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M2 JOURNALISME
ANNÉE UNIVERSITAIRE
RAPPORT
2021/2022
DE STAGE
À L'ATTENTION DE PAULINE AMIEL
ET DE STÉPHANE CABROLIÉ
SOMMAIRE
Introduction
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I. Présentation du média
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Conclusion
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INTRODUCTION
Le 1er juillet dernier, je débutais mon stage d'été en presse quotidienne régionale
au sein de Corse-Matin, affectée au bureau de Calvi, en tant que journaliste. Pour
ce stage de première année, mon choix s'est naturellement porté sur cette
rédaction qui, en plus d'offrir un cadre de travail exceptionnel, me permettait de
vivre une expérience journalistique unique tout en me formant au traitement de
l'actualité rurale et locale. La couverture de l'agence calvaise étant vaste - elle
comprend l'ensemble de la Balagne - j'ai été amenée à travailler sur des sujets
dans des grandes villes telles que Calvi ou L'Ile-Rousse mais également dans des
petits villages où les informations utiles et pratiques se veulent d'autant plus
essentielles. Si cette expérience m'a dotée de compétences techniques et
professionnelles, elle a également renforcé mes qualités humaines, notamment en
termes d'entretien d'un réseau de sources sur un territoire insulaire et de travail
en équipe avec mes collègues ou avec la rédaction en cheffe à Ajaccio.
I. PRÉSENTATION DU
MÉDIA
Corse-Matin a été fondé en 1944 dans un contexte d'après guerre. Distribué par
Corse Presse, il est aujourd'hui détenu à 51% par le groupe La Provence et, depuis
2018, à 49% par le Consortium CM Holding qui réunit près de 150 sociétés corses.
En 1999, Roger Antech est nommé PDG de la société Corse Presse. Il est ensuite
promu rédacteur en chef puis directeur de la publication et de la rédaction. Corse
Presse emploie aujourd'hui 200 salariés au total. Le siège social se trouve à
Ajaccio. En 2020, sa diffusion moyenne journalière s'est établie à 26 231
exemplaires. Un chiffre en baisse constante alors qu'il s'élevait à 28 733 en 2019,
à 32 951 en 2016, à 46 677 en 2005. En près de vingt ans, le quotidien a perdu
plus de 20 000 exemplaires. Face à la mutation vers le numérique et suite au
développement des outils en ligne, le groupe lance son site internet en 2009. Une
interface qui a été entièrement revue l'année suivante afin d'offrir aux lecteurs
une nouvelle ergonomie. La rubrique "Le direct" fait également son apparition
pour proposer une actualité en temps réel. En juillet dernier, Corsematin.com a
enregistré en moyenne plus de 13 000 visites sur le site fixe contre plus de 75
000 visites sur l'application pour un nombre total de 2 746 336 visites
mensuelles.
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Les points forts de l'entreprise sont multiples : Corse-Matin est l'unique quotidien
sur ce territoire, les journalistes sont pour la plupart d'origine corse et connaissent
parfaitement les problématiques insulaires, la rédaction en cheffe échangent
énormément avec les équipes et l'intrasite Melody facilite le travail d'édition.
J'ai constaté que trop peu de place était accordé au web. Corse-Matin ne donne
pas de priorité au site puisqu'il reprend essentiellement les articles publiés dans
le journal du jour. Aucun papier web n'est demandé avant l'écriture de celui dédié
au Print. Les faits divers sont les uniques informations que nous avons dû traiter
rapidement sous forme de brève web. Un point faible alors que le virage vers les
nouvelles technologies est inévitable pour les rédactions.
La journaliste qui les avait rédigés n'a pas été prévenue de cette modification. Le
Parisien a notamment relaté sa réaction : « Il ne s'agit pas de modifications
anecdotiques. Force est de constater que cette intervention n'est pas la première
effectuée ces derniers mois. Elle met en cause l'équilibre fragile de neutralité et
d'indépendance que nous, journalistes, nous devons de conserver [...] Tout soupçon
d'inféodation à l'un ou à l'autre de ces interlocuteurs – au-delà de la faute
déontologique qu'il constitue – est une mise en danger physique du signataire de
l'article concerné ». Un choix éditorial que l'ensemble de la rédaction a dénoncé.
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Corse-Matin a été accusé de protéger le clan Ajaccien, d'autant que son PDG en
place à l'époque, Antony Perrino, a toujours assumé ses liens amicaux avec les
membres du "Petit Bar". De vives tensions avaient alors éclatées au sein de la
rédaction. La direction s'était, de son côté, défendue de toute censure. En mars
2019, l'ancien patron annonçait sa démission après avoir été placé en garde à vue
puis en détention provisoire pour des soupçons d'abus de biens sociaux et de
blanchiment des activités illicites de la bande criminelle. "Une affaire interne" qui
a incontestablement entaché et détérioré l'image du quotidien. Plus largement, le
territoire insulaire impose des conditions de travail bien différentes de celles que
connaissent les journalistes installés sur le Continent, pouvant notamment
recevoir des pressions de certains groupes, d'autant plus lorsque la question du
grand banditisme corse est traitée. Depuis, la rédaction en cheffe a été
entièrement renouvelée.
Tous les matins, une conférence de rédaction est organisée en visio à 9h30. La
rédaction en cheffe ainsi que le pôle de l'édition échangent avec les différents
chefs des locales sur les sujets du jour à traiter. A Calvi, Jean-François Pacelli,
journaliste, pilote l'agence. Il est secondé par Serena Dagouassat, également
journaliste. Ils travaillent en binôme sur toute la Balagne avec un photographe
professionnel et indépendant, Olivier Sanchez. Le siège social a installé une
communication permanente avec les agences installées sur le terrain. Un grand
atout pour une rédaction telle que Corse-Matin que j'ai pu apprécié tout au long du
stage. Les différents rédacteurs en chef, qui pouvaient changé selon les jours, ont
manifesté un vrai intérêt pour mon travail et ont pris le temps de m'accompagner.
Chacune des pages locales doivent être rendues et placées "en relecture" avant 17
heures. Les journalistes au sein des différents agences sont libres d'organiser et de
monter leur locale comme ils le souhaitent, tout en prenant compte des publicités
qui leur ont été affectées. Après 18 heures, la rédaction s'occupe essentiellement
de l'actualité dite "chaude" en élaborant les premières pages du journal, que l'on
appelle plus communément "la corinf".
Durant ces deux mois de stage, mes missions ont été multiples : le calage des
reportages, la rédaction d'articles et d'interviews, la recherche de sujets pendant
une période de l'année où l'actualité s'avère plutôt calme, le montage et l'édition
de notre page Calvi, la couverture de conférences de presse et de festivals
balanins ou encore la permanence de faits divers potentiels. Tous les jours, il
fallait monter notre page locale en y insérant les informations sur les transports
(numéros utiles, horaires des liaisons maritimes, aériennes et chemin de fer) ainsi
que les échos pour les informations pratiques. Une expérience professionnelle
enrichissante et plus que formatrice. Entièrement autonome dans mon travail, j'ai
su m'imposer au sein de l'équipe comme une journaliste à part entière. Dans
l'agence calvaise, l'objectif était de traiter avant tout une actualité propre à la
Balagne, de cerner les problématiques rurales qui composent le paysage.
Dès le mois de juillet, nous avons été confrontés à un contexte sanitaire sans
précédent à Calvi et sur toute la Balagne. En effet, deux clusters ont été décelés à
la suite d'événements privés et ont entraîné une multiplication exponentielle du
nombre de cas de Covid-19 en seulement quelques jours. Pendant plus d'une
semaine, nous avons dû gérer la page de la locale mais également rédiger de
nombreux articles pour l'ouverture du journal. Calvi et L'Ile-Rousse ont été les
premières grandes villes françaises à expérimenter le pass sanitaire dans les
restaurants. Un sujet sur lequel j'ai d'ailleurs travaillé plusieurs fois.
Les sujets que j'ai pu couvrir ont été tous bien différents des uns des autres.
Notamment, j'ai suivi les politiques locales menées par la Communauté des
communes de Calvi-Balagne. Mi-juillet, elle présentait ses ambitions écologiques
avec de multiples projets, comme l'installation d'une micro-step dans la vallée du
Giussani. Suite à la publication de mon article, des citoyens habitant cette zone
géographique et souhaitant protéger l'écosystème m'ont directement contactée.
J'ai alors été conviée à une réunion animée par ce collectif de citoyens qui
demandait des réponses sur le projet. Il dénonçait particulièrement le silence des
élus locaux et le manque de transparence des acteurs territoriaux sur le sujet.
Dans un souci du respect du contradictoire, avant de publier ce papier, j'ai
interviewé le président de la Communauté des communes. Ce fut l'un des sujets
les plus sensibles sur lequel j'ai travaillé puisque le collectif soupçonnait une
manœuvre d'ordre privée financée avec de l'argent public.
J'ai également couvert les dernières actions menées par Core in Fronte, célèbre
groupe nationaliste et indépendantiste corse, en Balagne. Tout cela m'a apporté
d'autant plus de rigueur dans ma manière d'écrire, de traiter et de rapporter les
faits.
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Durant ce stage, j'ai rédigé en moyenne entre deux et trois articles par jour, selon
l'actualité journalière et la demande de la rédaction en cheffe. J'ai également
beaucoup contribué au Journal de l'été, le supplément estival, avec la production
de nombreux articles sur le thème de la culture.
III. CORSE-MATIN :
REFLET DE LA PQR
Dès mon arrivée le 1er juillet, j'ai été fortement frappée par l'abandon et
désertion du bureau calvais. Ce grand espace n'est aujourd'hui plus du tout
rentabilisé puisqu'il est occupé par seulement un poste en CDI à temps plein toute
l'année. Auparavant, l'agence était dotée d'un secrétariat et regroupait plusieurs
journalistes. Mais ces derniers, qui ont quitté le quotidien ou qui ont entamé leur
retraite, n'ont jamais été remplacés. Corse-Matin prévoit d'ailleurs de quitter les
locaux dans les prochaines semaines en faveur d'un espace partagé avec la
rédaction Télé Paese, à L'Ile-Rousse. Une décision qui, nous l'imaginons, trouve
principalement son origine dans les problématiques économiques que rencontre
actuellement le quotidien.
"Nous rappelons que 200 emplois difficilement requalifiables sur le marché du travail
insulaire et la vie de 200 familles corses sont en jeu. Nous rappelons également que la
préservation de l'unique quotidien de presse écrite en Corse représente un enjeu
majeur en matière d'accès pluriel à l'information, pour toute une population.
Le maintien de ces emplois et le redressement de cette entreprise et de ce journal sont
parfaitement possibles, dès lors que des dirigeants, en auraient la volonté et les
compétences. Etant entendu que cela ne pourra se faire qu'en concertation avec les
instances représentatives du personnel", pouvait-on lire dans le texte publié dans
Corse-Matin par les représentants syndicaux qui expliquent "être prêts au
dialogue".
Ensuite, qui dit proximité, dit réseau. L'entretien d'un réseau de sources fait partie
intégrante des missions du journaliste. Il est d'autant plus important en presse
quotidienne régionale puisque le territoire à couvrir y est délimité. J'ai notamment
été amenée à échanger avec les mêmes personnes à de nombreuses reprises.
Cultiver et nourrir ses relations avec les différentes sources locales est un travail
de longue haleine. Pour moi, il représente plus de 50% de la mission
journalistique. Sur le sol insulaire, cette notion est d'autant plus particulière que
toutes les familles corses se connaissent entre elles. Et il faut parfois savoir
patienter avant de divulguer une information pour ne pas porter préjudice à notre
source et, de fait, perdre sa confiance. Ce type de dilemme, qui oppose relations
humaines et scoops à tout prix, amène à une réflexion de fond au sujet de la
déontologie journalistique. Si le métier de journaliste est en premier lieu de
relayer l'information, il reste essentiel pour lui de protéger ses sources. C'est
d'ailleurs ce que j'ai pu observer au cours de ce stage où les relations humaines se
sont avérées au coeur de notre savoir-être. Lors de la prise de contact avec des
interlocuteurs ou d'interviews avec des personnalités locales, le "off" est souvent
extrêmement présent. Le manque de réseau a été une difficulté supplémentaire
pour moi. Surtout sur un petit territoire comme celui de la Balagne dans lequel
tout le monde se côtoie, ne m'a pas rendu la tâche facile dans la recherche de
sujets. La connaissance d’un terrain et de ses problématiques, davantage en
presse quotidienne régionale, reste indispensable afin de couvrir efficacement la
zone. Au fil du temps, j'ai finalement réussi à me créer mon propre réseau avec les
différents interlocuteurs qui, parfois, me contactaient directement afin de me
fournir une information.
Ces deux mois de stage en milieu professionnel m'ont donc également permis de
pointer des problématiques qui perdurent dans le journalisme et qui m'ont
conduite à me questionner.
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CONCLUSION
Ce stage m'a permis de cultiver mon intérêt pour le journalisme mais également
pour la presse quotidienne régionale, déjà très présente auparavant. La pluralité
des sujets traités ont été très plaisants et enrichissant dans l'exercice de mes
fonctions et ont ainsi renforcé mon ouverture d'esprit. Les journées sont toutes
différentes des unes des autres et apportent une véritable plus-value à
l'enrichissement professionnel. Corse-Matin est un média que j'apprécie
particulièrement et pour lequel je ne manquerais pas de postuler si un poste
venait à se libérer à l'avenir.
Ces deux mois m'ont permis d'évoluer, de me découvrir en tant que véritable
journaliste en milieu professionnel et d'acquérir des compétences tant
journalistiques que techniques qui, j'en suis certaine, m'aideront à aborder le
marché de l'emploi beaucoup plus sereinement.
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BIBLIOGRAPHIE
Eric Pelletier, « Le quotidien Corse-Matin a-t-il censuré des articles sur un gang
criminel ? », Corse-Matin, octobre 2020, https://www.leparisien.fr/faits-divers/le-
quotidien-corse-matin-a-t-il-censure-des-articles-sur-un-gang-criminel-28-10-
2018-7930257.php
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ANNEXES
Q
Quelques exemples d'articles que j'ai rédigés durant mes deux mois de stage chez Corse-Matin.