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Rapport du

Groupe d’Etudes sur les Formations d’Ingénieurs


(GEFI)

Une nouvelle vision du


Système National de Formations
d’Ingénieurs.

18 Octobre 2015

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la


Recherche Scientifique

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 1
Préface
Le Groupe d’Etudes sur les Formations d’Ingénieurs (GEFI) rassemble des
personnalités et des experts nationaux, chefs d’entreprises et professeurs, tous
reconnus pour leur expérience de la conduite des ingénieurs, leur rigueur scientifique
et leur indépendance intellectuelle. Vingt ans après la mise en œuvre de la réforme
des études d’ingénieurs, le GEFI a été mandaté pour dresser un état des lieux de
l’ensemble du système national de formations d’ingénieurs, rechercher les moyens
d’en améliorer l’efficience, l’efficacité et la qualité scientifique et technique, et
proposer les mesures concrètes permettant d’atteindre ces objectifs.

Constitué en Mars 2014, le GEFI a rendu son rapport en Septembre 2015. Le


diagnostic qui a été élaboré interpelle : il nous rappelle les acquis indéniables de
notre système ainsi que les valeurs qui l’animent, résultats d’un demi-siècle d’efforts
et d’engagements, qui lui ont valu reconnaissance et considération internationales.
Mais il met surtout à nu un système qui, sous le poids du nombre et d’une
concurrence globale, face aux rapides évolutions technologiques et aux nouveaux
défis sociétaux, peine à se réguler, à rester visible et à répondre de manière pro
active à la demande sociale et économique pour « maîtriser les évolutions
technologiques, développer la recherche et l'innovation, répondre aux besoins en
concepteurs, conducteurs et promoteurs de projets, contribuer au développement
économique », puisque telles sont ses missions.

Les propositions du GEFI, pertinentes et souvent audacieuses, sont le reflet de


l’indépendance qui le caractérise. Elles ne manqueront pas d’alimenter les débats
constructifs que ce rapport suscitera ; les mots clé sont : accréditation, pilotage et
coordination, implication de l’entreprise, initiative et autonomie institutionnelle,
visibilité internationale, vie étudiante propice au développement des attitudes et
aptitudes, système national intégré etc.. avec, en filigrane, le désir urgent de relever
le défi de la qualité et de l’excellence.

Aujourd’hui, le système national d’enseignement supérieur et de recherche est


en voie d’aboutir à un plan national concerté d’actions stratégiques pour la prochaine
décade, fruit de consultations de toutes les parties prenantes qui auront duré pas
moins de trois années. Les travaux du GEFI répondent à l’une des recommandations
expresses qui est de réformer le système national de formation d’ingénieurs. Comme
prochaine étape, il s’agit d’aller plus loin dans le diagnostic et la concertation mais
également de faire preuve de diligence et de courage en engageant urgemment les
mesures qui font consensus ; le prochain plan quinquennal 2016-2020 constitue une
opportunité que nous devons tous exploiter pour leur mise en application.

Chiheb Bouden,
Ministre de l’Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique.

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Composition du Groupe d’Etudes sur les Formations
d’Ingénieurs (GEFI)

BESBES Mustapha , président


ROMDHANE Najla , rapporteur général
ALLOUCHE Béchir , rapporteur
AMMAR Naceur , directeur d’ESPRIT
BACHTA Mohamed Salah , professeur à l’INAT
BAHRI Soufia , directrice générale du CETIME
BELAID Mondher , secrétaire général du CCK
BOUHAFS Mahmoud , chargé de mission MESRS
BOUKTHIR Moncef , directeur de l’IPEIT
BOUSSAID Lotfi , enseignant universitaire ENIM
CHAPOUTAU Samy ; ICTEOS
CHEIKH ROUHOU Fakher , DG IAT
CHELBI Ali , Consultant/ DG ACC
DALI Kais , Ex-PDG Groupe Chimique de Tunisie
DARGHOUTH Mohamed Aziz, président IRESA
DOGUI Abdelwaheb, professeur ENIM
GHARSALLAH Ali , DG des Etudes Technologiques
GARGOURI Emna , rapporteur
GUELLOUZ Lamia , rapporteur
GUELLOUZ Sadok , directeur ENIB
HAMZA Ilyes , directeur INAT/président du Concours National
JEMNI Abdelmajid , professeur ENIM
JERAD Rabah, président ADENIT
KAMOUN Farouk , président du CA, SESAME
KHADIMALLAH Amine , directeur ISAM de Gafsa
MEDDEB Maha , ATUGE
OUEDERNI Abdelmottaleb , vice président U.Gabès
SALHI Sghaier , DG , ELSI
SMITI Naceur , président ADINAT
SOUISSI Thouraya , D. affaires pédagogiques IRESA
SRAIRI Samir , directeur du BEPP , MESRS
TORJMAN Adel , président TACT
ZARGOUNI Hassen , DG SIGMA

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REPUBLIQUE TUNISIENNE
Ministère de l’Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique

Décision
Le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique,
Vu la Loi n° 2008-19 du 25 février 2008, relative à l'enseignement Supérieur;
Vu le Décret n° 95-2602 du 25 décembre 1995, fixant le cadre général du régime des études et les
conditions d'obtention du diplôme national d'ingénieur;
Vu le Décret n° 2009-643 du 2 mars 2009, modifiant et complétant le décret n° 95-2602 du 25
décembre 1995, fixant le cadre général du régime des études et les conditions d’obtention du diplôme
national d’ingénieur,

Décide :
Article 1 :
Il est crée au sein du Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique une
commission pour la visibilité des formations d’ingénieurs, sous la dénomination : « Groupe d’Etude sur
les Formations d’Ingénieurs : GEFI ».
Article 2 :
La composition de la commission sus mentionnée figure en annexe à cette décision.
La dite commission pourra, sur convocation spéciale de son Président, associer à ses travaux toute
personne qu’il jugerait utile en raison de sa compétence.
Article 3 :
La commission du « GEFI » est chargée de rechercher les moyens d'améliorer l’efficience, l’efficacité, la
qualité scientifique et technique, de l’ensemble des formations scientifiques et techniques de haut
niveau, publiques et privées, habilitées à délivrer le Diplôme National d’Ingénieur.
La Mission du « GEFI » comporte deux Phases consécutives :
i) une Phase I où se collectent les données de base et qui dresse l’état des lieux,
ii) une Phase II où s’effectuent l’évaluation du système et les propositions du Groupe.
Article 4 :
La commission du « GEFI » soumet au Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique un rapport préliminaire à l’issue de la première phase susmentionné et un rapport final à la
fin de la mission.

Tunis le 7 Avril 2015


Le Ministre de l’Enseignement Supérieur
et de la Recherche Scientifique

signé : Chiheb Bouden

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Liste des principales abréviations

ANETI : Agence Nationale pour l’Emploi et le Travail Indépendant


ATCT : Agence Tunisienne de Coopération Technique
AUF: Agence Universitaire de la Francophonie
BEPP : Bureau des Etudes, de la Planification et de la Programmation
BIT: Bureau International du Travail
DGES : Direction Générale de l’Enseignement Supérieur
DGET : Direction Générale des Etudes Technologiques
DNI : Diplôme National d’Ingénieur
EFI : Etablissements de Formation d’Ingénieurs
EPST : Etablissement Public à caractère Scientifique et Technologique
FI : Formations d’Ingénieurs
GEFI : Groupe d’Etudes sur les Formations d’Ingénieurs
IACE: Institut Arabe des Chefs d’Entreprises
IEAQA : Instance nationale de l’Evaluation, de l’Assurance Qualité et de l’Accréditation
IPEI : Instituts préparatoires aux études d'ingénieurs
IRESA : Institution de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur Agricole
ISET : Instituts Supérieurs des Etudes Technologiques
MESRS : Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Economique
ONEQ : Observatoire National de l'Emploi et des Qualifications
PAQ: Plan d'Assurance Qualité
PISA : Program for International Student Assessment
SNFI : Système National de Formation d’Ingénieurs
TIC : Technologies de l’Information et de la Communication

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SOMMAIRE
Préface

Résumé pour les décideurs

Introduction Générale

1ère Partie : Le Système National de Formations d’Ingénieurs, constats & diagnostic


1-1. Les Etablissements de Formation d’Ingénieurs (EFI) : état des lieux
1-2. L’admission dans les EFI
1-3. Le Contexte général du SNFI
1-4. La production des EFI & la Demande
1-5. Le positionnement des FI dans le contexte international
1-6. Le pilotage national du SNFI
1-7. Gouvernance locale des EFI.

2ème Partie : Les objectifs et les propositions


Objectif 1 : Etablir un pilotage national des formations d’ingénieurs
Proposition 1 : Un Conseil National des Formations d’Ingénieurs (CNFI)
Proposition 2 : Une Instance nationale d'accréditation
Proposition 3 : Un Nouveau cadre juridique, Loi cadre des formations d’ingénieurs
Proposition 4 : Une Vision d’ensemble des Métiers de l’Ingénierie dans le L.M.D.
Objectif 2 : Intégrer la recherche technologique et valoriser ses résultats
Proposition 5 : Créer, au sein des EFI, des structures d’interface professionnelles.
Objectif 3 : Assurer la visibilité des EFI aux plans national et international
Proposition 6 : Création de Réseaux d’EFI
Proposition 7 : Favoriser le recrutement des étudiants étrangers
Proposition 8 : Remplacer l’attribution du DNI par un diplôme d’ingénieur de l’EFI
Objectif 4 : Moderniser la gouvernance des établissements de formation
Proposition 9 : Favoriser le passage des EFI au statut d’EPST
Proposition 10 : Rénover le pilotage et le mode d’administration des EFI
Proposition 11:Assurer la communication des EFI et leur transparence
Objectif 5 : Impliquer effectivement les entreprises et les professionnels
Proposition 12 : Favoriser l’implication des entreprises et de la profession
Objectif 6 : Une solide formation scientifique, technique, humaine et sociale
Proposition 13 : Garantir la qualité des formations
Proposition 14 : Renforcer le rôle et la place des professeurs
Objectif 7 : Rationaliser les accès aux formations d’Ingénieurs
Proposition 15 : Intervenir dès l’école de base
Proposition 16 : Rationaliser l’accès par les concours nationaux & spécifiques
Proposition 17 : Repositionner les Instituts préparatoires comme voie d’excellence
Objectif 8 : Anticiper la demande et adapter l’offre
Proposition 18 : Organiser l’information sur l’offre et sur la demande
Proposition 19 : Développer des outils de modélisation de la demande
Proposition 20 : Adapter les formations à la demande
Objectif 9 : Placer les élèves au centre du système
Proposition 21 : Chaque EFI doit développer sa propre stratégie de vie étudiante
Objectif 10 : Intégrer pleinement les formations privées au sein du SNFI
Proposition 22 : Clarifier et publier l’ensemble des procédures, des protocoles

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Une nouvelle vision du
Système National de Formations d’Ingénieurs.
Rapport du Groupe d’Etude sur les Formations d’Ingénieurs (GEFI)
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique

Résumé pour les décideurs


Composition du GEFI
BESBES Mustapha, président ; ROMDHANE Najla, rapporteur général ; ALLOUCHE Béchir, rapporteur ;
AMMAR Naceur, directeur ESPRIT ; BACHTA Mohamed Salah, professeur INAT ; BAHRI Soufia, DG CETIME ; BELAID Mondher,
secrétaire général CCK ; BOUHAFS Mahmoud, chargé de mission MESRS ; BOUKTHIR Moncef, directeur IPEIT ; BOUSSAID Lotfi,
enseignant universitaire ENIM ; CHAPOUTAU Samy, ICTEOS ; CHEIKHROUHOU Fakher, DG IAT ; CHELBI Ali, consultant DG
ACC ; DALI Kais, Ex-PDG Groupe Chimique de Tunisie ; DARGHOUTH Mohamed Aziz, président IRESA ; DOGUI Abdelwaheb,
professeur ENIM ; GHARSALLAH Ali, DG Etudes Technologiques ; GARGOURI Emna, rapporteur ; GUELLOUZ Lamia,
rapporteur ; GUELLOUZ Sadok, directeur ENIB ; HAMZA Ilyes, directeur INAT-président du Concours National ; JEMNI
Abdelmajid, professeur ENIM ; JERAD Rabah, président ADENIT ; KAMOUN Farouk, président CA, SESAME ; KHADIMALLAH
Amine, directeur ISAM Gafsa ; MEDDEB Maha, ATUGE ; OUEDERNI Abdelmottaleb, vice président U.Gabès ; SALHI Sghaier, DG
ELSI ; SMITI Naceur, président ADINAT ; SOUISSI Thouraya, D. affaires pédagogiques IRESA ; SRAIRI Samir, directeur BEPP
MESRS ; TORJMAN Adel, président TACT ; ZARGOUNI Hassen, DG SIGMA

Introduction
La Tunisie compte 61 Etablissements de Formation d’Ingénieurs (EFI), publics et privés, offrant plus de 220
spécialités de formation, que l’on peut regrouper en une vingtaine de filières majeures, et dont certaines sont
offertes par plusieurs institutions à la fois (Informatique : 51 spécialités sur 38 EFI ; Télécoms 20 spécialités ;
Génie Electrique 20 ; etc.). Avec une accélération remarquable de l’offre de formation privée depuis 2000, cette
évolution représente une croissance moyenne de 2 institutions et 8 offres de formations nouvelles par an. Depuis
la conception de l’ENIT, cela représente un demi-siècle d’acquis et d’expérimentations, soutenus par
d’excellentes intentions et des motifs ambitieux, mais en l’absence d’un pilotage spécifique et indépendant au
niveau national, peu de synergies en ont résulté.
Le nombre des ingénieurs sortants a quintuplé entre 2002 et 2014, passant à 7275 diplômés. Cette évolution ne
peut s’expliquer par la seule pression des bacheliers, dont le nombre total a été quasi constant (autour de 74000)
sur la période. L’accélération a été particulièrement rapide depuis cinq ans, avec un accroissement notable de
l’offre de formation dans les EFI privés, dont le poids a évolué de 26% à 41% des effectifs de 3ème année entre
2009 et 2014. Or les projections de la demande estiment à 6200 ingénieurs / an la demande de formation à
l’horizon 2020, échéance à laquelle on devrait se retrouver en pratique avec bien plus d’ingénieurs diplômés. En
tout état de cause, il va falloir rapidement agir sur les effectifs, sinon nous irons surement vers des excédents
insupportables. Le dispositif national de formations d’ingénieurs se trouve aujourd’hui à une croisée des
chemins : i) continuer à subir la pression des recrutements, exacerbée par l’absence de régulation dans le
dispositif de formation d’ingénieurs, sachant qu’une telle logique ne peut aboutir qu’à une fuite en avant en
termes de créations de nouveaux EFI et de nouvelles spécialités, et à une érosion inexorable de la qualité
générale des FI, ii) ou bien marquer un changement, une rupture pour rechercher une nouvelle dynamique, en se
fixant de nouveaux objectifs, tournés vers les défis du futur et résolument intégrés dans la mondialisation.

Système National de Formations d’Ingénieurs, le constat


Les établissements de formation d’ingénieurs
Différents types de formations sont sanctionnés par le diplôme national d’ingénieur (DNI) : i) une voie à double
sélection : classes préparatoires et concours national, exclusivement publique, attire 42% des effectifs ; ii) une
voie par le baccalauréat, attire 56% des effectifs, avec prépa intégrée ou concours interne pour les titulaires
d’une licence ; iii) la formation continue, représente 2% des effectifs. Le taux d’encadrement des étudiants est
très variable dans le public, de 6 à 25, selon les EFI et les filières, avec une moyenne de 11 élèves par
enseignant, et encore plus dans les EFI privés où il va de 3 à 126 avec une moyenne de 29 . Le personnel
académique est recruté dans le public via les concours et jurys nationaux. Dans le privé, les docteurs participent
aux concours nationaux et certains rejoignent le public, une difficulté majeure des EFI privés pour se conformer
au cahier des charges qui les habilite. Globalement, le SNFI possède par ailleurs une capacité de
recherche remarquable :106 laboratoires & UR, 660 directeurs de recherche (Pr&MC), 3500 doctorants, 280

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thèses soutenues en 2014, 30% de la production scientifique nationale : un atout pour les EFI de référence en
recherche, les dix EFI publics les plus anciens, qui concentrent plus de 90% de tout ce potentiel.
Compétences des jeunes élèves, des ingénieurs, de la société
En dépit des réformes successives, les résultats de l’école tunisienne demeurent dramatiquement insuffisants : la
dernière évaluation PISA de l’OCDE indique que 50% des élèves de 15 ans, en fin du cycle de base n’ont pas les
compétences nécessaires pour la compréhension de l’écrit, et accusent un retard équivalent à trois années
d’études sur la moyenne des pays de l’OCDE. L’atteinte d’un niveau supérieur de maitrise technologique
nécessite une émancipation de toute la société et une appropriation massive des connaissances. La production
scientifique constitue un indicateur du niveau de connaissances de la société où la Tunisie, et notamment ses
EFI, se situe dans un bon gradient de créativité, mais cet élan scientifique n’a pas encore d’impact sur la société.
La modélisation de la demande en ingénieurs
Les statistiques de l’ANETI et les travaux de l’ONEQ révèlent que 3 années et demi après l’obtention du diplôme
les ingénieurs présentent un taux de 76% en emploi salarié, supérieur à 90% dans l’informatique, les télécoms ou
l’électronique, et qu’une période de chômage supérieure à deux ans ne concerne que 4% des ingénieurs, mais le
taux de déclassement des agronomes demeure élevé. Des travaux du GEFI il ressort que les secteurs d’avenir
qui devraient se développer en Tunisie sont : transport et logistique ; BTP ; énergie et environnement ; santé et
bien être ; hydraulique et agriculture ; gestion des données : big data, statistiques, réseaux. La maîtrise de ces
techniques avancées nécessite de profondes mutations de la part du SNFI. Par ailleurs, l’exiguïté des entreprises
tunisiennes et l’absence d’une spécialisation des unités de production privilégient le recours à des ingénieurs
bivalents ou polyvalents. Enfin, la prédiction GEFI de la demande future, à caractère préliminaire, qui tient
compte des départs à la retraite, des demandes ATCT et des besoins des scenarii de l’ONEQ, estime la
demande annuelle à 5400 en 2015, 6200 en 2020 et à 7000 ingénieurs en 2025.
La dimension internationale
A l’international, les principaux points communs à l’ensemble des systèmes sont : i) l’existence d’EFI réservés
aux élites en parallèle aux autres à raison de 20-80% ; ii) l’importance de l’enseignement privé avec un poids
variable : 70 % en Inde & au Brésil, 20% en Chine ; iii) des instances de pilotage des études d’ingénieurs dans à
peu près tous les pays ; iv) des systèmes d’évaluation des formations d’ingénieurs; v) des systèmes
d’accréditation des institutions et des programmes dans la plupart des pays développés ; vi) des organismes
professionnels fortement impliqués dans l’accréditation et le pilotage; vii) le système LMD quasi généralisé, mais
avec des difficultés. La comparaison avec le système tunisien révèle les écarts suivants : i) Exceptées quelques
filières d’excellence, en petits effectifs, qui ont réussi à acquérir une notoriété nationale et internationale, le
système tunisien de formation d’ingénieurs est peu élitiste. ; ii) la part du secteur privé est longtemps demeurée
en deçà des niveaux internationaux, mais les évolutions récentes indiquent des avancées sur le plan du nombre
d’étudiants ; iii) à part quelques expériences réussies, la production de Ph.D en ingénierie n’est pas adossée à
une recherche adaptée (R & D), et pas capitalisée par son injection dans les enseignements ; iv) l’absence d’une
instance indépendante de pilotage des formations d’ingénieurs en Tunisie ; v) l’inexistence d’un système
d’accréditation des formations d’ingénieurs ; vi) la faiblesse des instances professionnelles et de leur implication
dans le SNFI ; vii) il n’existe pas de vision globale en termes de positionnement international.
Le pilotage national du SNFI
Sans organe d’évaluation, l’absence de référentiel national de FI et le manque de coordination entre les acteurs
concernés ont généré un fonctionnement pratiquement en boucles ouvertes à différents niveaux. L’inadéquation
des moyens et des ressources avec les objectifs d’un enseignement opérationnel a favorisé une dérive où la FI
s’est fondue dans le paysage universitaire général. La distribution des EFI, la redondance de formations, la
dispersion des enseignants et des moyens, les tailles des effectifs, le spectre des spécialités, le niveau de
chômage pour certaines filières maintenues, reflètent des dysfonctionnements aussi bien globaux relevant du
niveau central, qu’au sein des EFI. La restructuration des organes d’orientation et d’encadrement de la FI au
niveau central semble donc constituer une évolution incontournable. Dans le paysage diversifié des FI qui s’est
installé, comment par ailleurs attester de la qualité d’une formation d’ingénieurs ? Et quel établissement peut être
habilité à dispenser une telle formation conduisant à délivrer le diplôme d’ingénieur ? La réponse à cette
question a été apportée dans tous les pays développés : faire accréditer les formations d’ingénieur en amont par
des organismes d’accréditation indépendants. L’accréditation, acte technique de vérification de la conformité
d’une formation à un référentiel et à des standards préétablis, ne doit pas être confondue avec l’habilitation, acte

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 8
administratif par lequel le ministère autorise un établissement à dispenser cette formation et à délivrer un
diplôme.
La gouvernance des EFI
Le diagnostic du GEFI révèle un certain nombre de points faibles en termes de définition des missions des EFI :
cadre légal dispersé sur plusieurs lois, décrets et circulaires ; les EFI , les Universités et le MESRS n’ont pas les
capacités de mobiliser les parties prenantes, ni d’identifier les besoins en compétences et métiers auxquels ils
vont former; le fonctionnement des EFI et de leurs instances souffre d’un manque de transparence, qui nuit à
leur visibilité et à leur crédibilité. En termes d’orientation managériale, les organes décisionnels des EFI publics
sont élus par leurs pairs sur la base de critères qui ne tiennent pas toujours compte de programmes d’actions
stratégiques portés par les candidats. Pour les EFI privés, les relations entre les organes décisionnels ne sont
pas explicitées et une ambigüité sur la primauté de la loi à appliquer subsiste (code du commerce ou
enseignement supérieur). En termes d’autonomie, l’autonomie financière des EFI publics peut être renforcée si
l’EFI est érigé en EPST. Sur le plan académique, les EFI jouissent d’une certaine autonomie pour l’élaboration
des curricula, de l’introduction de nouveaux programmes et de l’attribution du nombre d’heures ainsi que des
modalités d’évaluation des étudiants. En pratique, tous les mécanismes et les structures existants de suivi des
cohortes et d’aide à l’insertion des diplômés (les observatoires) et a fortiori de leur diffusion sont déficients.

L’évolution du système et les tendances fortes


L’évolution du SNFI, et le constat établi par le GEFI, permettent d’en dégager les lignes de force et de faiblesse,
qui se déclinent en tendances fortes, en constantes du système sur lesquelles il va falloir s’organiser pour agir
vite et prendre les décisions appropriées. Les tendances fortes identifiées sont nombreuses, et malheureusement
en majorité plutôt des points faibles. On peut les énoncer globalement, et sans ordre préétabli, comme suit :
Un système difficile à réformer ; un foisonnement d’établissements incontrôlé ; un pilotage national qui se
cherche ; une grande disparité en termes de qualité et performance ; une difficulté à mettre en place des
évaluations régulières ; la R&D, un présent absent ; une majorité d’établissements sans visibilité internationale ;
des filières peu lisibles ; une rupture consommée avec le milieu économique ; la maitrise de la communication,
des langues, de l’expression, de la culture générale est difficile à instaurer ; l’éducation scolaire forme un
handicap durable ; le concours est une construction précaire ; des profils pas toujours connectés sur la demande
nationale ; les élèves ne sont pas au centre mais à la périphérie du système ; des diplômés livrés à eux mêmes ;
les alumni : une tradition impossible ; émergence d'écoles privées performantes ; sur le plan numérique, le
secteur privé talonne le public ; les enseignants constituent un point fort du système.
L’évaluation conduite par le GEFI , le constat et le diagnostic, conduisent à la définition des objectifs et des
aspirations, des moyens d’y parvenir et des actions à réaliser, une Nouvelle Vision pour les Formations
d’Ingénieurs, qui se décline en dix objectifs principaux, et forment autant de Défis pour la Tunisie.

Dix Défis pour une Nouvelle Vision des Formations d’Ingénieurs


Défi 1 : Etablir un pilotage national des formations d’ingénieurs
Le pilotage national devra reposer sur deux instances auxquelles l’autorité scientifique et morale, et le haut
niveau des membres, confèrent la légitimité nécessaire pour faire accepter et appliquer les décisions par les
parties prenantes, en termes de capacité d’arbitrage et de résolution des conflits. Ces deux institutions sont : a)
côté gouvernement, le Conseil National des Formations d’Ingénieurs (CNFI), une entité consultative
intellectuellement indépendante, composée d’experts et de représentants des parties prenantes, une force de
proposition et d’orientation qui assure le pilotage, la régulation et l’évaluation permanente de l’ensemble du SNFI
dans le cadre de la stratégie nationale ; b) en tant qu’organisme indépendant, l’Instance Nationale d’Accréditation
des formations d’ingénieurs, composée de professeurs et de professionnels, dont les attributs sont
l’indépendance statutaire, la spécificité dédiée exclusivement aux formations d’ingénieurs, la transparence, des
référentiels en phase avec les standards internationaux, la reconnaissance internationale. L’accréditation dote le
diplôme d’une valeur reconnue, en termes de qualité et en termes de visibilité, nationale et internationale. Par
ailleurs, il faudra développer une vision d’ensemble des métiers de l’ingénierie, intégrant les différents niveaux en
termes de contenus et de profils, et y adopter le système LMD pour se mettre en conformité avec l’international.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 9
Défi 2 : Intégrer la recherche technologique dans les écoles et valoriser ses résultats
Le statut EPA des EFI ne les incite pas à contribuer à la production d’activités R&D et au développement
économique du pays. La voie suivie par les pays avancés consiste à développer des structures d’interface
professionnelles (filiales) liées aux EFI. Le critère premier de l’efficacité est la proximité, les possibilités
proposées étant : i) la création de filiale sur un grand EFI ou un Réseau d’EFI ; ii) en association avec des EFI,
l’ANPR (Agence Nationale de Promotion de la Recherche Scientifique) peut créer des sociétés filiales dont le
capital social est partagé avec l’EFI et des partenaires. L’objet des filiales est le développement, le transfert,
l’application et la mise en valeur des recherches effectuées dans les EFI concernés. La filiale contribue en outre
à : i) accroitre la visibilité et l’attractivité des Laboratoires de recherche des écoles, ii) irriguer la formation des
élèves par la recherche.
Défi 3 : Assurer la visibilité des EFI aux plans national et international
La dispersion des EFI nécessite une réorganisation en Réseaux d’EFI, publics et/ou privés, sur la base d’affinités
géographiques, en vue d’économies d’échelle et d’une visibilité accrue. Dans une deuxième étape, et pour la
visibilité internationale, il est proposé une fédération de toutes les écoles dans Tunisia-Tech. Chaque Réseau
d’EFI doit développer sa propre vision à travers un département innovation pédagogique & internationale, mais la
vision globale revient au CNFI. En pratique, c’est à l’autorité de tutelle, sur proposition du CNFI, qu’il revient de
favoriser, sous forme d’incitations et de facilitations de toutes sortes, la mise en place des premiers réseaux.
Au registre de la visibilité, il est opportun que le diplôme d’ingénieur porte la dénomination de l’EFI qui le délivre.
Cette mesure implique plus d’ordre et de clarté dans les dénominations des établissements, qui nécessite
d’élaborer une nomenclature claire des intitulés des EFI. Le besoin de clarification concerne également l’offre des
formations pour faciliter l’adéquation avec le marché local ou international : Il est nécessaire de standardiser la
nomenclature des spécialités et des filières, avec publication des syllabus.
Défi 4 : Moderniser la gouvernance des établissements de formation
En termes de gestion, il est urgent de favoriser le passage des EFI au statut d’EPST, au même titre que les ISET
qui en bénéficient depuis deux décennies mais en prenant bien soin de parachever la nouvelle construction en la
dotant de textes ad hoc et d’un accompagnement adapté. Ce changement permet de soumettre la gestion de
l’EFI à la législation commerciale, créer un conseil d’établissement, rendre obligatoire l’adoption d’un contrat-
programme, d’un manuel de procédures. L’EPST constitue la phase transitoire d’apprentissage de l’autonomie,
qui facilite la création et l’accompagnement de filiales professionnelles. En termes de pilotage et d’administration,
le conseil scientifique actuel serait remplacé par deux instances consultatives : le conseil pédagogique, le conseil
scientifique et technologique. Il est par ailleurs proposé un conseil d’administration pour administrer l’EFI, et un
mode de choix du directeur par appel à candidature ouvert aux candidats de l’institution et de l’extérieur. Pour
assurer la communication des EFI et leur transparence, il faudra publier sur un site commun propre à la formation
d’ingénieur ou sur le site web de chaque institution les statistiques des admis, des élèves, les programmes,
moyens en labos, salles, personnel enseignant., financements.
Défi 5 : Impliquer effectivement les entreprises et les professionnels
Il faudra revoir le niveau et la qualité de l’implication des professionnels dans les instances ; améliorer la qualité
de la formation terrain des ingénieurs ; introduire le stage long en entreprise ; initier les élèves ingénieurs à la
conception, l’étude, la réalisation et la conduite des grands projets ; veiller à faire respecter les quotas de 20%
d’enseignements technologiques par les professionnels ; conduire une étude sur le système de communication
dans les EFI et avec l’extérieur ; entreprendre une étude pour proposer une stratégie de mobilisation des parties
prenantes, repenser intégralement et réactiver l’expérience des observatoires sous une nouvelle forme.
Défi 6 : Offrir une solide formation scientifique et technique, humaine et sociale
La qualité de l’ingénieur passe par l’amélioration de la formation terrain et du savoir être : langues,
communication, culture générale, ouverture d’esprit. Concernant les langues : chaque filière comporte un module
obligatoire en anglais, chaque année préparatoire comporte l’étude de deux ouvrages français, et il faut adopter
une certification du niveau linguistique inspirée du DALF ou du TOEIC. Enfin la pédagogie doit accorder plus de
place à l’expérimentation et aux mini projets pratiques. Pour renforcer le rôle et la place des professeurs, il faudra
exploiter les financements européens pour la mobilité des enseignants, développer des Programmes de
formation continue des enseignants dans la spécialité, procéder à un accompagnement en ingénierie
pédagogique des départements.
Défi 7 : Rationaliser les accès aux formations d’Ingénieurs

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 10
Il faut intervenir dès l’école de base : le MESRS et le ministère de l’éducation doivent constituer un groupe
d’experts pour engager une réflexion en profondeur sur l’enseignement des sciences à l’école de base et au
lycée. Il faut par ailleurs rationaliser l’accès par les concours spécifiques (diplômés ISET, Licences) dans les
Instituts supérieurs publics et les EFI privés : le taux d’accès, actuellement à 60-65%, devrait baisser
progressivement pour atteindre 30% à l’horizon 2020. Il faut assurer la transparence du concours national par
publication des résultats : rapport du Jury, affectations et scores, classements et origines , statistiques des
prépas, annales des sujets et corrigés. Les projections de la demande rendent nécessaire une régulation des
inputs des deux systèmes, public et privé. Certes le mécanisme d’accréditation fera le tri, mais pas avant
plusieurs années. Une régulation immédiate peut résulter de l’application stricte du cahier des charges des EFI
privés. Enfin, il faut repositionner les Instituts préparatoires comme voie d’excellence pour l’accès aux EFI : le
statut des IPEI est à repenser entièrement ; le maintien du corps des agrégés nécessite une révision urgente de
leur statut. Il faudrait par ailleurs mettre en place des instituts préparatoires de proximité à petites classes avec
internat dans les gouvernorats dépourvus de prépas. Cette mesure pourra drainer vers les EFI les meilleurs
talents du pays.
Défi 8 : Anticiper la demande et adapter l’offre
Organiser l’information sur l’offre et sur la demande : il faudra i) développer un système d’information national sur
l’offre et la demande, ii) créer un observatoire dédié aux FI pour l’analyse les données et la prise de décision, iii)
améliorer l’employabilité des ingénieurs en adoptant une démarche suivant la classification nationale des
qualifications.
Développer des outils de modélisation de la demande : i) réaliser une étude stratégique pour prévoir les créneaux
porteurs et positionner l’offre au niveau international ; ii) secteurs d’avenir : l’adaptation implique de profondes
mutations du SNFI, lancer une étude stratégique secteurs d’Avenir & nouvelles Filières.
Adapter les formations à la demande : i) mettre en place des procédures de gestion et de financement des EFI
par les résultats exprimés en termes d’insertion ; iii) ouvrir les écoles sur l’international à tous les niveaux,
notamment par la co et double diplomation ; iv) créer un consortium d’EFI, publics et privés, pour la promotion et
le développement de l’offre à l’international ; v) développer des filières orientées Télé-Travail et services
exportés ; vi) des formations et des diplômes adaptés : noyau dur de connaissances nécessaires pour le métier,
options nombreuses pour les ambitieux, mentions des diplômes liées au nombre d’options ; viii) les ingénieurs
doubles compétences et les profils d’ingénieur généraliste sont adaptés aux entreprises tunisiennes : faire
évoluer la part des ingénieurs généralistes à 10% d’ici 2020 ; ix) dans les EFI, créer des départements
« innovation pédagogique & internationale» dirigés par des experts industriels.
Défi 9 : Placer les étudiants au centre du système
Chaque EFI doit développer sa propre stratégie de vie étudiante qui fait partie intégrante du projet
d’établissement. La loi 2008-19 stipule que « l’étudiant est au centre du système de l’enseignement supérieur ».
Pour que cet objectif ne demeure pas à l’état de simple affichage, il convient de confier aux étudiants des EFI la
responsabilité et la charge effective de toutes les activités de l’école au sein desquelles s’effectue l’apprentissage
de l’entreprenariat et du management. L’Administration doit donc se dessaisir progressivement, entièrement ou
partiellement, de la responsabilité d’un grand nombre d’activités au profit des étudiants : activités de vie scolaire
et d’ouverture, animation de la vie des départements, démarchage des stages, manifestations sociales et
sportives, forum école-entreprises, voyages d’études, préparation des congrès et colloques. Quant aux alumni,
leur présence et leur rôle sont minimes, quasi inexistants, ou honorifiques. Les EFI doivent supporter eux mêmes
le lancement d’un certain nombre d’activités incontournables, publication des Annuaires et participation à
l’insertion des jeunes diplômés.
Défi 10 : Intégrer pleinement les formations privées au sein du SNFI
i) Concernant les règles et les modalités d’admission dans les EFI privés et publics recrutant hors concours
nationaux, il faudra publier les protocoles et modalités de sélection et garantir la transparence nécessaire sur le
niveau des élèves recrutés ; ii) il faudra intégrer les critères académiques relatifs aux admissions, aux cursus et
aux diplômes, dans le cahier des charges régissant l’habilitation des EFI privés ; iii) pour garantir encore plus de
transparence et une meilleure sélection, les EFI privés doivent constituer un (ou plusieurs) groupe ou consortium
pour l’organisation d’un concours de recrutement commun ; iv) Il faudra procéder à l’évaluation des mécanismes
actuels de subvention de l’Etat accordées par la règlementation et en établir le diagnostic.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 11
Introduction Générale

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 12
Introduction Générale

Une brève lecture des textes de création des institutions de formations d’ingénieurs (IFI) permet de
décrypter, dans une perspective historique, le niveau de motivation, d’ambition et d’attente des
décideurs de l’Etat tunisien vis à vis des IFI, et en fin de compte les objectifs affichés par la création de
ces institutions.
La plus ancienne, l’Institut National Agronomique de Tunisie (INAT), dans sa version ECAT, ou Ecole
Coloniale d’Agriculture de Tunis, a été créée en 1898 et forme d’abord des techniciens en 2 ans. En
1955 il devient ESAT ou Ecole Supérieure d’Agriculture de Tunis, ENSAT en 1963, Faculté
d’Agronomie en 1969, et INATen 1970.
L’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tunis (ENIT) a été créée par la loi de finance 68-41 du 31/12/68
(Art.21), en position de « passager clandestin » au sein d’une cohorte de quinze Facultés, Ecoles
supérieures et Instituts de recherche, sans autre justification ni exposé de motifs particulier. Le décret
72-64 fixant les missions de l’école apportera cette indication laconique et manquant pour le moins de
perspective : « L’ENIT a pour mission de former des ingénieurs de différents niveaux et de diverses
spécialités appelés à être employés dans les administrations et les entreprises tunisiennes ». On est
frappé par l’anonymat et le manque de conviction du texte législatif et règlementaire, lorsqu’on connait
l’enthousiasme, le degré de conviction, la force de persuasion et le niveau d’engagement du fondateur
Mokhtar Latiri.
Dans la filiation de l’ENIT, avec le choix historique des Industries Chimiques Maghrébines et
l’installation du pôle chimique à Gabès, on était en droit d’attendre du législateur qu’il manifeste un peu
plus de détermination et de persuasion pour présenter la création de l’ENIG. Pas du tout : les deux
textes qui suivent ne sont pas moins anonymes. La loi 75-75 : « il est créé une Ecole Nationale
d’Ingénieurs à Gabès, à partir du 1er Octobre 1975.» ; et le décret 80-1254 : « l’ENIG est un
établissement d’enseignement supérieur et de recherche scientifique qui assure la formation
d’ingénieurs de différents niveaux et de techniciens supérieurs de diverses spécialités ». Les autres
écoles connaitront le même traitement.
Bien plus tard, près de 30 ans après l’ENIT, le décret 95-2602, fixant le régime des études et les
conditions d'obtention du diplôme national d'ingénieur (DNI) , tentera finalement de préciser tant bien
que mal le profil général et les objectifs des IFI : « Les études d'ingénieur ont pour objectifs de former
des spécialistes à même de : 1) maîtriser l'art de l'ingénieur et l'évolution technologique, 2) développer
les aptitudes à la recherche, à la création et à l'innovation dans les domaines de la science et de la
technologie, 3) répondre aux besoins du pays en concepteurs, conducteurs et promoteurs de projets
dans différentes spécialités, 4) contribuer au développement économique, à l'amélioration de la qualité
de la vie et à la protection de l'environnement ». Aux côtés de ce dispositif, l’Ecole Polytechnique de
Tunisie (EPT) dispose de missions particulières, et la loi 91-42 lui confère une mission d’excellence
«… assurer à ses élèves une formation interdisciplinaire destinée à leur faire acquérir une culture
scientifique, technique et générale de haut niveau,... pour assumer des hautes responsabilités dans les
domaines scientifique, technique, économique et social, dans les secteurs privé et public ».

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 13
Le cadre règlementaire régissant l’enseignement supérieur privé est plus récent (Loi n° 2000-73 du 25
juillet 2000 et décrets y afférant). Le rapport d’évaluation de la Banque mondiale1 explicite les raisons
qui sont à l’origine de son appui par l’Etat, il s’agit de : (i) maitriser et baisser les dépenses publiques
consacrées au secteur de l’enseignement supérieur, (ii) mieux articuler l’offre de formations aux besoins
du marché du travail, (iii) promouvoir un enseignement de qualité.

Si l’on excepte l’INAT, qui possède une histoire particulière, tous ces textes et dispositions, y compris
ceux de l’EPT et de l’INSAT dont la création a pourtant bénéficié d’une audience médiatique toute
particulière, témoignent du crédit très « ordinaire » accordé aux formations d’ingénieurs par tous les
gouvernements qui se sont succédés au cours des soixante années écoulées.
Il est vrai que l’éducation nationale tunisienne a toujours souffert d’une rupture congénitale avec
l’environnement économique. Dès l’indépendance, la relation éducation-développement économique
n’a pas été explicitée dans le discours politique2 : on ne parlait pas d’adéquation des formations aux
besoins économiques, l’éducation était «un fait économique» en soi, une «fonction sociale» dont la
survalorisation a généré une scolarisation de masse, avec un taux passant de 12% en 1956 à 99%
actuellement, sans toutefois le souci des mesures d’accompagnement nécessaires pour aplanir les
inégalités sociales et régionales. Cette doctrine de la fonction sociale de l’école a par la suite et tout
naturellement été étendue à l’enseignement supérieur, et partant aux formations d’ingénieurs,
« assimilées » aux autres formations au sein des Universités, assimilation consacrée par les diverses
lois organisant l’enseignement supérieur : loi 1989-70 & loi 2008-19.

Verra-t-on enfin, avec la Révolution tunisienne, naitre les conditions d’un regain de vigueur et de
conviction des pouvoirs politiques, de toute la communauté nationale, indispensables pour une véritable
relance de la formation des ingénieurs, un corps qui constitue la véritable clé de voute du
développement économique durable de la nation, et de l’excellence duquel dépend très étroitement
l’émancipation cognitive de toute la société ?

Depuis la conception de l’ENIT, la Tunisie compte aujourd’hui 61 Etablissements de Formation


d’Ingénieurs, publics, militaires et privés, offrant 227 spécialités de formation, que l’on peut regrouper au
plan national en 21 Filières majeures, et dont certaines sont offertes par plusieurs institutions à la fois
sans coordination apparente au plan national (Informatique : 51 spécialités sur 38 EFI ; Télécoms
20 spécialités ; Génie Electrique 20 ; Génie Industriel 18 ; Génie Mécanique 16 ; Génie Civil 15). Avec
une accélération remarquable de l’offre de formation privée depuis 2000, cette évolution représente une
croissance moyenne de 2 institutions et 8 offres de formations nouvelles par an. Cela a représenté un
demi-siècle d’expérimentations soutenues par d’excellentes intentions et des motifs ambitieux, mais en
l’absence d’un pilotage spécifique et indépendant au niveau national, peu de synergies en ont résulté.

Le nombre des ingénieurs sortants a quintuplé entre 2002 et 2014, passant à 7275 diplômés. Cette
évolution ne peut s’expliquer par la seule pression des bacheliers, dont le nombre total a été quasi
constant (autour de 74000) sur la période. L’accélération a été particulièrement rapide depuis cinq ans,
avec un accroissement notable de l’offre de formation dans les EFI privés, dont le poids a évolué de
26% à 41% des effectifs de 3ème année entre 2009 et 2014. Or les projections de la demande estiment
à 6200 ingénieurs / an la demande de formation à l’horizon 2020, échéance à laquelle on devrait se
retrouver en pratique avec bien plus d’ingénieurs diplômés. En tout état de cause, il va falloir
rapidement agir sur les effectifs, sinon nous irons surement vers des excédents insupportables.

Le dispositif national de formations d’ingénieurs se trouve aujourd’hui à une croisée des chemins : i)
continuer à subir la pression des recrutements, exacerbée par l’absence de régulation dans le dispositif

1
World Bank, Report No. 1 6522-TUN, Republic of Tunisia, Higher Education: Challenges and Opportunities, May 8, 1997.
2 S. Chouk : Réflexion prospective dans le contexte éducatif tunisien ; Rapp. Int. Lab. Science, Technique, Education, Formation ; ENS Cachan ; 2012.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 14
de formation d’ingénieurs, sachant qu’une telle logique ne peut aboutir qu’à une fuite en avant en
termes de créations de nouveaux EFI et de nouvelles spécialités, et à une érosion inexorable de la
qualité générale des FI, ii) ou bien marquer un changement, une rupture pour rechercher une nouvelle
dynamique, en se fixant de nouveaux objectifs, tournés vers les défis du futur et résolument intégrés
dans la mondialisation.
L’histoire de la Tunisie nous donne l’exemple d’une telle rupture : avec une détermination peu commune,
Ahmed Bey l’a fait en 1837 pour tenter d’accéder, avec l’école polytechnique du Bardo, à la modernité
et à la technique dont la Tunisie avait tant besoin. Malheureusement, cette aventure se terminera très
tôt dans le contexte de la crise financière des années 1860, et de l’état insurrectionnel général qui s’en
est suivi. Certes l’actualité n’a pas de commune mesure avec cette époque, mais la nécessité de
l’accès à la modernité et à la technologie, un couple scellé dans la mondialisation, n’a jamais été aussi
intense qu’aujourd’hui en Tunisie.
Nous devrons désormais puiser dans nos ressources l’énergie et le courage nécessaires pour tourner la
page et opérer une relance véritable du système national de formations d’ingénieurs (SNFI). Mais il ne
s’agit pas de tourner la page pour tourner la page : une évaluation en profondeur de l’ensemble du
Système de formation des ingénieurs parait nécessaire, incontournable, urgente et salutaire. Il s’agit
d’une entreprise d’une grande rigueur, qui prendra des années.
Le GEFI n’avait pas mandat pour se lancer dans une opération d’une telle envergure, et sa mission est
précise et limitée dans le temps : « il (le GEFI) est chargé de rechercher les moyens d'améliorer
l’efficience, l’efficacité, la qualité scientifique et technique, de l’ensemble des formations scientifiques et
techniques de haut niveau, publiques et privées, habilitées à délivrer le Diplôme National d’Ingénieur.
Au terme d’une mise à plat des systèmes de formations en vigueur, il devra proposer un ensemble de
mesures, d’actions, de réformes, en vue d’élever le niveau scientifique et technique des formations, les
capacités d’innovation des élèves ingénieurs, et de favoriser les conditions d’insertion, actuelle et future,
des ingénieurs diplômés dans l’économie nationale ». Le GEFI a démarré ses travaux le 19 Mars 2015,
et la remise de son rapport final a été initialement prévue pour la mi Juillet 2015. Cette date sera
reportée à la fin du mois d’Aout.
Dès la première séance de travail du Groupe, il a été convenu de procéder à une première enquête
interne sur la perception, qu’ont les membres du GEFI, de la situation des formations d’ingénieurs en
Tunisie. Il s’agissait, en bref, de répondre aux quatre questions suivantes:
1) Quelles sont les opportunités qu’offre l’environnement national et international pour le dispositif de
formation des ingénieurs en Tunisie ?
2) Quels sont les risques et les menaces qu’encourt ce dispositif ?
3) Quelles sont les forces du dispositif de formation des ingénieurs en Tunisie ?
4) Quelles en sont les faiblesses ?
Il ne s’agissait pas de la traduction d’un diagnostic exhaustif du dispositif, mais seulement d’un avis des
membres du GEFI, exprimé suite à la première réunion consacrée à un brainstorming.
Les réponses ont été classées selon les thématiques suivantes :
- Orientation et admission/étudiants
- Qualité de la Formation
- Corps enseignant
- Insertion des diplômés/entreprise
- Contexte international
- Gouvernance

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 15
Les Forces du dispositif de formation des ingénieurs
Orientation et admission
• Engouement des meilleurs bacheliers scientifiques pour les études d’ingénieurs
Qualité de la Formation
• Ouverture internationale forte en recherche : projets et mobilité des étudiants et des enseignants
• Des formations de très bon niveau reconnues au niveau national et international
• Notoriété et visibilité internationale acquise par certaines écoles
• Émergence d'écoles privées performantes
• Une grande tradition née avec la mise en place de l’ENIT
Corps enseignant/recherche
• Personnel enseignant généralement de bonne qualité
• La recherche scientifique est très présente
Gouvernance et gestion des établissements
• Existence d’infrastructures établies
• Relations solides avec des écoles d’ingénieurs et des universités étrangères

Les Faiblesses
Orientation et admission
• Redondance des filières, duplication des ressources d’encadrement
• Pas de communication sur le métier de l’ingénieur dans le système éducatif
• Multiplicité des établissements et dispersion des moyens.
Qualité de la Formation
• Formation pratique insuffisante et traitements numériques palliatifs
• Communication, langues étrangères, expression, culture générale absentes
• Le gap des FI avec l’évolution de la technologie est profond
• Absence d’ingénieurs en exercice parmi le corps enseignant
• Programmes d'études rarement actualisés
• Trop de spécialisation trop vite caduque tue la carrière de l’ingénieur ; L’école est d’abord un lieu où l’on apprend
à apprendre
• Manque de moyens et matériel de laboratoires obsolète
• Toutes tentatives de restaurer un système élitiste sont contournées.
• Uniformisation des cursus et des formations.
Corps enseignant/recherche
• Pas de mise à niveau des enseignants
• Trop peu d’enseignants permanents dans le privé, avec forte implication des enseignants du public, aux dépends
de la recherche.
• Absence de tout programme de recherche technologique et de valorisation
Insertion des diplômés/entreprise
• Aucune aide à l’insertion professionnelle des diplômés
• Certains diplômés ne maîtrisent pas suffisamment le métier, et ne répondent pas aux requis internationaux.
• La profession ne joue pas son rôle, elle n'est pas consciente de ses responsabilités en tant que partenaire de
formation et d'encadrement pendant et après l’école. L'expression des besoins en termes de d'effectifs, de profils
et de compétences est absente, deux mondes sans communication
• Déconnexion entre les FI et les grands défis du pays.
Gouvernance et gestion des établissements
• Aucune autonomie de gestion des établissements
• Ouverture sur l'entreprise et le monde économique absente
• Quasiment pas d’habilitation scientifique ni accréditation des formations
• Absence d'un système d'évaluation interne et externe
• Pas de démarche qualité dans les services d’appui et l’enseignement
• Logistique défaillante (logement, transport).
Absence d’un cadre normatif de qualité pour les écoles publiques et privées

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 16
Opportunités
Insertion des diplômés/entreprise
• Le potentiel de développement endogène du pays est immense : Modernisation de l'administration, Mines et
énergie, agriculture moderne et agro-industrie, industries manufacturières à forte valeur ajoutée
• Les entreprises auront toujours un besoin croissant d’ingénieurs pour leur développement
Contexte international
• Certains marchés à l'international nécessitent le renforcement des filières classiques : génie civil, travaux publics,
industriel, électrique...
• Etablissements de formation d’ingénieurs expérimentés
• L'environnement international et le déficit dans certains secteurs comme les services et certaines spécialités
comme l'énergie et le pétrole, offre des opportunités d'emploi à l'étranger et de projets de fin d'études . Le
partenariat et les co-diplômes avec des écoles étrangères constituent une voie d'accès à ces opportunités
• L'accréditation de la formation d'ingénieurs doit : i) drainer plus d'IDE en Tunisie , ii) assurer une plus grande
mobilité de l'ingénieur tunisien à l’international , iii) inciter le secteur privé à mieux rémunérer les ingénieurs

Menaces
Qualité de la Formation
• Massification des FI.
• La principale menace des FI vient des faiblesses du système éducatif.
• Un modèle de formation unique face à une grande variété de profils, de fonctions et de métiers
• Dévalorisation du titre.
Insertion des diplômés/entreprise
• Le développement économique va rester lent.
• Accroissement du chômage des ingénieurs.
• Faible taux d’encadrement dans les entreprises tunisiennes
• Dévalorisation du métier de l'ingénieur
Contexte international
• Les meilleurs éléments fuient vers des pôles universitaires étrangers
Mobilité internationale freinée par un déficit de qualité et l’absence d’accréditation reconnue.

Les résultats de cette brève enquête (encadrés 1 à 4 ci dessus) sont édifiants. Les points forts et les
opportunités du dispositif de formation d’ingénieurs sont indéniables et reconnus par tous: une
expérience confirmée acquise par la Tunisie dans la formation des ingénieurs, plusieurs dizaines de
milliers d’ingénieurs formés grâce auxquels le pays a connu des progrès et des succès considérables,
des opportunités nationales et internationales favorables et prometteuses. Mais l’ampleur des points
faibles et des menaces interpelle : fermeture sur l’entreprise, déconnexion avec les grands défis du
pays, gap important avec l’évolution des technologies, absence d’évaluation et d’habilitation crédible,
redondance des filières et multiplicité des établissements, multiplication en apparence anarchique des
institutions, pas de coordination nationale, pas de suivi des diplômés, absence d’accréditation reconnue.
Bien que l’échantillon du GEFI soit limité en nombre (30 personnes), on doit tout de même accorder à
cette enquête le minimum de crédit qu’autorise l’expertise des membres du Groupe.
Ces résultats rejoignent dans leur ensemble ceux de l’analyse introductive. Ils confirment les
perceptions et les conclusions de l’ensemble des experts depuis quelques années, un constat qui devait
aboutir au malaise étudiant et aux perturbations qu’ont connues la plupart des établissements de
formation d’ingénieurs au cours de l’année 2014-2015.
Tout le monde s’accorde sur ce diagnostic : le système national de formations d’ingénieurs doit être
réformé en profondeur. Mais comme on ne peut tout réformer et tout de suite, par où devra-t-on
commencer ?
Pour affronter un problème d’une telle complexité, le GEFI s’est organisé, pour une première phase de
ses travaux, en sept sous groupes de travail, chargés chacun d’explorer un domaine, une thématique
particulière. Les sept domaines jugés prioritaires concernent tout d’abord six champs pour lesquels les

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 17
réponses du GEFI au questionnaire avaient identifié un caractère particulièrement défaillant et crucial :
i) l’accréditation, ii) le pilotage national, iii) l’adéquation à la demande, iv) la mise à niveau internationale,
v) la gouvernance des institutions, vi) l’état des lieux dans les institutions. Un septième domaine
également défaillant concerne la critique et l’analyse des données ; données certes collectées et
conservées avec professionnalisme au MESRS, mais sans la bonne analyse desquelles toute
appréciation manquerait à la fois de rigueur, de précision et de crédibilité.
Sept groupes ont donc été mis en place :

Gr1 : Organisme & Mécanisme d’Accréditation


Comprenant Rabah Jerad (coordinateur), Naceur Ammar, Sofia Bahri, Moncef Boukthir, Naceur Smiti.

Gr2 : Organe de Pilotage (Conseil National des FI : Orientation, Evaluation, Réseautage) :


Comprenant Salhi Sghaier (coordinateur), Thouraya Souissi, Abdelmajid Jemni, Abdelmottaleb
Ouederni, Emna Gargouri.

Gr3 : Collecte, Analyse des données et Diagnostic :


Comprenant Ali Chelbi (coordinateur), Lotfi Boussaid, Adel Torjman, Mondher Belaid, Amine
Khadimallah, Samir Srairi.

Gr4 : Définition de la demande et adéquation :


Comprenant Fakher Cheikhrouhou (coordinateur), Mohamed Salah Bachta, Lamia Guellouz.

5. Benchmark international et position du SNFI :


Comprenant Elyès Hamza (coordinateur), Kais Daly, Bechir Allouche, Samy Chapoutot.

6. Gouvernance des IFI :


Comprenant Abdelwaheb Dogui (coordinateur), Farouk Kamoun, Sadok Guellouz, Najla Romdhane,
Med Aziz Darghouth, Maha Meddeb

7. Les établissements de formation : état des lieux


Comprenant Najla Romdhane (coordinateur), Lotfi Boussaid, Mondher Belaid

Les rapports thématiques des groupes ont été discutés et approuvés le 16 Juin 2015 en séance
plénière, où il a été décidé de préparer des versions finales pour constituer les Annexes du rapport
général du GEFI. Le groupe 7 ayant démarré bien plus tard, son rapport s’est terminé dans la foulée du
rapport final. Le mois de Juillet a été consacré, à la lumière des rapports thématiques, à la rédaction du
rapport général de diagnostic, puis de l’ensemble des propositions du GEFI. Ces documents, qui
constituent le rapport final du GEFI, ont été présentés et discutés au cours des séances du 19 et du 26
Aout 2015.

Toutes les réunions du GEFI ont été tenues dans la salle des conférences de la Maison de l’Eau à
l’INAT, sous les auspices de Elyès Hamza.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 18
Une nouvelle vision du Système
National de Formations d’Ingénieurs.

1ère Partie :
Les constats et le diagnostic.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 19
Première Partie :

le Système National de Formations d’Ingénieurs,


constats & diagnostic

1-1. Les Etablissements de Formation d’Ingénieurs (EFI) : état des lieux


1-2. L’admission dans les EFI
1-3. Le Contexte général du SNFI
1-4. La production des EFI & la Demande
1-5. Le positionnement des FI dans le contexte international
1-6. Le pilotage national du SNFI
1-7. Gouvernance locale des EFI.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 20
1.1- Les établissements de formation d’ingénieurs.

Le système national de formation d’ingénieurs (SNFI) compte 61 établissements dont 30 publics, 28


privés et 03 militaires (Cf. Tableau 3). La création des établissements de formation d’ingénieurs (EFI)
devait contribuer d’abord à la construction du jeune Etat tunisien, puis aux besoins d’une industrie mise
à niveau. Le développement récent d’EFI privés devait par ailleurs contribuer à la baisse des dépenses
publiques dédiées au secteur et à promouvoir la qualité de l’enseignement. Le SNFI comporte par
ailleurs une voie minoritaire de formation « élitiste » par l’inscription d’étudiants aux grandes écoles
d’ingénieurs en France et en Allemagne. Cette voie ne sera pas abordée dans le cadre de ce travail.

Tableau 1 : Effectifs en 1ère Année du Cycle Ingénieur3 en 2014 & modalités d’admission
Source : MESRS (DGES, DGET, BEPP) et estimations GEFI.

Admission / Ecoles, Instituts, INSAT & ISSAT Instituts Su périeurs Académies


EF I Privés (2) To tal
Catégorie EFI Faculté (1) Sousse (3) militaires (4)

Concours national 3822 3822 41.8%

Concours spécifique
440 2457 180 4 43 3520 38.5%
Licence & TS
Conco urs in ternes
1100 322 1 86 1608 17.6%
Prépa intégrée

Cou rs du soir
200 200 2.2%
Diplô mant
Total 4262 3757 502 4 43 1 86
9150
46.6% 41.1% 5.5 % 4.8% 2.0%

(1) Vingt trois (23) EFI publics sur concours national : Institut National Agronomique de Tunis – INAT ; Institut Supérieur
Agronomique de Chott Meriem – ISA CM ; Ecole Supérieure des Industries Alimentaires de Tunis – ESIAT ; Ecole
Supérieure d'Agriculture de Mateur – ESA Mateur ; Ecole Supérieure d'Agriculture de Mograne – ESA Mograne ; Ecole
Supérieure des Ingénieurs de l'Equipement Rural de Medjez El Bab – ESIER MB ; Ecole Supérieure d'Agriculture du Kef –
ESA El Kef ; Faculté des Sciences Mathématiques, Physiques et Naturelles de Tunis – FST ; Ecole Nationale d’Ingénieurs
de Tunis – ENIT; Ecole Nationale d’Ingénieurs de Gabes – ENIG ; Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax – ENIS ; Ecole
Nationale des Sciences de l'Informatique – ENSI ; Ecole Nationale d’Ingénieurs de Monastir – ENIM ; Ecole Polytechnique
de Tunisie – EPT ; Ecole Supérieure des Communications de Tunis – SUP’COM ; Ecole Supérieure de la Statistique et de
l’Analyse de l’Information – ESSAI ; Ecole nationale d'Electronique et de Communication de Sfax – ISECS ; Ecole
Nationale d’Ingénieurs de Sousse – ENISo ; Ecole Nationale d’Ingénieurs de Carthage – ENI Carthage (ESTI) ; Ecole
Nationale d’Ingénieurs de Bizerte – ENIB ; Ecole Nationale Supérieure d'Ingénieurs de Tunis – ENSIT ; Ecole Nationale
d’Ingénieurs de Gafsa – ENIGAF ; Institut Supérieur des Sciences et Techniques de l’Environnement ISSTE Borj Cedria.
(2) Vingt huit (28) EFI privés : Ecole centrale supérieure privée polytechnique de Tunis ; Ecole Internationale Supérieure Privée
Polytechnique de Tunis ; Ecole Méditerranéenne Supérieure Privée Polytechnique – Tunis ; Ecole supérieure internationale
privée de technologies de Sfax ; Ecole Supérieure Internationale Privée de Tunis ; Ecole Supérieure Polytechnique Privée
de Monastir ; Ecole supérieure Polytechnique Privée de Sousse ; Ecole Supérieure Privée d’Ingénierie et de Communication
- Tunis ; Ecole Supérieure Privée d’Ingénierie et de Technologie appliquée – Sousse ; Ecole Supérieure Privée d’Ingénierie,
des Sciences et de Technologie de Sousse (SUPTECH) ; Ecole Supérieure Privée d’Ingénieurs de Monastir ; Ecole
Supérieure Privée d’Ingénieurs de Sousse ; Ecole supérieure privée de l'aéronautique et des technologies ; Ecole supérieure
privée de sciences appliquées et de technologie de Gabès ; Ecole supérieure privée de technologie de l'information et
d'administration des entreprises ; Ecole supérieure privée de technologie et de mangement de Tunis ; Ecole Supérieure
Privée de Technologies et de l’Ingénierie - Tunis ; Ecole supérieure privée des ingénieurs de Gafsa ; Ecole Supérieure
Privée des Sciences Appliquées et de Management – SESAME-Tunis ; Ecole Supérieure Privée des Sciences Appliquées et
de Technologie de Gabes ; Ecole Supérieure Privée des Technologies et de l’Information et de Management de Nabeul ;
Ecole supérieure privée d'ingénierie des sciences et de technologie de Sousse ; Ecole supérieure privée d'ingénierie et de
technologies ESPRIT ; Ecole supérieure privée d'ingénieurs et d'études technologiques de Tunis ; Ecole Supérieure Privée

3 Désigne la première année en école d’ingénieur, après passage du concours d’entrée , ou encore la 3ème année pour les EFI où la

préparation est intégrée à la formation d’ingénieur

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 21
Polytechnique Ibn Khaldoun – Tunis ; Faculté privée de sciences de gestion et de technologie à Mégrine ; Institut supérieur
polytechnique privé des sciences avancées de Sfax ; Institut Supérieur Privé Méditerranéen de Technologie - Tunis ;
(3) Cinq (5) Instituts supérieurs publics: Institut Supérieur d’Informatique (ISI), Institut Supérieur des Arts du Multimédia de la
Manouba (ISAMM), Institut Supérieur d’Informatique et Techniques de Communication de Hammam Sousse (ISITC),
Institut Supérieur d’Informatique et de Mathématiques de Monastir (ISIMM), Institut Supérieur d’Informatique et de
Multimédia de Sfax (ISIMS).
(4) Trois (3) Académies militaires : Académie Militaire – Fondouk Jedid ; Académie Navale - Menzel Bourguiba ; Ecole de
l'Aviation de Borj El Amri

Lisibilité du SNFI :
D’emblée, la lisibilité du SNFI pose problème : i) tout d’abord au niveau des dénominations des EFI
publics : Ecoles nationales, Ecoles supérieures, Ecole nationale supérieure, Institut national, Institut
supérieur, Faculté des sciences, forment cinq catégories toutes accessibles par la voie des concours
nationaux, mais il existe également des Instituts supérieurs qui possèdent des voies d’admission
exclusivement spécifiques, sauf l’ISSAT de Sousse qui a en outre une préparation intégrée, ainsi qu’un
Institut National, l’INSAT. Enfin d’autres « Instituts Supérieurs » organisés sous le système LMD
préparent aux EFI mais ne possèdent pas de cycle ingénieur (ISSAT Gabès, Mahdia) ; ii) ensuite au
niveau des EFI privés, les appellations sont très majoritairement proches et peuvent prêter à confusion.

Diplômés et effectifs :
Le SNFI a contribué à la formation de 70.000 ingénieurs, dont 46.000 sont en activité à ce jour4. Entre
2000 et 2014, le nombre des diplômés a quintuplé. Cette accélération a été particulièrement rapide
depuis cinq ans, avec un accroissement notable de l’offre de formation dans les EFI privés, dont le
poids a évolué de 26% à 41% des effectifs de première année entre 2009 et 2014. En 2014, le nombre
total des diplômés s’élève à 7275 dont 9% proviennent du secteur agricole, 2% des académies
militaires et 19% du secteur privé.

Figure 1. Evolution du nombre des ingénieurs diplômés (1900-2014)


Le suivi, de 2009 à 2014, des inscrits en première année du cycle ingénieur (figure 2) offre par ailleurs
une image intéressante des évolutions respectives du comportement des divers secteurs, et permet
d’anticiper grosso modo le nombre des diplômés pour les deux promotions à venir. Si l’on s’en tient aux
tendances actuelles des étudiants en première année et des rendements globaux des cohortes, on
devrait se retrouver 2016 à près de 7400 ingénieurs diplômés, dont 5000 pour le public et 2400 pour le
privé, et les deux courbes devraient se croiser autour de 2020 à environ 3200 diplômés par secteur.
Une telle évolution indique d’ores et déjà qu’il sera nécessaire d’intervenir sur le cours des évènements,
notamment par une régulation des inputs des deux systèmes.

4 Source : Ordre des Ingénieurs Tunisiens, OIT, juillet 2015

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 22
10000

8000

6000

4000

2000

Total
0 Public
2009 Privé
2010
2011 Militaire
2012
2013
2014

Figure 2 : Evolution, 2009-2014, des effectifs inscrits en 1ère Année du Cycle Ingénieur
pour les trois secteurs. (source BEPP)

Formation initiale :
Différents types de formations cohabitent au sein du SNFI et sont sanctionnés par le diplôme national
d’ingénieur (DNI) (Tableau 1) ; il est possible de les classer selon le profil des admis et les modalités de
recrutement :
i) une voie sélective, ouverte aux lauréats du concours national d’accès aux formations d’ingénieurs.
Cette catégorie est exclusivement publique et attire, en 2014, 41.8% des effectifs.
ii) une voie accessible à partir du baccalauréat, puis d’examens internes organisés en intra par les EFI
concernés au terme de deux années préparatoires intégrées. Cette voie totalise 17.6 % des effectifs.
Dans cette catégorie, on trouve 2 EFI publics (3.5%, cf. Tableau 1) pour lesquels la première sélection
s’effectue via le système national d’orientation des bacheliers, les académies militaires (2%), et une
majorité des EFI privés qui recrutent des bacheliers (12%). Certains EFI privés organisent, pour la
sélection, des tests de langues, psychotechnique, et un entretien personnalisé.
iii) une voie où l’accès au cycle ingénieur se fait via des concours externes spécifiques, ou par concours
interne réservé aux titulaires d’une licence. Cette voie attire 38.5 % des effectifs et regroupe : 23 EFI
publics recrutant majoritairement sur le concours national (4.8%), les 7 autres EFI publics (6.8%), et
l’intégralité des 28 EFI privés (26.9%).
iii) la voie de la formation continue, en cours du soir, qui représente 2.2% des effectifs à l’entrée.

Filières et spécialités :
Les 61 établissements du SNFI dispensent des enseignements dans pas moins de 227 spécialités de
formation, que l’on peut regrouper au plan national en 21 Filières majeures (Tableau 2), et dont
certaines sont offertes par plusieurs institutions à la fois (Informatique : 51 spécialités sur 38 EFI ;
Télécoms 20 spécialités ; Génie Electrique 20 ; Génie Industriel 18 ; Génie Mécanique 16 ; Génie Civil
15). La répartition des effectifs étudiants selon les spécialités pour 2014-2015 amène au constat
suivant : les EFI privés se concentrent au niveau des TIC, du génie civil, génie électrique et
l’électromécanique. Ils font ainsi preuve d’une efficacité plus marquée vis-à-vis des spécialités à

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 23
potentiel d’employabilité. L’informatique reste la filière phare du secteur privé et les effectifs du génie
civil et électrique y ont dépassé les effectifs publics.
La répartition territoriale des EFI et des cycles préparatoires indique par ailleurs une forte concentration
sur le grand Tunis et le Centre Est qui totalisent 75% des effectifs.

Tableau 2. Les 21 Filières du SNFI, avec indication du nombre de spécialités offertes dans les EFI
(classification GEFI)

N° Intitulé Filière Nb. de spéc. N° Intitulé Filière Nb. de spéc.


1 Informatique, Génie Logiciel, Réseaux 51 12 Géosciences Environnement 7
2 Génie Ele ctriqu e 20 13 Génie Energétique 6
3 Tele comm unications 20 14 Modélisation, St atistiques 6
4 Génie Industriel 18 15 Aéronautique 4
5 Génie Mécanique 16 16 Economie et gestion 4
6 Génie Civil 15 17 Agro alimentaire 4
7 Génie Ele ctromécaniq ue 12 18 Tech nique s Avancées 4
8 Agronomie 10 19 Economie rurale 2
9 Automatique 9 20 Génie Textile 2
10 Génie Chimique & Procédés 9 21 Halieutique 1
11 Génie Bio logique Biotechnologie 7

.Régimes des études et programmes : Hormis la part des stages professionnels (ouvrier et
technicien) et du projet de fin d’études, les EFI disposent d’une autonomie dans la définition des parts
de formation (scientifique, technique, transversale) pour innover, s’adapter au marché du travail, suivre
les mutations technologiques. Si l’on considère le très faible nombre de requêtes présentées pour
actualiser le régime des études et moderniser les programmes de formation, cette possibilité ne semble
pas exploitée par les EFI des différentes catégories, public et privé, ce dernier ayant notamment
vocation à constituer une source d’innovation et d’amélioration substantielle de la qualité de
l’enseignement.

Formation doctorale : Les formations doctorales en ingénierie sont exclusivement publiques et ont
pour objectif la formation des formateurs. Elles sont organisées en 10 écoles doctorales hébergées
dans les principales écoles nationales d’ingénieurs (ENIT, ENIM, INSAT, ENIS, ENSIT, INAT,
ESASACM, ENSI , EPT, ENIG). Cette formation est encadrée par 1800 enseignants chercheurs
permanents dont 370 Professeurs et 290 Maitres de conférences, et s’adosse à un potentiel de
recherche constitué de 43 unités et 63 laboratoires de recherche. Les effectifs inscrits aux écoles
doctorales comptent, pour 2014-2015, 3564 doctorants ; 279 thèses ont été soutenues durant la même
année. Entre 2002 et 2013, ces structures de recherche contribuent pour 33% à la production
scientifique nationale en termes d’articles indexés5, répartis à 10% dans le Génie et autant dans les
TIC6. La production scientifique en Agriculture a connu une progression importante avec une production
estimée à 0.6% de la production mondiale pour les sciences des aliments et l’horticulture.

Formation continue : couvre un éventail comprenant des cycles spécialisés de courte durée, des
formations diplômantes « à la carte » au niveau Mastère professionnel et des formations qualifiantes
pour la promotion des cadres à des grades supérieurs. Elle est exécutée dans un cadre contractuel sur

5Rapport final « Étude bibliométrique sur la recherche tunisienne », Juin 2015.


6La production scientifique en TIC est dominée par le traitement d’image (2100 articles), la réseautique et télécommunications (1700
articles).

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 24
la base de conventions conclues avec des partenaires publics ou privés et constitue une source de
fonds propres additionnels pour les établissements. Cette ouverture sur leur environnement
socioéconomique offre aux EFI un formidable terrain d’expérimentation et de transfert de bonnes
pratiques notamment en termes d’ingénierie pédagogique et de gouvernance avec des retombées
directes sur la formation initiale, mais les lourdeurs administratives et l’obsolescence des mesures
incitatives en termes financier et de reconnaissance professionnelle ont eu raison de cette activité qui
s’est trouvée progressivement abandonnée par les enseignants chercheurs des EFI.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 25
Encadré N°1 : Les 227 Spécialités offertes en 2015 dans les Etablissements de Formation
AEROTECH : G. Aéronautique ; Télécoms et Réseaux ; Géomatique et topographie
AM Foundik Jedid: Génie Civil ; Électromécanique ; Techniques d'Armement ; Génie Informatique ; Télécommunications
AN Menzel Bourguiba : Navigation Maritime ; Energie et Machines ; Pont et Systèmes Navals ; Techniques Navales
EA Borj El Amri : Pilotage ; Circulation Aérienne ; Télémécanique ; Mécanique ; Systèmes Aéronautiques ; Météorologie
ENET'COM Sfax : Systèmes électronique & communication ; G. Informatique industriel ; Réseaux de télécoms
ENI Carthage : Mécatronique ; Gestion Industrielle et Logistique ; Informatique Appliquée
ENI Gafsa : Électromécanique ; G. Chimique industriel et minier ; Energétique et technologies de l’environnement
ENIB : Génie Mécanique ; Génie Industriel
ENIG : Génie Civil ; G. Electrique et automatique ; Génie Mécanique ; G. Chimique procédés ; G. Télécoms et réseaux
ENIM : Génie Electrique ; Génie Mécanique ; G. Textile ; G. Energétique
ENIS : Génie Civil; Géo ressources & Environnement ; Génie Electrique ; G. Electro mécanique ; G. Biologique ; G. des Matériaux ;
Génie Informatique
ENISo : Electronique Industrielle ; Mécatronique ; Informatique Appliquée
ENIT : Génie Civil ; Génie Hydraulique & Environnement ; Génie Electrique; Génie Mécanique ; Génie Industriel; Techniques
Avancées ; Informatique ; Télécoms ; Modélisation pour l'Industrie et Services
ENSI : Ingénierie des Logiciels et Syst Info ; Systèmes et Logiciels Embarqués ; Systèmes Intelligents et Décision ; Réseaux et
Systèmes Répartis ; Ingénierie pour la Finance
ENSIT : Génie Civil ; Génie Electrique ; Génie Mécanique ; Génie Industriel ; Génie Informatique ; Maths appli et Modélisation
EPI Sousse : Génie Civil ; Génie Electrique ; G. Electromécanique ; Génie Mécanique ; Génie Industriel ; G. Textile ; Génie Informatique
EPT : Signaux et systèmes ; Mécanique et structures ; Economie et gestion
ESA le Kef : Sciences agronomiques
ESA Mateur : Production animale et fourragère
ESA Mograne : Production agricole ; Economie rurale
ESIAT : Industries alimentaires
ESIER Medjez El Bab : Hydraulique et aménagement ; Génie mécanique et industrie agro alimentaire
ESIP Tunis : ...
ESIPT Sfax : Génie Civil ; Génie Mécanique ; Génie Industriel ; G. des Procédés ; Génie Informatique ; Télécommunication
ESPIET Tunis : Génie Civil ; Génie Electrique ; Électromécanique ; Génie Mécanique ; Génie Industriel ; Informatique
ESPITA Sousse : Génie Electrique ; G. Electromécanique ; Génie Mécanique; G. Biomédical ; Génie Informatique ; G. Télécom
ESPRI Gafsa : Ingénierie du Logiciel et Syst d’Infos ; Réseaux et Syst Répartis ; Systèmes et Logiciels Embarqués
ESPRIM : Génie Electrique ; G. Mécatronique ; Génie Industriel ; Génie Informatique
ESPRIT : Génie Civil ; Électromécanique ; Génie Informatique ; Télécommunications
ESPSAT Gabes : Génie Civil ; G. Electrique et Automatique ; G. Logiciel ; Réseaux et Télécoms
ESPTI : Génie Informatique ; Systèmes et Réseaux Informatiques
ESPTIAE Tunis : G. Logiciel ; Réseaux Info & Télécoms
ESPTIM Nabeul : Génie Informatique
ESSAI : Statistiques et analyse de l'information
FPM : Génie Informatique ; Réseaux et télécoms
FPSEGT Mégrine: Informatique industrielle ; G. logiciel ; Syst et Réseaux Info ; Réseaux et Sécurité ; Réseaux de Télécom Mobile
FST : Géosciences ; Electronique ; chimie analytique et instrumentation ; Informatique
INAT : Génie rural eaux et forêts ; Production végétale ; Production animale ; Phytiatrie ; Halieutique ; Economie rurale ; Industries agro
alimentaires
INSAT : Instrumentation et Maintenance Industrielle ; Chimie Industrielle ; Biologie Industrielle ; Informatique Indus et Automatique ; G.
Logiciel ; Réseaux Informatiques et Télécoms
ISA Chott Mariem : Horticulture ; Paysages ; Production animale ; Génie des systèmes horticoles
ISAMM : Informatique appliquée Multimédia
ISI : G. Informatique et Syst Indus. ; G. Logiciel et Syst d'Information ; Télécoms et Réseaux
ISIM Monastir : Electronique-Microélectronique
ISIM Sfax : Informatique ; Technologie Web ; Multimédia
ISIT'COM Hammam Sousse: Réseaux Informatiques et Communications
ISP MEDTECH : ...
ISSAT Sousse : G. Logiciel et Informatique Industrielle
ISSTE Borj Cédria: Technologies Avancées
PolyTech Centrale : Génie Civil ; G. Pétrochimique ; G. Electrique et Automatique ; G. Electromécanique ; G. Industriel et Génie des
Affaires; G. Chimique ; G. Biologique ; G. Energétique ; Génie Informatique ; G. Télécommunications ; G. Informatique de Gestion
PolyTech Internationale : G. Mécatronique ; Génie Mécanique ; Génie Industriel ; Informatique réseaux et multimédia ;
Microélectronique Télécoms; Ingénierie financière ; G. Project management
PolyTech Med : G. Mécanique Mécatronique ; G. Mécanique Plasturgie ; G. Industriel et Logistique ; G. Climatique et Energétique ;
Génie Informatique
PolyTech Monastir : Génie Electrique ; Biotechnologie ; Informatique & Logiciel ; Informatique Industrielle
PolyTech Sfax : Génie Civil ; G. Pétrolier ; Electrotech électricité industrielle ; Électromécanique ; Electronique et technologies
avancées ; Automatique inform industrielle ; Génie Industriel ; Sciences & techniques des aliments ; G. Energétique ; Génie Informatique
PolyTech Sousse : Génie Civil ; G. Electrique et Automatique ;Électromécanique ; Génie Mécanique ; Biotechnologie ; Génie
Informatique ; G. Télécom et Réseaux ; Informatique de Gestion
PolyTech Tunis : Génie Civil ; G électrique & info indus. ;Électromécanique ; Mécatronique ; Génie Mécanique ; Génie Industriel;
Industries alimentaires ; Génie Chimique ; G. Biologique ; G. Energétique ; Génie Informatique ; Télécoms et Réseaux; G. Statistique
SESAME : Génie Informatique
SUP’COM : Télécoms
SUPTECH Sousse : Génie Civil ; Électromécanique ; Génie Informatique ; G. Telecom
SUPTECH Tunis : Informatique ; Télécoms

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 26
Le Personnel enseignant et l’encadrement :
Plusieurs catégories d’enseignants interviennent dans la formation des ingénieurs : (i) des enseignants
universitaires (Collèges A, B) permanents et vacataires, professeurs visiteurs étrangers, (ii) des
professeurs de l’enseignement secondaire, PES, (3i) des contractuels, principalement des doctorants et,
(iv) des professionnels intervenant dans le cadre de vacations de courtes durées et de contrats
d’experts.
Durant l’année 2014-2015, on estime à 3900 le nombre d’enseignants intervenant dans les EFI publics,
dont 1000 du collège A, 2200 du collège B, 300 PES et 400 intervenants du secteur professionnel.
Encadrement.
Pour les catégories d’EFI à accès réputé sélectif via les concours nationaux, le taux d’encadrement par
le staff académique récipiendaire d’un doctorat, (maîtres assistants, maîtres de conférences et
professeurs de l’enseignement supérieur) toutes spécialités et établissements confondus, se situe
à 10 étudiants par enseignant et à 25 étudiants par enseignant du Collège A. Il s’agit de valeurs
moyennes et de fortes disparités régionales existent.
Ces taux d’encadrement sont également variables selon les disciplines et spécialités : le génie
chimique et le génie électrique et électronique bénéficient des meilleurs taux d’encadrements, aussi
bien par le Collège A que par les titulaires de doctorats, se situant respectivement à 6 étudiants par
enseignant titulaire d'un doctorat et à 12 et 13 étudiants par enseignants du collège A.
Pour cette même catégorie d’EFI, on constate (i) la diminution notable du nombre de
vacataires professionnels (passé de 622 en 2010 à 175 en 2014), (ii) l’augmentation concomitante du
staff académique (passé de 978 en 2010 à 1286 en 2014) ainsi que (iii) l’inflation du nombre d’heures
supplémentaires assurés par les permanents. Ces tendances ne sont pas en faveur d’une formation
professionnalisante de qualité ; pour rappel, la formation technique liée à un secteur d'application donné
occupe en moyenne 20% de l’enveloppe horaire totale du programme de formation et il est attendu
qu’elle soit prise en charge pour une large part par les professionnels.
Concernant les EFI recrutant après le baccalauréat et exception faite des académies militaires qui
offrent un taux d’encadrement de 8 étudiants par enseignant permanent et 18 étudiants par enseignant
du collège A, les enseignants intervenant dans les cursus d’ingénieurs interviennent également dans les
cursus LMD et il est difficile d’isoler avec précision la part de l’encadrement qui revient aux seuls élèves
ingénieurs. Dans les EFI privés, les taux sont très disparates, variant de 12 jusqu’à 126 étudiants par
enseignant permanent (le taux d’encadrement par les enseignants titulaires d’un doctorat atteint un
maximum de 622 étudiants) , la moyenne se situant à 29 étudiants par enseignant permanent.
Recrutement, évolution professionnelle et formation des formateurs. Selon le secteur –public,
privé, militaire- les modalités de recrutement et d’évolution professionnelle des formateurs diffèrent ;
concernant le secteur public, le personnel académique est recruté via des appels à candidatures
nationaux et la sélection est organisée à l’échelle nationale par des jurys spécialisés indépendants. Une
procédure similaire est appliquée pour le recrutement des enseignants des formations militaires.
Concernant le secteur privé, les critères et conditions de recrutement sont décidés en intra et il n’existe
pas toujours d’évolution professionnelle valorisante, notamment pour les docteurs qui participent
régulièrement aux concours de recrutement nationaux et dont certains rejoignent les EFI publics. Cette
mobilité constitue l’une des difficultés majeures auxquelles doivent faire face les EFI privés pour se
conformer au cahier des charges de leur prestation et se doter d’un staff académique de qualité et
pérenne.
Exception faite de la formation des formateurs par la recherche, il n’existe pas d’incitatifs à développer
les compétences des formateurs. La formation des formateurs dans la spécialité ou dans les domaines
transversaux (langues étrangères, ingénierie pédagogique, assurance qualité) a été possible grâce aux
programmes compétitifs (PAQ et TEMPUS), aux programmes nationaux de formation et de certification
des formateurs (PRIFF et PRICE) et aux programmes financés par l’AUF (formation et certification en

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 27
LPI, assurance qualité et leadership, e-learning, etc..) ; elle reste marginale et tributaire d’initiatives
isolées et non structurantes.
Vie étudiante et associative :
Le décret n° 95-2602 fixant le cadre général du régime des études et les conditions d'obtention du DNI
stipule que « les établissements de formation d'ingénieurs permettent aux étudiants de compléter leur
formation par la participation à des activités culturelles, artistiques, sportives ou associatives ».
Toutefois, cette participation n'est prise en considération ni dans la durée ni dans l'évaluation des
études mais des créneaux horaires y sont dédiés, traditionnellement le mercredi après-midi. La vie
associative et les clubs revêtent une part importante dans la vie des élèves ingénieurs, particulièrement
actifs et intégrés dans des réseaux nationaux et internationaux. Compte tenu des spécificités et du
rythme de la formation, notamment la rentrée précoce, le calendrier chargé des études et des
évaluations et le stress qui peut en résulter, l’environnement et les services offerts par les différents
offices d’œuvres universitaires, en constante dégradation par ailleurs, ne sont pas adaptés à la vie des
élèves en formation d’ingénieur. Contrairement à leurs homologues des pays étrangers qui bénéficient
de conditions de vie étudiante et d’un encadrement spécifiques (principalement l’hébergement), les
élèves ingénieurs du secteur public doivent engager des frais supplémentaires auxquels tous ne
peuvent faire face, ce qui n’est pas en faveur de l’équité de traitement des étudiants.

Assurance qualité :
Evaluation institutionnelle.
Plusieurs établissements de formations d’ingénieurs publics et instituts préparatoires ont été l’objet
d’une évaluation institutionnelle externe entre 2005 et 2013 par le Comité National d’Evaluation (CNE)
ou dans le cadre de projets Tempus7. Il n’y a pas eu de consolidation spécifique de ces évaluations,
celle-ci relevant de la nouvelle Instance Nationale d’Evaluation, d’AQ et d’Accréditation (IEAQA)8.

Certification.

Plusieurs EFI se sont engagés dans un processus de certification « produit », « métier » ou en


management de la qualité (ISO 9001). A titre d’exemple, l’Académie Navale a entamé son propre
processus à partir de 2005 de manière à s’assurer que tout son système de formation est conforme à la
convention internationale STCW (Standards of Training, Certification and Watchkeeping for Seafarers).
D’autres EFI se sont dotés, à travers la formation et la certification de leurs enseignants, de centres
habilités à organiser des examens et à certifier leurs propres étudiants, principalement en langues et
en informatique .
Habilitation des formations.
Le dossier d’habilitation des programmes d’études et plus généralement le régime des études et des
examens des EFI (publics et privés) est préparé au sein des départements, ceux-ci assurant la
responsabilité pédagogique des formations, puis discuté et validé par le conseil scientifique de
l’établissement qui le propose officiellement à l’habilitation ; celle-ci est accordée par le conseil des
universités suite à une évaluation conduite, selon les cas, par la DGET ou la DGES. Lorsqu’elle est
accordée, l’habilitation des formations n’est pas limitée dans le temps. Pour l’actualisation des
programmes d’enseignement militaires, la proposition émane du département concerné, est ensuite
étudiée au niveau du conseil scientifique de l’académie concernée, qui la transmet à la Direction de
l’Enseignement Supérieur Militaire et de la Recherche Scientifique (DESMRES). A son tour la DESMRS

7 Tempus EVQVA-MEDA, (2005-2007) pour l’évaluation des écoles d’ingénieurs


8 Cf. Rapport d’achèvement du PARESII, novembre 2014.
.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 28
soumet la proposition au ministre de la défense (à travers son cabinet) pour approbation. Après la
réforme de l’enseignement supérieur militaire de 2004 qui a concerné les 03 académies, les
programmes ont été publiés au journal officiel par arrêté ministériel en octobre 2004 et révisés en 2013.

Co-diplômation et accréditation internationale des programmes.

En plus de garantir la qualité des programmes via la reconnaissance mutuelle, la co-diplomation avec
des EFI étrangers de renom a été utilisée par les EFI aussi bien publics que privés pour asseoir la
visibilité de leurs diplômes et faciliter la reconnaissance et la mobilité des étudiants et du staff
académique. A ce jour, environ 36 conventions de co-diplômations et de double diplômation sont
opérationnelles et engagent une douzaine d’établissements tunisiens. Concernant l’accréditation
internationale des diplômes, ESPRIT a obtenu l’accréditation, par la CTI, de ses programmes en
formation initiale selon le référentiel EUR-ACE Master pour les spécialités "Informatique" et
"Télécommunication". L’accréditation des programmes constitue un excellent exercice pédagogique
pour l’école car elle s’accompagne de recommandations, notamment, pour le cas d’espèce : i)
poursuivre la démarche qualité engagée en développant l’observation de l’emploi des diplômés et du
niveau des élèves recrutés ; ii) favoriser le volet recherche dans les missions des enseignants et veiller
à ce que les actions de recherche et de formation s’irriguent mutuellement ; iii) mettre en œuvre une
politique de ressources humaines en adéquation avec les ambitions de l’école9.

9
http://www.cti-commission.fr/IMG/pdf/esprit_tunisie_ decision_eurace_20140613.pdf

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 29
N° Stat Etablissement Acronyme Inscrits
1 Priv Ecole Supérieure Privée de l'Aéronautique et des Technologies / Tunis AEROTECH 248
2 Milit Académie Militaire – Fondouk Jedid AM Fondouk Jedid 269
3 Milit Académie Navale - Menzel Bourguiba AN Menz Bourguiba 225
4 Milit Ecole de l'Aviation de Borj El Amri EA Borj El Amri 77
5 Pub Ecole natio nale d'Electronique et de Communication de Sfax ENET'COM Sfax 837
6 Pub Ecole Nationale d’Ingénieurs de Carthage – ENI Carthage ENI Carthage 1088
7 Pub Ecole Nationale d’Ingénieurs de Gafsa ENI Gafsa 83
8 Pub Ecole Nationale d’Ingénieurs de Bizerte ENIB 309
9 Pub Ecole Nationale d’Ingénieurs de Gabes ENIG 1101
10 Pub Ecole Nationale d’Ingénieurs de Monastir ENIM 1212
11 Pub Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax ENIS 1627
12 Pub Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sousse ENISo 817
13 Pub Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tunis ENIT 1430
14 Pub Ecole Nationale des Sciences de l'Informatique ENSI 708
15 Pub Ecole Nationale Supérieure d'Ingénieurs de Tunis ENSIT 1012
16 Priv Ecole Supérieure Privée d’Ingénieurs de Sousse EPI Sousse 547
17 Pub Ecole Polytechnique de Tunisie EPT 143
18 Pub Ecole Supérieure d'Agriculture du Kef ESA Le Kef 141
19 Pub Ecole Supérieure d'Agriculture de Mateur ESA Mateur 164
20 Pub Ecole Supérieure d'Agriculture de Mograne ESA Mograne 205
21 Pub Ecole Supérieure des Industries Alimentaires de Tunis ESIAT 147
22 Pub Ecole Supérieure des Ingénieurs de l'Equipement Rural de Medjez El Bab ESIER Mjez El Beb 326
23 Priv Ecole Supérieure Internationale Privée de Tunis ESIP Tunis 0
24 Priv Ecole Supérieure Internationale Privée de Technologie / Sfax ESIPT Sfax 182
25 Priv Ecole Supérieure Privée d’Ingénieurs et d’Etudes Technologiques de Tunis ESPIET Tunis 884
26 Priv Ecole Supérieure Privée d’Ingénierie et de Technologie appliquée/ Sousse ESPITA Sousse 33
27 Priv Ecole Supérieure Privée D’ingénieurs de Gafsa ESPRI Gafsa 80
28 Priv Ecole Supérieure Privée d’ingénieurs de Monastir ESPRI Monastir 87
29 Priv Ecole Supérieure Privée d'Ingénierie et de Technologie / Tunis ESPRIT 3499
30 Priv Ecole Supérieure Privée des Sciences Appliquées et de Technologie de Gabès ESPSAT Gabes 219
31 Priv Ecole Supérieure Privée de technologies et d’ingénierie ESPTI 20
32 Priv Ecole Supérieure Privée de Technologies de l'Information et d’Administration des Entreprises / Tunis
ESPTIAE Tunis 212
33 Priv Ecole Supérieure Privée des Technologies de l’Information et de Management de Nabeul ESPTIM Nabeul 15
34 Pub Ecole Supérieure de la Statistique et de l’Analyse de l’Information ESSAI 209
35 Priv Faculté Privée de Montplaisir / Tunis FPM 23
36 Priv Faculté Privée des Sciences de Gestion et de Technologie à Mégrine / Tunis FPSEGT Mégrine 53
37 Pub Faculté des Sciences Mathématiques, Physiques et Naturelles de Tunis FST 820
38 Pub Institut National Agronomique de Tunis INAT 737
39 Pub Institut National des Sciences Appliquées et de Technologie INSAT 1428
40 Pub Institut Supérieur Agronomique de Chott Meriem ISA Chott Meriam 337
41 Pub Institut Supérieur des Arts Multimédias de Manouba ISAMM 166
42 Pub Institut Supérieur d'Informatique ISI 338
43 Pub Institut Supérieur d'Informatique et des Mathématiques de Monastir ISIM Monastir 97
44 Pub Institut Supérieur d’Informatique et de Multimédia de Sfax ISIM Sfax 128
45 Pub Institut Sup. d'Informatique et des Techniques de Communication H. Sousse ISIT'COM Ham Sousse 172
46 Priv Institut Supérieur Privé Méditerranéen de Technologie ISP MEDTECH 0
47 Pub Institut Supérieur des Sciences Appliquées et de Technologie de Sousse ISSAT Sousse 353
48 Pub Institut Supérieur des Sciences et Technologies de l'Environnement de Borj Cédria ISSTE Borj Cédria 74
49 Priv Ecole Supérieure Privée Centrale Polytechniq ue / Tunis PolyTech Centrale 678
50 Priv Ecole Supérieure Privée Polytechnique Ibn Khaldoun / Tunis PolyTech Ibn Khaldoun 0
51 Priv Ecole Internationale Supérieure Privée Polytechnique de Tunis PolyTech International 60
52 Priv Ecole Méditerranéenne Supérieure Privée Polytechnique PolyTech Med 15
53 Priv Ecole Supérieure Polytechnique Privée de Monastir PolyTech Monastir 20
54 Priv Institut Supérieur Polytechnique Privé des Sciences Avancées du Sud / Sfax PolyTech Sfax 473
55 Priv Ecole Supérieure Polytechnique Privée de Sousse PolyTech Sousse 811
56 Priv Institut Supérieur Privé Polytechnique / Tunis PolyTech Tunis 1228
57 Priv Ecole Supérieure Privée des Sciences Appliquées et de Management / Tunis SESAME 152
58 Pub Ecole Supérieure des Communications de Tunis SUP'COM 387
59 Priv Ecole Supérieure Privée d’ingénierie et de communication SUP'COM Privé 0
60 Priv Ecole Supérieure Privée d’Ingénierie, des Sciences et de Technologie de Sousse SUPTECH Sousse 44
61 Priv Ecole Supérieure Privée de Technologie et de Management / Tunis SUPTECH Tunis 156

Tableau 3 : Inventaire des Etablissements de Formation d’ingénieurs, avec leur statut, leur intitulé
officiel, leur acronyme GEFI, et le nombre total d’étudiants inscrits10 pour l’année 2014-2015
(source BEPP & DGES), Classement alphabétique.
10 Ce nombre inclut les élèves ingénieurs inscrits en cours du soir, où seul ESPRIT est concerné

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 30
EFI Publics EFI Privés
Total Inscrits 34610 14488
3è+4+5è Année 16612 9610
Enseignants 3284 2684
Ens. Permanents 3284 503
Ens. Docteurs 2904 122
% permanents 100% 19%
% Docteurs 88% 24%
encadrement 1 11 29
encadrement 2 12 119

Tableau 4 : Quelques indicateurs généraux décrivant les EFI :


Légende : Total : effectifs totaux inscrits dans les EFI ;
3è+4+5è : inscrits en cycle ingénieur , 3è, 4è et 5è année, cours du soir inclus éventuellement ;
Enseignants : total enseignants, vacataires inclus dans le privé, Pr+MC+MA+Ass. dans le public ;
Ens. Permanents : nb. d’enseignants permanents ;
Ens.Docteurs : Pr+MC+MA dans le public, titulaires du doctorat dans le privé ;
Docteurs % : proportion des docteurs parmi les enseignants permanents ;
Encadrement 1 : taux d’encadrement par les enseignants permanents (Total / perma),
Encad 2 : taux d’encadrement par les enseignants permanents titulaires d’un doctorat (Total / Docteurs)
(données source BEPP)
Nota :
Les chiffres des enseignants permanents dans le public ne comptent que les enseignants chercheurs
(Prof+MC+MA+A permanents) qui ont automatiquement un diplôme post maitrise (master et plus) ; n’y
sont pas inclus les Professeurs d'Enseignement Secondaire PES, ni les assistants contractuels. Pour le
secteur privé, les permanents possèdent un diplôme post maîtrise (master et plus).
Dans le calcul pour les EFI ayant des licences, masters et prépara intégrés, les enseignants intervenant
dans le cycle ingénieurs interviennent également dans les cursus LMD et il est difficile d’isoler avec
précision la part de l’encadrement qui revient aux seuls élèves ingénieurs. Le calcul a consisté à
prendre le taux général, à savoir rapport total étudiants / total enseignants permanents. Soit pour la FST
qui constitue un cas particulièrement exemplaire à cet égard : 7797/713 = 11 , ou encore pour l’ISSAT
Sousse avec 2842/228 = 12. Il a été procédé de même avec tous les EFI privés qui ont des cursus
analogues.

Quelques indicateurs décrivant les EFI :

Les bases de données du MESRS ont permis de décrire les EFI au moyen de quelques indicateurs
généraux. Outre les indicateurs de taille (nombre total d’étudiants inscrits, nombre d’étudiants inscrits
dans le cycle ingénieur : 3è, 4è, 5è année, Cf. Tableaux 3 et 4), on trouve aussi des indicateurs réputés
contribuer à la qualité des formations. Si l’on s’intéresse à ceux qui ont fondé la rédaction du cahier des
charges d’habilitation des EFI privés, qui se trouvent enregistrés dans les bases de données du BEPP
et de la DGES et donc facilement accessibles, on peut tenter une inter comparaison rapide des
systèmes d’EFI.
Le cahier des charges (Arrêtés du Ministre de l'enseignement supérieur du 28 septembre 2000) précise
notamment les limites admissibles : i) le taux d’encadrement, limité à un maximum de 25, ii) la
proportion des enseignants permanents, limitée à un minimum de 25%, iii) la proportion des docteurs
parmi les enseignants permanents, limitée à un minimum de 50%.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 31
Un examen des indicateurs révèle que les EFI publics satisfont globalement aux trois critères de qualité
sus mentionnés. Quant aux EFI privés, il semble que dans leur grande majorité, ils n’aient pas encore
réussi à se doter des ressources humaines suffisantes pour pouvoir satisfaire les critères demandés. En
effet, les données recueillies dans le cadre de ce travail révèlent que : 50% d’entre eux ne satisfont à
aucun des trois critères exigés, l’autre moitié remplissant un (30%), deux (10%) ou les trois critères à la
fois (10%). Ce bref inventaire parait d’ores et déjà significatif de l’étendue de la mise à niveau qui doit
être engagée pour que, à l’instar de ceux qui ont déjà montré la voie, l’ensemble des EFI privés se
mettent en conformité en ce qui concerne les critères d’encadrement des étudiants et la qualité du
corps enseignant, les seuls critères qui ont été jusqu’ici retenus pour évaluer la qualité des formations.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 32
1.2 - L’admission dans les EFI
L’organigramme Fig.3 décrit les trois modes d’admission dans les Etablissements de formation
d’ingénieurs

Figure 3 : Voies d’accès aux EFI.

Le Cycle préparatoire aux Concours nationaux

Le Cycle préparatoire aux Concours, sur quatre filières : Maths-Physique (MP), Physique-chimie
(PC), Technologie (T), Biologie-Géologie (BG), est principalement dispensé par dix sept
établissements publics, en 2013-2014, comprenant les Instituts Préparatoires aux Etudes d’Ingénieurs
(IPEI), les Instituts Supérieurs des Sciences Appliquées et de Technologie : les ISSAT et équivalents
(ISSAT Gabès, ISSAT Mahdia, Ecole Supérieure des Sciences et Technologie de Hammam Sousse,
Institut Supérieur des Technologies Médicales de Tunis) et trois Facultés des Sciences (FS Tunis, FS
Monastir et FS Sfax). La préparation dure deux années avec une possibilité de redoublement unique.
Le nombre total d’inscrits, en première et deuxième année (tableau 5), a suivi l’évolution décrite par
la Fig.4.

Année 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
1ère 5272 5256 5629 6231 7760 8018 9106 8379 7851 6071
2ème 4565 4291 4003 4350 4758 6078 7322 8035 5455 5652
total 9837 9547 9632 10581 12518 14096 16428 16414 13306 11723
Tableau 5. Effectifs des étudiants inscrits en première année et deuxième année
des Instituts préparatoires aux études d’ingénieur.

Les effectifs étudiants (2013-2014) se répartissent à 63.5% dans les IPEI, 15% dans les Facultés
des Sciences et 21.5% dans les Instituts Supérieurs des Sciences Appliquées et de Technologie et
autres institutions, les bacheliers Maths constituant la plus forte proportion des élèves. En 2014, les
bacheliers Maths forment 45% de la population des inscrits, 34% pour les Sciences expérimentales,
18% en Sciences Techniques et 3% en Informatique. Ces derniers, titulaires du bac informatique,
éprouvent de grandes difficultés à suivre le rythme des enseignements en raison de l’inadéquation des
programmes du secondaire en mathématiques, physique et chimie..

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 33
Figure 4 : Nombre d’étudiants inscrits dans les IP (Source DGET).

Le pourcentage de réussite global pour l'édition 2014 des concours nationaux est de 66,8%
(source DGET). En première année préparatoire et pour la même année, le taux de réussite global est
de 75,4%, et le taux de redoublement varie de 1,6% à 64,5% ! Certains IPEI et ISSAT de création
récente, ainsi que les facultés des sciences, enregistrent des taux d'échec élevés. Ces taux alarmants
devraient inciter à une réflexion en profondeur sur le mode d’orientation au niveau du bac, sur la
distribution territoriale des capacités d’accueil des prépas, ainsi que sur l’indigence des moyens mis à
leur disposition.

1. Le corps enseignant des Instituts préparatoires


Le corps enseignant exerçant dans les IPEI est composé d’enseignants chercheurs, de professeurs
agrégés en mathématiques et physique, de professeurs de l’enseignement secondaire (PES,
essentiellement des enseignants de langues), et d’enseignants contractuels (Tableau 5).
Destiné initialement à constituer le fer de lance des IPEI, le corps des professeurs agrégés forme
désormais un corps éphémère et transitoire, depuis que les agrégés trouvent bien plus avantageux,
pour leur carrière, d’opter pour la soutenance d’une thèse de doctorat et rejoignent massivement le
corps des enseignants chercheurs. Le maintien du corps des agrégés, indispensable à la survie des
IPEI et à l’essence même des Concours nationaux, nécessite une révision urgente du statut de ces
enseignants particuliers.
Tableau 6 : Répartition du corps enseignant des IPEI par grade (en 2015).

Grade P.A. Prof. M.C. M.A. A. C+Vac Perm


Pourcentage 34% 7% 7% 36% 9% 7% 93%

P.A. : Professeurs Agrégés, Prof : Professeur de l'enseignement supérieur, M.C : Maître de


conférences, M.A : Maître-Assistant, A. : Assistant, C : Enseignants contractuels, Vac : Enseignants
vacataires, Perm : Enseignants Permanents.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 34
Les Concours Nationaux

Les concours nationaux constituent une étape délicate et importante du dispositif de FI. Ils
bénéficient auprès des candidats, d’une bonne réputation en termes de crédibilité et d’équité.
Paradoxalement, et à sa 21ème session, le concours ne dispose encore ni de personnel affecté à plein
temps, ni de locaux, ni d’organigramme administratif ou pédagogique. Malgré les efforts plus que
méritoires déployés par son secrétariat, peu de manuels et de procédures formelles écrites sont
disponibles. La désignation des responsables dont le Président du concours est renouvelée chaque
année. Depuis 2015, le Président est nommé pour trois ans. Mais avec une administration toujours
provisoire, sans structures stables, doté d’un budget qui ne couvre que la moitié des dépenses, le
fonctionnement des concours repose sur le relationnel, la disponibilité et l’engagement des personnes
en charge.
La rotation des présidents du jury n’a pas permis, jusqu’ici, d’assurer la publication des rapports du
jury, légitimement attendue pour chacune des sessions. Par ailleurs, aucune partie n’est chargée de
l’archivage ou de la collecte des annales des concours, hormis la bonne volonté du secrétariat du
concours. L’évaluation pédagogique et administrative des concours est irrégulière quand elle se fait, ce
qui constitue autant d’obstacles à la capitalisation des expériences et des connaissances.
Cette grande fragilité institutionnelle aboutit dans la pratique à des services réduits et une transparence
relative. Le site web officiel des concours nationaux ne contient ni statistiques, ni annales ni rapports de
session. Toutefois, ce site web contient toutes les informations nécessaires aux candidats pour ce qui
concerne les modalités de participation, les résultats des concours, les règles de validation, etc. Les
performances des Instituts préparatoires ne sont pas accessibles au public, mais sont communiquées
aux IPEI. Le calendrier connait aussi quelques incertitudes : les dates de proclamation des résultats, et
d’affectation aux IFI ne figurent pas sur le guide du candidat . Les réclamations relatives aux notes sont
traitées selon les textes de l’enseignement supérieur qui prennent des délais incohérents avec le
calendrier des concours. De ce fait, le traitement des réclamations demeure purement théorique, et
n’est pas non plus prévu dans le guide du candidat. Le niveau bas des moyennes et des notes au
concours (derniers admis avec 5/20), révèle vraisemblablement l’existence d’une forte inadéquation
dans le système (Niveau des élèves, programmes, enseignements, épreuves, barèmes de corrections).
Cette inadéquation doit être évaluée et levée, car ces notes sont préjudiciables à l’ensemble du
système des classes préparatoires, à la crédibilité du concours, aux écoles d’ingénieurs, et à la majorité
des élèves : certes lauréats du concours mais handicapés pour longtemps par ces notes anormalement
basses.
En conclusion, les insuffisances et les risques associés sont dus pour l’essentiel à la fragilité
structurelle, et aux déficits organisationnels et de moyens. Pour sauvegarder leur crédibilité et améliorer
leur fonctionnement, il semble inévitable et urgent de confier la responsabilité des concours à une
instance permanente appropriée.

Les Préparations Intégrées et les Instituts supérieurs :

On compte aujourd’hui 7 IFI qui ne recrutent pas leurs élèves via les concours nationaux ; ce sont :
• L’Institut National des Sciences Appliquées et de Technologie (INSAT)
• L’Institut Supérieur d’Informatique (ISI)
• L’Institut Supérieur des Arts du Multimédia de la Manouba (ISAMM)
• L’Institut Supérieur d’Informatique et Techniques de Communication de Hammam Sousse
(ISITC)

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 35
• L’Institut Supérieur des Sciences Appliquées et de Technologie (ISSAT) de Sousse (les
autres ISSAT ne délivrent pas de diplôme d’ingénieur)
• L’Institut Supérieur d’Informatique et de Mathématiques de Monastir (ISIMM)
• L’Institut Supérieur d’Informatique et de Multimédia de Sfax (ISIMS)

L’INSAT et l’ISSAT Sousse délivrent le diplôme d’ingénieur avec 2 ans de préparation intégrée suivis
de 3 ans d’études d’ingénieur. L'INSAT récupère 70% de ses étudiants ayant passé deux années de
préparation intégrée.
Dans les cinq autres établissements précités, le régime des études est basé sur le système
LMD avec les deux cycles consécutifs : i) préparation d’une licence en 3 années ; ii) suivi du cycle
ingénieur en 3 années.

Accès aux classes préparatoires et aux premiers cycles de FI


L’admission aux prépas et au premier cycle des FI se fait par le système centralisé d’orientation qui n’a
jamais fait l’objet d’une évaluation et dont la pertinence est discutable. Cette procédure ne tient compte
ni de la motivation, ni la prédisposition réelle du candidat qu’un dossier scolaire peut aider à évaluer.
Par ailleurs l’accès aux EFI à prépa intégrée pose un problème potentiel d’équité géographique entre
les candidats, la bonification des scores d’orientation dépendant de la cartographie universitaire
inégalement distribuée à travers le territoire.

2. Les Prépas Intégrées des établissements privés


En ce qui concerne le secteur privé, 28 établissements assurent la préparation aux études d’ingénieurs
en 2014-2015. Le nombre d’étudiants est passé de 1264 en 2010 à 2009 en 2014. Les étudiants sont
majoritairement recrutés directement après l’obtention du bac. Comme pour les IFI publics, il existe une
grande dispersion des effectifs entre les établissements.
Le nombre d’étudiants des prépas privées participant aux concours nationaux est très faible : 187 en
2014.

Les critères & modalités d’admission hors concours

3. Dans les EFI publics


Les concours spécifiques pour accéder en première et deuxième année des EFI sont des concours
sur dossiers. Chaque année le nombre de places, les conditions d’accès, les critères d’admission aux
EFI et le calendrier des concours (commissions de sélection, enregistrement web, dépôts de dossiers,
sélection des dossiers et date des résultats) sont fixés par arrêté du MESRS. Les résultats des
concours sont mis en ligne sur le site : www.mes.tn et affichés dans les établissements.
L’admission hors concours concerne les ENI, l’INSAT, l’ISSAT Sousse et les cinq Instituts
Supérieurs. Dans les écoles nationales d’ingénieurs le nombre de places ouvertes pour la première et
deuxième année est arrêté chaque année dans la limite de 10% de leur capacité d’accueil à chaque
niveau. D’après le décret n° 2009-643 du 2 mars 2009, les concours d’entrée en première année sont
réservés aux titulaires de la licence dans les spécialités scientifiques et techniques, ayant obtenu leur
diplôme lors de l’année en cours ou de la précédente et n’ayant pas redoublé. Un arrêté du MESRS fixe
les conditions, le nombre de places et les modalités d’organisation des concours spécifiques. En
première année du cycle ingénieur de l’ISSAT Sousse et des Instituts Supérieurs, 40% de l’effectif total
est réservé aux étudiants de l’institut et 60% aux candidats d’autres institutions.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 36
4. Dans les EFI privés
L’admission au niveau des institutions privées est réservée essentiellement aux élèves ayant obtenu
un baccalauréat scientifique après étude de dossier par une commission d'évaluation et dans certains
cas appuyée par un entretien. Ces institutions recrutent également des étudiants ayant suivi une, deux
ou trois années d’études au sein d’instituts préparatoires publics. Il n’existe pas de règles communes
d’admission publiées entre toutes les institutions concernant les conditions d’admission, en l’absence de
textes juridiques ou règlementaires spécifiques et à défaut de critères clairs notifiés dans les cahiers de
charges régissant l’habilitation des EFI privés.

Les prépas Académies

Le décret n° 447-2003 fixe le cadre général du système des études et des conditions d’obtention du
Diplôme National d'Ingénieur que délivrent les institutions militaires d'enseignement supérieur. Trois
établissements militaires forment des ingénieurs :
• l’Académie Militaire de Fondouk Jedid
• l’Académie Navale de Menzel Bourguiba
• l’Ecole de l’Aviation de Borj El Amri
Ces institutions peuvent être considérées comme des institutions à préparations intégrées,
puisqu’elles recrutent les étudiants directement après l’obtention du baccalauréat.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 37
1.3 - Le Contexte général du
Système National de Formation des Ingénieurs

Les ingénieurs font partie intégrante de la société. Leur formation se joue certes dès le plus jeune âge,
d’abord à l’école de base, puis au lycée. Elle se joue également dans toute la société, dans sa capacité
à produire des connaissances, maitriser et valoriser la science et la technologie. Mais les ingénieurs en
formation vivent aussi dans un environnement scientifique, culturel, social déterminé, dont ils véhiculent
et métabolisent les empreintes. Tour à tour, nous examinerons ces deux éléments majeurs qui forment
le contexte général du SNFI : l’école d’une part, la société cognitive d’autre part. Le milieu environnant a
été brièvement abordé à travers la vie scolaire, dans le chapitre consacré aux EFI.

1. Connaissances, compétences des élèves et formations professionnalisantes :

En dépit des réformes successives dont la dernière a élaboré des textes très avancés (loi 2002-80 du
23/07/2002), les résultats de l’école tunisienne, évalués par des experts et des chercheurs tunisiens,
par des ONG internationales, par l’OCDE, et par l’UTICA, demeurent dramatiquement insuffisants11.
Ainsi, l’évaluation TIMSS12 2011 place la Tunisie à des rangs assez inquiétants dans les comparaisons
internationales : 47ème/50 en Mathématiques et 48ème/50 en Sciences pour la 4ème année primaire;
30ème/42 en Maths et 29ème/42 en Sciences pour la 8ème année. En termes de compétences et
connaissances, TIMSS est centré sur les connaissances théoriques et disciplinaires, alors que PISA13
est plus versé sur les compétences utiles pour la vie quotidienne. L’évaluation PISA de l’OCDE porte,
en fin du cycle de base, sur la compréhension de l’écrit, la culture mathématique et scientifique, le
raisonnement logique et la capacité de résolution des problèmes. Les diverses enquêtes PISA situent
les jeunes tunisiens à des classements peu favorables : celle de 2012 indique que 50% des élèves en
fin du cycle de base n’ont pas les compétences nécessaires pour la compréhension de l’écrit, et
accusent un retard équivalent à trois années d’études sur la moyenne des pays de l’OCDE14. Toutefois,
le sentiment d'appartenance à l'école de l'élève tunisien se situe à un niveau assez élevé, qui dénote de
fortes capacités d’amélioration des possibilités d'apprentissage et de performance15.
L’UTICA, de son coté, estime que malgré toutes les réformes engagées au niveau de l’enseignement
de base et de l’enseignement supérieur, les ressources humaines tunisiennes continuent à présenter de
grandes lacunes aussi bien en termes de compétences clefs de base qu’en termes de compétences
professionnelles (UTICA, 201216). La Tunisie a engagé des réformes audacieuses de l’enseignement
supérieur, mais les acquis de ces réformes sont restés fragiles et leur impact sur l’emploi modeste,
« car ces réformes n’ont touché que le volet pédagogique à l’exclusion du mode de gouvernance et de
financement des établissements de formation. De plus, la mise en œuvre des réformes a été confiée à
des acteurs insuffisamment coordonnés, qui ne sont pas responsabilisés sur les résultats, et peuvent
11 A. Chaoued (2015) : Les curricula scientifiques de l’enseignement de base : quels paradigmes ? in S. Kamoun-Chouk : Sciences &
technologies dans les réformes des systèmes éducatifs. Ac. Tun. Sciences Lettres et Arts Beit Al Hikma ; 2015 ; Coll. Colloques.
12 TIMSS: Trends in International Mathematics and Science Study, enquête de l’Association internationale pour l’évaluation des acquis

scolaires.(la Tunisie ne figure pas dans l’enquête TIMSS 2015)


13 PISA : Program for International Student Assessment, enquête organisée par l’OCDE .(la Tunisie participe à l’enquête PISA 2015)
14 C. Belaid-Mhirsi (2015) : Enseignement des sciences et des technologies dans le système éducatif tunisien ; in S. Kamoun-Chouk :

Sciences & technologies dans les réformes des systèmes éducatifs. Ac. Tun. Sciences Lettres et Arts Beit Al Hikma ; 2015 ; Coll.
Colloques.
15 S. Chouk (2014) : Résultats de l’enquête PISA 2012 ; note int. Académie Beit El Hikma, 8/1/2014.
16 UTICA (2012) : VISION TUNISIE 2020 ; Des entreprises compétitives pour plus de croissance et plus d’emploi ; UTICA, Décembre 2012.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 38
même ne pas adhérer aux objectifs ». Concernant les formations professionnalisantes, notamment
d’ingénieurs, le rapport de l’UTICA (2012) précise en outre : « ... la réactivité des établissements
d’enseignement supérieur aux besoins du marché du travail ne peut être garantie que par des modes
de gestion et de financement par les résultats exprimés en termes d’insertion, dans un cadre impliquant
les partenaires sociaux ».

2. Production de la Science & de la Technologie :


un défi pour l’ingénieur et pour toute la société tunisienne.

L’atteinte d’un niveau supérieur de maitrise technologique nécessite une émancipation de toute la
société, qui implique une appropriation massive des connaissances. D’abord des connaissances
spécialisées, avec l’éducation des usagers, et avec un apprentissage effectif des technologies par les
enfants tout au long de l’éducation scolaire. Mais aussi l’accès de toute la société aux connaissances
générales. L’ « Indice de Connaissance » élaboré par la Banque Mondiale (Knowledge Index) intègre
au niveau d’un pays : l’éducation de base, la capacité d’entreprise et d’innovation, et l’accès aux TIC. A
ce niveau d’appropriation des connaissances par la société, les pays africains et arabes sont
généralement bien mal lotis, avec toutefois certaines disparités et des zones de progrès, parmi
lesquelles la Tunisie, 80ème sur 145 pays classés17 en 2012, occupe une place intéressante malgré tout.
Un autre indicateur du niveau de connaissances de la société est la production scientifique où la Tunisie,
et notamment ses grandes écoles d’ingénieurs, semble se situer actuellement dans un excellent
gradient de créativité, qui devrait pouvoir porter ses fruits dans quelques années ; mais cet élan
scientifique tout récent n’a pas encore d’impact sensible sur la société : i) ni au niveau du poids, de la
visibilité et de l’attractivité des Laboratoires des Ecoles et des Universités, dont l’impact international
demeure souvent dépendant de coopérations financées outre mer, ii) ni à celui de l’implication, par les
bureaux d’études, les administrations, les industriels, dans l’étude, la conception et la réalisation des
grands projets, encore largement tributaires, sur le plan financier naturellement, mais également sur les
plans opérationnel et intellectuel, des grands bailleurs de fonds et des entreprises multinationales. Cet
état de fait minimise le rôle, la place et le poids des ingénieurs tunisiens dans l’orientation des politiques
publiques.

Fig.5 : Publications tunisiennes indexées dans le Web of Sciences, de 1967 à 2009; G. Rivalle18

17 http://siteresources.worldbank.org/INTUNIKAM/Resources/2012.pdf
18 Rivalle G. (2010) : http : //www.uvt.rnu.tn/news/images/recherchetunisienne.PDF; consulté le 5/9/2013.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 39
La production scientifique tunisienne ne se traduit malheureusement pas par des innovations
industrielles et commerciales, en raison notamment de l’absence totale de relations organiques entre
les milieux scientifiques, les écoles d’ingénieurs, et les industriels. Le paradigme est par ailleurs
universellement consacré de la capacité des économies fondées sur la connaissance à assurer un
développement durable et une croissance caractérisés par une amélioration de l’emploi et une meilleure
cohésion sociale : la science et sa valorisation deviennent alors le passage obligé de la production et de
la productivité ; mais cette évolution implique l’émancipation de toutes les composantes de la société.
Dans ces conditions, les inégalités, sociales et régionales, d’accès au savoir par l’éducation, la
formation ou la qualification d’un emploi, deviennent sources d’exclusions et de dramatiques frustrations.

Un autre constat inquiétant est la non accumulation du savoir-faire. Les cinquante années de
développement économique sans pareil dans notre histoire qu’a connues le pays n’ont pas été
accompagnées d’un développement équivalent de l’ingénierie tunisienne dans tous les domaines. Au
contraire, les services techniques des administrations, victimes d’une série de crises successives
(affaiblissement des services de l’Etat avec l’arrêt brutal du centralisme en 1969, programme
d’ajustement structurel, politiques de recrutements inefficientes, occasions manquées des grandes
écoles d’ingénieurs et particulièrement de l’Ecole Polytechnique pour revivifier les corps techniques de
l’Etat, nouvel affaiblissement des services de l’administration centrale et régionale après la révolution),
n’ont pu renouveler leurs élites et sont désormais dans l’incapacité d’assurer la relève dans tous les
domaines, et a fortiori de proposer une vision globale pour le pays. Les Bureaux d’Etudes, les Centres
Techniques, les Laboratoires de recherche, les rares cellules de développement au sein des entreprises,
pour diverses raisons, ne peuvent anticiper les changements technologiques liés à la globalisation. Le
résultat est évident : malgré l’énormité des investissements et les progrès considérables accomplis en
matière de réalisations matérielles, il n’existe pas aujourd’hui en Tunisie de capital intellectuel
d’expertise de niveau international et en masse suffisante capable d’intégrer en connaissance de cause
les techniques avancées, de les adapter, de transmettre le savoir-faire, de s’investir valablement dans
la recherche technologique et de valoriser ses résultats.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 40
1.4 - La production des EFI & la Demande

1. La production des EFI, l’offre et la demande


Un contexte sociopolitique particulier a été à l’origine d’augmentations rapides des effectifs d’ingénieurs
diplômés, sans lien réel avec les besoins exprimés par les entreprises et avec la demande effective.
Le nombre total cumulé des ingénieurs diplômés en Tunisie est estimé à environ 70 000, avec une
production de 49000 sur la période 2001 – 2014, dont 7275 en 2014. L’informatique constitue le pôle
d’attractivité principal, avec un taux de 25% du total des diplômés. Les ingénieurs électriciens viennent
ensuite (11%), suivis par le secteur agricole (8%). Le nombre de spécialités des formations d’ingénieurs
est très élevé : 227, parmi lesquelles on peut effectuer des regroupements et ramener à 21 le nombre
des filières majeures de formations d’ingénieurs offertes.
La structure de la demande a connu une évolution notable, marquée par deux grandes étapes : i) de
l’indépendance à la fin des années 80, la demande était exprimée majoritairement par le secteur public.
C’était la période de construction de l’appareil de l’Etat, où l’offre ne suffisait pas à satisfaire les besoins
exprimés ; ii) La seconde étape va du début des années 90 à nos jours : avec l’adoption du programme
d’ajustement structurel (PAS) en 1986 et ses exigences en matière de réduction des dépenses
publiques, la demande d’ingénieurs a baissé. Ainsi en a-t-il été des recrutements dans la fonction
publique et le secteur public en général. Aiguillonné par une orientation libérale et par des aides
publiques, le secteur privé s’est, tout du moins en partie, substitué à l’Administration au niveau de
l’emploi des ingénieurs. A une époque récente, et pour les années 2006 et 2010, les besoins nationaux
en ingénieurs ont été respectivement de 3000 et 5000 dont près du tiers dans la filière informatique.
Parallèlement à la baisse de la demande globale d’ingénieurs, l’offre de diplômés a connu une
augmentation spectaculaire, une véritable explosion. Le marché international aide à résorber pour
certaines formations l’excès de l’offre. Ainsi, l’ATCT estime en 2014, à 10% du total des recrutements
d’ingénieurs, la demande internationale répartie entre l’Europe, l’Afrique et les pays du Golfe. A cette
demande, il faut ajouter les ingénieurs tunisiens formés dans les grandes écoles européennes et qui ont
choisi de faire carrière à l’étranger.
Plus récemment, avec le primat du politique sur la sphère économique, la visibilité des entreprises a été
réduite, un nouveau climat des affaires qui s’est traduit par une nouvelle contraction de la demande des
entreprises privées et l’apparition d’un chômage structurel des ingénieurs.
Le Chômage des ingénieurs
Le marché de l’emploi des ingénieurs est caractérisé par une pléthore de l’offre sur la demande. Estimé
respectivement à 18 mois et 3 années après l’obtention du diplôme, le taux de chômage passe de 18%
à 10%. Ces taux moyens cachent d’importantes variations inter spécialités : respectivement 32% à 19%
pour les agronomes et agro-alimentaires, 12% à 3% pour l’informatique et les télécoms 19 . Les
statistiques des Bureaux de l’Emploi (ANETI) indiquent par ailleurs que de nombreuses spécialités de
formation d’ingénieurs (au nombre de 42) n’ont eu, en 2014, aucune offre d’emploi : les spécialités se
rapportant à la chimie, avec des demandes s’élevant à 595 diplômés, viennent en tête de cette
catégorie.
Ce marché de l’emploi déterminé par la demande conduit à des salaires relativement bas : 50% des
ingénieurs fraîchement recrutés perçoivent des salaires mensuels compris entre 800 et 1200 DT20.
Ce chômage structurel pose un problème à deux dimensions distinctes et interdépendantes : i) La
première est de nature économique et permet de situer ce chômage à un niveau collectif. En effet, ce
phénomène est observé à un moment où l’économie nationale est appelée à réaliser des sauts
technologiques lui permettant d’assurer sa compétitivité sur des marchés où la concurrence est de plus
en plus rude. A cette étape de l’évolution de l’économie, l’emploi des ingénieurs est nécessaire pour
19 Dynamique de l´emploi et adéquation de la formation parmi les diplômés universitaires. Rapport sur le parcours des diplômés de l’année

2004. Document Ministère de l’emploi et de l'insertion professionnelle des jeunes et Banque Mondiale, juin 2009.
20 Source ; Enquête sur la structure des salaires en Tunisie. INS. 2011.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 41
réaliser des sauts technologiques ô combien nécessaires ; ii) Le chômage des ingénieurs pose aussi
des difficultés de nature sociale liée à l’insertion des diplômés dans la vie professionnelle.
Avec la révolution qui devrait autoriser le rétablissement d’interactions rationnelles et équilibrées entre
les sphères politique et économique, la relance de l’économie et des accroissements des demandes
privées d’ingénieurs sont à anticiper.

2. Les effectifs ingénieurs et le développement de la demande


L’objectif est ici de (i) fournir une estimation des effectifs ingénieurs et de leur position dans les divers
secteurs de l’économie, (ii) appréhender la nature des blocages qui freinent le développement de la
demande d’ingénieurs, ces contraintes se rapportant d’une part à la formation de l’ingénieur, d’autre
part au modèle de croissance adopté par la Tunisie et à son contenu technologique.
Les informations que nous avons collectées proviennent de sources diverses : i) la documentation
existante, ii) une enquête lancée par le GEFI auprès des membres de l’IACE et de l’ATUGE,
comportant 3 modules : les ingénieurs en exercice par secteur, les contraintes au développement de la
demande d’ingénieurs, l’avenir de la demande selon l’enquêté, iii) une série d’entretiens avec des
responsables politiques, de l’administration, de l’économie, de syndicats, de formations d’ingénieurs, iv)
les observatoires des Universités, v) L’Observatoire National de l’Emploi et des Qualifications, vi)
L’Agence Tunisienne de Coopération Technique.

Les observatoires de l’emploi des universités :


Ces observatoires, initialement voués à développer une approche « formation tirée par la demande »,
n’ont malheureusement pas fonctionné, notamment parce que l’université ne maîtrise pas son
environnement économique et social, et que les ressources qui lui sont affectés, budget et personnel,
sont sur la base des effectifs des étudiants inscrits et non selon des résultats à atteindre. Il apparait
ainsi que l’université ne définit pas clairement son territoire d’intervention, que sa capacité à analyser le
marché du travail de ce territoire est insuffisante, qu’elle ne dispose pas d’outils efficaces d’estimation
de l’insertion de ses diplômés, que les données accumulées sont difficilement accessibles ou
manquantes, qu’il existe au sein de l’université un environnement institutionnel défavorable à ce type
d’activité et enfin que le positionnement de l’Observatoire dans l’organigramme de l’Université est
inadéquat.
L’Observatoire National de l’Emploi et des Qualifications (ONEQ) :
L’ONEQ effectue un certain nombre d’études d’envergure nationale. Pour ce qui concerne
particulièrement les ingénieurs, nous avons notamment exploité l’étude sur les diplômés du supérieur
menée par l’ONEQ avec l’appui de la Banque Mondiale - 2004
Cette étude porte sur 4 700 diplômés suivis sur une période de 3 années et demi après l’obtention du
diplôme. Par rapport à une première enquête effectuée 18 mois après le diplôme, les ingénieurs
continuent d’améliorer leur position déjà favorable, avec un taux moyen de 76% en emploi salarié, voire
supérieur à 90% dans des spécialités comme l’informatique, les télécoms ou l’électronique. La
spécialité la plus exposée est l’agro-alimentaire, mais une période de chômage supérieure à deux ans
ne concerne que 4% des ingénieurs. Enfin, 10% des ingénieurs n’ont connu aucune séquence d’emploi
en trois ans et demi après la fin des études, alors que ce taux dépasse 20% pour les autres diplômés.
Environ 49% des ingénieurs sont occupés dans les entreprises de plus de 200 emplois. Ils sont par
contre moins de 7% dans les petites entreprises employant moins de 10 salariés. Trois ans et demi
après l’obtention du diplôme, plus que 50% des ingénieurs salariés sont employés avec un CDI. Enfin,
l’inadéquation de la compétence acquise par rapport à l’emploi occupé est très faible (5,6%), mais le
taux de déclassement des ingénieurs agronomes demeure à un niveau élevé (22%).

Enquête sur la structure des salaires


L’enquête est réalisée en 2011 par le CRES avec l’appui du BIT, auprès de 336 entreprises privées et
de 2042 salariés. Les résultats ont été extrapolés à la population mère composée de 47 000 entreprises

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 42
retenues à partir du fichier de déclaration des employeurs et des salariés à la CNSS au cours du dernier
trimestre 2010. Les rémunérations prises en compte sont celles du mois d’avril 2011. Il en ressort que
les ingénieurs représentent 1.2% de l’effectif des salariés, et que leur rémunération nette moyenne, qui
s’élève à 2 085 DTN/mois, se situe au plus haut du tableau des revenus selon le niveau scolaire.

La demande de la Coopération Technique, selon l’ATCT


Le nombre d’ingénieurs recrutés à travers l’ATCT ne cesse d’augmenter. Il est passé de 4% du total
des recrues en 2010 à 10% en 2014. L’expérience exigée varie de 2 à 10 ans, et la majorité des
emplois sont offerts par le secteur étatique. Les contrats de coopération à travers l’ATCT concernent
principalement les pays arabes (55%), suivi par l’Europe (12%) et les pays africains (10%). Les sociétés
Offshore et les organismes internationaux, arabes et africains représentent 22% des contrats. Le plus
grand nombre d’ingénieurs partant en coopération sont diplômés en Génie électrique et ont pour
destination l’Arabie Saoudite. En deuxième lieu viennent les ingénieurs en Génie civil qui partent au
Qatar.

Résultats de L’Enquête GEFI sur la demande et la formation des ingénieurs


Des entretiens conduits par le GEFI, et de l’enquête réalisée par le GEFI auprès des adhérents de
l’IACE et de l’ATUGE, ressortent les principales conclusions suivantes.
Une croissance intensive exige plus d’ingénieurs & plus d’innovation
La Tunisie est appelée à réaliser une croissance intensive, basée sur l’injection du progrès technique
dans les divers secteurs d’activités économiques, le contenu et le rythme de diffusion de ces progrès
ne pouvant pas être uniformes dans tous les secteurs
Dans les secteurs que l’on peut qualifier de classiques, la recherche d’une plus grande efficacité
constitue l’essentiel des améliorations souhaitées, conséquences de la mise en place d’outils de
mesure et de contrôle adaptés. Ils se traduisent par des réductions de coûts des produits et des
services rendus. Dans les nouveaux secteurs, l’adoption et l’utilisation de nouvelles technologies,
importées ou résultant des activités de R&D, devront permettre d’identifier les besoins et créer les
solutions du futur. Parmi ces secteurs d’avenir, ceux qui seraient les plus à même de se développer en
Tunisie sont les suivants :
i) Transport et logistique : transport de marchandises ; transport des personnes
ii) Le BTP : techniques et matériaux de construction ; urbanisme ; infrastructures
iii) L’énergie et l’environnement : infrastructures ; techniques d’extraction ; énergies renouvelables,
solaire thermique et photovoltaïque ; valorisation des déchets ménagers et industriels ;
iv) Santé et bien être : Biomédical ; Pharmacologie ; Soins et accompagnement à distance
v) Gestion des ressources hydrauliques et agriculture : mobilisation des ressources en eau et
amélioration de leur valorisation ; modèles de développement adaptés aux zones arides ; affinement
des scenarii de changement climatique sur la région ; recyclage et traitements de l’eau ;
vi) Gestion des données : big data ; statistiques ; réseaux
La maîtrise de toutes ces avancées technologiques et l’amélioration des efficacités des divers secteurs
ne peut être conduite sans l’implication de l’ingénieur. Il importe que ce dernier puisse s’adapter pour
répondre au mieux à ces « nouveaux » rôles qui lui sont désormais dévolus. Ceci implique de
profondes mutations de la part du Système National de Formation des Ingénieurs.

Comment caractériser l’ingénieur de demain ?


On peut tenter de cerner le profil de l’ingénieur de Demain, aux plans national et international.

Pour les besoins de l’économie nationale :


Outre la maîtrise des questions technologiques, les exigences du système social local se rapportent aux
multiples dimensions suivantes : i) une bonne connaissance de la culture du pays et de ses interactions
possibles sur les choix technologiques ; ii) des outils d’observation et d’analyse adaptés au contexte

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 43
social et économique ; iii) maitrise du sens de l’entreprenariat, et de la prise de risques calculés ; iv)
sens de la créativité et de l’innovation pour résoudre les problèmes en utilisant le minimum de
ressources disponibles ; v) capacités managériales ; vi) capacités de communication, de marketing et
de vente associée à une parfaite maîtrise des données techniques ; vii) capables de toujours apprendre
et de capitaliser l’expérience.
L’exiguïté des entreprises tunisiennes et l’absence d’une spécialisation exclusive des unités de
production ne permettent généralement pas de justifier l’emploi de certains spécialistes ; le recours à
des ingénieurs bivalents peut constituer la solution à cette particularité nationale. A titre d’exemple, les
doubles compétences suivantes répondent à une demande réelle de l’entreprise : i) technologie
agroalimentaire maîtrisant les techniques de marketing, ii) ingénieur formé au droit, etc. Mais en tout
état de cause, le profil d’ingénieur généraliste peut utilement contribuer à solutionner cette situation des
entreprises tunisiennes.

Pour faire face à la demande Internationale:


Outre une initiation métier solide, la demande internationale exige que les formations soient accréditées
selon des standards internationalement reconnus, condition nécessaire à la reconnaissance des
diplômes et une parfaite maitrise des langues. L’école doit en outre préparer les ingénieurs à acquérir
un certain nombre de capacités : i) adaptation rapide à des environnements socio-économiques et
culturels nouveaux ; ii) participation à des compétitions nationales et internationales (ex. Hackaton) qui
donnent de la visibilité pour les grandes Multinationales ; iii) inventions telles les applications mobiles,
robots, outils ou solutions couronnés de brevets, défis de création et pratique du mythe de l'inventeur ;
iv) montages d’entreprises, ingénieurs entrepreneurs et création de Start-Up à partir de l'école. Tous
ces ingénieurs sont plus facilement employables à l'international, considérés comme les bâtisseurs
internationaux de demain, ils sont recherchés partout dans le monde.

Les estimations de la Demande retenue par sous-secteurs à l’horizon 2026


Notre estimation, à caractère préliminaire, de la demande tient compte des éléments suivants : i) les
départs à la retraite des ingénieurs actuels, à partir des diplômés par an et par secteur, ii) la coopération
technique à partir des prévisions de l’ATCT, iii) l’enquête sur les structures des exploitations agricoles
2004-2005 et, iv) les besoins nouveaux selon les scenarii de développement de « l’étude prospective
sur l’embauche des diplômés du supérieur » de l’ONEQ avec les donnés de juin 2015. Notre estimation
demande certes à être validée d’une manière plus approfondie.

Tableau 7 : Prévisions de la demande par secteurs (estimations GEFI)

Taux emploi 2012 - 2016 2017 – 2021 2022 -2026


Informatique et télécommunications 88% 10 100 10 800 11 500
Electricité et électronique 87% 6 500 6 700 6 900
Techniques apparentées à l’ingénierie 85% 2 700 2 800 2 900
Agriculture et industrie agroalimentaire 70% 1 700 1 800 1 800
Ensemble de la demande locale 21 000 22 100 23 100
Remplacement départs à la retraite 1 400 2 300 2 900
Demande à l’international 1 200 4 000 4 300
Effet demande push 2 200 4 400
Total demande retenue 23 600 30 600 34 700
Demande annuelle 4720 6120 6940

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 44
A titre de récapitulatif, la demande d’ingénieurs est réelle et devrait croître aussi bien en Tunisie que
dans le monde, et ce, pour des raisons diverses : i) le passage à l’usine 3.0 voire 4.0 pour les industries
avancées, ii) l’introduction des nouvelles technologies, iii) le remplacement des départs à la retraite des
cadres tunisiens, iv) la rénovation de l’administration avec une décentralisation poussée, v) les besoins
de développement de l’Afrique et de la coopération et, vi) les besoins des pays développés évoluant
avec le vieillissement de la population.
Il faut toutefois clarifier l’offre et mieux l’adapter. L’amalgame entre Techniciens supérieurs (ou faisant
office) et ingénieurs doit être levé pour que les employeurs expriment mieux leurs demandes. Les
techniciens supérieurs et les récipiendaires de licences appliquées doivent se reconnaitre en tant que
population spécifique et importante au niveau de l’économie et non comme une voie d’échec. Cela
permettra et poussera les ingénieurs à mieux valoriser leur apport. Cela doit passer par l’amélioration
de la qualité de la formation de terrain des ingénieurs et de leur savoir être (communication, ouverture
d’esprit, autonomie, travail en équipe, éthique, etc….). Le volet scientifique et technologique doit être en
phase avec les évolutions et en relation étroite avec la recherche scientifique et de développement.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 45
1.5 - Positionnement des FI
dans le contexte international
Les systèmes de FI à l’international ont fait l’objet d’une étude comparative approfondie, avec
l’objectif d’identifier leurs points communs et les bonnes pratiques en la matière, la finalité étant
d’apprendre des autres expériences pour positionner le SNFI dans le contexte international.
Cinq groupes de pays ont été étudiés par le GEFI : i) Amérique du Nord ; ii) Europe ; iii) BRICS ; iv)
Pays méditerranéens (Maroc, Egypte, Turquie) ; v) Autres pays de taille comparable à la Tunisie
(Portugal, Belgique, Irlande, Hongrie, Tchéquie).
L’analyse des systèmes de FI étudiés a porté sur les aspects suivants : i) Structures de tutelle et de
gouvernance ; ii) Modèles et catégories d'ingénieurs (Ingénieur de conception, Ingénieur
d'application,...) ; iii) Spécialités qui concernent l'ingénierie (généraliste, hyperspécialisé) ; iv)
Adaptabilité et réactivité à la demande (niches, nouvelles technologies) ; v) Programmes et équilibres
théorie/pratique ; vi) Niveaux d'implication et d'encadrement de la profession dans la formation des
ingénieurs et des jeunes diplômés ; Rôle et responsabilité de la profession dans le corps ; vii) Méthodes
et approches de formation (académique, alternance, travaux personnels, formation pratique, modes
d'évaluation,...) ; viii) Les effectifs, systèmes de sélection et d'accès aux écoles, ratios nombre
d'Ingénieurs/ habitant ou nombre d'ingénieurs/ technicien, nombre d'Ingénieurs par rapport au PIB,
nombre d'élèves Ingénieurs/ étudiants, nombre d'élèves ingénieurs/ étudiants de l'enseignement
technique ; ix) Situation des écoles publiques vs privées ; x) Systèmes d'habilitation, d'évaluation,
d'assurance qualité, d'accréditation et de certification ; xi) Position de l'ingénieur dans le corps d'état et
dans le tissu économique.

Les tendances communes aux systèmes de Formations d’Ingénieurs étudiés


Les points communs à l’ensemble des systèmes étudiés, et les principales tendances dégagées, sont
au nombre de dix :
1. L’existence d’institutions de formation d’ingénieurs réservées aux élites en parallèle à des
institutions moins sélectives, les proportions étant respectivement de 20 % et de 80 %.
2. L’enseignement privé existe partout en parallèle à l’enseignement public, mais le poids du privé
varie d’un pays à l’autre. Ainsi, au Brésil et en Inde, l’enseignement privé représente
respectivement près de 75 % et 60 % des structures de formation d’ingénieurs. En chine, la
proportion est de 20 %. Il importe de souligner que la définition de l’enseignement privé diffère
d’un pays à l’autre. L’enseignement privé est dans certains pays fortement financé à travers les
subventions de l’Etat. Des institutions opérant dans le cadre de formes diverses de partenariat
public-privé sont aussi parfois répertoriées dans la catégorie d’enseignement privé.
3. L’enseignement est assuré en partie par des généralistes en sciences fondamentales mais la
majorité des enseignants ont une formation d’ingénieur à la base et sont titulaires de Ph.D en
ingénierie.
4. Des instances de pilotage des études d’ingénieurs existent partout mais leurs formes sont
variables. En Inde par exemple, le « All India Council for Technical Education » (AICTE)
contrôle l’ensemble des institutions de formation d’ingénieurs ainsi que celles d’autres
domaines (architecture, urbanisme, gestion etc.).
5. Les systèmes d’évaluation des formations d’ingénieurs, ainsi que des institutions de formation,
existent également, avec des formes variables. Au Japon, par exemple, trois agences
d’évaluation sont responsables de la conduite de l’évaluation externe : The National Institution
for Academic Degrees and University Evaluation; The Japan University Accreditation
Association; The Japan Institution for Higher Education Evaluation. Chaque université est libre
de choisir l'une de ces trois agences, dont l’activité est contrôlée par le « Central Council for
Education ». L'évaluation couvre principalement la qualité de l’enseignement.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 46
6. Les systèmes d’accréditation des institutions et des programmes d’études existent dans la
plupart des pays développés. Leurs formes sont variables. Aux USA, à titre d’exemple, l’ABET
(Accreditation Board for Engineering and Technology) est, depuis 1932, l’organisme accréditeur
des programmes de formation d’ingénieurs des écoles et des universités. L’ABET est une
organisation non gouvernementale fédérant des organismes techniques et professionnels
représentant les domaines des sciences, de l’informatique, l’ingénierie et la technologie. The
American Society of Civil Engineers, the American Society for Engineering Education et the
Society of Manufacturing Engineers en font partie. L’une des conséquences de l’action de
l’ABET est que les formations d’ingénieurs au niveau Bachelor sont relativement standardisées.
7. Les organismes professionnels sont fortement impliqués dans l’accréditation et le pilotage des
formations d’ingénieurs.
8. Le système LMD est presque généralisé, mais des difficultés existent.
9. Un autre point commun est la coexistence des niveaux bachelor et master, de formations de
techniciens supérieurs et d’ingénieurs. Dans une Logique de continuum technologique, des
passerelles existent à plusieurs niveaux. La formation continue est une voie d’évolution pour
accéder au diplôme d’ingénieur.
10. Les élèves ingénieurs représentent entre 10% et 30% des étudiants.

Les principaux écarts du système tunisien par rapport au reste du monde


La comparaison du système tunisien de FI aux systèmes de FI étudiés révèle les écarts suivants :
1. Exceptées quelques filières d’excellence, en petits effectifs, qui ont réussi à acquérir une
notoriété nationale et internationale, le système tunisien de formation d’ingénieurs est
généralement peu élitiste.
2. La part du secteur privé est longtemps demeurée en deçà des niveaux internationaux,, mais les
évolutions les plus récentes indiquent des progrès considérables sur le plan du nombre
d’étudiants inscrits.
3. En dehors de quelques expériences réussies, la production de Ph.D en ingénierie n’est pas
suffisamment adossée à une recherche adaptée (Recherche appliquée, R & D). Elle n’est par
ailleurs pas suffisamment capitalisée par son injection dans la formation des ingénieurs (dans
les enseignements).
4. L’absence d’une instance indépendante de pilotage des formations d’ingénieurs en Tunisie.
5. L’inexistence d’un système d’accréditation des institutions et des programmes de formation.
L’Instance Nationale d’Evaluation, de l’Assurance Qualité et de l’Accréditation créée par la loi
n°2008-19 du 25 février 2008 relative à l’enseignement supérieur ne dispose pas à ce jour de
référentiels validés, ne semble pas être engagée dans un processus de reconnaissance ou
d’accréditation par les meilleures agences reconnues à l’échelle internationale et n’a pas acquis
d’expérience dans l’accréditation ; ce qui légitime les interrogations concernant la
reconnaissance internationale des évaluations et des accréditations qu’elle serait menée à
réaliser au niveau des formations d’ingénieurs.
6. La faiblesse des instances professionnelles et de leur implication dans le système national de
formation d’ingénieurs.
7. Le système autrefois élitiste et sélectif (Instituts préparatoires et concours nationaux) se
transforme en une voie dominante majoritaire dans les EFI publics.
8. Il n’existe pas de vision globale en termes de position internationale. Avec un total annuel de 1
million d’ingénieurs, les deux premiers producteurs mondiaux d’ingénieurs, à savoir l’Inde et la
Chine, agissent d’une manière proactive et étudiée. Ils se positionnent dans la mondialisation.
Ce n’est pas le cas de la Tunisie.
9. Articulation insuffisante des systèmes de formation des techniciens supérieurs et des
ingénieurs : insuffisance des passerelles et des formations continues. Au niveau mondial, ils
sont considérés comme faisant partie d’un système unique des métiers de l’ingénierie.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 47
1.6 - Pilotage National des Formations d’Ingénieur

1. Le pilotage des formations d’ingénieur au niveau national

Dès le début des années 90 et en l’espace de 20 ans, la création de l’ENIT, puis d’une quinzaine
d’écoles d’ingénieurs, et autres Instituts technologiques , la multiplication des institutions, leur répartition
géographique, la recherche d'une plus grande optimisation des moyens, avaient rendu nécessaire la
mise en place d’une structure nationale de coordination des formations technologiques. C'est ainsi que
fut créé en 1992 le Comité de rénovation des études d'ingénierie et de technologie (CREDIT), dont les
attributions étaient de : veiller à la qualité des formations, à la cohérence de la politique de formation
des ingénieurs et techniciens supérieurs, assurer une mission d'audit et d'évaluation des formations
d'ingénieurs. Publié deux années après la mise en place effective du comité, le décret 95-470 en
précise, dans son Art. 16, les objectifs : « Il est créé auprès du ministre de l'enseignement supérieur un
comité consultatif dénommé comité de rénovation des études d'ingénierie et de technologie, chargé de
veiller à la qualité et au niveau de la formation des ingénieurs et des techniciens supérieurs en vue de
répondre aux besoins de l'économie en cadres techniques qualifiés. Il est appelé à veiller à la
cohérence de la politique de formation des ingénieurs et des techniciens supérieurs dans les différentes
institutions concernées et à réaliser des missions d'inspection et de contrôle des cycles de formation ».
Le CREDIT a constitué une initiative ambitieuse, visionnaire et efficace. Il a permis d’accompagner la
mise en place, dans les meilleures conditions, de la Réforme de 1994 qui préconisait notamment la
révision de la durée des études d’ingénieurs, l'instauration du concours national d'accès, la création des
ISET. Ce fut également une occasion propice pour exiger de l'ensemble des EFI une refonte des plans
d'études et des programmes en fonction des filières pertinentes identifiées21.
Le point faible de cette initiative, qui lui a été fatal, a été d’avoir rattaché le CREDIT au Cabinet du
ministre, si bien qu’au terme d’une période de moins de deux années d’une activité flamboyante, et
juste après l’entrée en vigueur de la réforme, ses activités se ralentirent, puis s’éteignirent peu à peu
pour disparaitre totalement, une évolution devenue naturelle : avec la « normalisation » progressive des
formations d’ingénieurs, il n’était plus jugé nécessaire en effet qu’un organe de pilotage spécifique fût
dédié à ces formations.
Une fois la mission du CREDIT terminée, les plans d’études et les programmes ont été précisés
dans des arrêtés ministériels ; depuis, leur modification est règlementée, mais les EFI disposent d’une
certaine marge pour modifier des curricula. Depuis quelques années, l’habilitation d’une FI s’est trouvée
grandement simplifiée en pratique ; elle tient désormais à deux rapports d’évaluation positifs fournis
respectivement par un industriel et un académicien, et à l’approbation du Conseil Scientifique. Mais à
l’expérience, ce processus d’habilitation s’est avéré fragile, peu performant, et nécessite une
transformation profonde.
Ironie du sort : 20 ans après la disparition du CREDIT, il nous faut aujourd’hui redoubler
d’imagination pour envisager la création d’une instance quasiment identique...mais dans un contexte
devenu autrement plus complexe ; décidément, l’histoire est un éternel recommencement !
L’enseignement supérieur et la recherche scientifique sont régis par les textes suivants : loi cadre
19-2008, décret n° 2008-2716 du 4 août 2008, décret n° 2011-683 du 9 juin 2011, et décret 644 -
2009 relatif à la recherche en constituent les textes principaux en relation avec le pilotage des FI. Par
ailleurs, il est stipulé que les écoles d’ingénieurs et les instituts préparatoires sont sous tutelle
scientifique et pédagogique d’universités pluridisciplinaires (Article 4 et 14 de la loi 19-2008)

21 A.Friaa : Sur l'évaluation des formations d'ingénieurs et de techniciens supérieurs ; in Les nouveaux défis des écoles d’ingénieurs ; 6è
journées Internationales de Technologie ; Pnom Penh ; 1996.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 48
Le Conseil des Universités « présidé par le ministre et qui se compose des présidents des
universités et des directeurs généraux de l’administration centrale du ministère » est le seul organe
habilité à statuer sur des opérations faisant intervenir plus d’une université. Hors de ce cadre, la
coordination entre institutions d’universités différentes n’est pas prévue... sauf précisément pour le cas
des EFI où une telle coordination transuniversités est permise. En effet, sont membres du conseil des
Universités : i) d’une part le Président de l’IRESA dont le mandat est de superviser l’ensemble des EFI
agricoles, ii) d’autre part le DG. des Etudes Technologiques dont la fonction est d’assurer la liaison
entre tous les EFI sous tutelle du MESRS, publics et privés. En pratique et à l’expérience, si l’IRESA
assure réellement le pilotage des EFI agricoles en raison d’un rattachement organique clair, ce n’est
pas le cas de la DGET dont ni les ressources propres ni les rapports organiques avec les EFI ne
l’autorisent à exercer la fonction de coordination entre les EFI et a fortiori du pilotage national du SNFI.
En pratique, la fonction du pilotage national des formations d’ingénieurs se conçoit aujourd’hui comme
le résultat d’initiatives prises au niveau des institutions, d’universités, de la DGET ou d’autres structures
du ministère comme la DGES pour les formations du secteur privé.

Au terme d’une analyse de la situation actuelle fondée sur une cartographie précise et détaillée des
instances de coordination, des établissements de formation, et des structures de recherche, il est
possible de décrire brièvement comment se présente le panorama des formations d’ingénieurs dans les
quelques points qui suivent :
Les formations d’ingénieurs ont évolué sous la pression de l’augmentation des capacités
d’accueil, ce qui a contribué à l’élargissement de l’éventail de l’offre sans réelle étude de
l’environnement socio économique, ni du marché de l’emploi ni encore des capacités internes de
formation.
En comparaison avec le modèle français initialement pris pour référence en 1994, les
spécificités des FI en tant que formation d’élite, sélective, fortement encadrée, par des enseignants
possédant des capacités adaptées, ont connu des fortunes diverses.
L’absence de Référentiel National de FI, et le manque de coordination entre les acteurs
concernés (DGET, universités ou les EFI), font que les décisions de création et/ou de conversion
d’écoles, de spécialités, ou de cours, se prennent en interne par le ministère et les EFI sans
connaissance précise de tous les enjeux. A contrario, il arrive également que la création d’une nouvelle
spécialité soit le résultat d’une initiative interne à l’EFI où ni l’université ni le ministère ne sont
préalablement impliqués.
Une évaluation en interne devrait mettre en évidence la faiblesse et /ou la déficience structurelle
des canaux de communication avec l’extérieur et de feed-back, où souvent l’élève ingénieur stagiaire ou
en PFE constitue l’unique pont avec le monde extérieur. En l’absence d’organe d’évaluation, ces
aspects ont généré un fonctionnement pratiquement en boucles ouvertes à différents niveaux:
(Ministère, Universités, EFI, Départements).
L’inadéquation des moyens et des ressources avec les objectifs présumés d’un enseignement
opérationnel à la hauteur de la demande et en phase avec le marché de l’emploi a aussi favorisé une
dérive où progressivement la FI s’est fondue dans le paysage commun de la formation universitaire et a
perdu substantiellement sur le fond ; en gardant la nomination et schématiquement la forme du cursus.
La distribution des EFI en rapport avec l’activité socio-économique, la redondance de
formations, la dispersion du corps des enseignants chercheurs et des moyens, les tailles des effectifs,
le spectre des spécialités, le niveau de chômage pour certaines filières pourtant maintenues, reflètent
des dysfonctionnements aussi bien globaux relevant du niveau central, que d’autres locaux au sein des
EFI.
L’absence ou l’interruption des programmes d’audit et d’évaluations internes et externes des
établissements combiné à l’absence de la fonction « d’observation » de l’environnement socio
économique et de sa demande a affaibli la capacité des différents acteurs à concevoir de véritables
stratégies et des plans d’action cohérents dans le secteur. La restructuration des organes d’orientation

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 49
et d’encadrement de la FI au niveau central, et la réorganisation des organes de pilotage spécifique au
sein des IFI semblent constituer des évolutions incontournables.

2. Textes règlementaires et fonctionnement des instances


Les articles 1 et 2 de la loi 19-2008 portent sur les objectifs de l’enseignement supérieur et ses
missions générales. Mais sur l’essentiel, la loi n’a pas prévu de mécanismes précis assurant les liens et
les articulations entre l’activité de formation et les objectifs et les missions déclarés. Bien que l’article 9
de la loi 19-2008 stipule que « l’étudiant est au centre du système », la pratique indique qu’il ne l’est pas
toujours.
L’augmentation non coordonnée des effectifs dans les EFI depuis une dizaine d’années, sans
objectifs clairs, ni moyens, ni capacités, constitue une illustration forte du mode de pilotage en vigueur
dans le système national de formations d’ingénieurs. L’inefficience des instances au niveau des IFI s’est
par ailleurs traduite par une gouvernance ayant peu de visibilité, manquant d’objectifs propres, de
référentiels et de liens avec l’extérieur.
Une singularité du système tunisien, consiste en l’intégration de la formation des ingénieurs et des
prépas dans des universités généralistes incluant des facultés et des instituts sur un large spectre de
champs disciplinaires, selon un canevas commun de formations universitaires. Un système universitaire
centralisé, caractérisé par la modestie de ses structures, a conduit à l’uniformisation de la FI avec le
reste des composantes. La disparition de la dimension technologique et des particularités
pédagogiques des instances a abouti à l’effacement des spécificités d’administration et d’ouverture sur
le milieu extérieur dont les EFI ont tant besoin. Le cas des Instituts Préparatoires aux Etudes
d’Ingénieurs (IPEI) qui ont une fonction exclusivement pédagogique (préparer au concours), et qui
disposent d’un conseil scientifique et pas de conseils pédagogiques est un exemple de ces
dysfonctionnements. Les facultés des Sciences (F.S Tunis) qui forment des ingénieurs sans
encadrement technologique adéquat en est un autre.
L’exercice d’une activité de recherche dans les IPEI se trouve par ailleurs en contradiction avec les
articles 5 et 28 du décret 644-2009. Cette pratique est également révélatrice de l’orientation
pédagogique des prépas.

5. L’enfermement des Formations d’ingénieurs est inscrit dans la loi:


Au vu des compositions des instances des EFI et de leurs attributions (décret 2008-2716 et décret-
loi 2011-31), il semble que le besoin d’établir et de renforcer les liens avec l’extérieur ne constitue pas
un souci et encore moins un objectif. Dans toutes les instances prévues (Université, conseil d’université,
direction des institutions, conseil scientifique), le milieu extérieur est très faiblement représenté (près de
10%), et se trouve exclu de toute position de pouvoir (simple membres). Les 90% restants
appartiennent d’une manière ou d’une autre à l’institution. Formellement, les relations avec l’extérieur
sont rattachées à un service central de l’université et les instances des FI en terme d’ouverture se
limitent aux services des stages. De fait, peu de dispositions sont prévues dans ces instances pour
s’ouvrir et interagir avec l’extérieur. L’absence d’interfaces opérationnelles de valorisation de la
recherche en partenariat avec le tissu économique(BUTTs) en est une illustration supplémentaire.
Le cloisonnement est dans les textes, L’enfermement est structurel. Les instances de pilotage et de
gouvernance sont limitées au fonctionnement en cercles fermés et ne peuvent donc pas réussir
l’ouverture sur le milieu extérieur.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 50
3. Mais comment attester de la qualité des formations d’ingénieur ?

Dans le paysage diversifié des formations d’ingénieurs qui s’est installé, comment attester de la
qualité d’une formation d’ingénieurs ? Et quel établissement peut être habilité à dispenser une telle
formation conduisant à délivrer le diplôme d’ingénieur ? La réponse à cette question a été apportée
dans la plupart des pays du monde. Elle consiste à faire accréditer les formations d’ingénieur en amont
par des organismes d’accréditation indépendants, lesquels ont également pour fonction de protéger Le
titre d’ingénieur diplômé. L’accréditation, acte technique de vérification de la conformité d’une formation
à un référentiel et à des standards préétablis, ne doit cependant pas être confondue avec l’habilitation,
acte administratif par lequel le ministère autorise un établissement à dispenser cette formation et à
délivrer un diplôme.

Le principe de l’accréditation

Il convient à ce stade de préciser les définitions et les concepts : i) l’évaluation, interne ou externe, est
une analyse menée en interne ou par un organisme ou des experts indépendants donnant lieu à un
rapport évaluant la propension d’un établissement à atteindre ses propres objectifs, ce qui pose la
problématique de la pertinence des objectifs et de l’adéquation aux objectifs ; ii) l’accréditation est un
jugement de la conformité d’un programme au regard d’un référentiel et de standards préétablis par des
organismes indépendants, mettant l’accent sur la double vocation académique et professionnelle de la
formation, et basé sur une évaluation externe menée périodiquement par un organisme indépendant
dont la notoriété est reconnue ; iii) l’habilitation est une décision réglementaire ou légale d’exercer dans
l’enseignement supérieur, souvent basée sur les résultats d’évaluation/accréditation.
Ainsi l’accréditation des programmes de formation d’ingénieur est du ressort d’organismes
indépendants qui ont, entre autres, pour mission d’évaluer périodiquement les programmes de
formation dans une école d’ingénieurs, conformément à un référentiel et à des standards établis. La
procédure d’accréditation prend en considération tous les tenants et les aboutissants des programmes
de formation au sein d’un établissement, à l’instar des aspects ayant trait :
aux données historiques de l’établissement, à son organisation, à sa stratégie de développement,
à sa gouvernance et aux ressources humaines, matérielles et financières mobilisées ;
aux partenariats académiques, technologiques, industriels, etc. mis en œuvre au double plan
national et international par l’établissement ;
aux programmes d’études, à leurs objectifs, aux acquis d’apprentissage et à la pédagogie mise en
œuvre ;
à la sélection des étudiants à l’admission ;
à l’insertion des diplômés dans le marché du travail ;
à la démarche qualité et au processus d’amélioration continue au sein de l’établissement.

Insuffisance du cadre juridique actuel en Tunisie

Une instance nationale de l’évaluation, de l’assurance qualité et de l’accréditation (IEAQA) a été créée
par la loi n°2008-19. Conformément aux standards internationaux, cette instance ne possède pas les
attributs pour l’accréditation des formations d’ingénieurs : i) elle n’est pas indépendante de par son
statut d’établissement public sous tutelle du ministère de l’enseignement supérieur ; ii) ses missions
sont vastes (évaluation et accréditation) et touchent toutes les disciplines de l’enseignement supérieur ;
iii) elle n’est pas spécifique aux formations d’ingénieurs et la profession n’y est pas significativement
représentée (Patronat, Ordre des ingénieurs, associations professionnelles, etc.) ; iv) l’accréditation y
est instaurée sur la base d’une démarche volontaire de l’établissement en déconnexion totale avec
l’acte d’habilitation.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 51
L’accréditation des programmes de formation d’ingénieurs au niveau national, si elle est menée
conformément à des référentiels et des standards partagés mondialement, aurait un double avantage.
D’un côté le diplôme serait doté d’une valeur reconnue, et offrirait des opportunités pour le marché
international en plus des débouchés sur le marché local, l'accréditation étant de plus en plus reconnue
comme catalyseur de la mobilité des ingénieurs. D’un autre côté, la visibilité des labels d’accréditation
jouera un rôle important dans l’attractivité du site Tunisie pour les étudiants étrangers.
Plus concrètement, l'instance d'accréditation aurait, entre autres, comme vocation: i) - d'assurer les
jeunes et les entreprises que les formations habilitées satisfont des critères de qualité, régulièrement
vérifiés par une organisation indépendante, reconnue au niveau international; ii) - d'assurer que les
formations habilitées délivrent un diplôme à spectre large, combinant base scientifique, compétences
techniques et professionnelles, formation économique, expérience en entreprise et ouverture
internationale.
Si tout le monde est convaincu de la nécessité d’instaurer rapidement un mécanisme d’accréditation
des formations d’ingénieurs, il n’en demeure pas moins que plusieurs questions importantes sont à
aborder pour la mise en place de ce mécanisme : Quelles sont les parties prenantes à réunir pour créer
un organe d’accréditation ?; Quels sont les mécanismes pour lui assurer une reconnaissance par les
autorités publiques au plan national ?; Comment assurer une reconnaissance internationale à cet
organisme ?; Faut-il subordonner l’habilitation à délivrer un diplôme d’ingénieur à l’accréditation ?; Faut-
il continuer à parler de diplôme national, ou bien plutôt de diplôme spécifique à l’établissement portant
le sceau de l’accréditation ?; Quid de l’équivalence des diplômes étrangers et des diplômes délivrés par
les établissements privés ?; Quel référentiel et quels standards faudrait-il adopter ?
Au regard des expériences internationales, les attributs majeurs d’une instance nationale
d'accréditation à créer sont : l’indépendance statutaire ; la spécificité de ses missions en ce sens
qu’elle est dédiée principalement à l’accréditation des programmes de formation d’ingénieurs ; la
transparence dans les processus de traitement des dossiers et de prise de décision ; l’adoption de
référentiels et de standards nationaux en phase avec les standards internationaux ; la reconnaissance
des accréditations par le gouvernement comme garant de la qualité des formations et des diplômes
délivrés : subordination des habitations aux accréditations ; la reconnaissance internationale.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 52
1.7 - La gouvernance locale des EFI

La gouvernance des établissements de formation d’Ingénieurs (EFI) correspond à la manière d’en


définir les objectifs, de les mettre en œuvre, d’en gérer les activités et d’effectuer le suivi des résultats.
Les investigations préliminaires conduites par le GEFI ont révélé une multitude de faiblesses qui
interpellent. Ces faiblesses évoquent notamment un mode de gouvernance inadapté à la mission des
EFI : déconnexion avec les grands défis du pays, logistique défaillante (logement, transport), gap de
compétences vis à vis des attentes de l’industrie ; problèmes d’ouverture sur l’environnement ; faible
implication du tissu socioéconomique ; absence de suivi des diplômés ; faible valorisation technologique
à l’Ecole ; inexistence d’un programme de mise à niveau des enseignants ; absence de tout grand
programme de recherche technologique ; absence de stratégie d’établissement ; faible intégration des
nouvelles technologies et des nouvelles méthodes d’enseignement et d’évaluation ; etc. Le GEFI a donc
entrepris un travail d’analyse approfondie de la gouvernance des EFI, articulée sur cinq axes : i)
Contexte général, mission et buts, ii) Orientation managériale, iii) Autonomie, iv) Responsabilisation, v)
Participation. L’analyse s’est basée sur l’examen des textes règlementaires, des indicateurs 22 de
gouvernance, et des résultats de l’enquête spécifique effectuée auprès d’un groupe d’EFI représentatifs
(publics, privés et académies militaires). L’analyse s’est également basée sur une étude documentaire
portant sur les rapports et études disponibles au Ministère.

1. Cadre légal, mission et buts


Les EFI sont sous la tutelle scientifique et pédagogique de l’université et sous la tutelle
administrative et financière du président de l’université (Loi 2008-19). Quant aux missions générales
des EFI, elle ont été, par l’art.25 du décret 2008-2716, mises en conformité avec celles de tous les
autres établissements d'enseignement supérieur et de recherche, mais gardent des missions
spécifiques précisées par le décret 95-2602 fixant le cadre général des études et les conditions
d’obtention du diplôme national d’ingénieur. S’agissant des buts, des objectifs et des obligations, l’article
24 du décret 2008-2716 précise qu’ils sont définis par des contrats de formation et de recherche. Mais à
ce jour, aucun EFI n’est engagé dans un contrat quadriennal de formation et de recherche vis-à-vis de
la tutelle.
Concernant les établissements d’enseignement privé, ils sont régis par le code du commerce et les
lois et décrets relatifs à l’enseignement supérieur privé. Les Arrêtés du Ministre de l'enseignement
supérieur du 28 septembre 2000 régissent l’organisation et le fonctionnement des Etablissement Privés
d’Enseignement Supérieur, notamment selon un cahier de charges précis, actuellement en cours de
révision.
Issu de l’analyse des textes règlementaires associée aux résultats de notre propre enquête réalisée
auprès des EFI, le diagnostic révèle un certain nombre de points faibles :
Le cadre légal est dispersé sur plusieurs lois, décrets et circulaires.
L’exercice de contractualisation inachevé a révélé que, aussi bien les EFI que les Universités et
le MESRS, n’ont pas les capacités de mobiliser les parties prenantes pour une définition et un
engagement sur des buts, objectifs et obligations en termes de formation et de recherche.
Les EFI, et les Universités, n’ont pas la capacité d’appréhender leur environnement socio-
économique pour identifier les besoins en compétences et métiers auxquels ils vont former. L’échec des
observatoires créés au sein des universités en est un exemple.
Le fonctionnement des EFI et de leurs instances souffre d’une mauvaise communication sur les
programmes, performances, services, moyens humains et matériels, budgets, situation qui nuit à leur
visibilité et à leur crédibilité en interne chez les étudiants et en externe.

22 Ces indicateurs concernent le budget alloué (pour l’enseignement et la recherche), les locaux et espaces dédiés à l’enseignement, la recherche, la vie

associative (culturelle et sportive), etc.., les ressources humaines (nombre/ catégories/encadrement en étudiants, enseignants et personnel ATOS) et la
vie étudiante (hébergement, restauration, vie associative, information et aide à l’insertion professionnelle, etc.).

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 53
2. Orientation managériale
Bien que prévue dans la loi 2008-19, la planification stratégique et l’ensemble des principes relevant
du nouveau management public, ne sont pas appliqués dans les EFI publics, lesquels pratiquent un
management qui au minimum empêche leur développement et affecte négativement la qualité de leurs
activités. Les insuffisances identifiées sont notamment les suivantes : i) autonomie de gestion très
limitée tant au niveau de la génération qu’au niveau de la gestion des ressources ; ii) suivi analytique
insuffisant des activités et des processus qui empêche l’optimisation des ressources ; iii) gestion de
l’urgence privilégiant le maintien et le développement de la capacité d’accueil aux dépens d’objectifs
d’amélioration de la qualité ; iv) inadaptation du profil de certains responsables d’EFI par rapport à leur
mission requérant des capacités managériales particulières ; v) incompatibilité des procédures de
gestion des ressources humaines avec une gestion par les performances ; vi) faible intégration des
systèmes d’information notamment pour les besoins de reporting et d’aide à la décision.

La structure organisationnelle des EFI publics se présente ainsi :


Le directeur dirige l’établissement, en assure le bon fonctionnement scientifique et pédagogique,
coordonne les organes d’enseignement et facilite les aspects administratifs de la recherche ; Il est
secondé par les directeurs des études, des stages, de département et de l’école doctorale. Le directeur
est élu parmi les membres élus du Conseil scientifique (CS), et objectivement, le risque que ses
décisions soient influencées par ceux qui l’ont élu existe. Par ailleurs et avec une telle procédure, le
poste de direction d’une école d’ingénieurs est un monopole des enseignants chercheurs «maison».
Le conseil scientifique « assiste le directeur ». Ses attributions comportent certaines missions à
caractère très général «examen des questions relatives à l'élaboration et suivi du projet de
l'établissement et de son fonctionnement », et les termes technologie, pédagogie, vie étudiante,
relations extérieures et relations internationales, ne figurent pas parmi ses attributions. Il est composé à
une très forte majorité d’enseignants chercheurs de l’institution. Le mode de désignation du directeur et
la composition du CS sont susceptibles d’engendrer d’importants effets indésirables : méconnaissance
de la profession, installation de la monoculture pédagogique et scientifique, avec les risques
d’enfermement et résistance au changement. Les intérêts des concernés non enseignants (étudiants,
employeurs, profession, utilité publique) ne sont pas ou sont très peu représentés dans le CS.

L’organisation des EFI du secteur privé est fixée par le cahier des charges 23 . Les EFI privés
disposent d’une assemblée générale des actionnaires, d’un conseil d’administration et d’un directeur
général nommé par le conseil d’administration pour un mandat de 3 ans renouvelable. Au titre des
textes règlementant l’enseignement supérieur privé, les EFI privés disposent également : i) d’un
directeur d’établissement nommé par le Directeur Général sans durée de mandat précise, ii) d’un
conseil scientifique composé pour les 2/3 d’enseignants permanents, qui comporte un représentant du
MESRS sans voix délibérative et, iii) d’un conseil de discipline. Le règlement intérieur de l’établissement
explicite le rôle du conseil scientifique et est approuvé par le MESRS. Certains établissements privés
consultés ne se sont pas limités à la structure fixée par les textes mais innovent dans le sens où ils
disposent également de cellule d’audit qualité, d’un conseil d’orientation stratégique, etc.

En résumé, le mode managérial des EFI se distingue par les tendances suivantes :
Les membres des organes décisionnels des EFI publics sont élus par leurs pairs sur la base
de critères ne tenant compte ni de programmes d’actions stratégiques portés par les candidats ni de
qualités managériales. En revanche, les EFI privés recrutent le top management sur la base de
programmes d’actions stratégiques ou pour leurs qualités managériales.

23 Le cahier des charges prévoit en plus, des dispositions sur le personnel enseignant (ratio enseignant/étudiant), les enseignements dispensés, le contrôle

des connaissances, les obligations des établissements privés d’enseignement supérieur, le contrôle des établissements privé d’enseignement supérieur. Le
cahier des charges fournit également un guide référentiel des constructions universitaires.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 54
Pour les EFI du secteur privé, les relations entre les organes décisionnels (conseil scientifique
- conseil d’administration - directeur de l’établissement) ne sont pas explicitées et une ambigüité sur la
primauté de la loi à appliquer subsiste (code du commerce ou loi spécifique à l’enseignement
supérieur).
Les EFI publics font état d’un manque flagrant aussi bien quantitatif que qualitatif de leur
personnel administratif ; de plus, l’organisation des établissements manque de manuels de procédures,
de procédures d’évaluation des performances du personnel et de mesures incitatives. Enfin, plusieurs
structures introduites en accompagnement de la loi 19-2008 ou de projets de réformes structurelles ne
sont pas fonctionnelles telles les Comités pour la Qualité, les cellules d’aide à l’insertion des diplômés et
les Bureaux de Transfert Technologique (BUTTS).

3. Autonomie
Gestion financière : L’autonomie financière des EFI publics est contraignante en raison du
contrôle a priori auquel sont soumis les établissements publics à caractère administratif (EPA). Elle peut
être renforcée si l’EFI est érigé en EPST, avec une comptabilité de type commercial et un contrôle a
posteriori. Une des conditions est la génération de ressources propres –à hauteur de 20%- via le
consulting, la formation continue, et toute autre activité d’ouverture sur l’environnement. A ce jour,
aucun EFI n’a présenté de requête pour la migration à ce statut. Les EFI privés jouissent d’un degré
d’autonomie élevé, sachant que le ministère exerce un contrôle a posteriori.
Autonomie académique : Les EFI profitent d’une certaine autonomie académique au niveau de
l’élaboration des curricula, de l’introduction de nouveaux programmes et de l’attribution du nombre
d’heures ainsi que des modalités d’évaluation des étudiants. En revanche, elles sont contraintes de
sélectionner les intrants exclusivement via les concours nationaux d’entrée aux écoles d’ingénieurs
et/ou le concours spécifique. Elles ne sont pas autorisées, à titre d’exemple, d’élargir leur recrutement
aux autres concours internationaux, français par exemple comme le propose l’EPT.
Les EFI privés dispensent des enseignements conformes à ceux déterminés par les textes du
secteur public. Leurs programmes sont soumis à des habilitations du ministère selon un dispositif
d’évaluation par des experts et le passage du dossier devant une commission ad-hoc (DGES). Ce
processus n’impose pas de conditions vis-à-vis du corps enseignant hormis un ratio minimal
étudiant/enseignant exigé ainsi qu’un taux d’enseignants permanents récipiendaires de doctorat (Cf.
Tableau 4). Enfin, ils ont la latitude pour fixer les mécanismes d’admission ainsi que le nombre
d’étudiants par programme et d’élaborer différentes stratégies dont celle du recrutement. De manière
générale, l’enseignement supérieur privé est régi quasiment par les mêmes pratiques que le public ce
qui entraine les mêmes types de difficultés et de contraintes et limite considérablement le champ
d’innovation pédagogique et d’adaptation des établissements aux évolutions technologiques et aux
besoins en compétences du secteur productif.

4. Responsabilisation
La Responsabilité sociale des EFI est évaluée via l’assurance qualité et le niveau et les modalités de
diffusion de l’information à toutes les parties prenantes. En pratique, tous les mécanismes et les
structures existants de suivi des cohortes et d’aide à l’insertion des diplômés (les observatoires) et a
fortiori de leur diffusion sont déficients. La qualité des sites web de nos EFI en témoigne.
Le contrôle et l’intégrité financière des EFI sont évalués via la disponibilité des documents
budgétaires et la possibilité de leur consultation par les différentes parties, la fréquence des audits
financiers et l’existence de sanctions standardisées en cas de fraudes. Concernant la communication
autour des questions financières, les EFI ne mettent pas à la disposition du personnel académique ni
des étudiants ni du grand public les éléments budgétaires. Pour ce qui est des audits financiers, tous
les EFI s’y prêtent, publics comme privés à des fréquences variables compte tenu de leurs statuts

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 55
respectifs mais ne communiquent jamais les résultats à l’extérieur des établissements. Enfin, et en
matière de sanctions, les EFI disposent de règles standardisées, également conformes aux textes
régissant leurs statuts respectifs.

5. Participation
Il existe des insuffisances dans tous les EFI, qu’ils soient publics ou privés, au niveau de la
participation des différents acteurs à la prise de décision. La participation est moindre dans les EFI
privés en raison de l’absence de syndicats ou associations représentant les professeurs, corps
administratifs ou étudiants.
La participation du corps académique au processus stratégique (définition des buts, élaboration de
la stratégie, allocation du budget, détermination du type de cours) est relativement forte
comparativement à celle d’autres acteurs centraux comme les étudiants (qui ne disposent pas de droit
de vote) ou encore des représentants du secteur économique, du personnel administratif et des alumni.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 56
Une nouvelle vision du Système
National de Formations d’Ingénieurs.

2ème Partie
Les objectifs et les propositions.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 57
Une nouvelle vision des formations d’ingénieurs, clé de
voute du développement économique durable du pays.

L’évolution du système et les tendances fortes


L’évolution du SNFI, et le constat établi par le GEFI, permettent d’en dégager les lignes de force et de
faiblesse, qui se déclinent en tendances fortes, en constantes du système sur lesquelles il va falloir
s’organiser pour agir vite et prendre les décisions appropriées. Les tendances fortes identifiées sont
nombreuses, et malheureusement en majorité plutôt des points faibles. On peut les énoncer
globalement, et sans ordre préétabli, comme suit :
Un système difficile à réformer ; un foisonnement d’établissements incontrôlé ; un pilotage national qui
se cherche ; une grande disparité en termes de qualité et performance ; une difficulté à mettre en place
des évaluations régulières ; la R&D, un présent absent ; une majorité d’établissements sans visibilité
internationale ; des filières peu lisibles ; une rupture consommée avec le milieu économique ; la maitrise
de la communication, des langues, de l’expression, de la culture générale est difficile à instaurer ;
l’éducation scolaire forme un handicap durable ; le concours est une construction précaire ; des profils
pas toujours connectés sur la demande nationale ; les élèves ne sont pas au centre mais à la périphérie
du système ; des diplômés livrés à eux mêmes ; les alumni : une tradition impossible ; émergence
d'écoles privées performantes ; sur le plan numérique, le secteur privé talonne le public ; les
enseignants constituent un point fort du système.
L’évaluation conduite par le GEFI , le constat et le diagnostic, conduisent à la définition des objectifs et
des aspirations, des moyens d’y parvenir et des actions à réaliser, une Nouvelle Vision pour les
Formations d’Ingénieurs, qui se décline en dix objectifs principaux, et forment autant de Défis pour la
Tunisie.

L’analyse conduite par le GEFI, et la Nouvelle Vision pour les Formations d’Ingénieurs qui s’en dégage,
ont permis de définir les Dix Objectifs principaux suivants :

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 58
Objectif 1 : Impulser une coordination solide et un pilotage national des formations
d’ingénieurs
Objectif 2 : Intégrer les techniques avancées, s’investir dans la recherche technologique
et valoriser ses résultats
Objectif 3 : Assurer une meilleure visibilité des formations d’ingénieurs, aux plans
national et international
Objectif 4 : Moderniser la gouvernance des établissements de formation
Objectif 5 : Impliquer effectivement les entreprises et les professionnels dans la
formation des ingénieurs
Objectif 6 : Offrir aux ingénieurs une solide formation scientifique et technique, humaine
et sociale
Objectif 7 : Préparer, et rationaliser, les accès aux formations d’Ingénieurs
Objectif 8 : Anticiper une demande en perpétuelle évolution
Objectif 9 : Placer les élèves au centre du système
Objectif 10 : Intégrer pleinement les formations privées au sein du SNFI
Ces Objectifs se déclinent chacun en un certain nombre de propositions, vingt deux au total, qui sont
énumérées dans l’encadré N°1 puis décrites plus en détail dans cette deuxième partie du rapport.

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Encadré N°2 : Les 22 propositions du GEFI

Objectif 1 : Etablir un pilotage national des formations d’ingénieurs


Proposition 1 : Un Conseil National des Formations d’Ingénieurs (CNFI)
Proposition 2 : Une Instance nationale d'accréditation
Proposition 3 : Nouveau cadre juridique, Loi cadre des formations d’ingénieurs
Proposition 4 : Vision d’ensemble des Métiers de l’Ingénierie dans le L.M.D.
Objectif 2 : Intégrer la recherche technologique et valoriser ses résultats
Proposition 5 : Créer des structures d’interface professionnelles.
Objectif 3 : Assurer la visibilité des EFI aux plans national et international
Proposition 6 : Création de Réseaux d’EFI
Proposition 7 : Favoriser le recrutement des étudiants étrangers
Proposition 8 : Remplacer l’attribution du DNI par le diplôme d’ingénieur EFI
Objectif 4 : Moderniser la gouvernance des établissements de formation
Proposition 9 : Favoriser le passage des EFI au statut d’EPST
Proposition 10 : Rénover le pilotage et le mode d’administration des EFI
Proposition 11:Assurer la communication des EFI et leur transparence
Objectif 5 : Impliquer effectivement les entreprises et les professionnels
Proposition 12 : Favoriser l’implication des entreprises et de la profession
Objectif 6 : Formation scientifique, technique, humaine et sociale
Proposition 13 : Garantir la qualité des formations
Proposition 14 : Renforcer le rôle et la place des professeurs
Objectif 7 : Rationaliser les accès aux formations d’Ingénieurs
Proposition 15 : Intervenir dès l’école de base
Proposition 16 : Rationaliser l’accès par les concours nationaux & spécifiques
Proposition 17 : Les Instituts préparatoires comme voie d’excellence
Objectif 8 : Anticiper la demande et adapter l’offre
Proposition 18 : Organiser l’information sur l’offre et sur la demande
Proposition 19 : Développer des outils de modélisation de la demande
Proposition 20 : Adapter les formations à la demande
Objectif 9 : Placer les élèves au centre du système
Proposition 21 : Chaque EFI doit développer sa stratégie de vie étudiante
Objectif 10 : Intégrer pleinement les formations privées au sein du SNFI
Proposition 22 : Clarifier et publier l’ensemble des procédures, des protocoles

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Objectif 1 : Impulser une coordination solide et un pilotage national des
formations d’ingénieurs

Proposition 1 :
Le Conseil National des Formations d’Ingénieurs (CNFI)

Une institution centrale permanente, consultative et indépendante (le CNFI), assure le pilotage, la
régulation et l’évaluation de l’ensemble du système national de formations d’ingénieurs (SNFI). Le CNFI
coordonne et oriente les activités d’enseignement et de recherche du SNFI dans le cadre de la stratégie
nationale. Il assure un rôle de régulation et établit les stratégies de positionnement des formations
d’ingénieurs. Il préconise les habilitations des nouvelles formations, les réseautages d’EFI, les politiques
de répartitions territoriales par la création ou la consolidation de sites de compétitivités sectorielles. Il
propose les grandes orientations de la recherche, veille à favoriser et dynamiser les canaux d’échanges
et d’implication de l’environnement socio-économique, et propose des priorités en matière de
coopération internationale.
Le CNFI supervise, sur les plans administratif, académique et scientifique, la mise en œuvre du
concours national. Il est chargé du suivi, de la mise à jour et de la rénovation des programmes des IPEI
et des EFI, ainsi que de l’évaluation permanente du fonctionnement du SNFI et de toutes ses
composantes. Pour mener à bien ses différentes missions, le CNFI procède à la création de
commissions spécialisées. Outre les attributions précisées dans le présent texte, le CNFI est
chargé d’émettre son avis sur toute question de sa compétence qui lui est soumise par l’autorité de
tutelle, ou par le président du CNFI.
Sauf cas particulier dument spécifié par l’autorité de tutelle, les rapports et avis du CNFI sont publics.
Le CNFI publie en outre un Rapport Annuel à l’intention du Président du Conseil des Ministres. Ce
rapport est à caractère public.
Le CNFI n’a aucune vocation à s’arroger une part des prérogatives des EFI et il n’existe à cet égard
aucun conflit de compétences mais une complémentarité entière. En tant qu’organe consultatif
indépendant et de par le profil de ses membres, le CNFI constitue une force de proposition et
d’orientation. A ce titre, il regroupe les représentants des principales parties prenantes : enseignants,
représentants des élèves, départements économiques de l’Etat, conseil de l’ordre des ingénieurs,
profession, employeurs, ainsi que, pour moitié, des personnalités reconnues pour leur compétence et
leur haute autorité sur les plans scientifique et technologique, siégeant au titre d’experts. Les membres
du CNFI sont nommés par Décret pour une période de quatre ans renouvelable une fois.
Le CNFI est rattaché au ministère chargé de l’enseignement supérieur. Sa composition et les
modalités de son fonctionnement sont fixées par décret. La création du CNFI est considérée comme
l’une des premières décisions majeures concrétisant la mise en œuvre de la nouvelle vision.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 61
Proposition 2 :
L’Instance nationale d'accréditation

L’accréditation est un jugement de la conformité d’un programme au regard d’un référentiel et de


standards préétablis, mettant l’accent sur la double vocation académique et professionnelle de la
formation, et basé sur une évaluation externe menée périodiquement par un organisme indépendant
dont la notoriété est reconnue, alors que l’habilitation est une décision réglementaire ou légale d’exercer
dans l’enseignement supérieur, généralement fondée sur les résultats d’évaluation/accréditation.
La procédure d’accréditation prend en considération tous les tenants et les aboutissants des
programmes de formation au sein d’un établissement, et notamment : les données historiques de
l’établissement, son organisation, sa stratégie de développement, sa gouvernance et ses ressources
humaines, matérielles et financières mobilisées ; les partenariats académiques, technologiques,
industriels ; les programmes d’études, leurs objectifs, les acquis d’apprentissage et la pédagogie mise
en œuvre ; la sélection des étudiants à l’admission ; l’insertion des diplômés ; la démarche qualité.
Une instance nationale de l’évaluation, de l’assurance qualité et de l’accréditation (IEAQA) a bien été
créée par la loi n°2008-19, mais selon les standards internationaux, cette instance ne possède pas les
attributs pour l’accréditation des formations d’ingénieurs : i) ses missions sont vastes (évaluation et
accréditation) et touchent toutes les disciplines de l’enseignement supérieur ; ii) elle n’est pas spécifique
aux formations d’ingénieurs et la profession n’y est pas significativement représentée ; iv) l’accréditation
y est instaurée sur la base d’une démarche volontaire de l’établissement en déconnexion totale avec
l’acte d’habilitation.
Si elle est menée conformément à des référentiels et des standards partagés mondialement,
l’accréditation des programmes de formation d’ingénieurs au niveau national présente un double
avantage. D’un côté le diplôme est doté d’une valeur reconnue, et offre des opportunités pour le marché
international en plus des débouchés sur le marché local. D’un autre côté, la visibilité des labels
d’accréditation jouera un rôle important dans l’attractivité du site Tunisie pour les étudiants étrangers.
Plus concrètement, l'instance d'accréditation aura, entre autres, comme vocation: i) - d'assurer les
jeunes et les entreprises que les formations habilitées satisfont des critères de qualité, régulièrement
vérifiés par une organisation indépendante, reconnue au niveau international; ii) - d'assurer que les
formations habilitées délivrent un diplôme à spectre large, combinant base scientifique, compétences
techniques et professionnelles, formation économique, expérience en entreprise et ouverture
internationale.
Au regard des expériences internationales, les attributs majeurs d’une instance nationale
d'accréditation sont : l’indépendance statutaire ; la spécificité de ses missions en ce sens qu’elle est
dédiée principalement à l’accréditation des programmes de formation d’ingénieurs ; la transparence
dans les processus de traitement des dossiers et de prise de décision ; l’adoption de référentiels et de
standards nationaux en phase avec les standards internationaux ; la reconnaissance des accréditations
par le gouvernement comme garant de la qualité des formations et des diplômes délivrés, avec
subordination des habitations aux accréditations ; la reconnaissance internationale.
Si tout le monde est convaincu de la nécessité d’instaurer rapidement un mécanisme d’accréditation
des formations d’ingénieurs, il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre de questions importantes
sont à clarifier pour la mise en place de ce mécanisme, ce qui nécessite la mise en place d’un groupe
de travail pour piloter le projet de l'instance d'accréditation, associant les parties prenantes majeures
avec la contribution d’experts.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 62
Proposition 3 :
Un Nouveau cadre juridique, Loi cadre des formations d’ingénieurs

Les rénovations proposées, du mode de pilotage national, de l’accréditation externe, de l’évaluation,


du pilotage interne et de la gouvernance des établissements, nécessitent l’amendement de plusieurs
articles de la loi cadre 2008-19, et d’articles du décret 2008-2876 et du décret 2011-31. Notre
proposition consiste à doter la formation d’ingénieurs d’une loi cadre qui constitue un pré requis
nécessaire pour une réforme significative des formations d’ingénieurs.

Proposition 4 :
Une Vision d’ensemble des Métiers de l’Ingénierie dans le cadre du système L.M.D.

Les Métiers de l’Ingénierie comprennent les Techniciens Supérieurs, actuellement formés dans les
ISET ou dans le cadre des Licences Professionnelles, les Ingénieurs formés dans les EFI, et les
Doctorants. Dans la plupart des pays, ces Métiers sont considérés comme un Tout, contribuant au
savoir faire de l’Ingénierie. Au début de la création de l’ENIT, ces filières étaient présentes (Cycles B, C,
D) et cohabitaient. En Tunisie, la Création des ISET a provoqué une partition un peu artificielle entre
ces métiers, pourtant étroitement imbriqués dans l’entreprise. Il est recommandé de développer une
Vision Générale d’Ensemble de ces Métiers, Intégrant les différents niveaux en termes de contenus et
de profils, et de multiplier les Passerelles entre Filières (Essentiellement ISET et EFI). Enfin, la
Généralisation au niveau Mondial du Système L.M.D nous impose de l’adopter dans les plus brefs
délais dans les Métiers de l’Ingénierie, comme c’est déjà le cas en Tunisie dans la plupart des autres
Filières.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 63
Objectif 2 : Intégrer les techniques avancées, s’investir dans la
recherche technologique et valoriser ses résultats

Proposition 5:
Créer, au sein des EFI, des structures d’interface professionnelles (Filiales).
La production scientifique tunisienne ne se traduit pas par des innovations industrielles et commerciales,
en raison notamment de l’absence totale de relations organiques entre les milieux scientifiques, les
écoles d’ingénieurs, et les industriels. Les établissements de formation d’ingénieurs sont soumis à de
nombreuses contraintes liées à leur statut d’établissement public à caractère administratif (EPA) qui les
empêche de contribuer effectivement à la production d’activités de R&D et au développement
économique du pays. Pour pouvoir gérer convenablement les activités de R&D et de valorisation, les
EFI publics doivent migrer vers le statut d’EPST voire d’Etablissement Public à caractère Non
Administratif (EPNA). L’EPST constitue la phase transitoire d’apprentissage de l’autonomie, qui facilite
la création et l’accompagnement de structures d’interface professionnelles (Filiales).
La loi 89-70 avait déjà prévu, dans son art.29, que « les universités...et les établissements qui en
dépendent ...peuvent commercialiser le produit de leurs activités et prendre des participations ». Cette
clause n’a jamais été utilisée, a disparu des lois suivantes, mais devrait pouvoir être actualisée et
remise au gout du jour, notamment dans la conception de la nouvelle loi cadre proposée, dédiée à
l’organisation des formations d’ingénieurs.
Sur le plan pratique, deux possibilités se présentent pour le montage des filiales, sachant que le souci
premier de l’efficacité est le critère de proximité, proximité des chercheurs et des ingénieurs sujets de la
recherche avec à la fois le demandeur , le « client », et avec le terrain et la problématique réelle. Quelle
que soit la voie de montage choisie, il faudra donc bien se garder de créer de nouveaux mastodontes
bureaucratiques. Les deux possibilités de création sont donc :
i) Création d’une filiale à l’échelle d’un grand établissement de formation d’ingénieurs, ou d’un Réseau
d’établissements.
ii) En association avec des EFI , ou des réseaux d’EFI dont l’activité n’est pas encore suffisante pour
justifier une filiale propre, l’ANPR (Agence Nationale de Promotion de la Recherche Scientifique,
établissement public créé par la loi n°2008-60 et la loi n°2010-42) peut créer des sociétés filiales dont le
capital social est partagé entre l’ANPR (plus de 25%), l’EFI (plus de 25%) et d’autres partenaires.
L’objet des sociétés filiales est la production, la valorisation, la commercialisation de biens et services
dans le domaine scientifique et technologique, d’une manière générale le développement, le transfert,
l’application et la mise en valeur des recherches scientifiques et technologiques effectuées dans les EFI
concernés, et notamment :
La promotion de la recherche technologique et de l’ouverture de l’EFI en vue d’associer l’industrie aux
recherches nécessaires à son développement
La contribution au financement et à l’accroissement du potentiel de recherche dans les laboratoires et
les entreprises
La gestion des relations contractuelles de développement, d’études et de recherches entre les
laboratoires de recherche et leurs partenaires extérieurs
La promotion de la création et de l’industrialisation de produits
La gestion de pépinières d’entreprises
L’incitation à la création d’entreprises de valorisation de la recherche

Les sociétés filiales peuvent également contribuer à résoudre d’autres anomalies constatées et
diagnostiquées dans le fonctionnement de la recherche conduite au sein des EFI :

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 64
Il n’existe pas aujourd’hui en Tunisie de capital intellectuel d’expertise de niveau international et en
masse suffisante capable d’intégrer en connaissance de cause les techniques avancées, de les
adapter, de transmettre le savoir-faire, de s’investir valablement dans la recherche technologique et de
valoriser ses résultats. Avec les moyens nouveaux qu’autorisent ces filiales, il sera possible de Lancer
des laboratoires de dimension internationale, connectés sur et impactés par l’environnement national
et international
L’élan scientifique n’a pas encore d’impact sur la société, ni au niveau du poids, de la visibilité ou de
l’attractivité des Laboratoires des Ecoles. Il sera ainsi possible d’accroitre la visibilité et l’attractivité des
Laboratoires de recherche des écoles
La production de Ph.D en ingénierie n’est pas suffisamment adossée à une recherche adaptée
(Recherche appliquée, R & D). Elle n’est par ailleurs pas suffisamment capitalisée par son injection
dans la formation des ingénieurs (dans les enseignements) : le développement de la R&D grâce aux
filiales devrait amplement remédier à ce point faible.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 65
Objectif 3 : Assurer une meilleure visibilité des formations d’ingénieurs,
aux plans national et international

Proposition 6 :
Création de Réseaux d’EFI

La distribution des EFI en rapport avec l’activité socio-économique, la redondance de formations, la


dispersion du corps des enseignants chercheurs et des moyens, les tailles des effectifs, le spectre des
spécialités, nécessite une réorganisation en Réseaux d’EFI, publics et/ou privés, en vue d’une
économie d’échelle et d’une meilleure visibilité. Le regroupement en Réseaux s’effectue entre les
entités qui n’ont pas la masse critique suffisante pour pouvoir prétendre à une reconnaissance au
niveau national, ainsi qu’à un minimum de reconnaissance internationale. La taille critique de 3000
étudiants en Formation Initiale pourrait être prise en compte pour la création d’un réseau, sur la base
d’affinités géographiques, de proximité, et de mise en commun des moyens matériels, intellectuels, et
de communication. Dans une deuxième étape, et pour un maximum de visibilité internationale, il est
proposé une fédération de toutes les écoles dans « Tunisia-Tech», sur une base volontaire au
démarrage.
Comme il n’existe pas de vision en terme de position internationale, chaque Réseau d’EFI doit avoir sa
propre vision à travers son département « innovation pédagogique & internationale » ; mais la vision
globale revient au CNFI .
En pratique, c’est à l’autorité de tutelle, après étude d’opportunité et sur proposition du CNFI, qu’il
revient de favoriser, sous forme d’incitations et de facilitations de toutes sortes, la mise en place des
premiers réseaux.

Proposition 7 :
Favoriser le recrutement des étudiants étrangers

Améliorer l'ouverture à l'international en favorisant le recrutement d'étudiants étrangers dans les EFI
moyennant des mécanismes de sélection spécifiques et fédérateurs et en améliorant la visibilité de nos
écoles dans les pays d'Afrique du nord et subsaharienne.

Proposition 8 :
Remplacer l’attribution du DNI par un diplôme d’ingénieur de l’EFI

Il serait plus opportun que dès à présent, le diplôme d’ingénieur porte la dénomination de l’EFI qui le
délivre. Un tel affichage implique une responsabilité et une redevabilité plus forte de l’EFI, envers
l’étudiant, et envers le milieu professionnel.
Cette mesure implique d’apporter un peu d’ordre et de clarté dans les dénominations des
établissements. Pour une meilleure lisibilité des EFI, il faut donc élaborer une nomenclature claire des
intitulés des EFI, avec des Acronymes consacrés et déposés auprès du MESRS, qui serviront
d’identifiant unique.
Le besoin de clarification concerne également l’offre des formations d’ingénieur pour faciliter
l’adéquation entre les demandes exprimées par le marché local ou international et le profil des
ingénieurs diplômés. Il est donc nécessaire de standardiser la nomenclature des spécialités et des
filières, avec publication des syllabus.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 66
Objectif 4 : Moderniser la gouvernance des établissements de formation

Proposition 9 :
Favoriser le passage des EFI au statut d’EPST

En termes de gestion, il est urgent de favoriser le passage des EFI au statut d’EPST, au même titre que
les ISET qui en bénéficient depuis deux décennies mais en prenant bien soin de parachever la nouvelle
construction en la dotant de textes ad hoc et d’un accompagnement adapté. Ce changement permet
de : i) soumettre la gestion de l’EFI à la législation commerciale (à l’instar des EFI privés) ; ii) doter l’EFI
d’une autonomie financière ; iii) la création d’un conseil d’établissement (équivalent du conseil
d’administration) dans l’EFI ; iv) doter chaque EFI d’un organigramme tenant compte de sa spécificité ;
v) rendre obligatoire l’adoption d’un contrat-programme, d’un manuel de procédures et des fiches de
fonctions dans l’EFI ; vi) l’établissement de relations partenariales avec l’environnement socio-
économique ; vii) effectuer les marchés selon les mêmes règles de passation des marchés qui
s’appliquent aux EPNA. Cela nécessitera que le décret n°2008-3581 soit modifié pour stipuler une
réserve concernant les EFI et leur fixer des conditions assouplies. Il suffirait de se limiter à quelques
conditions telles que l’existence de preuves de bonne gestion financière de l’EFI au cours des dernières
années et l’absence de fautes de gestion. Un statut d’EPST ne résoudra certes pas le problème de
l’incitation et de la motivation du personnel mais pourra être envisagé comme phase transitoire
d’apprentissage de l’autonomie. Cela devrait faciliter par ailleurs la création et l’accompagnement de
filiales professionnelles de transfert.

Proposition 10 :
Rénover le pilotage et le mode d’administration des EFI

Le pilotage d’une EFI repose sur les quatre axes principaux suivants : i) Stratégie pédagogique :
politique d’accueil et de suivi des étudiants, évaluation des enseignements, des méthodes de
transmission du savoir et des méthodes d’évaluation des étudiants, Syllabus, référentiels de
compétences, transversalités : fondamental/appliqué, gestion des stages, suivi de l’insertion des
étudiants, échange de bonnes pratiques ; ii) Stratégie scientifique et technologique : orientations des
politiques de recherche, thèmes et priorités, pertinence socioéconomique, politiques des écoles
doctorales, répartition des crédits de recherche, ouverture et valorisation de la recherche ; iii) stratégie
de vie étudiante : environnement de travail, conditions de vie, vie associative, sport et santé, action
sociale, visibilité et identification dans le monde estudiantin ; iv) Stratégie de relations extérieures :
relations avec les collectivités et le monde socio-économique, compétitions nationales, visibilité aux
manifestations économiques, scientifiques et techniques. La proposition consiste à faire piloter d’une
manière séparée, mais conjointe et coordonnée, chacun de ces quatre axes principaux. Le conseil
scientifique actuel sera avantageusement remplacé par deux instances consultatives : le conseil
pédagogique et le conseil scientifique et technologique, avec des compositions qui reflètent mieux les
rapports entre les parties prenantes. La stratégie en matière de vie étudiante, ainsi que la stratégie des
relations extérieures, relèvent de la direction générale de l’établissement.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 67
Administration des EFI & choix du directeur : Par les effets qu’elle induit, la procédure actuelle de
choix du directeur doit être modifiée. Avec les instances actuelles de gouvernance, les responsabilités
et les pouvoirs sont dilués. Les membres des organes décisionnels des EFI publics sont élus par leurs
pairs sur la base de critères ne tenant compte ni de programmes d’actions stratégiques portés par les
candidats ni de qualités managériales. En revanche, les EFI privés recrutent le top management sur la
base de programmes d’actions stratégiques ou pour leurs qualités managériales. Pour mieux identifier
les pouvoirs et les responsabilités, il est proposé un conseil d’administration (CA) pour administrer l’EFI.
Ce conseil doit avoir des pouvoirs de décision, après consultation du conseil scientifique et
technologique et du conseil pédagogique. Pour renforcer l’ouverture, la transparence et la redevabilité,
favoriser la compétition et l’égalité des chances, le choix du directeur sera fait sur la base d’un appel à
candidature ouvert aux candidats de l’institution et de l’extérieur, qui présentent leur propre projet pour
le mandat. Le dossier est instruit par un comité issu du CA.

Proposition 11:
Assurer la communication des EFI et leur transparence

Publier sur un site commun propre à la formation d’ingénieur ou sur le site web de chaque institution : i)
Pour les prépas : Distributions des moyennes du bac des admis en prépas sur les 2 dernières années
pour chaque spécialité par prépa. ; ii) Taux de réussite par institut prépa. Publication des classements
moyens et du premier admis au concours national pour chaque institut. ; iii) Pour les écoles à admission
sur concours national : Publications des classements moyens et du dernier admis à l’école par
spécialité sur les 2 dernières années ; iv) Distributions des moyennes du bac des admis sur les 2
dernières années. ; v) Pour les écoles ou spécialités à admission sans prépa (post bac ou similaire) :
Publications des modalités d’admission des écoles aux 2 niveaux (post Bac & Cycle ingénieur),
compostions des jurys, critères d’évaluation, distributions des moyennes du bac des admis sur les 2
dernières années , vi) Publier les syllabus des programmes par spécialité pour toutes les institutions ;
vii) Publier un descriptif des moyens en labos, salles, et en personnel enseignant., viii) Liste des PFE
soutenus l’année précédente & des partenariats ; ix) Placement des diplômés; x) Distinctions des
enseignants ; xi) Experts et professionnels intervenant dans les enseignements ; x) Relations
internationales ; xi) financement : dotations du trésor, contrats programmes, ressources propres,
dotations provenant de l’environnement socio-économique, contrats de recherche, de coopération, etc.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 68
Objectif 5 : Impliquer effectivement les entreprises et les professionnels
dans la formation des ingénieurs

Proposition 12 :
Favoriser l’implication des entreprises et de la profession

Cette proposition se décline en neuf volets :


1. Revoir le niveau et la qualité de l’implication des professionnels dans les instances : Conseils
d’Administration, Conseil scientifique et technologique, Conseil pédagogique.
2. Améliorer la qualité de la formation terrain des ingénieurs : sans abandonner la tendance à la
formation plutôt théorique de la plupart des PFE actuels, introduire un important PFA 2è année sous
forme de Projet technologique obligatoire (réalisation terrain).
3. Introduire la possibilité de stage long (une année) en entreprise.
4. Initier les élèves ingénieurs à la conception, l’étude, la réalisation et la conduite des grands
projets en invitant les grands donneurs d’ordre publics et privés à partager leur expérience des projets
d’investissements, techniquement complexes, qui impliquent différents corps de métiers: ingénieurs de
différentes spécialités , financiers , juristes , commerciaux.
5. Pour les catégories d’EFI à accès via le concours national on constate (i) la diminution notable
du nombre de vacataires professionnels (passé de 622 en 2010 à 175 en 2014), (ii) l’augmentation
concomitante du staff académique (passé de 978 en 2010 à 1286 en 2014) , (iii) l’inflation du nombre
d’heures supplémentaires assurés par les permanents. Il faut donc veiller à faire respecter les quotas
de 20% d’enseignements technologiques par les professionnels.
6. Conduire une étude sur le système de communication dans les EFI et avec l’extérieur. Une
analyse en interne devrait mettre en évidence la faiblesse et /ou la déficience structurelle des canaux de
communication avec l’extérieur et de feed-back, où souvent l’élève ingénieur stagiaire ou en PFE
constitue l’unique pont avec le monde extérieur.

7. L’exercice de contractualisation inachevé a révélé que, aussi bien les EFI que les Universités et
le MESRS, n’ont les capacités de mobiliser les parties prenantes pour une définition et un engagement
sur des buts, des objectifs et des obligations en terme de formation et de recherche. Les EFI, et les
Universités, n’ont pas la capacité d’appréhender leur environnement socio-économique pour identifier
les besoins en compétences et métiers auxquels ils vont former. L’échec des structures introduites par
la Loi 19-2008 en est révélateur. Il faut entreprendre une étude (organe indépendant) pour proposer une
stratégie de mobilisation des parties prenantes, repenser intégralement et réactiver l’expérience des
observatoires sous une nouvelle forme, ainsi que les comités pour la qualité, les cellules d’aide à
l’insertion des diplômés et les Bureaux de Transfert Technologique.
8. Encourager et élargir la cotutelle des écoles avec d’autres ministères.
9. Formation continue : « Les lourdeurs administratives et l’obsolescence des mesures incitatives
en termes financier et de reconnaissance professionnelle ont eu raison de cette activité qui s’est
trouvée progressivement abandonnée par les EFI. ». Il faut donc élaborer une stratégie de relance des
programmes de Formation continue dans les EFI.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 69
Objectif 6 : Offrir aux ingénieurs une solide formation scientifique et
technique, humaine et sociale

Proposition 13:
Garantir la qualité des formations

Cette proposition se décline en sept volets :

1. Concernant les EFI recrutant après le baccalauréat, les enseignants intervenant dans les
cursus d’ingénieurs interviennent également dans les cursus LMD et il est difficile d’isoler avec précision
la part de l’encadrement qui revient aux seuls élèves ingénieurs. Dans les EFI privés, les taux sont très
disparates, variant de 12 jusqu’à 126 étudiants par enseignant permanent (le taux d’encadrement par
les enseignants titulaires d’un doctorat atteint un maximum de 622 étudiants) , la moyenne se situant à
28 étudiants par enseignant permanent. le MESRS doit mettre en place les mécanismes de contrôle
nécessaires pour faire respecter les taux règlementaires d’encadrement acceptables.
2. Assurance qualité : Il n’y a pas eu de consolidation spécifique des évaluations des EFI ; il faut
donc évaluer les EFI , étendre les évaluations , consolider les rapports et tirer les leçons.
3. On doit clarifier l’offre et mieux l’adapter. La confusion entre techniciens supérieurs (ou
assimilés) et ingénieurs doit être levée pour que les employeurs expriment mieux leur demande. Les
techniciens supérieurs doivent se reconnaitre en tant que population spécifique et déterminante au
niveau de l’économie et non comme voie d’échec. Cela permettra et poussera les ingénieurs à mieux
valoriser leur apport. Cela doit passer par l’amélioration de la qualité de la formation terrain des
ingénieurs et de leur savoir être : langues, communication, culture générale, ouverture d’esprit.
4. Concernant les langues : chaque filière comporte un module obligatoire en anglais, chaque
année préparatoire comporte l’étude de deux ouvrages français, et il faut adopter une certification du
niveau linguistique inspirée du DALF ou du TOEIC.
5. Certains prépas IPEI et ISSAT de créations récentes , ainsi que les facultés des sciences,
enregistrent régulièrement des taux d'échec élevés. Il faudra procéder à une évaluation rationnelle de la
question, et prendre les décisions les plus appropriées.
6. Exceptées certaines filières d’excellence malheureusement à faibles effectifs, le système
tunisien de formation d’ingénieurs est généralement peu élitiste. Les institutions publiques souffrent de
problèmes de disponibilité et de gestion des ressources, et d’insuffisances au niveau de la qualité des
enseignements en raison notamment des effectifs étudiants élevés. Il faut convoquer un Groupe
d’experts pour aboutir à des orientations stratégiques et à des propositions concrètes concernant ces
questions.

7. La pédagogie doit accorder plus de place à l’expérimentation, aux mini projets pratiques,
transversaux et concrets. La participation des professionnels ingénieurs et autres, dans la formation
des ingénieurs doit être accrue et encouragée, leurs statuts et interventions doivent être revalorisés.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 70
Proposition 14 :
Renforcer le rôle et la place des professeurs

1. Exploiter les programmes et financements internationaux, notamment européens, pour la


mobilité des étudiants, des enseignants et du staff administratif.

2. il n’existe pas d’incitatifs à développer les compétences des formateurs. La formation des
formateurs dans la spécialité ou dans les domaines transversaux reste marginale et tributaire
d’initiatives isolées et non structurantes. Il faudra développer des Programmes de formation continue
des enseignants dans la spécialité.

3. Du point de vue de l’ingénierie pédagogique, et sauf les rares exceptions des formations pour
les métiers structurés, les EFI peinent à développer les approches spécifiques aux formations à
caractère professionnalisant, en particulier l’approche par compétences qui requiert la prise en
considération de référentiels métiers et du Cadre National de Qualifications ou encore à décrire les
modules en résultats d’apprentissage (Learning Outcomes) et les décliner en crédits transférables
(ECTs), ces derniers étant les préalables à la reconnaissance mutuelle des formations et par
conséquent à la mobilité des étudiants et à la co-diplomation. Cette situation doit être améliorée par un
accompagnement soutenu en ingénierie pédagogique des départements et au renforcement des
instances en charge de leur évaluation en vue de leur habilitation (au niveau du Ministère).

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Objectif 7 : Préparer et rationaliser les accès aux formations
d’Ingénieurs

Proposition 15:
Intervenir dès l’école de base
1. La formation des ingénieurs se prépare dès l’école de base. En dépit des réformes successives,
les résultats de l’école tunisienne, évalués par des experts et des chercheurs tunisiens, par des ONG
internationales, par l’OCDE, demeurent dramatiquement insuffisants. Ainsi, l’évaluation PISA 2012
indique que 50% des élèves en fin du cycle de base accusent un retard équivalent à trois années
d’études sur la moyenne des pays de l’OCDE. Le MESRS et le ministère de l’éducation doivent
constituer un Groupe d’experts pour engager une réflexion en profondeur sur l’enseignement des
sciences à l’école de base et au lycée.
2. Etablir des canaux d’information et de communication sur le métier de l’ingénieur dans les
collèges et les lycées

Proposition 16 :
Rationaliser l’accès par les concours nationaux & les concours spécifiques
1. Limiter la proportion de étudiants ayant suivi un parcours en dehors des prépas et des cycles
prépas intégrés dans les écoles d’ingénieurs (Diplômés ISET ou Licences ou similaires) à un certain %
des effectifs en admission dans les Instituts supérieurs publics et les FI privées. Actuellement à 60-65%,
ce taux devrait baisser progressivement pour atteindre une valeur stabilisée de l’ordre de 30% à
l’horizon 2020.
2. Transparence et Publication des résultats du Concours : i) Rapport du Jury publié le 30
Octobre ; ii) Affectations par EFI avec scores, classements et origines ; iii) Statistiques sur les prépas ;
iv) Annales des sujets et corrigés en partenariat avec des éditeurs
3. Les projections de la demande, y compris internationale, estiment à 5200 et 6200 la demande
de formation tunisienne en ingénieurs respectivement en 2016 et 2020. Si l’on s’en tient aux tendances
actuelles des étudiants inscrits en première année et des rendements globaux des cohortes, on devrait
se retrouver en 2016 à près de 7100 ingénieurs diplômés, dont 4400 pour le public et 2500 pour le
privé. Une telle évolution indique d’ores et déjà qu’il sera nécessaire d’intervenir d’une façon ou d’une
autre sur le cours des évènements, notamment par une régulation des inputs. Or il se trouve que le
MESRS a pris en 2011 des mesures draconiennes pour limiter les inputs en première année dans le
public ; le privé quant à lui a sa propre dynamique, qui se trouve être à l’opposé, parce que
précisément le pilotage national n’existe pas. En tout état de cause, il va falloir agir sur les effectifs quel
que soit le secteur et le type d’institution, sinon nous allons vers des excédents insupportables. Certes
le mécanisme d’accréditation fera le tri, mais il faudra encore attendre raisonnablement 4 à 5 ans avant
que l’instance proposée ne soit opérationnelle. Une mesure de régulation qui aurait des effets
immédiats consiste à exiger l’application immédiate et rigoureuse du cahier des charges actuel.
4. Les concours nationaux : ne disposent encore ni de personnel affecté à plein temps, ni de
locaux, ni d’organigramme administratif ou pédagogique. La rotation des présidents du jury n’a pas
permis, jusqu’ici, d’assurer la publication des rapports du jury, légitimement attendue pour chacune des
sessions. Par ailleurs, aucune partie n’est chargée de l’archivage ou de la collecte des annales des

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concours, hormis la bonne volonté du secrétariat. Il faut pérenniser l’institutionnel du Concours , en
confiant sa responsabilité à une instance permanente appropriée : dans l’immédiat, par convention avec
une école, à terme sous l’autorité du CNFI. Il faut également et en urgence, pallier les anomalies de
l’ajustement des notes, dont le caractère absurde de sa persistance depuis 20 ans ne peut encore
s’expliquer que par le turn over du personnel académique du concours.
5. les titulaires du bac informatique éprouvent de grandes difficultés à suivre le rythme des
enseignements en raison de l’inadéquation des programmes du secondaire en mathématiques,
physique et chimie ; il faudra revoir la question de l’admission des Bac Informatique en Prépas

6. Pour le développement du savoir être (communication, ouverture d’esprit ….), il faut intervenir
massivement en 1ère et 2ème année des cycles préparatoires

Proposition 17:
Repositionner les Instituts préparatoires comme voie d’excellence pour l’accès
aux EFI
1. Le système autrefois élitiste (Instituts préparatoires et concours national) se transforme en une
voie dominante majoritaire. Convoquer un Groupe de travail « Réhabilitation des IPEI » avec mesures
draconiennes. Le statut des IPEI est à repenser entièrement : bien que leur fonction soit
fondamentalement pédagogique (préparer à un concours) les prépas ne disposent pas de conseil
pédagogique. En revanche, elles disposent d’un conseil scientifique, encore une anomalie . La réforme
des IPEI requiert de leur donner un statut spécifique qui les distingue du reste de l’enseignement
supérieur, et qui encadre mieux les conditions particulières des études. Les conditions de vie des
étudiants influencent largement les résultats des élèves : la proximité des lieux de résidence des
parents et l’existence d’internats sont très utiles. Les moyens de travail mis à disposition des élèves en
termes d’espaces, de labos et d’outils informatiques doivent atténuer les effets des différences sociales
sur les résultats. Le niveau d’encadrement et la qualification pédagogique des enseignants gagneront à
être mieux normalisés. La pédagogie qui exclut aussi bien l’oral et que le contrôle continu
hebdomadaire est aussi à revoir. Les travaux pratiques ont par ailleurs perdu de leur valeur. Aucune
initiation aux projets d’analyse et de synthèse n’apparait dans les programmes des IPEI. En terme
institutionnel, les IPEI devraient dépendre de l’instance nationale de pilotage. A priori, ils ne sont
concernés ni par les accréditations ni par les conseils d’administration. Leurs propres structures seront
allégées et réduites à un conseil pédagogique, à un directeur nommé parmi les enseignants, et un
conseil d’établissement. Enfin, les IPEI devront avoir leur mot à dire sur le recrutement de leurs
étudiants bacheliers.
2. Le maintien du corps des agrégés, indispensable à la survie des IPEI et à l’essence même du
Concours national, nécessite une révision urgente du statut de ces enseignants particuliers.
3. Mettre en place des instituts préparatoires de proximité à petites classes avec internat, dès la
rentrée 2016/2017 dans les gouvernorats dépourvus de prépas, avec des modalités d’admission
spécifiques. En favorisant l’accès de ces formations d’élite à des jeunes de condition modeste, Une telle
mesure est susceptible de drainer vers les EFI les meilleurs talents du pays.

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Objectif 8 : Anticiper une demande en perpétuelle évolution

Proposition 18:
Organiser l’information sur l’offre et sur la demande
La proposition se décline en six volets :

1. Clarifier l’offre entre les TS, les ingénieurs opérationnels et les ingénieurs polyvalents. Il s’agit
de valoriser les compétences et les spécificités dans chaque formation. Les métiers et les besoins
auxquels chaque formation est destinée, sont indispensables et complémentaires dans les entreprises
industrielles et les exploitations agricoles. Il ne s’agit en aucun cas d’une évaluation ou d’un classement
hiérarchique du même produit.
2. Constituer un groupe ou une unité mixte entre les Ministères de l’Emploi et de l’Enseignement
Supérieur, pour mettre en place la méthodologie de collecte des données et leur mise à la disposition
des universités.
3. Développer la veille prospective qui nécessite un partenariat entre les différentes structures
concernées par le dispositif de l’enseignement et de la formation et les études statistiques. Dans le
même ordre d’idées, développer un système d’information national pour regrouper l’offre ainsi que la
demande facilitant ainsi la disponibilité et l’actualisation des données. Ce système entre les différents
intervenants dans la formation et la gestion de la demande d’ingénieurs, servira d’outil pour permettre
une plus grande clarté et visibilité de l’offre et de la demande.
4. Créer et maintenir un observatoire spécialement dédié aux formations d’ingénieurs en le dotant
de ressources humaines et logistiques avec pour mission d’analyser les données et d’informer aux fins
de la prise de décision à différents niveaux sur les opportunités d’emplois et de stages, les formations
qui insèrent ainsi que les aptitudes et pré requis pour suivre avec succès ces formations.
5. Les observatoires de l’emploi des universités ne sont pas opérationnels: faire en sorte qu’ils le
soient et conditionner le financement par l’exécution d’un programme d’activités approprié.
6. Améliorer l’employabilité des ingénieurs en adoptant une démarche qualité qui suit la
classification nationale des qualifications fixée par le Décret n° 2009-2139. Cette classification spécifie
pour chaque niveau de qualification et de diplôme un niveau CARA (Complexité, Autonomie,
Responsabilité, Adaptabilité) ainsi que des niveaux de savoirs, savoir faire et comportements attendus
spécifiques au niveau de la qualification visée.

Proposition 19 :
Développer des outils de modélisation de la demande

1. Identifier les créneaux porteurs (stratégie de niche) et se spécialiser en vue de garantir


l’employabilité de ses ingénieurs au niveau international. La Tunisie formerait entre 5 et 10 mille
ingénieurs par an, soit 10 à 20% des diplômés de l’Enseignement Supérieur, pour une production
mondiale de 1,5 Millions. La réalisation d’une étude stratégique en vue d’identifier les créneaux porteurs
(stratégie de niche) et de positionner l’offre d’ingénieurs tunisiens au niveau international est
recommandée. Cette étude permettra d’identifier les spécialités futures à développer.
2. Identifier les spécialités futures à développer. Une démarche proactive de positionnement de
nos ingénieurs sur le marché international doit être développée.

Rapport final du GEFI - Une nouvelle vision du Système National de Formations d’Ingénieurs - 18/10/2015 74
3. Secteurs d’avenir : La maîtrise de toutes les avancées technologiques et l’amélioration des
efficacités des divers secteurs ne peut être conduite sans l’implication de l’ingénieur. Il importe que ce
dernier puisse s’adapter au mieux , ce qui implique de profondes mutations de la part du SNFI . Lancer
une Etude stratégique secteurs d’Avenir & nouvelles Filières
4. L’ingénieur de demain. Pour l’économie nationale : une bonne connaissance de la culture du
pays et de ses interactions possibles sur les choix technologiques. Convoquer un Groupe de travail
pour élaborer des programmes adaptés

Proposition 20:
Adapter les formations à la demande

Cette proposition comporte sept volets :


1. Pour que la réactivité des EFI aux besoins du marché du travail soit réelle, efficace et
mesurable, mettre en place des procédures de gestion et de financement de ces établissements par les
résultats exprimés en termes d’insertion.
2. Harmoniser les processus de recrutement/sélection des intrants ainsi que les modalités de
reconnaissance mutuelle des diplômés (publics et privés, nationaux et internationaux) : Ouvrir les
écoles sur l’international à tous les niveaux : étudiants, enseignants, recherche, double diplôme .
Prévoir des dispositifs de mobilité et de reconnaissances mutuelles basées sur la co et double
diplomations. Créer un consortium d’EFI, publics et privés, pour la promotion et le développement de
l’offre à l’international.
3. Développer des filières d’ingénieur orientées vers le Télé-Travail et les services exportés.
4. Des formations et des Diplômes adaptés : i) -Noyau dur de connaissances nécessaires pour le
métier ; ii) -Des options nombreuses pour les plus ambitieux ( 3ème langue, Entreprenariat,
Management…..) ; iii) -Mentions des Diplômes liées au nombre d’Options. Ceux qui n’ont que le noyau
dur de connaissances auront la mention Passable.
5. Le taux de déclassement des ingénieurs agronomes demeure à un niveau élevé (22%).
Réajuster l’offre des agronomes en quantité mais surtout en qualité des formations.
6. L’exiguïté de la majorité des entreprises tunisiennes et l’absence d’une spécialisation totale des
unités de production. Les ingénieurs doubles compétences ainsi que des profils d’ingénieur généraliste
peuvent utilement contribuer à solutionner cette situation des entreprises tunisiennes. Aujourd’hui,
environ 3% des effectifs proviennent de filières généralistes : Faire évoluer la part des ingénieurs
généralistes à 10% d’ici 2020
7. L’école doit en outre préparer les ingénieurs à acquérir un certain nombre de capacités : i)
adaptation rapide à des environnements socio-économiques et culturels nouveaux ; ii) participation à
des compétitions nationales et internationales (ex. Hackaton) qui donnent de la visibilité pour les
grandes Multinationales ; iii) inventions telles les applications mobiles, robots, outils ou solutions
couronnés de brevets, défis de création et pratique du mythe de l'inventeur ; iv) montages d’entreprises,
ingénieurs entrepreneurs et création de Start-Up à partir de l'école. A cet effet, il faudra créer des
Départements « d’innovation pédagogique & internationale» dirigés par des « experts » industriels

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Objectif 9 : Placer les élèves au centre du système

Proposition 21 :
Chaque EFI doit développer sa propre stratégie de vie étudiante

1. Chaque établissement possède et publie sa propre stratégie de vie étudiante qui, au delà des
clubs et des activités sportives (pour tous et pas seulement réservées à une élite), concerne l’accueil et
le soutien des élèves aussi bien à l’intérieur de l’école (salles de travail, de lecture, de détente, services
de bibliothèque) qu’à l’extérieur : soutien au logement, au transport. La stratégie de vie étudiante doit
faire partie intégrante du projet d’établissement, présenté et managé par le directeur général de l’EFI.

2. La loi 2008-19 (Art.9) stipule que « l’étudiant est au centre du système de l’enseignement
supérieur ». Pour que cet objectif ne demeure pas à l’état de simple slogan d’affichage, il convient de
confier aux élèves des EFI la responsabilité et la charge effective de toutes les activités de l’école au
sein desquelles s’effectue l’apprentissage de l’entreprenariat et du management. L’Administration doit
donc se dessaisir progressivement, entièrement ou partiellement, de la responsabilité d’un grand
nombre d’activités au profit des élèves : activités de vie scolaire et d’ouverture, animation de la vie des
départements, démarchage des stages, manifestations sociales et sportives, forum école-entreprises,
voyages d’études, préparation des congrès et colloques.

3. La présence et le rôle des alumni sont minimes, quasi inexistants, ou honorifiques. A titre
incitatif les EFI doivent supporter eux mêmes le lancement d’un certain nombre d’activités
incontournables, telles la publication des Annuaires et la participation active à l’insertion des jeunes
diplômés.

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Objectif 10 : Intégrer pleinement les formations privées au sein du SNFI

Proposition 22:
Clarifier et publier l’ensemble des rouages, des procédures, des protocoles
Cette proposition s’articule en six volets :
1. Pour les EFI du secteur privé, les relations entre les organes décisionnels (conseil scientifique -
conseil d’administration - directeur de l’établissement) ne sont pas explicités et une ambigüité sur la
primauté de la loi à appliquer subsiste (code du commerce ou loi spécifique à l’enseignement
supérieur). Il faudra expliciter tous ces rouages et les rendre publics.
2. Concernant les règles et les modalités d’admission dans les EFI privés : Il n’existe pas de
règles communes d’admission publiées entre toutes les institutions concernant les conditions
d’admission, en l’absence de textes juridiques ou règlementaires spécifiques et à défaut de critères
clairs notifiés dans les cahiers de charges régissant l’habilitation des EFI privés. Il faudra Publier les
modalités et les protocoles de sélection et d’admission, et garantir toute la transparence nécessaire en
ce qui concerne le niveau des élèves recrutés. Cette règle s’applique également à tous les EFI publics
recrutant hors concours nationaux.
3. Il faudra intégrer les critères académiques relatifs aux admissions, aux cursus et aux diplômes,
dans le cahier des charges régissant l’habilitation des EFI privés.
4. Pour garantir encore plus de transparence et une meilleure sélection dans les admissions, les
EFI privés doivent constituer un (ou plusieurs) groupe ou consortium pour l’organisation d’un concours
de recrutement commun.
5. Habilitations : Au bout de trois années consécutives d’absence d’étudiants inscrits, l’institution
devrait, sauf cas de force majeure, perdre son habilitation.
6. Les formations privées d’ingénieurs sont dans certains pays plus fortement financées à travers
les subventions de l’Etat, moyennant des contreparties en termes de contribution à la marche du SNFI.
Il faudra procéder à l’évaluation des mécanismes actuels de subvention de l’Etat accordées par la
règlementation et en établir le diagnostic.

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