MARDI 28 DÉCEMBRE 2021

78E ANNÉE – NO 23941

3,00 € – FRANCE MÉTROPOLITAINE
WWW.LEMONDE.FR –
FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY
DIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO

Omicron : l’exécutif cherche la bonne riposte
▶ Alors que la vague ▶ Pour le gouvernement ▶ La transformation du ▶ Valérie Pécresse, candi­ ▶ Notre enquête auprès
épidémique s’intensifie, et Emmanuel Macron, passe sanitaire en passe date LR à la présidentielle, de non­vaccinés, de diffé­
un conseil de défense l’enjeu est d’endiguer la vaccinal, prévue mi­jan­ et certains professionnels rents profils, qui disent
sanitaire puis un conseil progression du variant vier, pourrait s’accompa­ de santé sont favorables se sentir de plus en plus
des ministres devaient Omicron sans pour autant gner d’un renforcement à un report de la rentrée « à l’écart de la société »
se tenir lundi 27 décembre paralyser l’activité du pays des contrôles d’identité scolaire du 3 janvier PAGE S 6 À 10

VIE ET MORT DE DESMOND TUTU, LA VOIX DES OPPRIMÉS Le sort des passoires thermiques 
▶ En Afrique du Sud, où ses obsèques seront célébrées le 1er janvier, cet homme d’Eglise, inquiète le secteur de l’immobilier
proche de Nelson Mandela, a joué un rôle décisif dans la fin de l’apartheid PAGE 19 le nouveau diagnostic de
performance énergétique (DPE),
en vigueur depuis le 1er juillet,
réserve bien des surprises aux
propriétaires des logements
jugés énergivores. Le DPE, établi
par un professionnel selon des
critères plus stricts qu’aupara­
vant, note les biens de A, la
meilleure note, à G, la pire. Il
doit être annexé à tout contrat
de vente ou de location, avec, dé­
sormais, de lourdes conséquen­
ces. Les logements mal notés
sont susceptibles, à terme, d’être
interdits à la location. De nom­
breux propriétaires, qui ne veu­
lent pas ou ne peuvent pas en­
treprendre de coûteux travaux,
cherchent à vendre, notamment
les petites surfaces. Le gouverne­
ment estime à 4,8 millions le
nombre de passoires thermi­
ques, mais certains profession­
nels jugent qu’avec le nouveau
DPE ce total pourrait atteindre
7 millions de logements.
PAGE 14

Israël
Un entretien avec
Russie
le ministre des L’Ukraine, sujet 
affaires étrangères
PAGE 4
central du règne 
de Vladimir 
1
É D ITO RI A L
Poutine
La relation émotionnelle
DÉFENDRE que le président russe
entretient avec Kiev est
UNE LIBERTÉ  au cœur de la montée des
D’INFORMER  tensions. Aucun dossier
ASSIÉGÉE ne l’a tourmenté à ce point
PA GE 29 depuis qu’il est au pouvoir
En Afrique du Sud, en 1985, lors d’une messe célébrée pour une écolière abattue par la police. IAN BERRY/MAGNUM PHOTOS PAGE 2

Administration
Reportage Dans un hôpital lillois, Les données
Inde L’aventure laotienne qui enchantera
avec des candidates à la PMA personnelles mal Les chrétiens  votre fin d’année !
protégées contre
le piratage
victimes de 
PAGE 12 nombreux actes 
Enquête
de violence
Dans la Haute­ Cette année, plus de
Vienne, l’abbaye 300 attaques contre cette
minorité et ses lieux de
et les moines culte ont été perpétrées
de la discorde par des extrémistes
PAGE 20 hindous à travers le pays
PAGE 3

Théâtre
« L’année Assurances
Molière », le début
de notre série
Les détectives  2020

SÉLECTION

Le 8 décembre, au CHU de Lille. LUCIE PASTUREAU POUR « LE MONDE »

privés traquent 
OFFICIELLE

devant l’afflux de demandes
de procréation médicalement
assistée, l’hôpital Jeanne­de­
Flandre du centre hospitalier
universitaire de Lille propose
des créneaux de consultation
supplémentaires. Nos journalis­
tes ont pu assister aux rencon­
tres entre l’équipe soignante
et plusieurs de ces femmes, seu­
les ou en couple, aux parcours
Algérie 220 DA, Allemagne 3,80 €, Andorre 3,80 €, Autriche 3,80 €, Belgique 3,30 €, Canada 5,80 $ Can, Chypre 3,20 €, Danemark 36 KRD, Espagne 3,60 €, Gabon 2 400 F CFA, Grande-Bretagne 3,20 £, Grèce 3,50 €, Guadeloupe-Martinique 3,30 €,
Hongrie 1 460 HUF, Italie 3,50 €, Luxembourg 3,30 €, Malte 3,20 €, Maroc 23 DH, Pays-Bas 4,00 €, Portugal cont. 3,50 €, La Réunion 3,30 €, Sénégal 2 400 F CFA, Suisse 4,50 CHF, TOM Avion 500 XPF, Tunisie 4,50 DT, Afrique CFA autres 2 400 F CFA
en cinq volets
très variés. « C’est un moment RESPLENDISSANT
historique , souligne la docteure
Christine Decanter, chef du
PAGE 22
les fraudeurs
service d’assistance médicale
à la procréation. Ce mois de Marché de l’art Dans leur lutte contre les
consultations nous permet 2021, exercice fraudes, les assureurs et
de prendre le pouls. Je voulais les mutuelles ont de plus
me faire une idée : quelles ques­ record des
tions se posent, à quoi va ressem­
bler ce nouveau public ? »
maisons de vente
en plus souvent recours à
des enquêteurs spécialisés au cinéma le 29 décembre
PAG E 1 6 PAGE 18 PAGE 18
 INTERNATIONAL
0123
2| MARDI 28 DÉCEMBRE 2021

Le président
russe,
Vladimir
Poutine,
avec le chef
d’état­major
de l’armée,
Valeri
Guerassimo
v, lors d’une
réunion du
ministère
de la
défense sur
l’Ukraine,
à Moscou, le
21 décembre.
MIKHAIL
TERESHSCHENKO/AP

L’Ukraine, hantise du règne de Poutine
La relation émotionnelle que le président russe entretient avec Kiev est au cœur de la montée des tensions

moscou ­ correspondant comprendre que le bilan n’est Jeudi 23 décembre, lorsqu’il a La position de départ de Vladi­ ces forces, il ne peut exister une
pas bon. été interrogé à l’occasion de sa
Pour Vladimir mir Poutine a toutefois évolué, Ukraine souveraine. » Dès lors, l’in­

D
es deux côtés, les « li­ Dans l’étude de la politique conférence de presse annuelle Poutine, note Fiodor Loukianov, un expert terventionnisme en Ukraine, y
gnes rouges » ont été russe, la surpersonnalisation, sur les perspectives d’une guerre, en relations internationales ré­ compris militaire, se voit justifié.
tracées, les exigences l’importance extrême accordée le président russe a immédiate­
le pouvoir puté proche du Kremlin. Selon lui, Derrière cette évolution, il y a
ont été posées et, mal­ aux souhaits, réels ou supposés, ment embrayé sur le sujet ukrai­ soviétique ce credo du « un seul et même peu­ toutefois un constat d’échec. En­
gré le bruit de bottes persistant, de Vladimir Poutine, est souvent nien, remontant le temps jusqu’à ple » a laissé la place à une vision tre le projet initial du président
une séquence diplomatique doit un biais. Dans ce cas précis, non. la « création » de ce pays par Lé­
a accordé plus pragmatique, qui accepte russe Poutine de s’associer à
s’ouvrir entre la Russie et l’Occi­ Aucun dossier n’aura tourmenté à nine sur les « terres historiques » des « cadeaux l’existence de l’Etat ukrainien, l’Ukraine, « pays frère », au sein
dent après les fêtes de fin d’an­ ce point le président russe. Même des Russes. Il a fait remonter la mais seulement à condition que d’une « Union eurasiatique »
née. Moscou a indiqué, diman­ la Géorgie, contre laquelle Mos­ crise actuelle au « coup d’Etat » de
territoriaux » celui­ci « ne soit pas hostile à la conçue spécialement pour elle, et
che 26 décembre, qu’il examinait cou a mené une guerre en 2008, Maïdan, en 2014, avant d’évoquer, indus à l’Ukraine Russie ». D’où la demande centrale l’obtention, par la force, d’un sta­
une proposition de l’OTAN pour n’a pas atteint cette importance plus tard seulement, les « pro­ exprimée par Moscou que Kiev ne tut de neutralité pour ce voisin
une rencontre le 12 janvier 2022. stratégique et intime, malgré la messes non tenues » des années rejoigne pas l’OTAN et ne reçoive devenu hostile, les ambitions de
Pour la partie russe, le pro­ haine personnelle portée par 1990, dont celle de ne pas élargir Ces positions trouvent un fort pas d’armements de membres de Moscou ont été sévèrement re­
gramme est ambitieux : il ne M. Poutine à l’ancien président l’OTAN à l’Est. écho dans l’opinion. Le dossier l’Alliance atlantique. vues à la baisse.
s’agit rien de moins que de re­ géorgien Mikheïl Saakachvili. Vladimir Poutine porte sur ukrainien a fréquemment été uti­ « Nous nous sommes réconciliés Cette « perte de l’Ukraine », selon
mettre à plat l’ordre européen l’Ukraine un regard singulier, très lisé comme un outil de mobilisa­ avec l’idée que ces terres historiques l’expression consacrée, se mesure
bâti au cours des années 1980 et Regard très russe sur l’Ukraine russe. Il a parlé et écrit à son propos tion du peuple russe – semblant s’étaient retrouvées en dehors de la sur tous les tableaux : soutien à
1990 et d’écarter l’OTAN d’une Pour le politiste Alexander Bau­ à de nombreuses reprises, avec donner raison à l’adage du diplo­ Russie », a­t­il ainsi assuré jeudi, l’OTAN dans ce pays, devenu majo­
sphère d’influence russe dont les nov, c’est même ce facteur per­ une constance que l’on retrouve mate américain Zbigniew Brze­ lors de sa conférence de presse, ritaire seulement après 2014, plé­
contours seraient désormais gra­ sonnel qui explique la récente sur un seul autre sujet, la seconde zinski, selon lequel la Russie peut mettant plutôt l’accent sur l’éven­ biscite pour l’orientation euroat­
vés dans le marbre. montée des tensions : « Vladimir guerre mondiale. Sa position se ré­ être « ou un empire ou une démo­ tualité d’un déploiement de « mis­ lantique, progression de la langue
Au cœur de ce plan, présenté Poutine n’a pas décidé s’il parti­ sume de manière simple : Russes cratie, mais pas les deux ». siles supersoniques » en Ukraine. ukrainienne, réorientation du
avec fracas le 17 décembre, un rait en 2024, mais il a conscience et Ukrainiens, tous deux héritiers Le Kremlin s’est même payé le « Aujourd’hui, la question, c’est la commerce extérieur… Jeudi, lors
pays concentre toutes les atten­ qu’il est mortel et veut laisser un de la Rous de Kiev médiévale – an­ luxe de reconnaître que l’an­ sécurité, et tant pis pour l’histoire », de sa conférence de presse,
tions. L’Ukraine est le seul Etat héritage propre, conforme à ce cêtre des Etats slaves modernes –, nexion de la Crimée, très popu­ a­t­il encore résumé. M. Poutine a attribué ces change­
dont le nom est explicitement qu’il considère être sa mission his­ sont « un seul et même peuple ». laire, était une opération con­ ments profonds à un « lavage de
cité dans les projets d’accords torique. Or, le dossier ukrainien M. Poutine l’écrit encore dans un duite par l’armée et non le résul­ Constat d’échec cerveaux » qu’auraient subi les
préparés par Moscou. Son destin est celui qui lui laisse la frustra­ long article théorique « sur l’unité tat d’une révolte locale. La « pro­ La menace est aussi que l’Ukraine Ukrainiens de la part de leurs par­
est présenté comme central pour tion la plus importante. Et ce dos­ historique des Russes et des Ukrai­ tection des russophones » en se développe comme un modèle rains occidentaux, avides unique­
la sécurité de la Russie ; il l’est sier est à la croisée des questions niens », publié au mois de juillet Ukraine est un slogan apprécié, alternatif à celui que vend M. Pou­ ment d’utiliser ce territoire pour y
aussi sur un plan symbolique. sécuritaires et des questions plus sur le site du Kremlin. rabâché par la télévision. Mi­dé­ tine à son peuple. Cette crainte­là déployer des armements.
Avec le dossier ukrainien, il est émotionnelles ayant trait à l’iden­ Nombre d’historiens contestent cembre, M. Poutine a parlé, pour n’est pas exprimée ouvertement, Même s’il refuse toute remise en
question d’une obsession russe, tité. C’est pour cela que, même s’il cette présentation, qui oublie la la première fois, d’un « génocide » mais elle est évidente. Comment question des actions de Moscou
et en particulier de l’obsession est en général très prudent, Pou­ longue histoire d’opposition entre dans le Donbass, où Kiev affronte expliquer que le « peuple frère » en Ukraine depuis 2014, Vladimir
d’un homme, Vladimir Poutine, tine est aujourd’hui prêt à s’en re­ les deux entités, leurs choix politi­ depuis 2014 des séparatistes pro­ parvienne (ce n’est pas encore le Poutine a peut­être été aveuglé
qui a lié son long règne à ce pays mettre à nouveau à la guerre, une ques distincts. Mais l’essentiel est russes soutenus par Moscou et cas) à imposer l’Etat de droit, la par ses convictions, par son rap­
et, à l’heure des comptes, semble solution par défaut. » ailleurs. Pour le président russe, son armée. lutte contre la corruption, une dé­ port quasi charnel à une histoire
l’Etat ukrainien est une incon­ A ce corpus théorique s’ajoute mocratie apaisée ? Lorsqu’il bran­ fantasmée des Slaves. En 2014, au
gruité, auquel le pouvoir soviéti­ une autre conviction, apparue, dit ces objectifs, comme lors de la moment de déclencher les ten­
Gazprom critique Berlin que a accordé des « cadeaux terri­
toriaux » indus, au détriment de la
elle, tardivement chez Vladimir
Poutine : l’ordre international dé­
révolution de Maïdan, il ne peut
s’agir que d’une manipulation oc­
sions en Ukraine, les stratèges du
Kremlin s’attendaient à ce que
Le géant russe Gazprom a jugé peu « rationnelle » la revente de Russie. Cette position n’est pas fini sous Mikhaïl Gorbatchev et cidentale. Il en va de même, plus l’insurrection prorusse, attisée
gaz par l’Allemagne à la Pologne, en pleine flambée des prix, re- nouvelle. En 2013, avant même Boris Eltsine est mauvais et peut tard, pour la quasi­disparition de par leurs soins, se propage à tout
jetant les accusations selon lesquelles Moscou limite volontaire- l’annexion de la Crimée – dont être rebattu. Des années 1990 il ne l’échiquier politique ukrainien le sud et l’est du pays. C’est seule­
ment ses livraisons à l’Europe. « On observe une inversion du flux l’appartenance à l’Ukraine fait fi­ faut garder que la profonde péné­ des forces prorusses. ment dans une portion limitée du
de gaz de l’Allemagne vers la Pologne et, apparemment, aussi gure à ses yeux d’incongruité su­ tration de l’Etat ukrainien par les Dans l’esprit de Vladimir Pou­ Donbass qu’elle a récolté suffi­
vers l’Ukraine, de l’ordre de 3 à 5 millions de mètres cubes par prême –, M. Poutine présentait ces services russes. Le référendum de tine, la volonté ukrainienne de se samment de soutiens pour tenir.
jour », a indiqué le porte-parole de Gazprom. « Ce gaz provient thèses lors d’un entretien à la télé­ 1991 favorable à l’indépendance tourner vers l’Ouest devient Quant à la Crimée, le Kremlin voit
de réservoirs souterrains en Allemagne, des réservoirs dont le gaz vision. « Où qu’aille l’Ukraine, nous ukrainienne (le « oui » l’a emporté même une nouvelle preuve que la son « rattachement » à la Russie
a déjà été utilisé à 47 %. Et l’hiver ne fait que commencer… » Mer- finissons toujours par nous retrou­ jusqu’en Crimée) ou le mémoran­ souveraineté ukrainienne est une comme une chose durable et irré­
credi 22 décembre, la représentation permanente de la Pologne ver », concluait le président. Une dum de Budapest de 1994, par le­ fiction. Il l’écrit dans son article de versible. Mais, là aussi, le succes­
auprès de l’Union européenne a accusé Moscou d’avoir stoppé déclaration en forme de prémoni­ quel Moscou garantissait l’inté­ juillet : « Les forces occidentales à seur de M. Poutine héritera d’un
ses livraisons par le gazoduc Yamal-Europe entre la Russie, la tion ou d’avertissement, qui ré­ grité territoriale de l’Ukraine, peu­ l’œuvre derrière le projet “anti­Rus­ dossier loin d’être résolu. 
Pologne et l’Allemagne, accusant Gazprom de « manipulation ». sonne étrangement aujourd’hui. vent être oubliés. sie” contrôlent l’Ukraine. (…) Pour benoît vitkine
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021 international | 3

Hausse des violences contre les chrétiens en Inde

En dix mois, plus de 300 attaques ont été perpétrées par des extrémistes hindous contre la minorité religieuse

new delhi ­ correspondance contre des chrétiens et leurs lieux cées. Le BJP, au pouvoir dans cet n’a pas empêché M. Modi de ren­ L’une des attaques les plus gla­
de culte ont été perpétrées par des Etat, affirme que les conversions
« Le pourcentage contrer le pape François en octo­ çantes s’est déroulée le 3 octobre à

A
5 h 45 du matin, jeudi
23 décembre, le père
Joseph Anthony Da­
niel a été réveillé par
un coup de téléphone. L’église
Saint­Joseph de la paroisse de
Soosaipalya, dans le Karnataka
(sud de l’Inde), vieille de cent cin­
quante­deux ans, avait été vanda­
lisée dans la nuit. « La statue de
saint Antoine et celle du petit Jésus
qu’il tenait dans ses bras ont été
décapitées par un jet de pierre »,
décrit le prêtre, qui s’est immédia­
tement rendu au poste de police
pour porter plainte. « Tout le vil­
lage est sous le choc. Nous sommes
une paisible paroisse catholique
de 78 familles, je ne comprends pas
les motivations des vandales, à la
veille de Noël », s’étonne­t­il.
Cette attaque s’inscrit dans une
vague de violences à l’encontre de
la minorité chrétienne en Inde.
Au cours des dix premiers mois
de l’année, plus de 300 attaques
extrémistes hindous à travers le
pays, selon un décompte de plu­
sieurs organisations de défense
des droits humains.
Lente « invasion religieuse »
Entre janvier et novembre, rien
que dans le Karnataka, 39 inci­
dents visant des chrétiens ont été
recensés par l’ONG People’s Union
for Civil Liberties (PUCL). Dans son
rapport publié le 14 décembre et
intitulé « Criminaliser la pratique
de la foi », le PUCL souligne que les
auteurs de toutes ces attaques
sont membres d’organisations ex­
trémistes hindoues, telles que le
Rashtriya Swayamsevak Sangh
(RSS), organisation paramilitaire
et matrice idéologique du Bhara­
tiya Janata Party (BJP), le parti du
premier ministre, Narendra Modi.
Dans le Karnataka, cette recru­
descence des violences contre les
chrétiens se déroule sur fond
d’accusations de conversions for­
au christianisme y sont rampan­
tes et les autorités locales y ont
même ordonné, fin octobre, un
recensement de toutes les églises
et des prêtres qui y officient. Le
chef de l’exécutif de l’Etat, Basava­
raj Bommai, n’a pas hésité à parler
d’une lente « invasion religieuse ».
« L’idée de conversions de masse
relève du mythe. D’ailleurs, le pour­
centage de chrétiens dans la popu­
lation indienne ne cesse de dimi­
nuer », souligne Peter Machado,
archevêque de Bangalore, la capi­
tale du Karnataka, où les chré­
tiens représentent moins de 2 %
de la population. A l’échelle natio­
nale, ils ne sont que 2,3 %, dans
une Inde à 80 % hindoue.
Le jour où l’église Saint­Joseph
de Soosaipalya a été vandalisée, le
Karnataka adoptait une loi anti­
conversion controversée. Cette
dernière impose des restrictions
drastiques aux conversions et aux
mariages interreligieux : les sanc­
de chrétiens dans
la population
indienne ne cesse
de diminuer »
PETER MACHADO
archevêque de Bangalore
tions prévues peuvent aller jus­
qu’à dix ans de prison. « Les con­
versions sont devenues un crime,
c’est une atteinte à la liberté reli­
gieuse, mais aussi au droit à la vie
privée », regrette Peter Machado.
Près d’une dizaine d’Etats in­
diens ont mis en place des lois si­
milaires. « Cela fait partie de
l’agenda du BJP et du RSS, qui consi­
dèrent que l’islam et le christia­
nisme sont des religions étrangères
qui n’ont pas leur place en Inde », in­
dique Apoorvanand, professeur
d’hindi à l’université de Delhi. Cela
bre et de l’inviter en Inde.
« Impunité totale »
Après l’arrivée au pouvoir des na­
tionalistes hindous en 2014, ce
sont d’abord les attaques contre
les musulmans qui ont connu
une recrudescence. Au nom de la
protection des vaches, considé­
rées comme sacrées en Inde, des
extrémistes hindous ont lynché
des dizaines de musulmans, visés
pour leur association au com­
merce ou à la consommation de
bovins. Puis les attaques contre
les chrétiens ont commencé à se
multiplier. « Le BJP et le RSS utili­
sent tous les moyens à leur disposi­
tion pour persécuter ces minorités
religieuses : d’abord par le biais de
la loi ; ensuite par des petits voyous
appartenant à des organisations
qui leur sont affiliées et qui jouis­
sent d’une impunité totale ; et en­
fin, par la diabolisation », poursuit
Apoorvanand.
Roorkee, dans l’Etat de l’Utta­
rakhand. Une foule de plus de
200 personnes a saccagé une
église évangélique juste avant la
messe du dimanche. « Ils ont fait
irruption dans le hall et j’ai en­
tendu des chants : “Longue vie au
dieu Ram”, “Longue vie à notre
mère patrie l’Inde”, se remémore
Eva Lance, 25 ans, la fille du pas­
teur. Ils ont décroché la croix et ont
jeté la Bible au sol. »
L’un des volontaires de l’église a
été violemment frappé par des
hommes armés de barres de fer.
« Ils l’ont traîné sur la route et il gi­
sait dans une mare de sang », té­
moigne­t­elle. « Ce n’est que le dé­
but, vous ne perdez rien pour atten­
dre », auraient menacé des voix
dans la foule. Près de trois mois
plus tard, la police n’a procédé à
aucune arrestation, mais des fidè­
les font l’objet d’une plainte pour
conversions forcées. 
ravi pinto

Le pardon à l’ex­présidente
divise la Corée du Sud
Park Geun­hye avait été condamnée
pour corruption et abus de pouvoir

tokyo ­ correspondance Le pardon accordé ne fait pas

l’unanimité au sein du camp pré­

L es responsables politiques
sud­coréens ont accueilli
avec surprise et avec une
certaine réserve l’annonce, ven­
dredi 24 décembre, du pardon ac­
cordé par le président Moon Jae­in
à celle qui l’avait précédé de 2013 à
2017 à la tête du pays, Park Geun­
hye. La majorité démocrate a dit
« respecter » la décision présiden­
tielle ; l’opposition conservatrice
soupçonne une « manœuvre »
pour l’affaiblir ; l’ensemble des
partis s’interrogent sur ses consé­
quences à l’approche de l’élection
présidentielle du 9 mars 2022.
Le pardon accordé à l’ancienne
présidente, qui purge une peine
de vingt­deux ans de prison pour
corruption et abus de pouvoir,
s’inscrit dans le cadre de l’amnis­
tie du Nouvel An, qui concerne
cette année 3 094 personnes.
Mme Park en a donc bénéficié,
contrairement à un autre ancien
président, Lee Myung­bak (2008­
2013), derrière les barreaux pour
corruption et détournement de
fonds publics.
Dégradation de son état de santé
Park Geun­hye, qui fut la pre­
mière femme à diriger la Corée du
Sud, a réagi en s’excusant « pour
les inquiétudes suscitées ». Elle a
aussi exprimé sa « profonde grati­
tude au président Moon Jae­in et
au gouvernement, qui ont décidé
d’accorder une grâce malgré les
difficultés ». Le ministre de la jus­
tice, Park Beom­kye, a justifié la
décision de Moon Jae­in par sa vo­
lonté de « renforcer l’unité natio­
nale et d’apaiser les conflits » en
cette période de crise sanitaire
due au Covid­19 et à l’approche de
l’élection présidentielle.
La dégradation de l’état de santé
de la prisonnière a aussi été prise
en compte. Hospitalisée depuis le
22 novembre au centre médical
Samsung pour des problèmes or­
thopédiques et dentaires, l’an­
cienne dirigeante souffrirait éga­
lement de troubles psychologi­
ques. Depuis son incarcération
en 2017 à la prison d’Uiwang, dans
la province du Gyeonggi, voisine
de Séoul, elle refuse toute visite, à
l’exception de celles de son avo­
cat. Après sa libération, Mme Park
devrait rester hospitalisée pen­
dant un certain temps.
sidentiel. Quand il était étudiant,
le démocrate Moon Jae­in a été
emprisonné pour avoir milité
contre le pouvoir autoritaire de
Park Chung­hee, dirigeant de 1962
à 1979 et père de Mme Park.
M. Moon a accédé à la présidence
en 2017 après la « révolution des
bougies », qui a mobilisé des mil­
lions de Sud­Coréens pour obtenir
le départ de Mme Park et la fin du
réseau de corruption mis en place
sous son administration avec la
complicité de sa confidente, Choi
Soon­sil, du conglomérat Sam­
sung ou encore du service natio­
nal du renseignement (NIS).
Embarras de l’opposition
Le parti Minju (démocrate), qui dé­
plore l’absence de consultation de
la part de la Maison Bleue, la prési­
dence sud­coréenne, cherche à
mesurer les conséquences du par­
don. Certains y voient une chance
d’attirer des électeurs modérés.
D’autres craignent d’avoir déçu les
provinces du Jeolla du Nord et du
Sud, bastions démocrates tradi­
tionnels hostiles à la famille Park.
L’embarras domine aussi du
côté du Parti du pouvoir popu­
laire (PPP), première formation de
l’opposition conservatrice, héri­
tière du Parti Saenuri de Mme Park.
« C’est une manœuvre pour nous
diviser », estime Kwon Sung­dong,
secrétaire général du PPP, qui re­
grette l’absence de pardon pour
Lee Myung­bak. Le parti conserva­
teur est d’autant plus ennuyé que
son candidat à la présidentielle est
l’ancien procureur Yoon Seok­
youl, qui a dirigé l’enquête ayant
mené à la destitution de Mme Park
en 2017 et à sa condamnation.
M. Yoon s’était emparé du dos­
sier, qui sonnait pour lui comme
une revanche sur Park Geun­hye :
celle­ci avait obtenu, en 2013, sa ré­
trogradation, alors qu’il enquêtait
sur les allégations selon lesquelles
le service national du renseigne­
ment avait influencé l’opinion pu­
blique en faveur de Mme Park lors
de la campagne présidentielle de
2012. M. Yoon avait alors dénoncé
les pressions subies. « Je salue la
grâce de Park Geun­hye », a­t­il tou­
tefois réagi, soulignant que le par­
don devait être considéré dans la
perspective de l’unité nationale. 
philippe mesmer

4 | international
« Personne n’a écouté le téléphone de Macron »
Yaïr Lapid, le chef de la diplomatie israélienne, s’exprime sur les suites de l’affaire du logiciel espion Pegasus
ENTRETIEN
jérusalem ­ correspondant
Y
aïr Lapid est l’architecte
d’une coalition de huit
partis, allant de la gau­
che à l’extrême droite,
qui a mis fin, en juin, à douze ans
de règne de l’ancien premier mi­
nistre Benyamin Nétanyahou.
Ministre des affaires étrangères, il
doit prendre la direction du gou­
vernement à l’été 2023, en rem­
placement de Naftali Bennett,
l’actuel premier ministre. Il ré­
pond aux questions du Monde
sur le ciblage de personnalités
françaises au moyen du logiciel
espion Pegasus, produit par la so­
ciété israélienne NSO, et cherche
à distinguer son gouvernement
de celui de M. Nétanyahou.
Le renseignement marocain
a­t­il piraté un téléphone du
président Emmanuel Macron
à l’aide de Pegasus, le logiciel
espion israélien ?
Le président Macron est un lea­
der inspirant, un vrai ami d’Israël,
mais aussi l’un de mes amis per­
sonnels. Il est l’un des leaders
européens les plus engagés et les
plus fermes face à l’antisémi­
tisme. Nous n’aurions jamais fait
quoique ce soit qui puisse lui
nuire. NSO est une compagnie
privée, mais nous avons fait de
notre mieux pour découvrir ce
qu’il s’est passé, et autant qu’il
soit possible de le dire, personne
n’a écouté le téléphone du prési­
dent. Cela est conforme à la li­
cence [d’exportation délivrée par
l’Etat israélien à NSO] : le pro­
gramme ne peut être utilisé que
pour lutter contre des organisa­
tions terroristes et des crimes gra­
ves, et nous espérons que ces ter­
mes ont été respectés.
Des traces d’actions
malveillantes de Pegasus
ont cependant été décelées
sur des téléphones d’officiels
français par le renseignement
national…
Alors, c’est un crime. Si quel­
qu’un a mal utilisé cette cybe­
rarme ou a menti, il devrait être
puni par la justice.
Avez­vous révoqué la licence
des autorités marocaines ?
Cette licence est très stricte.
Nous avons exposé tout le maté­
riel que nous avions aux autorités
Israël veut doubler la population juive sur le plateau du Golan
Plus de 13 000 nouveaux logements devraient être construits d’ici cinq ans dans le territoire syrien annexé par Israël
jérusalem ­ correspondant
L e premier ministre israé­
lien, Naftali Bennett, a an­
noncé dimanche 26 dé­
cembre l’adoption par son gou­
vernement d’un plan de dévelop­
pement du plateau du Golan
sans précédent, à hauteur d’1 mil­
liard de shekels (280 millions
d’euros). Pour l’occasion, un con­
seil des ministres spécial a été or­
ganisé dans le petit kibboutz de
Mevo Hama, 450 habitants et
une vue imprenable sur le lac de
Tibériade. Presque toutes les ten­
dances politiques de cette coali­
tion hétéroclite, de gauche à
droite, étaient représentées.
Seuls les ministres arabes man­
quaient à l’appel.
Cela fait quarante ans qu’Israël
a unilatéralement – et donc illé­
galement aux yeux de la commu­
nauté internationale – annexé le
territoire syrien qu’il occupait de­
puis la fin de la guerre des Six­
Jours en 1967. Le Conseil de sécu­
rité de l’ONU a estimé dans sa ré­
solution 497 de décembre 1981
que l’annexion était « nulle et non
avenue et sans effet juridique sur
« Si cela
ne dépendait que
de moi, j’aurais
déjà commencé
à négocier
[avec l’Autorité
palestinienne],
sous le principe
d’une solution
à deux Etats »
françaises. Et nous nous sommes
assurés que chacun comprenne la
différence entre une compagnie
privée et une compagnie gouver­
nementale. Ce n’est pas une af­
faire entre gouvernements.
Qu’en est­il de vos négocia­
tions en cours avec Paris, qui
souhaite que les numéros de
téléphone français ne puissent
plus être ciblés par Pegasus,
comme les Américains ?
Des enquêtes ont été lancées en
Europe et aux Etats­Unis, nous
devrons attendre les résultats.
C’est hors des mains de notre gou­
vernement.
Dans les territoires palesti­
niens occupés, il est difficile
de distinguer votre action
de celle de M. Nétanyahou.
Quelle est la différence ?
Notre ministre de la défense a
rendu visite au président Mah­
moud Abbas à Ramallah, après
une décennie sans contacts de ce
type, pour améliorer la coordina­
tion avec l’Autorité palestinienne
[AP]. Israël a prêté 140 millions
d’euros à l’AP il y a deux mois.
Nous pensons qu’il est préférable
pour les deux parties de renfor­
cer et non d’affaiblir l’AP. La struc­
ture de notre gouvernement ne
nous permet pas, comme la leur,
d’avancer vers des négociations.
Mais nous voulons aider les Pa­
lestiniens à améliorer leurs vies
et leur économie. Nous avons
aussi augmenté le nombre de
permis de travail en Israël. Il y a
quelques semaines, j’ai appelé
l’un de mes homologues au sein
de l’AP pour offrir 1 million de do­
ses de vaccin d’AstraZeneca. Ils
ont décidé de ne pas les prendre,
mais je crois qu’ils ont apprécié
notre bonne volonté.
le plan international ». Selon
M. Bennett, une combinaison
unique de facteurs a mené à ce
moment « historique » : la recon­
naissance en 2019 de la souverai­
neté israélienne sur le Golan par
Donald Trump, alors président
des Etats­Unis, et « le fait que l’ad­
ministration de Joe Biden ait clari­
fié qu’il n’y avait pas de change­
ment de cette politique » ; les dix
ans de guerre civile en Syrie, qui
ont décrédibilisé toute notion de
retour du territoire au gouverne­
ment Assad.
Le plan du gouvernement mise
surtout sur l’implantation. « Le
but… est de doubler le nombre de
résidents [israéliens] sur le plateau
du Golan, donc d’ajouter 23 000 ré­
sidents [juifs] », résume le commu­
niqué du gouvernement. Dans
cette optique il s’est engagé à cons­
truire dans les cinq ans, 7 300 loge­
ments dans des colonies existan­
tes, dont le chef­lieu administratif,
Qatzrin, et 6 000 dans deux nou­
veaux villages. Ces nouveaux lo­
gements seront construits selon
un système d’obtention de permis
de construire accéléré. Près de
90 millions d’euros seront aussi
Le ministre israélien des affaires étrangères, Yaïr Lapid, à Jérusalem, le 5 décembre. GIL COHEN-MAGEN/AP
Vous écartez toute négociation
politique, mais faites en sorte
que l’AP ne s’écroule pas ?
Si cela ne dépendait que de moi,
j’aurais probablement déjà com­
mencé à négocier, sous le prin­
cipe d’une solution à deux Etats,
parce que j’y crois. Mais ce n’est
pas la sorte de gouvernement
que nous avons.
Cela changera­t­il si vous
devenez premier ministre ?
La structure du gouvernement
restera la même. Mais j’ai pré­
senté un plan au gouvernement
israélien pour aider à la réhabili­
tation de Gaza, pour l’aide huma­
nitaire dans un premier temps,
l’alimentation en énergie, en eau,
et les infrastructures de base, les
écoles, les routes. Puis, si le Ha­
mas ne nous tire pas dessus, nous
pourrons aller vers de plus grands
rêves, comme une île artificielle
où pourrait se construire un port.
investis dans l’infrastructure et le
développement économique local
(notamment dans le tourisme et
les nouvelles technologies).
Toute une partie de la popula­
tion est oubliée. « On ne parle que
des populations juives », regrette
Wael Tarabieh, du centre Al­Mar­
sad des droits de l’homme dans le
Golan. Il fait partie de la commu­
nauté de druzes syriens qui sont
restés après 1967. Ils sont environ
25 000 aujourd’hui, massés dans
quatre villages dans le nord­ouest
Damas
LIBAN
née
er
r ra
SYRIE
M
ite
Plateau
éd
du Golan Meron Golan
M
Qatzrin Zone
Lac démilitarisée
de Tibériade Mevo Hama
ISRAËL
JORDANIE
CISJORDANIE
Jérusalem
50 km
En octobre, Israël a désigné
six ONG palestiniennes
comme « terroristes ».
Pourquoi n’avoir présenté
aucune preuve ?
Nous avons présenté ces preu­
ves à des services de renseigne­
ment européens et américains.
Nous n’avons rien contre les ONG
et, bien sûr, rien contre les droits
humains. Mais celles­ci reçoivent
des dons, y compris de pays euro­
péens, puis blanchissent les fonds
et les transfèrent au Front popu­
laire de libération de la Palestine
[FPLP], une organisation terroriste
qui a tué de nombreux Israéliens.
Israël a­t­il fait une erreur
en encourageant l’ex­président
américain Donald Trump
à quitter l’accord international
sur le nucléaire iranien,
en 2018 ?
Les Etats­Unis et Israël auraient
dû attendre pour faire cela de
du territoire. La plupart refusent
de délaisser leur identité sy­
rienne : seuls 15 % d’entre eux ont
fait le choix de prendre la nationa­
lité israélienne.
Au fil des années, les relations
se sont normalisées entre Syriens
du Golan et colons israéliens.
« Mais si la population double,
tout va changer », s’inquiète
M. Tarabieh. La communauté a
peu de confiance dans les institu­
tions israéliennes, même quand
il s’agit de projets d’utilité publi­
que. Le Golan devrait devenir « la
nouvelle capitale israélienne des
énergies renouvelables », s’est féli­
cité M. Bennett, avec l’installation
de milliers d’hectares de fermes
solaires et d’autres initiatives
agrivoltaïques. Chez les Syriens
du Golan, cela fait frémir. « Cela
fait plusieurs années qu’on se bat
contre un champ d’éoliennes éta­
bli à l’encontre de nos droits »,
ajoute Wael Tarabieh.
Yehuda Harel, 87 ans, a fondé le
premier kibboutz israélien sur le
plateau du Golan juste devant les
lignes syriennes en 1967. Merom
Golan est aujourd’hui une com­
munauté agréable qui continue à
manière coordonnée avec l’Eu­
rope. J’étais alors dans l’opposi­
tion, mais nous avons toujours
cru que l’accord était insuffisant,
qu’il avait trop de trous, et ren­
dait la tâche trop facile à l’Iran
pour duper ses interlocuteurs,
tout en faisant progresser son
programme nucléaire. Nous
pouvions voir ces avancées.
Aujourd’hui, ils enrichissent
l’uranium jusqu’à 60 %. Il leur est
très facile dès lors d’atteindre
90 %, ce qui fait d’eux presque un
pays du seuil nucléaire.
Les pourparlers de Vienne
sont­ils voués à l’échec ?
L’Iran se rend aux pourparlers
pour une seule raison : obtenir la
levée des sanctions, afin de con­
tinuer à financer ses relais terro­
ristes à travers le Proche­Orient
et faire progresser son pro­
gramme nucléaire militaire. Ils
vont jouer la montre.
grossir tranquillement. Le Golan
est un territoire occupé selon le
droit international, comme la Cis­
jordanie – mais ils n’ont rien en
commun, insiste cet ancien parle­
mentaire et assistant d’Yitzhak Ra­
bin. « On essaie de faire venir les
gens dans le Golan en vantant la
qualité de vie, cela n’a rien à voir
avec le fanatisme religieux des
communautés de Cisjordanie. »
Un atout stratégique
Une perspective partagée par
l’écrasante majorité de la popula­
tion. « L’opinion publique est mas­
sivement attachée au maintien de
la présence israélienne sur le Go­
lan, explique David Khalfa, cher­
cheur à l’Observatoire de l’Afrique
du Nord et du Moyen­Orient de la
Fondation Jean­Jaurès. Pour l’Is­
raélien moyen, le plateau du Go­
lan est une frontière naturelle, un
château d’eau et un éventuel lieu
de villégiature. Pour l’armée, le
plateau est un atout stratégique
majeur qui offre une double pro­
tection défensive. Il surplombe le
lac de Tibériade et l’est de la Galilée
mais aussi les territoires ennemis
voisins, notamment la Syrie où les
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
Selon vous, à quel moment
Téhéran s’approchera­t­il trop
du seuil nucléaire ? Quelles
sont vos lignes rouges ?
Chacun comprend que s’ils at­
teignent un enrichissement de
l’uranium à 90 %, c’est une ligne
rouge. Israël fera ce qu’il a à faire
pour empêcher l’Iran de parvenir
à une dangereuse avancée dans
ses capacités nucléaires. Nous ne
retirons aucune réponse de la ta­
ble, mais il est plus important de
discuter avec nos alliés, les Etats­
Unis et les pays négociateurs du
« P5 », spécialement la France, le
Royaume­Uni et l’Allemagne [en
plus de la Russie et de la Chine]. Il
s’agit de ne pas laisser s’ouvrir
une course à l’arme nucléaire au
Proche­Orient et au­delà, et de ne
pas autoriser un Etat terroriste à
se doter d’une arme qui menace­
rait Israël et le monde. 
propos recueillis par
louis imbert
milices pro­Iran se sont implan­
tées à la faveur de la guerre civile. »
Ce consensus pourrait en partie
expliquer les intentions du gou­
vernement. « Les partis de droite,
dont le parti de Bennett, Yamina,
ont payé politiquement très cher
leur rupture avec Nétanyahou et
leur ralliement à cette coalition hé­
téroclite. Ils veulent donner des ga­
ges à leur électorat et renvoyer
dans les cordes le chef du Likoud et
plus largement l’opposition. »
Pour Wael Tarabieh, cette vision
du territoire est seulement possi­
ble « à cause du nettoyage ethni­
que » : « Aujourd’hui les Israéliens
voient le Golan comme un terri­
toire vide. Ils utilisent l’archéologie
pour justifier une présence juive
qui remonte à des milliers d’an­
nées, en ignorant totalement les
ruines des villages syriens. » Selon
le centre Al­Marsad, au moins
100 000 Syriens auraient été ex­
pulsés en 1967. M. Harel, lui, est
catégorique : personne n’a forcé
les Syriens à partir. « Mais, au
bout du compte, si on a fermé la
porte derrière eux et qu’on a jeté la
clé, quelle est la différence ? », ajou­
te­t­il. – (Intérim) 
 FRANCE
6|
C O V I D ­1 9
Une semaine 
décisive pour 
l’exécutif
Le projet de loi visant à instaurer
un passe vaccinal devait être examiné
en conseil des ministres lundi
L
a fête est finie. Elle fut
brève. Si ce n’est inexis­
tante pour une partie des
Français. Et sans doute
soucieuse pour le chef de l’Etat.
Quarante­huit heures à peine
après un Noël perturbé par l’arri­
vée soudaine du dernier variant
du Covid­19, Omicron, Emma­
nuel Macron est une fois de plus
tenu de se soumettre à un agenda
dicté par la pandémie. Depuis le
fort de Brégançon (Var), son lieu
de villégiature, il devait, dès lundi
27 décembre après­midi, tenir un
conseil des ministres en visio­
conférence, dans la foulée d’un
conseil de défense sanitaire.
Loin de préparer, comme
prévu, la présidence française de
l’Union européenne et sa pro­
chaine candidature à l’élection
présidentielle des 10 et 24 avril
2022, le président de la Républi­
que a dû trancher. Face à la « lame
de fond » Omicron, qui s’est su­
perposée à la vague du variant
Delta, doit­on ériger des murs ?
Faut­il rétablir des jauges dans
les commerces et les lieux de
convivialité ? Fermer les bars et
les restaurants ? Rétablir un cou­
vre­feu ? Si oui, quand et pour
combien de temps ?
Pour faire face à la cin­
quième vague de l’épidémie et
au variant Omicron, l’exécutif
insiste sur la solution la plus
consensuelle, jugée la moins dou­
loureuse, celle de la vaccination à
Passe vaccinal : les contours flous d’un contrôle d’identité inédit
Le gouvernement prévoit de permettre une « vérification » de l’identité du porteur du passe vaccinal en cas de soupçon de fraude
F audra­t­il bientôt présenter
sa carte d’identité en plus
de son QR code pour boire
un café en terrasse ? Plus de
182 000 faux passes sanitaires ont
été recensés par les forces de l’or­
dre depuis juillet 2021 – impossi­
ble de dire combien sont en circu­
lation. Alors pour « renforcer la
lutte contre la fraude » au futur
passe vaccinal, le projet de loi
examiné lundi 27 décembre en
conseil des ministres entend
« permettre aux personnes char­
gées d’en contrôler la présentation
de vérifier, en cas de doute, l’iden­
tité de leur détenteur ». « Papiers
s’il vous plaît », entendra­t­on par­
fois à l’entrée des musées, des ci­
némas ou des TGV si le texte pro­
posé par le premier ministre est
adopté en l’état : « Il peut être exigé,
en cas de doute, la présentation
d’un document officiel d’identité. »
A ce jour, la loi, en vigueur
depuis le 5 août 2021, dispose que
la présentation du passe sanitaire
« ne s’accompagne d’une présen­
tation de documents officiels
d’identité que lorsque ceux­ci sont
exigés par des agents des forces de
marche forcée. Lors du conseil des
ministres, devrait ainsi être exa­
miné le projet de loi visant à
transformer le passe sanitaire en
passe vaccinal : pour se rendre
dans les cafés, les bars, les restau­
rants ou les théâtres, un test néga­
tif au Covid­19 ne suffira plus.
La loi, qui pourrait entrer en vi­
gueur dans la semaine du 10 jan­
vier 2022 après examen au Parle­
ment, serait assortie de mesures
de protections supplémentaires
inspirées de ce qui se fait en Alle­
magne. Un passe renforcé exi­
geant un schéma vaccinal à jour
couplé à un test négatif pourrait
être exigé dans des lieux à défi­
nir. Pour l’heure, le gouverne­
ment ne l’envisage pas dans les
bars et restaurants, mais pour
des endroits brassant une popu­
lation importante.
Eviter le scénario ultime
A moins d’inclure, par voie
d’amendement, le passe en en­
treprises contre la volonté des
syndicats, le texte a peu de chan­
ces de susciter une levée de bou­
cliers, ni à gauche ni à droite.
« C’est ce qu’il y a de plus simple de
surfer sur les mouvements d’opi­
nion. Au Sénat, nous avons tou­
jours tenu une ligne de responsa­
bilité pour protéger les Français,
mais aussi d’exigence pour renfor­
cer le contrôle du Parlement.
Sur ce dernier point, on ne
peut pas dire que le gouverne­
l’ordre ». La question d’autoriser
les restaurateurs, les organisa­
teurs de séminaires ou les cais­
siers des parcs d’attractions à
vérifier la cohérence du passe
avec l’identité de son détenteur
s’était déjà posée à l’été, mais de­
vant l’opposition des profession­
nels des secteurs concernés et de
nombreux parlementaires, le
gouvernement avait laissé de
côté le contrôle qu’il souhaite
aujourd’hui mettre en œuvre.
« Tout cela paraît mal encadré »
Les agents de sécurité embauchés
massivement depuis l’instaura­
tion du passe sanitaire pour scan­
ner nos écrans de téléphone
pourraient cette fois­ci voir leur
mission s’étoffer, à condition
qu’une difficulté juridique soit
écartée : les contrôles d’identité
relèvent aujourd’hui de la compé­
tence exclusive des officiers de
police judiciaire. Matignon
pourra souligner qu’il n’est pas
question, dans son projet de loi,
de « contrôler », mais de « véri­
fier », et que l’on vérifie déjà
l’identité des citoyens souhaitant
Emmanuel Macron, à l’Elysée, à Paris, le 20 décembre. LUDOVIC MARIN/AFP
ment nous ait toujours enten­
dus ! », souligne le sénateur de
Vendée Bruno Retailleau (Les Ré­
publicains, LR). Enfin, pour évi­
ter la paralysie de l’économie re­
doutée, les contraintes d’isole­
ment – sept à dix­sept jours – ap­
pliquées aux cas contacts
pourraient être assouplies.
Faudra­t­il aller plus loin ? Au
cours des derniers jours, le gou­
vernement a oscillé entre drama­
tisation et réassurance, plon­
geant la France dans l’incerti­
tude. Et l’inquiétude. « Si nous
considérions que des mesures de
freinage supplémentaires étaient
nécessaires, nous les aurions déjà
annoncées aux Français », avait
assuré le porte­parole du gouver­
nement, Gabriel Attal, le 22 dé­
cembre, au sortir de ce qui aurait
dû être le dernier conseil des mi­
nistres de l’année 2021. La veille,
le même expliquait que le gou­
vernement n’excluait pas de
prendre des mesures de restric­
tions supplémentaires en cas de
« reprise très forte » de l’épidémie.
Déjà, les élus locaux ont été priés
de renoncer aux cérémonies et
traditionnels feux d’artifice de la
Saint­Sylvestre.
Après le cap de 100 000 conta­
minations quotidiennes au Co­
vid­19 franchi le 25 décembre – du
jamais­vu depuis le début de la
pandémie –, tout laisse à croire
que la « reprise très forte » est là.
Mais face à un virus qui ne cesse
« QUID EN CAS DE FRAUDE 
AVÉRÉE, ON EMPÊCHE
LE CLIENT D’ENTRER ?  suggère le député, constituer une
QUI GÈRE LA TENSION QUE
ÇA RISQUE DE GÉNÉRER ? »
PHILIPPE GOSSELIN
député (Les Républicains)
de la Manche
payer par chèque, entrer dans un
casino ou voir un film interdit
aux moins de 16 ans.
« Ça va plus loin qu’une simple
vérification, c’est une forme de
contrôle d’identité qui ne dit pas
son nom, estime pourtant, scepti­
que, Philippe Gosselin, député
(Les Républicains) de la Manche et
vice­président de la commission
des lois à l’Assemblée nationale,
qui se penchera sur le texte dans
les prochains jours. Quid en cas de
fraude avérée, on empêche le client
d’entrer ? Qui gère la tension que ça
risque de générer ? Au­delà du fait
qu’on confie une fonction à une
UN PASSE RENFORCÉ  santé, Olivier Véran. Aux yeux de
EXIGEANT UN SCHÉMA  la droite, la tension au sein des
VACCINAL À JOUR
COUPLÉ À UN TEST  plaide pour un report de la ren­
NÉGATIF POURRAIT
ÊTRE EXIGÉ DANS
DES LIEUX À DÉFINIR
d’évoluer et de déjouer les modé­
lisations des scientifiques, l’exé­
cutif espère éviter le scénario ul­
time, celui imposant un confine­
ment ou une fermeture de com­
merces et de restaurants, comme
s’y sont résolus les Pays­Bas, le
Danemark ou la Belgique.
Les informations encore parcel­
laires venues d’Afrique du Sud et
du Royaume­Uni semblent con­
firmer la contagiosité stupéfiante
d’Omicron, mais aussi sa moindre
virulence. Ce relatif soulagement
laisserait penser que le calcul vi­
sant à attendre d’en savoir plus
pour agir plutôt que d’anticiper le
pire serait le bon. « La chance sou­
rit aux audacieux, et de l’audace,
on n’en manque pas », se félicite
déjà Roland Lescure, député La
République en marche (LRM) des
Français de l’étranger et porte­pa­
role du parti présidentiel.
Pour autant, le nouveau variant
n’a rien d’un « rhume », comme
autorité qui n’en a pas la compé­
tence, le texte ne dit rien sur la fa­
çon dont le contrôle sera assuré. »
Cette mesure pourrait en outre,
atteinte aux libertés individuel­
les. Invoquant une décision du
Conseil constitutionnel datant de
1993, « qui précise l’irrégularité des
contrôles d’identité généralisés et
discrétionnaires », Philippe Gos­
selin souligne « un risque sérieux
de nullité juridique et d’inconstitu­
tionnalité ». « Tout cela paraît mal
encadré, imprécis, et s’apparente à
une forme de généralisation des
contrôles qui n’est pas autorisée
par la loi, conclut­il. Il ne suffit pas
de donner une apparence légale
pour que ce soit légal. »
Outre le débat juridique que la
mesure ne manquera pas de
soulever va se poser la question de
sa viabilité d’un point de vue opé­
rationnel. « Nous sommes pour le
passe vaccinal, pour que tout le
monde puisse circuler et accéder à
nos établissements à peu près libre­
ment, mais vérifier l’identité va
gêner considérablement les profes­
sionnels », anticipe Hervé Becam,
pouvait l’espérer le ministre de la
services de réanimation néces­
site d’anticiper. Valérie Pécresse,
candidate LR à la présidentielle,
trée scolaire, prévue le 3 janvier.
Une cinquantaine de profession­
nels de santé, « très inquiets » de
la circulation du virus chez les
jeunes, défendent, eux aussi,
cette option dans une lettre
ouverte au ministre de la santé
publiée par Le Journal du diman­
che le 26 décembre.
Le confinement, « ligne rouge »
Mais l’exécutif souligne les
conséquences délétères des fer­
metures d’écoles, notamment au
sein des familles défavorisées. En
cas de risque de thrombose des
systèmes de soins, « on prendra
des décisions sensées et utiles »,
prévient­on au ministère de la
santé. Reste à savoir lesquelles.
Après près de deux ans de pandé­
mie, la lassitude a gagné les Fran­
çais. « Pour l’opinion publique, le
confinement est une ligne rouge.
Cela plongerait les Français dans
des abîmes de désespoir », ob­
serve Frédéric Dabi, directeur de
l’institut de sondage IFOP.
Paradoxalement, pour Emma­
nuel Macron, la période peut ap­
paraître comme opportune. Au
moment où sa rivale de droite,
Valérie Pécresse, semble le mena­
vice­président de l’Union des mé­
tiers et des industries de l’hôtelle­
rie (UMIH), premier syndicat pa­
tronal de l’hôtellerie­restauration.
« En pleine ambiguïté »
« Les gens n’ont pas forcément leur
pièce d’identité à la main, ça va ra­
jouter de la complexité et du temps
aux protocoles d’accès sur de nom­
breux sites, confirme Arnaud Ben­
net, président du Syndicat natio­
nal des espaces de loisirs, d’attrac­
tions et culturels. Il va falloir ren­
forcer les équipes de contrôles
pour conserver la fluidité. »
Marc­Olivier Sebbag, délégué
général de la Fédération nationale
des cinémas français, juge « im­
possible » un contrôle d’identité
systématique dans les cinémas
– « Regardez le temps qu’il faut
pour remplir un avion de 120 pla­
ces » – mais ne voit pas d’inconvé­
nient au dispositif « s’il est ponc­
tuel, et non lié à des sanctions pour
l’exploitant qui peut se tromper et
ne pas avoir eu de doute sur une
personne alors qu’il aurait dû ».
Les professionnels se montrent
partagés entre refus d’une mis­
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
▶▶▶
cer sérieusement, le voici de nou­
veau au centre du jeu et des at­
tentions. Mais diverses menaces
le guettent. Dans une société en
quête d’apaisement, l’opposition
qu’il radicalise entre vaccinés et
non­vaccinés pourrait finir par
lui porter préjudice. D’autant
plus si les bénéfices de ladite vac­
cination contre le Covid­19 pa­
raissaient, au fil des rappels exi­
gés, moins évidents.
« Oui, le provisoire a duré. (…)
Moi, je suis comme vous, je vois la
fatigue qui est là. Beaucoup de
nos compatriotes sont fatigués,
mais je pense que chaque centi­
mètre que nous arrivons à con­
quérir est utile », expliquait le
chef de l’Etat le 15 décembre, lors
de son entretien à TF1 et
LCI. L’Elysée devra aussi gérer les
polémiques qui ne manqueront
pas de s’installer. Déjà, la pénurie
de tests observée à la veille
de Noël a rappelé à certains le
fiasco des masques et les démar­
rages poussifs de la vaccination,
un an plus tôt.
Reste que la vague Omicron
pourrait finalement être aussi
fulgurante à surgir qu’à s’en aller,
comme cela semble être le cas en
Afrique du Sud. Si cette tendance
se confirmait, la campagne prési­
dentielle, et les débats de fond
que certains redoutent de se voir
confisqués, pourrait bien repren­
dre dès la fin janvier. 
claire gatinois
sion qui n’est pas la leur, et rési­
gnation à l’accepter afin de pour­
suivre l’activité. « Si c’est ça ou
fermer, on le fera, grommelle Hu­
bert Jan, président de la branche
restauration de l’UMIH. Mais jus­
qu’où on va ? “En cas de doute”,
c’est compliqué à interpréter, on
est en pleine ambiguïté. »
Certaines fraudes semblent évi­
dentes – quand le sexe ou la date
de naissance sur le passe ne cor­
respondent manifestement pas à
l’identité de son détenteur –, mais
que faire des cas litigieux ? Sollici­
tés par Le Monde, le ministère de
l’intérieur et le porte­parole du
gouvernement n’ont pas répondu.
« S’il y a bien une notion qui n’est
pas définie en droit, c’est le doute »,
s’est étonné, sur Public Sénat, le vi­
ce­président de la commission des
lois du Sénat, Philippe Bonnecar­
rère. Quoi qu’elle prévoie, la loi res­
tera impuissante face aux frau­
deurs aguerris : le « vrai » faux
passe – valide, portant les bons
nom et prénom, mais n’ayant pas
été délivré dans les formes – res­
tera impossible à détecter. 
henri seckel
1er média des Français en 2021

Merci de faire de nous la 1ère offre

d’information de France

- En 2021, vous êtes 3 Français sur 4 à accorder votre Notre exigence, être en première ligne pour :
confiance à notre information, nous plaçant devant toutes - vous donner les clés de compréhension du monde
les autres chaînes
- vous accompagner et vous être utiles partout, et en
- Chaque jour, vous êtes près de 15 millions devant nos continu
journaux sur France 2 et France 3
- lutter contre la désinformation
- Chaque semaine, vous êtes 23 millions à suivre nos
- refléter toutes les nuances du débat et de la politique
magazines d’actualité, de décryptage, d’investigation et
- vous proposer un journalisme d’investigation et
nos débats sur France 2, France 3 et France 5
de solutions
- Nos éditions de proximité ne cessent de s’enrichir pour être,
- vous faire vivre tous les événements nationaux
au cœur des territoires, au plus près de vous : 350 rendez-
et, chaque jour, vous raconter et vous donner la parole
vous par semaine sur les antennes régionales de France 3,
133 sur les chaînes La 1ère et 162 sur les radios La 1ère
- Vous êtes déjà 30 millions au rendez-vous de notre offre
politique depuis la rentrée
- 1ère plateforme digitale d’information en France,
franceinfo est largement entré dans vos usages : le média
global (radio, tv, digital) réunit 39,4 millions de Français
chaque mois
Source : Médiamétrie/Médiamétrie Internet Global

Retrouvons-nous en 2022
pour donner de la voix à la démocratie

8 | france
C O V I D ­1 9
Pour les non­vaccinés, une « vie sous cloche »
Les Français qui refusent l’injection se sentent de plus en plus mis à l’écart de la société
L
e dernier confinement
s’est arrêté le 30 juin,
mais Thierry a tout gardé
de « cette vie sous cloche ».
Plus de travail, plus de vie sociale,
seulement quelques balades.
L’homme de 58 ans fait partie des
5,5 millions d’adultes non vacci­
nés, par inquiétude, par convic­
tion ou par réserve. Alors que le
gouvernement durcit, ces derniè­
res semaines, les mesures de res­
triction pour convaincre les der­
niers réfractaires au vaccin, com­
ment vivent ces millions de Fran­
çais sans passe sanitaire ? « Ils
nous empêchent de vivre en vou­
lant nous empêcher de mourir »,
résume le quinquagénaire origi­
naire de Clermont­Ferrand (Puy­
de­Dôme), qui a répondu à l’appel
à témoignages du Monde, à l’ins­
tar de plus de 850 internautes.
En France, les personnes non
vaccinées contaminées par le Co­
vid­19 ont neuf fois plus de chan­
ces d’être hospitalisées, et qua­
torze fois plus de finir en soins
critiques, que les vaccinés. « Rien
ne pourra me convaincre de me
faire vacciner », tranche pourtant
Thierry, évoquant son « scepti­
cisme face aux chiffres qu’on nous
assène depuis deux ans ». Si elle
reconnaît une « petite appréhen­
sion », Chantal, 58 ans, préfère elle
aussi miser « sur la prudence des
gestes barrières ».
Beaucoup se sentent peu
concernés par ces hospitalisa­
tions. Ils rappellent leur bonne
santé, leur extrême prudence face
au virus, la rareté des cas graves
sur l’ensemble des contamina­
tions ou encore la moyenne d’âge
de 81 ans des personnes mortes
du Covid­19. Tous évoquent sur­
tout « l’inefficacité de ces injec­
tions qui n’empêchent pas d’attra­
per le Covid­19 ni de le transmet­
tre », comme le rappelle Jessica (le
Le conseil régional de Guadeloupe occupé par des anti­passe
Des syndicalistes opposés à l’obligation vaccinale pour les soignants se sont introduits dans l’hôtel de région à la veille de Noël
fort­de­france ­ correspondance
L a trêve de Noël aura été la
bienvenue pour les Guade­
loupéens. Le temps d’un
week­end, ils se sont permis
d’oublier leurs tracas. Combien
- CESSATIONS DE GARANTIE
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SARL SORIM
2 Rue Lucien Gasparin
Résidence La Corniche
97400 SAINT DENIS
RCS: 341 011 377
depuis le 01/04/2010 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 01/04/2010 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SARL SORIM.
« MES COLLÈGUES  pitaux et Ehpad.
SAVAIENT QUE JE N’ÉTAIS
PAS VACCINÉE, J’AI DÛ  tions éprouvées à l’annonce des
FAIRE UN TEST TOUS
LES JOURS ET DÉJEUNER  souvient Jessica, fonctionnaire
DERRIÈRE DES VITRES
EN PLEXIGLAS »
MARIE
comédienne
prénom a été changé), mère de fa­
mille de 48 ans, omettant la pro­
tection qu’elles confèrent contre
les formes graves.
« Jusqu’où cela va­t­il aller ? », se
demandent ces non­vaccinés à
l’unisson. Fin de la gratuité des
tests pour les personnes non vac­
cinées, doses de rappel ramenées
à quatre mois, projet de passe vac­
cinal… Autant de mesures succes­
sives qui ont transformé le passe
sanitaire en obligation vaccinale
« déguisée », comme l’a concédé le
ministre de la santé, Olivier Vé­
ran. « Progressivement, nous arri­
vons à une forme de confinement
des non vaccinés », regrette Cora­
line, 37 ans, enceinte de neuf
mois, qui a préféré ne pas se faire
vacciner de peur de complica­
tions pour son enfant, même si
toutes les études montrent l’ab­
sence de danger, au contraire
d’une infection par le Covid­19.
Ni complotiste ni antivax
Les personnes interrogées se sou­
viennent de ces annonces surve­
nues au cœur de l’été. Le 12 juillet,
Emmanuel Macron annonçait
l’instauration, à partir du 9 août,
du passe sanitaire pour entrer
dans les bars, restaurants, centres
de temps cette parenthèse dure­
ra­t­elle ? D’aucuns redoutent
que l’interlude soit bref. Deux
jours à peine avant Noël, ce
département antillais vivait un
nouveau rebondissement dans la
grave crise sociale et sanitaire
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SARL CABINET
NESS’IMMO CANNES
28 boulevard Jean Hibert
06400 CANNES
RCS: 793 220 799
depuis le 04/07/2013 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 04/07/2013 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX.
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SARL CABINET NESS’IMMO
CANNES.
commerciaux, trains, avions, hô­
« Choc », « colère », « abatte­
ment » constituent autant d’émo­
mesures du président de la Répu­
blique. « Je me suis dit : “Les gens
ne vont jamais accepter ça” », se
dans l’enseignement supérieur.
« Mais c’est passé », poursuit­elle,
encore surprise « que certains ac­
ceptent de montrer un passe pour
pouvoir manger ». Comme la ma­
jorité des personnes inter­
viewées, la mère de famille se dé­
fend d’être complotiste ou anti­
vax. « Deux mots utilisés à tort et à
travers pour nous dire : “Ferme ta
gueule” », déplore Thierry, inter­
mittent du spectacle au chômage.
Avant même l’instauration du
passe sanitaire, ses employeurs
lui ont demandé de présenter un
« parcours vaccinal complet ». Son
refus lui a fait perdre quatre des
cinq contrats qui lui permettaient
de gagner environ 2 000 euros net
mensuels. « Contrairement à ce
que prévoit la loi, on m’empêche de
travailler, alors que je ne suis pas en
contact avec le public », précise le
technicien lumière dans le specta­
cle vivant, qui touche désormais
1 200 euros d’indemnisation chô­
mage par mois. Alors, chaque éco­
nomie compte. « En ce moment, il
fait 13 °C chez moi, je chauffe la
maison seulement une heure
avant l’arrivée de mes enfants »,
confie le père de famille, qui juge
ces répercussions sur sa vie per­
sonnelle « disproportionnées » :
« Dans mon entourage, quasiment
personne n’a eu le Covid­19 ! »
Si l’obligation vaccinale ne s’ap­
plique qu’à certaines professions,
notamment celles du secteur de
santé, de nombreux non­vacci­
nés se sentent stigmatisés sur
leur lieu de travail. Marie (un
qu’il traverse depuis déjà six
semaines.
Jeudi 23 décembre, environ 400
syndicalistes opposés à l’obliga­
tion vaccinale pour les soignants
ont fait irruption dans le bâti­
ment du conseil régional, à
Basse­Terre. Après avoir forcé les
accès, ils se sont introduits dans
l’hémicycle, où les élus s’étaient
réunis pour une séance plénière.
Ceux­ci, avertis de l’intrusion du
collectif d’organisations syndica­
les dans l’édifice, avaient expédié
les délibérations et commencé à
évacuer la salle avant l’arrivée
des manifestants.
« Plénière populaire »
« Il y avait une plénière, et pas un
seul des points à l’ordre du jour ne
concernait la situation de crise
sociale et sanitaire en Guade­
loupe. Pour nous, c’est inadmissi­
ble, alors que des travailleurs sont
suspendus et n’ont pas de salaire
depuis deux mois », dénonce
Maïté Hubert M’Toumo, secré­
taire générale de la puissante
Union générale des travailleurs
guadeloupéens. « Nous sommes
entrés de force, de manière à im­
poser notre présence et l’ouverture
d’une discussion », poursuit­elle.
En fin d’après­midi, une di­
zaine de représentants des diffé­
rentes organisations syndicales
ont été reçus par le président (La
pseudonyme), comédienne, n’a
pas perdu son emploi, mais elle
assure avoir été mise à l’écart sur
un tournage. « Ils savaient que je
n’étais pas vaccinée, j’ai dû faire un
test tous les jours et déjeuner der­
rière des vitres en Plexiglas », se re­
mémore la mère de famille de
41 ans. Chantal, fonctionnaire ter­
ritoriale, affirme, elle, qu’avec ses
collègues non vaccinés, ils « se ser­
rent les coudes au travail ».
Soins mis sur pause
« Il n’y a que 8 % de personnes non
vaccinées. Nous avons le droit au
respect, ce n’est quand même pas
nous qui contaminons tout le
monde », lance Thierry. « Je me
sens mise à part, comme si je ne
rentrais plus dans les cases, alors
que je ne suis pas une marginale. Je
travaille, j’élève mes enfants, je ne
fais rien de mal », insiste Jessica,
dont le refus de vaccination a eu
des répercussions sur le parcours
de soins de sa fille autiste de 18 ans.
« Depuis la mise en place du passe
sanitaire pour les soins, tout est en
pause pour son suivi », raconte la
mère de famille, qui a dû se faire
tester trois fois avec sa fille pour
honorer certains rendez­vous,
quand d’autres ont dû être annu­
lés. « Pour les personnes autistes,
les tests sont très intrusifs », souli­
gne­t­elle, précisant que sa fille
doit aussi en passer par là pour
poursuivre son activité musicale.
Pour Thierry, l’instauration du
passe sanitaire a donné lieu à de
nombreuses « situations absur­
des ». Il s’est vu refuser l’accès à la
médiathèque avec ses deux en­
fants. Sa fille a dû courir les phar­
macies pour se faire tester un sa­
medi en fin de journée afin de
pouvoir se rendre à un anniver­
saire le lendemain soir. Son fils,
qui pratique la natation, sera
contraint d’arrêter en février 2022,
République en marche) de ré­
gion, Ary Chalus. « On a exigé
qu’il y ait très rapidement une
prise de position claire et publique
de sa part », martèle la syndica­
liste, qui reproche à l’élu « de ne
pas agir et de se contredire » sur la
question de l’obligation vacci­
nale et des suspensions de soi­
gnants non vaccinés.
En dépit de cette spectaculaire
intrusion et des dégradations
causées, Ary Chalus adopte, lors
d’un entretien téléphonique, un
ton impassible et assure que ses
échanges avec les syndicalistes se
sont déroulés dans le calme.
« Nous nous sommes rencontrés
pendant deux heures et ils m’ont
fait part des difficultés de la santé
en Guadeloupe et des problèmes
des soignants dans tous les
secteurs », relate­t­il. « Je leur ai dit
que je ferais remonter leurs atten­
tes au niveau de l’Etat », assure
le président, confortablement
réélu le 27 juin lors du dernier
scrutin régional.
Déterminés, une partie des
syndicalistes ont passé la nuit
dans l’enceinte du bâtiment.
Vendredi, les membres du collec­
tif ont improvisé dans l’hémicy­
cle une « plénière populaire », au
cours de laquelle des travailleurs
suspendus ont témoigné de
leurs difficultés. Puis en début
d’après­midi, après vingt­quatre
lorsqu’il aura 12 ans – âge de l’en­
trée en vigueur du passe sanitaire.
Les tests, tous préfèrent y avoir
recours le moins possible, se di­
sant mal à l’aise avec l’idée même
du passe sanitaire. « Je suis contre
cette mesure, je vais au bout de
mes convictions. Je ne fais pas de
test pour aller au restaurant ou
autre », explique Chantal, qui a
réussi « l’exploit » de ne pas se
faire tester depuis le début de la
crise sanitaire. « D’un point de vue
moral, cette mesure me choque »,
poursuit Coraline, qui a réalisé
depuis cet été une dizaine de tests
pour maintenir un semblant de
vie sociale. Selon elle, l’instaura­
tion du passe sanitaire a marqué
la fin de toute spontanéité dans
ses loisirs : « Tout est désormais
conditionné aux tests, on ne peut
pas m’appeler pour une soirée au
dernier moment, j’ai perdu cette li­
berté des moments improvisés. »
Quid des faux passes sanitai­
res ? Se disant opposés à la vacci­
nation autant qu’au passe, la ma­
jorité refuse d’utiliser un sésame
contrefait. Sur les 850 témoigna­
ges reçus, moins de dix confient
utiliser un faux passe sanitaire ou
celui d’une connaissance. Pierre,
lui, n’a « aucun scrupule » à utili­
ser un faux passe face à cette me­
sure qu’il juge « anticonstitution­
nelle ». Après avoir dépensé près
« ON NE PEUT PAS  par la biotech américaine Nova­
M’APPELER POUR UNE  nologie à ARN messager ou à adé­
SOIRÉE AU DERNIER  novirus. La Commission euro­
MOMENT, J’AI PERDU  20 décembre, à la commercialisa­
CETTE LIBERTÉ DES  « Ce qui me sauve pour tenir, c’est de
MOMENTS IMPROVISÉS »
CORALINE
heures de siège de l’hôtel de ré­
gion, les manifestants ont quitté
les lieux. La trêve de Noël pouvait
commencer.
L’épisode a suscité de nom­
breuses réactions. « Je condamne
fermement ce qui s’est passé. Je
considère que c’est pratiquement
un coup d’Etat », s’indigne Marie­
Luce Penchard, vice­présidente
(divers droite) du conseil régio­
nal, qui dénonce « une atteinte
grave à la démocratie » et « une
tentative de prise du pouvoir »
dans « un climat de terreur ».
L’ancienne ministre reprend
ainsi les termes employés par
une cinquantaine d’élus locaux
dans un communiqué, publié
le 16 décembre, dans lequel
ils dénonçaient les violences vi­
sant des membres de la direction
du centre hospitalier universi­
taire (CHU) de Guadeloupe et
des soignants.
« Lâcheté » des élus locaux
« Aucune revendication ne justifie
d’entraver le bon déroulement
d’une assemblée d’élus en pleine
séance plénière », a écrit sur Twit­
ter le ministre des outre­mer,
Sébastien Lecornu. Pour sa part,
Valérie Pécresse, la candidate du
parti Les Républicains à l’élection
présidentielle, a apporté son
« soutien à Ary Chalus, président
de la Guadeloupe, dont le conseil
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
▶▶▶
de 150 euros en tests antigéniques
en novembre pour poursuivre
une vie « normale », Guillaume,
47 ans, a également décidé d’avoir
recours à un faux certificat de
vaccination. Le quadragénaire re­
connaît cependant « être perdant
sur toute la ligne » : « Ça me coûte
de l’argent, je me sens en danger, et
je suis dangereux pour les autres. »
La grande majorité préfère mo­
difier leurs loisirs et respecter les
gestes barrières. Avant, Chantal
adorait parcourir les salons avec
son mari, partir en escapade le
temps d’un week­end : hôtel, res­
taurant, cinéma. « On a totalement
modifié notre vie sociale, mainte­
nant, on invite des amis chez
nous », confie­t­elle, précisant que
ces ajustements « ne remplacent
pas la vie d’avant ». Thierry, lui, as­
sure avoir « perdu beaucoup d’amis
en chemin ». « Les relations s’arrê­
tent, car on ne peut plus échanger »,
nous dit l’intermittent du specta­
cle, qui ne voit plus que des amis
non vaccinés.
Alors que le gouvernement a an­
noncé, le 17 décembre, un projet de
loi instaurant un passe vaccinal, la
colère le dispute à la lassitude. « J’ai
la sensation d’être au milieu du tun­
nel : d’où je viens, c’est noir, où l’on
va, c’est noir », résume Thierry. « Je
ne me projette plus, je vis au jour le
jour, j’attends de voir ce qu’il se
passe », abonde Jessica. De son
côté, Chantal place tous ses espoirs
dans le nouveau vaccin développé
vax, qui ne repose pas sur la tech­
péenne a donné le feu vert, le
tion du Nuvaxovid (de Novavax).
me dire que cela n’aura qu’un
temps », affirme Chantal. 
cécile bouanchaud
régional a été envahi de force par
des anti­passe sanitaire ».
Cette dernière semaine de l’an­
née risque d’être mouvementée.
Les organisations syndicales ont
d’ores et déjà prévu une réunion
à Pointe­à­Pitre mardi 28 décem­
bre, « de manière qu’on fasse à
nouveau une mobilisation jeudi
et qu’elle soit réussie », avertit
Maïté Hubert M’Toumo, qui
s’émeut de la « lâcheté » des élus
locaux, trop prompts, selon elle,
à se réfugier derrière le périmè­
tre étroit de leurs compétences
pour éviter d’agir.
Le conflit portant sur l’obliga­
tion vaccinale, qui dure en réalité
depuis six mois en Guadeloupe,
n’est donc pas près d’être résolu
dans cet archipel de 390 000 ha­
bitants, où le Covid­19 a causé
830 décès au CHU depuis le début
de l’épidémie. « Les élus, l’Etat et
les syndicats sont dans une dyna­
mique de retranchement derrière
leurs positions, d’absence de vo­
lonté de médiation, de refus de
procéder à une sortie locale de la
crise », déplore Didier Destou­
ches, essayiste et maître de con­
férences à l’université des An­
tilles, qui juge qu’avec « plus de
60 % de non­vaccinés en Guade­
loupe, tous les clignotants sont
malheureusement au rouge », et
devrait faire perdurer la crise. 
jean­michel hauteville
1er média des Français en 2021

Tant de raisons d’être avec vous

et de vous réunir avec nos programmes

L’émotion universelle du sport La culture dans toute sa vitalité

- En 2021, 54 millions de téléspectateurs au rendez-vous de tous les - Culturebox : l’offre globale, enrichie de 210 programmes culturels
sports sur nos antennes inédits, a séduit 11 millions de téléspectateurs en moyenne chaque
- 50 millions devant les Jeux Olympiques de Tokyo, semaine sur France 4
24 millions devant les Jeux Paralympiques - 2 400 heures de spectacle vivant diffusées sur l’ensemble
- 42 millions de passionnés par le Tour de France… des antennes
- Toute l’actualité de la culture au cœur d’une pléiade de rendez-
Les grands divertissements et concerts en direct vous prescripteurs : Basique, C à vous, La grande librairie, Le grand
échiquier, On est en direct, Passage des arts, Taratata, Télématin,
- 6 millions de téléspectateurs pour soutenir Barbara Pravi à l’Eurovision
20h30, Vivement dimanche, Moonwalk…
- 3 millions de téléspectateurs devant Le concert de Paris, Johnny
Hallyday : que je t’aime, Les victoires de la musique, N’oubliez pas
Le cinéma dans toute sa diversité
les paroles, Le quiz des champions…
- Nous sommes le 1er partenaire en clair du cinéma : 400 films diffusés
cette année sur nos chaînes et 115 à l’affiche des 16 collections
La puissance de nos fictions et de nos documentaires
cinéma proposées par la plateforme france.tv
- 19 millions de téléspectateurs regardent au moins une fiction en - France Télévisions et Brut deviennent partenaires média du Festival
soirée chaque semaine, avec une grande variété d’univers : Les de Cannes
aventures du jeune Voltaire, L’école de la vie, OPJ, J’ai menti, Germinal,
Sophie Cross, Noir comme neige, Le voyageur, Le tour du monde en
L’offre ludo-éducative pour éveiller et divertir les plus jeunes
80 jours...
- 66 soirées fiction au-dessus de 5 millions de téléspectateurs avec tous - 1 enfant sur 2 regarde chaque mois l’offre Okoo
vos héros préférés - Plus de 20 000 contenus récréatifs et éducatifs sur Okoo et Lumni
- Des séries originales sur france.tv pour un public plus jeune : Stalk, - La plateforme Lumni s’enrichit d’une version Lumni Etudiant
Carrément Craignos, Or de lui, Diana Boss…
- 10 millions de téléspectateurs regardent, chaque semaine, nos
documentaires : Nous paysans (5,5 millions de téléspectateurs) ;
Rendez-vous en terre inconnue avec Vianney en Pays Afar
(6 millions) ; France, le fabuleux voyage ; Lady Sapiens ; Charlie
Chaplin, le génie de la liberté ; Révolution !...

Vous êtes 50 millions à regarder nos chaînes chaque semaine

Vous êtes 20 millions à suivre nos programmes sur la plateforme france.tv chaque mois
Vous avez placé nos programmes au plus haut de l’étude quotidienne Quali TV (Harris Interactive)
Source : Médiamétrie

Merci à vous !

10 | france
C O V I D ­1 9
« Je veux vivre comme avant, faire de l’équitation »
Tous les 5­11 ans sont éligibles à la vaccination, une démarche légitime pour les premiers à franchir le pas
Joachim, 7 ans, se fait vacciner au centre Vill’Up, à Paris, le 23 décembre. JULIEN MUGUET POUR « LE MONDE »
REPORTAGE
D
ans les box, isolés par
une cloison de plasti­
que blanche, on parle
du Roi Lion ou de su­
per­héros, on entend des « tu es
très courageux », et ça rigole pas
mal. La vaccination de tous les en­
fants de 5 à 11 ans contre le
Covid­19, qui a débuté mercredi
22 décembre à la mi­journée, se
passe plutôt bien.
Bien sûr, en pleine période de fê­
tes, ce sous­sol de la galerie com­
merciale Vill’Up, à la porte de La
Villette, à quelques mètres de la
Cité des sciences et de l’industrie,
dans le 19e arrondissement de Pa­
ris, n’est pas très chaleureux. Tou­
tes les échoppes sont fermées et
même l’escalier mécanique, qui
descend au − 1, est à l’arrêt.
« J’aurais bien voulu installer des
jouets pour les enfants, mais ça
n’est pas très Covid », regrette
Rubinaz Hakik, la directrice ad­
jointe pour le pôle vaccination de
la Croix­Rouge française.
Le résultat est austère, avec
quinze box sur deux rangées,
dont une est réservée aux en­
fants. Ce centre, tenu par la Croix­
Rouge et financé par l’agence ré­
gionale de santé (ARS) d’Ile­de­
France, avec l’apport de profes­
sionnels de santé venus du
secteur public comme du privé, a
ouvert le 11 décembre et, depuis le
La Haute Autorité de santé resserre les mailles du filet vaccinal
Dans un avis publié le 24 décembre, la HAS ouvre la voie à une dose de rappel administrée trois mois après le schéma vaccinal complet
F ace à la progression du va­
riant Omicron, la Haute
Autorité de santé (HAS) res­
serre les mailles du filet vaccinal.
Dans un avis publié vendredi
24 décembre, la Haute Autorité
ouvre la voie à l’administration
de la dose de rappel dès trois mois
après le schéma vaccinal complet,
au lieu des cinq mois nécessaires
jusqu’ici.
Dans le même temps, elle re­
commande l’administration de
cette dose de rappel aux enfants
de 12 à 17 ans souffrant d’immu­
nodéficience pathologique ou
médicamenteuse, ou de comorbi­
20, pour les enfants. Deux jour­
nées et demie pour les enfants
vulnérables, avec des facteurs de
risque accrus, puis sans distinc­
tion après l’annonce faite, le
22 décembre au matin, par Olivier
Véran, le ministre de la santé et
des solidarités, de l’élargissement
de la campagne vaccinale à tous
les enfants de 5 à 11 ans. « Il a parlé
vers 10 heures du matin et, une
heure plus tard, on avait cinquante
enfants devant le centre », raconte
Chanez El Sharkawi, médecin
remplaçant à l’Assistance publi­
que­Hôpitaux de Paris.
Moyenne d’âge à 9-10 ans
Jeudi, porte de La Villette, le flux
est incessant, d’autant que les
adultes sont nombreux aussi à
venir recevoir l’injection. La
veille, sur les 594 vaccinés du cen­
tre, les enfants étaient 119, dont la
plupart l’après­midi après l’an­
nonce du ministre. Jeudi en fin de
journée, le centre a comptabilisé
503 vaccinés, dont 156 enfants. Et
dans la tranche des 5­11 ans, ce
sont plutôt les plus âgés qui font
le déplacement, la moyenne d’âge
se situant entre 9 et 10 ans.
Le bonnet enfoncé jusqu’aux
yeux, la jeune Rachel Alizon est
soulagée. Le vaccin, c’est fait.
« J’avais envie et pas envie à la fois.
Envie pour ne pas être malade, et
pas envie à cause de la piqûre »,
raconte la petite fille de « 8 ans
dités augmentant la probabilité
de développer des formes graves
du Covid­19.
La HAS fonde son avis sur des
données acquises en « vie réelle »,
notamment au Royaume­Uni, en
Israël et en France, mais aussi sur
des travaux de modélisations.
Des études britanniques – non
encore formellement publiées –
suggèrent en particulier que le
vaccin de Pfizer maintient, pen­
dant les deux mois qui suivent la
deuxième dose, une protection
de l’ordre de 80 % contre les for­
mes symptomatiques non sévè­
res dues au variant Omicron.
« OLIVIER VÉRAN A PARLÉ 
VERS 10 HEURES ET,  vée du 9e arrondissement, n’a pas
UNE HEURE PLUS TARD,  voulais bien me faire vacciner, pour
CINQUANTE ENFANTS  parents que je vois à Noël », expli­
ÉTAIENT DEVANT  Adrien, son père, commercial,
LE CENTRE »
CHANEZ EL SHARKAWI
médecin
dans quatre jours ». Pour son
père, épidémiologiste qui tra­
vaille au CNRS, c’était une évi­
dence. Encore fallait­il que sa fille
soit d’accord, car, dans ce cas
comme pour toutes les familles
rencontrées, il n’était pas ques­
tion de la forcer.
« Dans la famille, beaucoup ont
eu le Covid, grand­mère, cousins,
oncles et tantes, et même nous, les
parents. Donc même s’il peut y
avoir du pour et du contre, la vacci­
nation était normale », affirme Sa­
muel Alizon. Le pour : les bénéfi­
ces directs et indirects, pour les
enfants vaccinés et pour ne pas
infecter les autres. Le contre :
« Peut­être le risque d’effets indési­
rables, infimes. Et la question éthi­
que : en vaccinant beaucoup, avec
des troisièmes doses dans les pays
riches, ne prive­t­on pas les pays
moins développés ? »
Mais les mêmes travaux suggè­
rent aussi une baisse de ce taux de
protection à environ 34 % à partir
du quatrième mois, et une re­
montée à environ 75 % dès deux
semaines après la troisième dose.
Prudente, la HAS note que la du­
rée de ce niveau de protection est
à ce jour inconnue.
Elevation du rythme
Pour établir sa recommandation,
l’autorité s’appuie également sur
les projections de l’Institut Pas­
teur. Ces travaux de modélisa­
tion des effets de différentes stra­
tégies vaccinales indiquent
Jo Arnaud, 9 ans, attend après son test sérologique, au centre Vill’Up, à Paris, le 23 décembre.
Un box plus loin, Jo Arnaud,
9 ans, en CM1 dans une école pri­
tremblé non plus. « J’ai dit que je
moi et pour les autres, les grands­
que fièrement la petite fille. Pour
« cela n’a pas fait discussion, on a la
chance d’être dans une famille où
tout le monde est vacciné ».
L’enfant « doit être d’accord »
Dans le centre, les enfants, obliga­
toirement accompagnés d’un des
deux parents, suivent plus ou
moins sagement le parcours. « Ça
peut être compliqué avec certains
qui bougent tout le temps, mais
dans l’ensemble, les parents les ont
bien préparés, leur ont bien expli­
qué ce qui allait se passer »,
constate Samia Berkouch, 32 ans,
infirmière vacataire, qui a aussi
longtemps travaillé comme ani­
matrice. Les personnels consacrés
à cette vaccination des 5­11 ans ont
souvent une expérience en pédia­
trie. La coordinatrice du dispositif
est infirmière pédiatrique et peut
s’appuyer sur une sage­femme et
deux médecins.
L’injection est précédée d’un
test sérologique rapide (TROD),
qui permet de savoir si l’enfant a
déjà été contaminé. Dans le cas
d’un schéma vaccinal classique, il
recevra deux doses du vaccin de
qu’une élévation du rythme d’ad­
ministration de la troisième dose
– 1,2 million d’injections par jour,
au lieu des 800 000 quotidien­
nes au moment de la rédaction
de l’avis – pourrait « réduire la
taille du pic d’hospitalisations en­
tre 9 % et 17 % ».
Les données colligées de la di­
rection de la recherche, des étu­
des, de l’évaluation et des statisti­
ques (Drees) permettent d’avoir
une idée de la baisse, avec le
temps, du niveau de protection
offert par la vaccination, contre le
variant Delta. Entre mi­octobre et
mi­novembre, « pour les person­
Pfizer à trois semaines d’inter­
valle. Joachim Sou, 7 ans, n’a pas
peur. « J’ai déjà fait des piqûres »,
affirme­t­il crânement. Son père
et sa mère ont eu le Covid­19 fin
avril, mais lui non, assure Yann,
43 ans, le papa. « On lui a beau­
coup parlé des piqûres, en lui expli­
quant qu’il en avait eu plein et qu’il
n’avait pas eu mal », précise ce
dernier. Le résultat du TROD
tombe, il est positif et Joachim ne
recevra donc qu’une seule dose.
Mais il aura le diplôme qui attend
tous les enfants vaccinés.
La jeune Sophia, 11 ans, elle, pré­
férerait avoir zéro dose. Deux
heures après son arrivée, elle n’ar­
rive toujours pas à tendre son
bras pour l’injection. Les sanglots
s’emparent d’elle dès que l’infir­
mière s’approche. Pour le test sé­
rologique – réalisé en piquant le
bout du doigt –, déjà, il a fallu fer­
mement négocier, et ce n’est
qu’en le faisant elle­même que
LES PERSONNELS  « très sensibilisée sur les questions
CONSACRÉS À LA  de propagation du virus ». Grâce à
VACCINATION DES 5­11  gue… et un oncle antivaccination.
ANS ONT SOUVENT  més, racontent mère et fille. Mais
UNE EXPÉRIENCE  ici, au centre de Vill’Up, vacciner
EN PÉDIATRIE
nes avec schéma complet depuis
six mois ou plus, la protection
contre les formes graves (hospita­
lisations conventionnelles en soins
critiques) diminue à 80 % environ,
perdant 10 points environ pour les
60 à 80 ans », estime la HAS dans
son avis. A six mois après la
deuxième dose, cette protection
perd entre 5 et 10 points pour les
plus de 80 ans, par rapport à la
protection conférée à trois mois,
selon les mêmes données.
Les données brutes de la Drees
circulent intensément sur le Web,
où elles font l’objet d’interpréta­
tions diverses. La HAS rappelle ce­
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
Sophia a accepté. Mais le vaccin,
non, au grand désespoir des soi­
gnants et de la maman. « J’ai peur,
ça va faire mal… », répète en bou­
cle l’enfant. « Elle était d’accord
pour venir, mais là, je n’arrive pas à
plaider la cause », réagit Emma­
nuelle, la mère, avocate.
Un scénario rarissime dans ce
centre. « C’est un échec, mais notre
rôle n’est pas de tenir l’enfant et de
le piquer de force, assure Samia
Berkouch. Il doit être d’accord,
bien sûr, mais il ne doit pas non
plus avoir le choix, c’est au parent
de se montrer plus volontaire. »
Zoé Fabbri, 11 ans, est, elle, très
volontaire. En sixième dans un
collège privé de Saint­Denis (Sei­
ne­Saint­Denis), elle sait très bien
pourquoi elle est là. « Je ne vais
pas aller voir mes grands­parents
en Savoie pour les vacances, c’est
dur. Mais je veux vivre comme
avant, faire de l’équitation, et
j’étais au concert de Vianney il y a
une semaine, c’était trop bien »,
développe­t­elle.
Sa mère, Elise, 42 ans, directrice
de production, dit d’elle qu’elle est
des tantes biologiste et virolo­
Les débats familiaux sont ani­
son enfant ne fait pas débat. 
rémi barroux
pendant dans son avis qu’en dé­
pit de la baisse d’efficacité des vac­
cins avec le temps et la survenue
de nouveaux variants, les person­
nes n’ayant pas complété leur
schéma vaccinal demeurent sur­
représentées parmi les malades
et les morts du Covid­19.
Entre début novembre et début
décembre, les non­vaccinés ne re­
présentaient ainsi que 9 % de la
population française de 20 ans et
plus, mais ils comptaient pour
41 % des hospitalisations, 52 % des
entrées en soins critiques et 38 %
des décès. 
stéphane foucart
1er média des Français en 2021

Tant de raisons de vous être utile

et d’être une entreprise responsable

Nos programmes pour relever le défi environnemental Un accès libre à la culture

- En 2021, 2 100 heures dédiées à l’environnement : Sur le front ;
Vert de rage (« Green Impact of the Year » au World Congress of
Science) ; Sale temps pour la planète ; Aux arbres citoyens ! ; Le
monde de Jamy ; Wayana, les enfants de la forêt ; #AlertePollution ;
#MontéeDesEaux ; La France à 50 degrés (Envoyé spécial) ; Déchets :
la grande illusion (Cash Investigation) ; +/- 2 degrés ; Pur, que dit la
nature ?...
- Lancement de la nouvelle offre digitale interactive NOWU pour
les jeunes Européens
- Des actions quotidiennes pour l’écoproduction et la publicité
responsable
Nos événements et actions solidaires
- Partenaire de grandes opérations : Téléthon, Sidaction, Secours Pop,
la grande soirée, Le Drépaction…
- 120 associations soutenues par des espaces publicitaires gracieux
- La Fondation Engagement Médias pour les Jeunes, créée à l’initiative
de France Télévisions, France TV Publicité, France Médias Monde
et TV5 Monde, soutient 29 associations, qui aident les jeunes en
situation de fragilité au travers de projets axés sur l’expression écrite
et orale, l’éloquence et la confiance
- 1 500 invités, artistes et créateurs, sur le plateau de Culturebox,
l’émission
- Plus de 300 partenariats pour soutenir tous les arts et les acteurs du
monde de la culture
Le rayonnement des talents français à l’international
- Développement des coproductions internationales des télévisions
publiques de L’Alliance : Germinal, Le tour du monde en 80 jours…
- 9 séries de France Télévisions parmi les 11 fictions françaises les plus
vendues à l’international (source : CNC)
- Dix pour cent, prix de la meilleure comédie aux International Emmy
Awards
La création de richesses pour l’industrie audiovisuelle
et tous les territoires
- 500 millions d’euros investis cette année dans la création
- 4,4 milliards d’euros de PIB générés par France Télévisions
- Plus de 62 000 emplois générés en France (directs, indirects et
induits), dont 40% en régions et en Outre-mer

Nos initiatives autour des grandes questions de société

- Une douzaine de journées spéciales pour lutter contre toutes les
violences et discriminations et favoriser une société plus inclusive
et diverse
- Des œuvres et programmes marquants : Les chatouilles ; Marvin ou
la belle éducation ; Grâce à Dieu ; L’enfant de personne ; Les temps
changent : L’enfance volée, du tabou au combat ; Jusqu’à la garde ;
Amour à mort ; Extra-ordinaires ; Les engagés…

Nous sommes heureux d’être à vos côtés à chaque instant


12 | france
Les failles de la protection
des données des Français
par les pouvoirs publics
Les administrations sont désormais une cible
privilégiée des pirates informatiques. Associations
et élus soulignent « un vrai enjeu » politique
V
annes est attaquée
début 2016. Quatre
agents de cette muni­
cipalité du Morbihan,
ouvrant un courriel corrompu,
laissent pénétrer un virus dans le
système informatique de la ville.
C’est la stupéfaction. « Qu’y a­t­il à
voler dans une municipalité ? »,
s’interroge Anne Le Hénanff.
« Nous n’avions pas conscience,
poursuit la maire adjointe, de pos­
séder un bien qui a une grande va­
leur : pas de l’argent, non, mais de
la data, toutes ces données que l’on
collecte auprès des habitants. »
La ville réalise que la numérisa­
tion effrénée des démarches
administratives n’est pas sans
risque, et qu’elle s’accompagne
d’une « responsabilité de protéger
les données ». « La directrice de
l’informatique m’a mise en garde,
poursuit Mme Le Hénanff : “C’est la
dernière chance. Si on ne fait rien,
la prochaine fois, ils craqueront
notre système de sécurité.” »
Vannes sonne le tocsin, et stoppe
tout développement numérique
pendant deux ans pour se mettre
à niveau.
Quelles études
après un Bac +3/4 ?
LE SALON DES
MASTERS & MS
SAMEDI 29 JANVIER 2022
Paris Event Center - Paris 19e
Récemment, dans la nuit du de 4 millions d’euros demandée
5 au 6 décembre, une attaque par les pirates.
au rançongiciel a frappé les Les administrations ne cessent
serveurs du Syndicat intercom­ d’être ciblées par les cybercrimi­
munal d’informatique (SII) de nels pour les informations per­
Bobigny, dont dépendent plu­ sonnelles qu’elles possèdent. Fin
sieurs municipalités et organis­ octobre, ce sont les services de la
mes publics de Seine­Saint­De­ mairie de Sainte­Affrique (Avey­
nis. Pour obtenir un acte de nais­ ron) qui ont été attaqués. A l’été
sance ou de décès, les habitants 2020, les données de 1,4 million
de Bobigny doivent désormais se de personnes ayant effectué un
rendre en personne à l’état civil test de dépistage du Covid­19 en
et ne peuvent plus faire la démar­ Ile­de­France ont été dérobées à
che en ligne, rapporte l’Agence l’Assistance publique­Hôpitaux
France­Presse. Aucun retour à la de Paris. En juin 2021, Pôle emploi
normale n’est en vue pour le a porté plainte pour le vol massif
moment, le syndicat refusant de coordonnées de chômeurs. Se­
évidemment de payer la rançon lon les chiffres du dispositif gou­
vernemental Cybermalveillance,
1 964 collectivités publiques ont
été accompagnées pour ce pro­
1 964 collectivités blème cette année, une augmen­
tation de 127 % depuis 2018 (865).
publiques ont été
accompagnées La sécurité nationale en jeu
Les mêmes faits se répètent,
pour ce problème semant le doute sur la manière
en 2021, une dont la puissance publique
protège les milliards de données,
hausse de 127 % parfois hypersensibles, que les
depuis 2018 citoyens lui cèdent en toute
INSCRIPTION GRATUITE
SAMS.GROUPELEMONDE.FR
confiance : numéro de sécurité
sociale, suivi médical, coordon­
nées bancaires, revenus, adresses
électronique et postale, nom du
conjoint, etc. Cette protection
relève de l’Agence nationale de la
sécurité des systèmes d’informa­
tion (Anssi). Mais elle a refusé
d’expliquer au Monde comment
ce trésor est protégé. C’est pour­
tant bien « un enjeu majeur de
confiance des Français dans les
institutions publiques », reconnaît
l’entourage de la ministre de la
transformation et de la fonction
publiques, Amélie de Montchalin.
Les risques sont grands, en ef­
fet. Il suffit d’un numéro de sé­
curité sociale pour usurper
l’identité de quelqu’un. « On de­
mande de plus en plus de do­
cuments pour obtenir ne serait­ce
qu’une copie d’acte de naissance,
déplore la sénatrice Les Républi­
cains du Val­de­Marne Catherine
Procaccia. Tout cela circule n’im­
porte comment… J’ai été saisie par
une personne qui en était à son
52e PV pour des infractions qu’elle
n’avait pas commises. »
Mais les risques touchent égale­
ment à la sécurité nationale. « De­
main, il y aura davantage de
tentatives de prise de contrôle de
données, prévient Eric Bothorel,
député La République en marche
(LRM) des Côtes­d’Armor. Prendre
le contrôle des feux de signalisa­
tion d’une ville pourrait bloquer
les capacités de réaction face à une
attaque. » Catherine Procaccia
en est bien consciente, elle qui a,
après les attentats de novem­
bre 2015, fait « des réserves d’eau
potable » dans sa cave de peur
d’une cyberattaque sur l’eau
courante. Et sa crainte n’était pas
infondée : en février 2021, un
hacker a pénétré le système infor­
matique du réseau hydraulique
d’une ville de Floride pour modi­
fier la composition chimique
de l’eau au point de la rendre
mortelle. Un technicien a rapide­
ment contré l’attaque.
Lorsque l’on demande à la sé­
natrice si la puissance publique
protège suffisamment les don­
nées des Français, elle répond :
« Pour l’instant, non. La protection
est déficiente. » Elle souligne la si­
tuation des petites communes,
« parce que cela demande des
moyens qu’elles n’ont pas ». Maire
de La Jarne (Charente­Maritime),
Vincent Coppolani reconnaît
qu’il n’a « absolument pas les
moyens d’avoir quelqu’un qui soit
spécialisé en informatique ». Lui
est pourtant sensibilisé, mais
parmi ses homologues, « neuf sur
dix ne sauraient pas comment réa­
gir » à une attaque.
Le rôle primordial de la CNIL
Accompagner ces petites villes
est « un vrai enjeu », reconnaît­on
chez Mme de Montchalin. Quant
aux hôpitaux, on y trouve « un
niveau de maturité variable. Les
plus petits sont pris dans des
contraintes financières et de
compétences », relève Bertrand
Pailhès, directeur des technolo­
gies et de l’innovation à la Com­
mission nationale de l’informati­
que et des libertés (CNIL), en
citant les attaques récentes du
CHU de Rouen, de l’hôpital de
Dax (Landes) ou de celui de Châ­
lon­sur­Saône (Saône­et­Loire).
L’arbre qui cache la forêt, plaide
le député Bothorel. « Globale­
ment, estime­t­il, l’Etat protège
bien les données des Français. »
Il propose, pour s’en convaincre,
de rapporter « les attaques réus­
sies à celles qui sont tentées ». Ver­
dict : « A l’épreuve des faits, on
résiste. » Il existe, en France, un
solide corps de règles qui a même
« influencé la législation euro­
JUST I C E
Un Franco-Syrien mis
en examen pour
« complicité de crimes
contre l’humanité »
Un Franco­Syrien soupçonné
d’avoir fourni des matériels
à l’armée syrienne, dont des
composants pouvant servir
à la fabrication d’armes chimi­
ques, a été mis en examen,
samedi 25 décembre en France,
Dans le cadre
du plan France
Relance, l’Agence
nationale
de sécurité
des systèmes
d’information
a reçu 136 millions
d’euros
péenne », reconnaît l’avocat Cons­
tantin Pavléas, ajoutant que ce
n’est le cas ni aux Etats­Unis ni en
Chine. A la CNIL, chargée de
veiller au grain, Bertrand Pailhès
confirme que « les autorités pren­
nent les choses au sérieux.
D’ailleurs, la création de l’Anssi,
en 2009, le montre. Il n’y a pas
beaucoup d’administrations qui
sont passées de zéro à 600 agents
en quelques années… »
Le gouvernement défend « une
stratégie offensive qui consiste à se
prémunir de tout type d’attaque
contre nos données stockées dans
un endroit que l’on connaît, assure
l’entourage de Mme de Montcha­
lin. Notre doctrine, adoptée en
2021, est la plus stricte d’Europe ».
Dans le cadre du plan France Re­
lance, l’Anssi a reçu 136 millions
d’euros pour renforcer la cybersé­
curité. La CNIL a obtenu vingt­
cinq postes, même si, avec
245 agents, elle est encore loin de
ses homologues britannique
ou allemande.
Or, son rôle est essentiel. Lutter
contre les cybermalfaiteurs est
une chose. S’assurer que la puis­
sance publique utilise correcte­
ment les données des Français en
est une autre. La CNIL s’en charge,
en s’assurant notamment du
respect du Réglement général sur
la protection des données (RGPD),
adopté par l’Union européenne
en 2016. « On fait de notre mieux
avec les moyens que l’on a », confie
Bertrand Pailhès. Il n’est pas rare
que des administrations soient
sanctionnées. Ce fut le cas,
en 2021, du ministère de l’inté­
rieur, notamment pour sa mau­
vaise gestion du fichier automa­
tisé des empreintes digitales,
mais également de la RATP ou,
en 2019, d’un rectorat qui avait
fourni les coordonnées des
bacheliers à une députée LRM
souhaitant les féliciter.
« Le RGPD n’est pas appliqué,
n’est pas respecté », objecte pour­
tant Arthur Messaud. L’analyste
juridique et politique à l’associa­
tion La Quadrature du Net dé­
nonce « une complicité entre les
géants du numérique et l’Etat ». Le
modèle économique des Google,
Apple, Facebook, Amazon et
Microsoft – les Gafam – repose, en
effet, sur l’exploitation des
données des utilisateurs. Or, dé­
nonce l’association, celles­ci sont
mal protégées et la France man­
querait de « volonté politique »
pour inciter les autorités euro­
péennes à sanctionner les Gafam.
Certains dénoncent la fascina­
tion des décideurs publics,
alimentée par le lobbying redou­
table des Gafam. Chez Mme de
Montchalin, on proteste : « Consi­
dérer que le gouvernement n’est
pas assez ferme, ce n’est pas une
chose que l’on peut dire, se récrie
un conseiller. On ne se trompe pas
de but, qui est de protéger les
données, pas d’exclure des entre­
prises d’un marché. »
Mais Arthur Messaud cite
l’exemple de la Plate­forme des
données de santé, appelée
« Health Data Hub » par le gouver­
nement. Créée en 2019, elle faci­
pour « entente en vue de com­
mettre des crimes contre l’hu­
manité, complicité de crimes
contre l’humanité et compli­
cité de crimes de guerre », ainsi
que pour « blanchiment de
crimes de guerre et de crimes
contre l’humanité ». Arrêté
dans le sud de la France, cet
homme de 59 ans, qui dirige
une compagnie de navigation,
a été incarcéré. – (AFP.)
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
lite le partage des informations
médicales des Français dans un
but scientifique. Problème, s’in­
quiète le militant, ces données
ont été confiées à l’américain Mi­
crosoft, « alors que l’on a des entre­
prises en France qui peuvent pro­
poser ça ». Et le gouvernement
français s’est donc exposé « à la lé­
gislation extraterritoriale améri­
caine », explique l’avocat Cons­
tantin Pavléas. Les lois des Etats­
Unis, poursuit­il, « permettent
aux services d’enquête américains
d’avoir un accès électronique à des
données où qu’elles soient, dès lors
qu’elles sont gérées par une entre­
prise américaine, y compris pour
une filiale européenne. Donc, po­
tentiellement, les autorités améri­
caines pourraient avoir accès aux
données de santé des Français ».
Le stockage reste problématique
Considérant, en octobre 2020,
qu’il n’y a « pas d’illégalité grave et
manifeste », le Conseil d’Etat a
cependant reconnu que « le risque
ne peut être totalement exclu ». Le
juge administratif a donc de­
mandé au gouvernement de trou­
ver une solution permettant
« d’éliminer tout risque ». Inter­
rogé par Le Monde, un représen­
tant de Health Data Hub estime
que « le risque théorique » évoqué
par le Conseil d’Etat « d’un trans­
fert des données vers les Etats­Unis
ne semble pas justifié ». Il assure
néanmoins que dès qu’« une
offre », jouissant du label « cloud
de confiance » créé depuis par le
gouvernement, se présentera, les
données y migreront. En novem­
bre 2020, le ministre de la santé,
Olivier Véran, avait promis « une
solution souveraine dans les
douze à dix­huit mois, au maxi­
mum deux ans ».
Ce que montre la plate­forme,
en tout cas, c’est que le stockage
est un enjeu décisif pour la
protection des données. Et, là en­
core, la situation n’est pas stabili­
sée partout. C’est une difficulté
pour les petites collectivités
publiques qui manquent de
moyens. « On n’a plus de serveurs
à la mairie, explique Vincent
Coppolani. On a passé toutes nos
données en cloud. » Elles sont « en
France, et c’est mieux protégé que
ce que l’on peut faire en mairie ».
Quant à l’Etat, La Quadrature du
Net lui reproche d’exercer « une
surveillance excessive ». Il oblige
en effet les fournisseurs de télé­
phonie à conserver un an les
données de géolocalisation des
Français. En octobre 2020, la
justice européenne a considéré
que l’Etat français ne respectait
pas la Charte des droits fonda­
mentaux de l’Union. L’associa­
tion saisit le Conseil d’Etat, lequel,
relevant l’état d’urgence sécuri­
taire, ne condamne pas l’Etat.
« C’est un échec total pour nous,
notre plus grande défaite », recon­
naît Arthur Messaud, en s’aga­
çant : « L’Etat est en rébellion
contre le droit européen en
matière de protection de la popu­
lation contre les abus des services
de renseignement. »
Mais l’objectif assumé du Con­
seil d’Etat est surtout de trouver
un équilibre entre les contraintes
de sécurité et la liberté des ci­
toyens. Ainsi, les données de géo­
localisation ne sont pas détenues
par l’Etat, mais par les fournis­
seurs. Par ailleurs, la procédure
qui permet à un fonctionnaire d’y
avoir accès a été très encadrée. « Il
ne faut pas caricaturer, l’Etat n’or­
ganise pas de flicage, dit­on au
Conseil d’Etat. Le commissariat du
coin ne peut pas s’amuser à aller
dans ces bases comme ça. Les gar­
de­fous sont très importants. » 
benoît floc’h
Fin de cavale pour l’évadé
de l’hôpital de Pontoise
Le détenu de 28 ans qui s’était
évadé de l’hôpital de Pontoise,
mardi 21 décembre, et sa
compagne, qui avait tiré sur
l’un des agents pénitentiaires
qui l’escortait, ont été arrêtés
dimanche en Allemagne.
L’homme avait simulé une ten­
tative de suicide pour obtenir
une extraction médicale. – (AFP.)
 - CESSATIONS DE GARANTIE
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678
DU 20 JUILLET 1972 - ARTICLES 44
La société QBE EUROPE SA/NV sis Coeur
Défense – Tour A – 110 Esplanade du Général
de Gaulle – 92931 La Défense Cedex, inscrite au
RCS de Nanterre sous le numéro 842 689 556 suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV immatriculée
en Belgique sous le n° 0690.537.456 ayant pour
siège social situé 37, boulevard du Régent, 1000
Bruxelles - Belgique. TVA BE 0690.537.456 –
RPM Bruxelles, fait savoir que, les garanties finan-
cières dont bénéficiait :
OCEANE IMMOBILIER
278 Rue Jean Jaurès
29200 BREST
SIREN : 811 603 034
depuis le 9 Juin 2015 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE ET TRANSACTION
AVEC PERCEPTION DE FONDS
Cesseront au 31.12.2021. Les créances éven-
tuelles se rapportant à ces opérations devront être
produites dans les trois mois de cette insertion
à l’adresse de l’Etablissement garant sis Coeur
Défense – Tour A – 110, Esplanade du Général de
Gaulle – 92931 La Défense Cedex.
Il est précisé qu’il s’agit de créances éventuelles
et que le présent avis ne préjuge en rien du paie-
ment ou du non-paiement des sommes dues et
ne peut en aucune façon mettre en cause la sol-
vabilité ou l’honorabilité de la SAS OCEANE
IMMOBILIER.
GALIAN – Caisse de Garantie de L’Immobilier -
89, rue la Boétie – 75008 PARIS, accepte de re-
prendre, avec tous ses effets les garanties de QBE
EUROPE SA/NV et notamment de la dégager de
toute obligation résultant de ses engagements au
titre de ses garanties.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SARL BR IMMOBILIER
4 rue de la Montée
67170 GEUDERTHEIM
RCS: 814 770 061
depuis le 01/03/2018 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SARL BR IMMOBILIER.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20 JUILLET
1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense – Tour
A – 110 esplanade du Général de Gaulle – 92931
LA DEFENSE CEDEX (RCS NANTERRE 842
689 556), succursale de QBE EUROPE SA/NV,
dont le siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait savoir que,
la garantie financière dont bénéficiait la :
SARL W.S.R. IM-MO
30 Rue du Taur
31000 TOULOUSE
RCS: 394 824 833
depuis le 01/01/2004 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 01/10/2012 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
depuis le 01/01/2017 pour ses activités de :
SYNDIC DE COPROPRIETE
cessera de porter effet trois jours francs après
publication du présent avis. Les créances éven-
tuelles se rapportant à ces opérations devront être
produites dans les trois mois de cette insertion
à l’adresse de l’Établissement garant sis Cœur
Défense – Tour A – 110 esplanade du Général
de Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX Il est
précisé qu’il s’agit de créances éventuelles et que
le présent avis ne préjuge en rien du paiement ou
du non-paiement des sommes dues et ne peut en
aucune façon mettre en cause la solvabilité ou
l’honorabilité de la SARL W.S.R. IM-MO.
GALIAN ASSURANCES – 89, rue la Boétie
– 75008 PARIS, accepte de reprendre, avec tous
ses effets les garanties de QBE INSURANCE et
notamment de la dégager de toute obligation résul-
tant de ses engagements au titre de ses garanties.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), succur-
sale de QBE EUROPE SA/NV, dont le siège
social est à 37, Boulevard du Régent, 1000
BRUXELLES - BELGIQUE, fait savoir que,
la garantie financière dont bénéficiait la :
SAS FONCIA CBC
11 Boulevard de la Ferrage
06400 CANNES
RCS: 480 165 513
depuis le 01/01/2005 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
depuis le 01/01/2016 pour ses activités de :
SYNDIC DE COPROPRIETE
cessera de porter effet trois jours francs après
publication du présent avis. Les créances éven-
tuelles se rapportant à ces opérations devront
être produites dans les trois mois de cette
insertion à l’adresse de l’Établissement garant
sis Cœur Défense – Tour A – 110 esplanade
du Général de Gaulle – 92931 LA DEFENSE
CEDEX Il est précisé qu’il s’agit de créances
éventuelles et que le présent avis ne préjuge
en rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SAS FONCIA CBC. GALIAN
ASSURANCES – 89, rue la Boétie – 75008
PARIS, accepte de reprendre, avec tous ses
effets les garanties de QBE INSURANCE et
notamment de la dégager de toute obligation
résultant de ses engagements au titre de ses
garanties.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SARL MIXIMMO
23 Rue Victor Hugo
91260 JUVISY SUR ORGE
RCS: 487 750 036
depuis le 15/02/2006 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SARL MIXIMMO.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678
DU 20 JUILLET 1972 - ARTICLES 44
La société QBE EUROPE SA/NV sis
Coeur Défense – Tour A – 110 Esplanade
du Général de Gaulle – 92931 La Défense
Cedex, inscrite au RCS de Nanterre sous
le numéro 842 689 556 succursale de
QBE EUROPE SA/NV immatriculée en
Belgique sous le n° 0690.537.456 ayant
pour siège social situé 37, boulevard du
Régent, 1000 Bruxelles - Belgique. TVA
BE 0690.537.456 – RPM Bruxelles, fait
savoir que, les garanties financières dont
bénéficiait :
EPERNAY CONSEIL IMMOBILER
31 Rue du Général Leclerc
51200 EPERNAY
SIREN : 799 340 484
depuis le 01 Janvier 2015 pour ses activi-
tés de : GESTION IMMOBILIERE ET
TRANSACTION AVEC PERCEPTION
DE FONDS
Cesseront au 31.12.2021. Les créances
éventuelles se rapportant à ces opérations
devront être produites dans les trois mois
de cette insertion à l’adresse de l’Etablis-
sement garant sis Coeur Défense – Tour
A – 110, Esplanade du Général de Gaulle
– 92931 La Défense Cedex. Il est précisé
qu’il s’agit de créances éventuelles et que
le présent avis ne préjuge en rien du paie-
ment ou du non-paiement des sommes dues
et ne peut en aucune façon mettre en cause
la solvabilité ou l’honorabilité de l’EURL
EPERNAY CONSEIL IMMOBILIER
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SAS PATRICE RUSSO IMMOBILIER
9 Avenue Albert 1er
83470 SAINT-MAXIMIN-LA-SAINTE-
BAUME
RCS: 809 295 199
depuis le 01/04/2016 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge
en rien du paiement ou du non-paiement
des sommes dues et ne peut en aucune
façon mettre en cause la solvabilité ou
l’honorabilité de la SAS PATRICE RUSSO
IMMOBILIER.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20 JUILLET
1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense – Tour
A – 110 esplanade du Général de Gaulle – 92931
LA DEFENSE CEDEX (RCS NANTERRE 842
689 556), succursale de QBE EUROPE SA/NV,
dont le siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait savoir que,
la garantie financière dont bénéficiait la :
SARL ÉTUDE
GUEGAN IMMOBILIER
2 Rue Saint-gilles
22000 SAINT-BRIEUC
RCS: 411 760 622
depuis le 01/06/2016 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 01/06/2016 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
depuis le 01/06/2016 pour ses activités de :
SYNDIC DE COPROPRIETE
cessera de porter effet trois jours francs après publi-
cation du présent avis. Les créances éventuelles se
rapportant à ces opérations devront être produites
dans les trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense – Tour A
– 110 esplanade du Général de Gaulle – 92931 LA
DEFENSE CEDEX Il est précisé qu’il s’agit de
créances éventuelles et que le présent avis ne pré-
juge en rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon mettre en
cause la solvabilité ou l’honorabilité de la SARL
ÉTUDE GUEGAN IMMOBILIER. GALIAN
ASSURANCES – 89, rue la Boétie – 75008
PARIS, accepte de reprendre, avec tous ses effets
les garanties de QBE INSURANCE et notamment
de la dégager de toute obligation résultant de ses
engagements au titre de ses garanties.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SARL MAS
20 avenue des Portes du Soleil
83600 FRÉJUS
RCS: 431 564 665
depuis le 10/08/2005 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SARL MAS.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SARL LA CASCADE
4 rue de Trévise
75009 PARIS
RCS: 420 319 451
depuis le 01/01/2015 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX.
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SARL LA CASCADE.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678
DU 20 JUILLET 1972 - ARTICLES 44
La société QBE EUROPE SA/NV sis Coeur
Défense – Tour A – 110 Esplanade du Général
de Gaulle – 92931 La Défense Cedex, inscrite au
RCS de Nanterre sous le numéro 842 689 556 suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV immatriculée
en Belgique sous le n° 0690.537.456 ayant pour
siège social situé 37, boulevard du Régent, 1000
Bruxelles - Belgique. TVA BE 0690.537.456 –
RPM Bruxelles, fait savoir que, les garanties finan-
cières dont bénéficiait :
OGIMM
3 Rue Edouard BELIN
29200 BREST
SIREN : 821 673 613
depuis le 26 Juillet 2016 pour ses activités de
: GESTION IMMOBILIERE, SYNDIC ET
TRANSACTION AVEC PERCEPTION DE
FONDS
Cesseront au 31.12.2021. Les créances éven-
tuelles se rapportant à ces opérations devront être
produites dans les trois mois de cette insertion
à l’adresse de l’Etablissement garant sis Coeur
Défense – Tour A – 110, Esplanade du Général de
Gaulle – 92931 La Défense Cedex. Il est précisé
qu’il s’agit de créances éventuelles et que le pré-
sent avis ne préjuge en rien du paiement ou du non-
paiement des sommes dues et ne peut en aucune
façon mettre en cause la solvabilité ou l’honorabi-
lité de la SARL OGIMM.
GALIAN – Caisse de Garantie de L’Immobilier -
89, rue la Boétie – 75008 PARIS, accepte de re-
prendre, avec tous ses effets les garanties de QBE
EUROPE SA/NV et notamment de la dégager de
toute obligation résultant de ses engagements au
titre de ses garanties.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SASU ICPE CONSEIL
11 B rue Félix Poyez
77000 MELUN
RCS: 820 860 716
depuis le 01/07/2016 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SASU ICPE CONSEIL.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SA AGENCE W.F.KING
74 Avenue des Golfs
Valescure
83700 SAINT-RAPHAËL
RCS: 784 172 330
depuis le 01/01/2004 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES
ET FONDS DE COMMERCE cessera
de porter effet trois jours francs après
publication du présent avis. Les créances
éventuelles se rapportant à ces opérations
devront être produites dans les trois mois
de cette insertion à l’adresse de l’Établis-
sement garant sis Cœur Défense – Tour
A – 110 esplanade du Général de Gaulle
– 92931 LA DEFENSE CEDEX Il est pré-
cisé qu’il s’agit de créances éventuelles et
que le présent avis ne préjuge en rien du
paiement ou du non-paiement des sommes
dues et ne peut en aucune façon mettre en
cause la solvabilité ou l’honorabilité de la
SA AGENCE W.F.KING.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), succur-
sale de QBE EUROPE SA/NV, dont le siège
social est à 37, Boulevard du Régent, 1000
BRUXELLES - BELGIQUE, fait savoir que,
la garantie financière dont bénéficiait la :
SARL GRUISSAN IMMOBILIER
8 Avenue Joseph Camp
11130 GRUISSAN
RCS: 484 199 336
depuis le 14/11/2005 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 14/11/2005 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
cessera de porter effet trois jours francs après
publication du présent avis. Les créances
éventuelles se rapportant à ces opérations
devront être produites dans les trois mois
de cette insertion à l’adresse de l’Établisse-
ment garant sis Cœur Défense – Tour A – 110
esplanade du Général de Gaulle – 92931 LA
DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honorabi-
lité de la SARL GRUISSAN IMMOBILIER.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SARL AGENCE DES 2 VALLÉES
2 Ruelle Cassée
78980 SAINT ILLIERS LE BOIS
RCS: 448 383 166
depuis le 01/01/2004 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’hono-
rabilité de la SARL AGENCE DES 2
VALLÉES.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678
DU 20 JUILLET 1972 - ARTICLES 44
La société QBE EUROPE SA/NV sis
Coeur Défense – Tour A – 110 Esplanade
du Général de Gaulle – 92931 La Défense
Cedex, inscrite au RCS de Nanterre sous
le numéro 842 689 556 succursale de
QBE EUROPE SA/NV immatriculée en
Belgique sous le n° 0690.537.456 ayant
pour siège social situé 37, boulevard du
Régent, 1000 Bruxelles - Belgique. TVA
BE 0690.537.456 – RPM Bruxelles, fait
savoir que, les garanties financières dont
bénéficiait :
CABINET DU TINTORET
62 Rue de la Sablière
92600 ASNIERES
SIREN : 402 008 999
depuis le 01 Juillet 2018 pour ses activi-
tés de : GESTION IMMOBILIERE ET
SYNDIC
Cesseront au 31.12.2021. Les créances
éventuelles se rapportant à ces opérations
devront être produites dans les trois mois
de cette insertion à l’adresse de l’Etablis-
sement garant sis Coeur Défense – Tour
A – 110, Esplanade du Général de Gaulle
– 92931 La Défense Cedex. Il est précisé
qu’il s’agit de créances éventuelles et que
le présent avis ne préjuge en rien du paie-
ment ou du non-paiement des sommes dues
et ne peut en aucune façon mettre en cause
la solvabilité ou l’honorabilité de la SASU
CABINET DU TINTORET.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SARL MONTELIMAR DROME
PROVENCALE IMMOBILIER
3 bis rue Malareac
Place de l’ Europe
26200 MONTELIMAR
RCS: 750 506 966
depuis le 20/07/2012 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 20/07/2012 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’hono-
rabilité de la SARL MONTELIMAR
DROME PROVENCALE IMMOBILIER.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SAS PIERRES S.A.
5 - 7 Rue de l’Amiral Roussin
75015 PARIS
RCS: 422 506 378
depuis le 01/01/2004 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 01/01/2004 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SAS PIERRES S.A..
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20 JUILLET
1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense – Tour
A – 110 esplanade du Général de Gaulle – 92931
LA DEFENSE CEDEX (RCS NANTERRE 842
689 556), succursale de QBE EUROPE SA/NV,
dont le siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait savoir que,
la garantie financière dont bénéficiait la :
SASU AGENCE MARTY IMMOBILIER
8 Avenue des Lavandieres
Résidence Port La Roquille
34300 AGDE
RCS: 322 802 679
depuis le 01/01/2007 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 01/01/2007 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
depuis le 01/01/2016 pour ses activités de :
SYNDIC DE COPROPRIETE
cessera de porter effet trois jours francs après
publication du présent avis. Les créances éven-
tuelles se rapportant à ces opérations devront être
produites dans les trois mois de cette insertion
à l’adresse de l’Établissement garant sis Cœur
Défense – Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éventuelles
et que le présent avis ne préjuge en rien du paie-
ment ou du non-paiement des sommes dues et ne
peut en aucune façon mettre en cause la solvabilité
ou l’honorabilité de la SASU AGENCE MARTY
IMMOBILIER. GALIAN ASSURANCES – 89,
rue la Boétie – 75008 PARIS, accepte de re-
prendre, avec tous ses effets les garanties de QBE
INSURANCE et notamment de la dégager de toute
obligation résultant de ses engagements au titre de
ses garanties.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SASU EC IMMOBILIER
22 Rue de Ranspach
68550 SAINT-AMARIN
RCS: 853 863 454
depuis le 01/01/2021 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SASU EC IMMOBILIER.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SAS GESTIOREM
4 Avenue Hoche
75008 PARIS
RCS: 805 402 021
depuis le 01/04/2017 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE cessera de por-
ter effet trois jours francs après publication
du présent avis. Les créances éventuelles
se rapportant à ces opérations devront
être produites dans les trois mois de cette
insertion à l’adresse de l’Établissement
garant sis Cœur Défense – Tour A – 110
esplanade du Général de Gaulle – 92931
LA DEFENSE CEDEX Il est précisé qu’il
s’agit de créances éventuelles et que le pré-
sent avis ne préjuge en rien du paiement
ou du non-paiement des sommes dues et
ne peut en aucune façon mettre en cause
la solvabilité ou l’honorabilité de la SAS
GESTIOREM.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SARL M.D.P. SYNDIC
1 rue Pierre-Julien
26200 MONTELIMAR
RCS: 538 728 759
depuis le 01/01/2013 pour ses activités de :
SYNDIC DE COPROPRIETE cessera
de porter effet trois jours francs après
publication du présent avis. Les créances
éventuelles se rapportant à ces opérations
devront être produites dans les trois mois
de cette insertion à l’adresse de l’Établis-
sement garant sis Cœur Défense – Tour
A – 110 esplanade du Général de Gaulle
– 92931 LA DEFENSE CEDEX Il est pré-
cisé qu’il s’agit de créances éventuelles et
que le présent avis ne préjuge en rien du
paiement ou du non-paiement des sommes
dues et ne peut en aucune façon mettre en
cause la solvabilité ou l’honorabilité de la
SARL M.D.P. SYNDIC.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SAS PYRENE IMMOBILIER
8 Rue Gaspard Astrié
09110 AX-LES-THERMES
RCS: 439 613 357
depuis le 01/01/2004 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 01/01/2019 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
depuis le 01/01/2019 pour ses activités de :
SYNDIC DE COPROPRIETE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SAS PYRENE IMMOBILIER.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SARL ROSCH IMMOBILIER
9 Bd Paul Vaillant Couturier
93100 MONTREUIL
RCS: 497 976 787
depuis le 01/07/2007 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 01/01/2009 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SARL ROSCH IMMOBILIER.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SAS SESAME REAL ESTATE
18 Place Garibaldi
06300 NICE
RCS: 854 077 542
depuis le 28/10/2019 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SAS SESAME REAL ESTATE.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), succur-
sale de QBE EUROPE SA/NV, dont le siège
social est à 37, Boulevard du Régent, 1000
BRUXELLES - BELGIQUE, fait savoir que,
la garantie financière dont bénéficiait la :
SAS ESTIMM
27 Avenue du Rhin
67100 STRASBOURG
RCS: 752 036 152
depuis le 01/01/2015 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE depuis le
01/01/2017 pour ses activités de : SYNDIC
DE COPROPRIETE
cessera de porter effet trois jours francs après
publication du présent avis. Les créances éven-
tuelles se rapportant à ces opérations devront
être produites dans les trois mois de cette
insertion à l’adresse de l’Établissement garant
sis Cœur Défense – Tour A – 110 esplanade
du Général de Gaulle – 92931 LA DEFENSE
CEDEX Il est précisé qu’il s’agit de créances
éventuelles et que le présent avis ne préjuge
en rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honorabilité
de la SAS ESTIMM.
GALIAN ASSURANCES – 89, rue la Boétie –
75008 PARIS, accepte de reprendre, avec tous
ses effets les garanties de QBE INSURANCE
et notamment de la dégager de toute obligation
résultant de ses engagements au titre de ses
garanties.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SAS AGENCE DES ORGIERES -
AGIMO
Résidence les Martagons
38142 AURIS
RCS: 315 632 034
depuis le 01/01/2004 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 01/07/2010 pour ses activités de :
GSETION IMMOBILIERE
depuis le 01/01/2018 pour ses activités de :
SYNDIC DE COPROPRIETE cessera
de porter effet trois jours francs après
publication du présent avis. Les créances
éventuelles se rapportant à ces opérations
devront être produites dans les trois mois
de cette insertion à l’adresse de l’Établis-
sement garant sis Cœur Défense – Tour A
– 110 esplanade du Général de Gaulle –
92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge
en rien du paiement ou du non-paiement
des sommes dues et ne peut en aucune
façon mettre en cause la solvabilité ou
l’honorabilité de la SAS AGENCE DES
ORGIERES - AGIMO.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SARL ALIZÉ IMMOBILIER
18 Allee des Micocouliers
Le Village du Couloubrier
83120 SAINTE-MAXIME
RCS: 437 972 508
depuis le 01/01/2004 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SARL ALIZÉ IMMOBILIER.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20 JUILLET
1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense – Tour
A – 110 esplanade du Général de Gaulle – 92931
LA DEFENSE CEDEX (RCS NANTERRE 842
689 556), succursale de QBE EUROPE SA/NV,
dont le siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait savoir que,
la garantie financière dont bénéficiait la :
SASU AGENCE CENTRALE
278 rue Jean Jaurès
29200 BREST
RCS: 520 366 964
depuis le 01/07/2010 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
depuis le 01/07/2010 pour ses activités de :
GESTION IMMOBILIERE
depuis le 01/01/2018 pour ses activités de :
SYNDIC DE COPROPRIETE
cessera de porter effet trois jours francs après
publication du présent avis. Les créances éven-
tuelles se rapportant à ces opérations devront être
produites dans les trois mois de cette insertion
à l’adresse de l’Établissement garant sis Cœur
Défense – Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éventuelles et
que le présent avis ne préjuge en rien du paiement
ou du non-paiement des sommes dues et ne peut
en aucune façon mettre en cause la solvabilité ou
l’honorabilité de la SASU AGENCE CENTRALE.
GALIAN ASSURANCES – 89, rue la Boétie
– 75008 PARIS, accepte de reprendre, avec tous
ses effets les garanties de QBE INSURANCE et
notamment de la dégager de toute obligation résul-
tant de ses engagements au titre de ses garanties.
LOI DU 2 JANVIER 1970 - DECRET
D’APPLICATION N° 72-678 DU 20
JUILLET 1972 - ARTICLES 44
QBE EUROPE SA/NV, sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
(RCS NANTERRE 842 689 556), suc-
cursale de QBE EUROPE SA/NV, dont le
siège social est à 37, Boulevard du Régent,
1000 BRUXELLES - BELGIQUE, fait
savoir que, la garantie financière dont béné-
ficiait la :
SAS AGSIMO
12, allée des Primevères
78100 SAINT GERMAIN
EN LAYE
RCS: 494 176 662
depuis le 01/01/2007 pour ses activités de :
TRANSACTIONS SUR IMMEUBLES ET
FONDS DE COMMERCE
cessera de porter effet trois jours francs
après publication du présent avis. Les
créances éventuelles se rapportant à ces
opérations devront être produites dans les
trois mois de cette insertion à l’adresse de
l’Établissement garant sis Cœur Défense
– Tour A – 110 esplanade du Général de
Gaulle – 92931 LA DEFENSE CEDEX
Il est précisé qu’il s’agit de créances éven-
tuelles et que le présent avis ne préjuge en
rien du paiement ou du non-paiement des
sommes dues et ne peut en aucune façon
mettre en cause la solvabilité ou l’honora-
bilité de la SAS AGSIMO.
 0123
14 | france MARDI 28 DÉCEMBRE 2021

La question des
passoires thermiques
panique le secteur
Selon les évaluations du nouveau
diagnostic de performance
énergétique, le nombre d’habitats
énergivores est plus élevé que prévu

L
e nouveau diagnostic de
performance énergéti­
que (DPE), en vigueur de­
puis le 1er juillet, révèle de
bien mauvaises surprises aux
propriétaires des nombreux loge­
ments classés énergivores. Le
DPE, établi par un professionnel
agréé par calcul théorique se ba­
sant sur les caractéristiques tech­
niques du bâtiment, et non plus
sur les factures d’énergies, note
les biens de A, la meilleure note, à
G, la pire, en fonction de leur per­
formance énergétique. Il doit être
annexé à tout contrat de vente ou
de location, avec, désormais, de
lourdes conséquences juridiques.
En effet, en vertu de la loi climat
du 22 août 2021, à partir du 1er jan­
vier 2025, les 600 000 logements
classés G seront considérés
comme indécents, donc interdits
à la location. Le même sort sera
réservé, en 2028, au 1,2 million de
logements classés F, et, en 2034,
aux 2,6 millions de logements
classés E. Mais dès le 25 août 2022,
les loyers des logements classés F
et G ne pourront plus être aug­
mentés, ni par l’application d’un
index en cours de contrat, ni lors
d’un renouvellement de bail ou
d’une relocation.
Les ventes s’en ressentent. Le
site SeLoger. com constate un af­
flux d’annonces pour des loge­
ments énergivores. Thierry Dele­
salle, notaire parisien, a vu une
vente échouer à cause d’une
note moins bonne que celle an­
noncée par la vendeuse… Or, les
premiers diagnostics nouvelle
version, réalisés depuis quelques
mois, font basculer dans les caté­
gories infamantes bien plus de
logements que prévu.
Marcel Crasnier, propriétaire
d’une trentaine de logements
dans l’agglomération d’Angers, ne
décolère pas. Il a fait rénover un
immeuble entier à Rochefort­sur­
Loire (Maine­et­Loire), et a passé
convention avec l’Agence natio­
nale d’amélioration de l’habitat
(ANAH) pour y aménager cinq ap­
partements à vocation sociale
(ouvrant donc droit à un abatte­
ment de 85 % sur les revenus fon­
ciers, selon le dispositif fiscal dit
« Cosse »), loués entre 7 euros et
8 euros le mètre carré mensuel.
« Faire du social ne m’effraie pas,
j’ai, par exemple, loué 425 euros
par mois un 70 m2 à un jeune cou­
ple, ou à des étudiants, des retrai­
tés. Mais alors que j’avais, avant
les travaux, une perspective d’éti­
quette D établie par un bureau
d’études thermiques, le DPE
d’après travaux aboutit, pour
trois des cinq logements, à un
classement E, ce qui compromet
non seulement le versement de la
subvention de 150 000 euros de
l’ANAH mais aussi, à terme, la pos­
sibilité de louer ces logements »,
redoute­t­il.
Correctifs mineurs
M. Crasnier a pourtant investi
450 000 euros dans l’isolation, les
doubles vitrages et la pose de ra­
diateurs électriques radiants der­
nier cri. « Ces opérations sont com­
plexes, elles nécessitent deux à
trois ans de préparation et des
mois de chantier, alors il ne faut
pas changer les règles brutale­
ment », proteste­t­il.
Face à ce type de mauvaises éti­
quettes touchant en particulier les
logements construits avant 1975 et
les petites surfaces, les propriétai­
res ont d’abord cru à des erreurs de
calcul, à des bugs dus à la précipita­
tion dans laquelle les nouveaux lo­
giciels ont été mis en service. A
Lors de l’élaboration d’un diagnostic de performance énergétique dans le Val d’Oise, le 10 février 2017. JEAN-LUC FLÉMAL/BELPRESS/ANDIA
leur demande, la ministre du loge­
ment, Emmanuelle Wargon, a sus­
pendu les DPE le 24 septembre
puis, après des correctifs mineurs,
les a relancés le 1er novembre.
La ministre a aussi demandé
aux diagnostiqueurs de rééditer
automatiquement et sans frais
pour les propriétaires les quelque
94 00 DPE à étiquette F et G d’im­
meubles d’avant 1975, et de recal­
culer, si le client le souhaite, les
étiquettes D et E litigieuses, au
nombre de 129 000. Une fois l’opé­
ration terminée, d’ici à fin fé­
vrier 2022, le ministère indemni­
sera lui­même les diagnos­
tiqueurs, à hauteur de 60 euros
par document réédité.
« Ce recalcul n’a pas vraiment
modifié les notes, sinon à la marge,
explique Lionel Janot, président
de la Fédération interprofession­
nelle du diagnostic immobilier,
l’un des trois syndicats de cette
profession. Le problème des loge­
ments anciens, c’est le manque
d’informations sur la nature des
murs et parois, qui nous pousse à
mettre des notes pénalisantes. Il
faudrait que le syndic et les pro­
priétaires nous fournissent le plus
d’informations possible sur l’his­
toire du bâtiment et les travaux qui
y ont été réalisés. Autre raison à ces
« Le nouveau DPE
est en train de
rendre 40 % du
parc immobilier
obsolète »
JEAN-MARC TORROLLION
président de la Fédération
nationale de l’immobilier
mauvaises notes : le nouveau cal­
cul rapporte les consommations
d’énergies au nombre de mè­
tres carrés, intègre l’éclairage,
l’électroménager, ce qui est défavo­
rable aux petits logements. »
Enfin, les petits arrangements
pour complaire aux propriétaires,
aux syndics ou aux agents immo­
biliers ne sont, eux, plus envisa­
geables depuis que les diagnos­
tiqueurs sont légalement respon­
sables de leurs résultats.
Dans le cas de l’immeuble de Ro­
chefort­sur­Loire, le recalcul abou­
tit certes à une légère baisse de la
consommation, hélas trop ténue
pour le faire remonter dans le clas­
sement. A la qualité intrinsèque
du bâtiment – isolation, doubles
vitrages… – le nouveau DPE ajoute
une note environnementale sur
l’émission de gaz à effet de serre,
donc le type d’énergie utilisée :
fioul et gaz, énergies fossiles, sont
pénalisés par ce nouveau calcul,
tandis que l’électricité, plutôt dé­
carbonée en France, est mieux vue
– en dépit de son coût d’usage –,
ainsi que le bois, en tant qu’éner­
gie renouvelable.
Délai accordé
Or, lorsque a été mis au point le
nouveau DPE, en février, le gou­
vernement n’a pas modifié sa pré­
vision de 4,8 millions de passoires
thermiques à résorber, soit 17 %
du parc, qui se fondait sur une
étude datant de septembre 2020
réalisée par le service statistique
du ministère du logement. Il ad­
mettait bien que 800 000 loge­
ments étaient, au passage, déclas­
sés, de E à F – 600 000 chauffés au
fuel et 200 000 au gaz –, mais as­
surait qu’ils étaient compensés
par autant de surclassements de F
à E – 600 000 chauffés à l’électri­
cité et 200 000 au bois.
« En réalité, le nombre de passoi­
res thermiques sera plutôt autour
de 7 millions – 45 % de plus que l’es­
timation du ministère –, soit près
de 25 % du parc, estime Olivier Sid­
ler, fondateur du bureau d’études
Enertech et porte­parole de l’asso­
ciation NégaWatt, qui encourage à
la sobriété dans la consommation
d’énergie. Le logiciel fonctionne
bien mais ce sont les prévisions du
ministère qui sont, elles, fausses et
surestiment la qualité des loge­
ments français. D’autres études sé­
rieuses, basées sur l’exploitation
des DPE première manière, abou­
tissaient déjà à une proportion
d’au moins 30 % de passoires ther­
miques, tout comme les chiffres
collectés depuis le 1er juillet et mis
en cause par la théorie du bug »,
rappelle­t­il.
Le monde de l’immobilier ne ca­
che pas son angoisse : « Le nou­
veau DPE est en train de rendre
40 % du parc immobilier obsolète,
pouvons­nous nous le permet­
tre ? », s’interrogeait Jean­Marc
Torrollion, président de la Fédéra­
tion nationale de l’immobilier
(Fnaim), lors du congrès de l’orga­
nisation syndicale, le 30 novem­
bre, appelant à reporter les
échéances prévues par la loi cli­
mat et résilience. Un délai a été ac­
cordé, le 17 décembre, pour l’audit
énergétique réglementaire d’un
logement classé F ou G proposé à
la vente, dont la mise en œuvre
est repoussée du 1er janvier au
1er septembre 2022. 
isabelle rey­lefebvre

VENTES AUX ENCHERES PUBLIQUES Des maires imposent des critères de qualité
01.49.04.01.82 - annonces@osp.fr

06 La SELARL D’AVOCATS Maxime ROUILLOT - Franck GAMBINI

12 bd Carabacel (06000) NICE - Tél. 04.93.80.48.03 - www.rouillot-gambini.fr
pour la construction de logements neufs
4 Avenue Alphonse Morel (06130) GRASSE - Tél. 04.93.36.05.77
VENTE AUX ENCHERES PUBLIQUES - EN UN LOT
La métropole Nice­Côte d’Azur a adopté un référentiel pour éviter la dégradation de l’habitat
A CANNES (06400),
1) au 28 boulevard d’Oxford,

F
Une PROPRIETE dénommée CHATEAU SAINT ANNE, ace à la médiocrité et la
composée de : Maison de Maître - Piscine - Maison de Gardien - Jardins à la Française standardisation de la pro­
2) au 36 Boulevard d’Oxford et 7 rue Annam, duction de logements
Le droit à la jouissance exclusive d’un jardin d’agrément (lot 1)
neufs, de plus en plus de maires
mettent la pression sur les pro­
moteurs pour qu’ils en amélio­
rent la qualité. Parmi eux, il y a
bien sûr les élus écologistes, à
Bordeaux, Tours, Strasbourg et
Lyon, qui souhaitent imprimer
leur marque environnementale.
Le bien est occupé Mais aussi des maires de droite
Certificat de superficie : superficie totale 612,36 m² comme ceux de la métropole Ni­
[La superficie de la maison principale ressort à 564,9 m² ce­Côte d’Azur qui a, le 16 décem­
- La superficie de la maison de gardien ressort à 47,41 m²]
bre, adopté son « référentiel de la
ADJUDICATION JEUDI 27 JANVIER 2022 à 9H
qualité de construction des loge­
Au Palais de Justice de Grasse, 37 Avenue Pierre Sémard.
Le ministère d’un avocat au Barreau de Grasse est obligatoire pour enchérir. ments et du cadre de vie ».
« Les confinements à répétition
Mise à prix : 12.000.000 € ont mis en lumière l’inadéquation
SUSCEPTIBLE DE BAISSE des logements récemment cons­
[A défaut d’enchère à ce prix, les biens seront immédiatement remis à la vente sur truits et les besoins de leurs oc­
baisses successives de 500.000 € de ce montant, le cas échéant jusqu’à la mise à prix cupants », estime Anthony Borré,
initiale de 10.500.000 €] vice­président de la métropole et
[Consignation par chèque de banque de 1.200.000 € libellé à l’ordre de Monsieur le Bâ- premier adjoint au maire (Les Ré­
tonnier de l’Ordre ou caution bancaire]
Les clauses et conditions de la vente sont stipulées dans le cahier des conditions de publicains) de Nice, chargé du lo­
la vente déposé au Greffe du Juge de l’Exécution Immobilier du Tribunal Judiciaire de gement et de la politique de
GRASSE le 22 octobre 2020 - RG 20/00170 - Le cahier des conditions de vente est la ville. « Je constate que, depuis
consultable au greffe du Tribunal Judiciaire et au cabinet d’avocats ci-dessus mentionné. les années 1980, la taille des loge­
Visites sur place par la SCP LALEURE NONCLERCQ-REGINA CARON CHEVALIER, ments a perdu, en moyenne,
huissiers de justice associés à CANNES :
lundi 10 janvier 2022 de 14h à 15h - lundi 17 janvier 2022 de 10h à 11h
10 m2, que la cuisine ouverte
est devenue systématique et
que les logements mono­orien­
tés sont bien trop fréquents »,
souligne l’élu.
Les règles de qualité incluses
dans le futur plan local d’urba­
nisme intercommunal, donc op­
posables, s’appliqueront à tous
les logements neufs, privés
comme sociaux, avec une marge
de manœuvre pour les opéra­
tions de moins de dix logements.
La charte impose une superficie
minimale de 30 m2 pour un stu­
dio, 45 m2 pour un deux­pièces,
65 m2 pour un trois­pièces,
79 m2 pour un quatre­pièces et
96 m2 pour un cinq­pièces. Les
cuisines doivent, à partir du T3,
être séparables ; chaque chambre
doit pouvoir accueillir deux lits et
des espaces de rangements ; un
coin bureau doit être intégré. Un
espace extérieur, balcon, terrasse,
loggia, jardin « suffisamment
grand, soit d’au moins 1,5 mètre de
large » doit être prévu, ainsi que
des espaces communs et des jar­
dins à partager.
Enfin, chaque appartement, à
partir du T3, doit être multi­
orienté et l’immeuble bien pro­
tégé du bruit et de la chaleur
grâce, notamment, à des parois à
forte inertie et des barrières végé­
tales. « Je me suis directement ins­
piré des travaux de la mission sur
la qualité du logement, menée par
l’architecte François Leclercq et
Laurent Girometti », confie
M. Borré. Ce rapport a été remis le
6 septembre, à la ministre du lo­
gement, Emmanuelle Wargon, et
ses préconisations sont reprises
dans un référentiel qui s’impo­
sera aux immeubles achetés
neufs dans le cadre du dispositif
fiscal à taux plein appelé Pinel +, à
partir du 1er janvier 2023.
Chambres trop petites
Trois autres rapports – celui de
l’Institut des hautes études pour
l’action dans le logement (Idheal),
publié en août et centré sur l’Ile­
de­France, celui de Pierre­René Le­
mas, remis à la ministre en no­
vembre 2020, et le baromètre
Qualitel 2020 – font les mêmes
constats : perte de qualité des loge­
ments neufs depuis 2000, accélé­
rée à partir de 2005 ; chambres
trop petites (9 m2) ; cuisines rédui­
tes à une ligne contre un mur du
séjour ; halls d’immeubles rétrécis
de moitié ; baisse des hauteurs
sous plafond d’en moyenne
27 centimètres en soixante ans
alors que, dans le même temps, les
Français gagnaient 7 centimètres
en taille ; besoin d’espaces de ran­
gements, placards, cagibis, cave,
buanderie ; nécessité d’apparte­
ments multi­orientés…
Montreuil (Seine­Saint­Denis),
ville de 115 000 habitants mi­
toyenne de Paris, gagne près de
1 500 habitants par an depuis 2015
et a, à partir de 2010, connu un
boom de la construction, de plus
de 1 000 logements par an. « Notre
“charte de la construction pour
une ville résiliente” privilégie les
opérations qui transforment des
bâtiments existants, crée des loge­
ments flexibles, avec des cuisines
fermées ou fermables, et prévoit, à
partir du quatre pièces, une cham­
bre avec salle de bains et espace
bureau suffisamment spacieux
pour être séparés », explique Gay­
lord Le Chequer, premier adjoint,
délégué à l’urbanisme. 
i. r.­l.
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
Des cadres obtiennent le droit de vote en entreprise
A la suite d’une décision du Conseil constitutionnel, le gouvernement va devoir réécrire le code du travail
L
e gouvernement va de­
voir modifier une des dis­
positions les plus sacrées
du code du travail : celle
qui fixe les conditions pour pou­
voir voter aux élections dans les
entreprises. Le Conseil constitu­
tionnel a, en effet, récemment an­
nulé la règle en vigueur, car elle a
pour effet d’exclure des listes élec­
torales une partie des salariés de
l’encadrement. Cette situation
porte « une atteinte manifeste­
ment disproportionnée au prin­
cipe de participation des tra­
vailleurs », pour les juges de la rue
de Montpensier, à Paris.
Rendue le 19 novembre, la déci­
sion d’invalidation est consécu­
tive à une question prioritaire de
constitutionnalité (QPC) posée
par le syndicat CFE­CGC du
groupe Carrefour. Cette organisa­
tion avait engagé un tel recours, à
la suite d’un différend sur les élec­
tions professionnelles dans une
partie des établissements de l’en­
seigne. La fédération CGT du
commerce avait demandé en jus­
tice que des directeurs de maga­
sin soient retirés de la liste des
électeurs appelés à choisir les
membres du collège cadre du co­
mité social et économique (CSE)
– l’instance de représentation du
personnel. La requête de la CGT
avait été acceptée, conformé­
ment à la jurisprudence.
Des « tiny houses » pour
des mères sans abri
La métropole de Lyon a installé
quarante­huit micromaisons mobiles
lyon ­ correspondant
T out en haut du quartier de
Vaise, dans le 9e arrondisse­
ment de Lyon, un petit vil­
lage vient de faire son apparition,
discrètement implanté le long de
la voie ferrée. Il est composé d’une
vingtaine de tiny houses, ces peti­
tes maisons roulantes en bois de
15 à 20 mètres carrés. Là, aux con­
fins de la ville, les roulottes abri­
tent des femmes avec leurs tout
jeunes enfants, en situation de
grande précarité. Des jouets ran­
gés entre les maisonnettes
égayent l’ancien terrain industriel.
A droite du portail, une roulotte
contient la réserve de nourriture.
En face, c’est la buanderie. Au bout
du terrain, une tiny house est
transformée en mini­crèche, avec
ses jeux et son sapin de Noël.
Depuis un an, la métropole de
Lyon multiplie les implantations
de ces micromaisons, utilisées
comme des solutions novatrices
parmi ses offres d’hébergement
d’urgence. Elles sont proposées à
des femmes avec des enfants de
moins de 3 ans. Quarante­huit tiny
houses ont été mises en place
en 2021, sur deux sites ouverts à
Lyon (9e), et Villeurbanne.
Cent femmes et enfants bénéfi­
cient de ces habitats mis au service
de l’aide sociale aux plus démunis.
A Villeurbanne, le site est géré par
l’association Le MAS. A Vaise, c’est
Le foyer Notre­Dame des sans­abri
qui s’occupe de la gestion du vil­
lage nommé « Les Amazones ».
« On se sent chez nous »
La métropole dirigée par l’écolo­
giste Bruno Bernard s’apprête à
lancer trois autres marchés au
cours de l’année prochaine, à des­
tination des femmes avec de jeu­
nes enfants. Dans la deuxième ag­
glomération de France, 500 fem­
mes et petits enfants sont actuel­
lement placés dans des foyers ou
des hôtels dans le cadre de l’héber­
gement d’urgence. On dénombre
aussi 850 mineurs non accompa­
Depuis des années, les conten­
tieux de cette nature sont tran­
chés sur la base d’une interpréta­
tion des textes. L’article L.2314­18
du code du travail, qui définit les
personnes titulaires du droit de
vote aux élections professionnel­
les, est, en lui­même, très large :
« Sont électeurs les salariés des
deux sexes, âgés de 16 ans révolus,
travaillant depuis trois mois au
moins dans l’entreprise et n’ayant
fait l’objet d’aucune interdiction,
déchéance ou incapacité relatives
à leurs droits civiques. »
Interprétation « choquante »
La Cour de cassation en fait une
lecture qui va au­delà de ce qui est
écrit. Elle considère qu’il faut
soustraire du corps électoral cer­
tains salariés, dont ceux ayant
reçu une « délégation particulière
d’autorité », établie par écrit, de la
part du patron. Le raisonnement
de la haute juridiction, résumé de
façon schématique, consiste à
dire qu’un allié de la direction ne
peut ni représenter les salariés ni
même prendre part à la désigna­
tion des personnes qui défendent
les intérêts de ces mêmes salariés,
au sein du CSE.
Pour l’avocat de la CFE­CGC,
Me Emmanuel Mauger, cette in­
terprétation de l’article L.2314­18
est « choquante » : elle ôte le droit
de vote à un peu plus de 400 sala­
gnés, relevant des compétences
sociales de la métropole qui a inté­
gré le département du Rhône
dans son périmètre.
Dans le village des Amazones à
Vaise, Peggy, Odette, et Jeanne
semblent enfin avoir trouvé un
peu de stabilité et d’intimité, après
des mois d’errance entre les conti­
nents et les zones de non­droit. Les
mères sont pour la plupart venues
d’Afrique subsaharienne, au gré
d’une migration ponctuée d’éta­
pes pénibles, difficiles à raconter.
« On se sent chez nous, le soir on
s’endort sans crainte, on se repose.
Dans les foyers ou les hôtels, je
n’étais jamais tranquille, je réflé­
chissais trop, je m’inquiétais, je ne
savais pas ce que je pouvais deve­
nir », témoigne Odette. Originaire
de la République démocratique du
Congo, la jeune maman a traversé
de multiples pays, jusqu’à l’Angle­
terre, avant son arrivée à Lyon à
l’été 2021, où elle a connu les foyers
du 115 et des chambres d’hôtel.
La stabilité du lieu permet un ac­
compagnement social efficace.
« Les femmes seules avec des en­
fants disposent d’un espace pro­
tégé, avec la possibilité de faire des
repas et d’organiser leur vie. Lors­
qu’elles étaient dans des hôtels, el­
les étaient isolées durant des mois,
sans droits ouverts, dans des lieux
dépersonnalisés. Cela change
beaucoup dans l’accompagne­
ment que nous mettons en œuvre
pour trouver des solutions péren­
nes », explique M. Bernard.
La politique sociale de la collecti­
vité trouve un nouveau souffle
grâce à ces structures souples et
moins coûteuses que les finance­
ments de chambres d’hôtel. Leur
mobilité permet de changer d’en­
droit s’il faut libérer le terrain.
L’idée du premier projet de tiny
houses dans la région lyonnaise,
avait été soutenue par l’Entreprise
des possibles, le groupement
d’entrepreneurs solidaires, dont
l’industriel Alain Mérieux a été
l’instigateur. 
richard schittly
riés sur les 1 694 du collège enca­
drement, à l’échelon de l’entité de
Carrefour, qui coiffe les super­
marchés en France. Les exclus
sont des patrons de magasin,
dont les prérogatives sont limi­
tées et qui touchent un salaire peu
élevé. « Ils dépendent très large­
ment de leur direction régionale »,
argumente Me Mauger.
Si on élargit la focale à l’ensem­
ble de l’économie, combien de
cadres sont­ils ainsi tenus à
l’écart de l’expression du suf­
frage ? Impossible à dire, en l’ab­
sence de données officielles.
« Nous n’avons pas fait de recense­
ment, mais le nombre de person­
nes touchées est relativement im­
portant, de l’ordre de plusieurs
milliers au moins », confie Gilles
Lecuelle, secrétaire national de la
CFE­CGC en charge du dossier.
François Hommeril, le nu­
méro un de la confédération, ex­
plique que des litiges compara­
bles à celui de Carrefour se sont
produits dans d’autres sociétés.
CROISIÈRE De Saint-Pétersbourg à Moscou
AU CŒUR DE L’HISTOIRE ET DE L’ACTUALITÉ
AVEC
©Portrait 2.0
Gilles Van Kote
Directeur délégué
du Monde
Fransesca Mantovani
Jean-Claude Guillebaud
Ancien journaliste
au Monde, chroniqueur
à La Vie et à L’Obs
Frantishak
Nicolas Werth
Historien, spécialiste
de l’histoire de l’Union
soviétique et directeur
de recherche au CNRS
Votre itinéraire :
Saint-Pétersbourg
Mandroga – Kiji – Goritsy
Ouglitch – Serguiev Possad
Moscou
Documentation gratuite
au 01 83 96 83 47
ou croisiere-le-monde@rivagesdumonde.fr
(code de référence : LMRUS22)
ou Rivages du Monde,
19 rue du Quatre-Septembre,
75002 Paris
Licence : IM075950505
france | 15
revient à invalider « une jurispru­ deviendront aussi éligibles – sauf si
A Carrefour, dence stable et ancienne, qui sem­ les conditions d’éligibilité sont, elles
ceux qui étaient blait ne poser de difficulté à per­ aussi, changées, explique Grégoire
sonne et qui n’excluait que très peu Loiseau, professeur à l’école de
exclus du vote de salariés, tous assimilés à l’em­ droit de la Sorbonne. Est­ce que le
sont des patrons ployeur », commente­t­il. La posi­ législateur souhaite offrir à cette
tion de la Cour de cassation était catégorie de cadres la faculté de bri­
de magasin, dont logique, complète Philippe Allard, guer un mandat dans un CSE ? » Si
les prérogatives délégué syndical CGT chez Carre­ c’est oui, enchaîne M. Loiseau, une
four : « Nous réfléchissons à tout autre difficulté se posera, pour les
sont limitées faire pour que les salariés qui repré­ conseils de prud’hommes.
sentent l’employeur ne puissent ni Dans ces juridictions, il y a
voter ni se présenter aux élections deux collèges, l’un pour les sala­
Pour la CFE­CGC, la réponse ap­ professionnelles. » riés, l’autre pour les employeurs.
portée à la QPC est donc une vic­ Pour ne pas semer la pagaille Au sein du second peuvent être dé­
toire. Elle met fin à un gros pro­ dans les scrutins prévus à très signés des cadres « détenant (…)
blème de « principe » et à une perte court terme, le Conseil constitu­ une délégation particulière d’auto­
de voix potentielles aux élections tionnel a reporté au 31 octo­ rité, établie par écrit, permettant de
professionnelles, souligne ainsi bre 2022 la date à partir de laquelle les assimiler à un employeur ». Dès
M. Hommeril. « C’est la réaffirma­ l’article L.2314­18 est abrogé. La ju­ lors, on voit mal comment des sa­
tion que personne ne peut être risprudence actuelle peut conti­ lariés pourraient, dans un cas, dé­
privé, “sans raison”, de son droit nuer de s’appliquer dans l’immé­ fendre les intérêts des salariés (au
constitutionnel à s’exprimer par diat, l’exécutif disposant de niveau du CSE) et, dans l’autre,
son vote », martèle­t­il. dix mois pour retoucher la dispo­ ceux des patrons (aux prud’hom­
Me Damien Condemine, l’avocat sition incriminée. Ce travail de réé­ mes). Des choix devront être faits,
de la CGT, manifeste évidemment criture ne s’annonce pas aussi et ils risquent, quels qu’ils soient,
sa déception face à la sentence du simple qu’il en a l’air. « Ceux qui de créer de la déception. 
Conseil constitutionnel. Celle­ci vont obtenir la qualité d’électeur bertrand bissuel
V O YA G E S
DU 28 AOÛT AU 8 SEPTEMBRE 2022
© AdobeStock/romanevgenev
Vos exclusivités La Vie - Le Monde
• Toutes vos excursions en journée • Un invité exceptionnel avec vous
incluses dans le prix à bord pendant toute la croisière
• La présence des membres • Des conférences qui vous sont réservées 12 jours à partir
des rédactions de La Vie et du Monde • Des rencontres inédites de 3 290 € */par pers.
* en occupation double
✂
Je désire recevoir gratuitement, sans engagement, la documentation détaillée de la croisière de
St-Pétersbourg à Moscou proposée par La Vie. Je joins les adresses de mes amis intéressés sur papier libre.
Nom ............................................................................ Prénom ...........................................................
Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Code postal Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . LMRUS22
Tél. Courriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . @ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
❏ Je souhaite être informé(e) des offres du Monde
En retournant ce formulaire, vous acceptez que Rivages du ❏ Je souhaite être informé(e) des offres des partenaires du Monde
Monde et Malesherbes Publications (MP), le responsable de
traitement, utilisent vos données personnelles ainsi que celles du 2e participant dont vous avez obtenu l’accord, pour les besoins de votre commande, de la relation client et
d’actions marketing sur les produits et services de MP. Pour connaître les modalités de traitement de vos données ainsi que les droits dont vous disposez (accès, rectification,
effacement, opposition, portabilité, limitation des traitements, sort des données après décès), consultez notre politique de confidentialité à l’adresse http://confidentialite.
lavie.fr ou écrivez à notre délégué à la protection des données - 67/69 av. Pierre-Mendès-France - CS 11469 - 75707 Paris Cedex 13 ou dpo@groupelemonde.fr

16 | france
PMA pour toutes : « C’est un moment historique »
Le CHU de Lille a ouvert ses premières consultations pour les couples de femmes et les femmes seules
REPORTAGE
lille ­ envoyée spéciale
V
ous avez déjà eu des
rapports sexuels ? »
Jennifer et Anissa
échangent un regard.
« Heu oui… enfin, c’est­à­dire ? »,
répond la première, un peu inter­
loquée. « Je veux dire, avec une pé­
nétration vaginale, parce que si
vous faites des inséminations,
après la pose d’un spéculum, on
fait passer le sperme dans l’uté­
rus, avec l’aide d’un petit cathéter.
Ce n’est pas douloureux, mais
voilà, ça passe par là… Vous êtes à
l’aise avec ça ? », poursuit, tant
bien que mal, la docteure Chris­
tine Decanter, chef du service
d’assistance médicale à la pro­
création à l’hôpital Jeanne­de­
Flandre du centre hospitalier
universitaire (CHU) de Lille.
Ce matin de décembre, accom­
pagnée de son interne Philippine
Gruchala, elle inaugure les pre­
mières consultations de procréa­
tion médicalement assistée
(PMA) ouvertes aux couples de
femmes et aux femmes seules de
l’établissement. Face au grand
nombre d’appels reçus depuis le
vote de la loi de bioéthique, le
2 août, ouvrant l’accès à la PMA à
toutes les femmes, le CHU de Lille
a décidé de proposer des cré­
neaux de consultation supplé­
mentaires fin 2021. « Après, elles
seront dans notre circuit habituel,
mais là, avec l’afflux de demandes,
on a fait ce choix pour répondre le
plus vite possible », explique
l’énergique chef de service aux
yeux bleu vif. Soixante­cinq cou­
ples de femmes et quarante­
cinq femmes seules devaient être
ainsi reçues en un mois. Lors de
cette première journée, à laquelle
nous avons pu assister,
douze consultations ont lieu.
« Ça bouscule nos pratiques »
« C’est un moment historique »,
souligne la docteure Decanter
avec un sourire en recevant ses
deux premières patientes de la
matinée. « On a attendu ça avec
impatience », répond Anissa,
33 ans, en serrant la main de sa
conjointe. Pendant une vingtaine
de minutes, le couple échange
avec les médecins sur les résultats
des examens médicaux de Jenni­
fer, 27 ans – c’est elle qui portera
leur premier enfant, ont­elles dé­
cidé – ainsi que sur les modalités
entourant leur démarche : le rôle
du donneur de sperme, les ques­
tions administratives… « Est­ce
qu’elle peut porter mon ovule ? »,
interroge Anissa. « Pour l’instant,
la loi ne le permet pas. A priori la
patiente qui portera l’enfant le fera
avec ses propres ovules », répond
la docteure Decanter.
Sitôt la porte refermée, elle se
tourne vers son interne pour un
rapide débriefing. « On dirait
qu’elles passent un entretien, elles
sont assez stressées », relève la
docteure Gruchala. « Pour elles,
c’est un moment capital », recon­
naît sa consœur. Elle secoue la
tête. « J’ai été maladroite quand
j’ai posé la question sur les rap­
ports sexuels. Comment je peux
faire ? Ce n’est pas facile de de­
mander : “Vous avez déjà été pé­
nétrée ?”. Peut­être que je peux
dire : “Est­ce que vous avez déjà eu
des rapports sexuels avec péné­
tration ?” » Ainsi posée au couple
suivant, la question ne soulève
plus de gêne.
« Pour nous aussi c’est tout nou­
veau, ça bouscule un peu nos pra­
tiques, reconnaît la docteure De­
canter. C’est bien parce que ce
mois de consultations nous per­
met de prendre le pouls. Je voulais
me faire une idée : quelles ques­
tions se posent, à quoi va ressem­
bler ce nouveau public ? » De la
même manière que les couples
hétérosexuels qui se retrouvent
dans de tels parcours, les patien­
tes arrivent en consultation mu­
nies des résultats d’examens ef­
Les docteures
Virginie
Simon et
Chloé Parent,
à l’hôpital
Jeanne­de­
Flandre, à Lille,
le 8 décembre.
LUCIE PASTUREAU/
HANS LUCAS
POUR « LE MONDE »
Salle de
consultation
à l’hôpital
Jeanne­de­
Flandre, à Lille,
le 8 décembre.
LUCIE PASTUREAU/
HANS LUCAS
POUR « LE MONDE »
fectués en ville : radiographie des
trompes et de l’utérus, bilan de la
réserve ovarienne… « Au bout de
quelques minutes, on oublie qu’on
a un couple de femmes devant
nous, je vois juste un couple avec
un désir d’enfant, qui a envie de
faire famille. Je retrouve vite mes
réflexes », confie la docteure De­
canter à la mi­journée.
« On est nées dix ans trop tôt »
Au cours de la matinée, les méde­
cins ont cependant fait face à des
situations inédites. Par exemple,
avec Aurore, 39 ans, et Hélène,
37 ans, désireuses de lancer « en
même temps » leur parcours de
PMA. Les deux femmes, en couple
depuis plusieurs années, vivent
avec le fils d’Hélène, un petit gar­
çon de 6 ans conçu avec du sperme
acheté à un donneur anonyme sur
un forum, et inséminé de manière
artisanale par son ex­conjointe.
Dès le vote de la loi, elles ont dé­
cidé de s’inscrire « toutes les
deux » dans un parcours de PMA
au CHU de Lille. « On s’est dit que
ce serait bien d’être enceintes en­
semble », sourit Hélène. « Et puis
le temps presse, d’autant qu’on
sait qu’on risque d’attendre quel­
que temps pour pouvoir obtenir
un don », complète Aurore, qui
avait entrepris il y a quelques an­
nées des démarches similaires
en Belgique, sans succès. Elles
sont très émues de pouvoir enfin
« agrandir leur famille » et de le
faire « en France ».
« On manque
cruellement
de ressources
humaines pour
faire face à la très
forte nouvelle
demande
des femmes »
BÉRANGÈRE DUCROCQ
médecin responsable
du Cecos de Lille
Mais le rendez­vous avec la doc­
teure Gruchala douche leurs es­
poirs. « Je dois vous dire que cela
risque de ne pas être possible de
vous prendre en charge toutes les
deux en même temps, explique
l’interne en gynécologie médi­
cale, surmontant sa surprise
à’exposé de leur requête. Comme
vous le savez, il y a beaucoup de
femmes qui s’inscrivent pour ac­
céder à un don de gamètes,
alors votre souhait de porter en­
semble un enfant sera rediscuté
en commission, mais je ne peux
rien vous garantir. »
A la sortie, Hélène hausse les
épaules : « Je m’en doutais, je sen­
tais que j’allais passer en
deuxième. C’est une petite décep­
tion parce qu’on l’a bien dit au se­
crétariat au moment de prendre
rendez­vous. Mais c’est quand
même une belle avancée pour
nous cette consultation. » Pour
Aurore, « c’est frustrant, on attend
depuis tellement longtemps.
D’ailleurs, souvent on se dit qu’on
est nées dix ans trop tôt, pas dans
la bonne génération. On essuie les
plâtres en quelque sorte ».
Comme cette dernière, de nom­
breuses femmes reçues ce jour­là
ont déjà entrepris des PMA à
l’étranger, en particulier en Belgi­
que. Elles savent bien que ce pre­
mier rendez­vous n’est que le dé­
but d’un long chemin. Toutes po­
sent d’ailleurs la même question :
combien de temps devront­elles
attendre pour accéder à un don de
sperme ? « Vous le saurez quand
vous serez reçue par le Cecos [Cen­
tres d’étude et de conservation
des œufs et du sperme humains].
Vous avez été contactée ? », répon­
dent invariablement les équipes
médicales. « Dans tous les cas,
vous êtes déjà inscrite sur la file
d’attente, depuis le jour où vous
avez pris rendez­vous avec notre
secrétariat », rassurent­elles.
Nouveaux profils de donneurs
Interrogée sur les délais, Béran­
gère Ducrocq, la médecin respon­
sable du Cecos de Lille, nous indi­
que « mettre tout en œuvre pour
que les premières inséminations
aient lieu avant l’été ». L’arrivée ces
derniers mois de nouveaux pro­
fils de donneurs, sensibilisés au
risque de pénurie provoqué par
l’ouverture de la PMA pour toutes,
est « encourageante ». « Mais on
manque cruellement de ressources
humaines pour faire face à la très
forte nouvelle demande des fem­
mes, pointe­t­elle. Avant la loi, on
avait cent couples qui s’inscri­
vaient chaque année pour des
dons, avec une durée moyenne
d’attente d’un an. Là, la demande
est multipliée par quatre. »
En salle de consultation, c’est au
tour de Séverine (le prénom a été
changé à sa demande). Silhouette
frêle, chevelure blonde retenue
sagement par une large pince, elle
pose sur le bureau un épais dos­
sier. Ses mains tremblent un peu.
« Alors, racontez­moi », lui dit avec
bienveillance la docteure Decan­
ter. « J’ai 39 ans, ça fait deux ans et
demi que je suis en parcours de
PMA. D’abord en Belgique, où j’ai
eu deux inséminations, qui n’ont
pas fonctionné. Puis en Espagne,
où on m’a dit que les insémina­
tions ne fonctionneraient pas,
qu’il faudrait opter pour un don
d’ovocytes, expose la femme aux
grands yeux clairs. Et puis ils ont
essayé deux transferts d’em­
bryons, qui n’ont pas marché. J’ai
refait toute une batterie d’exa­
mens, on m’a proposé cette fois de
recourir à un double don… » Sa
voix se brise. « Mais ça coûte
12 000 euros, et je n’ai pas pu le
faire », poursuit­elle.
La docteure Decanter analyse
les examens médicaux. « Donc
c’est long et douloureux, ce par­
cours de désir d’enfant », com­
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
mente­t­elle doucement. « Oui,
souffle Séverine. Avant j’étais en
couple, mais mon ancien compa­
gnon ne voulait pas d’enfant. Et
puis après, pour des raisons de
santé, on m’a déconseillé de
me lancer dans une grossesse.
Ça fait douze ans que je suis sur
ce projet, j’ai fait un suivi psycho­
logique pendant cinq ans pour ce
désir d’enfant. »
« Comme vous avez une maladie
auto­immune, vous savez qu’il
peut y avoir des difficultés d’im­
plantation. Mais je vais soumettre
votre dossier à la commission plu­
ridisciplinaire, explique la doc­
teure Decanter. Il n’est pas exclu
qu’on accepte de vous refaire un
transfert d’embryon. Toutefois je
dois vous prévenir, si cela ne mar­
chait pas, je ne suis pas sûre qu’il
faudrait poursuivre. Avez­vous
pensé à l’adoption ? » A ces mots,
le corps de Séverine, si tendu jus­
qu’à présent, s’affaisse comme
sous un coup. Elle se reprend im­
médiatement. « Oui, j’ai fait les dé­
marches pour obtenir un agré­
ment », répond­elle. L’échange en­
tre la patiente et la médecin se
conclut sur la promesse d’un pro­
chain rendez­vous rapide.
Quand elle se retrouve en salle
d’attente, toute la tension de la
consultation redescend, Séverine
s’effondre brièvement. « J’avais
tellement peur qu’on me dise qu’il
n’y avait plus rien à faire », s’excu­
se­t­elle. « Je suis venue ici
avec une certaine appréhension,
c’était assez stressant pour moi »,
explique­t­elle, avant de sécher
ses larmes et de repartir, son dos­
sier sous le bras.
Inséminations infructueuses
Tout au long de la journée, c’est
lorsqu’elles sont confrontées à
des patientes seules que les équi­
pes médicales sont le plus mises
en difficulté. « Il faut garder en
tête que le médecin de la repro­
duction exerce dans l’intérêt de
l’enfant à naître, avance la doc­
teure Decanter. Ce n’est pas mon
métier de m’assurer qu’une
femme seule dispose dans son en­
tourage des ressources nécessai­
res pour faire face à l’arrivée d’un
enfant. En cas de doute, je renvoie
vers le psy, comme je le fais pour
les couples. S’il y a un souci, une
commission pluridisciplinaire se
réunit pour évaluer la situation. »
Lors des débats parlementaires
ayant précédé l’adoption de la loi
de bioéthique, les sénateurs
avaient en seconde lecture écarté
ces profils de l’ouverture de
la PMA, signe du poids encore
fort de la norme conjugale
dans notre société.
L’après­midi, Virginie Simon et
Chloé Parent, deux jeunes méde­
cins, prennent le relais des consul­
tations. Avec Aurélie, une femme
seule de 42 ans, le face­à­face est là
encore poignant. « J’ai eu un pre­
mier enfant qui va avoir 12 ans.
J’étais mariée et nous avons di­
vorcé en 2013. Je n’ai jamais refait
ma vie depuis avec quelqu’un de
fixe », se livre avec simplicité
la dame, les yeux humides. Après
avoir entrepris un premier par­
cours de PMA en Belgique,
elle a dû l’interrompre, après
deux inséminations infructueu­
ses, « pour des raisons financières ».
Quand elle comprend que,
compte tenu de son âge et de sa fai­
ble réserve ovarienne, ses chances
de grossesse sont largement com­
promises, elle fond en larmes, et
dit dans un souffle : « J’ai toujours
voulu avoir deux enfants, c’est le
souhait le plus cher de ma vie, alors
vous n’imaginez pas comme ça me
rend malheureuse d’entendre ça. »
La porte se referme sur elle, après
un court silence, Virginie Simon
soupire : « Qu’elles soient en couple
hétérosexuel, homosexuel, ou céli­
bataire, la réserve ovarienne des
femmes se tarit avec l’âge. Malheu­
reusement, la loi ne fait pas revenir
le temps qui passe. » 
solène cordier

0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
Des ouvriers
manifestent
après
l’annonce
de la
fermeture
de leur usine
par Ford,
à Sanand
(Inde), le
21 septembre.
AMIT DAVE/REUTERS
Automobile : la fin du mirage indien
Ford va arrêter de construire des véhicules dans le pays, qui longtemps été perçu comme un eldorado
REPORTAGE
sanand (inde) ­ envoyé spécial
L
a nouvelle, tombée le
9 septembre, a eu l’effet
d’un coup de massue sur
Vijay Bapodra et ses collè­
gues. L’usine Ford de Sanand, si­
tuée dans le Gujarat (ouest de
l’Inde), et pour laquelle ces
ouvriers travaillent depuis des an­
nées, fermera définitivement ses
portes le 31 décembre. Plus de
vingt­cinq ans après avoir fait son
entrée sur le marché indien, le
constructeur américain jette
l’éponge. A Sanand, environ
1 200 salariés risquent de perdre
leur gagne­pain avant la fin de
l’année si l’entreprise s’en tient à
son plan. D’ici au deuxième tri­
mestre 2022, les usines de Chen­
nai, dans le sud de l’Inde, seront el­
les aussi arrêtées, menaçant cette
fois­ci de mettre au chômage plus
de 2 600 salariés. Au total, la sortie
de Ford pourrait entraîner la dis­
parition de 35 000 à 40 000 em­
plois dans l’automobile, un sec­
teur qui représente plus de 7 % du
produit intérieur brut du géant
sud­asiatique et génère environ
35 millions d’emplois.
« Même dans nos pires cauche­
mars, nous n’imaginions pas
qu’une entreprise comme Ford
puisse fermer », soupire Vijay Ba­
podra, qui est également le prési­
dent du Karnavati Kamdar Ekta
Sangh, un syndicat qui représente
850 salariés de Ford. Cependant, le
constructeur emblématique a ac­
cumulé plus de 2 milliards de dol­
lars (1,8 milliard d’euros) de pertes
au cours des dix dernières années
et, en deux décennies, il n’est pas
parvenu à conquérir plus de 2 %
du marché des véhicules de tou­
risme en Inde. « Malgré nos ef­
forts, nous n’avons pas été en me­
sure de trouver une voie de rentabi­
lité durable incluant la fabrication
de véhicules dans le pays », a dé­
claré Anurag Mehrotra, le 9 sep­
tembre, alors qu’il était encore di­
recteur de Ford India. Quelques
jours plus tard, il rejoignait le
constructeur indien Tata Motors.
Un coup dur pour les salariés qui
restent sur le carreau. « Nous tra­
vaillons dans cette usine depuis
qu’elle a ouvert ses portes », souli­
gne Vijay Bapodra. Ce fils d’agri­
culteur, originaire de Porbandar, à
près de 400 kilomètres de là, a dé­
croché son premier emploi chez
Ford en 2015. « Nombre d’ouvriers
de l’usine sont des enfants de pay­
sans et nous pensions avoir un
brillant avenir grâce à Ford, mais
maintenant, nous risquons de de­
voir retourner travailler dans les
champs », redoute le jeune
homme de 29 ans, vêtu d’une che­
mise bleu ciel estampillée « Ford ».
De ventes au plus bas
A l’entrée de l’usine, la vitrine qui
devait autrefois accueillir une voi­
ture d’exposition est déjà vide.
Les mauvaises conditions atmos­
phériques ont complètement ef­
facé le logo du panneau, tel un
mauvais présage. Avec la mise en
route du complexe de Sanand
en 2015, Ford avait pourtant l’am­
bition de produire pour l’Inde et
pour le monde. L’Etat du Gujarat
s’imaginait en « Detroit indien »,
en référence à l’ancienne capitale
de l’automobile américaine. Six
ans plus tard, Ford est loin d’ex­
ploiter la totalité de ses capacités
de production censées lui per­
« Ford est entré
sur le marché
avec des modèles
qui ne pouvaient
pas rivaliser avec
Maruti Suzuki
sur le segment
intermédiaire »
PATHIK PATWARI
vice-président de la chambre
de commerce du Gujarat
ÉCONOMIE & ENTREPRISE
mettre d’assembler 440 000 véhi­
cules par an. « Depuis le mois d’oc­
tobre, nous ne produisons plus que
des pièces. Nous avons arrêté d’as­
sembler des voitures. C’est déjà la
fin », remarque Anil Zala, l’un des
salariés de l’usine de Sanand.
La sortie de Ford constitue un
nouveau revers pour l’Inde.
En 2017, General Motors avait re­
noncé à ses aspirations indien­
nes, suivi de Harley­Davidson
en 2020. Ces décisions mettent à
mal les efforts du premier minis­
tre, Narendra Modi, qui cherche à
inciter les entreprises à fabriquer
localement. En septembre, quel­
ques jours après l’annonce de
Ford, le gouvernement donnait
encore son feu vert à un pro­
gramme de 3 milliards d’euros sur
cinq ans pour dynamiser la pro­
duction de voitures électriques et
à hydrogène. L’objectif est de faire
de l’Inde « un acteur mondial de
l’automobile », selon les mots du
ministre de l’information, Anu­
rag Thakur. L’Inde a longtemps
fait figure d’eldorado pour les ac­
teurs de l’automobile. Il y a quel­
ques années, les analystes esti­
maient que le pays deviendrait le
troisième marché mondial en vo­
lume à l’horizon 2020, derrière la
Chine et les Etats­Unis. Néan­
moins, il n’a pas tenu ses promes­
ses de croissance et se classe
aujourd’hui en cinquième posi­
tion. « Malheureusement, le mar­
ché n’a jamais dépassé les 3,5 mil­
lions d’unités, alors même que
nous espérions qu’il atteigne les 5 à
6 millions entre 2015 et 2018 », se
remémore Venkatram Mamilla­
palle, PDG de Renault India.
Aujourd’hui, les ventes de voi­
ture n’ont pas été aussi basses de­
puis six ans. La pandémie de Co­
vid­19, le ralentissement économi­
que que subissait déjà le pays avant
l’arrivée du SARS­CoV­2 et la pénu­
rie mondiale de semi­conducteurs
ont considérablement perturbé le
marché. La vente de véhicules de
tourisme a chuté de 2,24 % au
cours de l’année budgétaire s’étant
« Les taxes
représentent
en moyenne
40 % du prix d’un
véhicule, laissant
peu de marge
pour les profits »
PUNEET GUPTA
directeur des prévisions
chez IHS Markit
achevée au 31 mars, pour atteindre
2,71 millions, selon la société des
constructeurs automobiles in­
diens. « Entre 2000 et 2010, le mar­
ché indien a connu une croissance
spectaculaire de 18 % en moyenne
par an, et tout le monde pensait
qu’il allait continuer à augmenter
au même rythme. Mais entre 2011
et 2019, le taux de croissance an­
nuelle s’est établi à 1,5 % en
moyenne », note Puneet Gupta, di­
recteur des prévisions automobi­
les pour l’Inde chez IHS Markit.
La concurrence est féroce. L’écra­
sant Maruti Suzuki, filiale in­
dienne du constructeur japonais,
accapare à lui seul près de 50 % du
marché des véhicules particuliers.
Avec le sud­coréen Hyundai, ils
captent environ 65 % des ventes.
« Les autres doivent se partager le
reste du gâteau, et le défi est
d’autant plus grand que le prix
moyen d’une voiture neuve est
d’environ 650 000 roupies
(7 600 euros). Les taxes représen­
tent en moyenne 40 % du prix
d’un véhicule, laissant peu de
marge pour les profits », explique
M. Gupta. A la taxe nationale sur
les biens et les services, qui s’élève
à 28 % sur les voitures, il faut en ef­
fet ajouter d’autres prélèvements,
imposés par les gouvernements
régionaux. « Par rapport à l’Eu­
rope, le prix de vente est en
moyenne deux fois moins élevé,
mais le coût de fabrication n’est pas
divisé par deux », confirme le res­
ponsable des ventes d’un cons­
tructeur étranger, sous couvert
d’anonymat. « L’Inde est un mar­
ché unique, et si l’on veut tirer des
marges pour les réinvestir, soit il
faut faire du volume, ce qui est le
cas de Maruti Suzuki, soit il faut
augmenter les prix, au risque de
perdre des clients », poursuit­il. Le
consommateur indien exige aussi
des fabricants qu’ils innovent sans
cesse. « En Europe, lorsqu’on lance
un nouveau modèle, on réalise de
belles ventes pendant trois ans. En
Inde, cet élan ne dure qu’un an,
voire un an et demi », avance­t­il.
Beaucoup estiment que Ford n’a
pas réussi à capitaliser sur ses suc­
cès indiens, tels les SUV EcoSport
et Endeavour, car il n’a pas lancé
suffisamment de modèles. Un
sentiment que partagent les
ouvriers de Sanand, qui fabri­
quent la Ford Figo. « Ford aurait dû
sortir de nouveaux modèles plutôt
que de partir », déplore Rahul
Chaudhary, un ouvrier de 27 ans.
Certains constructeurs étran­
gers, comme Hyundai, parvien­
nent à tirer leur épingle du jeu.
« Ford n’a pas compris l’écosys­
tème indien et est entré sur le mar­
ché avec des modèles qui ne pou­
vaient pas rivaliser avec Maruti
Suzuki sur le segment intermé­
diaire », juge Pathik Patwari, vice­
président de la chambre de com­
merce et d’industrie du Gujarat.
Un incroyable potentiel
Ford aurait ainsi commis des im­
pairs dès ses premiers pas dans le
pays, dans les années 1990, no­
tamment en proposant la Ford Es­
cort, une berline initialement lan­
cée en Europe dans les années
1960. A la même époque, Hyundai
partait à la conquête de l’Inde avec
la Santro, un petit modèle mieux
adapté au marché local. « Les entre­
prises qui connaissent le succès
sont celles qui ont placé le consom­
mateur indien au centre de leur
stratégie, et dont les instances déci­
sionnaires se trouvent en Inde »,
fait valoir Puneet Gupta. « La Re­
| 17
nault Kwid et nos modèles de SUV,
conçus spécialement pour les con­
sommateurs indiens, nous ont per­
mis de réussir », se targue Venka­
tram Mamillapalle. La stratégie du
constructeur français, qui détient
environ 3 % des parts de marché ?
Concevoir des voitures spéciale­
ment pour l’Inde, et les adapter en­
suite pour l’export vers l’Afrique
du Sud ou encore l’Indonésie.
« Beaucoup ont conçu des modèles
pour l’étranger avant de les adapter
pour l’Inde, mais cela ne fonctionne
pas », poursuit M. Mamillapalle.
Malgré les difficultés, le marché
local demeure attrayant. Avec un
taux d’équipement de 32 voitures
pour 1 000 habitants, l’Inde pos­
sède un incroyable potentiel de
croissance. Le chinois SAIC Motor
Corp s’est d’ailleurs lancé en 2019
avec sa marque britannique MG
Motor. Citroën, déjà présent avec
la C5 Aircross, lancera en 2022
une C3 spécialement conçue pour
les marchés indien et sud­améri­
cain. Le constructeur français
avait d’ailleurs essuyé plusieurs
échecs sur le marché indien,
avant de parvenir à y introduire sa
C5 Aircross. « Ce marché va pour­
suivre sa croissance et les opportu­
nités sont indéniables, mais la
question est de savoir à quel prix
pour les constructeurs », s’inter­
roge Puneet Gupta, pour qui
d’autres constructeurs étrangers
pourraient jeter l’éponge.
A Sanand, les ouvriers de Ford
savent que leurs chances de re­
trouver un emploi salarié sont
maigres. Pour conserver le leur
dans une Inde minée par le chô­
mage des jeunes et où le marché
du travail doit absorber des mil­
lions de nouveaux arrivants cha­
que année, ils sont prêts à tous les
compromis. « Si Ford nous pro­
pose un emploi dans une usine à
l’étranger, nous l’accepterons,
mais nous ne pouvons pas nous
permettre de perdre ce travail »,
conclut Vijay Bapodra, le prési­
dent du syndicat. 
ravi pinto
 0123
18 | économie & entreprise MARDI 28 DÉCEMBRE 2021

Art : année record pour

les maisons de vente
Sotheby’s et Christie’s ont multiplié
les vacations, et l’ensemble des acteurs
affiche une croissance à deux chiffres

P atrick Drahi doit se frotter

les mains. Sotheby’s, la
maison de vente que
l’homme d’affaires franco­israé­
lien a rachetée en 2019, a pris l’as­
cendant sur le marché parisien,
avec un bilan record de près de
500 millions d’euros en 2021, dont
424 millions pour les ventes publi­
ques. A son crédit, plusieurs man­
nes : l’ensemble de sculptures de
Claude et François­Xavier Lalanne
vendu par leur fille, qui à lui seul
représente près de 20 % de son bi­
lan, comme la succession du cou­
turier Karl Lagerfeld, dont les
deux volets dispersés à Monaco et
Paris ont engrangé plus de 18 mil­
lions d’euros. Sotheby’s a même
réussi l’impensable, à savoir souf­
fler à Christie’s la vente des Hospi­
ces de Beaune, dont elle avait le
monopole depuis quinze ans.
L’écurie de François Pinault finit
jets de 1 000 à 1 million d’euros,
l’établissement détenu par le
fonds d’investissement Epiris, n’y
organisait qu’une vente annuelle
d’automobiles de collection. Il y a
eu un coup d’accélérateur en 2021
avec dix­neuf vacations, dans di­
verses spécialités, qui ont totalisé
22 millions d’euros. « Notre objec­
tif est d’en organiser une trentaine
en 2022 », précise son directeur gé­
néral, Patrick Masson.
Ces performances s’accompa­
gnent toutefois d’un stress accru.
Une douzaine d’employés de
Christie’s – sur les 110 que compte
l’antenne parisienne – font état de
fatigue extrême depuis le déclen­
chement de la pandémie de Co­
vid­19, début 2020, selon nos in­
formations. Chez Sotheby’s égale­
ment, les équipes sont à bout de Elie Quenet, détective privée et directrice associée de Dubly Détectives, à Paris, le 20 décembre. SÉBASTIEN LEBAN POUR « LE MONDE »
force. La majorité des personnes
chargées du montage des exposi­

Les détectives privés traquent

néanmoins l’année au coude­à­ tions ainsi que l’intégralité du ser­
coude, avec 420,7 millions d’euros vice informatique ont claqué la
pour les ventes publiques et une porte. Contacté, Sotheby’s élude
progression de 88 % par rapport à cet aspect, préférant insister sur

les fraudeurs à l’assurance

2020. « C’est notre meilleure année
depuis la vente Bergé­Saint Lau­
rent en 2009 », se félicite Cécile
Verdier, présidente de Christie’s
France. A son palmarès figure no­
tamment la mirifique collection
d’art africain de Michel Périnet,
adjugée pour 66 millions d’euros
en juin. La croissance est nette­
ment plus modeste chez Artcu­
rial, qui boucle la saison avec
169 millions d’euros, soit une
hausse de 13 %. « On a perdu
« l’excellent esprit d’équipe ».
« Il faut veiller à l’humain », in­
siste Simon de Monicault, spécia­
liste chez Christie’s, où il officie
depuis dix­sept ans. Il rappelle
que le marché de l’art « est plus
qu’une suite de chiffres et de tran­
Chaque année, les compagnies diligentent plusieurs milliers de
sactions ». Julien Pradels, direc­
teur général de Christie’s France,
filatures. La pandémie a fait émerger de nouveaux types d’escroqueries
le reconnaît : la rapidité de la re­
prise a pris tout le monde de
court. « Beaucoup d’efforts ont été
demandés à nos équipes, qui ont
REPORTAGE vie : 300 mètres plus loin, la voiture
s’est arrêtée, la femme est sortie
che, « les professionnels de santé,
les kinés, par exemple, qui ne pou­
Dubly Détective et le cabinet Fara­
licq. Elle travaille « avec toutes les

L
30 millions à 40 millions d’euros à fait un travail absolument remar­ a discrétion est son mé­ sans canne, elle a fait le tour de vaient plus recevoir de clients pen­ compagnies d’assurances les plus
cause de l’annulation de Rétromo­ quable », observe­t­il. tier, et la jeune femme, l’auto presque en courant, a pris la dant une période, se sont beau­ connues ». « Ce sont les enquêtes les
bile en février et du Mans Classique Celles­ci ont organisé 54 ventes aux lunettes rectangulai­ place du jeune conducteur et a dé­ coup tordu la cheville, relève avec plus intéressantes, dit­elle, quand
à la suite de la pandémie », justifie en 2020, contre 38 en 2019. res et au manteau noir, marré. » Le véhicule s’est ensuite ironie Maxence Bizien. On peut tous les voyants sont au rouge, on
son PDG, Nicolas Orlowski. M. Pradels dit prendre cette ques­ n’éveille pas l’attention dans ce arrêté devant un supermarché. faire un lien entre certaines patho­ sait qu’il y a très certainement
tion « très au sérieux ». Pour com­ grand hôtel parisien où elle a « La femme a jeté sa canne dans le logies et des annonces gouverne­ fraude, mais il faut le prouver. »
Un stress accru penser la surcharge de travail, une donné rendez­vous, à 300 mètres coffre, a fait ses courses, a rapporté mentales. » Les détectives n’ont pas de pré­
Derrière les mastodontes, l’en­ quinzaine d’intérims ont été re­ des bureaux de sa société, des packs d’eau dans sa voiture. En rogatives, si ce n’est le droit de ne
semble des maisons de vente affi­ crutés cet automne. « Nous encou­ l’Agence Vendôme Investigation. dix minutes, nous avions compris « S’enferrer dans son scénario » pas dévoiler leur fonction et
chent une croissance à deux chif­ rageons nos collaborateurs à se dé­ Détective privée, Julie Catali­ que ce n’était pas cohérent. » Chaque année, mutuelles et assu­ l’autorisation de rencontrer l’as­
fres. Ainsi d’Aguttes, qui, avec connecter le soir et les week­ends, faud travaille, notamment, pour Filmer et documenter ce type de reurs diligentent des milliers d’en­ suré. « Je mène mes investigations,
77,2 millions d’euros, décroche son afin de maintenir un équilibre en­ le compte de plusieurs compa­ scènes fait partie du quotidien des quêtes, allant des incendies de je fais beaucoup de vérifications de
meilleur résultat depuis… 1974. « Je tre vie professionnelle et person­ gnies d’assurances. « J’ai l’avan­ détectives. « Si je suis mandatée chalet à des fraudes organisées justificatifs et de factures, d’enquê­
ne pensais pas pouvoir réaliser un nelle. » Cet équilibre est d’autant tage d’avoir un profil auquel on ne par un assureur, c’est qu’un élé­ pour blanchir l’argent de la dro­ tes de voisinage, je trouve les ano­
score pareil aussi rapidement », plus difficile à tenir que les gros s’attend pas dans cette profession, ment dans le dossier suscite le gue, en passant par des escroque­ malies. Quand je rencontre la per­
s’étonne de son côté Alexandre opérateurs de vente sont très peu dit­elle. Je suis une femme, d’allure doute, au moment des expertises : ries récurrentes nécessitant que sonne, je la laisse s’enferrer dans
Millon, qui totalise 81,7 millions rentables. Ils ont beau brasser des jeune cadre dynamique. C’est fa­ les blessures ou les séquelles qui ne les assureurs « coupent le robinet ». son scénario avant de lui révéler
d’euros, dont 6 millions dans sa fi­ millions, leurs profits sont grevés cile pour moi d’entrer dans un res­ semblent pas cohérentes avec l’ac­ Parmi elles, près de 3 000 investi­ que j’ai toutes les preuves du con­
liale en Belgique. Tajan aligne, par les énormes avantages finan­ taurant avec un petit sac à main, cident, ou des doléances dispropor­ gations sont réalisées par les traire », explique Elie Quenet.
pour sa part, 46,2 millions d’euros, ciers consentis aux vendeurs un ordinateur ou un livre, de m’as­ tionnées, souligne Julie Catalifaud. 140 détectives spécialisés dans Fouillant son bureau, elle re­
soit près du double de 2020, tandis pour décrocher leurs collections. seoir à une table proche de la per­ Et, dans 80 % des cas, malheureu­ l’assurance et certifiés par l’ALFA. trouve des attestations en forme
que Piasa engrange 43 millions Dans une étude publiée en 2020, sonne sur laquelle j’enquête, quitte sement, il s’agit bien d’une fraude. » Elie Quenet, figure de la profes­ d’aveux. « Voyez, ils renoncent à
d’euros, en hausse de 65 %. Ader, la société d’analyse Plimsoll révé­ à pouvoir, parfois, même lui parler, La lutte contre les escroqueries a sion, désignée, à l’été, à la tête du leurs indemnités de dédommage­
enfin, poursuit sur sa lancée, avec lait qu’en 2018 Sotheby’s n’avait sans qu’elle se méfie. » un prix, mais il reste dérisoire, eu Syndicat national des agents de ments et signent “Avec mes excu­
un bilan record de 40 millions. dégagé qu’un bénéfice de 8,7 mil­ Ses missions consistent à inves­ égard « au coût du sinistre d’une recherches privées. A l’étage d’un ses”, je le leur demande, c’est ma pe­
Le potentiel parisien est tel que lions d’euros pour un volume de tiguer, à suivre des citoyens en fi­ personne qui simule jusqu’au bout vieil immeuble du 17e arrondisse­ tite touche, dit­elle en souriant. Les
la maison britannique Bonhams a 251,4 millions, et Christie’s à peine lature, afin de vérifier qu’ils n’ont de sa vie une pathologie, qui peut ment de Paris, l’enquêtrice, fille de escrocs sont souvent sympathi­
installé son siège européen dans la 5,1 millions d’euros sur un total de pas escroqué leur assureur. Une atteindre des centaines de milliers détective, revendique d’être à la ques. Sinon, ils n’arriveraient pas à
capitale française. Spécialisé dans 234,3 millions.  surveillance légale du moment d’euros, voire plus », affirme tête des deux plus anciennes escroquer. » 
une gamme intermédiaire d’ob­ roxana azimi qu’elle n’est pas disproportionnée Maxence Bizien, directeur de agences d’investigation de France, véronique chocron
et ne viole pas la vie privée, les dé­ l’Agence pour la lutte contre la
tectives devant se borner à inter­ fraude à l’assurance (ALFA), une as­
venir dans les lieux publics. sociation créée à la demande de
sociétés d’assurances et des mu­
Filmer et documenter tuelles. En cas de préjudice corpo­
Etablissement homologué par l’Education Les fraudeurs se méfient rare­ rel, les assureurs peuvent avoir à
Nationale Maternelles à Terminales, ment. Le grand public ignore le prendre en charge le crédit d’une
recherche pour la rentrée 2022 : plus souvent que des agents de re­ maison, une rente à vie, des soins
cherche privée peuvent être man­ à domicile ou le recours à une
Primaire datés pour les surveiller. Les es­ tierce personne. Les pièces réunies
Enseignants titulaires de l’enseignement crocs professionnels imaginent, la par les détectives viennent étayer
public et de l’enseignement privé sous plupart du temps, que le préjudice leurs dossiers, lorsqu’ils souhai­
contrat (Professeur des Écoles). n’est pas assez important pour tent se tourner vers la justice.
qu’une enquête soit diligentée. Les assureurs ont détecté,
Secondaire Cette inconséquence la sert. « C’est en 2020, plus de 400 millions
Enseignants titulaires de l’enseignement public et de difficile de tenir un personnage au d’euros de fraude en France. Les
l’enseignement privé souscontrat dans toutes les quotidien,, constate Julie Catali­ montants réels seraient toutefois
faud. Beaucoup de fraudeurs pen­ bien plus élevés. « Un consensus
disciplines (certifiés ou agrégés) notamment en EPS,
sent que les enquêtes et les filatu­ européen évalue le potentiel de
espagnol, histoire-géographie, sciences (SVT et physique- res, ça n’arrive qu’aux autres. » fraude à 10 % des prestations ver­
chimie), sciences économiques et sociales (SES). La jeune femme, juriste de for­ sées », avance M. Bizien. Le der­
Solides références exigées (rapport d’inspection notamment). Dans le se- mation, s’est fait une spécialité nier chiffre disponible de la fédé­
condaire la priorité sera donnée à des candidat(e)s ayant déjà eu une expé- des dossiers de dommages corpo­ ration européenne de l’assurance
rience au collège et au lycée. Pour l’ensemble des postes à pourvoir un bon rels lourds, entraînant des indem­ évalue à 13 milliards d’euros les ré­
niveau d’anglais est souhaitable. nisations importantes de la part clamations frauduleuses auprès
Entretiens à Paris durant la semaine du 10 janvier 2022 pour candidats pré- des compagnies d’assurances. Un de compagnies d’assurances dans
sélectionnés. Les dossiers seront traités par date de réception en priorité. cas d’école ? « Une femme avait dé­ l’Union européenne en 2017.
claré qu’à la suite d’un accident de La pandémie de Covid­19 a mo­
Faire acte de candidature voiture elle était gravement tou­ difié le profil de la fraude. Elle a re­
(lettre de motivation, CV, rapports d’inspection) chée à la jambe, boitait énormé­ culé sur les sinistres automobiles,
via le lien www.lfny.org/hr teaching2223 en complétant
ment et utilisait une canne. Elle est passant de 211 millions d’euros
le formulaire en ligne et en téléchargeant les documents
nécessaires : lettre de motivation, CV, rapports d’inspection. arrivée sur le lieu de l’expertise en en 2019 à 142 millions en 2020, a
voiture, en se faisant accompa­ constaté l’ALFA, en raison des res­
gner. A la sortie, nous l’avons sui­ trictions de circulation. En revan­
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021 disparitions | 19

Desmond Tutu
Archevêque sud­africain, Prix Nobel de la paix

D
esmond Mpilo Tutu, nesburg. Son père est instituteur
dont la mort au Cap à dans des écoles réservées aux
l’âge de 90 ans a été Noirs et ouvertes, avant l’inven­
annoncée dimanche tion de l’apartheid en 1948, par
26 décembre par le président sud­ des missions chrétiennes. La fa­
africain, Cyril Ramaphosa, ne mille Tutu est pauvre « sans être
laissait rien passer. Aucun déra­ misérable », aimait­il à préciser. Il
page, aucun abus, aucune at­ n’empêche. A l’âge de 4 ans, le
teinte aux droits humains chétif petit Desmond est victime
n’échappait à son courroux. Sa de la poliomyélite. Il en conser­
vie durant, sous l’apartheid vera toute sa vie une gêne au
comme sous les gouvernements bras gauche.
noirs qui se sont succédé après Un peu plus tard, il est soigné
l’élection de Nelson Mandela pour une pointe de tuberculose.
en 1994, ce petit diable d’homme Confiné dans un lit, interdit de
en robe mauve n’a cessé, au nom football – sa grande passion –, il
de la justice et de l’équité, d’im­ est si marqué par ces expériences
portuner les pouvoirs établis, de qu’il veut devenir médecin. Mais
prendre à partie les gouvernants, la famille n’a pas les moyens de
de tourmenter les puissants. lui offrir pareilles études.
Energique, volubile, malicieux, Il devient instituteur, enseigne
comédien à souhait, il ne man­ de 1954 à 1957, puis démissionne
quait jamais de tancer les politi­ pour protester contre « la sous­
ciens d’où qu’ils viennent. Au fil éducation » sans moyens ni pers­
des multiples et épiques com­ pectives que l’apartheid réserve
bats qu’il a menés pour la di­ désormais aux Noirs. Alors,
gnité humaine, le pardon et la ré­ « presque par défaut plus que par
conciliation, il était devenu « la » choix », il se tourne vers le sémi­
référence bienveillante d’une na­ naire. Sa foi était irrépressible,
tion en reconstruction, « la » inébranlable, indestructible. Mais
conscience morale d’un pays il gardera toute sa vie la distance
sporadiquement en proie aux nécessaire à l’endroit des structu­
démons du passé. res et même des missions passées
Pour le sénateur Edward Ken­ de l’Eglise. « Quand les premiers
nedy, en visite à Pretoria dans les missionnaires chrétiens sont arri­
années 1990, Desmond Tutu vés dans ce pays, racontait­il en
n’était rien de moins que « le roulant des yeux, ils avaient la Bi­
Martin Luther King de l’Afrique du ble et nous la terre. Quelque temps
Sud ». La comparaison lui avait après, nous avions la Bible, ils
bien plu. Lui aussi avait « fait un avaient la terre. »
rêve », le même, à peu de chose En 1961, à 30 ans, il est ordonné
près, que celui du pasteur assas­ prêtre. De famille méthodiste, le
siné. Lui aussi, comme le grand nouveau révérend est entré chez
ancien américain, fut en son les anglicans, qu’il juge « plus
temps traqué, opprimé, vilipendé ouverts sur le monde ». Il donne
et régulièrement menacé du pire des conférences puis, à la fin des En 2010. DANA GLUCKSTEIN/MPTV/BUREAU233
par les partisans de ce qu’il appe­ années 1960, part s’installer à
lait « le système le plus vicieux ja­ Londres avec femme et enfants. Il Nelson Mandela, qu’il n’a en­ 7 OCTOBRE 1931 Naissance gan et Helmut Kohl, qui, en refu­ ruption des élites, s’en prend aux
mais inventé depuis le nazisme », à y décrochera brillamment une core jamais rencontré, est alors à Klerksdorp sant ses demandes, « se rendent ministres « qui ne travaillent pas
savoir le « développement séparé maîtrise de théologie au King’s en prison depuis seize ans. Le (Afrique du Sud) complices des crimes de l’apar­ assez ». Rétif à toutes les autori­
des races » (l’apartheid). College et sera nommé, dès 1972, pouvoir blanc interdit jusqu’à 1954-1957 Instituteur theid ». A force de harcèlement, il tés, indomptable, il est toujours
sous­directeur du Conseil œcu­ l’énoncé de son nom en public. 1961 Ordonné prêtre remportera finalement ce com­ la vigie de la nation.
Travail, risques et sacrifices ménique des Eglises. Desmond Tutu devient sa voix, 1972 Sous-directeur bat. L’apartheid serait­il tombé En 1995, Nelson Mandela, qui
Longtemps, Desmond Tutu fut, En 1975, premier Noir à accéder celle des opprimés. Enveloppé du Conseil œcuménique sans les sanctions ? Nul ne le croit. appartient désormais à son cer­
pour les membres de la minorité à une telle fonction épiscopale en dans sa robe de prélat, il est mé­ des Eglises Et le régime est contraint de libé­ cle privé, le nomme président de
blanche afrikaner (au pouvoir de République sud­africaine, il est nagé par un régime souvent in­ 1975 Doyen de la cathédrale rer Mandela en 1990. Tutu entre la Commission vérité et réconci­
1948 à 1994), « l’incarnation même élu doyen de la cathédrale angli­ humain mais qui se voulait émi­ anglicane St. Mary, dans l’entourage immédiat du hé­ liation. A la suite de l’accord
du mal ». Longtemps, jusqu’à ces cane Saint Mary, à Johannesburg. nemment chrétien. à Johannesburg ros libéré. Il ne veut pas de maro­ passé entre le pouvoir blanc sor­
derniers mois, il était, pour bien Les deux­tiers des 1,6 million 1978 Secrétaire général quin et continue à mettre son im­ tant et le nouveau pouvoir, une
des ministres noirs, « l’emmer­ d’anglicans sud­africains sont Pratiquement intouchable du Conseil œcuménique mense popularité au service de la amnistie des crimes perpétrés
deur patenté », l’empêcheur de alors noirs, mais tous les doyens Tutu en profite, il est sur tous les d’Afrique du Sud révolution pacifique en cours. durant l’apartheid sera mise en
s’enrichir en rond, le pourfendeur précédents étaient blancs. fronts, prononce des sermons in­ 1984 Prix Nobel de la paix Quand le pays frôle la guerre ci­ œuvre, mais, contrairement à ce
infatigable de tout ce qui n’allait Cette élection lui donne théori­ cendiaires contre les injustices 1985 Premier évêque noir vile – entre Blancs et Noirs mais qui s’est fait partout ailleurs au
pas dans la « nation arc­en­ciel ». quement droit à une vaste rési­ commises au quotidien par le ré­ de l’Eglise anglicane surtout entre Noirs d’ethnies et sortir des dictatures, cette am­
Son courage, son habileté, sa sa­ dence dans un quartier chic de Jo­ gime. Il s’enflamme, s’époumone, sud-africaine d’affiliations politiques diver­ nistie ne sera ni générale ni auto­
gacité, sa personnalité efferves­ hannesburg. Tutu n’y mettra ja­ organise des manifestations, of­ 1986 Archevêque du Cap ses, affrontements qui feront matique : elle ne sera consentie
cente, enveloppante, ses rires en mais les pieds. Motif : « Je n’étais fre à la presse internationale des 1995 Préside la Commission 20 000 morts en deux ans –, il est qu’à titre individuel. En clair,
cascade, ses pleurs publics, son pas prêt à m’excuser pour ma cou­ interviews au canon et prend la vérité et réconciliation encore sur tous les fronts, cajo­ énonce Tutu, « le pardon ne sera
humour dévastateur et son évi­ leur de peau. » Or, pour le régime tête du combat pour la libération 26 DÉCEMBRE 2021 Mort lant les uns, raisonnant les prononcé qu’en échange de la vé­
dente bienveillance à l’endroit de blanc, un non­Blanc ne peut rési­ du leader emprisonné. au Cap autres. En 1994, comme des mil­ rité ». Les familles de victimes
tout ce qui relevait de l’humain der en « zone d’habitation blan­ On lui confisque son passeport, lions d’autres Noirs sud­afri­ d’assassinats, d’enlèvements, de
auront fini par désarmer les plus che » que si les autorités lui attri­ on le menace de bannissement cains, Desmond Tutu, premier tortures et même d’expropria­
excités de ses critiques. « L’arche­ buent, sur demande spéciale, un (interdiction de parole publique et évêque noir de l’Eglise anglicane tions brutales et illégales sont in­
vêque du peuple », comme l’avait statut de « Blanc honoraire ». Le assignation à résidence), il pour­ nationale depuis 1985, archevê­ vitées à se faire connaître.
baptisé son ami Nelson Mandela, champion de la cause égalitaire suit et même amplifie la lutte. que l’année suivante, vote pour la En cinq années, Tutu et les mem­
ne laissait personne indifférent. ne pouvait évidemment pas se En 1984, il reçoit le prix Nobel de la première fois de sa vie. bres de ses commissions disper­
Mais que de travail effectué, de conformer à cette règle inique. paix et devient dès lors pratique­ Il est aux anges, remercie Dieu sées à travers le pays entendront
risques assumés et de sacrifices Trois ans plus tard, en 1978, il de­ ment intouchable. Il en profite sur toutes les tribunes, loue in­ plus de 30 000 personnes. La
consentis pour en arriver là ! vient secrétaire général du Con­ pour multiplier les appels à l’im­ lassablement « le miracle Man­ presse, qui rapporte les sessions
Desmond Mpilo Tutu naît le seil œcuménique d’Afrique du position de sanctions contre le ré­ dela » et soutient de toutes ses publiques au jour le jour, évoque
7 octobre 1931 à Klerksdorp, à Sud. Son sacerdoce devient émi­ gime, s’en prend publiquement à forces le nouveau président élu alors « le grand confessionnal du
deux heures à l’ouest de Johan­ nemment public. Margaret Thatcher, Ronald Rea­ dans son grand œuvre de récon­ prince de la compassion ». En
ciliation nationale. La nouvelle échange d’aveux complets sur les
Afrique du Sud devient officielle­ crimes politiques commis entre
ment la nation arc­en­ciel, con­ mars 1960 et mai 1994, les coupa­
cept génial signé Tutu. bles, y compris les militants ANC
Un leader d’opinion engagé dans de multiples combats La vigie de la nation
qui ont tué et torturé, sont amnis­
tiés. La commission joue sur un re­
A peine installé, le nouveau pou­ gistre consensuel dans le pays, ce­
voyageur infatigable et personnalité Orient. Comparant souvent le traitement – l’invasion de l’Irak – et « menée sur la base voir, multiracial mais dominé par lui des principes chrétiens de jus­
globale s’il en était, Desmond Tutu, mem­ réservé par Israël aux Palestiniens à l’apar­ de mensonges ». En 2010, il avait pris à par­ le Congrès national africain tice et de pardon.
bre fondateur, avec Kofi Annan, Nelson theid qui régnait dans son pays, Tutu, qui tie Vladimir Poutine pour sa guerre en (ANC), le parti de Mandela, se vote Sous la houlette de Tutu, la com­
Mandela, le dalaï­lama et d’autres « vieux s’est rendu à Jérusalem et dans les territoi­ Tchétchénie et signé avec George Soros, d’emblée un doublement du trai­ mission s’est transformée en tri­
sages » de la planète, du comité des Global res palestiniens occupés en 2004, plaidait philanthrope américain d’origine hon­ tement des ministres. Tutu dé­ bunal de la repentance et de la
Elders, qui combat partout les atteintes pour des sanctions économiques contre Is­ groise, et Vaclav Havel, ancien président de nonce « la voracité » des anciens contrition. Elle remettra son rap­
aux droits humains, s’est entremis dans raël et son boycottage sportif. Sans succès. la République tchèque, un appel à « briser le exilés, supplie qu’on se préoccupe port final le 29 octobre 1998. Le
nombre de conflits du monde, prononçant silence sur les massacres et les tortures » in­ d’abord des démunis. Mandela, bouillant archevêque l’admettra
encouragements et condamnations. Dé­ Poutine pris à partie fligés aux civils par le pouvoir russe. qui s’est toujours vécu comme volontiers dans un livre : l’exer­
but 2013, il fut le lauréat du prix américain En 2012, refusant de participer à une confé­ Il s’était enfin mobilisé pour le combat « un militant obéissant de l’ANC », cice a été « imparfait, insuffisant,
Templeton, le plus richement doté du rence publique avec Tony Blair en Afrique mondial des femmes contre l’exploitation, se refuse à intervenir. non exhaustif ». Il aura cependant
monde (1 million d’euros) pour « son du Sud, il répète qu’à son avis, l’ancien pre­ contre le sort des enfants au travail, et la Tutu s’empare encore une fois débouché sur ce qu’il désirait : la
œuvre en faveur de l’amour et du pardon ». mier ministre britannique et l’ex­prési­ crise globale de l’environnement. Il ré­ du porte­voix de la contestation. désactivation psychologique du
Parmi les sujets qui lui tenaient particu­ dent américain, Georges W. Bush, de­ clama notamment, dans une pétition si­ Il somme, sans succès, le nou­ désir de vengeance des victimes.
lièrement à cœur, les conflits du continent vraient être « déférés devant la justice inter­ gnée par plus de 200 000 personnes, « une veau pouvoir de mettre un terme Une contribution majeure à la
noir (Zimbabwe, Rwanda, Côte d’Ivoire, nationale » pour une guerre « qui a déstabi­ vraie justice climatique ».  à l’exportation d’armes made in normalisation. 
Darfour, etc.) et ceux du Proche et Moyen­ lisé et polarisé le monde comme jamais » p. c. South Africa. Il dénonce la cor­ patrice claude
20 | horizons
solignac (haute­vienne) ­ envoyé spécial
L
a foi s’effiloche, les vocations se
raréfient, les monastères fer­
ment, c’est entendu. Pas à
Solignac (Haute­Vienne), où
dix hommes en robe de bure ont
officiellement pris possession,
en novembre, de l’abbaye de cette commune
de 1 500 âmes, située à 10 kilomètres de
Limoges. Le site n’avait plus hébergé de moi­
nes depuis 1789. En chassant ses occupants,
la Révolution française avait mis fin à onze
siècles de présence bénédictine. La réinstalla­
tion d’une communauté contemplative au
même endroit n’est donc pas un mince évé­
nement. Mais un événement qui passe mal
auprès d’une partie de la population.
Un comité d’accueil un peu spécial atten­
dait les nouveaux propriétaires, le 28 novem­
bre, pour la messe d’installation des moines,
dans l’église collée à l’abbaye. A l’extérieur,
une quarantaine d’opposants ont cogné des
casseroles et brandi des slogans hostiles :
« Non aux clôtures », « Touche pas à mon
église communale »… Signée par 850 person­
nes, une pétition « antimoines » circule dans
le canton. Alors que la salle des fêtes avait été
réservée par les ecclésiastiques pour parta­
ger un « verre de l’amitié » après l’office,
ceux­ci ont préféré se replier dans l’abbaye
en chantant l’Ave Maria. Solignac, cet après­
midi­là, avait des airs de Brescello, la cité de
Peppone et Don Camillo.
Fondée au VIIe siècle par saint Eloi, le tréso­
rier de Dagobert, l’abbaye de Solignac en a vu
d’autres, diront les historiens. Son passé est
jalonné de destructions, de pillages, d’incen­
dies. Mais aussi de tentatives, plus ou moins
heureuses, de réemploi. Devenue une prison
après la Révolution, avant d’être transformée
en pensionnat de jeunes filles puis en usine
de porcelaine, la bâtisse aux 250 fenêtres est
achetée en 1946 par des missionnaires, les
oblats de Marie immaculée. A leur départ,
en 2000, une communauté issue du Renou­
veau charismatique, le Verbe de vie, loue le
prieuré. Il sera livré au chiendent, dix ans plus
tard. Craignant de le voir tomber dans le privé
et se transformer en hôtel de luxe, le diocèse
finit par s’en porter acquéreur en 2011.
VIRAGE RADICAL
Un « cadeau empoisonné », n’est pas loin de
penser aujourd’hui l’évêque de Limoges,
Pierre­Antoine Bozo : « Cette abbaye est un
peu comme un château de famille qu’on se
repasse entre générations. Tout le monde
s’extasie devant, mais son entretien est dif­
ficile à assumer pour un diocèse désargenté. »
Charges fixes et travaux divers reviennent à
30 000 euros par an. « Le diocèse n’a pas
vocation à garder éternellement un bâtiment
qu’il n’utilise pas », explique Damien Deleer­
snijder, un « chargé de mission » laïque, re­
cruté pour trouver un acheteur.
Un certain nombre de candidats manifeste­
ront leur intérêt. Comme ces deux organisa­
tions traditionalistes, l’Institut du Bon Pas­
teur et les chanoines de Lagrasse. Ou le Vil­
lage de François, une association d’aide aux
personnes fragiles (SDF, prostituées…), qui
renoncera devant l’état d’un édifice à la toi­
ture percée et au chauffage défaillant.
Les dix arrivants appartiennent, eux, à un
monastère extérieur, l’abbaye Saint­Joseph
de Clairval, dont le siège se trouve à Flavi­
gny­sur­Ozerain (Côte­d’Or), à 400 kilomè­
tres de là. Cet ordre de cinquante­six frères
se sentait à l’étroit dans l’ancien séminaire
diocésain de ce hameau bourguignon.
Après avoir prospecté en Allemagne, en
Espagne et jusqu’au Kazakhstan, la commu­
nauté a décidé, en juin, d’acquérir l’abbaye
de Solignac – 10 000 mètres carrés de sur­
face au sol – afin d’y délocaliser une partie
de ses effectifs. Un « essaimage », dans le jar­
gon religieux, négocié sous la forme d’une
« vente à terme » sur quinze ans, avec men­
sualités. Aucun montant n’a été communi­
qué. Tout juste sait­on qu’en plus du cloître
et des bâtiments conventuels les nouveaux
maîtres des lieux ont hérité de 2,7 hectares
de prairie. C’est bien là le problème.
Situé entre les remparts de l’abbaye et la
Briance, un affluent de la Vienne, ce terrain
était jusque­là « prêté » à la mairie par le dio­
cèse en vertu d’une convention signée
en 2018. Les Solignacois s’y retrouvaient plu­
sieurs fois par an pour un vide­greniers, une
fête de l’huître, un marché de producteurs
locaux… Aux beaux jours, les enfants du cen­
tre aéré venaient y gambader et prendre le
goûter. Le diocèse a dénoncé le bail en sep­
tembre afin de restituer le terrain aux moi­
nes. « Ce ne sont pas des gens qui prennent des
vacances au bord de la mer, justifie Mgr Bozo.
Ils vivent là en permanence, ils ont besoin d’es­
pace. » D’espace aussi pour l’activité rémuné­
L’abbaye de Solignac (Haute­Vienne), le 14 mars 2019. LUC OLIVIER/PHOTONONSTOP/AFP
Les moines
de la discorde
L’abbaye de Solignac, près de Limoges, n’avait
plus hébergé de religieux depuis 1789. Mais
la réinstallation de dix frères d’obédience traditionaliste
passe mal auprès d’une partie de la population
ratrice qu’ils entendent développer : maraî­
chage, miel et brassage de bière sont à l’étude.
Une déception teintée d’irritation s’est
immédiatement cristallisée au bourg. « Ne
plus avoir accès à cet endroit est une vraie
perte pour la population », regrette Jacques
Merzeau, l’un des fondateurs de l’association
Soli Niaque. « S’ils veulent vivre derrière une
clôture, pourquoi les moines ont­ils choisi de
s’installer en plein cœur d’un village ? »,
demande Gérard Forges, un autre membre
actif de ce collectif de retraités, situé à gauche.
L’incompréhension est d’autant plus
grande que l’attitude des frères ne plaide
guère en faveur d’un isolement strict. Cer­
tains ont été vus devant le camion pizza du
mercredi soir, d’autres en train de faire leur
footing ou de pousser un chariot de super­
marché. L’un d’eux, en retard pour l’office, a
pratiqué l’auto­stop. Trois autres ont même
participé à une réunion d’information pour
les « nouveaux habitants », organisée par le
maire, Alexandre Portheault.
Ce dernier ne cache pas une certaine exas­
pération devant les « exigences » de ses
nouveaux administrés. Après avoir envisagé
d’acheter des parcelles supplémentaires, les
moines ont demandé à la municipalité de
construire une passerelle au­dessus de la
Briance. Le maire a dit non. Et à nouveau non
quand les religieux ont réclamé la plantation
d’une haie pour les cacher de la vue des habi­
tations voisines – il est vrai que l’une d’elles
possède une piscine, une perspective peu
compatible avec le vœu de détachement.
S’il n’exclut pas d’utiliser son droit de
préemption sur la vente de l’abbaye et de ses
terrains, l’élu ne le fera que « de manière
symbolique » : les finances municipales ne
pourront pas s’aligner avec le montant de la
transaction déposée chez le notaire – au­
delà du million d’euros, probablement. « Les
moines ont réussi le tour de force de diviser le
village », ne décolère pas Alexandre Por­
theault, en évoquant l’autre point d’achop­
pement : l’église, propriété de la commune
depuis la loi de 1905.
Construite au XIIe siècle, celle­ci est désor­
mais le lieu de culte attitré des moines, qui y
célèbrent sept offices par jour, de 5 h 30 à
21 h 30. La messe conventuelle, dite jusque­là
par le curé André Vénitus, a été remplacée
par une cérémonie mêlant canon en latin,
chants en grégorien et lectures en français.
Le virage – le « déplacement spirituel », atté­
nue le père Vénitus – est radical pour les fidè­
les, invités à aller suivre une messe « classi­
que » dans les autres clochers de la paroisse.
Ou à s’adapter à cette nouvelle liturgie.
Certains s’y plient sans renâcler, comme
« SOUVENT, DANS  Pascaline Lallet, qui loue des chambres
LES ÉGLISES,  d’hôte à deux pas de l’abbaye : « On a gardé les
missels en latin de notre jeunesse. Même si on
ON DIFFUSE DU  ne comprend pas tout, cela ne nous dérange
pas de renouer avec ce type de messes. » De
CHANT GRÉGORIEN  nombreux paroissiens fuient néanmoins la
cérémonie remaniée, comme en témoigne
À TRAVERS LES  le peu de dévots agenouillés sur les prie­
HAUT­PARLEURS. À  Dieu, le dimanche matin : une trentaine en
moyenne, cinq à sept fois moins qu’avant.
SOLIGNAC, C’EST  « Enfants gâtés !, fustige le père Vénitus. Cer­
tes, la messe de Solignac est différente de celle
DÉSORMAIS EN LIVE.  que je célébrais, mais il y en a toujours une.
JE NE VOIS PAS  Que veulent les gens ? Combien de familles de
Solignac ont donné des prêtres à la commune ?
TROP LE TORT QUE  Pas de bras, pas de chocolat ! » Son supérieur,
Mgr Bozo, veut croire que la greffe prendra :
CELA CAUSE » « Sans avoir été baigné dans ce genre de mes­
PIERRE-ANTOINE BOZO ses, je trouve qu’on y goûte une certaine paix,
évêque de Limoges en tout cas un sens du mystère. Souvent, dans
les églises, on diffuse du grégorien à travers les
haut­parleurs. A Solignac, c’est désormais en
live. Je ne vois pas trop le tort que cela cause. »
« Ils chantent faux ! », raille Noëlle Gilquin,
éleveuse à la retraite, dans sa grande maison
extérieure au village. A la tête des ouailles
courroucées, elle n’a pas de mots assez durs
pour dénoncer la « mainmise » des moines sur
l’église. « Ils ont fait de Solignac un village sans
clocher. L’évêque nous a bradés, il a jeté le bébé
avec l’eau du bain en donnant l’église. C’est une
chance de voir revenir une communauté
monastique, mais on veut des moines amis,
pas des moines conquérants », vitupère­t­elle.
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
Présidente d’une association patrimoniale
et culturelle, Noëlle Gilquin a été mise
devant le fait accompli par les affectataires
du lieu : les concerts de musique classique,
qu’elle organise depuis trente ans sous la
nef de l’abbatiale, devront être délocalisés.
Le dernier a eu lieu le 15 décembre. Ce
jour­là, les moines ont exceptionnellement
célébré leurs offices dans une petite cha­
pelle située dans l’abbaye. Ils feront de
même à chaque fois qu’une demande d’en­
terrement, de baptême ou de mariage leur
sera faite. « Il est très gênant pour nous de
faire sans l’église, s’en excuse Dom Jean­
Bernard Marie Bories, le père­abbé de Saint­
Joseph de Clairval. Une communauté mo­
nastique déploie une liturgie qui a besoin
d’espace. » L’espace, toujours l’espace…
Le litige se réduirait à un simple conflit de
voisinage si un certain mystère ne planait
pas, également, sur la nature profonde de la
communauté. De création récente (1972), elle
a vu le jour en Suisse, où ses fondateurs ont
côtoyé Mgr Lefebvre, le chef de file du courant
intégriste. « Nous ne sommes plus du tout
dans sa mouvance, les liens se sont distendus
avec lui petit à petit », assure le dom Jean­Ber­
nard, entré lui­même au monastère en 1985.
« ILS ONT FAIT SAUTER LES PLOMBS »
Se réclamant de la règle de saint Benoît,
mais n’appartenant à aucune des trois gran­
des congrégations de l’ordre bénédictin (So­
lesmes, Subiaco, olivétains), les moines de
Clairval ont beau célébrer la messe selon le
missel de Paul VI, majoritaire au sein de
l’Eglise, l’usage du latin reste un marqueur
fort des milieux traditionalistes. Leur supé­
rieur préfère parler de « moines tradition­
nels ». Ce qui fait bondir Noëlle Gilquin : « Il y
a quelque temps, le père­abbé a invité des
fidèles à une adoration du Saint­Sacrement :
il était à genoux, prostré, ça n’en finissait pas.
On aurait dit une tortue recouverte d’or. Ce
sont bien des “tradis”, à la puissance 125 ! » Et
la pratiquante contrariée de regretter que les
lectures de textes sacrés pendant la messe
ne soient désormais plus faites par des laïcs,
en particulier des femmes.
Pour ne rien arranger, le parquet de Dijon a
annoncé, début décembre, l’ouverture d’une
information judiciaire pour des soupçons
d’abus sexuels de la part d’un des frères ins­
tallés à Flavigny. « Un traumatisme », estime
l’évêque de Limoges, qui s’est empressé de vé­
rifier auprès de la communauté si elle dispo­
sait d’un dispositif de prévention en la ma­
tière (formation psycho­affective des moi­
nes, entretiens collectifs avec les novices…).
« J’ai été rassuré », affirme Mgr Bozo.
Cette affaire – dont on sait peu de choses à
ce stade – « ne change rien à notre installation
à Solignac », indique le dom Jean­Bernard.
Pour preuve, la communauté s’est fait livrer
des meubles, récemment. Avant cela, une di­
zaine de radiateurs électriques lui avaient été
apportés par des fidèles, alors que le mercure
atteignait péniblement 10 °C dans l’abbaye.
« Malheureusement, ils ont fait sauter les
plombs », en sourit tristement le père­abbé.
Quand rien ne va… 
frédéric potet

0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
Riccardo Muti, 
maestro à vie
Le grand chef d’orchestre italien
nous a reçus dans sa maison de
Ravenne (Italie) à l’occasion de la
publication, par Warner Classic, de
l’intégrale de ses enregistrements,
gravés entre 1973 et 2007
PORTRAIT
ravenne (italie)
R
iccardo Muti s’est replié
dans sa maison de
Ravenne au moment où
la pandémie annulait
concerts, voyages et tournées, no­
tamment avec le Chicago
Symphony Orchestra, dont il est
directeur musical depuis 2010.
Nous l’avons rencontré un matin
de juillet, dans ce coin tranquille
de la vieille ville d’Emilie­Roma­
gne, où le chef d’orchestre de
80 ans, vit avec son épouse, la can­
tatrice Cristina Mazzavillani, de­
puis 1976. « Cela restera un mo­
ment tragique de notre histoire,
soupire le maestro en s’installant
sur le large divan du salon. Beau­
coup de gens sont morts. Sur le
plan personnel, moi qui aspirais à
revenir chez moi lorsque j’étais
longtemps à l’étranger, je dois dire
que j’ai parfois vécu ces derniers
mois comme dans une prison. »
Riccardo Muti n’a pas compta­
bilisé les dates volatilisées de son
agenda mais la période a encore
renforcé le climat d’abandon de
l’art en Italie qu’il ne cesse de dé­
noncer depuis des décennies. Le
chef d’orchestre, premier musi­
cien à diriger un concert sym­
phonique postconfinement en
Italie le 21 juin 2020, n’a pas hé­
sité à interpeller l’ancien premier
ministre Giuseppe Conte dans
une lettre ouverte publiée le
26 octobre dans le Corriere della
Sera. « On aurait pu profiter de
cette période où les gens étaient
contraints de rester chez eux pour
leur apporter des programmes
culturels de qualité au lieu des
émissions stupides qui ont conti­
nué à pulluler à la télévision ita­
lienne », fulminait­il.
Nul n’a oublié la soirée histori­
que du 12 mars 2011 à l’Opéra de
Rome, qui célébrait les 150 ans de
l’unité italienne. Après avoir re­
layé en préambule les propos de
l’ancien maire Gianni Alemanno,
dénonçant les coupes budgétaires
de la culture dans l’Italie berlusco­
nienne, Muti, qui dirigeait
Nabucco, de Verdi, avait profité de
la longue ovation du public au
moment du célèbre Chœur des
esclaves, le fameux Va, pensiero,
À ÉCOUTER, À LIRE
DISQUES
Riccardo Muti. The Complete
Warner Symphonic Recordings,
coffret de 91 CD chez Warner
Classics.
Requiem, de Verdi. Avec Jessye
Norman, Agnes Baltsa, José
Carreras, Evgueni Nesterenko,
Chœur et Orchestre symphoni-
que de la Radio bavaroise,
Riccardo Muti (direction).
1 CD BR Klassik.
Concert du Nouvel An 2021,
avec le Wiener Philharmoniker,
Riccardo Muti.
2 CD Sony Classical.
LIVRE   Chicago. Entre­temps, Riccardo
Prima la musica ! Mémoires,
de Riccardo Muti (L’Archipel,
2014).
pour s’arrêter, bras croisés, devant
son pupitre. Il avait alors repris sa
diatribe, proposant au public de
bisser cet hymne révolutionnaire
qui servit de ralliement aux répu­
blicains, à condition qu’il fût dédié
à un autre Risorgimento, celui de
la culture. Une salle debout et un
chœur en larmes. « Ce fut un mo­
ment magique dans ma carrière et
dans ma vie », se souvient Muti,
dont les images, captées par Arte,
ont fait le tour du monde.
Légendaire autorité
Dix ans se sont écoulés, mais Ric­
cardo Muti, chevelure brune à
peine lasurée de blanc, n’a rien
perdu de sa légendaire autorité. Il
a mis à profit ces longs mois de
confinement pour s’atteler à
l’œuvre à laquelle il avait jus­
qu’alors évité de s’affronter : la
Missa solemnis, de Beethoven, ce
« Graal de la musique sacrée »,
qu’il a dirigé en août au Festival
de Salzbourg avec l’Orchestre
philharmonique de Vienne.
C’est avec cette phalange presti­
gieuse que le jeune chef de trente
ans au profil d’aigle a fait ses dé­
buts en 1971, à l’invitation d’Her­
bert von Karajan. Avec elle qu’il a
fêté ses cinquante ans de collabo­
ration artistique avec le festival
autrichien, lequel célébrait son
centenaire. Mis à part Willi
Boskovsky, qui en dirigea 25 édi­
tions entre 1955 et 1999, Riccardo
Muti détient avec Lorin Maazel le
record des concerts du Nouvel An
à Vienne. Pas moins de six (1993,
1997, 2000, 2004, 2018 et 2021), de­
vant le public rassemblé dans la
prestigieuse Salle dorée (Golde­
ner Saal) du Musikverein, diffusés
par les radios et télévisions du
monde entier.
Nous avons suivi le chef d’or­
chestre dans son bureau à l’étage,
où trône toujours le quart de
queue Schimmel, un piano blond
acheté à crédit en 1969, année où
le jeune musicien, propulsé sur le
devant de la scène deux ans plus
tôt par le Prix de direction d’or­
chestre Guido­Cantelli raflé à
l’unanimité, allait obtenir son
premier poste au Maggio Musi­
cale de Florence. Une année à
marquer d’une pierre blanche,
qui verra aussi son mariage, le
1er juin, dans l’église Sant’Agata
Maggiore de Ravenne.
Riccardo Muti avait déjà en tête
la Missa solemnis. La première de
ses nombreuses partitions a été
acquise en 1970. Plusieurs édi­
tions s’empilent sur le sol, jon­
chent table et pupitre. Celle sur la­
quelle il travaille est biffée d’anno­
tations. A 80 ans, le maestro sem­
ble enfin en mesure de percer « ce
grand mystère métaphysique » qui
a secrètement accompagné sa vie.
On ne s’étonnera pas que le
chef­d’œuvre beethovénien ne fi­
gure pas dans le coffret anniver­
saire, Riccardo Muti. The Complete
Warner Symphonic Recordings,
publié chez Warner Classics. Un
legs discographique de 91 albums,
s’étageant de 1973, après que le
jeune musicien a succédé à Otto
Klemperer au pupitre de l’Orches­
tre Philharmonia de Londres, à
2007, juste avant sa nomination à
Muti a présidé de 1980 à 1992 à la
destinée de l’Orchestre de Phila­
delphie (après quarante­huit ans
CULTURE
| 21
Lors du concert du Nouvel An à Vienne, en Autriche, le 1er janvier 2018. RONALD ZAK/AP/SIPA / RONALD ZAK/AP/SIPA
de règne d’Eugene Ormandy), monde, celui qui vous écoute dans nom… C’était Callas », chuchote­
avant de devenir directeur musi­ un silence religieux. »
Riccardo Muti t­il. La soprano, qui ne chantait
cal de la Scala de Milan, de 1986 à Plus tard, devant un bon vin a mis à profit plus d’opéra depuis quelques an­
2005, une période dont le coffret blanc et un succulent poisson aux nées, devait bien sûr décliner l’of­
n’offre que le Requiem de Verdi, oranges, l’octogénaire en verve
les longs mois fre qui lui était revenue aux
avec Luciano Pavarotti. servira moult anecdotes. Comme de confinement oreilles par un ami proche, solli­
« Je n’aime guère écouter ce que cette « rencontre » avec Maria cité par Muti. Mais elle le fit avec
j’ai fait dans le passé. Je n’en ai pas Callas, dont il aurait voulu qu’elle
pour s’atteler les mots – « E tardi » (« il est tard ») –
besoin, se défend Muti, qui se dit chantât dans le Macbeth de Verdi à l’œuvre que Violetta, mourante, souffle au
résolument tourné vers l’avenir. qu’il projetait de diriger à Florence dernier acte de La Traviata. Emo­
Mais je me souviens très bien des en 1975. « Un soir que je me trouvais
« Missa tion intacte du maestro qui a
artistes avec lesquels j’ai préféré à Philadelphie, le téléphone sonne solemnis », gardé « le souvenir de ce secret
jouer et des enregistrements dont et j’entends une voix mystérieuse et commun, tel un bien précieux ». 
je suis le plus fier – les symphonies envoûtante qui ne dit pas son
de Beethoven marie­aude roux
de Scriabine, Le Sacre du prin­
temps et Petrouchka de Stravinsky
avec le Philadelphia Orchestra. »
Le maestro n’en dira pas plus
mais, parmi les nombreuses pho­
tos de grands artistes qui ha­
billent l’espace, la violoniste
Anne­Sophie Mutter, des pianis­
tes Sviatoslav Richter, Claudio
Arrau ou des chanteurs Giuseppe
Di Stefano, Renata Scotto, Jessye
Norman, Christa Ludwig, Teresa
Berganza.
Cliché de famille
Il a réservé une table de déjeuner,
Via Maggiore, à l’Antica Trattoria
Al Gallo, une valeur sûre fondée
en 1909, tenue par la même fa­
mille depuis quatre générations,
où il a ses habitudes. Toujours
preste – « Je cours toujours un peu
comme quand j’avais 40 ans ! » –, il
nous faudra donc terminer la
visite plus rapidement. Passer de­
vant les nombreux portraits de
Verdi, Puccini, Dante, mort à Ra­
venne, dont il possède plusieurs
éditions de La Divine Comédie,
aviser le costume sombre que por­
tait Donald Sutherland dans le Ca­
sanova de Fellini, un cadeau du
tailleur Umberto Tirelli qui dort
sur un portant.
Parmi les clichés de famille, sa
mère, Gilda (un prénom que porte
sa petite­fille, l’enfant que sa fille,
Chiara, comédienne et metteuse
en scène, a eu avec le pianiste fran­
çais David Fray) et le grand­père
Donato, sévère directeur d’école
élémentaire à Molfetta.
Muti parle de cette famille où
l’on aime la musique (son père,
Domenico, médecin ténor) et
l’opéra, découvert à 3 ans dans un
théâtre de Bari avec Aida, de Verdi.
On le voit plus tard, petit garçon
sérieux en culottes courtes, un
violon sous le bras, donnant à
10 ans un premier concert
Vivaldi, avant que le piano ne de­
vienne son instrument principal
à 13 ans. C’est d’ailleurs la musi­
que qui occupe la plupart des
étagères, partitions rares, auto­
graphes, éditions princeps, affi­
ches d’opéra.
L’univers de Muti ne serait pas
complet sans une grande crèche
napolitaine et les innombrables
marionnettes fabriquées par le
père de Cristina, Giordano, que le
maestro désigne d’un geste large :
« Le public le plus respectueux du

22 | culture
« Le Bourgeois
gentilhomme »,
mon premier
frisson théâtral
L’ANNÉE MOLIÈRE 1|5 Il y a quatre cents ans
naissait Jean­Baptiste Poquelin. Son
œuvre a bouleversé des générations
de spectateurs. Notre chroniqueur se
souvient de sa première rencontre
S
amedi d’été 1955, plein so­
leil. Vers 11 heures, nous
quittons l’école de campa­
gne en rang par deux. Sen­
teurs de sureau et de foin. Les pa­
pillons mènent leur ballet compli­
qué. Une vache nous regarde, plu­
tôt perplexe. Nous, petit troupeau
d’oies en béret et pantalons
courts, mené par l’instituteur,
M. Loustalot. Nous descendons la
longue rue Maubec, passons de­
vant la synagogue, traversons
l’Adour, et enfin nous entrons « en
ville ». Nous avons entre 8 et
14 ans. Au Théâtre municipal de
Bayonne, grande première, nous
allons assister à une représenta­
tion du Bourgeois gentilhomme.
Rideau rouge, trois coups, sur­
gissement des décors, des costu­
mes, des femmes, le ridicule,
l’amour : première émotion au
théâtre, violente et définitive,
l’émotion Molière… Ce fut
comme une hallucination. Nous
ne savions strictement rien, sauf
le nom de l’auteur de la pièce. Jus­
qu’au premier rire, nous nous te­
nons à carreau. Très vite, telles les
fusées du 14­Juillet, l’hilarité gicle
de partout : sur scène, dans les
rangs, dans l’âme… Rires à double
détente, rires à trois bandes, rires
complexes et très simples… Ja­
mais, dans nos rêves les plus futu­
ristes, nous n’aurions imaginé
que des « grands », des anciens,
des dames, pussent se déguiser,
CRUCIVERBISTES, À VOS CRAYONS !
Le Monde a sélectionné pour vous
100 grilles de Philippe Dupuis.
Vous vous amuserez de ses définitions
astucieuses et de ses astuces lexicales.
Chez votre marchand de journaux
6,90 € − 120 pages.
s’emperruquer comme si de rien
n’était et jouer la comédie « dans
la langue de Molière ».
Du théâtre municipal, le souve­
nir exact que j’ai dans l’oreille – je
ne sais ce qu’il en est des autres –,
c’est l’étincelant rire de la ser­
vante Nicole. L’insolente décou­
vre son bourgeois de maître,
Monsieur Jourdain, attifé en gen­
tilhomme très exagéré. Nicole est
prise d’un rire ahurissant, un fou
rire relancé par les borborygmes
et les mimiques vexées du patron.
Un rire trop humain, une mer­
veille de rire, celui des fermières
de là­haut qui ne sont pas de la
haute. Le rire des rires.
Parodie acrobatique
Georges Forestier, préfacier de
l’édition Molière de « La Pléiade »,
fut le plus récent de nos Virgile,
un guide pour nous, professeurs
de littérature. Dans sa préface, le
professeur de la Sorbonne cons­
truit ou déconstruit avec le brio
d’une méthode au sang neuf les
ambiguïtés du théâtre de Mo­
lière : ses demi­compromissions ;
les connivences avec les publics
dont il se joue ; le cache­cache
avec les puissances du ciel et de
l’enfer. La parodie en style d’acro­
batie de saltimbanque italien et
humour arlequiné de bouffonne­
rie, où se mêlent jeux de dupes
avec les mondains, les galants, les
coteries, leurs codes et leurs va­
leurs. Les connivences avec les
uns et les autres, avec les dames,
de plus en plus nombreuses en ar­
bitres du goût… Le grand Forestier
fut aussi, en radio, dans l’émis­
sion de Philippe Collin, sur France
Inter, « Molière, le chien et le
loup », le très minutieux
biographe du tissu de mystères,
de légendes, d’inventions perfi­
des et de petits faits vrais sur la
« vie » de Molière.
Le miroir que tend Molière au
monde a souvent dit sa vérité. Mo­
lière fait rire les dames, la cour, le
roi, le soleil en personne, et un pe­
tit chat qui passait par là. Mis à
part les pédants, les puritains, les
jansénistes, les pères qui se pren­
nent pour leur fonction, les maris
itou, et l’Eglise, qui a toujours dé­
testé le rire. Pas de révolution sans
son puissant secret. « C’est moi qui
t’ai tout appris », lui avait dit
Madeleine Béjart, reine maîtresse
de la troupe, qui se réservait les
emplois drôles. Ajoutons le ton de
la voix, les grimaces généreuses :
ce mélange de dispositions et de
bouffonnerie à l’italienne conti­
nue d’émettre.
Molière semble avoir tout mâ­
tiné de commedia dell’arte et
En Belgique, le secteur culturel manifeste
contre la fermeture des salles
Le gouvernement fédéral a pris sa décision face à la progression du variant Omicron
bruxelles ­ correspondance
I ls sont environ 5 000 à avoir
bravé la pluie, dimanche
26 décembre, pour protester
contre la décision du gouverne­
ment fédéral belge, prise le 22 dé­
cembre, de fermer les lieux cultu­
rels afin d’enrayer la progression
du variant Omicron. « C’est l’humi­
liation de trop, pour Annie Bozzini,
directrice de Charleroi Danse.
Nous avons fait des efforts et suivi
toutes les mesures précédentes.
C’est injuste, infondé et arbitraire. »
Au cœur de Bruxelles, la foule
grouille au pied du Mont des Arts,
rebaptisé pour l’occasion « Mort
des arts ». Le troisième confine­
ment du secteur culturel est vécu
comme un « coup de massue »,
alors que le précédent s’était étalé
sur sept mois. « Nous travaillons
avec des systèmes de contrôle
adaptés aux infrastructures et
évolutifs en fonction de la situa­
tion sanitaire. Nous avons élaboré
ces protocoles avec des virologues.
Cette décision est illogique »,
explique, au Monde, Peter de
Caluwe, directeur du Théâtre
royal de La Monnaie. Le secteur
de la culture a réduit ses jauges,
installé des systèmes de ventila­
tion, appliqué le passe sanitaire.
s’arrange de tout, auteurs an­
ciens ou contemporains, sans ex­
cès de scrupule. L’auteur faisait
rire avec le politique, la religion,
le sacré, les vices, l’excès de rigu­
eur, les obsessions qui frisent la
folie, pour mettre en lumière la
lutte politique sans merci entre
idéalisme et matérialisme, conte
les dévots de tout poil, la Compa­
gnie du Saint­Sacrement, la li­
mite des limites qui aboutit tout
de même à la double interdiction
du Tartuffe.
Rire et amour
Son remède ? Les femmes, les li­
bertins en secret, au sens du siè­
cle : Gassendi, mais aussi bien ce
Géraud de Cordemoy (1626­1684),
auteur du Discours physique de la
parole, qui inspire en douce le
maître de phonétique de Mon­
sieur Jourdain, scène hilarante
jusqu’au délire. Il n’y a pas que le
Bon Dieu sur terre : le rire aussi gît
dans les détails. Et puis il y a
l’amour, ce grand maître. Car « vi­
vre sans amour n’est pas propre­
ment vivre ».
De son théâtre, Molière fait la
preuve par les tréteaux. Farceur
génial, il s’attribue les rôles les
Les éléments statistiques en
possession de Sciensano, l’institut
scientifique de santé publique,
tendent à prouver que les salles de
théâtre ou de cinéma sont en
queue de peloton des lieux de con­
tamination. « On nous ferme pour
éviter de fermer d’autres secteurs »,
regrette Pierre Thys, directeur du
Théâtre national. Les acteurs du
secteur culturel ne comprennent
pas pourquoi les bars, restaurants,
cafés, et même les salles de sport
resteront ouverts alors qu’eux se
voient contraints de fermer leurs
portes à partir du 26 décembre
pour une durée indéterminée.
Ces fermetures n’étaient pas re­
commandées, à ce stade, par le
groupe d’experts de stratégie de
crise pour le Covid­19, composé
de virologues, d’infectiologues,
de biostatisticiens. « Aujourd’hui,
c’est comme si on associait la
culture et la maladie », déplore So­
phie Lauwers, directrice générale
du Palais des beaux­arts de
Bruxelles. Le camouflet est si bru­
tal que la décision de la coalition
gouvernementale, dirigée par le
premier ministre Alexander De
Croo (libéral flamand du VLD),
rassemble, contre elle, les sec­
teurs culturels flamands et fran­
cophones, unis pour l’occasion.
Molière semble
avoir tout mâtiné
de commedia
dell’arte et
s’arrange de tout,
auteurs anciens
ou contemporains
plus énergumènes. Dom Juan ?
Certainement pas : il choisit de
jouer Sganarelle. Alceste ? Oui,
mais il en fait, bizarre, « l’homme
aux rubans verts ». Or, le vert était
la couleur des bouffons. On rit
beaucoup sur scène, dans Le
Misanthrope – moqueries, rites
des salons, scène des portraits –,
mais on rit beaucoup moins dans
la salle. Le miroir s’est inversé.
Dans Molière, les personnages
s’incarnent dans leurs langues, car
elles sont aussi plurielles que leurs
rôles. Par quelle évidence criante
dit­on couramment, même les
footballeurs en interview, qu’un­
tel s’exprime « dans la langue de
Molière » ? Ce serait plus vrai de
dire « dans les langues de Molière »
Le premier ministre a justifié la
décision de son gouvernement
par les conséquences attendues
de la circulation du variant Omi­
cron dans un contexte où les hô­
pitaux sont déjà en surchauffe.
Mais sa décision ne passe pas.
Selon le dernier bulletin épidé­
miologique de Sciensano, le nom­
bre de cas confirmés et d’admissi­
ons à l’hôpital était en baisse sa­
medi 25 décembre. De vives criti­
ques ont été émises, jeudi
23 décembre, à la chambre des re­
présentants, par des parlementai­
res de l’opposition et de la majo­
rité. Des députés écologistes, so­
cialistes, libéraux et chrétiens­dé­
mocrates flamands, dont les
partis sont membres de la coali­
tion au pouvoir, ont demandé que
cette décision soit reconsidérée.
Une « désobéissance pacifique »
A Bruxelles et en Wallonie,
83 théâtres, cinémas et centres
culturels ont annoncé qu’ils gar­
deraient leurs portes ouvertes.
Une « désobéissance pacifique »
entendait­on dans les rangs des
manifestants. La ministre franco­
phone de la culture, Bénédicte
Linard (écologiste), a d’ores et déjà
affirmé qu’elle n’appliquerait pas
de sanctions aux récalcitrants. Le
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
tant elles sont multiples, couvrant
tous les territoires, brillant sou­
dain dans le parler d’un paysan re­
belle : le Pierrot du Dom Juan télé­
visé par Marcel Bluwal en 1965 et
joué par l’extraordinaire Angelo
Bardi, ex­TNP. L’émotion Molière
est émotion des langues. Une
émotion qui dure.
La dernière « Nicole » que j’ai
vue, c’est Manon Combes (2020,
mise en scène de Denis Podaly­
dès). Un des plus beaux rires de
Nicole qu’il m’ait été donné d’en­
tendre. Jeanne Beauval, cantatrice
et créatrice du rôle (1670), avait in­
venté, peaufiné ce rire. Sur texte
imprimé, on lit quoi ? « Hi, hi, hi »,
etc. Tu parles d’un texte… Or, de
1670 à nos jours, ce rire s’est trans­
mis de « Nicole » en « Nicole », en
se faufilant dans les failles de l’es­
pace­temps… Par le fil mystérieux
de l’amour comédien et de l’esprit
de troupe. Magie Molière. Emo­
tion Molière… Trois cent cin­
quante ans après, les temps qui
s’annoncent vont être aussi cru­
ciaux que révélateurs. 
francis marmande
Prochain article La folle aventure
du Tartuffe.
collège des procureurs généraux,
quant à lui, a fait savoir que la re­
cherche et la poursuite des infrac­
tions ne seraient pas une priorité.
C’est aussi sur le terrain judi­
ciaire que les manifestants con­
tre­attaquent. Plusieurs organisa­
tions, dont la Fédération des em­
ployeurs des arts de la scène et la
Ligue des droits humains, contes­
tent la mesure devant le Conseil
d’Etat et introduiront, lundi 27 dé­
cembre, une demande de suspen­
sion en extrême urgence devant
le tribunal de première instance.
Dans la foule, Liam, un techni­
cien vidéo et lumière de 25 ans,
s’inquiète pour son avenir. « Vu
qu’il n’y a pas de perspective, je n’ai
pas de travail pour les six prochains
mois, dit­il. Même si des mécanis­
mes de compensation financière
sont à nouveau instaurés, ce qu’on
veut, c’est exercer notre métier. »
Sur la petite scène du Mont des
Arts, la chorégraphe Anne Teresa
de Keersmaeker lance, avec des
membres de sa compagnie, une
danse reprise par les manifes­
tants. La musique de fond est un
classique de Simon et Garfunkel :
The Sound of Silence. Sauf que
cette fois­ci le secteur culturel
belge a choisi de faire du bruit. 
cédric vallet
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
Jacques Drillon, critique musical sans concession
Le grammairien et homme de lettres est mort samedi 25 décembre, à l’âge de 67 ans
DISPARITION
L
a faiblesse n’était pas son
fort » était l’une des for­
mules favorites de Jacques
Drillon, qui l’aimait tant
qu’il la servira souvent, à Sviatos­
lav Richter par exemple, l’un des
pianistes qu’il admirait le plus, et
à d’autres. Ces mots sont aussi
une manière d’autoportrait en
concentré : notre confrère, qui
vient de mourir d’une tumeur au
cerveau, samedi 25 décembre, à
l’âge de 67 ans, fut un critique
musical, un auteur et un essayiste
sans concession, aimant et détes­
tant avec passion et panache.
Né à Paris le 25 juin 1954, Jacques
Drillon fait des études supérieures
de lettres et de cinéma (une disci­
pline à laquelle il pense un temps
se consacrer) à Nancy et à Metz,
avant de s’installer à Paris, en 1975.
Il intègre l’équipe réunie par
le frondeur Louis Dandrel (mort
le 22 janvier) à France Musique
– dont, en 1977, il démissionnera
collégialement avec ce dernier.
En 1978, toujours avec Dandrel,
Jacques Drillon est de l’équipe
fondatrice du Monde de la musi­
que, un magazine mensuel à
l’origine cofondé par le quoti­
dien Le Monde et l’hebdoma­
daire Télérama. Il y signe criti­
ques de disques, portraits et ar­
ticles au long cours, dans une
langue et un style hautement re­
connaissables.
Ses coups de griffe et ses formu­
les, parfois à l’emporte­pièce,
aussi drôles que cruelles, gagnent
bientôt les colonnes du Nouvel
Observateur, dont il fut le critique
musical attitré, de 1981 – après
le départ de Maurice Fleuret, de­
venu directeur de la musique
au ministère de la culture de Jack
Lang – jusqu’à la date de son
retrait, le 1er mai 2017.
La plume de Drillon était d’une
élégante précision, d’une ponc­
tuation parfaite – et pour cause :
ce grammairien, spécialiste des
mots croisés (il prendra en 2003
la suite de Robert Scipion à L’Obs),
Marcel Proust, un Parisien à Carnavalet
Une exposition s’intéresse aux liens étroits entre la ville et l’auteur de « La Recherche »
EXPOSITION
S i incongru que cela puisse
paraître, aucune exposi­
tion ne s’était jusqu’ici pen­
chée sur les liens qui unissent
Marcel Proust à la ville de Paris,
où l’écrivain a vu le jour et passé la
plus grande partie des cinquante
et un ans de son existence. « Les
choses évidentes mettent parfois
du temps à se faire », concède
Anne­Laure Sol, conservatrice en
chef du patrimoine au Musée
Carnavalet­Histoire de Paris, qui
profite du 150e anniversaire de
la naissance de l’auteur de La
Recherche pour réparer cet oubli.
L’intérêt d’avoir attendu autant,
c’est que l’exposition « Marcel
Proust, un roman parisien » est
très riche. Photos d’époque, pein­
tures, documents manuscrits, af­
fiches publicitaires, mobilier…
Au total, 280 pièces sont présen­
tées, dont certaines jamais mon­
trées au public, comme cette tou­
chante photo du jeune Marcel à
15 ans, l’œil charbonneux et le du­
vet sur la lèvre. « Nous avons solli­
cité 35 institutions et 19 prêteurs
privés. Un tiers des œuvres pro­
vient aussi de nos collections »,
précise Valérie Guillaume, direc­
trice du Musée Carnavalet.
Destinée aux connaisseurs de
l’œuvre de Proust mais aussi aux
néophytes, l’exposition est scin­
dée en deux. La première partie
se penche sur le Paris où l’auteur a
allait devenir l’auteur d’un reten­
tissant Traité de la ponctuation
française (1991), publié dans la col­
lection « Tel », chez Gallimard, et
présenté comme le « premier
ouvrage complet sur la ponctua­
tion française ». Et, comme en
toute chose, Drillon n’y allait pas
de main morte, illustrant chaque
signe, chaque usage par les bons
et les mauvais exemples – les
« fauteurs » n’étant pas toujours
les moins illustres.
Refaisant la traduction du Roi
Lear, de William Shakespeare
(Actes Sud, 1993, rééd. Gallimard,
coll. Le Manteau d’Arlequin,
2021), Drillon la présente, en mu­
sicien, comme une « transcrip­
tion pour la scène française »,
destinée, avant tout, à bien
sonner, de la bouche de l’acteur
à l’oreille du spectateur. Et n’hé­
site pas à brocarder, dans une
insolente préface, tel traducteur
qui « avait les qualités requises
pour traduire Shakespeare ; ne
manquait que le talent ».
Oreille exemplaire
Quand il transcrivait pour deux
pianos – l’une de ses passions de
pianiste amateur et de déchif­
freur, qu’il partageait avec l’une de
ses idoles, le musicologue Fran­
çois Michel, auteur de l’Encyclopé­
die Fasquelle de la musique (1958)
et de l’Atlas historique des provin­
ces de France (1969­1979, divers
éditeurs) –, Jacques Drillon pen­
sait, aussi sincèrement qu’or­
gueilleusement, avoir fait mieux
que tout le monde – sauf Liszt,
tout de même, à qui il a consacré
un Liszt transcripteur ou la charité
bien ordonnée (Actes Sud, 1986).
Et si l’on pensait autrement – et,
surtout, si l’on pensait sans ta­
lent –, alors Drillon pouvait se
fendre de poulets vengeurs : son
art de la lettre d’insulte était lé­
gendaire et ses brouilles nom­
breuses : au temps des duels, il
aurait passé son temps à deman­
der réparation. Dans la directe
descendance d’un Claude De­
bussy critique, Drillon avait un
vécu. De l’appartement d’Auteuil,
où il est né, en 1871, jusqu’à celui
de la rue Hamelin, où il est mort,
en 1922, l’écrivain n’a jamais
quitté la rive droite de la capitale.
« Il a connu sept domiciles, tous si­
tués dans les 16e et 8e arrondisse­
ments, où se déroulait l’essentiel
de la vie mondaine. Proust était
fondamentalement un Parisien »,
assure Jean­Yves Tadié, écrivain et
vice­président de la Société des
amis de Marcel Proust.
Influence sur l’œuvre
L’une des pièces maîtresses de
cette partie de l’exposition est la
chambre de Proust, avec le lit en
laiton dans lequel l’auteur tra­
vaillait – et où il a rendu l’âme –,
sa chaise longue, sa pelisse et sa
canne… Un morceau du liège qui
tapissait les murs de l’alcôve est
aussi exposé. « Proust vivait les
rideaux tirés, écrivait dans son lit
la nuit, n’aérait jamais parce qu’il
avait une peur maladive du froid…
On a même retrouvé sur les mon­
tants du lit des traces de datura,
une plante toxique qu’il fumigeait
dans sa chambre pour soigner son
asthme », précise Mme Sol, qui as­
sure aussi le commissariat scien­
tifique de l’exposition.
La seconde partie s’attache da­
vantage à l’influence que la ville
de Paris a eue sur l’œuvre de
Proust. Chroniqueur mondain au
début de sa carrière, le dandy écu­
mait les soirées chics et fréquen­
En octobre 2014. JEAN-FRANÇOIS PAGA/LEEMAGE
art consommé du tir à vue, rare­
ment à fleurets mouchetés.
Parfois injuste, il admirait
souvent avec passion – et enten­
dait d’une oreille exemplaire. Le
claveciniste Gustav Leonhardt
restera l’une de ses idoles – avec
Glenn Gould, au piano, dans une
partie du même répertoire – à qui
il dédiera nombre d’articles et
d’entretiens, réunis et complétés
dans l’essai biographique Sur
Leonhardt (Gallimard, 2009).
Prompt à mélanger les genres et
tait la haute société et les artistes,
Jean Cocteau, André Breton,
Alphonse Daudet, Colette…
Autant de rencontres qui ont
nourri les personnages de La
Recherche. « Mais il connaissait
aussi les milieux populaires, à tra­
vers les domestiques qu’il em­
ployait », assure M. Tadié. De nom­
breux documents permettent de
se replonger dans ce Paris de la
fin du Second Empire jusqu’aux
bombardements de la première
guerre mondiale, que Proust en­
durait en se réfugiant au Ritz.
Parmi les peintures exposées,
il y a bien sûr le très connu por­
trait de Proust réalisé par Jacques­
Emile Blanche en 1892, prêté par
le Musée d’Orsay. Une huile où
l’on voit l’écrivain âgé de 21 ans, en
queue­de­pie, qui impressionne
par ses contrastes. Mais il y a aussi
des œuvres de Caillebotte, Monet,
Pissarro, Vuillard, un dessin à la
mine de plomb de Picasso, un joli
paravent décoré par Bonnard, un
plâtre de Rodin, des photogra­
phies de Nadar, Atget, Brassaï…
N’en jetez plus.
Seul bémol, l’exposition ne pré­
sente qu’un seul petit manuscrit
d’A la recherche du temps perdu :
un cahier de moleskine noire de
67 feuillets, utilisé pour rédiger
le brouillon de Du côté de chez
Swann, premier volume de
l’œuvre maîtresse de l’écrivain
dandy. La Bibliothèque nationale
de France (BNF), qui détient la
les fonctions, il écrivait sur ceux
dont il dirigeait les enregistre­
ments discographiques (chez
Harmonia Mundi), à qui il
confiait ses transcriptions, ou
avec qui il donnait sur scène ses
textes en tant que lecteur. Mais
ses amitiés n’étaient jamais de
complaisance et le liaient dura­
blement aux meilleurs.
Reçu docteur ès lettres en lin­
guistique avec la thèse La Loi for­
melle et son influence sur la créa­
tion artistique et littéraire, en
quasi­totalité des écrits de
l’auteur, a en effet prévu d’organi­
ser elle­même une exposition en
octobre 2022 sur « la fabrique de
l’œuvre » de Proust pour le cen­
tième anniversaire de sa mort.
L’institution a dû faire des choix.
Mais que les graphologues se
rassurent, Carnavalet présente
deux des fameux « placards » sur
lesquels Proust corrigeait les
épreuves imprimées de ses livres,
témoignages de son obsession
pour le style. En quête de perfec­
tion, l’écrivain reprenait en effet
sans cesse ses écrits, même après
l’impression des premières pa­
ges. « Il raturait, ajoutait, retran­
chait, corrigeait à nouveau. Le cé­
lèbre passage de la madeleine
dans Du côté de chez Swann a
connu dix­sept versions, et l’incipit
“Longtemps, je me suis couché de
bonne heure”, qui ouvre La
Recherche, n’est apparu qu’à la
quatrième version », dit en sou­
riant Jean­Marc Quaranta, maître
de conférences à Aix­Marseille
Université et spécialiste de
Proust. « L’inspiration existe, mais
il faut qu’elle vous trouve au tra­
vail », disait Pablo Picasso. 
cédric pietralunga
Marcel Proust, un roman
parisien, Musée Carnavalet.
23, rue de Sévigné, Paris 3e.
Du mardi au dimanche de
10 heures à 18 heures. Jusqu’au
10 avril 2022. Carnavalet.paris.fr
culture | 23
LES DATES
25 JUIN 1954
Naissance à Paris
1981
Critique musical au « Nouvel
Observateur »
1991
Publie un « Traité de la
ponctuation française »
25 DÉCEMBRE 2021
Mort à Paris
On peut lire la liste des contribu­
tions de Jacques Drillon sur sa
page Wikipédia, rédigée avec une
maniaque précision (probable­
ment par ses soins : on n’est ja­
mais mieux servi que par soi­
même) et retrouver ces brèves de
comptoir de café littéraire, ces no­
tations aphoristiques à la manière
d’un journal égotiste qu’il tenait,
encore quelques semaines avant
sa mort, sur le site La République
des livres, de Pierre Assouline.
L’un de ses derniers billets, daté
du 10 septembre, est du Drillon
pur jus – jouissif, érudit et sans pi­
1993, Jacques Drillon aura été tié. Il rappelle que la bourdaloue,
autant porté par la littérature que avant d’être une tarte, est « un pot
par la musique. Il publiera, entre de chambre pour dames » ; fournit
autres, Charles d’Orléans ou le gé­ « la liste complète [mais non défi­
nie mélancolique, théâtre à lire nitive] des partitions de musique
(Lattès, 1993) ; Tombeau de pour deux pianos à huit mains »
Verlaine (Gallimard, 1996) ; Les en sa possession ; étrille d’un
Gisants (Gallimard, 2001), une coup de plume la musique de Bob
étude sur La Mort des amants, de Dylan (mais pas sa poésie) et raille
Charles Baudelaire. Le tome pre­ l’entrée de Joséphine Baker au
mier de son essai autobiographi­ Panthéon. Jacques Drillon était
que Cadence (Gallimard, 2018) de­ un mal­pensant au cerveau bien
vrait être complété par la publica­ fait, dont l’absence marquera. 
tion posthume de sa suite, Coda. renaud machart
NOTRE NOUVEAU
HORS-SÉRIE
Science, société, géopolitique…
Les articles les plus marquants de l’année
parus dans la presse étrangère.
Hors-série
Hor
Hors-sé
-sér
rie Décembre 2021-janvier 2022
8,50 €
-JANVIER 2022
2021-JANVIER
DÉCEMBRE 2021
Les articles
de la presse
étrangère
qui ont marqué
l’année
BEST OF
2021
Hors-série Courrier international
En partenariat
avec
Allemagne 9,50 €, Andorre 9 € Antilles Réunion 9,50 €, Canada
Avec 11 pages de jeux
13,90, $CAN Espagne 9,50, € Gabon 7 000 F CFA,
Grande-Bretagne8,35£,Grèce9,50€,Italie9,50€,Japon 1 400¥,
Maroc 92, MAD Pays-Bas 9,50 €, Portugal cont. 9,50 €, Suisse
13CHF,TOM1800XPF,Tunisie18DT,AfriqueautresCFA6100FCFA
M 04224 - 86H - F: 8,50 E - RD conçues par le magazine
3’:HIKOMC=YU]ZUZ:?k@a@i@g@p";
EN VENTE CHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX
24 | télévision 0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021

Laure Adler retient la nuit sur France Inter NOTRE

SÉLECTION
Une sociologue, un philosophe, un astrophysicien et une autrice insomniaque défilent au micro de « L’Heure bleue » MARD I 28 D ÉC E MBRE

Arte
FRANCE INTER comme elle l’écrit si bien dans Orient-Express,
MARDI 28 – 20 H 00 Pas dormir (P.O.L, 320 pages, le voyage d’une légende
SÉRIE 19,90 euros), la nuit est source 20.50 De Paris à Istanbul,
d’insomnies. Si elle tente de la do­ le documentaire part sur les traces

L
ongtemps, la nuit a
d’abord été africaine,
pour Laure Adler. Quand
ses parents sortaient
le soir, c’est Waïté, sorte de père
tutélaire d’origine peule, qui cal­
mait ses insomnies, ouvrait les
persiennes de la maison gui­
néenne, lui expliquait les étoiles.
Depuis, elle a connu bien des
nuits : des nuits de standardiste
dans une clinique privée (l’un
de ses premiers petits boulots),
des nuits politiques (quand elle fut
conseillère culturelle de François
Mitterrand, de 1989 à 1993), des
nuits parfois pour le pire (aux ur­
gences) et, heureusement aussi,
pour le meilleur (« magnétiques »,
du nom de l’émission de son
mari Alain Veinstein, sur France
Culture, de 1978 à 1999) ; et, depuis
quelque temps, des nuits à « bin­
ger » des séries. Laure Adler ne li­
rait­elle donc plus ? « Non, non,
c’est juste que je décompose mes
nuits : d’abord la lecture, ensuite les
séries », assure cette couche­tard.
Romantique, poétique, festive
La productrice de « L’Heure bleue »
a donc eu envie de consacrer qua­
tre épisodes à la nuit. D’autant que,
de confinements en couvre­feux,
la nuit est devenue « l’ennemie pu­
« La Nuit
étoilée »
(1888),
de Vincent
Van Gogh.
DANIÈLE
SCHNEIDER/PHOTO
NONSTOP
blique numéro un : elle est de plus
en plus surveillée ».
Tout a commencé par la lecture
de Désir de nuit, de Janine Mossuz­
Lavau (Robert Laffont, 864 pages,
30 euros). Première invitée de la
série, la sociologue nous convie
à une nuit qui a le droit d’être ro­
mantique, poétique, dansante,
festive. Festive, elle l’est assuré­
ment pour Michaël Fœssel, invité
mestiquer, élaborant moult stra­
tagèmes, elle rêve parfois de trou­
ver l’oubli et regrette l’approche
« très morale » des somnifères
auxquels on oppose une hygiène
de vie certes de bon sens peut­
être, mais souvent inefficace (pas
de café, pas de cigarette, pas
d’écran). Et de citer Virginia Woolf
– la nuit n’est­elle pas en effet l’es­
pace woolfien par excellence, seul
lieu véritablement à soi ?
Pour Laure Adler – qui se réjouit
que le metteur en scène Julien
Gosselin ait accepté de prêter
sa voix si enveloppante à la lec­
ture d’extraits de Novalis, Mau­
passant, Dostoïevski –, il y a « une
sorte de lâcher­tout, la nuit. Nous
ne sommes plus dans une sorte
de vigilance constante de nous­
même. Il y a une promesse de la
nuit, quelque chose qui se tente ».
Elle attend pourtant, et avec
de l’épisode 2. Pour le philosophe, La nuit est aussi celle que l’on re­ une impatience chaque année re­
auteur de La Nuit. Vivre sans té­ tient, comme le chantait Johnny nouvelée, le 21 décembre, date à
moin (Autrement, 2017), la nuit est Hallyday, que Laure Adler a tenu laquelle la nuit ne vient plus em­
« expérience » – amoureuse, fes­ à faire entendre en ouverture de piéter sur le jour : « Je suis très sen­
tive ou même productive. Mieux, l’épisode 3, dans lequel l’astrophy­ sible à ça. » 
elle est ce « moment arraché sicien Trinh Xuan Thuan rappelle émilie grangeray
au temps social ». Comme le disait que, pour lui, la nuit a d’abord été
Christiane Taubira, dont on en­ synonyme de peur et de fracas : Désirs de nuit, série de Laure
tend ici une archive : « La nuit, celui des B52 et des bombes, dans Adler réalisée par Lilian
je fais ce que je veux, le jour je fais le Vietnam de son enfance. Pour Alleaume (Fr., 2021, 4 × 60 min).
d’abord ce que je dois. » Marie Darrieussecq (épisode 4), Sur l’application de Radio France.
du légendaire palace sur rails
lancé en 1883 par la Compagnie
internationale des wagons-lits,
et immortalisé par Agatha Christie.
France 2
Laissez-vous guider.
Au temps des Gallo-Romains
21.05 Soirée gallo-romaine animée
par Stéphane Bern et Lorànt
Deutsch, avec, à 23 h 20, Dans les
secrets de l’expo Vercingétorix. Voyage
de Lugdunum (Lyon), la capitale des
Gaules, à Nîmes, en passant par le
pont du Gard et le Musée de Gergovie.
France 4
Carmen, Violetta, Mimi,
romantiques et fatales
22.00 Portraits croisés de trois
mythes de l’art lyrique, devenues
des figures de l’émancipation
féminine avant l’heure, de la
prostituée andalouse Carmen à la
courtisane Violetta de La Traviata.
TF1
Independence Day
23.10 Un film de science-fiction
(de 1996) à la (dé)mesure de Roland
Emmerich, pour finir l’année ?
Avec Will Smith, en militaire, et Jeff
Goldblum, en analyste informaticien,
confrontés à un ovni d’un diamètre
de… 25 km menaçant la Terre.

A Berlin, les ambassadeurs, premiers lanceurs d’alerte de l’ascension nazie

Un remarquable documentaire plonge dans les milieux diplomatiques de la capitale allemande, de 1933 à 1939

HISTOIRE TV nalités (ambassadeurs, épouses et Le nouveau régime a beau vouloir Ce qui sidère le plus, dans ce do­ 1934, François­Poncet donne ren­ Alsacien parfaitement bilingue
MARDI 28 - 20 H 50 filles de diplomates, attachés mi­ instaurer une dictature, il fait très cumentaire aux images parfois dez­vous à son homologue améri­ est envoyé à Berlin par Paris
DOCUMENTAIRE litaires…) plongées au cœur de la attention, du moins jusqu’en 1938, surréalistes (comme cette partie cain William Dodd dans les allées comme attaché militaire afin d’es­
réalité allemande de l’époque, on à donner une image convenable de chasse donnée par Hermann verdoyantes du Tiergarten, à l’abri pionner le développement de la

E n décortiquant les rela­

tions entre des membres
du corps diplomatique en
poste à Berlin dans les années
1930 et le régime national­socia­
découvre un drôle de Berlin : celui
d’une communauté privilégiée de
quelques centaines de personnes
mêlant diplomates, dirigeants na­
zis et journalistes mondains.
à l’étranger et à maintenir une vie
mondaine et diplomatique.

liste arrivé au pouvoir début 1933,
Pierre­Olivier François et l’histo­
rien Jean­Marc Dreyfus ont réalisé
un documentaire remarquable.
A l’aide d’archives filmées inédi­
tes, venues parfois de fonds pri­
vés, et de témoignages de person­
Tout ce joli monde enchaîne ré­
ceptions, cocktails, vernissages,
voyages en compagnie des nou­
veaux maîtres du pays – dont un
Hitler mal à l’aise en frac… Le Ber­
lin nazi des années 1930 serait
donc une fête pour certains ?
Absence de réaction
Au fil du temps, les plus clair­
Göring, sous les yeux de diploma­
tes estomaqués), c’est de consta­
ter l’absence de réaction des gou­
vernements français, britannique
et américain face aux alertes et
des micros indiscrets : « Les Alle­
mands nous haïssent tellement… et
leur chef est complètement fou ! »
Outre les ambassadeurs fran­
çais, britanniques et américains,
Luftwaffe. Lors d’un dîner, il sym­
pathise avec la sœur de Göring. Ce
qui lui permettra d’obtenir, luxe
incroyable, un avion de liaison
à sa disposition pour survoler
voyants des diplomates occiden­ avertissements réguliers de leurs d’autres personnalités présentes le Reich et en rapporter de pré­
taux, et, parmi eux, le Français diplomates en poste à Berlin. aux premières loges alertent l’opi­ cieuses informations ! En vain. 
André François­Poncet (1887­ Très vite, les mots « camps de nion : Martha, la fille de Dodd, sé­ alain constant
1978), ne cessent d’envoyer des concentration », « Gestapo », « Da­ ductrice redoutable, la journaliste
messages à leurs gouvernements, chau » apparaissent dans les dis­ juive Bella Fromm (1890­1972), fi­ Secrets d’ambassades. Berlin
alertant clairement sur la menace cussions. Très vite, les persécu­ gure du Berlin mondain, ou en­ 1933­1939, de Pierre­Olivier
posée par ce nouveau régime. tions des juifs sont connues. Dès core Paul Stehlin (1907­1975). Cet François (Fr., 2020, 52 min).

0123 est édité par la Société éditrice

HORIZONTALEMENT du « Monde » SA. Durée de la société :
I. N’a pas besoin d’être longue pour SUDOKU 99 ans à compter du 15 décembre 2000.
Capital social : 124.610.348,70 ¤.
GRILLE N° 21 - 300
PAR PHILIPPE DUPUIS
être bonne. II. Aurait besoin d’un bon
remontant. A perdu sa neutralité
N°21­300 Actionnaire principal : Le Monde Libre (SCS).
Rédaction 67-69, avenue Pierre-Mendès-France,
électrique. III. Le président a décidé 75013 Paris. Tél. : 01-57-28-20-00
7 8 4 6 5 1 2 9 3

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 de la fermer. Personnel. Accueillit 1 9 5 2 4 3 8 6 7 Abonnements par téléphone au 03 28 25 71 71

chez lui. IV. Des plumes sur le plume. 2 3 6 8 7 9 5 4 1 (prix d’un appel local) de 9 heures à 18 heures.
I
Lâcha son coup. V. Passe. Avec eux, 7 9 8 1 3 7 9 5 6 2 4 Depuis l’étranger au : 00 33 3 28 25 71 71.
Par courrier électronique :
5 6 2 3 8 4 7 1 9
vous ne devriez pas vous ennuyer. 8 4 4 7 9 1 6 2 3 5 8 abojournalpapier@lemonde.fr.
II Tarif 1 an : France métropolitaine : 399 ¤
VI. Venu du Plat Pays. Guident 6 2 8 4 1 7 9 3 5

le navigateur en mer et dans l’espace. 3 5 1 9 2 8 4 7 6 Courrier des lecteurs

III 7 9 3 9 4 7 5 3 6 1 8 2 Par courrier électronique :
VII. Le temps de faire un tour. Demi courrier-des-lecteurs@lemonde.fr
IV tour. Entre deux portes. Personnel. 8 7 6 Très facile Internet : site d’information : www.lemonde.fr ;
VIII. Modification dans les tissus. Emploi : www.talents.fr/
V IX. Frère au couvent. Jeu de foire. 9 3 1 8 4 Complétez toute la
grille avec des chiffres Collection : Le Monde sur CD-ROM :
Entendra comme hier. X. Chez elles, allant de 1 à 9. CEDROM-SNI 01-44-82-66-40
VI
deux parallèles ne se rencontrent
9 4 2 Chaque chiffre ne doit Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60
jamais. être utilisé qu’une
VII 2 6 7 8 seule fois par ligne, La reproduction de tout article est interdite
VERTICALEMENT sans l’accord de l’administration. Commission
VIII
4 2 3 9 5 par colonne et par
carré de neuf cases.
paritaire des publications et agences de presse
1. Pratique à l’achat mais catastro- n° 0722 C 81975 ISSN 0395-2037
phique pour l’écologie. 2. Bruyante Réalisé par Yan Georget (https://about.me/yangeorget)
IX
capitale du Léon. 3. Réservé à soi et
au spectateur. Dit vrai. 4. Queue de
X
persil. Personnel. 5. En Algérie et au HORS -SÉRIE

NOUVEAU Présidente :
& CIVILISATIONS

Liban. Passé au four. 6. Vérifié d’un

HORS-SÉRIE

& CIVILISATIONS Laurence Bonicalzi Bridier PRINTED IN FRANCE

coup de fil. Douillettement préparé.
HISTOIRE & CIVILISATIONS

SOLUTION DE LA GRILLE N° 21 - 299 67-69, avenue

7. Sur les plaques bataves. Etalas déli- E D I T O
Pierre-Mendès-France
Un petit titre ?
75013 PARIS
catement les couleurs. Gai participe.
HORIZONTALEMENT I. Compréhensif. II. Adoubait. Ivl (vil). III. Peur. E JEANNE D’ARC
t si la statue de Jeanne d’Arc, ce

Tél : 01-57-28-39-00
l’épopée
personnage de l’histoire de France
objet de toutes les passions et

8. Ses cordes sont pincées. Déclama-

maintes fois récupéré, méritait, une nouvelle

Fax : 01-57-28-39-26
fois, un dépoussiérage ?
AFRIQUE 4800 F CFA ; BELGIQUE 5,95 € ; CANADA 8,95 $CAN ; DOM 6,50 € ; LIBAN 12 000 LBP ; LUXEMBOURG 5,95 € ; MAROC 60 MAD ; PORTUGAL CONT. 6,50 € ; SUISSE 9,50 CHF ; TUNISIE 12 DTU .

Jeune femme morte à 19 ans, brûlée vive à

Usagère. IV. Iules. Pianos. V. Triturant. Gs. VI. Ne. An. Aine. VII. Lie. Spin.
Rouen en 1431 après une chevauchée

UN HORS-SÉRIE
fantastique qui secoue son siècle, la Pucelle
n’appartient pas au passé : elle regarde au
JEANNE D’ARC L A FANTASTIQUE CHEVAUCHÉE

tion poétique. 9. Supportent provi-

contraire vers notre monde et ses
interrogations. Prophétesse, guerrière
audacieuse, souvent vêtue en homme, vraie-

L’Imprimerie, 79, rue de Roissy,

DE 244 PAGES - 14,50 E
fausse bergère surgie des marches du

Bel. VIII. Astro. EOS. Sl. IX. Ratait. Tarse. X. Dreyfusardes.

royaume, villageoise qui parle d’égal à égal

soirement. Peut tout rapporter.

avec les grands, elle se joue des frontières de

jeanne
93290 Tremblay-en-France
genre comme elle brouille les frontières
sociales. À l’époque, elle finit par gêner les
puissants, comme elle gêne encore
aujourd’hui. Pour la comprendre, il faut

10. Fournisseurs d’huile aux feuilles Montpellier (« Midi Libre »)

pourtant s’immerger dans un Moyen Âge

VERTICALEMENT 1. Capitulard. 2. Odeur. Isar. 3. Moulinette. 4. Pureté.

profond et son dédale de représentations

d’arc
symboliques ; un Moyen Âge qui a peu de
rapport avec les images d’Épinal. Malgré cet
éloignement, Jeanne reste étrangement
familière.

Ray. 5. Rb. Su. Soif. 6. Eau. Rap. Tu. 7. Hispanie. 8. Etain. Nota. 9. Gâta. palmées. Porteur de pommes. CHEZ VOTRE MARCHAND
Jean-Marc Bastière
Rédacteur en chef
Origine du papier : France. Taux de fibres recyclées : 100 %.
LA FANTASTIQUE CHEVAUCHÉE
Ce journal est imprimé sur un papier UPM issu de forêts gérées
11. Tentes en feutre. Dieu. 12. Accu-
Sar. 10. Sien. Ib. RD. 11. Ivrognesse. 12. Flesselles.
AFRIQUE 9500 XAF, ALLEMAGNE 16,50 €,
ANTILLES-RÉUNION 15,50 €, BELGIQUE15,50 €, CANADA 24 $CAN,
LUXEMBOURG 15,50 €, MAROC 160 MAD,PORTUGAL CONT. 15,50 €,
SUISSE 20 CHF, TUNISIE 26 DTU.

DE JOURNAUX durablement, porteur de l’Ecolabel européen sous le N°FI/37/001.

muleras sans ordre. Eutrophisation : PTot = 0.009 kg/tonne de papier
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
L’aiguille du Chardonnet (à gauche)
et l’aiguille d’Argentière, vues
depuis le domaine skiable
des Grands Montets, dans le haut
de la vallée de Chamonix.
OT CHAMONIX
VOYAGE
chamonix (haute­savoie)
L
es vitraux de la jolie pe­
tite église Saint­Bernard­
du­Mont­Blanc, au cœur
de Chamonix, en Haute­
Savoie, datent de 1925. Loin des
images pieuses habituelles, ils
forment une sorte de bande des­
sinée où des skieurs et un bobs­
leigh dévalent les pistes, et où des
guides, bonnets rouges et guêtres
bandelées, gravissent la monta­
gne en ouvrant la voie à un tou­
riste élégant, que l’on suppose an­
glais, en costume bleu et feutre
vert. Sur le parvis même de
l’église, voici le bureau des guides.
Tous les 15 août, la bénédiction
des cordes et des piolets reste le
moment le plus important de
leur fête annuelle.
Cet été, la fête était encore plus
belle puisque la Compagnie des
guides de Chamonix célébrait ses
200 ans. Covid oblige, l’année
2021 avait pourtant mal com­
mencé. L’hiver dernier, faute de
remontées mécaniques, de nom­
breux skieurs avaient renoncé à la
montagne. Heureusement, ceux
qui étaient venus avaient envie de
découvrir d’autres activités. Para­
doxalement, ce fut une bénédic­
tion (une de plus !) pour la compa­
gnie, l’occasion unique pour cette
institution, qui rassemble des
guides de haute montagne – pour
les sorties en milieu glaciaire, en
ski de randonnée ou en alpinisme
– et des accompagnateurs en
montagne – proposant des sor­
ties naturalistes en raquettes –, de
faire découvrir la montagne à des
non­initiés.
La météo annonce « grand mau­
vais », mais il fait juste mauvais ce
matin­là. Tristan Knoertzer,
membre de la Compagnie des gui­
des de Chamonix, guide de haute
montagne et chef de projet des
200 ans, sera notre initiateur
pour une première expérience de
ski de randonnée. A cinq minutes
du centre de Chamonix, nous
ajustons nos peaux de phoque
sous le Brévent, face à la piste des
Nants. Nous sommes à 1 200 mè­
tres, et nous allons monter en
Suivez le guide !
Cet été, la Compagnie des guides
de Chamonix célébrait ses 200 ans.
L’hiver, suivre ses membres, titulaires
à vie, est le meilleur moyen de partir
à la découverte des montagnes alentour
zigzaguant jusqu’à 1 700. Pendant
l’ascension, qui promet d’être
longue, Tristan Knoertzer expli­
que comment fonctionne la
compagnie.
« C’est un long parcours pour de­
venir guide de haute montagne,
lance­t­il. Jeune, tu commences
comme renfort – tu prends le tra­
vail qui reste. Le guide chef te teste
comme ça pendant deux ans. Puis
tu dois demander par courrier à
devenir renfort prioritaire, et plus
tard encore stagiaire. » Puis le co­
mité directionnel de la compa­
gnie vote, en fonction de dix­sept
critères, notamment le savoir­
faire, le savoir­être, la connais­
sance et l’implication du candidat
dans le tissu social de la vallée.
Un paradis blanc inoccupé
« J’ai toujours vécu à Cham – on dit
Cham, pour Chamonix –, j’avais
déjà une bonne connaissance des
acteurs locaux et une solide expé­
rience en montage vidéo et sur les
réseaux sociaux », raconte Tristan
Knoertzer. Symbole important, le
stagiaire a accès à la caisse de se­
cours, créée en 1821, qui organise
la solidarité avec les blessés et les
familles des guides disparus en
montagne. « On est ensuite titu­
laire à vie, sauf si on enfreint le rè­
glement intérieur sur des points
fondamentaux et sur nos va­
leurs. » Il y a actuellement environ
140 guides actifs et 288 en tout, en
comptant les guides honoraires.
Entre­temps, nous sommes ar­
rivés au point où il faut songer à
redescendre. A part trois lycéens
un peu fous qui dévalent la piste à
toute berzingue – ils s’arrêtent
pour nous raconter qu’ils sont
montés avant nous, très haut
malgré la météo incertaine, en
finissant leur ascension skis sur le
dos –, nous n’avons vu personne.
Le brouillard épais réduit les
arbres les plus proches à des
silhouettes et la forêt à une masse
foncée un peu gazeuse. Du
sommet qui nous domine, on ne
voit rien, pas plus que de notre
point d’arrivée 500 mètres plus
bas. Nous nous lançons dans la
descente, guide en tête, bien
entendu.
Nous avons dévalé en moins de
vingt minutes ce que nous avions
mis deux heures et demie à
gravir ! Juste le temps de profiter
de la poudreuse et de ce paradis
blanc inoccupé, nous voilà reve­
nus au pied de la piste. En dé­
chaussant, Tristan Knoertzer
nous rappelle la qualité princi­
pale d’un guide : « L’adaptation !
Nous devons nous adapter en
permanence : à la météo, à l’envi­
ronnement, aux personnes que
Pour une balade
au Buet, dans
le vallon de
Bérard, le soleil
est de retour.
La forêt d’épicéas
est splendide
sous l’épaisse
couche de neige
scintillante
nous accompagnons… et à nous­
même. Il faut aussi savoir s’écou­
ter. Avec le réchauffement climati­
que, s’adapter est encore plus im­
portant, puisque la montagne
change et que nous sensibilisons
nos clients à ces changements,
qu’ils constatent avec nous. C’est
de l’écologie concrète. » Dans le
massif du Mont­Blanc, le glacier a
perdu environ 200 mètres
d’épaisseur en un siècle, et la
fonte s’est dramatiquement
accélérée ces dernières années.
Les effets du réchauffement
climatique, Daniel Rodrigues les
observe, lui, sur la faune des
sommets. Biologiste de forma­
tion, accompagnateur à la Com­
pagnie des guides, celui qui est
aussi photographe animalier,
vidéaste et écologue étudie les re­
lations entre les animaux et les
hommes en montagne.
Traces d’écureuil et de renard
Nous le suivons en chaussant des
raquettes juste à côté de la fron­
tière suisse, pour une balade au
Buet, dans le vallon de Bérard. Le
soleil est de retour. La forêt d’épi­
céas est splendide sous l’épaisse
couche de neige scintillante.
« Nous verrons peut­être des traces
de loups. Un couple est arrivé dans
la vallée depuis le premier confine­
ment, en 2020. » Daniel Rodrigues
a étudié ce loup et cette louve avec
des pièges vidéo et photo. Depuis,
ils ont eu des louveteaux. Mais
nous ne verrons pas de traces de
loups. En trois heures, grâce à la
neige toute fraîche, nous identi­
fions en revanche des empreintes
d’ongulés (chamois, cerfs et
styles | 25
Annecy
20 km
D E   R O U T E
bouquetins), mais aussi des traces
d’écureuil, de lièvre, de renard, de
martre ou de campagnols. Seuls
des oiseaux se laissent admirer :
des tarins des aulnes en escouade,
des grives sur les sorbiers, un
cincle plongeur.
Après quelques minutes dans le
silence du vent, nous croisons
deux skieurs ; l’un d’eux porte
dans ses bras un jeune chamois
– un éterlou – transi de froid. Da­
niel Rodrigues les oriente vers
une ferme où il sera recueilli
avant qu’un vétérinaire vienne le
voir. « C’est touchant, mais il ne
faut pas faire ça. La sélection natu­
relle joue un rôle, et le nôtre est de
ne pas intervenir, de ne pas tou­
cher les animaux sauvages. » Ré­
chauffé, bagué puis relâché, le
chamois repartira dans la nature.
En fin de randonnée, Daniel
Rodrigues nous fait sortir du che­
min pour avancer dans la pou­
dreuse, et observer les traces d’un
lièvre variable. « Le lièvre mange
des écorces et des petites branches.
Il est donc cacophage, car il mange
une chose qui ne se mange pas, du
bois en l’occurrence. Mais pour
profiter des nutriments qu’il re­
cherche, le lièvre mange sa propre
crotte issue de cette première di­
gestion. Et donc là, tu vois, on est
devant une crotte bien blanche,
donc une crotte qui a été reman­
gée. Il y a eu une deuxième diges­
tion. Les premières crottes, elles,
sont très marron. » Nous étions
partis avec le rêve irréaliste de
croiser une louve élégante et
pacifique, et nous voilà face à une
minuscule crotte « remangée » !
Trivialité heureuse de la nature.
En repassant le col des Montets,
à 1 461 mètres d’altitude, nous
laissons Vallorcine et la Suisse
derrière nous. A mi­pente de la
montagne, des chamois – on en
compte huit – vont d’arbre en ar­
bre pour se nourrir de bourgeons,
ceux des aulnes verts et des bou­
leaux. Ils semblent paisibles à la
jumelle, comme toute la partie
sauvage de la vallée de Chamonix
quand on l’explore en bonne
compagnie. La Compagnie des
guides, bien sûr. 
thomas doustaly
SUISSE
Chamonix
HAUTE-
SAVOIE
Mont Buet Vallorcine
Le Brévent
Mont
Blanc
FRANCE
ITALIE
SAVOIE
C A R N E T
Notre journaliste a organisé
son voyage avec l’aide de
l’office de tourisme Vallée de
Chamonix­Mont­Blanc.
Y ALL ER
En TGV puis TER depuis
Paris jusqu’à Chamonix
Aiguille du Midi, à partir de
76 € l’aller simple. Oui.sncf
SE LO GER
L’Heliopic, un 4 étoiles
contemporain, joue la carte
jeune et cosy au pied
du téléphérique de l’aiguille
du Midi. Chambre double
à partir de 100 €.
Tél. : 04­50­54­55­56.
Heliopic­hotel­spa. com
Le Hameau Albert Ier,
un 5 étoiles Relais & Châ­
teaux, en plein cœur de
Chamonix, cultive l’esprit
chalet à l’envi. Grande
piscine et très bonne table.
Chambre double à partir de
215 €. Tél. : 04­50­53­05­09.
Hameaualbert.fr
À VO IR, À FAIRE
La Compagnie des guides de
Chamonix propose des sor­
ties d’une demi­journée en
groupe de 2 à 8 personnes, à
partir de 42 € par personne
en raquettes, ou 90 € avec
des skis de randonnée.
Tél. : 04­50­53­00­88.
Chamonix­guides.com
Daniel Rodrigues, membre
de la Compagnie des guides
de Chamonix, accompagna­
teur de montagne et écolo­
gue, est aussi photographe.
Daniel­rodrigues.fr
Le téléphérique de l’aiguille
du Midi, qui part de Cha­
monix, est le plus haut de
France. Aller­retour à 69 €,
ou montée comprise dans
certains forfaits de ski.
Tél. : 04­50­53­22­75. Mont­
blancnaturalresort.com
La Maison de la mémoire et
du patrimoine présente,
jusqu’au 14 mai 2022, une
exposition intitulée « La
Compagnie des guides de
Chamonix. Une histoire
d’adaptation ». Plein tarif :
4 €, tarif réduit : 3 €. Tél. :
04­50­54­78­55. Cc­valleede­
chamonixmontblanc.fr
26 | carnet
Le Carnet
Vous pouvez nous faire
parvenir vos textes
soit par e-mail :
carnet@mpublicite.fr
(en précisant impérativement
votre numéro de téléphone
et votre éventuel numéro
d’abonné ou de membre
de la SDL)
soit sur le site :
https://carnet.lemonde.fr
L’équipe du Carnet
reviendra vers vous
dans les meilleurs délais
pour vous confirmer
la parution.
carnet@mpublicite.fr
https://carnet.lemonde.fr
AU CARNET DU «MONDE»
Décès
Madeleine Bézie,
sa maman,
Nathalie Bézie,
son épouse,
Jules et Arthur,
ses enfants,
Véronique, Nadine, Nathalie et
Florence,
ses sœurs,
ont la profonde tristesse d’annoncer
le décès de
Yvonnick BEZIE,
chef de service de la pharmacie
du Groupe hospitalier
Paris-Saint-Joseph,
membre titulaire
de l’Académie de Pharmacie,
survenu le 22 décembre 2021,
à l’âge de cinquante-huit ans.
La cérémonie religieuse aura lieu
le mercredi 29 décembre, à 14 h 30,
en l’église Saint-Jacques-le-Majeur de
Montrouge (Hauts-de-Seine).
L’inhumation aura lieu dans
l’intimité au cimetière de Montrouge.
Robert Bober,
son époux,
Nicolas et Benjamin,
ses enfants
et leurs conjointes, Fang et Sophie,
Joachim, Sacha et Anne,
ses petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du décès
de
Hélène BOBER,
née le 9 mars 1933,
survenu le 23 décembre 2021.
La cérémonie a lieu ce lundi
27 décembre, à 15 heures, au cimetière
parisien de Bagneux, 45, avenue
Marx-Dormoy.
Pour toute information :
carnet@mpublicite.fr
Eveline, Emile et Clémence Fonty,
ont la tristesse d’annoncer le décès
du
docteur Antoine FONTY,
survenu le 16 décembre 2021,
à Roquebrune-Cap-Martin,
à l’âge de soixante-quinze ans.
D’abord militant du MLAC, il
exerça pendant quarante ans dans
les 13e et 5e arrondissements de Paris
et resta fidèle à son engagement
en faveur d’une médecine plus
humaine que comptable.
clefonty@gmail.com
André Fourgeaud,
Ses enfants
et leurs conjoints,
Ses petits-enfants
Et toute sa nombreuse famille,
ont la tristesse de faire part du décè
de
Colette FOURGEAUD,
née FAVRELLE,
agrégée de mathématiques,
ancien professeur à l’École normale
d’institutrices d’Arras
et au lycée Montaigne,
survenu le 21 décembre 2021,
à l’âge de quatre-vingt-onze ans.
Les obsèques auront lieu le
mercredi 29 décembre, à 14 h 30,
en la basilique Notre-Dame du
Perpétuel Secours, 55, boulevard de
Ménilmontant, Paris 11e.
Pas de fleurs. Dons souhaités à
France Alzheimer.
andre.fourgeaud@orange.fr
Odile et Emilio Bernado,
Marie-Claude et Jacques Lacronique,
Christine Ducamp,
ses filles et ses gendres,
Enric, Manel, Charlotte, Marion,
Juliette, Anna, Simon
ses petits-enfants,
Ses dix-sept arrière-petits-enfants,
Les familles Gaudechon et Voisin,
ont la grande tristesse de faire part
du décès de
Geneviève GRATTESAT,
née GAUDECHON,
dite « Aviette »,
survenu le 21 décembre 2021 des
suites d’une longue et belle vie de
quatre-vingt-dix-neuf virgule neuf
ans, pleine d’amour, d’amitié, de
militantisme féministe et catholique
progressiste.
Nous associons à nos pensées le
souvenir de Guy Grattesat, Pierre
Ducamp et Pierre Bernado.
Les obsèques ont lieu dans la
stricte intimité.
Un hommage lui sera rendu le
samedi 22 janvier 2022, à Paris (le
lieu et les horaires précis seront
communiqués prochainement).
mclacronique@gmail.com
un événement heureux
doit être partagé !
Brigitte Gouesse,
née Nobécourt,
son épouse,
Anne-Elisabeth Gouesse,
Catherine et Hubert Fabre,
Martin Gouesse
et Bénédicte Maraval,
Thomas et Agnès Gouesse,
Emmanuel et Laure Gouesse,
ses enfants et leurs conjoints,
Marie-Jeanne, Madeleine, Anne-
Charlotte, Gabrielle, Guillemette,
Henri, Marguerite, Sixtine, Lou,
Joséphine, Antonin, Vivien et
Nathanaël,
ses petits-enfants,
ont la profonde tristesse de faire part
du décès de
Jean-Marie GOUESSE,
survenu le 18 décembre 2021.
Les obsèques auront lieu dans
l’intimité familiale.
Clio Wiet-Karageorghis
et André Karageorghis,
ses enfants,
Gabrielle, Basile, Philippe-Jacques,
ses petits-enfants,
Lucien et Kallisté,
ses arrière-petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du décès
de
Vassos KARAGEORGHIS,
archéologue,
officier de la Légion d’honneur,
commandeur
dans l’ordre des Arts et des Lettres,
membre associé de l’Académie
des inscriptions et belles-lettres,
survenu à Nicosie (Chypre),
le 21 décembre 2021,
à l’âge de quatre-vingt-douze ans.
André LIBERATI
12 juin 1927 - 17 décembre 2021.
« Surréaliser sa vie, c’est trouver
ou retrouver sa vraie vie dépouillée
de tout ce qui pourrait
la rendre acceptable ».
Avec immense tristesse et profonde
émotion nous avons appris la
disparition subite de
François LISSARRAGUE,
le collègue, l’ami, notre maître à tous.
Nous nous associons à la douleur
de la famille et à celle de ses amis,
proches et lointains.
Laboratoire AnHiMA
(Anthropologie et histoire des mondes
antiques).
(Le Monde du 23 décembre).
Une nouvelle étoile est née,
Michèle
MÉPHARA SAMSON,
sage-femme,
directrice de crèche
1941 - 2021.
« Le ciel étoilé au-dessus de moi
et la loi morale en moi. »
Kant.
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021
Christine et Michel, Saint-Etienne. Lyon. Saint-Béron. Ses neveux et nièces,
ses enfants, Le Chambon-sur-Lignon. Toulon.
Frédéric, Louis, Charlotte, Christophe
et Nicolas, font part du rappel à Dieu de
Danièle Vallat-Fabre,
ses petits-enfants,
Baptiste, Lucie, Axel, Hélena, Noémie,
son épouse,
David et Sandra,
Jean-Philippe
Juliette, Léa, de VIGNES de PUYLAROQUE,
ses arrière-petits enfants son fils et sa belle-fille,
Ainsi que les familles parentes Carol et Éric,
et alliées, sa fille et son gendre, le 14 décembre 2021,
Noé, César, Tim, à l’âge de quatre-vingt-huit ans.
ont la grande tristesse de faire part ses petits-fils,
du décès de
Joël et Denise Vallat, 74, rue du Faubourg-Saint-Honoré,
son frère et sa belle-sœur,
Marcel PENEL, 75008 Paris.
ingénieur EDF, leurs enfants et petits-enfants,
Nadine, Sebaoun,
survenu le 18 décembre 2021, sa belle-sœur, Souvenir
à l’âge de quatre-vingt-treize ans.
son fils et ses petits-enfants,
Une pensée pour
Paris. Montpellier. Saint-Ouen. ont la tristesse de faire part du décès
de Jean-Marie DELMAIRE,
Robert Quiquampoix,
son époux, décédé le 27 décembre 1997.
Daniel VALLAT,
Hervé Quiquampoix
agrégé de l’Université,
et Siobhán Staunton,
Pascal Quiquampoix directeur honoraire Danielle Delmaire
et Edith Le Roux, de l’École nationale supérieure Et ses enfants.
ses fils et belles-filles, d’architecture de Lyon,
Sorcha et Edgar, chevalier
ses petits-enfants, Communication diverse
dans l’ordre des Arts et des Lettres,
Danièle et Michel Radenac,
sa sœur et son beau-frère,
Muriel et Eric Gouëllo, survenu le 23 décembre 2021,
sa nièce et son époux, à Saint-Etienne (Loire).
Noémie et Elise,
ses petites-nièces, Les obsèques auront lieu le
30 décembre, dans l’intimité familiale.
ont l’immense tristesse de faire part
du décès de dvallatfabre@laposte.net
Denise QUIQUAMPOIX,
née TALAZAC,
M. Bernard VANDEWIELE
Envie d’être utile ? Rejoignez-nous !
ancienne ingénieure chimiste anthropologue-psychanalyste
au centre de recherche et objecteur de conscience,
de Saint-Gobain, Les bénévoles de SOS Amitié
à Aubervilliers,
s’est éteint le mercredi 22 décembre écoutent
survenu le 9 décembre 2021, à Paris, 2021, à Romans-sur-Isère. par téléphone et/ou par internet
à l’âge de quatre-vingt-douze ans.
ceux qui souffrent de solitude,
Après s’être occupé durant
Les obsèques ont eu lieu à Paris de mal-être et peuvent avoir
quarante-cinq ans de Mme Brigitte
dans l’intimité familiale.
Nêmes, femme autiste devenue des pensées suicidaires.
artiste, il nous a quittés à l’âge de
hervequiquampoix@gmail.com
soixante-dix-huit ans. Nous recherchons des écoutants
pquiquampoix@hotmail.fr
bénévoles
La crémation a lieu ce mardi
Bertrand de Colnet, sur toute la France.
28 décembre, à 17 heures, à
son compagnon,
Olivia, Alexandre et Violaine, Beaumont-lès-Valence (Drôme). L’écoute peut sauver des vies
ses enfants, et enrichir la vôtre !
Rebekka, Alexander, Émilie, Théo, Cet avis tient lieu de faire-part, Choix des heures d’écoute,
Julie et Mathilde,
formation assurée.
ses petits-enfants, Anaïs et André Luis,
ses enfants,
ont la tristesse de faire part du décès
Alba,
de
sa petite-fille, En IdF RDV sur
Jeanne RÉVEILLE, Brigitte
www.sosamitieidf.asso.fr
veuve MOULLE, Et ses amis,
En région RDV sur
survenu le 19 décembre 2021,
vous remercient. www.sos-amitie.com
à l’âge de quatre-vingt-un ans.
Une messe sera célébrée ce mardi Grenoble. Meylan.
28 décembre, à 14 h 30, en l’église Société éditrice du « Monde » SA
Romain Vidonne, Président du directoire, directeur de la publication
Saint-Médard, Paris 5e. Louis Dreyfus
son fils, Directeur du « Monde », directeur délégué de la
L’inhumation aura lieu le mercredi Sa famille, publication, membre du directoire Jérôme Fenoglio
Directrice de la rédaction Caroline Monnot
29 décembre, à 15 h 30, au cimetière Direction adjointe de la rédaction
du Père-Lachaise, Paris 20e.
Grégoire Allix, Maryline Baumard, Hélène Bekmézian,
ont la grande tristesse de faire part Philippe Broussard, Nicolas Chapuis, Emmanuelle
du décès de Chevallereau, Emmanuel Davidenkoff (Evénements),
Albert, Alice, Valentine, Alexis Delcambre, Marie-Pierre Lannelongue,
Harold Thibault
ses enfants,
Miluse VIDONNE, Directrice éditoriale Sylvie Kauffmann
leurs conjoints, Anne-Cécile, Frédéric Directrice déléguée au développement des services
et David, née VAVROVA, abonnés Françoise Tovo
Directeur délégué aux relations avec les lecteurs
Solveig, Gaspard, Sigurd, Garance, Gilles van Kote
ses petits-enfants, survenu le mercredi 22 décembre Directeur du numérique Julien Laroche-Joubert
Jean-Pierre Videt, 2021, dans sa quatre-vingt-huitième Rédaction en chef Laurent Borredon, Laetitia Clavreul,
Michel Guerrin, Nicolas Jimenez (photographie),
année. Sabine Ledoux (chef d’édition), Christian Massol,
ont la douleur de faire part du décès Franck Nouchi (Débats et Idées)
de Directrice du design Mélina Zerbib
Ses obsèques seront célébrées le Direction artistique du quotidien Sylvain Peirani
mercredi 29 décembre, à 16 heures, Infographie Delphine Papin
Dominique VIDET, Directrice des ressources humaines du groupe
née JENSEN, au centre funéraire de La Tronche. Emilie Conte
Secrétaire général de la rédaction Sébastien Carganico
Conseil de surveillance Jean-Louis Beffa, président,
survenu le samedi 18 décembre 2021. Cet avis tient lieu de faire-part. Sébastien Carganico, vice-président
Le Carnet
Tarif : 20 € TTC
Prix à la ligne
 IDÉES
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021 | 27

Denis Charbit L’exposition « Juifs d’Orient », à l’Institut

du monde arabe, provoque une interrogation salutaire
Pour le professeur de science politique membre mination israélienne en Cisjordanie. Or,
je n’ai jamais écrit une seule ligne pour
de la commission scientifique de l’événement, l’approuver et je ne cesserai de la com­
la pétition d’intellectuels arabes opposés à ce que battre, jusqu’à mon dernier souffle s’il
le faut. Puis­je révéler qu’après avoir as­
l’IMA expose des pièces prêtées par Israël a eu le mérite sisté à l’ouverture de l’exposition, de
d’inciter l’un de ses signataires, l’écrivain Elias Khoury, retour en Israël, j’ai animé un sémi­
naire de quatre jours avec les mili­
à reconnaître que le monde arabe avait sa part tants de l’organisation israélienne Brea­
de responsabilité dans le départ des juifs vers Israël king the Silence, laquelle recueille les
témoignages de soldats sur les prati­
ques de l’armée israélienne dans les ter­
les dénonçant comme une cinquième
colonne au service d’Israël.
Si les juifs sont partis au lendemain des
indépendances, c’est parce qu’ils pres­
sentaient qu’on ne leur accorderait
guère l’égalité des droits dans les nou­
veaux Etats issus de la décolonisation et
qu’à ce moment­l, les portes du Canada,
de la France et surtout d’Israël leur fu­
rent grandes ouvertes, offrant une patrie
aux juifs du monde arabe, comme aux
juifs d’URSS et de l’Allemagne nazie,
se situe dans le sillage de l’attitude pion­
nière en son temps d’Edward Saïd, lors­
que celui­ci estima devoir condamner
avec la plus grande fermeté le négation­
nisme de la Shoah en vogue dans le
monde arabe sous prétexte de solidarité
avec la cause palestinienne.
En citant les noms de quelques écri­
vains israéliens judéo­arabes, il rappelle
que l’art peut ériger un pont que ne peu­
vent détruire la raison d’Etat et la solida­
rité militante. Car il y a des juifs­arabes

M
onter une exposition sur les
« Juifs d’Orient » était une ga­
geure. Non à cause du thème re­
tenu, mais à cause du lieu où elle
se déroule : l’Institut du monde arabe
(IMA). C’est la première fois que cette ins­
titution vénérable, qui a ouvert ses por­
tes en 1985, consacre une exposition à
une thématique sensible, susceptible de
ranimer le contentieux autour du départ
des juifs des pays arabes, sans compter
l’interminable conflit israélo­palestinien.
Invité à rejoindre la commission scien­
tifique présidée par Benjamin Stora, le
commissaire général, pour traiter de la
période contemporaine, j’ai revu et relu
avec les trois commissaires de l’IMA tout
ce qui dans les salles et dans le catalogue
concernait la décolonisation et le conflit
israélo­palestinien dans un climat de
confiance réciproque remarquable.
L’inauguration en présence du président
de la République puis le succès public et
critique rencontré par l’exposition ont
été le couronnement de cette coopéra­
tion exemplaire.
Convaincu qu’une telle exposition en
un tel lieu était une date à marquer d’une
pierre blanche, j’ai émis l’hypothèse au
cours d’une interview donnée au site juif
Akadem, voué à la culture et à l’histoire
juives, que celle­ci était un premier fruit,
sur le plan culturel, des accords d’Abra­
ham [signés en 2020 entre Israël et plu­
sieurs Etats arabes]. Il s’avère pourtant
que Jack Lang [président de l’IMA depuis
2013] en avait conçu le projet dès son arri­
vée. L’hypothèse est donc erronée, et je le
concède volontiers. Mais, qu’on déplore
la signature de ces accords ou qu’on s’en
réjouisse, l’exposition se déroule dans ce
nouveau contexte où des pays arabes
consentent, après soixante­dix ans de
boycottage, à nouer des relations diplo­
matiques avec Israël.
J’ai fait valoir également que deux insti­
tutions israéliennes avaient prêté trente
pièces à l’IMA. Ce sont très exactement
six pièces qui ont été empruntées au Mu­
sée d’Israël, à l’Institut Ben­Zvi et à l’Office
de presse, les vingt­quatre autres éma­
nant de la collection privée rassemblée
par William L. Gross, à Tel­Aviv. A cet
égard, la pétition signée par un collectif
d’intellectuels arabes exhalait un parfum
d’arrière­garde : il s’agissait de rappeler à
l’ordre l’IMA en faisant valoir que la soli­
darité avec la cause palestinienne exclut
toute coopération avec Israël, quelle que
soit son ampleur : une pièce, six pièces ou
cent pièces, c’est du pareil au même. Une
question de principe érigée en dogme.
Un impensé de l’histoire
Cependant, il faut se rendre à l’évidence :
indépendamment des accords d’Abra­
ham ou de la coopération avec Israël,
un tabou a bel et bien sauté. En d’autres
temps, l’exposition « Juifs d’Orient » à
l’IMA eut été inconcevable. Accords
d’Abraham ou pas, pièces empruntées à
Israël ou pas, l’essentiel est bien que
l’IMA ait organisé une telle exposition
en ses murs.
Je ne cacherai pas que la pétition si­
gnée par des écrivains et des cinéas­
tes dont j’apprécie l’œuvre m’a meurtri.
Outre la mise en cause person­
nelle dont j’ai été l’objet, la pétition
m’impute de vouloir normaliser la do­
ritoires occupés.
Mais ce malentendu sur mes convic­
tions politiques ne présente pas une si
grande importance. Le plus grave à mes
yeux est le fait que cette polémique a
constitué une diversion, un prétexte
pour ne pas avoir à relever le double défi
soulevé par l’exposition : l’existence
d’une culture judéo­arabe à travers les
siècles puis, en fin de parcours, le départ
en moins de deux décennies de la plu­
part des juifs du Maghreb et du Ma­
chrek. Pas un mot dans la pétition en
question sur cet impensé de l’histoire
de la décolonisation : les pays arabes,
qui auraient dû, par cohérence avec leur
antisionisme même, donner l’exemple
d’une intégration réussie de leurs mino­
rités juives, n’ont rien fait pour les rete­
nir, bien contents de s’en débarrasser en
ELIAS KHOURY DIT,
MOT POUR MOT, QUE
LE DÉPART DES JUIFS
DES PAYS ARABES FUT
« LE PENDANT DE LA
NAKBA ». NUL PARMI
LES INTELLECTUELS
ARABES NE L’A
JAMAIS ÉCRIT AINSI
comme à ceux de tous les pays, surtout
lorsque leur condition juive les vouait à
la discrimination.
Une culture judéo-arabe bien vivante
Et, cependant, dans le prolongement ap­
parent de la polémique en question, voilà
que [l’écrivain] Elias Khoury, dont le nom
figure en premier parmi les signataires
de la pétition, vient d’ouvrir une brèche.
Le 6 décembre, il a publié dans Al­Quds
Al­Arabi, le quotidien arabe imprimé à
Londres, un article qui fera date. Tout en
persistant à dénoncer la coopération de
l’IMA avec Israël, tout en m’imputant un
rôle et une complicité active dans la nor­
malisation de l’occupation israélienne,
tout en désignant, à tort, des lacunes
dans l’exposition alors que justement
l’exposition et le catalogue relatent par
des documents photographiques et des
textes le départ des juifs des pays arabes
et leur sort en Israël, Elias Khoury, avec
un courage qu’il faut saluer, s’est résolu à
montrer la face d’ombre des indépen­
dances : il reconnaît que le départ des
juifs vers Israël fut un drame dans lequel
le monde arabe a sa part de responsabi­
lité, ce qui justifie, soixante­dix ans
après, qu’on procède, à ses yeux, à une
autocritique au lieu d’accuser exclusive­
ment Israël, comme toujours.
Khoury déclare, mot pour mot, que le
départ des juifs des pays arabes fut « le
pendant de la Nakba ». Nul parmi les in­
tellectuels arabes ne l’a jamais écrit ainsi.
Elias Khoury va plus loin encore : il re­
connaît l’existence d’une culture judéo­
arabe vivante, portée aujourd’hui par des
musiciens et des écrivains israéliens ori­
ginaires du monde arabe. Elias Khoury
qu’il aime, à Tel­Aviv et à Jérusalem. Cette
attention sincère pour la culture judéo­
arabe en Israël devrait dissuader la tenta­
tion funeste de réduire Israël à sa raison
d’Etat, à la colonisation et à l’analogie
avec l’apartheid.
Si l’exposition « Juifs d’Orient » à l’IMA a
subi une première salve dénonçant la
coopération avec Israël – comme si l’ex­
position se résumait à ses six malheureu­
ses pièces (fort belles au demeurant) –,
son mérite insigne, d’ordre extra­artisti­
que, aura été de provoquer indirectement
cette interrogation salutaire assumée par
Elias Khoury. Admettre qu’un lien doit
être établi entre l’histoire du monde
arabe et l’histoire du conflit israélo­pales­
tinien, reconnaître que les torts ne sont
pas d’un seul côté, faire valoir qu’hébreu
et arabe dialoguent en Israël, et pas seule­
ment dans le registre de la violence, voilà
des avancées réelles qui préparent à la ré­
conciliation future, bien plus que les ana­
thèmes et les boycottages.
Pour une fois, un intellectuel prend des
risques et fait sauter à son tour un tabou,
ce qui est son rôle par excellence. Elias
Khoury accuse, et pas seulement Israël.
Animés par la détermination de Ben­
jamin Stora, le professionnalisme des
trois commissaires et l’expertise des
membres du comité scientifique, nous
n’aurons pas travaillé pour rien. 
Denis Charbit est professeur
de science politique à l’Université
ouverte d’Israël

Le contexte
Dix anciens militants italiens Erri De Luca L’éventuelle extradition des vieux réfugiés
italiens en France n’a rien à voir avec le mot justice
de l’ultragauche, qui
vivaient en France depuis
des décennies après avoir
fui la Péninsule alors qu’ils
étaient accusés d’avoir
directement ou
Alors que la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris va examiner, début janvier, les demandes d’extradition
indirectement participé de dix anciens militants italiens d’ultragauche accusés de terrorisme, l’écrivain dénonce un acharnement judiciaire
à des attentats meurtriers,

ont été interpellés à l’aube
du 28 avril à la demande
des autorités italiennes.
Ils vivaient sur le territoire
français en toute légalité,
bénéficiaires comme
300 ou 400 de leurs anciens
camarades de ce qu’on ap-
pela la « doctrine Mit-
terrand », protégés de l’extra-
dition en échange d’une
renonciation à toute violence
politique et de l’abandon
de la clandestinité, ce qu’ils
ont respecté. La chambre de
l’instruction de la cour d’ap-
pel de Paris va examiner leur
dossier début janvier 2022,
puis donner son avis sur
les demandes d’extradition.
I
l s’agit d’une poignée d’Ita­
liens, français de cœur de­
puis plus de la moitié d’une
vie, qui défendent leur cause
auprès de la magistrature fran­
çaise. Ils ont été accueillis en
France dans le lointain XXe siè­
cle à la condition de dire un
adieu définitif aux armes. Ils
l’ont respectée. Ce ne sont pas
des clandestins, ils ont une rési­
dence légale. Ils ont été ac­
cueillis par le président Mit­
terrand car il existait une loi
spéciale en Italie selon laquelle
la seule déclaration d’un déla­
teur, appelé collaborateur de
justice, suffisait pour être arrêté
et soumis à une détention pré­
ventive pouvant aller jusqu’à
cinq ans, sans procès.
Aucune preuve de ces dénon­
ciations n’était requise. En
outre, on était condamné pour
délit d’appartenance à un
groupe armé, sans entrer dans
les responsabilités individuel­
les. Une personne qui avait hé­
bergé un fugitif partageait la
même responsabilité. J’arrête
par manque de place.
Le président Mitterrand et ses
successeurs ont confirmé le
droit à la résidence des réfugiés
italiens. La France a confirmé
son statut spécial de nation
d’accueil des réfugiés politi­
ques. C’est sa supériorité mo­
rale et mondiale qui en fait une
terre d’asile. En Italie, on entend
souvent parler du droit des pa­
rents des victimes à voir punis
les responsables de leurs deuils.
Ce droit leur a été refusé par
l’Etat italien.
Deux collaborateurs de justice,
par exemple, l’un appartenant
aux Brigades rouges et l’autre à
Prima Linea, ont avoué être cou­
pables d’une vingtaine d’homi­
cides. Dès qu’ils ont été arrêtés,
ils ont dénoncé tous les deux
des dizaines de membres de
leurs organisations. Tous les
LES VIES D’UNE deux ont été intégrés dans des
programmes de protection sans
DIZAINE DE purger de peine de détention,
mais au contraire rétribués et
PERSONNES ÂGÉES pourvus d’une nouvelle identité.
D’ENVIRON 70 ANS
Rancune morbide
ONT LEUR PLACE Les parents des victimes de ces
homicides ont constaté la bien­
DANS NOTRE MUSÉE veillance de l’Etat envers les ar­
DE CIRE, NON DANS tisans de leurs deuils. A plus
grande échelle encore, les mem­
UNE PROCÉDURE bres de ces organisations ont eu
de fortes remises de peine, pro­
JUDICIAIRE fitant de la formule de dissocia­
tion, une simple abjuration.
L’éventuelle extradition de ces
vieux réfugiés en France n’a
rien à voir avec le mot justice.
En Italie, nous souffrons en­
core d’accusations embaumées
conservées comme des reliques
d’une époque lointaine. Les vies
d’une dizaine de personnes
âgées d’environ 70 ans ont leur
place dans notre musée de cire,
non dans une procédure judi­
ciaire. Je ne crois ni ne veux
croire que l’Etat de droit fran­
çais consente à entretenir la
rancune morbide d’un pays qui
s’obstine à tenir en suspens des
comptes clôturés et apurés de­
puis des décennies. 
Erri De Luca, écrivain et
poète italien, prix Femina
étranger 2002 pour son livre
« Montedidio » (Gallimard),
dernier ouvrage traduit
en français : « Impossible »
(Gallimard, 2020)
 0123
28 | idées MARDI 28 DÉCEMBRE 2021

Marie Cosnay et Raphaël Krafft Le passeur est

le symptôme de la fermeture des frontières,
en aucun cas la cause des mouvements migratoires
Au cliché du passeur véreux profitant de la misère les tout premiers aviateurs du réseau Co­
des gens, les deux auteurs, spécialistes des questions mète, la nuit du 24 au 25 juillet 1941. Eli­
zalde connaît la montagne, il prend des
migratoires, opposent l’éloge de figures héroïques risques, il est payé pour ça. Ce sont des ris­
capables de transgressions, et de professionnels ques qu’il prend, d’ailleurs, jusqu’au
bout : arrêté fin 1941, il mourra à son re­
indispensables exerçant un métier dangereux tour des camps, en 1945.
Le passage est une activité concurren­
tielle, qui implique une obligation de ré­
que l’argent n’était pas sa motivation, per­
sonne ne dit que Florentino Goikoetxea,
qui reçut la Légion d’honneur en 1962, vi­
vait d’amour, d’idées et d’eau fraîche.
C’est pour gagner de l’argent qu’il avait
l’habitude de se tenir aux marges, avant la
guerre. Ce que les commentaires signi­
fient, c’est qu’il a su, dans ces marges, évo­
luer d’une manière raisonnable. Il y a une
Qui sont ces 1 500 passeurs que le mi­
nistre français de l’intérieur se targue
d’avoir fait arrêter en 2020 dans le Calai­
sis ? Des migrants eux­mêmes, roturiers
de leur propre traversée, à l’image des
héros d’Un sac de billes, Maurice et Jo­
seph Joffo, qui organisent quelques pas­
sages à travers la ligne de démarcation
pour financer la poursuite de leur

C
omment quitter Alep assiégée, tra­
verser la Manche, franchir les
murs toujours plus hauts de la for­
teresse Europe, sinon à l’aide d’un
passeur ? C’est souvent l’échec, voire la
mort pour qui voudrait s’en affranchir.
Yaya Karamoko, le 22 mai 2021, Abdoulaye
Koulibaly, le 8 août, ou encore Sohaïbo
Billa se seraient­ils noyés dans la Bidassoa
s’ils avaient pu dépenser les 50 euros de­
mandés par les passeurs pour franchir la
frontière franco­espagnole ?
Depuis la fermeture des frontières dans
les années 1980 et la réduction drastique
des attributions de visa, celles et ceux qui
fuient leur pays n’ont d’autres possibili­
tés que de louer les services de personnes
pour entreprendre ces voyages longs et
périlleux.
Le passeur est le symptôme de la ferme­
ture des frontières, en aucun cas la cause
des mouvements migratoires. Malgré
cette équation largement documentée,
les dirigeants politiques européens conti­
nuent d’imputer les morts aux frontières
aux passeurs, avec l’assentiment de tous.
La figure du passeur véreux profitant
de la misère des gens est communément
admise jusque parmi les plus fervents te­
nants de l’accueil. Ne trouve grâce aux
yeux de ces derniers que celui qui ferait
ça gratuitement. C’est oublier que le mé­
tier est dangereux dans un environne­
ment hostile, que les peines encourues
peuvent être lourdes. Le passeur phi­
lanthrope ne suffirait à répondre à la de­
mande de passage toujours plus grande à
mesure que se multiplient les obstacles
et se durcissent les contrôles.
Contrebandier
Le passeur connaît les lieux. Il est des
deux mondes, il est entre les deux mon­
des. Etre des deux mondes signifie qu’on
est capable de transgression. Au Pays bas­
que, le contrebandier était aimé de sa
communauté, il assurait le lien entre les
vallées du pays divisé. Pourvoyeur de
denrées et de nouvelles, il était une figure
positive, quasi héroïque, capable de déso­
béissance aux règles commerciales du
moment. « Poète en son genre », disait
Dostoïevski. Capable aussi, au moment
où il s’agit de faire des choix, d’en faire de
courageux. C’est ce qu’ont fait des pas­
seurs célèbres localement durant la se­
conde guerre mondiale, dont on honore
aujourd’hui la mémoire, Charlot Blanchi
d’Angeltou à Saint­Martin­Vésubie, Paul
Barberan à l’Hospitalet­près­l’Andorre,
Florentino Goikoetxea au Pays basque.
Les services secrets britanniques, améri­
cains et de la France libre ne s’y sont pas
trompés : c’est vers les contrebandiers
qu’ils se sont tournés pour organiser les
passages à travers les Pyrénées de leurs
agents. Alejandro Elizalde, par le rocher
des Perdrix, conduit de France en Espagne
sultat et l’entretien d’une réputation. Le
prix varie selon la dangerosité de la route
et la qualité de la prestation. Au plus fort
de ladite récente « crise migratoire », l’uni­
versité Harvard s’est intéressée à la qua­
lité de la prestation des passeurs sur la
route des Balkans. Interrogée à ce sujet, la
« clientèle », majoritairement syrienne,
s’était révélée satisfaite à plus de 75 %.
« Guides », « sauveurs », « alliés » sont les
termes le plus souvent utilisés par les mi­
grants pour qualifier leurs passeurs.
Le passeur basque expert des années
1940 doit satisfaire à la demande sans
chercher d’autres moyens de subsistance.
Si on lit, dans les hommages posthumes,
DÉSIGNER LE PASSEUR
COMME MAUVAIS
OBJET ABSOLU
SERT AUX
GOUVERNEMENTS
À SE DÉDOUANER
DE LEUR POLITIQUE
CRIMINELLE
« raison de la marge », une morale de la
transgression.
Place aux escrocs
Ce sont les politiques de criminalisation
du passage imposées par l’Union euro­
péenne (UE) qui ont transformé une éco­
nomie artisanale en une entreprise crimi­
nelle. Dans l’archipel tunisien des Kerken­
nah, les pêcheurs, connaisseurs de la mer
et familiers du détroit de Sicile, ont cédé la
place aux escrocs après que l’Etat tuni­
sien, encouragé et financé par l’UE, eut
multiplié les mesures coercitives. Au Ni­
ger, les parlementaires ont été incités par
l’UE à voter une loi criminalisant les trans­
porteurs transsahariens, obligeant l’em­
prunt de pistes toujours plus dangereuses
à un prix toujours plus élevé. Au large de
la Libye, c’est lorsque l’opération de sauve­
tage « Mare Nostrum » se mue en disposi­
tif de lutte contre les passeurs que les ba­
teaux en dur sont retirés au profit des em­
barcations pneumatiques surchargées.
Quand les frontières maritimes, exté­
rieures, entre un monde et un autre, sont
à ce point creusées qu’elles font de quel­
ques centaines de milles dans l’océan At­
lantique ou la mer Méditerranée de véri­
tables charniers, il s’agit pour les passeurs
de transgresser les interdits d’une façon
radicale. La morale n’a alors plus rien à
faire dans l’histoire. Plus les mondes sont
divisés et interdits l’un à l’autre, plus il est
compliqué d’être de l’entre­deux.
voyage en zone libre. Aujourd’hui, ils fer­
ment les portes des camions sur les par­
kings de l’autoroute, font le guet sur la
plage ou appâtent les clients.
Désigner le passeur comme mauvais
objet absolu, comme cause de la mort de
masse aux frontières européennes, exté­
rieures et intérieures, sert aux gouver­
nements à se dédouaner de leurs politi­
que criminelle. La critique unanime té­
moigne d’un impensé commun : le
passeur franchit l’infranchissable. On
fait ainsi de la ligne frontière un enjeu
considérable, un tabou. La sacraliser
pèse sur tout le monde.
Serait­ce que le passeur, celui qui
veille, tant bien que mal, sur les espaces
d’entre­deux, respecterait plus le rêve
de circulation, à l’intérieur de l’Union
européenne, que l’Union européenne
elle­même ? 
Marie Cosnay, autrice de « Voir venir.
Ecrire l’hospitalité » (Stock, 2020), coé-
crit avec le philosophe Mathieu Potte-
Bonneville, et « Des îles. Lesbos 2020,
Canaries 2021 » (Les éditions de l’Ogre,
274 p., 21 €) ; Raphaël Krafft, auteur
de « Passeur » (Buchet-Chastel, 2017) et
des « Enfants de la Clarée » (Marchialy,
250 p., 19 €).

Martine Storti Le peuple est tout aussi concerné

par les enjeux sociaux que par les sujets sociétaux
Distinguer les questions sociales des questions sociétales en les présentant les unes comme essentielles et les autres comme
superflues n’est d’aucune pertinence, en particulier quand il s’agit femmes, souligne l’essayiste et militante féministe

C’
est un refrain : la gauche
aurait abandonné le
« social » au profit du
« sociétal », ce qui expli­
querait que les « classes populai­
res » s’en détournent. Ce cliché
qui se donne pour une analyse
sociopolitique est repris à la fois
par quelques farouches parti­
sans d’un anticapitalisme radi­
cal, mais surtout par celles et
ceux qui manient quasi quoti­
diennement cette opposition en­
tre le social, qui serait du côté du
peuple, et le sociétal, qui ne se­
rait que du côté, au choix, des
« élites », des bobos, et autres te­
nants du « gauchisme culturel »
ou du « wokisme ».
Le terme « sociétal » recouvre
bien des choses souvent mises
ensemble avec des formulations
différentes selon les auteurs :
l’« attention portée aux minori­
tés », les luttes contre les discri­
minations de sexe, de genre, de
sexualité, d’origines, les luttes
contre les violences sexuelles, le
sexisme, la misogynie, la parité,
l’« insécurité culturelle », les
enjeux identitaires, sauf celui
qui renvoie à l’identité fran­
çaise ! Ce questionnement­là
serait en effet très acceptable car
il vient, nous dit­on, du « fond
du peuple ».
Comment ne pas voir que sont
ainsi réactualisées des concep­
tions que l’on pouvait croire
définitivement derrière nous,
lorsque les revendications fémi­
nistes, les luttes contre les discri­
minations liées au sexe et aux
sexualités étaient considérées
comme ni importantes, ni socia­
les, ni politiques ?
Retour en arrière
Le sociétal remplacerait­il « la
tare des classes bourgeoises dégé­
nérées », pour reprendre les ex­
pressions du procureur Nikolaï
Krylenko qualifiant ainsi, dans
l’URSS stalinienne des années
1930, l’« inversion sexuelle » ?
Faudrait­il revenir aux positions
du Parti communiste français,
aux années où le féminisme était
traité de « bourgeois » ? A Maurice
Thorez [alors secrétaire général
du PCF] déclarant, en 1956, que
« le chemin de la libération de la
femme passe par les réformes so­
ciales, par la révolution sociale, et
non par les cliniques d’avorte­
ment » ? A Jeannette Thorez­Ver­
meersch affirmant que « le birth
control, la maternité volontaire,
est un leurre pour les masses po­
pulaires mais c’est une arme entre
les mains de la bourgeoisie contre
les lois sociales » et demandant :
« Depuis quand les femmes tra­
vailleuses réclameraient le droit
d’accéder aux vices de la bourgeoi­
sie ? Jamais. »
Justement, pour les femmes, la
séparation entre social et sociétal
n’a été et n’est d’aucune perti­
nence. Dans les enjeux qualifiés
de sociaux, elles sont en pre­
« LUTTONS POUR
LES ROSES, PAS
SEULEMENT POUR LE
PAIN », CHANTAIENT
LES OUVRIÈRES
GRÉVISTES DU
TEXTILE AMÉRICAIN
AU DÉBUT
DU XXE SIÈCLE
mière ligne : précarité, temps
partiel imposé, bas salaires, faible
retraite, pénalisation à cause des
grossesses, plafond de verre, ex­
ploitation d’une main­d’œuvre
féminine à l’échelle mondiale.
Mais elles sont aussi concernées
par les enjeux qualifiés de socié­
taux : les violences, le partage du
travail domestique, les structures
familiales, les grossesses non
désirées, le sexisme, les questions
d’indépendance, de pouvoir, de
reconnaissance… Et ces enjeux,
contrairement à ce que certains
se plaisent à affirmer, ne concer­
nent pas que les « Blanches » ou
les « riches », ou les Occidentales.
Le droit à la maîtrise de sa vie
Or, ce qui se disait dans les an­
nées 1950 et contre quoi les mou­
vements féministes, et plus large­
ment les mouvements d’émanci­
pation, ont dû se battre se
retrouve de nouveau brandi en
« défense du peuple ». Il y a bien
du mépris dans cette idée que
ledit peuple, hier comme
aujourd’hui, ne serait concerné
que par des enjeux économiques,
sociaux, et que rien d’autre ne
l’intéresserait. Bien du mépris
dans cette idée que les droits des
femmes, ceux des homosexuels,
les nouvelles manières de faire
famille ou d’être mère et père, les
rapports entre les parents et les
enfants, les « stéréotypes de
genre », ne le concerneraient pas.
Ces autoproclamés défenseurs
du peuple enferment celui­ci dans
une représentation laide, sombre,
triste ; ils l’identifient à la peur, à
l’immobilisme, au repli, au retour
vers le passé comme si des mem­
bres des classes aisées en étaient
exonérés, au désir que tout rede­
vienne comme avant, ainsi qu’on
nous le répète chaque jour.
C’était quoi « avant » ? Les
soixante heures d’usine, malgré
les quarante heures légales ; les
trois semaines de congés payés
une seule fois dans l’année ; les
journées devant la machine
malgré la grippe ou la bronchite
sinon sautaient toutes les heures
supplémentaires, celles qui per­
mettaient de mettre du beurre
dans les épinards ; les enfants
d’ouvriers qui ne voyaient pas
souvent les portes du lycée
s’ouvrir devant eux ; les avorte­
ments sanglants chez la faiseuse
d’anges ; la puissance patriarcale,
en droit et en fait… ? Je ne suis pas
en train de remonter à Zola, je
parle du temps de mon enfance,
celui des années 1950.
« Du pain et des roses », voilà ce
que réclamaient les ouvrières gré­
vistes de l’industrie textile améri­
caine au début du XXe siècle. « Lut­
tons pour les roses, pas seulement
pour le pain », chantaient­elles. Le
pain est indispensable, mais les
roses ne sont pas superflues, elles
sont nécessaires, terriblement né­
cessaires. Les roses ? C’est­à­dire le
droit à la liberté, à l’émancipation,
à la maîtrise de sa vie, à la beauté,
à la création, à la légèreté, au plai­
sir d’être. Les roses valent autant
que le pain.
Pour le dire dans le langage
d’aujourd’hui, le social et le
sociétal ont la même valeur. Plu­
tôt que les opposer, ce qui mène
à une impasse, préférons souli­
gner leur enrichissement réci­
proque et fructueux. 
Martine Storti est une es-
sayiste et militante féministe.
Son dernier ouvrage s’intitule
« Pour un féminisme universel »
(Seuil, 2020)
0123
MARDI 28 DÉCEMBRE 2021 0123 | 29

ÉCONOMIE | CHRONIQUE DÉFENDRE 

par st éphane l au e r
UNE LIBERTÉ 
Birmanie et la Biélorussie sont dans la pre­ français Olivier Dubois, enlevé en avril à
D’INFORMER 
Les fausses ASSIÉGÉE
mière partie de ce classement du déshon­
neur. Il suffit de raviver les souvenirs de
l’année écoulée pour l’expliquer. La prise de
Gao, au Mali. Bien d’autres régimes que
ceux déjà mentionnés alimentent cette dé­
sespérante chronique, dont certains entre­
illusions de l’héritage contrôle intégrale de Hongkong par Pékin
s’est ainsi traduite par une mise au pas
dont l’une des conséquences les plus dra­
tiennent les meilleures relations avec les
pays occidentaux qui se targuent de défen­
dre la liberté de la presse, comme l’Egypte,
matiques a été la mise à mort, en juin, de le Vietnam ou l’Arabie saoudite.

I
l n’y a pas pire politique que
celle qui se nourrit de l’état
de méconnaissance de l’opi­
nion publique pour mieux
s’affranchir des faits en flattant le
prétendu « bon sens ». Les pre­
mières propositions des candi­
dats à l’élection présidentielle de
2022 en matière de droits de suc­
cession tombent dans cet écueil.
Elles entretiennent les faux­sem­
blants sans s’attaquer au seul su­
jet qui devrait guider les politi­
ques publiques dans ce domaine :
garantir l’égalité des chances.
L’héritage est un objet politique
hautement inflammable, qui tou­
che à la fois à notre rapport à l’ar­
gent, à la mort, à la descendance,
ainsi qu’à une conception équivo­
que du mérite de celui qui donne,
comme de celui qui reçoit. Cher­
cher à taxer ce qui est du ressort
de l’intime, au nom d’une société
moins figée sur le plan de la mo­
bilité sociale, s’est jusqu’à présent
heurté à un véritable mur.
Les arguments rabâchés ad nau­
seam tournent toujours autour
de deux thèmes. D’une part, la fis­
calité sur les successions revien­
drait à taxer une deuxième fois ce
qui a déjà été soumis à l’impôt, et,
d’autre part, de quel droit l’Etat
ponctionnerait­il le fruit d’une
vie de labeur patiemment
amassé ? Le débat est pourtant
plus complexe que ces deux pon­
cifs ne le laissent entendre. Sous
prétexte de défendre le travail, ils
laissent la rente prospérer et les
LES PROPOSITIONS  l’Apple Daily, journal libre jusqu’à l’imperti­
DES CANDIDATS À  nienne relative à la sécurité nationale.
LA PRÉSIDENTIELLE  été suivi d’un brutal retour en arrière pour
NE VISENT  accompagné la tentative de démocratisa­
QU’À PERPÉTUER 
UN SYSTÈME BANCAL
équivalents à ceux de 1914, annihi­
lant les effets redistributifs
qu’avaient eus les deux guerres
mondiales et la crise de 1929.
Second enseignement, notre
système fiscal n’est pas aussi pro­
gressif qu’il le proclame. Sur le pa­
pier, le fisc a effectivement la
main lourde. Mais les stratégies
d’exonération sont nombreuses
et ciblées sur des types d’actifs qui
sont massivement détenus par
les ménages les plus riches (assu­
rance­vie, patrimoine profession­
nel, démembrement de pro­
priété), de sorte que, à l’arrivée, les
taux appliqués restent faibles.
« Notre système fiscal est un tigre
de papier », résume l’économiste
Camille Landais, coauteur de la
note avec Clément Dherbécourt,
Gabrielle Fack et Stefanie Stant­
cheva. Ainsi, le taux effectif payé
par les 0,1 % des Français les plus
riches sur l’intégralité du patri­
moine qu’ils lèguent n’est que de
10 %, bien en dessous des 45 %
théoriques pour les successions
supérieures à 1,8 million d’euros.
A l’heure des bilans, celui sur la si­
tuation de la presse dans le monde
n’incite pas à l’optimisme. Les rap­
ports annuels du Committee to Protect
Journalists (CPJ) et de Reporters sans fron­
tières (RSF), publiés en décembre, en témoi­
gnent. Leurs résultats ont beau être diffé­
rents du fait de modes de calcul qui leur
sont propres, les deux organismes indé­
pendants de défense des journalistes font
état l’un comme l’autre d’un nombre re­
cord d’emprisonnements (293 pour le CPJ,
488 pour RSF). La seule lueur d’espoir est à
trouver dans la baisse du nombre des tués
(24 pour le CPJ, qui adopte une comptabi­
lité plus restrictive, et 46 pour RSF).
Les deux rapports mettent en cause les
mêmes régimes autoritaires : la Chine, la
nence, au nom d’une nouvelle loi draco­
Le coup d’Etat en Birmanie, en février, a
la presse après les années fastes qui avaient
tion du pays. La poursuite de la répression
en Biélorussie, après la réélection contestée
du président Alexandre Loukachenko, a été
marquée, en mai, par le détournement de
l’avion de ligne dans lequel avait pris place
le journaliste d’opposition Roman Protas­
sevitch. En décembre, le blogueur et oppo­
sant Sergueï Tsikhanovski a été condamné
à la peine écrasante de 18 ans de prison.
L’assaut contre la presse emprunte par
ailleurs aux formes de guerres hybrides,
avec notamment le recours aux logiciels
espions qui permettent une surveillance
accrue des journalistes et de leurs sources,
pour rendre impossible leurs investiga­
tions. Au travail de sape d’Etats, il faut aussi
ajouter celui d’autres acteurs, comme les
ravisseurs qui détiennent le journaliste
Cet effritement est un indice de l’affaisse­
ment de la démocratie dans le monde et de
la vigueur nouvelle des régimes autoritai­
res. Et ceux qui pourraient lutter contre
cette dérive délétère sont, hélas, souvent
mal placés pour faire la leçon. Dénoncer la
presse en tant qu’« ennemi du peuple »,
comme Donald Trump l’a fait tout au long
de son mandat, a laissé des traces. En
France, un candidat à l’élection présiden­
tielle peut s’attirer aujourd’hui des succès
d’estrade en jetant à la vindicte le contre­
pouvoir que représentent les journalistes,
accusés uniformément d’ajouter aux mal­
heurs supposés du pays.
Il ne faut donc pas se méprendre sur le
sens de l’attribution du prix Nobel de la
paix à deux journalistes, la Philippino­
américaine Maria Ressa, fondatrice du mé­
dia d’investigation Rappler, et le rédacteur
en chef du journal indépendant russe No­
vaïa Gazeta, Dmitri Mouratov. Cette dis­
tinction a valeur de mise en garde contre
une offensive opiniâtre visant partout la li­
berté d’informer. 

Le journal papier livré chez

inégalités se creuser, en évitant de « Désormais, pour être tout en
regarder l’évidence : l’impôt sur haut de l’échelle des niveaux de vie,
les transmissions est, pour l’es­ il faut avoir hérité, constate
sentiel, une affaire de très riches, M. Landais. La société basée sur le

dont 99 % de la population res­
tent les spectateurs consentants.
Miroir déformant
Si les Français se braquent face
aux droits de succession, c’est
avant tout par ignorance. Toutes
les enquêtes vont dans le même
sens : nous avons collectivement
une fâcheuse tendance à exagé­
rer les taux effectifs appliqués, et
à systématiquement surévaluer
le seuil d’exemption des droits.
Les effets de ce miroir déformant
sont aggravés par une véritable
schizophrénie. Volontiers égalita­
ristes lorsqu’il s’agit de garantir le
destin de nos enfants par rapport
à celui des autres, nous restons al­
lergiques à la taxation de ce que
nous pouvons transmettre à no­
tre descendance.
Dans les faits, l’immense majo­
rité des Français héritent de som­
mes si faibles qu’elles échappent
à toute taxation. Ainsi, moins
d’une succession sur cinq dé­
passe les 100 000 euros, tandis
qu’une sur deux est inférieure à
30 000 euros, selon l’Insee. A
l’autre bout du spectre, 800 indi­
vidus héritent en moyenne de
13 millions d’euros.
Une passionnante note du Con­
seil d’analyse économique (CAE)
intitulée « Repenser l’héritage »
prend le contre­pied de bien des
idées reçues. Plusieurs enseigne­
ments s’en dégagent. Le premier
est que la France est redevenue
une société d’héritiers dans la­
quelle le patrimoine global pro­
vient à 60 % des successions (soit
un doublement en cinquante ans).
Les transmissions alimentent
ainsi une accumulation de capital
privé, qui a retrouvé des niveaux
LA FRANCE EST  les candidats seraient bien inspi­
REDEVENUE UNE  propose une remise à plat des
SOCIÉTÉ D’HÉRITIERS  droits de transmission avec un ba­
DANS LAQUELLE  mais sans exonérations. Près de
LE PATRIMOINE GLOBAL  gnants grâce à davantage de recet­
PROVIENT À 60 %  tes fiscales prélevées sur le 1 % res­
DES SUCCESSIONS
vous et le numérique
mérite dû au travail est en train de
partir en fumée », déplore­t­il.
En fait, la fiscalité successorale
est un système aveugle, injuste et
inefficace. La cécité vient de ce
que, depuis 2006, l’administra­
tion fiscale est incapable de retra­
cer précisément les transmissions
et les droits payés. La faute à une
réforme inaboutie de la collecte
des informations. Résultat, près de
40 % du patrimoine transmis
échappe au regard de l’adminis­
tration, selon la note du CAE. L’in­
justice, elle, repose sur la multipli­
cation des exemptions et exonéra­
tions, qui favorise les très riches,
au détriment des classes moyen­
nes supérieures sur qui l’inci­
dence des droits de succession est
proportionnellement beaucoup
plus forte, d’où leur faible accepta­
bilité sociale. Enfin, cette fiscalité
est inefficace sur le plan économi­
que, car ses effets sur les compor­
tements d’épargne, de consom­
mation ou d’investissement res­
tent marginaux. Pour résumer,
c’est un système onéreux pour le
budget qui ne fait qu’encourager
la concentration des patrimoines.
Dans ce contexte, les proposi­
tions des candidats à la présiden­
tielle font preuve de paresse intel­
lectuelle. Elles ne visent qu’à per­
pétuer un système bancal au lieu
de chercher à le réparer. A droite,
Abonnez-vous en ligne sur :
Valérie Pécresse, Eric Zemmour et
Marine Le Pen veulent davantage
promo.lemonde.fr/quotidien-numerique-3-mois
alléger l’impôt sur l’héritage, qui
ne concernera qu’une part infime
de leur électorat. Quant à la gau­
che, elle reste silencieuse, alors que
Ou par carte (paiement sécurisé) :
l’égalité des chances devrait être sa
priorité. Seul Jean­Luc Mélenchon
En appelant le 03 28 25 71 71
veut confisquer les héritages supé­
rieurs à 12 millions d’euros. Révo­
(tarif d’un appel local)
lutionnaire, mais irréaliste.
Pour être plus en phase avec la
réalité successorale des Français,
SOCIÉTÉ ÉDITRICE DU MONDE SA - 67/69, AVENUE PIERRE-MENDÈS-FRANCE - 75707 PARIS CEDEX 13 - 433 891 850 RCS Paris
rés de lire la note du CAE. Celle­ci - Capital de 124 610 348,70 €. Offre valable jusqu’au 31/12/2021. Vos données sont utilisées par la Société Editrice du Monde,
responsable de traitement, pour les finalités suivantes : gestion de votre commande, de la relation clients et des réclamations, et
dans les cas où vous l’avez accepté, communication marketing par voie électronique du Monde et/ou de ses partenaires. Conformé-
rème beaucoup plus progressif, ment à la loi Informatique et Libertés du 06/01/1978 modifiée et au RGPD du 27/04/2016, vous disposez d’un droit d’accès, de
rectification, d’effacement, d’opposition, à la portabilité des données et à la limitation des traitements, que vous pouvez exercer à
99 % des Français seraient ga­ l’adresse suivante, en joignant une photocopie de votre pièce d'identité : LE MONDE – DPO – 67/69, avenue Pierre-Mendès-France -
75707 Paris Cedex 13. Pour plus d'informations, consultez notre Politique de confidentialité sur le site www.lemonde.fr ou sur le site
de la CNIL www.cnil.fr
tant. Alors, arrêtons de bercer les
électeurs de fausses illusions. 
 C’EST NOTRE
DEVOIR DE VENDRE
LES AUTOTESTS
À PRIX COÛTANT.
NOUS ATTENDONS
JUSTE D’EN AVOIR
LE DROIT.
Pour que les Français passent des fêtes de fin d’année plus
sereines, nous nous engageons à distribuer plus de 3 millions
d’autotests antigéniques à prix coûtant dès que le gouvernement
nous y autorisera.

TOUS UNIS

Annonceur : ITM Alimentaire International - RCS PARIS 341 192 227 - SAS au capital de 149 184 € - Siège social : 24, rue Auguste Chabrières 75737 Paris Cedex 15 - Sous réserve d’erreurs typographiques - 2021.