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REPUBLIQUE DU BENIN

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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
------------------
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI INSTITUT NATIONAL DES METIERS
D’ART, D’ARCHEOLOGIE ET DE LA ULTURE

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MASTER PROFESSIONNELLE EN ADMINISTRATION ET COOPERATION CULTURELLE


& MANAGEMENT DU TOURISME ET DE LA CULTURE

SUPPORT DE COURS D’ETUDE D’IMPACT


DES PROJETS

Cours animé par: Basile KOUDJE


Doctorant en Génie des Matériaux et Structures
Administrateur en Gestion des Projets et Développement Local
spécialisé en suivi-Evaluation des Projets et Programmes
Administrateur des Finances (Option Gestion des Marchés Publics)
Contacts : 0022997448232/0022995422712
E-mail : basoko2000@yahoo.fr

Année académique : 2019 – 2020


Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 1
INTRODUCTION GENERALE
Avant de se lancer dans un projet, il convient de mener une analyse d'impact afin
d'identifier toutes les conséquences d'un changement sur les
collaborateurs, processus, métiers, autres projets en cours, etc.
Fort de cette analyse, la décision de mener - ou non - un projet est prise en
connaissance de cause et les effets de bord sont identifiés et maîtrisés.
Bien que l'on parle généralement d'analyse ou d’étude d'impact, l'étude porte sur les
effets d'un changement. Les impacts, changements concrets suite aux actions,
s'évaluent post projet.
Ce module n'est pas réservé à la seule gestion de projet, mais à toute prise de décision
méritant une analyse poussée des effets annexes. Nous nous intéressons ici aux
impacts sociaux, économiques et environnementaux (positifs et négatifs) pouvant
émerger de l’exécution d’un projet de quelque nature que ce soit dans un objectif de
maîtrise des risques.
Au terme de ce cours, l’apprenant doit pouvoir :
 Comprendre et partager des concepts-clés relatifs à l’impact d’un projet;
 Analyser et évaluer les impacts d’un projet :

– Établir des termes de référence


– Connaître les « bonnes pratiques »
 Concevoir, calibrer et mettre en œuvre des indicateurs d’impact
CONTENU DU COURS
1- Les fondamentaux de l’étude d’impact des projets
2- Le processus d’étude d’impact des projets
3- Etude d’impact environnemental des projets
4- Etude d’impact social des projets
5- Etude d’impact économique des projets
6- Cas pratique
BIBLIOGRAPHIE
 ANDRE P. et Al, 2010, L’évaluation des impacts sur l’environnement, 3e
édition: processus, acteurs et pratique, Presses internationales Polytechnique,
Québec, 398 p.
 Gilbert Graugnard-Nicolas Heeren CIEDEL, Prise en compte de l’impact et
construction d’indicateurs
 Omar SALEH: Etude d’impact économique de l’aéroport international du
Golf de Saint-Trpez, déembre 2012

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CHAPITRE 1 : LES FONDAMENTAUX DE L’ETUDE D’IMPACT DE PROJET
1- Définitions des termes

Résultats : changements produits directement par le projet à comparer avec les objectifs
formalisés avant le lancement.
Les objectifs sont définis pour le projet et les résultats sont atteints.
L’évaluation des résultats est basée sur deux visions :
* quantitative : écart chiffré entre le prévu et le réalisé (p.e. 3 puits construits au lieu de 4) ;
* qualitative : différence de nature prévu / réalisé (p.e. un forage au lieu d’un puit).

Objectifs Résultats

Réaliser 12 puits répondant aux normes techniques • 10 puits 60m3


• 1 forage

Réduire le travail des femmes Diminution des temps d’attente aux puits
Améliorer la santé des habitants en éliminant les Bonne qualité bactériologique de l’eau des
maladies liées à l’eau polluée. puits

Effets : incidences directes et indirectes de l’action :


– Résultats directs du projet mais aussi de facteurs extérieurs.
– Les effets peuvent être anticipés, mais avec une marge d’incertitude
L’effet est aussi la description d’un événement qui est la conséquence objective de l’action
envisagée (l’activité) ex : le déboisement d’une surface de territoire.
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L’évaluation des effets porte sur l’interaction entre le projet et son environnement.
– Les acteurs concernés ne se limitent pas au client / public-cible du projet
– Les réactions des acteurs : groupes, personnes … sont difficiles à prévoir
– D’autres projets, évènements … ont pu interférer

Objectifs Résultats Effets

Réaliser 12 puits répondant aux • 10 puits 60m3 La population continue de puiser


normes techniques • 1 forage l’eau au marigot sauf en saison
sèche
Réduire le travail des femmes Diminution des temps Le temps libéré permet des
d’attente aux puits activités productives : culture,
tissage…
Améliorer la santé des habitants Bonne qualité Les villageois stockent l’eau dans
en éliminant les maladies liées à bactériologique de l’eau des des récipients contaminés par l’eau
l’eau polluée. puits du marigot

Impact : changement durable à la suite de l’action, ce qui reste quand le projet est achevé. L'impact
d'un projet est l’ensemble des changements durables positifs et négatifs prévus et imprévus sur
les personnes, les groupes et l’environnement ayant un lien de causalité avec le projet.
Prévoir l’impact est difficile, car de nombreux éléments extérieurs au projet interviennent. Le temps
joue un rôle majeur, car l'impact se juge à terme, après la fin du projet.
C’est aussi la transposition subjective d’un effet environnemental sur une échelle de valeur ; il est
donc le résultat d’une comparaison entre deux états : un état qui résulte de l’action envisagée et un
état de référence.

Objectifs Résultats Effets Impact

Réaliser 12 puits • 10 puits La population Les résultats


répondant aux normes 60m3 continue de puiser l’eau correspondent aux
techniques • 1 forage au marigot sauf en saison objectifs du projet, mais il
sèche n’a pas amélioré la
situation sanitaire des
Réduire le travail des Diminution des Le temps libéré permet populations.
femmes temps d’attente aux des activités productives : Par contre, les nouvelles
puits culture, tissage… activités productives des
Améliorer la santé des Bonne Les villageois stockent femmes produisent des
habitants en éliminant qualité l’eau dans des récipients revenus, dont une partie
les maladies liées à bactériologique de contaminés par l’eau du sert à améliorer la santé.
l’eau polluée. l’eau des puits marigot
2- L’étude d’impact des projets
2-1- Définition et approche globale

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Une étude d'impact est une étude technique qui vise à apprécier les conséquences de toutes natures,
notamment environnementales d'un projet pour tenter d'en limiter, atténuer ou compenser les
impacts négatifs.
L’étude d’impact est une procédure administrative spécifique constituant l’outil privilégié de
l’évaluation sur l’environnement des projets de travaux et d’aménagements. Il s’agit d’évaluer
l’impact des projets et aménagement sur l’environnement.
L’analyse des impacts d’un projet vise à intégrer à la planification de ce dernier, des considérations
spécifiques à l’environnement et des perceptions du milieu, permettant ainsi de le réaliser tout en
assurant la protection et la conservation des milieux de vie. En outre, elle sert à identifier, décrire
et évaluer les interrelations qui existent entre un projet et son milieu récepteur afin d’évaluer
l’acceptabilité environnementale de celui-ci.
Pour ce faire, l’ensemble des éléments sensibles à la construction d’une intervention sont identifiés
et ce, pour chacune des grandes composantes des milieux physique, biologique, humain et bâti,
culturel, archéologique, visuel et sonore. Par la suite, l’analyse des impacts est effectuée afin
d’identifier et de mesurer les impacts positifs et négatifs d’un tel projet sur son environnement.
Une fois les impacts connus, des mesures permettant soit de minimiser les impacts négatifs, soit de
bonifier les répercussions positives du projet sont proposées. L’évaluation globale du projet est
finalement effectuée sur la base des impacts résiduels, c’est-à-dire ceux qui persistent après
l’application des mesures d’atténuation ou de bonification.
L’étude d’impact, comme les autres processus d’évaluation environnementale intervient donc en
amont de l’approbation du projet ou de la décision d’autorisation par l’autorité compétente.
L’étude d’impact concerne la globalité du projet, c’est-à-dire le projet lui-même et les
aménagements nécessaires à sa réalisation ou à son fonctionnement (par exemple les voies d’accès
créées pour le projet…).
Que les travaux soient réalisés de manière simultanée ou échelonnée dans le temps, l’étude d’impact
doit analyser globalement les effets des différents travaux sur l’environnement.
2-2- Principe de réduction à la source des impacts
Le dossier doit démontrer la prise en compte du principe d’action préventive et de correction, par
priorité à la source, des atteintes à l'environnement, en utilisant les meilleures techniques
disponibles à un coût économiquement acceptable.
Ainsi, il conviendra de privilégier les mesures d’évitement (notamment dans le choix des partis et
variantes), et seulement ensuite de proposer des mesures de réduction, puis de compensation.

2-3- Démarche itérative


La conduite de l’étude d’impact est progressive et itérative en ce sens qu’elle requiert des allers-
retours permanents entre les concepteurs du projet et l’équipe chargée de l’étude d’impact qui
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identifiera les impacts de chaque solution et les analysera. Les enjeux doivent être affinés au fur et
à mesure de l’élaboration du projet : ils seront identifiés dès l’état initial de l’environnement et pris
en compte pour la définition et la comparaison des partis et variantes.

3- Objectifs de l’étude d’impact


Les études d’impact permettent de prévoir les répercussions des travaux, ouvrages ou
aménagements importants sur les espaces naturels dans le but :
- D’aider le maître d’ouvrage à concevoir un projet plus respectueux de l’environnement,
- De permettre à l’autorité administrative de statuer sur le projet en connaissance de cause,
- D’informer le public sur les conséquences qu’entraînera la réalisation du projet sur
l’environnement.
L’étude d’impact est une partie du dossier qui traduit la démarche d’évaluation environnementale
mise en place par un maître d’ouvrage, dans un objectif d’intégrer les préoccupations
environnementales dans la conception de son projet.
Cette démarche est une réflexion approfondie sur l’impact d’un projet sur l’environnement,
conduite par le maître d’ouvrage au même titre qu’il étudie la faisabilité technique et économique
de son projet.
Le dossier expose, notamment à l’intention de l’autorité qui délivre l’autorisation et à celle du
public, la façon dont le maître d’ouvrage a pris en compte l’environnement tout au long de la
conception de son projet et les dispositions sur lesquelles il s’engage pour en atténuer les impacts
et les suivis qu’il met en place pour suivre ces effets.
La démarche doit répondre à trois objectifs :
 aider le maître d’ouvrage à concevoir un projet respectueux de l’environnement, en lui
fournissant des indications de nature à améliorer la qualité de son projet et à favoriser son
insertion dans l’environnement.
 éclairer l’autorité administrative compétente à prendre une décision sur sa nature et son
contenu et, le cas échéant, à déterminer les conditions environnementales de cette
autorisation et de son suivi.
 informer le public et lui donner les moyens de jouer son rôle de citoyen averti et vigilant.

L’étude d’impact est la pièce maîtresse du dossier d’enquête publique qui constitue le moment
privilégié de l’information du public.
L’étude d’impact doit être constituée de façon à expliquer le cheminement du maître d’ouvrage
dans la conception de son projet, dans le cadre d’une prise en compte de l’environnement optimale.
3- Types d’impact
Un projet est soumis à plusieurs types d’étude d’impact. Les impacts d’un projet sont appréciés
en fonction de leur type et de leur importance.

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3-1- les types d’impact
Les impacts sont soit de type :
- positif (amélioration ou bonification des composantes du milieu) ;
- soit de type négatif (détérioration des composantes du milieu).
Les impacts positifs et négatifs peuvent avoir un effet direct (affectant directement une
composante du milieu), indirect (affectant une composante du milieu par le biais d’une autre
composante), cumulatif (les changements causés à l’environnement par un projet, en combinaison
avec d’autres actions passées, présentes et futures), différé (effet qui se manifeste à un moment
ultérieur à l’implantation ou à la réalisation du projet), synergique (association de plusieurs impacts
prenant une dimension significative lorsque conjuguée) ou irréversible (ayant un effet permanent
sur l’environnement).
- les impacts environnementaux
C’est une analyse des effets directs ou indirects, temporaire ou permanents, du projet sur
l’environnement (faune et flore, santé, sites et paysages…) ;
- Impacts sociaux
Un impact social est quelque chose qui est vécu ou ressenti (réel ou perçu) par un individu, un
groupe social ou une unité économique. Les impacts sociaux sont l’effet d’une action (ou d’un
manque d’action) et peuvent être positifs ou négatifs. Les impacts sociaux se distinguent des
processus de changement social, partiellement parce que différents groupes sociaux peuvent vivre
le changement social différemment en fonction des circonstances.
L’étude des impacts sociaux permettent de : identifier les problèmes clés de la perspective des
entités potentiellement affectées par les projets ; prévoir et anticiper le changement ; et ancrent ces
compréhensions dans les systèmes et stratégies en cours afin de répondre de manière proactive aux
conséquences de l’exploitation.
-Impacts économiques :
Les impacts économiques d’un projet se traduisent sous forme de main-d’oeuvre, de valeur ajoutée,
d’importation, de fiscalité et de parafiscalité. Ces effets peuvent apparaitre dans les secteurs
immédiatement touchés par les dépenses initiales (effets directs) ou qu'ils ont lieu chez les
fournisseurs de ceux où ont lieu les premiers effets (effets indirects).
La mesure des retombées économiques consiste à évaluer l'impact économique positif, neutre ou
négatif issu de la présence d'un phénomène, c'est à dire la différence entre sa présence et son
absence.
La mesure de l'impact économique vise à cerner les dimensions financières (revenus des ménages,
des entreprises, des services fiscaux...) qui ne sont néanmoins par les seules en jeu dans ce contexte
qui inclut aussi des impacts sociaux (bien-être, satisfaction des populations) et environnementaux
(pollution, perturbation de la faune...).
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Les mesures des retombées économiques se penchent en général sur les effets à court terme, plutôt
qu'à moyen terme.

3-2- Importance de l’impact


L’importance d’un impact réfère aux changements causés à l’élément du milieu par le projet. Cette
prédiction repose sur des connaissances objectives et des variables mesurables comme l’intensité,
l’étendue et la durée de ces changements.
 Intensité
L’intensité de la répercussion exprime l’importance relative des conséquences découlant de
l’altération de l’élément (ou la bonification) sur l’environnement. L’intensité peut être faible,
moyenne ou forte.
• une répercussion de faible intensité altère ou améliore de façon peu perceptible un élément, sans
modifier les caractéristiques propres de l’élément, son utilisation ou sa qualité.
• une répercussion d’intensité moyenne entraîne la perte ou la modification (ou bonification) de
certaines caractéristiques propres à l’élément affecté et en réduit (ou en augmente) légèrement
l’utilisation, le caractère spécifique ou la qualité.
• enfin, une répercussion de forte intensité altère de façon significative les caractéristiques propres
de l’élément affecté, remettant en cause son intégrité ou diminuant considérablement son utilisation
ou sa qualité; une perturbation positive améliore grandement l’élément ou en augmente fortement
la qualité ou l’utilisation.
 Étendue
L’étendue de la répercussion dépend de l’ampleur de l’impact considéré et/ou du nombre de
personnes touchées par la répercussion. Elle peut être ponctuelle, locale ou régionale.
• une étendue ponctuelle réfère à une perturbation bien circonscrite, touchant une faible superficie
(ex.: dans l’emprise de la route ou immédiatement aux abords) ou encore utilisée ou perceptible par
quelques individus seulement.
• une étendue locale réfère à une perturbation qui touche une zone plus vaste, par exemple une
série de lots ou qui affecte plusieurs individus ou groupes d’individus, voire l’ensemble d’une
municipalité;
• finalement, une étendue régionale se rapporte à une perturbation qui touche de vastes territoires
ou des communautés d’importance, par exemple plusieurs municipalités desservies par la route ou
une MRC.
 Durée
La durée de la répercussion précise la dimension temporelle de l’impact. Elle évalue la période de
temps durant laquelle les répercussions d’une intervention seront ressenties par l’élément affecté

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ainsi que leur fréquence (caractère continu ou discontinu). La durée de l’impact peut être courte,
moyenne ou longue.
• l’impact est considéré de courte durée lorsque les effets sont ressentis, de façon continue ou
discontinue, durant la période de construction ou lorsque le temps de récupération ou d’adaptation
de l’élément est inférieur à trois ans.
• l’impact est considéré de durée moyenne lorsque les effets sont ressentis, de façon continue ou
discontinue, sur une période pouvant aller de 3 à 10 ans.
• l’impact est considéré de longue durée lorsque les effets sont ressentis, de façon continue ou
discontinue, sur une période ou diverses périodes dépassant 10 ans.
La combinaison de ces trois critères (intensité, étendue et durée) permet de déterminer l’importance
de l’impact. Ces trois critères ont tous le même poids dans l’évaluation de l’importance de l’impact.
Toutefois, une pondération a été accordée aux trois classes de chacun des critères; celle-ci est
indiquée entre parenthèses dans le ci-après :
On distingue trois classes d’importance de l’impact. Le tableau 6.1 précise le cheminement
d’évaluation de l’importance de l’impact ainsi que la pondération globale (multiplication des
pondérations) ayant mené à l’attribution de la classe d’importance. Ainsi, pour qu’un impact ait une
importance forte, il faut qu’il obtienne une pondération globale de 12 et plus (le maximum possible
étant 27). Pour obtenir ce pointage, il faut une synergie de facteurs, c’est-à-dire qu’au moins un des
critères ait une valeur élevée (pondération de 3) et que les deux autres aient une valeur au moins
moyenne (pondération de 2). Les impacts d’importance moyenne sont ceux dont la pondération
globale se situe entre 4 et 9 inclusivement alors que ceux d’importance faible correspondent à ceux
dont la pondération globale est de 3 et moins.

Tableau n°1 : Matrice de détermination de l’importance de l’impact

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Une fois le type et l’importance des différents impacts établis pour chacune des composantes du
milieu, on identifie des mesures d’atténuation et/ou de compensation pour minimiser ou
compenser les impacts négatifs et des mesures de bonification pour les impacts positifs. Les
impacts résiduels, c’est-à-dire ceux qui subsistent une fois les mesures d’atténuation ou de
bonification proposées, peuvent alors être mesurés.
4- Caractéristiques des impacts
Il est difficile d’anticiper l’impact
• Impact technique :
– attendu : des villageois autonomes et formés pour l’entretien ;
– inattendu : création d’entreprises de réparation des puits.
• Impact économique :
– attendu : la caisse villageoise est alimentée par le paiement de l’eau ;
– inattendu : la caisse permet la création d’emplois dans les entreprises d’entretien
des puits.
• Impact social :
– attendu : les enfants du village sont en meilleure santé ;
– inattendu : les enfants libérés de la corvée d’eau peuvent aller à l’école.
• Impact financier :
– attendu : constitution d’une caisse pour l’entretien de chaque puits ;
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– inattendu : l’argent d’une des caisses est détourné
• Impact organisationnel :
– attendu : constitution de comités de gestion des puits ;
-- inattendu : certains comités de gestion fonctionnent si bien qu’il conduisent
d’autres actions, p.e un potager pour l’école.

5- Contenu de l’étude d’impact


L’étude d’impact est réalisée par le pétitionnaire ou le maître d’ouvrage, qui peut avoir recours à un
bureau d’étude spécialisée et comprend plusieurs volets :
- Une analyse de l’état initial du site et de son environnement : elle porte sur les richesses naturelles,
sur les éléments du milieu naturel (faune et flore, climat, système hydrographique), les types
d’occupation du sol (agriculture, forêt, urbanisations), et sur la nature des activités pratiquées
(agricoles, touristiques, industrielles).
- Une analyse des effets, ou impact du projet : au niveau du site, des paysages, de la faune, de la
flore, du milieu naturel, des équilibres biologiques, du voisinage (bruits, vibrations, odeur, émissions
lumineuses), de l’hygiène et de la salubrité publique.
- Les raisons de validation du projet par rapport à l’environnement local.
- Un exposé des mesures envisagées par le maître d’ouvrage : pour supprimer, réduire, et compenser
les conséquences dommageables du projet sur l’environnement. Une estimation des dépenses
correspondantes est faite. Exemples : procédés de dépollution, d’épuration, protection antibruit,
reboisement compensateur, protection d’autres milieux naturels.
6- Publicité de l’étude d’impact
Le projet n’est pas soumis à l’enquête publique. Les petits aménagements ou de petites opérations
comme les défrichements ou les constructions ne justifient pas une enquête publique.
Le projet est soumis à l’enquête publique. Pour les projets importants, l’étude est portée à la
connaissance du public par l’enquête publique qui constitue une pièce essentielle du dossier. Une
fois la décision prise, la publicité de l’étude est faite ; toute personne physique ou morale peut en
prendre connaissance.
7- Suivi administratif
Le contrôle de l’étude d’impact (ou la notice) est assuré, sous la coordination du préfet, par les
services de l’État (Direction Départementale des Territoires). Les délégués régionaux à
l’architecture et à l’environnement exercent une mission d’animation importante, d’examen, de
contrôle.

CHAPITRE 2 : PROCESSUS D’ETUDE D’IMPACT DES PROJETS

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La réalisation de l’étude d’impact, dont le maître d’ouvrage est responsable, se fonde sur les
directives, qui en constituent le squelette.
1- Elaboration des Termes De Référence (TDR)
Avant le lancement l’étude d’impact, ils permettent d’établir un consensus, de préparer l’étude, de
«passer commande» à un consultant:
* Description et environnement du projet : Dans quelle stratégie/programme s’inscrit-il? Acteurs,
contexte, leçons des projets antérieurs, impact attendu …
* Contenu du travail d’évaluation: Questions évaluatives : Quels objectifs? Quels critères de réussite
? Méthodologie d’analyse et d’évaluation, indicateurs envisagés…
* Organisation de l’évaluation: Compétences requises, durée, moyens : budget, étapes du
déroulement, processus de sélection du consultant …
* Les livrables : Rapports, restitution des résultats : à qui, comment ?
«La qualité d’une évaluation dépend à 50% de celle des termes de référence».
Les moyens sont les financements, compétences, outils et méthodes pour atteindre les objectifs.
* Il est indispensable de mobiliser des moyens et des ressources
* L’objectif: c’est le résultat attendu de l’étude. Les objectifs sont ordonnés dans le temps et dans
l’espace : organigramme des tâches (WBS), jalons, livrables...
* Le but: c’est la matérialisation de la finalité que l’on se donne = l’impact attendu. Le but est
concret, mais il n’est pas accessible immédiatement.
* La finalité: c’est l’idéal vers lequel on tend. La finalité souvent fait référence à des valeurs:

II- Le suivi – évaluation


Procéder régulièrement à des évaluations : les présenter et les discuter lors des réunions du projet.
- Elles peuvent être des auto-évaluations, des évaluations externes, ou être réalisées en commun
pendant des réunions du projet.
- Pendant le déroulement, on peut évaluer les premiers résultats/effets, mais aussi le
fonctionnement du projet (implication des acteurs..).
Collecter et analyser régulièrement “l’information utile à l’action”, la mémoriser
– Prendre le temps d’observer = écoute et distanciation.
– S’informer sur les autres projets en cours.
– Noter, conserver par écrit les indicateurs

Le processus d’une étude d’impact sera développé au niveau de chaque type d’étude d’impact.

CHAPITRE 3 : ETUDE D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL


1- Définition

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L’étude d’impact environnemental (EIE) est un processus d’identification, d’examen, d’évaluation
et de négociation de l’ensemble des effets écologiques, économiques, sociaux, sanitaires,
esthétiques et culturels d’un projet sur son milieu d’insertion.
L’Etude d’Impact Environnemental (EIE) est un outil de référence depuis plusieurs années,
reconnu internationalement et approuvé par un grand nombre d’institutions intervenant dans l’aide
d’urgence et de développement. Si l’outil semble à ce jour peu utilisé par les organisations
humanitaires, il pourrait s’avérer un outil structurant permettant de mieux identifier les enjeux
environnementaux auxquels ces organisations font face.
Précisons que l’EIE est un outil d’analyse de l’environnement naturel intégrant parfois la dimension
sociale alors nommé Etude d’Impact Environnemental et Social (EIES). Il s’agit d’un outil de
communication et d’aide à la décision qui permet à travers une analyse par problématiques données
(enjeux), de mesurer les impacts potentiels (effets) des actions d’un projet sur l’environnement
physique, biologique et humain. Ces impacts peuvent être positifs et donc à maximiser ou négatifs
et donc à minimiser. L’étude propose alors des actions correctrices pour éviter, minimiser ou
compenser les effets néfastes sur l’environnement.
L’EIES serait-il aujourd’hui un outil incontournable pour accompagner le développement durable
? Il est indéniable que cette logique parait enrichissante pour assurer une mise en place optimale
des projets de solidarité international et a minima le respect du principe humanitaire « do not harm
». Néanmoins la structure de l’outil standard ne semble pas toujours appropriée aux contextes
spécifiques d’intervention
des organisations humanitaires et une certaine adaptation peut être nécessaire pour ne pas entraver
les objectifs louables de telles actions.
- L’EIES est un processus ouvert et participatif qui impose la consultation des populations et autres
acteurs clés ainsi qu’une restitution publique des résultats de l’étude. Ce processus peut être intégré
à l’approche participative plus largement menée par l’organisation et impose un certain niveau de
redevabilité. L’EIES amène des éléments de discussion et une structuration pouvant faciliter
l’échange avec la population et la compréhension commune des enjeux, activités et impacts
potentiels du projet visé.
- La réalisation d’une EIES permet de mieux connaître son environnement mais nécessite une
bonne connaissance préalable de sa zone d’intervention. La réalisation d’étude socio-
anthropologique, d’enquête épidémiologique, d’enquête CAP (Connaissances, Attitudes,
Pratiques), de cartographique permet d’enrichir l’EIE/S et de mieux cerner les enjeux à analyser.
L’EIE/S doit être réalisée en amont des décisions d’implémentation des activités permettant
d’atténuer au plus tôt toute source d’impact potentiel néfaste.
- La méthodologie doit être intégrée et adaptée au fonctionnement de l’organisation. En effet, si le
cadre classique est adapté au projet de développement et peut facilement être intégrée au
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financement, il faut néanmoins que l’organisation soit capable de décider quand cette étude doit
être réalisée.
2- Qu’appelle-t-on « évaluation environnementale » ?
L’évaluation environnementale a pour fonction de :
- analyser les effets sur l’environnement d’un projet d’aménagement, d’un programme de
développement, d’une action stratégique ;
- mesurer leur acceptabilité environnementale ;
- éclairer les décideurs.
Il existe plusieurs processus d’évaluation disposant chacun d’un ou plusieurs outils d’évaluation,
notamment :
- le processus d’évaluation des impacts sur l’environnement des projets et programmes de travaux
et d’aménagement, mis en œuvre à travers l’étude d’impact.
- le processus d’évaluation des « incidences », mis en œuvre au travers des documents d’incidences
sur l’eau et documents d’incidences sur la conservation des sites;
- le processus d’évaluation environnementale des actions stratégiques, mis en œuvre, notamment
pour les documents d’urbanisme (PLU SDUA) au travers de rapports sur les incidences
environnementales ;
L’étude d’impact, comme les autres processus d’évaluation environnementale intervient donc en
amont de l’approbation du projet ou de la décision d’autorisation par l’autorité compétente.

3- Le but du processus d’EIE


Le processus de l’Etude d’Impact Environnemental (EIE) est une procédure interdisciplinaire et
en plusieurs étapes pour s’assurer que les considérations environnementales sont prises en compte
dans les décisions concernant les projets qui peuvent avoir un impact sur l’environnement.
En termes simples, le processus EIE permet d’identifier les possibles effets environnementaux
d’une activité proposée et la manière d’atténuer ces effets. Le processus EIE vise à informer les
décideurs et le public des conséquences environnementales de la mise en œuvre d’un projet
proposé. Le document EIE lui-même est un outil technique qui identifie, prédit et analyse les
impacts sur l’environnement physique, mais aussi social, culturel, et sur la santé. Si le processus de
l’EIE est bien mené, il identifie les alternatives et les mesures d’atténuation pour réduire l’impact
environnemental du projet proposé.
Le processus EIE joue également un rôle procédural important dans le processus décisionnel en
général par la promotion de la transparence et la participation du public. Il est important de noter
que le processus de l’EIE ne garantit pas qu’un projet sera modifié ou rejeté si le processus révèle
qu’il y aura des impacts environnementaux graves.

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 14
Dans certains pays, un décideur peut, en effet, choisir l’alternative la plus nuisible pour
l’environnement, tant que les conséquences sont indiquées dans l’EIE. En d’autres termes, le
processus EIE garantit une décision éclairée, mais pas nécessairement une décision écologiquement
bénéfique.
Les bénéfices des processus d’EIE sont de:
- élimine potentiellement les projets peu valables du point de vue environnemental ;
- propose des conceptions modifiées pour réduire les impacts sur l'environnement ;
- identifie des alternatives faisables
- prévoit des impacts défavorables significatifs ;
- identifie des mesures d’atténuation pour réduire, compenser, ou éliminer des impacts majeurs
- engage et informe les communautés potentiellement affectées et les individus
- influence les prises de décisions et le développement des termes et conditions
4- Quels sont les projets soumis à étude d’impact ?
Les projets publics ou privés relatifs à la réalisation d’aménagements, de travaux ou d’ouvrages
pouvant porter atteinte au milieu naturel, doivent comporter une étude d’impact permettant
d’apprécier leurs conséquences sur ce milieu. Selon plusieurs critères, une opération
d’aménagement, de travaux ou d’ouvrages sera soumise à étude d’impact, notice d’impact
(procédure administrative plus légère) ou dispensée de toute procédure.
5- Qui est chargé de l’élaboration ?
Selon le système d’EIE, la responsabilité de produire une EIE sera assignée à l’une des deux parties:
l’agence gouvernementale ou ministère; ou le promoteur du projet. Si les lois de l’EIE le
permettent, n’importe quelle partie peut choisir d’embaucher un consultant pour préparer l’EIE
ou gérer des portions spécifiques du processus de l’EIE, tels que la participation du public ou des
études techniques.
L’étude d’impact est réalisée sous la responsabilité du maître d’ouvrage (personne physique ou
morale qui initie le projet), qui est responsable de son contenu. Souvent, celui-ci fait appel à un
bureau d’étude compétent en la matière pour réaliser l’étude d’impact.

6- Qui est chargé du contrôle de l’étude d’impact ?


Le contrôle du contenu de l’étude est effectué par l’Administration : services instructeurs des
administrations de l’Etat ou services techniques des collectivités territoriales compétents en
fonction de la nature du projet. Attention, le service instructeur, compte tenu de ses moyens, ne
contrôle que la forme de l’étude. D’autres services administratifs concernés sont amenés à donner
un avis sur le dossier.
Le public, dans le cadre de l’enquête publique, va contrôler la qualité de l’étude d’impact et
éventuellement alerter le service instructeur de son insuffisance. La procédure d’enquête publique

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 15
permet à un particulier ou à une association de faire part de ses critiques notamment sur l’étude
d’impact, afin d’alerter l’autorité en charge de l’approbation ou de l’octroi de l’autorisation du
projet. Cependant, il arrive souvent que celles-ci ne soient pas prises en compte.
Le juge peut constituer une autorité de contrôle de l’étude d’impact. En effet, l’étude d’impact est
un élément de la procédure d’autorisation. Un recours éventuel contre l’autorisation soulèvera
souvent l’insuffisance de l’étude d’impact. Encore faut-il que le juge soit saisi. Il est alors conseillé
de faire appel à un juriste spécialisé en droit de l’environnement, de demander conseil à une
association agréée pour la protection de l’environnement. Il s’agira alors de saisir le juge
administratif d’une requête en annulation contre l’autorisation ou décision d’approbation du projet,
pour défaut ou insuffisance de l’étude d’impact, et, de saisir le juge des référés d’une demande de
suspension de l’acte litigieux.

7- Quel est le contenu de l’étude d’impact ?


La loi cadre d l’environnement fixent le contenu de l’étude d’impact. Celle-ci doit obligatoirement
contenir cinq rubriques :
- une analyse de l’état initial du site et de son environnement ;
- une analyse des effets directs ou indirects, temporaire ou permanents, du projet sur
l’environnement (faune et flore, santé, sites et paysages…) ;
- les raisons pour lesquelles le projet a été retenu aux vues des préoccupations environnementales
;
- les mesures envisagées pour supprimer, réduire, compenser les conséquences dommageables du
projet sur l’environnement et l’estimation des dépenses correspondantes ;
- les méthodes scientifiques ou techniques utilisées pour la réalisation de l’étude d’impact ainsi que
les difficultés rencontrées ;
- capacités techniques et financières de l’exploitant ;
- un résumé non technique (attention, ce résumé a parfois tendance à minimiser les impacts du
dossier.
Certains projets, à raison de leur nature, feront l’objet d’une étude d’impact particulière : en matière
d’installations classées et de carrières, de stockage de déchets, d’infrastructures de transport.
Attention : le contenu de l’étude d’impact est obligatoire mais la forme est libre. Le porteur du
projet peut présenter les éléments de l’étude d’impact comme il le souhaite.
Le contenu de la notice d’impact, quant à lui, doit comporter au moins deux rubriques : les
incidences éventuelles du projet sur l’environnement et les conditions dans lesquelles le projet
satisfait aux préoccupations d’environnement.
8- Comment consulter une étude d’impact ?
L’étude d’impact est consultable avant la décision d’autorisation ou non du projet :

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 16
- pour les projets soumis à enquête publique: l’étude d’impact doit être obligatoirement insérée
dans le document d’enquête publique, consultable par toute personne intéressée pendant l’enquête
publique, et communicable aux associations agréés dès l’arrêté annonçant l’enquête publique, soit
15 jours avant le début de l’enquête.
- pour les projets soumis à étude d’impact ou à certaines notices d’impact, non concernés par une
enquête publique ou autre consultation.
En l’absence d’enquête publique ou de toute procédure équivalente de consultation du public,
avant la décision d’autorisation ou d’approbation du projet, doit être mis à disposition du public
un dossier comprenant au minimum l’étude ou notice d’impact (lorsque le maître d’ouvrage est
l’Etat ou un de ses établissements publics).
Le maître d’ouvrage publie alors un avis mentionnant notamment la durée et le lieu de la
consultation ; il doit être obligatoirement publié par voie d’affichage et dans le cas d’un projet
soumis à étude d’impact, publié dans deux journaux (départementaux ou nationaux selon
l’importance du projet).
L’étude d’impact est consultable après la décision d’approbation, d’autorisation ou non pour tout
projet concerné. Il devient consultable au titre de document administratif.

8- Les étapes du processus de l’EIE


Bien qu’il ne soit pas uniforme d’un pays à un autre, le processus de l’EIE, comprend généralement
un ensemble d’étapes procédurales qui aboutissent à un rapport écrit d’évaluation d’impact qui
informera le décideur si un projet proposé peut être approuvé ou rejeté.
L’ORGANIGRAMME CI-DESSOUS MONTRE UNE REPRÉSENTATION DES
ÉLÉMENTS DE BASE DE BONNES PRATIQUES DE L’EIE:

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 17
Identification et Définition du Projet ou
Activité: Tri préliminaire: Le processus de sélection
Bien que cette étape puisse paraître détermine si un projet particulier justifie la
relativement simple, définir un “projet” préparation d’une EIE. Le seuil des
pour les besoins d’une EIE peut devenir exigences pour une EIE varie d’un pays à
complexe et même controversé lorsqu’il l’autre - certaines lois fournissent une liste
s’agit d’un grand projet d’exploitation des types d’activités ou de projets qui
minière, comprenant plusieurs phases, nécessitent une EIE, d’autres requièrent
ou impliquant plusieurs sites. L’objectif une EIE pour tout projet qui peut avoir un
de cette étape consiste à définir le projet impact significatif sur l’environnement ou
avec suffisamment de spécificité pour pour des projets qui dépassent une certaine
déterminer avec précision la zone des valeur monétaire. Dans certains cas,
impacts possibles et pour inclure des particulièrement si les impacts possibles
activités qui sont étroitement liées à la d’un projet ne sont pas connus, une
proposition de projet de sorte que la évaluation environnementale préliminaire
totalité des impacts environnementaux sera préparée pour déterminer si le projet
soit évaluée justifie une EIE.

Définition du champ de l’étude


d’impact: Préparation des Termes de Référence: Les
L’étude de champ est une étape, Termes de Référence servent comme une
habituellement impliquant
Support de cours le des
d’étude d’impact public
projets àet
l’usage des étudiants Master carte routière pour la préparation de l’EIE
Pageet
18
d’autres parties intéressées, qui devraient englober idéalement les enjeux et les
identifient les enjeux environnementaux impacts qui ont été identifiés au cours du
clés qui devraient être abordés dans une processus de définition de l’étendue du projet.
Participation du Public: Les meilleures pratiques
d’EIE sont celles qui impliquent et engagent le
Préparation d’un avant-projet d’EIE:
public à différentes étapes d’un bout à l’autre du
Un avant-projet d’EIE est préparé en
processus par un échange bilatéral d’informations
conformité avec les termes de référence
et d’opinions. La participation du public peut
et l’éventail des sujets identifiés au cours
consister en des réunions d’information, des
du processus de cadrage. L’avant-projet
audiences publiques et des opportunités de fournir
d’EIE doit également satisfaire les
des commentaires écrits sur un projet proposé.
exigences de contenu des lois et
Toutefois, il n’existe pas de règles cohérentes pour
réglementations globales de l’EIE. Cette
la participation du public dans les systèmes actuels
étape fera appel idéalement à un large
d’EIE. Même au sein d’un pays donné, il peut
éventail de spécialistes techniques
exister des variations dans la qualité et l’étendue de
pour évaluer les conditions de référence,
la participation du public dans le processus de
prévoir les impacts probables du projet
l’EIE, dépendant du type de projet à l’étude, des
et concevoir des mesures d’atténuation.
communautés qui pourraient être touchées ou des
agences gouvernementales qui supervisent le
projet.
Préparation de l’EIE final: Cette étape
produit un rapport final d’évaluation La décision: Une décision d’approuver ou de
d’impacts qui aborde les points de vue et rejeter un projet minier est généralement basée sur
les commentaires des parties qui ont l’EIE finale, mais dans certains cas, une
passé en revue l’avant-projet de l’EIE. autorisation environnementale peut être tout
Ces commentaires peuvent entraîner des simplement une étape dans le processus
modifications ou des ajouts au texte de d’autorisation de la mine. La décision peut
l’avant projet de l’EIE. Dans certains également être accompagnée de certaines
cas, l’EIE finale contiendra une annexe conditions qui doivent être remplies, telles que le
récapitulant tous les commentaires reçus dépôt d’une garantie de réhabilitation de
du public et d’autres parties intéressées l’environnement ou la soumission d’un plan de
et fournissant des réponses à ces gestion environnementale.
commentaires.

Révision Administrative ou judiciaire: En


fonction de la compétence juridictionnelle, il peut Mise en œuvre du projet: Pourvu que toutes les
y avoir des occasions pour une partie de demander exigences réglementaires soient réunies et tous les
un réexamen administratif ou judiciaire de la permis obtenus, le développement de la mine se
décision finale et du processus de l’EIE. Un poursuivra après la prise de décision sur
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master
recours peut aborder les failles procédurales dans l’opportunité du projet et une fois épuisées
Page 19 les
le processus de l’EIE, comme par exemple le fait nécessités de révisions administratives ou
de ne pas tenir des audiences publiques requises, judiciaires.
Monitoring: Le Monitoring est une composante
CHAPITRE 4 : ETUDE D’IMPACT SOCIAL

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 20
Ce chapitre vise à préciser les caractéristiques fondamentales d’une étude d'impact social en
corrélation étroite avec les impacts des éléments biophysiques identifiés dans l’étude d’impact
environnemental.
L'intégration des objectifs de croissance économique, de développement social et de la préservation
de l’environnement, et la prise en compte des préoccupations du public au début de la procédure,
sont présentées comme des objectifs à atteindre, afin d'assurer une meilleure planification du
développement, une meilleure insertion sociale des investissements, et sont basées sur le volontariat
et la responsabilisation des initiateurs.
Une étude d’impact social est un instrument de planification de développement durable, ayant
comme objectif de préserver les milieux socioéconomiques des « zones d’influence » des projets en
identifiant des mesures d’atténuation des impacts négatifs et d’optimisation des impacts positifs.
La composante sociale, objet de l’étude comprend principalement : les modes et moyens
d’existences de la population ou l’économie, les éléments sociaux tels que l’éducation, la santé, les
cultures, les traditions, les US et coutumes.
Une étude d’impact social d’un projet est justifiée par les principaux éléments suivants :
 Une garantie de l’insertion sociale du projet dans ses zones d’influence ;
 Un instrument préventif de la préservation de la dégradation du milieu socioéconomique
des zones d’implantation et des zones d’influences d’un projet ou programme ;
 Un outil de mise en œuvre de la politique de développement durable ;
L’étude d’impact social d’un projet est soumise aux mêmes dispositions législatives et
réglementaires que celles d’une étude d’impact environnemental assortie des textes supplémentaires
notamment en matière des dispositions sur les expropriations pour causes d’utilité publique, les
textes sur le foncier en matière du domaine privé national, sur le domaine public, sur le bail
emphytéotique.

1- Définition
L’étude des impacts sociaux (EIS) est un processus permettant de comprendre et de répondre aux
problèmes sociaux associés à un projet. L’EIS se concentre sur la manière d’identifier, d’éviter,
d’atténuer et d’accentuer les conséquences pour les communautés et est le plus efficace lorsqu’il est
réalisé en tant que processus itératif au cours du cycle de vie du projet plutôt que lorsqu’il s’agit
d’une activité ponctuelle réalisée à la fin des travaux). Conçu à l’origine comme outil de prévision
des impacts des projets proposés avant leur exploitation, l’EIS est désormais considérée comme
incluant les systèmes et stratégies entreprises au cours des phases de mise en oeuvre d’une
exploitation (y compris de l’exploration) afin de contrôler, de rapporter, d’évaluer, de réviser et de
répondre de manière proactive au changement.

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 21
L’Etude d’Impact social (EIS) est une composante de l’étude d’impact environnemental qui
consiste en l’analyse préalable des impacts potentiels prévisibles d’une activité donnée sur le milieu
socioéconomique de sa zone d’influence ou zone d’étude.
Un impact social est quelque chose qui est vécu ou ressenti (réel ou perçu) par un individu, un
groupe social ou une unité économique. Les impacts sociaux sont l’effet d’une action (ou d’un
manque d’action) et peuvent être positifs ou négatifs.
Le Plan de Gestion Social du Projet (PGSP) constitue le cahier de charges sociale dudit Projet et
consiste en un programme de mise en ouvre et de suivi des mesures envisagées par l’EIS pour
supprimer, réduire et éventuellement compenser les conséquences dommageables du projet sur le
milieu socioéconomique.
Les impacts sociaux se distinguent des processus de changement social, partiellement parce que
différents groupes sociaux peuvent vivre le changement social différemment en fonction des
circonstances.
L’étude des impacts sociaux permettent de : identifier les problèmes clés de la perspective des
entités potentiellement affectées par les projets ; prévoir et anticiper le changement ; et ancrent ces
compréhensions dans les systèmes et stratégies en cours afin de répondre de manière proactive aux
conséquences de l’exploitation.

3- Importance et objectifs de l’EIS


L’étude d’impact social revêt une importance particulière pour les principales raisons suivantes :
 Toute finalité des investissements ou de la dégradation des composantes biophysiques de
l’environnement est l’homme : ses moyens d’existences, ses cultures, ses traditions… ;
 L’étude d’impact sociale, se fixe parmi ses objectifs l’insertion sociale des projets dans leurs
milieux d’implantation et conditionne en grande partie leurs réussites.
 Malgré les instructions en matière de prise en compte des impacts des investissements sur
les composantes humaines contenus dans les guides d’études d’impacts environnementaux,
ces derniers ne donnent suffisamment des orientations quant aux démarches à entreprendre
sur les sites d’études des projets, pour identifier leurs enjeux sociaux économiques
 Aucun document national ne s’est particulièrement penché sur ce critère essentiel des
aspects sociaux de l’étude d’impact qui pourraient constituer un facteur déterminant dans
la réduction de la pauvreté.
Une étude d’impact social d’un projet est justifiée par les principaux éléments suivants :
 Une garantie de l’insertion sociale du projet dans ses zones d’influence ;
 Un instrument préventif de la préservation de la dégradation du milieu
 socioéconomique des zones d’implantation et des zones d’influences d’un projet ou
programme ;

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 22
 Un outil de mise en oeuvre de la politique de développement durable ;
 Un processus imposé par des lois et réglementations sociales et environnementales.
L’étude d’impact social d’un projet est soumise aux mêmes dispositions législatives et
réglementaires que celles d’une étude d’impact environnemental assortie des textes supplémentaires
notamment en matière des dispositions sur les expropriations pour causes d’utilité publique, les
textes sur le foncier en matière du domaine privé national, sur le domaine public, sur le bail
emphytéotique. Les promoteurs sont invités à se procurer les dispositions législatives et
réglementaires auprès des Ministères sectoriels concernés par les thèmes étudiés, du Ministère de
Tutelle de leur investissement et auprès du Ministère de l’environnement en ce qui concerne les
dispositions environnementales.

2- Corrélation entre les l’EIS et les autres


L’étude d’impact social ne devrait pas être considérée comme une simple formalité juridique, son
objectif principal étant l’insertion sociale du projet et la préservation du milieu socioéconomique
de ses zones d’influence bien avant la phase d’exploitation des investissements. En effet, il existe
une correspondance entre les études économiques d’un projet et les études environnementales et
sociales explicitée dans le tableau ci-dessous :
D’après ce tableau, les études d’impacts sociaux devraient être effectuées parallèlement avec les
études de faisabilité des projets. Par ailleurs, l’information et la consultation du public tient une
place très importante pour la détermination des principaux enjeux socioéconomiques du projet et
les mesures d’atténuation concertées y afférentes. Les phases en amont consistent principalement
en des travaux documentaires sur la zone d’influence du projet servant à déterminer les référentiels
de développement, les exigences légales, les impacts potentiels et les termes de références de l’étude
d’impact social à mener.

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 23
3- Les phases de
l’étude des impacts sociaux
L’étude des impacts sociaux peut être considérée comme plusieurs phases distinctes mais itératives
dans un processus de gestion adaptable.
- Détermination de la portée et formulation des alternatives
La phase de détermination de la portée permet de fixer les paramètres des phases d’étude et de
gestion suivantes en déterminant l’échelle, le moment et l’accent de l’étude, déterminant qui est
susceptible d’être affecté et identifiant les actions susceptibles de résulter sur des impacts. La
détermination de la portée commencera en définissant l’objet de l’étude et en identifiant les
matériaux de référence pouvant influencer l’évaluation. Des options alternatives devraient être
formulées pour analyse subséquente et évaluation initiale des impacts de ces alternatives
entreprises. Le résultat de la phase de détermination de la portée pourrait être la définition de
l’objectif, sa portée, l’échelle, les problèmes prioritaires et les termes de référence pour les phases
d’évaluation et de gestion qui suivront.
- Études du profil et de référence
Le profilage social consiste à comprendre les communautés et les parties prenantes susceptibles
d’être affectées par l’activité au moyen d’une étude sociale et économique. Le profilage implique
l’analyse des caractéristiques sociales et économiques d’une région à un moment donné. Les études
de référence consistent en une évaluation de l’état d’une communauté ou d’un groupe social avant
qu’une activité ne se déroule. Les études de référence permettent de disposer d’une référence par
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 24
rapport à laquelle les impacts peuvent être anticipés et les changements mesurés. Après révision
des informations secondaires, et l’identification des lacunes en termes de connaissances, un
programme de collecte des données primaires est développé.

- Études prédictives et révision des alternatives


Au cours de cette phase, les impacts probables sont identifiés et prévus, et leur ampleur et leur
importance sont évaluées au moyen de méthodes techniques et participatives. Le choix des
méthodes dépendra de la nature de l’activité et de la phase du cycle de vie de l’exploitation des
ressources. Les conclusions de l’étude et de l’analyse prédictives sont généralement hiérarchisées
en fonction de leur ampleur et de leur importance. Elles sont généralement utilisées afin de donner
un compte-rendu aux parties prenantes ainsi qu’aux ingénieurs et promoteurs de projets afin de
modifier et de réviser le projet, et de leur permettre de décider de l’alternative proposée au projet
permettant d’atteindre au mieux les objectifs du projet tout en accentuant les résultats au niveau
social et en évitant les impacts négatifs.
-Stratégies de gestion afin d’éviter et d’atténuer
Les impacts sociaux négatifs et d’améliorer les impacts positifs Les résultats de l’évaluation
prédictive doivent ensuite être intégrés à tous les aspects de l’entreprise. Cela peut prendre la forme
de systèmes de gestion des impacts sociaux formalisés, de programmes et d’initiatives sociales, de
plans de sites, d’accords et de développements de procédures d’exploitation pour les problèmes
associés à des risques importants. Des exemples de procédures de gestion visant à traiter des
questions sociales incluent les plans de gestion du patrimoine culturel, les groupes de référence
communautaires, les fonds communautaires, les formations de sensibilisation aux droits de
l’homme et à la culture (associés aux systèmes de ressources humaines) et les politiques
d’approvisionnement et d’achat local.
- Suivi et compte-rendu
La phase de suivi et de compte-rendu implique la collecte, l’analyse et la diffusion d’informations
au fil du temps. Cette phase peut contribuer à affiner les études, à suivre la progression des
approches de gestion des impacts sociaux et à identifier les changements nécessaires, fournir des
comptes rendus aux communautés sur la manière dont elles sont affectées, et faciliter un dialogue
éclairé sur ces questions.
-Évaluation et révision
La phase finale consiste à évaluer et réviser les processus d’étude et de gestion. Un processus
d’étude et de révision actif et dédié - et, tout aussi important, l’ajustement des actions, sont des
caractéristiques fondamentales. La réconciliation des impacts envisagés au cours de la phase d’étude
et les impacts réellement observés au cours de la mise en œuvre contribueront à affiner et à
améliorer les approches futures.

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 25
4- Démarche pour l’élaboration d’une EIS
La démarche d’une étude d’impact social d’un projet pourrait être schématisée de la manière
suivante:

La démarche montre une fois de plus l’importance de l’information et de la consultation du public


pour constituer une démarche complémentaire aux travaux d’analyse par la méthode matricielle des
impacts issus de la description du projet et de la description du milieu socioéconomique.
5- Contenu d’une EIS

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 26
Les études du milieu humain se font généralement par des équipes multidisciplinaires
comportant des historiens, des géographes, des socio-économistes, des anthropologues, des
sociologues. Dans les régions, on peut trouver une grande majorité de l’information de bases dans
des études sectorielles ou générales ou des monographies régionales, les documents référentiels de
développement, en l’occurrence le Plan communal de développement, le Plan Régional de
développement

Une étude complète et précise, il faut inventorier, décrire, analyser et cartographier (le cas échéant)
les grandes composantes du milieu humain et en particulier :

- Contexte Historique

• Histoire de la région

- Anthropologie

• Ethnies et communautés, valeurs et cultures, structure familiale, unités sociales pertinentes,


relations au sol, au sous-sol, (question foncière) à l’espace, aux ressources naturelles, aux ancêtres,
rôle et place des tombeaux et lieux sacrés.

• Archéologie et sites d’intérêt, etc.

- Contexte politique et administratif

• Cadre politique et administratif régional et son changement prévisible en fonction des politiques
en évolution.

• Personnes ressources et acteurs clefs, leur dynamique au niveau des villages de la zone d’étude.
(Personnalités, associations, professionnelles, ONG, etc.)

- Population et démographie

• Caractéristiques des flux migratoires actuels et étude des facteurs d’influence.

• Caractéristiques des principaux indicateurs démographiques et sociosanitaires et leurs tendances


tels que : nombre, densité, structure par âge, migrations, niveau de scolarité et de formation, état
de santé, taille des ménages, morbidité, etc.

- Organisation traditionnelle

Savoir traditionnel, caractéristiques des modes de vie, source de l’alimentation, source


d’approvisionnement en eau, etc.;

• Utilisation, gestion et contrôle du sol, des eaux, des ressources forestières par les villageois ;

• Élevage ; grand et petit élevage, importance économique et sociale, etc.

 Agriculture ; type, rendement, importance économique, partage des terres, etc.


Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 27
 Pêche maritime et/ ou continental le cas échéant ; type, rendement, importance
économique, etc.

 Évolution de l’identité culturelle, incluant la réglementation sociale, les valeurs de solidarité


et d’entraide et les différences en termes de genres face aux ressources.

* Activités traditionnelles, modes d'attribution foncière, savoir-faire particuliers et comportements


sociaux locaux

- Utilisation actuelle et prévue du territoire (régional et local)

Utilisation actuelle et perspective future de l’évolution de l’utilisation du sol, des ressources en eau
et du territoire. Par exemple les zonages à but touristique ou agricole, les zones de pâturage
ancestral, les zones de rituelles, etc.

Activités économiques projetées

- Utilisation des ressources à l’échelle régionale (état de situation et diagnostic)

Disponibilité alimentaire, combustible, ressources hydriques, etc.

Alimentation en eau, disponibilité des ressources en eaux en fonction des autres utilisateurs
existants

- Profil socio sanitaire et qualité de vie

Identification et fourniture des valeurs de variables indicatrices du niveau de bien-être des


populations locales.

- Économie locale et régionale (traditionnel et moderne)

• Caractéristique et dynamique des interactions et perspectives des principaux secteurs de


l’économie (traditionnel, moderne, etc.)

• Situation actuelle et perspective de développement régional; Les atouts exceptionnels d'intérêt


local ou national à sauvegarder et valoriser

• Marchés et échanges commerciaux intra et interrégionaux; (quantité et qualité)

• Artisanat ; quantité et qualité, zone de concentration, revenus générés, perspective de


développement, marché

• Emploi, main d’oeuvre et salariat;

• Secteur informel ;

• Sites actuels et potentiels ;

• Infrastructures et opérateurs ;

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 28
• Politique de développement régional incluant le processus de délimitation des réserves foncières

- Paysage

Caractérisation et localisation des unités visuelles, Appréciation de la valeur intrinsèque des


paysages

Caractéristiques particulières du site et la richesse paysagère et culturelle de la zone

- Ambiance sonore

Caractérisation du niveau de bruit de fond (selon les méthodes reconnus)

- Préoccupations et opinions des populations concernées

Les échanges organisés avec le public avant le dépôt de l’étude d’impact, devraient comporter des
discussions sur les résultats de ces échanges et refléter la prise en compte de certaines
préoccupations et propositions exprimées, en plus de la description du processus d’échange retenu.
Les résultats de l’étude socio-économique peuvent également faire ressortir de façon indirecte
certaines préoccupations ou craintes de la population. Ces dernières doivent être décrites dans cette
section. La description du milieu humain sera finalisée par une synthèse des éléments pertinents,
en faisant ressortir les relations entre les diverses composantes ainsi qu’avec les éléments du milieu
naturel. L’étude présentera une carte d’occupation actuelle du sol sur laquelle seront également
représentés les principaux éléments du projet proposé.

L’analyse des éléments du projet, combinés avec les composantes socioéconomiques pertinentes
initiales de la zone d’étude, permet d’identifier les impacts sociaux du projet. Par ailleurs,
l’information et la consultation du public revêtent une importance particulière pour compléter la
démarche méthodologique mentionnée précédemment. Une liste détaillée non exhaustive des
impacts socioéconomiques est donnée en annexe pour faciliter le travail des promoteurs des
projets. Néanmoins, il faudrait accorder une attention particulière aux éléments suivants :

- Impacts sur la population

Changement de structure;

Mouvements de flux d’ouvriers temporaires;

Déplacement involontaire;

Immigration/SIDA;

Intégration du Genre;

Dissimilitudes en terme d’âge, de sexe, de composition raciale ou ethnique, etc.…

- Arrangements institutionnels/communautaires

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 29
Emergence de diverses attitudes envers le projet,

Activités des groupes d’intérêt,

Présence de planification et zonage des activités, etc.…

- Communautés en transition

Présence d’organisme externe;

Coopération inter organisationnelle,

Introduction de nouvelles classes sociales, etc.

- Impacts au niveau de l’individu et de la famille

Cassure au niveau de la vie quotidienne et des modèles de mouvement des populations,

Changement dans les structures familiales, etc.

- Besoins en infrastructures communautaires

Changements en terme d’infrastructures communautaires,

Acquisition foncière et cession des terrains,

Effets sur les ressources culturelles, historiques, sacrés et archéologiques, etc.)

En raison de l’importance particulière de quelques aspects en l’occurrence le déplacement


involontaire définitif ou temporaire de la population, l’intégration des dimensions genre dans les
politiques de développement, le MST/SIDA.

Cette étape porte sur l’évaluation des impacts afin de déterminer si les changements prédits sont
suffisamment significatifs pour justifier l’application des mesures d’atténuation, de surveillance et
de suivi des impacts. L’évaluation se réalise en prenant en compte des critères les plus objectifs
possibles qui conduiront à déterminer l’importance des impacts.

Comme l’évaluation repose en partie sur un jugement de valeur, il est recommandé que les critères
d’évaluation des impacts soient déterminés en prenant en compte l’opinion des parties concernées
dans le cadre du processus d’information et de consultation publique.

L’évaluation quantitative des impacts devrait considérer les critères suivants :

- L’intensité ou l’ampleur de l’impact social en regard du degré de perturbation, de la sensibilité, de


la vulnérabilité des composantes sociales affectées ;

- L’étendue de l'impact (dimension spatial tel le pourcentage des ménages, des groupes sociaux
affectés) ;

- La durée de l'impact (aspect temporel, caractère irréversible) ;


Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 30
- La fréquence de l'impact et la probabilité que l’impact se produise (caractère intermittent,
occasionnel) ;

- Le niveau d'incertitude de l'impact (fiabilité de l'estimation) ;

- La valeur de la composante pour les concernés (population potentiellement affectée) ;

- Les risques pour la santé, la sécurité et le bien-être de la population ;

- L’effet d'entraînement (lien entre la composante affectée et d'autres composantes).

Après avoir utilisé la technique d’évaluation et analysé les résultats, il s’agit ensuite de dresser la liste
des impacts et de les classer. La classification des impacts pourra ainsi s’attacher à distinguer :

- Impacts positifs ou négatifs ;

- Impacts directs ou indirects ;

- Impacts cumulatifs.

Le promoteur est invité à expliciter la méthodologie d’analyse des impacts qu’il adopte pour son
évaluation.

6- Plan de Gestion Sociale d’un projet et son suivi


Le plan de gestion sociale d’un projet fait partie intégrante du plan de gestion environnemental,
produit final d’une étude d’impact environnemental. Il comporte des programmes de suivi et de
surveillance des composantes socioéconomiques affectées par le projet. Ces composantes font
l’objet des mesures d’atténuation des impacts négatifs et d’optimisation des impacts positifs durant
toutes les différentes phases du projet et, le cas échéant, après la fermeture du projet. Les mesures
préconisées sont assorties des moyens matériels et du budget de mise en oeuvre. Le plan de gestion
environnemental et social d’un projet constitue la base du cahier des charges sociales du promoteur.
Des indicateurs devront être élaborés au préalable par les promoteurs du projet ou programme
pour pouvoir contrôler l’exécution des mesures d’atténuation préconisées et l’état d’évolution du
milieu socioéconomique de la zone d’étude du projet. Ces derniers devraient être mesurables, facile
à mettre en œuvre (disponibilité des données, nécessité d’autres traitements…).
Par ailleurs, les promoteurs devraient acquérir la valeur de l’indicateur actuelle, la valeur régionale
de référence (correspondant à l’objectif à atteindre ou à ne pas dépasser), la valeur nationale de
référence le cas échéant, la source et l’origine des bases de données. Ces données et informations
sur les paramètres initiales seront alimentées en grande partie pendant la phase d’information et de
consultation du public.
La surveillance a comme objectif de s’assurer que le promoteur respecte ses engagements et ses
obligations sur l’application des mesures d’atténuation des impacts négatifs et d’optimisation des
impacts positifs générés par son projet pendant ses différentes phases.
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 31
Ce programme comportera au moins :
 La liste des exigences et des obligations légales et réglementaires de prise en compte de la
composante sociale pour la réalisation du projet ;
 La description des moyens et des modalités prévus pour le bon fonctionnement des
travaux, des équipements et des installations, ainsi que pour prendre les décisions et les
mesures qui s’imposent en cas de problèmes survenant pendant leur réalisation ;
 La description de l’ensemble des mesures et moyens destinés à protéger le milieu
socioéconomique de la zone d’étude;
 L’évaluation des dangers et les mesures de prévention, de protection et de sauvegarde ainsi
que les paramètres de sécurité ;
 Les engagements pris par le promoteur sur l’application des mesures d’atténuation des
impacts négatifs et celles destinées à optimiser les impacts positifs socioéconomiques du
projet ;
 Le chronogramme ou l’échéancier de mise en oeuvre des mesures d’atténuation ;
 Les mécanismes et la fréquence d’envoi des rapports périodiques sur les résultats des
programmes de surveillance et de suivi aux autorités compétentes (Ministère chargé de
l’Environnement, , Ministère de la population et les autres Ministères sectoriels concernés).
Le programme de surveillance peut éventuellement faire l’objet d’une révision périodique à la
lumière de la performance des mesures d’atténuation prévues lors de la mise en place du projet. Il
peut permettre, lorsque requis, de réorienter la poursuite de ces travaux et d’améliorer le
déroulement du projet afin d’atteindre les objectifs escomptés.
Le suivi a comme objectif de suivre l’évolution de certaines composantes socioéconomiques
affectées par la réalisation du projet. Cette activité vise à vérifier la validité des hypothèses émises
relativement à la performance socioéconomique du projet et à l’efficacité des mesures
d’atténuation, le cas échéant.
Ce programme comportera au moins :
 L’identification des actions et composantes devant faire l’objet d’un suivi ;
 La description des activités et moyens prévus pour suivre les effets réels du projet sur les
composantes socioéconomique les plus sensibles ;
 Les méthodes d’échantillonnage et d’analyse requises ;
 Le chronogramme de mise en oeuvre des mesures de suivi ;
L’ensemble des mesures et moyens pour faire face aux circonstances imprévues et adapter la
réalisation des mesures d’atténuation ou de contrôle en conséquence, et apporter, le cas échéant,
au plan d’aménagement les changements appropriés ;

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 32
Les responsables, les mécanismes et la fréquence d’exécution et de diffusion des résultats du
programme de suivi socioéconomique.

CHAPITRE 5 : ETUDE D’IMPACT ECONOMIQUE

1- Définition

De nombreux acteurs de projets en général, administrateurs, directeurs d’équipement,


organisateurs d’événement, associations, syndicats professionnels, collectivités publiques, élus,
groupes de pression, etc. demandent régulièrement à disposer de résultats d’analyses d’impact
économique d’une activité ou d’une intervention pour un territoire donné. La demande peut par
exemple porter sur l’impact d’un musée d’art contemporain pour son agglomération environnante,
sur celui d’un célèbre festival de théâtre français pour ses régions environnantes, sur l’impact pour

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 33
un pays comme l’Italie de son patrimoine culturel bâti ou encore sur l’impact espéré d’un projet de
regroupement d’activités culturelles pour une certaine zone.

Une étude d’impact économique établit une relation de cause à effet(s) et consiste en l’estimation
complète des bénéfices nets – pour une période et une zone environnante définies – directement
attribuables à une activité.

Dans le cas d’une activité culturelle, l’objet d’étude peut être un équipement tel qu’un musée, un
monument, une salle de spectacle, une bibliothèque, un site historique ou archéologique, ou un
événement tel qu’un festival, une exposition temporaire, un spectacle de rue, ou un ensemble
d’équipements, une série d’événements ou encore un secteur culturel entier. La zone d’étude, liée
à une population, peut être une ville, une agglomération, un canton, un département, une région,
un pays voire un ensemble de pays.

Une évaluation pondérée de l’impact économique tient enfin compte des coûts directement
attribuables à l’actif culturel. En plus des coûts en capital et d’exploitation habituellement pris en
compte, celui-ci peut par exemple produire des coûts environnementaux, d’encombrement, de
sécurité et d’hygiène publiques, etc. Dans son analyse des différents coûts locaux attribuables à
deux événements organisés à Blackburn en Angleterre avec le Darwen Borough Council, Wood
distingue ainsi explicitement les coûts associés à la foule, au trafic et aux bouchons, au
stationnement, au vandalisme et à la sécurité des rues, aux ordures, etc.

2- l’analyse d’impact économique dans le cas d’une activité culturelle


L’impact économique d’une activité culturelle est ainsi constitué de quatre éléments principaux
dont l’addition simple retenue ignore l’existence possible d’interdépendances complexes entre eux,
source éventuelle de double comptabilisation. En distinguant l’impact de consommation des
usagers de celui des non-usagers de manière à isoler un cinquième composant, la quasi-totalité des
travaux de recherche empiriques n’a en effet porté que sur un composant parmi les cinq distingués.

Cet état de fait n’est pas sans lien avec le fait que les acteurs culturels mentionnés plus haut,
lorsqu’ils invoquent les résultats d’analyses d’impact pour motiver une demande d’aide publique,
ont rarement à l’esprit le caractère multiple de l’impact en question. Autant l’impact de dépenses
est plutôt connu et apprécié voire les effets de plus long terme, autant les effets produits en matière
de consommation, en particulier sur celle des non-usagers, intéressent peu ou sont inconnus. Et il
n’est pas abusif d’affirmer qu’il en de même pour les coûts divers qui peuvent être directement
attribués à l’activité examinée.

L’évaluation valide de l’impact économique d’une activité culturelle consiste pourtant en


l’estimation simultanée de cinq éléments constituants différents dont les coûts, autrement dit, en
une estimation issue d’une analyse coûts-bénéfices.

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 34
a- Trois motifs économiques différents

A la suite de la décomposition qui vient d’être faite, quels éléments constituants peuvent être
distingués pour appuyer une demande de soutien public ?

Un premier élément peut être exclu rapidement. La connaissance de l’ampleur de l’impact de


consommation des usagers de l’activité culturelle, pour informative qu’elle puisse être, ne peut pas
renseigner sur l’existence d’un élément susceptible de motiver économiquement ce soutien.
L’estimation du consentement à payer total d’usagers culturels, consommateurs actifs volontaires
passant par le marché et dégageant logiquement un bénéfice net non négatif de leurs décisions de
consommation, n’informe pas en effet explicitement ou implicitement de l’existence d’une
défaillance de marché (objectif d’allocation) ou d’un moyen de lisser les hauts et les bas d’un cycle
conjoncturel des affaires d’un territoire donné (objectif de stabilisation).

Restent l’impact de consommation des non-usagers, l’impact de court-moyen terme, l’impact de


long terme, et les coûts.

b- L’impact de consommation des non-usagers

L’impact de consommation des non-usagers mesure la valeur agrégée des bénéfices nets en termes
d’utilité que peuvent retirer des individus qui, bien que ne visitant pas par exemple sur la période
d’analyse choisie le monument historique examiné, valorisent l’option de le faire ultérieurement,
valorisent sa simple existence. Cette valeur d’existence peut par exemple s’attacher... ou le
valorisent non pas pour eux-mêmes mais pour les générations futures. Par définition, ces bénéfices,
mesurés par le consentement à payer. La mesure alternative est le consentement à
accepter... agrégé, ne sont pas exprimés sur le marché et correspondent, s’ils sont positifs, à une
demande hors marché pour l’activité en question. Leur caractère implicite et externe au marché est
supposé correspondre à l’existence d’effets externes positifs, c’est-à-dire à une défaillance de
marché, dans le cadre de l’économie du bien-être.

L’estimation d’un impact de consommation des non-usagers positif, en informant sur l’existence
d’une demande hors marché due à des bénéfices externes, peut ainsi fournir un argument au soutien
public, dans la perspective d’un objectif d’allocation visant à remédier à une défaillance de marché
impliquant un volume de prestation culturelle inefficient car inférieur au niveau collectivement
optimal. Dans le cas le plus simple, ce remède peut être par exemple une subvention publique à la
Pigou versée au prestataire culturel qui n’est pas pleinement compensé pour les bénéfices qu’il crée.

Comme le rappelle Throsby pour ce type d’impact, le modèle sur lequel repose l’argument est le
« modèle économique standard » ou « néoclassique » fondé sur un certain nombre d’hypothèses. Il
suppose notamment une économie composée de preneurs de décision rationnels dont les
préférences ne sont pas uniquement définies sur l’ensemble des biens qu’ils pourraient eux-mêmes
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 35
décider de consommer. Ces agents économiques maximisent leur utilité sous contraintes connues,
une distinction étant faite entre les biens dont les droits de propriété sont bien définis et existent
et ceux générateurs d’effets externes dont les droits de propriété sont mal définis ou inexistants.

Pour en tirer un argument initial valide au soutien public, il faut en outre supposer que toute valeur
de non-usage positive ne conduit pas automatiquement à un paiement volontaire de la part du non-
usager pour empêcher la sous-prestation culturelle. Throsby et Withers [1979, chap. 10] remarquent
en effet qu’un tel paiement n’est pas impossible en rappelant l’existence de financements réguliers
apportés par divers acteurs économiques privés mécènes dans le domaine culturel. Une autre
hypothèse concerne spécifiquement la valeur de legs qui peut être exprimée par des membres
degénérations présentes tirant une utilité de veiller aux intérêts de leurs descendants. L’argument
qui peut être invoqué au motif de cette valeur ignore la possibilité que les générations futures, qui
par définition n’ont pas voix au chapitre, désapprouvent les choix qui ainsi sont ou pourraient être
faits en matière de préservation culturelle.

c- L’impact de dépenses de court-moyen terme

Il mesure de combien le revenu ou l’activité économique à court-moyen terme se réduira


(augmentera) si l’actif culturel n’existait plus (existait, dans le cas d’un projet culturel) pour sa zone
environnante. En d’autres termes, il mesure le supplément de revenu ou d’activité dû aux injections
externes ou nettes de nouvelles dépenses dans la zone comme résultat direct de l’existence de l’actif.
Ces injections sont celles des visiteurs – visiteurs privés mais aussi, selon les cas, accompagnateurs,
artistes, techniciens artistiques, journalistes, vendeurs, exposants, producteurs, organisateurs,
mécènes, commanditaires, bénévoles, etc. – qu’on peut attribuer au motif premier de visite ou de
présence qu’est l’actif, c’est-à-dire les injections nettes des injections locales. L’adjectif « local »
signifie dans cet article « particulier... L’actif culturel est considéré ici comme un moyen d’attirer
des dépenses exogènes dans différents types d’établissement dont l’effet net total repose sur un
processus multiplicateur dû à l’interdépendance des différents secteurs d’activité de la zone.

Ce rappel suffit à déduire que l’estimation d’un impact de dépenses peut informer de l’existence
d’un levier local d’activité additionnelle et fournir ainsi un fondement macroéconomique potentiel
au soutien public. Le motif peut être formulé comme suit : le soutien public de l’activité culturelle
constitue un levier optimal permettant d’attirer et/ou d’augmenter la demande exogène ou
autonome de visiteurs culturels en biens, services etfacteurs de production locaux entraînant un
processus multiplicateur positif produisant au total une activité économique locale additionnelle
qui n’aurait pas existé sinon.

Ce motif correspond à un objectif macroéconomique de stabilisation plutôt qu’à un objectif


d’allocation qui trouverait sa source dans la présence d’une défaillance de marché de type

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 36
« bénéfices externes ». L’activité additionnelle créée ne répond pas en effet à une telle défaillance
mais est plutôt un « succès de marché ». L’effet multiplicateur accroît la demande dans d’autres
secteurs d’activité et fonctionne par l’intermédiaire du système de prix de marché. Aucune mauvaise
allocation des ressources n’est créée, ni aucun effet externe réel ; seuls apparaissent ici des effets
externes pécuniaires positifs.

Le motif repose lui aussi sur un modèle économique qui, dans sa version la plus simple et pour un
territoire relativement petit, est fondé sur plusieurs hypothèses, notamment la constance des prix à
la production et des facteurs de production, le caractère non pleinement employé des ressources
en facteurs de production (capacités de production inemployées ou excédentaires) et le caractère
exogène de la hausse de la demande (dépenses autonomes). Ces hypothèses ne peuvent être
ignorées puisque l’ampleur estimée de l’impact de dépenses, et donc la force du motif, en dépendant
directement.

Ainsi, les coûts de remplacement décrits plus haut entrent précisément en contradiction avec
l’hypothèse de ressources non pleinement employées : si par exemple tous les visiteurs attirés par
la tenue d’une exposition temporaire se substituent à des visiteurs qui sinon seraient venus dans la
région mais ne l’ont pas fait parce qu’ils n’ont pas trouvé d’hébergement, aucune activité
additionnelle n’est créée.

d- L’impact de long terme

L’impact de long terme d’un actif culturel peut lui aussi fournir un argument économique initial à
une demande de soutien public, pourvu qu’il soit caractérisé par l’existence d’une défaillance de
marché.

Nous avons vu que l’impact sur la croissance économique de long terme du territoire environnant
retenu a deux déterminants possibles : (a) les effets de localisation de personnes ou de firmes, ces
dernières pouvant notamment considérer l’actif comme un moyen d’attirer des travailleurs aux
qualifications particulières, et (b) les effets d’apprentissage et d’expérience liés à la consommation
ou à l’usage (valeurs éducationnelle et de créativité).

Ce second type d’effets découle plus précisément du lien de causalité potentiel suivant : l’actif
culturel encourage la créativité des individus, cette créativité promeut leur capacité d’innovation, ce
qui vient stimuler la croissance économique. Plusieurs propositions ont été faites dans la littérature
pour fonder ce lien causal. Elles peuvent être résumées ainsi : l’« exposition » culturelle encourage
sur longue période la créativité et influe sur le capital humain. Ainsi, l’« art » peut rendre plus
productif ; les activités culturelles peuvent stimuler la « créativité des entreprises » et produire des
compétences ou des qualifications au bénéfice de tous les secteurs économiques ; ces activités
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 37
peuvent agir sur « la formation de l’identité, de la personnalité, des « attitudes », de la motivation
au travail, de la créativité », fournir une « inspiration pour des processus créatifs », déclencher « des
actions dirigées vers le changement et l’innovation » et ainsi « conduire indirectement à plus de
développement industriel innovateur à travers la créativité dans le secteur des arts s’étendant aux
autres activités économiques » ; l’éducation artistique peut encourager le développement de la
créativité des individus; enfin, la consommation de « contenus culturels » peut avoir « la faculté
d’augmenter le capital humain du consommateur » par ailleurs travailleur.

Liés à la valeur d’usage et de non-usage de l’activité culturelle considérée, les effets de localisation
et les effets d’apprentissage et d’expérience peuvent correspondre à des effets externes positifs qui
ne sont pas saisis par le marché et son système de prix et pour lesquels le ou les prestataires culturels
ne sont pas pleinement compensés financièrement au regard du caractère attractif et stimulant de
leurs services. L’existence d’une défaillance de marché vient alors fournir un argument pour
appuyer une demande d’aide publique. Il repose sur les mêmes hypothèses et modèle que
l’argument lié à l’impact de consommation des non-usagers et doit ainsi correspondre lui aussi à
des bénéfices externes nets tenant compte notamment d’éventuels coûts externes de l’activité
culturelle et du coût d’opportunité de cette aide. [6][6] Frey [2003] rappelle, en reconnaissant une
part de...

Nous venons de dégager de la décomposition de l’impact économique d’une activité culturelle les
éléments dont l’estimation connue peut fournir trois moyens différents d’appuyer
économiquement une demande de soutien public de cette activité. Ces éléments étant basés sur des
résultats d’estimation, il importe maintenant de s’intéresser aux méthodes qui permettent d’estimer
les trois types d’impact. C’est l’objet de la section suivante.

e- Principes d’estimation

L’étape suivante consiste à fournir les éléments permettant d’avoir idée du caractère plus ou moins
solide de résultats d’estimation d’impact qui peuvent être utilisés pour appuyer une demande de
soutien public. Si toute méthode d’estimation comporte des biais, permet de dégager des résultats
dépendants des hypothèses posées et pour lesquels le risque d’inexactitude ou de biais global est
plus ou moins fort, il s’agit ici d’aider à percevoir ce risque et la manière dont il influe selon tel ou
tel choix de méthode. Outre une présentation nécessairement condensée des méthodes
d’estimation existantes. Notons que ces méthodes ne sont pas seulement appliquées... l’objectif est
de rappeler les biais d’estimation principaux tout en précisant, lorsque cela est possible a priori,
dans quel sens ils jouent.

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 38
Nous traiterons d’abord brièvement de l’estimation de l’impact de long terme en raison du peu de
littérature sur le sujet en économie culturelle relativement à celle sur les impacts de non-usage et de
dépenses (sections 4.2 et 4.3, respectivement).

e.1. L’estimation de l’impact de long terme

Comme le rappelle Madden au sujet des effets d’apprentissage et d’expérience d’une activité
culturelle venant stimuler la créativité de sa population, « il n’est pas seulement suffisant d’établir
les liens entre […]créativité et croissance économique […] ; il est aussi nécessaire de démontrer
qu’il existe un certain « sous-investissement » systématique en créativité qui justifie l’intervention
publique », c’est-à-dire qu’il existe une défaillance de marché conduisant à ce sous-investissement.
Or, à notre connaissance, il n’existe pas d’évaluation empirique renforçant la présomption de
l’existence d’une défaillance de marché de type « bénéfices externes nets », et il en est de même
pour les effets de localisation.

Ces derniers ont été jusque-là relativement peu étudiés théoriquement et empiriquement. Les
études disponibles sur les facteurs de localisation (enquêtes principalement) confortent plutôt
l’intuition qu’en moyenne l’existence d’activités culturelles sur un territoire spécifique ne sont
vraisemblablement pas sur longue période les facteurs les plus importants de localisation des
personnes ou des firmes.

Quant aux effets d’apprentissage et d’expérience, les propositions diverses indiquées plus haut
visant à les fonder, pour intéressantes qu’elles soient et sans nier leur importance potentielle, sont
toutefois assez vagues et ne reposent pas sur une formalisation explicite et/ou une analyse
empirique développée (d’où le même manque). A notre connaissance, seuls des exemples de nature
anecdotique ont été proposés dans la littérature économique et davantage de travaux de recherche
théorique et empirique seraient sans doute bienvenus sur cette question. Plusieurs économistes ont
bien noté néanmoins la difficulté intrinsèque à identifier, décrire, vérifier et mesurer de tels effets
de report « éducationnel et de créativité » agissant sur longue période.

e.2. L’estimation de l’impact de consommation des non-usagers

L’impact de consommation des non-usagers d’un équipement ou d’un événement culturel est
apprécié à partir d’une technique fondée sur des préférences exprimées plutôt que révélées pour
un bien économique offert dans le cadre d’un marché conjectural. Ces deux conditions particulières
sont à la source de différents biais d’estimation pour lesquels la recherche théorique et empirique
a proposé et continue de proposer des moyens de corriger ou du moins d’amoindrir leurs effets.

e.2.1. L’approche par l’évaluation contingente

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 39
L’estimation de la valeur de consommation des non-usagers d’une activité culturelle cherche à
mesurer leurs consentements à payer pour ce bien économique, consentements dont l’agrégation
peut permettre de dégager une demande hors marché reposant sur la présence supposée de
bénéfices externes. Elle rencontre deux difficultés liminaires cumulatives : d’abord, la non-
connaissance des préférences des agents économiques ; ensuite, le non-usage du bien examiné,
excluant ainsi la possibilité de recourir à des méthodes d’évaluation fondées sur les préférences
révélées telles que la méthode par la fixation de prix hédoniques (de marchés fonciers, immobiliers
et du travail pouvant dépendre, toutes choses égales par ailleurs, de la proximité appréciée de
services culturels) ou la méthode par les coûts de déplacement (pour accéder à ces mêmes services,
en termes pécuniaires et d’opportunité du temps). Une approximation correcte du consentement à
payer agrégé de non-usage nécessite ainsi de disposer d’une mesure déclarée ou exprimée, plutôt
que révélée, des préférences des non-usagers, à partir d’un bien proposé sur un marché
hypothétique. La méthode d’évaluation contingente offre la possibilité de surmonter
potentiellement ces deux difficultés initiales, pour la mesure de valeurs de non-usage ou d’usage
passif définies par Carson et al. comme ces « portions de valeur totale […] qui ne peuvent pas être
obtenues en utilisant des techniques de mesure indirecte qui dépendent des comportements de
marché observés ».

La méthode repose sur une enquête auprès d’un échantillon d’une population dont les individus
sont, parmi d’autres questions, interrogés sur leur consentement à payer pour un changement
quantitatif ou qualificatif supposé spécifié du bien dans le cadre scénarisé d’un marché hypothétique
ou contingent.

e.2.2. Population et structure d’enquête

La question de la population pertinente à interroger est difficile à résoudre car la méthode


d’évaluation contingente s’intéresse à un marché qui n’existe pas et pour lequel les demandeurs
potentiels sont inconnus, pas nécessairement localisés, en plus d’être potentiellement très
nombreux dans le cas d’activités culturelles connues mondialement (certains auteurs parlent de
biais d’échantillon). Deux critères peuvent toutefois permettre de préciser cette population. Le
premier est politique ou légal, celui qui commande l’étude pouvant seulement s’intéresser à un
ensemble d’individus particulier, par exemple les contribuables d’un territoire donné, en plus de
vouloir disposer par exemple d’une appréciation conjointe d’un impact de dépenses pour ce
territoire. Le second critère dépend du rapport bénéfices/ coûts lié au fait d’élargir la population à
examiner par rapport à l’éloignement relatif de ceux qui la composent, l’impact de consommation
pour, par exemple, un festival ou un site culturel étant a priori corrélé négativement avec
l’éloignement du non-usager moyen.

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 40
Une structure d’enquête standard respecte sept étapes consécutives : (a) une partie introductive
identifiant celui qui a commandé l’étude, le thème général ainsi que le contexte général contingent
dans lequel les personnes interrogées auront à « prendre une décision » ; (b) un ensemble de
questions sur la connaissance préalable du bien à évaluer par les répondants et leurs attitudes vis-
à-vis de celui-ci, avant une description détaillée de ce bien ; (c) la présentation d’un scénario
hypothétique d’évaluation contingente (marché modélisé détaillé) incluant ce que le « projet » est
destiné à accomplir, comment il sera mis en œuvre (contexte institutionnel) et payé (mode de
paiement plausible impliquant directement les répondants), et ce qu’il arrivera en statu quo, si le
projet n’est pas mis en œuvre (mécanisme dit d’exclusion) ; (d) une ou des questions demandant
explicitement, et dans un format d’extraction particulier. Au moins six formats ont été utilisés dans
la littérature :..., l’information sur le consentement à payer des répondants pour le bien ; (e) un
ensemble de questions de débriefing pour aider à s’assurer que les répondants ont bien compris le
scénario, pour déterminer pourquoi ils ont répondu à certaines questions de telle ou telle manière
et apprécier dans quelle mesure ils considèrent leurs réponses comme exactes ; et (f) un ensemble
de questions sur les caractéristiques sociodémographiques des répondants, utilisables pour
notamment disposer de statistiques descriptives et estimer différents modèles économétriques.

La structure d’enquête peut en outre être enrichie de quelques questions directes posées avant ou
après l’étape (d) sur la valorisation par les personnes interrogées de l’activité culturelle considérée
au regard des critères d’option, d’existence et de legs. Face à des consentements à payer déclarés
positifs suggérant la présence de valeurs d’option, d’existence et/ou de legs pour les répondants
non usagers rappelle que la méthode d’évaluation..., les réponses recueillies peuvent ainsi conforter
l’hypothèse de l’existence de bénéfices externes constituants d’une demande hors marché .

e.3. L’estimation de l’impact de dépenses de court-moyen terme

L’estimation de l’impact de dépenses de court-moyen terme d’un équipement ou d’un événement


culturel repose, lui, sur deux éléments complémentaires : la mesure de l’injection monétaire initiale
de dépenses et, à partir de celle-ci, l’évaluation de l’impact proprement dit.

e.3.1. L’injection initiale de dépenses

L’ampleur des dépenses des visiteurs directement attribuables à l’activité culturelle est d’abord
estimée par enquête pour une région spécifique et une période donnée. Ces dépenses peuvent se
répartir dans cinq types d’établissements : billetterie, restauration, transport, hébergement,
commerce de détail et autres dépenses. La manière dont les données sont recueillies auprès des
visiteurs (mais aussi, de manière utilement complémentaire, auprès de ces établissements) pouvant
influer substantiellement sur l’estimation, la littérature est riche d’analyses sur la structure et le

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 41
contenu précis des questionnaires d’enquête, sur la manière dont les données doivent être collectées
exactement, sur le nombre de personnes à interroger et sur les méthodes d’échantillonnage.

Au-delà des questions purement statistiques portant sur les procédures d’enquête et
d’échantillonnage, plusieurs questions posées aux personnes interrogées visent à éviter différentes
erreurs de mesure de l’injection. Parmicelles-ci se trouvent notamment l’erreur de substitution ou
de détournement de dépenses (ne pas exclure des dépenses totales collectées les dépenses des
résidents) et l’erreur sur les dépenses non locales annexes (attribuer toutes les dépenses non locales
à l’existence de l’actif culturel, sans distinguer celles directement attribuables à ce dernier des
autres). Une autre source de biais cause de surestimation est l’erreur sur les dépenses non locales
nettes qui consiste à inclure les dépenses des « changeurs de calendrier » et des « visiteurs
occasionnels ». Les premiers sont, dans le cas d’un festival par exemple, les visiteurs extérieurs qui
avaient prévu de visiter la région où ce dernier a lieu et ont modifié leur calendrier de manière à
faire coïncider leurs dates de visite avec celles du festival. Les seconds sont déjà présents sur place,
attirés par d’autres caractéristiques locales, et ont choisi d’assister au festival plutôt que de faire
autre chose. Avec des dépenses qui ont lieu à un autre moment dans l’année dans le premier cas et
sous l’hypothèse raisonnable de dépenses de billetterie considérées comme substitutives dans le
second, les dépenses de ces deux types de visiteurs doivent logiquement être exclues.

e.3.2. Le calcul de l’impact de dépenses

Une fois appréciée l’injection initiale, l’étape suivante consiste habituellement à estimer trois
catégories d’impact de dépenses – direct, indirect et induit – sur les ventes des firmes, les revenus
individuels et les emplois L’estimation peut aussi porter sur la valeur ajoutée...(voir références
citées plus haut). Dans le cadre d’un processus multiplicateur standard, le premier type correspond
à la hausse des recettes des établissements issues de l’injection, firmes qui, en retour, achètent,
localement ou pas, des biens et services. L’impact indirect découle de la diffusion progressive dans
toute la région et par tours successifs de ce premier tour de dépenses, avec fuites à chaque tour.
L’impact induit correspond aux dépenses des bénéficiaires des dépenses directes et indirectes que
sont localement les propriétaires d’établissement, les fournisseurs et les salariés. L’impact total
agrège les trois types d’impact et peut être mesuré par un coefficient multiplicateur de type III
décomposant les effets directs, indirects et induits produits par un euro supplémentaire de dépenses
externes. Ce coefficient est le rapport (effets directs + effets....

Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 42

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