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Vitamine D et immunité.
Vitamin D and immunity.

Leyla Bahri, Loubna Sanhaji, Zakaria Tayeb, Ouafaa El Maataoui, Brahim


Farouqi, Brahim Takourt, Jalila El Bakkouri
Laboratoire d’immuno-sérologie, CHU Ibn Rochd, Faculté de Médecine et de Pharmacie de Casablanca - Maroc.

Rev Mar Rhum 2013; 23: 30-6

Résumé Abstract
Plusieurs données plaident en faveur de Several data argue for the involvement of
l’implication de la Vitamine D dans l’immunité the Vitamin D in both innate and adaptative
aussi bien innée qu’adaptative. immunity.
Nous proposons, à travers cet article, de faire We propose, through this article, to make an
un tour d’horizon des différents effets de cette overview of the different effects of this hormone
hormone sur le système immunitaire. on the immune system..

Mots clés : Vitamine D, système immunitaire, Key words : Vitamin D, immune system,
immunité innée, immunité adaptative. innate immunity, adaptative immunity.

La vitamine D joue un rôle clé dans l’homéostasie peuvent exprimer le VDR à l’état basal, alors que les
phosphocalcique. Cependant, de nombreux tissus peuvent lymphocytes T et B l’expriment essentiellement à l’état
exprimer aussi bien le récepteur à la vitamine D (VDR) que la activé. Les macrophages ainsi que certaines cellules
1-a-hydroxylase et sont de ce fait capables de synthétiser la dendritiques ont l’équipement enzymatique permettant
1,25(OH)2D (forme active de la vitamine D) qui est utilisée l’hydroxylation de la vitamine D native, les lymphocytes
localement. Ceci constitue l’action autocrine et/ou paracrine B et les lymphocytes T activés expriment seulement la 1
du calcitriol. La 1,25(OH)2D contrôlerait directement plus alpha-hydroxylase. Contrairement à l’enzyme rénale, la 1
de 500 gènes. On parle d’actions « non phosphocalciques alpha-hydroxylase des cellules du système immunitaire est
» de la vitamine D [1]. régulée par des stimuli immunologiques tels l’interféron-
Pour assurer ses fonctions, la 1,25(OH)2D se lie à un gamma, et non pas par les paramètres du métabolisme
récepteur cytosolique, le VDR. Le complexe VDR-1,25(OH)2D phosphocalcique.
se dirige vers le noyau cellulaire où il se fixe au récepteur de
La vitamine D agit aussi bien sur les acteurs de l’immunité
l’acide rétinoïque (RXR). Ce complexe RXR-VDR-1,25(OH)2D
innée (voir Tableaux I, II et III) que ceux de l’immunité
va se lier à l’ADN au niveau des éléments de réponse à la
adaptative (voir Tableaux IV et V).
vitamine D (VDRE). Ces derniers sont proches de certains
Tableau 1 : Effets de la Vitamine D sur la barrière cutanéo-muqueuse
gènes qui verront leur expression activée ou réprimée, ce qui
Effecteur de
influence la synthèse de diverses protéines [2]. l’immunité
Effets de la vitamine D

Nous verrons dans cette revue comment la vitamine D, par Barrière cutanéo- - Régulation de l’expression de la cathélicidine
muqueuse [3,4] (LL-37)
différents mécanismes, agit sur le système immunitaire et
influe ainsi l’incidence, l’évolution et le pronostic de certaines - Diminution des peptides anti-microbiens et
maladies. augmentation de la perte hydrique au niveau la
peau agressée après blocage expérimental de
l’activité de la vitamine D par du kétoconazole
Vitamine D et système immunitaire
- Formation d’une barrière cutanéomuqueuse
A- Physiopathologie anormale chez les souris sans VDR dans leur
Les monocytes-macrophages et les cellules dendritiques derme

Correspondance à adresser à : Dr. L. Bahri


Email: bahrileyla@yahoo.fr
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Vitamine D et immunité

Tableau 2 : Effets de la Vitamine D sur les macrophages B-Vitamine D et effet anti-infectieux


Effecteur de Les monocytes et les macrophages exposés à un agent
Effets de la vitamine D
l’immunité infectieux tel le Mycbacterium Tuberculosis, surexpriment
Macrophages - Exemple le mieux connu est l’infection à le toll-like receptor 2 (TLR 2), la 1-alpha hydroxylase et
[5,6] Mycobacterium Tuberculosis :
le VDR. Si la concentration de 25OHD est suffisante,
*activation des gènes de la cathélicidine
ces cellules vont former la 1,25(OH)2D, induisant la
*activation de l’immunité innée par l’alpha-
production de protéines, particulièrement la cathélicidine,
défensine 2
qui permettront de détruire l’agent infectieux [12]. Une
*formation des autophagosomes et leur fusion
avec les lysosomes dans les macrophages méta-analyse récente a trouvé que, chez les patients
*diminution de l’expression des ayant une tuberculose active, le taux de vitamine D était
métalloprotéinases (MMP-7, MMP-9 et MMP- plus bas que celui des sujets sains contrôles appariés
10)
pour l’âge, le sexe, l’ethnie, la localité géographique
*inhibition de molécules anti-inflammatoires
telles que la COX-2 et l’iNOS entraînant une et l’apport alimentaire [13]. Par ailleurs, le lien entre le
diminution de PGE2 et du NO polymorphisme du VDR et la susceptibilité à la tuberculose
Tableau 3 : Effets de la Vitamine D sur les cellules dendritiques
est discuté [14].

Effecteur de Les infections grippales, d’autres infections virales


Effets de la vitamine D
l’immunité des voies aériennes supérieures ainsi que certaines
Cellules - Les cellules dendritiques myéloïdes : infections bactériennes seraient également favorisées
dendritiques *diminution de l’expression des molécules du par l’insuffisance en vitamine D [15]. L’intérêt d’une
complexe majeur d’histocompatibilité de classe supplémentation en vitamine D afin de prévenir ces
[7,8] II et des molécules de costimulation *diminution
infections est grandissant [16].
de la synthèse de l’IL-12 et de l’IL-23 d’où un
blocage de la différenciation en lymphocytes
Th1 et Th17
C-Vitamine D et maladies inflammatoires
chroniques de l’intestin (MICI)
*augmentation de la production de l’IL-10
*anergie et induction de l’apoptose des D’après les données physiopathologiques récentes,
lymphocytes T autoréactifs la maladie de Crohn résulterait essentiellement d’un
- Aucun effet immunomodulateur sur les cellules déficit de l’immunité innée intestinale [9]. Certains
dendritiques plasmocytoïdes variants du gène NOD2 représentent les facteurs
génétiques majeurs dans l’héritabilité de la maladie
Tableau 4 : Effets de la Vitamine D sur les lymphocytes B
de Crohn. La protéine NOD2 est exprimée dans les
Effecteur de
Effets de la vitamine D cellules dendritiques, les macrophages, les cellules
l’immunité
intestinales épithéliales et les cellules de Paneth. Elle fait
Lymphocytes B - Diminution de la prolifération des lymphocytes
B activés exprimant le VDR partie de la famille des récepteurs de l’immunité innée
[9]
-Inhibition de la différenciation plasmocytaire et intracellulaires [9]. L’activation de NOD2 fait intervenir
par là-même la sécrétion d’IgG et d’IgM, ainsi deux voies clés de l’immunité innée que sont la voie des
que la génération de cellules B mémoire peptides antimicrobiens et la voie de l’autophagie. Le
- Diminution de la production d’IgE par les gène NOD2 présente deux VDRE, donc, le calcitriol
cellules B humaines
stimule l’expression de NOD2. Le calcitriol induit aussi
- Augmentation de l’expression d’IL-10 par les
l’expression du gène qui code pour la bêta-défensine
lymphocytes B
2 qui présente un VDRE. La régulation de l’expression
- Effets indirects par action sur les cellules
dendritiques
de NOD2 par le calcitriol nécessite également une
activation de la voie de l’autophagie par l’axe vitamine
Tableau 5 : Effets de la Vitamine D sur les lymphocytes T D-VDR [9]. Ces données justifient un défaut d’expression
Effecteur de de NOD2 en cas d’insuffisance en vitamine D, qui
Effets de la vitamine D
l’immunité
pourrait mimer les mutations de NOD2 et favoriser de
Lymphocytes - Augmentation de la production de l’IL-4 et l’IL-5
T (tolérance ce fait le développement de la maladie de Crohn. En
- Diminution de la production de l’IL-2, l’IL-6, l’IL-
centrale et effet, la carence en vitamine D entrainerait un défaut de
périphérique) 17 et de l’INFgamma
transcription du gène NOD2, et son allèle muté R702
[10,11]

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L. Bahri et al.
FMC
W est un facteur établi de susceptibilité à la maladie auteurs considèrent que les différences génétiques ou
de Crohn. Une association entre polymorphisme du socio-économiques, souvent incriminées, n’expliquent
gène du VDR et MICI a aussi été décrite [17]. Toutefois, pas l’augmentation permanente de la prévalence du
les taux bas de 25(OH)D trouvés chez des patients LES, ni le gradient de prévalence observé entre l’Afrique
nouvellement diagnostiqués ou ayant une MICI installée de l’Ouest, où le LES est rare, et les pays développés,
sont d’interprétation difficile du fait d’une possible où la maladie est fréquente. L’hypovitaminose D,
malabsorption. prévalente chez les afro-américains à latitude égale,
expliquerait ces disparités [26]. Une association
D-Vitamine D et sclérose en plaques (SEP)
entre le polymorphisme BsmI du VDR et le risque
La latitude conditionne le risque de SEP. Le risque est minimal de LES a été notée [27]. Une surreprésentation de
à hauteur de l’équateur, et augmente progressivement vers l’allèle B par rapport à l’allèle b et du génotype BB
les latitudes nord et sud. Le taux plasmatique de vitamine par rapport aux génotypes Bb et bb a été relevée
D fluctue en fonction de la saison, ce dernier étant plus chez les patients lupiques.
bas en hiver et plus élevé en été [18].
2. Données expérimentales
Un taux plasmatique bas de 25-OH vit D est rapporté
Linker-Israeli et al. ont montré que l’exposition, soit au
chez des sujets atteints de SEP [19]. La comparaison
calcitriol ou à ses analogues, de cellules mononucléées du
avec un groupe témoin montre que le taux plasmatique
sang de patients ayant une maladie active, pouvait réduire
de 25-OH vit D est significativement plus bas chez les
la différenciation lymphocytaire B et freiner la production
patients ayant une SEP [20]. Une corrélation inverse
d’IgG polyclonales et d’IgG anti-ADN natif [28].
est notée entre la diminution du taux plasmatique de
25-OH vit D et le degré de l’handicap mesuré à partir Une équipe a trouvé que le calcitriol pouvait inhiber
de l’EDSS [19]. Cependant, il faudrait noter que les le transfert de la signature interféron, clé de la
sujets les plus handicapés sont ceux qui passent moins physiopathologie du LES, par le plasma de patients
de temps à l’extérieur et sont, par conséquent, moins lupiques sur les cellules dendritiques [29]. Ritterhouse et al.
exposés aux rayonnements solaires. De plus, le taux ont rapporté que les malades avec une activation élevée
plasmatique de 25-OH vit D serait inversement corrélé des lymphocytes B présentaient des taux de 25(OH)D plus
au taux annualisé de poussées [19]. D’autres arguments bas que les patients avec une faible activation de leurs
corroborent le fait que l’hypovitaminose D soit un facteur cellules B. Les patients carencés en vitamine D avaient
de risque de la SEP. Ainsi, la prise de vitamine D orale également une activité sérique interféron plus grande [30].
diminuerait du risque de SEP [21]. La supplémentation
3. Données cliniques
en vitamine D pourrait contribuer à la diminution de
l’incidence de la SEP [22]. Dans l’étude de Ritterhouse et al., les taux de
vitamine D étaient beaucoup plus bas chez les
Les effets potentiels, préventif et curatif, de la vitamine
patients atteints de LES et chez les contrôles ayant des
D sont également notés dans l’encéphalite allergique
antinucléaires (AAN) positifs que chez les contrôles
expérimentale (EAE) [23].
AAN-négatifs. En outre, le taux de vitamine D est
Une association entre polymorphisme du gène VDR et inversement corrélé à l’activité de la maladie [30].
risque de SEP a été mise en évidence [24]. L’allèle «f» Plusieurs travaux récents rapportent une corrélation
du polymorphisme FokI du gène VDR serait associé à un inverse entre les taux de 25(OH)D et l’activité du LES
handicap moins sévère au bout de dix ans d’évolution de mesurée par le SLEDAI (SLE Disease Activity Index)
la maladie [25]. ou encore par l’ECLAM (European Consensus Lupus
Activity Measurement) [26,29]. La corrélation inverse
E-Vitamine D et lupus érythémateux systémique
entre le taux de vitamine D et le SLEDAI peut être
(LES)
expliquée de plusieurs manières : un taux plus élevé
1. Données épidémiologiques de vitamine D reflèterait une meilleure observance de
La fréquence de la photosensibilité, les consignes la supplémentation, mais aussi du traitement du fond
de photoprotection ou d’éviction solaire au cours du du LES ; les patients plus actifs respecteraient mieux
lupus impliquent une exposition solaire moindre, d’où les règles de photoprotection ; le statut vitaminique D
un risque accru de taux bas de vitamine D. Certains influerait lui-même l’activité du LES [29].

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Vitamine D et immunité

4. Etudes d’intervention nombre d’articulations douloureuses, le taux de la


Dans une étude interventionnelle réalisée chez des protéine C réactive, le Disease Activity Score (DAS28)
patients lupiques, une équipe a évalué l’impact d’une et le Health Assessment Questionnaire (HAQ) au cours
supplémentation chez les patients ayant un taux de vitamine de la PR [38].
D inférieur à 30 ng/mL. Le score de fatigue diminuait de
H-Vitamine D et sclérodermie systémique
manière significative chez les patients supplémentés [31].
Une prévalence élevée d’un taux de vitamine D bas a
F-Vitamine D et syndrome des antiphospholipides été rapportée dans la sclérodermie systémique. Une
(SAPL) corrélation a été notée entre ce taux et le score d’activité
Une étude a montré une fréquence élevée d’insuffisance européen [39]. Une autre étude a évoqué un lien entre
en vitamine D chez 70 % des patients présentant un SAPL le statut vitaminique D et l’apparition d’une calcinose
primitif [32]. sous-cutanée et d’une acro-ostéolyse. La malabsorption
de la vitamine D secondaire à l’atteinte digestive est
Une autre équipe a trouvé chez des patients ayant un
une cause surajoutée d’insuffisance ou de carence [40].
SAPL primaire ou secondaire à un LES, des taux plus
Les troubles de la pigmentation ou la sclérose cutanée
bas de 25(OH)D que chez des témoins appariés pour le
parfois associés, perturberaient aussi la pénétration des
sexe et l’âge. Un taux de 25(OH)D inférieur à 15 ng/mL
UVB et donc la synthèse de la vitamine D.
était associé aux manifestations thrombotiques, cutanées,
pulmonaires, neuro-psychiatriques et ophtalmologiques du I-Vitamine D et connectivite indifférenciée
SAPL [33].
Zold et al. ont trouvé chez des patients ayant une
Des anticorps dirigés contre la vitamine D joueraient un connectivite indifférenciée des taux de 25(OH)D
rôle dans la diminution des taux plasmatiques en vitamine plus bas que chez des sujets témoins. La présence
D [34]. d’anticorps anti-CCP, anti-SSA et anti-U1-RNP était
associée à des taux plasmatiques de vitamine D
G-Vitamine D, polyarthrite rhumatoïde (PR) et
inférieurs à 30 ng/mL [41].
maladie de Behçet (MB)
L’excès de cytokines pro-inflammatoires ainsi que le déficit J-Vitamine D et vascularites cryoglobulinémiques
relatif en cytokines anti-inflammatoires représentent le associées au virus de l’hépatite C
déséquilibre de la balance Th1–Th2, appliqué à diverses Sur 94 patients présentant une hépatite virale C, dont
maladies auto-immunes (maladies Th1), comme la 48 ayant une vascularite cryoglobulinémique, 89
Polyarthrite Rhumatoide et la maladie de Behçet. % avaient une hypovitaminose D. Une association
La vitamine D inhibe la voie des lymphocytes Th1 et a été notée entre les taux bas de 25(OH)D et les
stimule la voie Th2 [35]. De nombreuses mutations et manifestations extrahépatiques liés à la vascularite. Les
délétions du gène VDR, au niveau du chromosome 12, patients ayant des taux bas de 25(OH)D présentaient
ont été notées chez des patients ayant diverses maladies. plus souvent une cryoglobulinémie détectable ainsi que
Ces anomalies entraînent le plus souvent l’incapacité de des taux significativement bas de la fraction C4 du
la 1,25(OH)D à se lier au VDR. Le rapport entre les complément [42].
deux polymorphismes du gène VDR, BsmIrs 1544410
et FokIrs 10735810 et la prédisposition à la MB et K-Vitamine D et diabète de type 1 (DT1)
à la PR a été évoqué [36]. Deux formes distinctes de 1. Données épidémiologiques
la protéine VDR se traduisent différemment par trois Plusieurs études épidémiologiques ont relevé une relation
acides aminés, ce qui aboutit aux protéines de 427 entre des concentrations basses de 25OHD et une
acides aminés (M1) et 424 (M4). Une étude in vitro a augmentation de la fréquence de diabète de type 1 [43].
mis en évidence que la forme la plus courte génèrait Divers arguments plaident en faveur de l’intervention de
une activation transcriptionnelle plus grande, créant la vitamine D dans la survenue du diabète de type 1.
un déséquilibre des lymphocytes T et déclenchant ainsi Citons l’existence d’un gradient Nord-Sud marqué [44],
l’auto-immunité de la PR et de la MB [37]. et une corrélation inverse entre la température moyenne
Des auteurs ont trouvé une association inverse entre, et le nombre d’heures d’ensoleillement et l’incidence du
d’une part le taux de 25(OH)D, et d’autre part le diabète de type 1 [45].

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L. Bahri et al.
FMC

2. Données fondamentales et interventionnelles Références


La cellule β du pancréas exprime le VDR et a une 1. Courbebaisse M, Souberbielle JC. Equilibre phosphocalcique
activité 1 α-hydroxylase. La vitamine D participe à : régulation et explorations. Néphrologie & Thérapeutique
la modulation de la sécrétion de l’insuline et de la 2011;7:118-138.
sensibilité à l’insuline, en régulant les flux calciques 2. Souberbielle JC, Prié D, Courbebaisse M, Friedlander G, Houillier
trans¬membranaires et la concentration calcique P, Maruani G, Cavalier E, Cormier C. Actualité sur les effets de la
extracellulaire. Les proprié¬tés immuno-modulatrices vitamine D et l’évaluation du statut vitaminique D. Revue Francophone
de la vitamine D peuvent agir sur le processus auto- Des Laboratoires 2009;414:31-39
immun qui conduit au DT1. L’administration de
3. Hong SP, Kim MJ, Jung MY, Jeon H, Goo J, Ahn SK, Lee SH, Elias
vitamine D à la souris NOD permet de prévenir la
PM, Choi EH. Biopositive effects of low-dose UVB on epidermis:
réaction immunitaire contre les îlots de Langerhans
coordinate upregulation of antimicrobial peptides and permeability
ou insulite et la survenue du diabète [46]. Dans
barrier reinforcement. J Invest Dermatol 2008;128:2880-7.
certaines populations, l’association entre un ou des
4. Oda Y, Uchida Y, Moradian S, Crumrine D, Elias PM, Bikle DD.
polymorphismes du gène VDR et le risque de DT1
Vitamin D receptor and coactivators SRC2 and 3 regulate epidermis-
a été rapportée [47]. Dans une étude de cohorte,
specific sphingolipid production and permeability barrier formation. J
il a été montré que l’administration de vitamine D
Invest Dermatol 2009;129:1367-78.
régulièrement pendant la première année de vie
réduisait le risque relatif de survenue d’un DT1 avant 5. Coussens A, Timms PM, Boucher BJ, Venton TR, Ashcroft AT,

33 ans dans près de 90 % en comparaison avec Skolimowska KH, Newton SM, Wilkinson KA, Davidson RN, Griffiths

l’absence de supplémentation [48]. CJ, Wilkinson RJ, Martineau AR. 1alpha, 25-dihydroxyvitamin
D3 inhibits matrix metalloproteinases induced by Mycobacterium
L-Vitamine D et rejet d’allogreffe tuberculosis infection. Immunology 2009;127:539-48.

Des études rétrospectives cas-contrôles ont montré que 6. Yuk JM, Shin DM, Lee HM, Yang CS, Jin HS, Kim KK, Lee ZW, Lee SH,
les patients ayant bénéficié d’une transplantation rénale Kim JM, Jo EK. Vitamin D3 induces autophagy in human monocytes/
et ostéoporotiques, qui ont été traités par le calcitriol, macrophages via cathelicidin. Cell Host Microbe 2009;6:231-43.
présentaient moins de rejets aigus [49]. Le calcitriol 7. Adorini L, Penna G. Induction of tolerogenic dendritic cells by vitamin
diminue la réponse cellulaire Th1 et induit les cellules D receptor agonists. Handb Exp Pharmacol 2009;188:251-73.
T régulatrices. Les propriétés immunomodulatrices
8. Unger WW, Laban S, Kleijwegt FS, van der Slik AR, Roep BO.
du calcitriol retrouvées in vitro ont été confirmées sur
Induction of Treg by monocyte-derived DC modulated by vitamin
divers modèles animaux de transplantation (hépatique,
D3 or dexamethasone: differential role for PD-L1. Eur J Immunol
cardiaque, pancréatique) [49]. 2009;39:3147-59.

Conclusion 9. Schoindre Y, Terrier B, Kahn JE, Saadoun D, Souberbielle JC, Benveniste


O, Amoura Z, Piette JC, Cacoub P, Costedoat-Chalumeau N. Vitamine
La vitamine D occupe incontestablement, depuis
D et auto-immunité. Première partie : aspects fondamentaux. La Revue
quelques années, une place importante dans le
de médecine interne 2012;33:80-86.
monde de l’immunité innée et adaptative. Cependant,
10. Guillevin L, Meyer O, Sibilia J. Traité des maladies et syndromes
la définition de son rôle exact et des retombées de
systémiques. Médecine-Sciences Flammarion, 2008..123-299.
ce dernier nécessite de poursuivre les recherches,
en outrepassant les biais et les difficultés des études 11. [Ramagopalan SV, Maugeri NJ, Handunnetthi L, Lincoln MR, Orton
actuellement disponibles. SM, Dyment DA, Deluca GC, Herrera BM, Chao MJ, Sadovnick AD,
Ebers GC, Knight JC. Expression of the multiple sclerosis-associated
En toute vraissemblance, la vitamine D n’a pas encore
MHC class II Allele HLA-DRB1*1501 is regulated by vitamin D. PLoS
livré tous ses secrets. L’hormone aux mille et une facettes
Genet 2009;5:e1000369.
a encore de beaux jours devant elle et continuera sans
doute à faire couler beaucoup d’encre. 12. Mallet E. La vitamine D dont on pensait avoir tout dit : sa carence
existe encore et elle n’a pas que des effets osseux. Archives de
Déclaration d’intérêt Pédiatrie 2010;17:810-811.

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt. 13. Nnoaham KE ,Clarke A. Low serum vitamin D levels and tuberculosis:

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Vitamine D et immunité

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