillon suivant soit constitué d’hommes reconnus pour leur fidélité.
Des hommes que ne viennent pas comme des sangsues pour leur agenda personnel, pour leurs
propres intérêt, pour les intérêts de Christ et de son royaume.
« ...tous, en effet, cherchent leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus-Christ. »
(Philippiens 2v21).
Il est intéressant de remarquer à ce point que la fidélité relève de la responsabilité
exclusive du disciple. C’est au disciple qu’il revient d’être « trouvé fidèle ». C’est un travail
de discipline personnelle que d’être fidèle. Cela fait partie de ce que nous devons faire pour
travailler à notre salut. C’est une erreur que nous faisons de demander à Dieu de nous rendre
fidèles. Il est vrai que c’est lui qui produit en nous le vouloir et le faire, mais je ne vois pas
comment un père qui a tenu la main de son enfant pour lui faire balayer la cour peut dire par
la suite que c’est l’enfant qui a balayé. Dieu par son Esprit imprimera en nous le besoin de
faire. Mais c’est à nous d’exercer notre volonté et de mettre notre corps en mouvement pour
agir. D’ailleurs, s’il fallait prendre ce verset dans ce sens, il n’y aurait pas de désobéissance,
car, en dernier ressort c’est dieu qui nous aurait fait faire ce que nous avons fait.
DES HOMMES CAPABLES: les capacités s’acquièrent et se développent. Paul
nous fait comprendre que pour ce qui concerne la capacité, c’est la responsabilité de Dieu de
nous rendre capables.
« Ce n'est pas à dire que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir
quelque chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au contraire, vient
de Dieu. (2 Corinthiens 3v5)
Mais Dieu ne répand généralement pas ses dons dans des vases qui ne sont pas bien disposés.
Dieu veut des vases utiles. C’est pourquoi j’ai l’habitude de Dieu que « SI DIEU NOUS
TROUVE FIDELES, IL NOUS RENDRA CAPABLES »
D’AUTRES: le jour de la Pentecôte, après l’effusion de Saint-Esprit, Pierre dans
son discours-enseignement dira en conclusion:
« Car la promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au
loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera. » (Actes
2v39)
Le nombre de disciples que le Seigneur veut appeler et former est illimité. La chaîne doit être
maintenue. Ceux qui sont au rang « D’AUTRES » aujourd’hui, nous qui sommes déjà des
« MOI » nous devons les évangéliser, les encadrer, les suivre et en faire des disciples. Ainsi,
ils deviendront des « TOI » qui vont localiser des « HOMMES FIDELES » qu’ils vont
exposer à Dieu à travers le processus, afin que, devenus des « HOMMES CAPABLES », ils
puissent relancer le processus en transmettant à une nouvelle vague « D’AUTRES ». Et ainsi
de suite.
La propreté à l’enseignement
Le passage cité en début de chapitre nous met aussi en présence des qualités qui nous
permettent de reconnaître un disciple accompli. Nous avons évoqué la fidélité (qui est du
ressort du disciple) et la capacité (qui se développe dans la communion avec Dieu et avec le
mentor). Nul n’est donc besoin d’y revenir. Ajoutons la « propreté à l’enseignement » selon
l’expression de Paul:
« Il faut donc que l'évêque soit irréprochable, mari d'une seule femme, sobre,
modéré, réglé dans sa conduite, hospitalier, propre à l'enseignement. » (1
Timothée 3v2)
Il s’agit, en mon sens, de la qualification à enseigner. Non pas tout de suite de
qualification en termes de compétence, mais de qualification en termes de validation. Le
terme de dignité pourrait peut-être mieux exprimer cette idée. Dans le cheminement le long de
la chaîne du discipolat, le mentor peut voir si le disciple a acquis et développé un caractère
qui le rend digne d’enseigner. Il y a une nette différence à établir entre le charisme d’une
personne et son caractère. On peut avoir des capacités naturelles extraordinaires à enseigner,
mais le notre caractère est de plus haute importance. Le charisme est un don qu’on reçoit,
alors que le caractère est un fruit qu’on développe. Il y a donc un caractère propre à ceux qui
doivent enseigner. Paul prescrit à son disciple Timothée d’être « un modèle pour les
fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté. » (1 Timothée 4v12).
Si un disciple ne présente pas les qualités requises qui sont en réalité plus nombreuses
que celles évoquées plus haut, la chaîne de discipolat coure de grands risques.
Quelques menaces à la chaîne du discipolat
1. La vaine gloire, la provocation, l’envie, l’esprit de dispute
« Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, en
nous portant envie les uns aux autres. » (Galates 5v26)
« Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l'humilité vous
fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. » (Philippiens
2v3)
La vaine gloire c’est l’orgueil, la vanité (le désir de se faire valoir) ; on l’appelle aussi
la gloriole (une vanité qu’on tire de petites choses). En parlant de gloriole je me souviens d’un
agent d’entretien dans la mairie de Bankim, dans l’Adamaoua où j’ai fait mes études de
premier cycle du secondaire. Ce vendredi-là (jour de marché), le maire était visiblement très
occupé. Il confia à l’agent d’entretien la tâche de mettre le cachet sur les tickets que les
vendeuses venaient acheter. Vous comprenez que le nettoyeur aux yeux de ces femmes a gravi
des échelons. De balayeur à employé de bureau en charge des cachets... quand même! Notre
homme était tellement occupé à s’assurer que les femmes qui attendaient le voyaient bien
dans sa nouvelle dignité que par distraction, il apposa le cachet sur le manche de la chemise
blanche de Monsieur le maire. Un gifle échappa au patron des lieux, rappelant en même temps
à notre prétentieux qu’il fallait revenir.
2. L’ambition égoïste et la soif du gain personnel
Dans le premier livre des rois au chapitre 5 nous avons l’histoire d’un disciple, Géhazi,
serviteur d’Élisée, qui va faire honte à Dieu et à son mentor à cause de ces deux fléaux. C’est
le même mal qui a hanté Acan lors de la prise de Jéricho (Josué 7) et a causé une défaite
cuisante et des pertes humaines graves au peuple de Dieu. Quand on veut être sans grand sans
grandir, quand on veut devenir influent sans avoir été influencé, on coure de grand risque et
on fait courir les mêmes risques au peuple de Dieu en prenant l’interdit et en attirant
l’anathème sur nous. Quand nous voyons à quel point ‘esprit d’Acan et de Géhazi est répandu
au sein de l’Église aujourd’hui, on ne peut qu’invoquer la miséricorde de Dieu!
3. La déloyauté, la traitrise, la trahison
Les Évangiles nous offrent, à travers la personne et le personnage de Judas Iscariote
un exemple typique de déloyauté. Non seulement Judas vole secrètement l’argent du ministère
pour ses usages personnels et égoïstes (esprit d’Acan et Géhazi), mais en même temps il ne
supporte pas que Jésus, son Mentor, son Maître soit béni. Dans Jean 12, alors qu’une femme
pardonnée est venue rendre grâces à Dieu en répandant du parfum de qualité sur Jésus
(symbole d’adoration), Judas s’offusque et, faisant mine de s’intéresser subitement aux
pauvres, accuse Jésus de gaspillage et entraine plusieurs avec lui dans cette sourde
contestation. Il finira par trahir et vendre son Maître pour quelques sous (Mathieu 26v14-16).
4. Le zèle amer et l’esprit de dispute
« Mais si vous avez dans votre cœur un zèle amer et un esprit de dispute, ne vous
glorifiez pas et ne mentez pas contre la vérité.
Cette sagesse n'est point celle qui vient d'en haut; mais elle est terrestre,
charnelle, diabolique.
Car là où il y a un zèle amer et un esprit de dispute, il y a du désordre et toutes
sortes de mauvaises actions. » (Jacques 3v14-16)
Le zèle amer et l’esprit de dispute se cristallisent derrière des préoccupations du genre
« qui est le plus grand? « sui sera le chef? » M’as-tu vu? ». Choses qui trahissent encore la
vanité et l’obsession de la grandeur sans grandir. On a vu cela dans le cercle des disciples de
Jésus. Deux frères sont même allé jusqu’à demander la médiation de leur mère, proche parent
de Jésus, pour négocier une place de choix au sein du leadership. Les autres étaient très
courroucés contre eux. Leur problème n’était pas forcément que ces gars ont mal agi. Leur
problème c’était qu’ils s’étaient fait devancer. Ils auraient voulu poser la candidature en
premier mais les « fils du tonnerre » on été plus courageux et plus rapides. Ô Dieu, sauve-
nous des affres des fils du tonnerre dans l’église!
5. La soif de domination
Nous avons déjà dit l’essentiel sur la question de domination en affirmant que Dieu
n’a jamais prévu que l’homme domine sur son semblable, et que c’est cette soif d’une
domination pervertie qui est à l’origine des cabales, de la sorcellerie, des rivalités, etc.
J’affectionne énormément les idées et enseignement du Dr Myles Munroe. Une de ses idées
figure parmi mes citations favorites:
« L’essence de la grandeur et du leadership réside dans l’aptitude à
découvrir son don, à le développer et à le servir à l’humanité »
Eh oui, encore le service!!! Ce n’est que par le service qu’on accède à l’honorabilité. Et ce
principe vaut dans toutes les sphères de la vie des hommes. Gédéon a été sollicité par le
peuple à « dominer » sur lui après qu’il ait servi son don à les libérer de l’oppression des
Madianites (Juges 8v22). Ce qu’il n’a d’ailleurs pas accepté, préférant que l’Eternel lui-même
domine sur eux (v23). Contrairement à Gédéon, le leader qui n’a pas l’esprit de disciple
écrase, étouffe, rabaisse, manipule, humilie et ne promeut pas les autres…. En conséquence, il
donne naissance à des personnes qui n’ont rien de disciples, rebelles, orgueilleuses,
belliqueuses et qui vont-elles aussi reproduire le même schéma.
Un petit détour s’impose, en cette fin de chapitre. Nous allons brièvement voir en quoi
il est préférable de former des disciples en lieu et place de former des leaders.
Le disciple accompli, la graine du leader selon le cœur de Dieu.
Si le disciple accompli sera comme son maître, alors il faut se concentrer à former le disciple.
Le maître est déjà leader par essence. Si en formant un disciple il se duplique, alors point n’est
besoin d’une plateforme de formation de leader.
Par ailleurs, jetons un regard avisé sur le contraste entre les deux approches:
la formation de disciple, c’est la prescription de Jésus lui-même. Elle s’inscrit donc dans la
perspective providentielle. À l’inverse, la formation de leaders est une panacée des
hommes. Je crains que ce ne soit le résultat de l’influence d’une vision humaniste… je
suis prudent!
Un leader qui n’a pas été disciple est comme un arbre sans terreau pour ses racine, comme
une maison sans fondation.
Le discipolat traite d’abord avec le cœur, la nature profonde de la personne, tandis que la
formation au leadership traite essentiellement de méthodes et approches. On y parle
bien de caractère et autres mais généralement dans une perspective d’efficacité.
Le discipolat, en s’occupant du cœur, vise l’intériorité, alors que la formation au leadership se
cramponne sur l’extériorité. Or il n’est aucun changement qui se fait de l’extérieur vers
l’intérieur; tout changement véritable suit le chemin inverse, de l’intérieur vers l’extérieur.
Comme qui dirait, la force qui libère le poussin après l’incubation doit venir de l’intérieur, si
non une vie est détruite. On peut en effet endiguer le vent de destruction qui frappe notre
société et, malheureusement l’Église, si nous réapprenons à impulser le changement dans la
bonne direction.
Chapitre 6
DE L’ESPRIT DU LEADERSHIP
« Puis Dieu dit: Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance, et
qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur
toute la terre, et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. »
1. Dieu fait l’homme à son image et selon sa ressemblance. Qui est Dieu? Le Maître de
l’univers, n’est-ce pas? Son image et sa ressemblance peut-elle être moins que maître?
Sur ce point déjà, ne pourrait-on pas conclure que Dieu, le LEADER SUPRÊME, a créé
en se dupliquant un autre leader? Subalterne, mais leader quand même.
2. La deuxième chose c’est que Dieu donne la domination à l’homme PENDANT L’ACTE
DE CRÉATION. Que veut dire dominer? Exercer la domination, être maître de,
commander, contrôler, diriger, gouverner. Tous ces termes renvoient-ils au concept de
leadership? Parfaitement! Donc Dieu PENDANT LA CRÉATION a mis en l’homme la
CAPACITÉ INTÉGRÉE A DIRIGER, A ÊTRE LEADER. En anglais on parlerait de
« built-in capacity ».
Dieu n’a donc à la base créé que des leaders. Personne ne peut honnêtement affirmer
et démontrer le contraire sans être obligé d’user de subterfuges, de manipulation et d’artifices.
Par contre, ce qu’il faut reconnaître, c’est que la chute de l’homme lui a causé des pertes
innombrables et colossales. L’une de ces pertes c’est ce que j’appelle l’esprit ou la mentalité
du leadership.
En décidant de porter désormais son désir légitime de domination sur le mauvais objet
(sur l’humain son semblable), l’Homme venait de perdre l’esprit, la mentalité de leadership.
Voilà le nœud de tous les travers que nous vivons dans les relations humaines, que ce soit en
famille, dans le mariage, en société, au travail, et même à l’Église. C’est cette condition de
dominateurs-nés qui ont perdu ‘esprit de la domination qui produit les tyrans, les oppresseurs,
les manipulateurs, les traitres, les rivalités, les guerres de positionnement, les trafics
d’influence, les peaux de banane, et j’en passe.
La domination en soi n’a jamais été mauvaise, puisque faisant partie intégrante de
l’acte créateur et du but pour lequel l’homme est créé. À ce titre, la domination naturelle
n’assujettit pas l’homme, elle assujetti la nature au profit de l’homme. Elle n’asservit pas
l’homme, mais elle sert des dons de l’homme en faveur de l’autre homme.
Le diable, avec son système humaniste qui, comme je l’ai dit prend racine depuis le
jardin d’Éden, a fait avaler à l’humanité un gros mensonge selon lequel le leadership serait
réservé à une élite. C’est juste un autre mensonge dont il est le père. Chaque être humain est
né pour diriger et pour dominer dans un domaine où il a un don. C’est ce don qui est le
substrat du leader en en nous. Le discipolat vise entre autres de premièrement nous restaurer
dans la mentalité du leadership qui se résume en mot: SERVICE! Ensuite, le discipolat vise à
nous faire identifier en quoi nous pouvons être utiles, à quoi nous pouvons servir avec notre
don. C’est dans l’exercice de notre don au service des autres que s’exprime notre domination,
notre leadership. Ceux qui veulent manipuler et écraser les autres ne seront jamais d’accord
avec ça. Mais qu’est-ce que ça change? C’est pure vérité!!! Et la vérité n’a pas besoin de
défenseur. Elle s’appelle Jésus, et elles se suffit! S’ils s’offusquent, c’est que telle vérité est de
nature à briser leur emprise sur les gens et à écrouler leur empire qu’ils ont bâti sur la
manipulation des esprits des hommes.
Concluant ce chapitre en affirmant avec force ceci: notre leadership est déterminé, non
par le nombre de personnes qui nous servent, mais par le nombre de personnes que nous
servons.
CONCLUSION
Depuis la chute de l’homme, le monde a connu une succession de civilisations
marquant le désir de l’homme de s’affirmer et de marquer son emprise sur son temps et sur
son univers. Depuis Nimrod dont la Bible dit qu’il fut le premier homme à devenir puissant,
on peut voir à travers les lignes de l’histoire de l’humanité comment la quête de l’identité
perdu a conduit et continue de conduire l’humaine race à développer des théories, des
philosophies et des systèmes de gouvernement et de gestion. Le monde religieux n’est pas en
reste. D’ailleurs, une lecture avisée pourrait même démontrer que la religion de tout temps a
joué le rôle de trame de fond dans le développement de ces systèmes, dans leur enracinement
et dans leur extension. Des royaumes se sont succédés: Sumériens, Babyloniens, Médo-
perses, Helléniques, Romains, etc. tous, sans la moindre exception on été marqués par ce désir
déplacé de dominer sur les autres. On raconte qu’Alexandre Le Grand, après avoir assujetti
ses derniers ennemis tomba dans un immense chagrin. Ses généraux l’ayant interrogé sur la
cause de son chagrin, il aurait déclaré qu’il pleurait parce qu’il n’y a plus de peuple à
conquérir et à assujettir!
Quand nous voyons les disciples du Seigneur se disputer en sourdine sur « qui sera le
plus grand », c’est cette culture-là dont ils sont imprégnés qui les incite de l’intérieur. Ils sont
en effet le produit de la civilisation romaine, civilisation de l’écrasement tous azimuts des
autres peuples. La réponse de Jésus est pleine de révélation sur ce que devrait être notre désir:
RETROUVER LE CŒUR MÊME DE DIEU, C’EST-A-DIRE ÊTRE RESTAURES DANS
L’ESPRIT DE LEADERSHIP A TRAVERS LA REDÉCOUVERTE DU CŒUR DU
DISCIPLE. Écoutons-le:
« Jésus leur dit: Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui les dominent sont
appelés bienfaiteurs. Qu'il n'en soit pas de même pour vous. Mais que le plus
grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui
sert. Car quel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert? N'est-ce pas
celui qui est à table? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui
sert. » (Luc22v25-27)
De tous les royaumes, de toutes les civilisations que se sont succédés, seul le royaume
de Jésus-Christ propose un modèle parfait, un modèle divin de gouvernance. C’est un
royaume dans lequel le Roi lui-même est serviteur de tous. Dans ce royaume, on n’accède pas
à la dignité par les armes, par la force, par la démocratie ou par la démagogie. On y entre
d’abord par la naissance, la NOUVELLE NAISSANCE, puis on accède à la dignité par le
service. Et c’est cet état d’esprit que le discipolat doit encore s’efforcer de réveiller en chaque
homme aujourd’hui.