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10 commandements pour un prédicateur

 Homilétique
 Ministère d'enseignement
 Ministère pastoral
Le fait d’écouter ou de lire les réflexions d’autres personnes au sujet de la prédication est, pour
beaucoup de prédicateurs, intrinsèquement intéressant et stimulant (de manière positive ou négative).
Je vous livre les réflexions suivantes dans l’esprit de la règle d’or, et seulement parce que l’éditeur
du blog est un ami de longue date!

Exactement quarante ans se sont écoulés depuis mon premier sermon lors d’un culte. Quatre
décennies, ce sont de très nombreuses occasions d’avoir été repris au moment de sortir de la salle de
culte après la prédication (c’est la dernière chose que l’on souhaite, même si on aime son assemblée –
et parfois précisément parce qu’on aime son assemblée, le sentiment d’échec étant alors d’autant plus
grand). Combien de fois me suis-je demandé: « Comment est-il possible d’avoir prêché des milliers de
fois sans toujours réussir à le faire correctement? »

Bien sûr, je sais comment me persuader de ne plus ressentir ce sentiment. « C’est la fidélité, et pas la
compétence, qui compte vraiment. » « Ce que tu ressens n’a rien à voir avec ce que tu as dit! »
« Souviens-toi que tu viens de semer des graines. » « Finalement, c’est le Seigneur qui fait rentrer sa
Parole dans le cœur des gens, pas toi. » Tout cela est vrai. Pourtant, c’est notre responsabilité de
progresser en tant que prédicateurs, progrès qui doivent être évidents et visibles, ou au moins audibles
(1Ti 4.13, 15 est très instructif à cet égard!).

Tout cela m’a amené à réfléchir, alors que j’étais un jour en voyage. Quels sont les dix
commandements, les règles pour une vie consacrée à la prédication, que j’aurais aimé recevoir de la
part de quelqu’un pour me donner une direction, un modèle, un fondement, qui m’auraient aidé à rester
dans la bonne direction et poursuivre l’élan du ministère tout au long de mon parcours?

Une fois que l’on commence à y réfléchir, peu importe les dix commandements que l’on trouve, il
devient évident qu’il s’agit d’un thème inépuisable. Mon ami, l’éditeur, pourrait facilement faire tourner
son journal pendant un an avec une série entière sur « mes dix commandements pour la prédication ».
Je vous propose toutefois les dix commandements suivants, non pas comme étant infaillibles, mais
comme le fruit de quelques minutes de réflexion tranquille lors d’un voyage en avion.

1- Connaissez mieux votre Bible

Souvent, à la fin d’un culte ou d’une conférence, cette pensée me revient: « Si seulement tu connaissais
mieux ta Bible, tu aurais été beaucoup plus utile à ton auditoire. » J’enseigne dans un institut de
formation théologique dont le fondateur a déclaré que son but était de « produire des experts de la
Bible ». Malheureusement, je n’ai pas été éduqué dans une institution qui avait un objectif similaire, de
près comme de loin. Résultat? La vie a été une succession d’apprentissage continu selon le principe
« enseigne-toi toi-même pendant que tu essaies de combler ton retard ». En fin de compte, les instituts
de formation théologique n’existent pas pour inculquer aux étudiants des interprétations faisant autorité
sur chaque ligne de l’Écriture, mais pour leur fournir des outils afin de leur permettre d’y parvenir. C’est
pourquoi, à bien des égards, c’est le travail que nous faisons, les conversations que nous avons, les
Églises que nous fréquentons, les prédications que nous écoutons qui font ou brisent notre ministère.
Ce n’est pas du « DIY » (Do It Yourself), mais il nous faut quand même nous mettre à l’ouvrage.

En tant qu’observateur et praticien de la prédication, je suis troublé et perplexe d’entendre des hommes
dotés de grande capacité humainement parlant (aisance à l’oral, personnalité charismatique…), mais
qui semblent incapables de prêcher simplement les Écritures. D’une manière ou d’une autre, ils n’ont
pas commencé par s’en saisir ou s’en imprégner.

Je ne pense pas être un illettré. Mais j’ai malgré tout besoin d’être un homo unius libri, un homme du
livre. La veuve d’un ami qui m’était cher m’a dit un jour que son mari avait totalement usé sa Bible
pendant la dernière année de sa vie. « Il la dévorait comme un roman » m’avait-elle dit. Soyez un
dévoreur de la Bible!

2- Soyez un homme de prière

Concernant la prédication, ce que je veux dire par là, c’est que non seulement je dois prier avant de
commencer sa préparation, mais aussi que la préparation doit elle-même être un moment de prière
avec Dieu au travers de sa Parole. Que voulaient dire les apôtres en disant qu’ils devaient se consacrer
« à la prière et au ministère de la parole », et pourquoi cet ordre?

Mon sentiment personnel est que, dans la tradition de nos manuels pastoraux, nous avons sur-
individualisé ce processus. Les apôtres (du moins pouvons-nous le supposer) parlaient vraiment de
« nous ». Pas « moi, Pierre » ou « moi, Jean », mais « nous, Pierre, Jean, Jacques, Thomas, André…
ensemble ».

Est-ce une mauvaise compréhension de la situation actuelle que soupçonner les prédicateurs de cacher
leur besoin désespéré de prière pour leur prédication et leurs besoins personnels? Par contraste,
réfléchissez aux appels de Paul. Et n’oublions pas les mots de Spurgeon, lorsqu’on lui demandait quel
était le secret de son ministère: « Mon assemblée prie pour moi. »

En y réfléchissant, je me souviens d’un moment, au milieu d’un discours prononcé lors d’une
conférence pour les pasteurs, où je me suis mis à penser: « tu es en train d’embrouiller ton auditoire ».
Mais alors que mes yeux se recentraient sur les hommes devant moi, ceux-ci semblaient comme des
âmes assoiffées se désaltérant avec de l’eau fraîche et revigorante; leurs yeux semblaient être fixés sur
moi comme si mes paroles étaient une source d’eau vive. Ma pensée s’est alors remplie d’autres mots:
« je me souviens maintenant comment j’ai exhorté mon assemblée locale à prier pour ces frères et pour
le ministère de la Parole… Mon assemblée a prié! »

Malheur à moi si je ne vois pas le besoin de la prière ou celui d’encourager et exhorter mon assistance
à voir son importance. Je peux effectivement le faire (ça a été le cas jusqu’ici, n’est-ce pas?), mais il
faut que j’agisse ainsi sans m’arrêter pour que ce fruit soit éternel.

3- Ne perdez pas de vue le Christ

Moi? Oui, moi. C’est un principe important sous tellement d’aspects que je ne peux pas tout exposer en
détail ici. Je ne me contenterai que d’un seul aspect. Connaître, et donc prêcher « Jésus-Christ, et
Jésus-Christ crucifié » (1Co 2.2). C’est un texte bien plus simple à prêcher en tant que premier sermon
dans un ministère que comme sermon final.

Que veux-je dire par-là? Pour le dire de manière tranchante, voire provocante: la prédication textuelle
n’est pas morte sur la croix pour nous, ni la théologie biblique, ni même la théologie systématique,
l’herméneutique ou quoi que ce soit d’important aux yeux de ceux qui prêchent les Écritures. J’ai
entendu toutes ces choses lors de prédications… sans que celles-ci soient centrées sur la personne du
Seigneur Jésus.

Paradoxalement, même le fait de prêcher de manière suivie sur un évangile ne garantit pas une
prédication centrée sur le Christ crucifié. Trop souvent, les prédications sur les évangiles ressemblent à
l’approche fantaisiste « Où est Charlie? » La question sous-jacente du sermon est: « Où vous trouvez-
vous dans cette histoire? » (Êtes-vous Marthe ou Marie, Jacques, Jean, Pierre ou encore le lépreux
reconnaissant?) La question « Où voit-on Jésus et comment est-il décrit dans cette histoire? » tend à
être marginalisée.
La vérité est qu’il est beaucoup plus facile de prêcher sur Marie, Marthe, Jacques, Jean ou Pierre que
sur le Christ. Il est même beaucoup plus facile de prêcher sur les ténèbres du péché et sur le cœur
humain que de prêcher le Christ. Mes étagères croulent sous les livres qui parlent de Marie, de Marthe,
de la bonne manière de vivre, de la vie de famille, d’une vie remplie par l’Esprit, de l’éducation
parentale, d’exemples de vies brisées… mais la plupart d’entre nous n’ont que peu d’ouvrages sur la
personne et l’œuvre de Christ lui-même.

La meilleure chose à faire est-elle de parler de nous, ou de lui?

4. Soyez profondément trinitaire

N’est-ce pas déjà le cas? Dans certaines de nos communautés du moins, pas un culte ne se déroule
sans que la congrégation ne confesse un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. Mais comme il est
communément reconnu, le christianisme occidental a souvent eu une tendance particulière à un
unitarisme explicite ou pragmatique, que ce soit envers le Père (pour les libéraux, à des fins pratiques),
le Fils (pour les évangéliques, et surtout peut-être dans ses réactions contre le libéralisme) ou l’Esprit
(pour les charismatiques, en réaction aux deux courants précédents).

C’est sans doute une caricature. Mais ce qui me préoccupe ici, c’est le sentiment que les prédicateurs
qui croient en la Bible (et pas seulement eux) continuent de penser que la trinité est la plus spéculative
et donc la moins pratique de toutes les doctrines. Après tout, que pouvez-vous « faire » à la suite d’une
prédication qui met l’accent sur Dieu comme trinité? Eh bien, au moins intérieurement (si ce n’est
extérieurement), tomber à genoux pour adorer le Dieu si ineffable, si incompréhensible à nos calculs
mentaux, et qui pourtant cherche à être en relation avec nous!

Je me demande parfois si c’est l’échec qui a conduit les Églises à accorder du crédit aux prétendus
« analystes » et à leurs affirmations comme quoi « ce que votre communauté fait le mieux, c’est la
louange… Tous vos petits groupes devraient se focaliser dessus ». N’est-on pas au bord du
blasphème? (Il n’y a sûrement qu’une seule personne qui puisse évaluer la qualité de notre culte.) Cette
approche confond l’esthétique et l’adoration.

L’évangile selon Jean nous suggère que l’un des fardeaux les plus lourds que notre Seigneur ait dû
porter durant ses dernières heures avec ses disciples a été de les aider à comprendre que l’être de
Dieu en tant que trinité est le cœur de ce qui rend l’Évangile possible et réel, et que c’est connaître Dieu
en tant que tel qui constitue le sang vital pour une vie de foi (cf. Jean 13–17). Lisez Paul en ayant cela à
l’esprit, et il devient évident que sa compréhension du Père, du Fils et du Saint-Esprit est profondément
ancrée dans l’Évangile qu’il s’est approprié.

Nos assemblées ont besoin de savoir que, par l’Esprit, ils sont en communion avec le Père et avec son
Fils Jésus-Christ. Ma prédication leur permet-elle de le savoir?

5- Utilisez votre imagination

Cela n’entre-il pas en contradiction avec les observations précédentes qui affirment que la vérité de la
trinité ne doit pas être considérée comme une métaphysique spéculative? Non. Il s’agit simplement
d’énoncer ce que les maîtres de la prédication des siècles passés ont soit explicitement écrit, soit
implicitement au moins décrit. Toute bonne prédication implique l’utilisation de l’imagination. Aucun
grand prédicateur n’a manqué d’imagination. Nous pourrions même peut-être aller jusqu’à dire qu’il
s’agit simplement d’une exhortation à aimer le Seigneur notre Dieu avec tout notre… esprit (!), et notre
prochain comme nous-même.

L’Écriture elle-même suggère qu’il existe de nombreuses manières de donner libre cours à
l’imagination; d’où les différents genres dans lesquels la Parole de Dieu est exprimée (poésie, récit
historique, dialogue, monologue, histoire, vision, et ainsi de suite). On ne trouve pas deux auteurs
bibliques qui aient le même type d’imagination. On imagine mal Ézéchiel écrire le livre des Proverbes,
par exemple!

Qu’entendons-nous par « imagination »? Nos dictionnaires donnent une série de définitions. Leur point
commun semble être la capacité de « penser en dehors de soi-même », de « voir ou concevoir la même
chose d’une manière différente ». Dans certaines définitions, la capacité de concevoir, d’exercer
l’ingéniosité ou la puissance créatrice de l’esprit font partie des nuances du mot.

L’imagination, dans la prédication, signifie être capable de comprendre assez bien la vérité pour pouvoir
la traduire dans un autre type de langage – la transposer dans une autre tonalité musicale –, afin de
présenter cette vérité d’une manière qui permette aux autres de la voir, de comprendre sa signification,
de sentir son pouvoir. L’imagination doit permettre de briser les barrières, de donner à comprendre un
texte jusqu’à ce que les auditeurs s’en imprègnent dans leur esprit, leur volonté et leurs affections, afin
qu’ils comprennent non seulement les termes du texte, mais aussi leur vérité et leur puissance.
Luther a agi ainsi en utilisant la force dramatique à l’état brut dans son discours. Whitefield en utilisant
des expressions qui l’étaient (peut-être même trop, selon certains). Calvin – de manière peut-être
inattendue – s’est servi de l’imagination en utilisant le langage extraordinairement grivois de la vie
genevoise de son époque. Ainsi, une personnalité écrasante comme celle de Luther, un prédicateur
dramatique comme Whitefield, doué pour moduler sa voix et narrer les histoires (David Garrick n’a-t-il
pas dit qu’il donnerait n’importe quoi pour pouvoir dire « Mésopotamie » à la manière de Georges
Whitefield?), un grand érudit, un pêcheur retraité et réticent; tous ont en commun d’avoir utilisé
l’imagination, bien que de manières très différentes les unes des autres. Ils ont regardé et entendu la
Parole de Dieu telle qu’elle pourrait entrer dans le monde de leurs auditeurs, pour les mener à la
conversion et les édifier spirituellement.

Quel est le secret? Apprenez à vous prêcher la Parole à vous-mêmes, de son contexte à votre
contexte, pour rendre concrète dans la réalité de votre vie la vérité qui était présente historiquement
dans la vie des autres. Voilà pourquoi les anciens maîtres parlaient des sermons qui ne sortaient de
leurs lèvres avec puissance que lorsqu’ils avaient d’abord été assimilés dans leur cœur avec puissance.

Tout cela nous ramène du cinquième commandement à notre point de départ. Seule l’immersion dans
les Écritures nous permet de pouvoir la prêcher d’une telle façon. C’est là que réside la différence entre
prêcher ce qui concerne la Bible et son message et une prédication qui semble sortir tout droit de la
Bible, où « ainsi parle le Seigneur » semble garanti par un sceau d’authenticité et d’autorité.

C’est sûrement le bon endroit pour mettre fin à la « première table » de ces commandements pour les
prédicateurs. Maintenant, il est temps d’aller nous imprégner des Écritures pour nous préparer à la
« seconde table ».

6- Parlez beaucoup de péché et de grâce

Dans son commentaire sur la lettre de Paul aux Romains, Martin Luther reprend de manière perspicace
les mots de l’appel de Jérémie:

« La somme totale de cette épître est de détruire, déraciner et réduire à néant toute sagesse charnelle. […] Tout
ce qui est en nous doit être déraciné, abattu, détruit et jeté, c’est-à-dire tout ce qui nous plaît parce que cela vient
de nous et se trouve en nous; en revanche, tout ce qui est en dehors de nous et qui se trouve en Christ doit être
édifié et planté.« 
Si cela est vrai de la « prédication » de Paul dans sa lettre aux Romains, cela devrait être vrai aussi
pour nous. Le péché et la grâce devraient être le principal souci et le point culminant qui traversent
toute notre prédication.

Mais cela suscite quelques mises en garde. La prédication sur le péché doit révéler la présence du
péché et démythifier sa nature tout autant qu’elle souligne son danger.

Il s’agit d’autre chose que juste sermonner une assemblée depuis l’estrade du « sanctuaire » avec une
longue tirade! Cela requiert plus que de simples niveaux élevés d’émotion. Une authenticité, finalement
salvatrice, qui démasque et démythifie le cœur humain est plus exigeante sur les plans exégétique et
spirituel. Car ce qui est en ligne de mire, c’est le travail du chirurgien: ouvrir une plaie, exprimer la cause
de la maladie au patient, supprimer les tumeurs malignes et destructrices, dans le but de guérir et
restaurer une vie.

Sans doute que les gens ont besoin d’avertissements contre les maux de la société contemporaine
(avortement, apostasie dans l’Église visible, etc.). Mais nous ne pouvons pas construire un ministère, ni
des chrétiens en bonne santé, sur une simple colère contre le monde. Non, il s’agit plutôt de voir que
les Écritures exposent le péché dans notre propre cœur, de nous faire prendre conscience de qui nous
sommes vraiment, d’extraire le poison qui persiste dans notre cœur puis d’aider ensuite notre
congrégation à en faire de même en « faisant connaître clairement la vérité » (2Co 4.2).

Il n’y a qu’un seul moyen sûr d’y parvenir. La chirurgie spirituelle doit être réalisée dans le contexte de la
grâce de Dieu en Jésus-Christ. Ce n’est qu’en voyant notre péché que nous découvrons le besoin et le
prodige de la grâce. Mais rendre perceptible le péché n’est pas la même chose que dévoiler et
appliquer la grâce. Nous devons connaître et comprendre son pouvoir aux multiples facettes, et savoir
l’appliquer à diverses conditions spirituelles.

Pour parler franchement, exposer le péché est plus facile que d’appliquer la grâce, car hélas, nous
sommes parfois plus intimes avec le premier qu’avec le second. C’est là que réside notre faiblesse.

7- Utilisez le « style franc »

Il s’agit d’une expression assez familière dans l’histoire de la prédication. Elle est particulièrement
associée au contraste entre l’éloquence littéraire de la tradition de la Haute Église anglicane concernant
la prédication et le nouveau « style franc » des puritains aux 16e et 17e siècles. The Arte of
Prophesying de William Perkins a été le premier manuel de cette école.

Mais ce septième commandement n’exige pas en soi de forcément tous prêcher comme les puritains.
En effet, ceux qui sont familiers avec les puritains souligneraient qu’ils ne prêchaient pas tous comme
s’ils avaient été des clones de William Perkins! Toutefois, ils avaient une chose en commun: la
franchise qu’ils croyaient ordonnée par Paul et qui devait être une ligne directrice de toute prédication
(2Co 6.7, cf. 4.2).

Il y a plusieurs manières dont ce principe s’applique. Ne faites pas de l’éloquence ce pour quoi vous
êtes le plus connu en tant prédicateur; soyez sûrs d’avoir saisi le but du passage sur lequel vous
prêchez, et assurez-vous de le rendre clair et d’exprimer sa puissance. La véritable éloquence
évangélique en découlera. En dépit des réserves de Charles Hodge, Archibald Alexander avait en
général raison lorsqu’il pressait ses étudiants à porter attention à la puissance des idées bibliques,
affirmant que les mots utilisés dans la prédication viendraient ensuite d’eux-mêmes.

Les « maitres » du style clair peuvent nous enseigner ici. Paradoxalement, dans ce contexte, deux
d’entre eux étaient eux-mêmes Anglicans. Le conseil de C.S. Lewis sur l’écriture s’applique également
à la prédication:

« Utilisez un langage qui clarifie ce que vous voulez vraiment exprimer; préférez les mots simples et directs aux
mots longs et vagues. Évitez les mots abstraits quand vous pouvez utiliser des mots concrets. N’utilisez pas des
adjectifs pour nous dire comment vous voudriez que nous nous sentions; faites nous sentir cela par ce que vous
dites! N’utilisez pas des mots qui sont trop gros pour leur sujet. N’utilisez pas “infiniment” quand vous voulez dire
“très”, sinon vous n’aurez plus de mot en réserve quand vous voudrez vraiment dire “infiniment”. »

Dans la même veine, voici le conseil de J.C. Ryle: « Ayez une connaissance claire de ce que vous
voulez dire. Utilisez des mots simples. Employez une structure de phrase simple. Prêchez comme si
vous étiez asthmatique! Soyez direct. Assurez-vous d’illustrer ce dont vous parlez. »

Bien sûr, il y a des exceptions à ces principes. Mais pourquoi croirais-je que j’en suis une? Un
chirurgien brillant peut être capable d’accomplir son opération avec de médiocres instruments; ainsi le
peut le Saint-Esprit. Mais puisque en prêchant nous sommes les infirmiers dans la salle d’opération,
notre responsabilité première est d’avoir des scalpels propres, aiguisés et stériles pour que l’Esprit
fasse son opération.

8- Trouvez votre propre voix

Le mot « voix » est utilisé ici dans le sens de style personnel. « Connais-toi toi-même », pour
christianiser la sagesse des philosophes.

Cela dit, trouver une voix – au sens littéral – est également important. Le bon prédicateur qui utilise mal
sa voix est en effet comme un bateau à fond plat. Clairement, feindre l’émotion devrait être banni; nous
ne sommes pas des acteurs dont la voix est modulée selon le rôle qui doit être joué. Mais le fait d’être
créés à l’image de Dieu, des créatures qui parlent et qui partagent ses louanges et sa Parole, requiert
vraiment de nous que nous fassions tout ce que nous pouvons avec les ressources naturelles que le
Seigneur nous a données.

Toutefois, c’est « voix » dans le sens métaphorique qui est vraiment visé ici – notre approche de la
prédication qui fait d’elle qu’elle est authentiquement « nôtre », et non une imitation servile de quelqu’un
d’autre. Oui, nous pouvons – et devons – apprendre d’autrui, positivement et négativement. En outre, il
est toujours important quand d’autres prêchent de les écouter avec les deux oreilles ouvertes: une pour
notre alimentation personnelle à travers le ministère de la Parole, l’autre pour essayer de déceler les
principes qui rendent cette prédication utile aux gens.

Nous ne devons pas devenir des clones. Certains hommes ne grandissent jamais en tant que
prédicateurs parce que le « costume de prédicateur » qu’ils ont loué ne leur va pas ou ne convient pas
à leurs dons. Au lieu de devenir l’exceptionnel prédicateur textuel, historico-rédempteur, centré sur Dieu
ou quoi que notre héros puisse être, nous pourrions nous enfermer et mettre en danger notre don
propre et unique en essayant d’utiliser le paradigme, le style ou la personnalité de quelqu’un d’autre
comme un moule dans lequel nous fondre. Nous devenons moins que notre vrai nous en Christ. Le
mariage de notre personnalité avec le style de prédication d’un autre peut être une recette pour devenir
terne et sans vie. Cela vaut donc le coup de prendre le temps d’essayer d’évaluer de manière continue
qui nous sommes et ce que nous sommes réellement en tant que prédicateur, en termes de forces et
de faiblesses.
9- Apprenez à faire la transition

Il y a une section pour les prédicateurs courte (deux pages) mais magnifique et incontournable dans
le Directory for the Public Worship of God de la Westminster Assembly. Entre autres, les paragraphes
déclarent que le prédicateur, « en exhortant au devoir […] doit, alors qu’il voit la cause, enseigner aussi
les moyens qui aident à l’accomplissement de ceux-ci. » Dans notre langage, cela signifie que notre
prédication va répondre à la question « comment? » Cela requiert peut-être plus d’explication.

Plusieurs d’entre nous sont fatigués de la pandémie des « ingrédients pour mieux… » que nous
trouvons dans beaucoup de prédications contemporaines. C’est souvent à peine mieux que de la
psychologie (néanmoins utile) avec un peu de vernissage chrétien. C’est largement impératif plutôt
qu’indicatif, et en dernière analyse, cela devient orienté vers soi et le succès plutôt que vers le péché et
la grâce. Mais il y a un accent Réformé et – plus important encore – biblique, sur la manière d’enseigner
comment passer des vieilles façons de vivre aux nouvelles, des modèles de péché aux modèles de
sainteté. Il ne suffit pas de souligner la nécessité, ni même la possibilité, de le faire. Nous devons
apprendre aux gens la manière d’y parvenir.

Il y a bien des années, j’ai demandé à un vieil ami qui était devenu un professionnel de l’enseignement
reconnu de prendre l’un de mes fils sous ses ailes pour l’aider à progresser dans sa maîtrise du golf.
Mon fils ne « passait pas au niveau supérieur », comme ils disent. Je pouvais m’en rendre compte, mais
je n’avais plus (quand bien même je l’avais eu!) le savoir-faire en golf suffisant pour l’aider. Nous
sommes allés chez mon ami, et en l’espace d’une séance d’entrainement, la progression dans la frappe
de la balle était à la fois visible et audible (il y a quelque chose de particulier avec le bruit d’une frappe
parfaite!).

C’est, en partie, ce que nous sommes appelés à effectuer dans notre utilisation des Écritures. Pas
simplement dire ce qui est mal et ce qui est bien, mais rendre possible la transition entre les deux au
travers de notre prédication.

Comment? Malgré toutes ses critiques du pragmatisme du courant évangélique, la prédication réformée
n’est pas toujours compétente dans ce domaine. Bien des gens sont plus forts en ce qui concerne la
doctrine que l’exégèse et en ce qui concerne l’introspection plutôt que la croissance spirituelle. Nous
devons apprendre la façon d’expliquer les Écritures de manière à ce que nos auditeurs puissent passer
des vieilles habitudes de vie en Adam aux nouvelles habitudes de vie en Christ.

Comment faire? En commençant par exposer les Écritures d’une façon qui rende clair que les indicatifs
de la grâce sont le socle des impératifs de la foi et de l’obéissance, et qu’ils en sont les postulats. Nous
devons apprendre à faire cela de sorte que ce qui ressort du texte, c’est la manière dont le texte lui-
même enseigne comment la transformation s’effectue et comment la puissance de la vérité elle-même
sanctifie (cf. Jean 17.17).

Cela demande généralement que nous nous plongions plus longuement dans le texte, avec plus de
curiosité que ce que nous faisons parfois, demandant au texte: « Montre moi comment tes indicatifs
agissent sur tes impératifs ». Une telle étude produit souvent ce résultat (surprenant?): l’étude en
profondeur de l’Écriture signifie que nous ne nous précipitons pas à la librairie chrétienne ou dans une
revue spécialisée pour trouver comment l’Évangile change les vies. Non, nous avons appris que les
Écritures elles-mêmes nous enseignent la réponse à la question « Quoi? » et à la question
« Comment? »

Savons-nous – plus que nos assemblées – quel est le « comment? » Leur avons-nous dit qu’elles
avaient besoin d’agir, mais en les laissant livrées à elles-mêmes plutôt qu’en leur donnant des modèles
dans notre prédication?

Il y a quelques années, à la fin d’une conférence dans une Église, le pasteur, que je connaissais depuis
qu’il était étudiant, m’a dit: « Juste avant que je te laisse partir ce soir, peux-tu faire une dernière chose?
Serais-tu d’accord de me guider à travers les étapes pour nous apprendre à mortifier le péché? »

J’étais touché qu’il aborde avec moi ce qui était manifestement une préoccupation à la fois personnelle
et pastorale, mais peut-être encore plus par sa supposition que je serais capable de l’aider. (Qu’il est
fréquent de voir que nous qui luttons, nous sommes confrontés à des questions auxquelles nous avons
nous-mêmes besoin de réponses!) Cet homme est décédé peu de temps après, et je pense à sa
question comme étant l’héritage qu’il m’a laissé, me poussant encore et encore à voir que nous avons
besoin de rendre manifeste ce que John « Rabbi » Duncan de New College proclamait comme vrai à
propos de la prédication de Jonathan Edwards: « Sa doctrine était toute son application, son application
était toute sa doctrine. »
Le ministère qui illustre cet aspect, et qui comprends ce qu’implique la manière dont la prédication fait
passer ses auditeurs de l’ancien au nouveau, aura ce que Thomas Boston a dit une fois à propos de
son propre ministère: « une certaine teinture » que les gens reconnaitront même s’ils ne peuvent pas
l’exprimer ou expliquer pourquoi celui-ci est si différent et si utile.

10- Aimez votre assemblée

John Newton a écrit que les membres de sa congrégation accepteraient presque tout de lui, même si
c’était douloureux, parce qu’ils étaient convaincus qu’il voulait leur bien.

Il s’agit d’un test décisif pour notre ministère. Cela signifie que la préparation de ma prédication est une
entreprise plus sacrée que simplement le fait de satisfaire mon propre amour pour l’étude. Cela signifie
que ma prédication aura les caractéristiques suivantes, difficiles à définir mais néanmoins perçues par
mes auditeurs, qui reflètent le principe apostolique:

« Nous ne nous prêchons pas nous-mêmes; c’est Jésus-Christ le Seigneur que nous prêchons, et nous nous
disons vos serviteurs à cause de Jésus. » (2Co 4.5)

« Nous aurions voulu, dans notre vive affection pour vous, non seulement vous donner l’Évangile de Dieu, mais
encore nos propres vies, tant vous nous étiez devenus chers. » (1Th 2.8)

En Jésus-Christ, le seul vrai prédicateur de l’Église, le message et le messager ne sont qu’un. Il est le
prédicateur, et aussi le message. Cela n’est pas vrai de nous. Mais, dans l’union avec Christ (et nous
prêchons « en Christ » tout autant que nous vivons et mourons « en Christ »), une coalescence de
moindre importance apparait: la vérité du message est acheminée par le prédicateur dont l’esprit est
conforme à la grâce de Dieu dans le message. Comment pourrait-il en être autrement quand la
prédication implique que « Dieu exhort[e] par nous » son message (2Co 5.20)? « La vie d’un
prédicateur, écrit Thomas Brooks, devrait être un commentaire sur sa doctrine; son vécu devrait être la
contrepartie de ses sermons. Les doctrines célestes devraient toujours être ornées par une vie
céleste. »

Conclusion

Un « décalogue du prédicateur » pourrait être utile, mais au bout du compte, nous ne sommes pas
nourris par les commandements de la loi mais par les provisions de la grâce de Dieu dans l’Évangile.
Cela est aussi vrai pour notre prédication que pour notre vie: ce que la loi ne peut pas faire, à cause de
la faiblesse de notre chair, Dieu l’accomplit à travers Christ, pour accomplir ses commandements en
nous par l’Esprit. Puisse-t-il en être ainsi pour nous! Alors nous serons capables de chanter
véritablement:

« Je serai heureux si dans ma dernière respiration


Je ne peux rien faire d’autre qu’exalter son nom,
L’annoncer à tous et jusqu’à mon dernier mot,
Déclarer « le voici, voici devant vous l’Agneau. »

Sinclair Ferguson est pasteur et professeur de théologie systématique aux États-Unis.

Préparer ses prédications en 8h ou


moins?
 Homilétique

 Productivité

Quand l’un de mes podcasts préférés a parlé de ce livre, je me suis empressé de le lire. L’auteur
avance une thèse osée: il est possible d’écrire des sermons fidèles plus rapidement, en 8h ou
moins.

Je me suis méfié du titre (8 heures ou moins: écrire des sermons fidèles plus rapidement) et je
m’attendais à être déçu. Mais j’ai été surpris.

Pour Ryan Huguley, une préparation de 20 ou 30 heures n’est pas forcément synonyme de meilleurs
sermons. Il part du postulat que nous pouvons écrire des sermons qui restent bibliques et solides, mais
peut-être en moins de temps que nous pensons.
Il livre trois clés qui l’aident à écrire des sermons bibliques plus rapidement:

1. Diviser son travail: écrire un peu chaque jour de la semaine. Son idée n’est pas de concentrer
le travail sur un ou deux jours, mais plutôt d’étaler le travail sur toute la semaine.
2. Placer des bornes en ayant des objectifs précis pour chaque jour. Cela permet de savoir
exactement ce que nous avons à faire pour chaque jour.
3. Avoir des échéances en se mettant des deadlines qui aident à avancer. Le fait de se fixer des
limites aide 1) à ne pas passer trop de temps en général sur un aspect et 2) ne pas négliger
certaines parties de la préparation par manque de temps.

En lisant ce titre accrocheur, on pourrait être tenté (cela a été mon cas) de penser que l’auteur promet
une recette miracle en compromettant la qualité et en tordant le but de la prédication. Mais Ryan
Huguley précise qu’un sermon biblique n’est pas:

1. Un simple commentaire de texte


2. Un exposé inspirant à la TED
3. Un discours de développement personnel

Au contraire, un sermon biblique est:

1. Saturé des Écritures


2. Centré sur Christ
3. Contextualisé culturellement
4. Dirigé vers la personne entière: à la tête, au cœur et aux mains
5. Proclamé courageusement

Après avoir posé les bases de sa vision de la prédication, Ryan Huguley développe son cadre de
préparation. Pour chaque jour de la semaine, il définit un objectif précis, qui détermine ce qu’il doit faire
et en combien de temps.

Lundi: construire le cadre


Objectif: écrire un cadre clair et concis pour le sermon en deux heures

Huguley propose six étapes:


1. Prier avec ferveur: nous sommes appelés à une tâche que nous ne pouvons pas accomplir
seuls. La prière est essentielle à notre préparation parce qu’elle reconnait notre dépendance à
Dieu et intercède pour qu’il nous aide. Seul Dieu peut attirer les âmes à lui:
• Pour comprendre le passage
• Pour trouver le centre du texte
• Pour préparer notre cœur
2. Écrire le texte à la main
3. Chercher à comprendre le texte
4. Écrire ses observations et ses questions
5. Lire des commentaires
6. Construire le cadre du sermon
• Trouver l’idée centrale
• Trouver les sous-points du texte
• Rester simple et clair
• Finir de rédiger le plan

Mardi: ouvrir la porte


Objectif: finir le cadre du sermon avec une équipe en une heure

On peut demander de l’aide à d’autres, pas pour déléguer, mais pour nous aider à préparer de meilleurs
sermons avec moins de stress.

Le but des rencontres de préparation:

 Pour s’assurer que nous disons ce que le texte dit


 Pour s’assurer que nos pensées sont cohérentes
 Pour s’assurer que nous savons à qui nous nous adressons
 Pour aller plus vite: de nouvelles idées vont venir d’autres personnes
 Pour écrire de meilleurs sermons
 Pour aider d’autres à préparer

Comment structurer ces rencontres:

 Rassembler les bonnes personnes


o en qui nous avons confiance
o qui connaissent bien l’Église
o qui peuvent se rassembler semaine après semaine
 Être suffisamment prêt: il faut que le sermon soit assez avancé pour travailler dessus
 Passez en revue le cadre préparé
 Accueillez les critiques constructives

Huguley avance trois raisons pour lesquelles nous ne demandons pas d’aide:

 L’orgueil: parce que nous voulons que ce soit notre travail, reçu directement de Dieu
 L’opportunité: parce que nous n’avons personne pour nous aider
 L’ignorance: parce que nous n’y avons pas pensé avant

Mercredi: trouver l’intro


Objectif: écrire en une heure une introduction qui va attirer l’attention de gens

L’introduction permet de fixer l’attention de nos auditeurs. Il présente cinq manières d’avoir une bonne
introduction:

1. La tension: une manière de mettre en tension est de dévoiler le problème que la prédication va
résoudre. La tension se crée par l’espace qui se trouve entre ce qui devrait être et ce qui est.
On peut l’introduire avec « Le problème est que… » On peut se servir de la conclusion pour
montrer comment le texte résout la tension soulevée dans l’introduction.
2. L’humour: à la fois dangereux et puissant, l’humour est à manier avec précaution. Si on n’est
pas naturellement drôle, pas la peine de se forcer. Aussi, le ton du texte informe les outils à
propos.
3. La controverse: la controverse est un bon moyen d’attirer l’attention des gens, pour peu qu’on
tire la controverse du texte.
4. Une histoire: les gens se souviennent plus facilement d’une histoire que des phrases bien
tournées. Nous devrions collectionner les histoires qui peuvent nous servir, mais aussi étudier
ceux qui savent bien raconter les histoires.
5. La confrontation: nous devons parfois confronter les gens et leur dire des choses difficiles à
entendre. Mais Huguley note deux précautions à prendre:
1. Nous ne devrions pas confronter des gens pour qui nous n’avons pas d’affection: « les gens
n’acceptent les mots durs que lorsqu’ils viennent d’un cœur doux. » (74)
2. Nous ne devrions confronter les gens que lorsque nous avons passé suffisamment de temps à
leurs côtés.

Jeudi: faire atterrir l’avion


Objectif: écrire en une heure une conclusion centrée sur Christ

Huguley compare la conclusion du sermon à l’atterrissage d’un avion. Il donne trois exemples d’une
mauvaise conclusion:

 en faisant des tours sans savoir où atterrir


 en atterrissant sans présenter Christ
 en manipulant les émotions des gens

Il souligne ensuite les moyens de bien atterrir:

 en finissant avec clarté: 1) sur ce que Christ a accompli, pour éviter le moralisme, en montrant la
grâce de Dieu en Christ; 2) sur ce que les gens sont appelés à faire; la conclusion est l’endroit crucial
pour rappeler l’application
 en finissant avec douceur: même après un voyage agréable, les gens se souviendront plus de
l’atterrissage difficile
 en finissant au bon moment: nous ne devons pas faire des sermons trop longs

Vendredi: remplir le cadre


Objectif: compléter les notes de la prédication en deux heures ou moins

Les meilleurs sermons:

1. expliquent le texte
2. illustrent le texte
3. appliquent le texte

1) Expliquer le texte avec soin


 en expliquant les mots difficiles du texte, pour éviter que les gens plaquent leur compréhension
sur le texte
 en expliquant le contexte général (histoire) et immédiat (texte)
 en expliquant l’importance de tel ou tel aspect du texte (mot clé, promesse, commandement,
etc.)
 en expliquant les détails qui rendent l’histoire encore plus palpable (surtout dans les sections
narratives)

2) Illustrer le texte avec créativité

 en évitant de se placer en exemple (ou héros) de l’illustration


 en étant certain de ce qu’on veut dire: une illustration éclaircit ou embrouille, il n’y a pas de milieu
 en faisant attention aux références
o pour ne pas perdre ou choquer les gens
o pour ne pas faire apparaitre comme trivial une doctrine importante (ex: l’expiation, la
souveraineté ou la grâce)
 en faisant attention de diversifier nos sources d’inspiration
 en demandant de l’aide aux autres

3) Appliquer le texte avec prière

 en développant le « quoi », en étant clair sur la réponse/l’action: quelle attitude abandonner?


doit-on se repentir?
 en développant le « pourquoi » pour éviter de détacher l’obéissance de l’attitude et transformer
une obéissance joyeuse en légalisme
 en développant le « comment » en donnant aux auditeurs les moyens pour arriver à mettre en
pratique ce que le texte demande

Dimanche: bien finir


Objectif: préparer notre cœur et notre esprit, prier pour la prédication et préparer les notes en une heure

Dernière ligne droite! Il est temps de:

 Préparer notre cœur et notre esprit


 Prier
o que Dieu garde notre bouche
o que Dieu imprègne notre cœur de ce que nous avons à partager
o que Dieu protège le ton avec lequel nous nous exprimons
o que Dieu prépare les cœurs de ceux qui entendront le message
o que Dieu nous donne son onction pour prêcher avec puissance
 Préparer ses notes en les annotant pour mieux les intégrer

Ce que j’ai pensé du livre

Une des grandes forces de ce livre, c’est qu’il est extrêmement pratique. Le but de l’auteur n’est pas de
développer une longue théologie de la prédication, mais bien de présenter une méthode, en étant précis
sur sa manière de faire. Pari réussi.

J’ai aimé l’idée de s’imposer des limites et des échéances. Je le sais: je mets le temps que je prends.
Autrement dit, si je ne m’impose pas certaines limites, le temps que je passe à certaines tâches peut
devenir beaucoup trop long (comme passer du temps sur l’exégèse dans mon cas). S’imposer des
échéances permet également de consacrer du temps à ce qui passe souvent à la trappe (comme la
réflexion sur les applications et les illustrations dans mon cas).

Aussi j’ai aimé l’idée de travailler les prédications en équipe. Je connais des frères qui ont cette
habitude et c’est quelque chose qui commence à peine dans l’Église où je sers. Les anciens lisent le
texte qui sera prêché en notant un plan, une idée centrale et des thèmes qu’ils trouvent important. Nous
discutons ensemble de ce que nous avons trouvé.

Enfin, le livre m’a rappelé l’importance de la prière dans la préparation de la prédication. Je connais
cette importance, mais ma pratique n’est pas encore à la hauteur de l’enjeu.

Bien sûr, le livre présente aussi quelques faiblesses. Par exemple, il me parait assez compliqué de faire
tout ce que Huguley prévoit le lundi en deux heures (exégèse et plan). Aussi, cette méthode semble
assez rigide. Mais c’est ce qui en fait la force: l’auteur montre qu’il est possible de travailler sa
préparation de manière plus intentionnelle. Évidemment, chacun doit trouver ce qui fonctionne pour lui.
La prédication est un art, pas une recette.
Mais, à la fin de la lecture, ce livre m’a encouragé en me donnant quelques pistes concrètes.

Et vous, quelle est LA chose ou LE livre qui a changé votre manière de préparer vos prédications?

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