net/publication/330619435
CITATION READS
1 3,138
2 authors, including:
Taleb Lotfi
Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales de Tunis
22 PUBLICATIONS 18 CITATIONS
SEE PROFILE
Some of the authors of this publication are also working on these related projects:
1ST TUNISIA INTERNATIONAL CONFERENCE ON ISLAMIC ECONOMICS AND FINANCE TICIEF 2019 View project
All content following this page was uploaded by Taleb Lotfi on 25 January 2019.
Taleb Lotfi*
Résumé:
Abstract:
The dividend policy is still a controversial subject. Two theses are proposed under the
assumption of a perfect market: (1) the dividend irrelevance hypothesis [Modigliani and Miller
(1961)] and (2), the relevant hypothesis [Gordon (1959), Walter (1956), Lintner (1956) and De
Angelo and De Angelo (2006)]. This paper aims at providing the reader with a comprehensive
understanding of dividends and dividend policy by reviewing the main theories and
explanations of dividend policy, including both dividend relevance and irrelevance hypothesis
under a perfect market.
Mots clefs : Dividende, Politique de dividende, marché parfait, thèse de neutralité, thèse de
non neutralité
Key words: Dividend, dividend policy, perfect market, irrelevance theory, relevance theory
Gordon peut être considéré comme l’un des chefs de file de l’école traditionnelle. Son
argumentation repose sur l’hypothèse que l’incertitude et l’aversion de l’investisseur à l’égard
du risque sont les déterminants essentiels pour la fixation des cours sur les marchés financiers.
Selon Gordon, Si le taux d’actualisation augmente avec le risque des flux monétaires et que
l’incertitude du flux augmente avec son éloignement dans le temps , alors toutes choses égales
n
Dt
P0 (1)
t 1 (1 k ) t
Avec :
Cette formule développée par Gordon et Shapiro (1956) suppose implicitement que les
actionnaires ne sont pas indifférents entre gain en capital ou en dividendes. Les dividendes sont
toujours préférés par les actionnaires dans la mesure où ils contribuent à dissiper l’incertitude.
En effet, selon Gordon l’incertitude augmente en fonction de l’éloignement dans le temps. Par
conséquent lorsque les investisseurs ont une aversion à l’égard du risque, les dividendes futurs
sont plus risqués que les dividendes actuels et donc devraient être actualisés à un taux plus
important.
Ces considérations supposent implicitement que les actions qui offrent un dividende plus
important seront vendues sur le marché à un prix plus élevé. Cependant, pour déterminer la
valeur actuelle d’un titre, cela suppose la détermination des séries des dividendes futures, or ces
dividendes sont difficiles à prévoir. Afin de contourner ce problème, Gordon et Shapiro (1956)
ont pu exprimer, par une formule très simple, le rendement attendu d’un investissement en
action. Ils ont fait l’hypothèse que les dividendes augmentent à un taux de croissance ( g ) qui
doit être inférieur au taux d’actualisation exigé de la part de l’actionnaire ( k ).
La prise en compte de cette hypothèse simplifie la formule d’évaluation précédente qui
devient de la forme:
D1
P0 (2)
kg
1 Le taux de rendement exigé est le taux pertinent pour actualiser les flux monétaires risqués.
2
Ce résultat est mis en évidence par Gordon (1959), après avoir effectué plusieurs tests traitant la relation entre
les cours boursiers, les dividendes et les bénéfices distribués.
3
La formule d’évaluation développée par Gordon et Shapiro (1956) en temps continu est de la forme :
P0 Dt e kt dt
0
Pour vérifier empiriquement son modèle, Gordon (1959) suppose qu’il y ait trois éventualités
possibles pour qu’un investisseur soit amené à vendre ses actions : (1) la première c’est de
recevoir aussi bien le profit que le dividende ; (2) la deuxième c’est d’obtenir le dividende, (3)
la troisième c’est de recevoir le profit.4
Gordon a examiné ces trois hypothèses différentes par le biais de trois régressions et en utilisant
des estimations en coupe transversale sur un échantillon d’entreprises étudiées sur la période
allant de 1951 à 1954.
En particulier l’hypothèse des dividendes a été testée via la relation suivante :
La théorie de Walter s’inscrit dans les écrits à l’encontre de la théorie de neutralité de MoMi
(1961) et en particulier à l’hypothèse des perfections des marchés. En dehors de ce cadre
restreint d’un marché parfait et en particulier tel que décrit par MoMi (1961), Walter en 1956
démontre que la politique de dividende n’est pas neutre et permet d’influencer d’une manière
directe la valeur de la firme.
Selon Walter, la politique de dividende peut être considérée comme étant la définition d’un
taux de rétention des bénéfices. Ces bénéfices mis en réserves déterminent essentiellement le
montant du financement interne de l’entreprise. Dans ce cas, la politique de dividendes
constitue donc une décision strictement financière dans la mesure où elle affecte le financement
global de l’entreprise.
4 Selon Gordon “ The three possible hypotheses with respect to what an investor pays for when he acquires share
of common stock are that he is buying ( 1) both the dividends and the earning, (2) the dividends and (3) the earning
( 3)”. The Review of Economics and Statistics (1959), p. 99.
Ra
D ( E D)
Rc E R a Rc
Vc ( E D) (4)
Rc Rc Rc2
Avec, D est le dividende par action ; B est le bénéfice par action ; Ra est le taux de rentabilité
des investissements ; Rc est le taux de rentabilité exigé par le marché.
De cette formulation de la valeur de marché de l’action telle que développée par Walter, il est
possible de proposer une politique de dividende optimale permettant de maximiser la valeur de
l’action et par conséquent la richesse des actionnaires.
Selon l’optique de Walter le montant distribué sous la forme de dividende dépend des
opportunités d’investissements offertes à l’entreprise. Cette approche qui considère la primauté
des investissements en tant qu’élément déterminant de la richesse des actionnaires a été très
souvent critiquée. D’abord il est rare que les firmes adoptent une politique qui consiste soit à
ne rien distribuer (0 %) soit à distribuer la totalité de son profit (100 %). De plus les firmes
n’hésitent pas à distribuer des dividendes tout en procédant simultanément à des augmentations
de capital par émission d’actions nouvelles de la sorte que le dividende par action peut dépasser
le bénéfice par action.
De plus, considérer la politique de dividende comme une décision résiduelle déterminée
uniquement par les opportunités d’investissements revient en fait à nier l’existence de toute
politique en matière de distribution de bénéfice. Ceci est tout à fait contraire à la réalité des
entreprises qui, comme le prouve Lintner (1956) et plus récemment Brav, Graham, Harvey et
Michaely (2003), essayent la plupart du temps de maintenir une certaine stabilité au niveau de
leurs taux de distribution de dividende.
5 Walter suppose pour la dérivation de sa formule que le taux de capitalisation k exigé par le marché est constant,
le financement de l’investissement s’effectue en priorité par autofinancement et que le dividende par action ne doit
en aucun cas dépasser le bénéfice par action.
i. Les firmes essayent la plupart du temps d’adopter une politique de dividende stable et
d’éviter des variations importantes de leur taux de distribution de profit, de la sorte qu’il y
ait un certain conservatisme dans la politique de dividende de la firme ;7
ii. Lors de la fixation du taux de distribution, le bénéfice courant est considéré comme étant
la variable la plus déterminante ;
iii. La plupart des entreprises ont un certain taux de distribution cible qu’elles essayent
d’atteindre ;
iv. La politique de distribution de dividende n’est pas une politique résiduelle8.
A cet égard, le modèle de Lintner vise à démontrer que les politiques de dividendes suivies par
les entreprises sont déterminées essentiellement par le fait que les actionnaires préfèrent un
dividende raisonnablement stable9. Par conséquent, le marché financier récompense la stabilité
ou la croissance graduelle du dividende. Dans ce sens, les gestionnaires de l’entreprise essaient
de déterminer un taux de distribution cible ou idéal, le “ target payout ratio”, qui constitue un
pourcentage fixe des bénéfices nets considéré comme un taux de distribution normal ou idéal.
Ce taux de distribution cible permet d’identifier la politique de dividende de long terme de
l’entreprise en matière de distribution de profit.
Mais si Lintner admet qu’il existe une certaine relation entre dividende et l’évolution des
bénéfices, cette relation ne résulte pas d’un certain ajustement parfait. En effet, un certain
décalage est toujours constaté entre changement de bénéfice et changement de dividende. Cette
situation s’explique selon Lintner, par le fait que les dirigeants sont toujours réticents à baisser
le niveau du dividende et visent à en assurer la stabilité sur une assez longue période. A défaut,
6Lintner a commencé en premier lieu par une liste de 600 entreprises pour choisir à la fin 28 auprès desquelles il
a effectué ses interviews.
7 “That most management sought to avoid making changes in their dividend rates that might have to be reversed
within a year. This conservatism and effort to avoid erratic changes in rates very generally resulted in the
development of reasonably consistent patterns of behaviour in dividend decision” The American Economic Review.
Lintner (1956), Vol 46, p.99-100.
8
Selon Lintner, c’est plutôt la décision d’endettement qui constitue une décision résiduelle.
9
Lintner constate que de nombreux managers étaient convaincus par l’idée selon laquelle la plupart des
actionnaires étaient favorables à un taux de rémunération stable. Dans cet ordre d’idées, le changement du niveau
des dividendes ne s’opère que si l’entreprise est certaine de pouvoir le maintenir pour les années qui suivent, ce
qui confère à la politique de dividende un caractère de stabilité avec une adaptation partielle.
Avec :
Di ,t : Le dividende payé par l’entreprise au cours de l’année t
Bit : Le bénéfice net par action réalisé par la firme i pendant l’année t
Di*,t ri Pit : Le dividende considéré comme “normal” par les dirigeants de l’entreprise compte
tenu du niveau des dividendes courants Di ,t et de leur taux de distribution objectif ou cible
“target payout ratio” à long terme ri .11
a i : Un terme constant qui peut être nul mais dans la plupart des cas positif, en raison d’une
plus grande réticence des dirigeants à faire baisser le dividende qu’a l’augmenter et au désir de
ceux-ci d’assurer une croissance graduelle du dividende.
ci : Un coefficient représentatif de la vitesse à laquelle l’entreprise ajuste à court terme son
dividende courant à son dividende “normal”.
~ : Enfin, est un terme résiduel supposé aléatoire et représentatif de tous les autres facteurs
i,t
Si on substitue dans la relation (5) la valeur du dividende optimal ( Di*,t ) par sa valeur (
Di*,t ri Pit ), Lintner écrit son modèle sous une version plus simplifiée :
10
“This policy of progressive continuing partial adaptation tends to stabilize dividend distributions and provides
a consistency in the pattern in the dividend action which help to minimise adverse stockholders reactions”. Lintner
(1956). The American Economic Review, Vol 46, p. 100.
11
Selon Lintner, cette variable est non observable car elle représente le dividende qui aurait été versé si
l’ajustement du dividende à la croissance du bénéfice par action était immédiat au lieu d’être partiel et progressif.
Avec : b c.r et d (1 c )
ii. Le choix du bénéfice net comme mesure du profit pourrait ne pas être adéquat puisque
les dotations aux amortissements varient en importance en raison de modifications
apportées aux pratiques comptables.13
iii. Le modèle de Lintner ne fournit aucune explication, ni concernant les mécanismes
d’ajustement, ni sur le processus de fixation du taux de distribution cible. Par ailleurs
l’entreprise comme le souligne Tarshis(1956), pourrait avoir plusieurs taux de
distributions cibles pour des niveaux de bénéfices différents au lieu d’un taux uniques
applicable à n’importe quel niveau de revenu.
iv. Le choix du bénéfice net comme un proxy du revenu dégagé par la firme est sujet à
plusieurs critiques, d’autres variables financières plus appropriées ont été avancées dans
la littérature financière en particuliers, le cash-flow et le profit “permanent”.14
Toutes ces critiques ont donné lieu à d’autres formulations du modèle de Lintner [Fama et
Babiak (1968), Darling (1957), Brittain (1966), Brav et al. (2005)].
Mais il faut dire que malgré toutes les critiques formulées à l’encontre du modèle de Lintner,
ce modèle et selon Benartzi, Michaely et Thaler (1997), reste jusqu'à nos jours le meilleur
modèle de description de la politique de la firme en matière de distribution de profit. 15
Plusieurs sont les études qui se sont attachées à expliquer le comportement des entreprises en
matière de distribution de profit. Cependant la question qui se pose sur le plan théorique est de
savoir si une telle politique possède une certaine influence sur les cours boursiers et sur la valeur
de l’entreprise. En effet, si les dividendes ont un certain impact sur la valeur de l’entreprise, il
existerait un certain niveau de dividende optimal pour lequel la valeur de l’entreprise serait
maximisée. A défaut, la politique de dividende optimale n’existe pas pour la simple raison
qu’elle n’a aucun impact sur la valeur de la firme.
Pendant longtemps, il y avait un consensus sur le plan financier, malgré qu’il ne soit pas assez
fondé, que la distribution des dividendes est préférée à un cas de non distribution. Cette
affirmation est inspirait essentiellement des travaux de Graham et Dodd (1951) qui affirmait
qu’un dollar distribué en dividende a en moyenne un impact sur les cours boursiers quatre fois
13
Lintner justifie le choix du bénéfice net d’après le comportement des entreprises qu’il a pu déceler dans ses
interviews.
14
Le profit “permanent” comme variable de profit a été introduit par Goffin (1970) en s’inspirant des travaux de
Friedman et Fisher (1957). Cette approche consiste à éliminer du profit observé les composantes transitoires ou
accidentelles. Ces éléments peuvent être positives (profit exceptionnel) ou négatives (pertes exceptionnelles) et
doivent êtres sans effets sur la politique de la firme en matière de distribution de dividende.
15
“Lintner’s model of dividends remains the best description of the dividend setting process available. Changes
in dividends mostly tell us something about what has happened” Benartzi, Michaely & Thaler (1997). Journal of
Finance, Vol 52, p.1032.
i. Les marchés de capitaux sont parfaits : aucun acheteur ou vendeur ne peut faire varier le
prix du marché lors de ses transactions. Les divers investisseurs ont librement et gratuitement
accès à l’information19 relative au processus de formation des cours et aux caractéristiques
16
En effet, si le dividende constitue un solde résiduel, son montant va fluctuer en fonction de l’importance des
opportunités d’investissements acceptables et réalisables par l’entreprise. Dans ce cas, l’investisseur serait
indifférent au gain en capital ou en dividende. De la sorte, lorsque l’entreprise dispose de projets d’investissements
permettant la réalisation d’un rendement supérieur à celui exigé par l’actionnaire, ce dernier serait satisfait d’une
distribution de dividende faible voire même nulle.
17
“Given a firm’s investment policy, the dividend payout policy it chooses to follow will affect neither the current
price of its shares not the total returns to shareholders” Modigliani &Miller(1961). Journal of Business, p.414.
18
Ce postulat a pour but d’éviter de confondre l’effet de la politique de dividende avec les effets des politiques
d’emprunt et d’investissement.
19
MoMi supposent que tous les agents économiques qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise
disposent de la même information. En d’autres termes il n’existe pas d’asymétrie d’information, c'est-à-dire que
le public à la même vision de la situation présente et future de l’entreprise que la direction générale. Le dividende,
dans ce cas ne peut pas renseigner le public sur la situation de l‘entreprise, il ne possède ainsi aucun contenu
informationnel.
ii. Le comportement des investisseurs est rationnel : les investisseurs préfèrent plus de richesse
à moins de richesse. Ils sont indifférents entre un gain en capital et un gain sous la forme de
dividende.
iii. L’avenir est certain : le programme d’investissement et les bénéfices futurs de toutes les
firmes sont connus. Il n’y a pas de risque opérationnel ni financier. Il n’a pas de distinction
entre action et obligation.22
Cette dernière hypothèse implique qu’il n’est pas nécessaire de distinguer entre actions et
obligations comme sources de financement. MoMi supposent ainsi, qu’il n’y a pas de dettes
dans la structure financière des entreprises, celles-ci détenant que des actions. En plus cette
hypothèse permet de dissocier l’effet de la politique de dividende sur la valeur de l’action
d’autres effets concomitants. En effet, la politique de distribution peut dépendre de la politique
d’investissement23 ou de financement24.
Si donc on suppose que, le programme d’investissement et la politique d’endettement
constituent des données et qu’ils sont par conséquent invariables à toutes modification de la
politique de dividende, MoMi arrivent à neutraliser la difficulté d’analyse de la politique de
dividende de l’entreprise.
Dans ce cadre de ces hypothèses, les fonds nécessaires à une augmentation du dividende ne
peuvent provenir que de la vente de nouvelles actions.
Dans l’univers déterminé par les hypothèses théoriques retenues, MoMi stipulent que le prix de
chaque action doit être tel que le taux de rentabilités25 de toute action existante sur le marché
soit identique. Ce taux de rentabilité est défini comme suit :
d j (t ) Pj (t 1) Pj (t )
t (7)
Pj (t )
Où :
20
La proposition de MoMi (1961) suppose que l’émission d’action nouvelle se fait sans frais et n’entraîne pas plus
de frais que l’autofinancement. Mais pour que les deux alternatives (distribution plus émission et rétention) soient
équivalentes il également indispensable qu’il n’y ait pas de frais de transactions.
21
C'est-à-dire qu’il y a neutralité fiscal entre le recours au circuit long (distribution plus émission d’actions
nouvelles) ou le recours au circuit court (rétention des bénéfices pour les besoins d’investissements) aussi bien
pour l’entreprise que pour les actionnaires. La taxation des bénéfices à l’impôt sur les sociétés doit être la même
quelle que soit l’emploi du bénéfice : distribution ou rétention.
23
C’est ainsi que si une entreprise décide, par exemple d’augmenter son dividende à la suite d’absence de projets
d’investissements rentables, la politique de dividende constitue, en fait un sous-produit de la politique
d’investissement. Dans ce cas la variation éventuelle du cours de l’action due au seul dividende serait assez difficile
à analyser, dans la mesure où il serait nécessaire de séparer l’impact du dividende de celui de la politique
d’investissement.
24
De même, la politique de dividende peut être reliée à la politique de financement. Ainsi, si une entreprise décide
d’augmenter son dividende à la suite de l’augmentation de son endettement, alors la politique de distribution ne
serait qu’un sous-produit de la politique d’endettement. Comme dans le cas précèdent il serait difficile de séparer
les deux impacts respectifs du dividende et de l’endettement sur le cours de l’action.
25
Le taux de rentabilité fait inclure aussi bien le rendement en capital qu’en dividende.
Cette analyse des composantes de la rentabilité d’une action permet à MoMi d’exprimer le prix
de marché d’une action en début de période ( P (t ) ) comme étant égal à la valeur actuelle du
dividende payé en fin de période t ( d (t ) ) et du prix de l’action en début de période t 1 (
P (t 1) ).
La relation (7) peut ainsi s’écrire de la manière suivante :
Pj (t )
1
1 (t )
d j (t ) Pj (t 1) (8)
L’équation (8) définit le prix de toutes les actions existantes sur le marché. S’il n’en était pas
ainsi, les processus d’arbitrages d’action à faible rentabilité pourraient augmenter la richesse
des investisseurs en vendant leurs actions et en investissant dans des actions à plus fortes
rentabilité. Ce processus aurait par conséquence de diminuer le prix des actions à faible
rentabilité et d’augmenter celui des actions à forte rentabilité jusqu’au moment où l’égalité du
taux de rentabilité entre toutes les actions sera atteinte.
Ce processus d’arbitrage constitue un des apports fondamentaux de la théorie de MoMi.
Pour analyser l’incidence de la politique de dividende sur la valeur de l’entreprise, MoMi
déterminent la valeur boursière de la firme au début de la période t de la manière suivante :
Si on désigne par n(t ) : le nombre d’actions de la firme au début de la période t ; et par V (t ) la
valeur de marché de l’entreprise à la période t. Cette valeur serait égale à :
V (t ) n(t ) V (t )
1
V (t ) n(t ) P (t ) ( D (t ) n(t ) P (t 1)) (9)
1
Où, D(t ) représente les dividendes versés à la fin de la période t ( Dt nt d t )
Si on considère que m(t ) , est le nombre d’actions émises en fin de période t au prix P (t 1) , le
nombre d’action à la fin de la période serait égal à : m(t 1) n(t ) m(t ) .
1
V (t ) ( D (t ) V (t 1) m(t 1) P (t 1)) (10)
1 t
Avec : V (t 1) ( n(t ) m(t )) P (t 1)
D’autre part, selon MoMi il doit y avoir au niveau de la firme et à chaque instant une égalité
entre ressources et emplois. Ainsi le dividende distribué en fin de période t vérifie
nécessairement l’égalité suivante :
Cette formule nous permet de constater que le montant net versé aux actionnaires (
D (t ) m(t 1) P (t 1) ) a pour origine l’excédent du bénéfice net sur les investissements nets
( X (t ) I (t )) . De même, l’investissement net non autofinancé ( I (t ) X (t ) ) est couvert par
l’apport net de fonds propres ( m(t 1) P (t 1) D (t ) ).
En remplaçant m(t 1) P (t 1) par sa valeur (équation 11) on obtient :
1
Vt n(t ). p (t ) ( X (t ) I (t ) V (t 1)) (12)
1 (t )
Cette dernière relation fait le lien entre la valeur boursière de la firme en début de période t , la
valeur boursière en début de période t 1 , le bénéfice net et les investissements nets en fin de
période t et le taux de capitalisation du marché financier. Ainsi le montant du dividende
distribué n’apparaît pas dans cette formule d’évaluation de la valeur de la firme.
26 Le programme d’investissement étant déjà décidé. Il comprend d’abord les investissements relatifs au maintien
de l’activité (les amortissements) mais également aux investissements supplémentaires appelés investissements
nets. La totalité de ces investissements sont réalisés en fin de période t . Ils sont financés par une partie du cash-
flow de la période et éventuellement par une augmentation du capital. Ces nouvelles actions sont vendues au cours
ex-dividendes P (t 1) dans la mesure où elles ne donnent pas droit au dividende d (t ) . Pendant la période
l’équilibre des emplois- ressources implique que : Cash-flow + augmentation du capital = Investissements bruts +
dividendes. Ce qui peut également s’écrire après élimination des amortissements des cash-flows des et des
investissements bruts :
Bénéfices nets + augmentation du capital = investissements nets + dividendes
27
“Since Div t does not appear directly among the arguments and since X t , I t , Vt 1 are independent of Div t
(either by their nature or by assumption) it follows that current value of the firm must be independent of the current
dividend decision.” MoMi (1961). The Journal of Business, p. 414.
29 La formule développée par MoMi dans un monde certain s’écrit dans un monde incertain (avec des variables
~ ~
aléatoires) de la manière suivante : V~ (t ) 1 ( X (t ) I~ (t ) V~ (t 1)) avec V et I désignent respectivement
1 (t )
la valeur de la firme et la valeur de l’investissement qui sont supposé être des variables non commues avec
certitudes.
30
La notion de rationalité symétrique du marché ; “ Symmetric market rationnality” ; suppose que les participants
au marché se comportent d’une manière rationnelle en préférant plus de richesse à moins de richesse et pensent
que les autres participants agissent de même.
31
“ Of all the many market imperfections that might be detailed, the only one that would seen to be even remotely
capable of producing such a concentration is the substantial advantage accorded to capital gains as compared
with dividends under the personal income tax” Modigliani et Miller (1961).Journal of Business , p. 431-432.
Les principales critiques formulées à l’encontre de la thèse de neutralité reposent sur la remise
en cause des hypothèses qui ont servi à son élaboration. En effet, l’analyse peut beaucoup
changer lors de la prise en considération des différentes imperfections du marché et notamment
avec l’introduction de l’aspect fiscal.
Dans ce sens et lorsqu’on se place dans les cas où la politique de distribution de profit pourrait
avoir un impact sur les cours boursiers sont identifiés, ces cas se rapprochent de la réalité
économique de l’entreprise ce qui laisse à penser qu’une telle politique et dans un univers
différent de celui décrit par MoMi (marché imparfait, différence d’imposition, coût de
transactions, déséquilibre informationnel) ne peut être sans impact sur la valeur de la firme.
Cette divergence du cadre théorique de MoMi et du monde réel fait que cette thèse est souvent
critiquée. Parmi les critiques qui ont été avancées, on propose celle de Lintner en 1961 qui
suppose qu’il existe deux contraintes au théorème de neutralité de MoMi (1961) qu’il faut tenir
en considération :(1) la première tient au comportement, des investisseurs et de leurs attitudes
vis-à-vis des dividendes et de l’émission de nouvelles actions. Cette attitude peut ne pas être
neutre et dans ce cas le prix de l’action serait en conséquence déterminé par les dividendes
payés. (2) La deuxièmement découle de la présence des frais d’émission, chose qui fait que
les investisseurs ne seront plus indifférents quant à la source de financement adoptée et donc
au fur et à mesure que les coûts d’émissions augmentent, les investissements auront une certaine
réticence pour les sources de financement par émission d’action nouvelles et préféreront plutôt
l’autofinancement ou l’endettement.
Il a été démontré également suite aux travaux de Gordon (1959), que le paiement des
dividendes permet de dissiper l’incertitude dans l’esprit des investisseurs, ce qui implique que
l’investisseur ne peut pas être indifférent aux gains en dividendes ou en capital, il préférera par
conséquent les dividendes aux plus-values en capital. Ainsi en réduisant ses dividendes pour
financer les nouveaux investissements, la firme réduit indirectement ses dividendes proches
alors que les dividendes lointains sont accrus. Si le taux d’actualisation augmente avec le
temps, la diminution du dividende proche conduira à un prix de l’action plus bas, toutes choses
étant égale par ailleurs.
32 Il faut noter que MoMi reconnaissent le caractère informationnel, sans pour autant rejeter leur hypothèse de
neutralité des dividendes. Ils supposent que les investisseurs peuvent interpréter une modification des dividendes
comme le signe d’un changement anticipé des bénéfices dans l’esprit des dirigeants mais ce changement n’est pas
dû au dividende en tant que flux de liquidité mais en tant que vecteur informationnel.
33
MoMi considèrent que la partie du FCF doit être distribuée en totalité, cela est due essentiellement au fait qu’il
ne devrait pas y avoir une interdépendance entre politique d’investissement et politique de dividende En effet
MoMi font de la sorte que la politique de dividende soit un sous-produit de la politique d’investissement de manière
que si jamais la deuxième politique est fixée, automatiquement et en cas d’une liquidité excédentaire, elle sera
distribué sous forme de dividende.
34
DeAngelo & DeAngelo (2006) rejoignent l’hypothèse de Jensen (1986) sur l’impact des FCF sur la valeur de la
firme et sur la politique adoptée en matière de distribution de profit.
D10 D20
V0 I0 / (13)
(1 r01 ) (1 r01 )(1 r12 )
Où :
Ainsi, cette formule développée par DeAngelo et DeAngelo, rejoignent l’argument de Jensen
(1986) qui stipule que la firme doit prendre en considération la nécessité pour la firme de
distribuer, en fonction de ses opportunités de croissance, une partie de son FCF à moins qu’elle
soit exposée à des problèmes d’agences.
La thèse de neutralité, soutenue essentiellement par MoMi (1961), a fait l’objet de plusieurs
tentatives de vérifications empiriques. Toutefois les tests empiriques de cette thèse de neutralité
sont difficilement vérifiables empiriquement, cela est dû au fait que les hypothèses sous-
jacentes s’écartent sensiblement du monde réel.
Selon Allen et Michaely (2001), c’est plutôt le relâchement de l’une des hypothèses de base du
modèle de MoMi qui a fait l’objet de plusieurs tests empiriques notamment par les tenants de
cette thèse.
Les premiers tests sont effectués par MoMi (1966) dans le but de tester leur thèse de neutralité
aussi bien de la structure financière que de la politique de dividende sur la valeur de la firme,
ont réalisé une étude empirique sur un échantillon d’entreprises appartenant au secteur
d’électricité. Sur le plan empirique, MoMi (1966) ont dû relâcher leur hypothèse restrictive
d’un marché parfait, en particulier, ils supposent l’existence des coûts de transactions. Ce
relâchement conduit MoMi (1966) à reconnaître que la politique de dividende pourrait avoir un
certain impact sur la valeur de la firme mais que l’effet n’est pas tout à fait identifié. En plus
selon MoMi (1966), l’existence d’un certain effet informationnel fait que le coefficient de la
variable dividende peut être biaisé du moment que cette variable peut être liée aux bénéfices de
la firme.
De ce fait pour essayer de neutraliser l’effet d’annonce concomitante des bénéfices, MoMi
(1966) ont eu recours à l’approche des variables instrumentales. A partir des estimations
effectuées par MoMi, il ressort que tous les coefficients de la variable dividende sont de signes
négatifs et en plus ne sont pas statistiquement significatifs. Ce résultat amène les auteurs à
( M )
~
~
E ( Ri ) 0 E ( RM ) 0 i 1 i
M
i (14)
Avec :
~ ~
E ( Ri ) est le rendement espéré du portefeuille i ; E ( RM ) est le rendement espéré du portefeuille
du marché ; est une constante à comparer avec le taux d’intérêt sans risque R ; i est le
coefficient du risque systématique du portefeuille i ; i est le taux de rendement en dividende
du portefeuille i ; M est le taux de rendement en dividende du portefeuille du marché et i un
terme d’erreur.
Selon Black et Scholes, si la politique de dividende n’influence pas la valeur de la firme,
l’estimateur de 1 devrait être significativement différent de zéro. Par contre s’il est supérieur à
zéro (inférieur à zéro) cela veut dire que le marché a plutôt une préférence pour les gains en
capital (dividendes).
Le résultat trouvés par Black et Scholes démontrent que le coefficient du rendement en
dividende ( 1 ) est non statistiquement significatif aussi bien sur toute la période d’étude qui
s’étale de 1936 à 1966 que sur des sous périodes plus courtes. Cela suppose donc que le
rendement espéré pour les titres à taux de rendement élevé est similaire à celui des titres à
rendements faibles. Ce résultat amène Black et Scholes à conclure que la différence dans les
taux de rendement n’est pas synonyme d’un rendement futur plus important. Cette conclusion
de Black et Scholes constitue, même en présence d’un traitement fiscal différent entre dividende
et plus-value, un support d’application très important pour la théorie de neutralité de MoMi.
D’autres travaux de recherches empiriques notamment de Miller et Scholes (1978; 1982)37 et
de Hess (1981) constituent également un support pour la thèse de non neutralité de MoMi.
Mais il faut dire que si certains travaux de recherche confirment cette thèse, pas mal d’autres
travaux prouvent tout à fait le contraire.
C’est ainsi que Ball, Brown, Finn et Officer (1979) et sur la base des travaux de Black et Scholes
(1974), ont examiné un échantillon d’entreprises australiennes pendant la période 1960-1969
35 “The main conclusions to be drawn is that the dividend effect is sufficiently small and uncertain to be safely
neglected” Modigliani & Miller (1966).The American Economic Review, Vol 56, p.370.
36
Il faut dire que le travail de Black & Scholes teste l’hypothèse de l’effet fiscal mais il est présenté dans ce cadre
parce que les conclusions auxquelles ont abouti les auteurs supportent les conclusions de la thèse de non neutralité
de MoMi (1961).
37 Selon Miller et Scholes, si les dividendes affectent la valeur des actions, cela ne peut être due que suite à un
effet informationnel que véhiculent les dividendes sur les perspectives d’avenir de la firme.
5. Conclusion
Dans le cadre de ce chapitre, on a essayé de présenter les principaux modèles théoriques ainsi que leurs
tests empiriques traitant la problématique des dividendes dans le cadre d’un marché parfait.
Cette revue de la littérature de la problématique de dividende sous l’hypothèse d’un marché parfait
montre essentiellement que :
ii. Les entreprises sont très réticentes à baisser leurs niveaux de distribution
habituels et préfèrent proposer un dividende stable ou le cas échéant des
augmentations graduelles dans les dividendes versés [Lintner (1956)] ;
iii. Les tests empiriques des modèles développés sous l’hypothèse d’un marché
parfait, sont dans l’incapacité de proposer une explication parfaite et unanime
au comportement de distribution des entreprises.
38 Notamment la non prise en considération des cas d’omissions des dividendes, qui selon Miller et Scholes peuvent