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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
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UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI INSTITUT NATIONAL DES METIERS
D’ART, D’ARCHEOLOGIE ET DE LA ULTURE
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Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 2
CHAPITRE 1 : LES FONDAMENTAUX DE L’ETUDE D’IMPACT DE PROJET
1- Définitions des termes
Résultats : changements produits directement par le projet à comparer avec les objectifs
formalisés avant le lancement.
Les objectifs sont définis pour le projet et les résultats sont atteints.
L’évaluation des résultats est basée sur deux visions :
* quantitative : écart chiffré entre le prévu et le réalisé (p.e. 3 puits construits au lieu de 4) ;
* qualitative : différence de nature prévu / réalisé (p.e. un forage au lieu d’un puit).
Objectifs Résultats
Réduire le travail des femmes Diminution des temps d’attente aux puits
Améliorer la santé des habitants en éliminant les Bonne qualité bactériologique de l’eau des
maladies liées à l’eau polluée. puits
Impact : changement durable à la suite de l’action, ce qui reste quand le projet est achevé. L'impact
d'un projet est l’ensemble des changements durables positifs et négatifs prévus et imprévus sur
les personnes, les groupes et l’environnement ayant un lien de causalité avec le projet.
Prévoir l’impact est difficile, car de nombreux éléments extérieurs au projet interviennent. Le temps
joue un rôle majeur, car l'impact se juge à terme, après la fin du projet.
C’est aussi la transposition subjective d’un effet environnemental sur une échelle de valeur ; il est
donc le résultat d’une comparaison entre deux états : un état qui résulte de l’action envisagée et un
état de référence.
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Une étude d'impact est une étude technique qui vise à apprécier les conséquences de toutes natures,
notamment environnementales d'un projet pour tenter d'en limiter, atténuer ou compenser les
impacts négatifs.
L’étude d’impact est une procédure administrative spécifique constituant l’outil privilégié de
l’évaluation sur l’environnement des projets de travaux et d’aménagements. Il s’agit d’évaluer
l’impact des projets et aménagement sur l’environnement.
L’analyse des impacts d’un projet vise à intégrer à la planification de ce dernier, des considérations
spécifiques à l’environnement et des perceptions du milieu, permettant ainsi de le réaliser tout en
assurant la protection et la conservation des milieux de vie. En outre, elle sert à identifier, décrire
et évaluer les interrelations qui existent entre un projet et son milieu récepteur afin d’évaluer
l’acceptabilité environnementale de celui-ci.
Pour ce faire, l’ensemble des éléments sensibles à la construction d’une intervention sont identifiés
et ce, pour chacune des grandes composantes des milieux physique, biologique, humain et bâti,
culturel, archéologique, visuel et sonore. Par la suite, l’analyse des impacts est effectuée afin
d’identifier et de mesurer les impacts positifs et négatifs d’un tel projet sur son environnement.
Une fois les impacts connus, des mesures permettant soit de minimiser les impacts négatifs, soit de
bonifier les répercussions positives du projet sont proposées. L’évaluation globale du projet est
finalement effectuée sur la base des impacts résiduels, c’est-à-dire ceux qui persistent après
l’application des mesures d’atténuation ou de bonification.
L’étude d’impact, comme les autres processus d’évaluation environnementale intervient donc en
amont de l’approbation du projet ou de la décision d’autorisation par l’autorité compétente.
L’étude d’impact concerne la globalité du projet, c’est-à-dire le projet lui-même et les
aménagements nécessaires à sa réalisation ou à son fonctionnement (par exemple les voies d’accès
créées pour le projet…).
Que les travaux soient réalisés de manière simultanée ou échelonnée dans le temps, l’étude d’impact
doit analyser globalement les effets des différents travaux sur l’environnement.
2-2- Principe de réduction à la source des impacts
Le dossier doit démontrer la prise en compte du principe d’action préventive et de correction, par
priorité à la source, des atteintes à l'environnement, en utilisant les meilleures techniques
disponibles à un coût économiquement acceptable.
Ainsi, il conviendra de privilégier les mesures d’évitement (notamment dans le choix des partis et
variantes), et seulement ensuite de proposer des mesures de réduction, puis de compensation.
L’étude d’impact est la pièce maîtresse du dossier d’enquête publique qui constitue le moment
privilégié de l’information du public.
L’étude d’impact doit être constituée de façon à expliquer le cheminement du maître d’ouvrage
dans la conception de son projet, dans le cadre d’une prise en compte de l’environnement optimale.
3- Types d’impact
Un projet est soumis à plusieurs types d’étude d’impact. Les impacts d’un projet sont appréciés
en fonction de leur type et de leur importance.
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3-1- les types d’impact
Les impacts sont soit de type :
- positif (amélioration ou bonification des composantes du milieu) ;
- soit de type négatif (détérioration des composantes du milieu).
Les impacts positifs et négatifs peuvent avoir un effet direct (affectant directement une
composante du milieu), indirect (affectant une composante du milieu par le biais d’une autre
composante), cumulatif (les changements causés à l’environnement par un projet, en combinaison
avec d’autres actions passées, présentes et futures), différé (effet qui se manifeste à un moment
ultérieur à l’implantation ou à la réalisation du projet), synergique (association de plusieurs impacts
prenant une dimension significative lorsque conjuguée) ou irréversible (ayant un effet permanent
sur l’environnement).
- les impacts environnementaux
C’est une analyse des effets directs ou indirects, temporaire ou permanents, du projet sur
l’environnement (faune et flore, santé, sites et paysages…) ;
- Impacts sociaux
Un impact social est quelque chose qui est vécu ou ressenti (réel ou perçu) par un individu, un
groupe social ou une unité économique. Les impacts sociaux sont l’effet d’une action (ou d’un
manque d’action) et peuvent être positifs ou négatifs. Les impacts sociaux se distinguent des
processus de changement social, partiellement parce que différents groupes sociaux peuvent vivre
le changement social différemment en fonction des circonstances.
L’étude des impacts sociaux permettent de : identifier les problèmes clés de la perspective des
entités potentiellement affectées par les projets ; prévoir et anticiper le changement ; et ancrent ces
compréhensions dans les systèmes et stratégies en cours afin de répondre de manière proactive aux
conséquences de l’exploitation.
-Impacts économiques :
Les impacts économiques d’un projet se traduisent sous forme de main-d’oeuvre, de valeur ajoutée,
d’importation, de fiscalité et de parafiscalité. Ces effets peuvent apparaitre dans les secteurs
immédiatement touchés par les dépenses initiales (effets directs) ou qu'ils ont lieu chez les
fournisseurs de ceux où ont lieu les premiers effets (effets indirects).
La mesure des retombées économiques consiste à évaluer l'impact économique positif, neutre ou
négatif issu de la présence d'un phénomène, c'est à dire la différence entre sa présence et son
absence.
La mesure de l'impact économique vise à cerner les dimensions financières (revenus des ménages,
des entreprises, des services fiscaux...) qui ne sont néanmoins par les seules en jeu dans ce contexte
qui inclut aussi des impacts sociaux (bien-être, satisfaction des populations) et environnementaux
(pollution, perturbation de la faune...).
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Les mesures des retombées économiques se penchent en général sur les effets à court terme, plutôt
qu'à moyen terme.
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ainsi que leur fréquence (caractère continu ou discontinu). La durée de l’impact peut être courte,
moyenne ou longue.
• l’impact est considéré de courte durée lorsque les effets sont ressentis, de façon continue ou
discontinue, durant la période de construction ou lorsque le temps de récupération ou d’adaptation
de l’élément est inférieur à trois ans.
• l’impact est considéré de durée moyenne lorsque les effets sont ressentis, de façon continue ou
discontinue, sur une période pouvant aller de 3 à 10 ans.
• l’impact est considéré de longue durée lorsque les effets sont ressentis, de façon continue ou
discontinue, sur une période ou diverses périodes dépassant 10 ans.
La combinaison de ces trois critères (intensité, étendue et durée) permet de déterminer l’importance
de l’impact. Ces trois critères ont tous le même poids dans l’évaluation de l’importance de l’impact.
Toutefois, une pondération a été accordée aux trois classes de chacun des critères; celle-ci est
indiquée entre parenthèses dans le ci-après :
On distingue trois classes d’importance de l’impact. Le tableau 6.1 précise le cheminement
d’évaluation de l’importance de l’impact ainsi que la pondération globale (multiplication des
pondérations) ayant mené à l’attribution de la classe d’importance. Ainsi, pour qu’un impact ait une
importance forte, il faut qu’il obtienne une pondération globale de 12 et plus (le maximum possible
étant 27). Pour obtenir ce pointage, il faut une synergie de facteurs, c’est-à-dire qu’au moins un des
critères ait une valeur élevée (pondération de 3) et que les deux autres aient une valeur au moins
moyenne (pondération de 2). Les impacts d’importance moyenne sont ceux dont la pondération
globale se situe entre 4 et 9 inclusivement alors que ceux d’importance faible correspondent à ceux
dont la pondération globale est de 3 et moins.
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Une fois le type et l’importance des différents impacts établis pour chacune des composantes du
milieu, on identifie des mesures d’atténuation et/ou de compensation pour minimiser ou
compenser les impacts négatifs et des mesures de bonification pour les impacts positifs. Les
impacts résiduels, c’est-à-dire ceux qui subsistent une fois les mesures d’atténuation ou de
bonification proposées, peuvent alors être mesurés.
4- Caractéristiques des impacts
Il est difficile d’anticiper l’impact
• Impact technique :
– attendu : des villageois autonomes et formés pour l’entretien ;
– inattendu : création d’entreprises de réparation des puits.
• Impact économique :
– attendu : la caisse villageoise est alimentée par le paiement de l’eau ;
– inattendu : la caisse permet la création d’emplois dans les entreprises d’entretien
des puits.
• Impact social :
– attendu : les enfants du village sont en meilleure santé ;
– inattendu : les enfants libérés de la corvée d’eau peuvent aller à l’école.
• Impact financier :
– attendu : constitution d’une caisse pour l’entretien de chaque puits ;
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– inattendu : l’argent d’une des caisses est détourné
• Impact organisationnel :
– attendu : constitution de comités de gestion des puits ;
-- inattendu : certains comités de gestion fonctionnent si bien qu’il conduisent
d’autres actions, p.e un potager pour l’école.
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La réalisation de l’étude d’impact, dont le maître d’ouvrage est responsable, se fonde sur les
directives, qui en constituent le squelette.
1- Elaboration des Termes De Référence (TDR)
Avant le lancement l’étude d’impact, ils permettent d’établir un consensus, de préparer l’étude, de
«passer commande» à un consultant:
* Description et environnement du projet : Dans quelle stratégie/programme s’inscrit-il? Acteurs,
contexte, leçons des projets antérieurs, impact attendu …
* Contenu du travail d’évaluation: Questions évaluatives : Quels objectifs? Quels critères de réussite
? Méthodologie d’analyse et d’évaluation, indicateurs envisagés…
* Organisation de l’évaluation: Compétences requises, durée, moyens : budget, étapes du
déroulement, processus de sélection du consultant …
* Les livrables : Rapports, restitution des résultats : à qui, comment ?
«La qualité d’une évaluation dépend à 50% de celle des termes de référence».
Les moyens sont les financements, compétences, outils et méthodes pour atteindre les objectifs.
* Il est indispensable de mobiliser des moyens et des ressources
* L’objectif: c’est le résultat attendu de l’étude. Les objectifs sont ordonnés dans le temps et dans
l’espace : organigramme des tâches (WBS), jalons, livrables...
* Le but: c’est la matérialisation de la finalité que l’on se donne = l’impact attendu. Le but est
concret, mais il n’est pas accessible immédiatement.
* La finalité: c’est l’idéal vers lequel on tend. La finalité souvent fait référence à des valeurs:
Le processus d’une étude d’impact sera développé au niveau de chaque type d’étude d’impact.
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L’étude d’impact environnemental (EIE) est un processus d’identification, d’examen, d’évaluation
et de négociation de l’ensemble des effets écologiques, économiques, sociaux, sanitaires,
esthétiques et culturels d’un projet sur son milieu d’insertion.
L’Etude d’Impact Environnemental (EIE) est un outil de référence depuis plusieurs années,
reconnu internationalement et approuvé par un grand nombre d’institutions intervenant dans l’aide
d’urgence et de développement. Si l’outil semble à ce jour peu utilisé par les organisations
humanitaires, il pourrait s’avérer un outil structurant permettant de mieux identifier les enjeux
environnementaux auxquels ces organisations font face.
Précisons que l’EIE est un outil d’analyse de l’environnement naturel intégrant parfois la dimension
sociale alors nommé Etude d’Impact Environnemental et Social (EIES). Il s’agit d’un outil de
communication et d’aide à la décision qui permet à travers une analyse par problématiques données
(enjeux), de mesurer les impacts potentiels (effets) des actions d’un projet sur l’environnement
physique, biologique et humain. Ces impacts peuvent être positifs et donc à maximiser ou négatifs
et donc à minimiser. L’étude propose alors des actions correctrices pour éviter, minimiser ou
compenser les effets néfastes sur l’environnement.
L’EIES serait-il aujourd’hui un outil incontournable pour accompagner le développement durable
? Il est indéniable que cette logique parait enrichissante pour assurer une mise en place optimale
des projets de solidarité international et a minima le respect du principe humanitaire « do not harm
». Néanmoins la structure de l’outil standard ne semble pas toujours appropriée aux contextes
spécifiques d’intervention
des organisations humanitaires et une certaine adaptation peut être nécessaire pour ne pas entraver
les objectifs louables de telles actions.
- L’EIES est un processus ouvert et participatif qui impose la consultation des populations et autres
acteurs clés ainsi qu’une restitution publique des résultats de l’étude. Ce processus peut être intégré
à l’approche participative plus largement menée par l’organisation et impose un certain niveau de
redevabilité. L’EIES amène des éléments de discussion et une structuration pouvant faciliter
l’échange avec la population et la compréhension commune des enjeux, activités et impacts
potentiels du projet visé.
- La réalisation d’une EIES permet de mieux connaître son environnement mais nécessite une
bonne connaissance préalable de sa zone d’intervention. La réalisation d’étude socio-
anthropologique, d’enquête épidémiologique, d’enquête CAP (Connaissances, Attitudes,
Pratiques), de cartographique permet d’enrichir l’EIE/S et de mieux cerner les enjeux à analyser.
L’EIE/S doit être réalisée en amont des décisions d’implémentation des activités permettant
d’atténuer au plus tôt toute source d’impact potentiel néfaste.
- La méthodologie doit être intégrée et adaptée au fonctionnement de l’organisation. En effet, si le
cadre classique est adapté au projet de développement et peut facilement être intégrée au
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financement, il faut néanmoins que l’organisation soit capable de décider quand cette étude doit
être réalisée.
2- Qu’appelle-t-on « évaluation environnementale » ?
L’évaluation environnementale a pour fonction de :
- analyser les effets sur l’environnement d’un projet d’aménagement, d’un programme de
développement, d’une action stratégique ;
- mesurer leur acceptabilité environnementale ;
- éclairer les décideurs.
Il existe plusieurs processus d’évaluation disposant chacun d’un ou plusieurs outils d’évaluation,
notamment :
- le processus d’évaluation des impacts sur l’environnement des projets et programmes de travaux
et d’aménagement, mis en œuvre à travers l’étude d’impact.
- le processus d’évaluation des « incidences », mis en œuvre au travers des documents d’incidences
sur l’eau et documents d’incidences sur la conservation des sites;
- le processus d’évaluation environnementale des actions stratégiques, mis en œuvre, notamment
pour les documents d’urbanisme (PLU SDUA) au travers de rapports sur les incidences
environnementales ;
L’étude d’impact, comme les autres processus d’évaluation environnementale intervient donc en
amont de l’approbation du projet ou de la décision d’autorisation par l’autorité compétente.
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Dans certains pays, un décideur peut, en effet, choisir l’alternative la plus nuisible pour
l’environnement, tant que les conséquences sont indiquées dans l’EIE. En d’autres termes, le
processus EIE garantit une décision éclairée, mais pas nécessairement une décision écologiquement
bénéfique.
Les bénéfices des processus d’EIE sont de:
- élimine potentiellement les projets peu valables du point de vue environnemental ;
- propose des conceptions modifiées pour réduire les impacts sur l'environnement ;
- identifie des alternatives faisables
- prévoit des impacts défavorables significatifs ;
- identifie des mesures d’atténuation pour réduire, compenser, ou éliminer des impacts majeurs
- engage et informe les communautés potentiellement affectées et les individus
- influence les prises de décisions et le développement des termes et conditions
4- Quels sont les projets soumis à étude d’impact ?
Les projets publics ou privés relatifs à la réalisation d’aménagements, de travaux ou d’ouvrages
pouvant porter atteinte au milieu naturel, doivent comporter une étude d’impact permettant
d’apprécier leurs conséquences sur ce milieu. Selon plusieurs critères, une opération
d’aménagement, de travaux ou d’ouvrages sera soumise à étude d’impact, notice d’impact
(procédure administrative plus légère) ou dispensée de toute procédure.
5- Qui est chargé de l’élaboration ?
Selon le système d’EIE, la responsabilité de produire une EIE sera assignée à l’une des deux parties:
l’agence gouvernementale ou ministère; ou le promoteur du projet. Si les lois de l’EIE le
permettent, n’importe quelle partie peut choisir d’embaucher un consultant pour préparer l’EIE
ou gérer des portions spécifiques du processus de l’EIE, tels que la participation du public ou des
études techniques.
L’étude d’impact est réalisée sous la responsabilité du maître d’ouvrage (personne physique ou
morale qui initie le projet), qui est responsable de son contenu. Souvent, celui-ci fait appel à un
bureau d’étude compétent en la matière pour réaliser l’étude d’impact.
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permet à un particulier ou à une association de faire part de ses critiques notamment sur l’étude
d’impact, afin d’alerter l’autorité en charge de l’approbation ou de l’octroi de l’autorisation du
projet. Cependant, il arrive souvent que celles-ci ne soient pas prises en compte.
Le juge peut constituer une autorité de contrôle de l’étude d’impact. En effet, l’étude d’impact est
un élément de la procédure d’autorisation. Un recours éventuel contre l’autorisation soulèvera
souvent l’insuffisance de l’étude d’impact. Encore faut-il que le juge soit saisi. Il est alors conseillé
de faire appel à un juriste spécialisé en droit de l’environnement, de demander conseil à une
association agréée pour la protection de l’environnement. Il s’agira alors de saisir le juge
administratif d’une requête en annulation contre l’autorisation ou décision d’approbation du projet,
pour défaut ou insuffisance de l’étude d’impact, et, de saisir le juge des référés d’une demande de
suspension de l’acte litigieux.
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- pour les projets soumis à enquête publique: l’étude d’impact doit être obligatoirement insérée
dans le document d’enquête publique, consultable par toute personne intéressée pendant l’enquête
publique, et communicable aux associations agréés dès l’arrêté annonçant l’enquête publique, soit
15 jours avant le début de l’enquête.
- pour les projets soumis à étude d’impact ou à certaines notices d’impact, non concernés par une
enquête publique ou autre consultation.
En l’absence d’enquête publique ou de toute procédure équivalente de consultation du public,
avant la décision d’autorisation ou d’approbation du projet, doit être mis à disposition du public
un dossier comprenant au minimum l’étude ou notice d’impact (lorsque le maître d’ouvrage est
l’Etat ou un de ses établissements publics).
Le maître d’ouvrage publie alors un avis mentionnant notamment la durée et le lieu de la
consultation ; il doit être obligatoirement publié par voie d’affichage et dans le cas d’un projet
soumis à étude d’impact, publié dans deux journaux (départementaux ou nationaux selon
l’importance du projet).
L’étude d’impact est consultable après la décision d’approbation, d’autorisation ou non pour tout
projet concerné. Il devient consultable au titre de document administratif.
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Identification et Définition du Projet ou
Activité: Tri préliminaire: Le processus de sélection
Bien que cette étape puisse paraître détermine si un projet particulier justifie la
relativement simple, définir un “projet” préparation d’une EIE. Le seuil des
pour les besoins d’une EIE peut devenir exigences pour une EIE varie d’un pays à
complexe et même controversé lorsqu’il l’autre - certaines lois fournissent une liste
s’agit d’un grand projet d’exploitation des types d’activités ou de projets qui
minière, comprenant plusieurs phases, nécessitent une EIE, d’autres requièrent
ou impliquant plusieurs sites. L’objectif une EIE pour tout projet qui peut avoir un
de cette étape consiste à définir le projet impact significatif sur l’environnement ou
avec suffisamment de spécificité pour pour des projets qui dépassent une certaine
déterminer avec précision la zone des valeur monétaire. Dans certains cas,
impacts possibles et pour inclure des particulièrement si les impacts possibles
activités qui sont étroitement liées à la d’un projet ne sont pas connus, une
proposition de projet de sorte que la évaluation environnementale préliminaire
totalité des impacts environnementaux sera préparée pour déterminer si le projet
soit évaluée justifie une EIE.
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Ce chapitre vise à préciser les caractéristiques fondamentales d’une étude d'impact social en
corrélation étroite avec les impacts des éléments biophysiques identifiés dans l’étude d’impact
environnemental.
L'intégration des objectifs de croissance économique, de développement social et de la préservation
de l’environnement, et la prise en compte des préoccupations du public au début de la procédure,
sont présentées comme des objectifs à atteindre, afin d'assurer une meilleure planification du
développement, une meilleure insertion sociale des investissements, et sont basées sur le volontariat
et la responsabilisation des initiateurs.
Une étude d’impact social est un instrument de planification de développement durable, ayant
comme objectif de préserver les milieux socioéconomiques des « zones d’influence » des projets en
identifiant des mesures d’atténuation des impacts négatifs et d’optimisation des impacts positifs.
La composante sociale, objet de l’étude comprend principalement : les modes et moyens
d’existences de la population ou l’économie, les éléments sociaux tels que l’éducation, la santé, les
cultures, les traditions, les US et coutumes.
Une étude d’impact social d’un projet est justifiée par les principaux éléments suivants :
Une garantie de l’insertion sociale du projet dans ses zones d’influence ;
Un instrument préventif de la préservation de la dégradation du milieu socioéconomique
des zones d’implantation et des zones d’influences d’un projet ou programme ;
Un outil de mise en œuvre de la politique de développement durable ;
L’étude d’impact social d’un projet est soumise aux mêmes dispositions législatives et
réglementaires que celles d’une étude d’impact environnemental assortie des textes supplémentaires
notamment en matière des dispositions sur les expropriations pour causes d’utilité publique, les
textes sur le foncier en matière du domaine privé national, sur le domaine public, sur le bail
emphytéotique.
1- Définition
L’étude des impacts sociaux (EIS) est un processus permettant de comprendre et de répondre aux
problèmes sociaux associés à un projet. L’EIS se concentre sur la manière d’identifier, d’éviter,
d’atténuer et d’accentuer les conséquences pour les communautés et est le plus efficace lorsqu’il est
réalisé en tant que processus itératif au cours du cycle de vie du projet plutôt que lorsqu’il s’agit
d’une activité ponctuelle réalisée à la fin des travaux). Conçu à l’origine comme outil de prévision
des impacts des projets proposés avant leur exploitation, l’EIS est désormais considérée comme
incluant les systèmes et stratégies entreprises au cours des phases de mise en oeuvre d’une
exploitation (y compris de l’exploration) afin de contrôler, de rapporter, d’évaluer, de réviser et de
répondre de manière proactive au changement.
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L’Etude d’Impact social (EIS) est une composante de l’étude d’impact environnemental qui
consiste en l’analyse préalable des impacts potentiels prévisibles d’une activité donnée sur le milieu
socioéconomique de sa zone d’influence ou zone d’étude.
Un impact social est quelque chose qui est vécu ou ressenti (réel ou perçu) par un individu, un
groupe social ou une unité économique. Les impacts sociaux sont l’effet d’une action (ou d’un
manque d’action) et peuvent être positifs ou négatifs.
Le Plan de Gestion Social du Projet (PGSP) constitue le cahier de charges sociale dudit Projet et
consiste en un programme de mise en ouvre et de suivi des mesures envisagées par l’EIS pour
supprimer, réduire et éventuellement compenser les conséquences dommageables du projet sur le
milieu socioéconomique.
Les impacts sociaux se distinguent des processus de changement social, partiellement parce que
différents groupes sociaux peuvent vivre le changement social différemment en fonction des
circonstances.
L’étude des impacts sociaux permettent de : identifier les problèmes clés de la perspective des
entités potentiellement affectées par les projets ; prévoir et anticiper le changement ; et ancrent ces
compréhensions dans les systèmes et stratégies en cours afin de répondre de manière proactive aux
conséquences de l’exploitation.
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Un outil de mise en oeuvre de la politique de développement durable ;
Un processus imposé par des lois et réglementations sociales et environnementales.
L’étude d’impact social d’un projet est soumise aux mêmes dispositions législatives et
réglementaires que celles d’une étude d’impact environnemental assortie des textes supplémentaires
notamment en matière des dispositions sur les expropriations pour causes d’utilité publique, les
textes sur le foncier en matière du domaine privé national, sur le domaine public, sur le bail
emphytéotique. Les promoteurs sont invités à se procurer les dispositions législatives et
réglementaires auprès des Ministères sectoriels concernés par les thèmes étudiés, du Ministère de
Tutelle de leur investissement et auprès du Ministère de l’environnement en ce qui concerne les
dispositions environnementales.
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3- Les phases de
l’étude des impacts sociaux
L’étude des impacts sociaux peut être considérée comme plusieurs phases distinctes mais itératives
dans un processus de gestion adaptable.
- Détermination de la portée et formulation des alternatives
La phase de détermination de la portée permet de fixer les paramètres des phases d’étude et de
gestion suivantes en déterminant l’échelle, le moment et l’accent de l’étude, déterminant qui est
susceptible d’être affecté et identifiant les actions susceptibles de résulter sur des impacts. La
détermination de la portée commencera en définissant l’objet de l’étude et en identifiant les
matériaux de référence pouvant influencer l’évaluation. Des options alternatives devraient être
formulées pour analyse subséquente et évaluation initiale des impacts de ces alternatives
entreprises. Le résultat de la phase de détermination de la portée pourrait être la définition de
l’objectif, sa portée, l’échelle, les problèmes prioritaires et les termes de référence pour les phases
d’évaluation et de gestion qui suivront.
- Études du profil et de référence
Le profilage social consiste à comprendre les communautés et les parties prenantes susceptibles
d’être affectées par l’activité au moyen d’une étude sociale et économique. Le profilage implique
l’analyse des caractéristiques sociales et économiques d’une région à un moment donné. Les études
de référence consistent en une évaluation de l’état d’une communauté ou d’un groupe social avant
qu’une activité ne se déroule. Les études de référence permettent de disposer d’une référence par
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rapport à laquelle les impacts peuvent être anticipés et les changements mesurés. Après révision
des informations secondaires, et l’identification des lacunes en termes de connaissances, un
programme de collecte des données primaires est développé.
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4- Démarche pour l’élaboration d’une EIS
La démarche d’une étude d’impact social d’un projet pourrait être schématisée de la manière
suivante:
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Les études du milieu humain se font généralement par des équipes multidisciplinaires
comportant des historiens, des géographes, des socio-économistes, des anthropologues, des
sociologues. Dans les régions, on peut trouver une grande majorité de l’information de bases dans
des études sectorielles ou générales ou des monographies régionales, les documents référentiels de
développement, en l’occurrence le Plan communal de développement, le Plan Régional de
développement
Une étude complète et précise, il faut inventorier, décrire, analyser et cartographier (le cas échéant)
les grandes composantes du milieu humain et en particulier :
- Contexte Historique
• Histoire de la région
- Anthropologie
• Cadre politique et administratif régional et son changement prévisible en fonction des politiques
en évolution.
• Personnes ressources et acteurs clefs, leur dynamique au niveau des villages de la zone d’étude.
(Personnalités, associations, professionnelles, ONG, etc.)
- Population et démographie
- Organisation traditionnelle
• Utilisation, gestion et contrôle du sol, des eaux, des ressources forestières par les villageois ;
Utilisation actuelle et perspective future de l’évolution de l’utilisation du sol, des ressources en eau
et du territoire. Par exemple les zonages à but touristique ou agricole, les zones de pâturage
ancestral, les zones de rituelles, etc.
Alimentation en eau, disponibilité des ressources en eaux en fonction des autres utilisateurs
existants
• Secteur informel ;
• Infrastructures et opérateurs ;
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• Politique de développement régional incluant le processus de délimitation des réserves foncières
- Paysage
- Ambiance sonore
Les échanges organisés avec le public avant le dépôt de l’étude d’impact, devraient comporter des
discussions sur les résultats de ces échanges et refléter la prise en compte de certaines
préoccupations et propositions exprimées, en plus de la description du processus d’échange retenu.
Les résultats de l’étude socio-économique peuvent également faire ressortir de façon indirecte
certaines préoccupations ou craintes de la population. Ces dernières doivent être décrites dans cette
section. La description du milieu humain sera finalisée par une synthèse des éléments pertinents,
en faisant ressortir les relations entre les diverses composantes ainsi qu’avec les éléments du milieu
naturel. L’étude présentera une carte d’occupation actuelle du sol sur laquelle seront également
représentés les principaux éléments du projet proposé.
L’analyse des éléments du projet, combinés avec les composantes socioéconomiques pertinentes
initiales de la zone d’étude, permet d’identifier les impacts sociaux du projet. Par ailleurs,
l’information et la consultation du public revêtent une importance particulière pour compléter la
démarche méthodologique mentionnée précédemment. Une liste détaillée non exhaustive des
impacts socioéconomiques est donnée en annexe pour faciliter le travail des promoteurs des
projets. Néanmoins, il faudrait accorder une attention particulière aux éléments suivants :
Changement de structure;
Déplacement involontaire;
Immigration/SIDA;
Intégration du Genre;
- Arrangements institutionnels/communautaires
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 29
Emergence de diverses attitudes envers le projet,
- Communautés en transition
Cette étape porte sur l’évaluation des impacts afin de déterminer si les changements prédits sont
suffisamment significatifs pour justifier l’application des mesures d’atténuation, de surveillance et
de suivi des impacts. L’évaluation se réalise en prenant en compte des critères les plus objectifs
possibles qui conduiront à déterminer l’importance des impacts.
Comme l’évaluation repose en partie sur un jugement de valeur, il est recommandé que les critères
d’évaluation des impacts soient déterminés en prenant en compte l’opinion des parties concernées
dans le cadre du processus d’information et de consultation publique.
- L’étendue de l'impact (dimension spatial tel le pourcentage des ménages, des groupes sociaux
affectés) ;
Après avoir utilisé la technique d’évaluation et analysé les résultats, il s’agit ensuite de dresser la liste
des impacts et de les classer. La classification des impacts pourra ainsi s’attacher à distinguer :
- Impacts cumulatifs.
Le promoteur est invité à expliciter la méthodologie d’analyse des impacts qu’il adopte pour son
évaluation.
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 32
Les responsables, les mécanismes et la fréquence d’exécution et de diffusion des résultats du
programme de suivi socioéconomique.
1- Définition
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 33
un pays comme l’Italie de son patrimoine culturel bâti ou encore sur l’impact espéré d’un projet de
regroupement d’activités culturelles pour une certaine zone.
Une étude d’impact économique établit une relation de cause à effet(s) et consiste en l’estimation
complète des bénéfices nets – pour une période et une zone environnante définies – directement
attribuables à une activité.
Dans le cas d’une activité culturelle, l’objet d’étude peut être un équipement tel qu’un musée, un
monument, une salle de spectacle, une bibliothèque, un site historique ou archéologique, ou un
événement tel qu’un festival, une exposition temporaire, un spectacle de rue, ou un ensemble
d’équipements, une série d’événements ou encore un secteur culturel entier. La zone d’étude, liée
à une population, peut être une ville, une agglomération, un canton, un département, une région,
un pays voire un ensemble de pays.
Une évaluation pondérée de l’impact économique tient enfin compte des coûts directement
attribuables à l’actif culturel. En plus des coûts en capital et d’exploitation habituellement pris en
compte, celui-ci peut par exemple produire des coûts environnementaux, d’encombrement, de
sécurité et d’hygiène publiques, etc. Dans son analyse des différents coûts locaux attribuables à
deux événements organisés à Blackburn en Angleterre avec le Darwen Borough Council, Wood
distingue ainsi explicitement les coûts associés à la foule, au trafic et aux bouchons, au
stationnement, au vandalisme et à la sécurité des rues, aux ordures, etc.
Cet état de fait n’est pas sans lien avec le fait que les acteurs culturels mentionnés plus haut,
lorsqu’ils invoquent les résultats d’analyses d’impact pour motiver une demande d’aide publique,
ont rarement à l’esprit le caractère multiple de l’impact en question. Autant l’impact de dépenses
est plutôt connu et apprécié voire les effets de plus long terme, autant les effets produits en matière
de consommation, en particulier sur celle des non-usagers, intéressent peu ou sont inconnus. Et il
n’est pas abusif d’affirmer qu’il en de même pour les coûts divers qui peuvent être directement
attribués à l’activité examinée.
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 34
a- Trois motifs économiques différents
A la suite de la décomposition qui vient d’être faite, quels éléments constituants peuvent être
distingués pour appuyer une demande de soutien public ?
L’impact de consommation des non-usagers mesure la valeur agrégée des bénéfices nets en termes
d’utilité que peuvent retirer des individus qui, bien que ne visitant pas par exemple sur la période
d’analyse choisie le monument historique examiné, valorisent l’option de le faire ultérieurement,
valorisent sa simple existence. Cette valeur d’existence peut par exemple s’attacher... ou le
valorisent non pas pour eux-mêmes mais pour les générations futures. Par définition, ces bénéfices,
mesurés par le consentement à payer. La mesure alternative est le consentement à
accepter... agrégé, ne sont pas exprimés sur le marché et correspondent, s’ils sont positifs, à une
demande hors marché pour l’activité en question. Leur caractère implicite et externe au marché est
supposé correspondre à l’existence d’effets externes positifs, c’est-à-dire à une défaillance de
marché, dans le cadre de l’économie du bien-être.
L’estimation d’un impact de consommation des non-usagers positif, en informant sur l’existence
d’une demande hors marché due à des bénéfices externes, peut ainsi fournir un argument au soutien
public, dans la perspective d’un objectif d’allocation visant à remédier à une défaillance de marché
impliquant un volume de prestation culturelle inefficient car inférieur au niveau collectivement
optimal. Dans le cas le plus simple, ce remède peut être par exemple une subvention publique à la
Pigou versée au prestataire culturel qui n’est pas pleinement compensé pour les bénéfices qu’il crée.
Comme le rappelle Throsby pour ce type d’impact, le modèle sur lequel repose l’argument est le
« modèle économique standard » ou « néoclassique » fondé sur un certain nombre d’hypothèses. Il
suppose notamment une économie composée de preneurs de décision rationnels dont les
préférences ne sont pas uniquement définies sur l’ensemble des biens qu’ils pourraient eux-mêmes
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 35
décider de consommer. Ces agents économiques maximisent leur utilité sous contraintes connues,
une distinction étant faite entre les biens dont les droits de propriété sont bien définis et existent
et ceux générateurs d’effets externes dont les droits de propriété sont mal définis ou inexistants.
Pour en tirer un argument initial valide au soutien public, il faut en outre supposer que toute valeur
de non-usage positive ne conduit pas automatiquement à un paiement volontaire de la part du non-
usager pour empêcher la sous-prestation culturelle. Throsby et Withers [1979, chap. 10] remarquent
en effet qu’un tel paiement n’est pas impossible en rappelant l’existence de financements réguliers
apportés par divers acteurs économiques privés mécènes dans le domaine culturel. Une autre
hypothèse concerne spécifiquement la valeur de legs qui peut être exprimée par des membres
degénérations présentes tirant une utilité de veiller aux intérêts de leurs descendants. L’argument
qui peut être invoqué au motif de cette valeur ignore la possibilité que les générations futures, qui
par définition n’ont pas voix au chapitre, désapprouvent les choix qui ainsi sont ou pourraient être
faits en matière de préservation culturelle.
Ce rappel suffit à déduire que l’estimation d’un impact de dépenses peut informer de l’existence
d’un levier local d’activité additionnelle et fournir ainsi un fondement macroéconomique potentiel
au soutien public. Le motif peut être formulé comme suit : le soutien public de l’activité culturelle
constitue un levier optimal permettant d’attirer et/ou d’augmenter la demande exogène ou
autonome de visiteurs culturels en biens, services etfacteurs de production locaux entraînant un
processus multiplicateur positif produisant au total une activité économique locale additionnelle
qui n’aurait pas existé sinon.
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 36
« bénéfices externes ». L’activité additionnelle créée ne répond pas en effet à une telle défaillance
mais est plutôt un « succès de marché ». L’effet multiplicateur accroît la demande dans d’autres
secteurs d’activité et fonctionne par l’intermédiaire du système de prix de marché. Aucune mauvaise
allocation des ressources n’est créée, ni aucun effet externe réel ; seuls apparaissent ici des effets
externes pécuniaires positifs.
Le motif repose lui aussi sur un modèle économique qui, dans sa version la plus simple et pour un
territoire relativement petit, est fondé sur plusieurs hypothèses, notamment la constance des prix à
la production et des facteurs de production, le caractère non pleinement employé des ressources
en facteurs de production (capacités de production inemployées ou excédentaires) et le caractère
exogène de la hausse de la demande (dépenses autonomes). Ces hypothèses ne peuvent être
ignorées puisque l’ampleur estimée de l’impact de dépenses, et donc la force du motif, en dépendant
directement.
Ainsi, les coûts de remplacement décrits plus haut entrent précisément en contradiction avec
l’hypothèse de ressources non pleinement employées : si par exemple tous les visiteurs attirés par
la tenue d’une exposition temporaire se substituent à des visiteurs qui sinon seraient venus dans la
région mais ne l’ont pas fait parce qu’ils n’ont pas trouvé d’hébergement, aucune activité
additionnelle n’est créée.
L’impact de long terme d’un actif culturel peut lui aussi fournir un argument économique initial à
une demande de soutien public, pourvu qu’il soit caractérisé par l’existence d’une défaillance de
marché.
Nous avons vu que l’impact sur la croissance économique de long terme du territoire environnant
retenu a deux déterminants possibles : (a) les effets de localisation de personnes ou de firmes, ces
dernières pouvant notamment considérer l’actif comme un moyen d’attirer des travailleurs aux
qualifications particulières, et (b) les effets d’apprentissage et d’expérience liés à la consommation
ou à l’usage (valeurs éducationnelle et de créativité).
Ce second type d’effets découle plus précisément du lien de causalité potentiel suivant : l’actif
culturel encourage la créativité des individus, cette créativité promeut leur capacité d’innovation, ce
qui vient stimuler la croissance économique. Plusieurs propositions ont été faites dans la littérature
pour fonder ce lien causal. Elles peuvent être résumées ainsi : l’« exposition » culturelle encourage
sur longue période la créativité et influe sur le capital humain. Ainsi, l’« art » peut rendre plus
productif ; les activités culturelles peuvent stimuler la « créativité des entreprises » et produire des
compétences ou des qualifications au bénéfice de tous les secteurs économiques ; ces activités
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 37
peuvent agir sur « la formation de l’identité, de la personnalité, des « attitudes », de la motivation
au travail, de la créativité », fournir une « inspiration pour des processus créatifs », déclencher « des
actions dirigées vers le changement et l’innovation » et ainsi « conduire indirectement à plus de
développement industriel innovateur à travers la créativité dans le secteur des arts s’étendant aux
autres activités économiques » ; l’éducation artistique peut encourager le développement de la
créativité des individus; enfin, la consommation de « contenus culturels » peut avoir « la faculté
d’augmenter le capital humain du consommateur » par ailleurs travailleur.
Liés à la valeur d’usage et de non-usage de l’activité culturelle considérée, les effets de localisation
et les effets d’apprentissage et d’expérience peuvent correspondre à des effets externes positifs qui
ne sont pas saisis par le marché et son système de prix et pour lesquels le ou les prestataires culturels
ne sont pas pleinement compensés financièrement au regard du caractère attractif et stimulant de
leurs services. L’existence d’une défaillance de marché vient alors fournir un argument pour
appuyer une demande d’aide publique. Il repose sur les mêmes hypothèses et modèle que
l’argument lié à l’impact de consommation des non-usagers et doit ainsi correspondre lui aussi à
des bénéfices externes nets tenant compte notamment d’éventuels coûts externes de l’activité
culturelle et du coût d’opportunité de cette aide. [6][6] Frey [2003] rappelle, en reconnaissant une
part de...
Nous venons de dégager de la décomposition de l’impact économique d’une activité culturelle les
éléments dont l’estimation connue peut fournir trois moyens différents d’appuyer
économiquement une demande de soutien public de cette activité. Ces éléments étant basés sur des
résultats d’estimation, il importe maintenant de s’intéresser aux méthodes qui permettent d’estimer
les trois types d’impact. C’est l’objet de la section suivante.
e- Principes d’estimation
L’étape suivante consiste à fournir les éléments permettant d’avoir idée du caractère plus ou moins
solide de résultats d’estimation d’impact qui peuvent être utilisés pour appuyer une demande de
soutien public. Si toute méthode d’estimation comporte des biais, permet de dégager des résultats
dépendants des hypothèses posées et pour lesquels le risque d’inexactitude ou de biais global est
plus ou moins fort, il s’agit ici d’aider à percevoir ce risque et la manière dont il influe selon tel ou
tel choix de méthode. Outre une présentation nécessairement condensée des méthodes
d’estimation existantes. Notons que ces méthodes ne sont pas seulement appliquées... l’objectif est
de rappeler les biais d’estimation principaux tout en précisant, lorsque cela est possible a priori,
dans quel sens ils jouent.
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 38
Nous traiterons d’abord brièvement de l’estimation de l’impact de long terme en raison du peu de
littérature sur le sujet en économie culturelle relativement à celle sur les impacts de non-usage et de
dépenses (sections 4.2 et 4.3, respectivement).
Comme le rappelle Madden au sujet des effets d’apprentissage et d’expérience d’une activité
culturelle venant stimuler la créativité de sa population, « il n’est pas seulement suffisant d’établir
les liens entre […]créativité et croissance économique […] ; il est aussi nécessaire de démontrer
qu’il existe un certain « sous-investissement » systématique en créativité qui justifie l’intervention
publique », c’est-à-dire qu’il existe une défaillance de marché conduisant à ce sous-investissement.
Or, à notre connaissance, il n’existe pas d’évaluation empirique renforçant la présomption de
l’existence d’une défaillance de marché de type « bénéfices externes nets », et il en est de même
pour les effets de localisation.
Ces derniers ont été jusque-là relativement peu étudiés théoriquement et empiriquement. Les
études disponibles sur les facteurs de localisation (enquêtes principalement) confortent plutôt
l’intuition qu’en moyenne l’existence d’activités culturelles sur un territoire spécifique ne sont
vraisemblablement pas sur longue période les facteurs les plus importants de localisation des
personnes ou des firmes.
Quant aux effets d’apprentissage et d’expérience, les propositions diverses indiquées plus haut
visant à les fonder, pour intéressantes qu’elles soient et sans nier leur importance potentielle, sont
toutefois assez vagues et ne reposent pas sur une formalisation explicite et/ou une analyse
empirique développée (d’où le même manque). A notre connaissance, seuls des exemples de nature
anecdotique ont été proposés dans la littérature économique et davantage de travaux de recherche
théorique et empirique seraient sans doute bienvenus sur cette question. Plusieurs économistes ont
bien noté néanmoins la difficulté intrinsèque à identifier, décrire, vérifier et mesurer de tels effets
de report « éducationnel et de créativité » agissant sur longue période.
L’impact de consommation des non-usagers d’un équipement ou d’un événement culturel est
apprécié à partir d’une technique fondée sur des préférences exprimées plutôt que révélées pour
un bien économique offert dans le cadre d’un marché conjectural. Ces deux conditions particulières
sont à la source de différents biais d’estimation pour lesquels la recherche théorique et empirique
a proposé et continue de proposer des moyens de corriger ou du moins d’amoindrir leurs effets.
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 39
L’estimation de la valeur de consommation des non-usagers d’une activité culturelle cherche à
mesurer leurs consentements à payer pour ce bien économique, consentements dont l’agrégation
peut permettre de dégager une demande hors marché reposant sur la présence supposée de
bénéfices externes. Elle rencontre deux difficultés liminaires cumulatives : d’abord, la non-
connaissance des préférences des agents économiques ; ensuite, le non-usage du bien examiné,
excluant ainsi la possibilité de recourir à des méthodes d’évaluation fondées sur les préférences
révélées telles que la méthode par la fixation de prix hédoniques (de marchés fonciers, immobiliers
et du travail pouvant dépendre, toutes choses égales par ailleurs, de la proximité appréciée de
services culturels) ou la méthode par les coûts de déplacement (pour accéder à ces mêmes services,
en termes pécuniaires et d’opportunité du temps). Une approximation correcte du consentement à
payer agrégé de non-usage nécessite ainsi de disposer d’une mesure déclarée ou exprimée, plutôt
que révélée, des préférences des non-usagers, à partir d’un bien proposé sur un marché
hypothétique. La méthode d’évaluation contingente offre la possibilité de surmonter
potentiellement ces deux difficultés initiales, pour la mesure de valeurs de non-usage ou d’usage
passif définies par Carson et al. comme ces « portions de valeur totale […] qui ne peuvent pas être
obtenues en utilisant des techniques de mesure indirecte qui dépendent des comportements de
marché observés ».
La méthode repose sur une enquête auprès d’un échantillon d’une population dont les individus
sont, parmi d’autres questions, interrogés sur leur consentement à payer pour un changement
quantitatif ou qualificatif supposé spécifié du bien dans le cadre scénarisé d’un marché hypothétique
ou contingent.
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 40
Une structure d’enquête standard respecte sept étapes consécutives : (a) une partie introductive
identifiant celui qui a commandé l’étude, le thème général ainsi que le contexte général contingent
dans lequel les personnes interrogées auront à « prendre une décision » ; (b) un ensemble de
questions sur la connaissance préalable du bien à évaluer par les répondants et leurs attitudes vis-
à-vis de celui-ci, avant une description détaillée de ce bien ; (c) la présentation d’un scénario
hypothétique d’évaluation contingente (marché modélisé détaillé) incluant ce que le « projet » est
destiné à accomplir, comment il sera mis en œuvre (contexte institutionnel) et payé (mode de
paiement plausible impliquant directement les répondants), et ce qu’il arrivera en statu quo, si le
projet n’est pas mis en œuvre (mécanisme dit d’exclusion) ; (d) une ou des questions demandant
explicitement, et dans un format d’extraction particulier. Au moins six formats ont été utilisés dans
la littérature :..., l’information sur le consentement à payer des répondants pour le bien ; (e) un
ensemble de questions de débriefing pour aider à s’assurer que les répondants ont bien compris le
scénario, pour déterminer pourquoi ils ont répondu à certaines questions de telle ou telle manière
et apprécier dans quelle mesure ils considèrent leurs réponses comme exactes ; et (f) un ensemble
de questions sur les caractéristiques sociodémographiques des répondants, utilisables pour
notamment disposer de statistiques descriptives et estimer différents modèles économétriques.
La structure d’enquête peut en outre être enrichie de quelques questions directes posées avant ou
après l’étape (d) sur la valorisation par les personnes interrogées de l’activité culturelle considérée
au regard des critères d’option, d’existence et de legs. Face à des consentements à payer déclarés
positifs suggérant la présence de valeurs d’option, d’existence et/ou de legs pour les répondants
non usagers rappelle que la méthode d’évaluation..., les réponses recueillies peuvent ainsi conforter
l’hypothèse de l’existence de bénéfices externes constituants d’une demande hors marché .
L’ampleur des dépenses des visiteurs directement attribuables à l’activité culturelle est d’abord
estimée par enquête pour une région spécifique et une période donnée. Ces dépenses peuvent se
répartir dans cinq types d’établissements : billetterie, restauration, transport, hébergement,
commerce de détail et autres dépenses. La manière dont les données sont recueillies auprès des
visiteurs (mais aussi, de manière utilement complémentaire, auprès de ces établissements) pouvant
influer substantiellement sur l’estimation, la littérature est riche d’analyses sur la structure et le
Support de cours d’étude d’impact des projets à l’usage des étudiants Master Page 41
contenu précis des questionnaires d’enquête, sur la manière dont les données doivent être collectées
exactement, sur le nombre de personnes à interroger et sur les méthodes d’échantillonnage.
Au-delà des questions purement statistiques portant sur les procédures d’enquête et
d’échantillonnage, plusieurs questions posées aux personnes interrogées visent à éviter différentes
erreurs de mesure de l’injection. Parmicelles-ci se trouvent notamment l’erreur de substitution ou
de détournement de dépenses (ne pas exclure des dépenses totales collectées les dépenses des
résidents) et l’erreur sur les dépenses non locales annexes (attribuer toutes les dépenses non locales
à l’existence de l’actif culturel, sans distinguer celles directement attribuables à ce dernier des
autres). Une autre source de biais cause de surestimation est l’erreur sur les dépenses non locales
nettes qui consiste à inclure les dépenses des « changeurs de calendrier » et des « visiteurs
occasionnels ». Les premiers sont, dans le cas d’un festival par exemple, les visiteurs extérieurs qui
avaient prévu de visiter la région où ce dernier a lieu et ont modifié leur calendrier de manière à
faire coïncider leurs dates de visite avec celles du festival. Les seconds sont déjà présents sur place,
attirés par d’autres caractéristiques locales, et ont choisi d’assister au festival plutôt que de faire
autre chose. Avec des dépenses qui ont lieu à un autre moment dans l’année dans le premier cas et
sous l’hypothèse raisonnable de dépenses de billetterie considérées comme substitutives dans le
second, les dépenses de ces deux types de visiteurs doivent logiquement être exclues.
Une fois appréciée l’injection initiale, l’étape suivante consiste habituellement à estimer trois
catégories d’impact de dépenses – direct, indirect et induit – sur les ventes des firmes, les revenus
individuels et les emplois L’estimation peut aussi porter sur la valeur ajoutée...(voir références
citées plus haut). Dans le cadre d’un processus multiplicateur standard, le premier type correspond
à la hausse des recettes des établissements issues de l’injection, firmes qui, en retour, achètent,
localement ou pas, des biens et services. L’impact indirect découle de la diffusion progressive dans
toute la région et par tours successifs de ce premier tour de dépenses, avec fuites à chaque tour.
L’impact induit correspond aux dépenses des bénéficiaires des dépenses directes et indirectes que
sont localement les propriétaires d’établissement, les fournisseurs et les salariés. L’impact total
agrège les trois types d’impact et peut être mesuré par un coefficient multiplicateur de type III
décomposant les effets directs, indirects et induits produits par un euro supplémentaire de dépenses
externes. Ce coefficient est le rapport (effets directs + effets....
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