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3 ARISTOCRATIE, AUTORITE IMPERIALE ET


ET GOUVERNEMENT DE L’E MPIRE

Dans une société régie, comme la société byzantine, par une hiérarchie précisément
fixée, l’empereur, sommet d’une taxis terrestre qui est censée refléter l’ordre céleste,
représente, nous l’avons vu, la source primaire d’anoblissement : conséquences plus que
causes de la prééminence sociale, une richesse et un prestige familial exceptionnels ne
pouvaient être obtenus et maintenus sans la faveur impériale1831.
Étant ainsi les choses, il conviendra de considérer brièvement la nature du rôle et de la
figure impériale dans son rapport avec le groupe dirigeant de la société, pour évaluer ensuite
sa capacité à imposer son autorité sur ses sujets de toute classe et sur les différentes régions de
l’Empire.

3.3.1 La dialectique entre idéal impérial et puissance aristocratique aux Xe-XIe siècles
3.3.1

La nécessité, l’unicité et l’universalité théoriques de l’institution impériale, ainsi que


son caractère providentiel ne furent jamais mis en discussion dans l’Empire romain d’Orient ;
néanmoins, à travers ses mille ans d’histoire, ces notions se trouvèrent confrontées à des
instances politiques et sociales nouvelles, ce qui mit à l’épreuve leur solidité et affecta la
représentation que les empereurs choisirent de donner d’eux-mêmes. Si nous cherchons à
mesurer la réaction de l’autorité impériale face aux valeurs sociales mises en avant par l’essor
de l’aristocratie micrasiatique, un certain nombres de contradictions et d’apories ne manquent
pas de venir au jour.
Tout d’abord, l’émergence de la conscience lignagère, ainsi que des formes
d’expression et de transmission de l’appartenance familiale, ne fit que rendre plus évident un
hiatus substantiel entre l’institution et la personne impériale, entre les idées d’institution
impériale et de dynastie, ainsi qu’une distinction importante entre dynastie et famille : ces
notions ont déjà été l’objet des réflexions des savants, mais il convient peut-être d’y revenir
pour un instant1832.

La transmission de la légitimité impériale


impériale entre succession dynastique, usurpation
usurpation et
association au trône

Comme le remarquaient déjà les observateurs étrangers contemporains, à Byzance la


perennité et la primauté de l’institution impériale étaient en contradiction avec le caractère
éphémère du pouvoir de ses représentants, les changements de main du sceptre et l’absence
d’une norme de succession juridiquement fixée1833. Si le droit de succession par héritage
représentait la solution la plus économique pour assurer la stabilité du gouvernement de l’État
et s’il est vrai que l’Empire s’héritait le plus souvent de ses pères, la fréquence des
usurpations réussies qui marquèrent l’histoire de Byzance n’en demeure pas moins
impressionnante. Au cours de la période qui nous retient, de 843 à 1057, le nombre des
1831
Cf. supra et, entre autres, Magdalino, Byzantine snobbery, p. 63-64.
1832
À cette question est consacrée notamment l’ouverture de l’essai fondamental de Dagron, Empereur et prêtre,
p. 33-73.
1833
Ibid. p. 33-34.
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