494 32e ANNÉE

JUIN 2017

The right woman

HAR MON IE in the right place?
La nomination de Françoise Nyssen au ministère de la Culture nous amène à
nous ressouvenir des ministres qui se sont succédé à ce poste depuis la création
FANFARE de La Lettre du Musicien, fin 1984. Il y en a eu treize, dont plusieurs sont déjà
oubliés, peut-être à tort pour certains.
LES CONNAISSEURS Les plus brillants avaient le “profil”, ayant déjà œuvré dans un

B R A S S BA N D
ou plusieurs domaines culturels. Ce fut le cas, notamment, de Jack Lang (1984-
1986, puis 1991-1992), qui avait été directeur de troupes théâtrales, ou encore
de Frédéric Mitterrand (2009-2012), auteur de films d’opéra et de documen-
taires culturels. Rappelons cependant que Jack Lang accepta sans barguigner de
rattacher les enseignants des conservatoires à la fonction publique territoriale
(avec alignement sur le temps de travail des autres employés municipaux), une
catastrophe si La Lettre du Musicien n’avait pas alerté à temps le milieu musical.
Des orchestres LES INDIFFÉRENTS Ils ont été, hélas, nombreux, soit parce qu’ils ne connaissaient

pas bien leur sujet, soit parce que le “job” ne les intéressait pas. Ce fut notam-
écoresponsables? ment le cas, bizarrement, de Jacques Toubon (1993-1995), grand amateur d’art,
et particulièrement de musique, mais qui avait souhaité un autre ministère.
LES DÉCISIONNAIRES D’autres ont attaché leur nom à une ou deux actions, qu’elles
Enseigner soient positives, comme Jean-Jacques Aillagon (2002-2004) avec la loi favori-
en milieu rural sant le mécénat d’entreprise, ou négatives, comme Catherine Trautmann (1997-
2000) décidant de vendre la salle Pleyel. Elle accepta aussi de fondre la direction
de la Musique avec celles du Théâtre et des Spectacles dans un vaste ensemble
La fin du contrat devenu, par là même, bureaucratique.
LES INEXPÉRIMENTÉS Ils (elles) ont été parfois même nommés sans avoir un profil
de travail culturel particulier, donc pour des raisons autres. Politiques? Pour obéir à l’exi-

à l’initiative gence de parité? Ou, tout simplement, par désintérêt pour la question? Certes,
les budgets se resserrent et les capacités d’action sont limitées. Mais fallait-il
de l’employeur baisser les bras pour autant?
Alors, comment ne pas se réjouir de la nomination de Françoise Nyssen, présidente
des éditions Actes Sud, au poste de ministre de la Culture? Contrairement à cer-
tains de ses prédécesseurs, Mme Nyssen sait ce dont elle parle, car elle a abordé
tous les domaines de la culture (voir A l’affiche). A côté de sa maison d’édition, elle
a créé le centre culturel du Méjan, qui organise concerts, expositions et rencontres
culturelles. Et elle connaît même le ministère pour y avoir travaillé en 1978.
Enfin, Mme Nyssen aborde sa tâche avec humilité. «Je n’ai pas beaucoup de pra-
tique de la chose, a-t-elle déclaré, je demande beaucoup d’indulgence.» 
N°494 – France: 10 € Que dire de plus? Se pourrait-il que Mme Nyssen soit enfin the right woman in
Outre-mer: 13 € – Autres pays: 15 € the right place pour donner son vrai poids à la culture et, pour ce qui nous concerne,
à la musique ? Il n’est pas interdit d’espérer ! Michèle Worms

9 770766 961075 05707

 Éditions 14, rue de l’Échiquier
musicales 75010 Paris - France
Gérard Billaudot Éditeur Maison Tél. (33) 01.47.70.14.46
fondée Fax (33) 01.45.23.22.54
en 1896 www.billaudot.com

Préparez votre rentrée 2017

Vous souhaitez enseigner sur les bases d’une pédagogie efficace, ludique, et à des coûts abordables.
Ces séries répondent à ces critères en couvrant les 3 cycles de formation.

JEAN-MARC ALLERME
Du solfège sur la F.M. 440
8 niveaux en 2 séries : séries lecture/rythmes et chant/audition/analyse
li
livres de l’élève et du professeur pour chaque volume

CHANTAL BOULAY / DO
OULAY MINIQUE MILLET
OMINIQUE
A tempo
9 niveaux en 2 séries : oral et écrit

JEAN-CLÉMENT JOLLET
LLa Musique, tout simplement
8 volumes
li
livres de l’élève et du professeur pour chaque volume

avec bon de commande

AVRIL 2017 pour documentation :
80 titres différents
Cat
a l og ue Catalogue de
formation musicale
musicale Éducation Avril 2017
tion musicale
musicale gratuit sur demande.
Forma

nt
me
se igne e
En riqu
théo Pour toute demande
d’information :
vente@billaudot.com

www.billaudot.com
14 rue Violet, F-75015 Paris
Tél.: 33 (0) 1 56770400
SOMMAIRE
Fax: 33 (0) 1 56770409
info@lalettredumusicien.fr NO 494
www.lalettredumusicien.fr
JUIN 2017
Directrice de la rédaction PREMIÈRE QUINZAINE
Michèle Worms
Rédacteur en chef
Philippe Thanh
redaction@lalettredumusicien.fr
Chef de rubrique – Enquêtes
Antoine Pecqueur ACTUALITÉS
Rédactrice 5 Nouvelles de la quinzaine PAGES 23 À 50
Suzanne Gervais DOSSIER SPÉCIAL
6 La place du financement privé dans
Secrétariat de rédaction/maquette
le secteur de la musique classique
brass band, harmonie et fanfare
Gabriel Lacascade
Ont collaboré à ce numéro
Matthieu Charbey, Frédéric
ENSEMBLES & ORCHESTRES PÉDAGOGIE
Gaussin, Alain Pâris, André
Peyrègne, Clémence Quesnel, 9 Les phalanges orchestrales 52 La notion d’école nationale
Marc Rouvé, Marcel Weiss
sont-elles écoresponsables? a-t-elle encore un sens?
Administration et publicité
Valérie Lahanque 11 La vie des chefs 54 Rencontres, formations
vlahanque@lalettredumusicien.fr
11 Les musiciens de l’Orchestre 55 Concours
Abonnements de l’Opéra de Rouen se familiarisent
abo@lalettredumusicien.fr 56 La finale du Concours de piano
avec les partitions numériques
© La reproduction, même partielle, d’Ile-de-France à Maisons-Laffitte
des articles publiés dans ce numéro est
strictement interdite (L 335-2 et suivants
AGENDAS
du Code de la propriété intellectuelle). CONSERVATOIRES
ISSN: 0766-916X 12 Le festival Chopin à Paris
Commission paritaire n° 1018K83760 57 L’enseignement de la musique
se passionne pour la transmission
Dépôt légal juin 2017
en milieu rural
Editeur: La Lettre du Musicien,
14 Le trio Wanderer fête ses 30 ans
SARL au capital de 8262,74 € 59 La vie des établissements
RC Paris B331173393
16 L’agenda des compositeurs
Co-gérantes: Michèle Worms,
Anne-Cécile Worms 18 L’agenda des interprètes POINT JURIDIQUE
Directeur de la publication: Michèle Worms
Imprimeur: Imprimerie de Champagne 62 Les jurys d’examen peuvent-ils décider
Groupe Graphycom
ZI Les Franchises – 52200 Langres
À L’AFFICHE d’une note d’admission plus élevée
19 Nominations, distinctions, que le seuil minimal fixé par arrêté?
France: 10 €
Outre-mer: 13 € – Autres pays: 15 € disparitions 63 Rupture du contrat de travail
2. A l’initiative de l’employeur
INSTRUMENTS & ÉDITIONS
20 Evénements et nouveautés OFFRES D’EMPLOI
PROCHAINES
PARUTIONS 20 Partitions 65 Recrutements en France
et à l’étranger
n°495 21 Saint-Saëns choyé
19 juin par les éditeurs d’outre-Rhin
n°496 22 Livres
3 juillet
51 Disques
n°497
11 septembre
(saison lyrique)
n°498 Nos comptes rendus de concerts sont à lire sur
2 octobre WWW.LALETTREDUMUSICIEN.FR ONGLET ‘SUR SCÈNE’
(saison des orchestres)

Bulletin d’abonnement page 50 RETROUVEZ LA LETTRE DU MUSICIEN

SUR WWW.LALETTREDUMUSICIEN.FR ET SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
 Les Prix de l’Enseignement Musical 2017 - 4e édition
organisés par la Chambre syndicale des Editeurs de Musique de France

En 2017, la CEMF organise la 4e édition des Prix de l’Enseignement Musical. Ces Prix ont pour objectif
de mettre en lumière les actions des enseignants et des structures qui favorisent la pratique musicale
en France dans le cadre des écoles de musique et des conservatoires.
Le jury composé de Dominique Boutel, Hélène Bouchez, Benoît Duteurtre, Paul Meyer, Xavier Delette
et d’un comité d'éditeurs sélectionnera un lauréat dans chacune des 6 catégories suivantes :

Méthode Répertoire Magasin

Réalisation d’une méthode Réalisation d'une partition de Magasin de musique pour son
instrumentale ou de formation musique instrumentale et/ou implication dans l’enseignement
musicale vocale

Innovation Création musicale Spectacle

Innovation technologique pour Création musicale pour de Spectacle par de jeunes
l’enseignement de la musique jeunes interprètes interprètes

Être candidat
Les candidature sont ouvertes sur le site : www.cemf.fr/lpem
du 30 mars au 15 juillet 2017.

Participez !
Le lauréat de chaque catégorie recevra un trophée et un chèque de 2 500 €. La cérémonie publique
de remise des Prix de l’Enseignement Musical aura lieu le 20 novembre 2017 à la Tour Eiffel à Paris.

www.cemf.fr/lpem

Chambre syndicale des Editeurs de Musique de France (CEMF) - c/o Editions Henry Lemoine - 27 boulevard Beaumarchais 75004 Paris - lpem@cemf.fr
 ACTUALITÉS

Nouvelles de la quinzaine
UN NOUVEAU LABEL POUR L’OPÉRA DE DIJON
Classé “théâtre lyrique d’intérêt national”, l’Opéra de Dijon EN BREF
est le premier bénéficiaire de ce label fraîchement créé par le
ministère de la Culture. Attribué pour cinq ans, le convention- Rencontres nationales De son côté, la Maîtrise du
nement a pour objectif «d’identifier et de promouvoir des struc- Accord majeur La 6e édition Capitole compte 63 jeunes
tures ayant pour objet principal la production et la diffusion de des rencontres par la de 8 à 20 ans.
spectacles lyriques sur le territoire et dont le programme d’ac- plateforme de coordination
des musiques de patrimoine Travaux à l’Opéra de Sydney
tions artistiques et culturelles présente un intérêt général pour
et de création se tiendra à Si la silhouette de l’Opéra
la création, le renouvellement, la valorisation et la démocrati- Aix-en-Provence, au qui domine le port de Sydney
sation de ce répertoire et de ses formes». conservatoire, le 11 juillet. est devenue emblématique
>www.accordmajeur.net de l’Australie, l’acoustique du
À L’OPÉRA DE LYON, LE TRAIN DE VIE lieu est réputée déplorable.
DU DIRECTEUR FAIT DU BRUIT Tchaïkovski, élu par les Y remédier est l’un des
Alors que l’Opéra de Lyon a été distingué par un magazine bri- auditeurs de Radio Classique objectifs de l’importante
tannique (voir Solos), le site Mediacités, partenaire de Mediapart, Le 1er mouvement du campagne (184 millions
a révélé le train de vie de son directeur, Serge Dorny. De nom- Concerto pour piano n°1 de d’euros) de travaux
Tchaïkovski a été plébiscité de rénovation entreprise
breuses notes de frais (2013 à 2015), dont le site a eu copie,
par 60000 auditeurs de dans le bâtiment.
montrent une dépense mensuelle de l’ordre de 8000 euros (res- Radio Classique, parmi une
taurants, hôtels, avions… mais aussi stylos et jusqu’aux pourboires sélection de 50 œuvres ou A Leipzig, une place
distribués). Le personnel demande «davantage de transparence extraits d’œuvres. La radio Kurt-Masur a été inaugurée
dans la gestion des comptes de l’Opéra et la mise en place de musicale avait organisé ces non loin du Gewandhaus où
plafonds de dépenses» et un système de contrôle externe. Serge Elections classiques 2017, le chef d’orchestre, disparu
Dorny s’est justifié en invoquant la nécessité, face à la baisse des en contrepoint de l’élection fin 2015, avait été directeur
subventions publiques, de rechercher du mécénat. Il a souligné présidentielle. musical de 1970 à 1996.
que ses notes de frais ont été approuvées par le commissaire aux
Toulouse: le Capitole en Une nouvelle salle de concert
comptes et par l’Urssaf. L’Opéra, dont le budget se monte à 37 mil-
chiffres Le budget de l’année à Skopje C’est dans la
lions d’euros, est financé à près de 80% par l’argent public (ville: 2016 du théâtre du Capitole capitale de la Macédoine que
18 millions d’euros; Etat: 6 millions; région et métropole: 3 mil- s’est élevé à 21,12 millions voit le jour la première salle
lions chacune), sans compter les aides indirectes de la ville telles d’euros, financé par Toulouse de concert bâtie depuis la
que la mise à disposition de personnels pour 10 millions d’euros. Métropole (79,33%), disparition de la Yougoslavie.
l’Etat (6,71%) et les recettes D’une jauge de 1000 places,
SACEM: UN BILAN 2016 EN HAUSSE propres (13,96%). L’effectif elle aurait coûté 37 millions
La Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique a du théâtre compte d’euros. L’Orchestre
publié ses résultats pour l’exercice 2016. Elle a collecté 1,37 mil- 414 permanents dont philharmonique de
125 musiciens de l’Orchestre Macédoine a assuré le concert
liard d’euros (+ 3,9% par rapport à 2015). Quelque 1,2 milliard
national du Capitole, inaugural, sous la direction
d’euros ont été répartis. L’action culturelle de la Sacem s’est éle- 45 choristes, 35 danseurs. de Vladimir Ashkenazy.
vée à 25,2 millions d’euros en faveur de 1995 projets (accom-
pagnement de carrières artistique, renouvellement des réper-
toires, aide à la diffusion des œuvres, à l’insertion des jeunes ACHETER DES ARTICLES À L’UNITÉ
professionnels…). SUR NOTRE SITE INTERNET
La lecture des articles publiés sur le site
LES MUSICIENS FRANÇAIS APPRÉCIÉS À BOSTON www.lalettredumusicien.fr est réservée à nos abonnés.
Le Boston Early Music Festival, que dirige Kathy Faye depuis Même sans être abonné, vous pouvez désormais
trente ans, accueille volontiers des artistes français. Selon la lire l’intégralité de ces articles “premium”, en les
Fevis, en 2017 s’y produiront les ensembles Correspondances, achetant à l’unité (1 ou 2 euros selon la longueur)
Dialogos, Nevermind ainsi que les clavecinistes Jean Rondeau et ou en souscrivant un pack de 10 euros (qui vous permet
Béatrice Martin, le violoncelliste Christophe Coin… Pour l’édi- de vous procurer des articles pour un montant total
tion 2019 du festival, propositions à envoyer avant mars 2018. de 12 euros, soit 2 euros offerts!).
>kathy@bemf.org Suite page 8 •••

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 5

 ACTUALITÉS
Salles de concerts:
financement privé ou public?
Si, en France, le secteur du spectacle vivant – et en particulier la musique
classique – reste encore largement financé par les fonds publics,
le poids des investisseurs privés y est de plus en plus important.
A
lors que vient d’être inaugurée la Seine musicale, la
salle de spectacle de l’île Seguin construite en partena-
riat public-privé, un autre chantier va bientôt débuter,
celui de la réhabilitation du musée des Arts et Traditions popu-
laires, que la ville de Paris a concédé au groupe LVMH. Celui-
ci compte y déployer une salle de concerts. Assiste-t-on à une
reprise en main de la culture par le secteur privé, sur le modèle
anglo-saxon? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais une chose
est sûre: la tendance s’installe, en prenant des voies distinctes.
DES INVESTISSEURS
QUI VEULENT GAGNER DE L’ARGENT
Si certains investisseurs privés s’intéressent de plus en plus à
la culture, c’est pour des raisons financières. La tâche n’est pas
aisée: selon la dernière étude sur les chiffres clés de la culture,
coordonnée par le statisticien Loup Wolff et publiée par le minis-
tère de la Culture, la rentabilité des entreprises du secteur cultu-
rel est, en moyenne, deux fois moins élevée que dans l’ensemble
de l’économie. Mais cela n’empêche pas certaines success sto-
ries… Et il est intéressant de noter qu’après l’audiovisuel, c’est le
spectacle vivant qui est le secteur économiquement le plus por-
teur dans la culture. Les grands groupes ont particulièrement
investi les salles de spectacle parisiennes: l’Olympia est entre
les mains de Vivendi (Vincent Bolloré), les Folies-Bergère sont
détenues par Arnaud Lagardère, tandis que Fimalac, de l’homme
FINANCEMENT PARTICIPATIF
QUELQUES PROJETS EN COURS
Dans le cadre du PROGRAMME FEST’UP, France Festival
lance une campagne de levée de fonds pour encourager trois
projets numériques portés par des festivals:
Immersion symphonique, une installation sonore et visuelle
conçue par Jacopo Baboni-Schilingi pour le prochain festival
de Besançon (9 au 23 septembre, 12000 euros nécessaires);
Les Litanies de Rocamadour, une vidéo à télécharger
sur smartphone pendant le festival de Rocamadour (5 au
26 août, 20000 euros) pour une visite du village, guidée
par la voix de Poulenc et par ses Litanies à la Vierge noire;
Travelling Music, une application de réalité augmentée
installée sur l’une des lignes de tram lors du festival
des Arts de Bordeaux (5 au 25 octobre, 30000 euros).
Collectes ouvertes jusqu’au 27 juin. >collecte.festup.fr
6 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
d’affaires Marc Ladreit de Lacharrière, a mis la main sur une
centaine de salles dans toute la France, dont la salle Pleyel à
Paris. En augmentant leurs portefeuilles de salles de spectacle,
les groupes comptent réduire les coûts grâce à la mutualisation
des dépenses. En investissant dans la culture, ces entreprises
comptent aussi sur des retours positifs en termes d’image: une
démarche de communication qui peut, en effet, se traduire en
termes financiers. Mais la nouveauté, c’est que si, autrefois, les
opérateurs privés étaient avant tout présents dans les théâtres,
les salles de variétés ou les musées, ils se lancent désormais sur
le terrain de la musique classique. Le calcul économique devient
alors plus compliqué, car les jauges des salles de musique clas-
sique sont plus réduites que celles dévolues aux variétés et, para-
doxalement, il y a en général plus d’artistes sur scène… En somme,
l’enfer pour un opérateur qui cherche à dégager une marge béné-
ficiaire! C’est à cette équation redoutable qu’est confronté STS
(groupement réunissant TF1 et Sodexo), l’opérateur privé de
la Seine musicale, associé dans un partenariat public-privé au
conseil départemental des Hauts-de-Seine. STS, qui refuse de
communiquer son budget artistique, programme des concerts à
la fois dans la grande salle (musiques actuelles, comédies musi-
cales…) et dans l’auditorium (destiné à la musique classique). Le
directeur artistique de STS, Jean-Luc Choplin, doit donc réussir
à programmer des concerts à des coûts relativement faibles: les
prix de cession ne peuvent dépasser les 15000 euros. Un montant
Le chef d’orchestre LEO MARILLIER lance une campagne sur
la plateforme Helloasso pour financer les premiers concerts
de son nouvel ensemble Aletheia (30 jeunes instrumentistes
issus de conservatoires internationaux). 5000 euros sont
recherchés. Jusqu’à début juillet.
>bit.ly/2rz468f
Créé par la Sacem, avec le concours de la plateforme Proarti,
MISE EN ŒUVRES est un dispositif de financement pour la
création musicale. Un troisième appel à projet sera lancé
du 11 septembre au 31 octobre. Les interprètes sont invités
à passer commande à un compositeur: les projets retenus
seront accompagnés par Proarti dans sa campagne de
financement participatif et recevront un soutien de la Sacem
(jusqu’à 5000 euros). >bit.ly/2rzcAfk

Émotions
partagées
Informations :
opera.saint-etienne.fr
04 77 47 83 40
extrêmement réduit pour les orchestres, qui coûtent souvent
plus du double. Mais certaines phalanges peuvent être prêtes
à consentir des efforts afin de jouer dans cette salle et ainsi se
produire à Paris – un marché difficile à pénétrer. Les orchestres
accepteront donc de jouer à perte, en épongeant le déficit avec
les subventions. Pour gagner de l’argent, STS mise aussi sur un
fonctionnement de type “garage” en louant ses salles, comme
pour Carmen donné par un Orchestre philharmonique interna-
tional. Attention alors à ne pas dégrader la marque avec l’accueil
de productions à bas coûts. Le calcul n’est pas aisé, d’autant que
dans cette même salle de la Seine musicale, Insula Orchestra,
l’ensemble de Laurence Equilbey, programme également des
concerts avec les moyens du conseil départemental des Hauts-
de-Seine, qui, lui, ne cherche pas à gagner de l’argent. Dans la
partie publique de la programmation, les concerts sont ache-
tés plusieurs dizaines de milliers d’euros. Une concurrence déli-
cate à gérer…
DES INVESTISSEURS PRÊTS
À PERDRE DE L’ARGENT
Si STS cherche à trouver un modèle rentable, ce n’est pas le cas
d’autres investisseurs privés. Lorsque Bernard Arnault décide
de lancer la réhabilitation du musée des Arts et Traditions
populaires, il ne cherche pas directement un retour sur inves-
tissement. Son porte-parole nous explique même que ce projet
ne bénéficiera pas des avantages de défiscalisation du mécénat,
car l’intégralité de l’enveloppe mécénat a déjà été prise par la
Fondation Vuitton. Le projet du musée des Arts et Traditions
LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 7
ACTUALITÉS
SAISON
2017-18
populaires est donc directement financé par LVMH. Quel est
alors le but de l’opération? Les arts sont une passion de longue
date de Bernard Arnault. Outre l’art moderne et contempo-
rain, le patron de LVMH est aussi mélomane, il joue lui-même
du piano et sa femme, Hélène Mercier, est pianiste profession-
nelle. Il souhaitait dès lors posséder une salle de concert (la
Fondation Vuitton compte déjà un auditorium, mais trop petit
pour accueillir un orchestre). La culture comme danseuse du
président? Vu les résultats du groupe, ce dernier peut se per-
mettre d’investir à perte dans la culture. Le privé a alors plus de
latitudes que le public, de plus en plus confronté à des baisses
de moyens, même si le nouveau président de la République
Emmanuel Macron a promis, lors de la campagne électorale,
de sanctuariser le budget du ministère de la Culture.
Du côté de LVMH, on nous explique que la programmation de
la future salle (qui devrait ouvrir ses portes en 2020) ne sera
pas celle d’une saison régulière de concerts, mais se concen-
trera sur des événements. Les orchestres les plus prestigieux
devraient être invités dans ce futur écrin, situé au cœur du
Bois de Boulogne, à côté de la Fondation Vuitton. L’été, la salle
devrait accueillir des Prom’s à la française, d’autant que la salle
pourra s’ouvrir sur l’extérieur et proposer ainsi des concerts
en plein air. Face à une telle débauche de moyens, les pou-
voirs publics, confrontés à des caisses de plus en plus vides, ne
peuvent plus rivaliser. La politique culturelle publique est-elle
en train d’être reprise en main par le privé? Pendant la cam-
pagne électorale, l’équipe culture de La France insoumise avait
été la seule à souligner ce risque.
 ACTUALITÉS
Suite de la page 5
AU BRÉSIL, LA CRISE ATTEINT LES MUSICIENS
Après l’euphorie des Jeux olympiques, le Brésil s’est enfoncé
dans une crise économique qui n’épargne pas le secteur cultu-
rel. Ainsi le Theatro São Pedro, qui fête son centenaire cette
année, a licencié les deux tiers des musiciens de son orchestre,
qui n’étaient plus payés depuis plusieurs mois. De son côté, une
formation majeure comme l’Orchestre symphonique du Brésil
est au bord de la faillite et ne paie plus ses musiciens depuis
six mois. Des artistes de l’Opéra de Rio sont, eux, à la rue et
contraints de vivre d’expédients.
VENEZUELA: GUSTAVO DUDAMEL S’EXPRIME
Le directeur musical de l’Orchestre Simon-Bolivar, la phalange
vedette d’El Sistema, a longtemps été silencieux sur la crise poli-
tique qui sévit dans son pays. Une réserve qui lui a d’ailleurs
été reprochée par des musiciens plus engagés, comme la pia-
niste Gabriela Montero. Le 3 mai, Armando Canizales, 18 ans,
altiste dans l’une des formations d’El Sistema, a été tué par la
police lors d’une manifestation. Gustavo Dudamel a aussitôt
condamné la violence et la répression, demandant au gouver-
nement «d’écouter la voix du peuple vénézuélien».
PROCHAINES PARUTIONS
n°495: 19 juin — n°496: 3 juillet
n°497: 11 septembre — n°498: 2 octobre
8 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
DU PRIVÉ AVEC UNE PROGRAMMATION
PUBLIQUE
Autre cas de figure: le projet de la Scala de Paris. Située sur le bou-
levard de Strasbourg, non loin de la gare de l’Est, cette salle a connu
une histoire pour le moins mouvementée. Construite à la fin du
19e siècle, elle était à l’origine un pastiche de la Scala de Milan:
mêmes loges, même plan à l’italienne… Mais on y donnait sur-
tout de l’opérette et du cabaret. Dans les années 1930, la salle est
transformée en cinéma, qui deviendra, dans les années 1970, un
cinéma pornographique: un multiplexe du X! Les membres d’une
secte brésilienne rachètent ensuite le lieu, mais Bertrand Delanoë,
alors maire de Paris, parvient à les déloger. De par sa situation et
son potentiel, la salle attire naturellement la convoitise des inves-
tisseurs privés. C’est finalement l’entrepreneur culturel Frédéric
Biessy qui achète la salle pour 4,5 millions d’euros avec sa femme,
Mélanie Biessy, associée gérante d’une société de capital-investis-
sements. Actuellement en pleins travaux, la Scala devrait rouvrir
ses portes dans un an. La programmation sera alors celle d’une
salle publique, mais avec de l’argent privé! Un sacré pari que pré-
tend réaliser le couple Biessy grâce, en particulier, au mécénat.
Sont ainsi prévus des spectacles avec Isabelle Huppert, Jan Fabre,
Roméo Castellucci ou encore les sœurs Labèque. La musique
contemporaine devrait y être largement représentée (le conseil-
ler musique de la Scala est le compositeur Rodolphe Bruneau-
Boulmier, également producteur à France Musique). Le défi n’est
pas mince, mais salutaire à l’heure où tant de producteurs privi-
légient des choix artistiques commerciaux.
En région, les opérateurs privés sont moins nombreux à se
lancer sur le terrain de la culture subventionnée. Les clivages
sont encore bien marqués, mais jusqu’à quand? Et à l’étranger,
on voit des situations contradictoires: aux Etats-Unis, c’est la
philanthropie qui finance largement la culture (mais avec des
aides fiscales indirectes de l’Etat) alors que, dans les pays nor-
diques, la culture est, avant tout, affaire de l’Etat. La situation
actuelle en France est finalement en osmose avec la dynamique
voulue par Emmanuel Macron, ni de droite ni de gauche, où
des modèles distincts, contradictoires même, cohabitent. D’où
des tensions inévitables: on le voit notamment avec la distinc-
tion entre musiques actuelles et musiques savantes, réunies au
sein du controversé Centre national de la musique. Le finance-
ment de ces deux secteurs connaît aujourd’hui quelques polé-
miques, notamment autour des crédits d’impôts, qui concernent
les deux secteurs et que certains verraient bien remplacer les
subventions publiques. L’opposition privé-public a encore de
beaux jours devant elle. 1 Antoine Pecqueur
LE DICO FOU DE L’ACTUALITÉ
BEETHOVEN Sa Neuvième (symphonie) a été récupérée
par la Cinquième (République).
BRASS BAND Brasse des vents.
EN “En (avant) marche” transforme un genre musical
en un parti politique.
ENTONNER Débuter dans le chant.
FANFARE Mine de cuivres.
1 André Peyrègne
 ENSEMBLES & ORCHESTRES
Vers une pratique musicale
écoresponsable?
Instruments utilisant des bois rares, comportements des musiciens,
bilan carbone des tournées… à l’heure de la transition écologique,
qu’en est-il des pratiques des phalanges orchestrales?
A
u départ, il y a l’instrument. Bois rares, ivoire… la fac-
ture instrumentale a toujours été gourmande en maté-
riaux précieux et désormais protégés. Les essences
rares, prisées par les luthiers et facteurs d’instruments anciens
et modernes, sont nombreuses: palissandre, acajou, pernam-
bouc, certains cèdres, pour n’en citer que quelques-unes.
Autant d’essences dont le commerce est rendu bien plus com-
pliqué par la nouvelle loi entrée en vigueur en 2017 (voir LM486
et LM489). Un accord international, la Convention sur le com-
merce international des espèces de faune et de flore sauvages
menacées d’extinction (Cites), a été ratifié par 175 pays dont
la France. Si l’accord n’implique pas les objets manufacturés,
il touche nécessairement la lutherie qui doit se fournir en bois
brut. Outre les essences végétales, ce sont aussi les matières
issues des animaux, comme l’ivoire ou certains cuirs et écailles,
qui sont concernées par cet accord*. Les ensembles jouant sur
instruments originaux (ou copies d’instruments anciens) sont
directement visés. A noter que, très souvent, les facteurs d’ins-
truments anciens sont aussi musiciens et sont donc impliqués
à la fois comme fabricants et comme interprètes.
PRÉSERVER LE SON OU LA NATURE?
Luxe esthétique ou propriété acoustique incontournable de ces
matières? La lutherie pourrait-elle s’accommoder d’essences
non protégées? Difficile de faire abstraction d’un savoir-faire et
de techniques millénaires en la matière. Si l’ivoire est un simple
ornement dont on peut se passer sur des violes de gambe ou
des luths, le choix entre le palissandre ou l’érable implique des
propriétés acoustiques et des modes de construction dont il est
plus difficile de faire table rase. Facteurs et musiciens devront,
La Matinale de Saskia de Ville
du lundi au vendredi 7h-9h
Retrouvez la chronique Culture éco d’Antoine Pecqueur chaque jour à 8h10
LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 9
en attendant, se conformer à ces nouvelles règles qui imposent
un parcours administratif fastidieux. L’objectif louable de la
protection de la biodiversité a eu un impact inattendu sur le
secteur de la musique qui n’était évidemment pas le premier
visé par les organisations internationales. La Cites poursuit
avant tout les industries peu soucieuses de l’écologie, comme
celles de l’ameublement et de la construction qui détruisent
bien davantage les forêts que la lutherie. Mais la question est
désormais posée pour nombre de facteurs d’instruments, et
donc pour les musiciens d’orchestres et d’ensembles: quel sera
le bois de demain?
LES BONNES PRATIQUES ÉCOLOGIQUES
Tri, transports, achat responsable, le citoyen est sommé de
modifier ses comportements dans la vie de tous les jours afin de
relever le défi de la transition écologique. Qu’en est-il du musi-
cien d’orchestre et d’ensemble? En répétition ou en concert,
quelques habitudes sont en train de changer, avec l’aide des
équipes de production des phalanges ainsi que celle des lieux
qui accueillent les formations (salles de spectacle, festivals…).
Les repas servis aux musiciens des ensembles et des orchestres
sont en ligne de mire. Pour les scènes les plus engagées en
la matière, finis les verres en plastique généralement utilisés
une seule fois. En Belgique, menacée par la hausse du niveau
de la mer, la Flandre a adopté des gestes quotidiens qui font
la différence. Le Concertgebouw de Bruges, où se produisent
nombre d’ensembles français, propose, par exemple, une bou-
teille d’eau avec le nom du musicien inscrit dessus afin d’évi-
ter trop de gâchis de matière plastique. Dans le même but, la
salle ne propose pas des gobelets jetables, mais de vrais verres
en partenariat avec
francemusique.fr
www.lalettredumusicien.fr
 ENSEMBLES & ORCHESTRES

Bilan carbone des ensembles spécialisés:

le point de vue de la Fevis
Déléguée générale de la Fédération des ensembles vocaux en plastique. Il faut aussi noter que, dans
et instrumentaux spécialisés, Marie Hédin fait le lien les ensembles, les équipes de communi-
entre travail des ensembles et impact écologique. cation ont réduit considérablement l’im-
pression de documents papier pour pri-
Quel est aujourd’hui le bilan carbone nomique. L’Institut français est un parte- vilégier l’e-mailing. Le quatuor Debussy
des ensembles spécialisés? naire important pour aider à développer imprime, lui, sur du papier provenant de
Il est impossible de calculer exactement une tournée. Une scène, comme le 4AD forêts replantées.
l’empreinte énergétique des ensembles. de Dixmude en Belgique, n’invite d’ail- Et qu’en est-il des instruments
Pour autant, cela ne doit pas nous empê- leurs que des ensembles déjà en tournée à eux-mêmes?
cher de travailler sur le sujet. Au cours des proximité, dans un souci de responsabilité Les musiciens jouant sur les instruments
trois dernières années, les ensembles spé- environnementale. Il y a aussi une réflexion anciens sont confrontés à la directive Cites.
cialisés se sont déplacés dans 52 pays. La à mener sur les hôtels, en privilégiant des C’est une protection légitime, mais qu’il
mobilité est une réalité, c’est aussi une partenaires qui ont une démarche écolo- convient d’adapter à notre secteur. Plu-
importante dépense énergétique. En gique, en termes de chauffage ou de linge sieurs étapes ont déjà été franchies. Non
Europe, il existe des alternatives à l’avion, à laver. sans mal, certains pays ayant mis en avant
mais lorsqu’il s’agit de jouer en Asie ou Quelle est la position des artistes? le caractère commercial de l’instrument
aux Etats-Unis, le transport aérien s’im- Les musiciens des ensembles sont en de musique puisqu’il sert à donner des
pose. La question que l’on doit se poser, général sensibles à ces questions, déjà concerts payants…
c’est pour combien de représentations on à titre personnel. Ce n’est pas forcé- De manière globale, sur la question de la
effectue ce déplacement. Il est dommage ment le cas dans d’autres secteurs, où responsabilité écologique, nous préférons
d’aller à l’autre bout du monde pour trois les lieux, salles de spectacle comme fes- privilégier une forme de pudeur plutôt que
concerts seulement. tivals, doivent parfois batailler pour que d’afficher l’écologie comme un argument
La raison est à la fois écologique et éco- les musiciens n’utilisent pas de bouteilles de marketing. 1 AP

“à l’ancienne”. En France, certains festivals misent de plus en OBLIGATION CONTRACTUELLE

plus sur de la vaisselle en matière recyclable et des couverts Ces bonnes pratiques sont d’ailleurs encouragées par les
en bois pour les repas des musiciens. Ils défendent aussi les conventions entre les formations et les partenaires publics.
circuits courts pour l’alimentation. Cet été aura même lieu Les Directions régionales des affaires culturelles ont désor-
la première édition d’un éco-festival au château de Crussol, mais intégré, dans les conventions annuelles passées avec les
à Saint-Péray (Ardèche). Au menu: concerts, mais aussi ate- ensembles, orchestres et scènes, une clause concernant le déve-
liers sur l’écologie, stands de produits du terroir et forums de loppement durable. On déplorera qu’elle ne se réduise souvent
discussion… qu’à un alinéa dans le paragraphe “autres engagements” et qu’il
ne s’agisse pas d’une clause en bonne et due forme. Ainsi, tout
signataire d’une convention avec la Drac doit normalement
«entrer dans un développement respectueux des bonnes pra-
MIEUX SE CONNAÎTRE POUR MIEUX
tiques envers l’environnement afin de préserver l’énergie et
PARTAGER AVEC SON PUBLIC les ressources naturelles, de sensibiliser les parties prenantes
des associations aux questions écologiques et de les mobili-
ser sur des pratiques innovantes». Mais la mise en œuvre de
cette clause est laissée au bon vouloir des équipes qui veulent
Pascal Le Corre
bien l’appliquer et qui y sont sensibles, comme trop souvent
en matière d’écologie où l’incitatif prévaut sur le prohibitif.
LE MUSICIEN 16 € On pourrait attendre beaucoup plus des pouvoirs publics en
& LA CONNAISSANCE matière d’obligation des associations subventionnées, à com-
DE SOI (120 pages
Apprendre, exprimer, partager frais de port inclus) mencer par une sensibilisation et une formation des équipes
de production et des musiciens.

EDITIONS
Pour commander: reportez-vous au bulletin d’abonnement
en page 50 ou rendez-vous sur notre boutique en ligne
boutique.lalettredumusicien.fr
L’EMPREINTE CARBONE DE LA MUSIQUE
On pense rarement que le secteur artistique puisse être consi-
déré comme une activité polluante. Et pourtant, en matière de
bilan carbone, les tournées sont loin d’être exemplaires. Avec
le déplacement fréquent d’orchestres symphoniques entiers,
la musique est une source importante de pollution. Transports

10 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE


aériens, tours en bus, hôtels… les tournées sont une source de
pollution souvent peu maîtrisée. Les orchestres veulent à tout
prix tourner pour s’assurer une visibilité internationale, mais
à quel prix? Quel est l’impact écologique du déplacement de
l’Orchestre philharmonique de Radio France en Chine, de l’Or-
chestre national de Lyon aux Etats-Unis ou encore de celui de
l’Opéra de Lyon à Oman? Seul ce dernier pourrait, à la limite,
se justifier, en raison de l’absence de phalanges symphoniques
professionnelles dans ce pays. Mais la Chine comme les Etats-
Unis, eux, n’en manquent pas. Le rayonnement d’un orchestre
doit-il se faire au détriment du bon sens écologique, qui sup-
pose de développer en priorité les ressources locales?
L’argument de la qualité artistique prime généralement sur
celui de la rationalité écologique. Les circuits courts ont-
ils aussi un avenir dans le domaine musical et pas simple-
ment agroalimentaire? «Protectionniste!», s’écrieraient cer-
tains. «Responsable», diraient d’autres. On peut en tout cas
se demander si l’excellence d’un orchestre doit toujours se
mesurer au nombre de ses tournées internationales. La capta-
tion audiovisuelle pourra aussi répondre, en partie, à la soif de
découverte du mélomane.
En pleine recomposition du paysage politique, un Grenelle de
l’environnement et des arts pourrait utilement rassembler les
nouveaux ministres, Nicolas Hulot et Françoise Nyssen, tous
deux issus de la société civile. Mais surtout, l’évolution doit se
faire à l’échelle européenne. L’agenda 2030 de l’Union euro-
péenne affirme d’ailleurs: «Pas de développement durable sans
culture». L’inverse est aussi vrai… 1 Antoine Pecqueur
* Un récent arrêté limite les effets de l’interdiction du commerce de l’ivoire
pour les instruments de musique (voir p.20).
LA VIE DES CHEFS
> SERGE BAUDO est à l’honneur du concert de l’orchestre
symphonique de l’Opéra de Toulon, le 11 juin à 17h,
qui fête les 90 ans du chef français. Au programme,
des pages de Bizet, Fauré, Haydn, Honegger, Poulenc
et Saint-Saëns, dirigées par Maxime Tortelier et Bernard
Tétu. Serge Baudo dirigera, lui, la création de son
Hommage à Rimbaud, avec la soprano Michèle Command.
> MIKKO FRANCK, 38 ans, a prolongé son contrat
de directeur musical de l’Orchestre philharmonique
de Radio France. Le chef finlandais restera jusqu’en 2022
à la tête de la phalange qu’il dirige depuis 2015.
> SOFI JEANNIN, 40 ans, a été désignée pour diriger
les BBC Singers à partir de juillet 2018. Elle succédera
à David Hills. Actuellement directrice musicale
de la maîtrise (depuis 2008) et du chœur de Radio France,
la chef de chœur suédoise ne conservera que la direction
de la maîtrise à compter de 2018.
> HUGH WOLFF, 64 ans, a été nommé directeur musical
de l’Orchestre national de Belgique où il prendra
ses fonctions en septembre. Le chef américain succède
ainsi à Andrey Boreyko, en fonction depuis 2012.
LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 11
ENSEMBLES & ORCHESTRES
A Rouen, des partitions
numériques dans la fosse
En septembre, pendant une semaine
de répétitions et un concert, les musiciens
de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen ont délaissé
le papier pour se familiariser avec le logiciel
de partitions numériques mis au point
par la start-up Newzik.
L’expérience avait lieu dans le cadre de l’édition 2016 du
festival Normandie impressionniste, dont l’un des thèmes
était Musique et numérique. «La création de la Sonate de
Vinteuil, composée par quatre étudiants du conservatoire,
nous a permis de mettre en place une première collabo-
ration avec Newzik, qui avait besoin de tester son lecteur
de partitions au sein d’un orchestre», explique Benjamin
Guyant, directeur adjoint de la coordination artistique à
l’Opéra de Rouen.
Entre curiosité et appréhension
L’équipe de la start-up a donc pris ses quartiers à l’Opéra,
pendant la semaine de répétitions qui précédait le concert
du 15 septembre. «Il a fallu transmettre les fichiers de
toutes les partitions scannées en amont, explique Morgane
Lescuyer, responsable de la bibliothèque. Les maisons
d’édition ne proposent pas encore de version numérique
de leurs partitions.» Au sein de l’orchestre, la curiosité
règne. «Certains d’entre nous utilisent des tablettes en
cours, explique Baptiste Arcaix, bassoniste, mais jamais
en orchestre. Nous avions quelques appréhensions…» La
bibliothécaire raconte qu’un jeu de partitions de secours,
sur papier, avait été prévu en cas de dysfonctionnement:
«Une solution de secours qu’il ne faut pas négliger lorsque
l’on utilise des outils dépendants de l’électricité!»
Un outil pertinent pour la musique contemporaine
Luminosité trop forte, reflets sur l’écran, taille de la tablette
par rapport aux partitions… L’équipe de Newzik, très réac-
tive, a noté les doléances des musiciens et a, depuis, per-
fectionné son outil. «La pédale Bluetooth pour tourner
les pages est très pratique, explique Baptiste Arcaix. En
revanche, nous avions toujours le réflexe de chercher le
crayon sur le pupitre!» La possibilité de synchroniser les
appareils a plu aux musiciens: les annotations du chef
de rang apparaissent sur toutes les partitions. «Cet outil
est formidable pour la musique contemporaine, explique
Baptiste Arcaix. Le compositeur, présent dans la salle,
peut modifier et corriger en temps réel. En revanche, je
suis plus sceptique pour des répertoires tels que l’opéra
où nous avons l’habitude de travailler avec des partitions
en grand format…»
Pour Morgane Lescuyer, l’utilisation de partitions numé-
riques représentera, à terme, un gain de temps considérable.
«Il y a tout un travail à mener auprès des maisons d’édition,
qui ne semblent pas encore prêtes à prendre le virage numé-
rique», nuance-t-elle. 1 Suzanne Gervais
 AGENDAS
Au festival Chopin à Paris,
piano rime avec transmission
Le 34e festival Chopin à Paris investit l’Orangerie de Bagatelle,
du 17 juin au 14 juillet. “Passion et transmission”, tel est le thème
de cette édition qui verra six pianistes se produire avec un de leurs élèves.
Marie-Catherine Girod partagera ainsi un récital. Entretien.
Quelles sont vos relations avec le festival?
J’y ai joué pour la première fois lors de la deuxième édition:
il n’y avait alors pas de véritable scène et nous jouions dans
un coin de l’Orangerie. Le public est vite venu en nombre aux
concerts: le choix des thèmes est toujours pointu et audacieux,
ce qui donne des programmations très stimulantes pour les
artistes. On pourrait se dire «un festival Chopin, cela a été fait
et refait», mais pas du tout: les éclairages sont chaque année
différents et on ne s’ennuie jamais. La Société Chopin, organisa-
trice de la manifestation, fait par ailleurs totalement confiance
aux choix des interprètes.
La transmission, voilà un thème
cher aux musiciens…
Elle est au cœur de notre métier, que l’on soit pédagogue,
bien sûr, mais aussi concertiste. La transmission est difficile:
je cherche, avec mes étudiants de l’Ecole normale, à faire naître
un processus d’éveil et de curiosité. Je ne conçois pas l’attitude
de l’enseignant comme celle d’une figure autoritaire qui impo-
serait ses idées. Il faut amener l’élève à se poser les bonnes ques-
tions. Tout notre art est de transmettre un style auquel nous
croyons, tout en respectant les choix de l’élève. Du moment
qu’il respecte le texte, bien entendu.
Pouvez-vous nous présenter l’étudiant
avec qui vous partagerez la scène?
Sheng Wang est un pianiste chinois de 25 ans à la technique
impressionnante, qui travaille avec moi depuis 2011. Nous
avons tout de suite développé une complicité en termes de style
et de répertoire: les romantiques et le 20e siècle, avec notam-
ment Chopin et Prokofiev, que nous interpréterons à Bagatelle.
VOS CONCERTS EN LIGNE SUR LE SITE DE LA LETTRE DU MUSICIEN
Vous pouvez désormais annoncer vous-mêmes vos concerts sur notre site internet www.lalettredumusicien.fr
(page d’accueil >onglet Agenda concerts).
Après validation par nos soins, votre annonce reste en ligne jusqu’au jour du concert.
12 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
Il jouera avant moi et je serai, comme à chaque fois qu’un de
mes élèves se produit, paralysée par le trac… Ce doit être une
réaction d’enseignant! La confiance est essentielle entre le pro-
fesseur et l’élève, que nous devons pousser à s’exprimer. Se pro-
duire au cours du même récital est unique.
Jusqu’à quel point un professeur transmet-il
à son élève?
Enseigner requiert une part de psychologie: il faut se faire une
idée claire de l’étudiant, pour l’aiguiller vers le répertoire qui
lui conviendra. Notre mission est là. Je sais que Sheng Wang
sera un très beau pianiste romantique. Faire carrière en tant
que concertiste est de plus en plus difficile, surtout quand on
n’a pas la chance de gagner un concours renommé. Aujourd’hui,
on demande aux pianistes de couvrir un répertoire immense, ce
qui est périlleux. Le festival Chopin encourage les jeunes pia-
nistes, notamment avec le concert de jeunes solistes. Un profes-
seur reste toujours attentif à la carrière d’un étudiant brillant.
1 Propos recueillis par Suzanne Gervais
Six concerts permettront d’entendre des pianistes
reconnus avec leurs élèves:
Anne Queffélec et Clément Lefebvre le 19 juin;
Marie-Catherine Girod et Sheng Wang le 27;
Abdel Rahman El Bacha et Camille El Bacha le 29;
Dominique Merlet et David Salmon le 6 juillet;
Jean-Marc Luisada et Alexandra Matvievskaya le 11;
Laurent Cabasso avec Slava Guerchovitch le 12.
Sept jeunes pianistes se succéderont sur scène le 18 juin lors
du concert “Jeunes solistes”. A l’affiche également: Guillaume
Coppola, Jean-Paul Gasparian, Iddo Bar-Shaï, Marie-Ange
Nguci, Ingmar Lazar… En tout, 15 concerts. >0145002219
 AGENDAS
lettre du musicien 2017_Mise en page 1 05/05/17 11:49 Page1

9 JUIN, 20H, et 10 JUIN, 18H. Carmina Burana

chanté par PARIS CHORAL SOCIETY à la Cathédrale américaine.
Infos/billetterie: www.parischoralsociety.org

ÎLE-DE-FRANCE

MANIFESTE À PARIS
Le festival de musique contemporaine célèbre les 40 ans de l’Ircam
et du Centre Pompidou jusqu’au 1er juillet, dans plusieurs lieux de la Un partenaire important
capitale. Des créations sont à l’affiche de la Cité de la musique: Her-
mès V de Philippe Schoeller et Namenlosen de Julia Blondeau par
du secteur culturel
l’Ensemble intercontemporain (9 juin), puis l’opéra de Chaya Czer-
nowin, Infinite Now, par la soprano Karen Vourc’h, cinq instrumen- La SPEDIDAM a participé en 2016 au financement de 40 000 projets
tistes et quatre comédiens (le 14). L’ensemble Cairn interprétera culturels (concerts, festivals, théâtre, théâtre musical, danse, etc).

Campo-santo de Jérôme Combier au Centquatre et l’Orchestre phil-
harmonique de Radio France jouera des pages d’Alberto Posadas,
Claude Vivier et Jonathan Harvey… Le compositeur Philippe Manou-
ry donnera, en outre, une conférence intitulée “Temps et musique”
au Collège de France. >0144781240
La SPEDIDAM met tout en œuvre pour garantir aux artistes-interprètes de
toutes catégories la part des droits à rémunération qu’ils doivent percevoir
dans le domaine sonore comme dans le domaine audiovisuel.
La SPEDIDAM répartit des droits à 100 000 artistes dont plus de 35 000
sont ses associés.

FESTIVAL DE PARIS
Ce nouveau festival, créé par Michel Reiser, organise cinq concerts
dans différents lieux de la capitale du 9 au 29 juin: la soprano Patri-
cia Petibon interprétera des mélodies de Fauré, Satie, Poulenc et
Rosenthal avec la pianiste Susan Manoff, au premier étage de la tour
Eiffel; le pianiste David Fray jouera Chopin, Schumann et Brahms à
la mairie du 4e arrondissement; la soprano Regula Mühlemann et la Société de Perception et de Distribution des Droits des Artistes-Interprètes
SPEDIDAM 16 rue Amélie 75007 PARIS - Tel +33 (0)1 44 18 58 58 - www.spedidam.fr
pianiste Ullrich Koella s’installeront au musée de la Vie romantique
(9e) pour interpréter Strauss, Debussy et Ravel; Les Accents se pro-
duiront à Saint-Eustache (1er) et Les Cris de Paris au Petit Palais (8e).
>lefestival. paris

PREMIÈRE ÉDITION DU PARIS CLAVECIN FESTIVAL

Mieux faire connaître l’instrument, telle est l’ambition de ce festi-
val, dont la première édition aura lieu au musée de la Musique (19e)
et à la Sorbonne (5e), du 23 au 25 juin. Parrain de la manifestation,
Pierre Hantaï jouera des pièces de Bach (le 23) et donnera une classe
de maître publique (le 24). On entendra aussi les récitals de Justin
Taylor (le 24) et de Lillian Gordis (concert commenté, le 25), ainsi
qu’un concert de l’ensemble Stylus Fantasticus (Pablo Valetti, violon,
Friederike Heumann, viole de gambe, Dirk Börner, clavecin), le 24.
>www.parisclavecinfestival.com
EXPOSITIONS
TINTAMARRE! Le musée de Giverny s’intéresse aux
instruments de musique dans la peinture impressionniste.
Cette exposition réunit des toiles de Manet, Degas, Renoir,
Morisot ou encore Toulouse-Lautrec représentant fanfares,
cirques, cabarets, opéras, orchestres ou concerts de salon.
Jusqu’au 2 juillet. >0232519465
RÉGIONS
FLÂNERIES MUSICALES DE REIMS
Une cinquantaine de concerts sont à l’affiche du festival champe-
nois, du 22 juin au 12 juillet, associant baroque et contemporain. Les
“concerts débuts” permettront d’entendre de jeunes interprètes
tels que la violoncelliste Anastasia Kobekina, le violoniste Kerson
Leong ou les pianistes Christia Husziy et Nathalia Milstein. A ne pas
manquer: l’Orchestre des Pays de Savoie (dir. Nicolas Chalvin) et le
pianiste Jean-Philippe Collard (directeur artistique de la manifes-
tation) dans Strauss, Mozart et Haydn; le violoniste Laurent Korcia
et l’accordéoniste Elodie Soulard dans des danses de Bartok, Albe-
niz, Piazzolla, Falla; ou encore le contre-ténor Philippe Jaroussky
avec le Concert de La Loge dans des pages de Telemann et Bach.
Les grands domaines champenois accueilleront les traditionnels
“concerts-promenade”. >0326367800
FÊTES BAROQUES EN GIRONDE

MOZART, UNE PASSION FRANÇAISE Au palais Garnier,
une exposition témoigne des relations qui unissent Mozart
à la France, de son premier séjour parisien en 1763-1764
à aujourd’hui (il reste le compositeur le plus joué à l’Opéra
de Paris). A voir, manuscrits inédits et correspondance,
partitions d’époque et documents du 19e siècle ayant
appartenu, entre autres, à la cantatrice Pauline Viardot.
Du 22 juin au 24 septembre. >0153793747
Le festival fondé par Xavier Julien-Laferrière, qui associe musique
et dégustations de grands crus, fête ses 15 ans à Bordeaux et dans
les domaines vinicoles des alentours, du 28 juin au 22 juillet. Coup
d’envoi de ces Festes baroques en terre des Graves et du Sauter-
nais avec un récital du claveciniste Jean Rondeau à la Villa 88, puis
l’ensemble néerlandais Les Esprits animaux dans un programme
consacré à Telemann au château de Carbonnieux. Les Surprises
de Louis-Noël Bestion de Camboulas interpréteront des pages
de Couperin, Clérambault et Brossard à la collégiale d’Uzeste. On

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 13

 AGENDAS

entendra aussi l’ensemble Orféo au château Latour-Martillac ou FESTIVAL ESTIVAL DE TOULON

encore le Jeune Orchestre de l’abbaye, sous la baguette de William
Christie à l’église Saint-Paul. >0768248624
RENCONTRES MUSICALES D’EVIAN
Le romantisme allemand est à l’honneur du 1er au 9 juillet: le qua-
tuor Modigliani et le pianiste Nicholas Angelich, puis le trio Karénine
joueront Schumann. Les œuvres de Brahms occupent également
le haut de l’affiche, interprétées par le violoncelliste Henri Demar-
quette et le pianiste Jean-Frédéric Neuburger, le violoniste Chad
Hoopes, le violoncelliste Pablo Ferrandez et la pianiste Sophie Paci-
ni, le trio Con Brio et le corniste Antoine Dreyfuss; les Modigliani
interpréteront le Sextuor n°1 avec Gérard Caussé et Lynn Harrell.
Mendelssohn est également au programme avec l’Orchestre des
Pays de Savoie et le violoniste Ray Chen et le pianiste Evgeny Kissin.
En tout, 17 concerts. >0450713955
FESTIVAL DE L’ABBAYE DE SAINT-RIQUIER
Non loin de la baie de Somme, le festival placé sous la direction
artistique d’Hervé Niquet, se déroule du 4 au 9 juillet. Le Concert
Spirituel interprétera des pages religieuses de Plantade, Cherubi-
ni, Berlioz, Charpentier et Benevolo. L’Orchestre de Picardie joue-
ra Mendelssohn, aux côtés du chœur de la Radio flamande, et La
Clique des Lunaisiens donnera son spectacle “Polichinelle invisible
chez le Roi de la Chine”. Au programme aussi, des grands motets
de Lalande par les Pages et les Chantres du Centre de musique
baroque de Versailles et des Cantates de Bach par Le Banquet
céleste. >0322999625
Du 4 au 22 juillet, dix concerts sont à l’affiche de la manifestation
varoise. Monteverdi est à l’honneur à la collégiale Saint-Pierre avec
un Couronnement de Poppée interprété par l’ensemble Matheus
(dir. Jean-Christophe Spinosi), la soprano Emilie Rose-Bry et le
contre-ténor David Lee. L’ensemble donnera aussi un concert asso-
ciant des pages du compositeur italien à des chants traditionnels
méditerranéens. Egalement à l’affiche, le quatuor Zahir, le quin-
tette Ad Libitum, le trio Les Esprits, le pianiste Adam Laloum, le
violoniste Laurent Korcia… >0494935545
EN ARDÈCHE, DES CORDES EN BALLADE
Le mélange des styles est une nouvelle fois le mot d’ordre du fes-
tival piloté par le quatuor Debussy: un programme intitulé “Entre
Orient et Occident” réunira les quatre musiciens, le violiste Jasser
Haj Youssef et le percussionniste Antoine Morineau. Le quatuor
interprétera également Les Sept Dernières Paroles du Christ en croix
de Haydn avec le slameur Mehdi Krüger. Le quatuor Cheng joue-
ra, quant à lui, des pages de Landowski, Mozart et de la musique
traditionnelle taïwanaise. Les “Matinales du violoncelle” permet-
tront d’entendre Jean-Paul Dessy et Alain Brunier. Du 4 au 16 juil-
let >0472078453
FESTIVAL INTERNATIONAL DE COLMAR
Du 5 au 14 juillet, la 29e édition du festival alsacien rend hom-
mage à Michel Plasson et à la musique française. Le chef dirige-
ra l’Orchestre national philharmonique de Russie dans plusieurs
programmes: Dutilleux et Ravel avec le pianiste François-René
Duchable, Bizet, Poulenc et Chabrier et La Damnation de Faust
de Berlioz avec Sophie Koch, Marc Laho, Nicolas Courjal et Julien

Les Wanderer, trente ans à cheminer en trio

Voilà trois décennies que le violoniste Jean-Marc Phillips, des pages contemporaines au Festival
le violoncelliste Raphaël Pidoux et le pianiste Vincent Coq sillonnent d’Auvers-sur-Oise: le trio de Thierry
le paysage musical. Ce dernier raconte l’histoire de la formation Escaich* créé en 2003, mais aussi Philippe
et ses projets. Hersant, Bruno Mantovani… Lors de la
prochaine édition, le 16 juin, nous crée-
Comment le trio est-il né? imposés aux concours, mais nous avons rons le trio de Jean-Frédéric Neuburger.
La naissance du trio Wanderer n’était toujours été très ouverts en termes d’es- Où pourra-t-on vous entendre, cet été?
absolument pas préméditée! Nous nous thétiques: nous jouons actuellement Nous célébrerons les 30 ans du trio sur
sommes rencontrés au Conservatoire une trentaine de trios par an. Jean-Marc la route des festivals! Après Auvers,
de Paris. Nos professeurs organisaient est fou de musique slave – notre dernier nous jouerons Chostakovitch et
un stage dans le sud de la France et disque, paru chez Harmonia Mundi en Rachmaninov avec le quatuor Danel aux
nous étions invités à venir jouer en trio, janvier, est d’ailleurs consacré à Dvorak Musicaves de Poncey, les 1er et 2 juillet,
Raphaël Pidoux, Guillaume Sutre et – Raphaël aime tout particulièrement le puis Beethoven, Escaich et Brahms lors
moi. L’expérience nous a beaucoup plu: Trio de Ravel et je suis un incondition- de Musique en Grésivaudan, en Isère.
pourquoi ne pas continuer? Nous avons nel des viennois: Schubert, Beethoven Nous serons également au festival des
ensuite intégré la classe de musique de et Brahms. Forêts, à Compiègne, le 9, à Colmar
chambre de Jean-Claude Pennetier, puis Et la musique contemporaine? le 13, au prieuré de Chirens le 22, au
nous sommes partis aux Etats-Unis, à Nous nous y intéressons beaucoup, Festival international de Baalbeck, au
l’université de Babington. Guillaume sans pour autant enchaîner les créa- Liban, le 30. En août, retour en France
Sutre a quitté le trio en 1995 et Jean- tions. Nous préférons prendre le temps pour une série de concerts à La Roque-
Marc Phillips nous a alors rejoints. de jouer plusieurs fois une œuvre pour d’Anthéron. 1 SG
Votre répertoire est très large… la faire entrer dans notre répertoire,
* Le trio de Thierry Escaich, Lettres mêlées,
Au début, notre répertoire s’est à l’instar de toutes les pièces que nous était une commande du Grand Prix Lycéen
construit en fonction des programmes jouons. Nous interprétons régulièrement des Compositeurs.

14 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 AGENDAS

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 15

 AGENDAS

Véronèse. Vladimir Spivakov, directeur artistique du festival, diri-

gera la même phalange dans Saint-Saëns et Massenet avec la vio-
loncelliste Danielle Akta. Sept concerts de musique de chambre
sont également à l’affiche: on entendra le quatuor Arod, le trio
Wanderer, le violoniste Renaud Capuçon et la pianiste Hélène Mer-

Les cier… Les neufs jeunes chanteurs de l’Académie internationale de

flâneries
musique française, dirigée par Michel Plasson, interpréteront des
airs de Bizet, Gounod, Duparc, Messager et Offenbach. En tout,

musicales
19 concerts. >0389206897

D’AUJOURD’HUI À DEMAIN EN BOURGOGNE

de Reims La musique contemporaine s’installera à Cluny du 8 au 12 juillet.

Cinq concerts sont au programme: l’ensemble Aleph interpréte-
ra des pages de Kagel, Webern, Zimmermann, Bonilauri, Berg…
Le pianiste Pierre-Laurent Aymard donnera un récital consacré à
Messiaen, Stroppa, Boulez et Lachenmann. On pourra assister à la
création d’une transcription des Kindertotenlieder de Mahler par
Quentin Lafarge interprétée par le contre-ténor Guillem Terrail, le
festival
Licences : 2-1080519 (LT2) / 3-144986 (LT3) • www.monsieurthibault.com + byarno

22.06 ••• 12.07 L’AGENDA DES COMPOSITEURS

concert pique-nique
22.07 F E S T I VA L
de CIMIEZ
> ANTHONY GIRARD: Belle Rose de mai pour chœur à voix

2017 égales et orgue, par la Maîtrise de Notre-Dame de Paris,

le 13 juin.
> PHILIPPE HERSANT: Kafka dans les villes par l’ensemble
Sequenza 93, à Aix-en-Provence le 17 juin, Bagneux le 22,
Les Flâneries Musicales sont disponibles sur :

WWW.FLANERIESREIMS.COM
Compiègne le 1er juillet; Dreamtime par l’Orchestre
F E S T I VA L
de CIMIEZ
de Picardie, à Compiègne le 22 juin; Chants du Sud par
Elsa Grether, violon, à Lacroix-Saint-Ouen le 30; Tenebrae
l hebdo
’
vendredi
par Karine Lethiec, alto, et Aude Giuliano, accordéon, à
du

F E S T I VA L Montauroux (83) le 8 juillet; Ephémères (extraits) par Leon

CIMIEZ
McCawley, piano, à Redon le 9; Cinq miniatures et Les
de
F E S T I VA L
de CIMIEZ e
Clo i tr e du Mo n ast e re de Cim iez Nic e Ombres de Giverny par l’ensemble Helios, à Vieux-Moulin
F E S T I VA L
le 11; création par Vincent Lhermet, accordéon, et Marianne
de CIMIEZ

EDITION
Muller, viole, au Plessis-Brion le 12.

DU 19 JUILLET > PHILIPPE LEROUX: Ma belle, si tu voulais par Marc

AU 12 AOUT
Mauillon, baryton, à Versailles, le 18 juin et le 8 juillet;
Postlude à l’épais par l’ensemble Ecce à Auvillar (82),
2017 le 29 juin; Ma belle, si tu voulais par La Main harmonique
à La Romieu (32), le 21 juillet; De l’imitation par le quatuor
C lo i t r e d u Mo n aste r e d e Ci mi ez Ni ce de saxophones Quasar à Victoria (Canada), le 24 août;
Cloi tClo
r eitdrue dMo naste Postlude à l’épais par l’ensemble Voix nouvelles à
u Mo n ast erre
e d edCim
e CiiezmNice
i ez Ni c e
Royaumont, le 8 septembre; Dense… Englouti pour piano
par Claudia Chan à Royaumont, le 10.
DU 19 JUILLET AU 12 Cloitre
AOUTdu Monastere de Cimiez Nice
DU 19 JUILLET AU 12 AOUT
2017 > GÉRARD PESSON: La lumière n’a pas de bras pour nous
DU 19 JUILLET
2017AU 12 AOUT porter par Jean-Luc Plouvier, piano, à Nanterre le 10 juin;
2017 DU 19 JUILLET
Wunderblock (Nebenstück II) par l’Orchestre symphonique
ORCHESTRE AU 12 AOUT de Cologne le 18.
RECITAL 2017
MUSIQUE DE CHAMBRE
D ir ect io n a rt ist iq u e O liv ie r Ga r do n
CRÉATION SUR GRANDS IMMEUBLES
Le compositeur Pierre Sauvageot a imaginé un “dialogue entre
un immeuble et un orchestre symphonique”: Grand Ensemble
sera créé par l’Orchestre de chambre de Paris, qui investira
ORCHEST
ORCH RE
E STRE
RECITAL un immeuble de la place d’Aligre (11e arrondissement), les 6
RE
MUSIQUE DE CHAMBRE
CITAL
MUSIQUE
D ir ect ion art istDE CH AMB
ique Olivier RE
Gar d on et 7 juillet à 19 et 21h. Les musiciens réitéreront l’expérience
D i r ect i o n a rt i st i q ue Oli v i e r Ga r d o n
en Belgique, lors du Festival des arts transdisciplinaires de
Genk (23 et 24 septembre).
ORCHE ST R E
RENSEIGNEMENTS & RESERVATIONS
WWW.CONCERTS-CIMIEZ.COM R E C I TA L A Marseille, c’est l’Orchestre régional Avignon-Provence qui
MU S I QU E DE CHA M BR E interprétera la partition dans l’immeuble Negresko (8e arron-
D i r ect i o n a rt i st i q u e O l i v i e r Ga r d o n
dissement), les 7 et 8 octobre.

O RC H ESTR E
R E C I TA L
MU S—
16 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 I QUE
PREMIÈREDE CH A M BRE
QUINZAINE
D ir ect ion a rt isti q u e Ol i vi er Gardo n
 AGENDAS

clarinettiste Dominique Clément, l’accordéoniste Anthony Millet

et la contrebassiste Margot Cache. >0385935820

CAP FERRET MUSIC FESTIVAL

La septième édition du festival réunira, du 8 au 15 juillet, quelque
40 musiciens sur la presqu’île de Lège-Cap Ferret. Pour l’ouver-
ture, l’Ensemble orchestral de Bordeaux et le trompettiste Vladis-
lav Lavrik donneront un “concert pyrotechnique”. A l’affiche éga-
lement: le duo de flûtes traversières Alma, la soprano Alexandra
Marcellier et la pianiste France Desneulin, le violoncelliste Robert
Witt et la pianiste Clorinda Perfetto… Les “concerts révélations”
permettront d’entendre un cortège de jeunes talents, tels que l’ac-
cordéoniste Basha Slavinka, le pianiste Gaeum Song, les sopranos
Anna Neufeld et Lisa Ziehm… >0556038409

CHORÉGIES D’ORANGE
Edition de transition pour les Chorégies: Raymond Duffaut, qui
était à la tête du festival depuis 1981, a passé le relais à Jean-Louis
Grinda. Mais la programmation 2017 (du 8 juillet au 5 août) porte
encore sa marque. Deux opéras de Verdi sont à l’affiche: Rigolet-
to avec Léo Nucci, Nadine Siera, Celso Albelo et l’Orchestre phil-
harmonique de Radio France (dir. Mikko Franck) dans une mise en
scène de Charles Roubaud, puis Aïda avec Sondra Radvanovsky,
Anita Rachvelishvili et Marcelo Alvarez aux côtés de l’Orchestre
national de France (dir. Paolo Arrivabeni), mise en scène de Paul-
Emile Fourny. Les deux orchestres donneront chacun un concert
symphonique (Beethoven pour le Philharmonique, Holst pour le
National). A noter aussi: les récitals des barytons Bryn Terfel et
Florian Sempey. >0490342424
Réservations: +33 (0)4 42 50 51 15
FESTIVAL DE SYLVANÈS
Musique sacrée et musique du monde seront au rendez-vous du
9 juillet au 27 août pour fêter les 40 ans du Festival de l’abbaye
de Sylvanès, sous la houlette de Michel Wolkowitsky, son direc-
teur artistique: polyphonies géorgiennes par l’ensemble Mara-
ni, chants sacrés de l’Adriatique par les ensembles Dialogos et
Kantaduri, des œuvres de compositeurs du Languedoc (Boni, Cam-
pra, Bouzignac…) par le Concerto Soave et le chœur de chambre
Les Eléments, ou encore Les Musiciens de Saint-Julien, l’ensemble
Canticum Novum, Le Baroque nomade, le trio Guarracino… A ne
pas manquer: Les Solistes de Lyon (dir. Bernard Têtu) interpréte-
ront l’oratorio Rebecca de Franck. >0565982022

FESTIVAL RADIO FRANCE OCCITANIE MONTPELLIER

Intitulée “Révolution(s)”, la prochaine édition du festival de Radio
France à Montpellier se déroulera du 10 au 28 juillet. L’Orchestre
national de Montpellier (dir. Jader Bignamini) interprétera Les Puri-
tains de Bellini en version de concert avec la mezzo-soprano Karine
Deshayes. L’Orchestre national des jeunes de Catalogne jouera la
Symphonie n°3 de Mahler et les Chœurs de l’Armée rouge don-
neront un programme de chants révolutionnaires et populaires
russes. On entendra aussi le Chœur de la radio lettone et les qua-
tuors Mettis et Akhtamar. >0467020201

RENCONTRES MUSICALES DE NOYERS

Une quinzaine d’interprètes se retrouvent à Noyers-sur-Serein,
dans l’Yonne, du 10 au 30 juillet, pour une série de concerts de
musique de chambre. On entendra le violoncelliste Gary Hoff-
man et le pianiste Jeremy Menuhin dans Beethoven, Debussy et
Fauré, le violoniste Olivier Charlier, le pianiste Emmanuel Strosser
et le corniste André Cazalet dans Koechlin et Brahms, la soprano
Ingrid Perruche et la pianiste Julie Perruche dans des mélodies de

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 17

 AGENDAS
Hahn, Gounod, Poulenc, Hervé… Le quatuor de saxophones Mor-
phing, l’ensemble Musique oblique, le New Musette Jazz Quartet
de Richard Galliano et la pianiste Anne Quéffelec sont également
à l’affiche. >0386826606
FESTIVAL DE SAINTES
Bach et ses contemporains sont à l’honneur à l’abbaye aux Dames,
du 14 au 22 juillet. Le ténor Reinoud Van Mechelen interprétera et
dirigera des airs de Clérambault, Marais, Gervais, Rameau… Vox
Luminis donnera un programme intitulé “La dynastie Bach, 100 ans
de motets”, Les Arts florissants interpréteront Le Reniement de
saint Pierre de Charpentier et l’ensemble Doulce Mémoire (dir. Denis
Raisin-Dadre) interprétera des chants du 16e siècle. A l’affiche éga-
lement, Les Ambassadeurs (dir. Alexis Kossenko), Voces Suaves,
le claveciniste Benjamin Alard… Dirigé par Philippe Herreweghe,
le Jeune Orchestre de l’abbaye interprétera la Symphonie n°2 de
Tchaïkovski. >0546974848
FESTIVAL DE CHAILLOL
Trente concerts ponctueront la 21e édition du festival, à Chaillol,
Gap et dans les communes voisines, du 18 juillet au 12 août. L’en-
semble De Caelis (dir. Laurence Brisset) interprétera des œuvres
de Hildegarde de Bingen et de Zad Moultaka, l’ensemble de gui-
tares CBarré et la soprano Imel Brahim-Djelloul joueront Falla, Gar-
cia Lorca, Ohana et Urquiza. La violoncelliste Noémi Boutin et la
pianiste Marie Vermeulin créeront Fluctuations de Lior Navok et
interpréteront les Papillons de Kaija Saariaho. La clarinettiste Eva
Villegas et l’organiste Brice Montagnoux donneront un programme
français: Escaich, Debussy, Vierne et Saint-Saëns.
>www.festivaldechaillol.com
LES MOMENTS MUSICAUX DU TARN
Les animaux, tel est le thème de la 9e édition du festival, qui aura
lieu à Rabastens, du 20 au 23 juillet. A l’affiche: l’ensemble Gus-
tave (violon, alto, violoncelle, piano), le trio Metral, l’ensemble à
vent Antarès, la violoniste Eléonore Darmon, la clarinettiste Sabri-
na Moulaï, la flûtiste Hélène Dusserre, la soprano Marie-Laure Gar-
nier… Ils interpréteront Pierre et le Loup de Prokofiev, L’Histoire de
Babar de Poulenc, des mélodies animalières de Caplet, Chabrier et
Satie, une version chambriste du Carnaval des animaux de Saint-
Saëns, L’Insectarium de Jean Françaix, Ma mère l’Oye de Ravel
pour piano à quatre mains ou encore un concert intitulé “Fables de
la Fontaine” restituant le bestiaire du moraliste avec des pièces de
divers compositeurs (Rameau, Debussy, Hersant, Grieg, Bartok…).
>0686850317
Françoise Tillard
MUSICIENNE 16 €
& CITOYENNE (112 pages
Réflexions sur le métier de musicien
et sur l’enseignement de la musique
frais de port inclus)
EDITIONS
Pour commander: reportez-vous au bulletin d’abonnement
en page 50 ou rendez-vous sur notre boutique en ligne
boutique.lalettredumusicien.fr
18 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
L’AGENDA DES INTERPRÈTES
> PASCAL AMOYEL, piano, donne un récital
avec la violoncelliste Emmanuelle Bertrand
à Chevry-sous-le-Bignon (45) le 10 juin. Il reprend ensuite
son spectacle “Le pianiste aux 50 doigts” à Auvers-sur-
Oise le 11, puis joue à Enghien-les-Bains le 24.
> FANNY AZZURO, piano, est en tournée en Corée (Séoul,
Seongnam) du 7 au 11 juin, puis jouera avec le SpiriTango
Quartet à Sully-sur-Loire le 18, avant de donner un récital
à Genève le 20. En juillet, elle jouera à Bruxelles le 1er,
Tournon le 8, Vollore le 13…
> JEAN-LOUIS BEAUMADIER, piccolo, sera en tournée au
Costa Rica du 3 au 7 juillet, avec Véronique Poltz, piano. Ils
joueront ensuite à Cabris le 16 (Mozart, avec Lucile Pessey,
soprano, et Ventzislava Choykova, violon) et le 18 (concert
“Back to Bach”), puis à Marseille le 27, Gréoux-les-Bains
le 1er août, Sainte-Croix-du-Verdon le 3, Thoard le 5,
Saint-Vincent-sur-Jabron le 6 et Riez le 7. Le 20 juillet,
ils participeront à la Fête de la flûte à Saint-Vallier-de-Thiey,
le 23 ils seront à Bussy-le-Grand (“Piccolo passion”).
> JEAN-PATRICE BROSSE, orgue, donnera un programme
sur l’orgue français du Moyen Age à la Révolution,
à Caen le 20 juin, la Clavierübung de Bach (partie 3)
à Saint-Bertrand-de-Comminges le 19 août, puis un concert
intitulé “300 ans d’orgue français concertant”
avec l’Académie Sainte-Cécile, à Habloville, le 17 septembre.
Au clavecin, il donnera un récital dans l’abbaye de Pontlevoy
le 23 juillet (“Le clavecin, une passion française”).
> GAUTIER CAPUÇON, violoncelle, joue le Concerto
de Dvorak à Cologne le 9 juin, Tallinn le 12, Riga le 13,
Vilnius le 14, Katowice (Pologne) le 15 avec l’orchestre de la
SWR, puis à Shanghai le 24 avec l’Orchestre symphonique
de Shanghai, à Pékin avec l’Orchestre philharmonique
de Chine le 30 et à Guangzhou le 2 juillet avec le
Philharmonique de cette ville. Il interprétera ensuite le Trio
de Ravel avec Renaud Capuçon, violon, et Frank Braley,
piano, à Pronstorff (Allemagne) le 5 et Rellingen le 6.
> SANDRINE CHATRON, harpe, joue Berg et Mahler avec
l’Orchestre philharmonique des Pays-Bas à Amsterdam
le 10 juin, puis se produit au Festival d’Alborough le 29.
Elle donnera ensuite un récital dans le cadre du
13e Congrès mondial de la harpe à Hong Kong le 9 juillet.
> JUSTIN TAYLOR, clavecin, se produit avec Salomé
Gasselin, viole, à Bruxelles le 18 juin, puis donne un récital
à Paris, Sorbonne, le 24. Il sera ensuite avec Eva Zaïcik,
soprano, à Saint-Michel-en-Thiérache le 25 (Montéclair,
Clérambault, Campra, Purcell, Haendel…) et donnera des
récitals à Bruxelles le 1er juillet et Hardelot le 4.
> LE QUATUOR DIOTIMA interprète des œuvres d’Ashley
Fure, Mauro Lanza, Toshio Hosokawa et Alberto Posadas
à Paris, Centre Pompidou, le 7 juin, puis participe à des
ateliers avec de jeunes musiciens au Centquatre à Paris
du 19 au 30. Il joue ensuite à Lockenhaus (Autriche)
du 5 au 8 juillet, puis à Tel-Aviv le 10 (Bitume de Gérard
Pesson, pages de Poppe et Nono), Rendsburg (Allemagne)
le 17, au Boucard le 22 (Schubert, Beethoven, Berg),
au Monêtier-les-Bains avec Pacal Contet, accordéon,
le 26 (Murail, Bedrossian, Ravel) et à Ohrid (Macédoine)
le 29 (Schubert, Ravel, Berg).

NOMINATIONS
FRANÇOISE NYSSEN, 65 ans, a été nommée ministre
de la Culture, de la Communication et de l’Audiovisuel le 17 mai,
dans le gouvernement d’Edouard Philippe. Elle succède à
Audrey Azoulay. Jusqu’alors présidente des éditions Actes Sud,
Françoise Nyssen est née en Belgique, près de Bruxelles.
De formation scientifique (biologie, puis urbanisme), elle rejoint
bien vite la maison d’édition fondée par son père Hubert
Nyssen à Arles. Elle y a édité de grands romanciers futurs prix
Nobel, aussi bien que des polars à succès, sans négliger pour
autant – une activité bien moins rentable – la coédition avec
la revue Classica de biographies de compositeurs classiques
(dont le récent Fauré de notre collaborateur et ami Jacques
Bonnaure). L’éducation ne lui est pas non plus étrangère,
puisqu’elle a ouvert une école pour enfants précoces.
PIERRE BROUCHOUD a été nommé directeur général
de l’Orchestre de Picardie, poste où il remplacera,
le 1er septembre prochain, Rose Lowry qui aura passé
plus de vingt-trois ans à la tête de cette phalange.
Musicien de formation, il a été directeur de Musique sacrée
à Notre-Dame de Paris (2012-2016), après avoir travaillé
à la Cité de la musique puis au Conservatoire de Paris.
AVIEL CAHN, 43 ans, a été nommé directeur général
du Grand-Théâtre de Genève. Il succédera à Tobias Richter
dont le mandat expire à la fin de la saison 2018-2019.
Aviel Cahn est actuellement à la tête de l’Opéra de Flandres
(depuis 2009).
ALAIN LOISEAU, 62 ans, a été nommé délégué à la musique
au ministère de la Culture. Jusqu’ici chef du service de
l’inspection de la Création artistique, il avait auparavant été
secrétaire général puis directeur général de l’Orchestre de Paris
(2003-2009). Il succède à Marc-Olivier Dupin
qui avait démissionné en février dernier.
BENJAMIN PIONNIER, 39 ans, a été confirmé dans ses fonctions
de directeur de l’Opéra de Tours et de l’Orchestre symphonique
région Centre-Val de Loire, dont il assurait l’intérim
depuis le départ de son prédécesseur Jean-Yves Ossonce.
FEVIS: NOUVEAU BUREAU
La Fédération des ensembles vocaux et instrumentaux
spécialisés a élu son nouveau bureau le 27 avril:
Jacques Toubon, président; Jean-Louis Gavatorta (Orchestre
des Champs-Elysées), vice-président; Enrique Thérain
(Les Siècles), trésorier; Muriel Batier (Les Arts florissants),
Sandrine Piq (Percussions-Claviers de Lyon), membres.
MOUVEMENTS
L’agence Associés en communication/Imagine
(William Chatrier et Pierre Collet) est en charge des
relations presse nationale et internationale du festival
Ravel dont la première édition se déroulera
du 27 août au 17 septembre. Cette manifestation
est née du rapprochement entre le festival
Musique en côte basque et l’académie Maurice-Ravel.
LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 19
À L’AFFICHE
ON EN PARLE
La star du clavier Lang Lang a inauguré sa statue de cire
au musée Grévin, à l’occasion d’une visite à Paris où il a
notamment présenté sa méthode de piano (édition Henry
Lemoine) chez Paul-Beuscher.
Le chorégraphe Benjamin Millepied s’apprête à tourner
une comédie musicale inspirée de la Carmen de Bizet, un
film dont la musique sera composée par Nicholas Britell.
La vie de Steve Jobs, le fondateur d’Apple, va être mise
en scène en juillet prochain par l’Opéra de Santa Fe
(Arizona) qui a commandé The (R)evolution of Steve
Jobs au compositeur Mason Bates.
Autre opéra sur un sujet contemporain, celui de Scott
Stroman sur Arsenal, le club de football londonien.
Intitulé Fever Pitch comme le roman dont il s’inspire,
il sera donné à Londres en septembre prochain.
DISTINCTIONS
ACADÉMIE DES BEAUX-ARTS
Quatre nouveaux membres ont été élus le 17 mai,
parmi lesquels deux compositeurs:
Bruno Mantovani, 42 ans, au fauteuil précédemment occupé
par Jean Prodromidès;
Régis Campo, 48 ans, au fauteuil précédemment occupé
par Charles Chaynes.
Composée de huit membres, la section de composition
musicale compte aussi Gilbert Amy, Edith Canat de Chizy,
Thierry Escaich, Michaël Levinas, François-Bernard Mâche
et Laurent Petitgirard.
INTERNATIONAL OPERA AWARDS
Ces prix sont attribués chaque année par le magazine
britannique Opera. Pour 2017, parmi les nombreux prix
attribués, ont été distingués:
Philippe Jordan, directeur musical de l’Opéra de Paris,
meilleur chef d’orchestre;
l’Opéra de Lyon, meilleure maison d’opéra.
DISPARITIONS
Agnes Giebel, soprano allemande, le 24 avril à Cologne,
à l’âge de 95 ans. Elle a consacré toute sa carrière à l’oratorio,
sans jamais se produire dans un opéra.
Francis Travis, chef d’orchestre suisse, le 28 avril
à l’âge de 95 ans. Né à Detroit (Michigan), élève puis assistant
d’Hermann Scherchen, il avait fait carrière essentiellement
en Suisse, en Allemagne et au Japon.
Natalia Chakhovskaya, violoncelliste russe, le 20 mai à Moscou,
à l’âge de 81 ans. Elève de Rostropovitch, premier prix du
concours Tchaïkovski, elle avait enseigné au Conservatoire
de Moscou de 1974 à 1995, puis à l’école de musique
Reine-Sofia à Madrid. Parmi ses nombreux élèves,
on compte notamment la Française Sonia Wieder-Atherton.
 INSTRUMENTS & ÉDITIONS

LES STRADIVARIUS DÉTRÔNÉS?

NOUVEAUTÉS & ÉVÉNEMENTS
Casio à la rencontre des conservatoires
Le fabricant japonais de pianos numériques Casio organise
chaque année une classe de maître animée par un pianiste
renommé. Après Benjamin Grosvenor en 2016,
c’était au tour de Wilhem Latchoumia. Entretien.
Pourquoi avoir accepté de devenir ambassadeur Casio?
J’ai toujours été passionné par la facture de mon instrument.
La dimension technique est fascinante: je joue par exemple du
piano jouet, un modèle proche du célesta inventé à la fin du
19e siècle et utilisé par John Cage ou George Crumb dans les
années 1960. Pour perfectionner ses pianos numériques, Casio
a noué un partenariat avec le fabriquant allemand Bechstein:
c’est une collaboration pianistique qui m’a séduit.
Que pensez-vous de ces instruments?
J’ai été très agréablement surpris par la finesse du toucher et
la qualité de la mécanique. Depuis vingt ans, les progrès sont
considérables. Ces pianos reproduisent les trois modes de jeux,
inspirés des grandes marques de piano. Le toucher peut ainsi
être plus ou moins lourd: une technologie de pointe. Un pia-
no numérique reste un instrument de travail, mais il est plein
de ressources: il est silencieux, léger et de plus en plus proche
de l’instrument acoustique.
Casio organisait une classe de maître…
Les professionnels sont encore sceptiques vis-à-vis de ces
pianos. Casio se déplace donc, depuis deux ans, dans plusieurs
CRR avec ses nouveaux modèles, pour permettre aux ensei-
gnants et aux élèves de les essayer. Des auditions étaient orga-
nisées et une dizaine de pianistes en fin d’études ont été sélec-
tionnés pour participer à une classe de maître, qui a eu lieu
le 18 mars à Paris. Ils ont pu travailler avec moi sur un piano
Bechstein. Il s’agit de promotion, certes, mais avec une dimen-
sion pédagogique séduisante! 1 SG
Et si les Stradivarius n’étaient plus les rois des violons?
L’acousticienne Claudia Fritz, le luthier américain Joseph Curtin
et l’ingénieur en cordes Fan-Chia Tao se sont posé la question
et ont organisé des matchs musicaux, destinés à départager,
à l’aveugle, les instruments modernes et les légendaires vio-
lons italiens.
Neuf paires de violons ont ainsi été essayées pendant 45 minutes
chacun, en solo, puis avec piano et orchestre. Verdict des deux
premiers rounds: musiciens et public ont plébiscité les violons
modernes. La dernière étape du match consistera à réaliser des
mesures acoustiques. Pas sûr, en revanche, que l’étude ait un
impact sur le prix des Stradivarius…
FORMATIONS À L’ITEMM
L’Institut technologique des métiers de la musique du Mans
propose plusieurs stages courts en facture instrumentale:
Instruments à vent
• Brasures sur instruments à vent (3 juillet)
• Techniques de débosselage des cuivres (4 et 5 juillet)
• Maintenance courante des clarinettes, saxophones
et flûtes traversières (21 au 23 août)
• Maintenance des trompettes, trombones
et cors d’harmonie (28 au 30 août)
Piano
• Réglage et harmonisation des pianos à queue
(3 au 5 juillet)
• Initiation aux techniques de finition traditionnelles:
vernis au tampon (28 au 30 août)
• Le clavier bien “obtempéré” (4 et 5 septembre)
• Gestion d’un parc instrumental (13 octobre).
>www.itemm.fr
PARTITIONS

IVOIRE ET LUTHERIE Advance Music Bärenreiter

FORMATION MUSICALE
La Chambre syndicale de la facture instrumentale et les autres Michael Nielsen:
organisations professionnelles du secteur ont été entendues Precision Timing
par le ministère de l’Environnement. Un arrêté a été publié for all instruments
“The ultimate rhythm workout”
le 4 mai (JORF n°108 du 7 mai 2017), modifiant l’arrêté du (en anglais)
16 août 2016 relatif à l’interdiction du commerce de l’ivoire Rolf Zielke: Global Groove
d’éléphants et de la corne de rhinocéros sur le territoire natio- “A Complete Guide to Odd
Meters for All Instruments”
nal. Ce nouvel arrêté précise que l’interdiction ne s’applique pas: (en anglais)
«– aux touches et tirettes de jeux en ivoire des instruments
de musique à clavier; Ava Musical
PIANO
«– aux archets des instruments à cordes frottées.» “Compositores portugueses.
Repertorio para pianistas”,
vol. IV: pièces de Berta Alves
DANS LE VAR, STEUER À L’HONNEUR de Sousa, Eduardo Burnay,
L’entreprise dirigée par Thomas Donati a été distinguée pour Ruy Coelho, Antonio Fragoso,
l’excellence de son savoir-faire parmi les 56000 entreprises du Alfredo Keil, Alfredo Napoleão,
sélectionnées par Bruno
département du Var. Basée à Carqueiranne, Steuer fabrique des Belthoise et João Pedro Mendes
anches de clarinettes et saxophones. dos Santos
MUSIQUE VOCALE
Fauré: Messe de Requiem op.48,
arr. pour solistes et chœur
de femmes par Malcolm Bruno,
réd. pour orgue par Ingo
Bredenbach
MUSIQUE DE CHAMBRE
Dvorak: Quatuor avec piano
op.23, éd. Robin Tait
Roman Kim: Drei Romanzen
pour violon et piano
ORCHESTRE
Dvorak: Concerto pour violon
op.53, éd. Iacopo Cividini
– conducteur
– réd. violon-piano
Chanteloup
MUSIQUE DE CHAMBRE
Eric Lebrun: Le Sommeil
d’Endymion pour saxophone et
orgue; conducteur et parties

20 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 INSTRUMENTS & ÉDITIONS

Delatour Pierre Lafitan Rémi Maupetit: Universal Edition

ACCORDÉON
Rose-Marie Jougla:
“L’Escalier de nacre”
en 4 volumes de difficulté
croissante
Henry Lemoine
GUITARE
Maximo Diego Pujol: Sonata
ORGUE
Pierre-Richard Deshays:
Ma Première Année d’orgue
au clavier
PIANO
Myriam Gineys: Piano Keys,
“Transposer pour comprendre”
PIANO
Jean-Michel Trotoux:
Une journée (débutant)
MUSIQUE DE CHAMBRE
Alain Flamme: Au bout des
doigts pour trompette
(ou cornet ou bugle) et piano
(préparatoire)
André Guigou: Elina pour
clarinette et piano (débutant)
Fabrice Lucato: Créolia
pour saxophone alto et piano
(débutant)
Gilles Martin: Un trombone
à Paris pour trombone et piano
(élémentaire)
Papillon de nuit pour saxhorn
basse, euphonium, tuba
et piano (élémentaire)
Max Méreaux: Cantabile
pour flûte traversière et piano
(préparatoire)
René Potrat: Amicale pensée
pour cor d’harmonie et piano
(préparatoire)
André Telman:
L’Ovni capricieux
pour trompette mib et piano
(2e cycle)
ACCORDÉON
“Celtic”: 30 pièces issues
des traditions d’Irlande,
d’Ecosse, du pays de Galles,
de Cornouaille et d’Angleterre,
arr. par Martin Tourish
(moyen)
Arvo Pärt: Ukuaru Valss,
arr. par Tauno Aints
CLARINETTE
James Rae:
“18 Concert Etudes” en styles
variés, du baroque au funk

Saint-Saëns en Urtext:
symphonie, musique de chambre et chorale
Les compositeurs français bénéficient outre-Rhin d’un enthousiasme éditorial dont on ne peut que se
réjouir. Debussy, Ravel, Fauré et maintenant Saint-Saëns, à l’approche du centenaire de sa mort (2021).

S ous la direction scientifique de Michael Stegemann,

Bärenreiter a entrepris une édition monumentale de
l’œuvre de Saint-Saëns dans le cadre de Musica Gallica. Seules
quelques œuvres de musique de chambre avaient connu
d’autres éditions que celles publiées chez Durand à l’époque
de leur création. On ne peut que regretter cet immobilisme
des éditeurs français qui ont diffusé pendant des décennies des
partitions qui auraient pu bénéficier d’améliorations notables.
SYMPHONIE C’est avec l’œuvre emblématique de Saint-Saëns
que s’ouvre cette nouvelle série, la Symphonie n°3, la sym-
phonie avec orgue, présentée en édition brochée ou reliée.
Le volume relié comporte une préface, des documents et un
appareil critique de tout premier ordre, à commencer par
les esquisses, mais aussi la reproduction du texte écrit par
Saint-Saëns pour la création londonienne, une analyse d’une
simplicité limpide à la portée du simple mélomane. Ces élé-
ments ne figurent pas dans l’édition brochée (sous couver-
ture violette, qui sera la signature de cette nouvelle édition).
Les corrections sont nombreuses, rien de fondamental, des
précisions plutôt: on se les transmettait d’une génération de
chefs d’orchestre à l’autre. La transmission orale sera ain-
si fixée pour la postérité. C’est surtout la clarté de la pré-
sentation qui change, moins serrée (20 pages de plus que
chez Durand!): finies ces portées où manquent souvent les
indications d’instruments à la clé (et les tonalités des ins-
truments transpositeurs), finies les notes empâtées par des
décennies de réimpressions qui avaient rendu floue la typo-
graphie d’origine; détail appréciable, le piccolo retrouve sa
place en haut de la partition. Le matériel d’orchestre corres-
pondant est disponible à la vente.
MUSIQUE DE CHAMBRE Henle a pris un temps d’avance en
publiant des œuvres de musique de chambre et la réduction
avec piano des grands concertos. Toujours selon la politique
maison, il s’agit d’un Urtext enrichi de doigtés ou coups d’ar-
chet dus à de grands interprètes (Pascal Rogé, David Geringas,
Ingolf Turban…). J’avais parlé du Septuor dans cette chro-
nique (LM486). Voici la Sonate pour violoncelle et piano n°2,
une œuvre tardive, en quatre mouvements que Saint-Saëns
décrit de manière pittoresque: le premier, «c’est un morceau
noir»; le scherzo est pourvu de variations qui «ressemblent au
thème comme la Lune à un hareng saur»; l’adagio «tirera des
larmes aux âmes sensibles et le finale réveillera les gens que les
autres morceaux auront endormis». Avec un tel programme,
pourquoi cette sonate est-elle si peu jouée? Les violoncellistes
de l’entourage du compositeur se sont disputé le privilège de
la créer. Trop conventionnelle, lit-on parfois? Très difficile,
certainement. A découvrir, sûrement. Cellistes, à vos archets!
MUSIQUE CHORALE Carus a pris aussi un temps d’avance dans
ce domaine en publiant plusieurs psaumes, hymnes et pièces
chorales isolées, ainsi que l’Oratorio de Noël et récemment la
Messe de Requiem (avec les matériels à la vente). Au sein du
mouvement qui redonna vie en France à la musique sacrée
avec orchestre au milieu du 19e siècle, l’Oratorio de Noël de
Saint-Saëns reste l’une des œuvres les plus attachantes par sa
simplicité lumineuse et son instrumentation réduite (cordes,
orgue et harpe). La Messe de Requiem fait appel à un orchestre
très fourni (bois par quatre). C’est une œuvre plus intense,
dans la ligne du Requiem de Berlioz, notamment par la spa-
tialisation du “Dies irae”, mais en opposition avec lui dans le
traitement plus intériorisé des masses chorales et instrumen-
tales, privées ici de clarinettes et de trompettes; elle annonce
parfois le Requiem de Fauré. L’édition Carus a été confiée au
grand chef de chœur Fritz Näf qui, outre un Urtext, propose
une version alternative pour orchestre réduit afin d’en facili-
ter l’exécution. La typographie est plus claire que dans l’édi-
tion d’origine et la disposition des parties vocales (solos et
chœurs) respecte les usages actuels. 1 Alain Pâris

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 21

 INSTRUMENTS & ÉDITIONS

FLÛTE Van de Velde

Gardel: “Tango Recorder FORMATION MUSICALE LIVRES
Duets”, 5 titres, arr. pour deux Michel Edelin: Le Boa,
flûtes à bec alto (ou alto et “Six vocalises, six chansons
ténor) par Diego Collatti et à rythmer, à danser et à chanter
Thomas List; conducteur et avec play-back”; avec CD LUDWIG VAN BEETHOVEN
parties par Michèle Lhopiteau-Dorfeuille
GUITARE Wiener Urtext
coédition Schott/Universal Appuyée sur une recherche considérable, cette synthèse a le
Paul Coles:
Dagda’s Harp, “An Irish Tale”
PIANO mérite premier de rétablir le génie réputé céleste et inaccessible
Mozart: Sonate en la majeur
Mauro Godoy Villalobos: KV331, éd. Jochen Reutter, dans la vérité de son humanité… quitte à le peindre sous un jour
Un café con Astor “Hommage à doigtés Heinz Scholz fort déplaisant sur la foi de documents incontestables. L’approche
Astor Piazzolla” pour 2 guitares Schumann: Carnaval de Vienne est thématique: Beethoven et les formes musicales, Beethoven
PIANO op.26, éd. Michael Beiche,
“K2016”: œuvres des lauréats doigtés Tobias Koch
et Mozart, et Haydn, et la musique d’Etat, Beethoven et Dieu,
du concours de composition VIOLON et la surdité… La thèse principale de ce portrait psychologique
Mauricio-Kagel 2016 : Telemann: 12 Fantasien
Six Views from My Window
frappe l’esprit: maltraité par un père alcoolique, le compositeur
TWV40: 14-25,
de Shan-Boon Matius éd. Bernhard Moosbauer aurait gardé toute sa vie les séquelles d’une enfance abominable.
The Five Elements MUSIQUE DE CHAMBRE L’auteur y voit la raison de son blocage pour les mathématiques,
de Martin Peter Yarde Schubert: Sonate pour
Sonetos de Garcia Daniel de sa relation ultérieure aux femmes, de son rapport particulier
arpeggione et clavier D821
Serrano – version pour violoncelle avec l’ordre et l’hygiène. > Le Bord de l’eau, 2017, 268 p. – 32 €
Mike Cornick: “Six Jazz Piano et piano
Solos” (moyen) – version pour violon REGARDS SUR LE SPECTACLE VIVANT FRANÇAIS
MUSIQUE VOCALE et piano de Diabelli
Weill: Mahagonny, Songspiel éd. Christa Jost et Gerhart par Pascal Lagrange-Scheuir
sur un texte de Brecht, Damstadt; conducteur Corniste à l’Orchestre national de Montpellier, l’auteur porte un
réd. chant-piano Giselher et parties regard lucide sur le présent, l’avenir et les conditions d’exercice
Schubert Telemann: Sonate pour flûte
et basse continue TWV41: h4,
de son métier. Pourquoi le modèle de production de la musique
éd. Jochen Reutter; symphonique (notamment en région) et d’opéra menace-t-il
conducteur et parties aujourd’hui de s’effondrer? Rigoureuse, intelligente, histori-
quement informée, l’analyse pointe sans concession les défail-
LANCEMENT DU PRIX GEORGES-BIZET lances du système actuel: contenu de l’offre culturelle, sub-
DU LIVRE D’OPÉRA ET DE DANSE ventions publiques, cadre d’emploi des artistes permanents,
Cette distinction, créée par l’association Cocktail & Culture gestion matérielle et financière des structures de spectacles
en partenariat avec la librairie Fontaine Haussmann, vivants, effets néfastes de la centralisation, de la non-péren-
sera remise le 26 juin au théâtre des Champs-Elysées. nisation des budgets, problème de la gouvernance, impossi-
bilité de réforme, défaut de vision d’ensemble… Les conclu-
sions exposent de nombreuses pistes de travail, sans posture
LES GUIDES PRATIQUES ni volonté politique. >Edilivre, 2017, 72 p. – 9,50€ (papier) ou
DE LA LETTRE DU MUSICIEN 1,99€ (pdf) 1 Frédéric Gaussin

PASSAGES
LES GUIDES DE LA PROFESSION MUSICALE

par Thomas Sylvand

De Guillaume Dufay à Sydney Bechet, de Mozart à Ravel, une
farandole de compositeurs croqués en deux pages, ayant tra-
LES GUIDES DE LA PROFESSION MUSICALE
versé, franchi ou erré dans les Alpes et le pays de Savoie.
TROUVER > Editions Belles Couleurs, 2016, 72 p. – 7 €
SON ATTACHÉ PUCCINI, MODE D’EMPLOI
TROUVER DE PRESSE par Chantal Cazaux
Conseils, contacts, tarifs
Dans la série des “Modes d’emploi”, Chantal Cazaux, rédactrice
SON AGENT (mise à jour 2015)
en chef de la revue L’Avant-Scène Opéra, publie aujourd’hui ce
ARTISTIQUE Puccini qui, selon le principe de la collection, s’attache à faire
Conseils et contacts EDITIONS
mieux connaître le compositeur et son œuvre, en replaçant
(mise à jour 2015) Puccini dans l’histoire de la musique, en explorant sa vie et
6 € sa personnalité. Chacun de ses opéras est passé au crible, les
EDITIONS
grandes interprétations d’hier et d’aujourd’hui sont présentées.
Une discographie et une vidéographie complètent le propos.
10 € >Editions Premières Loges, 2017, 192 p. – 28 €

A télécharger sur boutique.lalettredumusicien.fr REVUES

L’Avant-Scène Opéra n°298: Le Prophète de Meyerbeer
rayon “Guides pratiques” | Règlement sécurisé par CB
http://boutique.lalettredumusicien.fr/s/28255_175811_trouver-un-attache-de-presse-musique
(Editions Premières Loges, mai-juin 2017, 108 p. – 28€)

22 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 dossier thématique

HARMONIE

FANFARE

BRASS BAND
Si leur origine remonte à l’Antiquité, où elles
accompagnaient déjà cérémonies et combats,
c’est à la Révolution et surtout au 19e siècle que
les formations à vent se sont implantées dans
la société, avec le développement des orphéons
et des fanfares.
Sans avoir fait naître un instrumentarium
qui leur soit propre, elles ont cependant conduit
les fabricants à développer des gammes
adaptées, permettant de jouer – debout
ou en marchant – avec plus de facilité.
Souvent considérées comme à la marge du
monde musical “classique”, ainsi qu’en témoigne
le manque de liens avec certains conservatoires,
ces formations font preuve d’une belle vitalité,
qu’il s’agisse d’orchestres d’harmonie, de fanfares,
de brass bands…
Parmi les très nombreux ensembles que compte
notre pays, on trouve tous les cas de figure,
depuis les fanfares associatives, regroupant
de purs amateurs, jusqu’aux musiques de l’Armée
où les musiciens sont des professionnels,
en passant par des orchestres d’harmonie
ou amateurs de bon niveau côtoient
instrumentistes professionnels.
A l’heure du tout connecté, induisant des
comportements de plus en plus individualistes,
ces ensembles et la pratique collective qu’ils
représentent, en réunissant des participants
de tous âges et de tous milieux, restent
un précieux facteur de cohésion sociale.

SOMMAIRE
Dossier réalisé par Marc Rouvé, avec le concours de Max Robin.
L’histoire 25

Les instruments 30
Images de couverture :
la musique de la Police nationale (DR) La pratique 36
le Brass Band de Lyon (DR)
l’Avenir musical des cheminots de Longueau (DR) L’édition 47
le marching band “Tiger” de l’université de Louisiane (William Murphy).

24 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE


Plus de deux siècles d’histoire
Fanfares, harmonies, brass bands… le monde des formations à vent
et des musiques de plein air recouvre aujourd’hui une réalité multiple,
perçue parfois de façon assez confuse par le grand public. Un peu
d’histoire et quelques précisions permettront d’y voir plus clair.
D
ès l’Antiquité, la trompe et la trompette prennent place
sur les champs de bataille, pour exciter l’ardeur des
combattants, transmettre des signaux ou célébrer la
victoire. Au Moyen Age, d’autres cuivres apparaissent, comme
le cor ou la sacqueboute (ancêtre du trom-
bone). On parlera bientôt de fanfare pour
désigner les premiers ensembles à vent, à
vocation essentiellement militaire jusqu’au
13e siècle. Le mot viendrait de l’ancien
espagnol fanfa (vanterie) et probable-
ment du mot arabe farfâr (bavard, incons-
tant). Au début de la Renaissance, on com-
mence à recourir à ce type d’ensemble à des
fins artistiques, et non seulement pour la
guerre: exécution instrumentale de chan-
sons et madrigaux, évocation musicale de
scènes de chasse, pièces à caractère reli-
gieux… En Europe, jusqu’au 18e siècle, les
fanfares sont principalement associées aux
unités d’infanterie et de cavalerie, satisfai-
DR
sant à deux impératifs de base: se faire
entendre et pouvoir se déplacer. Aux traditionnels fifres et tam-
bours s’ajoutent les clarinettes, les flûtes, les cors, les trom-
pettes, les bassons, la grosse caisse, les cymbales et le serpent,
la palette instrumentale variant selon les régiments et les pays.
DE LA MUSIQUE MILITAIRE À L’ORPHÉON
A la Révolution, la création par Bernard Sarrette d’une “école de
musique militaire”, transformée bientôt en Institut national de
musique (1793), puis en Conservatoire (1795), marquera une
étape décisive. Il s’agit, entre autres, de former des musiciens pour
les célébrations nationales. «Point de République sans fêtes natio-
nales, pas de fêtes nationales sans musique», déclare Sarrette.
On assiste alors à une démocratisation de la musique militaire,
avec la naissance des premières fanfares civiles (gardes nationaux,
associations de sapeurs-pompiers…). Mais la pratique et l’écoute
Clairon concerto sib SML FCL90-R Cor de chasse Dotzauer
LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 25
HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND
musicales demeurent encore trop restreintes, souvent limitées à
la “grande” musique. Il s’agit donc de faire sortir la musique des
salons, des salles de concerts et des églises, afin de lui donner une
dimension plus populaire. Fondé par Wilhem en 1833, le mou-
vement orphéonique va jouer un rôle fonda-
mental dans cette évolution, en favorisant,
notamment, le développement des sociétés
musicales instrumentales. Si les enfants du
peuple doivent à Wilhem leurs premières
leçons de solfège et de chant, à l’émergence
des chœurs d’enfants et chorales d’ouvriers
succédera bientôt celle de nouvelles forma-
tions orchestrales (orchestres de corps de
métier, fanfares des grandes écoles…), abou-
tissant à un mouvement musical et festif
de masse. Aux alentours de 1855, le terme
“orphéon” désigne à la fois chorales, fan-
fares et orchestres d’harmonie. «Les muni-
cipalités préfèrent les fanfares aux orphéons
(vocaux) et leur accordent des subventions
parce qu’elles accompagnent les pompiers
à l’exercice. Les jeunes gens désertent les sociétés chorales et
s’enrôlent dans les fanfares. Du bruit, du mouvement, voilà ce
que réclament les populations», lit-on dans La France chorale en
1863. De 400 en 1860, on passera à 10000 ensembles au début
du 20e siècle, dont 8000 fanfares et harmonies.
L’INNOVATION TECHNOLOGIQUE
Parallèlement à cette volonté pédagogique, qui va largement
contribuer à l’ancrage social de cette pratique musicale, relayée
par le vœu des municipalités d’avoir leur propre fanfare ou har-
monie, la révolution industrielle jouera également son rôle dans
le développement et la constitution de ces ensembles. La pos-
sibilité de fabriquer des instruments à plus grande échelle, de
meilleure qualité et meilleur marché, conduira à l’arrivée en
force des cuivres, qui vont détrôner les instruments populaires
Trompette de cavalerie SML FTPC61
 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND
plus traditionnels (flûtes, cornemuses…). Les innovations dans
le travail des métaux et dans le domaine de la facture instru-
mentale feront le reste, avec l’invention du piston, la création
de nouveaux instruments (saxophone, tuba, saxhorn) et l’ajout
de clés sur les bois. Dans ces conditions, “libres”, “munici-
pales” ou “corporatistes”, les fanfares et harmonies offri-
ront, bien avant l’essor de la pratique sportive, un exemple
réussi de pratique en amateur, dont on continue à s’inspirer.
LA NOUVELLE VAGUE
Si on enregistre ensuite, au tournant des années 1960-
1970, un déclin de cette activité, avec une désaffection
progressive des fanfares de village et la dispari-
tion des cliques de corps de métiers, on observe
un regain de cette pratique musicale collective
dans les années 1990, marquées par l’apparition
de formations moins conventionnelles, au carac-
tère souvent plus festif, s’adonnant à des réper-
toires variés et parfois inattendus, par l’influence
et le brassage des musiques populaires du monde
entier. L’utilisation des cuivres dans la musique de
variété (La Mano Negra, Les Négresses vertes…),
le développement des fanfares estudiantines et des
orchestres de quartier, le succès de festivals et de mani-
festations à thème, tel le Concours international de fan-
fares étudiantes de Poitiers, sont autant de signes de ce
renouveau. Le plaisir du défilé, l’accent souvent mis
sur l’aspect visuel et ludique, joints à la volonté d’at-
tirer les apprentis musiciens et de séduire un public
néophyte, constituent quelques-unes des composantes
de cette nouvelle vague, qui coexiste aujourd’hui avec les
formes plus traditionnelles.
Les principaux types d’ensembles
Présentes dans quasiment tous les pays du monde, les
formations à vent se distinguent notamment par leur
nature (civile ou militaire), leur histoire, la culture
dans laquelle elles s’insèrent, le patrimoine qu’elles
portent et leurs caractéristiques (types d’instru-
ments, nombre de musiciens, statisme ou déam-
bulation…). Fortes de leurs capacités d’expression collec-
tive, elles sont liées à la vie sociale, dont elles ponctuent
les moments forts: cérémonies, défilés, parades, carna-
vals, fêtes, processions religieuses, mariages, enterre-
ments… Elles traduisent aujourd’hui un monde marqué
par un mélange de traditions et de modernité.
En France, où subsiste une tradition vivace des pratiques
musicales populaires, la première grande distinction à
opérer concerne les harmonies et les fanfares. Le princi-
pal critère tient à la différence de l’instrumentation.
L’orchestre d’harmonie apparaît comme le plus complet,
réunissant cuivres (trompettes, trombones, cors, sax-
horns, tubas…), bois (saxophones, clarinettes, hautbois,
bassons, flûtes…) et percussions. Equivalent des cordes
dans les formations symphoniques, les bois donnent la
26 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
LES FORMATIONS
EN UN COUP D’ŒIL
BAGAD Tradition bretonne. Bombardes, binious (grandes
cornemuses) et percussions. Effectif variable.
BANDA Tradition du sud-ouest de la France. Cuivres, bois
et percussions. Fanfares ambulantes animant les ferias.
BRASS BAND Tradition anglaise. Cuivres doux (cornets à
pistons, bugles, saxhorns, euphoniums, tubas), trombones
et percussions. Effectif fixe de 28 ou 29 musiciens.
BATTERIE-FANFARE Tradition française. Instruments
d’ordonnance à sons naturels (clairons, trompettes
de cavalerie, cors de chasse).
FANFARE Tradition française et internationale. Cuivres
et percussions. Effectif variable, intégrant parfois
des bois (“harmonie-fanfare”).
HARMONIE Tradition française. Cuivres (trompettes,
trombones, cors, saxhorns, tubas…), bois (saxophones,
clarinettes, hautbois, bassons, flûtes…) et percussions
(tambours, grosse caisse, cymbales). Effectif variable
jusqu’à une centaine de musiciens.
MARCHING BAND Tradition américaine. Cuivres,
bois et percussions. Effectif variable.
PIPE BAND Tradition écossaise. Cornemuses et percussions
(caisses claires, tambours). Effectif variable.
De gauche à droite et de haut en bas :
clarinette alto Buffet Crampon 1503 ; hautbois Yamaha YOB-431 ;
flûte piccolo Pearl PFP 165E ; basson Buffet Crampon Prestige ;
saxophone baryton Selmer Serie II Jubilee.
richesse de texture caractéristique de ce type d’or-
chestre. Civiles ou militaires, les harmonies repré-
sentent, en quelque sorte, l’excellence de la tra-
dition française, s’illustrant aussi bien par leur
musicalité que par l’étendue et la nature du réper-
toire abordé. Elles ont souvent vocation à servir
la musique de concert.
A la différence des harmonies, les fanfares,
stricto sensu, se limitent aux cuivres et aux
percussions (en général, tambours, grosse
caisse, cymbales…). «Une fanfare, c’est un
petit carnaval», remarquait Jacques Blanc,
organisateur de festival, qui invitait à dis-
tinguer les fanfares de concert, les fan-
fares à danser et les fanfares à défiler. En
tout cas, au-delà des catégories, la réalité
bigarrée du monde contemporain conduit
souvent à des mélanges, des sections de bois (notamment les
saxophones, les clarinettes et les flûtes traversières) venant
parfois s’intégrer à ces ensembles composites, qu’on devrait
 THE

40K 4-valve
SOUSAPHONE
Distributor: GEWA France S.A.R.L. • Les Hauts de Remourase, 84220 Murs • france@gewamusic.com, www.gewamusic.com
 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND
Le brass band ou l’exigence dans le travail
Trompettiste à l’Orchestre de chambre du Valais (orchestre
professionnel) et directeur de cinq brass bands (quatre en
Suisse et le Brass Band Léman Mont-Blanc basé à Thonon),
David Bonvin a joué dans plusieurs brass bands avant
de se consacrer principalement à la direction.
Vous jouez dans un orchestre classique et dans un brass band,
deux expériences différentes…
La musique classique et le brass band ont en commun
l’exigence dans le travail, la recherche de l’excellence et la
recherche du son d’ensemble. Les différences viennent
plutôt de la culture des musiciens. Les musiciens clas-
siques possèdent une culture plus approfondie des styles
musicaux, ce qui permet de varier davantage les cou-
leurs de l’ensemble. Dans le brass band, c’est beau-
coup plus le chef qui donne le style général.
Il y a aussi une recherche approfondie de la pré-
cision et de la technique, alors que dans l’or-
chestre c’est davantage la couleur du son qui
est recherchée ainsi que l’écoute entre les musi-
ciens. Cela permet au chef de gagner du temps
lors des répétitions. Ce gain de temps peut aus-
si s’expliquer par le fait que les brass bands sont
constitués essentiellement de musiciens amateurs
alors que les orchestres ne comptent que des pro-
fessionnels dans leurs rangs. Mais dans les meilleurs
dès lors en toute rigueur appeler “harmonies-fanfares” (les
Suisses parlent de fanfares mixtes).
Peuvent intervenir également dans ce cadre des spécificités
géographiques: c’est le cas notamment des bandas, typiques
du sud-ouest de la France, fanfares ambulantes animant les
défilés de rue lors des ferias. Nées entre Dax et Bayonne,
en pays basque et landais, autour des années 1930-1940,
elles se développent surtout dans les années 1960, com-
posées de cuivres, de bois et de percussions, à partir
d’un répertoire ancré le plus souvent dans la culture
locale. Variante plus “officielle”, la banda de musica
désigne l’orchestre qui interprète essentiellement
des musiques taurines dans les arènes.
Composée uniquement d’instruments d’ordon-
nance à son naturel (clairon, trompette de cavale-
rie, cor de chasse), la batterie-fanfare est un genre
en perte de vitesse. Créée dans les années
Bugle Conn 1FRSLB Trompette Besson New Standard 110
28 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
brass bands actuels, les amateurs ont souvent un niveau tech-
nique comparable à celui des professionnels.
Quelles sont les qualités fondamentales d’un musicien de
brass band ? La formation “classique” est-elle bien adaptée ?
Le musicien d’un brass band doit posséder une belle qualité
de son, une belle intonation, une très bonne technique, être
capable de jouer très doucement et très fort, avoir la même
aisance dans le grave et l’aigu. Il doit aussi écouter différents
styles de musique, comme le rock, le funk, le jazz…, ce qui
enrichira son jeu. Dans l’orchestre classique, nous jouons
des pièces souvent moins techniques, mais qui demandent
d’autres qualités. Il y a, par exemple, des silences de plu-
sieurs minutes et, tout à coup, il faut faire une interven-
tion en nuance piano, ce qui est souvent très délicat. La
manière de travailler est aussi différente. En orchestre,
on dispose de quelques répétitions et on se retrouve
tout de suite en concert devant le public. Dans
les brass bands que je dirige, nous répétons pen-
dant plusieurs mois. J’aime évoluer dans ces
deux univers que je trouve complémentaires.
Quand je dirige un brass band, j’essaie d’appor-
ter certains aspects de l’orchestre, comme varier
la couleur du son d’ensemble, la finesse des cordes,
apprendre aux musiciens à s’écouter davantage
pour le rythme, travailler les nuances….
DR
1950, elle renoue cependant avec une tradition ancienne, celle
des instruments qui ont rythmé les champs de bataille et le
quotidien des armées depuis le début du 19e siècle. L’absence
d’instruments à pistons limite évidemment le répertoire et la
confine dans un usage lié essentiellement aux cérémonies.
Popularisés au milieu des années 1990 par le film britannique
Les Virtuoses, les brass bands, nés en Angleterre au début du
19e siècle, ont actuellement le vent en poupe. Constitué de
cuivres doux (cornet à pistons, bugle, saxhorn, euphonium,
tuba), plus trombone et percussions, l’instrumentarium du
brass band s’est rapidement codifié, tout comme son effectif
(28 ou 29 musiciens), en raison de l’organisation de compé-
titions et concours. Bien que l’homogénéité et le velouté de
la sonorité soient capables de restituer une large palette
de nuances, le répertoire vaste, fréquemment démonstra-
tif, met l’accent sur la virtuosité.
Cornet Yamaha Neo YCR-8620

Grosse caisse de fanfare Gear4music ; tambour de marche Gewa ; cymbales Paiste Concert Marching ; caisse claire Sonor PL-12-1406 SDWD.
Typiques des Etats-Unis, les marching bands reflètent la société
multiraciale américaine, telle que Claude Miller la
montre dans un film documentaire consacré à ce
sujet (Marching Band, 2009). Fanfares populaires
regroupant les jeunes des collèges et des universi-
tés, les marching bands sont voués aux compéti-
tions et à la parade, les instruments (cuivres, bois
et percussions) le disputant aux uniformes, d’ins-
piration souvent militaire.
Citons, pour finir, le pipe band et le bagad, for-
mations pour instruments à vent fortement ancrés
dans le monde celtique. D’origine écossaise, le pipe
band se développe à partir du milieu du 19e siècle,
avec un succès qui ne s’est jamais démenti (près de
L’orchestre d’harmonie, un monde très vivant
Clarinettiste et directeur du marketing chez D’Addario
Woodwinds, Jean-François Bescond côtoie quelques-uns
des plus grands solistes internationaux. Cela ne l’empêche
pas de se rappeler l’importance qu’a pu revêtir l’orchestre
d’harmonie dans sa formation.
En quoi l’orchestre d’harmonie a-t-il joué un rôle clé
dans votre vie de musicien ?
Après le chant, cela a été l’une des étapes les plus importantes
dans ma formation de clarinettiste, et même de musicien! Quoi
de plus enrichissant que de rejoindre une section de clarinettes,
de travailler ensemble les traits techniques, la mise en place
rythmique et la justesse pour partager des moments musicaux
intenses? Il y a également une dimension de
convivialité très importante. Je me souviens
encore de la fierté que j’ai ressentie lorsque
mon professeur m’a annoncé, lors de
mon cours hebdomadaire, que j’avais le
niveau suffisant pour rejoindre le pupitre
des quatrièmes clarinettes de l’orchestre
d’harmonie de Beauvais! Puis, tout le
travail et l’assiduité pour gravir chaque
palier pour atteindre le Graal: co-soliste!
Quel plaisir aussi de voir Fernand Petit
enchaîner les traits si rapides avec tant
d’aisance à l’âge
de 75 ans!
Saxhorn Courtois Elite 366 Trombone Courtois Xtreme 402
LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 29
HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND
5000 ensembles aujourd’hui répertoriés dans le monde entier).
Composé de cornemuses et de percussions (caisses claires et
tambours), il est né du rapprochement, au sein des armées
impériales britanniques, des sonneurs de cornemuse et des
tambours anglais. Avec ses trois pupitres (bombarde, biniou
et percussion), le bagad est en quelque sorte
l’équivalent breton du pipe band écossais. Né
pendant la Première Guerre mondiale de
la rencontre des sonneurs bre-
tons (joueurs de bombarde et
de biniou) avec les pipe bands mili-
taires écossais, le bagad prendra son
essor à partir des années 1950-1960. 1
Cornemuse écossaise vidaXL
C’est pour cette histoire que je suis fier d’être un produit de la
tradition française des orchestres d’harmonie.
Une passion que vous avez ensuite vous-même transmise…
Oui, par la direction d’orchestre. Il fallait à la fois pallier le
défaut de recrutement et redonner du dynamisme à l’har-
monie qui souffrait alors d’une image vieillissante. Nous
avons créé un orchestre d’harmonie junior qui a rencon-
tré très vite un incroyable succès en attirant de nombreux
jeunes talentueux, dont certains sont aujourd’hui profes-
sionnels au plus haut niveau. Les concerts faisaient le plein
et il y avait un immense plaisir à travailler et à progresser
tous ensemble. Cette formation aura existé pendant cinq ans
avant de fusionner avec la formation principale. Une belle
expérience humaine et musicale.
Vous voyagez dans le monde entier, quels
enseignements en tirez-vous ?
L’orchestre d’harmonie incarne avant tout
un monde musical amateur très vivant et
à fort potentiel, même si la situation peut
être critique dans certaines régions… Les
pays anglo-saxons ne s’y sont pas trompés
avec des programmes de wind bands au
sein des collèges et lycées. Nous devrions
nous en inspirer afin de pérenniser
cette tradition par un renouvelle-
ment régulier.
Tuba SML Paris TU600
HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND
Instruments:
vents et percussions
Recenser l’ensemble de l’offre destinée aux ensembles d’instruments à vent
pourrait tourner à l’inventaire à la Prévert… Tout simplement parce qu’il n’y
a pas d’instruments spécifiquement estampillés harmonie ou brass band.
L
es grands noms de la facture instrumentale ont tous
leur partition à jouer sur le marché des instruments de
musique pour les différents types d’orchestres.
Cuivres et bois
Clarinettes, saxophones, hautbois, bassons, flûtes,
trompettes, cornets, euphoniums, tubas… On
retrouve la même segmentation de marché: début,
moyen, haut de gamme, et les grandes marques de
référence, qu’elles soient françaises (Buffet Crampon,
Selmer…) ou étrangères. Certaines sont généralistes
(Jupiter, Yamaha), d’autres spécialisées (Besson,
Bach, Getzen, Courtois…). Généralement, les
marques se concentrent sur une famille homo-
gène. Par exemple, dans le registre profession-
nel, la marque américaine Vincent Bach produit
des trompettes, bugles, cornets et trombones, tan-
dis que la marque Antoine-Courtois (créée en 1789!)
propose des bugles, trombones et saxhorns. Les instruments
plus économiques s’adressent aux étudiants qui profitent du
passage dans un ensemble pour parfaire leur formation (voir le
témoignage de Jean-François Bescond, page 29) ou même parfois
aux professionnels ayant besoin
d’un deuxième instrument. Le
saxhorn baryton BA16 SML Paris,
par exemple, pourra faire le bonheur
du membre d'un brass band comme
celui du jeune musicien inté-
ressé par les gros cuivres.
Au rayon des gros cuivres, les
marques américaines King et Conn font
figure de référence, s’appuyant sur une
longue tradition de marching band, ces
orchestres très implantés dans les uni-
versités américaines, mais aussi dans les
parcs de loisirs, corps constitués… Pour la
petite histoire, la marque King bâtira une
partie de son expansion dans les années
1940 avec le développement de sa gamme
30 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
Marching à destination de l’armée américaine. Une tradition
maison puisque la marque créée par Henderson N. White dans
les années 1890 était déjà fournisseur officiel de l’armée lors du
premier conflit mondial! Si la marque King est réputée
pour ses trombones, c’est sans doute parce que son
histoire est intimement liée à cet instrument. En
effet, c’est en 1894 que le premier trombone King
voit le jour, un instrument mis au point avec l’aide
de Thomas King, un tromboniste de Cleveland.
Le succès sera tel que le patronyme du musicien
deviendra celui de la marque qui, depuis, a diver-
sifié sa production, notamment vers les instruments
imposants. Le sousaphone (soubassophone en
France) est un dérivé du tuba inventé par un chef
d’orchestre compositeur américain, John Philip
Sousa. L’instrument s’enroule autour du corps du
musicien et repose sur l’épaule gauche, ce qui per-
met le jeu en marchant. Son large pavillon en posi-
tion “face” favorise la projection du son vers le public
lors des défilés et manifestations en plein air. Pour favo-
riser la mobilité, le gain de poids est un atout non négligeable,
d’où l’utilisation de matériaux high-tech comme la fibre de verre
dont est fait le sousaphone King 2370W Legend. Avec un poids
à peine supérieur à 10 kg, la différence par rap-
port à un sousaphone standard avoisine les 2 kg.
Lorsqu’on marche au soleil, souvent en
costume, chaque gramme compte! Le
sousaphone est l’une des spécialités de
la marque Conn, qui a fabriqué le pre-
mier modèle de cet instrument à la
fin du 19e siècle. La marque propose
un nouveau modèle à quatre pistons,
le 40K. L’ajout d’un quatrième piston
favorise une meilleure intonation,
notamment dans le registre grave.
De gauche à droite :
euphonium Yamaha Neo YEP-642II ;
sousaphone King 2370W ;
cornet Besson Sovereign 928G ;
flûte Jupiter “Goutte d’eau” JFL700WD ;
tuba Coolwind CTB-200.
 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

BESSON, UNE RÉFÉRENCE

DANS LE BRASS BAND
Cette marque anglaise, très réputée dans le milieu du brass band,
porte un nom français qui trahit son histoire. Plus exactement
celle de son créateur Gustave Besson, facteur de talent installé
à Paris, qui, en 1860, décide de s’exiler à Londres après avoir
été condamné à verser des dommages et intérêts à Adolphe Sax
pour violation de brevet. La firme repart alors sous l’appella-
tion F. Besson (le F faisant référence au prénom de son épouse,
Florentine). Aujourd’hui, Besson propose une gamme très pri-
sée, qu’il s’agisse des “gros cuivres” (euphonium, baryton, tuba,
alto), déclinés en plusieurs familles (Sovereign, New Standard,
Prestige) ou encore des trombones (Sib, New Standard) et,
bien sûr, des fameuses trompettes (New Standard 110 et 111)
sans oublier la gamme des cornets (New Standard, Sovereign
et Prestige).

COOLWIND, INSTRUMENTS
TOUS TEMPS
Les instruments en plastique fabri-
qués par la marque chinoise Coolwind
présentent de nombreux avantages.
Résistance aux intempéries pour les
musiciens jouant en extérieur, légè-
reté pour les musiciens “ambulants”,
look éclatant pour les ensembles voulant
se distinguer lors de défilés, de manifes-
tations extérieures… Des arguments qui
pourraient faire oublier qu’il s’agit de véri-
tables instruments, notamment grâce aux
pistons en métal qui entraînent moins de
frottements et facilitent l’entretien. Autre
innovation signée Coolwind, la coulisse en fibre
de carbone qui ne souffre pas des changements de tempéra- À toi
ture ou d’hygrométrie susceptibles de survenir en extérieur, dont la flûte casse le dos
à la différence de la fibre de verre. Quant aux amateurs de
gros cuivres, ils apprécieront la légèreté des instruments qui À toi
réduit la fatigue sans compromettre la qualité sonore. Les dont la main se perd sur le sax
trompettes qui pèsent seulement 550 g sont déclinées en
cinq coloris, tout comme les trombones (1,5 kilo). Les
gros cuivres affichent un argument de… poids, avec
À toi
seulement 2 kg pour l’euphonium et 5,5 kg pour le
dont le trombone glisse de l’épaule
tuba. A noter que tous ces instruments peuvent être
joués avec une embouchure métallique en lieu et place de
l’embouchure en plastique incluse.

JUPITER, DES DÉBUTS EN FANFARE Nous consacrons

Née en 1980, cette marque taïwanaise a succédé à la socié-
té KHS (pour Kun Hsue She) qui fabriquait, depuis la fin toute notre énergie
des années 1950, des instruments destinés aux fanfares. La
marque apporte une grande attention au confort des jeunes
musiciens, avec des instruments ergonomiques comme la
flûte “goutte d’eau” (qui permet une posture optimale de la
colonne vertébrale) ou le trombone ergonomique (poignée
détachable adaptée à la morphologie de chacun, support de
pouce molletonné démontable et réglable ainsi qu’une cour-
Pour plus d’informations : contact-sml@algam.net
bure spéciale en col de cygne qui permet un maintien aisé
de l’instrument sur l’épaule).

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 31

La lettre du musicien 86x250.indd 1 10/05/2017 16:11
 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND
L’autre particularité de Jupiter est d’avoir développé une gamme
complète d’instruments à vent – cuivres et bois – sur tous les
segments de marché (début, moyen, haut de gamme). Un large
positionnement qui lui permet de répondre à la demande des
ensembles d’instruments à vent (harmonie, brass band…) avec
des gammes correspondant aux différents niveaux, mais aus-
si aux contraintes budgétaires qui pèsent sur de nombreuses
collectivités ou ensembles.
YAMAHA, UN MONDE À PART
La marque japonaise occupe une place à part dans le monde
des instruments à vent. Malgré sa relative jeunesse dans le
domaine (Yamaha a fêté en 2016 ses cinquante ans d’activité
dans la facture d’instruments à vent), elle propose le catalogue
le plus complet: bois, cuivres, percussions… Un ensemble à
vent (quelle que soit sa nature) pourrait tout à fait arborer
le sigle aux trois diapasons sur la totalité de ses instruments!
Flûtes, clarinettes, hautbois, bassons, saxophones, cornets,
trompettes… toutes les familles sont représentées, avec des
déclinaisons en instruments d’études et professionnels. L’un
des points forts de la marque, outre sa longue réputation de
fiabilité, vient de la série Neo, spécialement développée pour
les brass bands, en collaboration avec les meilleurs solistes
internationaux. Yamaha est d’ailleurs la seule marque à équi-
per entièrement un ensemble de cuivres et percussions, le
Neo Brass Ensemble, dirigé par Russel Gray (cornet), un
ensemble de neuf musiciens venant de différents pays du nord
de l’Europe.
32 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
Percussions
Caisses claires, grosses caisses, timbales, xylophones… Selon
la nature des ensembles à vent (voir nomenclature, page 26), un
plus ou moins grand nombre de percussions peuvent être uti-
lisées. Si, dans l’orchestre d’harmonie, la conception est plus
proche de celle du symphonique, avec plutôt un rôle de ponc-
tuation, de coloration, dans le brass band et les formations
assimilées, la percussion joue un rôle rythmique plus central,
finalement assez proche du rôle du batteur dans le big band
ou le groupe de funk/rock. Dans le domaine de la percussion
et de la batterie, les marques ne manquent pas: Ludwig, Pearl,
Premier, Cadeson… ou encore le fabricant allemand Sonor dont
les caisses claires de concert sont très prisées pour le sérieux de
la fabrication et la qualité du son. Citons encore la marque fran-
çaise Bergerault, fondée en 1932: ses timbales, caisses claires,
marimbas, vibraphones et xylophones font référence auprès
de nombreux professionnels du monde entier.
RYTHMES & SONS : TOUT POUR L’ORCHESTRE
Cette entreprise française a vu le jour au tout début des années
1980 sous l’impulsion de Claude Walter (diplômé en technique
industrielle et alors régisseur aux Percussions de Strasbourg)
et de son épouse Catherine. Confronté aux multiples pro-
blèmes des transports (routiers, aériens) ainsi qu’aux mon-
tages et démontages des instruments volumineux, Claude
Walter a fabriqué ses premiers flight-cases pour apporter les
solutions les plus pratiques aux musiciens comme aux régis-
seurs. Aujourd’hui, la production s’établit à 20000 flight-cases
par an (vendus dans le monde entier) et les ateliers de pro-
duction, situés en Alsace, s’étendent sur 8000 mètres carrés.
Un besoin d’espace qui s’explique par le développement de
l’entreprise, comme l’indique Catherine Walter: «Nous avons
progressivement élargi notre activité au mobilier d’orchestre,
lui aussi conçu et entièrement fabriqué dans nos locaux, et
également à la distribution, à la fabrication et à la réparation
d’instruments à percussion.» A ce titre, Rythmes & Sons est
partenaire de nombreux ensembles. «On ressent la baisse
des subventions et des budgets de fonctionnement, souligne
Catherine Walter, mais cela ne nous empêche pas d’avancer
et d’innover. Nous sommes fabricants et en même temps une
société de services, avec un
rôle important de conseil.
C’est pourquoi nous
avons choisi de
proposer plu-
sieurs marques
de percussions
aux musiciens,
après avoir,
bien sûr, véri-
fié la qualité
de ces instru-
ments. S’il y a
un défaut récur-
rent, nous reti-
rons le produit de
Grosse caisse de concert Adams notre catalogue.
 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

Cette relation de confiance avec les musiciens est essentielle.»

Distributeur exclusif des percussions Adams (Pays-Bas),
Rythmes & Sons propose un catalogue complet regroupant
les plus grandes marques, des flight-cases sur mesure, ainsi
que les différents mobiliers adaptés à la pratique instrumen-
tale. Quant au sens de l’innovation, il fait partie de l’ADN mai-
son comme en témoignent les différentes percussions dévelop-
pées par Claude Walter au fil des ans, tels les Polyblocks et les
Templeblocks, réalisés dans un plastique à la fois incassable et
“musical” qui aura su séduire, entre autres, le grand jazzman
Miles Davis pour rythmer ses grooves électriques. 1

Le témoignage d’un technicien

Titulaire d’un prix de trompette au conservatoire
de Boulogne-Billancourt et membre du Paris Brass Band,
Adrien Jaminet n’est pas seulement un musicien accompli,
il a également développé un réel savoir-faire technique auprès
d’ateliers parisiens et d’artisans. Une double expertise L’innovation
qui s’est concrétisée avec la création de l’Atelier des cuivres
à Brétigny-sur-Orge.
Il y propose ses services (entretien, réparations, conseils)
constante
et une sélection d’instruments de la famille des cuivres.
au service
des musiciens
DR

JTB710Q : le seul trombone à poignée ergonomique

détachable et à la courbure en col de cygne

Comment se répartit votre clientèle

et quel type de pratique constatez-vous ?
Ma clientèle se répartit à 50% entre professionnels et ama-
teurs, qui ont tous une pratique collective. Je pense que 80%
d’entre eux font partie d’une harmonie ou d’un brass band, cer-
tains pratiquant parfois même les deux. On observe cependant
une désaffection pour l’orchestre d’harmonie, en tout cas de la
part des cuivres, le public que je connais le mieux. Les raisons
JAS700Q et JAS1100Q : Les seuls saxophones aux clés
sont multiples. La première est d’ordre musical: au sein d’un de cadence réglables
brass band, les cuivres se font plaisir beaucoup plus vite et,
très souvent, leurs parties sont plus intéressantes à jouer. Par
ailleurs, avec le développement des conservatoires et écoles
de musique sur l’ensemble du territoire, l’harmonie munici- JFL700WD : La seule flûte ergonomique
pale a cessé d’être le passage obligé pour faire ou parfaire son
éducation musicale. Les musiciens s’orientent donc, en prio-
rité, vers la formation instrumentale dans laquelle ils pren-
dront le plus de plaisir à jouer et à venir répéter tout au long
Pour plus d’informations : contact-sml@algam.net
de l’année. Je constate que, pour les cuivres, c’est majoritaire-
ment le brass band.

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 33

La lettre du musicien 86x250.indd 2 10/05/2017 16:11
 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

Certaines marques vous semblent-elles mieux adaptées

aux exigences du brass band ?
Il n’y a pas à proprement parler de marques spécialisées brass
band, mais, historiquement, certaines sont ancrées dans cette
tradition qui vient d’Angleterre. Besson est certainement la plus
emblématique. Pour concevoir ou améliorer ses modèles, elle
fait régulièrement appel à des musiciens réputés dans le milieu
du brass band. Yamaha a su également se positionner sur ce
marché en proposant une gamme baptisée Neo. Généralement,
les instruments spécifiquement destinés au brass band ont des
perces plus grosses. Il faut garder à l’esprit que la notion de
concours est prédominante. Pour se distinguer, les orchestres
doivent pouvoir obtenir le plus large éventail de nuances dyna-
miques afin de servir au mieux la musique et d’impressionner
ainsi le jury. Cette exigence sonore influence le choix du musi-
cien lors des essais et de l’achat.
Comment voyez-vous l’avenir du brass band ?
Avec optimisme. En Norvège, par exemple, il y a désormais
plus de brass bands que d’harmonies. Mais plutôt que d’op-
poser les deux formations, il est préférable de mettre en avant
le renouveau amené par le brass band, en termes de pratique
et de répertoire. Cela a un impact très positif auprès des plus
jeunes qui peuvent venir à la musique et s’intéresser aux ins-
truments à vent par ce biais. Je note, par ailleurs, que de très
nombreux professionnels, appartenant à des orchestres natio-
naux ou régionaux de premier plan, jouent au sein de brass
bands de manière désintéressée. Il y a donc une passion musi-
cale bien réelle pour de ce type d’ensemble. 1

Un harnais révolutionnaire réglable s’adaptant aux différentes mor-

phologies des batteurs, en 2013. Depuis,
Ostéopathe depuis 2013 et ancien masseur-kinésithérapeute, Antoine Stéphan des centaines de groupes se sont équi-
se forme en kinésithérapie du sport et évolue rapidement dans le monde du sport pés en France, plus de la moitié de la
de haut niveau. Egalement musicien passionné, joueur de caisse claire écossaise première catégorie en Bretagne, mais
en première catégorie des bagadoù (bagad Saint-Malo) et pipe band également à l’étranger –  Etats-Unis,
(Cap Caval Pipe Band), il passe le diplôme européen de Médecine des arts en 2010. Canada, Australie…
Cette double expérience l’a conduit à développer le PhysioDrum,
Les instrumentistes jouant debout
un nouveau harnais visant à faciliter la vie des joueurs de tambour.
(parfois en marchant)
Comment votre idée est-elle née ? de Plomeur, dont tous les percussion- ont-ils plus de pathologies
Tout simplement dans le cadre de mon nistes étaient équipés de ce fameux har- que les musiciens jouant assis ?
mémoire de Médecine des arts, consa- nais révolutionnaire. Ensuite, il y a eu Notre corps n’aime pas l’immobilité.
cré au plus gros problème des joueurs de un long travail avec le développement Jouer d’un instrument debout ou assis
tambour: le port de l’instrument. Lors de plusieurs prototypes avant d’arriver dans une position figée est donc plus
de mes recherches, l’idée d’un nou- à la commercialisation d’une version contraignant qu’en bougeant. Pour
veau harnais a germé avec, autant, en jouant debout, il
comme source d’inspiration, faut supporter le poids de
les corsets utilisés dans le l’instrument et le stabiliser
traitement des scolioses. En au cours du mouvement ce
juillet 2010, j’ai produit le qui peut augmenter le risque
premier harnais prototype de pathologies rachidiennes,
PhysioDrum qui m’a servi c’est-à-dire des problèmes
à valider mon diplôme. La de dos. Il est donc impor-
même année, j’ai participé tant d’apprendre à bouger
aux championnats du monde en jouant, pour atteindre
de pipe band à Glasgow une performance musicale
avec Cap Caval, originaire optimale.
DR

La section batterie du Cap Caval Pipe Band équipée du PhysioDrum.

34 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

Le nouveau standard
des instruments de Brass Band

Baryton Neo
YBH-831

Baryton Neo, YBH-831

Le Baryton Neo YBH-831, dont la nouvelle conception innovante a été orchestrée avec toute
l’expertise de l’artiste Katrina Marzella, offre un niveau optimal de performance en solo et
en orchestre. Il est doté d’une nouvelle branche d’embouchure, d’un bloc piston plus fin et
d’un corps à la tubulure unique.

Pour Katrina, « le baryton a désormais trouvé sa voix. »

Plus d’informations sur www.yamaha.fr

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 35
HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND
Une pratique très ouverte
Harmonies et fanfares couvrent un très large éventail de situations.
Des orchestres d’amateurs qui fonctionnent dans un cadre associatif
jusqu’aux formations professionnelles (celles de l’armée), regard
sur le monde des ensembles à vent.
I
l faut distinguer le monde professionnel de celui des ama-
teurs, entre structures institutionnelles de type national
(musiques de l’Armée de terre, Garde républicaine…) et
orchestres de terrain, à l’ancrage municipal, qui sont le plus sou-
vent des associations loi de 1901. Bien sûr, ces formations ne
sont pas comparables en termes de fonctionnement, de dota-
tions ou d’objectifs; elles ne remplissent pas des missions iden-
tiques, même si elles contribuent, également, au rayonnement
de la musique. Musiciens, responsables et chefs d’orchestre
dressent un tableau très contrasté de cette réalité, qui reflète
une multiplicité de pratiques instrumentales.
LES AMATEURS D’ABORD
Les harmonies sont résolument tournées vers la pratique col-
lective en amateur, avec des séances de travail la plupart du
temps hebdomadaires. La différence des moyens mis en œuvre
peut aboutir, sur le terrain, à des situations variables. On note,
en particulier, l’importance pour ces orchestres de disposer de
leur propre local de répétition, ce qui n’est pas le cas à Saint-
Priest, une commune de 40000 habitants de la banlieue de Lyon.
C’est l’un des principaux soucis de Patrick Péronnet qui dirige
l’orchestre d’harmonie depuis 1984, une formation qui compte
selon les années de 46 à 65 musiciens: «Le déménagement régu-
lier du matériel d’orchestre (mise en place et rangement) ajoute
une part de pénibilité à la pratique musicale. Aucune aide n’est
possible lors des prestations et l’association gère elle-même ses
ressources: conception des affiches et programmes, médiatisa-
tion, transport fréquent de matériel lourd (percussion notam-
ment), financement du parc instrumental et de son entretien…»
Le groupe “Transe Express” lors de l’inauguration du tramway de Tours (2013).
36 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
Non loin de là, à Caluire-et-Cuire, l’Orchestre d’harmonie a
fêté son 130e anniversaire en 2015 et rassemble aujourd’hui
près de 70 musiciens, âgés de 13 à… 80 ans. Pour son direc-
teur, Rodolphe Saint Pol, la difficulté est de pourvoir certains
pupitres: «En général, les cors et le tuba font défaut. Mais chez
nous, à Caluire, ce sont plutôt les hautbois et les bassons. Nous
n’avons pas de hautbois, et un seul basson! Ce sont des classes
à redévelopper via l’école de musique. Le projet d’établissement
de l’école est d’ailleurs tourné vers la pratique amateur et la
pratique orchestrale (pas seulement au sein de l’harmonie).»
COMMENT RECRUTER
Cela pose la question du recrutement. A Caluire, cela passe
par l’école de musique, que dirige aussi Rodolphe Saint Pol,
le site internet de l’orchestre, et le bouche-à-oreille. «Pour les
plus jeunes, nous exigeons une certaine autonomie de la pra-
tique (l’équivalent d’une fin de deuxième cycle), mais pour
les adultes, il n’y a pas de niveau exigé», précise le directeur.
A Saint-Priest, il y a également plusieurs situations. L’harmonie
forme des musiciens, jeunes ou adultes, au sein d’une structure
d’enseignement dédiée, l’école d’orchestre “Vive le vent”, créée
en 2005. Cette école est spécialisée dans l’enseignement des
seuls instruments à vent (flûte, clarinette, hautbois, trompette,
trombone, saxhorn/tuba, percussion). «Par ailleurs, reprend
Patrick Péronnet, nous sollicitons des musiciens amateurs, par
connaissance. Nous sommes également contactés par des musi-
ciens en recherche d’orchestre via notre site internet ou les
réseaux sociaux. Il nous arrive aussi d’engager des musiciens
complémentaires à l’occasion de concerts.» Le directeur de
Cramos
 Spécialiste de l’équipement d’orchestre
Conception, fabrication, distribution depuis 1981

20 000 clients nous font confiance depuis plus de 35 ans !

Pour tout renseignement ou demande de devis, contactez-nous:

03 88 65 06 15
contact@r-sons.com

www.r-sons.com

Rythmes & Sons 18, rue du cor de chasse 67400 ILLKIRCH - FRANCE
 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND
La fanfare des Beaux-Arts “Léon-Malaquais” en 1957.
DR
l’harmonie déplore aussi le manque de contact avec le conser-
vatoire municipal qui entretient ses propres classes de musique
d’ensemble.
DES CHEFS AUX STATUTS TRÈS DIVERS
Le statut des chefs des harmonies n’est pas non plus uniforme,
même si les orchestres sont portés par des structures associa-
tives, soutenues par des subventions municipales. Rodolphe
Saint Pol dirige également l’école de musique (une situation
fréquente), tandis que Patrick Péronnet, à Saint-Priest, est sala-
rié par l’association de l’orchestre.
Dirigé par Philippe Ferro, l’Orchestre d’harmonie de la région
Centre offre un exemple de situation “intermédiaire”, avec un
effectif de 70 musiciens composé à la fois de professionnels et
d’amateurs de bon niveau. Missionnée par la région Centre-
Val de Loire, cette formation est tournée, avant tout, vers les
concerts et les créations.
Quant aux formations institutionnelles, représentées ici par
les musiques de l’Armée de terre ou de la Garde républicaine,
ce sont des ensembles de prestige, incarnant, sur le plan natio-
nal ou international, la continuité de traditions musicales spé-
cifiquement françaises. 1 pôles supérieurs de Poitiers et de Lille (instrumentistes) et de
L’Orchestre d’harmonie de la région Centre en concert.
38 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
En région Centre
un orchestre mêlant
professionnels et amateurs
Flûtiste de formation, Philippe Ferro est, depuis 1992,
directeur musical de l’Orchestre d’harmonie de la région Centre
(70 musiciens). Il a dirigé la musique des Gardiens de la paix
de 2000 à 2008. Il enseigne la musique de chambre au CRR
de Paris et au Pôle supérieur Paris-Boulogne-Billancourt,
dont il dirige l’orchestre d’harmonie.
«Pour moi, le rôle du chef requiert les mêmes compétences
musicales et humaines, quelles que soient les formations diri-
gées», affirme-t-il. Les seules différences concerneraient les
pupitres où les parties sont traitées en tutti, comme les cla-
rinettes et les saxophones, à l’instar des cordes pour le sym-
phonique. L’essentiel est de «savoir se fondre dans le jeu
d’un pupitre, tant sur le timbre que sur l’équilibre et l’arti-
culation». Cela s’apprend-il vraiment, même au plus haut
niveau? Beaucoup reste encore à faire. «L’idéal serait de
décloisonner cet enseignement, reprend-il, en y intégrant
un module principal (symphonique dans la plupart des
cas, mais pas obligatoirement), et en y adjoignant la direc-
tion de chœur et la direction d’ensemble à vent…» Philippe
Ferro reconnaît cependant quelques ouvertures vers la direc-
tion des ensembles à vent au sein des classes de direction.
L’Association française pour l’essor des ensembles à vent
qu’il préside (voir encadré page 46) propose ainsi des week-
ends de formation à la direction, une mini-résidence asso-
ciant un chef-formateur à un compositeur.
A l’Orchestre d’harmonie de la région Centre, le recrutement
s’effectue prioritairement à partir du niveau DEM en région
Centre, en partenariat avec les CRD et les CRR. «Nous asso-
cions ces établissements à nos résidences de solistes et compo-
siteurs puisque, chaque année, nous commandons une pièce.
Ainsi nous avons récemment créé le Concerto pour violoncelle et
orchestre d’harmonie de Richard Dubugnon avec Yan Levionnois,
l’un des nombreux solistes que nous invitons.» L’orchestre est
constitué de musiciens professionnels (enseignants des écoles
de la région) et d’anciens étudiants actuellement en licence ou
master d’interprétation. Il compte aussi quelques musiciens
amateurs de bon niveau, et accueille enfin des étudiants des
Christophe Esnault
 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

Paris-Boulogne-Billancourt (chefs d’orchestre). Les musiciens
sont bénévoles, seuls les formateurs et le chef sont rémunérés.
L’orchestre organise deux sessions par an, chacune de cinq
jours, puis quatre ou six concerts dans la foulée. Compositeurs
et solistes rejoignent les musiciens pour les deux derniers jours.
«La plupart du temps, ajoute le chef, la répétition générale et
l’un des concerts sont enregistrés, surtout lorsqu’il s’agit d’une
création. Nous avons également établi un partenariat avec le
label Klarthe, pour la publication de disques rassemblant l’en-
semble de nos créations.»
L’Orchestre d’harmonie de la région Centre ne se produit qu’en
concert. Il n’est pas rattaché à une ville, mais est missionné par
la région Centre-Val de Loire depuis 2003, soutenu par la Drac
et quelques partenaires privés (Buffet Crampon, Gérondeau,
Da Capo…). 1

Hervé Brisse: «Pour un statut des chefs d’harmonies»

Tuba solo à l’Orchestre national de Lille, Hervé Brisse dirige l’Orchestre d’harmonie de Lille-Fives,
une formation de 45 musiciens, issue d’un quartier, avec laquelle il mène des projets parfois inattendus.

«On peut dire que par mon père, directeur de l’Harmonie de

DR
Doullens dans la Somme, je suis tombé dans l’harmonie quand
j’étais petit, comme Obélix dans son chaudron de potion
magique! Durant mes études supérieures musicales et ensuite,
pendant ma carrière de musicien professionnel, j’ai toujours eu
un regard bienveillant sur le monde amateur, auquel je dois beau-
coup. Avec leur brassage des générations, leur générosité, ces
orchestres sont des écoles de la vie, et j’ai toujours eu grand
plaisir, chaque fois que possible, d’y plonger avec enthousiasme.
Je veux insister sur les objectifs d’exploration et de métissage
des publics que je développe avec l’Orchestre d’harmonie de
Lille-Fives, au travers de projets innovants, créatifs, voire inat-
tendus, allant du répertoire classique pour harmonie (essen-
tiellement des œuvres originales) aux créations avec hip-hop,
rap, électro, artistes de la scène de la chanson française, ciné-
concert, BD concert… Cela nous permet au fil des saisons d’ac-
croître notre public, très cosmopolite, ce qui n’est pas gagné
d’avance pour ce type d’orchestre, noyé dans l’offre culturelle
de la métropole lilloise. Enfin, il me semble indispensable de s’interroger aussi sur le
Par ailleurs, il me semblerait nécessaire de créer un statut spé- répertoire, en particulier le répertoire de musique française,
cifique aux chefs d’harmonie. En effet, paradoxalement, alors qui aujourd’hui semble être délaissé au profit d’une uniformi-
qu’il existe un diplôme national de direction d’ensembles ins- sation, d’une sorte de normalisation dictée par les grandes mai-
trumentaux délivré par le ministère, intégrant les harmonies, sons d’édition. Pourtant, si l’on prend la peine de fouiller un
ainsi qu’un diplôme d’aptitude à la direction des sociétés musi- peu, on peut y découvrir des œuvres d’une grande richesse et
cales, délivré par la CMF, on peut déplorer qu’il n’existe pas à pour tous les niveaux (Saint-Saëns, Dondeyne, Boutry, Maxime
ce jour de véritable statut des chefs d’harmonie. Aulio…).» 1

DANS LE TARN, LA MUSIQUE D’HARMONIE A SON MUSÉE

Inauguré en 2016, l’Institut de musique
Orphée, à Roquecourbe, se consacre à la
musique d’harmonie de façon globale : il
est tourné à la fois vers l’enseignement, la
pratique et l’histoire.
L’institut abrite, outre une école de musique
et un orchestre (l’orchestre d’harmonie
de Roquecourbe qui a fêté ses 70 ans en
2016), un auditorium en cours de construc-
tion et un espace muséographique, actuel-
lement en plein développement.
Il s’agit non seulement de faire connaître les
instruments (cuivres, bois), mais aussi de
valoriser la musique d’harmonie elle-même,
à travers différents volets : expositions per-
manentes et temporaires, animations, tout
en alimentant un fonds de recherche sur
la question, via un ensemble de livres,
documents bibliographiques de référence,
films documentaires… Pour ce faire, l’Ins-
titut passe des accords, par exemple avec
des collectionneurs privés, pour exposer
des familles d’instruments rares et repré-
sentatifs de ce type d’orchestre à travers
le temps. Le recours à l’électronique per-
mettra de mettre en place des animations
à l’attention du grand public. L’Institut de
musique Orphée envisage aussi de pro-
mouvoir la musique d’harmonie en orga-
nisant concerts, festival et concours et en
accueillant d’autres formations, une fois
que l’auditorium sera achevé.
Lancée en 2010, cette initiative, parrainée
par Georges Prêtre, aboutit donc à la créa-
tion d’un nouveau pôle ressource, au sein
duquel le musée de la musique d’harmonie
occupe d’ores et déjà une place centrale.
> www.fonds-orphee.org
Remerciements à Mathilde Liffraud.

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 39

 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

Les musiques de l’Armée de terre

Le colonel Stéphane Brosseau dirige le commandement des musiques de l’Armée de terre (Commat*).
Il est par ailleurs chargé de la planification et de la coordination de toutes les formations musicales
de l’Armée de terre (soit 17 fanfares).

Comment s’effectue le recrutement des musiciens ?
Par audition ou concours, selon l’instrument et en fonction du
besoin, dans l’une de nos six formations. Nous recherchons des
musiciens primés au conservatoire, des titulaires, par exemple,
de DEM ou de master, et nous leur offrons un parcours original
de militaire du rang ou de sous-officier, voire d’officier, en pas-
sant le concours de chef de musique. Ils mènent ainsi leur car-
rière de musicien au service de la Nation, pendant par exemple
deux ans, cinq ans, dix ans, vingt ou trente-cinq ans, selon leur
choix. Beaucoup ont aussi des activités d’enseignement dans le
civil ou de concertiste, en dehors du service. En parallèle, nos
treize fanfares régimentaires (les quatre autres fanfares étant
celles des lycées militaires, constituées des élèves) recrutent des
soldats qui seront d’abord combattants et auront en deuxième
activité la musique. Le niveau instrumental exigé est alors moins
élevé et ils combinent de la meilleure façon les deux objectifs.
Quelles sont les “cultures spécifiques” aux musiques de l’Armée
de terre ? Comment se transmettent-elles ?
La tradition est très importante, car elle fonde notre spécifici-
té, nous légitime et puise ses origines dans l’histoire nationale,
depuis François Ier. Elle est instrumentale, uniformologique,
chantée, cérémoniale, fondée sur des fonctions particulières
(tambour-major, trompette-major, chef de musique…) et
sur chaque arme (artillerie, cavalerie, infanterie…). Mais les
traditions ne sont pas figées; ainsi, la création du commande-
ment des musiques à l’été 2016 m’a incité à mettre en valeur
notre patronne, sainte Cécile, et à créer des nouvelles tradi-
tions autour d’elle (représentation picturale, hymne, textes),
à vouloir disposer d’un emblème (fanion), d’un calot de tradi-
tion… Par ailleurs, chaque musique étant associée à une arme,
il y a un travail permanent de rapprochement des musiciens
avec les militaires qu’ils représentent, pour mieux les connaître,
comprendre leur genre de vie.
De quelle façon se répartissent les 1 600 prestations annuelles
des formations relevant de l’Armée de terre ?
Actuellement, la situation est très particulière du fait de l’état
d’urgence, qui nous a fait diminuer par deux le nombre de nos
concerts, pour des raison de sécurité. Cependant, en 2016, nous
avons donné 110 concerts, soit quelque 8% de notre activité.
Celle-ci est constituée pour 50% de cérémonies protocolaires,
de 30% environ de prestations sous forme de service indivi-
duel auprès de civils ou militaires, de 2% de participation à
des festivals internationaux et de 10% en petits ensembles ou
musique de chambre.
En quoi consiste le rôle d’ambassade des musiques
à l’étranger ?
Quand des manifestations culturelles ou politiques sont
organisées, nous y sommes souvent associés pour rehausser

De gauche à droite et de haut en bas : musique de l’artillerie ; musique de l’arme blindée cavalerie ;
musique des parachutistes (“duel de tambours” lors d’une parade à Norfolk, Virginie, en 2013) ; musique de l’infanterie (DR).

40 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 41

 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

l’événement: quand un ministre ou un chef d’état-major étran-
ger vient en France, par exemple, nous pouvons l’accueillir avec
une musique de 35 à 72 musiciens, le divertir avec un quatuor
à cordes lors d’une réception, organiser un concert avec un
orchestre d’harmonie. Quand nous partons en opération, nous
le faisons plutôt avec de petits effectifs (moins d’une dizaine).
Nous agissons alors sur le terrain, dans des salles de concert
ou encore à l’ambassade de France. On peut être ambassadeur
de la culture française, du répertoire de la musique française
(militaire ou non), de la francophonie. C’est pourquoi je lance
une opération de rayonnement dans plusieurs pays d’Afrique
à l’automne prochain.
Quelles modifications entraînent les missions assignées au
Commat depuis 2016 (aide morale aux militaires en opération) ?
Nous sommes partis, par exemple, pour les fêtes de fin d’année
en opération au Liban et au Tchad, mais aussi avec Vigipirate,
au fort de Vincennes, pour soutenir le moral de nos soldats.
* Le Commat comprend une formation multisites composée d’un état-
Ce sont des expériences extraordinaires. Nous avons eu l’im-
pression d’être vraiment au cœur de notre métier, d’apporter
la magie de la musique et d’être des ambassadeurs de notre
culture, avec des répertoires souvent inconnus de nos jeunes.
Mais je suis convaincu que la musique peut aussi être davan-
tage utilisée à des fins psychologiques en opération, comme
le font déjà les Anglo-Saxons. Elle peut pacifier des belligé-
rants, ou au contraire galvaniser nos troupes, par exemple. Elle
peut impressionner, donner de la gravité, de la solennité, avoir
un effet sur le cours de l’Histoire (nous nous souvenons tous
par exemple de Rostropovitch avec son violoncelle devant le
mur de Berlin en novembre 1989…). A cet effet, ma respon-
sabilité est d’envoyer mes jeunes sans qu’ils soient une proie
facile ni une charge pour des militaires sur place. Sans qu’ils
soient des combattants au sens traditionnel du terme, il leur
faut connaître un minimum indispensable, l’utilisation d’une
arme et le secourisme, notamment. Cela implique l’intégration
dans notre emploi du temps de créneaux d’instruction militaire
et de sport, en plus du travail individuel, par pupitre et par for-
mation, de tout musicien. 1
major (Versailles), d’un quatuor à cordes et de 6 formations musicales
professionnelles, réunissant chacune une cinquantaine de musiciens :
musiques des troupes de marine (Versailles), de l’arme blindée cavalerie
(Metz), de l’infanterie (Lille), de l’artillerie (Lyon), des parachutistes (Toulouse),
des transmissions (Rennes).

La musique de la Garde républicaine (300), ravivage de la flamme sous l’Arc

Forte de 90 musiciens (dont 5 femmes), cette formation est placée
depuis 2010 sous la direction du lieutenant-colonel Antoine Langagne.
Si l’origine de la musique de la Garde
républicaine remonte à l’apparition des
tambours et des fifres au sein des 1er
et 2e régiments d’infanterie de la garde
municipale de Paris (créés par décrets du
premier consul Bonaparte le 4 octobre
1802), aujourd’hui, sa mission princi-
pale est de rendre les honneurs aux plus
hautes autorités de l’Etat. Lorsque le pré-
sident de la République, des membres du
gouvernement ou des chefs d’Etat étran-
gers en visite en France participent à des
cérémonies protocolaires, il appartient à
la musique de la Garde républicaine de
s’y associer.
La musique de la Garde républicaine à la caserne des Célestins à Paris.
Comment s’organise votre travail ?
La musique de la Garde républicaine réa-
lise environ chaque année 120 prestations
en musique complète (services d’hon-
neur, prises d’armes, concerts, aubades,
offices religieux…), 50 services en for-
mations réduites et petits ensembles
(batterie réduite, batterie napoléo-
nienne, show de tambours, octuor de
clarinettes, quintette à vent, quintette
de cuivres, ensemble de jazz, quatuor
de saxophones…), à quoi s’ajoutent les
services d’instrumentistes détachés
(un ou deux musiciens, clairon ou tam-
bour), pour les sessions parlementaires
DR
de triomphe (150) et dans des lieux
divers (120). L’organisation du travail
est donc partagée entre les nombreuses
prestations et les répétitions, qui ont lieu
à la caserne Kellermann à Paris pour les
répétitions des concerts, ou à la caserne
de Rose à Dugny, pour la préparation des
évolutions dynamiques (parade, défilé,
quadrille des baïonnettes…).
De quelle façon s’effectue
le recrutement des musiciens ?
Les musiciens sont recrutés sur audi-
tion. Le niveau prérequis est celui d’un
diplôme d’études musicales ou d’un
diplôme national d’orientation pro-
fessionnelle de musique d’un conser-
vatoire à rayonnement régional. Pour
les musiciens jouant du tambour, le
niveau prérequis est celui d’un prix
national de tambour (ou équivalent)
décerné par l’une des quatre fédéra-
tions musicales: Confédération musi-
cale de France, Confédération française
des batteries-fanfares, Union des fan-
fares de France, Fédération sportive et
culturelle de France. Les candidats rete-
nus pour leurs compétences musicales
doivent en outre satisfaire aux épreuves
du concours de sous-officier de gendar-
merie (pour les bacheliers), ou réussir
les épreuves de sélection de gendarme
adjoint volontaire (épreuves accessibles
aux non-bacheliers). 1

42 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

Le point de vue d’un soliste

Premier prix de trompette au Conservatoire de Paris, membre de
l’Ensemble intercontemporain depuis 2013, Clément Saunier a
fondé en 1998 l’Académie de cuivres et percussions de Surgères
qui accueille quelque 150 participants chaque année. Il est aussi
directeur artistique du festival Le Son des cuivres à Mamers.
surgeresbrassfestival.com

Comment se portent les ensembles d’instruments à vent ?

Le nombre de formations et de fédérations d’orchestres ou d’en-
PERFORMANCE
sembles composés d’instruments à vent atteste de la vitalité de ces
pratiques en France. Nous avons la chance d’avoir de nombreuses
formations professionnelles (orchestres de police, orchestres et
brass bands militaires, batteries-fanfares) qui permettent à leurs
musiciens, non seulement de travailler, mais aussi d’imaginer
a to u t
erd es b r a s s b a n d s
d’autres projets en parallèle de leurs activités professionnelles.
Plusieurs brass bands ou harmonies de haut niveau ont donc vu Le 1
le jour ces dernières années. Certains jouent ensuite le jeu des
concours européens ou nationaux et d’autres se nourrissent de
projets basés sur des commandes ou des rencontres avec des
solistes. Que les gens décident de faire leur carrière dans ces for-
mations ou juste d’y passer un moment, comme ce fut mon cas,
ils peuvent y découvrir tout un répertoire original qui est, d’un
point de vue purement technique et physique, plutôt exigeant!
Vous êtes enseignant. Vos élèves sont-ils encore passionnés
par ce type d’ensemble ou l’intérêt reste-t-il simplement
scolaire, dans le cadre du cursus instrumental ?
Il y a une tradition! Si vous détaillez les pupitres des grands
orchestres français, vous constatez que la plupart des vents
ont été formés, parallèlement aux conservatoires, par ces
ensembles à vent. Donc, l’intérêt pédagogique est évident,
pour l’écoute, pour apprendre à jouer ensemble, travailler les
dynamiques, le phrasé… Il y a aussi un intérêt humain car ces
orchestres sont un reflet de la société avec son florilège de
personnalités parfois hautes en couleurs! La passion, elle, est
bien présente: nombre d’instrumentistes amateurs ne rate-
raient pour rien au monde la répétition hebdomadaire de leur
harmonie ou un concert important à leurs yeux.
Vous vous investissez également dans deux festivals… CORNETS - ALTOS - BARYTONS
Oui, ces deux festivals sont les seuls du réseau Spedidam consa-
crés aux cuivres, à Mamers (72) et à Surgères (17). Le festi- EUPHONIUMS - TUBAS
val de Mamers va proposer en 2017 sa cinquième édition et
Surgères sa deuxième. Le concept est très similaire, c’est-à-dire
trois concerts offerts en après-midi avec des artistes reconnus
ou émergents dans des styles variés, et une soirée avec deux
ou trois concerts thématiques (jazz, classique, funk…) présen-
tant des artistes de notoriété internationale. Nous offrons ain- #WeAreBesson
si un bel espace aux formations composées de vents comme
les fanfares, ensembles de cuivres, brass bands ou ensembles besson.com
de musique de chambre classiques. 1

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 43

 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

A Compiègne, batterie-fanfare et répertoire en mutation

Prix d’excellence de la CMF en cor mi bémol et clairon, Chez nous, trois des tubistes de l’orchestre (dont Stéphane
Rémy Callay dirige la batterie-fanfare de Compiègne depuis Kregar) composent spécialement pour la formation. Cela
2014, un ensemble de 45 musiciens composé des traditionnels débouche sur des création, en s’associant parfois à d’autres
instruments d’ordonnance (trompette, clairon, cor), musiciens: des steel drums, des percussions africaines, un
ainsi que de saxhorns, tubas et d’un pupitre de percussions. bagad breton (avec lequel nous avons participé au Festival
interceltique de Lorient il y a dix ou douze ans)… Actuellement,
Comment s’effectue le recrutement de l’orchestre ? nous travaillons sur un projet avec une fanfare de rue, com-
A Compiègne, nous entretenons de bonnes relations avec le posée de sept musiciens professionnels (la fanfare No Water
conservatoire, les élèves de cuivres et de percussions étant diri- Please, avec trompette, trombone, banjo…). On s’ouvre donc
gés, pour la pratique collective, vers l’harmonie ou la batte- de plus en plus à une écriture moderne, loin de l’univers pure-
rie-fanfare. Quelques instruments sont moins souvent choisis, ment batterie-fanfare.
comme le tuba ou la trompette en mi bémol, difficile pour les
lèvres à cause de la tonalité, qu’on aborde parfois via le clairon.
Notre effectif se compose en gros d’une douzaine d’élèves du
conservatoire, de sept ou huit professionnels (professeurs au
conservatoire ou en école de musique), et d’amateurs. L’âge
de nos musiciens s’échelonne de 10 à 70 ans.
Quelle sorte de répertoire abordez-vous ?
Le répertoire est en mutation et en plein renouveau. Il y a
maintenant de jeunes compositeurs, comme Jean-Jacques
Caplier, par exemple, qui écrivent des pièces pour batterie-fan-
fare. L’idée, avec ces créations ou avec des arrangements de
pièces connues, est de retenir l’attention du public, de l’inci-
ter à venir nous écouter. Nous adaptons donc notre répertoire,
en conservant également quelques pièces “purement batte-
rie-fanfare”, tirées, par exemple, du répertoire des marches.

DR
Le brass band va-t-il supplanter l’harmonie ?
Directeur de Feeling Musique, une enseigne emblématique de la rue de Rome y a Passeurs d’arts, avec de très belles ini-
à Paris (8e), Jean-Claude Decalonne porte un regard avisé sur un milieu tiatives, comme l’Harmonie de Fougères
qu’il connaît bien, celui des ensembles à vent. qui rassemble 100 musiciens. L’investisse-
ment en temps est assez important avec
Comment jugez-vous cette mode les harmonies ou autres fanfares locales. six ou sept heures de travail par semaine,
du brass band au détriment Les professeurs à plein temps n’ont pas mais c’est le seul moyen pour avoir un
de l’harmonie ? remarqué immédiatement la baisse d’ef- résultat musical de qualité. Il existe aussi
Je ne veux pas opposer les deux, car, de fectif dans leurs classes, sensible à partir le dispositif de Garges-lès-Gonesse qui a
toute façon, les instrumentations sont sen- des années 2000. Les effets, aujourd’hui commencé en harmonie (70 musiciens) à
siblement différentes. Pour autant, je ne désastreux, auraient pu être atténués si laquelle se sont ajoutées 25 cordes depuis
peux que constater le déclin de l’harmonie, l’on avait pris conscience de l’immense septembre 2016. Cet orchestre accueille
ce qui m’attriste, car c’est tout simplement quantité d’enfants des quartiers défavo- aussi dix jeunes handicapés, formés par
une part importante de notre patrimoine risés qui n’avaient pas accès aux pratiques les Passeurs d’arts. Un grand concert les
musical qui s’en va. La palette sonore est artistiques. Evidemment, tout cela s’inscrit a rassemblés en janvier 2017. C’est un pro-
superbe et le jeu instrumental est d’une dans une politique musicale globale trop jet magnifique où l’on apprend à redistri-
richesse trop souvent méconnue. La dis- peu ambitieuse. buer la chance.
parition progressive de nombreuses har- Vous avez pris différentes initiatives Pas trop pessimiste alors ?
monies coïncide avec la baisse des effec- pour relancer ces ensembles La musique d’ensemble, telle qu’on la
tifs dans certaines classes d’instruments instrumentaux… connaissait dans l’orchestre d’harmo-
à vent, disons depuis la fin des années Effectivement, juste avant l’an 2000, il y nie, procure des plaisirs inoubliables, des
1990. Il y a eu alors un effet pervers du a eu les orchestres à l’école soutenus par moments de vie qui marquent à jamais,
système. Le fonctionnement des conser- la Chambre syndicale de la facture instru- quand on est enfant ou adolescent. C’est
vatoires n’a pas encouragé la pratique mentale (CSFI) et qui ont permis d’ame- cela qu’il faut retrouver et faire partager.
orchestrale. Certains ont même décon- ner à cette pratique collective un public Si on y met de l’intensité, l’enthousiasme
seillé aux élèves d’aller “s’abîmer” dans qui n’y avait pas accès. Plus récemment, il peut renaître à tout moment.

44 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

Vous vous produisez régulièrement ?

Nous effectuons une quinzaine de prestations dans l’année. Des
Le label discographique
cérémonies protocolaires (8 mai, 11 novembre), quelques défi-
des cuivres en France depuis 10 ans
lés-concerts à Compiègne (le 1er mai) ou dans des communes
environnantes, et des concerts – notre terrain de prédilection –
en plein air (de juin à septembre), pour promouvoir l’orchestre De nombreux
et le style batterie-fanfare, ou en salle, pour des programmes en musiciens, ensembles,
général un peu plus travaillés (recherches, créations…). Bien que et orchestres nous font
la batterie-fanfare de Compiègne ne soit pas spécialement une déjà confiance !
formation “à concours”, nous participons à certaines compéti-
Pourquoi pas VOUS ?
tions, comme le Concours national des batteries-fanfares, qui a
lieu tous les trois ans. Cela permet notamment de renouveler le
répertoire, en étudiant de nouvelles pièces (libres ou imposées). Les Quintettes de cuivres
Magnifica, Or Notes Brass, Feeling
brass, le quatuor de trombones
Anemos...
Au Paris Brass Band, L’orchestre d’harmonie de la
Garde Républicaine, la Musique

des compositeurs en résidence de l’Air, les Cuivres français,...

Fer de lance du mouvement brass band hexagonal, le Paris
Brass Band a acquis aujourd’hui une renommée internationale.
Florent Didier, également trombone solo à l’orchestre
de la Musique de l’air, en assure la direction musicale
et artistique depuis 2008.
Des solistes renommés
Eric Aubier, Michel Barré, Bastien Baumet, Michel Becquet, Daniel
Breszynski, Thierry Caens, André Cazalet, Guillaume Cottet
Dumoulin, David Défiez, Nicolas Drabik, Thierry Gervais, David
Guerrier, Marc Gueujon, Andre Henry, Stephane Labeyrie, Romain
Leleu, Jacques Mauger, Steven Mead, Frédéric Mellardi, Fabrice
Millischer, Francis Orval, David Rouault, Bastien Stil, François
Thuillier, Bruno Tomba, Fabien Wallerand, David Zambon, ...

Comment s’effectue le recrutement ?

Avez-vous des difficultés à pourvoir certains pupitres ? www.indesens.fr
contact@indesens.fr
Notre effectif se compose d’environ une moitié de musiciens
professionnels, venant de la Musique de l’air, de la Garde répu-
blicaine, de la Police parisienne, de l’Opéra de Paris, de l’Or- également des pièces de compositeurs étrangers – suisses,
chestre national de France ou de celui de Lyon, et d’une moi- anglais ou scandinaves. L’idée est de développer un répertoire
tié d’étudiants des CNSMD (en majorité de Paris) ou des pôles pour ce type d’ensemble, en privilégiant des univers particu-
supérieurs, à quoi s’ajoutent deux amateurs de très bon niveau. liers et une large palette de couleurs.
Il n’est pas toujours évident en France de remplir le pupitre Avez-vous beaucoup d’occasions de vous produire ?
de cornets, assez fourni, qui nécessite une approche spéci- Nous participons en général à deux concours dans l’année, au
fique, différente de celle de la trompette, plus souvent prati- niveau national et international, et donnons une quinzaine
quée chez nous. Il est parfois difficile également de trouver des de concerts. Cela peut prendre la forme de concerts-récitals,
musiciens qui jouent du saxhorn alto (en mi bémol), un ins- associés parfois à des classes de maître, en instruments et en
trument particulier. ensemble, notamment à l’attention du jeune public, ou en
Quel type de répertoire pratiquez-vous ? direction de la pratique amateur, avec parfois un concert de
Dans le répertoire des brass bands en général, il y a beaucoup restitution des stagiaires en ouverture de soirée. Nous nous
d’œuvres originales, notamment les pièces imposées aux produisons également lors de ciné-concerts, et en festivals, en
concours de brass bands, nombreux dans les pays anglo-saxons, France et à l’étranger (Angleterre, Suisse, Asie). 1
en Scandinavie et en Flandre. On trouve également des trans-
criptions d’œuvres symphoniques, de
la musique légère, des marches ou des
musiques de films. Cette variété fait la
force de ce répertoire, qui attire aus-
si bien les mélomanes que le grand
public. Pour ce qui est du Paris Brass
Band, nous travaillons le plus pos-
sible sur des créations, sous forme
de résidences de deux ans avec des
compositeurs, comme Olivier Calmel
ou Fabien Cali, donc en étroite colla-
boration avec eux. Pour les concours,
par exemple le Championnat d’Eu-
rope de brass band, nous travaillons
DR

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 45

 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND
La CMF, un acteur incontournable
L a Confédération musicale de France (CMF) est issue du
mouvement orphéonique apparu au début du 19e siècle. Il
s’agissait alors de promouvoir la pratique musicale collective,
sous la forme du chant choral, puis, très vite, des ensembles à
vent (fanfares ou harmonies). A partir de 1855, des fédérations
se constituent à travers le pays puis adoptent des règles com-
munes pour aboutir à la création de la Confédération musicale
de France en 1906. Reconnue d’utilité publique en 1957, la CMF
représente aujourd’hui plus de 4500 structures adhérentes,
soutenues par 112 fédérations régionales et départementales,
soit plus de 300000 membres. Marine Walsh-Foucaud (char-
gée de projets culturels) répond à nos questions.
L’harmonie a joué un rôle important dans l’histoire de la CMF.
Quelle est sa part dans votre activité aujourd’hui ?
Même si tous les styles d’ensembles musicaux sont représen-
tés à la CMF, l’harmonie tient une très grande place dans son
activité. Depuis longtemps, la CMF soutient ses sociétés adhé-
rentes qui organisent des concours d’ensembles musicaux en
région; elle leur donne son agrément et les aide dans la mise en
place de leur concours. On peut constater que les orchestres
d’harmonie sont les plus nombreux à y participer, même quand
les concours sont ouverts à tous les styles d’ensembles musi-
caux. En 2017, trois concours sont organisés: à Maillé, Calais
et Abbeville, où de nombreuses harmonies viendront se pro-
duire. En 2017, la CMF a décidé, en partenariat avec l’Associa-
tion française pour l’essor des ensembles à vent (Afeev, voir
ci-dessous), d’organiser un concours pour désigner l’orchestre
d’harmonie français qui participera au Championnat européen
d’harmonie (ECWO) le 26 mai 2018 à Bruxelles. Les sélections
sont toujours en cours, mais nous avons constaté la participa-
tion de nombreuses harmonies françaises ayant un niveau tech-
nique et artistique très élevé. Pour l’aide à la formation, la CMF
organise tous les deux ans le diplôme d’aptitude à la direction
des sociétés musicales (DADSM), diplôme valorisant la pra-
tique de chefs qui s’engagent dans la direction d’ensembles
musicaux en amateur. Là aussi, nous constatons que les chefs
qui se présentent en option direction d’orchestre d’harmonie
sont souvent bien plus nombreux que dans d’autres options.
En 2017, trois chefs d’orchestre français titulaires du DADSM
ont participé au concours européen de direction en Belgique.
Le brass band semble connaître une belle dynamique.
Comment accompagnez-vous ce mouvement ?
Depuis cent vingt ans, la CMF encourage la pratique collective
et les rencontres musicales. C’est dans cette optique qu’elle
a créé, en 2005, le championnat national de brass band. Cet
événement annuel réunit plusieurs centaines de musiciens de
tous âges et de tous horizons. Le brass band désigné cham-
pion national peut représenter la France l’année suivante au
championnat européen, organisé par l’Association européenne
des brass bands (Ebba). On compte aujourd’hui une soixan-
taine de brass bands en France. Les musiciens et le public sont
attirés par un répertoire différent de celui des harmonies et
des compositeurs spécialisés pour ensembles à vent comme
Philip Sparke, Johan De Meij ou Peter Graham, écrivent d’abord
46 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
pour les brass bands. Lors du championnat 2017 à Lyon, deux
œuvres ont été composées pour l’occasion par Benoît Barrail
et Thibaut Bruniaux. Ce mouvement est aussi très intéressant
pour nos cuivres, car il leur permet de jouer d’autres partitions
qu’en orchestre symphonique ou en harmonie. La CMF est
également chargée de sélectionner les candidatures de jeunes
musiciens afin de les soumettre à l’Ebba pour créer le Brass
band européen des jeunes. Pour la session 2017, trois Français
ont été retenus: un cornettiste, un saxhorn et un euphonium.
Quelles évolutions voyez-vous
pour les ensembles d’instruments à vent ?
Même si le championnat est déjà un événement bien connu,
nous souhaitons le développer. Nous continuerons de l’or-
ganiser dans différentes régions, afin que tous les musiciens
puissent être représentés. Nous songeons à organiser un cham-
pionnat dans le même style pour d’autres ensembles d’instru-
ments à vent, notamment pour les orchestres d’harmonie.
Nous sommes également en train de travailler sur un projet
d’orchestre national de la CMF, dans lequel l’orchestre d’har-
monie tiendra le rôle principal. 1
Edouard Hue
Le pupitre de bombardes du bagad Brieg en 2012.
ASSOCIATION FRANÇAISE
POUR L’ESSOR DES ENSEMBLES À VENT
Créée en 2007, l’Association française pour l’essor des
ensembles à vent (Afeev) est aujourd’hui présidée par Phi-
lipe Ferro. Regroupant des compositeurs, orchestrateurs, inter-
prètes (chefs d’orchestre, solistes, musiciens, enseignants),
musicologues, éditeurs, luthiers, ainsi que des orchestres et
ensembles à vent, elle a pour but de promouvoir la musique de
ce type d’ensemble. Ainsi, les 13 et 14 octobre, l’Afeev organise
en collaboration avec le Conservatoire de Paris le séminaire
“Des deux côtés de l’Atlantique, France, Etats-Unis, influences
mutuelles dans la musique pour les ensembles à vent”, à l’oc-
casion de trois concerts donnés par les musiques des Gardiens
de la paix de Paris, de la Police nationale et l’orchestre d’har-
monie du CNSMD. L’Afeev promeut également le répertoire
français auprès des organisateurs d’événements européens et
internationaux. Elle a par ailleurs engagé un plan de forma-
tion qui passe par des stages pour la direction d’orchestre et
un atelier d’écriture et d’orchestration pour ensembles à vent.
L’Afeev offre aussi de nombreuses ressources (bibliothèque
musicale en ligne, bibliographie…).
 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

L’édition, un monde de passionnés

L’édition pour ensemble d’instruments à vent est plutôt affaire
de spécialistes, même si les grands éditeurs généralistes
peuvent avoir à leur catalogue des œuvres de ce type.

L’
édition pour ensemble d’instruments à vent est un
métier qui a ses particularités. On pourrait même dire
que ses contraintes sont nombreuses, comme le sou-
lignent Max Desmurs, éditeur, et François Rousselot, compo-
siteur (voir interviews, pages suivantes). A la différence de l’édi-
teur de musique “classique” (ici dans son acception la plus
large) qui se base sur un matériau existant et, le plus souvent,
bien connu des musiciens et chefs, l’éditeur de musiques d’har-
monie doit à la fois susciter une demande, par l’intermédiaire
de commandes publiques ou privées, puis s’assurer de l’exé-
cution et de la diffusion de ces œuvres. Autre spécificité: la
relative complexité du travail d’édition puisqu’il faut essen-
tiellement gérer des partitions avec parties séparées, parfois
en petites quantités.
ÉDITION NUMÉRIQUE ET PETITS TIRAGES
Heureusement, l’impression numérique permet aujourd’hui de
trouver un équilibre économique avec de petits tirages. La géné-
ralisation des catalogues en ligne ouvre même la voie au télé-
chargement au format pdf pour une impression à la demande.
Ajoutons que le travail de l’éditeur, comme du compositeur,
doit également toujours tenir compte de la notion de niveau.
Il ne s’agit pas de publier une œuvre uniquement par choix
esthétique, mais bien de l’insérer dans un corpus en fonction
de la difficulté technique (avec six catégories, du plus simple au
plus complexe). Sauf cas particulier, l’écriture pour orchestre
d’harmonie (ou pour brass band) fait toujours intervenir des
notions pédagogiques . En effet, la principale contrainte vient
du besoin de se situer à un certain niveau. L’un des objectifs
de ces pièces, outre le plaisir de la musique collective, est de
faire progresser l’ensemble, voire de préparer des examen ou
des concours.
En France, berceau de l’harmo-
nie, certains éditeurs se sont bâti
une longue et belle réputation
dans ce domaine, telles les édi-
tions Robert-Martin dont le cata-
logue annuel livré avec un CD de
démonstration est attendu avec
impatience par de nombreux
chefs d’orchestre. De création
plus récente, les éditions Lafitan
(fondées en 1989 par Pierre
Lafitan, musicien issu du monde
de l’harmonie, compositeur de La batterie-fanfare d’Etrepigney-Ranchot dans le Jura.
DR
musique légère pour harmonie et classe d’orchestre) proposent
un catalogue en ligne via leur site web, avec la possibilité d’écou-
ter un extrait en mp3 et de télécharger un extrait en pdf. De
manière générale, les éditeurs spécialisés proposent des ver-
sions enregistrées des pièces proposées, que ce soit sous forme
de fichier audio à télécharger ou de CD accompagnant la parti-
tion. Une bonne façon pour le chef d’orchestre, prescripteur,
de se rendre compte à l’oreille du rendu sonore des pièces pro-
posées. Comme il s’agit souvent de musique originale ou d’ar-
rangements, ce support audio est un véritable “plus”, même
si cela représente un travail et un investissement supplémen-
taires pour l’éditeur.
DU NORD AU SUD…
Comme le dit François Rousselot, on observe un long decrescendo
de l’harmonie lorsque l’on va du nord au sud. Dans le Nord,
non loin de la frontière belge, citons les éditions Henry-May,
établies depuis plus de vingt-cinq ans, qui publient et distri-
buent des partitions pour harmonie, mais également pour tout
type d’ensemble à vent (brass band, fanfare, marching band…).
Un peu plus loin, en Belgique, pays de la fanfare, les éditeurs
sont également très actifs, tels Hafabra Music ou Bernaerts
Music. Ce dernier, plus spécialisé dans le brass band, a été
créé par un musicien qui a commencé son activité, en 1989,
en publiant ses propres arrangements et compositions. Un cas
de figure finalement assez fréquent dans le milieu de l’édition
pour instruments à vent. En Allemagne, pays où le nombre
d’orchestres d’harmonie est estimé à environ 8000, contre
un peu plus de 3000 en France, un éditeur spécialisé comme
Rundel propose un important catalogue avec, notamment,
l’adaptation de nombreux “tubes” de variétés internationales

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 47

 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND
(Prince, David Bowie…). En Grande-Bretagne, patrie du brass
band, les éditeurs spécialisés dans ce domaine ne manquent
pas, de l’éditeur professionnel à la microédition. Une maison
de référence comme Pennine Music propose un vaste cata-
logue, de la musique classique à la grande variété internatio-
nale. Les arrangeurs peuvent également soumettre leur par-
tition au comité de lecture pour se faire éditer. Dans le sud,
les éditeurs se font plus rares. Terminons cependant ce tour
d’Europe par un rayon de soleil. L’éditeur italien Scomegna
s’est spécialisé dans l’orchestre d’harmonie en déclinant plu-
sieurs collections dont des arrangements de grands classiques
(Marcello, Verdi, Mozart…), de variétés/jazz et des créations
originales. On notera que, la plupart du temps, les éditeurs
sont également distributeurs d’éditeurs tiers sur leurs mar-
chés respectifs. 1 Joueurs de sousaphone de l’université de Virginie en 2009.
François Rousselot, compositeur et chef d’orchestre
C’est en suivant ses études de trompette au sein de l’école
de musique de Saint-Valéry-en-Caux que François Rousselot
a découvert le monde des ensembles à vent, lorsqu’il a intégré
l’orchestre d’harmonie. Il a ensuite poursuivi sa formation à
Lyon dans les classes de direction d’orchestre et de composition.
Quelle est la spécificité de l’écriture pour orchestre d’harmonie ?
Pour commencer, il est important de dire que l’orchestre
d’harmonie n’est pas un orchestre symphonique de substitu-
tion. La diversité de sa palette de couleurs offre au composi-
teur des possibilités expressives infinies, avec trois registres
principaux: les bois, les cuivres et les percussions. On peut
même dire que la richesse de timbres du pupitre des cuivres
est plus importante que celle du symphonique. En ce qui
concerne le travail de composition, la plus grande difficul-
té vient des contraintes imposées par l’organisation même
des orchestres d’harmonie, le plus souvent constitués d’ama-
teurs (ou d’élèves) de niveaux hétérogènes. Il faut donc tenir
compte des limites musicales des instrumentistes, mais aus-
si des chefs d’orchestre. L’autre écueil vient de l’impossibili-
té de connaître l’effectif qui sera réellement disponible pour
interpréter la pièce. Généralement, je prévois des doublures,
par exemple en doublant la ligne jouée à l’euphonium par le
saxophone ténor. Souvent, il n’y a pas de hautbois et, encore
François Rousselot dirigeant l’harmonie de Villelaure (2016).
DR
48 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
Karen Blaha
plus souvent, il manque les bassons! Il faut donc toujours gar-
der à l’esprit ce déséquilibre des pupitres pour adapter rapi-
dement sa pièce, si besoin est.
Vous êtes surtout confronté à un monde d’amateurs ?
En tant que chef d’orchestre, je suis régulièrement en contact
avec des orchestres d’amateurs, ce qui me sert également dans
mon travail de compositeur. En dehors des formations mili-
taires, il existe peu d’orchestres professionnels. Combien de
grandes métropoles disposent d’un orchestre d’harmonie de
premier plan? Le compositeur doit en tenir compte. Si l’on
veut que les musiciens jouent votre répertoire, il vaut mieux
proposer des œuvres qui ne soient pas indéchiffrables, une
musique tonale assez accessible, avec des repères, mélodiques
et rythmiques, clairs et facilement assimilables par les musi-
ciens. Aujourd’hui, j’observe que développer une composition
sur un thème ou un programme fonctionne très bien, auprès du
public comme des musiciens. Malgré ces limites, composer et
diriger ce type d’orchestre constitue toujours un plaisir et reste
surtout très utile pour mon travail d’écriture. C’est un retour
immédiat, qui me permet d’évaluer aussi les 10 à 15 œuvres que
je compose chaque année pour ce type de formation.
Etes-vous inquiet de la désaffection qui frappe les harmonies ?
Oui et non. Effectivement, la mode est au brass band, mais ça
ne signifie pas la mort de l’harmonie, qui reste une tradition
vivante en France. Le plus gros problème vient de la quasi-dis-
parition de certaines classes instrumentales dans les écoles de
musique, qui restent le principal vivier de nos ensembles. En
dehors du trio piano-guitare-flûte, les classes sont plus éparses,
et on arrive même dans le désert, ou pas loin, quand on consi-
dère les classes de tuba, cor, basson, euphonium! On peut
toujours bricoler les pupitres pour pallier l’absence de cer-
tains instruments mais on perd irrémédiablement en qualité
de timbre. Quand, dans les orchestres communaux ou régio-
naux, ces instruments plus rares sont joués par des musiciens
d’un certain âge et qu’on ne voit pas de relève, on est en droit
de s’inquiéter pour la suite. Mais tout n’est pas sombre. Ainsi,
j’ai dirigé récemment un stage dans le Loiret et j’ai été agréa-
blement surpris par l’investissement et le niveau de la cen-
taine de musiciens présents. 1
 HARMONIE | FANFARE | BRASS BAND

DISQUES

JUST BRASS
Les enregistrements d’ensembles d’harmonie ne sont
pas légion en France. A titre d’exemple, voici les CD
reçus à La Lettre du Musicien depuis septembre 2015.
“American Classics” : pièces de Delerue, Copland, Barber, Ives,
Bernstein, par Eric Aubier, trompette, Philippe Cuper, clarinette,
Nicolas Prost, saxophone, Christelle Chaizy, cor anglais… COLLECTION
l’orchestre de la Garde républicaine… (Indésens)
“Blow up” : pièces de Karol Beffa par Eric Aubier, trompette,
le quatuor de saxophones Jean-Yves Fourmeau, l’ensemble
Initium, l’orchestre de la Garde républicaine… (Indésens) Découvrez de nombreuses pièces
“Fanfares pour cuivres” : pièces de Dukas, Tomasi, Roussel, pour ensembles de cuivres !
Delerue, Jolivet, Debussy, Durey, Schmitt, Talgorn, Bach,
Mendelssohn, Rossini, Barber, Caens, Piazzolla, Bernstein, CHRIS HAZELL TIELMAN SUSATO :
par Les Cuivres français (2 CD Indésens) Three Brass Cats Suite Réf. CH55012
“Hommages. Jean Zay/Jeanne d’Arc” : pièces de Dutilleux, Réf. CH55246
Another Cat : Kraken WILLIAM BYRD
Levinas, Tôn-Thât Tiêt, Boutry, Canat de Chizy, Castérède, Réf. CH55245 The Earle of Oxford’s
Dondeyne, Gotkovsky, Merlet, par l’Orchestre d’harmonie March Réf. CH55037
de la région Centre (Klarthe) JIM PARKER

“Images du temps” : pièces de Pascal Zavaro, Nicolas Bacri,

A Londoner in New York …et bien
d’autres encore !
1ère Partie Réf. CH55816
Alain Louvier, Tôn-Thât Tiêt, par Ghislaine Petit Volta, harpe, 2e Partie Réf. CH55879
André Cazalet, cor, et l’Orchestre d’harmonie de la région
Centre (Klarthe)
“Messes de Saint-Hubert” : pièces de Marc-Antoine de
Dampierre, Hubert Obry, Tyndare Gruyer, Gustave Rochard…
Music Sales Limited • Sales & Distribution 10, rue de la Grange Batelière
par les Sonneurs de la Garde républicaine (Ad Vitam) Centre • Newmarket Road - Bury St Edmunds 75009 Paris – France
“Rhapsody” : pièces de Gershwin, Tomasi, Arutunian, Poulenc, • Suffolk IP33 3YB - UNITED KINGDOM Tél : +33 1 53 24 64 64
Tel : +44 (0)1284 702600 music@musicsales.co.uk
Faillenot, par Eric Aubier et Stéphane Gourvat, trompette,
www.musicsales.com
et l’orchestre de la Garde républicaine (Indésens) 1

Editions Robert-Martin, une entreprise bientôt centenaire

Spécialisée dans le répertoire pour ensemble d’instruments à vent, fanfares spécifique. Il faut ajouter qu’il y a très peu
et harmonies, cette maison d’édition a été fondée par Robert-Martin en 1934 de créations avec une écriture musicale
dans le pays de Gex, dans l’Ain (d’où leur nom d’origine, les Editions gessiennes). contemporaine au sens strict du terme.
Son ambition était de renouveler le répertoire pour harmonies et batteries fanfares. Comment vous adaptez-vous
C’est après la guerre que l’entreprise prendra son nom actuel et s’installera à Mâcon, aux nouvelles attentes des ensembles ?
où elle est toujours. Le point avec son directeur, Max Desmurs.
Il faut innover. Certaines traditions ont
Que représente l’édition pour ensembles d’espérer, la qualité musicale s’en trouve totalement disparu et avec elles une par-
d’instruments à vent dans votre activité ? souvent améliorée. tie de l’activité. Dans les années 1960-1970,
Aujourd’hui, c’est environ la moitié de Qu’est-ce qui caractérise l’édition les costumes de défilés et le matériel pour
notre catalogue et de notre chiffre d’af- pour ensembles d’instruments ? majorettes représentaient une part impor-
faires. On observe une baisse constante Tout d’abord, il s’agit uniquement de tante de l’activité. Aujourd’hui, ça n’existe
de la part harmonie depuis les années vente de partitions, il n’y a pas de location. plus. Il faut donc proposer des œuvres
1980, cela fait écho à des changements Ensuite, il y a un fort besoin en créations qui correspondent aux attentes du public.
survenus dans la société. Il y a quelques originales alors que les orchestres sympho- Par exemple, nous avons lancé une collec-
décennies, le choix des loisirs pour un niques ont à leur disposition le répertoire tion “Ciné-Concerts” qui répond à une
jeune dans une petite ville ou un vil- classique et romantique. Ces créations demande forte de “démonstratif”. Il s’agit
lage était assez limité: le judo ou l’har- doivent répondre à certains impératifs, de composer une musique qui sera jouée
monie. Aujourd’hui, il y a pléthore d’ac- comme les segmentations en niveau: 1 et pendant la projection d’un film, réalisée
tivités, notamment individuelles avec 2 pour débutants, 3 et 4 pour moyen, 5 et par une école de création d’animation avec
le développement d’internet. Pour arri- 6 pour avancés. Le but est de pouvoir être laquelle nous travaillons. Ce spectacle glo-
ver à préserver des ensembles cohé- joué par le plus grand nombre et c’est là bal, mêlant image et son, permet de trou-
rents avec des pupitres suffisamment que le savoir-faire du compositeur et de ver un nouveau public. Il faut rappeler aus-
fournis, les orchestres ont tendance à se l’arrangeur entre en jeu. Par ailleurs, nous si que la France reste la terre de l’orchestre
regrouper, un peu à l’image des regrou- recevons régulièrement des commandes d’harmonie, ce prestige nous permet d’être
pements de communes. Il y a donc moins de directeurs de conservatoire ou de com- très appréciés en Asie, notamment au
d’orchestres, mais, et c’est une raison munes souhaitant célébrer un événement Japon, et aux Etats-Unis. 1

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 49

 49332e ANNÉE
MAI 2017

r le pianiste !
Ne tirez pas su blique. C’est le
président de la Répu
l Macron, 39 ans, élu fait abstraction de
Voici donc Emmanue e ait connu, si l’on
l’Etat que la Républiqu
plus jeune chef de ans.
consul à l’âge de 30 à son égard (beau u-
Bonaparte, premier ent nourrir certains
sentiments que peuv que le remercier
Quels que soient les , nous ne pouvons
lui pour éviter le pire)
La révolution coup ont voté pour
d’être apparu tel un
météore, sans vraie
expé rienc e polit ique ni parti derrière lui,
de notre histoire.
numérique
HORS-SÉRIE N°6 à ce moment si parti
culier et si intense
nous sommes tous
concernés par ce quin
-
s bonne chance, car législatives,
à la porte des
AVRIL 2018
Nous lui souhaiton
quennat, d’aut ant plus que, quels que soient les
résultats des élections
au dès qu’il s’agir a de proc cer-
éder à cer

conservatoires nous savons que perso

nne ne lui fera de cade
ctables. « Père, gard
ez-vous à droite ! Père
, gardez-vous à
de Poitiers (1356).
taines réformes inélu pendant la bataille
he ! » criait le fils du roi Jean le Bon rassu rez-v ous, nous ne
gauc , cher lecteur,
Formations Le président Macron
aura fort à faire. Donc
des problèmes des
musiciens en Fran
ce dans cet éditorial.
l’entretiendrons pas
de Radio France :
GUIDE FISCAL
r des ques tions .
fois pas de se pose ? Il sait sans doute
Cela n’empêche toute ministre de la Culture 
attendre du nouveau des institutions
du nouveau Que pouvons-nous nt dévoré par les gran

ABONNEZ-VOUS !
est presque entièreme e d’année en année.
ments,
BNC, traite déjà que son budget façon méca niqu

DU MUSICIEN
, dont les dépe nses s’accroissent de et donner un élan,
salaires nationales aître ses dossiers
Bilan des Salons : Mais un bon ministre
de la Culture peut conn
a cruellement man
qué dans le dernier
quinquennat. Il ne
comme le recom m-
Droits d’auteur, ort et une direction, ce qui ter les auteu rs,
Fransncf
droits voisi suffit pas de se “tape
r” un spectacle et d’en
félici
de soutenir avec pass
ion la culture, sous
Hollande. Il s’agit ent les
Musicora
Frais réels,
mandait François
toutes ses formes
sans doute, mais si poss ible, sous celles qui apparaiss
stimuler et entre-
t les plus efficaces pour
otions, tout en étan
abattements plus porteuses d’ém que, par exemple !
s nt
itaireme
forfaCom mettre tenir les activités céréb
rales . La musi
raintes de réduire
les collectivités terri
toriales qui sont cont
Le + abonné : vous disposez d’un accès gratuit
2018
que.
Il peut aussi soutenir ts en faveur de la musi
finlitéà un contrat
Fisca leurs dépe nses et, donc , limitent leurs effor
nale qui aura un rôle
prim ordial, s’il arrive
de l’Education natio
detstravail ? à l’intégralité des contenus numériques en ligne
ières
des instrumen Mais c’est le ministre d’un e éduc ation musicale dès les prem
volonté affichée lités). Si nous avon
s un bon
à faire appliquer la de 3 ans ! (voir Actua re,
Modalités le, donc dès l’âge le mini stre de la Cultu
années de l’éco dans la main avec
de paiement ministre de l’Educatio
nous tenons là une
n qui travaille main
chance qui servira
aussi aux collectivit
e étud ié le
és territoriales.
pian o pend ant quelques depuis le n° 350 (novembre 2007) sur lalettredumusicien.fr
t, vous avez vous-mêm nu, dit-on, une
Monsieur le Présiden y avez même obte
toire d’Amiens. Vous Vous aimez donc la
années au conserva e sonate de Mozart.
interprétation d’un accorderez à tous
médaille pour votre Espé rons que vous
constaté ses bienfaits.
musique et vous avez et de l’aimer aussi.
ce de la connaître
Formules d’abonnement mixte papier + pdf
le
les enfants la chan tirer trop vite sur
andons de ne pas
t à vos adve rsair es, nous leur dem Michèle Worm
s
Quan

abonnements groupés et multiconsultations

pianiste !

http://boutique.lalettredumusicien.fr/html/
disponibles sur boutique.lalettredumusicien.fr
abonnements.html
BULLETIN D’ABONNEMENT
à renvoyer à La Lettre du Musicien – Service Abonnements – 14 rue Violet, F-75015 Paris
 Je m’abonne à La Lettre du Musicien, version papier

pour 1 an : 15 numéros + dossiers thématiques au prix de

PACK □ 58 € (France métropolitaine) □ 68 € (Dom-Tom) □ 78 € (Autres pays)
MUSICIEN pour 2 ans : 30 numéros + dossiers thématiques au prix de
□ 111 € (France métropolitaine) □ 136 € (Dom-Tom) □ 146 € (Autres pays)

PACK pour 1 an : 15 numéros + dossiers thématiques + Guide fiscal 2018 au prix de

□ 67 € (France métropolitaine) □ 78 € (Dom-Tom) □ 89 € (Autres pays)
MUSICIEN pour 2 ans : 30 numéros + dossiers thématiques + Guide fiscal 2018 et 2019 au prix de
PLUS □ 129 € (France métropolitaine) □ 156 € (Dom-Tom) □ 168 € (Autres pays)

J’en profite pour commander

□ Le Musicien & la connaissance de soi 16 €* □ Le Guide fiscal du musicien 2017 13 €*
□ Musicienne & citoyenne 16 €* □ Le Guide fiscal du musicien 2018 13 €*
□ Guide du mécénat musical 19 €* □ Le Guide fiscal du musicien 2019 13 €*
□ Le Métier de musicien d’orchestre 25 €* □ Trouver son agent artistique (pdf à télécharger) 10 €
□ Enseigner la musique 15 €* □ Trouver son attaché de presse (pdf à télécharger) 6 €
Numéro d’abonné : 4 1 1 *port inclus
Nom Prénom
Société/Etablissement
Adresse complète
CP Ville Tél.
Courriel Date de naissance (facultatif)
(indispensable pour accéder à votre espace abonnés surlalettredumusicien.fr et pour toute commande de produit numérique)

Profession Instrument pratiqué

Ci-joint mon règlement de € par 1 chèque bancaire à l’ordre de La Lettre du Musicien 1 mandat administratif 1 mandat international
Pour les règlements par mandat nous transmettre l’avis. Pour les règlements
administratifs, indiquer impérativement le donneur d’ordre.
LM494

Si vous souhaitez recevoir une facture, cochez la case ci-contre 1 Date :

Conformément à la loi “Informatique et Libertés” du 6 janvier 1978 (art. 27), vous disposez
et signature
d’un droit d’accès, de modifications, de rectifications et de suppression des données trans-
mises, par simple courrier à La Lettre du Musicien. Les informations requises sont indispen-
sables à La Lettre du Musicien pour le traitement de votre commande. Elles pourront être
cédées à des organismes extérieurs, sauf si vous cochez la case ci-contre: 1

DISQUES
Ambronay
“Bach and Friends”:
œuvres pour clavecin de Bach,
Scheidemann, Caspar, Fischer,
Buxtehude; œuvres pour orgue
de Muffat, Böhm, Bach,
par Louis-Noël Bestion
de Camboulas
Aparté
“Schumann. Music for
Clarinet”: pièces de Robert
(Trauer op.85 n°6,
Drei Romanzen op.94,
Fantasiestücke op.73,
Abendlied op.85 n°12,
Märchenerzählungen op.132,
Spanisches Liederspiel op.74)
et de Clara (Drei Romanzen
op.22), par Patrick Messina,
clarinette, Fabrizio Chiovetta,
piano, Pierre Lenert, alto
B Records
“Il furibondo ou Les Tribulations
d’un Italien à Londres”, drame
instrumental en trois actes sur
des œuvres
de Geminiani, Corelli, Haendel,
Avison, par L’Escadron volant
de la Reine
Calliope
Vivaldi: Concerti di Parigi
par Il Delirio Fantastico
(dir. Vincent Bernhardt)
Chanteloup
George Templeton Strong:
Sonate pour alto et violoncelle
par le duo Gallis (Mathieu
Lamouroux, alto, et Bertille
Arrué, violoncelle)
Claves
Schubert: Sonate D894; Haydn:
Sonate Hob. XVI. 46; Debussy:
Estampes; par Guillaume
Bellom, piano
Cypres
“L’Oreille de Mélanie”:
compilation de pièces de
Machado, Casulana, Dowland,
Romitelli, Moussorgski,
Boesmans, Prokofiev, Morini,
Rameau, Paganini, Cara…
enregistrées par divers artistes
(Paul Van Nevel, Greg Houben,
Manu Louis, Stéphanie de
Failly…) et rassemblées en
hommage à Mélanie Defize,
musicologue, l’une des victimes
de l’attentat de Bruxelles,
le 22 mars 2017
Decca
Nino Rota:
– “Œuvres orchestrales”
(La strada, ballet complet,
Sinfonia sopra una canzone
d’amore, Lo spiritismo nella
vecchia casa, Il Casanova di
Federico Fellini, suite
symphonique); 2 CD
INSTRUMENTS & ÉDITIONS
– “Œuvres sacrées”
(Mysterium, C’era una volta
nella grotta, Ave Maria, Psallite
nato de Maria Virgine, Il natale
degli innocenti. Oratorio per
bambini…); 2 CD
par l’orchestre symphonique
Giuseppe-Verdi de Milan
(dir. Giuseppe Grazioli)
Dux
Mieczyslaw Karlowicz: Concerto
pour violon op.8, Triste Histoire
op.13, Rhapsodie lituanienne
op.11, par Bartlomiej Niziol,
violon, et l’Orchestre
philharmonique de Szczecin
(dir. Lukasz Borowicz)
Franz-Xaver Mozart: Rondo en
mi mineur pour flûte et piano,
Sonate en mi majeur pour
violoncelle et piano op.19,
Sonate en si bémol majeur pour
violon et piano op.7, Sonate en
fa majeur pour violon et piano
op.15, par Ewelina Zawislak,
flûte, Agnieszka Kolodziej,
violoncelle, Lukasz Blaszczyk,
violon, Anna Liszewska, piano
Krzysztof Penderecki:
– Double concerto pour violon et
violoncelle, Concerto pour piano
“Resurrection”, Concertino pour
trompette, par Jakub Haufa,
violon, Marcel Markowski,
violoncelle, Szymon Nehring,
piano, Aleksander Kobus, Erato Suite en do majeur op.114)
trompette, et l’orchestre Mozart: Vêpres solennelles par Francine Trachier, violon,
polonais Sinfonia Iuventus d’un confesseur Françoise Tillard, piano,
(dir. Krzysztof Penderecki et Messe du couronnement, par Marion Gomar, mezzo
et Maciej Tworek) Sandrine Piau, Renata Pokupic,
– Concerto pour alto Benjamin Bruns, Andreas Wolf Les Récitals imaginaires
(version pour saxophone), et les ensembles Accentus “Mes plus belles pages
Concerto n°2 et Insula Orchestra de Franz Schubert”:
“Metamorphosen”, par Pawel (dir. Laurence Equilbey) Moments musicaux D780 op.94
Gusnar, saxophone, Sergej nos 1,2, 3 et 6, Scherzo D593 n°1,
Krylov, violon, et l’orchestre Fy/Solstice Allegretto D915, 3 Ländler
polonais Sinfonia Iuventus Piazzolla: “La Musique nos 1, 2 et 13 D779 op.50,
de Buenos Aires” (Libertango, Sonate n°13 D664, Valses
Dariusz Przybylinski: Seria del Angel, Tango Suite, sentimentales nos 1, 3 et 4 D366,
Musica di forma rosa Trois Préludes pour piano, Impromptus D899 op.90 n°1
“Hommage à Pasolini”, Adios Nonino, Oblivion) et D935 op.142 n°2,
Concerto pour violoncelle, par Christelle Abinasr, piano par Pierre Faraggi, piano
“…denn ich steure mit meinen
Genossen über das dunke Meer Klarthe Ligia
zu unverständlichen Völkeren…”, “Jivaro’s Works. L’Oiseau “Portraits & Caractères. Suites
Katabasis, par Patrycja de feu et autres transcriptions”: et sonates pour le clavecin et le
Piekutowska, violon, pièces de Schumann violon” de Duphly, Mondonville,
Magadalena Bojanowicz, (L’Oiseau prophète), Grieg Corrette, par Martin Gester,
violoncelle, Maciej Frackiewicz, (Suites de Peer Gynt), Debussy clavecin, et Stéphanie Pfister,
accordéon, et l’Orchestre (Nocturnes n°2), Stravinsky violon
symphonique national de la (Suite de l’Oiseau de feu),
radio polonaise (dir. Pawel Satie (Gymnopédie n°1), Naïve
Kotla, Michal Klauza, Szymon Berlioz (Damnation de Faust), Monteverdi: “Night. Stories
Bywalec) tr. par Etienne Lamaison, of Lovers and Warriors”,
par l’ensemble Zellig florilège de madrigaux
ECM par le Concerto Italiano
Tigran Mansurian: Requiem Le Chant de Linos (dir. Rinaldo Alessandrini)
“à la mémoire des victimes Mel Bonis: “The Work for Violin
du génocide arménien” and Piano” (Sonate op.112, Paraty
par le RIAS Kammerchor Andante religioso op.78, Bach: “Weimar Cantatas”
et l’Orchestre de chambre Allegretto non troppo op.84, BWV12, 18, 161,
de Munich (dir. Alexander Largo op.83, Sérénade op.46, par l’ensemble Alia Mens
Liebreich) Elève-toi, mon âme op.22, (dir. Olivier Spilmont)
LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 51
 PÉDAGOGIE
Ecoles nationales:
qu’en est-il à l’heure
de la mondialisation?
Alors que des musiciens venus du monde entier se forment ou enseignent
en France et que, à l’inverse, des musiciens français parcourent la planète
ou font carrière hors de l’Hexagone, la notion d’école nationale a-t-elle
encore un sens? Le témoignage de quelques musiciens d’aujourd’hui.
B
ien avant que la mondialisation n’ait définitivement
brouillé les pistes, l’analyse de l’évolution de l’inter-
prétation s’est perdue dans les ramifications d’arbres
généalogiques dressés au 19e siècle autour de la notion d’écoles
nationales, une notion mise à mal au siècle suivant par la proli-
fération des échanges internationaux. Qu’en est-il aujourd’hui?
UNE TRADITION PLURIELLE,
EN CONSTANTE ÉVOLUTION
L’organiste Eric Lebrun reconnaît éprouver un fort sentiment de
filiation envers ses deux maîtres, Gaston Litaize et Michel Chapuis.
Du premier, il a retenu la méthode pédagogique tout en s’iden-
tifiant davantage aux interprétations du second. Des approches
différentes de l’enseignement, nourrissant de leurs apports une
tradition en constante évolution, favorisant la réflexion person-
nelle plutôt que le mimétisme. Malgré la mondialisation, qui pour-
rait faire croire que l’on est devenu aujourd’hui «l’enfant de tout
le monde», Eric Lebrun reste convaincu de la survivance d’une
filiation française, en lien avec une manière de structurer le dis-
cours musical en fonction de sa langue maternelle.
A peine quinze ans séparent Eric Lebrun de Matthieu
Magnuszewski, conscient, lui aussi, de l’empreinte laissée par
une double filiation, celle de Michel Bouvard et Olivier Latry,
tous deux enseignants au Conservatoire de Paris: «Culture du
toucher et recherche sur les instruments historiques du pre-
mier, maîtrise technique et don de l’orchestration et de l’im-
provisation du second: avoir pu bénéficier de ces deux ensei-
gnements m’a peut-être aidé à n’être ni comme l’un ni comme
l’autre, et à trouver ma place entre les deux.» La tradition s’af-
firme bien plus plurielle qu’auparavant, résultat d’un enseigne-
ment plus varié, dont témoigne l’extrême diversité des inter-
prétations, y compris chez les élèves d’un même professeur.
L’HÉRITAGE EN QUESTION
Marion Ralincourt se réclame pleinement de l’école française de la
flûte, d’une filiation allant de Marcel Moyse à Alain Marion, relayée
52 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
par ses maîtres, Isabelle Ory au conservatoire de Joué-lès-Tours et
Sophie Cherrier au CNSMD de Paris. La rencontre avec François-
Xavier Roth, lui-même ancien flûtiste, qui l’engage comme soliste
de l’orchestre Les Siècles, ne fait que conforter son ancrage dans
cette tradition: «Jouer le répertoire français – Berlioz notamment,
sur instruments d’époque – se révèle complètement pertinent par
rapport au jeu “à la française”, ciselé, articulé et lumineux, recon-
nu comme tel par les écoles étrangères.»
Selon le clarinettiste Florent Charpentier, une esthétique bien
française, basée sur la clarté, le sens des couleurs et l’articu-
lation explique le rayonnement dans le monde entier d’une
école nationale des vents. D’un son plus lumineux que la cla-
rinette allemande, la française réussit la gageure de concilier
un son richement timbré et la rondeur, illustrés par Jacques
Lancelot, Ulysse Delécluse, Guy Deplus, Guy Dangain, Michel
Arrignon. Des maîtres auxquels Florent Charpentier tient à
associer le nom de Jacques Di Donato, qui l’a aidé à faire «un
pas de côté» vers d’autres pratiques et d’autres logiques: le jazz,
l’improvisation et la rencontre avec des plasticiens, en un per-
manent et passionnant bouillon de culture. Le saxophoniste
Vincent David s’est, lui, nourri presque autant des préceptes
de Charlie Parker et de John Coltrane que de ceux de Marcel
Mule et Claude Delangle, dont il revendique pleinement l’héri-
tage: «Je me sens à la croisée de plusieurs chemins, entre l’in-
fluence du jazz, celle de la musique contemporaine, mais éga-
lement d’autres instrumentistes, pianistes, violonistes: il s’agit
de faire la synthèse de tous ces apports et de trouver son che-
min à travers toutes les cultures.»
LE CHARISME,
REMÈDE AU CONFORMISME AMBIANT
Pour d’autres, comme le violoniste Nicolas Dautricourt, la
notion d’école est plus génératrice de cloisonnement que d’ou-
verture. Les seuls héritages qu’il assume sont ceux laissés par
des personnes porteuses d’une conception sans concession de
la musique: «J’ai élu des maîtres qui font corps avec la musique,

qui ont le courage – quitte parfois à se brûler les ailes – d’aller
au bout de la réalisation de leurs rêves.» Des figures d’inspira-
tion relativement éparse, à partir desquelles il a tenté de faire
sa propre synthèse. Philippe Hirschhorn en fait partie: «C’était
un être totalement inspiré, dégageant un magnétisme inouï».
A son tour enseignant, Nicolas Dautricourt cherche à être un
modèle pour ses élèves, mais surtout pas un Pygmalion.
Pour Romain Garioud, l’école française du violoncelle tient sur-
tout au charisme de quelques maîtres comme André Navarra:
«Cette notion d’école a tendance à disparaître du fait de la culture
de l’uniformisation dont sont responsables les conservatoires
supérieurs.» Il dénonce le danger de conformisme chez des musi-
ciens uniquement préoccupés de décrocher leur prix, et cite en
contre-exemple le Festival de Lugano où Martha Argerich donne
une deuxième chance à des musiciens «pas comme les autres».
Lui-même se réclame plus artiste que violoncelliste: «La pre-
mière chose que j’apprends à mes élèves, c’est que l’instrument
vient en dernier: le violoncelle n’est qu’un médium.»
Jérémy Jouve a été formé par différents professeurs divergeant
sur la technique d’attaque des cordes de la guitare, à gauche
pour l’école d’Alberto Ponce, à droite pour celle d’Alexandre
Lagoya – le créateur de la classe du Conservatoire de Paris –
réputée apporter plus de puissance sonore. Une divergence
vécue comme une chance pour le musicien: «Au travers de la
richesse de cet enseignement, j’ai appris que le plus important
était le rendu musical, quel que soit le moyen utilisé.» Bien
que lauréat de plusieurs concours internationaux, Jérémy Jouve
LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 53
PÉDAGOGIE
refuse de sacrifier la recherche de l’expression musicale à celle
d’une perfection technique, accentuée par la mondialisation.
LA QUÊTE DE LA PERSONNALITÉ
Philippe Bary dresse le constat d’une standardisation générale
accentuée par le mode de sélection des conservatoires. Issu lui-
même de l’école française de violoncelle du 20e siècle, regrou-
pant des personnalités aussi diverses que Maurice Maréchal,
Paul Bazelaire, Paul Tortelier, André Navarra ou Maurice
Gendron, son professeur, il reconnaît volontiers que l’on ne
peut plus parler d’école: «Il y avait dans la génération précé-
dente quelque chose de plus touchant, de moins stéréotypé.
Aujourd’hui il y a des gens aussi forts, et en plus grand nombre,
mais pas autant de personnalités.» Face à l’obsession omnipré-
sente de la perfection, il rappelle la leçon de Maurice Gendron:
«Au lieu d’être dans la compétition, soyez dans la recherche
esthétique, la musicalité et le sens du texte.»
La cause est également entendue pour le pianiste Théodore
Paraskivesco: «Aujourd’hui, contrairement à l’après-guerre, on
ne peut plus parler d’école française du piano. Il y a autant de
lignes pédagogiques que de classes au Conservatoire de Paris.
C’est l’originalité du discours de chaque pianiste qui compte,
quel que soit son professeur.» Passionné de transmission,
comme Yvonne Lefébure, dont il fut le disciple avant d’en-
seigner au Conservatoire de Paris de 1985 à 2010, Théodore
Paraskivesco s’attache à détecter et à développer la personnali-
té de chacun de ses élèves: «Mon ambition? Que l’on ne devine
DIRECTEUR ARTISTIQUE ERIC CRAMBES
40 concerts
JUILLET Entrée libre
Masterclasses
Conférences
Jeune public
 PÉDAGOGIE

pas à l’écoute leur professeur. Je pense avoir assez bien réussi. RENCONTRES & FORMATIONS
Nous ne sommes que des catalyseurs. Seules les faibles person-
nalités vivent le rapport au maître sur le mode du mimétisme.» Paul Agnew à Ambronay Guitare en Haute-Loire
Le chef écossais assurera la 13 au 16 juillet
NE PAS ÊTRE L’HOMME D’UN SEUL LIVRE direction pédagogique de la Le guitariste Arnaud Dumont
Savoir prendre de la distance avec ses maîtres pour créer, en prochaine Académie baroque animera une classe de maître
quelque sorte, sa propre école constitue justement, pour le pia- d’Ambronay où il succède à de musique d’ensemble
niste Romain Descharmes, la finalité de l’enseignement: «Le Hervé Niquet et Jordi Savall. pendant le festival 6 Cordes
propre d’un bon professeur, c’est de procurer des pistes à partir L’académie 2017, au fil de l’Allier, à Chanteuges.
qui réunit de 9 chanteurs et >0666693648
desquelles l’élève fait son tri.» Plus que de préceptes, il garde le
12 instrumentistes, partira
souvenir d’instants furtifs de cours, d’images de sons, de posi- Chant baroque
en tournée européenne
tions et d’indications de rubato qui l’ont marqué jusqu’à faire du 8 au 25 juillet avec un en Catalogne
partie de sa personnalité: «Je me suis nourri de tout ce que l’on programme intitulé “Didon” 16 au 26 juillet
m’a appris, mais je ne pense pas que l’on m’ait inculqué un style (Purcell, Desmaret). Lors de l’académie d’été
“école française”, parce que, de moi-même, j’ai cherché à ne du Capriccio français,
pas rester enfermé dans une seule façon de jouer.» Improviser à l’orgue à Barcelone, les stagiaires
Barthold Kuijken ne rêve que du moment où ses élèves flûtistes dans les Pays-de-la-Loire aborderont tous les
trouveront leur voie, leur propre sonorité et commenceront à 9 au 14 juillet répertoires baroques:
remettre en cause ses choix d’interprète: «Je pense que le monde L’Académie d’improvisation musique de chambre,
artistique est désormais plus tourné vers lui-même, jouer comme est ouverte à tous les cantates, opéras… L’académie
organistes, qui travailleront est animée par le chef de
son professeur n’est plus vu comme un idéal, bien au contraire.»
aux côtés de Baptiste-Florian chœur Philippe Le Fèvre.
Autant que l’école – une notion quelque peu estompée pour
Marle-Ouvrard et Henri- > 0612285513
Barthold Kuijken – la langue parlée de chaque élève influe sur Franck Beaupérin sur les
sa technique de production du son: «L’articulation dans l’école instruments de Commequiers, Musicalta en Alsace
française est plus sur le devant de la bouche, produisant un son Saint-Aignan-de-Grand-Lieu, (pluridisciplinaire)
argentin, et plus en arrière dans la tradition allemande.» Il aime à Baugé et Longué-Jumelles. 17 juillet au 5 août
rappeler un proverbe latin appris dans son enfance: «Timeo homi- > academieimprovisation@ La 22e académie de Rouffach
nem unius libri» (Je crains l’homme d’un seul livre). Autodidacte orange.fr est ouverte aux musiciens
par nécessité, ce défricheur de la flûte baroque s’est nourri des étudiants dans une vingtaine
traités anciens de clavecin et de chant autant que de flûte pour Accordéon en Auvergne de disciplines, dont le chant,
trouver un langage apparemment convenable: «On n’a aucune Le Centre international de l’accordéon, l’orgue, la
musique et d’accordéon musique de chambre et, pour
preuve que ce que l’on fait soit “correct”. On fait de son mieux».
organise trois stages d’été la première fois, les cuivres
(10 au 15 juillet; 17 au avec le trompettiste Pierre
RÉCONCILIER MONDIALISATION ET FILIATION 22 juillet; 14 au 19 août). Dutot, le tromboniste Jean
On peut à la fois, comme le violoniste Alexis Galpérine, se Ils sont ouverts aux Raffard et le corniste Jacques
revendiquer un pur produit français sur le plan culturel et rêver accordéonistes, chanteurs, Deleplanque. Les cours
d’une synthèse des traditions, à l’instar d’un de ses maîtres, Ivan saxophonistes et pianistes seront dispensés par
Galamian, issu de l’école russe, synonyme d’attachement à la de tous niveaux. Les cours 50 professeurs.
matière sonore, et pourtant fervent admirateur de Lucien Capet seront assurés par Buzor > www.musicalta.com
et de la tradition franco-belge du violon, attentive à la diction et Nenic, Mylène Mornet, Hugo
à un sensualisme assumé. Issu de ces différentes traditions par le Contini, Pascal Meurgé…
biais de ses maîtres et modèles – Roland Charmy, Ivan Galamian, >0473222745
Henryk Szeryng, Sacha Bernstein, Salvatore Accardo –, Alexis
Galpérine salue le retour de ces filiations auprès de nouvelles
CHANTER MONTEVERDI
générations d’un niveau technique certes bien plus élevé, mais Deux académies ont mis à leur programme,
uniformisé. Par chance, celles-ci sont conscientes de la nécessité les Vêpres de la Vierge cet été.
d’élargir connaissances et répertoires. Autant de raisons pour ce Au Thoronet, du 12 au 20 juillet, les Rencontres
professeur du Conservatoire de Paris d’espérer en la renaissance internationales y consacrent leur académie de musique
d’une école française: «On peut arriver à réconcilier mondiali- ancienne. Elle est ouverte aux chanteurs étudiants
sation et filiation. Je crois en une Internationale du bon sens!» en conservatoire et professionnels, qui seront encadrés
par Gerd Türk, Aki Noda et l’ensemble Gilles Binchois.
Sans doute plus critiques que leurs aînés envers la notion de Trois concerts, dirigés par Dominique Vellard,
tradition, les musiciens actuels, partagés entre le souci d’une les 20, 21 et 22 juillet. >0494601094
perfection imposée par le marché musical et la quête de leur A Toulouse, du 14 au 23 juillet, le stage de chant choral
Eurochorus est ouvert à tous les chanteurs, qui
identité artistique, tentent de réaliser leur propre synthèse en
travailleront avec Elsa Goujon-Grégori, Antonia Guirao
conciliant les apports d’héritages incarnés par quelques per- et Nathalie Accault. Concerts dirigés par Florent Mayet
sonnalités charismatiques et les aspects positifs de la mondia- les 22 et 23 juillet (inscriptions >30 juin). >0780047126
lisation. 1 Marcel Weiss

54 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 PÉDAGOGIE

SAXOPHONE EN NOUVELLE-AQUITAINE
L’instrument d’Adolphe Sax est à l’honneur dans la nouvelle région,
avec des rencontres en Charente-Martime et dans la Vienne.
A Pons, (2 au 11 août), le quatuor espagnol Malaka donnera une
série de classes de maître dans le cadre du festival
Eurochestries, aux saxophonistes âgés de 16 à 40 ans, niveau
minimum fin de 2e cycle. >0546482530
A Poitiers (7 au 15 août), trois stages sont organisés
au conservatoire, pendant le festival Saxophone événement:
académie junior pour les 10-14 ans; académie Habanera pour
les étudiants en perfectionnement; stage pour adultes
amateurs.
Les cours seront dispensés par Masataka Hirano, Julien Petit,
Sylvain Malezieux, Fabrizio Mancuso et Gilles Tressos.
>0607943153
Musique au sommet Opéra baroque en Ardèche
en Haute-Savoie 19 au 26 août
5 au 19 août La compagnie du Globe
L’académie internationale de organise un stage consacré
musique de Flaine est aux Indes galantes de
ouverte, sans limite d’âge, Rameau. Il est ouvert aux
dans les disciplines suivantes: chanteurs, flûtiste et
instruments du quatuor, cornistes, violonistes,
contrebasse, piano, flûte, violoncellistes et violistes,
saxophone, clarinette, ainsi qu’aux clavecinistes.
harmonica, improvisation Les cours seront assurés par
jazz, chant, direction Sandrah Silvio, Catherine
de chœur, chant, musique Escure, Kôji Yoda, Paul
de chambre, posturologie. Rousseau et Pierre Trocellier,
Les stagiaires participeront à Laurac. >0475396991
à l’orchestre de l’académie,
dirigé par Cyril Guignier.
>0450904173

CONCOURS
Annonces
Chant à Marmande
23 au 26 août
(inscriptions >1er juillet)
Le concours international de
Marmande est ouvert aux
chanteurs de 18 à 33 ans dans
deux catégories: opéra et
mélodie française. Le jury est
composé de 19 directeurs de
théâtre lyrique, dont
Raymond Duffaut,
Marc Minkowski,
Laurent Spielmann…
7000 euros de prix.
>0553896875
Guitare à Vienne
(Autriche)
25 au 28 août
(inscriptions >11 août)
La 22e édition du concours
est ouverte aux candidats
âgés de 17 à 32 ans. Dotation
totale de 8000 euros,
assortie d’engagements
(concerts, enregistrement…).
>bit.ly/2qfkwyK
Composition dans le Loiret
septembre
Ce concours, organisé par
l’Orchestre symphonique du
Loiret, s’adresse aux
candidats de moins de
30 ans, qui devront composer
une œuvre pour orchestre de
niveau 1er cycle, d’une durée
maximum de 5 minutes.
> orchestreduloiret.com
Piano à Saint-Priest
10 au 12 novembre
(inscriptions >15 septembre)
Ce concours s’adresse aux
pianistes âgés de 15 à 30 ans.
Le jury sera présidé par
Pascal Nemirovski. Dotation
totale de 20000 euros.
> ipc.stpriest.fr

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 55

 PÉDAGOGIE

Jeunes solistes Nouvelles Tibor-Varga en Suisse Résultats

au Luxembourg
12 novembre
(inscriptions >10 octobre)
La 34e édition est ouverte aux
musiciens de moins de 26 ans
dans les catégories suivantes:
clarinette, saxophone et
musique de chambre (vents,
piano, cor). Les épreuves
auront lieu au conservatoire.
>bit.ly/2p4uJ0n
Musique de chambre
à Lyon
10 au 15 avril
(inscriptions >15 janvier)
L’édition 2018 de ce concours
sera consacrée au trio violon,
violoncelle et piano. Elle est
ouverte aux musiciens de
moins de 32 ans.
22000 euros de prix.
>www.cimcl.fr
Fin de partie à Cincinnati
Le Concours de piano de
Cincinnati (Ohio) a fermé ses
portes, faute d’argent, après
soixante ans d’activité.
C’était le plus ancien
concours de piano des
Etats-Unis.
Musique ancienne
en Val-de-Loire
La 2e édition du concours
organisé par l’ensemble
Stradivaria, qui aura lieu
les 11 et 12 juin, a retenu
13 ensembles: Artificiosa,
duo Accorda, Falbalà,
La Barque de Charon,
L’Apothéose, L’Archivolte,
Le Jeu des lumières,
Les Contre-Sujets, Les Fous
Divertissants, Maris,
New Ground, Taylor Consort
et The Counterpoints.
(violon)
Vingt-huit candidats ont été
retenus pour participer aux
épreuves, qui auront lieu à
Sion, du 22 au 29 août. Parmi
eux, 11 Asiatiques (Corée,
Japon, Chine), 5 Américains
et 2 Français: David Castro-
Balbi et David Moreau.
Jeunes chefs d’orchestre
à Besançon
Sur les 255 candidats
présents aux éliminatoires,
20 ont été sélectionnés pour
participer aux épreuves
finales, qui se dérouleront du
11 au 16 septembre. Parmi
eux, six Français: Jordan
Gudefin (28 ans), Marc Hajjar
(33 ans), Victor Jacob
(26 ans), Gabriel Philippot
(29 ans), Maxime Pitois
(29 ans) et Chloé
Vansoeterstede (28 ans).
Bourses Musiques
d’ensemble de la Fnapec
7 au 9 avril
La Fédération nationale
des associations de parents
d’élèves de conservatoires
a attribué ses bourses
“Musiques d’ensemble” 2017
à: duo Viard-Khusnullina,
trio Mosa, The Whoop Group,
Nubu, trio Dämmerung,
trio Ermione, trio Fauve,
duo Onyx, quatuor Hades.
Arthur-Rubinstein
à Tel-Aviv (piano)
25 avril au 11 mai
1er prix: Szymon Nehring,
21 ans (Pologne); 2e prix:
Daniel Petrica Ciobanu,
26 ans (Roumanie); 3e prix:
Sara Daneshpour, 30 ans
(Etats-Unis)

Compte rendu

Piano: tiercé gagnant à Maisons-Laffitte

Six candidats ont été retenus pendant la semaine d’éliminatoires du 19e Concours international de piano
d’Ile-de-France qui se déroulait à la salle Malesherbes de Maisons-Laffitte.

Dans des programmes très variés, où l’on notait un goût pour
les sonates de Haydn, les candidats qui concouraient pour le
diplôme de concert ont montré de magnifiques qualités tech-
niques et musicales, situant ce concours, fondé par Christine
Girard, à un niveau très exigeant.
Avec la Sonate Hob. XVI/37 de Haydn, de larges extraits des
Fantasiestücke de Schumann, deux pièces des Jatekok de Ligeti
et les deux dernières pages d’En plein air de Bartok, le pia-
niste hongrois Balazs Demeny, au jeu très riche et avec un
remarquable souci du style, obtient le premier prix et le prix
de l’Institut hongrois de Paris. Valeureux et courageux can-
didat, Balazs Demeny, dont on apprenait qu’il souffrait de
coliques néphrétiques quelques heures avant sa prestation, a
néanmoins assuré – avec quel brio! – sa participation et c’est
dans un hôpital parisien qu’il apprit son succès…
Inspiré, avec de très beaux timbres et une grande souplesse
dans le Nocturne op.27 n°2 de Chopin, le pianiste russe
Zulfat Fakhraziev, qui brilla dans l’étude Der Zauberlehrling
de Ligeti, mais nous offrit une Appassionata et un prélude et
fugue de Bach de manière plutôt objective, pour ne pas dire
convenue, se voit décerner le 2e prix.
Très convaincant dans Bach, livrant un pudique et délicat
nocturne de Fauré, le Chinois Jinhong Li, 3e prix, impres-
sionne avec la redoutable Fantaisie op.28 de Scriabine et la
Sonate op.26 de Barber qui font beaucoup d’effet.
En marge des prix, le jury, présidé par Marian Rybicki et
composé de Konstanze Eickhorst, Karoly Mocsari, Elena
Rozanova et Frédéric Vaysse-Knitter, a décerné trois diplômes
de finalistes. On goûte notamment la propre transcription
de la Chevauchée des Walkyries du pianiste russe Konstantin
Zvyagin ainsi que quelques préludes de Debussy, comme des
estampes, par la chinoise Yutong Gao. Mais l’ensemble de
ce concours reste dominé par le récital de la Sud-Coréenne
Da Young Kim qui aurait dû largement obtenir un prix.
Constamment musicienne, cette pianiste détaille avec beau-
coup d’intelligence, de profondeur et de sensibilité la Sonate
Hob. XVI/49 de Haydn, nous séduit avec Bach et Chopin et
nous emballe avec la Sonate n°7 de Prokofiev, fine, sensible
et incisive, sans jamais confondre puissance et brutalité, sans
le pilonnage que l’on inflige si souvent à ce compositeur.
(20 mai) 1 Christian Lorandin

DIPLÔME DE CONCERT 1er prix: Balazs Demeny, 28 ans (Hongrie); 2e prix: Zulfat Fakhraziev (Russie); 3e prix: Jinhong Li (Chine)
EXCELLENCE 1er prix: Vincent Martinet (France); 2e prix: Mai Anchi (Taïwan); 3e prix: Philipp Vitkov (Allemagne)
SUPÉRIEUR 1er prix: Aurore Brindel (France); 2e prix: Théotime Gillot (France); 3e prix: Ayaka Uenomachi (Japon)

56 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 CONSERVATOIRES
Enseigner en milieu rural,
un défi quotidien
Tandis que les communes rurales voient leur population baisser,
les écoles de musique et conservatoires implantés loin des grands
pôles urbains répartissent leur enseignement sur plusieurs antennes,
afin que la musique soit accessible à tous.
C
hristophe Laguzet enseigne la trompette au CRD Emile-
Goué, dans la Creuse. L’ensemble des enseignements est
réparti dans neuf antennes, qui couvrent une grande par-
tie du département, depuis Guéret, où se trouve le siège, jusqu’à
des communes comme La Courtine, 700 habitants, située à la
limite de la Corrèze, à 80 kilomètres au sud. Christophe Laguzet
n’a donc pas une classe de trompette, mais des classes, puisqu’il
enseigne dans quatre sites différents. Il habite à Limoges et par-
court, chaque semaine, plus de 1000 kilomètres en voiture.
PREMIER DÉFI,
LA DISPERSION GÉOGRAPHIQUE situé à Notre-Dame-de-Gravenchon, et à l’école de musique
Chacun des 40 professeurs du conservatoire, qui compte 800
élèves, sillonne ainsi le département. «Dans les zones les plus
reculées, où il n’y a pas d’antenne à proximité, nous nous effor-
çons d’envoyer des intervenants en milieu scolaire», explique
Bruno Adam, le directeur. Une dispersion géographique qui a
un coût: le remboursement des frais de déplacement des ensei-
gnants s’élève à 80000 euros par an. «Se déplacer est indis-
pensable pour enseigner la musique en zone rurale, insiste
le directeur. Si tous les cours étaient regroupés à Guéret, un
grand nombre d’élèves ne s’inscriraient pas.» L’organisation des
enseignements dans les différentes antennes est donc savam-
ment réfléchie: «Nous tenons compte des réalités locales. S’il
y a une harmonie dans une commune, nous y ouvrons une
classe d’instruments à vent.» Pour rendre la musique acces-
sible à tous, même dans les bourgs les plus reculés, les éta-
blissements implantés en milieu rural sont obligés de se doter
de plusieurs lieux d’enseignement. Des écoles tout-terrain, en
somme. «Ici, la notion de service public prend tout son sens,
insiste Christophe Laguzet. Les professeurs sillonnent le ter-
ritoire pour délivrer le même enseignement musical à tous.»
UNE LOGISTIQUE BIEN HUILÉE
DÈS LE DÉBUT DE L’ANNÉE
En Normandie, le conservatoire à rayonnement intercommunal
de la côte d’Albâtre est installé dans deux sites: Saint-Valéry-
en-Caux et Cany-Barville. Un double positionnement auquel
s’ajoutent six annexes, qui permettent à l’établissement de cou-
vrir 61 communes et un bassin de 30000 habitants. La salle
LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 57
polyvalente de Saint-Riquier-ès-Plains, 600 habitants, accueille
ainsi une partie des cours de danse et le collège de Saint-Valéry-
en-Caux met sept salles à disposition. Plusieurs professeurs
viennent du Havre et de Rouen. «Les déplacements des ensei-
gnants et des élèves sont à intégrer dès le début de l’année dans
le fonctionnement de l’établissement et requièrent une logis-
tique bien huilée, explique Philippe Caux, le directeur. Nous
encourageons le covoiturage et nous choisissons les lieux des
différents ateliers en fonction du lieu de résidence des élèves.»
Bernard Burgun enseigne le hautbois au CRI depuis 1990. Il est
également professeur au conservatoire Caux-Vallée de Seine,
de Louviers, qui se trouvent respectivement à 50 et 100 kilo-
mètres de son domicile. «Je passe énormément de temps en
voiture et certains de mes élèves parcourent chaque semaine
une centaine de kilomètres pour venir suivre leur cours d’ins-
trument», indique-t-il.
Personne n’oserait proposer un
terrain de basket sans paniers….
Pourquoi les équipements
artistiques ne sont-ils pas,
eux aussi, pris en compte?
ENSEIGNANT DES VILLES,
ENSEIGNANT DES CHAMPS?
Distance, isolement… Un professeur fraîchement diplômé rêve-
t-il de s’installer dans la Creuse? Pour Bruno Adam, la réponse
est non : «Le recrutement est très compliqué. Nous avons beau-
coup de mal à trouver des musiciens qui acceptent de s’ins-
taller en pleine “diagonale du vide”! Les antennes éloignées
et le style de vie en découragent plus d’un.» Le conservatoire
compte donc trois professeurs titulaires du CA pour… 37 assis-
tants. Au cœur du Cantal, l’école de musique de Mauriac par-
tage son directeur et ses dix professeurs avec l’école de Riom-
ès-Montagnes, à 35 kilomètres. Le département compte huit
 CONSERVATOIRES
écoles de musique et un CRD, à Aurillac. «Nous tentons de
recruter un professeur de cuivre depuis trois ans, raconte Julien
Silhol, le directeur, mais le nombre de kilomètres à parcou-
rir agit comme un repoussoir: les distances sont longues et ce
n’est pas de l’autoroute.» Le recrutement n’est pas aussi com-
pliqué pour Philippe Caux, en Normandie: «Les jeunes profes-
seurs qui sortent du Cefedem de Normandie, situé dans l’ag-
glomération de Rouen, sont enclins à postuler dans la région.
La campagne n’a pas que des défauts! Situé en bord de mer, le
pays de Caux offre un cadre de vie très attrayant.» Pour Bernard
Burgun, enseigner à la campagne est un choix de vie et de car-
rière: «Je suis très attaché au pays de Caux et j’ai la chance d’en-
seigner dans des établissements dynamiques qui poussent les
équipes à s’investir.»
LE PROBLÈME DES LOCAUX:
NE PAS ENSEIGNER LA MUSIQUE N’IMPORTE OÙ
Qui dit répartition des cours sur le territoire dit mise à dispo-
sition de différents locaux. Là encore, la question est épineuse.
Benjamin Halay est directeur de l’Académie intercommunale
de Belleville-sur-Loire, en région Centre. Des antennes ont été
ouvertes dans les communes voisines: Sancerre et Savigny-en-
Sancerre. L’école propose des cours de musique, de danse, de
théâtre et de cinéma et regroupe 200 élèves, dont 92% de musi-
ciens. «Rien qu’à Belleville, nous devons organiser les cours
dans cinq bâtiments différents, déplore le directeur. Les élus
ne semblent pas comprendre que les disciplines artistiques ne
peuvent pas s’enseigner n’importe où.» Certains cours d’ins-
truments ont lieu dans la salle des mariages de la mairie et sont
annulés en cas de cérémonie; les cours de théâtre sont orga-
nisés dans les vestiaires de l’équipe de rugby et une partie des
cours de danse a lieu dans une salle… de boxe, autour du ring.
«Personne n’oserait proposer un terrain de basket sans paniers
ou lésiner sur le budget nécessaire à l’entretien d’un terrain
de foot… souligne Benjamin Halay. Pourquoi les équipements
artistiques ne sont-ils pas, eux aussi, pris en compte? On ne
peut pas enseigner la musique n’importe où!» A Saint-Valéry-
en-Caux, aussi, la direction du conservatoire appelle de ses
vœux des locaux plus grands et aux normes. «Lorsque l’école
de musique a été créée, elle comptait 120 élèves et 6 profes-
seurs. Nous avons gardé les locaux d’origine, tandis que l’ef-
fectif a explosé, explique Philippe Caux. Malgré la fusion avec
l’école de Cany-Barville en 2006, nous manquons cruellement
de place.» A défaut d’auditorium, les concerts et auditions ont
lieu au Rayon vert, la scène municipale conventionnée. Bémol:
les plannings ne coïncident pas toujours et le conservatoire doit
s’adapter à la programmation de la salle.
LA FRACTURE NUMÉRIQUE, UNE RÉALITÉ
Mêmes doléances dans le Cantal. Les écoles de musique de
Mauriac et de Riom-ès-Montagnes n’ont, à elles deux, que six
salles de cours. «Nos locaux sont vétustes, déplore Julien Silhol,
et ne parlons pas de l’insonorisation!» Par manque de place,
le directeur gère l’administration chez lui. Dans un monde de
plus en plus connecté, les citadins auraient presque tendance à
oublier que la fracture numérique est encore une réalité dans de
nombreuses campagnes. «A Belleville-sur-Loire, internet fonc-
tionne par intermittence, rappelle Benjamin Halay. Le débit est
58 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
UNE ÉCOLE PRIVÉE DANS UN VILLAGE
DE 780 HABITANTS
A Gas, en Eure-et-Loir, Lynda Specq a créé en 2009 l’école
indépendante Harpe et compagnie. Son but? Compléter l’offre
de l’école de musique d’Epernon, à huit kilomètres, qui ne pro-
pose pas de cours de harpe. «Pour apprendre la harpe, il faut
s’inscrire au CRD de Chartres ou à celui de Rambouillet, à une
demi-heure de voiture de Gas. Outre la harpe, Lynda Specq
propose des cours de piano, de flûte à bec, d’éveil musical et
de formation musicale. Elle assure seule l’intégralité des cours,
qui ont lieu chez elle. «J’accueille aujourd’hui une quarantaine
d’élèves. La moitié d’entre eux habitent le village, mais cer-
tains viennent d’assez loin pour suivre les cours.»
très faible et les coupures sont fréquentes. Régulièrement, nous
sommes obligés de revenir au papier et au stylo.» L’Académie
intercommunale s’est équipée, en 2015, d’un espace numérique
de travail, mais la mauvaise connexion internet ne permet pas
d’utiliser l’outil avec fluidité.
LA MOTIVATION DES ÉQUIPES
Bruno Adam, directeur du CRD de la Creuse, est catégorique:
«Pour enseigner la musique en milieu rural, il faut une âme de
militant.» Il loue la motivation et le dynamisme de ses pro-
fesseurs. Les élèves ont beau être dispersés aux quatre coins
du département, pas question de laisser la pratique collective
de côté. Christophe Laguzet organise ainsi, chaque année, des
Rencontres de la trompette, qui réunissent ses élèves et un
invité d’honneur: Romain Leleu, Les Trompettes de Lyon… La
programmation culturelle du conservatoire propose près de
120 manifestations dans l’année: auditions, scènes ouvertes,
concerts des professeurs et classes de maître. Les sessions d’or-
chestre ont lieu à Guéret, mais l’ensemble des instrumentistes
ne se réunit pas chaque semaine: des partiels sont organisés
dans les différentes antennes. Au conservatoire de la côte d’Al-
bâtre, Bernard Burgun met en place un grand projet de musique
de chambre par an. Ses élèves interprètent ainsi la Sérénade de
Strauss pour 13 instruments à vent. «Les enseignants s’inves-
tissent, mais comptent, en retour, sur la motivation des familles
et des élèves, malgré le temps de transport, explique Christophe
Laguzet. La pratique collective est essentielle pour créer du lien
social dans ces zones reculées. Sans ces projets, les élèves ne se
croiseraient jamais en dehors du temps de cours.» L’implication
des professeurs déborde souvent sur le volet administratif: à
Belleville-sur-Loire, le directeur et les sept enseignants s’oc-
cupent de l’administration et de toute la régie lors des concerts.
LE CONSERVATOIRE, FER DE LANCE
DE LA VIE MUSICALE
Eloignés des centres de la vie musicale, les habitants peuvent
compter sur la saison culturelle de leur école de musique. Ainsi,
les écoles de Mauriac et de Riom-ès-Montagnes, dans le Cantal,
ont noué un partenariat avec le festival Hibernarock: la classe
de musiques actuelles s’y produit chaque hiver, en première
partie des artistes à l’affiche. Pour irriguer le territoire, les éta-
blissements n’hésitent pas à travailler en réseau. «Nos pro-
fesseurs enseignent dans d’autres établissements du Cantal,
explique Julien Silhol. Ils organisent des projets communs: les
 CONSERVATOIRES

élèves se rencontrent et peuvent bénéficier d’ateliers ou de

classes de maître au CRD d’Aurillac, par exemple.» Même vita-
lité à Vire, dans le Calvados. Afin de faire rayonner la musique
en milieu rural, Isabelle Legravey, directrice du CRI, a créé le
concours des Jeunes Talents normands en 2014. «Le but était
de donner une autre image de la ville, que tout le monde – et
même les élus locaux! – considère comme une petite bourgade
perdue dans la campagne. Pendant les épreuves, le conserva-
toire accueille des orchestres comme celui de l’Opéra de Rouen
et l’Orchestre régional de Normandie.» A Belleville-sur-Loire, CYCLE SPÉCIALISÉ
le directeur a fait le pari de l’itinérance culturelle: «Avec le musique . danse . théeatre
chœur Jazzabell, qui répète au conservatoire une fois par mois,
nous avons créé le festival Toutes voix dehors. Fin mai, nous
sillonnons le département et donnons des miniconcerts dans
douze communes, le temps d’un week-end.»

Le découragement est perceptible chez certains enseignants.

«J’ai toujours voulu travailler en milieu rural, raconte Benjamin
Halay, mais les moyens ne sont pas à la hauteur de la motiva-
tion des enseignants et de la demande: chaque année, nous
refusons une centaine d’élèves à cause du manque de place et
d’équipements. La liste d’attente est longue…» La présence
d’une école de musique en milieu rural participe pourtant à
l’attractivité du territoire. «Nous essayons de stimuler la vie
locale, poursuit le directeur. Le PMU situé en face de l’établis- DIPLÔME D’ÉTUDES
sement, à Belleville-sur-Loire, vend maintenant des cordes de MUSICALES (DEM)
guitare, des baguettes de batterie et du matériel de musique.»
• Instruments et accompagnement
1 Suzanne Gervais
• Chant
• Direction d’orchestre
LA VIE DES ÉTABLISSEMENTS • Direction d’ensembles vocaux
• Création, Improvisation et Culture Musicale
ÉTABLISSEMENTS SUPÉRIEURS • Formation musicale
• Musique ancienne
Paris (CNSMD) électronique: Birke
• Jazz et Musiques Traditionnelles
Le 10 juin, château d’Ecouen, Bertelsmeier, Dahae Boo,
“Le Conservatoire, berceau Gonzalo Bustos,
d’une école française du Chia Hui Chen, Lanqing Ding, DIPLÔME D’ÉTUDES
violoncelle au 19e siècle”, Sivan Eldar, Denis Fargetton,
conférence-concert par Si-Ting Jiang, Hiromichi
CHORÉGRAPHIQUES (DEC)
Christophe Coin et Raphaël Kitazume et Javier Muñoz.
Pidoux, professeurs Le 22, concert du prix de DIPLÔME D’ÉTUDES
de violoncelle. direction d’orchestre avec THÉÂTRALES (DET)
Le 20, au Centquatre, l’orchestre des lauréats
à l’issue de leur formation, (dir. Jordan Gudefin).
les 10 compositeurs qui ont CONCOURS D’ENTRÉE
suivi le cursus de composition Strasbourg (Hear)
et d’informatique musicale
• Pour le DEC : 3 JUILLET 2017
Le 20 juin, concerts de
de l’Ircam (sous la direction composition instrumentale, • Pour les DEM et DET :
d’Eric Daubresse, Marco Liuni, électroacoustique et mixte SEPTEMBRE / OCTOBRE 2017
Jean Lochard, Grégoire par les classes de Retrouvez toutes les informations sur les cursus
Lorieux, Mikhail Malt et composition et d’électro- et l’équipe enseignante ainsi que les
Hector Parra) présentent acoustique (dir. Daniel DOSSIERS DE CANDIDATURE à télécharger sur :
leurs créations pour d’Adamo, Tom Mays).
instrument soliste et www.crr93.fr
5 rue Edouard Poisson - 93300 Aubervilliers - 01 48 11 04 60
PROCHAINES PARUTIONS
n°495: 19 juin — n°496: 3 juillet
n°497: 11 septembre — n°498: 2 octobre

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 59

 CONSERVATOIRES

AUTRES ÉTABLISSEMENTS d’œuvres de Jean-Jacques élèves des classes de Corinne

Amiens (CRR)
Le 22 juin, concert Haydn,
Hahn par le chœur de
chambre (dir. Thibault Maillé)
et Jean-Pierre Baudon, piano.
Annecy (CRR)
Le 13 juin au Cap-Périaz de
Seynod, l’orchestre Double
Croche, (dir. Jean-Michel
Frécaut) et les chœurs
A mi-voix, Baladin, Chavanod,
Patati, Polypholy, Quintal
(dir. Miren Adouani, Blanche
Latour, Adeline Bocquet)
accompagnent le récital de la
chanteuse Michèle Bernard.
Aubervilliers-
La Courneuve (CRR)
Le 14 juin, “Orchestres à
cordes autour de l’Espagne”
avec le violoniste et
compositeur Jasser Haj
Youssef et, l’orchestre
à cordes ‘Opus93’
(dir. Richard Fournier).
Belfort (CRD)
Le 9 juin, château, création
de Stellar Wave de Stéphane
de Gérando par les
départements cuivres et
percussions, accompagnée
de la projection spatialisée
de sons et d’images de
synthèse.
Boulogne-Billancourt
(CRR)
Les 8 et 15 juin, Seine
musicale de l’Ile-Seguin,
“La Flûte chantée”,
adaptation de Coralie Fayolle
d’après Mozart, par le chœur
des collèges des Hauts-de-
Seine et le jeune orchestre
symphonique du CRR
(dir. Christophe Grapperon
et Pierre Calmelet).
Bourges (CRD)
Le 21 juin, le département de
musique électronique investit
le palais Jacques-Cœur pour
une “Nocturne électronique”.
Brest (CRR)
Le 9 juin, résidence Delcourt-
Ponchelet, “Dolce cantando”
par l’ensemble Fiamma
e Foco des professeurs
Jeanne Crousaud, soprano,
Elodie Bouleftour, flûte à bec
et cornemuse, Marta Gliozzi,
orgue: Bach, Frescobaldi,
Monteverdi, Telemann, Torri…
Le 16, “Interphonie”,
rencontre entre le
compositeur en résidence
François Rossé, piano, et les
artistes enseignants du CRR.
Cergy-Pontoise (CRR)
Les 9 et 10 juin, cathédrale
Saint-Maclou à Pontoise,
Symphonie avec orgue de
Saint-Saëns par l’orchestre
symphonique (dir. direction
Benoît Girault) et Philippe
Brandeis.
Chalon-sur-Saône (CRR)
Le 17 juin, “Scènes de la vie
musicale”: travail d’écriture
collective au plateau à partir
Benaily, Jacques Rebotier,
Kagel, Cage… par les
professeurs Nicolas Nageotte,
clarinettes, Blandine Odin,
violoncelle, Stéphanie
Huteau, percussions, et les
comédiens Jean-Jacques
Parquier et Lucie Donet.
Colmar (CRD)
Le 13 juin, salle Europe,
chansons, danses et
madrigaux amoureux par
l’ensemble vocal Evocation,
le chœur de chambre et les
élèves de direction de chœur
(dir. Pascale Parayre et
Catherine Fender), les élèves
d’art dramatique de Françoise
Lervy, Monique Haug,
théorbe et archiluth,
et Anne-Marie Bastian,
flûtes et cromornes.
Laon (CRD)
Le 8 juin, “Percucelli.
Une exploration de divers
répertoires pour violoncelle
et percussions” par les
classes de Frédérique
Aronica, Sébastien Velly et
Yohann Piot. Le 9, concert
Giovanni Gastoldi, Daniel
Speer, Eddie Souchois,
Dominique Delahoch, par
l’orchestre à vent supérieur
et les classes de trombone de
Laon, Soissons et du Pays de
la Serre (dir. Sylvain Bres,
Didier Brévot, Vincent Radix).
Le 10, église de Vivaise,
musique de chambre par les
Textes officiels
Rispal et Laura Sallerani-
Parruitte: Khatchaturian,
Grieg, Fauré, Piazzolla,
Puccini, Brahms.
Mantes-la-Jolie (CRD)
Les 10 et 11 juin, les
professeurs Aurélie Aubrée,
flûte, Marie-Françoise
Maumy, accordéon, Philippe
Dussol, alto, Denis Tétillon,
clarinette, Emmanuel
Deslandes, basson, Francis
Mimoun et Jean-Christophe
André, piano, Isabelle
Gourgues et Pierre Gueneau,
chant, interprètent des
œuvres de leurs collègues
Stéphane Bortoli (création),
Emmanuel Dandin, Alain
Daniel, Alexandre Fontaines
(création), Julien Le Herissier,
Erik Marchelie, Francis
Mimoun.
Montpellier (CRR)
Le 10 juin, à la cathédrale
de Montpellier, et le 11
à Cournonterral, chœurs
d’enfants spécialisés, chœur
adultes et ensemble vocal
(dir. Caroline Comola et
Caroline Semont-Gaulon),
Anne-Lise Dodelier, piano:
“Gabriel Fauré
et ses contemporains”.
Nantes (CRR)
Le 10 juin, concert Sparke,
Cesarin, Ravel, Bernstein,
par Nantes Philharmonie
(dir. Frédéric Oster).

NOMINATIONS  Décret n°2017-1045 du 10 mai 2017 relatif à la composition

> JOËL DOUSSARD, directeur du CRR de Lille,
en remplacement de Jérôme Chrétien, qui est parti
en Avignon; il dirigeait depuis quinze ans le CRR de Brest.
> LAURENCE LOURY, directrice du CRD de la Dordogne
en remplacement de Bruno Rossignol parti diriger
le conservatoire municipal du 6e arrondissement de Paris;
elle était jusqu’alors à la tête du Centre d’enseignement
artistique de l’Estuaire (33).
> BENOÎT WIART, directeur de la cité de la musique
et de la danse de Soissons, en remplacement
de Philippe Da Silva, parti en retraite; il dirigeait
auparavant l’école de musique de la communauté
de communes de la Thiérache du centre.
et au fonctionnement du Haut Conseil de l’éducation artistique
et culturelle.
 Décret n°2017-1046 du 10 mai 2017 instituant un dispositif de
soutien à l’emploi dans le secteur de l’édition phonographique.
 Décret n°2017-1049 du 10 mai 2017 relatif à la participation
d’amateurs à des représentations d’une œuvre de l’esprit
dans un cadre lucratif.
 Arrêté du 5 mai 2017 fixant le cahier des charges relatif
au label Centre national de création musicale.
 Arrêté du 5 mai 2017 fixant le cahier des missions et des charges
relatif au label Opéra national en région.
 Arrêté du 5 mai 2017 fixant le cahier des missions et des charges
relatif au label Scène nationale.
 Arrêté du 5 mai 2017 fixant les conditions d’attribution
et le cahier des missions et des charges d’un conventionnement
pour les théâtres lyriques d’intérêt national.
(JORF n°110 du 11 mai 2017)

60 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 CONSERVATOIRES

À LYON, ON SUIT LES SONS À LA TRACE

Le CNSMD est associé au projet que la réalisatrice Anne Mare-
giano mène depuis 2016 à la maison des aveugles de la villa
Saint-Raphaël. Ce projet a pour objectif de permettre aux rési-
dents de se réapproprier l’espace par la musique, les mots ou
la rencontre. Après une première année de “rencontres enre-
gistrées”, avec le soutien du Grame et de Gilles Malatray (“art
sonore environnemental”), les performances du Laboratoire
scène/recherche (dir. Jean Geoffroy) seront placées dans des
audioguides qui permettront aux résidents de redécourvrir
leur lieu de vie. Les portes ouvertes des 17, 18 et 21 juin don-
neront l’occasion aux parents, amis et non-résidents de suivre
ces “traces sonores”.

Orléans (CRD) musique d’Oberhausbergen,

Le 11 juin, concert Tchaïkovski,
Prokofiev, Benabdeljalli, par
Dania Altabbaa, professeur
de piano. Les 17 et 18 juin,
palais des sports, “Que viva
Colombia” par l’orchestre
symphonique d’Orléans,
l’orchestre du cycle 2
(dir. José Fernando et Giraldo
Pacheco), la fanfare La Belle
Image (dir. Leonardo
Marulanda Rivera) et
l’harmonie municipale
(dir. François Denais).
Perpignan (CRR)
Le 19 juin, concert surprise
pour fêter le dernier concert
de Bernard Langlois à la tête
de l’orchestre d’harmonie.
Rambouillet (CRI)
Le 11 juin, La Lanterne,
“Une fête chez Offenbach”
par le chœur de Rambouillet
Territoires, la maîtrise de
Rambouillet, le chœur Sospiri,
l’ensemble orchestral de la
Villedieu (dir. Pierre
Calmelet), Kataline Vàmosi,
soprano, et Yanis
Benabdallah, ténor.
Saint Arnoult-en-Yvelines
(CRI)
Le 16 juin, Le Cratère, concert
Harry Belafonte par la classe
de steel drum de Benjamin
Magnan.
Strasbourg (CRR)
Le 11 juin, “Mega Sax Projet”,
concert des ensembles
de saxophones des
conservatoires de Strasbourg
et d’Epinal, avec la
participation des écoles de
Duttlenheim, Illkirch,
Strasbourg Neudorf, Thaon-
les-Vosges et Remiremont
et des ensembles SaxFactory,
Jamais sans mon sax
et Sax & Co junior:
Christophe Fourmaux,
Michaël Alizon et Sébastien
Maimbourg (créations).
Le 18, “Hommage à Zoltan
Kodaly” par la classe
d’initiation à l’orchestre et
l’orchestre junior (dir. Mihaly
Temesvari, Emile Jouette):
Bartok, Sugar, Farkas, Kocsar.
Tarn (CRD)
Le 9 juin à Castres, le 10 à
Lautrec, le 11 à Saint-Paul-
Cap-de-Joux, “Musiques AU CRR DE LILLE,
chorales des 20e et LES DROITS D’INSCRIPTION FONT DÉBAT
21e siècles” par le chœur
Le conseil municipal a décidé, le 31 mars, de ne plus
Le Madrigal (dir. Elisabeth
Delplanque) et Camille
prendre en charge le coût des élèves en premier et second
Galinier, piano: Ola Gjeilo, cycles et hors cursus non-résidents à Lille, Lomme ou
Laura Farnell, Karl Jenkins. Hellemmes. Certains instruments ou disciplines “rares”
sont toutefois épargnés. Plus de 200 élèves sont visés qui
Tours (CRR) devront désormais acquitter 1866 euros par an, sauf si leur
Les 8 et 9 juin, Music for commune accepte de payer la différence avec le tarif “lil-
18 Musicians de Steve Reich lois” (de 0 à 500 euros, selon le quotient familial). Pour
par la classe de percussions l’adjointe au maire de Lille en charge de la culture, Marion
de Jean-Baptiste Couturier et Gautier, «il n’est pas normal que les contribuables lillois
Renaud Détruit et les classes paient pour des élèves qui sont domiciliés dans des villes
de danse contemporaine
qui ne cotisent pas pour le fonctionnement du conserva-
d’Agnès Dravet et Claire
Dufois (dir. Rémi Durupt,
toire». La ville de Lille finance à 74% le conservatoire dont
chorégraphie Matthias le budget est de 7,2 millions d’euros, la métropole appor-
Groos). tant 1 million d’euros. La région, pour sa part, participe
au budget du conservatoire «dans le cadre de la forma-
Villeurbanne (CRD) tion professionnelle pour les élèves du troisième cycle».
Les 22 et 23 juin, “Aubade” Une situation compliquée pour le nouveau directeur, Joël
par les classes de chant Doussard, arrivé le 1er juin après un an de vacance du poste.
et de guitare et les chœurs De leur côté, les parents d’élèves et les élèves majeurs se
(coordination Catherine sont regroupés et ont saisi la justice.
Maerten) et Charles Bouisset,
piano: Gounod, Wagner, Sur le sujet, lire aussi
“Des tarifs qui pénalisent les ruraux et les périurbains” (LM480).
Bizet, Grieg, Ravel, Jolivet…

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 61

 POINT JURIDIQUE
De l’autonomie
des jurys d’examens
A l’approche de la proclamation des résultats de l’examen de professeur
par les centres de gestion, le Conseil d’Etat vient de rendre
une décision importante concernant les prérogatives du jury.
Un lecteur nous avait interrogés sur la latitude d’un jury de décider
d’une note d’admission plus élevée que le seuil minimal fixé
par le règlement de l’examen. La réponse de Matthieu Charbey.
QUESTION
Ayant présenté en mars dernier les épreuves de l’examen profes-
sionnel d’accès au cadre d’emplois des professeurs territoriaux
d’enseignement artistique par la voie de la promotion interne,
je me pose la question suivante: s’agissant d’un examen profes-
sionnel et non d’un concours, suffit-il d’obtenir aux épreuves
une note moyenne égale ou supérieure à 10 sur 20 pour être
déclaré admis?
RÉPONSE
Le juge administratif n’a été saisi de cette question que très
récemment. C’est pourquoi, faute de jurisprudence, les pra-
tiques observées jusqu’alors n’étaient pas uniformes: si l’usage
consistant à déclarer admis les candidats ayant obtenu la note
moyenne de 10 était généralement suivi, il pouvait parfois être
écarté par certains jurys et organisateurs d’examens.
La difficulté réside dans le sens à donner au règlement de l’exa-
men qui prévoit qu’«un candidat ne peut être déclaré admis si la
moyenne de ses notes aux épreuves est inférieure à 10 sur 201».
L’absence d’unanimité sur l’interprétation de cette disposition
se retrouve aussi parmi les juridictions administratives comme
l’illustrent les deux décisions rendues récemment. L’une et
l’autre concernent l’examen professionnel d’avancement au
grade d’attaché principal, mais les raisonnements suivis sont
en tous points transposables à l’examen professionnel de pro-
fesseur auquel vous vous êtes présenté.
Dans un arrêt du 24 novembre 2015, la cour administrative
d’appel de Marseille avait déduit du règlement que «la déter-
mination de la note minimale exigée des candidats pour être
admis est un élément de l’organisation de l’examen2». En
conséquence, le jury n’était juridiquement pas compétent
pour fixer cette note, cette décision relevant du seul gouver-
nement, auteur du règlement de l’examen contenu dans un
arrêté ministériel.
La cour administrative d’appel a ainsi annulé la liste d’admis-
sion en tant que n’y figurait pas le nom du requérant qui avait
62 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
obtenu la note moyenne de 10,25, le jury ayant fixé le seuil d’ad-
mission à la note de 11 sur 20. De plus, l’autorité organisatrice
de l’examen (le centre de gestion) s’est vu enjoindre de se pro-
noncer à nouveau sur l’admission du candidat dans le délai d’un
mois et condamner à lui verser la somme de 7000 euros à titre
de dommages-intérêts.
Saisi par l’autorité organisatrice de l’examen, le Conseil d’Etat
dans un arrêt du 12 mai 2017 a annulé l’arrêt de la cour admi-
nistrative d’appel pour avoir fait une interprétation erronée du
règlement de l’examen: «Lorsque l’arrêté fixant les modalités
d’organisation d’un examen professionnel se borne à prévoir
qu’un candidat ne peut être déclaré admis si la moyenne de ses
notes aux épreuves est inférieure à 10 sur 20, il est loisible au
jury de cet examen, dans l’exercice de son pouvoir souverain
d’appréciation des mérites des candidats, d’arrêter, après exa-
men des résultats des épreuves, un seuil d’admission supérieur
au seuil minimal fixé par cet arrêté3».
Le Conseil d’Etat en déduit que l’autorité organisatrice de l’exa-
men était compétente pour informer les candidats du seuil
d’admission correspondant à la moyenne des notes en des-
sous de laquelle aucun d’entre eux ne pouvait être admis.
Compte tenu de la position du Conseil d’Etat dans la hiérarchie
des juridictions administratives, cette décision fixe la jurispru-
dence en la matière: les autres juridictions s’y conformeront et,
par voie de conséquence, les candidats qui contesteraient les
prérogatives du jury sur ce point auront désormais toutes les
chances de voir leurs recours rejetés. Sur le fond, cette décision
atténue la différence entre concours et examen professionnel;
la différence notable entre les deux modes de sélection réside
dans la détermination préalable d’un nombre de postes offerts
dans le cas du concours. 1 Matthieu Charbey
1. Décret n°92-895 du 2 septembre 1992, art. 9 pour l’examen professionnel
de professeur.
2. CAA Marseille n° 14MA03151 du 24 novembre 2015.
3. CE n°396335 du 12 mai 2017.

Les ruptures
du contrat de travail
à l’initiative de l’employeur
Les textes qui encadrent le travail du salarié et ses relations avec son
employeur prévoient les différentes hypothèses relatives à la fin de cette
relation. Après avoir traité de la rupture du contrat de travail à l’initiative
du salarié, nous abordons ici la rupture provoquée par l’employeur.
S
i le licenciement est la procédure la plus fréquente qui
permet à l’employeur de mettre fin au contrat qui le lie
au salarié, elle n’est pas la seule: le cas de force majeure
et la mise à la retraite d’office peuvent également intervenir.
LE LICENCIEMENT POUR MOTIF ÉCONOMIQUE
Lorsque l’employeur a mis en œuvre toutes les procédures
visant à éviter le licenciement économique (accord de main-
tien de l’emploi, activité partielle du salarié…) et que la conjonc-
ture économique l’y oblige, il peut lancer une procédure de
licenciement.
LES CONDITIONS DU LICENCIEMENT POUR MOTIF ÉCONOMIQUE
L’article L1233-3 du Code du travail définit le licenciement
pour motif économique comme «le licenciement effectué par
un employeur pour un ou plusieurs motifs non inhérents à la
personne du salarié, résultant d’une suppression ou transfor-
mation d’emploi ou d’une modification refusée par le salarié,
d’un élément essentiel du contrat de travail» à la suite de dif-
ficultés économiques (baisse du chiffre d’affaires, pertes d’ex-
ploitation, cessation de l’activité…).
LA PROCÉDURE
La consultation des représentants du personnel A partir de deux
licenciements pour motif économique, l’employeur doit consul-
ter le comité d’entreprise ou à défaut les délégués du personnel1.
Ils sont ainsi amenés à donner leur avis sur les raisons du licen-
ciement, le nombre de licenciements envisagés, les critères pro-
posés pour l’ordre des licenciements, le calendrier prévisionnel…
L’employeur doit également prévenir la direction régionale des
entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail
et de l’emploi (Direccte): s’il licencie moins de 10 personnes
sur une période de trente jours, il doit l’informer des licencie-
ments dans les huit jours suivant l’envoi des lettres aux salariés;
Retrouvez les chroniques juridiques sur notre site
lalettredumusicien.fr
LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 63
POINT JURIDIQUE
s’il licencie plus de 10 salariés, il doit l’informer du projet en
amont, dès la réunion des représentants du personnel. Dans
les orchestres de plus de 50 salariés, l’employeur notifie égale-
ment à la Direccte le contenu de plan de sauvegarde de l’emploi
et les informations données aux représentants du personnel.
En l’absence de réunion des représentants du personnel,
le salarié qui en subit un préjudice peut saisir le conseil de
prud’hommes pour obtenir réparation.
L’entretien préalable Lorsqu’il licencie 10 salariés ou moins sur
une période de trente jours, l’employeur doit convoquer, par
lettre recommandée ou remise en main propre, chaque salarié
à un entretien préalable. Il est indiqué que le salarié peut béné-
ficier de l’assistance d’une personne de son choix (un membre
du personnel ou un conseiller extérieur) lors de l’entretien2.
La lettre de licenciement et le préavis L’employeur doit men-
tionner dans la lettre de licenciement les motifs économiques
invoqués à l’appui de sa démarche, la possibilité de bénéficier
d’un contrat de sécurisation professionnelle et la possibilité de
bénéficier d’une priorité de réembauche.
La lettre est envoyée en recommandé avec accusé de réception
sept jours minimum après l’entretien préalable pour un licencie-
ment de moins de 10 salariés et 30 jours minimum après la noti-
fication du projet de licenciement à la Direccte. Le salarié reste
à son poste pendant toute la durée du préavis, sauf s’il est dis-
pensé de l’exécuter. Une fois son contrat terminé, il perçoit son
salaire et, le cas échéant, une indemnité de licenciement, ainsi
qu’une indemnité compensatrice de préavis et de congés payés.
Le plan de sauvegarde de l’emploi Facultatif pour les entreprises
de moins de 50 salariés ou lorsque le licenciement concerne
moins de 10 salariés, il est obligatoire dans les autres cas. Les
articles L1233-61 et suivants prévoient que le plan de sauve-
garde pour l’emploi est mis en œuvre pour limiter, voire éviter
 POINT JURIDIQUE
les licenciements, en permettant notamment le reclassement des
salariés, en prévoyant des actions favorisant la reprise de tout
ou partie de l’activité, des formations accélérant le reclassement
externe à l’entreprise ou encore la reconversion des salariés. Il
peut également prévoir des primes d’incitation au départ volon-
taire, des congés de conversion… Il est déterminé par accord col-
lectif majoritaire dans l’entreprise et fait l’objet d’une homologa-
tion par la Direccte, dont les salariés sont informés.
LES GARANTIES OFFERTES AU SALARIÉ
L’obligation d’adaptation et de reclassement Les articles L1233-
4 et suivant du Code du travail imposent à l’employeur de faire
tous les efforts de formation (formation complémentaire et
non formation initiale), d’adaptation et de reclassement dans
un poste équivalent dans l’entreprise pour éviter le licencie-
ment du salarié3. Les offres doivent être proposées individuel-
lement et par écrit à chaque salarié. En cas de refus de leur part,
l’employeur peut procéder au licenciement.
La priorité de réembauche L’article L1233-45 offre au sala-
rié licencié une priorité de réembauche d’une durée d’un an
à compter de la date de rupture de son contrat, s’il en fait la
demande4. L’employeur doit l’informer de la disponibilité de
tout emploi compatible avec sa qualification, selon les moda-
lités prévues par la lettre de licenciement. En cas de non-res-
pect de cette obligation par l’employeur, le salarié peut saisir
le conseil de prud’hommes.
Le contrat de sécurisation professionnelle L’article L1233-65 pré-
voit que le contrat de sécurisation professionnelle a pour objet
l’organisation et le déroulement d’un parcours de retour à l’em-
ploi, au moyen d’une reconversion ou d’une création ou reprise
d’entreprise. Il comprend une phase de bilan et d’évaluation de
compétences, une phase d’élaboration d’un projet professionnel
et des périodes de formation et d’emploi. Si le salarié l’accepte
(il peut le refuser), le contrat de sécurisation professionnelle
emporte rupture du contrat de travail initial. Le salarié perçoit
une allocation de sécurisation professionnelle, dont le montant
varie en fonction de l’ancienneté et du salaire de référence (75%
du salaire de référence au-delà d’un an d’ancienneté et équiva-
lent au montant de l’allocation de retour à l’emploi en deçà).
Le congé de conversion Le congé de conversion permet au
salarié de bénéficier de mesures permettant son reclasse-
ment: bilan d’évaluation, actions de formations… Il impose
que l’entreprise ait signé avec l’Etat une convention de
congé de conversion. D’une durée minimum de quatre mois,
le congé permet au salarié de toucher une allocation de
conversion, au moins égale à 65% de la rémunération brute
qu’il percevait les douze mois précédant l’entrée en congé.
À l’issue du congé, si le salarié n’a pas retrouvé d’emploi, l’em-
ployeur procède au licenciement5.
La cellule de reclassement La cellule de reclassement est facul-
tative. Elle naît d’une convention entre l’Etat et l’entreprise et
agit en collaboration avec Pôle emploi. Elle permet d’accompa-
gner le salarié licencié dans sa recherche d’un nouvel emploi.
L’allocation temporaire dégressive L’allocation temporaire
64 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
dégressive offre une compensation financière au salarié qui
a accepté un reclassement à un poste moins rémunéré que
celui qu’il occupait. Elle implique que l’entreprise ait passé
une convention d’allocation temporaire dégressive avec l’Etat.
Son montant forfaitaire correspond à la différence entre l’an-
cien salaire net moyen perçu au cours des douze mois et le
nouveau salaire. L’allocation peut être perçue pendant deux
ans maximum6.
LICENCIEMENT POUR MOTIF PERSONNEL
Il faut noter que le licenciement pour motif personnel n’est
possible que pour les salariés engagés en contrat à durée
indéterminée.
LE MOTIF DE LICENCIEMENT
Le licenciement personnel peut résulter soit d’une faute du sala-
rié, soit d’un motif non disciplinaire (insuffisance, refus de modi-
fier le contrat de travail…). Dans tous les cas, il doit reposer sur
une cause réelle et sérieuse, qui doit respecter les conditions sui-
vantes: elle existe réellement, elle peut être vérifiée et doit être
suffisamment importante pour justifier la rupture de la relation de
travail7. De même, la loi interdit à l’employeur de faire reposer le
licenciement sur certains motifs: tous les motifs discriminatoires
(orientation sexuelle, origine, appartenance religieuse, étant de
santé, grossesse…); avoir subi un harcèlement; avoir témoigné de
faits illicites dont le salarié aurait eu connaissance dans ses fonc-
tions; avoir une activité syndicale…8 Un licenciement fondé sur
l’un de ces motifs sera considéré comme nul par le juge judiciaire.
LA PROCÉDURE
Le salarié doit d’abord être convoqué à un entretien préalable
au licenciement, soit par lettre recommandée avec accusé de
réception, soit par remise en main propre contre décharge9.
Comme pour le licenciement économique, la lettre doit faire
état de l’entretien ainsi que de la possibilité pour le salarié de
se faire accompagner, soit par un autre membre du personnel,
soit par un conseiller extérieur (l’employeur doit donner les
coordonnées de la mairie ou de l’inspection du travail, qui sont
en mesure de donner une liste de conseillers10). Au cours de
l’entretien (qui ne peut avoir lieu moins de cinq jours après la
remise de la lettre), l’employeur précise les motifs de la déci-
sion qu’il envisage de prendre et offre au salarié la possibilité de
s’expliquer. L’employeur n’annonce pas le licenciement lors de
l’entretien, mais par lettre recommandée avec accusé de récep-
tion au moins deux jours après l’entretien. Il doit détailler dans
celle-ci les motifs précis du licenciement.
Il faut noter que la convention collective nationale des entre-
prises artistiques et culturelles (CCNEAC) prévoit que tout
licenciement fait l’objet d’une information écrite aux repré-
sentants du personnel (article V-9). De même, le licenciement
des salariés protégés (représentants du personnel) nécessite
une autorisation de l’inspecteur du travail.
Sauf s’il en est dispensé, parce qu’il est licencié pour inaptitude,
faute grave ou lourde, le salarié est tenu d’effectuer un préavis
dont la durée varie selon l’ancienneté et l’emploi (trois mois
pour les cadres, deux mois pour les agents de maîtrise, deux
mois pour les employés ayant plus de deux ans d’ancienneté
et un mois pour ceux ayant moins de deux ans d’ancienneté).
 OFFRES D’EMPLOI
A cela s’ajoutent un mois supplémentaire pour le salarié ayant
entre 40 et 50 ans et deux mois supplémentaires pour celui
ayant entre 50 et 60 ans. La Communauté
d’agglomération
du Beauvaisis
LE CALCUL DES INDEMNITÉS
(82 500 habitants,
Le salarié qui fait l’objet d’une procédure de licenciement béné- 31 communes).
ficie, dans certains cas, de différentes indemnités. S’il ne fait pas
l’objet d’une procédure disciplinaire, il perçoit une indemnité
de licenciement et, le cas échéant, une indemnité compensa- Le Conservatoire à rayonnement départemental
trice de préavis et de congés payés. La faute simple ne lui ôte en lien avec la Philharmonie de Paris
pas le bénéfice de celles-ci. La faute grave, cependant, qui rend recrute
le maintien du salarié dans l’entreprise impossible, ou la faute
lourde, commise dans l’intention de nuire à son employeur, le dans le cadre du projet DEMOS
(projet éducatif et artistique d’une durée de 3 ans)
privent de son indemnité de licenciement et de son indemnité
compensatrice de préavis11. L’indemnité de licenciement se cal- Présentation du projet Démos (Dispositif d’Education
cule en fonction de l’ancienneté dans l’entreprise. La CCNEAC Musicale et Orchestrale à vocation Sociale) :
prévoit ainsi que (article V-11): l’Orchestre des jeunes Démos est un dispositif
à partir d’un an de présence, elle est égale à un cinquième de d’enseignement collectif de la musique fondé sur
mois de salaire par année de présence; la pratique instrumentale en orchestre et destiné à
2 à partir de deux ans de présence, elle est égale à un demi mois
des enfants de 7 à 12 ans vivant sur des territoires
connaissant des difficultés sociales, économiques et
de salaire par année de présence. environnementales. Ce projet s’appuie sur un partenariat
Le salaire pris en considération est le salaire moyen des douze éducatif entre des musiciens employés par le dispositif
derniers mois dans l’entreprise, ou celui des trois derniers mois, et des travailleurs sociaux présents sur les différentes
s’il est plus favorable. structures à caractère social.
Ce projet a été initié en 2010 en Île-de-France avec
LA FORCE MAJEURE le soutien de l’État (Ministère de la culture et CGET)
Lorsque la poursuite du contrat de travail est rendue impos- des collectivités territoriales et des mécènes. Piloté
sible par événement extérieur, imprévisible et irrésistible, il par la Philharmonie de Paris, il connaît depuis un
s’agit d’un cas de force majeure, qui n’impose ni le respect de développement national avec un objectif de 3 000 jeunes
participants en France.
la procédure habituelle de licenciement ni l’obligation de pré-
avis. Le contrat est rompu immédiatement et le salarié reçoit
une indemnité compensatrice de congés payés et, sous condi- Un Coordinateur de projet (h/f
tion, une indemnité compensatrice lorsqu’il s’agit d’un sinistre (temps complet) - Catégorie A ou B+
(exemple, un incendie de la salle de spectacle12). Des Chefs de chœur (h/f)
(temps incomplet)
LA MISE À LA RETRAITE D’OFFICE
Lorsque le salarié a atteint l’âge de 70 ans, il peut être mis à la
Des Danseurs (h/f)
(temps incomplet)
retraite d’office par son employeur qui n’a pas à respecter de
procédure particulière, sauf si le salarié est protégé (il doit alors Des Musiciens intervenants (h/f)
violon, alto, violoncelle, contrebasse, flûte
obtenir l’autorisation de l’inspecteur du travail13). Le préavis
traversière, clarinette, hautbois, basson,
à respecter est le même que pour le licenciement et le salarié trompette, trombone, cor, tuba
perçoit une indemnité de fin de carrière14. (6 heures/semaine dont 2 heures
1 Clémence Quesnel de coordination)
1. Articles L1233-8 à L2311-10 et L1233-28 à L1233-33 du Code du travail.
Article III-1.4 de la convention collective des entreprises artistiques et
culturelles (CCNEAC)
Retrouvez toutes nos annonces détaillées sur le
site de la Ville de Beauvais (onglet Economie/
2. Articles L1233-11 à 1233-14 et L1233-66 du Code du travail.
emploi – offres d’emploi en Mairie).
3. Voir également CCNEAC, article V-10.4. Un plan de sauvegarde de l’emploi
peut prévoir une durée plus longue.
5. Article R5123-2 du Code du travail. Pour tout renseignement, vous pouvez contacter
6. Article L5123-2 et R5123-9 à 11 du Code du travail. Monsieur Florent MONFORT, directeur du CRD
7. Article L1232-1 du Code du travail. au 03.44.15.66.72.
8. Articles L1132-1 à 4, L1152-1 à 6 et article L1161-1 du Code du travail. Les candidatures (lettre de motivation + CV) sont à
9. Article L1232-2 du Code du travail. adresser à Madame la Présidente de la Communauté
10. Article L1232-4 du Code du travail.11. Articles L1234-5, 9 et 28 du Code du d’Agglomération du Beauvaisis, Hôtel de Ville,
travail.
Direction des Ressources Humaines, BP 60330,
12. Articles L1234-12 et 13 et articles L1243-1 à 4 du Code du travail.
60021 Beauvais cedex avant le 15 juin 2017
13. Articles L1237-5 et suivants du Code du travail.
ou par mail à dnormand@beauvais.fr
14. Article V-12 du Code du travail.

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 65

 OFFRES D’EMPLOI
Écoutez-vous…
…Rejoignez-nous
La musique a des vertus bénéfiques.
Écoutez-vous est une invitation à lâcher prise,
se libérer, se retrouver ou se perdre, s’amuser
ou s’émouvoir.
L’Orchestre d’Auvergne partage avec ses publics
des expériences musicales inédites où l’excellence
artistique révèle les plaisirs infinis de la musique.
Si vous pensez que la musique a ce pouvoir,
rejoignez-nous !
AVIS DE CONCOURS
1 VIOLON 2e soliste
2e Catégorie
Mercredi 27 septembre 2017 à 9h30
Temps complet
Clôture des inscriptions : 12 septembre 2017
Prise de fonction : immédiate
RENSEIGNEMENTS & INSCRIPTION
Orchestre d’Auvergne / Opéra-Théâtre
14, rue Nestor Perret - 63000 Clermont-Ferrand - France
Tél. +33 (0)4 73 14 47 47 - Fax. +33(0)4 73 14 47 46
concours@orchestre-auvergne.fr
www.orchestre-auvergne.fr
66 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE
LA VILLE DE TAVERNY
RECRUTE POUR LE CONSERVATOIRE
A RAYONNEMENT COMMUNAL
« JACQUELINE ROBIN »
Dans une dynamique municipale très forte en faveur de la culture, le conservatoire
Jacqueline Robin compte à ce jour 600 élèves et 30 enseignants. Il développe la spécialité
« théâtre » et complète progressivement ses enseignements musicaux. Au-delà,
le conservatoire développe un projet artistique pour l'ensemble du territoire, en partenariat
avec de nombreux acteurs locaux, nationaux et internationaux. Outre son cursus d'études et
ses parcours personnalisés, il dispose notamment d'un projet original pour la petite enfance,
d'interventions en milieu scolaire, de classes « orchestre » et « chorale », de classes CHAM
et d'un partenariat privilégié avec la Philharmonie de Paris
et la Scuola di Musica Giuseppe Verdi de Prato (Italie).
# UN ASSISTANT D’ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE (H/F) A TEMPS NON COMPLET
(10h/semaine) - Discipline clarinette
# UN ASSISTANT D’ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE (H/F) A TEMPS NON COMPLET
(10h/semaine) - Discipline clavier jazz et musiques actuelles amplifiées
# UN ASSISTANT D’ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE (H/F) A TEMPS NON COMPLET
(10h/semaine) - Discipline batterie musiques actuelles amplifiées et jazz
# UN ASSISTANT D’ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE (H/F) A TEMPS NON COMPLET
(10h/semaine) - Discipline théâtre
FILIERE CULTURELLE
RECRUTEMENT STATUTAIRE
Sous la responsabilité du Directeur du Conservatoire,
Missions pour les disciplines musicales
• Développer la discipline,
• Enseigner individuellement et collectivement, en lien avec le projet d’établissement,
• Suivre, évaluer et orienter les élèves,
• Contribuer à la réflexion pédagogique et participer aux réunions,
• Elaborer et mettre en œuvre des projets au sein de votre classe, de votre département
pédagogique et de l’établissement,
• Participer à la programmation artistique du conservatoire et aux manifestations de la ville.
Missions pour la discipline théâtre – Développement de l’enseignement
du théâtre :
• Développer et structurer une offre de théâtre en complément de l’offre musicale,
• Proposer une initiation et une formation diplômante conforme au Schéma d’orientation
pédagogique,
• Suivre pédagogiquement les élèves,
• Participer à l’activité pédagogique et artistique de l’établissement.
Profil :
• Diplôme d’État souhaité.
• Sens de l’organisation et du travail en équipe.
• Gout pour l’innovation et le développement de projets.
• Disponibilité
Rémunération :
• Statutaire, prime de fonction, prime annuelle.
POSTES A POURVOIR AU 4 SEPTEMBRE 2017
Date limite des dépôts de candidatures le 12 juin 2017
Lettre manuscrite et C.V. à : Madame le Maire
Direction des Ressources Humaines, Hôtel de Ville – 2 place Charles de Gaulle
95155 TAVERNY CEDEX
ou à l’adresse mail : recrutement@ville-taverny.fr
 OFFRES D’EMPLOI

pour sa
direction de l’action culturelle
un(e) directeur(rice)
du conservatoire à rayonnement communal (CRC).

Cadre d’emploi de professeur d’enseignement artistique

ou directeur d’établissement d’enseignement artistique.
Reconnu au plan départemental pour son dynamisme et son rayonnement, le CRC met en
œuvre une pédagogie transversale, ouverte sur tous les styles de musiques (du répertoire
classique aux musiques actuelles amplifiées en passant par les musiques du monde).
L’équipe de 28 enseignants et ses 400 élèves s’impliquent dans des projets à l’échelle
intercommunale, départementale et régionale, et jouent régulièrement au sein
de L’Orange Bleue* (espace culturel de 358 places).
Rattaché(e) au directeur de l’action culturelle, vous êtes chargé(e) de piloter le projet
d’établissement transversal et innovant, intégré au projet culturel de la Ville.
A ce titre, vous précisez et mettez en œuvre le projet pédagogique et artistique,
managez les équipes, organisez la saison musicale du CRC, êtes force de proposition
pour la saison musicale de L'Orange Bleue* - espace culturel, en lien avec
les associations musicales locales.

• Vous pérennisez et impulsez la transversalité des actions artistiques et culturelles tant

avec les services municipaux (jeunesse, enfance, social, médiathèque…) et la
communauté éducative (écoles, collèges et lycée) que les partenaires institutionnels,
associatifs locaux, départementaux et régionaux.
• Vous exercez les fonctions de chef d’établissement en matière de sécurité (ERP, Hygiène
et sécurité) et vous en pilotez la gestion administrative, financière, patrimoniale et
ressources humaine. Vous vous appuyez sur une équipe administrative de 2 personnes.
• Vous avez une expérience sur un poste de direction de conservatoire avec un
management et une conduite participative de projet.
• Vous êtes doté d’une solide culture ouverte et curieuse, de qualités d’analyse et de
sens critique.
• Vous avez l’esprit d’initiative, le sens de l’organisation, une capacité à développer et
animer des partenariats, à conduire des projets transversaux.
• Vous avez une compréhension des enjeux de territoire en terme d’enseignement
artistique et de politique culturelle, et une pratique des dispositifs afférents.
• Vous maitrisez les outils bureautiques et progiciels, au service d’une capacité à concevoir
des outils méthodologiques et d’une aisance rédactionnelle.
Contraintes du poste :
• Horaires irréguliers avec amplitude variable en fonction des
obligations du service public.
• Rythme de travail avec des pics d’activité.
• Déplacements fréquents sur le territoir

15 juin 2017

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 67

 OFFRES D’EMPLOI

La ville d’Argenteuil recrute

pour son conservatoire
à Rayonnement départemental
Musique, Danse, Théâtre,
par voie de mutation, liste d’aptitude
ou à défaut contractuel :

Un professeur de basson
(système allemand), à temps non complet,
poste d’AEA de 4h hebdomadaires.
Profil :
Solides compétences pédagogiques et artistiques,
sens relationnel et capacité à s’intégrer dans une équipe,
en lien avec le projet d’établissement.
Diplôme d’Etat demandé.
Poste à pourvoir à compter du
1er septembre 2017
CV et lettre de motivation à adresser
à Monsieur le Maire,
12-14 Bd Léon Feix
95100 Argenteuil,
via le site www.argenteuil.fr .
Renseignements auprès de
Monsieur Kenigsberg, Directeur :
01 39 61 70 01
daniel.kenigsberg@ville-argenteuil.fr.

La Communauté d’Agglomération du Pays de Laon recrute, pour son

conservatoire de musique et de danse à rayonnement intercommunal :

UN PROFESSEUR DE CHANT CHORAL (H/F)

pour les classes primaires à horaires aménagés musicales,
à temps incomplet (7h hebdomadaires)
A compter du 01/09/2017
Profil recherché : Le syndicat mixte de gestion du
• Cadre d’emplois des assistants d'enseignement artistique
• Titulaire du certificat d’aptitude ou du diplôme d'état aux fonctions de professeur CONSERVATOIRE À RAYONNEMENT DÉPARTEMENTAL
• Expérience sur un poste similaire, DES ALPES DE HAUTE-PROVENCE - DIGNE / MANOSQUE
• Qualités pédagogiques affirmées, (900 élèves – 40 enseignants)
• Qualités relationnelles, A 30 minutes d’Aix en Provence.
• Sens de la concertation et aptitude au travail en équipe,
• Sens de l'organisation, RECRUTE
• Disponibilité et implication au niveau local, particulièrement dans les projets artistiques par voie statutaire ou contractuelle
transversaux,
• Maîtrise des outils informatiques (bureautique, écriture musicale), UN ASSISTANT SPÉCIALISÉ D’ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE (H/F) :
• Bon niveau pianistique exigé.
DISCIPLINE MUSIQUES ACTUELLES AMPLIFIÉES
L’agent devra sous l’autorité du directeur du Conservatoire : 16h30 hebdomadaires.
• Encadrer, organiser et dispenser les cours et répétitions au sein des différents classes à horaires
aménagés musicales (du CE1 au CM2), POSTE À POURVOIR AU 7 SEPTEMBRE 2017
• Organiser et suivre les évaluations des élèves,
Date limite de dépôt des candidatures le 16 juin 2017
• Participer à la vie culturelle et au rayonnement du conservatoire et des classes à horaires
aménagés musicales, Merci d’adresser votre candidature (lettre de motivation, CV.) à :
• Participer aux réunions pédagogiques,
Madame la Présidente - Conservatoire - 17 rue de l’ancienne mairie
• Rencontrer les parents et participer à l’orientation des élèves.
04000 Digne-les-Bains
Merci d’adresser votre candidature avant le 20/06/2017 à :
Monsieur le Président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Laon, Renseignements : 06 20 51 37 48
Direction des Ressources Humaines benoit.paillard@crd04.fr
60 rue de Chambry - 02000 AULNOIS SOUS LAON

68 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 OFFRES D’EMPLOI

Ville à taille humaine et centre de la troisième agglomération bretonne (200 000 habitants), Lorient conjugue tous les atouts : qualité de vie, dynamisme,
nombreux commerces, services et administrations. Un port de plaisance au cœur de la cité et les plages à quelques minutes, nichée entre mer et vallées,
Lorient permet toutes les évasions, sportives et culturelles.

La ville de Lorient recrute pour son CONSERVATOIRE À RAYONNEMENT DÉPARTEMENTAL

2 enseignants artistiques territoriaux PEA/AEA (H/F)
- 1 poste enseignant trompette
- 1 poste enseignant saxophone
Temps complet - Titulaire du Certificat d’Aptitude et/ou du grade de PEA OU AEA
Mission principale :
Sous l’autorité de la Directrice du Conservatoire de Lorient en lien avec l’équipe pédagogique
Assurer les fonctions d’enseignement de ces disciplines Intervenir dans des dispositifs CHAM/D et orchestre à l’école Assurer le suivi
pédagogique, l’évaluation et l’orientation des élèves Participer aux activités de diffusion et de création en collaboration avec les partenaires
du CRD (centres sociaux, structures culturelles, Education Nationale…) Participer en tant qu’artiste, à la programmation et à la saison artis-
tique de l’établissement et de la Ville
Profil : Compétences techniques, artistiques et pédagogiques confirmées Aptitudes à mener et accompagner les dispositifs de pratiques
collectives propres à la discipline et à construire une pédagogie de groupe Large ouverture sur toutes les pratiques, les techniques et les
évolutions de la discipline et des pratiques associées Intérêt et compréhension des enjeux d’éducation artistique et culturelle notamment
dans le cadre d’un orchestre à l’école Sens des relations humaines et du travail en équipe Etre force de propositions Compétences de
direction d’ensembles instrumentaux appréciées.
Prise de fonction souhaitée : 1er septembre 2017
Fiche de poste détaillée sur www.lorient.fr
Merci d’adresser votre candidature (lettre, CV et dernier arrêté de situation) à Monsieur Le Maire, CS 30010, 56315 Lorient Cedex
ou recrutement@mairie-lorient.fr pour le 18 juin 2017 dernier délai.

LA COMMUNAUTE D’AGGLOMERATION • Un PROFESSEUR OU UN ASSISTANT d’ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE

DU GRAND AVIGNON
RECRUTE POUR SON CONSERVATOIRE
A RAYONNEMENT REGIONAL
Postes a pourvoir au 1er septembre 2017
Missions :
• A partir d’une expertise artistique et pédagogique, vous assurez l’enseignement de votre discipline au
sein d’un département structuré et composé de plusieurs enseignants
• Vous participez au développement de votre discipline au sein du conservatoire notamment dans le
cadre des pratiques collectives et en ayant à cœur la transversalité
• Vous participez à la concertation pédagogique, à l’action culturelle de l’établissement et à la mise en
œuvre du projet d’établissement dans ce domaine
• Vous tenez auprès des élèves, des parents d’élèves et des praticiens amateurs un rôle de conseil,
d’aide à l’orientation et à la réalisation de projets
• Vous êtes force de proposition et assurez une veille artistique
• Vous êtes responsable de département potentiel (élu par ses pairs tous les deux ans)
• Vous participez en tant qu’artiste interprète à la saison de la structure
Déplacements possibles en fonction des différents lieux d’activités et d’enseignement.
DISCIPLINE PERCUSSIONS
Temps complet 16h ou 20h/semaine - Titulaire du CA ou du DE
ET
• Un PROFESSEUR d’ENSEIGNEMENT ARTISTIQUE DISCIPLINE THÉATRE
Temps complet 16h/semaine - Titulaire du CA
Profil :
• Pourvu de qualités d’écoute, de dialogue et de grandes qualités artistiques, vous appréciez le
travail en équipe et aimez vous impliquer dans la vie artistique et pédagogique de l’établissement.
• Permis B demandé en raison d’une activité multi sites.
Renseignements complémentaires : Monsieur CHRÉTIEN au 04.32.73.04.99
Les candidatures (CV, lettre de motivation manuscrite, photo et dernier arrêté de situation
administrative, le cas échéant) doivent être adressées au plus tard le 26 juin 2017 à :
Monsieur Le Président - 320 chemin des Meinajariès - BP 1259 - 84911 AVIGNON CX 9
ou à drh.recrutement@grandavignon.fr
Conditions de recrutement : Rémunération statutaire, régime indemnitaire si statutaire,
CNAS, titres restaurant

L E S D O SS I E R S T H É M AT I Q U E S
Histoire. Facture. Carrière.
Enseignement.

L'ac Panorama complet sur un instrument LES

INSTRUMENTS
cor Accessoires pour cordes • Accordéon • Alto • Basson
Chant choral • Clarinette • Cor • Flûte • Guitare • Harpe
SILENCIEUX

dé • Hautbois • Instruments anciens Instruments “petites

on
mains” • Instruments silencieux • Orgue • Percussions
Piano • Saxophone • Trombone • Trompette • Tuba • Voix
Violon • Violoncelle

http://bit.ly/2n8P02Z
Achat en ligne sur boutique.lalettredumusicien.fr

LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE — 69

 OFFRES D’EMPLOI

Le conservatoire de Saint-Cloud recrute L’Académie Rainier III, Musique & Théâtre de

Monaco, recrute 2 Professeurs de Piano
à temps complet pour la rentrée scolaire
Un(e) professeur de piano jazz
2017/2018
Environ 10h hebdo réparties entre les cours de piano
et l'animation d’un ensemble composé d’élèves et d’adultes amateurs.
Les conditions à remplir sont les suivantes :
• Être titulaire du Certificat d’Aptitude ou du Diplôme d’Etat dans la discipline ;
Un(e) intervenant (e) musique dans les écoles (Dumiste) • justifier d’une expérience, dans l’enseignement de la discipline et d’une pratique artistique ;
Environ 20h hebdo d'interventions dans plusieurs écoles de la ville. • savoir travailler en équipe.

Missions sous l’autorité du Directeur de l’Académie Rainier III et liens avec les
Adressez vos candidatures par mail à : équipes pédagogiques :
direction@conservatoiresaintcloud.com • à partir d’une expertise artistique et pédagogique, enseigner la discipline principale ;
• développer la curiosité et l’engagement artistique, transmettre les répertoires les plus larges
possibles en inscrivant son activité dans un projet collectif d’établissement et d’enseignement.
• activités des préparation des cours et d’enseignement de la discipline principale, d’organisation
et suivi des études, d’évaluation, de conduite et d’accompagnement de projets pédagogiques,
Communauté d’Agglomération du Grand Villeneuvois artistiques et culturels.
50265 habitants 19 communes • participation à la réflexion visant à développer les pratiques collectives ainsi qu’au
Recrute pour son conservatoire à rayonnement intercommunal rayonnement de l’établissement et mise en application du règlement des études et des directives
Enseignant(e) de danse Jazz à temps complet de la direction, veille artistique et participation à la mise en œuvre du projet d’établissement ;
• grande ouverture sur toutes les pratiques, les techniques et les évolutions de la discipline et des
Par voie statutaire ou contractuelle - Cadre d’emploi des assistants d’enseignement artistique
disciplines connexes.
Poste à pourvoir à partir du 1er septembre 2017
Missions : enseignement de la danse, organisation et suivi des études, évaluation Les dossiers (lettre de candidature, CV, diplômes) doivent être adressés à :
des élèves, Conduite de projets pédagogiques et culturels à dimension collective
dont interventions danse en milieu scolaire,participation à la réflexion
M. le Directeur de l’Académie Rainier III – 1, bd Albert Ier - 98000 Monaco
pédagogique propre au département et mise en œuvre du projet d’établissement avant le 16 juin 2017
du conservatoire, préparation d’actions culturelles avec les élèves pour
contribuer au rayonnement de l’établissement et du territoire (en partie rural)
Le recrutement qui s’effectuera au mois de juillet 2017, comprendra des épreuves techniques,
pédagogiques et un entretien avec le jury.
Les demandes doivent être adressées
à Monsieur le Président de la CAGV Pour tout renseignement s’adresser à M. Christian Tourniaire, Directeur de l’Académie Rainier III -
24, rue du vieux pont – 47 440 CASSENEUIL (adresse mail : ctourniaire@mairie.mc – téléphone : 00 377 93 15 28 91).
Avant le 20 juin 2017 www.grand-villeneuvois.fr

Offres d’emploi
Annonces de spectacles
L’Ecole de musique Vibra’Siam (49) Annonces de stages…
recherche un assistant
d’enseignement artistique Réservez votre espace
en formation musicale publicitaire dans
et coordination pédagogique. LA LETTRE DU MUSICIEN
et sur le site
Poste de 10h à 15h hebdomadaires
LALETTREDUMUSICIEN.FR
suivant profil.
Adresser CV + lettre de motivation 0156770405
à contact@siam-49.fr vlahanque@
Informations au 02 41 95 72 10. lalettredumusicien.fr

PETITES ANNONCES
AV FL. TRAV. MIYAZAWA Type 2 Or 14k 21000 € Tél.: 0787604603

26 € TTC LA LIGNE (1 ligne = 60 signes, caractères ou espaces) COUPLAGE WEB INCLUS

PROCHAINES PARUTIONS

n°495: 19 juin — n°496: 3 juillet

n°497: 11 septembre — n°498: 2 octobre
n°499: 16 octobre — n°500: 6 novembre
n°501: 20 novembre — n°502: 11 décembre

70 — LA LETTRE DU MUSICIEN — NO 494 — JUIN 2017 — PREMIÈRE QUINZAINE

 RECRUTE
Selon conditions statutaires
Pôle Culture, Sport et Solidarité – Direction de la Culture - Conservatoire à Rayonnement Régional

1 Professeur de Violon (H/F) - Réf : 2017-035

Professeur d’Enseignement Artistique, à temps complet (16 h hebdomadaires) - Catégorie A
MISSIONS :
Sous l’autorité du Directeur du Conservatoire, le Professeur de violon est chargé, outre les missions mentionnées dans le référentiel de compétences du Certificat d’Aptitude aux fonctions de Pro-
fesseur d’Enseignement Artistique :
• d’enseigner le violon sur l’ensemble du cursus ;
• travailler en liaison avec les autres professeurs du Département « Cordes » (programmes, répertoires, évaluations …) ;
• de favoriser des collaborations avec d’autres classes d’instruments et les responsables des orchestres de l’établissement ainsi qu’avec les institutions culturelles de la Métropole de Montpellier.

SAVOIR : Titulaire du CA de professeur de violon, expérience pédagogique similaire souhaitée.

SAVOIR FAIRE : Haut niveau instrumental et artistique.
SAVOIR ETRE : Sens de l’organisation, des relations humaines et du travail en équipe.

Date de prise de fonctions : au cours du dernier trimestre 2017.

1 Professeur de Piano (H/F) - Réf : 2017-034

Assistant d’Enseignement Artistique, à temps complet (20 h hebdomadaires) - Catégorie B
MISSIONS :
Sous l’autorité du Directeur du Conservatoire, le Professeur de Piano est chargé, outre les missions mentionnées dans le référentiel de compétences du Diplôme d’Etat :
• d’enseigner le piano sur l’ensemble du cursus ;
• d’enseigner éventuellement le piano dit « complémentaire » au sein des cursus de direction de chœur, de direction d’orchestre, de formation musicale en cycle spécialisé, etc. ;
de travailler en concertation avec les autres enseignants du Département « Claviers et instruments polyphoniques » (programmes d’examen, répertoire, évaluation des élèves, activités de
diffusion, classes de maître, etc.) ;
• de favoriser des collaborations avec les autres classes du C.R.R. ainsi qu’avec les autres établissements culturels et les partenaires institutionnels de la Métropole de Montpellier.

SAVOIR : Titulaire d’un Diplôme d’Etat de Professeur de piano.

SAVOIR FAIRE : Haut niveau artistique et culturel, expérience pédagogique similaire souhaitée.
SAVOIR ETRE : Sens de l’organisation, des relations humaines et du travail en équipe.

Date de prise de fonctions : 1er septembre 2017

Les candidatures sont à adresser avant le : 26 juin 2017
Connectez-vous sur votre compte à l’adresse suivante :
https://connexion.montpellier3m.fr/accounts/register/
Rubrique « Emploi et stages » / « Candidature à une offre d’emploi »
ou
Ecrivez-nous à l’adresse suivante avec références du poste et dossier complet (CV + lettre de motivation manuscrite + photocopie pièce d’identité + photocopie des diplômes
+ dernier arrêté de situation, indication du régime indemnitaire actuel le cas échéant ou rémunération annuelle – Tout dossier incomplet ne pourra être pris en considération) :
Monsieur le Président de Montpellier Méditerranée Métropole
50 place Zeus - CS 39556, 34961 MONTPELLIER CEDEX 2
Renseignements administratifs : Karine AVELLANEDA, Responsable Unité Recrutement - Tél. 04 67 13 69 52 ou 04 67 13 64 68
Renseignements sur les fonctions : Patrick POUGET, Directeur du Conservatoire à Rayonnement Régional - Tél. 04 67 66 88 40
34 Festi val Chopin
e
à Pa r i s

L E P I A N O,
PASSION
ET TRANSMISSION

Orangerie du Parc de Bagatelle

Jardin botanique de Paris

17 juin - 14 juillet 2017

WWW.FREDERIC-CHOPIN.COM

VENTE DES BILLETS SUR PLACE AVANT CHAQUE CONCERT

LOCATION : Fnac, Carrefour, Géant, Magasin U, Intermarché
www.concertclassic.com - www.fnac.com - www.ticketac.com
RENSEIGNEMENTS : www.frederic-chopin.com
Email : chopinparis@aol.com
Tél : 01 45 00 22 19 - Fax : 01 40 67 70 08