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QUANTIFICATION DES ÉMISSIONS INDIRECTES DE GAZ À EFFET DE SERRE

DANS LE SECTEUR INDUSTRIEL DES PÂTES ET PAPIERS

Par
Camille Mooney

Essai présenté au Centre universitaire de formation


en environnement et développement durable en vue
de l’obtention du grade de maîtrise en environnement (M. Env.)

Sous la direction de François Lafortune

MAÎTRISE EN ENVIRONNEMENT
UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE

Juin 2022
SOMMAIRE
Mots-clés : changements climatiques, gaz à effet de serre, émissions indirectes de GES, industrie, pâtes
et papiers, quantification, Québec, ISO 14064-1, scope 3

La crise climatique actuelle est une menace pour les humains, mais aussi pour la biodiversité et les
écosystèmes. Les émissions de gaz à effet de serre provenant des activités humaines sont la cause
principale du réchauffement vécu partout à travers le monde. Ainsi, une réduction des émissions de
gaz à effet de serre à l’échelle planétaire est essentielle afin de changer la trajectoire actuelle du
réchauffement planétaire. Afin de s’aider à poser des objectifs de réduction des gaz à effet de serre
qui sont spécifiques et mesurables, les organisations peuvent réaliser un portrait de leurs émissions
pour une période donnée. Celles-ci quantifient généralement leurs émissions directes, soient celles
qui sont sous leur contrôle immédiat. Quant à elles, les émissions indirectes de gaz à effet de serre,
soient celles qui ne sont pas sous le contrôle direct de l’organisation, mais qui découle des activités de
celle-ci, sont rarement incluses dans les inventaires. Toutefois, elles représentent généralement la plus
grande proportion des émissions totales associées à une organisation. L’objectif principal de cet essai
était donc de quantifier les émissions indirectes significatives de gaz à effet de serre d’une usine
québécoise du secteur industriel des pâtes et papiers, un milieu reconnu pour ses fortes émissions :
l’usine LaSalle de Kruger, fabriquant des boites de carton. Pour ce faire, une méthodologie inspirée
principalement des normes ISO 14064-1:2018 et ISO 14069:2013 a été employée.

Le manque de considération des émissions indirectes s’explique, entre autres, par les freins auxquels
font face les organisations dans leur processus de quantification. La difficulté à récolter des données
de qualité, l’impression de ne pas avoir de contrôle sur les émissions indirectes et le manque de
ressources au sein des organisations sont quelques-uns des freins identifiés dans ce travail. Ainsi,
l’objectif secondaire de l’essai était d’élaborer une méthode permettant de déterminer la
significativité des différents postes d’émissions indirectes de gaz à effet de serre afin de mitiger le
manque de ressources dans les entreprises tout en tenant compte des préoccupations des parties
prenantes et de l’accessibilité limitée aux données primaires. Pour ce faire, une matrice de
détermination de la significativité des postes d’émissions a été conçue et appliquée au contexte de
l’usine à l’étude. Cet outil a été conçu pour pouvoir être adapté à d’autres organisations au besoin.

Cet essai a permis de révéler, par le biais de l’inventaire réalisé, que les émissions indirectes de GES
représentent la grande majorité des émissions totales associées aux activités de l’usine à l’étude,
principalement à partir de la production des produits et services utilisés à l’usine, ainsi que de la fin de
vie des produits vendus. Il s’agit des sources d’émissions parmi les plus significatives pour l’usine.
i
REMERCIEMENTS
J’aimerais tout d’abord remercier mon directeur, François Lafortune, qui a su m’encadrer, partager
avec moi sa grande expertise et me guider tout au long de la rédaction de l’essai. La disponibilité dont
il a fait preuve à mon égard et la grande liberté offerte pour l’élaboration de ce projet m’ont permis
de me dépasser. Malgré la distance, nous avons pu partager des discussions passionnantes qui m’ont
amené à pousser ma réflexion sur la problématique encore plus loin.

De plus, ce projet n’aurait pas pu être possible sans la contribution précieuse de Chrystal Healy,
anciennement directrice corporative en environnement chez Kruger, ainsi que celle d’Alexandra
Caldas, ingénieure en santé, sécurité et environnement pour l’usine LaSalle de Kruger. Elles ont pris le
temps de répondre à mes questions en lien avec l’usine étudiée et leur implication a fait toute la
différence dans la collecte des données primaires pour le projet.

J’exprime aussi toute ma gratitude à mes parents, Nathalie et Nelson, qui m’ont toujours encouragé
dans mon désir de poursuivre mes études, et ce même lorsque j’avais moi-même des doutes. Par
ailleurs, un merci spécial à ma mère, qui a lu et relu mon essai afin de m’offrir ses judicieux conseils de
rédaction.

Enfin, je tiens aussi à remercier tous mes proches et amis qui m’ont écouté, ont lu des extraits de cet
essai quand j’avais des hésitations et m’ont offert le support dont j’avais besoin. Merci à Antoine,
William, Danik, Mélanie et tous les autres. Vous m’êtes chers.

En espérant que la lecture de cet essai stimulera votre intérêt à agir dans la lutte contre les
changements climatiques, et ce, malgré les embuches qui se dressent sur le chemin.

ii
TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION ....................................................................................................................................... 1

1. MISE EN CONTEXTE DE LA PROBLÉMATIQUE ...................................................................................... 4

1.1 Changements climatiques et émissions anthropiques de GES ..................................................... 4

1.2 Principaux gaz à effet de serre ...................................................................................................... 7

1.3 Classification des types d’émissions de GES ................................................................................. 8

1.4 Portrait des émissions de GES liées au secteur industriel ........................................................... 11

1.5 Émissions de GES dans le secteur industriel des pâtes et papiers .............................................. 12

1.6 Quantification des émissions indirectes dans le secteur des pâtes et papiers au Québec......... 14

1.7 Objectif principal du projet ......................................................................................................... 15

2. ENJEUX DE LA QUANTIFICATION DES ÉMISSIONS INDIRECTES DE GES DANS LES ENTREPRISES ...... 16

2.1 Difficulté à récolter des données de qualité pour l’inventaire ................................................... 17

2.2 Impression de ne pas avoir de contrôle sur les émissions indirectes ......................................... 18

2.3 Double comptage des émissions et responsabilité des entreprises ........................................... 19

2.4 Absence d’obligations légales de considérer les émissions indirectes ....................................... 21

2.5 Manque de ressources au sein des organisations....................................................................... 22

2.6 Difficulté à voir les bénéfices de la quantification des émissions indirectes de GES .................. 23

2.7 Objectif secondaire du projet...................................................................................................... 25

3. PRÉSENTATION DE L’ÉTUDE DE CAS .................................................................................................. 27

3.1 Portrait de Kruger ........................................................................................................................ 27

3.2 Contexte de l’usine LaSalle .......................................................................................................... 29

3.2.1 Intrants et extrants ............................................................................................................... 30

3.2.2 Parties prenantes pertinentes .............................................................................................. 32

4. MÉTHODOLOGIE................................................................................................................................ 34

4.1 Principes de conformité .............................................................................................................. 34

4.1.1 Pertinence ............................................................................................................................ 35

4.1.2 Complétude .......................................................................................................................... 35

iii
4.1.3 Cohérence ............................................................................................................................ 35

4.1.4 Exactitude ............................................................................................................................. 36

4.1.5 Transparence ........................................................................................................................ 36

4.2 Description générale de l’inventaire ........................................................................................... 37

4.2.1 Collecte des données............................................................................................................ 37

4.2.2 Facteurs d’émission .............................................................................................................. 38

4.2.3 Année de référence .............................................................................................................. 38

4.3 Périmètre organisationnel........................................................................................................... 39

4.4 Périmètre opérationnel ............................................................................................................... 39

4.5 Matrice de détermination des postes significatifs d’émission indirectes de GES ....................... 41

4.5.1 Choix des critères d’évaluation de la significativité ............................................................. 41

4.5.2 Pondération des critères et notes accordées aux postes d’émissions ................................. 44

4.5.3 Application de la matrice dans le contexte de l’usine LaSalle de Kruger ............................. 45

5. INVENTAIRE DES ÉMISSIONS DE GES GÉNÉRÉES EN 2020 ................................................................ 47

5.1 Calculs des émissions de GES ...................................................................................................... 47

5.2 Émissions directes de GES ........................................................................................................... 48

5.3 Émissions indirectes de GES liées à l’énergie importée .............................................................. 49

5.4 Autres émissions indirectes de GES ............................................................................................ 50

5.4.1 Autres émissions indirectes liées à l’énergie ........................................................................... 50

5.4.2 Produits et services achetés ..................................................................................................... 50

5.4.3 Immobilisations ........................................................................................................................ 52

5.4.4 Déchets générés par les activités de l’organisation ................................................................. 54

5.4.5 Transport de marchandises et distribution en amont ............................................................. 55

5.4.6 Déplacements professionnels .................................................................................................. 56

5.4.7 Actifs loués en amont ............................................................................................................... 56

5.4.8 Investissements ........................................................................................................................ 57

5.4.9 Déplacement des visiteurs et des clients ................................................................................. 57

5.4.10 Transport des marchandises et distribution en aval .............................................................. 58


iv
5.4.11 Phase d’utilisation des produits vendus................................................................................. 59

5.4.12 Fin de vie des produits vendus ............................................................................................... 60

5.4.13 Franchise en aval .................................................................................................................... 60

5.4.14 Actifs loués en aval ................................................................................................................. 60

5.4.15 Trajet domicile-travail des employés ..................................................................................... 61

5.4.16 Autres émissions indirectes non incluses dans tous les autres postes d’émission ................ 61

6. DISCUSSION ....................................................................................................................................... 62

6.1 Constats portant sur les résultats quantitatifs de l’inventaire de GES ....................................... 62

6.1.1 Répartition des émissions indirectes de GES ....................................................................... 62

6.1.2 Significativité des postes d’émissions indirectes de GES ..................................................... 66

6.1.3 Exemple fictif d’application de la matrice ............................................................................ 67

6.1.4 Potentiel de réduction des émissions indirectes de GES ..................................................... 69

6.2 Constats portant sur la méthodologie employée ....................................................................... 71

6.2.1 Collecte des données primaires et secondaires ................................................................... 72

6.2.2 Utilisation des outils développés dans le cadre du projet ................................................... 73

CONCLUSION ......................................................................................................................................... 75

RÉFÉRENCES .......................................................................................................................................... 78

ANNEXE 1 - LISTE DES POSTES D’ÉMISSIONS DE GES SELON LES NORMES ISO 14069:2013 ET
,ISO 14064-1:2018 ............................................................................................................... 85

ANNEXE 2 - DIAGRAMME DES PROCESSUS INTERNES DE L’USINE LASALLE ......................................... 88

ANNEXE 3 - EXTRAIT DE L’OUTIL DE CALCUL DES ÉMISSIONS INDIRECTES DE GES POUR L’USINE
,LASALLE .............................................................................................................................. 89

v
LISTE DES FIGURES ET DES TABLEAUX

Figure 1.1 Moyenne annuelle observée des anomalies de températures mondiales de


surface, de 1850 à 2016 ……………………………………………………………………………………. 5
Figure 1.2 Répartition des émissions anthropiques du Canada par GES en 2019 ……………….. 7
Figure 1.3 Émissions de GES en amont et en aval d’une organisation ………………………………… 9
Figure 1.4 Classification des postes d’émissions de GES selon les normes ISO 14064-1:2018
et ISO 14069:2013 ………………………………………………………………………….…………………. 10
Figure 1.5 Émissions de GES au Canada par secteur d’activité en 2019 ……………………………… 11
Figure 1.6 Sources d’émissions de GES dans le cycle de vie des produits forestiers de pâtes
et papiers ………………………………………………………………………………………………………….. 12
Figure 1.7 Intensité des émissions de GES directes pour les dix industries les plus
polluantes au Québec (t d’éq. CO2/k$) ………………………………………………………………. 13
Figure 2.1 Gradient de contrôle d’une organisation sur ses émissions indirectes de GES ...… 19
Figure 3.1 Emplacement des usines de Kruger en Amérique du Nord ………………………………… 27
Figure 3.2 Vue aérienne de l’usine LaSalle de Kruger, à Montréal ……………………………………… 30
Figure 4.1 Matrice de détermination de la significativité appliquée dans le contexte de
l’usine LaSalle de Kruger …………………………….……………………………………..………………. 42
Figure 4.2 Exemple d’application de la matrice pour un poste d’émission dans le contexte
de l’usine LaSalle de Kruger ………………………………………………………………………………. 45
Figure 5.1 Répartition des émissions de GES par catégorie d’intrant …………………………………. 51
Figure 5.2 Amortissement linéaire annuel des émissions indirectes de GES liées à la
construction du bâtiment et des équipements de l’usine ………………………………….. 53
Figure 5.3 Distinction entre les postes d’émissions 9 et 12 en lien avec le transport de
marchandises en amont ……………………………………………………………………………………. 55
Figure 5.4 Représentation des différentes catégories de transport en aval ……………………….. 58
Figure 6.1 Répartition générale des émissions totales de GES de l’usine LaSalle de Kruger
en 2020 …………………………………………………………………………………………………………….. 62
Figure 6.2 Répartition des émissions indirectes de GES de l’usine LaSalle en 2020 selon les
postes d’émission de la norme ISO 14069:2013 …….………………………………………….. 64
Figure 6.3 Proportion des émissions indirectes de GES générées par la production du
carton ……………………………………………………………………………………………………………….. 64
Figure 6.4 Répartition des émissions totales de GES de l’usine LaSalle en 2020 selon les
catégories de la norme ISO 14064-1:2018 …………..……………………………….…………… 65

vi
Figure 6.5 Exemple d’application de la matrice dans un contexte fictif où les besoins des
parties prenantes ont une importance faible …………………………………………………….. 68
Figure 6.6 Exemple d’application de la matrice dans un contexte fictif où les besoins des
parties prenantes ont une importance cruciale …………………………………………………. 69

Tableau 1.1 PRP des principaux GES selon un horizon de 100 ans …………………………..……………. 8
Tableau 1.2 Déclaration des émissions annuelles de GES des sites étant les plus grands
émetteurs dans le domaine des pâtes et papiers au Québec …………………………….. 14
Tableau 2.1 Bénéfices environnementaux de l’inclusion des émissions indirectes de GES
dans les inventaires des entreprises ………………………………………………………………….. 24
Tableau 2.2 Bénéfices sociaux de l’inclusion des émissions indirectes de GES dans les
inventaires des entreprises ……………………………………………………………………………….. 24
Tableau 2.3 Bénéfices économiques de l’inclusion des émissions indirectes de GES dans les
inventaires des entreprises ……………………………………………………………………………….. 25
Tableau 3.1 Liste des intrants de l’usine LaSalle de Kruger …………………………………………………… 31
Tableau 3.2 Liste des extrants de l’usine LaSalle de Kruger …………………………………………………… 31
Tableau 3.3 Émissions de GES de l’usine LaSalle de Kruger en 2019 ……………………………………… 32
Tableau 3.4 Parties prenantes pertinentes associées aux postes d’émissions indirectes de
GES pour l’usine LaSalle de Kruger …………………………………………………………………….. 32
Tableau 4.1 Légende de la pondération des critères dans la matrice ……………………………………. 44
Tableau 4.2 Légende des notes accordées aux postes d’émissions dans la matrice ………….…… 45
Tableau 5.1 Sommaire des émissions de GES de l’usine LaSalle de Kruger en 2020 ………………. 48
Tableau 6.1 Évaluation de la significativité des postes d’émissions indirectes de GES ………….. 66
Tableau 6.2 Perception de l’influence et du potentiel de réduction sur les émissions
indirectes …………….……………………………………………………………………………………………. 70

vii
LISTE DES ACRONYMES ET SYMBOLES

ADEME Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (France)

°C Degré Celsius

CDP Carbon Disclosure Project

CH4 Méthane

CO2 Dioxyde de carbone

CUSC Captage, utilisation et stockage du CO2

ECCC Environnement et Changement climatique Canada

éq. CO2 Équivalent CO2

GES Gaz à effet de serre

GIEC Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

GHG Greenhouse gas (Gaz à effet de serre)

GN Gaz naturel

ISO International Organization for Standardization

kPa Kilopascal (103 N/m2)

MEEM Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer (France)

MELCC Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques


(Québec)

MW Mégawatt

PRP Potentiel de réchauffement planétaire

RDOCECA Règlement sur la déclaration obligatoire de certaines émissions de contaminants dans


l’atmosphère (Québec)

RNCAN Ressources naturelles Canada

RSPEDE Règlement concernant le système de plafonnement et d’échange de droits d’émission


de gaz à effet de serre (Québec)

SBTi Science Based Target initiative

t Tonne métrique

viii
LEXIQUE

Année de référence Période historique spécifique identifiée pour comparer les


émissions de GES ou les suppressions de GES ou d’autres
informations relatives aux GES au cours du temps. (ISO 14064-1,
2018)

Carboneutralité Démarche écoresponsable visant à réduire les émissions de GES


dans l’atmosphère, ou bien à compenser ou séquestrer celles qui
n’ont pas pu être réduites, de manière à parvenir à un bilan nul.
(Office québécois de la langue française, 2022)

Chaine de valeur Enchainement d’activités interconnectées entre des intervenants


transformant des intrants et des extrants en produits pour des
consommateurs. La combinaison de ces interactions génère de la
valeur pour les clients. (Clermont, 2020)

Émissions directes de GES Émissions de GES dont la source est contrôlée par l’organisation.
(Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les
changements climatiques [MELCC], 2019)

Émissions indirectes de GES Émissions de GES qui sont une conséquence des activités de
l’organisation, mais dont les sources sont contrôlées par d’autres
entités. (MELCC, 2019)

Inventaire d’émissions de GES Liste des sources, des puits de GES, ainsi que de leurs émissions et
suppressions de GES quantifiées. (ISO 14064-1, 2018)

Poste d’émission de GES Émissions de GES provenant de sources ou de types de sources


homogènes. (Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la
Mer [MEEM], 2016)

Puits de GES Tout processus, activité ou mécanisme qui élimine de l’atmosphère


un gaz à effet de serre, un aérosol ou le précurseur d’un gaz à effet
de serre ou d’un aérosol. (MELCC, 2019)

Source de GES Tout procédé, activité ou mécanisme qui libère dans l’atmosphère
un gaz à effet de serre, un aérosol ou le précurseur d’un gaz à effet
de serre ou d’un aérosol. (MELCC, 2019)

ix
INTRODUCTION
Les changements climatiques représentent la plus grande menace à laquelle les humains modernes
n’ont jamais été confrontés. Cette mise en garde a été formulée par le chercheur naturaliste et
communicateur scientifique britannique David Attenborough lors d’une réunion du Conseil de sécurité
des Nations Unies le 23 février 2021 (United Nations, 2021). Elle expose sans ambiguïté les enjeux que
pose la crise climatique sur l’humanité, mais aussi sur le reste des écosystèmes de la planète. Au cours
des dernières décennies, une augmentation des températures moyennes a été observée à l’échelle
mondiale. La National Aeronautics and Space Administration (NASA, 2022) explique qu’en date
d’aujourd’hui, la température moyenne à la surface de la planète a augmenté d’environ 1 ± 0,2 °C
depuis l’ère préindustrielle de la fin du XIXe siècle. Par ailleurs, au cours de la dernière décennie, la
température du Canada a augmenté environ deux fois plus vite que la moyenne mondiale, tandis que
celle de l’Arctique s’est réchauffée trois fois plus vite que la moyenne mondiale (Environnement et
changement climatique Canada [ECCC], 2021). Cette augmentation est supérieure à toutes les autres
périodes de réchauffement que la planète a connues depuis des millénaires.

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère provenant des activités humaines
comme l’agriculture, la déforestation, les procédés industriels et la combustion d’hydrocarbures sont
la cause principale des changements climatiques actuels (ECCC, 2019). Un volet primordial de la lutte
contre les changements climatiques passe ainsi par la réduction des émissions de GES à l’échelle
planétaire, tel qu’il a été conclu lors de la Conférence de Paris de 2015 (United Nations, 2015). Les
réductions dans les émissions de GES doivent se produire à tous les niveaux, que ce soit les pays, les
communautés, les entreprises ou les individus.

Afin de parvenir à réduire de manière efficace les émissions de GES, il est important de les avoir
quantifiées au préalable afin de connaître le portrait de la situation. Les émissions de GES d’une
organisation comme une entreprise peuvent être visualisées sous la forme de deux grandes
catégories : les émissions directes et les émissions indirectes. Les émissions directes proviennent de
sources étant sous le contrôle de l’organisation. En contrepartie, les émissions indirectes proviennent
de sources n’étant pas sous le contrôle de l’organisation, mais qui sont générées à la suite des activités
de celle-ci. Elles sont générées sur tout le cycle de vie des activités de l’organisation, en passant de
l’extraction des ressources, au transport des marchandises, à la fin de vie des produits. (ISO, 2018)

Il est une pratique courante pour plusieurs entreprises à l’heure actuelle de quantifier leurs émissions
directes et celles indirectes liées à leur consommation d’énergie importée, comme l’électricité.
Toutefois, très peu d’entre elles considèrent les autres émissions indirectes de GES associées à leurs
1
activités dans leurs inventaires. Pourtant, les émissions indirectes sont généralement constituées d’un
volume plus important de GES que les émissions directes et représentent ainsi un pourcentage élevé
des émissions totales de GES d’une entreprise (Hertwich et Wood, 2018). Cette tendance est
également présente dans le milieu industriel du Québec, qui génère une quantité importante de GES
dans l’atmosphère, mais où peu d’entreprises quantifient et posent des objectifs de réduction de leurs
émissions indirectes.

En effet, le processus de quantification des émissions indirectes de GES dans une organisation est
parsemé de freins et de barrières, ce qui a un effet dissuasif sur plusieurs entreprises. Ces enjeux sont
variés, touchant entre autres les ressources humaines et financières, les connaissances techniques,
ainsi que les cadres législatifs en place. Par exemple, les émissions indirectes de GES sont composées
de plus d’une quinzaine de postes d’émissions différents, comme les déchets générés par
l’organisation ou bien le transport quotidien des employés pour se rendre au travail. Cette quantité
importante de types d’émissions peut rendre ardue la collecte de données d’activités pour certaines
organisations, qui doivent les récolter auprès de leurs divers départements internes, de leurs
fournisseurs, de leurs sous-traitants et de leurs clients. (WWF, 2019)

L’objectif principal de cet essai est ainsi de parvenir à quantifier les émissions indirectes significatives
de GES associées à une usine québécoise du secteur industriel des pâtes et papier, et ce pour 2020,
l’année de référence. Le site à l’étude dans le cadre du projet est l’usine de boites de carton de LaSalle,
opérée par Kruger sur l’île de Montréal. Par ailleurs, considérant les freins auxquels sont confrontées
les organisations dans le processus de quantification de leurs émissions de GES, l’objectif secondaire
de l’essai est d’élaborer une méthode de détermination de la significativité des différents types
d’émissions indirectes. Cela a comme but de permettre une affectation efficace des ressources
humaines et financières au sein des entreprises dans leurs processus de quantification des émissions
indirectes de GES tout en tenant compte des préoccupations des parties prenantes pertinentes et de
l’accessibilité aux données primaires.

La méthodologie de quantification des émissions de GES employées dans l’essai est inspirée
principalement de l’approche proposée par la famille des normes ISO 14060, plus précisément les
normes ISO 14064-1 (2018) et ISO 14069 (2013). Par ailleurs, certains guides techniques portant sur
les inventaires d’émissions indirectes de GES préparés par le GHG Protocol ont également été
consultés afin de bonifier les informations contenues dans les normes ISO (GHG Protocol, 2011, 2013).
Tant les normes ISO que le GHG Protocol sont des ouvrages méthodologiques reconnus
internationalement dans le domaine de la quantification des émissions de GES (Ecologia, s.d.).
2
Afin de répondre aux objectifs de l’essai, celui-ci débute par une mise en contexte plus approfondie de
la problématique abordant, entre autres, l’influence des émissions anthropiques de GES sur les
changements climatiques ainsi que le portrait actuel de la quantification des émissions indirectes de
GES dans le milieu industriel québécois. Par la suite, une présentation est faite de quelques freins et
enjeux auxquels font face les organisations dans le processus de la quantification des émissions
indirectes de GES. Puis, un portrait de l’usine choisie pour l’étude de cas est brossé, incluant une
description de l’entreprise mère, des activités du site ainsi que des parties prenantes pertinentes. Il
s’ensuit une description plus détaillée de la méthodologie employée pour la quantification des
émissions de GES et pour la détermination de la significativité des différents postes d’émissions
indirectes. Ensuite, le raisonnement derrière la collecte des données et les calculs de quantification est
présenté pour tous les postes d’émissions applicables dans le contexte de l’organisation à l’étude.
Enfin, l’essai comporte une section de discussion faisant un retour sur les résultats de l’inventaire des
GES, sur la détermination de la significativité des postes d’émissions indirectes et sur la méthodologie
employée, avant de conclure le projet.

3
1. MISE EN CONTEXTE DE LA PROBLÉMATIQUE
Ce chapitre pose les bases contextuelles de la problématique des changements climatiques actuels et
de l’influence qu’ont les émissions de GES provenant des activités humaines sur l’intensité des
bouleversements climatiques. Ensuite, une présentation plus détaillée des principaux GES et des
différents types d’émissions de GES est faite, permettant de définir les concepts des émissions directes
et indirectes d’une organisation. Puis, le portrait des émissions de GES générées par le secteur
industriel est présenté, en se penchant plus spécifiquement sur les émissions indirectes dans le
domaine des pâtes et papiers au Québec. Enfin, à la lumière de la problématique exposée, l’objectif
principal de l’essai est présenté.

1.1 Changements climatiques et émissions anthropiques de GES


La communauté scientifique s’accorde à dire que les activités anthropiques, soit celles résultant des
activités humaines, sont sans équivoque la cause principale des bouleversements climatiques vécus
aujourd’hui, en particulier les émissions GES générés par la combustion d’hydrocarbures (NASA, 2022).
Les GES émis par les humains contribueront de façon prédominante à influencer le climat pour les
siècles à venir et l’intensité des changements climatiques dépendra fortement de la hausse ou de la
diminution des émissions mondiales de GES (Warren et Lemmen, 2014).

Les conséquences des changements climatiques sont déjà visibles et celles-ci se traduisent par une
multitude de phénomènes mesurables à travers le monde, comme la fonte des couverts de glace sur
les pôles, la hausse du niveau de la mer, la diminution ou l’augmentation significative des
précipitations, l’érosion côtière, la disparition de certaines espèces animales et végétales, la migration
de réfugiés climatiques et la hausse des événements météorologiques extrêmes comme les ouragans
et les feux de forêt majeurs. De plus, la fréquence et l’intensité de ces phénomènes s’accentuent
d’année en année. La plus grande proportion du réchauffement s’est produite au cours des 40
dernières années et les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. (NASA,
2022) Par ailleurs, la probabilité qu’une série d’années exceptionnellement chaudes se produisent sans
que le climat ne subisse de réchauffement à long terme est minime (Zorita et al., 2008). La figure 1.1
montre les anomalies dans l’ensemble des températures de l’air au-dessus du sol et de la surface de
la mer enregistrées de 1850 à 2016.

4
Figure 1.1 Moyenne annuelle observée des anomalies de températures mondiales de surface, de
1850 à 2016 (tiré de : Bush et Lemmen, 2019, p. 33)

Au Canada, le réchauffement est observé depuis environ 1950 dans tout le pays, mais en particulier
dans les régions de l’Ouest et dans l’Arctique (Warren et Lemmen, 2014). Dans le Rapport sur le climat
changeant du Canada, Bush et Lemmen (2019) énoncent que le réchauffement du nord du pays est en
moyenne le double de l’ampleur des variations mondiales, et ce, autant pour les données historiques
que pour les prévisions futures. Les effets du réchauffement climatique sont déjà visibles dans
plusieurs régions du Canada et s’intensifieront dans le futur. Ces effets comprennent des extrêmes de
chaleur plus fréquents et intenses. En contrepartie, les périodes de grands froids sont de moins en
moins courantes par rapport à 1950. Les saisons de couverture de neige et de glace sont moins longues,
tandis que les écoulements fluviaux printaniers sont plus hâtifs. Le dégel du pergélisol dans les régions
nordiques et l’élévation du niveau de la mer sont aussi des impacts des réchauffements climatiques au
Canada. Les précipitations liquides devraient augmenter pour la majorité du territoire du Canada.
Toutefois, celles-ci pourraient diminuer dans certaines parties du sud du pays. Il est difficile de prévoir
comment la variation des précipitations continuera d'évoluer dans cette région du Canada, mais les
étés de plus en plus chauds et l’évaporation accrue qui s’ensuit pourrait réduire la disponibilité en eau
douce et amplifier l’aridité de certaines régions. Par ailleurs, Bush et Lemmen (2019, p. 5) expliquent
que « comme un réchauffement supplémentaire est inévitable, ces tendances vont continuer ».

5
De son côté, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) met en garde
que, si les émissions de GES se poursuivent telles qu’elles le font actuellement, les phénomènes
météorologiques extrêmes risquent de s’aggraver considérablement. Dans ce scénario pessimiste où
le statu quo est maintenu, l’augmentation des températures moyennes de la planète pourrait dépasser
les 2 °C d’ici 20 à 40 ans et même atteindre 3,6 °C d’ici la fin du XXIe siècle. (GIEC, 2021) Au contraire,
dans un scénario optimiste où les émissions anthropiques de GES sont réduites dès maintenant et
limitées à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, ces phénomènes pourraient potentiellement se
stabiliser et se limiter à ce que la Terre connaît actuellement (Léveillé, 2021). Selon le GIEC (2019),
chaque augmentation supplémentaire de 0,5 °C accroîtrait considérablement l’impact du
réchauffement planétaire. Ainsi, avec une augmentation de 2 °C, les extrêmes de chaleur seraient plus
marqués, tout comme les fortes précipitations et les sécheresses massives. De plus, cela pourrait avoir
des impacts de longue durée ou irréversibles, comme la perte de certains écosystèmes et la hausse du
niveau de la mer.

Dans l’optique d’empêcher la hausse des températures moyennes de la planète au-delà de 2 °C par
rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle et pour la limiter à 1,5 °C, l’Accord de Paris a été ratifié le
12 décembre 2015. Dans cet accord, conclu à la suite de la 21e Conférence des Parties des Nations
Unies (COP21), près de 190 pays, incluant le Canada, se sont engagés à réduire leurs émissions de GES
pour viser un monde carboneutre vers le milieu du 21e siècle. (United Nations, 2015) Le concept de la
carboneutralité fait référence à la démarche écoresponsable visant à réduire les émissions de GES dans
l’atmosphère, ou bien à compenser ou séquestrer celles qui n’ont pas pu être réduites, de manière à
parvenir à un bilan nul (Office québécois de la langue française, 2022). Afin de réussir cette mission
ambitieuse, il est primordial que la communauté mondiale agisse de façon immédiate et significative.
Un changement systémique est nécessaire de la part de toutes les parties prenantes impliquées, peu
importe leur niveau d’influence. (Science Based Targets [SBTi], 2018)

À la lumière de l’importance des enjeux climatiques et afin de respecter les objectifs de l’Accord de
Paris, le Canada s’est donc engagé en 2016 à réduire les émissions de GES du pays de 30 % d’ici à 2030
par rapport aux valeurs de 2005. Cette cible a été revue à la hausse à quelques reprises depuis. En
2022, l’objectif de réduction a été haussé à 40 % à 45 % sous le seuil de 2005 d’ici 2030 ainsi que
l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050. Pour parvenir à atteindre cette nouvelle cible plus
ambitieuse, le ministre fédéral de l’environnement a proposé plusieurs mesures pour réduire les
émissions de GES. Parmi celles-ci se trouvent la mise à jour de la tarification sur le carbone, l’appui à
la transition des entreprises vers des énergies plus propres ainsi que l’investissement dans les
technologies de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC). Les secteurs de l’industrie
6
lourde, des bâtiments, des transports et de l’agriculture sont visés de près par ces mesures puisqu’ils
représentent les principales sources d’émissions de GES au Canada. (ECCC, 2022)

1.2 Principaux gaz à effet de serre


Le concept des GES englobe une multitude de substances gazeuses ayant le potentiel d’emprisonner
dans l’atmosphère la chaleur provenant du soleil et, ainsi, de contribuer à réchauffer la planète. Les
GES d’origine anthropique les plus importants dans l’atmosphère sont le dioxyde de carbone (CO 2), le
méthane (CH4), l’oxyde nitreux (N2O), les hydrofluorocarbures (HFC), les perfluorocarbures (PFC), le
trifluorure d’azote (NF3) et l’hexafluorure de soufre (SF6) (Atlas climatique du Canada, 2019). La vapeur
d’eau (H2O [gazeux]) est également considérée comme étant un GES, le plus abondant de tous (Bush et
Lemmen, 2019). Toutefois, seulement une infime proportion de ce gaz est présente dans l’atmosphère
en raison des activités humaines. En effet, les océans s’évaporent naturellement au cours du cycle de
l’eau, réchauffés par le soleil (United States Geological Survey [USGS], 2019). Par ailleurs, la durée de
vie de la vapeur d’eau dans l’atmosphère est très faible, avant de se condenser et de retomber en
pluie. Pour ces raisons, elle n’est généralement pas incluse dans la quantification des émissions de GES
d’origine anthropique (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie [ADEME], 2014a). La
figure 1.2 présente la répartition des émissions anthropiques du Canada pour les GES principaux en
2019.

Figure 1.2 Répartition des émissions anthropiques du Canada par GES en 2019 (adapté de :
,ECCC, 2021a, p. 5)

7
Parmi les activités anthropiques qui génèrent le plus de GES se retrouve la combustion
d’hydrocarbures et les procédés industriels (CO2), l’exploitation de gaz naturel et l’enfouissement de
matières résiduelles (CH4), l’exploitation agricole et l’élevage de bétail (N2O et CH4) ainsi que
l’utilisation d’équipements de réfrigération et de climatisation (HFC et PFC). Les plus grandes sources
naturelles de GES, excluant le cycle de l’eau, sont les volcans, les feux de forêt et la décomposition de
matière organique (CO2 et CH4). (Atlas climatique du Canada, 2019; Ministère de l’Environnement et
de la Lutte contre les changements climatiques [MELCC], 2019)

Tous les GES se distinguent entre eux par leur durée de vie dans l’atmosphère et par la quantité
d’énergie qu’ils peuvent absorber, ce qui se solde par un potentiel de réchauffement planétaire (PRP)
différent. Afin de comparer les impacts des différents GES et de cumuler leurs effets dans les calculs,
les GES sont généralement exprimés en équivalents de dioxyde de carbone (éq. CO2). Par exemple,
dans un horizon temporel de 100 ans, une tonne de méthane a un pouvoir de réchauffement
planétaire 28 fois plus élevé qu’une tonne de dioxyde de carbone. Chaque tonne de méthane est donc
comptabilisée comme 28 tonnes d’équivalent CO2. C’est également pourquoi il est courant d’entendre
le terme « carbone » afin d’englober les différents GES et leurs émissions dans les médias et la
littérature populaire, comme dans les concepts de carboneutralité, d’empreinte carbone ou du marché
du carbone. (Connaissance des Énergies, 2016; MELCC, 2019) Le tableau 1.1 présente les PRP des
principaux GES tels que présentés dans le cinquième Rapport d’évaluation du GIEC (2014).

Tableau 1.1 PRP des principaux GES selon un horizon de 100 ans (inspiré de : GIEC, 2014)

GES PRP 100 ans


CO2 1
CH4 28
N2O 265
NF3 17 200
SF6 22 800
HFC Variable, de 12 à près de 15 000
PFC Variable, de 7000 à près de 18 000

1.3 Classification des types d’émissions de GES


Les émissions de GES associées aux activités d’une organisation peuvent être classifiées selon deux
grandes catégories : directes et indirectes (ISO, 2018). La figure 1.3 représente un schéma simplifié des
catégories d’émissions directes et indirectes de GES pour une organisation ainsi que des exemples
d’activités et de sources correspondant à ces catégories. Pour certaines organisations, certaines de ces
sources ne sont toutefois pas applicables dans le contexte de leurs activités.

8
Figure 1.3 Émissions de GES en amont et en aval d’une organisation (adapté de : Fleury, 2021)

Les émissions directes de GES regroupent toutes les sources étant sous le contrôle de l’organisation
en question. Les sources de GES correspondent à « tout procédé, activité ou mécanisme qui libèrent
dans l’atmosphère un gaz à effet de serre, un aérosol ou le précurseur d’un gaz à effet de serre […] »
(MELCC, 2019, p. 3). Dans ce contexte, cela inclut, entre autres, la combustion de carburant, les
émissions liées aux activités de l’organisation (ex. : élevage de bétail, procédés industriels générant
des GES, etc.) ainsi que les émissions fugitives (ex. : fuites dans les équipements et réservoirs). Ce type
d’émission est parfois connu sous le nom de scope 1. (GHG Protocol, 2011; MELCC, 2019)

Les émissions indirectes, quant à elles, sont celles qui ne sont pas sous le contrôle immédiat de
l’organisation, mais qui sont générées en amont et en aval de celui-ci, tout au long de la chaine de
valeur de ses produits et services. La chaine de valeur est un concept décrivant l’enchainement
d’activités interconnectées entre des intervenants transformant des intrants et des extrants en
produits pour des consommateurs. La combinaison de ces interactions génère de la valeur pour les
clients. (Clermont, 2020) Dans ce contexte, le terme « amont » réfère aux activités se produisant
antérieurement au périmètre de l’organisation en question. Par exemple, cela peut inclure l’extraction
des ressources, le traitement des matières premières et le transport des biens jusqu’aux sites de
l’entreprise. En contrepartie, le terme « aval » est associé aux activités postérieures au périmètre
organisationnel de l’entreprise. Cela peut inclure le transport des produits finis vers les clients, la phase
d’utilisation des produits et la fin de vie de ceux-ci. Les émissions indirectes de GES liées à la
consommation d’électricité, de vapeur ou de chaleur produites par une tierce partie sont parfois
connues sous le nom de scope 2. L’énergie est consommée par l’organisation dans le cadre de ses

9
activités. Toutes les autres émissions indirectes qui surviennent dans la chaîne de valeur d’une
entreprise sont classifiées comme faisant partie du scope 3. (GHG Protocol, 2011; MELCC, 2019)

La classification des émissions de GES peut varier d’un ouvrage de référence à l’autre, dépendamment
de la méthodologie employée et de l’année de publication. Les sources d’émissions homogènes de GES
(étant de même nature) sont généralement regroupées dans des postes d’émission pour mieux les
étudier (Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer [MEEM], 2016). La figure 1.4 présente
un résumé des différents postes d’émissions et de leur classification selon les catégories et
numérotations propres aux normes ISO 14064-1 (2018) et ISO 14069 (2013). La liste complète des
postes d’émission de GES selon les normes ISO 14069 et ISO 14064-1 est également présentée à
l’Annexe 1, incluant des exemples de sources d’émission associées. Il s’agit de la nomenclature
employée pour la suite du projet.

Figure 1.4 Classification des postes d’émissions de GES selon les normes ISO 14064-1:2018 et
,ISO 14069:2013 (inspiré de : Jurić et Ljubas, 2020)

Par ailleurs, afin de clarifier la nomenclature, le terme « émissions indirectes » fait spécifiquement
référence aux émissions de GES produites en amont et en aval du périmètre d’une organisation
excluant celles provenant de l’énergie importée, soit celles associées uniquement aux catégories 3 à 6
de la norme ISO 14064-1, sauf indications contraires pour toute la suite du présent document.

10
1.4 Portrait des émissions de GES liées au secteur industriel
Le secteur industriel peut être défini comme étant « l’ensemble des activités économiques qui
produisent des biens matériels par la transformation et la mise en œuvre des matières premières »
(Larousse, 2020, p. 1). Les secteurs des mines, de la métallurgie, des cimenteries, de la sidérurgie, des
pâtes et papiers ainsi que de la pétrochimie sont généralement considérés comme étant des industries
lourdes, caractérisées par le capital élevé requis pour leur exploitation et par les installations de grande
ampleur qu’elles occupent (Sociétés Industrie, 2013).

Les biens et matières premières issues de ces industries sont essentiels à la vie moderne, agissant
comme des composantes de base aux produits utilisés au quotidien, des voitures aux bâtiments en
passant par les appareils électroniques et les produits hygiéniques. La demande pour ces biens va en
s’accroissant, en particulier dans les pays en voie de développement. Selon Gross (2021), depuis les
années 1970, la demande en acier a augmenté d’un facteur de trois, le ciment d’un facteur de près de
sept et les plastiques d’un facteur de plus de dix. Le secteur industriel était responsable de près de
25 % des émissions directes de GES mondiales en 2017. Par ailleurs, il est estimé que le secteur
industriel dépassera le domaine des transports comme source d’émission principale de GES aux États-
Unis au cours de la prochaine décennie (King et al., 2020). Au Canada, les secteurs pétroliers et gaziers
ainsi que les transports dominent les émissions directes de GES. La figure 1.5 montre par ailleurs que
les processus industriels se situent dans les domaines qui génèrent le plus de GES au pays.

Figure 1.5 Émissions de GES au Canada par secteur d’activité en 2019 (adapté de : ECCC, 2021a, p. 5)

11
Le domaine industriel domine également comme source des émissions indirectes au niveau mondial.
En effet, Gross (2021) mentionne qu’en tenant compte des émissions indirectes, le secteur industriel
serait responsable de près de 40 % des GES rejetés dans l’atmosphère à travers le monde. L’importance
de la chaîne d’approvisionnement et du transport des biens pour le secteur industriel a un impact
important sur ce résultat (Hertwich et Wood, 2018). Un exemple concret de l’importance des
émissions indirectes dans l’industrie lourde est le cas de Klöckner, une entreprise allemande qui œuvre
dans le domaine de la transformation et de la distribution internationale d’acier. Le directeur général
de la compagnie mentionnait dans une conférence de presse en novembre 2021 que 99 % des GES
émis par l’entreprise se situaient dans la catégorie du scope 3, soit tout au long du cycle de vie de leurs
produits. Selon lui, s’attaquer à ce type d’émissions allait être un enjeu de taille pour son entreprise
ainsi que pour le domaine de l’acier en général. (Varriale, 2021) En raison de leur intensité, la réduction
de toutes les émissions industrielles de GES, tant directes qu’indirectes, est donc cruciale à l’atteinte
des objectifs de décarbonisation posés dans l’Accord de Paris en 2015.

1.5 Émissions de GES dans le secteur industriel des pâtes et papiers


Au cœur du secteur industriel se trouve le domaine des pâtes et papiers, qui est reconnu pour sa
consommation élevée d’énergie et pour les émissions de GES associées (Wang et al., 2016). En effet,
l’United States Environmental Protection Agency (USEPA, 2018) a rapporté que les émissions de GES
générées par les 228 usines de pâtes et papiers des États-Unis atteignaient 37,7 millions de tonnes
métriques d’éq. CO2 en 2016. La figure 1.6 présente un schéma d’exemples de sources d’émission de
GES principales dans le domaine des pâtes et papiers.

Figure 1.6 Sources d’émissions de GES dans le cycle de vie des produits forestiers de pâtes et papiers
,,(adapté de : Produits forestiers Résolu, 2022)

12
Au Québec, les pâtes et papiers seraient le secteur de l’industrie le plus émetteur de GES, selon une
recherche de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) présentée à la
figure 1.7. Cette étude, réalisée en compilant des données d’émissions directes de GES de Statistiques
Canada, a déterminé que les émissions des pâtes et papiers au Québec représentaient 2,3 t d’éq. CO2
par milliers de dollars de production. Cette valeur est plus élevée que celles de toutes les autres
industries évaluées. (Posca et Schepper, 2020) Il faut toutefois apporter la nuance que le coût de
production du papier est assez faible, ce qui pourrait avoir un impact sur la significativité de la
comparaison. Celle-ci permet toutefois de démontrer que le domaine des pâtes et papiers émet une
quantité importante de GES dans l’atmosphère au Québec.

Figure 1.7 Intensité des émissions de GES directes pour les dix industries les plus polluantes au
Québec (t d’éq. CO2/k$) (adapté de : Posca et Schepper, 2020)

Par ailleurs, plusieurs établissements de production détenus par des entreprises du secteur des pâtes
et papiers émettent annuellement plus de 25 000 t d’éq. CO2 pour leurs émissions directes et celles
liées à l’énergie importée. Ces sites sont ainsi assujettis au marché du carbone québécois selon le
Règlement concernant le système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet
de serre (RSPEDE). Le tableau 1.2 présente les déclarations d’émissions de GES directes et liées à
l’énergie importée faites au MELCC depuis 2016 pour les établissements en question.

13
Tableau 1.2 Déclaration des émissions annuelles de GES des sites étant les plus grands émetteur
dans le domaine des pâtes et papiers au Québec (adapté de : MELCC, 2021)

Émissions de GES directes et indirectes liées à l’énergie


Entreprise Établissement importée (t éq. CO2)
2016 2017 2018 2019 2020
Compagnie WestRock du
Westrock Canada Corp. - Usine de 211 707 207 368 203 887 202 516 198 653
La Tuque
Domtar inc. - Usine de
Domtar 66 091 69 074 91 314 121 306 120 153
Windsor
Papiers de publication
Non Non Non
Kruger inc. Kruger inc. - Usine de 88 828 106 977
disponible disponible disponible
Trois-Rivières
Kruger inc. Kruger Wayagamack inc. 54 176 60 220 64 219 73 080 71 457
Produits
PF Résolu inc. - Division
forestiers 66 061 67 081 78 461 71 453 61 783
Alma
Résolu
Cascades Papiers Kingsey
Cascades 61 678 60 524 62 290 61 198 61 579
Falls
Produits Produits Kruger S.E.C. -
51 579 53 472 60 722 59 448 54 621
Kruger Usine de Crabtree
Produits Produits Kruger S.E.C. -
49 141 48 466 51 596 50 004 52 444
Kruger Usine de Gatineau
Produits
PF Résolu inc. - Division Non Non Non
forestiers 51 878 51 787
Gatineau disponible disponible disponible
Résolu
Kruger, Emballages
Kruger inc. Krupac - Usine de Place 42 402 42 925 39 145 38 226 36 118
Turcot
Cascades Groupe Tissu -
Cascades 31 194 31 329 32 126 30 874 31 921
Candiac

Le tableau expose qu’en 2020, le Québec comptait 11 établissements dans le domaine des pâtes et
papiers qui généraient plus de 25 000 t d’éq. CO2 d’émissions directes et liées à l’énergie importée.

1.6 Quantification des émissions indirectes dans le secteur des pâtes et papiers au Québec
Le secteur des pâtes et papiers est indéniablement un joueur important pour les émissions de GES
directes et indirectes liées à l’énergie au Québec. Sur le plan des émissions indirectes toutefois, le
portrait est moins clair. En effet, peu d’information existe sur la question et la législation actuelle
n’oblige pas les entreprises à quantifier ce type d’émissions. Certaines entreprises sont cependant
proactives et publient des données en lien avec cet enjeu.

14
Par exemple, la papetière québécoise Cascades, dont le siège social est situé le Kingsey Falls, quantifie
ses émissions indirectes significatives et rend publics les résultats via la plateforme du Carbone
Disclosure Project (CDP), un organisme international qui permet aux entreprises de divulguer l’impact
environnemental de leurs activités (CDP, 2022; Cascades, 2021a). Par ailleurs, l’entreprise a posé des
cibles de réduction des émissions indirectes de GES dans son Plan de développement durable 2021-
2025 (Cascades, 2021b). L’objectif spécifique est de réduire de 22 % le volume des émissions de la
chaîne d’approvisionnement d’ici à 2030 à partir des valeurs de 2019. Par ailleurs, Cascades dévoile
que les émissions indirectes de GES représentaient 61 % de ses émissions totales de GES en 2019.
(Cascades, 2021b)

Quant à elle, la papetière Produits forestiers Résolu, dont le siège social est situé à Montréal,
mentionne que l’entreprise calcule ses émissions de GES indirectes significatives et les déclare au CDP,
tout comme ses émissions directes et celles liées à l’énergie importée (Produits forestiers Résolu,
2021a, 2022). Par ailleurs, en mars 2021, l’organisation s’est engagée à « intégrer davantage les
pratiques en matière de développement durable à sa chaîne d’approvisionnement » en collaboration
avec les parties prenantes pertinentes afin de réduire les émissions indirectes de GES (Produits
forestiers Résolu, 2021b, p. 1). L’entreprise ne semble toutefois pas avoir d’objectifs chiffrés pour la
réduction de ces émissions.

En revanche, d’autres entreprises de pâtes et papiers opérant des usines au Québec, comme Westrock,
Domtar et Kruger, n’abordent que peu ou pas du tout le concept des émissions indirectes de GES dans
leur rapport annuel de développement durable respectif (Domtar, 2021; Kruger, 2021b; Westrock,
2020). Cela dit, il faut noter que seules les informations accessibles ont été considérées et que
certaines de ces compagnies ont potentiellement des données et des plans d’action internes qui ne
sont pas disponibles publiquement.

1.7 Objectif principal du projet


À la lumière des enjeux mondiaux liés aux changements climatiques et aux émissions anthropiques de
GES, l’objectif principal du projet est de quantifier les émissions indirectes significatives de GES d’une
usine québécoise du secteur industriel des pâtes et papiers. Le site spécifique choisi pour cette étude
est l’usine de boîtes de carton de LaSalle, opérée par l’entreprise Kruger. Tel qu’abordé
précédemment, il s’agit d’une organisation ne réalisant pas à l’heure actuelle d’inventaire de GES qui
inclut les émissions indirectes. Le raisonnement derrière le choix spécifique du site est élaboré dans le
chapitre 3, qui présente un portrait plus détaillé de l’étude de cas du projet.

15
2. ENJEUX DE LA QUANTIFICATION DES ÉMISSIONS INDIRECTES DE GES DANS LES ENTREPRISES
Le chapitre précédent a mis en lumière l’importance de considérer les émissions indirectes et de les
inclure dans les objectifs de réduction des GES au sein des entreprises afin d’être en mesure de mitiger
les effets des changements climatiques globaux. Jusqu’à présent, la majorité des entreprises ont
concentré leurs efforts de réduction de GES, lorsque des efforts ont été faits, sur les émissions directes,
soit celles sous leur contrôle immédiat, et sur celles indirectes liées à leur consommation d’électricité,
vapeur et chaleur. Conséquemment, les autres émissions indirectes associées à la chaîne de valeur en
amont et en aval sont souvent négligées. Toutefois, ces émissions indirectes comptent pour la plus
grande portion des émissions totales pour la plupart des entreprises. (SBTi, 2018)

Cette tendance est également valide dans le domaine des pâtes et papiers au Québec, où peu
d’entreprises inventorient les émissions indirectes de GES associées à leurs activités et, encore moins,
posent des objectifs concrets pour réduire ceux-ci. Cette situation a été explorée dans l’étude
comparative de haut niveau présentée au chapitre précédent.

Or, pour agir dans la lutte contre les changements climatiques, il faut avant tout comprendre l’état de
la situation actuelle. Réaliser un bilan des émissions indirectes de GES permet d’avoir en main un
portait de la situation pour une période donnée. À partir de ce portrait, il est possible de cibler des
actions de réduction et de fixer des objectifs atteignables et quantifiables par rapport à une année de
référence. En effet, le directeur Monde de BCG Gamma mentionnait, en lien avec le casse-tête de la
quantification des émissions de GES auxquels font face les grandes entreprises, que de « s’engager à
réduire ses émissions sans être capable de les mesurer, c’est un peu comme s’engager à perdre du
poids quand on n’a pas de balance » (Dekonink, 2021, p. 1).

Ce chapitre se penche sur les enjeux les plus fréquents que les entreprises citent comme freins à
l’inclusion des émissions indirectes de GES dans leurs inventaires et dans leurs objectifs de réduction
(ADEME, 2016; GHG Protocol, 2011; SBTi, 2018; WWF, 2019). Les six freins abordés dans le chapitre
sont : la difficulté à récolter des données de qualité pour l’inventaire, l’impression de ne pas avoir de
contrôle sur les émissions indirectes, l’enjeu de double comptage, l’absence d’obligation légale, le
manque de ressources au sein des entreprises ainsi que la difficulté à voir les bénéfices que peut
apporter la quantification des émissions indirectes. Des pistes de solution et de réflexion sont aussi
proposées en lien avec ces freins, dans l’optique de défaire quelques perceptions erronées liées à la
problématique et de faciliter la mise en place d’initiatives de réduction des émissions indirectes de GES
dans les organisations.

16
2.1 Difficulté à récolter des données de qualité pour l’inventaire
Un frein important pour les entreprises est la difficulté de récolter des données de qualité pour la
réalisation de l’inventaire des émissions indirectes de GES. En effet, il peut être ardu d’impliquer des
parties prenantes externes à l’organisation dans le processus de quantification, comme des
fournisseurs, des sous-traitants et des clients. Pour les entreprises qui ont une chaîne de valeur avec
un nombre élevé de ces intervenants externes, il peut être difficile de récolter les données pertinentes
à l’inventaire auprès de chacune d’entre elles. (GHG Protocol, 2011)

Afin de mitiger ces difficultés, l’entreprise peut cibler les fournisseurs ayant l’impact le plus critique
sur les émissions de GES et prioriser celles-ci dans le processus de collecte de données externes.
L’influence d’un fournisseur peut être évaluée de plusieurs façons et les entreprises sont libres de
sélectionner la meilleure option dans leur cas spécifique. Par exemple, le volume annuel de produits
achetés, la taille des fournisseurs ou bien l’appartenance à un secteur d’activités qui est reconnu pour
être un grand émetteur de GES peuvent être des critères qui permettent de prioriser un fournisseur.
(GHG Protocol, 2011)

Le manque de transparence dans la qualité des données provenant des fournisseurs est un autre défi
auquel font face les entreprises qui s’adonnent à la quantification de leurs émissions indirectes de GES.
En effet, les organisations recevant les données ne savent souvent pas d’où elles proviennent et
comment elles ont été récoltées. Pour remédier à cette incertitude, il est recommandé de demander
à ses parties prenantes des documents expliquant la méthodologie employée pour la collecte des
données et leur origine. (GHG Protocol, 2011)

Dans l’éventualité où les données sont particulièrement difficiles à récolter, il est parfois nécessaire de
poser des hypothèses et d’utiliser des données approximatives afin de compléter l’inventaire. Cette
pratique est toutefois généralement bien acceptée au sein des méthodologies d’inventaires
reconnues. Par exemple, la norme ISO 14069 (Quantification et rapport des émissions de gaz à effet
de serre pour les organisations — Directives d’application de l’ISO 14064-1) explique que l’organisation
doit, en priorité, chercher des facteurs d’émissions ou des données spécifiques pour son site.
Toutefois, si ces informations ne sont pas disponibles, il convient d’utiliser des données secondaires
issues « de documents existants ou de bases de données reconnues » (ISO, 2013, p. 21).

En outre, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie de France (ADEME) avance que


l’objectif de la démarche d’un inventaire de GES indirects est principalement la sensibilisation, tant du
public que des employés et des décideurs de l’entreprise, ainsi que l’adoption de mesures de réduction
17
des émissions. Dans cette optique, les incertitudes sur les résultats ne gênent pas l’atteinte de ces
objectifs, surtout lorsque celles-ci sont bien connues et documentées. (ADEME, 2016)

Par ailleurs, il est toujours possible de poser des hypothèses lors des premières années de la réalisation
des bilans de GES, puis de raffiner les calculs par la suite lorsque des informations de meilleure qualité
sont disponibles. Le GHG Protocol mentionne dans son guide Corporate Value Chain (Scope 3)
Accounting and Reporting Standard (2011) que la collecte des données et l’amélioration de celles-ci
sont un processus itératif. Au cours des premières années de la réalisation d’inventaires de GES,
certaines entreprises peuvent avoir besoin d’utiliser des données de faible qualité en raison de la
difficulté d’accès à de meilleures informations. En revanche, au fil du temps, ces entreprises devraient
chercher à améliorer l’exactitude de leurs données en remplaçant celles de moindre qualité par
certaines qui sont plus précises au fur et à mesure qu’elles deviennent disponibles.

Ainsi, il est vrai que la collecte de données de qualité peut être un enjeu dans l’élaboration d’un
inventaire d’émissions indirectes de GES. Cependant, il existe des moyens de contourner cet obstacle
et de poser des hypothèses justifiées afin d’aller de l’avant avec le projet.

2.2 Impression de ne pas avoir de contrôle sur les émissions indirectes


Un autre frein souvent cité par les entreprises est lié à l’impression de ne pas avoir de contrôle sur les
émissions de GES issues de leur chaîne de valeur. En effet, comme les émissions indirectes tombent,
par définition, en dehors du périmètre organisationnel de l’entreprise, certains considèrent qu’elles
ne peuvent pas être réduites et qu’il n’est donc pas nécessaire d’en tenir compte dans les inventaires.
(SBTi, 2018)

Il est vrai que, pour certains postes d’émissions indirectes, le niveau d’influence de l’organisation
réalisant l’inventaire est très faible. Ce n’est toutefois pas le cas pour chacun des 16 postes d’émissions
indirectes qui sont présentés à l’Annexe 1, spécifiquement les postes 8 à 23 de la norme ISO 14069
(2013). Le niveau de contrôle ou d’influence d’une entreprise sur ses émissions indirectes se situe
généralement sur un gradient de contrôle partiel, allant d’un contrôle élevé jusqu’à un contrôle faible
(GHG Protocol, 2011). La figure 2.1 présente un schéma simplifié de ce gradient.

18
Figure 2.1 Gradient de contrôle d’une organisation sur ses émissions indirectes de GES

Par exemple, une entreprise manufacturière exerce généralement une influence très limitée sur la
façon dont ses produits sont utilisés par ses clients. Le niveau de contrôle est donc assez faible pour ce
poste d’émissions (poste 18). En revanche, l’entreprise peut avoir un contrôle partiel sur le transport
des produits et services en amont de son périmètre opérationnel (poste 12) en choisissant des
fournisseurs situés à proximité de son site de production. Enfin, l’entreprise a un niveau de contrôle
élevé sur les déchets qu’elle génère (poste 11) puisqu’elle peut mettre en œuvre des mesures pour
réduire celles-ci à la source. Généralement, plus une source d’émission est près d’une organisation
dans sa chaîne de valeur, plus il peut avoir une influence sur celle-ci.

L’ADEME (2016, p. 12) explique qu’en « prenant en compte les émissions indirectes lors de son bilan
GES, une entreprise reconnaît sa responsabilité, même partielle, pour des émissions nécessaires à son
activité propre ». Il est donc important de bien comprendre les différents postes d’émissions indirectes
de GES et son niveau de contrôle sur chacun d’entre eux afin de cibler les zones de réduction
potentielles. La collaboration avec les parties prenantes externes est cruciale à la réussite des mesures
de réduction en raison de la nature des émissions indirectes de GES.

2.3 Double comptage des émissions et responsabilité des entreprises


Une autre barrière parfois expérimentée au sein des entreprises est le questionnement sur la
responsabilité des émissions indirectes de GES et de leur double comptage. En effet, par définition, les
émissions indirectes sont sous le contrôle de sources externes au périmètre organisationnel de
l’entreprise. Dans ce contexte, les émissions indirectes des uns sont les émissions directes des autres.
Par exemple, les émissions indirectes liées au transport des marchandises en amont sont en réalité les
émissions directes de l’entreprise de livraison.

De plus, plusieurs entreprises pourraient comptabiliser les mêmes émissions indirectes. Par exemple,
les émissions provenant de la fabrication d’un produit pourraient être comptabilisées par tous les

19
intervenants qui utilisent celui-ci plus en aval de la chaîne de valeur. Toutefois, une seule organisation
peut les comptabiliser comme faisant partie de ses émissions directes. Cette particularité des
émissions indirectes fait en sorte qu’une certaine confusion règne quand vient le temps de déterminer
à qui doit être imputée la responsabilité de ces émissions. Ce chevauchement des inventaires
d’émissions de GES peut également être une excuse pour ne pas agir en lien avec la problématique.
(SBTi, 2018)

Il est important de comprendre que le double comptage n’est pas un défaut, mais fait partie intégrante
du concept des émissions indirectes. Les inventaires d’émissions indirectes ne sont pas comptabilisés
dans l’optique de déterminer qui est l’unique responsable de ces GES. Ces bilans ne peuvent donc pas
être additionnés à ceux des émissions directes pour consolider les données de plusieurs compagnies
en raison de la redondance dans les données.

« Ces bilans ne servent pas à ça : puissants outils de dialogue, ils représentent davantage
un premier pas vers un plan d’action ambitieux doté d’un intérêt réel, ainsi qu’une
mobilisation de tous à travers un média commun, la tonne de CO2 équivalent. » (ADEME,
2016, p. 17).
L’objectif ultime n’est donc pas d’assigner une responsabilité, mais bien de parvenir à réduire les
émissions globales de GES.

Le double comptage des émissions ramène aussi à la notion de niveau de contrôle variable, qui a été
abordé dans la section précédente. Il existe une responsabilité partagée entre tous les acteurs de la
chaîne de valeur pour ce qui est des émissions de GES (Hertwich et Wood, 2018). Ce chevauchement
crée une opportunité de collaboration entre les différentes parties prenantes impliquées. Il multiplie
les possibilités de succès dans l’atteinte des objectifs de réduction des GES. Plus un fournisseur reçoit
de demandes de réduction de ses émissions de la part de ses clients, plus il est susceptible d’agir et
plus il est probable que ces entreprises atteignent leurs objectifs communs de réduction des émissions
de GES issues de la chaîne d’approvisionnement. (SBTi, 2018)

En revanche, une nuance à apporter en lien avec le double comptage des émissions indirectes est qu’il
faut éviter celui-ci au sein d’un même rapport d’inventaire de GES afin de minimiser les inexactitudes
dans les résultats (BHP, 2018).

20
2.4 Absence d’obligations légales de considérer les émissions indirectes
À l’heure actuelle, il n’existe pas d’obligations réglementaires de procéder à l’inventaire et à la
déclaration des émissions indirectes au Québec. Par exemple, selon le Règlement concernant le
système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de gaz à effet de serre (RSPEDE), les
organisations qui émettent annuellement plus de 25 000 tonnes d’éq. CO2 pour les émissions directes
et celles liées à l’énergie importée sont tenus de déclarer celles-ci au MELCC. Par ailleurs, les
organisations distribuant annuellement plus de 200 L de carburants et de combustibles sont tenues de
déclarer leurs émissions, et ce, même si elles ne dépassent pas le seuil de 25 000 tonnes d’éq. CO2 pour
les émissions directes et celles liées à l’énergie importée. Les autres émissions indirectes ne sont
toutefois pas mentionnées dans le cadre réglementaire actuel.

Le portrait est similaire à travers le monde, comme en France, en Australie et aux États-Unis (ADEME,
2016; Camenzuli et Newman, 2021; USEPA, 2021). En règle générale, les déclarations d’émissions
directes et celles indirectes liées à l’énergie sont requises pour toutes les organisations dépassant le
seuil de déclaration établi par les gouvernements locaux. En contrepartie, les émissions indirectes ne
sont habituellement pas obligatoires et elles sont laissées à la discrétion des organisations. (GHG
Protocol, 2011)

Le fait que les législations actuelles n’imposent généralement pas de tenir compte des émissions
indirectes est un frein pour plusieurs organisations, qui n’y voient donc pas d’intérêt. L’ADEME (2016,
p. 17) explique toutefois que, en lien avec la quantification des émissions indirectes, « si aujourd’hui,
la réglementation ne la rend pas obligatoire, toutes les méthodologies sautent le pas et invitent à
s’engager. » Par ailleurs, les gouvernements prennent peu à peu la mesure de leur importance et les
législations sont en constante évolution. Un exemple concret de ces changements provient d’un
communiqué de presse diffusé le 21 mars 2022 par la United States Securities and Exchange
Commission (SEC), la commission boursière des États-Unis. Celui-ci présente un projet de règlement
qui exigerait des émetteurs de GES cotés en bourse « qu’ils communiquent des informations précises
liées aux questions climatiques dans les documents déposés auprès des autorités en valeurs mobilières
[…] » (McCarthy Tétrault, 2022, p. 1). Cela inclurait, entre autres, la divulgation des émissions de GES
directes et indirectes liées à l’énergie importée. En outre, le déclarant serait tenu de dévoiler ses autres
émissions indirectes en amont et en aval de sa chaîne de valeur si celles-ci sont significatives ou si le
déclarant a défini un objectif de réduction de ces émissions. La période de consultation publique à
l’égard du projet se termine vers le début de l’été 2022 et son adoption est prévue pour le mois de
décembre 2022. (McCarthy Tétrault, 2022; United States Securities and Exchange Commission [SEC],
2022)
21
Dans le contexte actuel où les obligations légales se font rares dans la plupart des régions du monde,
certaines organisations qui font le choix de tenir compte de leurs émissions indirectes de GES
mentionnent une certaine « obligation morale » de le faire. En particulier, celles qui œuvrent en
partenariat avec des secteurs reconnus pour leurs fortes émissions indirectes, comme le tourisme et
le transport de marchandises. (Réseau Action Climat France [RACF], 2017, p. 5)

Par ailleurs, de plus en plus d’organisations posent des objectifs de réduction de GES qui sont alignés
avec les cibles de l’Accord de Paris et qui sont validés par l’organisme international Science Based
Target Initiative (SBTi). Les entreprises voulant fixer des objectifs alignés avec les critères de SBTi sont
tenues d’inclure les émissions indirectes dans leurs cibles lorsque celles-ci représentent 40 % ou plus
des émissions totales associées à l’entreprise (SBTi, 2021). Ainsi, en date de 2020, 94 % des
organisations dotées d’objectifs de réduction approuvés par SBTi incorporaient les émissions
indirectes dans leurs plans de réduction des GES. Ces entreprises ont besoin de données de la part de
leur chaîne de valeur. Les démarches de collecte de données en lien avec les émissions indirectes sont
donc en augmentation constante de la part des investisseurs et des autres parties prenantes
intéressées (Cooper, 2018). Un exemple d’entreprise ayant posé des objectifs de réduction des
émissions de GES indirectes entérinés par la SBTi est Cascades, une papetière québécoise dont les
cibles ont été abordées brièvement dans le premier chapitre (Cascades, 2021b).

Ainsi, bien que les législations actuelles n’obligent généralement pas les organisations à quantifier
leurs émissions indirectes de GES, de plus en plus d’entreprises sautent le pas et invitent leurs
fournisseurs à faire de même, engendrant un effet boule de neige.

2.5 Manque de ressources au sein des organisations


Un autre frein majeur pour les entreprises désirant se lancer dans la quantification de leurs émissions
indirectes de GES est le manque de ressources humaines et financières disponibles pour en réaliser le
projet. De plus, un manque de savoir-faire lié à la problématique entrave plusieurs entreprises dans
leurs analyses et leur gestion des émissions indirectes de GES. Plus la structure organisationnelle d’une
entreprise est complexe, plus la collecte des données et les calculs d’émissions deviennent difficiles à
effectuer. En outre, chacun des 16 postes d’émissions indirectes présentés à l’Annexe 1 est doté de sa
propre logique de quantification. Ainsi, les données à récolter sont très diversifiées et requièrent une
interaction avec divers départements internes et parties prenantes externes à l’organisation. (WWF,
2019)

22
Ainsi, bien que les organisations devraient idéalement s’efforcer de brosser le portrait des émissions
de leur chaîne de valeur de la façon la plus complète possible, cela n’est pas nécessairement réaliste
pour plusieurs entreprises. En premier lieu, ce ne sont pas tous les 16 postes d’émissions indirectes
qui seront applicables pour les activités d’une organisation. Par exemple, une entreprise qui n’opère
pas de franchises en aval pourra déterminer que le poste d’émissions correspondant (poste 20) n’est
pas applicable à son inventaire. Ensuite, un poste d’émission pourrait être applicable, mais
l’organisation pourrait être incapable d’estimer les émissions en raison d’un manque de données ou
d’un autre facteur limitant. Enfin, certains des postes d’émissions pourraient être non significatifs pour
les activités d’une entreprise en raison de leur taille négligeable. Par exemple, dans le cas d’une
organisation dont les employés n’effectuent que très peu de voyages d’affaires, le poste d’émission
associé à cette activité (poste 13) pourrait ne pas être significatif pour l’inventaire des GES. (GHG
Protocol, 2011)

Ainsi, une entreprise désirant quantifier ses émissions indirectes de GES serait avantagée si elle
déterminait lesquels des postes sont applicables et significatifs dans le contexte spécifique de ses
activités, et ce, avant même de réaliser son inventaire. Cela lui permettrait de mieux cibler les postes
d’émissions à prioriser dans sa collecte de données et dans ses calculs et, ainsi, de mieux répartir ses
ressources humaines et financières disponibles. Il existe donc un besoin d’élaborer une méthode
permettant de déterminer le niveau de significativité des différents postes d’émissions indirectes de
GES en tenant compte des besoins et activités spécifiques de l’organisation qui réalise l’inventaire.

2.6 Difficulté à voir les bénéfices de la quantification des émissions indirectes de GES
Enfin, certaines entreprises ont de la difficulté à voir les gains et bénéfices pouvant découler de
l’inclusion des émissions indirectes dans leurs inventaires de GES et dans leurs objectifs de réduction
(WWF, 2019). En effet, lorsque les entreprises réussissent à passer par-dessus les freins et obstacles
abordés précédemment, celles-ci pourraient en tirer plusieurs bénéfices. Les tableaux 2.1 à 2.3
présentent quelques-uns de ces avantages associés aux volets environnementaux, sociaux et
économiques respectivement, soient les trois piliers du développement durable (Loi sur le
développement durable).

23
Tableau 2.1 Bénéfices environnementaux de l’inclusion des émissions indirectes de GES dans les
inventaires des entreprises

Bénéfices environnementaux Sources

(ADEME, 2016; GHG


Potentiel accru de réduction des émissions globales de GES grâce à la
Protocol, 2011;
considération de sources d’émissions de GES hors du périmètre
Hertwich et Wood,
organisationnel
2018; SBTi, 2018)

Potentiel d’élaboration d’un plan d’action efficace de réduction des


émissions de GES de l’entreprise à partir d’un portrait complet de la (ADEME, 2016)
problématique.
Réflexion sur la dépendance aux énergies fossiles sur toute la chaîne de
(ADEME, 2016)
valeur de l’entreprise.

Tableau 2.2 Bénéfices sociaux de l’inclusion des émissions indirectes de GES dans les inventaires des
,,entreprises

Bénéfices sociaux Sources

Amélioration de l’image de marque de l’entreprise. (Cooper, 2018)

(GHG Protocol,
Transparence accrue auprès des parties prenantes.
2011)

Alignement de la vision et des valeurs de l’entreprise avec des actions


(ADEME, 2016)
concrètes.
Sensibilisation à la problématique des émissions indirectes de GES auprès des
parties prenantes internes et externes (direction, employés, clients, (SBTi, 2018)
fournisseurs, grand public, etc.).
Réponse à la pression des investisseurs, des clients et du grand public en lien
avec la prise d’action des entreprises dans la lutte contre les changements (SBTi, 2018)
climatiques.
Potentiel de se poser comme catalyseur de changement pour sa chaîne de
(SBTi, 2018)
valeur en vue de réduire les émissions globales de GES

Mitigation des risques sociaux auxquels fait face l’entreprise en lien avec les
émissions indirectes de GES, comme les modifications réglementaires liées au (GHG Protocol,
carbone ou une couverture médiatique négative basée sur les pratiques de 2011)
gestion des GES de l’entreprise ou d’un de ses fournisseurs.

24
Tableau 2.3 Bénéfices économiques de l’inclusion des émissions indirectes de GES dans les
,inventaires des entreprises

Bénéfices économiques Sources

Réduction des frais d’exploitation de l’organisation grâce à l’optimisation


(Cooper, 2018; GHG
potentielle de certains processus de la chaîne d’approvisionnement, comme
Protocol, 2011)
les transports de marchandises.

Encouragement du développement d’innovations techniques et de nouvelles (GHG Protocol,


collaborations d’affaires afin optimiser les chaînes d’approvisionnement. 2011; SBTi, 2018)

Augmentation de la résilience et mitigation du risque financier d’une


éventuelle taxe sur le carbone ou de l’augmentation des coûts de l’énergie
(ADEME, 2016)
tout au long de la chaîne de valeur grâce à une meilleure connaissance des
enjeux dans sa chaîne d’approvisionnement.

Fidélisation des consommateurs et augmentation des ventes, la demande


(GHG Protocol,
étant croissante pour de nouveaux produits qui réduisent de façon
2011)
démontrable les émissions de GES tout au long de la chaîne de valeur.

Différentiation de l’entreprise auprès de ses compétiteurs puisque les parties


(GHG Protocol,
prenantes externes s’intéressent de plus en plus aux réductions d’émissions
2011)
documentées.

Il est toutefois important de noter que ces avantages ne sont pas nécessairement uniques à une
démarche de quantification et de réduction des émissions indirectes, mais peuvent en découler,
surtout lorsqu’ils sont combinés avec d’autres mesures liées aux émissions directes de GES.

2.7 Objectif secondaire du projet


Ce chapitre a mis en lumière plusieurs freins à l’inclusion des émissions indirectes dans les inventaires
de GES des entreprises. Un objectif secondaire au projet de quantification des émissions indirectes de
GES dans une usine québécoise du secteur des pâtes et papiers émerge ainsi de ces enjeux. Celui-ci
consiste à élaborer une méthode permettant de déterminer la significativité des 16 postes d’émissions
indirectes afin de mitiger le manque de ressources dans les entreprises tout en tenant compte des
préoccupations des parties prenantes et de l’accessibilité limitée aux données primaires spécifiques
au site à l’étude.

Ainsi, dans un premier temps, afin de répondre aux objectifs principaux et secondaires de l’essai, une
quantification des émissions indirectes de l’usine est faite. Les émissions directes et celles liées à
l’énergie importée sont aussi calculées afin de permettre de comparer les données ainsi obtenues et

25
d’en faire une analyse révélatrice. Dans un second temps, un outil permettant de déterminer la
significativité des postes d’émissions indirectes est développé et ses résultats sont comparés aux
données obtenues par la quantification des tonnes d’éq. CO2. Ce faisant, l’efficacité de l’outil dans la
détermination des postes significatifs pour l’organisation peut être étudiée.

26
3. PRÉSENTATION DE L’ÉTUDE DE CAS
Ce chapitre présente le contexte spécifique du site choisi pour l’étude de cas et pour la réalisation d’un
inventaire des émissions indirectes de GES dans le domaine des pâtes et papiers au Québec, soit l’usine
de boîtes de carton de LaSalle opérée par Kruger. Pour ce faire, un portrait de haut niveau de
l’entreprise mère Kruger est réalisé. Puis, une description des activités propres au site de l’usine LaSalle
est présentée. Les parties prenantes pertinentes à la problématique sont aussi identifiées en relation
avec les postes d’émissions de GES sur lesquels elles ont un impact.

3.1 Portrait de Kruger


La société Kruger est une entreprise privée québécoise qui œuvre dans le secteur industriel des pâtes
et papiers, et ce, depuis sa fondation à Montréal en 1904. Initialement établie par Joseph Kruger,
l’entreprise est encore dirigée par ses descendants, ce qui en fait une entreprise familiale de quatrième
génération. Son modèle d’affaires consiste à transformer des ressources renouvelables forestières en
produits durables pour la vie quotidienne, comme du papier hygiénique commercial et domestique,
du papier essuie-tout, du carton d’emballage, des papiers de spécialité ainsi que des papiers pour
publication. En outre, l’entreprise possède une division de vins et spiritueux. L’organisation est
également reconnue comme étant l’un des principaux recycleurs de papier et de carton en Amérique
du Nord et utilise cette matière revalorisée dans la fabrication de ses produits. La majorité des
installations de production sont situées au Québec, dans les régions de Montréal, de Trois-Rivières, de
Sherbrooke, de Joliette et de Gatineau. L’entreprise opère également des usines dans le reste du
Canada et aux États-Unis, comme en Ontario, à Terre-Neuve, en Colombie-Britannique, au Tennessee
et au Kentucky. La figure 3.1 présente une carte de la localisation des usines de Kruger en Amérique
du Nord. De plus, Kruger exploite 42 sites de production d’énergie renouvelable d’une puissance
installée de 542 MW, comme des centrales hydroélectriques, des parcs éoliens, des parcs de panneaux
solaires et des chaudières à biomasse. (Kruger, 2018a)

Figure 3.1 Emplacements des usines de Kruger en Amérique du Nord (adapté de : Kruger, 2018b)
27
Comme la plupart des grandes entreprises du secteur des pâtes et papiers du Québec, Kruger opère
plusieurs usines qui émettent une quantité importante de GES dans l’atmosphère. En effet, selon les
déclarations d’émissions directes et indirectes liées à l’énergie fournies annuellement au MELCC
(2021), six de ses usines québécoises émettent annuellement plus de 10 000 t d’éq. CO2 et doivent
déclarer leurs émissions selon le RDOCECA. De plus, cinq usines émettent annuellement plus de
25 000 t d’éq. CO2 et sont assujetties au marché du carbone québécois selon le RSPEDE. À l’heure
actuelle, Kruger inventorie ses émissions directes et celles liées à l’énergie importée, mais ne procède
pas à la quantification des émissions indirectes associées à ses usines de manière systématique.
L’entreprise est toutefois consciente de la problématique et fait preuve d’un intérêt sur cette
problématique. (C. Healy, courriel, 14 mars 2022)

Les dirigeants de Kruger sont conscients de l’impact environnemental de leurs activités. L’entreprise
s’est ainsi dotée d’une politique environnementale qui définit les actions spécifiques prises par celle-
ci afin d’améliorer ses pratiques en matière de prévention et de réduction des dommages sur les
milieux naturels. Kruger mentionne sur son site Web que, depuis une décennie, l’entreprise a amélioré
sa performance environnementale sur plusieurs volets. Durant cette période, l’organisation a rapporté
une diminution des émissions directes de GES de 30 % par rapport aux valeurs de 2008. De plus,
l’entreprise a recyclé 750 000 t de carton chaque année, ce qui réduit le besoin d’exploiter de nouvelles
ressources forestières. (Kruger, 2021c)

Afin de continuer à connaître du succès dans les années à venir et dans l’optique de trouver un
équilibre entre la rentabilité, la planète et la santé humaine, Kruger a élaboré cinq cibles d’amélioration
de la performance. Celles-ci sont : le maintien de lieux de travail sains et sécuritaires, la prévention des
incidents environnementaux, la réduction de la consommation d’énergie, la conservation de l’eau ainsi
que la réduction des GES (Kruger, 2021b).

Par ailleurs, Kruger démontre sa responsabilité sociale et son engagement envers sa chaîne de valeur
à travers diverses politiques. Sa politique environnementale mentionne que l’entreprise s’engage à
protéger l’environnement dont elle dépend pour sa viabilité à long terme tout comme pour le bien de
ses employés, de ses clients, de ses partenaires et des communautés dans lesquelles elle œuvre
(Kruger, 2021c). L’entreprise s’est également munie d’un code de conduite pour ses fournisseurs,
mettant en évidence ce qui est attendu de la part de ceux-ci et de ses sous-traitants. Le code de
conduite aborde les aspects sociaux, éthiques, de sécurité et de confidentialité, mais également
l’aspect de l’environnement. En particulier, Kruger invite ses fournisseurs à « minimiser, par un
processus d’amélioration continue, les répercussions de leurs activités sur l’environnement » (Kruger,
28
2021a, p. 1). Enfin, l’entreprise est dotée d’une politique d’approvisionnement en matière ligneuse
(matière première issue du bois) indiquant que Kruger fait :
« […] tous les efforts nécessaires pour s’assurer que ses approvisionnements en matière
ligneuse proviennent de forêts où les pratiques forestières sont conformes aux exigences
des normes de certification forestière reconnues […] ou que cette matière première ne
provienne pas de bois de conflit ou de sources controversées […]. » (Kruger, s.d.a, p. 1)
Cet engagement à travailler en partenariat avec la chaîne de valeur et les différentes parties prenantes
pertinentes est crucial dans le contexte des émissions indirectes de GES. En effet, bien que ces
émissions soient générées par des acteurs externes à l’entreprise, il existe une responsabilité partagée
pour celles-ci tout au long de la chaîne d’approvisionnement (Hertwich et Wood, 2018). Une
collaboration entre une organisation, ses fournisseurs, ses sous-traitants, ses employés et ses clients
est donc essentielle pour s’attaquer à l’enjeu de la réduction des émissions indirectes de GES.

3.2 Contexte de l’usine LaSalle


Dans le cadre du présent projet, l’usine LaSalle de Kruger a été spécifiquement choisie comme sujet
de l’étude de cas pour la quantification de ses émissions indirectes de GES. Les raisons de cette
sélection reposent sur le fait qu’il s’agit d’un emplacement situé au Québec, ce qui facilite l’accessibilité
aux données et la communication avec les employés du site. Par ailleurs, l’usine est située à proximité
de ses sources d’approvisionnement en matières premières, comme le carton, ce qui facilite la
traçabilité du transport des intrants, un aspect clé de l’inventaire des GES indirects. Enfin, il s’agit de
l’une des deux usines de production de boîtes de carton au Québec opérées par Kruger, des procédés
assez simples comparativement aux usines de fabrication de pâte à papier qui requièrent une quantité
beaucoup plus importante d’intrants. Cela permettra de tester la méthodologie et les constats qui
seront posés dans le cadre de l’étude pourront éventuellement être appliqués à d’autres usines de
l’entreprise.

Kruger est doté d’un site industriel à LaSalle, sur l’île de Montréal, depuis 1950. À l’époque, l’ancienne
usine employait 125 travailleurs. En 1986, un investissement de 25 M$ a été annoncé pour la
construction d’une nouvelle usine à LaSalle et celle-ci a été mise en service en 1987 (Les Affaires, 1986).
L’usine est située au 7474 rue Cordner à LaSalle, comme montré à la figure 3.2. Celle-ci s’étend sur une
superficie de près de 20 000 m2 et compte aujourd’hui près de 180 employés. Il s’agit du site visé par
l’étude dans le cadre de ce projet. (Kruger, s.d.b)

29
Figure 3.2 Vue aérienne de l’usine LaSalle de Kruger, à Montréal (tiré de : Google Earth, 2021)

L’usine de LaSalle fabrique des boîtes de carton ondulé pour une grande variété de produits comme
pour des boissons, des produits laitiers, de la viande, des légumes, des fleurs, des produits chimiques
et des textiles. Les boîtes sont conçues, découpées, collées et assemblées sur place en offrant un
service personnalisé aux besoins techniques, économiques et environnementaux des clients. (Kruger,
s.d.b) Le site est également équipé d’un service d’impression flexographique en quadrichromie de
haute qualité, un type d’impression en relief à quatre couleurs qui est utilisé sur le carton. (Ressources
naturelles Canada [RNCAN], 2006)

3.2.1 Intrants et extrants


L’usine de Kruger à LaSalle est dotée d’une capacité annuelle de production de plus de 1,4 milliard de
pieds carrés de carton ondulé, soit près de 130 millions de mètres carrés (Kruger LaSalle, 2019). Ce
carton est produit à partir de rouleaux de carton provenant d’autres usines et est transformé en boîtes
sur place. Près de 60 % du carton utilisé comme matière première à LaSalle provient d’autres sites de
Kruger, comme ceux de Trois-Rivières ou de Place Turcot, à Montréal. Le reste provient de compagnies
externes situées au Québec et aux États-Unis. (D. Bonin, courriel, 22 mars 2022) Le processus de
fabrication des boîtes de carton est alimenté par de l’hydroélectricité, qui est achetée à Hydro-Québec,
ainsi que par du gaz naturel. Ce combustible est également utilisé pour le chauffage du bâtiment.
(RNCAN, 2006) Les tableaux 3.1 et 3.2 présentent une liste non exhaustive des intrants et extrants
30
principaux associés aux activités de l’usine LaSalle. Un diagramme simplifié des processus internes de
l’usine est également présenté à l’Annexe 2.

Tableau 3.1 Liste des intrants de l’usine LaSalle de Kruger (inspiré de : Kruger LaSalle, 2022)

Intrants
Hydroélectricité
(fournie par Hydro-Québec)
Eau d’aqueduc
(fournie par la Ville de Montréal)
Combustibles fossiles
(ex. : Gaz naturel, propane, etc.)
Produits chimiques pour le traitement des eaux
(ex. : Acide sulfurique, sulfate de fer, etc.)
Produits chimiques pour la production de colles
(ex. : Amidon, soude caustique, borax, etc.)
Encre pour impression
Rouleaux de papier
Produits de nettoyage
Autres intrants divers
(ex. : Fournitures de bureau et informatique, matériel d’expédition des marchandises, matériel
de maintenance et d’entretien du site, équipements de protection individuelle des travailleurs,
etc.)

Tableau 3.2 Liste des extrants de l’usine LaSalle de Kruger (inspiré de : Kruger LaSalle, 2022)

Extrants
Produits finis
(Boîtes de carton)
Eaux usées
Matières résiduelles non dangereuses
(ex. : Papier, carton, déchets, bois, poussière, etc.)
Matières résiduelles dangereuses
(ex. : Huiles usées, résidus d’encre, piles, matières souillées d’huile ou de graisse, contenant de
produits chimiques vides, etc.)
Émissions diverses dans l’environnement
(ex. : GES, oxydes d’azote [NOx], composés organiques volatils [COV], etc.)

Plusieurs postes d’émissions de la norme ISO 14069 (2013) sont associées aux intrants et aux extrants
de l’usine. Par exemple, la production des produits utilisés par l’organisation est incluse dans les
émissions du poste 9, tandis que les émissions liées à la phase de la fin de vie des déchets générés sur
le site font partie du poste 11. Comme mentionné précédemment, l’Annexe 1 présente la liste
complète des postes d’émissions selon ISO 14069 (2013) ainsi que des exemples concrets de ceux-ci.

31
De plus, les émissions de GES directes de l’usine sont quantifiées depuis quelques années, tout comme
celles indirectes générées par l’énergie importée. Quant à elles, les autres émissions indirectes de GES
n’ont jamais été quantifiées pour ce site et elles seront évaluées dans le cadre de ce projet. Le
tableau 3.3 présente le sommaire des émissions de GES de l’usine pour 2019.

Tableau 3.3 Émissions de GES de l’usine LaSalle de Kruger en 2019 (adapté de : Delphi Group, 2020)
# ISO
Postes d’émissions de GES Émissions de GES (t éq. CO2)
14069
1à5 Émissions directes 4435
6à7 Émissions indirectes liées à l’énergie importée 15
8 à 23 Autres émissions indirectes Inconnues
1 à 23 Total des émissions de GES quantifiées 4450

L’usine de LaSalle se situe sous les seuils de déclaration du RDOCECA (plus de 10 000 t d’éq. CO2) et du
RSPEDE (plus de 25 000 t d’éq. CO2). En effet, le tableau ci-dessus montre que, en 2019, l’usine a
généré, pour les émissions directes et celles indirectes liées à l’énergie importée, 4450 t d’éq. CO2
(Delphi Group, 2020).

3.2.2 Parties prenantes pertinentes


Enfin, les parties prenantes pertinentes ayant un impact de près ou de loin sur la problématique des
émissions indirectes de GES de l’usine LaSalle sont nombreuses. Le tableau 3.4 présente une synthèse
des parties prenantes pertinentes principales pour chacun des postes d’émissions indirectes de GES
définis dans la norme ISO 14069 (2013).

Tableau 3.4 Parties prenantes pertinentes associées aux postes d’émissions indirectes de GES pour
l’usine LaSalle de Kruger

Parties prenantes pertinentes associées


# ISO Poste d’émission Utilisateurs
Siège Clients
14069 indirecte de GES Usine Employés Sous- des
social de Fournisseurs de
LaSalle de l’usine traitants produits
Kruger Kruger
finis
Autres activités
8 ✔ ✔
liées à l’énergie
Produits et
9 ✔ ✔
services achetés
10 Immobilisation ✔ ✔
Déchets générés
11 par les activités ✔ ✔
de l’organisation
Transport de
12 marchandises en ✔ ✔ ✔
amont

32
Parties prenantes pertinentes associées
# ISO Poste d’émission Utilisateurs
Siège Clients
14069 indirecte de GES Usine Employés Sous- des
social de Fournisseurs de
LaSalle de l’usine traitants produits
Kruger Kruger
finis
Déplacement
13 ✔
professionnel
Actifs loués en
14 ✔ ✔ ✔
amont
15 Investissements ✔
Déplacement des
16 clients et des ✔ ✔
visiteurs
Transport de
17 marchandises en ✔ ✔ ✔ ✔ ✔
aval
Phase
18 d’utilisation du ✔ ✔
produit
Fin de vie du
19 ✔ ✔
produit
Franchises en
20
aval
Actifs loués en
21
aval
Trajet domicile-
22 travail des ✔ ✔
employés
Autres émissions
23
indirectes

Toutes ces parties prenantes ont un impact sur les émissions indirectes de GES associées aux activités
de l’usine LaSalle. Elles doivent donc être considérées dans la réalisation du projet, dans la collecte des
données pour la réalisation de l’inventaire des GES ainsi que dans l’élaboration d’objectifs de réduction
des émissions.

33
4. MÉTHODOLOGIE
Selon Jurić et Ljubas (2020), il existe deux méthodologies reconnues internationalement pour le calcul
des émissions de GES directes et indirectes d’une organisation : la famille des normes ISO 14060 ainsi
que le GHG Protocol. Les deux approches sont similaires, autant dans leur contenu que dans leurs
objectifs. La principale différence est que les normes ISO sont plus génériques et universelles tout en
étant présentées avec un ton neutre. En contrepartie, le GHG Protocol contient plus d’exemples
concrets et est présenté avec une approche visant à motiver les organisations à passer à l’action en
lien avec la réduction de leurs émissions de GES. Globalement, peu importe le choix de l’approche fait
par une entreprise, il est une bonne pratique de consulter chacune des méthodologies afin d’avoir une
vue d’ensemble de la problématique, les deux approches étant assez similaires pour être compatibles.
(Ecologia, s.d.)

Dans le cadre du présent projet, la quantification des émissions indirectes de GES de l’usine LaSalle de
Kruger est réalisée en s’inspirant principalement de l’approche proposée par la famille des normes ISO
14060, plus spécifiquement par la norme ISO 14064-1:2018 (Partie 1: Spécifications et lignes
directrices, au niveau des organismes, pour la quantification et la déclaration des émissions et des
suppressions des gaz à effet de serre) et la norme ISO 14069:2013 (Quantification et rapport des
émissions de gaz à effet de serre pour les organisations — Directives d’application de l’ISO 14064-1).
Afin de bonifier le contenu de la méthodologie, certains documents préparés par le GHG Protocol ont
également été consultés et servent de sources supplémentaires, en particulier le Corporate Value
Chain (Scope 3) Accounting and Reporting Standard (2011).

Ainsi, dans l'optique de répondre à l'objectif principal de l'essai qui est de quantifier les émissions
indirectes de l'usine LaSalle de Kruger, la suite de ce chapitre aborde quelques-uns des éléments requis
dans la présentation d’un rapport d’inventaire de GES selon l’Annexe F de la norme ISO 14064-1
(2018). Cela inclut : les principes de conformité d’un rapport, une description de l’inventaire et de ses
buts, le périmètre organisationnel ainsi que le périmètre de déclaration de l’inventaire. Par ailleurs,
afin de répondre à l'objectif secondaire de l'essai, une matrice permettant de déterminer la
significativité des postes d'émissions indirectes a été développée et celle-ci est présentée à la fin du
chapitre.

4.1 Principes de conformité


L’inventaire des émissions de GES de l’usine LaSalle de Kruger a été réalisé en respectant les principes
de base requis par la norme ISO 14064-1 (2018) : la pertinence, la complétude, la cohérence,
l’exactitude et la transparence. L’application de ces principes a comme objectif de garantir que les
34
informations relatives aux GES sont « vraies et justes ». Cette section présente ces principes et leur
application dans le cadre du projet.

4.1.1 Pertinence
Le principe de pertinence consiste à « sélectionner les sources […] de GES ainsi que les données et les
méthodologies adaptées aux besoins de l’utilisateur cible » (ISO, 2018, p. 7). Dans le cadre de ce projet,
les sources d’émissions de GES ont été déterminées en se basant principalement sur les
recommandations de la section 5.4 de la norme ISO 14069 (2013), portant sur la quantification des
émissions de GES pour chaque poste d’émission. Cela inclut des exemples de scénarios minimaux et
optimaux pour les sources d’émissions à considérer et pour les données à récolter en lien avec chacun
des postes d’émissions. Le Corporate Value Chain (Scope 3) Accounting and Reporting Standard,
produit par le GHG Protocol (2011), a également été consulté comme complément d’information. Tous
les 16 postes d’émissions indirectes de GES ont été évalués afin d’avoir le portrait le plus complet de
la problématique. Toutefois, le présent rapport précise également les cas où un poste d’émission
indirecte de GES aurait été jugé non applicable au cas à l’étude. Par ailleurs, afin de permettre une
comparaison significative des données, les émissions directes et celles indirectes liées à l’énergie
importée ont également été quantifiées pour l'année de référence.

4.1.2 Complétude
Le principe de complétude consiste à « inclure toutes les émissions […] de GES pertinentes » (ISO,
2018, p. 7). Dans le cadre du projet, tous les postes d’émissions directes et indirectes de GES ont été
considérés dans l’inventaire. Tel que mentionné dans la section précédente, le présent rapport fournit
la justification et la raison de l’exclusion de certains postes ou sources d’émissions de GES lorsque
ceux-ci ne sont pas applicables au cas spécifique à l’étude.

4.1.3 Cohérence
Le principe de cohérence est de « permettre des comparaisons significatives des informations relatives
aux GES » (ISO, 2018, p. 7). La cohérence des informations présentées dans l’inventaire permet de
procéder à des comparaisons à l’interne et à l’externe de l’organisation, ou bien entre les périodes
temporelles (ISO, 2013). Dans cette optique, un outil de calcul Excel a été créé pour procéder aux
calculs et pour générer les graphiques de résultats de l’inventaire. Cet outil est conçu pour être
réutilisable d’année en année, afin d’y inclure les données les plus à jour. Cela permet de réaliser une
comparaison significative des résultats à partir de l’année de référence.

35
4.1.4 Exactitude
Le principe d’exactitude est de « réduire, dans la mesure du possible, les biais et les incertitudes » (ISO,
2018, p. 7). Les calculs de quantification des émissions de GES sont basés sur les données les plus
exactes ayant été recueillies auprès des employés de l’usine LaSalle de Kruger et dans les ouvrages de
référence du domaine. Les facteurs d’émissions de GES utilisés sont spécifiques à la région lorsque
possible, que ce soit pour le Québec ou le Canada. Par exemple, les facteurs d’émissions proposés par
Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) dans la seconde partie du Rapport
d’inventaire national 1990–2019 : Sources et puits de gaz à effet de serre au Canada (2021b) ont été
la référence principale pour les GES liés à la combustion des hydrocarbures dans le transport des
marchandises. De plus, d’autres facteurs d’émissions proviennent de l’outil d’analyse de cycle de vie
GHGenius 5.0d (S&T Squared Consultants Inc., 2015), en particulier en lien avec la production de divers
hydrocarbures. Afin d’y trouver les données régionales les plus exactes possibles, la base de données
spécifique au Québec a été sélectionnée et appliquée dans l’outil de GHGenius 5.0d.

Il est toutefois important de noter que, dans le contexte d’un inventaire d’émissions indirectes de GES,
il est généralement accepté de poser des hypothèses et de faire des approximations lorsque des
données sont manquantes. En effet, l’ADEME explique dans son guide Réduire les émissions de gaz à
effet de serre tout au long de la chaîne de valeur de votre activité (2016) que l’objectif d’un rapport
d’émissions indirectes n’est pas tant de minimiser les incertitudes, mais bien de se doter d’une vue
d’ensemble de la situation afin de mieux déterminer quelles sont les cibles d’action. Dans cette
optique, lorsque les données pertinentes pour la quantification des émissions n’étaient pas
disponibles, des estimations appropriées et conservatrices ont été réalisées (ISO, 2018). Ces situations
ont été clairement indiquées dans les calculs, tout comme la justification des hypothèses posées. Par
ailleurs, si des valeurs plus précises sont accessibles dans le futur, celles-ci pourront être remplacées
afin de mieux refléter la réalité de l’organisation à l’étude.

4.1.5 Transparence
Le principe de transparence consiste à « divulguer les informations suffisantes et appropriées relatives
aux GES afin de permettre aux utilisateurs cibles de prendre des décisions avec une confiance
raisonnable » (ISO, 2018, p. 7). Comme mentionné précédemment, les sources des données, les
facteurs d’émission employés ainsi que les méthodes et les hypothèses de calculs sont clairement
présentés dans l’outil de calcul afin de permettre aux utilisateurs d’avoir une bonne compréhension
de l’analyse et un niveau de confiance raisonnable en celle-ci. Les hypothèses posées et les lacunes
dans les calculs sont également présentées, dans une optique d’amélioration continue du processus
de quantification.
36
4.2 Description générale de l’inventaire
Le but spécifique principal de cet inventaire est de quantifier les émissions indirectes de GES associées
aux activités de l’usine LaSalle de Kruger en vue de se doter d’une meilleure compréhension de la
situation. Subséquemment, il pourrait être possible d’identifier des pistes d’améliorations accessibles
pour la réduction des émissions de GES à partir des données d’une année de référence. De plus, des
constats pourront être posés en lien avec la méthodologie employée et la disponibilité des données
de calcul afin d’améliorer le processus dans le futur.

Enfin, le présent inventaire pourrait servir de projet pilote au sein de l’entreprise Kruger pour la
quantification des émissions indirectes de GES associées à leurs activités. Pour ce faire, un outil de
calcul Excel a été créé pour effectuer la quantification. Celui-ci peut être modifié chaque année pour
mettre à jour les données d’activités du site les plus actuelles. Les utilisateurs cibles de l’inventaire
sont donc les employés de Kruger, qui pourront l’utiliser comme outil d’analyse de leurs émissions de
GES. Par ailleurs, les résultats de l’inventaire sont disponibles publiquement dans cet essai, mais les
données brutes provenant de l’usine qui sont utilisées pour les calculs sont confidentielles.

4.2.1 Collecte des données


La présente quantification des émissions de GES est réalisée à partir de deux types de
données d’activités : les données primaires et secondaires. Les données primaires sont spécifiques à
la chaîne de valeur de l’entreprise pour laquelle est réalisée l’inventaire de GES. Celles-ci peuvent être
obtenues par le biais de diverses méthodes, comme des registres d’achat, des factures, des bilans de
masse, des relevés de compteur, des quantités de combustibles consommés et des calculs
stœchiométriques. (GHG Protocol, 2011; ISO, 2013)

Dans le cadre du projet, les données primaires ont principalement été collectées auprès des employés
du département d’environnement de l’usine de LaSalle. Un questionnaire préliminaire contenant des
données essentielles à la réalisation du projet leur a été envoyé en janvier 2022. Cela a permis de
récolter la majorité des informations requises, comme la quantité de produits fabriqués par année, la
masse de matières résiduelles générées, les plans de l’usine et la liste des intrants. D’autres données
manquantes ont, par la suite, été trouvées en contactant des intervenants plus spécifiques, comme le
département de logistique et de transport de Kruger, afin d’avoir accès aux informations liées au
transport des marchandises en amont et en aval. Aucune partie prenante externe n’a été contactée
directement pour récolter des données primaires. Toutefois, des factures et d’autres documents
officiels produits par certains fournisseurs et sous-traitants ont été employés pour déterminer les
quantités des intrants, comme l’encre et le gaz naturel.
37
Dans les situations où les données primaires n’étaient pas disponibles pour consultation ou étaient
inexistantes, des données secondaires ont été employées. Au lieu d’être spécifiques à l’entreprise,
celles-ci sont constituées de valeurs moyennes dans l’industrie. Elles peuvent provenir de sources
diverses, comme des bases de données et des publications internationalement reconnues, fournies
par des gouvernements ou bien des articles scientifiques évalués par des pairs. Ce type de données et
leur provenance sont clairement identifiés dans l’outil de calcul, tout comme les hypothèses posées
pour justifier leur utilisation. (GHG Protocol, 2011; ISO, 2013)

4.2.2 Facteurs d’émission


Les facteurs d’émission de GES utilisés dans les calculs proviennent de publications reconnues, comme
le Rapport d’inventaire national 1990-2019 : Sources et puits de gaz à effet de serre au Canada, produit
par ECCC (2021b) ainsi que les Facteurs d’émission et de conversion de Transition Énergétique Québec
(2019). Des articles scientifiques ont été employés comme références pour certains facteurs
d’émissions qui n’étaient pas disponibles dans des bases de données consolidées. Par ailleurs, la
majorité des données employées sont spécifiques au Québec et au Canada. Toutefois, lorsque des
données propres à la région étudiée n’étaient pas disponibles, des sources internationales ont été
employées.

4.2.3 Année de référence


L’année de référence sélectionnée pour l’inventaire est 2020, soit du 1er janvier 2020 au
31 décembre 2020. Initialement, l’année 2021 avait été ciblée afin de travailler avec des données plus
récentes. Cependant, après avoir commencé la collecte des données en janvier 2022, la majorité des
informations requises n’étaient pas encore consolidées par l’entreprise pour l’année 2021, comme ce
qui avait trait aux volumes de production, aux quantités d’intrants et au transport des marchandises.
L’année 2020 a donc été choisie, puisqu’il s’agit de l’année la plus récente avec la majorité des données
accessibles au sein de l’usine. Quelques données pour l’année 2020 n’étaient toutefois pas disponibles
pour l’inventaire. Dans ces situations, des hypothèses ont pu être posées grâce à des recherches dans
la littérature et avec des moyennes du domaine. Ces variations sont clairement indiquées dans les
calculs par souci de transparence.

Le fait d’avoir choisi l’année 2020 peut toutefois apporter un biais dans les données en raison de la
pandémie de COVID-19, dont les répercussions se sont fait sentir à partir de mars 2020 au Québec. Les
mesures sanitaires, imposées à ce moment par les paliers de gouvernements, ont eu un impact sur
toutes les facettes de l’économie, ce qui peut induire une variation dans les données par rapport aux
années antérieures. Dans le cas de l’usine LaSalle de Kruger, celle-ci n’a toutefois pas eu à réduire de
38
façon significative sa production au cours de l’année. De plus, étant un site manufacturier, le télétravail
n’a pas été implanté de façon intensive pour les employés. Il est donc raisonnable de considérer que
les données de 2020 sont assez représentatives pour les besoins de cette étude. Une nuance à
apporter sur ce point touche les déplacements professionnels et les visites à l’usine (postes
d’émission 13 et 16 selon la norme ISO 14069:2013). En effet, les employés visitant les clients ont vu
leurs déplacements réduits depuis le début de la pandémie de COVID-19. Les visites à l’usine ont
également été limitées en raison des mesures sanitaires en vigueur chez Kruger pour contrer la
propagation de la COVID-19.

Puisqu’aucun inventaire d’émissions indirectes de GES n’a été réalisé par le passé pour l’usine LaSalle
de Kruger, la quantification réalisée dans le cadre de ce projet pour 2020 pourrait donc agir comme
année de référence afin de comparer la progression et de poser des objectifs de réduction. De plus,
une mise à jour annuelle de l’inventaire pourrait être effectuée en utilisant l’outil de calcul élaboré
dans le cadre de ce projet.

4.3 Périmètre organisationnel


Selon la norme ISO 14064-1 (2018, p. 6), le périmètre organisationnel est le « regroupement d’activités
ou d’installations dans lequel une organisation exerce un contrôle opérationnel ou financier ou
possède une part du capital ». L’approche de consolidation des émissions ayant été adoptée dans le
cadre de ce projet est celle basée sur le contrôle opérationnel, tel que proposé dans la norme. Selon
cette méthode, l’organisation comptabilise toutes les émissions et suppressions de GES issues des
installations sur lesquelles il exerce un contrôle opérationnel. (ISO, 2018)

Le périmètre organisationnel du présent inventaire est fixé uniquement à l’usine d’emballages de


Kruger, située au 7474 rue Cordner à LaSalle. Ainsi, les autres divisions et usines de Kruger sont exclues
du périmètre de l’inventaire. Toutefois, la chaîne de valeur en amont et en aval, associée à l’usine de
LaSalle, est considérée en ce qui a trait aux émissions indirectes de GES.

4.4 Périmètre opérationnel


Le périmètre opérationnel, parfois appelé « périmètre de déclaration », est défini dans la norme
ISO 14064-1 (2018, p. 6) comme étant le « regroupement des émissions de GES ou des suppressions
de GES déclarées dans le périmètre organisationnel, ainsi que des émissions indirectes significatives
qui découlent des opérations et activités de l’organisme ».

39
L’inventaire des émissions indirectes de GES de l’usine LaSalle est effectué en tenant compte du CO2,
du CH4 et du N2O qui sont envoyés dans l’atmosphère tout au long de la chaîne de valeur de
l’entreprise, les autres GES étant négligeables en quantité. Selon les informations récoltées et fournies
par les employés de Kruger, aucun puits ni réservoir de GES n’est applicable à la situation à l’étude. Par
conséquent, aucune suppression de GES n’est incluse dans les calculs et uniquement les sources
d’émissions ont été considérées. Celles-ci sont décrites plus en détail dans le chapitre 5. Par ailleurs,
aucune émission de GES issue de la biomasse n’a été recensée pour l’année de référence de
l’inventaire.

Une évaluation de haut niveau des émissions directes (postes 1 à 5) ainsi que des émissions indirectes
liées à l’énergie importée (postes 6 et 7) a été effectuée. Toutefois, l’objectif principal du projet étant
de quantifier les émissions indirectes de GES, les postes 1 à 7 ont uniquement été recensées afin de
procéder à une analyse de la proportion des émissions indirectes sur les émissions totales de GES dans
la discussion du chapitre 6.

Dans le cas des autres émissions indirectes de GES (postes 8 à 23), tous les 16 postes ont été considérés
dans l’inventaire dans l’optique de réaliser une quantification exhaustive qui respecte les principes de
complétude et de transparence. Certains postes d’émissions indirectes ont toutefois été exclus lorsque
la collecte des données a démontré qu’ils n’étaient pas applicables dans le cas des activités de l’usine
LaSalle de Kruger. Par exemple, l’organisation n’est pas locatrice d’actifs en aval (poste 21). Ainsi,
aucune émission associée à ce poste d’émission n’a été recensée. Ces situations sont abordées plus en
détail dans le chapitre 5, présentant les calculs effectués pour tous les postes d’émissions.

Toutefois, bien que tous les postes d’émissions applicables aient été considérés pour les calculs par
souci de complétude et de transparence, ils ne sont pas nécessairement tous significatifs, comme ça a
été expliqué dans le chapitre 2. L’objectif secondaire identifié précédemment pour le projet est ainsi
d’élaborer une méthode permettant de déterminer la significativité des postes d’émissions indirectes.
Ce faisant, il serait possible de mitiger le manque de ressources dans les entreprises tout en tenant
compte des préoccupations des parties prenantes et de l’accessibilité limitée aux données primaires
spécifiques au site à l’étude. Ainsi, une matrice permettant de détermination de la significativité des
postes d’émissions indirectes a été mise sur pied et est présentée dans la section suivante.

40
4.5 Matrice de détermination des postes significatifs d’émission indirectes de GES
L’outil permettant de déterminer la significativité des postes d’émissions indirectes a été élaboré sous
forme d’une matrice. Celle-ci permet d’évaluer si les postes d’émissions répondent à des critères
d’analyse qui ont été pondérés au préalable afin de refléter les besoins et contraintes propres à
l’organisation réalisant l’inventaire de GES. Ainsi, les entreprises utilisant la matrice avant de réaliser
leur rapport d’inventaire pourraient prioriser leurs ressources humaines et financières vers les postes
d’émission les plus significatifs dans le contexte de leurs activités. L’utilisation de la matrice en amont
de la réalisation de l’inventaire des GES indirects permettrais aussi aux organisations d’effectuer un
exercice de réflexion préliminaire sur la provenance de leurs émissions et sur leurs impacts selon
plusieurs critères prédéterminés. Ce processus se fait idéalement en équipe, afin de tenir compte des
points de vue de plusieurs intervenants au sein de l’organisation.

La section suivante expose une présentation sommaire de l’outil développé, incluant les critères
d’analyse choisis pour la matrice ainsi que le système de pondération et de notes employé dans
l’analyse de la significativité. De plus, l’application de la matrice dans le contexte spécifique du site à
l’étude est abordée, soit l’usine LaSalle de Kruger.

4.5.1 Choix des critères d’évaluation de la significativité


La norme ISO 14064-1 (2018) explique que l’organisation réalisant l’inventaire peut se baser sur des
critères prédéterminés pour exclure les postes d’émissions non significatifs. Ces critères d’évaluation
de la significativité peuvent être basés, par exemple, sur le niveau d’influence de l’entreprise sur les
sources d’émissions, l’accessibilité aux données, les préoccupations des parties prenantes, le secteur
d’activité de l’entreprise, le niveau de risque associé à ces émissions (financier, légal, réputation,
environnemental, etc.) ainsi que sur un seuil quantitatif d’équivalents CO2. Par ailleurs, la norme met
en garde de ne pas se baser sur les critères pour « exclure des quantités substantielles d’émissions
indirectes ou se soustraire aux obligations de conformité » (ISO, 2018, p. 8). Enfin, selon la norme
ISO 14069 (2013), il est recommandé que l’organisation tienne compte d’au moins deux critères afin
de réduire le risque d’omissions de sources significatives ainsi que pour garantir une approche
transparente vis-à-vis les parties prenantes intéressées. Les normes ne présentent toutefois pas de
méthodologie précise pour déterminer ces critères ni sur une façon spécifique de procéder à leur
évaluation. La figure 4.1 ci-dessous présente l’outil et ses résultats pour l’usine LaSalle de Kruger. Les
cases devant être remplies par l’organisation y sont représentées en orange, tandis que toutes les
autres cases se calculent automatiquement. La figure 4.1 sert de référence pour les explications dans
la suite de cette section.

41
1. Volume des 3. Disponibilité et 4. Importance pour
Critères 2. Niveau d'influence
émissions qualité des données les parties prenantes J : TOTAL
A : Pondération (0 à 3) 3 1 2 2 PONDÉRÉ
F : Note G : Note H : Note I : Note
B : Note C : Note D : Note E : Valeur (F+G+H+I)
Poste d'émission indirecte pondérée pondérée pondérée pondérée
(0 à 3) (0 à 3) (0 à 3) (0 à 3)
(A x B) (A x C) (A x D) (A x E)
Activités liées à l’énergie qui ne sont comprises
8 ni dans les émissions directes ni dans les 2 6 1 1 3 6 1 2 15
émissions indirectes d’énergie
9 Produits et services achetés 3 9 2 2 2 4 2 4 19
10 Immobilisations 1 3 1 1 1 2 1 2 8
Déchets générés par les activités de
11 2 6 3 3 1 2 2 4 15
l’organisation
Transport de marchandises et distribution en
12 3 9 2 2 2 4 2 4 19
amont
13 Déplacements professionnels 1 3 2 2 1 2 1 2 9
14 Actifs loués en amont 1 3 1 1 1 2 1 2 8
15 Investissements 0 0 0 0 0 0 2 4 4
16 Déplacements des clients et des visiteurs 1 3 1 1 1 2 1 2 8
Transport de marchandises et distribution en
17 2 6 2 2 2 4 2 4 16
aval
18 Phase d’utilisation du produit 0 0 0 0 0 0 3 6 6
19 Fin de vie du produit 3 9 1 1 1 2 3 6 18
20 Franchises en aval 0 0 0 0 0 0 0 0 0
21 Actifs loués en aval 0 0 0 0 0 0 0 0 0
22 Trajets domicile-travail des employés 2 6 1 1 2 4 2 4 15
Autres émissions indirectes non incluses dans
23 0 0 0 0 0 0 0 0 0
les 22 autres postes d’émissions
TOTAL - 63 - 17 - 34 - 46 160
Figure 4.1 Matrice de détermination de la significativité appliquée dans le contexte de l’usine LaSalle de Kruger
42
Dans le cas de la matrice développée, quatre critères d’analyse ont été sélectionnés. Ceux-ci sont
inspirés principalement des recommandations trouvées dans les normes ISO 14064-1 (2018) et
ISO 14069 (2013) ainsi que sur celles du GHG Protocol (2011) et de l’ADEME (2016). Ils ont été choisis
pour refléter les enjeux parmi les plus représentatifs de la problématique de la quantification des
émissions indirectes de GES. Les quatre critères choisis sont ainsi : le volume des émissions de GES, le
niveau d’influence de l’organisation sur les sources d’émissions, la disponibilité et la qualité des
données ainsi que les préoccupations des parties prenantes.

Comme mentionné précédemment, le premier critère sélectionné est le volume des émissions. Ce
critère a comme objectif de cibler les postes d’émissions qui sont reconnus pour être des sources
importantes de GES dans le secteur où l’organisation ou ses fournisseurs opèrent. Pour évaluer de
façon qualitative le tonnage d’éq. CO2 de chacun des postes, l’organisation peut effectuer une
estimation initiale de l’intensité des émissions indirectes de GES basée sur des approximations, sur des
moyennes du secteur d’activité ou sur l’expérience de ses employés (ISO, 2018). Les organisations
peuvent également consulter des documents de références pour déterminer quels sont les postes qui
peuvent être responsables d’un volume d’émission élevé. Par exemple, l’ADEME rend disponibles
plusieurs guides sectoriels pour la réalisation d’un bilan des émissions de GES et abordent les sources
principales d’émissions pour ces domaines. Ces guides touchent, entre autres, la distribution et le
commerce de détail (2014b), le domaine agricole (2011) ainsi que le secteur tertiaire non marchand
(2012). Le critère permet aussi aux organisations de tenir compte des informations déjà connues en
lien avec les émissions associées aux différents postes lorsque possible. Enfin, le critère est conçu pour
être perçu comme l’analyse de l’importance relative de chacun des postes d’émissions indirectes entre
eux, et non comme étant l’étude quantitative exacte du tonnage d’éq. CO2 générés pour chacun des
postes. Ce critère est lié à la proportion élevée tenue par les émissions indirectes de GES dans les bilans
de GES totaux générés pour la plupart des entreprises (Hertwich et Wood, 2018).

Le second critère sélectionné est le niveau d’influence de l’organisation sur les postes d’émission. Il a
comme objectif de cibler les postes d’émission pour lesquels l’organisation a la capacité d’influencer
ou de réduire les émissions de GES correspondantes (ISO, 2013). Il permet ainsi aux organisations
d’allouer du poids dans l’analyse de significativité aux postes pour lesquels ils exercent un certain
niveau de contrôle ou d’influence. Il permet aussi de diminuer le poids relatif des postes pour lesquels
l’organisation a un niveau de contrôle faible ou nul. Ce critère est directement relié au frein de la
perception de ne pas avoir de contrôle sur les émissions indirectes de GES, abordé dans le chapitre 2.
Celui-ci permet ainsi aux organisations d’en tenir compte dans leur analyse de significativité.

43
Le troisième critère sélectionné est la disponibilité et la qualité des données primaires. Ce critère a
comme objectif de permettre aux organisations d’accorder du poids aux postes d’émissions pour
lesquels ils ont accès aux meilleures données primaires. Inversement, le critère permet de laisser de
côté les postes pour lesquels les organisations n’ont pas accès à des données de qualité et pour
lesquels ils doivent poser des hypothèses approximatives et peu fondées sur la réalité. L’ADEME
explique dans son guide Réalisation d’un bilan des émissions de gaz à effet de serre (2014, p. 45) qu’il
convient que les organisations n’incluent pas certaines sources ou postes d’émissions « en absence de
données raisonnablement fiables ». Le critère est directement lié au frein d’accessibilité aux données
de qualité ayant été présenté dans le chapitre 2 et permet aux organisations de tenir compte de cette
contrainte.

Le quatrième critère sélectionné est l’importance des postes d’émission pour les parties prenantes
pertinentes à l’organisation. Il a comme objectif de permettre aux organisations de tenir compte des
besoins, des attentes et des préoccupations de ses parties prenantes pertinentes en ce qui a trait aux
émissions de GES et à la transparence des inventaires. Les parties prenantes en question peuvent être,
par exemple, les clients, les investisseurs ou les employés d’une organisation. Elles peuvent également
être composées du grand public ou bien des paliers de gouvernement de la région où celle-ci opère.
Ainsi, si certains postes d’émissions ont une importance particulière pour les parties prenantes de
l’organisation, celle-ci peut tenir compte de cette préoccupation dans la matrice. Ce critère est lié au
rôle essentiel des parties prenantes d’une organisation avec l’enjeu des émissions indirectes de GES.

4.5.2 Pondération des critères et notes accordées aux postes d’émissions


Afin de permettre aux organisations d’ajuster le poids relatif des critères d’évaluation en fonction de
leur contexte spécifique, une pondération est appliquée à chacun d’entre eux. La pondération, basée
sur une échelle de 0 à 3, est évaluée de manière qualitative par l’organisation réalisant l’inventaire. La
pondération d’un critère est la même pour tous les postes d’émissions étudiés et est représentée par
la lettre A dans la matrice. Le tableau 4.1 présente la signification de l’échelle de pondération.

Tableau 4.1 Légende de la pondération des critères dans la matrice


Pondération Signification
Critère dont l’inclusion dans l’analyse est indispensable pour les besoins de
3
l’organisation
Critère dont l’inclusion dans l’analyse est modérément importante pour les besoins
2
de l’organisation
Critère dont l’inclusion dans l’analyse a une importance faible pour les besoins de
1
l’organisation
0 Critère qui n’est pas considéré dans l’analyse

44
Par ailleurs, dans l’outil, la significativité de tous les postes d’émissions indirectes est évaluée en
fonction des activités de l’organisation et de sa chaîne de valeur. Pour ce faire, l’organisation accorde
une note qualitative à tous les postes d’émissions en fonction de tous les critères. Les notes sont
situées sur une échelle allant de 0 à 3 et se situent dans les colonnes identifiées par les lettres B, C, D
et E dans la matrice. Le tableau 4.2 présente la signification des notes attribuées aux postes d’émission
en fonctions des différents critères.

Tableau 4.2 Légende des notes accordées aux postes d’émission dans la matrice
Note Signification
Poste d’émission ayant une significativité ou une importance élevée dans le
3
contexte du critère étudié
Poste d’émission ayant une significativité ou une importance moyenne dans le
2
contexte du critère étudié
Poste d’émission ayant une significativité ou une importance faible dans le
1
contexte du critère étudié
Poste d’émission ayant une significativité ou une importance nulle dans le contexte
0
du critère étudié

Subséquemment, la note accordée à chaque poste d’émission est multipliée à la pondération du critère
correspondant. Ces notes pondérées se situent dans les colonnes identifiées par les lettres F, G, H et I
dans la matrice. Le total de la valeur de significativité correspond donc à la sommation des notes
pondérées pour un même poste d’émission, ce qui est représenté par la lettre J dans l’outil. Le total
pondéré pour chacun des postes d’émissions peut donc s’étendre sur une plage allant de 0 à 36, soit
(4 x 0 x 0) et (4 x 3 x 3).

4.5.3 Application de la matrice dans le contexte de l’usine LaSalle de Kruger


Dans le cas de l’usine LaSalle de Kruger, la matrice a été complétée individuellement, puis les
hypothèses posées en lien avec la pondération et les notes attribuées aux postes d’émissions ont été
validées avec des employés de l’organisation. La figure 4.2 expose un exemple d’application de la
matrice appliqué au contexte de l’usine à l’étude, et ce spécifiquement pour un poste d’émission : les
déchets générés par les activités de celle-ci.
1. Volume des 3. Disponibilité et 4. Importance pour
Critères 2. Niveau d'influence
émissions qualité des données les parties prenantes J : TOTAL
A : Pondération (0 à 3) 3 1 2 2 PONDÉRÉ
F : Note G : Note H : Note I : Note
B : Note C : Note D : Note E : Valeur (F+G+H+I)
Poste d'émission indirecte pondérée pondérée pondérée pondérée
(0 à 3) (0 à 3) (0 à 3) (0 à 3)
(A x B) (A x C) (A x D) (A x E)

Déchets générés par les


11 2 6 3 3 1 2 2 4 15
activités de l’organisation

Figure 4.2 Exemple d’application de la matrice pour un poste d’émission dans le contexte de l’usine
,,LaSalle de Kruger

45
La figure montre que la pondération du premier critère, soit le volume des émissions, a été évaluée
à 3. Cela signifie que le critère est indispensable à l’inventaire des GES. En effet, la plupart des ouvrages
de référence consultés mettent en garde de ne pas utiliser les critères d’analyse pour exclure de
l’inventaire des postes d’émissions dont le volume est significatif (GHG Protocol, 2011; ISO, 2013).
Ainsi, il s’agit du critère le plus important pour l’inventaire des GES indirects de l’usine LaSalle, puisque
son objectif est principalement de déterminer quels postes génèrent le plus d’éq. CO2.

Pour le deuxième critère, soit le niveau d’influence de l’organisation sur les sources d’émissions, une
pondération de 1 a été attribuée. En effet, l’objectif de l’inventaire pour ce site est d’obtenir un portrait
des émissions indirectes de GES, et ce, indépendamment du niveau de contrôle de l’organisation sur
ceux-ci. Ainsi, un niveau d’importance faible a été donné au critère.

Pour le troisième critère, soit la disponibilité et la qualité des données, une pondération de 2 lui a été
accordée. Celui-ci est considéré comme étant modérément important pour l’analyse afin de tenir
compte des principes d’exactitude et de complétudes pour l’inventaire, mais toutefois moins
important que le volume des émissions. En effet, dans la réalisation d’un inventaire des émissions
indirectes de GES, il est généralement accepté au sein des méthodologies reconnues de devoir poser
des hypothèses si les données primaires ne sont pas disponibles.

Enfin, pour le quatrième critère, soit les préoccupations des parties prenantes, une pondération de 2
a été accordée. Encore une fois, celui-ci est donc considéré comme étant modérément important, mais
toutefois moins indispensable que le volume des émissions. En effet, l’organisation ne possède pas
d’actionnaires ni d’autres parties prenantes qui s’attendent à une reddition de compte de sa part. De
plus, l’inventaire est réalisé en vue d’être principalement utilisé comme un outil à l’interne de
l’entreprise, et non dans un rapport public.

Au niveau des notes accordées aux postes d’émissions, chacun de ceux-ci a été évalué en fonction des
quatre critères, et ce avant de réaliser la collecte des données primaires. Ainsi, la notation s’est faite
selon les meilleures connaissances disponibles à ce moment. Il s’agirait également du moment où un
utilisateur de la matrice l’emploierait si elle était déployée pour une autre organisation. Cela
permettrait de cibler les postes d’émissions les plus importants en amont de la réalisation de
l’inventaire. L’interprétation de la significativité des postes d’émissions selon les résultats de la matrice
est faite dans le chapitre 6. Par ailleurs, les résultats de celle-ci y seront comparés avec les volumes
quantitatifs d’émissions d’éq. CO2 afin d’évaluer l’efficacité de l’outil.

46
5. INVENTAIRE DES ÉMISSIONS DE GES GÉNÉRÉES EN 2020
Ce chapitre présente un sommaire des émissions de GES quantifiées et associées à l’usine LaSalle de
Kruger pour l’année de référence, soit 2020. Une brève explication du raisonnement employé pour
calculer les GES liés à chacun des postes d’émissions indirectes décrits dans la norme ISO 14069 (2013)
est également exposée. Les émissions directes de GES et les émissions liées à l’énergie importée ont
également été quantifiées dans une optique de comparaison et d’analyse des résultats au chapitre 6.
L’origine des données utilisées, les principales hypothèses posées ainsi que les exclusions aux calculs
sont aussi présentées. De plus, la provenance des facteurs d’émission employés dans les calculs est
exposée. Pour terminer, la quantité d’équivalents CO2 générés pour chaque poste d’émission est
présenté pour l’année de référence de l’inventaire.

5.1 Calculs des émissions de GES


Le calcul des émissions de GES est basé sur les équations générales suivantes pour les gaz principaux,
soit le CO2, le CH4 et le N2O. Toutefois, dans la plupart des calculs, les facteurs d’émission sont
directement fournis en équivalents de CO2. Les équations sont adaptées de la norme ISO 14069 (ISO,
2013, p. 22) :

É𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝐺𝐸𝑆 𝑔𝑎𝑧 = 𝐷𝑜𝑛𝑛é𝑒𝑠 𝑑 ′ 𝑎𝑐𝑡𝑖𝑣𝑖𝑡é𝑠 𝑑𝑢 𝑠𝑖𝑡𝑒 × 𝐹𝑎𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑑 ′ é𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝐺𝐸𝑆 𝑔𝑎𝑧

𝑇𝑜𝑡𝑎𝑙 𝑑𝑒𝑠 é𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝐺𝐸𝑆 (𝑡 é𝑞. 𝐶𝑂2 ) = ∑(É𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝐺𝐸𝑆 𝑔𝑎𝑧 × 𝑃𝑅𝑃𝑔𝑎𝑧 )
𝑔𝑎𝑧

Dans ces équations, les données d’activités du site proviennent principalement de sources primaires.
Toutefois, dans certaines situations où les données primaires ne sont pas disponibles, des données
secondaires ont pu être utilisées. Ces situations sont clairement indiquées dans la suite de ce chapitre
afin de respecter le principe de transparence. De plus, les facteurs d’émission utilisés sont également
abordés plus en détail pour chacun des postes d’émission dans la suite de ce chapitre. Les PRP pour
chacun des GES, comme le CO2, le CH4 et le N2O proviennent tous du 5e Rapport d’évaluation du
GIEC (2014). Enfin, le tableau 5.1 présente un sommaire des émissions de GES quantifiées pour l’usine
LaSalle de Kruger en 2020.

47
Tableau 5.1 Sommaire des émissions de GES de l’usine LaSalle de Kruger en 2020
% des
# ISO Postes d’émission de GES t éq. CO2 /an émissions
totales
1à5 Émissions directes de GES 4 841 11,3 %
6à7 Émissions indirectes de GES liées à l’énergie importée 9 0,0 %
8 Autres activités liées à l’énergie 856 2,0 %
9 Produits et services achetés 21 256 49,4 %
10 Immobilisation 116 0,3 %
11 Déchets générés par les activités de l’organisation 210 0,5 %
12 Transport de marchandises et distribution en amont 972 2,3 %
13 Déplacements professionnels 20 0,0 %
14 Actifs loués en amont 0,0 0,0 %
15 Investissements Non applicable 0%
16 Déplacement des clients et visiteurs 20 0,0 %
17 Transport de marchandises et distribution en aval 819 1,9 %
18 Phase d’utilisation du produit 0 0,0 %
19 Fin de vie du produit 13 409 31,2 %
20 Franchises en aval Non applicable 0%
21 Actifs loués en aval Non applicable 0%
22 Trajet domicile-travail des employés 464 1,1 %
23 Autres émissions indirectes Non applicable 0%
Total des émissions directes et liées à l’énergie
1à7 4 850 11 %
importée
8 à 23 Total des autres émissions indirectes 38 142 89 %
1 à 23 Total de toutes les émissions de GES 42 992 100 %

L’outil Excel de calcul des émissions indirectes, conçu et utilisé pour réaliser les calculs est présenté à
l’Annexe 3. Celui-ci expose, entre autres, les facteurs d’émissions de GES détaillés, les autres facteurs
de calculs employés dans la réalisation de l’inventaire ainsi que les références pour toutes les données
utilisées. Les données spécifiques des activités du site sont toutefois confidentielles et ne sont pas
présentées.

5.2 Émissions directes de GES


Les émissions directes de GES, comprises dans les postes d’émissions 1 à 5 de la norme
ISO 14069 (2013), proviennent de sources situées à l’intérieur du périmètre organisationnel de
l’entreprise réalisant l’inventaire. Cela inclut principalement les sources de combustion stationnaires
(systèmes de chauffage, générateur d’électricité et procédés industriels, par exemple) ainsi que les
sources de combustion mobiles (véhicules sous le contrôle de l’organisation, par exemple) utilisées
dans les activités de l’organisation (ISO, 2018).
48
Dans le cas de l’usine LaSalle de Kruger, les sources principales d’émissions directes de GES sont la
combustion de gaz naturel (GN) utilisé pour alimenter une chaudière ainsi que du propane pour les
chariots élévateurs et autres petits véhicules industriels. Les données primaires disponibles pour le
calcul de ces émissions sont les volumes de GN et de propane ayant été consommés dans les activités
de l’usine pour l’année de référence. Les facteurs d’émissions de GES employés pour la combustion du
GN et du propane proviennent de Transition Énergétique Québec (2019). À titre indicatif, les calculs
ont été réalisés selon les équations suivantes :

É𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝐺𝐸𝑆 𝐺𝑁 (𝑡 é𝑞. 𝐶𝑂2 ) = 𝑉𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 𝐺𝑁 (𝑚3 ) × 𝐹𝑎𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑑 ′ é𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 𝐺𝑁 (𝑡 é𝑞. 𝐶𝑂2 / 𝑚3 )

É𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝐺𝐸𝑆 𝑃𝑟𝑜𝑝𝑎𝑛𝑒 (𝑡 é𝑞. 𝐶𝑂2 ) = 𝑉𝑜𝑙𝑢𝑚𝑒 𝑃𝑟𝑜𝑝𝑎𝑛𝑒 (𝐿) × 𝐹𝑎𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑑 ′ é𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑃𝑟𝑜𝑝𝑎𝑛𝑒 (𝑡 é𝑞. 𝐶𝑂2 / 𝐿)

𝑇𝑜𝑡𝑎𝑙 𝑑𝑒𝑠 é𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝐺𝐸𝑆 (𝑡 é𝑞. 𝐶𝑂2 ) = É𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 𝐺𝑁 (𝑡 é𝑞. 𝐶𝑂2 ) + É𝑚𝑖𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑃𝑟𝑜𝑝𝑎𝑛𝑒 (𝑡 é𝑞. 𝐶𝑂2 )

Les calculs pour les autres postes d’émissions présentés dans ce chapitre suivent la même logique
générale. Les équations utilisées pour ceux-ci ne sont donc pas détaillées. Le total des émissions
directes de GES était de 4 841 t d’éq. CO2 pour l’année de référence, soit 11,3 % des émissions totales.

5.3 Émissions indirectes de GES liées à l’énergie importée


Les émissions indirectes de GES liées à l’énergie importée, comprises dans les postes d’émissions 6 et
7 de la norme ISO 14069 (ISO, 2013), proviennent principalement de la combustion de carburant et
des autres émissions de GES générés dans la production de l’énergie utilisés dans l’usine (électricité,
vapeur, froid et air comprimé, par exemple). Cela exclut toutefois les autres émissions situées en
amont de la centrale électrique, comme celles liées à la construction des installations, les émissions
dues au transport et les pertes sur les lignes électriques. (ISO, 2018)

Dans le cas de l’usine LaSalle, l’électricité est produite et fournie par Hydro-Québec. Le nombre de
kilowattheures (kWh) consommés dans l’usine durant l’année de référence a été fourni comme
donnée primaire pour les calculs. Le facteur d’émission de GES considéré pour la production de
l’hydroélectricité au Québec a été tiré de la troisième partie du Rapport d’inventaire national 1990-
2019 : Source et puits de gaz à effet de serre au Canada (ECCC, 2021c). Les émissions indirectes de GES
liées à l’énergie importée étaient de 9 t d’éq. CO2 pour l’année de référence, soit moins de 0,1 % des
émissions totales.

49
5.4 Autres émissions indirectes de GES
Cette section présente le raisonnement de quantification de tous les autres postes d’émissions
indirectes de GES tels que décrits dans la norme ISO 14069 (2013), soit des postes 8 à 23. Ceux-ci sont
tous situés en dehors du périmètre organisationnel défini au chapitre 4.

5.4.1 Autres émissions indirectes liées à l’énergie


Le poste d’émission 8 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant des autres activités liées à
l’énergie qui ne sont pas comprises dans postes 1 à 7. Cela inclut principalement les émissions
générées en amont de la consommation de l’énergie, principalement dues au transport et aux pertes
sur les lignes électriques. Les émissions liées à l’extraction des ressources requises pour la production
de l’énergie, de la production et du transport des hydrocarbures sont aussi incluses dans ce poste
d’émission. (ISO, 2013)

Les données primaires disponibles pour ce poste étaient la quantité de kilowattheures


d’hydroélectricité consommés par les activités de l’usine durant l’année de référence. Le facteur
d’émission de GES considéré pour le transport de l’hydroélectricité au Québec a été tiré de la troisième
partie du Rapport d’inventaire national 1990-2019 : Source et puits de gaz à effet de serre au Canada
(ECCC, 2021c). Par ailleurs, les volumes de GN et de propane consommés en 2020 ont aussi été
considérés comme données primaires. Les facteurs d’émission de GES en amont de la combustion pour
ces hydrocarbures ont été tirés de l’outil d’analyse de cycle de vie GHGenius 5.0d, selon une base de
données spécifique au Québec (S&T Squared Consultants Inc., 2015). Les émissions totales de GES
associées à ce poste d’émission étaient de 856 t d’éq. CO2 pour l’année de référence, soit 2,0 % des
émissions totales.

5.4.2 Produits et services achetés


Le poste d’émission 9 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant principalement de la
production des produits utilisés par l’organisation dans ses activités. Afin d’éviter le double comptage
des émissions, il convient de ne pas inclure le transport de ces biens jusqu’à l’usine, puisque cette
source d’émission fait partie du poste d’émission 12, lié au transport des marchandises en amont. (ISO,
2013)

Les données primaires utilisées étaient composées des quantités des différents intrants utilisés dans
les activités de l’organisation en 2020. Les produits principaux considérés étaient : l’acide sulfurique,
l’amidon, le borax, l’encre, la soude caustique, le sulfate de fer et le carton. Un diagramme des
processus internes de l’usine, incluant les intrants mentionnés précédemment, a été présenté à
50
l’Annexe 2. Plusieurs intrants ont été exclus de l’analyse, que ce soit parce que leur quantité
d’utilisation annuelle était négligeable ou parce que les données spécifiques de consommation
n’étaient pas disponibles. Cela inclut, entre autres, le matériel d’emballage pour l’expédition des
marchandises, les huiles utilisées dans la maintenance des machines et des véhicules, les produits de
nettoyage ainsi que les diverses fournitures de bureau.

Les émissions de GES liées à la phase de production de chacun des intrants considérés ont été évaluées
en combinant les quantités annuelles utilisées par l’usine avec des facteurs d’émissions trouvées dans
la littérature. La plupart des sources proviennent d’articles scientifiques internationaux ou bien
d’analyses de cycles de vie réalisées par des acteurs de l’industrie. En effet, aucun facteur d’émission
spécifique au site ou aux produits utilisés par celui-ci n’était disponible. Par exemple, les quantités de
GES générés par la production du borax sont tirées de l’article Life Cycle Environmental Impact
Assessment of Borax and Boric Acid Production in China (An et Xue, 2013) tandis que le rapport The
Carbon Footprint of Carton Packaging 2019 (Pro Carton, 2019), réalisé par l’Association européenne
des fabricants de cartonnage et de carton, a été utilisé pour estimer les émissions de GES de la
production du carton. Les émissions de GES associées à ce poste d’émission étaient de 21 256 t d’éq.
CO2 pour l’année de référence, soit 49,4 % des émissions totales. La figure 5.1 présente une répartition
de ces émissions par produit consommé.

Figure 5.1 Répartition des émissions de GES par catégorie d’intrant


51
5.4.3 Immobilisations
Le poste d’émission 10 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant de la construction des
immobilisations détenues ou contrôlées par l’organisation. La principale différence entre le poste
d’émission 9 des produits et services achetés et celui des immobilisations réside dans la durée de vie
et l’utilisation de ceux-ci. Les produits achetés sont généralement des consommables acquis et utilisés
dans un court délai, généralement allant de quelques jours à un an. En contrepartie, les
immobilisations sont exploitées durant des périodes beaucoup plus longues, allant de quelques années
à plusieurs décennies. Cela inclut généralement les bâtiments, les véhicules et les machines
appartenant à l’organisation. La norme explique qu’il convient d’estimer les quantités de matériaux de
construction employés pour les différentes catégories d’immobilisations, telles que le béton, l’acier et
le bois. (ISO, 2013)

Les données primaires principales utilisées pour le calcul de ce poste d’émission proviennent d’un
dessin de la vue en plan des fondations de l’usine datant de sa conception en 1986. Ce document
interne de Kruger a permis d’estimer les volumes de béton des fondations du bâtiment et de sa dalle
sur sol. Puisqu’uniquement une vue en plan des fondations était disponible et qu’aucune élévation de
celles-ci n’a été fournie, plusieurs hypothèses, basées sur les bonnes pratiques du milieu de la
construction et sur les règles de l’art du domaine, ont été posées. Par exemple, la profondeur des
fondations a été estimée en fonction de la profondeur de protection contre le gel dans la région de
Montréal, soit 1,5 m (APSAM, 2019). Par ailleurs, aucun plan de structure n’était disponible pour
déterminer la quantité d’acier dans le bâtiment. Le volume d’acier a donc été estimé grâce aux
dimensions du bâtiment indiquées sur le plan des fondations ainsi qu’à une charge permanente de
0,5 kPa pour les murs extérieurs et le toit (Conseil national de recherches du Canada [CNRC], 2015). Il
a été considéré que le volume des autres matériaux de construction du bâtiment, comme le bois et le
verre, était négligeable en comparaison avec le béton et l’acier. Enfin, afin d’estimer la quantité d’acier
dans les machines et les équipements à l’intérieur de l’usine, il a été posé comme hypothèse
conservatrice que le poids de ceux-ci soit équivalent au poids de l’acier structural, calculé au préalable.
Il est important de noter que, en raison du manque de données primaires spécifiques, l’estimation des
volumes d’acier et de béton pour le bâtiment et les machines est basée sur des hypothèses très
approximatives. Conséquemment, le niveau d’incertitude du résultat est élevé. De plus, aucun véhicule
n’a été considéré dans ce poste d’émission, puisque ceux utilisés dans l’usine sont généralement loués
et n’appartiennent pas à l’organisation. Les émissions de GES associées à la location d’actifs sont plutôt
incluses dans le poste 14.

52
Le facteur d’émission de GES générés pour produire le béton du bâtiment a été tiré du livre Dosage et
contrôle des mélanges de béton (Kosmatka et al., 2011), un ouvrage de référence technique préparé
par l’Association canadienne du ciment. Pour la production de l’acier, le facteur d’émission des GES a
été tiré de l’article Can Industry Decarbonize Steelmaking? (Peplow, 2021), publié dans le magazine
Chemical & Engineering News.

Les émissions totales de GES associées à la production de l’acier et du béton étaient de 5 784 t d’éq.
CO2 lors de la construction de l’usine en 1987. Toutefois, en raison de la durée d’utilisation prolongée
des immobilisations, la norme ISO 14069 (2013) propose de procéder à un amortissement annuel de
ces émissions. Cela permet de distribuer les émissions de GES de la construction sur les années
subséquentes. Un amortissement linéaire basé sur les règles comptables a été appliqué aux émissions
de GES sur une période de 50 ans, comme proposé dans la norme ISO 14069 (2013). La figure 5.2
présente un graphique de l’amortissement linéaire des émissions de GES de l’usine, depuis sa
construction en 1987 jusqu’en 2020, l’année de référence de l’inventaire. Selon l’amortissement
linéaire appliqué, depuis la construction de l’usine, les émissions annuelles considérées sont de près
de 116 t d’éq. CO2, soit 0,3 % des émissions totales, soit un cinquantième des émissions totales. Cette
valeur est représentée en orange sur la figure 5.2.

6000,00

5500,00

5000,00

4500,00

4000,00

3500,00
t CO2 éq.

3000,00

2500,00

2000,00

1500,00

1000,00

500,00

0,00
1998

2018
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997

1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017

2019
2020

Année à partir de la construction de l'usine


Émissions restant à amortir Amortissement annuel Émissions déjà amorties

Figure 5.2 Amortissement linéaire annuel des émissions indirectes de GES liées à la construction du
,,bâtiment et des équipements de l’usine

53
5.4.4 Déchets générés par les activités de l’organisation
Le poste d’émission 11 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant de l’élimination des
déchets solides et liquides générés par les activités de l’organisation (ISO, 2013). Dans le cas de l’usine
LaSalle de Kruger, les déchets considérés pour l’analyse sont les matières résiduelles solides non
dangereuses ainsi que les eaux usées rejetées au cours de l’année de référence.

Les données primaires rendues disponibles par les représentants de l’usine sont : le tonnage de
matières résiduelles solides recyclées, réutilisées ou revalorisées ainsi que le tonnage de déchets
solides envoyés au centre d’enfouissement. Afin de désagréger ces données par type de matériaux
(papier et carton, verre, plastique, matières organiques et métal), un scénario de fin de vie basé sur la
composition moyenne à l’entrée des centres de tri du Québec a été appliqué au tonnage des matières
résiduelles revalorisées (Recyc-Québec, 2021). Les facteurs d’émission de GES considérés pour les
différents types de matières recyclées ont tous été tirés de l’article Greenhouse Gas Emissions Factors
for Recycling of Source-Segregated Waste Materials (Turner et al., 2015). Pour les matières solides
envoyées à l’enfouissement, le facteur d’émission par tonne de déchet a été tiré d’un article de la
trousse d’outil Ma municipalité efficace, destinée à accompagner les municipalités dans leurs projets
de réduction des GES et d’efficacité énergétique au Québec (Lacasse et al., 2020). Les émissions de
GES pour le traitement des matières résiduelles solides de l’usine étaient de 206 t d’éq. CO2 en 2020.

Pour le traitement des eaux usées, aucune donnée d’activités spécifique au site n’était disponible, mis
à part le nombre d’employés de l’usine. Les émissions d’oxyde nitreux et de méthane ont donc été
évaluées en se basant sur la méthodologie de calcul présentée au chapitre 3.19 du Guide de
quantification des émissions de gaz à effet de serre du MELCC (2019). Plusieurs facteurs de calcul,
comme la quantité de protéines consommées quotidiennement par personne et la charge organique
annuelle moyenne par personne ont été tirés de la deuxième partie du Rapport d’inventaire national
1990-2019 : Source et puits de gaz à effet de serre au Canada (ECCC, 2021b). Les émissions de GES du
traitement des eaux usées de l’usine étaient de 3 t d’éq. CO2 en 2020. Ainsi, les émissions totales de
GES associées à ce poste d’émission étaient de 209 t d’éq. CO2 pour l’année de référence soit 0,5 %
des émissions totales.

54
5.4.5 Transport de marchandises et distribution en amont
Le poste d’émission 12 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant du transport des
marchandises en amont des activités de l’usine. Cela touche principalement la combustion mobile des
hydrocarbures dans les camions, bateaux, trains et avions utilisés pour acheminer les intrants à l’usine.
(ISO, 2013)

Les données primaires généralement disponibles pour le calcul étaient : les quantités de marchandises
acheminées à l’usine annuellement, leur provenance et le nombre de livraisons réalisées durant
l’année de référence pour chaque produit. Ces informations n’étaient toutefois pas complètes pour
tous les intrants. Lorsque l’une ou l’autre des données étaient manquantes, des hypothèses
conservatrices ont été posées pour estimer le nombre de voyages requis pour transporter la quantité
annuelle de produits consommés. Par exemple, il a été considéré que l’acide sulfurique utilisé pour le
traitement des eaux était acheminé à l’usine lors d’une livraison mensuelle. Par ailleurs, lorsque la
provenance exacte d’un produit n’était pas connue, il a été posé que celle-ci se situait dans la grande
région de Montréal, dans un rayon de 50 km de l’usine. Enfin, il a été considéré que toutes les livraisons
à l’usine ont été faites par camion lourd à moteur diesel puisqu’aucune information contraire n’a été
fournie par les représentants de l’usine.

Uniquement le transport entre le dernier fournisseur et l’usine a été considéré dans les calculs pour ce
poste d’émission. Les autres étapes de déplacements et de distribution situées plus en amont de la
chaîne d’approvisionnement ont été incluses dans le poste d’émission 9, lié au cycle de vie des produits
et services achetés par l’organisation. La figure 5.3 présente la distinction entre les postes d’émission 9
et 12, telle que considérée dans le présent inventaire.

Figure 5.3 Distinction entre les postes d’émission 9 et 12 en lien avec le transport de marchandises
,,en amont (adapté de : ISO, 2013, p. 20)

Les calculs d’émission sont basés sur la distance totale parcourue par les camions. Les facteurs de
calculs employés sont la consommation moyenne de diesel par véhicule de transport lourd au Canada
(RNCAN, 2019) ainsi que le coefficient d’émission pour la combustion mobile de véhicules lourds à

55
moteur diesel (ECCC, 2021b). Ainsi, les émissions de GES associées à ce poste d’émission étaient de
972 t d’éq. CO2 pour l’année de référence, soit 2,3 % des émissions totales.

5.4.6 Déplacements professionnels


Le poste d’émission 13 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant des déplacements
professionnels des employés d’une organisation, comme les voyages d’affaires. Cela concerne
principalement la combustion mobile d’hydrocarbures pour les véhicules n’étant pas sous le contrôle
de l’entreprise ainsi que les séjours à l’hôtel. (ISO, 2013)

Les données primaires fournies étaient composées du nombre d’employés travaillant sur la route et
du kilométrage annuel parcouru par ces employés. Il a été posé comme hypothèse que ces
déplacements professionnels étaient effectués principalement dans des véhicules légers à essence.
Aucune information n’a été communiquée par les représentants de l’usine en lien avec d’éventuels
voyages en avion ou des séjours à l’hôtel. Les émissions associées à ces sources ont donc été exclues
des calculs.

Les calculs d’émission sont basés sur la distance totale parcourue par les véhicules. Les facteurs de
calculs employés sont la consommation moyenne d’essence pour des véhicules légers au Canada
(RNCAN, 2021) ainsi que le coefficient d’émission pour la combustion mobile de véhicules légers à
essence (ECCC, 2021b). Les émissions de GES associées à ce poste d’émission étaient de 20 t d’éq. CO2
pour l’année de référence, soit moins de 0,1 % des émissions totales.

5.4.7 Actifs loués en amont


Le poste d’émission 14 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant de l’utilisation d’actifs
dont l’organisation est locataire durant la période de référence. Il convient que l’organisation
pratiquant la location désagrège les données selon les catégories suivantes : les bâtiments, les
véhicules motorisés, les équipements informatiques et les machines. (ISO, 2013)

Les représentants de l’usine ont fourni les marques et modèles des véhicules en location qui sont
utilisés dans les activités de l’organisation. Cela inclut des petits véhicules industriels électriques et au
propane ainsi que des tracteurs et camions. Aucune information n’a été communiquée par les
représentants de l’usine en lien avec la location d’autres catégories d’actifs, comme des machines et
des bâtiments. Ainsi, uniquement la location des véhicules a été considérée pour l’inventaire des GES.

56
Les véhicules utilisés par les employés de l’usine sont vraisemblablement exploités dans le cadre d’une
location sous contrat. La norme ISO 14069 (2013) explique que, dans le cas de ce type de contrat, il
n’est pas nécessaire que l’organisation inclue ces actifs dans le bilan de GES. Par conséquent, les
émissions de GES associées à ce poste d’émission étaient nulles pour l’année de référence.

5.4.8 Investissements
Le poste d’émission 15 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant des investissements faits
par l’organisation. Cela peut inclure, par exemple, des actions sur un marché boursier. Cela peut
également inclure l’acquisition d’une participation au capital social d’une entreprise privée non cotée
en bourse ou d’une jeune entreprise. (ISO, 2013)

Ce poste d’émission n’est pas applicable dans le contexte du présent inventaire. Il a été considéré que
les investissements étaient sous le contrôle du siège social de Kruger, ce qui les exclut du périmètre
organisationnel défini dans le chapitre 4 pour l’inventaire. Les émissions de GES associées aux
investissements n’ont donc pas été considérées dans les calculs.

5.4.9 Déplacement des visiteurs et des clients


Le poste d’émission 16 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant des déplacements des
visiteurs, des entrepreneurs et des clients de l’organisation se rendant sur le site, en particulier en lien
avec la combustion mobile d’hydrocarbures pour les véhicules n’étant pas sous le contrôle de
l’entreprise. (ISO, 2013)

Aucune donnée primaire n’a pu être fournie par les représentants de l’usine en lien avec le nombre de
visites sur le site au cours de l’année de référence ni en lien avec la provenance des visiteurs. Une
hypothèse conservatrice a donc été posée à savoir que l’usine recevait quotidiennement 5 individus
et que ceux-ci provenaient généralement de la grande région de Montréal, dans un rayon de 50 km de
l’usine. Par ailleurs, il a été posé comme hypothèse que ces visites étaient effectuées principalement
dans des véhicules légers à essence. Les calculs ont été effectués en employant le même raisonnement
et les mêmes facteurs d’émission que pour le poste d’émission 13, lié aux déplacements
professionnels. Les émissions de GES associées aux déplacements des visiteurs et des clients étaient
donc de 20 t d’éq. CO2 pour l’année de référence, soit moins de 0,1 % des émissions totales.

Il est toutefois important de noter qu’en raison du manque de données primaires pour ce poste
d’émission, le niveau d’incertitude est élevé pour le résultat. Par ailleurs, les mesures sanitaires en
vigueur dans l’usine en 2020 pour contrer la pandémie de COVID-19 ont eu un impact sur l’accessibilité
57
au site pour les visiteurs, qui a été limitée aux visites jugées essentielles. Ainsi, l’année 2020 est peu
représentative des émissions annuelles de GES pour le poste d’émission 16.

5.4.10 Transport des marchandises et distribution en aval


Le poste d’émission 17 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant du transport des
marchandises et de leur distribution en aval des activités de l’usine « pour lesquels l’organisation
réalisant le rapport GES ne finance aucuns frais » (ISO, 2013, p. 61). Autrement dit, le poste d’émission
s’applique aux déplacements de marchandises entre l’entreprise et les consommateurs qui ne sont pas
financés par l’entreprise en question, donc en dehors de son périmètre organisationnel. Cela concerne
principalement la combustion mobile des hydrocarbures dans les camions, bateaux, trains et avions
utilisés pour acheminer les produits finis de l’usine vers les consommateurs. Le transport des
marchandises en aval a été séparé en deux grandes catégories dans le cadre de cet inventaire. La
première catégorie correspond au transport immédiatement à la sortie de l’usine vers les clients
commerciaux de Kruger, tandis que la seconde catégorie représente le transport à partir des clients de
Kruger jusqu’aux utilisateurs finaux des produits. La figure 5.4 présente une schématisation de ces
deux catégories de transport considérées.

Figure 5.4 Représentation des différentes catégories de transport en aval

Pour la première catégorie de transport, la livraison des produits finis à partir de l’usine LaSalle est
gérée par Kruger Emballages, la division à laquelle appartient l’usine. En effet, Kruger Emballage opère
son propre parc de camions et de remorques « afin de fournir une livraison fiable et ponctuelle et
contrôler l’itinéraire des produits […]. » (Kruger, s.d.b, p. 1) Toutefois, cette flotte de livraison n’est pas
incluse dans le périmètre organisationnel défini dans le chapitre 4 puisqu’elle n’est pas directement

58
opérée par l’usine LaSalle de Kruger. Par conséquent, il convient d’inclure les émissions de GES liées
au transport des marchandises en aval dans ce poste d’émission. Les données primaires disponibles
consistaient au nombre de camions dans la flotte de livraison et le kilométrage annuel parcouru par
ces véhicules. Il a été posé comme hypothèse que ces camions étaient des véhicules lourds avec un
moteur diesel.

Pour la seconde catégorie de transport, aucune donnée spécifique n’était accessible en raison de la
multitude d’utilisateurs finaux potentiels des produits finis de l’usine. Dans une optique de complétude
des résultats, il semblait toutefois fautif de négliger cette catégorie importante de transport. En effet,
l’impact environnemental du transport sur les derniers kilomètres (last-mile delivery) et des livraisons
dans les secteurs urbains est reconnu dans le milieu de la logistique (Inside Logistics, 2021). Il a donc
été estimé de façon approximative que le kilométrage de la deuxième catégorie de transport était
équivalent à la première catégorie. Toutefois, la grande différence réside dans le type de véhicule
considéré, soit un camion léger à essence dans la présente situation.

Les calculs d’émissions sont basés sur la distance totale parcourue par les véhicules pour les deux
grandes catégories de transport. Les facteurs de calculs employés sont la consommation moyenne de
diesel par véhicule de transport lourd au Canada (RNCAN, 2019) ainsi que la consommation moyenne
d’essence d’un camion léger de type fourgonnette (RNCAN, 2021). Par ailleurs, les coefficients
d’émission de GES pour la combustion mobile de diesel dans des véhicules lourds ainsi que la
combustion mobile d’essence dans des camions légers a été tirée de la deuxième partie du Rapport
d’inventaire national 1990-2019 : Source et puits de gaz à effet de serre au Canada (ECCC, 2021b). Les
émissions totales de GES associées à ce poste d’émission étaient de 819 t d’éq. CO2 pour l’année de
référence, soit 1,9 % des émissions totales.

5.4.11 Phase d’utilisation des produits vendus


Le poste d’émission 18 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant de l’utilisation des
produits vendus par les utilisateurs finaux de ceux-ci. Ce poste inclut les émissions générées durant
toute la durée de vie prévue des produits, mais n’inclut pas la phase de fin de vie de ceux-ci. Celles-ci
sont incluses dans le poste d’émission 19. (ISO, 2013)

Les produits finis de l’usine LaSalle de Kruger sont des boîtes de carton. Selon l’Association européenne
des fabricants de cartonnage et de carton, il convient de supposer que les émissions de GES liées à
l’utilisation d’emballages de papier ou de carton sont toujours égales à zéro puisqu’aucun gaz n’est

59
généré durant l’usage de ce produit (Pro Carton, 2019). Les émissions totales de GES associées à ce
poste d’émission étaient donc nulles pour l’année de référence.

5.4.12 Fin de vie des produits vendus


Le poste d’émission 19 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant de la phase de fin de vie
des produits vendus par l’organisation (ISO, 2013). Comme mentionné précédemment, les produits
finis vendus par l’organisation sont des boîtes de carton.

Les données primaires disponibles pour les calculs d’émissions étaient le tonnage annuel de boîtes
produites. Le scénario de fin de vie considéré pour l’analyse est basé sur le taux de recyclage du carton
ondulé au Québec (Recyc-Québec, 2018). Il a par ailleurs été posé que le carton non recyclé était
envoyé dans des centres d’enfouissement techniques.

Le facteur d’émission de GES spécifique pour le recyclage du carton provient d’une analyse de cycle de
vie réalisée à l’interne par Kruger (Jean, 2022). Le facteur d’émission pour l’enfouissement du carton
comme matière résiduelle a été tiré de la trousse d’outil Ma municipalité efficace (Lacasse et al., 2020),
comme pour le poste d’émission 11. Les émissions de GES associées à ce poste d’émission étaient de
13 409 t d’éq. CO2 pour l’année de référence, soit 31,2 % des émissions totales.

5.4.13 Franchise en aval


Le poste d’émission 20 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant de l’exploitation de
franchises. La norme définit les franchises comme étant des « activités exploitées en vertu d’une
licence permettant de vendre ou de distribuer les biens ou services d’une autre organisation à un
emplacement précis ». (ISO, 2013, p. 64)

Ce poste d’émission n’est pas applicable dans le contexte du présent inventaire. En effet, aucune
franchise n’est associée à l’usine LaSalle de Kruger ni exploitée par celle-ci. Les émissions de GES
associées aux franchises ont donc été exclues de l’inventaire.

5.4.14 Actifs loués en aval


Le poste d’émission 21 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant de l’exploitation d’actifs
détenus par l’organisation et qui sont loués par d’autres entités durant l’année de référence. (ISO,
2013)

60
Ce poste d’émission n’est pas applicable dans le contexte du présent inventaire. En effet, l’usine LaSalle
de Kruger n’est pas locatrice d’actifs. Les émissions de GES associées aux actifs loués en aval ont donc
été exclues de l’inventaire.

5.4.15 Trajet domicile-travail des employés


Le poste d’émission 22 de la norme ISO 14069 représente les GES provenant des déplacements
quotidiens des employés lors des trajets domicile-travail. Cela touche principalement la combustion
mobile d’hydrocarbures pour les véhicules n’étant pas sous le contrôle de l’entreprise, tels que les
véhicules personnels des employés et les transports en commun. (ISO, 2013)

Les données primaires fournies pour l’année de référence étaient composées du nombre d’employés
de l’usine ainsi que des codes postaux des domiciles de ceux-ci. Une moyenne de distance entre le lieu
de travail et la résidence des travailleurs a été déterminée en analysant les codes postaux dans Google
Maps (2022). Aucune information sur l’utilisation du transport collectif chez les employés n’était
disponible. Une hypothèse conservatrice selon laquelle 90 % des employés utilisaient leur véhicule
personnel pour se rendre au travail a donc été posée. Par ailleurs, il a été considéré que les
déplacements des employés étaient effectués principalement grâce à des véhicules légers à essence.

Les calculs subséquents ont été effectués en employant le même raisonnement et les mêmes facteurs
d’émissions que pour les postes d’émission 13 et 16, liés aux déplacements professionnels et aux
visites à l’usine. Les émissions de GES associées à ce poste d’émission étaient de 464 t d’éq. CO2 pour
l’année de référence, soit 1,1 % des émissions totales.

5.4.16 Autres émissions indirectes non incluses dans tous les autres postes d’émission
Le poste d’émission 23 de la norme ISO 14069 représente toutes les autres émissions indirectes de
GES qui ne sont pas considérés dans les 22 autres postes d’émission (ISO, 2013). Dans le cadre du
présent inventaire, toutes les sources d’émissions pertinentes ont été considérées dans les postes
d’émissions précédentes. Le 23e poste d’émission a donc été exclu des calculs de quantification.

61
6. DISCUSSION
Ce chapitre présente une discussion portant sur les résultats du projet de quantification des émissions
indirectes de GES de l’usine LaSalle de Kruger. Cette discussion aborde en premier lieu les constats
ressortant des quantités de GES indirectes générées par l’usine en 2020 ayant été calculées dans le
chapitre 5. Les postes d’émissions les plus significatifs pour l’organisation sont présentés, puis ceux qui
présentent un potentiel de réduction des GES les plus prometteurs sont brièvement exposés. Ensuite,
quelques faits saillants portant sur la méthodologie employée pour réaliser l’inventaire sont abordés.
Cela touche autant la collecte des données que l’utilisation des outils développés pour le projet.

6.1 Constats portant sur les résultats quantitatifs de l’inventaire de GES


Cette section vise à présenter les résultats de la quantification sous forme de graphiques et de tableaux
afin de faire ressortir quelques éléments clés de l’inventaire des GES de l’usine LaSalle. La répartition
des émissions de GES est premièrement abordée à travers les différents postes d’émissions et
catégories définies dans les normes ISO est abordée. Ensuite, la détermination de la significativité des
postes d’émissions indirectes est examinée, en conjonction avec la matrice présentée dans le
chapitre 4. Enfin, le potentiel de réduction des émissions indirectes de GES associées à l’usine est
présenté.

6.1.1 Répartition des émissions indirectes de GES


En premier lieu, la figure 6.1 présente la répartition des émissions totales de GES au travers des
grandes catégories d’émissions de la norme ISO 14069 (2013) : directes (postes 1 à 5), indirectes liées
à l’énergie importée (postes 6 et 7) et autres émissions indirectes (postes 8 à 23).

Figure 6.1 Répartition générale des émissions totales de GES de l’usine LaSalle de Kruger en 2020
62
Cette figure permet de constater que les émissions indirectes de GES, excluant celles liées à l’énergie
importée, représentent plus de 88 % des émissions totales associées à l’usine pour l’année de
référence. Cette valeur concorde avec la littérature dans le domaine des GES qui explique que les
autres émissions indirectes tendent à être celles qui représentent le pourcentage le plus élevé dans la
majorité des organisations (GHG Protocol, 2013). Par ailleurs, dans l’éventualité où les représentants
de l’usine désireraient poser des objectifs de réduction des GES entérinés par le SBTi, ils devraient y
inclure les émissions indirectes. En effet, celles-ci dépassent largement le seuil de 40 % établi par le
SBTi qui est la valeur à partir de laquelle les organisations sont tenues d’inclure les émissions indirectes
dans leurs objectifs de réduction (SBTi, 2021).

Les émissions directes, quant à elles, représentent plus de 11 % tandis que les émissions indirectes
liées à l’énergie importée ne représentent qu’un infime des émissions totales, soit moins de 0,1 %. Il
est toutefois important de noter que, bien que la proportion des émissions indirectes liées à l’énergie
importée soit très faible, il est toujours requis de considérer cette catégorie d’émissions dans un
inventaire. En effet, le type d’énergie principalement consommé au Québec, soit l’hydroélectricité, fait
en sorte que ce type d’émissions est généralement minime. En contrepartie, si l’usine était située dans
une région où l’électricité produite est générée à partir de la combustion de charbon ou du gaz naturel,
en Alberta par exemple, ces émissions seraient beaucoup plus élevées (Régie de l’énergie du Canada,
2022). Les émissions indirectes de GES liées à l’énergie importée sont donc toujours considérées
comme étant essentielles à inclure dans un inventaire, et ce peu importe leur quantité absolue.

D’autre part, la figure 6.2 présente le pourcentage décroissant de répartition des GES générés pour
tous les postes d’émissions indirectes de l’organisation. Les postes d’émissions non applicables dans
l’inventaire, comme les investissements et les actifs loués en amont ne sont pas inclus dans la figure.
Celle-ci permet de conclure que les postes d’émissions touchant à la production et à la fin de vie des
produits sont ceux qui représentent la plus grande proportion des émissions. Les postes d’émissions
en question sont : les produits et services achetés (55,7 %) ainsi que la fin de vie des produits (35,2 %),
pour un total de 90,9 % des émissions indirectes de l’usine en 2020. La raison de ces émissions élevées
est liée au volume important de carton utilisé dans la fabrication des produits de l’usine et, par la suite,
la fin de vie des boites de carton.

En effet, le carton est de loin le produit comportant le plus d’émissions indirectes associées dans les
activités de l’usine. Lorsque les émissions associées à sa production sont désagrégées de la production
des autres intrants, elles représentent à elles seules plus de 48 % des émissions indirectes totales pour
l’année de référence, soit plus que tous les autres postes d’émissions.
63
9 - Produits et services achetés 55,7%
19 - Fin de vie du produit 35,2%
12 - Transport de marchandises et distribution en amont 2,5%
8 - Autres activités liées à l'énergie 2,2%
17 - Transport de marchandises et distribution en aval 2,1%
22 - Trajet domicile-travail des employés 1,2%
11 - Déchets générés par les activités de l'organisation 0,5%
10 - Immobilisation 0,3%
16 - Déplacement des clients et visiteurs 0,1%
13 - Déplacements professionnels 0,1%
18 - Phase d'utilisation du produit 0,0% Total :
14 - Actifs loués en amont 0,0% 38 142 t éq. CO2

0,0% 10,0% 20,0% 30,0% 40,0% 50,0% 60,0%


% des émissions indirectes totales

Figure 6.2 Répartition des émissions indirectes de GES de l’usine LaSalle en 2020 selon les postes
,,d’émission de la norme ISO 14069:2013

Les émissions de GES du poste des produits et services achetés (poste 9) sont séparées en deux
catégories dans la figure 6.3. La proportion des émissions indirectes générées par la production du
carton est présentée en rouge (9a), tandis que les émissions liées à la production de tous les autres
intrants, comme l’acide sulfurique, le borax et l’encre, sont représentées en jaune (9b).

9a - Production du carton 48,4%


19 - Fin de vie du produit 35,2%
9b - Produits et services achetés (excluant le carton) 7,3%
12 - Transport de marchandises et distribution en amont 2,5%
8 - Autres activités liées à l'énergie 2,2%
17 - Transport de marchandises et distribution en aval 2,1%
22 - Trajet domicile-travail des employés 1,2%
11 - Déchets générés par les activités de l'organisation 0,5%
10 - Immobilisation 0,3%
16 - Déplacement des clients et visiteurs 0,1%
13 - Déplacements professionnels 0,1%
18 - Phase d'utilisation du produit 0,0% Total :
14 - Actifs loués en amont 0,0% 38 142 t éq. CO2

0,0% 10,0% 20,0% 30,0% 40,0% 50,0% 60,0%


% des émissions indirectes totales

Figure 6.3 Proportion des émissions indirectes de GES générées par la production du carton

64
Enfin, la figure 6.4 présente les émissions de GES de l’usine classées en fonction des cinq grandes
catégories de la norme ISO 14064-1 (2018) : les émissions directes et les émissions indirectes liées à
l’énergie importée, au transport, aux produits utilisés par l’organisation, à l’utilisation des produits de
l’organisation ainsi qu’aux sources non incluses dans les autres catégories.

Figure 6.4 Répartition des émissions totales de GES de l’usine LaSalle en 2020 selon les catégories de
la norme ISO 14064-1:2018

Cette figure permet de constater que les émissions de GES associées à la catégorie 4, soit celles
indirectes liées aux produits utilisés par l’organisation, représentent la proportion la plus importante
des émissions totales de GES de l’usine (52 %). La catégorie 5, liée aux émissions indirectes provenant
de l’utilisation des produits de l’organisation, représente la seconde catégorie la plus importante
(31 %). Cela concorde avec les constats posés en lien avec les figures 6.2 et 6.3 en raison du poids élevé
associé à la production et à la fin de vie du carton. Les émissions indirectes de GES liées au transport
représentent quant à elles 5 % des émissions totales.

65
6.1.2 Significativité des postes d’émissions indirectes de GES
Les résultats de la quantification des émissions indirectes de GES permettent de déterminer la
significativité des postes d’émissions. Par la même occasion, ceux-ci peuvent également permettre
d’évaluer l’efficacité de la matrice de détermination de la significativité présentée dans le chapitre 4
en tant qu’outil pour trier les postes d’émissions les plus importants pour une organisation. Cette
section a donc comme but d’évaluer quels postes d’émissions sont significatifs dans le contexte de
l’usine LaSalle de Kruger et de déterminer si la matrice conçue dans le cadre du projet est un outil
adéquat pour les identifier. Le tableau 6.1 ci-dessous présente tous les postes d’émissions indirectes
applicables pour l’organisation, les résultats correspondant de la matrice de significativité (colonne J
dans la matrice) et le pourcentage des émissions totales de GES associés à chacun des postes. Dans le
tableau, les quatre valeurs les plus élevées de chaque colonne sont indiquées en vert. Ceux-ci sont
considérés comme étant significatifs pour cet inventaire. Plusieurs valeurs de seuils de détermination
de la significativité ont été testées dans le cadre du projet et celui choisi permet de conserver tous les
postes dotés d’une proportion élevée tout en excluant ceux qui sont moins importants. La sélection
des quatre valeurs les plus élevées a été employée pour le cas présent, mais peut varier d’une
organisation à l’autre en fonction besoins et du contexte spécifiques de celle-ci.

Tableau 6.1 Évaluation de la significativité des postes d’émissions indirectes de GES


% des
Résultats de
émissions
# ISO 14069 Postes d’émission de GES la matrice de
totales de
significativité
GES
8 Autres activités liées à l’énergie 15 2,0 %
9 Produits et services achetés 19 49,4 %
10 Immobilisation 8 0,3 %
11 Déchets générés par les activités de l’organisation 15 0,5 %
12 Transport de marchandises et distribution en amont 19 2,3 %
13 Déplacements professionnels 9 0,0 %
14 Actifs loués en amont 8 0,0 %
16 Déplacement des clients et visiteurs 8 0,0 %
17 Transport de marchandises et distribution en aval 16 1,9 %
18 Phase d’utilisation du produit 6 0,0 %
19 Fin de vie du produit 18 31,2 %
22 Trajet domicile-travail des employés 15 1,1 %

Il existe une bonne concordance entre les résultats de la matrice de significativité et les pourcentages
provenant des résultats quantitatifs, tels que présenté dans le tableau ci-dessus. En effet, tous les
résultats les plus élevés de chacune des colonnes (cases en vert) sont les mêmes, sauf pour deux postes

66
d’émissions : les autres activités liées à l’énergie (poste 8) et le transport des marchandises en aval
(poste 17). Ces deux postes ont toutefois des résultats très similaires, tant pour la matrice de
significativité que pour leur volume des émissions de GES. Ils sont situés à la limite inférieure de la
significativité, avec moins de 2 % des émissions de GES totales pour chacun d’entre eux.

Par ailleurs, selon l’ADEME (2014b, p. 45), il convient d’exclure certains postes d’émissions d’un
inventaire de GES seulement dans la mesure où la somme de ceux-ci « représente moins de 5 % du
montant total des émissions du bilan ». Le National Council for Air and Stream Improvement (NCASI,
2005) confirme ce seuil, en indiquant que lorsque plusieurs sources d’émissions mineures sont exclues
d’un inventaire, l’effet cumulatif peut devenir une omission significative si celui est supérieur à 5 %, et
ce même si les sources individuelles ont été jugées comme étant non significatives. Dans le cas du
présent inventaire, le pourcentage combiné des postes d’émissions non identifiés comme étant
significatifs est de 3,83 %, ce qui est inférieur à 5 % et donc conforme aux recommandations de
l’ADEME et du NCASI.

Conséquemment, les postes d’émissions étant les plus significatifs pour l’inventaire des émissions
indirectes de GES de l’usine LaSalle de Kruger en 2020 sont : les produits et services achetés (poste 9),
la fin de vie des produits (poste 19) ainsi que le transport en marchandises en amont (poste 12). Le
transport des marchandises en aval (poste 17) ainsi que les autres activités liées à l’énergie (poste 8)
peuvent également être inclus dans l’inventaire, mais ont une importance moindre. Tous les autres
postes d’émissions pourraient être négligés tout en ayant un impact minime sur la complétude de
l’inventaire.

Ainsi, il est possible de conclure que la matrice élaborée dans le cadre du projet est un outil qui permet
d’identifier assez adéquatement les postes d’émissions les plus significatifs pour l’organisation à
l’étude. Celle-ci pourrait donc être réutilisée dans le contexte d’un inventaire de GES indirects pour
une autre organisation. Celle-ci pourrait employer la matrice pour faire une sélection préliminaire des
postes d’émissions les plus pertinents sur lesquelles concentrer ses ressources lors de la quantification.

6.1.3 Exemple fictif d’application de la matrice


La forte corrélation montrée dans le tableau 6.1 entre les résultats de la matrice de significativité et
les quantités de GES générés découle vraisemblablement de la pondération élevée (valeur de 3)
accordée au premier critère de la matrice : le volume des émissions. En effet, dans ce contexte, les
postes d’émissions associées aux plus grands pourcentages de GES vont généralement être considérés
comme étant les plus significatifs.
67
Toutefois, la corrélation pourrait être différente dans le cas où une organisation sélectionnerait des
facteurs de pondération différents pour les critères de la matrice. Ainsi, une organisation pourrait
reconnaitre un poste d’émission comme état significatif, et ce, même si celui-ci est identifié comme
générant peu de GES.

Par exemple, une organisation fictive pourrait identifier les émissions liées à l’usage de ses produits
(poste 18) comme étant faibles, donc accorder une note de 1 pour le premier critère de la matrice.
Cette organisation pourrait aussi remarquer que ses parties prenantes présentent un intérêt marqué
pour ce poste d’émission, donc lui attribuer une note de 3 pour le quatrième critère. De plus, si cette
entreprise a comme objectif de réaliser un inventaire de ses GES pour ses besoins internes
uniquement, elle pourrait déterminer que le quatrième critère, lié aux besoins et attentes des parties
prenantes, est peu important pour ses besoins. Une pondération de 1 pourrait ainsi lui être accordée.
La figure 6.5 présente l’application partielle de la matrice à cette situation fictive. La valeur de
significativité pondérée résultant de cette situation serait ainsi de 11. Ce poste pourrait
potentiellement être considéré comme étant non significatif, dépendamment des résultats des autres
postes d’émissions.

Figure 6.5 Exemple d’application de la matrice dans un contexte fictif où les besoins des parties
prenantes ont une importance faible

En contrepartie, si cette même organisation réalise son inventaire des émissions de GES en vue de
produire un rapport de ses performances environnementales pour ses actionnaires, où une grande
transparence est requise auprès des parties prenantes, elle pourrait accorder une pondération de 3 au
quatrième critère. La figure 6.6 présente l’application partielle de la matrice à cette situation fictive.
La valeur de significativité pondérée résultant de cette situation serait ainsi de 17. Dans ce contexte,
ce poste serait vraisemblablement considéré comme étant significatif dans l’inventaire, et ce, même
si le poste génère peu d’émissions de GES.

68
Figure 6.6 Exemple d’application de la matrice dans un contexte fictif où les besoins des parties
prenantes ont une importance cruciale

La seule différence entre les deux situations présentées ci-dessus est la pondération accordée au
quatrième critère lié, aux parties prenantes. Pourtant, cette distinction peut faire la distinction entre
un poste catégorisé comme étant significatif et un poste potentiellement négligeable. Ainsi, certains
postes d’émissions qui pourraient sembler marginaux en fonction du volume des émissions
uniquement pourraient être importants lorsque les autres critères entrent en jeu.

6.1.4 Potentiel de réduction des émissions indirectes de GES


À la lumière des résultats de l’inventaire, cette section vise à aborder quelques-unes des pistes de
réduction des émissions indirectes de GES pour l’organisation. Les postes d’émissions qui représentent
à la fois un pourcentage élevé des émissions totales et pour lesquelles l’organisation est dotée d’un
fort niveau d’influence sont celles qui présentent généralement un potentiel élevé de réductions
significatives des GES. Des objectifs et projets de réductions de GES sur ces postes d’émissions
pourraient être considérés comme étant des low-hanging fruits, soit des actions dont la mise en œuvre
est assez aisément accessible pour l’organisation et qui peuvent avoir un impact important sur
l’objectif (MIQ, 2021).

Le tableau 6.2 expose les postes d’émissions indirectes de GES applicables accompagnées des niveaux
d’influence perçus tels qu’ils ont été évalués au préalable dans la matrice de détermination de la
significativité (colonne C dans la matrice). Ce niveau d’influence a été déterminé de façon qualitative
en amont de la collecte des données primaires. Le pourcentage des émissions totales de GES que
représentent ces postes d’émissions est aussi indiqué. L’encadré rouge met en lumière les postes
d’émission pour lesquels le niveau d’influence perçu par l’organisation est moyen (valeur de 2) ou fort
(valeur de 3).

69
Tableau 6.2 Perception de l’influence et du potentiel de réduction sur les émissions indirectes

Parmi les postes d’émissions pour lesquelles l’organisation considère qu’elle est dotée d’un niveau
d’influence moyen ou fort, celles qui représentent les pourcentages d’émissions les plus élevés sont :
les produits et services achetés (poste 9) ainsi que le transport de marchandises en amont et en aval
(postes 12 et 17). Ces postes sont donc ceux pour lesquelles l’organisation possède un potentiel de
diminution des émissions de GES élevé et sur lesquelles il peut valoir la peine de se concentrer lors du
choix des objectifs de réduction.

Toutefois, il s’agit aussi de postes d’émissions pour lesquelles plusieurs hypothèses ont été posées afin
de réaliser les calculs d’émissions. Par exemple, dans le cas des produits et services achetés, le ratio
de fibre de bois vierge versus la fibre recyclée n’était pas entièrement connu. Il s’agit de la source
d’émissions principales pour la production du carton, et une hypothèse conservatrice a dû être posée
pour finaliser les calculs. Il serait donc essentiel de trouver les données manquantes afin de raffiner
l’analyse et de confirmer les quantités de GES générées. Subséquemment, un objectif de réduction de
GES associé à ce poste d’émission pourrait être de diminuer la quantité de carton provenant de fibre
vierge et d’augmenter l’approvisionnement en fibre recyclée entrant dans la composition du carton.

Dans le cas du transport en amont et en aval, quelques hypothèses sur la distance parcourue par les
camions ont été posées et devraient également être confirmées. Cela dit, des objectifs de réduction
des GES liés à ces postes pourraient passer, par exemple, par l’optimisation de la logistique de
transport des intrants et des extrants. Le fait d’inciter les fournisseurs et transporteurs de
marchandises à implémenter des mesures d’écoconduites au sein de leur flotte de camion, comme

70
l’ajout de limiteur de vitesses sur les autoroutes dans leurs véhicules, pourrait aussi se solder par des
réductions importantes d’émissions de GES (International Energy Agency [IEA], 2021). Par ailleurs,
l’organisation pourrait inciter ses fournisseurs de transport à électrifier leur flotte servant à la livraison
sur les derniers kilomètres (last-mile delivery), ou bien choisir des fournisseurs qui utilisent déjà cette
pratique. En effet, selon certains experts dans le domaine des transports, l’électrification de la livraison
sur les derniers kilomètre est une des mesures qui offre des rendements rapides et substantiels en
termes de réduction des émissions de GES (BloombergNEF, 2020). Afin d’influencer ses parties
prenantes à poser des actions visant à réduire leurs émissions de GES, l’organisation peut, par exemple,
inclure des clauses dans ses contrats et politiques indiquant ses attentes en lien avec la performance
environnementale des intervenants impliqués (Salesforce, 2021).

La norme ISO 14064-1 (2018, p. 12) explique que l’organisation peut, à la suite de la quantification de
ses émissions de GES pour l’année de référence, « planifier et mettre en œuvre des initiatives de
réduction de GES afin de réduire ou d’empêcher les émissions de GES ». Pour ce faire, une analyse plus
poussée des résultats quantitatifs de l’inventaire serait requise de la part des représentants de l’usine
afin de poser des objectifs réalistes et mesurables de réductions de GES, appuyés d’un plan d’action
concret pour les atteindre. De plus, il serait pertinent de répéter l’exercice de quantification des
émissions de GES associées à l’usine, incluant les émissions indirectes, et ce pour une année
subséquente à 2020. Cela permettrait de confirmer certaines données d’activités, de raffiner des
facteurs d’émissions et d’étudier la variabilité des émissions de GES dans le temps. Ultimement, les
objectifs de réductions de GES posés seraient également plus précis s’ils étaient basés sur les données
de plusieurs années d’émissions.

6.2 Constats portant sur la méthodologie employée


Cette section vise à revenir sur la méthodologie employée pour réaliser l’inventaire de GES dans le
cadre de cet essai. Les normes ISO 14064-1 (2018) et ISO 14069 (2013) ont été les principales sources
utilisées comme références méthodologiques, et celles-ci étaient bien adaptées au projet. En premier
lieu, les enjeux liés à la collecte de données primaires et secondaires sont abordés. Puis, l’utilisation
des outils créés dans le cadre du projet est évaluée, soit la matrice de détermination de la significativité
des postes d’émissions indirectes de GES, présentée dans le chapitre 4 ainsi que le fichier de calcul
permettant de quantifier les émissions, disponible à l’Annexe 3. Par ailleurs, à travers la section,
quelques limites et biais rencontrés tous au long du processus de réalisation de l’inventaire sont
exposés.

71
6.2.1 Collecte des données primaires et secondaires
Un des freins majeurs présentés au chapitre 2 en lien avec la réalisation des inventaires des émissions
indirectes de GES était la difficulté à récolter des données de qualité. Cet obstacle a assurément été
rencontré au cours du processus de collecte des informations pour l’usine. Plusieurs données primaires
recherchées pour les calculs étaient soit difficiles à récolter, ou tout simplement inaccessibles.
Plusieurs hypothèses ont donc été posées pour contourner ce problème. Celles-ci ont été basées sur
des moyennes de l’industrie, sur des articles scientifiques ou sur les meilleures connaissances des
personnes impliquées dans la réalisation de l’inventaire. Bien que l’ADEME (2016) explique que les
hypothèses et les incertitudes dans un rapport d’inventaire des émissions indirectes de GES ne gênent
pas pour la sensibilisation des parties prenantes et pour l’adoption de mesures de réduction des
émissions, certaines améliorations pourraient être apportées à la façon dont la collecte de données a
été effectuée dans le cadre de ce projet.

En premier lieu, une visite en personne du site occupé par l’organisation pour récolter certaines
données aurait été très utile, en l’occurrence l’usine située au 7474 rue Cordner à LaSalle, sur l’île de
Montréal. Cela aurait permis de discuter avec plus d’employés, de voir directement les installations de
l’usine et de récolter davantage de données primaires. Cette visite des lieux n’a pas pu être effectuée
dans le cadre de l’essai en raison des restrictions sanitaires visant à contrer la propagation de la COVID-
19. Toutes les informations ont ainsi été collectées par courriel et par téléphone auprès des employés
de l’organisation. Il s’agirait donc d’une amélioration importante à apporter au processus de
réalisation de l’inventaire des GES.

En second lieu, en raison des limites temporelles amenées par le processus de rédaction de l’essai, il
n’a pas été possible de contacter plusieurs fournisseurs et sous-traitants pour obtenir des informations
auprès de ces intervenants. Ainsi, une amélioration à apporter pourrait être de se doter de plus de
temps ou de plus ressources humaines pour effectuer la collecte de données auprès des parties
prenantes externes. Cela permettrait d’avoir des informations plus précises sur la provenance de
certains intrants et sur les émissions liées à leur production, par exemple.

Ensuite, plusieurs hypothèses posées devraient être confirmées dans le cadre d’un inventaire
subséquent des émissions indirectes de GES. Par exemple, aucune donnée n’était disponible en lien
avec les habitudes de transport des employées pour se rendre au travail. Pour contourner cette lacune,
un pourcentage conservateur d’utilisation des transports en commun a été posé, considérant que 90 %
des employés utilisent leur véhicule personnel pour se rendre à l’usine. Cette donnée arbitraire

72
pourrait être validée en réalisant un sondage auprès des employés au sujet de leurs habitudes de
déplacements quotidiens.

Une autre hypothèse importante à raffiner est le portrait de la fin de vie des produits et déchets
générés par les activités de l’usine. En effet, les émissions liées à la fin de vie des boites de carton
produites par l’organisation ont probablement été surestimées. Il a été considéré que celles-ci se
faisaient soit recycler ou enfouir après leur phase d’utilisation, mais il est vraisemblable que celles-ci
soient réutilisées plusieurs fois au préalable, ce qui n’a pas été pris en compte dans l’analyse. Par
ailleurs, le scénario de fin de vie des déchets générés par l’usine a été basé sur la composition moyenne
des matières résiduelles provenant de la collecte municipale à l’entrée des centres de tri au Québec
(Recyc-Québec, 2021). Puisque cette hypothèse est basée sur la collecte municipale, elle n’est pas
nécessairement pleinement représentative de la composition des matières résiduelles provenant du
secteur industriel. Pour remédier à cette lacune, il serait pertinent de désagréger les volumes des
différents types de matières résiduelles générées par l’usine, comme le bois, le verre, le papier ou
carton, les matières organiques ainsi que le métal.

Finalement, plusieurs facteurs d’émissions utilisés pour calculer les volumes d’émissions indirectes de
GES ont été tirés de sources internationales, comme des articles scientifiques ou des rapports
d’organisations œuvrant dans le secteur visé. Ces valeurs internationales sont intéressantes pour
réaliser une première version de l’inventaire des GES, mais devraient être raffinées afin de trouver des
données plus appropriées au contexte spécifique de l’usine LaSalle.

6.2.2 Utilisation des outils développés dans le cadre du projet


Afin de compléter l’inventaire des émissions de GES pour l’organisation à l’étude et pour répondre aux
objectifs principaux et secondaires de l’essai, deux outils principaux ont été développés. Ceux-ci sont :
la matrice de détermination de la significativité des postes d’émissions indirectes, présentée dans le
chapitre 4, ainsi que le fichier de calcul permettant de quantifier les émissions, présenté à l’Annexe 3.
Cette section vise à discuter des outils et de leur applicabilité dans le cadre d’autres inventaires de
GES.

En premier lieu, il a été démontré précédemment dans le chapitre 6 que la matrice avait permis avec
succès d’identifier les postes d’émissions indirectes de GES les plus significatifs pour l’usine LaSalle de
Kruger. La matrice a été conçue pour qu’elle puisse être appliquée à n’importe quelle organisation
désirant réaliser son inventaire des émissions indirectes de GES. En effet, la pondération des critères
d’analyse peut être adaptée en fonction du contexte spécifique des entreprises qui l’utilisent.
73
Toutefois, la matrice devrait être testée concrètement dans le contexte d’une autre organisation pour
valider et confirmer son applicabilité.

Ensuite, l’outil de calcul des émissions indirectes de GES élaboré sur Excel pourrait aisément être
réutilisé par l’usine LaSalle de Kruger afin de quantifier leurs émissions pour une année subséquente.
Pour ce faire, les quantités d’intrants et d’extrants devraient être mises à jour selon les données de la
nouvelle année, puis les hypothèses posées devraient être validées afin de vérifier qu’elles sont encore
applicables. L’outil étant automatisé, celui-ci calcule par la suite les émissions et génère les graphiques
d’analyse de ceux-ci. En revanche, dans le contexte de l’inventaire de GES d’une autre organisation,
l’outil de calcul pourrait être utilisé, mais celui-ci aurait besoin de modifications majeures afin de
représenter les activités propres à l’entreprise.

Enfin, les deux outils créés ont permis d’atteindre les objectifs principaux et secondaires posés dans le
cadre de cet essai, soit de quantifier les émissions directes significatives de GES d’une usine québécoise
du secteur des pâtes et papiers ainsi que d’élaborer une méthode de détermination de la significativité
des postes d’émissions indirectes.

74
CONCLUSION
Dans le contexte de la crise climatique actuelle et de l’impact capital des émissions anthropiques de
GES sur celle-ci, cet essai avait comme objectif principal de réaliser une quantification des émissions
indirectes de GES associées à une usine québécoise du secteur des pâtes et papiers : l’usine de boites
de carton de LaSalle, opérée par Kruger. L’année 2020 a été sélectionnée comme période de référence
de l’inventaire de GES, soit du 1er janvier 2020 au 31 décembre 2020. Par ailleurs, les émissions de GES
directes et celles indirectes liées à l’énergie importée ont également été quantifiées afin de comparer
les volumes d’émissions de chacune des catégories.

Pour atteindre cet objectif, des données d’activités primaires de l’usine et de ses parties prenantes
pertinentes ont été collectées auprès d’employés du site. En contrepartie, des données secondaires
ont été tirées de source externe à l’organisation, comme des bases de données gouvernementales,
des rapports techniques d’entreprises œuvrant dans le domaine ou bien des articles scientifiques. Les
données ont été collectées et traitées en se basant principalement sur les normes ISO 14064-1:2018
et ISO 14069:2013. De plus, certains guides techniques préparés par le GHG Protocol (2011) ont été
consultés à titre informatif.

Bien que certaines données aient été difficiles à récolter et que plusieurs hypothèses aient dû être
posées pour calculer les émissions indirectes de GES associées à l’usine lors de l’année de référence,
l’inventaire a pu être complété avec succès. Les résultats montrent que les émissions totales de GES
associées aux activités de l’usine pour l’année 2020 sont de 42 992 t d’éq. CO2. Les émissions directes
de GES représentent près de 11 % des émissions totales, soit 4 841 t d’éq. CO2. Les émissions indirectes
liées à l’énergie importée représentent 0,02 % des émissions totales, soit approximativement
9 t d’éq. CO2. Enfin, les autres émissions indirectes représentent de loin la quantité la plus importante
de GES pour les activités de l’usine avec près de 89 % du volume total, soit 38 142 t d’éq. CO2. Les
postes d’émissions indirectes représentant les émissions les plus importantes sont : l’achat des
produits et services utilisés par l’organisation (poste 9), avec près de 50 % des émissions totales, soit
21 256 t d’éq. CO2, ainsi que la fin de vie des produits vendus par l’organisation (poste 19) avec plus de
31 % des émissions totales, soit 13 409 t d’éq. CO2.

Par ailleurs, plusieurs freins rencontrés par certaines organisations dans le processus de quantification
des émissions indirectes de GES ont été identifiés. Parmi ceux-ci se retrouvent, entre autres : la
difficulté de récolter des données de qualité, l’impression de ne pas avoir de contrôle sur les émissions
indirectes et le manque de ressources au sein des organisations. À la lumière de l’identification de ces
freins et barrières, cet essai avait comme objectif secondaire d’élaborer une méthode permettant de
75
déterminer quels postes d’émissions indirectes sont les plus significatives pour une organisation, et ce,
en amont de la réalisation de l’inventaire complet des GES. Ce faisant, les organisations seraient en
mesure de prioriser l’attribution de leurs ressources humaines et financières lors de l’évaluation de
leurs émissions indirectes de GES.

Pour atteindre cet objectif, une matrice de détermination de la significativité des postes d’émissions a
été élaborée. Celle-ci permet aux organisations de réaliser un exercice de réflexion préliminaire au
sujet des émissions de GES associées à leurs activités, ainsi que de mettre en lumière les postes
d’émissions qui sont les plus importants pour eux en fonction de quatre critères. Ceux-ci sont : le
volume des émissions, le niveau d’influence de l’organisation sur ces postes d’émissions, la
disponibilité et la qualité des données ainsi que l’importance des postes d’émissions pour les parties
prenantes de l’organisation. Par ailleurs, les critères peuvent être pondérés afin de refléter les besoins
et contextes spécifiques à chaque organisation désirant utiliser l’outil pour s’appuyer dans la
réalisation de son rapport d’inventaire d’émissions indirectes de GES. Les résultats provenant de la
matrice de détermination de la significativité ont été comparés aux quantités d’équivalents CO2
quantifiés dans l’inventaire pour chacun des postes d’émissions. Ce parallèle permet de déterminer
que tous les postes d’émission dont les émissions de GES sont les plus significatives ont été identifiés
par la matrice. Celle-ci pourrait donc s’avérer un outil pertinent à inclure dans l’attirail des entreprises
qui veulent réaliser leur inventaire des émissions indirectes de GES.

Pour terminer, ce projet a également permis de mettre en évidence les freins et barrières se dressant
sur le chemin des organisations dans leur processus de quantification des émissions indirectes et de
présenter quelques pistes pour les contourner ou les mitiger lorsque possible. Quelques postes
d’émissions indirectes présentant un potentiel de réduction des GES prometteur sont également
brièvement exposés, à la suite de l’analyse des volumes d’émissions générées. Par ailleurs, du côté de
l’usine LaSalle de Kruger, celle-ci pourrait répéter l’exercice de quantification des émissions totales de
GES, incluant celles qui sont indirectes, en sélectionnant les données d’activités d’une année
subséquente à 2020. Cela permettrait de faire ressortir les tendances dans les émissions de l’usine à
travers le temps et, ainsi, leur permettre de cibler des objectifs de réductions concrets et
éventuellement alignés avec les constats de l’Accord de Paris.

Le sujet de la lutte contre les changements climatiques et de la gestion des GES est en évolution
constante. Conséquemment, les organisations générant ces gaz doivent progresser elles aussi, tant
dans leur compréhension de la problématique que dans leurs actions pour réduire leur empreinte
carbone. En lien avec le concept des émissions indirectes de GES, certains soutiennent que celles-ci
76
n’ont pas d’importance et que les efforts devraient être concentrés sur les émissions étant sous le
contrôle direct des organisations. Toutefois, comme l’expliquent Hertwich et Wood (2018), le fait de
s’attaquer à ce type d’émissions révèle une multitude d’opportunités pour les organisations, à la fois
pour économiser de l’énergie, pour optimiser leur chaine d’approvisionnement et pour augmenter leur
résilience face aux conséquences des changements climatiques. Enfin, afin de réussir à atteindre les
cibles contenues dans l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C, les
émissions de GES mondiales doivent être réduites de façon drastique, et ce, peu importe qui en est
l’émetteur direct. L’étude des émissions indirectes de GES d’une organisation permet de se positionner
avec un axe d’approche différent sur l’enjeu et d’ainsi créer de nouvelles opportunités de réductions.
Elle permet de mettre en évidence les sources d’émissions de GES liées, de près ou de loin, aux activités
d’une organisation et ainsi d’agir sur celles-ci en amont et en aval de sa chaine de valeur, et ce, même
si elles ne sont pas sous le contrôle complet de l’organisation. Ainsi, l’inclusion des émissions indirectes
de GES au sein des inventaires des organisations est un volet essentiel à l’atteinte des cibles
ambitieuses de réductions de GES imposées par l’Accord de Paris.

77
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0du%20bilan%20d%E2%80%99%C3%A9missions%20de%20GES.pdf

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Règlement modifiant le règlement sur la déclaration obligatoire de certaines émissions de


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84
ANNEXE 1 - LISTE DES POSTES D’ÉMISSIONS DE GES SELON LES NORMES ISO 14069:2013 ET
ISO 14064-1:2018

(tiré de : ISO, 2013; ISO, 2018)

N° Catégorie
Type Poste d’émissions Exemple de sources d’émissions
ISO 14069 ISO 14064-1

Émissions directes provenant


1 1 de la combustion de sources • Combustion de carburant
fixes
Émissions directes provenant
2 1 de la combustion de sources • Combustion de carburant
mobiles
• Les émissions liées aux processus
Émissions directes liées aux
peuvent produire du CO2, du CH4 et du
3 1 processus de production,
N2O (décarbonation, traitement des
Émissions hors combustion
déchets, bétail, utilisation d’engrais, etc.)
directes • Les émissions fugitives de GES
de GES résultent de fuites au niveau des
équipements et des systèmes de
4 1 Émissions directes fugitives
stockage et de transport, ainsi qu’au
niveau des réservoirs et des puits
d’injection.
Émissions et captations
directes résultant de
5 1 l’utilisation des terres, leurs • Sols, forêt, herbages, lacs.
changements et la forêt (à
l’exclusion de la combustion)

Émissions indirectes
provenant de l’électricité • Émissions résultant de la production de
6 2
Émissions importée par l’organisation l’électricité achetée par l’organisation.
indirectes pour son usage propre
de GES Émissions indirectes
liées à provenant de l’énergie
l’énergie • Émissions résultant de la génération de
importée à travers un réseau
importée 7 2 vapeur, de chaleur, de froid ou d’air
physique (vapeur, chaleur,
comprimé importés.
froid, air comprimé) à
l’exclusion de l’électricité

85
N° Catégorie
Type Poste d’émissions Exemple de sources d’émissions
ISO 14069 ISO 14064-1

• Extraction, production et transport


(fuites incluses) de combustibles
consommés par l’organisation (émissions
en amont liées aux postes d’émissions 1
et 2).
• Extraction, production et transport
Activités liées à l’énergie qui
(fuites incluses) de combustibles pour la
ne sont comprises ni dans les
génération d’électricité, de vapeur, de
8 4 émissions directes ni dans les
chaleur, de froid et d’air comprimé
émissions indirectes
importés par l’organisation réalisant le
d’énergie
rapport GES (émissions en amont liées
aux postes d’émissions 6 et 7)
• Électricité, vapeur, chaleur, froid et air
comprimé consommés lors de la
transmission et la distribution d’énergies
de réseaux.
• Extraction et production d’intrants
(c’est-à-dire : biens, services ou
matériaux achetés ou acquis), activités
externalisées, y compris la fabrication
sous contrat, les centres de traitement
de données, les services externalisés,
9 4 Produits et services achetés etc. associés à des fournisseurs directs
(niveau 1). Cela inclut les franchises en
Autres amont (attribution partielle des
émissions émissions du franchiseur devant être
indirectes déclarées par le franchisé).
de GES • Élimination/traitement des déchets
générés lors d’opérations
• Fabrication/construction
d’immobilisations détenues ou
10 4 Immobilisations
contrôlées par l’organisation réalisant le
rapport GES
• Élimination/traitement des déchets
générés lors de la production d’intrants
Déchets générés par les (c’est-à-dire : biens, services, matériaux
11 4
activités de l’organisation ou combustibles achetés ou acquis).
• Transport des déchets générés lors
d’opérations
• Transport et distribution d’intrants
(c’est-à-dire : biens, services, matériaux
ou combustibles achetés ou acquis), y
Transport des marchandises
12 3 compris le transport et distribution
et distribution en amont
intermédiaires (entre installations),
entreposage et stockage, associés à des
fournisseurs directs
• Déplacements professionnels des
13 3 Déplacements professionnels
employés
• Fabrication/construction et
exploitation d’actifs loués non inclus
14 4 Actifs loués en amont
dans les « émissions directes » des
locataires (déclarées par le locataire)

86
N° Catégorie
Type Poste d’émissions Exemple de sources d’émissions
ISO 14069 ISO 14064-1

• Émissions de GES associées à des


investissements, y compris des
investissements portant sur des actifs
15 5 Investissements
immobilisés et des prises de
participations non inclus dans le
périmètre organisationnel
• Transport depuis le site du
Déplacement des clients et
3 client/visiteur jusqu’à l’organisation et
16 des visiteurs
réciproquement
• Transport et distribution de produits
Transport de marchandises
17 3 achetés, y compris l’entreposage et la
et distribution en aval
vente au détail
• Utilisation des biens et services vendus
18 5 Phase d’utilisation du produit
par l’organisation
• Traitements de fin de vie des produits
19 5 Fin de vie du produit
vendus par l’organisation
• Émission provenant de tous les
20 5 Franchises en aval franchisés (devant être déclarées par le
franchiseur).
• Émissions de GES en aval imputables
21 5 Actifs loués en aval
aux actifs des bailleurs
• Trajets aller-retour quotidiens des
Trajet domicile-travail des
22 3 employés
employés
• Employés pratiquant le télétravail
• Dans le cas d’émissions qui ne sont pas
couvertes par les 22 autres postes
Autres émissions indirectes d’émissions, il convient d’utiliser ce
23 6 non incluses dans les poste d’émission supplémentaire. Il
22 autres postes d’émissions convient que l’organisation décrive
clairement ce qui est pris en compte
dans ce poste d’émission.

87
ANNEXE 2 - DIAGRAMME DES PROCESSUS INTERNES DE L’USINE LASALLE
(tiré de : Kruger LaSalle, 2022)

88
ANNEXE 3 - EXTRAIT DE L’OUTIL DE CALCUL DES ÉMISSIONS INDIRECTES DE GES POUR L’USINE
LASALLE

Contenu de l’Annexe :
• Page titre de l’outil
• Présentation de l’outil
• Résultats
• Données générales (Onglet confidentiel, non présenté)
• Facteurs de calculs
• Références
• Calculs des émissions (Onglet confidentiel, non présenté)

89
Outil de calcul des émissions
indirectes de GES

Résultat pour l'usine LaSalle de Kruger


Montréal, QC

Année de référence : 2020

Camille Mooney, ing.

2022-06-20

90
Préparé par : Camille Mooney, ing.
Outil : Calcul des émissions indirectes de GES
Onglet : Présentation de l'outil

Présentation générale de l'outil

Cet outil permet de réaliser l'inventaire des émissions indirectes de GES d'une organisation en
fonction de ses données d'activités pour une année de référence.
Consulter l'essai associé à cet outil pour de l'information complémentaire sur le contexte du
projet.

Onglet Commentaire Confidentialité


1. Présentation de l'outil - Non confidentiel
Synthèse des résultats de calcul pour tous les
2. Résultats Non confidentiel
postes d'émission de GES
Données d'activités de l'usine pour l'année de
3. Données générales Confidentiel
référence
PRP, Facteurs d'émissions de GES et autres
4. Facteurs de calcul Non confidentiel
facteurs de conversion d'unités
5. Références Source des données et facteurs de calculs Non confidentiel
Calculs des émissions pour tous les postes
Annexes P (P1-5 à P23) Confidentiel
d'émissions selon la norme ISO 14069

91
Préparé par : Camille Mooney, ing.
Outil : Calcul des émissions indirectes de GES
Onglet : Résultats de l'analyse

Résumé des émissions de GES par poste d'émission

Année: 2020

% des autres % des émissions


# ISO Postes d'émission de GES t éq. CO2 /an
émissions indirectes totales
1à5 Émissions directes de GES 4840,6 - 11,26%
6à7 Émissions indirectes de GES liées à l'énergie importée9,2 - 0,02%
8 Autres activités liées à l'énergie 856,3 2,24% 1,99%
9 Produits et services achetés 21256,2 55,73% 49,44%
10 Immobilisation 115,7 0,30% 0,27%
11 Déchets générés par les activités de l'organisation 209,7 0,55% 0,49%
12 Transport de marchandises et distribution en amont972,1 2,55% 2,26%
13 Déplacement professionnel 19,8 0,05% 0,05%
14 Actifs loués en amont 0,0 0,00% 0,00%
15 Investissements 0 0% 0%
16 Déplacement des clients et visiteurs 20,0 0,05% 0,05%
17 Transport de marchandises et distribution en aval 819,3 2,15% 1,91%
18 Phase d'utilisation du produit 0,0 0,00% 0,00%
19 Fin de vie du produit 13409,1 35,16% 31,19%
20 Franchises en aval 0 0% 0%
21 Actifs loués en aval 0 0% 0%
22 Trajet domicile-travail des employés 463,6 1,22% 1,08%
23 Autres émissions indirectes 0 0% 0%
Total des émissions directes et liées à
1à7 4849,7 - 11,28%
l'énergie
8 à 23 Total des autres émissions indirectes 38141,7 - 88,72%
1 à 23 Total de toutes les émissions de GES 42991,5 - 100,00%

% des émissions
# ISO Catégories d'émissions de GES t éq. CO2 /an
totales
1à5 Émissions directes de GES 4840,6 11,3%
6 et 7 Émissions indirectes de GES liées à l'énergie importée9,2 0,02%
8 à 23 Autres émissions indirectes de GES 38141,7 88,7%
Total Total des émissions de GES 42991,5 100%

92
Préparé par : Camille Mooney, ing.
Outil : Calcul des émissions indirectes de GES
Onglet : Facteurs de calculs

Potentiel de réchauffement planétaire (PRP) sur un horizon de 100 ans (tiré de : GIEC, 2014)
GES Nom PRG
CO2 Dioxyde de carbone 1
CH4 Méthane 28
N2O Oxyde nitreux 265

Facteurs d'émissions de GES


Catégorie Item Valeur Unité Incertitude Référence Provenance des données
Commentaire
Combustion mobile - Véhicule léger à essence ECCC, 2021, Partie 2,
0,00244 t éq. CO2/L Faible Canada
Hydrocarbures (Niveau 1) p.245
Combustion mobile - Camions légers à essence ECCC, 2021, Partie 2,
0,00247 t éq. CO2/L Faible Canada
Hydrocarbures (Niveau 1) p.245
Combustion mobile - Véhicule lourd à moteur diesel ECCC, 2021, Partie 2,
0,00271 t éq. CO2/L Faible Canada
Hydrocarbures (Efficacité modérée) p.245
Traitement des eaux usées ECCC, 2021, Partie 2,
Traitement des eaux usées 0,0000036 t CH4 / kg DBO Élevée Canada Traitement primaire
(CH4) p.208
Moyenne des 3 méthodes de
Production - Intrants Borax 2,467 t éq. CO2/t Élevée An et Xue, 2013, p.5 Chine production de borax (CO2-soda I, II et
III)
Production - Intrants Carton (Fibre vierge) 0,326 t éq. CO2/TMA Élevée Pro Carton, 2019 Europe Carton vierge
Production - Intrants Encre pour impression 0,003264 t éq. CO2/kg Élevée EuPIA, 2020 Europe
Vercalsteren et Boonen,
Production - Intrants Amidon 0,77 t éq. CO2/t Élevée Europe Native starch
2015
Production - Matériaux de
Béton 0,3 t éq. CO2/m3 Moyenne Kosmatka et al., 2011, p.22 International
construction
Production - Matériaux de Hoffmann et al, 2020 ;
Acier 1,85 t éq. CO2/t Moyenne International
construction Peplow, 2021
t éq.
Production - Véhicules Véhicule à combustion interne 6 Élevée IEA, 2021 International
CO2/véhicule
t éq.
Production - Véhicules Véhicule électrique 5,4 Élevée IEA, 2021 International
CO2/véhicule
Fin de vie - Recyclage Carton 0,559 t éq. CO2/t Moyenne Turner et al., 2015 International Card (Gross emissions)
Fin de vie - Recyclage Carton et papier 0,559 t éq. CO2/t Moyenne Turner et al., 2015 International Mixed paper and card (Gross
Fin de vie - Recyclage Verre 0,395 t éq. CO2/t Moyenne Turner et al., 2015 International Mixed glass (Gross emissions)
Fin de vie - Recyclage Métal 0,883 t éq. CO2/t Moyenne Turner et al., 2015 International Other scrap metal (Gross emissions)
Fin de vie - Recyclage Plastique 0,339 t éq. CO2/t Moyenne Turner et al., 2015 International Mixed plastics (Gross emissions)
Kruger, usine de
Production - Intrants Carton (Fibre recyclée) 0,189 t éq. CO2/TMA Élevée Jean, 2022 Carton d'OCC
Bromptonville
Production - Intrants Soude caustique 0,0006329 t éq. CO2/kg Élevée Thannimalay et al., 2013 Malaysia
À partir de la base de données
Production - Intrants Acide sulfurique 87,88 t éq. CO2/t Élevée Jean, 2022 Ontario
EcoInvent

93
Catégorie Item Valeur Unité Incertitude Référence Provenance des Commentaire
(suite) (suite) (suite) (suite) (suite) (suite) données (suite) (suite)

Combustion statique - Transition énergétique


Gaz naturel 0,00189 t éq. CO2/m3 Faible Québec
Hydrocarbures Québec, 2019

Combustion statique - Transition énergétique


Propane 0,00265 t éq. CO2/L Faible Québec
Hydrocarbures Québec, 2019

Intensité relative à la consommation


Transport - Électricité Hydroélectricité 0,0000003 t éq. CO2/kWh Faible ECCC, 2021, Partie 3, p.65 Québec d'électricité excluant la production
(Transport uniquement)

Production - Intrants Sulfate de fer 2,0417 t éq. CO2/t Élevée Jean, 2022 Québec À partir de la base de données
(S&T) Squared Consultants GHGenius v. 5.0d, onglet Upstream
Production - Hydrocarbures Gaz naturel 1,31E-05 t éq. CO2/MJ Moyenne Québec
Inc., 2015 Results HHV - CNG (NG)

(S&T) Squared Consultants GHGenius v. 5.0d, onglet Upstream


Production - Hydrocarbures Propane 1,33E-05 t éq. CO2/MJ Moyenne Québec
Inc., 2015 Results HHV - LPG (Crude Oil)

(S&T) Squared Consultants GHGenius v. 5.0d, onglet Upstream


Production - Hydrocarbures Essence 1,97E-05 t éq. CO2/MJ Moyenne Québec
Inc., 2015 Results HHV - Gasoline (Crude Oil)

(S&T) Squared Consultants GHGenius v. 5.0d, onglet Upstream


Production - Hydrocarbures Diesel 2,07E-05 t éq. CO2/MJ Moyenne Québec
Inc., 2015 Results HHV - Hwy diesel (Crude Oil)

Intensité relative à la production


Production - Électricité Hydroélectricité 0,0000012 t éq. CO2/kWh Faible ECCC, 2021, Partie 3, p.65 Québec
d'électricité
Traitement des eaux usées Stations d'épuration aérobies
Traitement des eaux usées 0,000016 t N2O / kg N Élevée MELCC, 2019, p.58 Québec
(N2O) centralisées

Émissions dans les lieux


Fin de vie - Enfouissement Déchets mélangés 1,62 kg éq. CO2/t Élevée Lacasse et al., 2020 Québec
d'enfouissement technique (LET)

5 tonnes de CO2 éq. évitées dans les


sites d'enfouissement grâce au
Fin de vie - Enfouissement Carton 0,294 t éq. CO2/t Élevée Arjowiggins, 2022 UK
recyclage de 17 tonnes de papier et
carton
Note : Tous les facteurs sont des hypothèses

94
Autres facteurs de conversions et calculs divers
Provenance des
Catégorie Item Valeur Unité Incertitude Référence Commentaire
données

Transition énergétique
Énergie par unité de volume Gaz naturel 37,89 MJ/m3 Faible Québec
Québec, 2019

Transition énergétique
Énergie par unité de volume Propane 25,31 MJ/L Faible Québec
Québec, 2019

Transition énergétique
Énergie par unité de volume Essence (automobile) 34,87 MJ/L Faible Québec
Québec, 2019

Transition énergétique
Énergie par unité de volume Diesel 38,3 MJ/L Faible Québec
Québec, 2019

Conversion standard
Conversion d'unités MSF à m2 92,90304 m2/MSF Nulle MSF : Mille pieds carrés
d'unité
Conversion standard
Conversion d'unités lbs à kg 2,20462 lbs/kg Nulle
d'unité
Conversion standard
Conversion d'unités kWh à GJ 277,778 kWh/GJ Nulle
d'unité
Conversion standard
Conversion d'unités kN à t 0,102 t/kN Nulle
d'unité
Québec entre 2012-
Taux de recyclage % de carton recyclé 76,6 % Faible Recyc-Québec, 2018b Secteur résidentiel
2016
Durée de l'amortissement
Bâtiment et machines 50 ans Moyenne ISO 14069, 2013 Art. 5.4.10d), exemple 1
linéaire
Consommation moyenne
Consommation de carburant d'essence par véhicule 9 L/100km Moyenne RNCAN, 2021 Canada, 2021
individuel
Moyenne de la consommation
Consommation moyenne
Consommation de carburant 11,47 L/100km Moyenne RNCAN, 2021 Canada, 2021 (combinée ville et route) de modèles
d'essence par fourgonnette
des fourgonnettes
Consommation moyenne de
Consommation de carburant diesel par véhicule de transport 40 L/100km Moyenne RNCAN, 2019 Canada, 2019
lourd
Hypothèse :
Masse par unité de surface Carton 450 g/m2 Moyenne Valipac, 2019, p.15
Ondulation simple
Masse par unité de volume Acide sulfurique 0,00184 t/L Moyenne L'Élémentarium, 2020 Acide sulfurique 98%
Sulfate ferrique 60% à 20°C
ClearTech Industries Inc.,
Masse par unité de volume Sulfate de fer 0,00156 t/L Moyenne Moyenne de la plage fournie : 1,50 à
2020
1,62 g/mL
Conditions :
Masse par unité de volume Propane 0,583 kg/L Moyenne SImetric, 2007
25°C et 1 atm
Note : Tous les facteurs sont des hypothèses

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Préparé par : Camille Mooney, ing.
Outil : Calcul des émissions indirectes de GES
Onglet : Références

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